Limites
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PLAN
I : Limites
1) Définition
2) Opérations sur les limites
3) Inégalités sur les limites
4) Lien avec les suites
5) Exemples et contre–exemples
II : Equivalence locale
1) Définitions
2) Exemples
3) Opérations
4) Fonction négligeable devant une fonction
5) Somme d'équivalents
III : Fonctions monotones
1) Définition
2) Opérations sur les fonctions monotones
3) Limite d'une fonction monotone
4) Injectivité d'une fonction strictement monotone
IV : Continuité
1) Définition
2) Image d'un intervalle
3) Image d'un segment
4) Continuité et monotonie
Annexe : fonction continue sur
et discontinue sur
I : Limites
1– Définition
Soit f une fonction de dans
. Nous allons définir lim f(x) = L
x→X0
L et X0 peuvent valoir, indépendamment l'un de l'autre, une valeur finie, +∞, –∞, ou ∞. Cela
représente potentiellement 16 définitions. En fait, toutes reposent sur un schéma général que nous
donnerons ultérieurement. Voici auparavant quelques exemples de définition :
– L = l réel et X0 = x0 réel.
∀ ε > 0, ∃ α > 0, ∀ x, x–x0 < α ⇒ f(x)–l < ε
– L = l réel et X0 = +∞.
∀ ε > 0, ∃ A, ∀ x, x > A ⇒ f(x)–l < ε
– L = –∞ et X0 = x0 réel.
∀ A, ∃ α, ∀ x, x–x0 < α ⇒ f(x) < A
– L = +∞ et X0 = ∞
∀ A, ∃ B, x > B ⇒ f(x) > A
Les premières définitions de ce type ont été données par Weierstrass (1815 – 1897).
DEFINITION GENERALE :
On dit que f tend vers L lorsque x tend vers X0 lorsque :
∀ V voisinage de L, ∃ W voisinage de X0, ∀ x, x ∈ W ⇒ f(x) ∈ V
un voisinage désignant une partie contenant :
pour un réel l, un intervalle de la forme ]l–ε ,l+ε[
pour +∞, un intervalle de la forme ]A,+∞[
pour –∞, un intervalle de la forme ]–∞,A[
pour ∞, le complémentaire d'un intervalle de centre 0, de rayon A.
Cette définition peut être adaptée à chaque cas particulier, en utilisant des voisinages adéquats. Elle
s'applique également aux suites, fonctions de
dans , avec X0 = +∞. Si f n'est définie que sur une
partie Df, on suppose que tout voisinage de X0 intersecte Df.
La limite, si elle existe, est unique. Voici la démonstration dans le cas où x0, L et L' sont finis :
1
Soit L et L' deux limites différentes. Prenons ε = L–L' . Il existe α et β positifs tels que :
2
∀ x ∈ ]x0–α, x0+α[, f(x) – L < ε
∀ x ∈ ]x0–β, x0+β[, f(x) – L' < ε
Pour x ∈ ]x0–α, x0+α[ ∩ ]x0–β, x0+β[, on a :
L–L' ≤ L–f(x) + f(x) – L' < 2ε
On a donc bien une contradiction.
Si la limite de f lorsque x tend vers x0 réel est égale à f(x0), on dit que f est continue en x0. Lorsque f
est définie en x0, il est équivalent de dire que la limite de f existe en x0 et que f est continue en x0.
Plus généralement, on peut définir la limite de f lorsque x tend vers X0, fini ou non, avec x élément
d'une partie A par :
∀ V voisinage de L, il existe W voisinage de X0, x ∈ W ∩ A ⇒ f(x) ∈ V
Il faut pour cela que tout voisinage de X0 intersecte A ∩ Df de façon que la phrase ci–dessus ait un
sens.
