These Managem Ressource Et Pce
These Managem Ressource Et Pce
These Managem Ressource Et Pce
THESE
SUJET
Candidat
RODOLPHE DURAND
JURY
Directeur de thèse
BERTRAND QUELIN
Professeur associé, Habilité à diriger des recherches, Groupe HEC
. Suffragants - H - H -- -
KARELCOOL
Professeur, INSEAD
MICHEL KALIKA
Professeur, Université de Paris IX Dauphine
GERARD KOENIG
Professeur, Université de Paris - Val de Marne, rapporteur
GILLES LAURENT
Professeur, Groupe HEC
JEAN-CLAUDE TARONDEAU
Professeur, Université Paris X Nanterre, rapporteur
1997
Le Groupe HEC n'entend donner aucune approbation ni improbation aux oplIDons
émises dans les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs
auteurs.
A Clara,
A Jeannie,
A Marie-Louise,
A Basilio et Simona.
RESUME
La décision de se lancer dans l'aventure d'une thèse est sans doute individuelle. n en va
autrement de la réalisation d'un tel projet. Ce travail n'aurait pu voir le jour sans le
soutien de nombreuses personnes. Qu'elles en soient ici chaleureusement remerciées.
Je tiens également à remercier les autres professeurs du département S.P.E. d'HEC qui
au cours de ces années passées auprès d'eux m'ont fait part de leurs avis et de leur
expérience, et particulièrement les professeurs Jean Pierre Nioche, Jean Pierre Détrie,
Michel Santi, Alain Dumont et Georges Blanc.
Le travail réalisé doit son existence à l'accord conclu entre le Groupe HEC et la Banque
de France. Que Gérard Gramboulan et François Mouriaux, de la Direction des
Entreprises à la Banque de France, soient ici vivement remerciés pour leur action en
faveur de la recherche académique. J'aimerais également particulièrement souligner les
apports constants de Régis Coeurderoy qui a su alimenter ma réflexion par ses
commentaires pertinents ~tantsur les concepts que sur les orientations méthodologiques.
Je sais gré à Danièle Alix d'avoir accompagné par sa gentillesse et son écoute mes
années passées au sein du Doctorat HEC.
INTRODUCTION 15
Introduction
1.2. Les critiques portées contre l'analyse de la performance reposant sur le paradigme
s-c·p
/.2.1. Une indétermination relative de la relation entre Structure et Comportement 38
/.2.2. Convergence des profits, niveau d'analyse et effets inter-temporels 41
1.4. Les limites intrinsèques du paradigme S-C-P peuvent-elles être les bases d'une
conception renouvelée de la performance? 60
/.4.1. La théorie de l'évolution économique de J. Schumpeter (1934) 63
IA.1.a. Le flux circulaire comme état d'équilibre 63
I.4.1.b. Nouvelles combinaisons, crédit et entrepreneur: objet, moyen et moteur de
l'évolution du circuit économique 64
[.4.2.« The theory of the growth ofthefirm », d'E. Penrose (1959)rédéfinit lafirme
industrielle 67
IA.2.a. la firme définie comme une collection de ressources 67
IA.2.b. Image, opportunités de production et disponibilité de services à l'origine de la
performance de la firme 69
5
1.4.3. Les rentes et l'origine de la performance 74
IA.3.a. les rentes ricardiennes 75
IA.3.b. les quasi rentes marshalliennes 77
I.4.3.c. Extension des notions de rente 79
Synthèse et question de recherche 84
Introduction
6
II.3. L'enrichissement de l'analyse de la performance à l'aide de l'approche
dynamique du Courant des Ressources: l'économie évolutionniste 156
Introduction 156
II.3.1. Des bases compatibles de définition de la firme 158
ll.3.1.a. Une vision comportementale de la fIrme: qualifications et routines 160
ll.3.1.b. Hétérogénéité des R&A et routines 162
II.3.1.c. Premiers modes de transformation des R&A 164
1/.3.2. Les concepts évolutionnistes dans le Courant des Ressources. Contributions à
l'analyse de la performance 167
II.3.2.a. La sélection 168
II.3.2.b. Les régimes, paradigmes et trajectoires technologiques. 171
ll.3.2.c. Designs dominants 173
II.3.2.d. La dépendance de sentier, rendements croissants d'adoption et phénomènes de
lock-in 175
II.3.2.e. Opportunités et appropriabilitétechnologiques 178
II.3.2.f. Innovation, apprentissage, changement économique et R&A 180
II.3.2.g. La simulation comme méthode de recherche 185
II.3.2.h. Synthèse des différentes contributions 188
1/.3.3. Développements récents du croisement entre théorie des ressources et économie
évolutionniste: l'approche par les ressources dynamiques et les notions de coordination
interne et de co-évolution. 190
II.3.3.a. Définition, apports et limites de l'approche par les ressources dynamiques 190
DéfInition et mouvances de recherche 190
Apports de l'approche par les ressources dynamiques à l'analyse de la performance -
Limites à la théorie de la firme fondée sur la connaissance 194
II.3.3.b. Recherches mettant l'accent sur la co-évolution des R&A et de l'environnement
sélectif 198
Synthèse de la section II.3. 202
7
ill.1.2.b. Perfonnance de données financières 218
ill.l.2.c. Performance de données comptables 219
8
Les données brutes 309
Les données calculées 312
IV.1.2.b. Description des corrélations 315
IV.l.3. Premières analyses statistiques: tests de moyenne etACP 320
IV.1.3.a. Les différences de moyenne (secteurs, taille) 320
IV.1.3.b. Vérification de la pertinence de la définition a priori des variables latentes à
l'aide d'analyses en composantes principales 324
Introduction
9
V:1.2. les atouts de la simulation multi-agents à événements discrets 412
V.1.2.a. la simulation multi-agents : conception 413
V.1.2.b. Atouts de la simulation multi-agents par rapport à la représentation de
l'évolution économique 415
V.1.2.c. La plateforme utilisée: DIMA 417
BmLIOGRAPHIE
475
10
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Tableau 111.1. Rappel des hypothèses de recherche génériques tirées du chapitre TI-------------208
Tableau 111.2. Critères « éléments constitutifs de la firme x Propriétés des ressources» retenus
dans le modèle théorique .211
Figure 111.3.Etapes de la démarche de recherche 215
Figure mA. Les trois cas d'étude de notre travail de recherche empirique .215
Tableau 111.5.Les diverses mesures de la performance des frrmes 220
Figure III.6. : Représentation du modèle théorique (cas A et B) 239
Figure III. 7. Tableau synthétique des différentes hypothèses 240
Figure III.8. La structure commune des questions entre 1993 et 1996 244
Figure 111.9. Extrait de Coeurderoy et Mouriaux (1996, p134) 245
11
Figure ilLIO. Les types d'études empiriques de la théorie des ressources 248
Figure Ill.II. Schéma d' opérationnalisation de la non imitabilité des ressources productives258
Figure Ill.12. Schéma d' opérationnalisation de la non transférabilité des ressources
productives .266
Figure Ill. 14. Schéma d' opérationnalisation de la non substituabilité des relations clients _273
Figure ill.15. Schéma d'opérationnalisation de la non substituabilité des relations
fournisseurs 277
---------------------------
Figure lil.16. Schéma d' opérationnalisation de la coordination inteme 280
Figure lil.17. Représentation d'un diagramme de relations générique 290
Figure Ill.18. Les différentes étapes de la méthodologie des modèles de type Lisrel : __ 292
Figure 111.19.Opérationnalisation des variables latentes par les variables observées 299
-
Tableau IV. 1. Description de la base par sous-section_-----------------------------------m--------------303
Figure IV.2. Comparaison de proportions 305
Tableau IV.3. Comparaison de taille entre l'échantillon et la population d'origine des
entreprises manufacturières françaises 307
Graphiques IV.4. et IV.5. Comparaison par tranche de taille, normale et en cumul, des
entreprises de la population d'origine et de l'échantillon 308
Figure IV.6. Description des variables observables brutes 310
Figure IV.7. Description des variables observables calculées 314
Tableau IV.8. Taille des entreprises par sous-sections d'activités 320
Tableau IV.9. Résultats Espérés et Obtenus après rotation Oblimin. ACP n02 325
Figure IV.I O. Modèles empiriques et comparaisons entre modèles 329
Tableau IV.II. Spécification des modèles 332
Tableau IV.12. Adéquation locale et globale 333
Tableau IV.13. Variables observables et variables latentes 334
Tableau IV.14. Structure causale
----------- 335
Tableau IV.15. Résultats des modèles complets - Tests des hypothèses 346.
Figure IV.16. RESUME DES RELATIONS SIGNIFICATIVES (CAS A) 348
Tableau IV.17. Spécification des modèles 350
Tableau IV.18. Adéquation locale et globale 351
Tableau IV. 19. Variables observableset variables latentes 352
Tableau IV.20. Structure causale 353
Tableau IV.21. Spécification
--------------------
des modèles 362
Tableau IV.22. Adéquation locale et globale 363
Tableau IV.23. Variables observables et variables latentes 364
12
Tableau IV.24. Structure causale 365
--------------------
Tableau IV.25. Résultats des modèles cas A et cas B - Tests des hypothèses 373
Figure IV.26. RESUME DES RELATIONS SIGNIFICATIVES (CAS B) 375
Figure IV.27. RESUME DES RELATIONS SIGNIFICATIVES 385
(constitution d'une nouvelle variable endogène par regroupement de TXME et RBCE) _385
13
INTRODUCTION
compétitivité, la sécurité et la légitimité (Koenig, 1996, p5). Pour remplir ces fonctions,
le management stratégique a développé des outils et des théories, portant sur la conduite
comportements concurrentiels des entreprises. Ainsi, les grilles d'analyse proposées dans
les années soixante ne constituent plus aujourd'hui qu'un des éléments, certes essentiel,
telles que les alliances entre concurrents ou encore la création d'entreprises en réseau.
La conjonction de ces deux. évolutions débouche sur une situation paradoxale. D'un
stratégique subissent l'intrusion des nouvelles approches théoriques sans que n'émerge
une réelle cohérence entre les diverses hypothèses de recherche -ce qui fait dire à certains
15
Sur le plan de l'analyse concurrentielle à proprement parler, les travaux de Porter ont
ont consisté à la fois à formuler une grille robuste d'explication de la peIformance des
stratégique que les entreprises doivent suivre compte ténu de leur positionnement dans la
Toutefois, il est apparu que les éléments de base fournis par Porter (1980, 1985) ne
répondent qu'imparlaitement aux enjeux posés par les deux évolutions majeures,
signalées ci-dessus, que connaît le management stratégique. En effet, les raisons fournies
la grille de Porter est trop statique: les conséquences dans le temps de ces manoeuvres
semblent mal évaluées. Par ailleurs, l'analyse se complique: est-ce le secteur, le groupe
stratégique ou le domaine d'activité stratégique qui doit être considéré comme le niveau
d'analyse pertinent? Etant donné que les entreprises autrefois clairement concurrentes·
deviennent de plus en plus hétérogènes, il est difficile d'évaluer les rapports de force
entre producteurs et au sein de la filière, tout comme d'estimer le pouvoir des entrants
Certaines hypothèses entrent en contradiction les unes avec les autres selon que l'on axe
16
théorie de l'agence, théorie des coûts de transaction, théorie de la contingence, écologie
théorique le plus unifié possible, sur lequel puissent venir se greffer à la fois des réponses
Notre recherche s'inscrit dans un courant de recherche novateur qui répond à cette
double exigence. Nous l'avons baptisé le Courant des Ressources. Au sein de ce courant
Solidaires, car elles reposent sur une même conception de l'entreprise, qui s'éloigne des
Notamment, elles postulent que l'entreprise est une collection de ressources, d'aptitudes
des procédés et des applications internes qui lui sont propres: en s'appuyant sur ceux-ci,
concurrentiel qu'elle s'est constitué sur la base de ressources non imitables, non
17
L'apport du Courant des Ressources est de fournir une grille d'analyse renouvelée de
d'une comparaison relative des ressources détenues par les firmes et de leur potentiel de
de l'économie évolutionniste.
évolutionniste, à partir des travaux fondateurs de Nelson et Winter (1982) ouvre la voie
évolutionniste, les hypothèses relatives aux équilibres de marché ne sont pas prioritaires
par rapport aux évolutions et aux développements des capacités productives des
d'une entreprise à tout instant est représentée ici comme une fonction de ses processus,
de ses positions et de ses pas. Nous postulons qu'en identifiantchacun de ces éléments et
externe. TI est également possible d'évaluer la richesse des nouvelles opportunités parmi
18
Le Courant des Ressources offre au management stratégique une grille qui permet de
Ressources peut abriter en son sein plusieurs dérivés des nouvelles théories
par les auteurs désireux de promouvoir le Courant des Ressources concerne l'analyse de
la performance. Ainsi, le Courant des Ressources « interprète [les sources des différences
de performance entre les frrmes] comme le reflet des différences dans les flux de rentes et
de quasi-rentes ,qui reviennent aux entreprises, qui en retour sont imputables aux'
1995.p147)
Dans cette ligne, cette recherche contribue à une définition de la firme reposant sur une
focaliser sur les particularités des entreprises et le lien avec leurs performances
19
Intérêt ernuiriaue de la recherche
'o ..
L'une des faiblesses du Courant des Ressources est jusqu'à present le nombre
L'échantillon principal, composé de plus de 2000 entreprises, rassemble plus de 10% des
réalisée depuis 1993 par la Banque de France, destinée à recueillir des données
statistiques montrent que la grande majorité des relations défendues par le Courant des
penser avec Schmalensee que les études intersectorielles ne mettent pas en évidence les
influences de la structure industrielle sur la performance, mais pour une raison différente .
importantes qu'elles soient, sont relativement moins déterminantes que les conséquences
20
des ressources détenues par la firme. Par conséquent, en pratiquant une étude
intersectorielle sur l'influence des ressources génériques sur la performance, nous tentons
d'une part de valider notre modèle théorique d'analyse, et d'autre part, de mettre en
l'origine des rentes appropriées par l'entreprise. Les entreprises qui possèdent de telles
ressources ont des niveaux de performance supérieurs. De plus, les relations d'échange
avec les fournisseurs et les clients des entreprises lorsqu'elles sont non substituables
de l'entreprise est un puissant catalyseur pour développer les propriétés des ressources
Par ailleurs, le développement dans le temps des ressources et des aptitudes doit être
statistiques obtenus.
Les simulations qui en ont découlé ont montré que les avantages concurrentiels résultant
d'une meilleure dotation en ressources ne sont pas durables si 1) des entreprises agissent
ressources soit des rythmes d'activité plus rapides. Ces expérimentations montrent en
21
outre la pertinence de .la réflexion stratégique en terme de flux et de stocks de ressources
Les résultats portant sur les propriétés des ressources et leurs conséquences sur la
performance ont été obtenus par des tests statistiques sur quelques points d'études. lis
sont complétés par ceux résultant de l'approche évolutionniste, qui mettent en lumière
celle' afférente aux méthodologies respectives utilisées par les deux approches du
Les méthodologies employées pour valider les hypothèses de la théorie des ressources
informatique insipirées par Nelson et Winter (1982). On retrouve employées dans notre
D'une part, le modèle statistique auquel nous avons eu recours est d'une utilisation
22
genre de modèle statistique permet d'approcher à l'aide de plusieurs variables
observables les concepts qui ne sont pas directement observés dans les données. Par
exemple, il est impossible d'évaluer la non transférabilité des ressources à partir d'une
seule question. Les modèles à équations structurelles permettent à la fois de vérifier que
les construits sont robustes et que les relations causales entre les différents construits
1996, un premier modèle évalue les relations en jeu et les influences sur la performance
ressources considérées les années précédentes (1993-1994) sur les mêmes variables de
performances que celles utilisées dans le premier modèle. Ainsi, les deux modèles, et les
D'autre part, à titre expérimental, afin de tester des hypothèses évolutionnistes nous
artificielle. Chaque entreprise est définie par ses caractéristiques et un rythme de décision
intègre les résultats empiriques obtenus dans la partie statistique. Elle est en cohérence
avec eux, et présente des résultats complémentaires qui sont interprétés avec toutes les
23
Les différents tests empiriques donnent crédit à l'analyse de la performance fondée sur le
Courant des Ressources. La qualité des ressources productives, la nature des relations
verticales que noue l'entreprise avec ses fournisseurs et ses clients, et le niveau de
en ressources et au rythme d'activité plus court. Dans une perspective dynamique, seul
Plan de la recherche
Performance, il axe la critique sur plusieurs points qui restent dans l'obscurité dans les
entreprises. Une réflexion est menée sur chacun de ces points, notamment à partir des
24
travaux de Schumpeter et de Penrose. Une synthèse est proposée qui débouche sur la
Le deuxième chapitre expose les raisons pour lesquelles le Courant des Ressources est à
souffre pas des limites rencontrées par les théories du management stratégique reposant
sur le paradigme d'économie industrielle. il détaille les deux approches qui constituent ce
Le troisième chapitre détaille les éléments de base du modèle théorique pour lequel
seront testées les hypothèses de recherche. Celles-ci sont exposées en détail; elles
reposent sur l'énonciation dans le chapitre précédent des hypothèses génériques propres
recherche, au travers des trois cas d'étude. Le cas A porte sur le test des hypothèses de
mêmes relations sur les mêmes variables de performance à expliquer, mais à partir de
dans une dernière partie, ce chapitre situe les éléments méthodologiques des analyses
statistiques. D'une part, il offre l' opérationnalisation des différentes variables en jeu dans
25
Le quatrième chapitre est constitué, d'une part, des résultats descriptifs de la base de
résultats des tests statistiques des hypothèses de recherche. Différents modèles sont
entre les résultats tirés des tests A et B permet d'analyser les modifications éventuelles
des relations liant les propriétés des ressources avec les niveaux de performance des
entreprises. La grande majorité des résultats de recherche sont conformes aux attentes et
significatives.
(cas C). n débute par une réflexion, dans le cadre de problématiques traitant de
l'informatique par rapport aux démonstrations classiques fondées principalement sur les
recherche est défini, et les résultats des simulations sont commentés. Des effets de seuil
La conclusion générale reprend les principaux apports des discussions théoriques. Elle
des entreprises. Elle récapitule les résultats des analyses statistiques. ainsi que des
26
CHAPITRE 1. PORTEE ET LIMITES DE L'ANALYSE DE LA
PERFORMANCE A L'AIDE DU PARADIGME STRUCTURE-
COMPORTEMENT-PERFORMANCE
Introduction
27
1.1.Présentation du paradigme Structure-Comportement-Performance 30
1.1.1.Les sources d'inspiration 30
1.1.2. Quelques résultats empiriques 33
1.4.Les limites intrinsèques du paradigme S-C-P peuvent-elles être les bases d'une
conception renouvelée de la performance? 60
1.4.1. La théorie de l'évolution économique de J. Schumpeter (1934) 63
1.4.2. « The theory of the growth of the firm », d'E. Penrose (1959) rédéfinit la firme
industrielle 67
1.4.3.Les rentes et l'origine de la performance . 74
27
Introduction
uns recherchent les règles de fonctionnement de la structure des marchés tandis que les autres
peuvent espérer tirer de leurs recherches des préceptes utiles à la gestion d'entreprises.
L'objet de ce chapitre n'est pas de présenter une recension exhaustive des différents travaux
mais de rappeler les principales lignes de force qui séparent les auteurs traitant de la
performance, tant en économie industrielle qu'en management stratégique. Pour cela, il est
chercheurs après le krach de 1929. Ces auteurs (Mason, Clark puis Bain après la seconde
guerre mondiale) vont mettre sur pied un cadre théorique robuste, partant d'études de cas et
présence au moment de leurs études. Au cours des années soixante-dix, différents auteurs
chercheurs, dits de l'école de Chicago (Stigler, Demsetz) tentent de prouver que le résultat des
concentrations industrielles et des performances supérieures dans les secteurs concentrés sont
le résultat d'une supériorité des entreprises ayant survécu, et non le fait d'un conditionnement
les tentatives de jonction entre l'économie industrielle et la stratégie d'entreprise se font jour
(études PIMS, Porter). Elles sont à l'origine d'un second débat. Ce dernier rend compte de la
28
présupposés et les règles découlant des travauX: issus du paradigme Structure -7
Comportement -7 Performance.
TI ressort du double débat rapidement esquissé que d'anciennes questions resurgissent autour
des fondements des approches stratégiques, reposant sur les enseignements directS ou critiques
entreprises. Ces questions gravitent essentiellement autour de trois thèmes, mis en exergue en
leur temps par d'éminents économistes: tout d'abord, la réactualisation des travaux sur le
(penrose, 1959) ; et enfin, une réflexion renouvelée autour des notions de rentes.
La structure de ce chapitre fait écho à cette brève introduction. Dans une première section, le
d'études empiriques d'importance. Les premières critiques portées à son égard sont ensuite
industrielle, inspirées du paradigme S-C-P, qui mettent à jour les anciennes questions à la
pertinence retrouvée. Ces dernières font l'objet de la quatrième section, où sont détaillés les
. 29
1.1. Présentation du paradigme Structure-Comportement-
Performance
essentiel de définir les règles de fonctionnement d'un marché et de les repérer pour
nombreuses analyses sectorielles sont menées, qui doivent permettre de mieux appréhender le
fonctionnement des marchés, afin de fournir les éléments de base à une approche renouvelée
s'orienter vers la description et l'analyse positive des situations de concurrence, et ne doit pas
partir des règles et comportements supposés par la micro-économie c1.assique. Dans cette ligne
de recherche, Clark (1940) substitue au concept trop théorique de concurrence pure et parfaite
celui, affaibli mais plus réaliste, de « workable competition», qui met l'accent sur le caractère
Bain (1951, 1954) va développer ses travaux à partir de ces bases. n a pour volonté de
évidence que la concentration d'un secteur est corrélée positivement avec le ratio entre la taille
optimale de production des firmes et la taille totale du marché. D'autre part, les secteurs
marchés. Ces résultats débouchent sur trois conséquences. n faut supposer que les entreprises
1 Les analyses de Sraffa (1926) remettant en cause la loi des rendements décroissants, et les contestations de
l'homogénéité des produits de Chambertin (1933) et Robinson (1933) avaient montré certaines limites du projet
normatif néo-classique ..
30
existe un différentiel de degré de concentration qui leur est favorable. Ensuite, le degré· de
concentration n'est pas synonyme de baisse des performances des secteurs, mesurés par leur
élevées, laissant soupçonner l'exercice d'un pouvoir de monopole. Enfin, alors que selon la
s'approprier la part des profits dégagés sur le secteur, il apparaît qu'il existe des barrières à ces
des risques sectoriels·permettent aux entreprises installées d'accroître le risque d'échec pour un
nouvel entrant TIn'y aurait donc pas nécessairement retour rapide à l'égalité entre le profit et
Comanor et Wilson (1974) montrent par exemple l'efficacité des politiques de différenciation
des produits, et de la publicité en particulier dans les secteurs de l'automobile, des cigarettes et
des boissons alcoolisées. Faisant le bilan de 320 publications sur l'analyse de la performance
fmancière. l'étude de Capon et alii. (1990) confirme grandement les inspirations de Bain. Au
niveau de marketing apparaissent comme favorisant la performance. Les facteurs qui peuvent
constituer des barrières à l'entrée ont un impact positif sur la performance des entreprises
installées.
Bain est celui qui a mis en perspective les travaux de ses prédécesseurs. TImet sur pied le
comportements des entreprises suivent deux lignes: les politiques de prix, et les interactions
entre les producteurs sur le marché. Les performances correspondent à la taille des profits, à
31
Plusieurs années après les travaux fondateurs de Mason, Clark et Bain, Scherer et Ross (1990)
présentent, dès les premières pages de leur ouvrage de synthèse, le paradigme Structure-
ses entreprises de biens et de services est une performance maximale -ce qui implique la
1. les biens doivent être produits en fonction des attentes en qualité et en quantité des
consommateurs. Les ressources rares ne doivent pas être gaspillées. Par conséquent, les
2. Les entreprises doivent tirer bénéfice des opportunités offertes par la science et la technique
pour augmenter leur production par unité d'intrant utilisé, tout en assurant le consommateur
Même si ces buts sont pour partie contradictoires, le schéma d'ensemble de l'activité
performance, dans des marchés ou des secteurs industriels particuliers, est supposée dépendre
du comportement des vendeurs et des acheteurs, comme les politiques de prix, la coopération
cachée ou ostensible entre firmes, les politiques de gamme de produit et de marketing, les
barrières à l'entrée, la forme des courbes de coûts, le niveau d'intégration verticale des
32
marché elle-même est dépendante de conditions initiales, tel que cela est illustré par la figure
.Dans cette logique, la performance est donc un résultat, qui provient à la base de défauts de la
structure concurrentielle. Si certaines conditions ne sont pas remplies, les offreurs disposent
d'un pouvoir de marché qui leur permet d'augmenter leurs profits. En cela, les partisans de
défendue par Clark. Parmi cette lignée de chercheurs faisant prévaloir l'influence de la
structure des marchés dans l'analyse de la survie et de la performance des entreprises, Baumol,
contestabilité des marchés (l'entrée et la sortie sont parfaitement libres et sans coûts). Au prix
d'hypothèses fortes sur les conditions d'entrée et sur l'homogénéité technologique des
producteurs, ils montrent que le monopoleur adopte une politique de prix qui respecte celle
impliquée par les conditions de la concurrence pure. De même, étendant leur raisonnement à la
firme multi-produit, cette dernière ne peut dégager durablement de sur-profit lorsqu'elle est
33
Les études convergent pour valider la thèse selon laquelle l'exercice d'un pouvoir de
monopole, c'est-à-dire le pouvoir de placer son prix durablement au-dessus du coût marginal,
augmente dans les secteurs concentrés -même si l'effet de la part de marché détenue semble
dominer l'effet de la concentration lorsque l'on se place au niveau de la ligne d'activité et non
Des différences de profIts (exprimés avec des indices comptables) entre les grandes fIrmes ont
en effet tendance à persister sur le long terme (Conolly et Schwartz, 1985, Mueller, 1986,
Geroski et Jacquemin, 1988). Un ensemble d'autres études sur l'industrie américaine montre
que, aussi bien au niveau de la firme que de l'activité, les caractéristiques de l'industrie
expliquent entre 10 et 25% des variations des indices comptables de performance. Schmalensee
(1985) semble même montrer que l'utilisation de l'industrie comme niveau d'analyse est valide
pour expliquer les différences de performance comptable entre industries (les caractéristiques
La défInition classique des barrières à l'entrée retient la taille minimale efficiente (MES:
que les économies d'échelles réalisées par les fIrmes présentes ou les besoins en capitaux
nécessaires à l'activité sont corrélés positivement avec la performance mesurée sur données
comptables au niveau du secteur. Elles sont par ailleurs négativement corrélées avec les taux
d'entrées. De même, il semble que l'on puisse s'accorder pour conclure à l'effet dissuasif sur
les entrées produit par l'intensité en R&D du secteur, ainsi qu'à la corrélation positive entre
34
Figure l.t.Le paradigme Structure - Conduite - Performance
Conditions initiales
Offre Demande
matières premières élasticité des prix
technologie substituts
syndicalisation taux de croissance
I ~ durabi~té du produit ~tère~c1ique • __ ~
, valeur/rmportance et SalSOnD1er
. Habirodes du secteur Méthode d'achat
Cadre légal type de marketing
,, Structure de marché
1
1
1
1 Nombre d'acheteurs et de vendeurs
,--- Différenciation des produits
Barrières d'entrées
Structures de coût
Intégration verticale Politique publique .
---t Diversification
Taxes et subventions
R~œsdecommercemtemational
Régulation
Contrôle des prix
Antitrust
Conduite Accès à l'information
Comportement de prix
Stratégie de produit et de publicité .0,,.0
.0·
.0 ,.
,
Recherche et innovation ~ ,
Investissements industriels ___
1
1
1__ -
Tactiques légales
Performance
35
Concernant la relation entre la performance et les parts de marché, deux thèses se confrontent.
L'une stipule que la part de marché est généralement fortement corrélée avec la performance -
études reposant sur de grands échantillons de firmes américaines. L'autre semble démontrer
que dans certaines industries, la performance est faiblement corrélée avec la part de marché -
notamment le coefficient est plus fort dans les biens de consommation que dans les biens
industriels (Ross, 1986). L'enjeu théorique sous-jacent est l'influence conjuguée ou exclusive,
sur la performance des firmes, des facteurs de concentration sectorielle et des parts de marché.
Demsetz (1973, 1974) soutient que seules les grosses firmes, plus efficaces, peuvent retenir des
profits supra-normaux dans les secteurs concentrés. Pour les petites entreprises, ayant une
On peut remarquer que les études développées dans le cadre des travaux de Bain présentent
quelques différences avec les prémisses du projet de Mason ou Clark. L'orientation des
recherches de Mason le place dans une optique résolument tournée vers l'offre et ses
vendeurs celles des acheteurs, analysées sous l'angle structureL Toutefois, l'éloignement
souhaité par Clark du caractère normatif des prescriptions se trouve minimisé, de même que la
volonté de concevoir la concurrence sous un angle dynamique, caractérisé par une succession
a guère de place pour l'étude du processus concurrentiel en lui-même. Les relations sont quasi-
déterministes, et vont dans le sen indiqués par les traits continus sur la figure 1.1. : S~ C ~ P.
36
Quant à ceux qui douteraient de l'efficacité générale du paradigme proposé, «qu'ils se sentent
libres d'accepter le paradigme S-C-P sous une forme affaiblie» (Scherer et Ross, 1990, p6).
Scherer et Ross (1990) prennent cette précaution oratoire -presque menaçante- pour répondre
à des auteurs qui tentent de renouer avec les inspirations des précurseurs de l'analyse
peuvent exister entre les différents maillons du paradigme Structure Conduite Performance,
comme cela est représenté par les traits pointillés sur la figure 1.1. Nous allons dans la section
son appui au cours des années 60 et 70, a du se confronter à différents types de critiques, qui
jettent le trouble sur la viabilité du paradigme S-C-P. Tout d'abord, des études contradictoires
ont remis en question la direction des causalités au sein du modèle, traduisant l'idée que les
comportements des· entreprises ne dépendaient pas de la structure des marchés, mais qu'ils
l'influençaient. Ensuite, les résultats empiriques portant sur la disparition à long terme des sur-
profits n'ont pas permis de donner l'avantage à la conception structuraliste sur la conception
37
1.2.1. Une indétermination relative de la relation entre Structure et
Comportement
Au cours de la présentation rapide de résultats dans la section précédente, deux limites de la
. lecture orthodoxe S~C~P ont été soulignées incidemment par les travaux de Dernsetz (1973,
1974) et de Ravensecraft (1983). Nous revenons sur chacun d'eux en insistant sur les
Premièrement, Demsetz (1974) pose la question de savoir pourquoi, dans un secteur donné,
seules les grandes entreprises bénéficieraient d'un pouvoir de marché que n'auraient pas les plus
petites. Il soutient par ailleurs que les grosses firmes peuvent dégager des performances élevées
sans qu'il soit nécessaire de recourir a priori aux hypothèses d'économies d'échelles.
L'hypothèse des économies d'échelle implique que la taille confère un avantage à la grosse
firme, alors qu'en fait, selon Demsetz, une capacité d'innovation et des managers éclairés ont
avant tout mené la firme à une taille importante et à de meilleurs profits. Par ailleurs, les
auteurs de l'école de Chicago s'interrogent sur la durée de l'efficacité supposée d'un pouvoir de
marché. Comme Schumpeter l'a enseigné, il faut juger des effets du processus concurrentieFsur
En fait, ce que l'on a appelé l'école de Chicago présente l'état de position de monopole comme
rare, et le cas échéant, transitoire et avec des effets limités sur le bien-être général (Stigler,
1968; Demsetz, 1974; Peltzrnan, 1977). La prédominance d'une entreprise ne découle que de
à la structure concurrentielle. Les partisans de cette école poussent leur raisonnement jusqu'à
conclure que plus un secteur est concentré, plus les entreprises qui sont à l'origine de cette
concentration sont efficaces, donc performantes. La performance des fumes dans les secteurs
concentrés ne serait pas la résultante d'un pouvoir de marché, mais d'une efficacité intrinsèque
supérieure. Les entreprises qui parviennent à cette position dominante ne perçoivent alors pas
38
réellement des profits de monopole, mais,·compte tenu des investissements passés et des coûts
d'activité. Ravenscraft trouve que dans les secteurs où les économies d'échelles sont fortes, la
rentabilité des firmes suiveuses est plus fortement affectée par l'accroissement de la part .de
marché du leader que dans les industries à faibles économies d'échelle. Ainsi, de manière
surprenante, dans les secteurs concentrés, où les économies d'échelle sont fortes d'après le
paradigme S-C-P, il y aurait une plus forte pression sur les prix, et, réciproquement, dans les
secteurs les moins concentrés, la différenciation de produits serait plus efficace. Par ailleurs,
diversité des stratégies suivies par les firmes suivant leur contexte concurrentiel, et ensuite sur
Glais (1992, p260) dégage plusieurs propositions fondamentales de l'école de Chicago. Pour ce
courant de recherche, la concentration industrielle n'est pas en soi 'dangereuse'. Elle reflète la
supériorité à un moment donné de certaines fmnes plus efficaces que les autres. Le pouvoir de
barrières efficaces contre l'entrée. Par ailleurs, le changement technologique est continuel et
rend caduc les positions de monopole illicite qui éventuellement auraient pu se créer. De plus,
les marchés fmanciers sont devenus suffisamment efficients pour corriger les pouvoirs de
marché résultant d'une information imparfaite ou d'un accès inégal aux sources de financement
L'intervention publique n'est donc pas nécessaire: elle est trop lente et ne vient qu'entraver le
39
L'école de Chicago ouvre selon nous trois brèches principales dans l'édifice du paradigme S-
C-P. D'une part, elle introduit un renversement de causalité entre les différents déterminants de
la performance, et met J'accent sur des caractéristiques propres aux entreprises età leurs
profit de la rente.
des acteurs peut modifier sur le long terme la structure du marché. Assez peu les conditibns
initiales structurelles, mais la structure dérivée du marché (figure 1.1) est affectée. Dès lors, il
est très difficile d'estimer les effets de variables explicatives, puisque toutes les variables &pnt
reliées les unes aux autres, si tant est que l'on considère une période de temps suffisamment
longue. L'hypothèse d'équilibre de marché de long terme est donc une condition qui ne permet
marchés: les surprofits sont nécessairement corrélés avec les variables censément
indépendantes. Plusieurs travaux empiriques se sont toutefois intéressés à l'étude, d'une part,
de la convergence des profits à long terme, et d'autre part, à la distinction des niveaux d'analyse
40
1.2.2. Convergence des profits, niveau d'analyse et effets inter-temporels .
L'étude empirique de la convergence des profits à long terme peut, en théorie, clarifier le débat
si les profits ne s'annulent pas à long terme, alors on peut supposer que les stratégies des
entreprises sont plus décisives que la structure industrielle et concurrentielle ne l'est dans la
détermination de la performance.
Pour les structuralistes, la réalisation de profits se dissipe dans le temps. En outre, pour
nombre d'économistes, les perfonnances hors norme sont la manifestation patente d'une
mauvaise allocation des ressources et sont à l'origine d'une privation de bien-être général pour
l'ensemble de la société. Plusieurs études ont montré la possibilité effective de considérer que
les profits dits 'anormaux', tendaient sur long terme à disparaître (Brozen, 1970; Beaver,
1970) ou que les conditions de maintien de ces profits étaient essentiellement imputables aux
également que l'écart de performance permis par la taille des firmes décroît constamment sur la
L'analyse de Jacobson (1988) remet partiellement en cause la fatalité de ce processus dès lors
que l'on considère l'entreprise non plus comme une entité globale mais comme un ensemble
d'unités de marché (de SBU, Le. 'Strategie Business Unit' ; domaine d'activité stratégique).
Jacobson (1988) s'interroge également sur la persistance à long terme des entreprises à
brusques de la demande. TI signale que la plupart des études qui se sont penchées sur le sujet
ont conclu à la convergence à plus ou moins brève échéance des taux de profits. Lorsque
Jacobson teste le processus de convergence des profits comme étant identique pour l'ensemble
des entreprises de son échantillon, il ne peut rejeter l'hypothèse nulle : même s'il existe des
.41
différences de convergence entre les fIrmes, exprimées par des coeffIcients différents dans
l'équation autorégressive ROlt = f(ROlt-l), sur dix-huit années de test, elles ne sont pas
entre fIrmes seraient dues à des déséquilibres temporaires sur les marchés, ce qui respecte entre
Lorsqu'il passe au niveau d'analyse inférieur, c'est-à-dire le SBU, Jacobson (1988) parvient à
l'action des entreprises, et la sélection de leurs domaines d'activité aussi bien que de leur
convergence des profIts à long terme, même si ce n'est que faiblement (puisque les coefficients
stratégiques ne conduit pas aux mêmes résultats, même s'ils sont compatibles entre eux selon
Jacobson (1988). On peut donc supposer que le paradigme S-C-P, valide au niveau de
TI ressort du travail de Jacobson (1988) que la convergence des taux de profIts ne permet pas
résultat est mis en évidence de manière saillante grâce à la controverse entre Schmalensee
42
""")F
La relation déterminée entre la structure de marché, la stratégie des firmes et leur performance
a été démontrée par Schmalensee (1985). Schmalensee (1985) a mesuré l'impact relatif sur la
segment stratégique (SBU). Son article est original à plus d'un titre. Non seulement il utilise
une méthode statistique novatrice (l'analyse des composants de la variance V ARCOMP), mais
conclut par quatre propositions normatives, dont deux sont prépondérantes pour le sujet qui
nous concerne :
1) les effets de l'èntreprise sur la performance n'existent pas : ils ne sont pas significatifs, selon
le critère de la statistique F.
Retirant la variable 'influence de la firme' de la régression, Schmalensee valide le fait que les
effets de l'industrie et des parts de marché sont significatives: plus de 19% de la variance étant
Rj = Il + ~j + termes en ex, S et e
où R est le Return On Asset (la rentabilité du capital) moyen de l'industrie, Il est une
2) les effets du secteur ~ sur la performance représentent près de 75% de la variance des
Cette étude semble conforter 'le raisonnement structuraliste: d'une part, l'influence de la firme
n'est pas significative; d'autre part, l'analyse de la performance est valide au niveau sectoriel,
43
et non pas individuel, et c'est la structure qui détermine aux trois quarts la peIformance du
il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives sur la base d'un seul article, et l'étude de
Schmalensee n'est pas restée sans réponse, compte tenu de l'enjeu théorique qu'elle
l'œuvre de Rumelt (1991). Rumelt élargit l'étude de Schamlensee qui n'avait retenu qu'une
année d'étude (1975) à quatre années, de 1974 à 1977 inclus. Les différences entre les modèles
théoriques testés s'expriment à travers trois propositions: i) les effets de l'industrie mesurés
par Rumelt englobent les effets de l'industrie mesurés par Schmalensee + une mesure des
demeure identique; ili) l'erreur mesurée par Rumelt combip.e l'erreur mesurée par
Au total, au niveau de la peIformance individuelle, les résultats de Rumelt n'évaluent qu'à 45%
.~
~
,.-, . ,.
les effets de l'industrie contre 75% pour Schmalensee. L'effet de l'entreprise est inférieur à 2%
Une troisième étude (Roquebert et alli, 1996) présente à son tour des résultats différents, mais
Le rôle du secteur sur l'influence de la peIformance individuelle est réduite de moitié entre
l'étude Schmalensee et les deux suivantes (9,4% chez Rumelt, et 10,2% chez Roquebert et
44
alii). Mais le résultat le plus important de cette troisième analyse. est la part représentée par
dans la première étude, elle finit par dépasser l'influence du secteur industriel dans la dernière
étude. Les auteurs (Roquebert et alii, 1996) mettent ce fait en relation avec le degré de
diversification des entreprises présentes dans l'échantillon. Plus les firmes sont diversifiées,
c'est-à-dire présentes dans des SBU différents, plus l'influence de l'entreprise sur la
performance est importante. Cet effet, inattendu selon les auteurs,· illustre selon nous
McGahan et Porter (1997) étendent à leur tour le champ d'investigation du problème des parts .
D'une part, leur étude porte sur quatorze années (de 1981 à 1994). D'autre part, elle inclut en
plus des secteurs manufacturiers, des secteurs des services (transport, vente en gros et en
détail, loisirs). Ensuite, McGahan et Porter utilisent des outils statistiques plus fins que leurs
prédécesseurs; ils testent ainsi la fiabilité des outils d'estimation dans l'appréciation des
résultats. Enfm, leur unité d'analyse 'remonte' au secteur tandis qu'il se concentrait sur le
des méthodes statistiques d'analyse est mis en avant dans l'étude de la composition des effets
des différentes variables (année, industrie, secteur, et entreprise) sur la performance -même si
cela n'aboutit pas à renverser l'ordre d'importance 'des différents effets. Particulièrement, Mc
Gahan et Porter (1997) mettent en avant une nouvelle fois le rôle dominant de l'entreprise dans
45
l'explication de la performance (entre 31% et 35% suivant les méthodes d'estimations). Le
rôle de l'industrie oscille entre 19% et 7% selon les méthodes d'estimation, confirmant ainsi à
la fois l'étude de Schamlensee (1985) pour la fourchette haute et celle de Rumelt (1991) pour
catégories d'activités. Ainsi, dans l'industrie manufacturière, l'influence du secteur est moins
forte alors que l'influence du segment l'est plus Oes auteurs retrouvent alors des résultats
importantes. D'une part, Rumelt (1991) et Roquebert et alii (1996) évaluent l'influence de
l'industrie à environ 10% de la variance des performances individuelles des fumes (contre 20%
à Schmalensee, et McGahan et Porter). Ces deux articles s'accordent sur le fait que la variance
des performances intra-sectorielles est plus grande que la variance des performances inter-
mettent en lumière par ailleurs que l'influence du rôle de l'entreprise dans la variance de la
l'entreprise est largement diversifiée, elle peut être assimilée à un marché de facteurs interne.
'entreprise' du mode de coordination 'marché' : «Peut-être que plus une entreprise possède de
segments stratégiques, plus elle a tendance à agir comme un marché de capitaux interne plutôt
que de rechercher les synergies entre ses différentes activités» (Roquebert et alü, 1996, p662).
2 Dans leur conclusion, McGahan et Porter minimisent la 'largeur' de· la fourchette: ils insistent
essentiellement sur la plus haute valeur d'explication par l'industrie (19%) de la variance des performances,
afin de s'aligner sur le travail de Schmalensee (1985). La lecture détaillée de leur article ne semble pas
autoriser une conclusion aussi tranchée.
46
Nous intexprétons ce résultat quant à nous comme 'la manifestation de la préserice de
ressources spécifiques à l'origine de rentes appropriées par l'entreprise. Nous reviendrons sur
ce point ultérieurement.
D'autre part, la prise en compte de données sur plusieurs années (Rumelt, 1991 ; McGahan et
Porter, 1997) plutôt que sur une seule (Schmalensee, 1985) a montré que les effets de
étaient à l'œuvre dans la détermination de la performance des firmes. Ces effets, supposés
Les résultats de McGahan et Porter (1997), différents entre les entreprises de services et les
paradigme S-C-P fait surgir plus de questionnements qu'elle n'apporte de réponse. Le débat
sur les lignes de détermination de la performance et les influences des différentes variables de
structure sur la performance n'est pas tranché. n se heurte à la diversité des situations
l'industrie. Le niveau d'analyse pertinent ne se dégage pas non plus clairement puisque des
des entreprises.
Des chercheurs ont tenté de trouver des réponses en se penchant sur l'analyse plus précise des
rapports entre les stratégies des entreprises et leur performance. S'appuyant sur le cadre de
référence S-C-P, et renouant avec le projet précurseur de Mason et Clark, des analyses
47
empiriques et de nouvelles propositions académiques furent développées, qui tentaient de faire
le pont entre la pratique concrète des entreprises et les résultats en terme de performance.
Dans la section suivante, nous montrons qu'une nouvelle fois, l'aboutissement de ces efforts
n'est pas tout à fait concluant. Deux séries de travaux sont abordés: 1) les études dites PIMS,
menées par Buzell et Gale (1987) ; 2) les thèses de M. Porter (1980, 1985), le chercheur de
Harvard qui s'efforça d'opérer le .passage entre l'analyse obéissant aux prescriptions du
plusieurs années de l'information émanant de plus de 450 entreprises représentant par leur
-.;'.'".
activité plus de 3000 SBUs. La base de données ainsi constitué a pu être utilisée dans de très
nombreuses publications par la suite. Pour chacun de ces SBU, trois types d'information ont
été collectées: une description des conditions du marché, la position concurrentielle de la firme
financière de ces SB U.
Buzzell et Gale (1987) utilisent deux indicateurs pour mesurer la performance des firmes:
d'une part, les profits en pourcentage des ventes (ROS), et d'autre part, les profits en
des relations stables entre les dimensions stratégiques et la performance, les auteurs ont retenu
comme variable à expliquer la moyenne sur quatre années consécutives de ces deux
indicateurs.
48
La définition que ces auteurs donnent de la stratégie est la suivante: «les politiques et les
décision clés adoptées par le management de l'entreprise qui ont des implications majeures sur
Le fait que Buzzell et Gale positionnent leur travail par rapport aux analyses classiques -en
l'époque où ils composent leur ouvrage. Mais les auteurs se placent résolument dans le cadre
PIMS est « que les objectifs financiers à fixer pour une activité, et au moins quelques unes des
dans la figure 1.2. TI s'agit d'une combinaison du paradigme S-C-P, et des apports des travaux
49
Parmi l'ensemble des relations testées et vérifiées par l'analyse PIMS, six liens particulièrement
1. Sur le long terme, le facteur le plus important qui permet de rendre compte de la
performance individuelle des SBU est la qualité des produits et des services offerts par
2. La part de marché et la rentabilité sont fortement liés. Les auteurs trouvent une relation
croissante entre la part de marché détenue et le ROI produit par l'activité, qu'ils expliquent
/.
3. Le taux moyen de rentabilité décroît avec l'intensité capitalistique, c'est-à-dire dans les
que des 'vaches à lait' supposées rentables ne le sont pas, ce qui remet en cause la
5. L'intégration verticale se révèle être une bonne stratégie pour certaines activités, mais
moins bonne pour d'autres. Notamment, dans les activités où l'entreprise détient de
relativement faibles parts de marché, le meilleur niveau de ROI est obtenu lorsque le niveau
terme sont aussi ceux qui contribuent à l'amélioration de la valeur sur le long terme.
50
llconvient de remarquer tout d'abord qu'il y a peu de différence théorique au niveau du
paradigme PIMS, par rapport au modèle S-C-P. Les conditions initiales ne sont pas
représentées, mais on peut supposer implicitement qu'elles sont identiques chez Buzzell et
Gale à celles présentées par Scherer et Ross (voir figure 1.1.). La distinction entre structure de
En revanche, au niveau des résultats, trois d'entre eux au moins méritent notre attention. Le
résultat n04 ne fait pas que remettre en cause la détermination de la performance d'un SBU par
rapport à sa valeur de marché et à son rythme de croissance. II illustre également le fait, à notre
avis, que la valorisation d'un segment, et donc le potentiel de rentes qu'il est susceptible de
dégager, dépend de ses sous-jacents, c'est-à-dire des ressources et des compétences en jeu.
C'est pourquoi des 'vaches à lait' supposées rentables ne le sont point, et que des 'impasses'
sont performantes.
pour ce qui touche à la performance des entreprises de taille petite ou moyenne. En effet, dans
susceptibles de rendre compte de leur performance, d'après la figure 1.2. ci-dessus, ne permet
pas de trouver de solution tangible à l'explication de ce phénomène. C'est donc que des
Enfin, le caractère de durabilité de l'avantage concurrentiel est mis en évidence par le résultat
n °6, où les facteurs stratégiques à coun terme contribuent également à la performance de long
51
terme. Ceci montre d'une part que des performances supérieures à la moyenne peuvent être
l'ont été de manière pertinente. D'autre part, cela met en perspective les résultats de l'étude
PIMS et laisse supposer que des effets 'temporels' se combinent aux effets économiques pour
expliquer la performance d'une entreprise à un moment donné du temps sur ses segments
stratégiques.
Les études PIMS ont mis en évidence plusieurs résultats empiriques intéressants. Mais l'apport
au niveau théorique par une clarification du paradigme S-C-P. En effet, même si ce n'est pas
l'intention de leurs auteurs, «Les principes du PIMS » semblent remettre en question sur le
référence (figure 1.2.) est possible sans que la vision structuraliste ou comportementaliste ne
s'en trouve renforcée. Au contraire, il semblerait que les prémisses d'une analyse renouvelée
de la performance émerge, dont les fondements reposent sur la détermination de l'origine des
servent de base à l'activité de conseil en stratégie. Porter décrit la structure industrielle à l'aide
52
du schéma des cinq forces (clients, fournisseurs, nouveaux entrants, produits de substitution, et
concurrence interne). Pour lui, «the rules of competition are embodied infive competitive
forces ... The collective strength of these five competitive forces determines the ability of firms
capital» (Porter, 1985, p4). Mais Porter reconnaît également, à la différence des partisans du
paradigme pur S-C-P, que l'entreprise peut, à condition qu'elle adopte la bonne stratégie,
obtenir des résultats supérieurs à la moyenne même dans des structures concurrentielles
(1) S~ C~ P
pour le transformer en modèle (2)
(2) S~ c ~ P
'" /'
stratégie
entreprises, au niveau de la structure industrielle, créent des barrières à l'entrée (Bain, 1956)
ou à la mobilité (Caves et Porter, 1977) qui nuisent à la concurrence parfaite. Les firmes
cherchent à jouer avec le fonctionnement du marché pour le contrecarrer afin de dégager des
différences valorisables.
Ainsi, l'entreprise peut, en fonction des rapports de force industriels, adapter sa stratégie
générique -stratégie de coût, de différenciation et ciblée (<< focus »)- à l'univers concurrentiel c
dans lequel elle se trouve être placée. Cette analyse du comportement de la firme est en droite
ligne inspirée des hypothèses concernant les liens entre le pouvoir de marché et la performance,
d'une manière ou d'une autre sa performance à venir est sa position concurrentielle en terme
53
de coût et/ou de différenciation. Porter avance explicitement que l'avantage concurrentiel n'est
soutenable -et par conséquent débouche sur de bonnes performances- que si deux éléments
sont pris en compte: la position de la firme (en terme de coûts et de valeur différenciée) et ses
soutenable. Porter donne des exemples de pilotes pour des 'activités' de la chaîne de valeur:
d'autres unités, la localisation de l'activité, le degré d'intégration, etc. Le système de valeur est
la filière (fournisseurs, distribution, utilisateur final). L'idée centrale est qu'il faut gérer la
valeur afin qu'elle soit maximale pour les différentes chaînes du système.
des actions engagées par la firme, du choix des bons 'pilotes' conduisant à la meilleure chaîne
de valeur. dans les limites imposées par les contraintes de structure de l'environnement
concurrentiel.
Trois types de critiques sont adressés par les théoriciens du « champ stratégique» au modèle
structuraliste, les limites relevées à l'encontre de ce courant conservent leur acuité. Ensuite, la
force «rivalité entre les firmes existantes », qui représente les rapports de concurrence à
l'intérieur du secteur souffre d'imprécisions préjudiciables. Enfin, les réponses fournies par
54
Porter à ces critiques au cours des dernières années consacrent la fragilité de la base théorique
La critique foncière opposée au modèle de Porter (1980), reprenant les limites signalées à
l'encontre des structuralistes, est résumée par Foss (1996, pll-12): «La dotation en.
ressources qui permet à une entreprise de mettre en œuvre ses plans n'est jamais sérieusement
analysée, de même que n'est pas précisé comment, pourquoi et quand les entreprises doivent
chercher à atteindre tel ou tel type de portefeuille de ressources ». La vision du modèle (2) est
trop fermement ancrée dans le paradigme structuraliste S-C-P, qui est déterministe, exogène à
la firme et atemporel. Foss remarque par ailleurs que Porter introduit une correction dans
l'ouvrage de 1985, sans toutefois établir fermement les correspondances avec l'ouvrage
précédent. «On est passé d'urie conception en terme de pouvoir (de marché) avec un accent
particulier sur la menace à l'entrée à une autre, qui insiste sur l'avantage relatif (d'efficacité) et
aucune discussion dans l'ouvrage de 1985 qui permette de comprendre comment les activités
Les limites concernant le sens de la causalité dans les relations et le niveau de détermination de
capables de soutenir raisonnablement les conséquences des différents présupposés qu'il avance.
Cette faiblesse consubstantielle renvoie un écho d'autant plus préjudiciable que le schéma de
Porterseveutnormati[
Une des cinq forces du modèle de Porter, la force centrale, correspond à la rivalité entre les
firmes existantes. Au cœur de son modèle, Porter transpose l'une des imprécisions radicales
55
dont souffre le paradigme S-C-P: la détermination du niveau d'analyse pertinent. En effet,
l'absence de rivalité sur un segment stratégique n'implique pas que la concurrence entre les
multiproduits ne l'est pas obligatoirement sur tous leurs segments. La définition, de manière
externe à l'activité étudiée, des rapports de force entre concurrents est délicate. De plus, elle
ne précise pas les conditions de la performance d'une entreprise par rapport à une autre, qui
peut posséder d'autres activités, et avoir développé des conditions d'échange au sein de la
obscurci par la distinction d'un degré supplémentaire de concurrence. Caves et Porter (1977)
en effet ont distingué, dans la ligne des barrières à l'entrée de Bain (1956), ce qu'ils ont appelé
des barrières à la mobilité. Selon ces auteurs, ces barrières protègent certains groupes
d'entreprises au sein d'un secteur d'être concurrencés par d'autres groupes d'entreprises, au
sein du même secteur ou non. L'existence de groupes stratégiques a fait l'objet d'études
auteurs mettent en évidence que la baisse tendancielle de performance de cette industrie n'est
pas due à une concurrence affaiblie au sein du secteur. Elle s'expliquerait par l'accroissement
de la concurrence non pas entre les différents groupes stratégiques constitués, mais en leur
sein. Ce ne serait donc pas les positions concurrentielles au sein de la structure industrielle qui
mais la compétition pour des actifs stratégiques particuliers définissant de l'intérieur des
56
I-
I..•
Le degré de concurrence entre entreprises pose directement la question de la nature de cette
non de partir de .la structure industrielle, mais des actifs des entreprises qui permettent de les
regrouper par exemple en groupes stratégiques. A ce moment là, les barrières à la mobilité ne
d'actifs stratégiques particuliers par les finnes pour lesquels et autour desquels la concurrence
s'organise.
Difficulté à répondre aux critiques sur le sens des relations de causalité entre structure
rivalité entre les fIrmes existantes, le modèle de Porter souffrait d'une troisième faiblesse que
son auteur a tenté de combler: le statisme du cadre d'analyse. Porter a rapidement constaté
que son modèle était au mieux un modèle de comparaison statique ou bi-période de la situation
concurrentielle des ftrmes. Dans deux articles postérieurs, il tente de l'adapter aux critiques
Dans le premier article, Porter essaie de démontrer que l'analyse S-C-P, à laquelle il se
dès lors que l'on sépare l'analyse en une partie descriptive et une partie longitudinale.
comme un résultat (S -7 Performance) et non une cause (1991, plOI) mais il dit d'autre part
qu'elle influe sur la structure (performance -7 S). Alors qu'il prône lui-même l'avancée vers
57
des théories dynamiques, l'impression qui ressort de ses efforts, est qu'il ne peut justifier tantÔt
changement technologique, nouvel entrant. Critiquant la théorie des jeux en disant d'elle
qu'elle explore dynamiquement des mondes statiques, on pourrait presque le parodier : comme
l'entreprise (et réciproquement), on pourrait dire que Porter étudie de façon statique la
dynamique concurrentielle.
Dans l'article plus récent, Porter reformule les notions de performance, en distinguant la
stratégique: «La performance opérationnelle signifie: réaliser des activités similaires mieux
réaliser des activés différentes de celles de ses concurrents, ou réaliser des activités similaires
de manière différente» (1996, p62). Pour lui la concurrence sur l'efficacité opérationnelle est à
terme limitée. Seules les différences de positionnement dans des activités et des segments font
Afin de ne pas revenir sur le déterminisme S-C-P, Porter explicite les différences de stratégie à
partir des compromis indispensables que les entreprises doivent faire, et qui leur sont propres
Pour nous, Porter bâtit un subterfuge afin d'introduire de l'intérieur une contrainte factice
obligeant les firmes à se différencier dans leur positionnement. fi énonce des règles de
58
comportement (faire des compromis' .internes indispensables) qui servent· à protéger les
(S~ P), une cause interne de détermination. Cet artifice paraît alambiqué: pourquoi ne pas
reconnaître plus simplement que les fumes ont des ressources différentes, que le lien entre
ressources et efficacité opérationnelle n'est pas si immédiat que le suppose Porter et que, par
conséquent, on peut relier plus directement l'hétérogénéité des contenus en· ressources des
fumes avec leurs stratégies différentes et avec leurs performances respectives? En effet, dire
que la poursuite d'un avantage concurrentiel particulier requiert des compromis nécessaires
peut être une proposition scientifique testable. En revanche supposer que les compromis sont
Porter développe ensuite l'idée que la stratégie combine les activités tandis que l'efficacité
opérationnelle se contente d'améliorer in situ ses performances. Trois catégories de 'fit', c'est-
à-dire de concordance entre les différentes activités et la stratégie de l'entreprise sont dès lors
possibles3• Dans les trois types de concordance (simple, auto-renforçanteet optimisatrice) «le
tout compte plus que n'importe laquelle des parties individuelles» et la stratégie revient à
« créer la concordance entre les diverses activités de la firme » (Porter, 1996, p73 et p75). La
'concordance' lui même repose sur un facteur 'magique', le 'fit' ; il est seulement décrit dans
paradigme S-C-P sans qu'une autre théorie ne vienne remplacer les fondations manquantes. TI
3 Cette notion, ancienne en stratégie, est entendue ici par Porter en un sens différent de l'acception usuelle qui
renvoie Ua théorie de la contingence notamment, et aux travaux plus sociologiques sur les organisations et leur
environnement (Aldrich, 1979 ; Hannan et Freeman, 1989).