Il résulte des définitions que, si f admet une limite finie en X0, f est bornée au voisinage de X0.
a) SOMME :
PROPOSITION
Soient f et g deux fonctions. Lorsque x tend vers X0 :
i) Si f converge vers L et g vers L', alors (f+g) converge vers L+L'.
ii) Si f est bornée au voisinage de X0 et g tend vers ∞, alors (f+g) tend vers ∞
iii) si f est minorée au voisinage de X0 et g tend vers +∞, alors (f+g) tend vers +∞
iv) si f est majorée au voisinage de X0 et g tend vers –∞, alors (f+g) tend vers –∞
Les démonstrations sont données dans le cas où x0 est fini, mais s'adaptent facilement dans le cas où
X0 est infini :
i) ∀ ε > 0, f(x) + g(x) – (L + L') ≤ f(x) – L + g(x) – L'
Or, ∃ α > 0, ∀ x ∈ ]x0–α, x0+α[, f(x) – L < ε
et ∃ β > 0, ∀ x ∈ ]x0–β, x0+β[, g(x) – L' < ε
Posons η = Min(α, β). On a alors :
∀ x ∈ ]x0–η, x0+η[, f(x) + g(x) – (L + L') < 2ε
b) PRODUIT
PROPOSITION
Soient f et g deux fonctions. Lorsque x tend vers X0 :
i) Si f converge vers L réel et g vers L' réel, alors (fg) converge vers LL'.
ii) Si f est bornée et g converge vers 0, alors (fg) tend vers 0
iii) Si ( f ) est minoré par un réel strictement positif et si g tend vers ∞ , alors (fg) tend vers
∞.
Démonstration :
i) ∀ ε > 0
f(x)g(x) – LL' = f(x)(g(x) – L') + (f(x) – L)L'
≤ f(x) g(x) – L' + f(x) – L L'
≤ M g(x) – L' + f(x) – L L'
où M est un majorant de la fonction bornée f.
ε
Or, ∃ α > 0, ∀ x ∈ ]x0–α, x0+α[, g(x) – L' <
2M
∃ β > 0, ∀ x ∈ ]x0–β, x0+β[, f(x) – L < ε
2 L'
Posons η = Min(α, β). On a alors :
Donc, ∀ x ∈ ]x0–η, x0+η[, f(x)g(x) – LL' < ε.
iii) Soit m > 0 minorant ( f(x) ) sur un voisinage ]x0–α, x0+α[ de x0. On a :
∀ A > 0, ∀ x ∈ ]x0–α, x0+α[, f(x)g(x) > g(x) m
A
Or, ∃ β > 0, ∀ x ∈ ]x0–β, x0+β[, g(x) >
m
Posons η = Min(α, β). On a alors :
∀ x ∈ ]x0–η,x0+η[, f(x)g(x) > A
On obtient une forme indéterminée lorsque l'une des fonctions tend vers ∞, et l'autre vers 0.
c) INVERSE
PROPOSITION
Soit f une fonction. Lorsque x tend vers X0 :
i) Si f converge vers L non nul, alors (1/f) converge vers 1/L.
ii) Si f tend vers 0, alors (1/f) tend vers ∞.
iii) Si f tend vers ∞, alors (1/f) tend vers 0.
Démonstration :
i) ∀ ε > 0,
1 1 f(x) – L
– =
f(x) L f(x) L
L
Or ∃ α > 0, ∀ x ∈ ]x0–α, x0+α[, f(x) >
2
1 1 2
Donc, ∀ x ∈ ]x0–α, x0+α[, – < C f(x) – L , avec C =
f(x) L L2
ε
∃ β > 0, ∀ x ∈ ]x0–β, x0+β[, f(x) – L <
C
Posons ε = Min(α, β). On a alors :
1 1
Donc, ∀ x ∈ ]x0–ε, x0+ε[, – <ε
f(x) L
1
ii) ∀ A > 0, ∃ α > 0, ∀ x ∈ ]x0–α, x0+α[, f(x) <
A
1
donc >A
f(x)
d) QUOTIENT
PROPOSITION
Soient f et g deux fonctions. Lorsque x tend vers X0 :
f L
i) Si f converge vers L et g vers L' non nul, alors converge vers .
g L'
f
ii) Si f est bornée au voisinage de X0 et g converge vers ∈, alors tend vers 0
g
iii) Si ( f )est minoré par un réel strictement positif au voisinage de X0, et si g tend vers 0 ,
f
alors tend vers ∞ .
g
Démonstration :
Ces propositions se montrent directement, mais il est plus simple d'utiliser les résultats démontrés
pour le produit et l'inverse.