59
l'environnement concurrentiel plutôt qu'aux ressources de la firme, et ne parvient pas
réellement à «dynamiser» l'analyse stratégique. Dans ses textes plus récents, Porter est allé
dans deux directions: une vision continuée de l'avantage concurrentiel au cours du temps; la
réflexion sur la performance en terme de concordance interne entre les activités de la firme.
stratégie, et le facteur d'évolution qui remet en cause la poursuite de cette stratégie, quel
critère retenir? Quant à la seconde, elle l'éloigne des thèses plutôt structuralistes qu'il
défendait sans fournir de bases solides pour estimer la qualité du 'fit', de la concordance
nécessaire à la performance, ni préciser quelle est la nature profonde des causes qui conduisent
des trente dernières années de diverses critiques. Au sein du paradigme S-C-P, les partisans de
diversité des stratégies suivies par les entreprises ajoute au flottement tant conceptuel
structuraliste ou non, (suivant le conseil de liberté donné par Scherer et Ross rappelé supra),
montrent que le niveau d'analyse utilisé n'est pas indifférent aux résultats obtenus. La prise en
d'un modèle alternatif reliant les facteurs de productions avec la performance, reposant sur une
60
définition idiosyncrasique de l'entreprise et sur une prise en considération des effets inter-
temporels au niveau du segment et de l'entreprise elle-même. Plus précisément, dès que l'on
avance vers des niveaux d'analyse plus fins (le SBU ou l'entreprise), le paradigme S-C-P,
même adapté par Buzzell et Gale, semble perdre de son efficacité. Enfin, l'application par M.
Porter du paradigme S-C-P à la stratégie, d'abord franche puis édulcorée, s'étant révélée
d'entreprise, doit retenir le niveau d'analyse pertinent qui est le sien: l'entreprise. Or, le
transfert direct du paradigme S-C-P, plus ou moins valide au niveau sectoriel, à un niveau
d'analyse inférieur, l'entreprise, ne peut être effectué sans dommage. Dès lors, il est nécessaire
montré la voie par laquelle la réflexion sur la perfonnance peut être approfondie. D'une part,
elle a insisté sur une prise en compte de la dimension temporelle du processus concurrentiel, et
sur les modifications des structures de la compétition sous l'influence des changements
technologiques. D'autre part, elle conçoit la rétribution des positions des entreprises dans les
secteurs concentrés comme des rentes construites par les entreprises plus que comme des
Ainsi, il ressort des différentes analyses de ce chapitre que trois éléments doivent être plus
Tout d'abord, suivant les traces de Schumpeter, l'aspect dynamique de la concurrence ainsi
que ses effets sur la performance· individuelle des entreprises doivent être intégrés à la grille
d'analyse renouvelée. Ensuite, la firme doit être pensée comme étant à la base de la
61
performance: sa nature productive doit être conçue comme pouvant intégrer le phénomène de
croissance autrement que par simple juxtaposition de domaine d'activité stratégique. Enfin,
La réflexion sur les trois points en question (la dynamique, la firme, et les rentes) devient
d'équilibre et fait l'hypothèse que lorsque la demande est connue, la concurrence peut s'établir
L'entreprise'èst conçue sur un mode classique. Avant tout offreur, elle est définie par
une fonction de production. Elle est caractérisée par une grande lucidité, puisqu'elle est apte à
saisir les opportunités, à analyser rationnellement les situations concurrentielles, tant dans la
version économique du paradigme que dans sa version stratégique (Porter, 1980, 1985).
Les causes du surprofit sont trouvées soit dans les protections issues des différentes
barrières érigées au niveau de la structure, soit dans des conditions intrinsèques supérieures de
certaines firmes plus efficientes. En général, les rentes défendues et appropriées par les firmes
Ces positions ont été commentées et critiquées sans que le paradigme S-C-P n'intègre
réellement les commentaires et les critiques (McWilliams et Smart, 1993). Nous pensons que
dans l'analyse des critiques, se dessinent la voie pour une conception renouvelée de l'analyse
62
Nous proposons dans la dernière section de ce chapitre de revenir sur ces différents points, en
Schumpeter (1934),« The theory of the· growth of the fum» d'E. Penrose (1959), et la
conception élargie des rentes de Ricardo et Marshall. Nous les détaillerons suffisamment pour
d'une part ne pas trahir les idées avancées par les auteurs, et d'autre part, pour mesurer les
stabilité de la structure industrielle. Elle est prisonnière de cette vision. Si elle accepte de poser
que la structure change au cours du temps, elle oblitère l'intégrité du paradigme. Si elle le
refuse, elle renie les faits. C'est ce qui explique la difficile 'mise en mouvement' du modèle
porterien (voir' supra, I.3.2.a.). Pourtant, J. Schumpeter. a proposé dès la début du siècle .une
fonnalisation de l'évolution économique, dont les apports, oubliés pendant quelques décennies
tous les acteurs économiques agissent dans le présent à la fois en tant que producteurs et que
étroitement imbriquées l'une dans l'autre : les biens et les services sont en situation de
dépendance mutuelle. Les consommateurs aussi bien que les producteurs agissent par
habitude, de telle sorte que l'état présent de l'économie est lié à l'état passé en vertu du principe
63
the things and the forces within our reach" (Schumpeter, 1934, p14). Mais la logique
économique s'applique à la logique technologique qu'elle soumet à ses impératifs. Chaque bien
de consommation est le résultat d'une combinaison qui utilise à son tour des biens de
Dans les conditions de concurrence parfaite, le système économique fonctionne sans qu'il soit
possible de réaliser des profits. Le risque imprévu de panne par exemple provoquera· pour une
courte période de temps une perte qui profitera à quelqu'un d'autre sans que l'économie
générale du système soit remise en cause. En outre, un changement spontané des données
pourra créer des situations nouvelles aboutissant à une inégalité temporaire entre le coût de
the conditions and of simply complying with the objective necessities of the economic system
without wishing to change them, one and only one particular way of acting commends itself to
the individual, and the results of this action will remain the sarne as long as the given conditions
animal" (ib, p6l)- mais celles qui "changent le cadre, le parcours lui-mêmè" sans qu'elles soient
extérieures au système économique. Dans ce projet, les moyens mis en oeuvre pour décrire le
circuit économique font défaut là "où la vie économique elle-même modifie ses données par à-
coups" (ib, p62). Car l'analyse statique se révèle incapable "de prédire les changements
64
discontinus dans les habitudes traditionnelles de production". «By "development", therefore,
we shall understand only such changes in economic life as are not forced upon it from without,
but· arise by its own initiative, from within» (ib, p63). L'évolution est la modification du
parcours par opposition à son mouvement ; elle est déplacement de l'état d'équilibre par
Quoique "chaque fait d'évolution crée les conditions préliminaires des suivants" (ib, p92),
Schumpeter se place dans un état stable de circuit pour mettre à jour les causes de l'évolution
économique. L'initiative de la combinaison des facteurs est du côté des producteurs qui
répondent aux désirs des consommateurs et les éduquent en quelque sorte en suscitant
éventuellement chez eux de nouveaux besoins. "To produce means to combine materials and
forces within our reach. To produce other things or the same things by a different method,
means to combine these materials and forces differently" (p65). Pour Schumpeter, c'est
voit dans le crédit la possibilité de réunir les conditions de la combinaison et définit le banquier
économique.
65
Le dernier élément, après l'objet et le moyen de l'évolution, en est le moteur: il s'agit de
nouvelles combinaisons de production sans pour autant englober tous les agents économiques
indépendants qui portent usuellement ce nom. L'entrepreneur est un "agent économique d'une
espèce particulière" (ib, p1l2). Schumpeter précise sa pensée par une métaphore en note: bien
que tous les hommes puissent chanter, le chant comme un attribut remarquable ne concerne
qu'une minorité d'individus; mais comme cette caractéristique n'affecte pas la personnalité
combiner les facteurs de production qui distingue l'entrepreneur parmi tous. L'activité humaine
a ceci de spécifique nous dit Schumpeter qu'elle s'inscrit dans un ensemble d'habitudes,
facilement. L'entrepreneur véritable se heurte donc à une triple difficulté : celle de ne pas
posséder de données puisqu'il crée un précédent: "carrying out a new plan and acting
according to a customary one are things as different as making a road and walking along it"
(ib, p85) : il est objectivement plus difficile de produire différemment car les connaissances
de production
Schumpeter est sans conteste l'un des premiers économistes à prendre en considération la
66
production l'origine de l'évolution économique, initiée par un type d'homme particulier, à la
facteurs conduisent à la performance supérieure pour les agents habiles et audacieux qui
s'engagent dans la voie de l'innovation. Ensuite, sur un plan plus théorique, la distinction entre
un état statique de fonctionnement du marché, et un état dynamique est cruciale pour l'étude
s'interroger d'une part sur les facteurs de conservation ou de disparition des profits à long
terme, et d'autre part, même si sa conception de la firme est réduite à celle de l'entrepreneur
sur les comportements stratégiques dynamiques nécessaires pour conserver les avantages
1.4.2.« The theory of the growth of the fmn », d'E. Penrose (1959) rédéfinit
la firme industrielle
obstiné. Pourtant, les entreprises se· développent au delà des capacités de gestion de seuls
individus, et leur survivent même. TIest nécessaire de réfléchir, dans la lignée des travaux de
Schumpeter, sur la manière dont les entreprises croissent, sont performantes et survivent. C'est
Pour Penrose, la firme dans la théorie des prix et de la production n'est pas représentée pour
pouvoir répondre à la question de la nature et des conditions de croissance d'une entreprise qui
67
serait libre de varier sa production en qualité aussi bien qu'en quantité. La firme est limitée en
taille (c'est-à-dire en volume de production) pour que l'équilibre soit possible. Par conséquent,
puisque la question théorique ne correspond pas aux problèmes classiques des économistes et à
la réalité vécue des managers, la conception de l'entreprise qui doit être changée: "for this
purpose the 'firm' must be endowed with many more attributes than are possessed by the 'firm'
in the theory of the fIrm, and the significance of these attributes is not conveniently represented
La fonction d'une entreprise est d'utiliser des ressources productives en vue de fournir des
biens et des services selon des plans conçus et mis en oeuvre à l'intérieur de l'entreprise.
L'entreprise est une entité autonome de gestion, où un pôle central donne les directives qui
sont mises en oeuvre par les différents degrés de responsables subordonnés. La taille de la
administrative de ses activités suffisante pour mener à bien son activité. Ce qui caractérise une
entreprise particulière est la manière dont l'autorité gestionnaire emploie les ressources à sa
disposition: fia firm is more than an administrative unit; it is also a collection of productive
resources the disposal of which between different uses· and over time is determined by
En fait, dans l'activité de l'entreprise, plutôt que la détention à proprement parler de ces
ressources, c'est la manière dont elles sont utilisés selon les possibilités qu'elles contiennent qui
est cruciale: "Strictly speaking, it is never resources themselves that are the 'inputs' in the
production process, but only the services that the resources can render" (ib, p25).Une
68
ressource contient un ensemble d'utilisations potentie~es auxquelles elle n'est liée que lors d'une
activité effective.
Le but ultime de la gestion des ressources et de leur allocation est pour E. Penrose la recherche
de l'accroissement des profits à long terme. Cette proposition permet de relier la théorie de la
croissance de la firme à un objectif concret de recherche de profit. Ainsi, "growth and profits
became equivalent as the criteria for the selection of investment programmes" (ib, p30).
ressources ont dans leurs mains les "opportunités de production", c'est-à-dire l'ensemble des
possibilités de production qu'ils perçoivent et dont ils peuvent tirer bénéfice. Une théorie de la
croissance des entreprises est en substance un examen attentif des changements d'opportunités
.de production des firmes. Pour Penrose, entreprise renvoie.à esprit d'entreprise. L'ambition de
promouvoir les profits à long terme et de développer l'activité de la firme, soit l'esprit
d'entreprise, équivaut à une ressource ; il s'ensuit que les compétences managériales sont
fonction de la qualité relative que peuvent fournir l'utilisation des services correspondant à la
de production est une des grandeurs caractérisant la qualité du service que peut apporter la
ressource entrepreneuriale.
En effet, Penrose souligne le fait que les entreprises modifient par leurs actions les conditions
de l'environnement global, et qu'elles intègrent à leurs décisions cette propriété (ib, p42).TI
existe donc chez les dirigeants une "image" de l'environnement ainsi que des actions
potentielles que la firme peut mener. TIsemble logique de considérer que les facteurs qui
69
de l'image) sont à l'origine de sa croissance, en tant que les dirigeants représentent l'autorité et
Les capacités managériales sont limitées par l'accroissement et la complexité des plans d'action
à défInir et par les décisions à mettre en oeuvre. Les connaissances qui doivent être utilisées à
ces fIns sont de deux ordres : les connaissances objectives pour celles qùi peuvent être
l'expérience, qui correspond à l'étèndue des services que peut fournir la ressource humaine au
cours du temps. Cette dernière se déploie dans le temps de deux manières : par simple
développement changent également "The possibilities of using services change with changes in
knowledge" (ib, p76) et "Once it is recognized that the very processes of operation and of
expansion are intimately associated with a processby which knowledge is increased, then it
becomes immediately c1earthat the productive opportunity of a fIrm will change even in the
(ib, p56).
d'exploiter au mieux les services que renferment les ressources à notre portée : l'incertitude et
c'est-à.,.direpar l'affectation des services de certaines ressources à cette tache. Le risque est la
part d'incertitude incompressible. Pour être évaluées et prises en compte dans l'élaboration des
plans d'actions et d'expansion, des ressources qualifiées doivent être également consommées.
D'où il résulte que le risque et l'incertitude limitent directement et indirectement les capacités
d'expansion de la firme.
70
Pour mettre en oeuvre les plans d'expansion prévus, l'entreprise doit utiliser divers services;
elle doit donc se procurer les ressources qui sont attachées à ces services. Tant que les
utilisations des ressources disponibles n'ont pas épuisé l'ensemble de leurs potentiels de
services, il reste une marge à l'entreprise pour croître. La disponibilité de services non ou mal
utilisés est donc la source principale de croissance de la firme. "Unused productive services
are, for the enterprising firm, at the same time a challenge to innovate, an incentive to expand,
and a source of competitive advantage. They facilitate the introduction of new combinations of
Pour E. Penrose, il est en outre clair qu'un état optimal d'équilibre stationnaire n'est jamais
atteint dans une fIrme. Trois raisons expliquent cet état de fait D'une part, l'indivisibilité de la
plupart des ressources contraint leur imbrication en vue de la réalisation du plan d'expansion de
telle sorte qu'elles ne sont pas toutes utilisées au maximum de leurs potentiels. Ensuite, la
spécialisation des ressources en fonction de services précis qu'elles peuvent rendre (la division
plus saillante) change les possibilités d'utilisation de l'ensemble des ressources disponibles,
créées ou acquises. Enfrn, l'hétérogénéité des différentes ressources engagées ne permet pas de
qu'elle juge pertinente, donc sur ses opportunités de production, en comptant sur les ressources
qu'elle hérite du passé et sur celles qu'elle doit se procurer sur les marchés. En fait toute
possibilité de croissance est conditionnée par la combinaison adéquate entre les différents types
de ressources étant entendu que l'on peut les utiliser différemment, et les renouveler. La
potentiellement réalisables, valables pour toutes les tailles d'entreprises (ib, p262).
71
Les économies de croissance peuvent être de plusieurs sortes. Par exemple, les économies de
taille traduisent le fait qu'une plus grande entreprise produit et vend plus efficacement qu'une
petite. Cela s'explique par les avantages qu'entraînent l'utilisation de technologies performantes,
et la spécialisation du travail. Toutefois, la taille n'est pas le seul facteur en jeu dans la
poursuite de la réduction des coûts. C'est pourquoi, il ne semble pas possible de définir une
taille optimale à la firme en général ni de démontrer qu'à partir d'un certain seuil, des
En outre des économies de diversification (ib, p 110) peuvent découler soit de l'extension de la
variété des produits développés dans la même "aire de spécialisation", soit de la sortie de cette
technologique sont essentiels pour spécifier les économies accessibles par le biais de la
diversification. Des ressources peuvent faire défaut qu'il faut acquérir ou choisir de créer afin
l'environnement dans lequel elle évolue, l'image des opportunités de production telles que les
voient les entrepreneurs au sein de l'entreprise et s'ils comptent en tirer profit. Selon que l'on
veut expliquer pourquoi chaque environnement est différent pour chaque firme ou pourquoi
une firme croît comme elle le fait, on mettra l'accent soit sur les ressources en tant que telles
soit sur les opportunités que peuvent offrir les services qu'elles contiennent (ib, p217). n existe
un moment où les grandes firmes, du fait de la complexité des taches qu'elles ont à effectuer et
72
à traiter, ne croissent plus aussi vite dans l'ensemble de l'exploitation de leurs ressources. Des
interstices se créent sur les marchés où de petites firmes se développent et engagent à leur tour
Nous avons présenté en détailles thèses de E. Penrose car elles constituent la base sur laquelle
.va se construire la théorie des ressources, modèle qui nous servira de cadre de référence au
l'économiste anglaise, qui le distingue fortement des conceptions du paradigme S-C-P. Nous
• .La firme est une entité administrative coordonnée qui exploite une collection de ressources,
physiques et humaines.
• La rationalité des agents à l'intérieur de la firme est limitée (Simon, 1947). Les dirigeants
ont une image des opportunités stratégiques, qui peut être influencée soit par les
services peu ou mal utilisés. En effet, ce sont les services potentiels rendus par les
ressources qui sont les intrants du processus de production. Les ressources sont
73
Les contributions de Penrose (1959) à la conception de l'entreprise, et du management
ressources, sur laquelle nous reviendrons en détail d3?s le chapitre suivant. Pour l'heure, le
au niveau de la fIrme, illustré par le commentaire sur le monopole des partisans de l'école de
ne peut plus se suffire d'une vision en teme de pouvoir de marché comme celle défenduepar
le paradigme S-C-P. En effet, pour que le pouvoir de marché, ou le rapport de force émerge; il
est nécessaire que les actifs sur lesquels ils prennent. place soit dans un certain rapport
d'homogénéité. Les propriétés des actifs permettant de retirer des rentes sont alors la rareté, la
non mobilité, et les rentes sont des rentes de monopole. Mais au premier degré, s'il y a des
différentes intrinsèques entre les ressources physiques entre les entreprises, le raisonnement a
du mal à s'appliquer dans son intégralité -et a fortiori à un deuxième degré si l'on considère
comme Penrose que les déterminants de la performance des entreprises et de la croissance sont
les services des ressources. TI est alors indispensable de revenir sur la conception de la rente
afIn de comprendre d'où peut provenir la valeur créée et appropriée par l'entreprise
particularisée du cadre penrosien. On situe le débat sur les rentes à partir des travaux de
Ricardo et de Marshall, et on présente une conception élargie dans son usage de la notion de
74
I.4.3.a. les rentes ricardiennes
« L'essence du concept de rente est l'idée d'un surplus que rapporte une certaine partie d'un
facteur de production à partir et au-delà d'un gain minimal nécessaire pour l'inciter à jouer son
rôle» (Robinson, 1975, p100). La rente se présente formellement comme la différence entre le
coût de mise en œuvre des unités indivisiblesdes facteurs de productions et le revenu de cette
l'agriculture. Dans cet exemple, le facteur fixe est la terre disponible et le facteur variable est
l'unité «ouvriers agricoles et leurs outils ». Tant que les revenus tirés de l'allocation d'unités
variables sont supérieurs au coût, les fermiers les emploient Supposons des terres de
rendements différents, pour une allocation d'unités de facteurs égalisant le coût de mise en
œuvre, une terre pourra dégager des revenus supérieurs à la terre marginale. La rente tirée de
l'exploitation de la première terre correspond aux revenus de cette terre moins le coût des
unités allouées.
En fait Ricard04 ne considère dans ses travaux que le seul facteur terre comme source de rente.
Qui plus est, il s'agit de la rente de l'agriculture au sens large, et non la rente de terres
affectées à des productions particulières. En fait, la terre est considérée par Ricardo comme
étant inculte et gratuite, ou comme étant exploitée et produisant une rente. Mais il n'envisage
pas le cas où une terre serait affectée à un usage alternatif, comme par exemple le passage
d'une terre de labourage à une terre de pâturage. La terre est donc spécialisée dans son usage,
son exploitation et sa rente. La rente est de plus déterminée par le prix : «le blé ne renchérit
pas parce qu'on paie une rente, mais c'est au contraire parce que le blé est cher que l'on paie
une rente ». La rente ricardienne est au sens strict «la rémunération du droit d'exploiter les
75
TIYa deux.origines à la rente. D'un côté, en présence d'une limitation de l'offre, des rentes de
rareté apparaissent. Elles sont égales à la différence entre le revenu total de la production et
l'ensemble du coût des facteurs mis en œuvre pour obtenir jusqu'à la production marginale. De
l'autre, quand il y a des différences de qualité dans les terres, les parcelles de meilleure qualité
Pour Ricardo, l'ensemble du système économique peut être résumé à une fenne géante qui
produit du blé en mettant en œuvre des doses homogènes de «capital-et-travail» sur une
quantité fixe de terre avec des rendements décroissants. «La démonstration comporte une
hypothèse supplémentaire: la demande de blé est parfaitement inélastique, parce que c'est une
pour montrer que le facteur variable est rémunéré à sa productivité marginale, tandis que le
facteur fixe, la terre perçoit un surplus détenniné par la différence entre la production moyenne
extensive (figure 1.3). La rente est égale à la production totale (QCDM) moins la productivité
marginale du capital-et-travail (AM) multipliée par le nombre de doses utilisées (DM) », c'est-
Blé
E
C.
w
o Capital-et-travail
Source: d'après Blaug, 1990, p102
76
I.4.3.b. les quasi rentes marshalliennes
Marshall, à la différence de Ricardo, applique la notion de rente à tout défaut d'ajustement
temporaire entre la demande et l'offre. Ce défaut d'ajustement est provoqué par l'absence de
variabilité d'un facteur dont l'offre, pour une raison ou pour une autre (indisponibilité, rareté,
immobilité), est maintenue fixe pour un court laps de temps. La rente disparaît à plus long
terme une fois que les coûts sont redevenus variables. Mais alors que Ricardo ne considérait
pas les rentes dues à l'allocation alternative de la terre -car il n'envisageait la rente qu'au
niveau de l'économie entière d'une part et que, d'autre part, le loyer de la terre incluait pour le
fermier l'ensemble des coûts de passage d'un usage de la terre à l'usage alternatif et ne
constituait donc pas une rente- les quasi-rentes marshalliennes sont déterminées à la fois pour
On représente sur un schéma une situation d'équilibre concurrentiel à trois firmes, où la courbe
-
d'offre de la finne se confond avec la courbe de coût marginal à partir du moment où le coût
marginal est supérieur aux coûts moyens variables. La courbe d'offre de la branche (courbe
épaisse) est obtenue par addition des courbes MC individuelles, classées par ordre croissant de
entre l'offre et la demande. Dans cette situation, l'entreprise 1 produit q3 (au lieu de qi si le
prix avait été égal à pl, mais alors aucune des deux autres entreprises n'auraient pu produire),
courte période. L'entreprise 3 ne récupère pas ses coûts fixes. Les deux autres entreprises
77
\
Figure 1.4. Rente et quasi rente marshaJienne de court terme
A
B
.. .. . .. . .... ... .
P3 : •••••••••••••••••••••••••••••
•• •• : ••••••••••••••
P2 •••••••••.•••••••
# .•••••••••
C·· •.....
E :••••••••••••• ATC1• ••••
Pl
o ql q2 q3 q4 q6 q7
La défInition extensive de la quasi rente marshalliennecomprend pour la première fIrme, d'une
part la zone ABDC correspondant à la différence entre les coûts totaux moyens et le prix
multipliée par la quantité, et d'autre part la zone EFDC, correspondant à la différence entre les
coûts totaux et les coûts variables multipliée par la quantité produite. Pour Marshall comme .,,'
;'.,,'.
pour Ricardo, le terme de rente est réservé au facteur de la terre. Le terme quasi rente désigne
produit que l'on peut désigner comme une quasi rente.-Mais, dans tous les cas, la rémunération
n'est pas la condition de l'existence du service: les rentes sont déterminées par les prix, elles
Une autre hypothèse corrélative de la quasi rente marshallienne concerne son devenir. Puisque
la situation concurrentielle favorable à l'apparition de la quasi rente (EFDC) n'est valable qu'à
court terme, la fIrme dispose d'une période de temps t durant laquelle elle peut exploiter le
différentiel entre la valeur de marché et la valeur d'usage du facteur considéré. Mais les effets
de la concurrence vont venir réduire à zéro le bénéfIce tiré de l'exploitation passagère de cette
78
quasi-rente. Ce qui suppose implicitement que les autres acteurs économiques (firmes ou·
rente.
suivantes de la rente et de la quasi rente. Une rente est la portion de salaires en excès par
rapport à la somme minimum nécessaire pour attirer un travailleur pour qu'il accepte
d'accomplir un travail particulier. Une quasi rente est la portion de salaires en excès par
rapport à la somme minimum nécessaire pour empêcher un travailleur de quitter son travail
particulier.
Dans cette interprétation, la quasi rente correspond à la différence entre le salaire. total et le
salaire consenti considéré comme un coût variable. Prenant l'exemple d'entreprise, Milgrom et
Roberts précisent que «la différence entre la rente et la quasi rente provient de la présence de
coûts qui doivent être supportés pour entrer sur un marché mais qui ne peuvent être récupérés
par une fume installée qui décide de sortir du marché» (Milgrom et Roberts, 1992, p270). En
fait, ces auteurs réintroduisent sans la nommer ce que Robinson par exemple appelle «la
rémunération de transfert» : «le prix qui est nécessaire pour retenir une unité donnée d'un
était réduite en dessousde ce prix elle serait transférée ailleurs» (Robinson, 1975, p102)
Winter (1995) montre· en outre qu'une même situation peut être interprétée différemment
suivant les hypothèses de contrainte de l'offre et la nature de l'input sur lequel porte la
contrainte.
79
Soient N inputs nécessaires à la production d'un bien, en présence de rendements constants de
production. Tous les inputs sauf un sont disponibles sur le marché au prix et aux quantités
désirés. Le coût par unité produite de la combinaison des N-l inputs est représenté par la
courbe C. Le Nième input, nommé l'input de contrainte, n'est présent qu'en quantités limitées.
o ~ QD Q
Source: Winter,l995, pl60
Dans une première interprétation, sur le long terme, on suppose que l'entreprise maîtrise seille
l'accès à l'input de contrainte. Elle produira QA.Au delà de cette valeur, le revenu d'une unité
supplémentaire vendue excède le coût C. La firme obtient un surplus égal à (PA- C) QA.Dans
de contrainte. Toutefois, comme elle n'a pas d'incitation à réduire sa production, la rente PA -
C n'est qu'une rente de rareté. L'entreprise n'a fait que maximiser sous contrainte et le marché
(le monopole) n'est pas source de perte de bien être au niveau de l'économie globale.
Considérons le cas ou l'input de contrainte est fourni en quantité Qo. Dans ce cas, le
lui ses revenus de (PB - C)QB sur (PD - C)Qo. fi fait pleinement jouer ici son pouvoir de
80
marché. La perte d'efficacité de cette situation concurrentielle est grisée sur la figure. En ce
Une autre interprétation de cette figure peut encore être donnée. Supposons que l'input de
contrainte est une ressource au sens qu'en a donné Penrose, une ressource spécifique capable
de procurer à la firme un service idiosyncrasique unique, tel un savoir faire. Les différentes
quantités Q représentent dans ce cas des usages répétés de ce savoir faire. Supposons que cette
firme puisse répliquer ce savoir faire sans encourir de coût d'opportunité supplémentaire à la
réplication. A un moment du temps, lorsque la quantité d'input de contrainte utilisé est de QA,
la firme dégage une quasi rente, temporaire, qui pour donner l'impression d'être la
manifestation d'un pouvoir de marché, ne l'est pas -puisqu'il n'y a aucune sorte de restriction
dans l'offre d'un input. Au cours du temps, l'entreprise réplique son savoir faire autant de fois
qu'elle le veut. Elle pourrait aller jusqu'en Qo mais elle ne dépassera pas QB, puisqu~alors
l'avantage procuré ne couvre plus le coût d'usage des autres inputs. «Donc, dans cette
interprétation 'dynamisée' de la figure, la firme débute dans une situation où il n'y a pas de
limitation de production, où la réplication est centrale et les revenus des rentes de rareté, et se
déplace au cours du temps vers une situation où la réplication n'est plus souhaitée, l'estimation
précise dela demande devient une nécessité, et les revenus sont un mélange de rentes de rareté
monopole sur courte période. La rente de monopole est possible sur un facteur de production
en tant que résultat d'un déséquilibre de l'offre plus ou moins entretenu par une firme (Bain,
81
1968). Dans le sillage de Penrose, on peut tenter d'étendre l'application des différents types de
On peut faire l'hypothèse que non pas un seul facteur de production d'une entreprise est
susceptible de fournir des rentes, mais que plusieurs actifs ou ressources stratégiques sont
capables en même temps et de manière distincte de dégager non seulement des rentes de rareté,
mais aussi des rentes différentielles. On peut également estimer que les quasi rentes, qui
doivent être réduites à néant au cours du temps ne le sont pas pour deux raisons essentielles :
d'une part, la perception des concurrents (les images qu'ont les dirigeants des opportunités de
production) n'est pas objective (Penrose, 1959) et est limitée (Simon, 1957) ; et d'autre part, il
faut également postuler que les conditions d'offre et demande des N-l autres facteurs
L'exemple donné parWinter (1995) montre qu'en outre îes conditions de réplication d'un
processus peuvent être également à la source de rente, et que des économies peuvent être
transfert des ressources utilisées vers une autre activité devenant nul.
1992). La rente n'est plus seulement rente de rareté ou de monopole. Elle peut résulter du
déséquilibre temporaire des conditions de l'offre, ou des vertus différentes des ressources
détenues par l'entreprise -en terme de services et d'usages potentiels. Qui plus est, comme
l'exemple donné par Winter l'illustre, en cas de coût de réplication faible, l'entreprise peut
choisir elle-même de restreindre l'usage de son savoir-faire dès lors que le coût de transfert
devient prohibitif. TI est à noter que, par nature, l'hypothèse de réplication introduit au sein de
82
l'entreprise· une dimension temporelle de fonctionnement, qui peut être dénommée 'période
(Robertson, 1996). L'hétérogénéité inter-firmes ne tieht pas seulement aux caractéristiques des
ressources détenues, mais aussi aux contraintes concurrentielles en terme de rythme d'action
concernant la lutte pour la valeur, le potentiel de rente et la spécificité des ressources. Les
entreprises ne poursuivent pas un objectif de profit de court terme: elles orientent leurs actions
vers la recherche de rentes et des sous-jacents de ces rentes, les. ressources stratégiques
(Williams, 1992). Deuxièmement, une économie fondée sur les prix de transfert des ressources
entre les usages alternatifs des actifs peut se mettre en place .(Klein, Crawford et Alcbian,·
de monopole doit être élargie. Troisièmement, les extensions des notions de rentes (spatiales:
d'actions passées, porteuses de valeur économique (Rumelt, 1995). En cela, elles renouent
83
'"
Synthèse et question de recherche
par Mason, Clark et Bain. Ensuite, au sein de ce cadre d'analyse, certaines controverses nous
ont amené à relativiser la rigueur avec laquelle appliquer le sens des déterminations sectorielles
empiriques sur la disparition des profits à long terme ont nourri ces restrictions.
Par la suite, les apports de l'économie industrielle à la stratégie d'entreprise ont été
commentés. La relative inconsistance des préceptes retirés des contributions des études PIMS
ou des modèles de Porter ont conduit à une interrogation sur les fondements des approches S-
firme industrielle posée par Penrose, et celle de la nature des rentes appropriables par la firme
industrielles et de leur remise en cause. Elles constituent le point de départ du projet d'analyse
de la performance des firmes industrielles manufacturière poursuivi dans ce travail. En. regard
du paradigme S-C-P, un modèle est proposé, qui en est pour l'heure à ses premières
formulations (Montgomery, 1995; Sanchez et al., 1996). Ce cadre général est nommé
COURANT DES RESSOURCES tout au long de ces pages. Plusieurs articles permettent d'en
84
tracer les contours respectivement à d'autres courants de recherche en économie et en stratégie
(Conner, 1991 ; Mahoney et Pandian, 1992; Seth et Thomas, 1994; Teece, Pisano et Schuen,
1997). Nous utilisons le terme 'courant' pour signifier que des idées communes à plusieurs
'ressources' quant à lui désigne l'élément de base constitutif des entreprises et de l'avantage
concurrentiel pour les partisans de cette voie de recherche. Dans la ligne de ce chapitre, nous
résumons quant à nous les principaux postulats de base du Courant des Ressources.
Le Courant des Ressources part de l'idée que le lien C~ P est déterminant dans l'analyse de la
ressources hétérogènes aux services potentiels divers. Les ressources ne valent que par les
organisationnelles exploitent les services que peuvent rendre les ressources et sont à l'origine
des rentes, et de l'avantage concurrentiel (Barney, 1991 ; Grant, 1991; Peteraf, 1993). Le
niveau d'analyse pertinent pour étudier la performance est donc la firme plutôt que le secteur.
«Tel qu'il a été développé dans la littérature de stratégie, [le courant des ressources] cherche à
dériver des préceptes normatifs à l'attention des décideurs à partir d'une compréhension
profonde des sources de différences de performance entre les fmnes (Wemerfelt, 1984;
Rumelt, 1984). TI les interprète comme le reflet de différences entre les flux de rentes et de
quasi rentes revenant aux firmes, qui en retour sont responsables des différences dans le
Pour le Courant des Ressources, «la position concurrentielle d'une firme est définie comme un
stratégie n'est plus: la configuration industrielle dans laquelle se trouve l'entreprise f lui
permet-elle de dégager de meilleures performances? mais devient: compte tenu des ressources
85
,,
qu'elle détient et de leurs propriétés, pourquoi l'entreprise f dégage-t-elle de meilleures
c'est-à-dire de dégager sur certains facteurs de production des rentes (Schoemaker, 1990 ;
Peteraf, 1993).
La distinction principale réside entre les rentes qui proviennent de facteurs intrinsèquement
hétérogènes et les profits qui proviennent de positions de marché hétérogènes obtenues à partir
de facteurs de production homogènes (Collis, 1996). L'existence des premières est rejetée par
le paradigme S-C-P. Pour le Courant des Ressources, les deux. types de rentes sont possibles:
elles peuvent être appropriées par la firme par l'intermédiaire de choix stratégiques judicieux.
Le Courant des Ressources intègre à son analyse les intuitions schumpeteriennes sur
saisie au niveau des firmes, la dimension évolutive des facteurs déterminants de la performance.
économique autonome et distinct de celui du marché. n s'ensuit que pour rendre compte de la
performance des entreprises industrielles il faut, selon les présupposés du Courant des
Ressources dans lequel nous inscrivons notre démarche de recherche, considérer deux. modes
de coordinations économiques: le marché et la firme, au lieu d'un seul pour les partisans du
paradigme S-C-P.
86
Tableau·I.6. Les présupposés du Courant des Ressources
C'est dans le cadre du Courant des Ressources que nous inscrivons cette recherche. La firme,
définie par son fonds de ressources idiosyncrasiques a une influence déterminante sur sa
performance. Les rentes qu'elle peut dégager, soit par la nature même de ses ressources, soit
par les caractéristiques de l'usage des services qu'elles peuvent procurer, sont considérées
d'action, comme elle dispose de ses ressources, ce qui a d'importantes conséquences sur le
La question de recherche de ce travail est double, à la fois théorique et empirique. Elle peut
Pour répondre à cette question, une étude théorique et empirique du Courant des Ressources
est menée dans le chapitre suivant. Elle conduit à la formulation d'hypothèses génériques sur
87.
les liens entre les caractéristiques des ressources et la performance des entreprises. Un modèle
théorique en est déduit dans le troisième chapitre. TI est ensuite testé dans ses différentes
évaluant la pertinence du modèle théorique sur les données de la base SESAME de la Banque
de France. Le second est une simulation cherchant à mettre en lumière les mécanismes
temporels à l' œuvre dans l'étude du processus concurrentiel, envisagé dans le cadre du
Courant des Ressources, et contribuant à la mise en perspective dynamique des apports des
résultats statistiques.
88
CHAPITRE Il. APPROCHES THEORIQUES DU COURANT DES
RESSOURCES ET EXPLICATION DE LA PERFORMANCE DES
FIRMES
Introduction 90
89
Introduction
Le Courant des Ressources est-il à même de fournir les moyens d'analyses pertinents de
l'analyse de la performance? Pour tenter d'apporter une réponse à cette question, il est
présentation des théories constitutives du Courant des Ressources. Deux approches théoriques
l'économie évolutionniste.
L'analyse de la performance par la théorie des ressources est présentée en détail. Les
Les .propriétés des ressources et des aptitudes (R&A) sont ensuite classées. Plusieurs
littérature.
L'économie évolutionniste est présentée au travers, d'une part, des proximités conceptuelles
avec la théorie des ressources, et d'autre part, dans ses apports à l'analyse de la performance
concurrentiel. Enfin, l'émergence d'une approche hybride de recherche, l'approche par les
90
Il.1. Positionnement, différences et proximités des approches
théoriques contribuant au Courant des Ressources
entreprises peut se développer, partage avec le paradigme S-C-P une caractéristique. Comme
management initiée par Porter, le Courant des Ressources se décompose en deux approches
théoriques. L'une, directement héritière des travaux de Penrose et des premières contributions
en management stratégique (Selznik, 1957 ; LCAG, 1969; Ansoff, 1971) est appelée la théorie
d'application est plus orienté vers J'économie ainsi que l'indique son nom: l'économie
évolutionniste.
Cette spécialisation des approches, Economie vs. Management, se double d'une second
évolutionniste tandis que la théorie des ressources analyse de manière plutôt statique ou
relative la situation des entreprises en concurrence. En fait, de même que Schumpeter séparait
'firme' la base sur laquelle peut se construire une économie de l'évolution technique et de la
Schématiquement, on représente la distinction entre les deux approches sur la figure il.1.
91
Figure Il.1. Les approches théoriques de base du Courant des Ressources
plus axée sur les ressources stratégiques plus axée sur le changement technique
plus centrée sur la recherche de rentes plus centrée sur l'innovation
plutôt statique dynamique
L'élément fondamental de la théorie des ressources est le principe d'hétérogénéité des fumes.
Les entreprises sont «dotées de beaucoup plus d'attributs que ceux possédés par la firme
néoc1assique, et la pertinence de ces attributs n'est pas adéquatement représentée par les
Ainsi, la théorie des ressources élabore une conception de la firme en rupture avec les
considérations économiques traditionnelles. Sur plu~ieurs points, elle tente même de se poser
en alternative, avec pour objectif des applications pratiques de ses enseignements. On distingue
généralement les ressources, qui peuvent rendre certains services, des aptitudes susceptibles
d'exploiter les services des ressources (Amit et Schoemaker, 1993). Pour que des rentes
soutenable, la firme doit posséder des ressources et aptitudes ayant certaines propriétés
92
primaires et secondes qui seront détaillées dans ce chapitre.
Ensuite, contrairement à la représentation que donne par exemple Spulber (1992) des théories
en management stratégique, un point de vue 'interne' sur l'entreprise ne se limite pas à une
considérer l'influence des caractéristiques idiosyncrasiques sur les performances de marché des
firmes. Collis (1991) offre l'illustration de l'application de l'analyse par les ressources sur un
secteur industriel mondialisé, 'global', -les roulements à bille. n rattache l'analyse stratégique
interne à la firme au tronc commun constitué par les travaux de l'école de Harvard (Learned et
alii., 1969). Dans l'analyse par les ressources, les entreprises recherchent plutôt la constitution
de rentes que celle des profits (rent-seeking vs profit-seeking) comme c'est le cas dans les
Spulber (1994) réduit d'autre part l'applicabilité de la stratégie à trois cercles, délimités par les
ressources postule quant à elle que c'est l'utilisation des servicespotentiels des ressources qui
définit la performance de l'entreprise (penrose, 1959, p25), avant même les limites rappelées
par Spulber.
Enfin, la théorie des ressources cherche à rendre compte non seulement de position
stratégique, mais aussi de processus stratégique (McGrath et· alii, 1995), c'est-à-dire de la
temporelle dans l'analyse -en plus de l'hétérogénéité foncière des firmes- rapproche
93
directement l'analyse par les ressources de l'économie évolutionniste (Nelson et Winter, 1982).
Ainsi, la théorie des ressources contient en elle-même les fondements d'une analyse
meilleures illustrations.
L'économie évolutionniste expose les raisons pour lesquelles les développements temporels
des actions engagées peuvent prédominer par leurs effets sur les caractéristiques industrielles et
l'économie orthodoxe, et qui a de profondes ressemblances avec le point de vue fondé sur les
analysée comme «le prolongement d'une critique des postulats néoc1assiques de rationalité
Les bases communes et les proximités conceptuelles des développements de la théorie des
Courant des Ressources, sont illustrées par exemple par l'ouvrage collectif de Montgomery
(1995) et celui de Foss et Knudsen (1996). D'autres chercheurs tentent de réunir sous une
.étiquette plus large encore, «l'économie néo-autrichienne », les deux approches constitutives
du Courant des. Ressources. Dans la section suivante, nous nous démarquons de cette
tentàtive.
94
II.1.2. Distinctions entre le Courant des Ressources et 1'« école néo-
autrichienne»
Plusieurs recherches récentes mettent en avant l'émergence d'une école «néo-autrichienne»
en management stratégique qui engloberait le Courant des Ressources (Jacobson, 1992; Hill et
Deeds, 1996; Young et alii, 1996). Sur les bases qui sont celles de Courant des Ressources,
Hill et Deeds (1996) proposent un modèle alternatif à celui de Porter. Leurs hypothèses
rompent avec celles formulées par les partisans structuralistes du paradigme S-C-P. Les
auteurs estiment que la nature de la concurrence prévalant dans un secteur est indépendante de
la structure industrielle. La seconde différence majeure avec Porter concerne le fait que la
structure industrielle est présentée comme une conséquence de la performance des firmes et
non comme un des causes premières. Hill et Deeds (1996) regroupent sous le vocable d'école
ressources, en ce que les uns et les autres 5' éloignent de l'intérêt porté à l'équilibre de marché
par les économistes orthodoxes au bénéfice d'une recherche portant sur les processus
conduisant à l'équilibre de marché. L'étude récente menée par Young et a1ii (1996) sur les
coopération n'est pas reliée à la perfonnance des entreprises au niveau de l'industrie alors
qu'elle l'est au niveau des firmes. Ce résultat montrerait selon les auteurs que les
comportements des firmes ne sont pas dépendants de la structure industrielle (la concentration
et le degré de concurrence) mais des actifs stratégiques détenus par les entreprises en
Pour cette école néo-autrichienne (Mises, 1949; Kirzner, 1979; Q'Driscoll et Rizzo, 1996) la
nature ·de la concurrence n'est pas tellement déterminée·par la concentration industrielle mais
95
\..-~--- .
plutôt par «l'hétérogénéité des fIrmes, les barrières à l'imitation, et les turbulences constantes
provoquées par les innovations accidentelles ou délibérées» (Hill et Deeds, 1996, p440). De
même, ces auteurs remettent complètement en cause le rôle joué par les économies d;échelle et
la différenciation des produits en tant que barrières à l'entrée, puisqu'elles font office de
barrières à l'entrée «seulement en l'absence d'innovations sur les ressources et les pratiques
des entrants potentiels» (voir les axiomes 6, 7 et 8 ; Hill et Deeds, 1996). Les seules barrières
«relativement» effIcaces seraient les barrières à l'imitation afin de protéger les savoir-faire des
entreprises.
Reprenant à leur compte les analyses de Jacobson (1988) et de Rumelt (1991), ainsi que
certains résultats de Geroski (1987), les auteurs concluent que les trois déterminants du succès
d'une fIrme à long terme sont: 1) sa capacité à générer des innovations valorisables; 2) sa
capacité à élever des barrières à l'imitation pour protéger ses compétences essentielles; 3) sa
capacité à dépasser ses pesanteurs internes et à adopter rapidement les innovations de ses
,.;" 'i"'
concurrents.
Nous ne faisons pas entièrement nôtre le cadre d'analyse «néo-autrichien» ainsi défini.
détriment de la rigueur d'analyse. D'une part, le modèle de Porter est assimilé à celui de Bain
sans que soient signalés ni les débats qui ont parcouru la constitution du paradigme S-C-P ni le
cheminement des thèses de Porter. D'autre part, la théorie des ressources et l'économie
évolutionniste ne sont pas présentées dans leur spécifIcité respective. Sous couvert d'une
96
/
motivation essentielle pour la stratégie en économie industrielle consiste à réduire les forces
Ressources quant à lui ne se satisfait pas de cette explication, ce qui est une deuxième raison
de l'impossibilité d'inclure les approches par les ressources et l'économie évolutionniste sous le
'chapeau' autrichien. Les vertus de l'entrepreneur ne peuvent être telles qu'elles lui permettent
de réaliser les innovations de produits. Ce sont les actifs, les facteurs, les ressources détenus
par l'entreprise qui sont, pour le Courant des Ressources le point central des choix
orientations stratégiques originales ne sont pas le seul fait de l'entrepreneur décrétant ses
volontés ex nihilo.
Troisièmement, si l'économie autrichienne a mis à jour l'influence des perceptions des agents
économiques sur leurs choix stratégiques et analysé les conséquences des biais et des désirs
humains sur l'économie, il ne faut pas conclure comme le fait Jacobson (1992) que tous les
facteurs à l'origine des avantages concurrentiels des entreprises sont par nature inobservables,
. même si certains d'~ntre eux peuvent l'être (Itami, 1987). Par c~nséquent, entre le postulat
vision alternative des causes des facteurs clés de succès : les ressources et les compétences de
l'entreprise, à l'origine de ses avantages concurrentiels sont difficiles à observer car ils sont
97
\
internes à la firme plutôt qu'externes, et leur valeur évolue dans le temps. Cependant, ils
récupérer à bon compte les avancées sans doute désordonnées des approches fondées sur les
ressources et évolutionnistes, ressort que le Courant des Ressources n'est pas assimilable à
positionnement de cette recherche de distinguer des nuances dans les hypothèses qui leur sont
constiturives.
Ressources. En effet, au sein de chacun d'entre eux, deux grandes formes coexistent, suivant le
nombre et -la nature des hypothèses acceptées: une forme -forte, qui donne .crédit-à-quelques- ---- -------
niveau du secteur) et une forme faible, qui accentue son émancipation de ces mêmes
hypothèses.
d'économie industrielle et à leurs postulats. Elle n'exclut toutefois paS de sa propre logique
certains mécanismes précis promus par le paradigme S-C-P, les «isolating mechanisms»
essentiellement (Rumelt, 1984; Collis, 1996). Ainsi, même si l'ordre de ses priorités est
98
complètement différent du paradigme S-C-P, les facteurs stratégiques du secteur, qUI
dépendent du fonctionnement du marché peuvent jouer·un rôle dans la performance finale des
long terme sur un marché, et sur les liens entre les rentes et l'avantage concurrentiel. «Alors
marché,· des cadres de régulation alternatifs, des relations de collusion, ou des technologies de
substitution, la source des rentes selon la perspective des ressources est interne» (Amit et
La rente dégagée par l'activité interne de ressources propres à la firme est une rente
forte. Ainsi, au sein même des partisans de la théorie des ressources doivent être distingués
Wernerfelt, 1991; Peteraf, 1993) penche en faveur de la prépondérance des rentes de marché
sur les rentes organisationnelles. En quelque sorte, les rentes organisationnelles sont ramenées
à des rentes de rareté ou de monopole. Pour eux, les propriétés des R&A sont reliées aux
de rareté et d'immobilité des ressources sont nécessaires à la constitution des rentes. En cela,
l'adjectif 'forte' signifie que les hypothèses sur le comportement des acteurs économiques ou le
fonctionnement des marchés sont fortes, soit proches de certaines hypothèses du paradigme S-
C-P.
99
La fonne faible (Dierickx et Cool, 1989; Schoemaker, 1990; Grant, 1991 ; Reed et DeFilippi,
1992; Teece, Pisano, et Shuen, 1997) développe quant à elle que la liaison au marché n'est
qu'indirecte, que seconde par rapport à l'exploitation interne des ressources et aptitudes par la
fIrme. Les rentes organisationnelles sont d'une autre nature et propres au fonctionnement des
Schulze (1992) résume efficacement la différence entre les formes 'forte' et 'faible' de la
1) une proposition essentielle pour la forme forte, qui exprime le primat donné au marché,
proposition compatible mais non nécessaire à la forme faible : "Un avantage concurrentiel
soutenable est réalisable si les ressources utilisées pour atteindre cet avantage sont rares,
2) une proposition essentielle à la forme faible mais non nécessaire à la forme forte : "Les
rentes résultant d'une meilleure efficacité de la firme lui sont systématiquement accessibles"
(ib, p39)
Pour cet auteur, «la forme faible pose le problème de la création et du remplacement des actifs
générateurs de richesse. La forme forte pose les problèmes de l'identification des ressources
p40). Plus récemment, s'appuyant sans doute sur l'apport de Schulze, Levinthal distingue deux
écoles de la théorie des ressources: « One branch of this literature, which 1 will term the "High
Church", bases its analysis on two critical assumptions. At the level of the firms, there is the
assumption of rationaI choice [...]. The other assumption is an equilibrium notion of sorne sort
[... ]. The other branch of the resource-based literature, which 1 term "Low Church" rejects
these two assumptions. For these authors, the resource perspective seems to have two defining
elements. One is simply an issue of the appropriate level of anaIysis with which to explore
100
strategy issues. Heterogeneity across finns is of greater interest than heterogeneity across
markets. A second, -and related attribute, isthat for the firm attributes to account for-variation
Quels que soient les noms donnés aux deux formes -pour notre part nous préférons la
1996).
On peut considérer que ce qui distingue la forme forte de la théorie des ressources de la forme
faible est moins fondamental que ce qui éloigne ces deux formes du paradigme S-C-P. En cela,
les deux formes de la théorie des ressources peuvent être présentées comme des nuances d'une
même théorie. Dans le cadre de ce travail, nous privilégions l'axe de recherche de la forme
faible. Elle se démarque plus du cadre d'analyse dont ellesouligne certaines insuffisances. A ce
titre, elle paraît pouvoir contribuer davantage au Courant des Ressources, sans pour autant se
poser comme une alternative absolue au paradigme S-C-P. En outre, sa conception de la rente
comme nous aurons l'occasion de le voir. L'économie évolutionniste est composée également
de deux formes: une forme forte qui s'attache plus volontiers à suivre les évolutions
provoquées par les changements technologiques au niveau du secteur, et une forme faible qui
101
1.1.3.b. Formefaible etformeforte en économie évolutionniste
De même que la théorie des ressources se sépare en deux nuances selon leur proximité avec les
thèses de 1'« Industrial Organization» (Schulze, 1992; Levinthal, 1995), de même, une
distinction nette peut être repérée au sein du vaste champ de l'économie évolutionniste. La
ligne de démarcation porte sur les hypothèses sous-jacentes aux idées de sélection,
l' œuvre dans les processus étudiés : soit celle-ci est placée dans l'environnement économique
global (secteurs industriels, économies nationales) ; soit, elle se trouve au sein de l'entreprise
elle même, qui est actrice des changements opérés sur le marché (poray et Freeman, 1992;
Dans le premier cas, on estime que l'influence de la sélection se produit à un niveau macro-
économique préférentiellement au niveau micro. Dans le second, l'ordre de priorité est inversé.
Même si comme le dit Wernerfelt (1984) considérer le marché comme une fonction ·de
ressources ou comme une fonction de production revient in fine à la même chose, on introduit
marché, en estimant que le marché est l'agrégat, aux propriétés propres mais non actives, de la
conjonction ordonnée dans le temps des actions individuelles des fIrmes. La première forme est
On retrouve dans cette séparation schématique une des dimensions qui permet de nuancer la
théorie des ressources en deux formes : une prédominance donnée soit au marché soit aux
entreprises dans la constitution et l'appropriation des rentes. On rappelle que la forme forte de
la théorie des ressources donne plutôt préférence à l'équilibre sur le marché et envisage
difficilement la soutenabilité des rentes à long terme. Elle minimise l'importance de la rente
102
(Barney, 1986). La forme faible estime que la liaison au marché n'est que seconde par rapport
Leonard-Barton, 1992).
Des efforts sont déployés pour tenter de jeter des ponts entre les deux. formes de l'économie
temporelles spécifiques, des régularités macro-économiques (Coricelli et al., 1989; Dosi et al.,
1993; Cimoli et Dosi, 1995). Toutefois, compte tenu de la nuance de niveau d'analyse
introduite au sein de l'économie évolutionniste entre les deux formes, et conformément à notre
Au cours de cette première section, nous avons différencié plusieurs éléments au sein du
Courant des Ressources. Tout d'abord, l'orientation stratégique de ce courant, représentée par
amalgame éventuel, le Courant des Ressources a été dissocié de l'école stratégique néo-
autrichienne, telle qu'elle est représentée dans plusieurs articles récents. Enfin, le
parcourant les deux. approches majeures représentatives du Courant des Ressources : ainsi, ce
travail s'attache aux. présupposés de la forme faible de la théorie des ressources, donnant la
103
primeur aux rentes organisationnelles, ainsi qu'à la forme faible de l'économie évolutionniste,
productives.
Nous appuyant sur l'exemple de Schumpeter (1934), nous débuterons l'exposé des deux
approches par celui qui donne les conditions de bases de la performance c'est-à-dire la théorie
des ressources pour nous tourner ensuite vers l'apport de l'économie évolutionniste.
Cette section présente en détailles particularités de ressources détenues par la firme et le lien
qui unit ces ressources avec la performance. Dans un premier temps, on donne les définitions
des ressources et des aptitudes. Les conditions de l'émergence d'un avantage concurrentiel
sont précisées notamment à l'aide des travaux de Peteraf (1993), Schoemaker (1990) et Amit
ensuite détaillées. Enfm, plusieurs travaux empiriques sont analysés, qui utilisent les
présupposés 5le la théorie des ressources. La présentation. de la théorie eLde ..ses_applications u •••
Penrose (1959) distingue les ressources physiques (usines, équipements, terrains, matières
premières, produits semi-ftnis, stocks) des ressources humaines (travail qualifié, divers
personnels fonctionnels). La manière dont les ressources physiques utilisables sont exploitées
104
par les différents responsables au sein de l'entreprise est une première cause de l'hétérogénéité
des organisations. D'autres auteurs élargissent la classification des ressources. Aux ressources
définissent des catégories de ressources (cf. par exemple les « contained et system resources »
de Black et Boal, 1991). La classification des ressources, par nature ou par genre, facilite leur
développement des entreprises autrement que par le recours aux hypothèses économiques sur
le développement
L'intuition fondamentale de Penrose (1959) a ainsi été d'expliquer la croissance des firmes par
la pré~ence de ressources indivisibles en excès à l'intérieur des fmnes. En effet, les ressources
inutilisées ont un coût (cf. le «slack» organisationnel), et les entreprises sont donc portées à
les exploiter au mieux. Mais la plupart du temps, pour.en tirer le meilleur parti, les entreprises
l'entreprise, sur les marchés. Penrose explique de cette manière la croissance des firmes, la
En écho à cette vision, ChatteIjee (1990) montre que la recherche du coût minimum
d'utilisation des ressources détermine le mode de croissance des firmes, entre intégration et
acquisition. L'intégration est préférée dans le cas où les coûts d'utilisation sont réduits, et où
. les coûts d' opérationnalisation des ressources excédentaires et les coûts des ressources non
désirées sont élevés. Toutefois, pour Penrose, des facteurs limitatifs de ces processus entrent
en jeu. Ce sont l' « image» qu'a l'entrepreneur de son environnement, l'incertitude face à
laquelle il se trouve, et la complexité des projets à gérer simultanément sous la contrainte les
105
II.2.I.b. Distinctions entre les notions: ressources, capacités, aptitudes et
compétences
La description et la catégorisation des ressources est certes utile, mais elle n'est pas suffisante
pour définir précisément leur nature foncière. Afin de préciser ce point, il paraît préférable au
préalable de distinguer les ressources d'autres concepts cités couramment par les chercheurs:
d'aptitudes ("abilities"). Ces termes sont parfois utilisés les uns pour les autres alors que
d'autres fois ils possèdent un sens délimité. Les principales utilisations sont dues à Wemerfelt
(1984: «resource position»), Barney (1986 : «strategie firm ressources»), à ltami (1987 :
«invisible asset»), à Dierickx et Cool (1989 : strategic firm specific asset»), à Prahalad et
Hamel (1990: «core competences »), à Teece et Pisano (1990: dynamic capabilities) et à
L'article marquant la résurgence de la théorie des ressources est celui de Wemerfelt (1984). Ce
dernier définit les ressources d'une entreprise comme étant « les actifs tangibles et intangibles
qui sont attachés de manière semi-permanente à une firme et qui peuvent être pensés comme
une force ou une faiblesse» (Wemerfelt, 1984, pI72). Deux différences notables séparent cette
.~-_._--~. __ .•_.--
conceptiondecellè~de~Prahalad et Hamel (1990). Ceux-ci considèrent comme compétences
La première différence est que la notion de ressource est plus générale que celle de
compétence. Elle désigne chez Wemerfelt les actifs tangibles, et les actifs intangibles, panni
lesquels les compétences pourraient se ranger: "core competencies are corporate ressources
106
seconde est que les ressources sont pensées, dans la tradition penrosienne, comme un ensemble
d'inputs dont les propriétés doivent être utilisées. Elles sont conçues sur un mode passif,
comme un réservoir ou un stock de potentiels, alors que les compétences sont plutôt définies
selon un mode actif exprimées par des savoir-faire: coordonner, intégrer, innover, ... (Amit et
Schoemaker, 1993).
Ainsi deux types de facteurs doivent être distingués au niveau des ressources: les facteurs
tangibles comme les biens de production et ceux qui reposent sur des potentialités résultant de
la combinaison de facteurs non matériels. Par exemple, tel équipement est capable d'atteindre
un volume v de production (ressource tangible) ou bien telle équipe est potentiellement capable
La notion de capacité, elle revêt une nuance sémiologique, qui tend, d'un côté, à la rapprocher
facteur dont les propriétés lui permettent de produire certains effets déterminés. De l'autre,
l'aptitude (ability) d'une firme est la possibilité qu'elle a de matérialiser dans les faits un ou
plusieurs des potentiels représentés par les ressources. En ce sens, aptitude est synonyme de
"capacité à".