On obtient une forme indéterminée lorsque les deux fonctions tendent vers ∞, ou vers 0.
e) COMPOSITION :
PROPOSITION
Soient f et g telles que f tende vers Y0 lorsque x tend vers X0, et que g tende vers L lorsque x tend
vers Y0. Alors g o f tend vers L lorsque x tend vers X0.
Il résulte des propositions précédentes qu'on ne peut conclure directement dans les cas suivants :
lim f.g avec lim f = 0 et lim g = ∞ "0.∞"
f 0
lim avec lim f = 0 et lim g = 0 " "
g 0
f ∞
lim avec lim f = ∞ et lim g = ∞ " "
g ∞
g g.Lnf
lim f = lim e avec lim f = 0 et lim g = 0 "00"
lim fg = lim eg.Lnf avec lim f = ∞ et lim g = 0 "∞0"
lim fg = lim eg.Lnf avec lim f = 1 et lim g = ∞ "1∞"
ii) Si l < a, alors il existe U voisinage de X0 tel que, pour tout x élément de U, f(x) < a. Alors , pour x
élément de U ∩ W, on devrait avoir simultanément f(x) ≥ a et f(x) < a, ce qui est impossible.
Ce résultat s'appelle passage à le limite dans une inégalité. On remarquera qu'elle se pratique avec
des inégalités larges.
PROPOSITION
i) Si f converge vers α, g vers β, lorsque x tend vers X0, alors :
α < β ⇒ ∃ W voisinage de X0, ∀ x ∈ W, f(x) < g(x)
ii) Si f converge vers α, g vers β, alors :
∃ W voisinage de X0, ∀ x ∈ W, f(x) ≤ g(x) ⇒ α ≤ β
iii) Si f et h convergent vers l, et si :
∃ W voisinage de X0, ∀ x ∈ W, f(x) ≤ g(x) ≤ h(x)
alors g converge vers l.
Démonstration :
i) et ii) se montrent en appliquant la proposition précédente à la fonction f – g.
Dans le cas des fonctions continues, cette équivalence s'exprime de la façon suivante. Il y a
équivalence entre :
i) f est continue en x0.
ii) Pour toute suite (an) tendant vers x0, (f(an)) tend vers f(x0).
Démonstration :
i) ⇒ ii) découle du théorème de composition des limites :
→ →
n → an → f(an)
Il résulte de (*) que, pour tout n, il existe an élément de Wn tel que f(an) n'appartienne pas à V. Il
résulte de (**) et (***) que la suite (an) tend vers X0. On obtient une contradiction, puisque (f(an))
devrait converger vers L, mais il existe un voisinage de L auquel n'appartient aucun f(an).
Cette proposition est souvent utilisée par la négative. S'il existe deux suites (an) et (bn) convergeant
vers X0 telle que (f(an)) et (f(bn)) tendent vers des limites différentes (ou même n'admettent pas de
limite), alors f ne peut admettre de limite.
1
Exemple : sin n'admet pas de limite en 0, puisque :
x
1
xn = ⇒ f(xn) = 0
2πn
1
yn = ⇒ f(yn) = 1
2πn + π/2
5– Exemples et contre–exemples
1
a) sin n'admet pas de limite en 0. (cf ci–dessus)
x
1
b) x sin admet une limite nulle en 0, puisque :
x
1
x sin ≤ x et que lim x = 0.
x x→0
II : Equivalence locale
1– Définition
DEFINITION
On dit que deux fonctions f et g sont équivalentes au voisinage de X0 (fini ou non) s'il existe V
voisinage de X0 et ∈ fonction définie de V dans , et tendant vers 0 quand x tend vers X0, tels que :
∀ x ∈ V, f(x) = g(x).[1 + ε(x)]
On note : f ∼ g au voisinage de X0.
On vérifiera aisément que ∼ est une relation d'équivalence. La classe de 0 ne contient que les
fonctions nulles au voisinage de X0. La classe de l non nul contient les fonctions admettant l comme
limite au voisinage de X0.