Dans ce travail, on réservera l'usage du terme ressources aux sens de "ressources tangibles" et
de "capacité de", pour les actifs de l'organisation qui ont en eux certaines potentialités d'usage,
non les potentialités de ses ressources (Amit et Schoemaker, 1993). Selon nous, les ressources
et aptitudes (R&A) sont deux sources de rentes à exploiter. Les ressources sont les actifs,
plus intangibles comme une réputation), qui peuvent rendre différents services. Les aptitudes
sont les potentialités d'action sur les ressources, les capacités effectivement à l'oeuvre, utilisées
107
et reconnaissables. Parmi ces aptitudes, ou "capacités à", certaines sont plus déterminantes que
d'autres dans la concurrence que se livrent les firmes : ce sont les aptitudes distinctives
(Selznick,1957), qui peuvent être assimilées aux compétences "coeur" de Prahalad et Hamel
Cette distinction est en accord avec celle d'Amit et Schoemaker: "The firm's resources will be
defined as stocks of available factors that are owned or controlled by the firm .... Capabilities,
Ressources tangibles
Ressources
Ensemble Capacités 'de'
des
facteurs Compétences
Aptitudes
détenus
par la
firme Aptitudes non stratégiques
TI s'ensuit que les ressources et aptitudes (R&A) doivent donc avoir certaines propriétés qui
leur permettent de dégager des rentes (ricardiennes et quasi-rentes). En effet, pour les
chercheurs qui placent dans l'environnement économique les conditions d'appropriation des
rentes, plusieurs mécanismes de protection (<< isolating mechanisms ») existent qui permettent à
changement (Porter, 1985 ; Farrel et Saloner, 1988), la spécificité des actifs, la rationalité
108
coûts enfouis (Yao, 1988). Si certains de ces mécanismes restent' compatibles avec les
présupposés de' base du Courant des Ressources, ils doivent pouvoir trouver leur origine dans
des propriétés intrinsèques des ressources et non plus seulement dans des propriétés du
marché.
revenons sur les conditions d'émergence de l'avantage concurrentiel et des rentes. De manière
générale, le sens de la causalité entre les ressources et la performance peut être schématisé
aInSI:
Ressources
et aptitudes ---~ Avantage Concurrentiel ---+ Rentes ---+ Performance
Deux points doivent être spécifiquement abordés. Premièrement, certaines conditions doivent
être remplies pour que l'avantage concurrentiel fondé sur les ressources apparaisse et demeure
durable. Peteraf (1993) a dégagé les piliers de l'avantage concurrentiel envisagé par la théorie
des ressources. Deuxièmement, le lien entre les propriétés des R&A et la création de rentes
sous-tendant l'avantage concurrentiel doit être explicité. Ceux qui ont le plus spécifiquement
travaillé le rapport entre les propriétés des ressources et des aptitudes et la création de rentes
L'apparition d'un avantage concurrentiel est conditionné, selon le modèle proposé par Peteraf
La première proposition traite de l'hétérogénéité des fIrmes, et des fonds de ressources qui les
109
que des entreprises sont mieux dotées que d'autres, et que par conséquent les meilleures
ressources et aptitudes sont à l'origine de deux types principaux de rentes: les rentes
ricardiennes, et les rentes de monopole. Les firmes efficientes peuvent développer un avantage
à condition que les ressources sous-jacentes soient en quantités limitées sur le marché, ou ne
soient pas facilement imitables. Elles sont telles parce qu'elles sont fortement idiosyncrasiques ;
elles sont propres aux fumes qui utilisent, gèrent, exploitent, développent, améliorent leurs
La différence d'avec la vision d'économie industrielle est duale. D'une part, les facteurs à
l'origine du profit normal dans la vision économique sont dus à des caractéristiques de marché
(et produisent des rentes de monopole, ou des quasi-rentes). lis ne reposent pas sur
profit économique et les rentes ricardiennes et différentielles sont provoqués par la nature
ressources et aptitudes créées par les firmes. Les conséquences de ces différences théoriques
firme notamment
Le deuxième pilier essentiel à la constitution de l'avantage concurrentiel selon Peteraf sont les
plus haut. Pour que les rentes puissent être à l'origine d'avantages concurrentiels durables, les
conditions de l'hétérogénéité des firmes doivent être elles mêmes durables. C'est-à-dire que la
concurrence doit être limitée par certains facteurs, qu'elle ne s'exerce jamais totalement, et par
conséquent que les rentes à long terme sont accessibles aux entreprises. Ce phénomène n'est
110
·pas dû fondamentalement aux imperfections du marché, mais plutôt aux actions stratégiques
engagées par les firmes qui sont aptes à s'isoler des mécanismes de la concurrence par
réputation, économies d'échelle, ...). L'isolation passe par deux leviers essentiels: les
La troisième condition est celle de la mobilité imparfaite des actifs de l'entreprise, de ses
ressources et aptitudes. Cela signifie que les ressources spécifiques de l'entreprise ne peuvent
être distribuées sur le marché du fait de leurs caractéristiques intimement liées au contexte
organisationnel de l'entreprise. La firme peut par suite exploiter le potentiel de rentes de ses
actifs d'autant plus facilement, c'est-à-dire s'en approprier les revenus de son usage en quelque
sorte privé.
limites à la concurrence «ex ante ». Elle entend par ce terme le fait que le coût de mise en
œuvre de la stratégie de constitùtion de rentes spécifiques et non mobiles sur les marchés ne
doit pas excéder la valeur potentielle future que l'entreprise pourra retirer de ces mêmes
facteurs. Reprenant l'argument de Rumelt (1987), elle conclut qu'à moins qu'il n'y ait une
disparité entre la valeur ex post d'un investissement et le coût d'acquisition ex ante des
ressources indispensables, le profit économique serait nul. Par conséquent, le profit provient de
«En bref, quatre conditions doivent être réunies pour qu'une firme puisse bénéficier de
revenus supra-normaux de manière soutenue. L'hétérogénéité des ressources crée des rentes
ricardiennes ou de monopole. Les limites ex post à la concurrence protège les rentes d'être
concurrencées. La mobilité imparfaite des facteurs assure à la firme de conserver les facteurs
sources de valeur et de s'approprier les rentes. Les limites à la concurrence ex ante empêchent
les coûts de dépasser les rentes» (Peteraf, 1993, pI85).
111
Peteraf (1993) tente de synthétiser plusieurs travaux antérieurs, inspirés par l'approche par les
ressources. Elle essaie de faire reposer l'origine de l'avantage concurrentiel sur des
déterminants internes à l'entreprise et par conséquent son raisonnement global s'inscrit dans la
constitution de certaines rentes, et la convergence des différentes conditions débouche sur une
Toutefois, on peut reprocher à l'article de Peteraf son éclectisme. TI semble qu'elle place
même plan théorique que des facteurs de marché conduisant à l'émergence de rentes de
de la théorie des ressources. Or, comme l'a montré le chapitre 1, les déterminants des rentes, et
donc de la performance, ne sont de même nature au sein des deux instances de coordination
économique que sont la firme et le marché. Peteraf ne peut pas mettre au même niveau les
arguments représentatifs de la forme forte et ceux de la forme faible sans semer la confusion
Un deuxième point de confusion concerne à notre avis les différentes limites à la concurrence.
Cette remarque introduit en outre incidemment l'importance des réflexions à mener en terme
durables (point qui avait d'ailleurs été reproché en son temps à Porter, voir supra). Eh effet,
Peteraf distingue des limites ex ante et ex post à la concurrence pour justifier d'une part que le
coût de mise en oeuvre des ressources doit être inférieur aux revenus de leurs usages, et
d'autre part, que les conditions de possibilité de rentes à long terme sont possibles.
112
Mais alors, dans le modèle de Peteraf, quelle est la temporalité de l'activité économique sous- .
jacente ? Son schéma suppose implicitement que le discours et l'action stratégique se déroulent
dans le présent. Mais le présent n'existe pas à proprement parler dès lors que l'ex ante d'une
économiques (le marché et la firme) à l'ex post d'une autre. Les causes ne sont pas
indépendantes les unes des autres, comme le signale elle-même Peteraf, soulignant p183, la
dimension tacite, complexe socialement de ces actifs, pour lesquels «l'histoire compte ». On
devrait pouvoir conclure, en poussant le raisonnement sur les intersections temporelles plus
loin, que les limites à la concurrence ex ante et ex post sont en fait une seule et même
hypothèse. celle de l'imperfection des marchés. Mais même si l'on retient la distinction entre
les deux types de limites de la concurrence, se présente à l'esprit une nouvelle difficulté.
En effet. Peteraf dans son raisonnement sur les limites ex ante à la concurrence stipule que la
constitution de l'avantage concurrentiel doit passer par une évaluation des coûts induits de
constitution des propriétés essentielles des ressources. Or, comment évaluer exactement, ou
pas efficacement dans ce schéma. TI est difficilement prévisible. Par suite, sur quelles bases
théoriques peut reposer le calcul du coût d'opportunité des ressources jugé essentiel par
Peteraf ?
Schoemaker (1990) et Amit et Schoemaker (1993) reviennent sur plusieurs de ces points. Le
second établit la jonction. entre une analyse plus concurrentielle de la création des rentes, et
113
Actifs stratégiques et rentes organisationnelles
aptitudes intrinsèques à la firme, illustrée par l'exemple de Winter (1995) rappelé en I.4.2.c.
Les facteurs stratégiques à l'origine de la création des rentes organisationnelles, proposés par
Schoemaker (1990), sont de trois natures différentes. Tout d'abord, l'auteur spécifie les
facteurs liés aux acteurs présents dans le système économique lui-même. n distingue dans ce
registre la rationalité limitée (il dit rationalité « variable» selon les individus), les asymétries
même que pour Peteraf, plusieurs éléments théoriques discontinus sont importés sans qu'une
soulignés: d'une part, il n'y a pas de rupture conceptuelle du temps (ex ante, et ex post) ;
de comportement (behavior frictions) » sont donc autant que les compétences cœur à l'origine
un modèle original assurant la jonction entre les conditions de constitution de rentes internes à
analyse sur une définition des ressources et des aptitudes correspondant à celle donnée
précédemment, .ils soulignent le rôle des imperfectionsdu marché qui permettent la constitution
d'actifs stratégiques: les actifs stratégiques sont «l'ensemble des Ressources et Aptitudes
Par conséquent, « les dirigeants d'entreprise sont confrontés au défi d'identifier, ex ante, un
soutenable, et donc de générer des rentes organisationneUes. Ces dernières sont des rentes
économiques qui sont générées par les Ressources et Aptitudes de l'organisation et qui sont
appropriées par elle (plutôt que par un quelconque facteur isolé). Cela demande aux dirigeants
d'identifier l'ensemble des Facteun Stratégiques du Secteur (FSS) valables aussi bien
remarques. D'abord, les deux modes de coordination économique sont bien distingués, et l'on
comprend que chacun à ses règles de fonctionnement. C'est de l'interaction entre les FSS et les
R&A que naissent les actifs stratégiques qui donnent naissance aux rentes et donc à l'avantage
concurrentiel et à la performance. Ensuite, le mode « industrie» est une reprise du schéma de
Porter (1980), ce qui aurait mérité d'être clairement justifié. On s'en contente en première
FIRME INDUSTRIE
•
disponibles sur
le marché et
transférables
possédées ou •
organisationne
Is reposant sur
l'information
spécifiques à
\ 1
Facteurs
contrôlées par la firme Stratégiques du
la firme • tangibles ou Substituts
intangibles
Secteur +-
• convertibles
• spécifiques au
• biens secteur
intermédiaires
• R&A sujettes aux
imperfections du
marché
• affectent la Entrants
Actifs stratégiques performance de
• sous-ensemble des R&A sujettes aux l'industrie
imperfections du marché changent et sont
• recoupent les Facteurs Stratégiques du Secteur sensibles à
• forment la base de la stratégie concurrentielle l'incertitude ex
de la firme ante
• incertains ex ante
•
•
•
non~hangeables
complémentaires
rares
/
. Facteurs Fournisseurs
• appropriables Environnementaux
• spécifiques à la firme (par ex. technologie,
réglementation)
Déterminent les rentes organisationnelles
Par ailleurs, au sein des ressources, les auteurs distinguent les ressources contrôlées par la
finne et celles qui sont présentes sur le marché. Cela semble être une erreur dans le schéma
puisque nous sommes dans le mode «firme» et non dans le mode «industrie». Par
conséquent, selon nous, les seules ressources qui vaillent sont les ressources possédées ou
contrôlées par la firme. De même, _parmi les aptitudes, les auteurs incluent des «biens
intermédiaires », ce qui ne correspond pas à leur -et à nôtre- définition de l'aptitude comme
capacité 'à' -cela coïnciderait plutôt avec les ressources comme capacités 'de'. Aussi, à notre
avis, les biens intermédiaires étant tangibles, ils ne doivent pas appartenir à la catégorie des
De plus, la présence dans les Actifs Stratégiques de la firme et dans les Facteurs Stratégiques
marché». A notre sens, cette caractéristique convient aux actifs stratégiques de la firme, en ce
qu'ils existent parce que les marchés ne sont pas parfaits; mais les FSS ne peuvent pas être
eux-mêmes des ressources et des aptitudes existant à cause des imperfections du marché. TI y a
ici une incohérence. Toutefois, si l'on admet que des rentes organisationnelles peuvent être
obtenues grâce à des actifs stratégiques, répondant aux caractéristiques mentionnées par Amit
d'autres rentes peuvent être également obtenues de par la situation de l'entreprise elle-même
dans le secteur : dans ce cas, des rentes du type rentes de monopole et rentes de rareté. En ce
sens, la présence dans les deux ensembles de la même propriété pourrait se concevoir.
Enfin, il faut souligner que le schéma d' Amit et Schoemaker ne tranche pas clairement le débat
il suppose que la firme existe déjà, qu'elle est en situation concurrentielle a priori; il ne prend
pas en considération la création par une entreprise d'un nouveau marché, d'une- nouvelle
adaptatif, et non pas proactif ou créateur, comme cela est le cas lorsque la firme innove.
Le cadre d'analyse de la théorie des ressources vient d'être décrit. Les conditions d'émergence
de l'avantage concurrentiel, reposant sur l'appropriation de rentes organisationnelles ont été
constitution des rentes et une analyse externe 'portérienne' de la concurrence, qui co-
déterminent la création des actifs stratégiques. Sur le dernier point, des précautions· doivent
être prises au niveau théorique même si l'orientation générale nous semble être bonne à suivre.
TI est apparu que les actifs stratégiques au sens d'Amit et Schoemaker (1993) devai~nt
posséder certaines propriétés. L'analyse des propriétés des ressources et aptitudes fait l'objet
de la partie suivante.
1982; Rumelt, 1984; Wemerfelt, 1984; Dierickx and Cool, 1989; Barney, 1991; Ghemawat,
1991; Peteraf, 1993). Elle est unique par définition, en tant qu'elle est constituée d'uri ensemble
égales entre les firmes, du fait de l'utilisation idiosyncrasique des services par les aptitudes, le
cours propre des événements économiques au sein de chaque entreprise serait différent, et par
constitutives des entreprises (Wemerfelt, 1984; Barney, 1986, 1990 ; Dierickx et Cool, 1989;
Grant, 1991; Amit et Schoemaker, 1993; Black et Boal, 1994; Miller et Shamsie, 1996, Teece
et al., 1997): Le nombre de propriétés est plus ou moinsgrand suivarit la complexité et les
catégories de ressources retenues (Arrègle, 1996). Nous présentons ci-dessous, d'une part,
celles qui sont le plus souvent citées 1, et d'autre part, un schéma récapitulatif des influences de
caractérisant les propriétés nécessaires des actifs stratégiques conduisant aux rentes
faible
Recoupement Inimitabilité
limitée
Nous allons revenir sur les principales caractéristiques détaillées dans la figure lIA. Plusieurs
raisons nous amènent à vouloir préciser le travail d'Amit et Schoemaker. En effet; huit
propriétés sont distinguées par ces auteurs, ce qui peut paraître beaucoup. Sur un plan
empmque,· il est difficile·de distinguer autant de concepts et de les tester dans un même
1 le suffixe « -abilité » présent dans la plupart des baIbarismes utilisés pour définir les propriétés des ressources
traduit bien l'idée de «capacité de» et de «capacité à» contenues dans les notions de ressources et
d'aptitudes.
modèle, surtout lorsqu'ils semblent former un système comme l'évoque les traits reliant les
propriétés entre elles. Sur un plan théorique, certaines propriétés semblent plus fondamentales
que d'autres: d'une part, elles sont citées systématiquement par les autres auteurs travaillant
sur la théorie des ressources, et d'autre part, une hiérarchie dans les causes et les effets doit
Disponibilité et transférabilité
Ces deux concepts sont proches l'un de l'autre. Nous les examinons successivement.
l'on suppose que l'on peut acquérir les R&A ou s'en séparer, alors il existe un marché des actifs
stratégiques, comme c'est le cas pour les parts de marché, la réputation, les technologies, etc.
(Henderson, 1978). La détention pour une firme d'une ressource stratégique non disponible est
disponibilité.
Mais le fait que les ressources soient ou non disponibles dépend également des anticipations
entre ceux qui les détiennent et ceux qui visent à les acquérir dans le but de mettre en oeuvre
leur stratégie. Pour certains auteurs, les firmes qui possèdent les meilleures estimations de la
valeur future des actifs stratégiques peuvent dégager des rentes économiques inaccessibles à
leurs concurrents (Barney, 1986). Barney met l'accent sur l'aptitude à anticiper la valeur future
des ressources comme étant un facteur clé de succès. TI ramène d'autres différences
soulignent le fait qu'il n'existe sans doute pas à proprement parler un marché pour toutes les
(~
ressources, par exemple pour ·la réputation. De même, reprenant à leur compte l'une des
stipulent que plus un actif est spécifique, moins il est échangeable sur un marché -ou en tout
cas pas à la même valeur. Barney (1991) conteste ces arguments en réaffirmant qu'il existe un
marché pour toutes les ressources à partir du moment où les coûts engagées pour la création
Ce qui est gênant dans l'interprétation de Barney (1986, 1991) c'est qu'elle fait reposer la
agents, en désaccord avec les hypothèses avancées par Schoemaker (1990) par exemple. Qui
plus est, les firmes ayant sous-estimé les revenus réels d'une stratégie peuvent sembler avoir eu
de la chance dans leurs choix stratégiques (Barney, 1986), ce qui n'est pas sans poser des
quelle part reste-t-il à l'explication scientifique de· la. performance? et comment .mesurer la
chance, et ses effets sur la création de rente? En outre, Barney (1986, 1988) suppose que les
marchés sont efficients puisque les imperfections qu'il cite ne sont pour lui que des exemples
de mauvaises anticipations des entreprises que de réelles imperfections. TIest un des partisans
de la forme forte de la théorie des ressources, qui achoppe sur les difficultés et le manque de
Par conséquent, il est préférable d'essayer ,de se 'recentrer autour d'une hypothèse moins
contraignante consistant à dire que moins les R&A sont disponibles sur un marché, plus elles
sont possédées par les firmes, et par conséquent, sous·la réserve d'imperfections de marché,
idiosyncrasiques. Ainsi, elle est corrélée négativement à la spécificité des actifs et à leur
disponibilité. Plus un actif est spécifique, moins a priori il est disponible sur le marché, et moins
il est transférable aux concurrents en tant que potentiel de rentes. Grant (1991) ou Conner
(1991) montrent que les rentes générées par les activités de la firme sont d'autant supérieures
que les ressources et aptitudes sont spécifiques et liées entre elles, c'est-à-dire qu'elles sont
transférabilité. En effet, une ressource spécifique, comme un outil dédié, peut théoriquement
être transférable. Par exemple, le système spécifique de réservation des lignes aériennes
américaines a été adapté aux chemins de fer français. Mais, comme l'illustre cet exemple, la
concurrentiel produit par l'exécution d'aptitudes sur les services d'une ressource, même très
spécifique (Ghemawat, 1986; ,Grant, 1991; Dierickx et Cool, 1989). De plus, un actif trop'
spécifique perd sa valeur d'échange, et n'est plus transférable, et peut devenir à terme une
ressource aux services limités et contraignants (Foray, 1991). Par conséquent, les concepts de
Pour notre part, nous définirionsla transférabilité d'une R&A comme la possibilité pour elle(s)
de trouver un marché sur lequel elle(s) puisse(nt) être échangé(es). Pour prendre une analogie,
degré de présence d'une ressource sur un marché pour n'importe quelle firme -la ressource est
« en attente» de firme. La transférabilité exprime pour une ressource détenue par une firme ·la
possibilité d'être échangée sur un marché -la ressource est« en attente» de marché.
'transférées' chez un concurrent. Dans l'esprit des auteurs, elle est corrélée positivement avec
la disponibilité. En fait, a priori, plus des R&A sont disponibles ou transférables sur un marché,
Substituabilité
Wemerfelt (1984) pose que la «disponibilité de ressources substituables tend à faire baisser les
. revenus des détenteurs de ces ressources ». Barney (1991) parle de substituabilité 'par
ressources similaires' pour le cas où une firme se procure exactement la même ressource que
,sa concurrente (cas du débauchage d'un employé par exemple), et de substituabilité 'par
ressources différentes' pour le cas où les services équivalents sont rendus par d'autres
ressources. Pour cet auteur ainsi que d'autres (Dierickx and Cool, 1989 ; Amit et Schoemaker,
1993), la substituabilité imparfaite est une des propriétés fondamentales de la théorie des
ressources.
On a vu que les ressources ne valent que par les services qu'elles peuvent rendre et par
l'utilisation qui en est effectivement faite (penrose, 1959). Par conséquent, on peut très bien
concevoir qu'un ensemble de services peut être rendu par d'autres ressources, de manière plus
économique sans que les particularités liées à l'usage interne qu'en fait la firme soient remises
en question. En outre, l'aptitude à utiliser une ressource peut elle aussi être substituée par une
autre. Par exemple, dans le secteur de l'imprimerie, l'aptitude à photocomposer a été remplacée
par l'aptitude à concevoir sur ordinateur. On peut citer également la structure d'organisation
des entreprises japonaises reposant sur une aptitude à envisager différemment le processus de
concurrentiel (Teece, et alü, 1994; Teece et alli, 1997). TI Ya donc un pas important à franchir
mêmes éléments (Leonard-Barton, 1992, 1995). Néanmoins, les auteurs considèrent que plus
les R&A sont substituables, moins elles sont à l'origine de rentes organisationnelles,
Imitabilité
sont accessibles, les rentes dégagées par la firme baissent, de même si les ressources sont
imitables facilement, la firme ne pourra pas maintenir son avantage concurrentiel. L'imitabilité
caractérise donc une ressource ou une aptitude qui peut être reproduite à l'aide d'un autre
Cette propriété des R&A est sans doute celle qui rapproche le plus la théorie des ressources de
l'analyse industrielle pour laquelle les barrières à l'entrée et à la mobilité sont essentielles. A ce
titre, il est intéressant de souligner l'argument de Barney (1991) : lorsque les liens entre les
ressources contrôlées par une firme et un avantage concurrentiel sont mal compris, c'est-à-dire
en cas d'''ambiguité causale" (Lippmail et Rumelt, 1982; Barney, 1986), il y auràit imitabilité
124
TI semble qu'il. y ait un consensus établissant que la non-imitabilité des ressources est une
une condition suffisante à la constitution d'un avantage concurrentiel (Barney, 1986 et 1991,
Reed et DeFilippi, 1990)et à la performance (Miller etShamsie, 1996) reste cependant posée.
Par conséquent, on rejoint par ce biais les raisonnements sur les mécanismes isolants de la
concurrence sans toutefois que ce soit exactement sous le même angle. Mahoney et Pandian
(1992, p372) offrent à cet égard une comparaison détaillée des différents mécanismes
industrielle. En effet, pour les tenants de la théorie des ressources, l'ambiguïté causale provient
principalement de trois causes : le caractère tacite des R&A, la complexité qui dépend du
stratégique, et la spécificité des R&A (Reed et De Filippi, 1990). Ces trois éléments sont tous
internes à l'entreprise: ils concernent la firme, plus que le marché. En cela, les mécanismes de
la non-imitabilité sont traités de manière intrinsèque à la firme par le théorie des ressources
tandis qu'ils sont envisagés de l'extérieur en économie industrielle. Par ailleurs, Reed et
DeFilippi (1990) montrent également que les barrières à l'imitation s'affaiblissent avec le
temps, et que la firme doit réinvestir pour maintenir ce type de barrière si elle veut préserver sa
source d'avantage .
.Rareté et mobilité
La rareté et la·mobilité sont considérées par les auteurs de la forme forte de la théorie des
ressources comme essentielles à la performance de l'entreprise, par les autres non. L'argument
développé parles premiers est que pour qu'un avantage concurrentiel soit soutenable, il doit
être,.nécessairement fondé sur des ressources rares et non mobiles (Barney, 1986 ; ChatteIjee,
1990 ; Dierickx. et Cool, 1989 ; Montgomery et Wernerfelt, 1991). TI est alors à l'origine de
125
rente de rareté.
Pour Peteraf, (1993) nous avons vu que la non mobilité était même une des quatre pierres
angulaires de l'avantage concurrentiel. D'une part, les ressources rares et non mobiles sont une
des conditions de base afin de pouvoir caractériser les ftrmes qui les possèdent comme étant
hétérogènes entre elles. En effet, une ressource rare n'est par déftnition pas possédée par
court ou moyen terme. D'autre part, le fait que les R&A restent sous le contrôle de la firme est
Les partisans de la forme faible estiment quant à eux que les rentes ne proviennent pas
entreprises, mais, à la suite de Penrose, d'une meilleure utilisation des services des ressources
dont les ftrmes disposent (Amit et Schoemaker, 1990 ; Castanias et Helfat, 1991; Collis, 1991;
Reed et de Filippi, 1990 ; Teece, Pisano et Schuen, 1997). Par conséquent, dans ce cas, la
rareté et la mobilité des ressources n'entrent pas directement parmi les éléments constitutifs de
plutôt que leur cause. Pour ces auteurs, les propriétés de rareté et denon-mobilité-ne sont-~··-
qu'elles participent au débat constitutif du Courant des Ressources. Pour nous, elles ne sont
toutefois pas des causes suffisantes de la création d'actifs stratégiques. En effet, la rareté et
Sorte, plus une ressource est rare et immobile, moins elle est dispomble et transférab1e; et donc,
plus elle est potentiellement à l'origine de rentes et de performances. Par conséquent, l'ajout de
126
ces deux facteurs n'apporte que peu à l'explication du mécanisme de création des rentes
disponibilité/transférabilité.
Tangibilité et codification
La tangibilité des R&A comme source de la performance est avancée par les auteurs qui
Gregori, 1987; Hall, 1991 ; Leonard-Barton, 1992 ; Collis, 1994; Zander et Kogut, 1995;
Iansiti, 1995). Cette propriété caractérise la nature même des ressources ou aptitudes en ce
qu'elles ne sont pas explicites, facilement élicitées par les acteurs économiques (Winter, 1987).
Les connaissances sont, dans le cadre de cette analyse, des aptitudes plus ou moins tangibles,
différence des informations qui peuvent être qualifiées de ressources au sens où elles
constituent des actifs qui ont un coût évaluable, et qu'elles doivent être activées par les
Le corpus théorique résumé brièvement postule que plus les connaissances sont intangibles,
moins elles sont transmissibles à l'intérieur de l'organisation (ce qui représente un risque de
puisque cela signifie qu'elles sont imparfaitement imitables). De même, plus les connaissances
sont codifiées3, plus elles sont transmissibles, plus elles sont reproductibles, mais aussi plus
facilement imitables (Zanderet Kogut, 1995). Le lien entre ces notions et celles d'imitabilité et
de substituabilité est assez immédiat: ainsi, «plus une ressource est inobservable, plus ses
barrières à l'imitation sont fortes, et plus un avantage concurrentiel reposant sur cette
3 Lacodification revient à l'élicitation objective et transmissible d'un savoir. Elle réduit le caractère tacite de la
connaissance (degré de« tacitness »)
127
ressource sera soutenable» (Godfrey et Hill, 1995, p523). Les actifs intangibles et non
codifiés, dont la contribution serait à l'origine de rente sont par exemple l'identité (Fiol, 1991),
Les propriétés de tangibilité et de codification sont donc reliées à celles de substituabilité des
ressources et d'imitabilité des aptitudes. En bref, plus une ressource et ses services sont
tangibles, plus ils sont substituables. Et plus une aptitude est codifiée, plus elle est imitable.
Cette distinction est similaire à celle proposée par exemple par Miller et Shamsie (1996) entre
les ressources reposant sur la propriété (ressources tangibles et plus ou moins substituables), et
les ressources reposant sur la copnaissance (ressources intangibles et plus ou moins imitables).
L'influence sur la performance de ces propriétés est en apparence contradictoire: en effet, plus
les R&A sont tangibles et codifiées, plus elles sont imitables et substituables. Leur effet est
donc négatif sur la performance de l'entreprise. Mais une autre relation est à prendre' en
considération: plus une ressource est tangible, plus une aptitude est codifiée, et plus elles sont
réplicables à l'intérieur de l'entreprise: soit par la même personne, par la même équipe de
travail, ou par l'entreprise sur ses différents sites d'exploitation (Grant, 1991). Par conséquent,
d'un autre côté, plus ces R&A peuvent être à l'origine d'économies, et de rentes (Winter,
auquel on se place: au niveau de la firme seule, l'effet est positif sur la performance; au niveau
de l'industrie en revanche, les mêmes causes produisent des effets différents. Cette observation
est l'occasion de souligner à nouveau l'importance que revêt la flèche épaisse dans le schéma
d'Amit et Schoemaker (figure II.2.) uniquement orientée des FSS vers les Actifs Stratégiques.
Selon nous, la performance d'une entreprise est le résultat d'interactions entre les deux modes
128
Appropriabilité
L'appropriabilité caractérise la manière dont une entreprise peut jouir de l'utilisation des
services d'une ressource, c'est-à-dire la manière dont elle peut en retirer des bénéfices par
l'usage d'aptitudes. Les moyens évoqués par Penrose (1959), et par d'autres pour le
développement des ressources sont la croissance interne, la croissance externe, et les accords
ressources sont plus fortes dans le cas de la croissance interne que dans les deux autres : en
effet, les aptitudes se développent conjointement aux ressources, et les rentes dégagées sont
les ressources et les aptitudes sont acquises: elles deviennent pour l'acheteur des ressources à
approprier. Toutefois, afin d'en tirer le meilleur profit, l'acheteur doit disposer au préalable des
des ressources et des aptitudes : on peut émettre l'hypothèse que celui qui a la plus forte
appropriabilité sur les résultats est celui qui partage le moins les aptitudes.
et le marché, qui gouvernent l'aptitude d'un innovateur à capturer les bénéfices générés par son
innovation" (Teece, 1986; Coombs et al., 1992). L'appropriabilité peut être déclinée suivant la
d'isolement" de la concurrence comme les droits de propriétés, les temps de latence à l'accès de
(1995) estiment qu'il existe un arbitrage entre la spécialisation et l'appropriabilité des rentes
permises par l'intégration. D'un côté, il est préférable d'innover en conservant la propriété des
rentes générées, mais de l'autre, le succès de l'innovation peut être dépendant de ressources
. 129
complémentaires détenues par d'autres entreprises de la filière. Par conséquent, SI
l'appropriabilité est faible, l'entreprise sera incitée à intégrer afin de réduire la disponibilité et la
L'appropriabilité s'applique aussi bien aux ressources qu'aux aptitudes. Elle peut influer sur la
disponibilité des R&A est influencée par des caractéristiques propres au secteur d'activité, et
également par le degré d'appropriabilité des ressources (Teece, 1982, 1986). Mais
aptitudes. En effet, ce n'est pas parce qu'une entreprise est à même de retirer un plus grand
profit des R&A qui sont "sous sa maîtrise que les conditions de la substituabilité et de
ressources et aux aptitudes, d'autre non (la codification). Certaines sont difficilement '. l'.
substituabilité).
Nous qualifions de propriétés primaires, les propriétés qui s'appliquent à la fois aux ressources
et aux aptitudes, qui semblent plus facilement observables au niveau empirique, et qui ne font
pas référence à d'autres propriétés mais auxquelles d'autres propriétés font référence. D'après
130
la présentation précédente (II.2.2.a.), les propriétés «primaires» sont la disponibilité et la
Le cadre d'analyse générique proposé par Amit et Schoemaker (1993) nous semble donc, une
fois les remarques énoncées plus haut et la simplification sur les propriétés prises en compte,
bien adapté à notre problématique et correspondre avec le modèle théorique général des
économique à l'œuvre dans la création de rentes. D'un côte la logique économique d'économie
industrielle, illustrée, par exemple, par la transposée du schéma de Porter dans la figure II.3 ;
correspondance entre les ressources et les aptitudes, et la création d'actifs stratégiques selon
Pour notre part, et suite à la hiérarchisation effectuée entre les propriétés primaires et
secondes, nous proposons le schéma suivant (Figure 11.5). n s'appuie sur les apports du
premier chapitre (tableau 1.6) qui mettait en avant le caractère bi-modal de la coordination
économique, et les rôles respectifs du marché et de la firme dans la constitution des rentes
accessibles à l'entreprise. Nous ne rejetons donc pas le rôle important joué par la partie
industrie, d'une part dans la détermination des FSS, et d'autre part, dans les possibilités de
rentes (de monopoles, quasi-rentes) permises par la structure industrielle. Ces relations sont
figurées dans la partie gauche de la figure. La partie droite reprend et développe la liaison
de la revue de littératUre théorique précédente. Elle illustre le fait que l'appropriation des
4. Rappel: «We thus defme the fmn's Strategie Assets as the set of difficu1t to trade and imitate, scarce,
appropriable and specialized Ressources and Capabilities that bestow the fnm' s competitive advantage » (Amit
etSchoeDŒWker,1993,p36)
131
rentes organisationnelles repose sur un avantage concurrentiel lui-même dépendant des
propriétés des ressources et aptitudes. De plus, l'appropriation des rentes est interne à
C'est la combinaison de l'influence des deux types de relations au sein de chaque mode de
coordination
.
économique qui permet
.
d'établir les sources de la performance .
Rentes économiques
....···-MooiDE·····.. (monopole, quasi-rentes)
/ COORDINATION ....
\. ECONOMIQUE: ..:
···.....~ARCHJ?: .... /
-- ... o.-- ....--
Dans le cadre de notre recherche, nous nous centrons sur la partie droite·de la figure 11.5., soit
secondes, et de la hiérarchisation qui en a découlé concernant leurs influences sur les actifs
d'analyse auquel se situe notre recherche :la firme. n va sans dire que la figure 11.6. est un
5 On rappelle que les travaux présentés en 1.2.2. expliquaient environ 35% de la variance des performances
observées par des caractéristiques propres aux flIUlescontre moins de 20% pour l'industrie.
6 parmi d'autres possibles (voir par exemple Black et Boa!, 1994; Collis, 1996, p143)
132
'raccourci' qUI Vise uniquement à montrer le lien entre les propriétés desR&A et la
supérieure de la figure 11.5, et d'autre part, il ne prétend pas à lui seul rendre compte de la
l'absence d'études. qui montrent la manière de mesurer les types de rentes appropriées, il
perlormance : ainsi, il semble clair à tous les tenants de la théorie des ressources que moins les
R&A sont disponibles, imitables et substituables, plus elles sont à la source de rentes et de
Appropriabilité 1-
- .-
DISPONIBILITE / - P D
Rareté et Non-Mobilité TRANSFERABILlTE·
E E
R
F L
Tangibilité (Ressources)
4-
SUBSTITUABILITE •• - 0
R
A
Tangibilité et Codification
M F
(Aptitudes)
A
~
'1 IMITABILITE •• - - N
1
R
C M
E E
+
continue. Toutefois, il n'en existe guère qui porte spécifiquement sur le lien entre les propriétés
des ressources et des aptitudes et la perlormance. Trois thèmes se dégagent des études
133
empiriques, qui mettent en évidence la pertinence de l'examen des R&A. Le premier thème met
l'accent sur l'importance de l'entreprise comme niveau d'analyse de leur succès économique.
Cela est montré par deux moyens: soit en ne validant pas de différences significatives de
performance entre secteurs ou groupes stratégiques, soit en mettant en avant les ressources
met en rapport les liaisons entre les ressources détenues par la firme et la nature de sa
qui sont ressorties de l'examen de la théorie des ressources consiste dans un premier temps à
Pe.\lt être effectué de deux manières. D'une part, en illustrant. que -les.-analyses-au·-niveau~
sectoriel ne procurent pas les explications attendues sur les divergences de performance
observées. D'autre part, en montrant que des entreprises au succès incontesté possédent des
Concernant la première voie, il est intéressant à cet égard de noter que dans leur article de
1990, portant sur les contrastes de croissance et de performance des petites entreprises, Birley
«Certainement les firmes changent, mais pas nécessairement selon une séquence de phases
préétablie. D'ailleurs, les données présentées dans cet article suggère que les chercheurs
134
devraient développer des théories qui décrirait de meilleure façon 'l'hétérogénéité des
secteurs» (Birleyet Westhead, 1990). Leurlogique de recherche repose sur le paradigme S-C-
l'hétérogénéité des secteurs. En utilisant des variables empruntées à ce type d'analyse, ces
auteurs ne sont pas parvenus, comme ils le souhaitaient, à dégager des modes de croissance et
vue, inspirée par le Courant des Ressources, aurait été de tester l'hypothèse suivant laquelle les
firmes ayant des ressources aux propriétés semblables ont le même cycle de croissance quel
que soit leur secteur d'activité. Parce cas est illustré le changement considérable de
perspective sur l'analyse des performance des firmes entraîné par la théorie des ressources : au
lieu de mieux décrire "l'hétérogénéité des secteurs", c'est sur l'hétérogénéité des firmes qu'il
Dans le même ordre d'idées, dans leur étude sur le lien entre la stratégie, les groupes
Thomas (1990) trouvent que la définition' des groupes stratégiques ne permet pas d'expliquer
de manière satisfm.sante les différences de performance observées. n concluent sur le fait que
« les différences entre les firmes de dotations en actifs et ressources, le pouvoir de marché et
les qualifications pour mettre en œuvre efficacement les stratégies doivent l'emporter sur les
Montrer que le niveau d'analyse du groupe ou du secteur ne rend pas compte des différences
démonstration porte sur des illustrations, la plupart du temps à partir d'études de cas, de
Walsh et al. (1996) présente l'une des premières études détaillées des compétences cœur au
135
niveau de l'industrie des semi-conducteurs. L'article liste les sept principales qualifications
requises dans les différents processus de production, puis les évalue en deux phases: d'abord
les compétences coeur des différentes firmes sont évaluées, puis elles sont comparées à la liste
estimée par la longévité des entreprises dans le secteur et par leur part de marché. TI ressort de
firme du secteur des semi-conducteurs, soit de posséder en propre l'élaboration des matières
premières soi t de maîtriser la relation avec les fournisseurs de matières premières, ce que l'on
peut appeler la ressource de relation d'échange. En outre, plus les entreprises détiennent de
ressources et d'aptitudes sur les sept principales, plus leur performance se révèle être bonne
(longévité et part de marché). «Notre étude soutient l'argument normatif suivant :~les
entreprises qui con~truisent leur stratégie autour de compétenc~s .cœllr sont plus susceptibles
Dans la même veine, Bogner et Thomas (1994) élaborent un modèle d'explication de- la
européenne reposant explicitement sur la théorie des ressources. Les deux premières.questions_. ---
manière dont les fIrmes disposant de telles ressources perdent leur avantage concurrentiel.
Bogner et Thomas étudient 41 fumes, dont 9 en profondeur. Sur cette base, ils estiment que la
conformément aux hypothèses de la théorie des ressources, les raisons pour lesquelles les
firmes dominantes ont perdu leur avantage concurrentiel au cours des décennies passées
136
(Reed et DeFilippi, 1990). Les auteurs concluent à la coexistence. des deux modes
Recentrant l'objet d'étude, l'article de Hall (1994) s'intéresse spécifiquement aux aptitudes. II
illustre, à partir de cas d'entreprises de différents secteurs, le rôle joué par plusieurs variables
de l'entreprise. Par ailleurs, Hall insiste sur le fort degré d'interrelation entre ces notions.
l'information dans le commerce de détail. Ils montrent que la ressource informatique seule ne
permet pas de dégager des performances supérieures tandis que la présence d'aptitudes
améliorent significativement la performance des firmes qui en sont détentrices. Ainsi, l'.usage
des services potentiels des technologies de J'information n'est effectif qu'en présence de R&A
complémentaires.
Les articles cités permettent de mettre à jour, grâce aux études empiriques, un élément
essentiel. Le choix de la firme comme niveau d'analyse apporte des éclairages remarquables à
l'étude de la performance que ne permet pas l'étude sectorielle. Une illustration supplémentaire
peut en être donnée par Conant et al. (1990). Reprenant la typologie de Miles et Snow (1978)
qui distinguent, dans leur relation avec l'environnement économique, les entreprises défensives,
dIstinctive de l'activité marketing est significativement différente des autres pour chaque type
stratégique d'entreprise. ils tentent de relier ces différences avec des évaluations qualitatives de
la performance des firmes considérées et montrent que les entreprises dites réactives sont les
137
moms performantes. n s'agit donc d'une mesure relative de l'influence d'une activité
En outre, trois points peuvent être signalés: 1) la ressource peut être caractérisée également
dissipation de l'avantage concurrentiel grâce à la théorie des ressources est peut-être mieux
expliquée encore que sa constitution (Bogner et Thomas, 1994) ; 3) les aptitudes intangibles
Micallef, 1997). Toutefois, la taille des échantillons, et la relative simplicité des tests utilisés
pour démontrer ces thèses constituent des limites très restrictives de ces travaux.
L'étude de Verdin et Williamson (1994) élargit la base de référence. Sur le plan empirique,
l'échantillon repose un extrait de la base de la Small Business Administration et porte sur )'
377000 SBD. Sur,Je plan théorique, l'article repose sur la contribution de Dierickx et Co oF
(1989) pour définir les ressources comme des catalyseurs de l'accumulation des actifs. Les "
quatre facteurs qui empêchent la substitution et l'imitation rapide et peu coûteuse ."des
quantité d'actifs 3) l'interconnexion des actifs et 4) l'ambiguïté causale. Les indicateurs retenus
pour estimer les ressources et aptitudes des firmes sont donnés dans le tableau n~7:-l:;a-variable-- -
appartenant à deux sous échantillons : firmes ayant vécu moins de cinq ans ou plus de cinq ans.
entreprises ayant accès aux ressources d'un groupe déjà installé aux entreprises indépendantes.
7 Nous reviendrons plus en détail sur cette contribution majeure lors du chapitre portant sur
l'opérationnalisation des variables de notre modèle
138
standardisation des produits est faible, les entreprises indépendantes . souffrent d'un
désavantage compétitif qui grève leur performance. Cet effet est relativisé par l'importance
Williamson soulignent par ailleurs qu'au bout de cinq ans, les entreprises indépendantes qui ne
bénéficiaient pas des apports en ressources de groupes constitués, finissent par rattraper leur
retard: elles ont elles mêmes bâti leur propre fonds de ressources et d'aptitudes. Dans les
Aptitudes de processus
savoir faire technologique intensité capitalistique
expérience fonctionnelle niveau de qualification
stock de R&D dépenses de R&D
capital humain . importance de la masse salariale
Source: d'après Verdin et Williamson, 1994, plOO
Même si l'article de Verdin et Williamson n'offre pas un test direct de l'influence des
propriétés des R&A sur la performance, il montre que la détention de certaines ressources
en outre une opérationnalisation des ressources et aptitudes, et en teste les effets à grande
échelle. La détention de ressources ayant certaines propriétés n'a pas que des conséquences sur
139
la survie, mais également au niveau de la structure de capital des fIrmes. Balakhrishnan et Fox
(1993) montrent ainsi que la constitution de ressources non transférables place la fume face à
une opportunité (dégager des rentes plus importantes) et un problème (le moyen de ft.nancerla
non transférabilité des ressources). Les résultats de l'analyse statistique sur 295 fumes
ressource non transférable. La non transférabilité, est opérationnalisée d'une part par les
dépenses de R&D et d'autre part par les dépenses de publicité. TI est intéressant de relever que
alors que l'intensité en R&D conft.rmebien la tendance à supporter pour la fume le coût de la
de la fIrme, qui peut s'exprimer avec cette variable, a un effet limitatif sur le risque envisagé
imitables et non substituables, pour expliquer le niveau de performance des ft.rmesa été mise en
évidence à l'aide d'études empiriques de différents types. Mais d'autres travaux, portant sur la
diversift.cation, ont illustré également ce point. L'importance de la fume en tant que niveau
est reliée à la détention des R&A idiosyncrasiques dans les différents segments où se déroule la
diversift.cation
non d'atteindre des économies d'échelle ou de gamme? (Teece, 1982 ; Hill et alii, 1992). Cela
revient à poser la question du lien entre les différentes activités d'une entreprise, les R&A
140
qu'elle détient, et ses résultats .•Les réponses apportées se heurtent aux difficultés de mesure de
la « distance» entre les diverses activités de la firme à partir des statistiques et nomenclatures
Dans un travail précurseur, Rumelt (1974) a montré qu'il existait des différences de
performance entre les fumes à activité unique, à activité dominante, à activités liées et à
activités non liées. Ses résultats font référence: les firmes a) dominantes diversifiées et b)
diversifiées reliées, dont la diversification repose sur une ressource spécifique principale sont
les plus performantes alors que les fumès a) dominantes intégrées verticalement b) diversifiées
autour d'un groupe de ressources distinctes et surtout c) diversifiées non liées le sont le moins.
Rumelt met ainsi en évidence les liens entre la diversification, la détention de ressources
spécifiques et la performance.
De même, pour Teece (1982), la probabilité qu'un excès de R&A permette de dégager des
rentes sur une nouvelle activité est plus forte si le nouveau marché est liéaùxactivités de base .
de la firme. Bettis (1981) note que l'étude de Rumelt (1974) se concentre sur des variables
propres aux entreprises et laisse de côté des variables de secteurs (indices de concentration par
exemple), ce qui en limite la portée. Les effets typiques observés au niveau des acteurs (effets
S-C-P, Henderson (1978» ne sont pas pris en compte. Les groupes stratégiques et les
différences intra-secteurs ne le sont pas non plus (Hatten, Schendel et Cooper, 1978). Enfin,
les· caractéristiques exhibées portaient plus sur les ressemblances entre secteurs que sur les
Le travail de Bettis (1981) conforte toutefois partiellement celui de Rumelt (1974, 1982)
/~puisqu'en moyenne les firnies diversifiées reliées ont des performances supérieures aux firmes
diversifiées non reliées. D'autres différences significatives apparaissent (influence des publicité,
de R&D, de l'intensité capitaIistique). Bettis souhaite distinguer les effets dus aux
141
caractéristiques des fIrmes et les effets dus aux propriétés de l'industrie. fi conclut à la
prépondérance des effets de barrières à l'entrée, permettant dans un second temps aux
différences entre fIrmes de s'exprimer, et conduisant aux différentes performances. Bettis reste
donc dans le paradigme S-C-P, et intègre les «core-skills » ou qualifIcations clés de Rumelt
(1974).
Palepu (1985) apporte une autre contribution au problème de la relation entre la diversifIcation
des fumes et leur niveau de performance. L'originalité de son approche consiste à combiner
deux types généraux de mesures: l'un repose sur les indices de diversifIcations tiré des bases
de données statistiques américaines, et l'autre s'inspire de Rumelt (1974) quant aux variables
sélectionnées. La notion de pouvoir de marché essentielle dans la première approche n'est pas
mise en avant dans la seconde inspiration de recherche. Au lieu de reprendre les indices simples
Jacquemin-Berry (1979) qui permet le degré de liaison (re1atedness) entre les différents
segments. Par ailleurs, au lieu de considérer la performance en' niveau, Palepu mesure les
'.1
principal est que bien qu'en statique les différences de performances entre' fIrmes diversifIées
reliées et non reliées ne soit pas signifIcatives, l'étude dans le temps montre que Jes_variations----
de performances sont à l'avantage des fmnes diversifIées reliées. Ces deux propositions
confirment donc à la fois les tenants de l'approche d'économie industrielle qui ne mettaient pas
Rumelt et Bettis, qui les justifIaient par le degré de liaison entre les activités diversifIées. En
outre, ce résultat ouvre à une vision dynamique de l'étude de la performance des entreprises,
soutenable.
142
méthodologique (quel niveau de liaison retenir) peut se ramener nous semble+il à un point de
vue théorique. Suivant la meslire retenue, les hypothèses testables différent, et par conséquent
Montgomery (1988) montrent que la diversification est une réponse de la firme à un excès de
« facteurs sujets à des imperfections du marché». Ils en tirent le corollaire que les entreprises
diversifiées qui dépassent leurs capacités de ressources mobilisables doivent avoir une
performance moyenne inférieure. aux entreprises qui maintiennent une liaison entre leurs
diversifications. Ils utilisent pour tester leurs hypothèses le q de Tobin comme estimateur des
rentes. Pour les auteurs, la diversification est un inoyen de s'approprier des rentes ricardiennes,
incertaine. Cette appropriation sera d'autant plus forte que les opportunités d'entrer dans un
secteur seront grandes. fi faut remarquer que les décisions de diversifier s'opèrent selon les
auteurs de manière optimale. Le q de Tobin est le ratio de la valeur de marché de la firme sur le
coût de remplacement de la firme. fi s'agit d'une mesure mixte: le numérateur est une variable
fmancière tandis que le dénominateur est une variable comptable. L'écart par rapport à l'unité
du q de Tobin mesure l'écart des rentes possédées par la firme et leur valorisation (supposée
juste) par le marché. Les résultats obtenus montrent que plus les entreprises s'éloignent des
ressources qu'elles ont en excès pour se diversifier, moins leur performance est bonne en
moyenne. Ce résultat est confirmé par ChatteIjee et Wemerfelt (1991) dont le travail établit
tandis qu'une diversification non liée est plutôt associée à une présence de fonds ou une
mesurer les effets du secteur et des entreprises sur leurs performances respectives~Ils trouvent
que l'influence du secteur est prépondérante: elle expliquerait 9/10 des 20% de la variance
143
Dans les différents textes cités précédemment, le point focal de débat concerne la mesure de
liaison, de cohérence entre les diverses activités où la firme se trouve impliquée (<< strategie
relatedness» cf. Peteraf (1993); Teece et alii, 1994). Les partisans de la théorie des ressources
mettent l'accent sur une mesure interne de la liaison des ressources entre activités (Robins et
Wiersema, 1995, Markides et Williamson, 1996). La cohérence est une propriété de relation,
entre les ressources et les aptitudes, en tant que réservoirs de capacités et d'usages -et de
rentes a priori. La notion de cohérence est, de fait, représentée dans l'étude des firmes
multiproduits ou multimarchés.
La cohérence entre les différentes activités des firmes, que ce soit au niveau business ou
corporate, caractérise le plus souvent leur degré de liaison de technologie ou de marché (Teece
leurs dynamiques respectives dans un environnement sélectif (Teece; 1988). Une activité est
dite cohérente lorsque les R&A engagées sont adaptées à l'action poursuivie et ne sont pas
résultats de la firme diversifiée sont conditionnés par la mise en place -d'une structure
La notion de cohérence peut être validée par le recours à d'autres paradigmes théoriques,
notàmment la· théorie des coûts de transaction (Brousseau et Quélin, 1996). Par exemple,
verticale. Argyres (1995) teste l'hypothèse que les diversifications dans le domaine de la
144
recherche et du développement sont présentes dans les firmes multinationales où les structures
sont le moins divisionnalisées. Mais ces résultats peuvent être réinterprétés à l'aune de la
théorie des ressources. Les coûts de transaction entre activités seront d'autant plus faibles que
les propriétés des R&A seront comparables ou similaires, que la .combinaison entre les
ressources, leurs services et les aptitudes des firmes engagées dans ces processus (intégration
Ainsi, suivant Teece (1988, 1994), un avantage concurrentiel est obtenu lorsque la cohérence
entre les aptitudes et les ressources est maximale, c'est-à-dire que les potentialités d'usage et
d'action sont utilisées au mieux. Dans un article reprenant les rapports entre diversifications
reliées et performance (cf. Rumelt, 1974; Bettis, 1982; Palepu, 1985), Markides et
cohérence de marché -market relatedness- (Markides et Williamson, 1994). Leur constat est le
suivant: d'une part les mesures classiques de la cohérence oublient le plus souvent la nature
stratégique des actifs sur lesquels repose la diversification (leur statut de ressources) ; d'autre
part, la conception classique de la cohérence est limitée en elle-même parce qu'elle assimile les
bénéfices de la cohérence aux seules économies de gamme (soit l'amortissement des actifs au
travers des différentes productions) c'est-à-dire en laissant de côté le potentiel des ressources à
constituer des. rentes et à se déployer dans leurs usages sur long terme plus rapidement et à
moindre coût que les concurrents. Montgomery et Hariharan (1991) éclairent également le fait
que les entreprises diversifiées utilisent des ressources en excès préférentiellement dans des
activités liées où la R&D, les ventes et l'intensité capitalistiques sont comparables, c'est-à-dire
des domaines d'activité où le facteur temps joue un rôle déterminant (innovation. constitution
.145
vision dynamique de la notion de cohérence, complètement en accord avec les hypothèses de la
Robins et Wiersema (1995) à leur tour signalent les insuffisances des approches standards
cherchant à mesurer les interrelations entre les activités des fIrmes diversifiées. Ds analysent, en
recourant à la théorie des ressources, les performances des fIrmes multi-activités. Au lieu de
considérer les rapports entre les activités reposant sur les installations physiques, sur les
opérations fInancières ou sur le rapprochement informatique des codes SIC, la cohérence est
mieux explicitée au travers des actifs et des ressources partagés. Les auteurs construisent un
indice concentrique) qui combine les ventes dans chaque couple d'activités avec la corrélation
entre les activités considérées. «Les firmes dont les portefeuilles d'activité sont les plus
fortement reliés entre eux ont des performances supérieures aux entreprises dont la cohéreJlce
Davis et al. (1992) se sont interrogés sur la manière dont les responsables de branches
niveau des SBU. Notamment, le fait que la cohérence entre les activités soit forte-se-traduitpar-----
de meilleures performance (ROA et croissance des ventes). Mais ce résultat doit être pondéré
par le type de cohérence: soit orienté vers le marché, ce qui procure les meilleures croissances
des ventes, soit orienté vers le produit, ce qui donne la meilleure rentabilité des actifs.
Farjoun (1994) poursuit ce même type de raisonnement et montre que les facteurs liés aux
aptitudes permettent de rendre compte de la diversüication liée des fumes. D teste sur 12000
146
la plupart. des diversifications sont. susceptibles de se· produire: à l'intérieur de groupes
sectoriels caractérisés par des similarités de combinaison entre expertises humaines. Ce qui
possédées par les firmes, et de la cohérence entre elles. Même si l'on peut s'interroger sur la
p~oches ayant sans doute a priori des profils d'occupations similaires-, ce résultat est
intéressant à un double titre. C'est un des seuls articles à traiter sur un si large échantillon de
l'influence des aptitudes internes à la firme sur une décision stratégique. TIquestionne en outre
des services (Penrose,. 1959), il faudrait considérer les.groupes .de secteurs dans lesquels les
Dans ces exemples, les facteurs propres à la finne et leur cohérence interne, c'est-à-dire la
L'essentiel est de recenser, décrire, estimer, construire ou acquérir, et déployer ses ressources
idiosyncrasiques. Le troisième thème présent dans la littérature empirique, et qui utilise les
147
proposait un modèle où les fumes décident de leur stratégie en fonction de la qualité de leur
portefeuille de ressources. Selon les barrières à l'entrée dans un secteur et les barrières sur les
ressources (définies principalement à l'aide des propriétés primaires), l'entreprise peut décider
d'entrer sur un marché, d'acquérir une entreprise ou de fusionner. Wemerfelt se situe dans une
approche où les firmes prennent leurs décisions stratégiques en fonction d'un calcul
d'optimisation. il postule en fait que les caractéristiques des firmes (leur portefeuille de
ressources) conditionnent leur développement futur, mais tout se passe comme si la firme
procédait à une allocation optimale de ses ressources. Pour précurseur qu'il soit, cet article
comporte des hypothèses qui ne sont pas acceptées par l'ensemble des partisans de la théorie
des ressources (spécifiquement par les tenants de la forme faible). Dans des articles postérieurs,
présupposés.
Ces recherches ont conduit des auteurs à s'interroger sur le lien entre la détention nécessaire
centrale de ces travaux revient à expliquer la réussite de ces opérations à partir du moment où
les ressources mises en œuvre ou acquises sont non transférab1es, non imitables et non
substituables. Les entreprises qui respectent les propriétés primaires des ressources dans leur
que leur rivales, performance exprimée à l'aide des taux de marge, de rentabilité ou de survie.
ChatteIjee (1990) s'interroge précisément sur la décision d'entrer .dans un marché soit de
manière directe soit par intégration. il a recours à la théorie des ressources, aux imperfections
des marchés ainsi qu'à la notion de coût d'utilisation L'idée centrale est que la minimisation
148
du coût d'utilisation des ressources en excès permet d'expliquer le choix pour l'un ou pour
l'autre des modes d'entrée. ChatteIjee trouve que la relation entre les R&A (ressources
physiques et fondées sur la connaissance selon ses termes) en excès et l'entrée directe est
financières importantes mais d'une valeur de marché plutôt faible, l'entrée directe est
privilégiée. Dans le cas inverse (peu de ressources internes mais une forte· valorisation)
La décision d'entrée dans un secteur concerne le chercheur à un double titre: d'une part, ya-t-
disent les économistes- ou bien des ressources stratégiques indispensables ? ; d'autre part, les
ressources détenues par les firmes entrantes rendent-elles comptent de leurs performances dans
le temps?