2– Exemples
PROPOSITION
Soit x0 réel, f dérivable en x0 et f '(x0) ≠ 0. Alors f(x0+x)–f(x0) est équivalent à xf '(x0) au voisinage
de x0.
Au voisinage de 0, on a :
sinx ~ x
cosx ~ 1
tanx ~ x
x2
1 – cosx ~
2
ex ~ 1
ex – 1 ~ x
ln(1 + x) ~ x
(1 + x)α ~ 1
(1 + x)α – 1 ~ αx
apxp + ... + anxn ~ apxp (avec p < ... < n, ap ≠ 0)
au voisinage de ∞
apxp + ... + anxn ~ anxn (avec p < ... < n, an ≠ 0)
3– Opérations
Il résulte aisément de la définition de l'équivalence que celle–ci est compatible avec le produit des
fonctions, le quotient, l'inverse, l'élévation à une puissance quelconque. On a donc :
1 1
~ (pour des fonctions non nulles)
f g
f1 ~ g1 f1.f2 ~ g1.g2
⇒ f1 g1
f
î 2 ~ g
î
2 ~
f2 g2
f1α ~ g1α
Exemples :
au voisinage de 0, 1–cosx est d'ordre 2 par rapport à x, et sinx est d'ordre 1.
Quant à la formule (*), elle se montre par exemple de la façon suivante, à partir du fait que ln est une
1 ln(x) 1–ln(x)
fonction continue croissante, de dérivée . La fonction admet pour dérivée et est donc
x x x2
décroissante au voisinage de +∞ (sur [e, +∞[. Etant positive sur cet intervalle et décroissante, elle
admet une limite l (propriété des fonctions monotones qui fera l'objet du paragraphe suivant). Mais
on a :
ln(2x) 1 ln2 + lnx l
l = lim ln(x)/x = lim = lim =
x→+∞ x→+∞ 2x x→+∞ 2 x 2
⇒ l = 0.
Ou encore, on peut majorer ln(x) par x au voisinage de +∞.
5– Somme d'équivalents
Nous sommes maintenant en mesure de donner une règle permettant d'additionner des équivalents.
On considère des fonctions f1, f2, ..., fn, et une fonction de référence g (en général on prendra
g(x) = x). Parmi les fi, certaines sont de même ordre, d'autres sont négligeables devant les premières
...
PROPOSITION
On suppose que, au voisinage de X0 :
f1 ~ λ1.gr
f2 ~ λ2.gr
...
fp ~ λp.gr
et
fp+1 << gr
...
fn << gr
On a alors deux cas :
Démonstration :
Pour 1 ≤ i ≤ p, fi = λigr.(1 + εi)
Pour p < i ≤ n, fi = εi.gr
où les εi sont des fonctions tendant vers 0 lorsque x tend vers X0. La somme des fi vaut alors :
(λ1 + λ2 + ... + λp).gr + ε.gr où ε est une fonction qui tend vers 0 en X0. Si la somme des λ
est non nulle, on peut la mettre en facteur est on obtient bien l'équivalent annoncé, sinon la somme
des fi est bien de la forme ε.gr. Dans le premier cas, on dit que la somme des parties principales des fi
ne s'annulent pas.
En particulier, on a :
f = g + h et h << g ⇒ f ~ g.
Exemple :
f(x) = 1 + sin2x – cosx + 3x3
On a, au voisinage de 0 :
1=1
sin2x ~ x2 << 1
–cosx ~ –1
3x3 << 1
La somme des parties principales s'annulent. On peut seulement conclure que f << 1 au voisinage de
0, i.e. lim f = 0.
1– Définition
DEFINITION
une fonction f est croissante (respectivement décroissante, strictement croissante, strictement
décroissante) sur un intervalle I d'intérieur non vide si :
∀ x ∈ I, ∀ y ∈ I, x ≤ y ⇒ f(x) ≤ f(y)
(respectivement x ≤ y ⇒ f(x) ≥ f(y) ; x < y ⇒ f(x) < f(y) ; x < y ⇒ f(x) > f(y))
f est monotone sur I si elle est croissante sur I, ou décroissante sur I.