Hariharan et Brusch (1996) posent la question de savoir quelle importance réelle revêtent les
ba:rrières à l'entrée sur la taille des engagements mis en œuvre pour entrer dans un secteur. Us
comparent les engagements de jeunes firmes débutantes avec ceux de firmes déjà implantées
ressources détenues par les firmes. La différence du degré d'entrée se manifeste par un
avantage de coût pour les firmes implantées. D'autre part, plusTenvironnement est compétitif
sur les ressources stratégiques, plus les firmes semblent obligées de s'engager fortement: la
taille de leur entrée est significativement plus grande que dans les cas où la concurrence est
moins virulente.
barrières à l'entrée. Partant de la constatation que les relations entre les mesures traditionnelles
149
des barrières à l'entrée et les taux d'entrées inter-sectoriels sont faibles, ils distinguent trois
évaluent l'impact des barrières à la survie. Ces dernières correspondent aux actifs stratégiques
indispensables pour réussir au niveau industriel ainsi qu'aux ressources reposant sur
l'expérience accumulée au sein des firmes. Les barrières à la survie seront élevées si les actifs
et les ressources sont coûteux à acquérir et lents à construire. Verdin et Williamson montrent
que la probabilité de sortie des entrants est d'autant plus forte que les barrières de survie sont
hautes. De plus, les effets des barrières à la survie semblent indépendants de ceux représentés
par les barrières à l'entrée. Les variables utilisées par ces auteurs pour évaluer les barrières à la
survie sont le ratio de R&D sur le chiffre d'affaires, le ratio de dépenses publicitaires sur le
L'analyse des performances post-entrée est étudiée également par Sharma et Kesner (1996).
Les variables prises au niveau du secteur, des firmes et mesurant la cohérence expliquent 26%
chiffre d'affaires et la croissance des parts de marché des entrantes. Sharma et Kesner mettent
représentée par la taille requise de l'entrée. La variable de cohérence est non significative, ce
qui peut paraître surprenant mais peut s'expliquer par le fait que les propriétés des R&A
détenues sont passées dans une 'trappe empirique', n'étant évaluées qu'indirectement.
des entreprises installées par exemple faciliterait la survie des entreprises entrantes. Le degré de
concentration industrielle ne semblerait pas, dans cette étude, compromettre les retours sur
investissements des entrantes. Cette étude s'achève donc sur des résultats mitigés. Selon nous,
la cause en revient à la volonté de mesurer dans un même modèle les influences de secteur et
150
de finnesur la performance. Les régressions utilisées par les auteurs, en plaçant les variables
sur le même plan, ne permettent pas de différencier les niveaux d'influence et l'impact dans le
temps des propriétés des R&A des entreprises. Qui plus est, l'influence structurelle des
variables sectorielles sur les conditions de succès ou d'échec de l'entrée est observée à un
instant donné, tandis que les R&A nécessitent du temps pour se constituer et leurs effets être
observés.
entrantes est menée par exemple par Chang (1996). Ce dernier envisage l'entrée des firmes sur
un marché comme la nécessité pour elles de développer de nouvelles R&A afin d'améliorer
leur performan~e. Apprenant de leurs expériences passées les conditions· de réussite des
entrées. elles parviennent à développer une aptitude supplémentaire qui est mise en œuvre lors
de l'entrée suivante. Chang procède à une.étude longitudinale de 1981 à 1989 sur les entrées et
sorties de fumes aux Etats Unis. n trouve quela'présence et la nature' de l'aptitude spécifique
destinée à gérer les entrées au sein des firmes permet d'expliquer les chances qu'aune
entreprise d'entrer ou de sortir d~un marché. La proximité ou la distance entre les ressources
possédées par les fumes et celles requises dans la nouvelle activité est le facteur explicatif
dominant. Notamment, suivant Farjoun (1994), Chang étudie les dissimilitudes entre les profils
d'occupation des membres des entreprises. La capacité d'une firme à apprendre de ses
expériences passées est une aptitude qui permet aux entreprises de réaliser des économies de
gamme, lors de la réplication des routines et ressources (Winter, 1995 et point IA.3.c.). Au
niveau de la performance globale de l'entreprise, les fumes qui privilégient la proximité des
Le second domaine d'investigation des mouvements stratégiques pour lequel les thèses de la
théorie des ressources peuvent servir à expliquer le succès sont les actions de fusions et
151
Les études classiques portant sur les fusions d'entreprises expliquent ces phénomènes par la
volonté pour les entreprises d'accroître leur valeur de marché en tablant sur des effets de
sur deux cas d'entreprises de Baden-Fuller et Boschetti (1996) illustre la vision traditionnelle
rencontre des deux cultures. Les effets de l'intégration au niveau fonctionnel des différentes
Des recherches approfondies montrent que les effets de synergie sont essentiels à
alii (1990) avancent quant à eux l'hypothèse que·la condition de similarité entre les actifs des
entreprises fusionnantes est nécessaire mais n'est pas suffisante à l'amélioration de· la
performance. Reprenant les hypothèses de Barney (1988), ils estiment que la présence d'une
différence unique et non-imitable entre les firmes bénéficie à l'entité fusionnée. Dans le cas. des
et à la présence de différences distinctives dans les ressources et les aptitudes non valorisées
par le marché.
Capron (1996) étudiant le cas de 253 fusions horizontales indique que «l'asymétrie des
positions dans les différents domaines de ressources avant la fusion est un facteur déterminant
de l'ampleur de leur redéploiement, les entreprises cherchant à acquérir les ressources qu'elles
ne possèdent pas. [u.] Le redéploiement des ressources est le principal prédicteur de la création
de valeur à l'issue d'une fusion horizontale via les trois mécanismes de création de valeurs
152
l'élargissement de la création de valeur. '[...] En conclusion, les résultats· de cette recherche
valeur. ils confirment également le bien fondé des limites théoriques émises à l'égard des
Concernant les. actions stratégiques d'intégration verticale, Argyres (1996) compare l'approche
fondée sur les ressources avec l'approche transactionnelle. La première postule que la nature et
l'excès des ressources expliquent la décision d'intégration; la seconde associe la spécificité des
actifs et l'intégration verticale. Son article consiste en une étude de cas de l'industrie du câble.
n apparaît à l'auteur que les décisions de type «faire faire» se produisent lorsque les
plus grande sont celles qui sont fortement en correspondance' avec: les caractéristiques de la
technologie de base. En outre, les aptitudes pour lesquelles les connaissances requises sont
tacites ou détenues par un ensemble de personne (une équipe de production par exemple) sont
faite ou faire-faire dans l'industrie des services informatiques. Ces auteurs centrent leurs
analyses sur les caractéristiques de valeur d'échange des ressources stratégiques pour expliquer
la performance des firmes et des secteurs. Les attributs qu'ils utilisent sont la spécificité des
à l'hypothèse de recherche Hl, plus les ressources sont non transférables, plus la performance
de. la firme est élevée. Toutefois, la vérification empirique ne présente qu'un coefficient certes
positif mais faible. Par ailleurs, plus les ressources sont non transférables, plus l'intégration
153
verticale est susceptible de se produire, ce qui est vérifié empiriquement Notamment, la
perspective pour les managers de détenir un potentiel de rentes important grâce à la détention
l'outsourcing (et inversement). Les entreprises de services informatiques aux prestations non
ressources (en tant que 'capacité de', réservoir de services potentiels) et des aptitudes (en tant
que 'capacité à', usage actif des services des ressources). Les diverses conditions de
l'émergence de l'avantage concurrentiel fondé sur les ressources ont été commentées sût" la
d'appropriation des rentes organisationnelles a été mise en avant. La concurrence comme une
Ensuite, dans le prolongement de ces articles, une réflexion sur les propriétés des ressources et
des aptitudes a été menée. D'une part, elle a abouti à mettre en évidence des propriétés
primaires et secondes. Les premières s'appliquent aussi bien aux ressources qu'aux aptitudes,
semblent être plus aisément opérationnalisables et ne font pas référence à d'autres propriétés
Elles influent positivement sur la performance des firmes. Les secondes jouent un rôle plus ou
la codification. D'autre part, un schéma synthétique est proposé qui réunit lés différentes
154
causes à l'origine de la peIformance provenant des deux modes de coordination à l' œuvre dans
Enftn, dans la troisième sous-section, différentes études empiriqùes permettent de valider les
apparaît être un niveau pertinent pour l'analyse de la peIformance. En outre, la ressource peut
être caractérisée .également comme une relation d'échange, particulièrement avec les
fournisseurs (Walsh, 1996; Powell et Dent-Micallef, 1997). Par ailleurs, la théorie des
notion de cohérence entre les segments stratégiques fondée sur des R&A reliées. En outre,
peuvent être interprétées à l'aune de la théorie des ressources. Les notions de R&A en excès et
de coûts de transferts entre des usages alternatifs prennent alors toute leur importance pour·
rendre compte d'une, part des choix stratégiques opérés, et d'autre part de leur succès
acteurs d'une ftlière apparaissent comme pouvant dégager des rentes, à partir du moment où
les ressources et les aptitudes sur lesquelles reposent l'échange ont les propriétés défmies par la
théorie des ressources. C'est qui semble ressortir de l'étude de Poppo et Zenger (1995),
Si l'on rassemble les éléments rencontrés au cours de cette section, quatre hypothèses
conftrmées par les tests empiriques. D'une part, concernant les propriétés primaires des
ressources, les ftgures IL5 et II.6. confortées par la revue de littérature empirique permettent
8 on distingue l'hypothèse générique constibJtive du courant de recherche étudié, et découlant des travaux
théoriques et empiriques analysés, de l'hypothèse de recherche propre au modèle théorique qui est testé. La
première est proche d'une conjecture. La seconde caractérise une relation qui est validée statistiquement dans le
cadre précis de la recherche.
155
m : plus fa non transférabifité tfes ressources et tfes aptitutfes tf'une firme est forte,
plus sa performance est éf.evée
Jf2 : pEus fa
non imita6ifité tfes ressources et {es aptitutfes tf'unefirme est forte, plus sa
performance est éf.evée
Jl3 : plus fa non su6stitua6ifité tfes ressources et tfes aptitutfes tf'une firme est forte,
plus sa performance est éf.evée
D'autre part, émanant de plusieurs études empiriques (Verdin et Williamson, 1994; Poppo et
Zenger, 1995; Walsh et al., 1996; Powell et Dent-Micallef, 1997), une piste de réflexion est à
explorer autour d'une autre hypothèse de recherche portant sur les relations d'échange entre
:H4: plus [es refations tf'écfiange avec [es fournisseurs et [es cfients respectent [es
propriétés pri:mair~1 plus fa performance tfe lafirme est éf.evée.
A présent, nous nous tournonS vers la seconde approche qui contribue.à l' « animation» du
Introduction
L'accent porté par la théorie des ressources aux propriétés des ressources a permis de dégager
un cadre d'analyse cohérent de la performance, par le biais de l'appropriation par les firmes des
rentes organisationnelles dégagées par l'usage des ressources et des aptitudes idiosyncrasiques.
Mais l'un des critères de la performance, telle qu'elle est étudiée en management stratégique,
156
concerne ladurabilité de l'avantage compétitif, et pose donc directement la question du
maintien des propriétés des ressources stratégiques. Comme les travaux de Schumpeter
changements des moyens et méthodes de production bouleverse par. vagues le gotha des
Courant des Ressources, l'économie évolutionniste, a développé des concepts qui peuvent être
est considérable. D'une part, les interactions entre firmes sur un marché ne sont pas des
phénomènes sans. mémoire. Les actions stratégiques peuvent être expliquées en terme de
possession ou de recherche d'acquisition de R&A. Mais les dotations en R&A ne sont pas
données ici et maintenant une fois pour toujours. L'analyse des processus concurrentiels et des
leurs propriétés. D'autre part, la survie et la perfonnance des entreprises n'est pas le fruit du
L'économie évolutionniste ouvre la voie à une conception de la stratégie fondée non plus sur la
valeur actualisée des actifs, mais sur l'estimation de leur pouvoir à dégager des rentes
micro:..économique, dans le Courant des Ressources peut s'accomplir pour une raison
sous l'angle du paradigme S-C-P nourrit aussi bien la théorie des ressources que l'économie
'157
réservoir de qualifications et de routines. La première partie de cette section souligne
Ressources sont présentés. Enfin, une troisième section porte sur l'approche hybride entre
théorie des ressources et économie évolutionniste, appelée approche par les ressources
dynamiques.
une branche à part entière de l'analyse économique. Même si l'ouvrage de référence est récent
évolution datent ~~ début du siècle (Schumpeter, 1914) voire du siècle dernier (cf.
n'est pas encore complètement balisé, et l'on retrouve en son sein différentes préoccupations
nationaux en passant par l'étude des cycles économiques (Coriat et Weinstein, 1995). La partie
des recherches qui nous intéresse concerne les relations entre ~volu~oll~ ~!~crl:):-:économiq~C?~_
Plusieurs auteurs mettent en avant le retour aux sources que représente l'économie
gènes, de sélection, etc. Walras n'avait-il pas, en son temps, indiqué la voie, parla célèbre
phrase· des Principes : «the Mecca of the economist lies in economic biology »? Le détour par
une conception de la concurrence imparfaite (Robinson, 1933) aurait cristallisé -la réflyxion . sur
l'équilibre partiel par rapport à l'équilibre général, alors qu'elle aurait pu l'orienter vers la
158
commentent les rapports entre cette économie évolutionniste naissante et la biologie, discipline
Juma, 1990; Freeman, 1990; Mokyr, 1991 ; Rosser, 1992). Les principaux contributeurs à la
cet héritage, et se placent résolument dans les traces des intuitions schumpeteriennes.
Avant tout, Nelson et Winter (1982) distinguent leur conception de la firme de celle de la
concurrence sont critiquées en ce qu'elles occultent plutôt qu'elles ne révèlent les inécanismes
de· progrès technique et d'évolution économique. Les auteurs préfèrent recourir à des
hypothèses affaiblies sur ces questions: la recherche du profit et la sélection par la concurrence
sont retenues, l'optimisation et l'équilibre écartés9, leur apparaissant comme des contraintes
trop· fortes. Ils retournent en cela aux analogies de· Marshall entre· économie et biologie .
(Hogdson, 1993).
Le point de désaccord principal concerne la distinction opérée par l'économie orthodoxe entre
la capacité à choisir parmi l'ensemble des alternatives possibles et le choix pour l'une d'entre
firme ni une condition nécessaire à son action. Nelson et Winter ne conçoivent pas de
distinction entre la capacité de choisir et le choix lui-même ainsi que le font les économistes
côté de ses savoir-faire techniques, l'aptitude ("ability") à délibérer des orientations et à les
mettre en oeuvre. Ainsi, les capacités des organisations se composent d'aptitudes à délibérer
9 La critique de la notion d'optimisation peut être trouvée dans Winter (1964). La critique de la critique de
Winter (1964) est dressée par Hogdson (1994)
-159
Il.3.1.a. Une vision comportementale de lafirme: qualifications et routines
Pour eux, le comportement d'une organisation est le résultat plus ou moins coordonné de
l'ensemble des comportements de ses membres, reposant sur leurs qualifications ("skills").
certains objectifs: "We propose that individual skills are the analogue of organizational
informatiques.". ,.
l'action. Une certaine partie de la connaissance présente dans les qualifications ne peut être
. déroule lors de l'utilisation d'une qualification n'implique à pr?pr~~~~~ parler p~~_ ~~_
de son exercice. «Orthodoxy treats the skillful behavior of the businessman as maximizing
choice, and "choice" carries connotations of "deliberation". We, on the other hand, emphasized
the automaticity of skillful behavior and the suppression of choice that this involves. ln skillful
behavior, behavioral options are selected, but they are not deliberately chosen» (ib, p94). De
telle sorte que selon les niveaux et l'importance des actions engagées, il y a un compromis entre
160
Les organisations se souviennent en faisant. En conséquence;· les. routines sont les
d'action. « Knowledge of the·routines is the heart of understanding behavior. Modeling the ftrm
me ans modeling the routines and how they change overtime» (ib, pI28).
La routine peut être vue également comme une sorte de consensus pour l'action, d'une trêve
dans les conflits éventuels entre membres. En tout état de cause, le principe de continuité du
circuit économique mis en avant par Schumpeter (1934) est revendiqué par Nelson et Winter
au sein de l'organisation par le biais des routines qui lient le comportement présent au
comportement passé, et conditionnent son développement futur -comme s'ils étaient ses
De plus, à l'instar de Schumpeter, les auteurs considèrent que l'innovation est "une nouvelle
combinaison de routines existantes". Si une routine est fiable et sans ambiguïté, elle peut être
routines peuvent être copiées par une organisation chez une autre pour égaler les performances
de sa rivale. Enftn, dans l'ensemble des routines, ils incluent les moyens et les efforts
développés pour procéder à ces nouvelles combinaisons de routines. L'innovation en tant que
comportement découle elle aussi d'une routine sans que cela implique pour autant que ses'
1 les routines opérationnelles sont celles qui, d'une période à la suivante, ne recourent pas
à de nouveaux éléments ;
ii . les routines engageant des modiftcations des capacités de l'entreprise ayant·· des
répercussions sur sa rentabilité, et ses actifs. Ces routines sont les génotypes en quelque sorte
des :f1rmes,propres à chacune et qui expliquent que les plus rentables sont conservées alors
16l .
que les autres sont en difficulté;
ru les routines de recherche, dépendantes des autres, sont utilisées en vue d'évaluer les
probabilités de leur amélioration. "Routines in general play the role of genes fi our
Les routines de recherche se distinguent des autres par trois caractéristiques. TI s'agit de
processus aux effets irréversibles, incertains et contingents. TIsfont le pont entre l'entreprise et
son environnement "These are three interrelated aspects of the single central fact that search
processes are historical processes, not repetitive and not readily separable from other processes
of historical change" (ib, pI72). Toutefois, les résultats des recherches ne sont pas aléatoires.
fis peuvent être décrits de manière stochastique comme la combinaison des probabilités de
Autant parce qu'elle s'éloigne de l'uniformité des finries plus ou moins aménagée proposée par '.'
les partisans du paradigme S-C-P, que parce qu'elle tente de défmir les concepts de ressources
théorie des ressources qui apparaît d'emblée. Notamment, deux points saillants émergent du
des ressources.
Le premier d'entre eux est évidemment l'hétérogénéité des firmes. Pour l'économie
évolutionniste, les technologies sont spécifiques en elles-mêmes, mais elles sont aussi conçues
comme idiosyncrasiques aux firmes. La théorie des ressources étend à d'autres ressources la
différence de performance technologique entre les firmes, promue par les inspirateurs de
niveau des sources de rentes. C'est pourquoi au lieu de parler d'hétérogénéité simple comme le
162
font la plupart des évolutionnistes, le tenne d'hétérogénéité foncière, en référence à la
Le second point concerne les routines. De très nombreux articles se prévalant d'une approche
par les ressources citent les travaux de Nelson et Winter. lis font le parallèle entre les routines
et les R&A. Nous avons souligné supra (il.2.1.) l'abondance des définitions des ressources,
capacités, aptitudes, compétences, etc. mais nous pourrions tout aussi bien remarquer que le
Nelson et Winter distinguent les qualifications individuelles d'une part, et les routines
organisationnelles d'autre part. La correspondance avec les ressources et les aptitudes est
transversale à leurs définitions. Dans l'approche par les ressources, la. distinction entre niveaux
individuel et organisationnel n'est pas, apparue fondamentale: une aptitude peut être
individuelle ou organisationnelle, à partir du moment où elle est 'capacité à'. Les ressources,
selon la détinition retenue, sont exploitées par les aptitudes indépendamment des trois types de
routines exposés par Nelson et Winter. En fait, les routines, selon Nelson et Winter (1982),
propriétés des ressources, telles que nous les avons définies. Nous représentons la
163
La principale différence est que l'analyse évolutionniste introduit l'idée essentielle du
changement interne à la firme comme source de compétitivité. Même s'il en reste à un niveau
l'organisation est une des clefs que la théorie des ressources (et notamment la forme dite
'faible') reprend à son compte pour légitimer l'accessibilité des rentes organisationnelles et la
durabilité de l'avantage concurrentiel. TI convient dès lors de s'interroger sur la nature des
organisationnelles.
entreprises sont des agents, c'est-à-dire des acteurs à l'origine de leurs propres transformations.
L'entreprise qui ne dispose pas des actifs stratégiques doit les construire elle-même: ':,the
,'"Y•..
strategie asset is the cumulative result of adhering to a set of consistent policies over a period
of time. Put differently, strategie asset stocks are accumulated by choosing appropriate time
paths of flows over a period of time" (Dierickx and Cool, 1989). Ces auteurs concluent que la
stratégie revient à choisir les débits optimaux pour nourrir les niveaux de stocks de ressources
d'où sont retirés les profits. La firme est une collection de ressources et d'apti~d~~_~~~ _q~~ _
Selon nous, deux grands types de transformation des R&A peuvent être distingués le
Changement: caractérise le passage d'un état d'une R&A à un état différent sans rupture de la
Mutation: caractérise le passage d'un état d'une R&A à un état différent avec rupture dans la
164
Génériquement lorsque l'on veut désigner à la fois un changement et une mutation, on utilise le
terme transformation. Trois exemples permettent d'illustrer les lieux où s'appliquent ces
Wemefelt (1984) dans la partie de son article intitUlée "dynamiC resource management" évoque
l'approche séquentielle de gestion des opportunités provoquées par la maîtrise d'une ressource
portefeuille d'activités développés par les cabinets de conseil. n n'envisage pas l'éventualité de
p180). Selon lui, les ressources ne sont pas l'objet de mutations. Les aptitudes exploitent leurs
services-plus ou moins bien. La dynamique à l'oeuvre serait donc le résultat du -déploiement des
différents services dans l'ensemble de -leurs usages possibles. Si l'on émet l'hypothèse
d'aptitudes stables sur le moyen terme, on obtient une optique d'évolution des R&A minimale,
de type incrémentaI (en référence par exemple à Quinn, 1980; Mintzberg et Westley, 1992).
Teece et Pisano (1994) postulent que les aptitudes suivent un développement conditionné par
les choix effectués par le passé et par les opportunités techniques qu'ils appellent des
trajectoires (Teece, Pisano et Schuen, 1997 ; Teece et Pisano 1994). Les aptitudes auraient
ainsi la possibilité de changer continûment tandis que les ressources pourraient être plus ou
moins imitées selon les régimes d'appropriabilité (suivant les degrés de réplicabilité et de
aptitudes.
Penrose (1959) précise quant à elle que les ressources managériales (aptitudes selon notre
terminologie) sont susceptibles de changement de nature: l' «image» que possède le dirigeant
165
de son environnement concurrentiel et des potentialités de son entreprise est modifiée par les
Penrose, et par voie de conséquence les réalisations de la firme, les ressources engagées
Ressource Aptitude
changement exploitation nouvelle déplacement le long de trajectoires,
routines (ex:Teece et Pisano)
acquisition ou développement
(ex:Wemetfelt) ;'::
Comme l'indique le tableau, les possibilités de mutation des ressources a priori sont nulles: les
localisation. Une réputation se dégrade ou s'améliore mais elk reste. une réputation ...Une- .u'_
technologie peut être plus ou moins adaptée à certaines fins mais ses caractéristiques foncières
ressource serait faire un contresens sur sa nature. Une ressource est "capacité de". Elle
La théorie de la firme proposée par l'économie évolutionniste est parfaitement compatible avec
166
celle énoncée par la théorie des ressources. S'opposant aux ,mêmes notions (équilibre,
maximisation du profit, rationalité parfaite), elle repose sur des bases communes:
regard. des ressources et aptitudes de la théorie des ressources. Elle offre de plus les
Les changements et les mutations dans les dotations en R&A des firmes, ainsi que dans leurs
propriétés foncières sont en marche. TIconvient à présent d'examiner et d'illustrer les concepts
sein du Courant des Ressources. TI distingue le Courant des Ressources des théories
stratégique. Poser la firme comme comportementale dans la gestion et l'allocation de ces R&A.
conception en terme de ressources de l'activité productrice de la firme implique que les coûts
de production et la fixation des prix est une dimension elle même intrinsèque à l'entreprise
(Langlois, 1992). Plonger les R&A dans le processus concurrentiel, où elles subissent
concurrentielles
Dans le cas des banques de l'minois, Barnett et alii (1994) exposent qu'une conception
167
évolutionniste correcte de la performance des entreprises doit intégrer une relation causale en
concurrentielle des firmes, qui dépendent de la structure et de la stratégie suivie par celles-ci.
De plus, le degré de concurrence est une incitation à l'évolution des structures et des stratégies
1978) peut-être préjudiciable en cas de changement brutal du contexte (dans le cas présenté, la
«Deux organisations rencontrant les mêmes conditions de marché pourront avoir des
performance relativement différentes si elles ont rencontré des degrés ou des types de
concurrence différents par le passé. Dans des régimes stables, les entreprises qui ont connu de
nombreux concurrents pourront avoir des performances supérieures à la moyenne [...]. En une
phrase, une performance supérieure peut être due aux ressources distinctives des entreprises, et
celles-ci évoluent indépendamment de la démographie des entreprises» (p25).
Teece (1990) retient de la perspective évolutionniste six concepts clefs, utiles au management
phénomènes de 'lock-in'. Dosi et Nelson quant à eux (1994) insistent particulièrement sur la
-- .. -- ------~----------
sélection, sur la dépendance de sentier et les rendements croissants d'adoption. Nous revenons
sur ces principales notions évolutionnistes en ajoutant à l'apport des concepts l'apport
II.3.2.a. La sélection
Pour les économistes évolutionnistes, la question centrale est celle de la sélection -
des modèles' ou qu'ils proposent des hypothèses à tester, à un moment ou à un autre, les
168
chercheurs doivent spécifier la procédure de sélection des entreprises en concurrence. A tel
sélection est exprimée en tenne de perfonnance : les entreprises dont la performance est
inférieure à un certain seuil sont éliminées, les autres sont retenues pour le tour suivant
(Zuscovitch, 1990).
Alchian (1950) avance que le hasard est un élément majeur dans le processus de sélection que
subissent les entreprises. TIimagine que si toutes les entreprises tiraient au sort leurs décisions,
certaines triompheraient -celles dont les actions sont adaptées aux conditions
Alchian, certaines entreprises sont 'chanceuses' selon une répartition donnée des ressources et
malchanceuses selon une autre. Par ailleurs, la variété des actions orientées et réfléchies n'est
pas plus grande que celle des actions effectuées aléatoirement. Donc, parmi des actions sans
succès économique patent et durable ne constitue pas la preuve irréfutable que le hasard
n'intervient pas dans le processus de sélection des entreprises qui survivent. Aussi, "les
Edith Penrose (1952;1953) répond que la sélection de l'environnement peut être une sanction
comme le prétend Alchian, mais qu'elle est souvent aussi le résultat de la concrétisation
d'opportunités de production par des entreprises: l'entreprise, qui est active, influe sur la
technologie, sur la découverte de ressources (humaines, naturelles, etc.) dont elle a besoin. De
plus, comment comparer innovation et mutation biologique? L'une est volontaire, orientée,
expected to exist if men are presumed to act randomly» (Penrose, 1953, p605). Ce point de
" ·'169
vue est vivement critiqué par Alcbian (1953) : «The significant point is that the new optimum
Metcalfe définit la sélection comme «le processus qui modifie l'importance économique
relative des diverses alternatives en concurrence» (Metcalfe, 1994, p933). « Market selection
is a dynamic process which operates· in three principal ways: through the entry of new firms
each with their own mix of competitive traits ; by the elimination of unprofitable firms from the
active population ; and, by changes in the relative importance .of surviving, profitables
technologies.» (Metcalfe, 1994, p936). TI établit le lien entre la diversité (variety) des
firmes et le bien-être social (Metcalfe, 1994). Par ailleurs, «However many dimensions there
are to the sources of competitive advantage, it is these two factors of variety and selection
précurseur. Nelson et Winter pour leur part (1982, p263) ont distingué quatre propriétés de
l'adoption d'une innovation par rapport à une autre ; ii) la manière dont :les' préférences-des----
entre le profit et ses conséquences sur les unités organisationnelles en terme d'expansion (resp.
contraction) ; iv) la nature de l'apprentissage par les organisations des conditions du succès
d'une innovation. lis résument en une phrase leur position: "We propose that a rigourous
general model of the selection environment can be' built from the specification of these four
elements : the definition of "worth" or profit that is operative for the firms in the sector, the
manner in which consumer and regulatory preferences and roles influence what is profitable,
and the investment and imitation processes that are involved" (Nelson et Winter, 1982, p266).