Démonstration :
La démonstration est faite dans le cas où f est croissante.
1) Soit x0 intérieur à I. Montrons que f admet une limite à gauche de x0. (La démonstration
est analogue à droite). Pour tout x < x0, on a f(x) ≤ f(x0). Donc { f(x) | x < x0} est majoré. Soit M sa
borne supérieure. On remarque que M ≤ f(x0). Montrons que M est égale à la limite de f à gauche de
x0. On a:
(i) ∀ x < y, f(x) ≤ f(y)
(ii) ∀ x < x0, f(x) ≤ M
(iii) ∀ ε > 0, ∃ x < x0, f(x) > M–ε .
On note parfois f(x0–) la limite à gauche de x0 et f(x0+) la limite à droite. Cette notation est cependant
ambiguë car on ignore s'il s'agit d'une limite au sens strict ou au sens large.
IV : Continuité
1– Définition
Rappelons que f est continue en x0 si la limite de f lorsque x tend vers x0 est égale à f(x0).
Si f n'est pas définie en x0 et si f tend vers l lorsque x tend vers x0, alors on peut poser f(x0) = l,
prolongeant ainsi f par continuité en x0. Si I est un intervalle, on dit que f est continue sur I si f est
continue en tout point de I. Si I contient l'une de ses bornes, la continuité se fait à droite ou à
gauche.
Il résulte des théorèmes d'opérations sur les limites que des sommes, produits, inverses, quotients,
composées de fonctions continues en un point ou sur un intervalle sont continues en un point ou sur
un intervalle.
Un cas particulièrement simple est donné par les fonctions vérifiant une relation du type suivant :
∃ k, ∀ x, ∀ y, f(x) – f(y) ≤ k x–y
f est alors dite lipschitzienne de rapport k (Lipschitz 1832 –1903).
Ce théorème n'a eu de démonstration que fort tard. Il nécessite en effet une conception claire de la
continuité, qui n'est apparue qu'au XIXème. En 1817, Bolzano (1781–1848) rejette les justifications
usuelles basées sur des considérations liées à la géométrie, au mouvement, à l'espace, dans un
domaine qu'il considère purement analytique. Notons que la définition de Cauchy de la continuité a
été publiée en 1821.
Démonstration 1 :
Soit A = {x ∈ [a, b] | f(x) ≤ 0}
A contient a, donc est non vide, et est majoré par b. Il admet donc une borne supérieure c, c < b.
Montrons que c convient :
Si f(c) < 0, alors f est strictement négative dans un voisinage [c–ε, c+ε] de c, donc c + ε
appartient à A, ce qui contredit le fait que c soit la borne supérieure de A.
Si f(c) > 0, alors f est strictement positive dans un voisinage [c–ε, c+ε] de c. Cependant, c
étant la borne supérieure de A, il devrait exister un élément x de A dans [c–ε, c+ε], donc tel que
f(x) ≤ 0, ce qui est contradictoire.
Ainsi, on a bien f(c) = 0
Démonstration 2 :
Cette démonstration utilise le principe de dichotomie. A savoir :
Soit a0 = a et b0 = b. Rappelons que l'on a supposé f(a) < 0 < f(b). On définit par récurrence :
a + bn–1
mn = n–1
2
Si f(mn) > 0 alors an = an–1
bn = mn
sinon an = mn
bn = bn–1
Il est facile de vérifier que :
∀ n, an < bn
b–a
∀ n, bn – an = n
2
∀ n, f(an) ≤ 0 et f(bn) > 0
(an) et (bn) sont donc deux suites adjacentes, convergeant vers un réel c. f étant continue, on a :
∀ n, f(an) ≤ 0 ⇒ f(c) ≤ 0
∀ n, f(bn) ≥ 0 ⇒ f(c) ≥ 0
Donc f(c) = 0
Remarque :
❑ Il peut y avoir plusieurs solutions possibles à l'équation f(x) = 0.
❑ L'image f(I) d'un intervalle I n'est pas nécessairement de même nature que I.
Exemple : f(x) = sinx. I = ]–π,π[ est ouvert, f(I) = [–1,1] est fermé.
On prouvera cependant ci-dessous que l'image d'un segment est un segment.
On sait déjà que f([a,b]) est un intervalle. Il suffit de montrer que f admet un maximum d et un
minimum c.
Démonstration :
Soit d = Sup {f(x) | x ∈ [a, b]}, éventuellement infini. Il existe une suite (xn) de [a, b] tel que f(xn)
tend vers d. On extrait de (xn) une sous–suite (xΦ(n)) convergeant vers l. Alors (f(xΦ(n))) converge vers
f(l), ce qui prouve que le d est un maximum atteint au point l. On opère de même pour le minimum.
4– Continuité et monotonie
On rappelle qu'une fonction monotone admet une limite strictement à gauche et à droite en chaque
point.
THEOREME
Soit f une fonction continue sur un intervalle I. Il y a équivalence entre :
i) f est strictement monotone sur I.
ii) f est bijective de I sur f(I).
Dans ce cas, f–1 est continue et strictement monotone. I et f(I) sont de même nature.
Démonstration :
i) ⇒ ii)
f est évidemment surjective sur f(I). Par ailleurs, une fonction strictement monotone est injective. En
effet, soit x ≠ y. On a par exemple x < y. Donc f(x) < f(y) si f est strictement croissante, et f(x) > f(y)
si f est strictement décroissante. Dans tous les cas, f(x) ≠ f(y).
ii) ⇒ i)
Par l'absurde, si f n'est pas strictement monotone, on a :
∃ x < y, f(x) ≤ f(y) (f n'est pas strictement décroissante)
∃ x' < y', f(x') ≥ f(y') (f n'est pas strictement croissante).
On a en fait des inégalités strictes. Soit :
g(t) = f[x + t(x'–x)] – f[y + t(y'–y)].
Alors :
❑ g est définie, continue sur [0,1]
❑ g(0) = f(x) – f(y) < 0
❑ g(1) = f(x') – f(y') > 0
Donc, d'après le théorème des valeurs intermédiaires, il existe c élément de ]0,1[ tel que g(c) = 0
⇒ f[x + c(x'–x)] = f[y + c(y'–y)]
⇒ x + c(x'–x) = y + c(y'–y) car f est injective.
⇒ (x–y)(1–c) = c(y'–x')
Ceci est impossible car le premier membre est strictement négatif, alors que le second membre est
strictement positif.
Montrons que f–1 est strictement monotone. Supposons par exemple f strictement croissante. Soit x
et y élément de f(I) tels que x < y. Alors :
∃ a ∈ I, ∃ b ∈ I, x = f(a), y = f(b), f(a) < f(b)
On a donc a < b car a ≥ b ⇒ f(a) ≥ f(b)
donc f–1(x) < f–1(y). La démonstration si f est strictement décroissante est analogue.
Montrons que f–1 est continue. Supposons f–1 croissante. La démonstration en cas de décroissance
est analogue. Posons g = f–1 pour alléger les notations. L'image de g est égale à I, qui est un
intervalle. Par ailleurs, g étant monotone, cette fonction admet une limite à droite et à gauche en
chaque point x0. On a :
g(x0–) ≤ g(x0) ≤ g(x0+)
Il suffit de montrer que les limites sont égales à g(x0). Faisons–le pour la limite à gauche, le cas de la
limite à droite étant analogue. Si on avait g(x0–) < g(x0), alors il existerait t tel que :
g(x0–) < t < g(x0)
Pour x < x0 < y, on a g(x) ≤ g(x0–) < t < g(x0) ≤ g(y).
Ce qui prouve que t n'est l'image par g d'aucun réel. Ceci est en contradiction avec la convexité de
l'image de g qui est un intervalle.
Pour f croissante, on a :
f([a, b]) = [f(a), f(b)]
f(]a, b[) = ]f(a+), f(b–)[
f([a, b[) = [f(a), f(b–)[
f(]a, b]) = ]f(a+), f(b)]
Pour f décroissante, on a :
f([a, b]) = [f(b), f(a)]
f(]a, b[) = ]f(b–), f(a+)[
f(]a, b]) = [f(b), f(a+)[
f([a, b]) = ]f(b–), f(a)]