170
TI ressort de cette définition que la performance des entreprises- apparaît 'moins comme le
résultat de leurs actions passées que comme la condition de leur survie future. Selon que l'on
extérieur aux fIrmes revient à occulter d'une part les sous-jacents idiosyncrasiques de la
performance que sont les ressources et d'autre part à mépriser le rôle de l'accumulation, de
l'érosion et de l'obsolescence des propriétés des R&A détenues, en un mot à minimiser le rôle
future des R&A détenues en tant que condition de la performance. Elle souligne le fait que la
sélection· s'opère continuellement au cœur des entreprises par les choix stratégiques retenus et
les engagements pris, avant d'être effective au niveau du secteur (Barnett et Burgelman, 1996).
technologiques. Les choix technologiques effectués au niveau des entreprises ne sont pas
aléatoires; ils sont conditionnés, de même qu'ils conditionnent les développements techniques
à venir.
indépendants des situations passées: ils se passent dans le "voisinage" des états acquis, dans le
régime technologique correspond aux croyances qu'ont les techniciens sur les performances et
les améliorations qu'il est possible ou au moins utile d'essayer d'atteindre. Une fois les
171
des résultats qu'elles auront obtenu.
en référence à la structure des révolutions scientifiques de Kuhn (1965) : «En faisant une
analogie avec la définition donnée par Kuhn d'un paradigme scientifique, nous définirons un
technologiques choisis, basés sur des principes sélectionnés provenant des sciences naturelles
et sur des technologies sélectionnées. [...] Nous définirons une trajectoire technologique
comme le modèle jugé 'normal' des activités de résolution .de problèmes reposant un
Ces différents termes expriment l'idée selon laquelle les changements technologiques, à
-----------
Christensen et· Rosenbloom (1993) proposent une interPrétation de la performance ·des
technologique, dans le secteur des disques durs informatiques. Périodiquement, dans cette
industrie, des firmes entrent et finissent par supplanter les firmes installées. La raison essentielle
en est que les R&A détenues par les firmes installées suivent des trajectoires de développement
entreprises entrantes, en rupture avec la trajectoire suivie par les entreprises installées
172
avec la clientèle 'et la résolution des problèmes utilisateurs)· qui déplacent le paradigme
micro ordinateur, portable, notebook). L'avantage développé par l'attaquant sur les nouveaux
marchés fmit par se retourner contre les entreprises installées sur les segments de produits de la
génération précédente. Ayres (1994) propose d'autres exemples industriels (engins à vapeur,
fibre de verre, etc.) dans la même logique d'une' dynamique non linéaire et d'un progrès
n ressort de ces analyses queles services potentiels rendus par les R&A n'ont qu'une valeur
relative par rapport au contexte technologique dans lequel les R&A ont été acquises ou
construites. Les potentialités de perfectionnement de. l'usage des services, ainsi que
niveau de l'industrie, l'engagement trop précoce ou trop tardif d'une firme nuit à . la
constitution de R&A idiosyncrasiques à même de dégager des rentes. Pour rendre compte de
cette sorte de cycle de vie industriel, (Abemathy et Utterback, 1978) ont introduit le concept
de design dominant. Au début du cycle, les entreprises se concentrent sur des innovations de
produits, cherchant à se concurrencer sur les volumes et les parts de marché. Une fois qu'un
design dominant a émergé (ce phénomène est à rapprocher de celui de standardisation), les
concurrents focalisent leur attention sur les déterminants plus qualitatifs du.produits, les outils
de production devenant plus spécialisés, plus spécifiques. Ainsi, il ne sert à rien à une firme
d'introduire une innovation majeure si elle ne parvient pas à imposer son design (Rosenbloom
industrielle et des probabilités de survie des firmes: «l'émergence d'un design dominant dans
173
une industrie a une forte influence sur la survie des firmes» (p416). L'entrée dans un secteur
où un design dominant n'est pas apparu ou l'entrée tardive après son émergence augmente la
probabilité de survie. Leurs résultats portent sur six cas d'industrie : la machine à écrire,
Tushman et Anderson (1986) ont suggéré que le changement technologique est caractérisé par
une série de cycles. Chaque «discontinuité» est suivie par une «époque d'effervescence»
("era of ferment") durant laquelle la concurrence est vive autour des améliorations techniques
et qualitatives apportées au produit. Un design dominant finit par émerger qui évolue au
introduise une nouvelle période d'effervescence. «Because industry standards are not known
combine technological capabilities with the ability to shape interorganizational networks and
Pour Saviotti et Mani (1994), l'apparition des designs dominants est le résultat des processus
quantité de combinaisons de production possibles et proposées sur le marché (<< the tyranny of
combinatorial explosion », p253) ; mais d'autre part, ils permettent d'explorer de nouvelles
voies et d'introduire des innovations différentes, réamorçant le processus de variété propre aux
marchés : «the central feature of standards is that they permit the generation of variety
because they set limits on that variety » (Metcalfe et Miles, 1994, p266).
174
performance diffèrent Ce n'est qu'après l'époque d'effervescence mettant à jour le design
dominant que la focalisation sur les propriétés des R&A permet à la firme de se différencier de
ses concurrentes et de retirer de meilleures performances qu'elles. L'entrée trop précoce dans
l'appropriabilité des rentes, soit en raison de leur potentiels de services trop faibles soit à cause
processus d'évolution économique: un pas effectué .le long des trajectoires technologiques
Les rendements croissants d'adoption traduisent le fait que l'utilité d'un produit acquis par n
consommateurs sera plus grande pour le (n)ième utilisateur que pour le (n-l)ième. Ils
(David et Foray, 1994). Le lock-in exprime le fait que, à cause des rendements croissants
175
termes absolus (effet de «bouclage» du marché, de 'lock-in', sur le produit A) alors qu'un
produit B avait peut-être de meilleures qualités. Balmann et al. (1996) montrent que, même en
sentier peut conduire au lock-in si deux conditions sont réunies: la complémentarité des
David (1985) a illustré le lock-in par le cas désormais célèbre du clavier QWERTY, qui se
serait imposé du fait de l'importance des anticipations des consommateurs et des effets de
réputation, malgré l'existence d'un clavier plus performant. Par ailleurs, Arthur (1989) montre
dépendance de sentier, tels que la compétition entre deux technologies se ramène précisément
aux choix des premiers utilisateurs ou à des 'événements mineurs' (<< insignificant» ou
associés à la technologie choisie et influent donc directement sur le choix des adopteurs
suivants (Mangematin et Callon, 1995). Pour ces auteurs, les rendements croissants d'adoption
(ReA) trouvent leur source dans l'apprentissage par l'usage, les extemalités de réseau, les
Les modèles de diffusion utilisant ces propriétés conjuguées (rendements croissant d'adoption,
dépendance de sentier et lock-in) développés par Arthur et David, repris par Dosi et Foray,
de promotion de cette innovation par son propriétaire, le lock-in survient. En revanche si les
176
Liebowitz et Margolis dans·une série d'articles (Liebowitz et Margolis, 1990 ; 1994 ; '1995)
technologiques, dans les cas où les standards retenus par le marché ou les consommateurs ne
sont pas objectivement les meilleurs. Deux cas de figure peuvent se présenter : soit à la fin du
processus, le standard retenu correspond au standard qui à l'origine était de quelque manière
"favorisé" ; soit on se trouve en présence du cas opposé, le lock-in. Dans le premier cas, il
s'agit d'une simple actualisation de la supériorité intrinsèque d'un standard. Dans le second en
revanche, une proposition surprenante est établie: la sous-optimalité d'une standardisation est
peut se faire qu'au prix de la démonstration qu'à chaque pas de la diffusion un.choix meilleur
que celui qui a été effectivement retenu était permis. J;1srejettent cette possibilité en estimant
qu'il est hors de portée du chercheur de donner les raisons pour lesquelles un choix n'a pas été
effectué: il est possible de reconstituer les raisons qui président à un choix, mais déterminer les
raisons pour lesquelles on n'a pas retenu une possibilité est irréalisable. Cela se ramènerait à la
constitution d'une chronique des erreurs et des oublis, et il est impossible par définition de
Sans revenir sur cette controverse, les concepts d'irréversibilités temporelles, de rendements
performance. lis conduisent à deux réflexions principales : 1) les propriétés des R&A sont liées
à un processus d'ensemble, qui implique que le potentiel de rentes des R&A est limité par la
manière dont elles dont été mises en œuvre dans le passé; 2) la malmse du processus de
standardisation, et principalement la gestion de la relation d'échange avec les clients est une
.'177
ressource à part entière qui peut conduire à imposer un produit qui, théoriquement, ne serait
L'entreprise doit être en veille permanente pour déterminer les pas suivis par le développement
d'échange avec ses fournisseurs et ses clients. Deux: notions complètent la vision de la firme
l'origine de rentes organisationnelles n'ont pas encore été captées: les opportunités
L'établissement d'un paradigme technologique dépend des opportunités offertes par les
technologique sera à même potentiellement de dégager d'importants 'profits. Une fois que le
paradigme est partagé par les différents concurrents, les objectifs scientifiques et techÏlO-
économiques divergent, jusqu'à ce qu'une nouvelle avancée technologique débouche sur une
Pour les évolutionnistes, les moyens à disposition d'une entreprise pour protéger les
innovations et les protègent contre l'imitation par la concurrence, dans des proportions
variables, en tant qu'actifs à l'origine de rentes» (Dosi, 1988, p1139). Il s'agit par exemple des
178
brevets, du secret~ du temps, du coût d'imitation, des effets d'apprentissage, et des efforts
protection des différents régimes. Par exemple, Cockbum et Griliches (1988) montrent que
l'efficacité des brevets comme mécanisme d'appropriation des bénéfices de la R&D n'est pas
constante au travers de l'industrie. Levin et alii. (1985) donne de nouvelles preuves du lien
Foray (1991), revenant à une notion plus classique d'équilibre, introduit le concept
trouve la firme innovante : face à une opportunité technologique donnée, elle doit spécialiser
ses actifs et ses ressources pour s'approprier les rentes futures; mais elle se heurte au risque
contradiction entre· la nécessité d'intégrer. et d'associer les ressources afin de les rendre
équivaut aux mécanismes isolants, développés par certains auteurs de la théorie des ressources
(la forme forte précisément) pour justifier l'existence des rentes et des sur-performances
d'entreprises. n y a donc une grande proximité entre les deux champs théoriques sur ce point.
En effet, l'appropriabilité, vue comme l'ensemble des facteurs qui permettent à un innovateur
de capter les bénéfices de son innovation (Teece, 1986) peut être étendue aux propriétés des
ressourceslO• L'appropriabilité est ainsi explicitement citée, comme on l'a vu par Amit et
Dans ce cadre, la ·stratégie doit être en mesure de saisir les opportunités technologiques ou
179
concurrentiel construit et acquis à l'aide de R&A idiosyncrasiques. Pour les évolutionnistes, la
distribution des opportunités de profits possibles n'est pas symétrique entre les firmes: une
opportuni té également distribuée parmi tous n'est une opportunité pour personne (Metcalfe,
1994). Cela est également à la base des premiers modèles stratégiques (Learned et alii, 1969 ;
faire pour renforcer les assises du rapprochement entre les approches (Durand et Quélin,
1997), ces modèles, auxquels font référence les partisans de la théorie des ressources,
les plus susceptibles de subir des développements utiles dans le contexte concurrentiel
capitaliste sont les ressources technologiques (Nelson, 1990). Par nature, il est possible de
développer la qualité des services contenus dans une technologie en améliorant les procédés
Les modèles évolutionnistes supposent que les processus d'apprentissage et d'innovation ont
pour objectif la poursuite de meilleure performance. Les entreprises sont donc partagées entre
susceptibles de dégager des rentes supérieures11• C'est ce dilemme stratégique qui fait que les
11 Pour une distinction entre différents types de recherche sur l'innovation (recherche centrée sur la diffusion
de l'innovation, le potentiel d'innovation, et le processus d'innovation) on consultera avec bénéfice l'étude de
Wolfe (1994).
180
1982;Winter, 1984). Suivant les caractéristiques de l'environnement sélectif, la performance
Deux types d'innovations sont classiquement retenus: les innovations radicales marquent la
rupture dans la nature de la production d'un bien au niveau d'un secteur industriel: il s'agit
donc d'une mutation de la combinaison des ressources utilisées12 ; et les innovations classiques
ressources.
évolutions technologiques suivent un ordre de séquencement qui n'est pas quelconque. Les
courbes de diffusion des innovations de type logistique (Griliches, 1957; Mansfield, 1962)
caractérisent en cela les délais d'adoption des innovations et l'importance qui doit être donnée
au temps dans le processus: le marché n'est pas une instance de coordination qui peut agir
(gérer, identifier, transmettre, etc.) promptement; 2) la plupart des changements ont lieu de
manière progressive au cours du temps : la nature profonde des changements est incrémentale,
et de nombreuses innovations sont en fait des variations d'adaptation des outils à leurs
des secteurs économiques et des entreprises est lamarckienne, c'est-à-dire qu'elle repose sur
une trailsmission d'époque en époque avec héritage, et cumul progressif des avancées
côté, la permanence des trajectoires technologiques est renforcée, de l'autre, les emprunts
12 Les ressources ne mutent pas, elles changent: mais leur combinaison, elle, mute (cf. Schumpeter, 1914).
181
Essayant de faire la liaison entre les propriétés extrinsèques et intrinsèques aux fumes (nous
l'innovation et de sa diffusion. TI ne s'aventure pas à dire que les lieux de cumul des
connaissances sont les entreprises, que les lieux de rupture technologique sont principalement à
le marché13• Achilladelis (1993) illustre parfaitement ces différentes interrelations dans le cas
économique, les innovations, etc. dans le système capitaliste amène le chercheur à repenser la
«Profitability influences the pace of diffusion but, equally, the pace of diffusion will influênce
s'interroger sur la nature des propriétés fondamentales des ressources et aptitudes nécessarres
imitabilité, et substituabilité).
l'innovation engage des acteurs particuliers: les entreprises. Certains auteurs ont soutenu que
coordonner les informations disponibles pour aboutir à des productions et des créations
efficaces (cf. les travaux de Demsetz, 1972; 1995). L'innovation repose sur l'information
disponible et sur le cumul successif des informations passées, conservées sous forme de
13 Gold (1981) met l'accent sur le fait que l'environnement économique change lui-même et que le référentiel
de l'innovation évolue ainsi que sa perception relative.
182
connaissances, et transformées en apprentissage (Spender, 1996). La 'théorie des ressources se
transformations des R&A autour de ces concepts: innovation, apprentissage d'une part, et
information et connaissance d'autre part, qui influent tant sur la forme organisationnelle de
source de transformation qui peut modifier l'aptitude dans sa nature étant entendu qu'une fois
qu'un procédé a été appris, l'individu ou le groupe est apte à accomplir une nouvelle tache, à
retirer des services différents des ressources disponibles. L'apprentissage peut être à l'origine
d'une mutation des aptitudes à «traduire en actions utiles» les services potentiels des
lansiti et Clark, 1994). L'intégration peut-être soit externe: elle est reliée aux propriétés des
notions d'élicitation des connaissances tacites, d'expérience, d'heuristiques, etc. qui sont ou
,~ .
aptitudes intégratrices dirigées vers l'extérieur (ou vers l'intérieur) dans le cas de l'industrie
correspond pas à une aptitude à proprement parler. TI s'agit du phénomène, et non de la cause
d'un phénomène. L'aptitude correspondante est l'aptitude d'apprentissage qui se manifeste par
une intégration plus ou moins grande. La même remarque s'applique à notre avis à!' "absoptive
183
(intégration interne de connaissances) soit à leur mutation (changement dans la nature même
recouvre toutes les démarches visant à faire circuler l'information à l'intérieur de l'entreprise ou
etc. fi peut provenir également des résultats tirés des innovations engagées sur la gestion ou le
développement des ressources. Le second cas est le fruit de l'intégration externe d'informations
recrutement de spécialistes, etc. La mutation des aptitudes des fnmes provient essentiellement
Tableau D.IO. Nature des transformations intrinsèques des ressources et des aptitudes
au niveau de la firme 'i
Ressource A titude
APPRENTISSAGE
(inté ration interne)
de production, production
nouvelle combinaison
, ,
Cette discussion sur la nature des transformations des R&A permet de proposer un cadre
Bas, 1995), voire à l'explication de l'évolution des structures du capitalisme (Nelson, 1990) -
ce qui dépasse largement le cadre de cette recherche. Eil outre, elle montre 'de l'intérieur' 'les
184
mécanismes sous-jacents aux changements de valeur des propriétés des R&A, et caractérise les
transformations des conditions tant internes qu'externes à la firme d'appropriation des rentes
idiosyncrasiques.
Ressources, une contribution d'un genre particulier mérité d'être ajoutée: l'usage de la
légitimes mises au point par les économistes néo-classiques, au premier titre desquelles la
l'étude .de processus contraints dans leurs développement et propres à des firmes aux
ressources et routines hétérogènes pouvant conduire à des choix non optimaux n'est pas
réplicateur dynamique· (Saviotti· et Mani, 1995», les études longitudinales (Saviotti, 1994;
185
Thompson, 1996) et de population (Barnett, 1996), la théorie des jeux (Camerer, 1991;
Saloner, 1991 ; Friedman, 1991), la simulation... Parmi ces techniques, la simulation émerge
comme un moyen à part car elle ne cherche pas au sein d'un ensemble fermé d'informations
des règles ou des propriétés de structure mais elle part de règles d'action simples pour, selon
des conditions initiales et certains paramètres, explorer les évolutions du modèle de simulation
rendent désormais possibles l'étude des représentations des systèmes dynamiques qui sont trop
La discussion sur les différentes techniques de simulation ainsi que sur les divers domaines
d'application de la simulation n'entre pas dans le cadre de cette présentation. Tout au plus,
d'une part. nous appuyant sur Lane (1993a et b), l'intérêt des simulations est brièvement
système. et de ramener ces observations aux règles de comportement des éléments de base de
la simulation et aux conditions initiales. Ensuite, les simulations permettent de séparer les effets
dans le temps des agents sur le système de ceux du système sur les agents: elles représentent
mieux que les modèles analytiques les phénomènes réels (Lane; 1993a,p9l-):--Enfm;-les--·
'mondes artificiels' sont parfaitement adaptés pour rendre compte de l'émergence des
'organisations économiques hiérarchiques', pour reprendre les termes de Lane (1993,a et b),
jusqu'à la co-évolution entre les produits et les structure d'innovation et de concurrence (Lane,
Nelson et Winter sont des initiateurs de cette méthode de démonstration dans leur.ouvrage de
1982. Nelson et Winter (1982) modélisent plusieurs situations concurrentielles, qui ont
186
inspirées d'autres auteurs (Iwai, 1984; Soete et Turner, 1984; Witt; 1986 ; Silverberg et alii,
1988; Metcalfe, 1989; Eliasson, 1991; Dosi et Chiaramonte, 1993). Schématiquement, on peut
principale différence est la performance interne en terme de coût unitaire de production, sont
en concurrence pour la vente d'un bien homogène sur un marché. Ces différences de
entreprises dont le coût unitaire de production est inférieur au prix moyen du marché dégagent
des profits, et sont supposées augmenter leur production en proportion de leur performance.
Les taux de croissance, les quantités de production, les niveaux de performance ainsi que les
modifications des populations d'entreprises sont observés selon diverses autres hypothèses.
A titre d'exemple, les principaux résultats de Nelson et Winter (1982) sont: 1) la meilleure
rapidement lorsque la densité de.la population est faible; 3) la marge moyenne décroît lorsque
performance décroît avec la taille des entreprises; 8) l'industrie la plus concentrée est plus
efficace en terme d'utilisation des capacités d'innovation, mais le prix de vente moyen est
supérieur. Quoiqu'il en soit, dans tous les modèles cités, la variété entre firmes est le moteur de
l'évolution.
innovations reposant sur.la transition entre les trajectoires technologiques et les anticipations
des firmes. Ils montrent, grâce à la simulation, que sous une courbe de diffusion agrégée -dont
la forme s'apparente à la, courbe en S-les situations individuelles sont très distinctes : par
t87
exemple, les premiers adopteurs ne sont pas nécessairement les vainqueurs en terme de parts
de marché. La tension au sein des entreprises oppose l'évaluation des gains potentiels
Enfin, l'exemplè le plus ambitieux est sans conteste le projet MOSES, le modèle de simulation
de l'économie suédoise (Eliasson, 1991, 1992, 1994). fi a la particularité de faire le lien entre
économique sur certains points fondamentaux, doit chercher à développer des outils appropriés
de démonstration de ses hypothèses. Plusieurs techniques sont déjà utilisées notamment pour
permettant de dynamiser la théorie des ressources ont été présentés rapidefueïitdans' les
paragraphes précédents. fis concernent tout d'abord des règles de conditionnement temporel
des actions possibles d'amélioration des R&A et de leurs propriétés. Le développement des
R&À n'est pas stochastique : il est conditionné par les actions passées, et les caractéristiques
l'appropriation des opportunités technologiques sont des gages de performance future pour les
d'accroître les possibilités d'exploitation des services des R&A, et d'autre part de renforcer
188
dans la durée les propriétés de non transférabilité, de non imitabilité et de non substituabilité.
189
Récemment, des tentatives de synthèse des deux approches théoriques du Courant des
Ressources ont émergé. L'intérêt de ces tentatives est qu'elles mettent l'accent sur des notions
importantes : sur le plan interne, la coordination des activités, et sur le plan externe, la co-
évolution des ressources et du cadre concurrentiel. Toutefois, elles déftnissent la firme à partir
des connaissances et de l' infonnation -ce qui représente un risque de dissolution de la base
,'Y
..
Définition et mouvances de recherche
Reposant explicitement sur la conception de la firme comme un creuset de R&A mais aussi de
la firme (Arrègle, 1995). «Nous postulons que l'avantage compétitif provient des ressources
dynamiques enracinées dans les routines les plus rentables à l'intérieur de la fmne, enchâssées
comme les valeurs, l'identité ou l'expérience organisationnelles, ces aptitudes ne peuvent être
lansiti et Clark (1994) définissent quant à eux les "dynamic capabilities" ainsi : «aptitude d'une
190
développer. et à conserver les capacités organisationnelles, qui traduisent ces bases de
connaissances en actions utiles» (lansiti et Clark, 1994,p563). Les aptitudes dynamiques sont
aux aptitudes reproductives ce que les routines de recherche sont aux routines génériques
Elles sont donc stratégiques. Mais les innovations posent de nouveaux problèmes aux individus
et aux organisations, tant sur le plan de leur résolution que sur celui de l'apprentissage. ,2) Or,
résoudre des problèmes est à la base de la constitution de connaissances -et ces connaissances
sont à l'origine d'innovations. Par conséquent, il y a un double mouvement, qui se déploie dans
le temps, qui alimente le processus d'innovation. Les aptitudes permettant de gérer, d'une part,
l'acquisition des connaissances et, d'autre part, contribuant à la résolution des problèmes, sont
des aptitudes dynamiques -et. des aptitudes stratégiques. n s'ensuit que l'acquisition de
Sur ces bases deux types de recherches sont menées: celles qui focalisent leur attention sur les
ressources (Sanchez, 1995), et celles qui veulent dépasser ce premier point de vue en
«dématérialisant» la firme pour ne plus voir d'elle que les aptitudes (Mahoney, 1995)
production. Cet auteur souligne les deux défis essentiels des managers face aux marchés
dynamiques :, «1) identifier et acquérir l'usage des ressources flexibles qui peuvent offrir à la
191
flexibilité des ressources disponibles de la firme» (Sanchez, 1995b, p138). Pour lui,
technologique, l'innovation radicale est considérée par l'approche par les ressources
p354).
Le progrès d'une technologie n'est plus conçu seulement comme une trajectoire le long d'un
régime 'naturel', mais comme la conséquence des évolutions particulières d'éléments précis de
Rosenkopf, 1992). Brousseau et Rallet (1995) dans cet esprit insistent sur les conséquences de
firmes et leur accès à une plus grande flexibilité.Youndt et al. (1996) focalisent leur étude sur
l'enrichissement continuel des qualifications des hommes et des équipes afin d'améliorer la
goûts des clients (Youndt et al., p859). La coordination interne émerge comme un élément
rentes organisationnelles : alors que le système de prix est censé coordonner l'économie, la
coordination interne à la firme permet d'intégrer et de développer les R&A de la firme (Teece
192
·« Dès que l'on suppose que les marchés sont raisonnablement efficients et que l'avantage
concurrentiel n'est pas complètement la conséquence d'asymétries d'information sur ces
marchés ou de la stupidité des concurrents, les aptitudes à l'origine de rentes doivent
naître à l'intérieur des firmes si elles ont porteuses de valeur. Puisque la provenance de
toutes les ressources tangibles réside hors de la firme, il .s'ensuit que l'avantage
concurrentiel est plus susceptible d'émerger des connaissances intangibles spécifiques à
l'entreprise qui lui permettent d'ajouter, de manière idiosyncrasique, de la valeur aux
facteurs de production intrants » (Spender, 1996, p46).
« Au lieu de considérer les dirigeants d'entreprise comme des producteurs de règles, les
employés comme· ceux qui les suivent, et les firmes comme des fonds de ressources
tangibles, nous avons besoin d'une théorie d'un genre différent reposant sur la
connaissance, où les organisations supportent des alliances entre des entités
indépendantes créatrices de connaissances, qu'elles soient des individus, des équipes ou
d'autres organisations, et où les ressources tangibles sont subordonnées aux services
qu'elles procurent» (Spender, 1996, p47).
Pour les chercheurs de cette mouvance, la théorie des ressources dynamiques trouve ses bases
dans la volonté de construire une théorie alternative de la firme autour de deux questions
d'objectifs communs (Tsoukas, 1996). Aucun agent ne peut à lui seul maîtriser l'ensemble de
l'information nécessaire au bon déploiement des ressources et des compétences. Les firmes
sont donc des systèmes distribués de connaissance. Comme par ailleurs, les systèmes
connaître précisément quelles seront les connaissances pertinentes à utiliser demain. A tout
instant du temps, la connaissance d'une entreprise est la résultante indéterminée des tentatives
individuelles de gérer les tensions inévitables entre les attentes conformes aux règles acquises,
les aptitudes des différents membres de l'entreprise14 et les contextes locaux (les heuristiques).
Grant (1996) se réapproprie les différentes propriétés des ressources qu'il applique aux deux
14 ... et leurs stratégies individuelles; voir le débat sur la nécessité d'intégrer la notion d'opportunisme, chère à
la théorie des coûts de transaction dans une théorie de la fIrme fondée sur la connaissance, et les aptitudes
(Canner et Prahalad, 1996; Kogut et Zander, 1996; Foss, 1996)
193
grands types de connaissance qu'il distingue, à la suite d'autres: tacite et explicite. Ayant posé
mieux que le marché, à partir de ces propriétés, il déduit les besoins nécessaires en terme de
sont par là expliquées. Dès lors, le degré à partir duquel une capacité dynamique est
des connaissances au sein de l'entreprise. L'accent doit être placé, selon lui, de manière
essentielle sur le rôle de l'individu en tant que principal acteur, récipiendaire de l'information et
créateur de la connaissance
L'objet de cette partie n'est pas de détailler plus avant les présupposés théoriques de
évolutionnistes.
Deux apports essentiels nous semblent caractériser l'émergence de l'approche par les
sur les bases de la théorie des ressources: la firme est conçue comme un fonds de ressources et
(Spender, 1994 en montre le potentiel de rente; Non*a et al. 1994, et DiBella et al. détaillent
194
théorie renouvelée de la firme cherche en outre à. éliminer les autres hypothèses
tel l'opportunisme (Conner et Prahalad, 1996; Kogut et Zander, 1996; Foss, 1996).
Le second apport concerne la mise en exergue d'une notion qui n'était pas apparue dans toute
son importance suite à l'étude séparée des approches stratégique et économique du Courant
des Ressources : la coordination interne. Les auteurs qui traitent des ressources dynamiques,
de la base technologique et de l'innovation tirent de leurs analyses le rôle crucial joué par la
(Christensen, 1994; Mueller, 1994). La coordination interne à l'entreprise s'appuyant sur des
préservation des propriétés primaires et secondes des autres R&A (Farjoun, 1994; Mueller,
1996; Kamoche, 1996). La coordination interne permet de renouer avec deux inspirations
proposées par les précurseurs: l'importance de la ressource humaine soulignée en son temps
par Penrose, et la dimension, propre aux routines, de trêve (truce) dans les conflits et les
discussions vaines, énoncée par Nelson et Winter (Cohendet et al., 1994). L'avantage
concurrentiel est conçu comme reposant sur des processus distinctifs (les manières de
coordonner et d'intégrer) formés par les positions en terme d'actifs spécifiques des firmes (les
ressources et aptitudes) et les pas d'évolution qu'elles ont adopté ou hérité (Teece et al., 1997,
p509). Un modèle d'analyse de la performance individuelle des firmes devrait donc comporter
Toutefois, il faut se garder de considérer que tous les développements récents, pour fertiles
qu'ils apparaissent, sont des progrès -en ce qui touche à l'explication de la performance tout au
moins. En effet, si l'on peut concevoir que la vision des ressources productives doive tourner
de flexibilité de production comme le fait Sanchez, il nous est plus difficile de mesurer la valeur
'195
réelle de la théorie de la firme comme système d'information et de connaissance distribuées.
Plusieurs raisons nous paraissent devoir justifier cette réticence à vouloir épurer la fIrme:
l'avantage concurrentiel. Grant et Spender oublient donc ce qui était la première des
idéalisé. TI s'agit d'un cadre à peine réactif dans lequel s'inscrit la firme: les clients, les
fournisseurs, et les concurrents sont mis au second plan, ainsi que l'évaluation des tenants et
l'industrie manufacturière, sont essentiellement des outils et des sites de production, des
flexibilité de production s'inscrit bien dans le cadre d'une fIrme dont la nature est d'être
productrice. Ce ne semble pas être le cas dans la conception centrée sur -l'information etla---- -
connaissanCe dont le champ d'applications serait dès lors plutôt l'étude économique des
industries de services.
connaissanCe sur l'individu (Grant, 1996). De même que la fIrme était idéalisée et le cadre
concurrentiel effacé, l'individu surgit dans la plénitude de ses capacités sans que le groupe au
sein duquel il travaille n'émerge comme adjuvant, catalyseur, ou créateur. TI nous semble que
196
l'apprentissage peut être organisationnel (voir les travaux d'Argyris par exemple), et que le
rôle des groupes dans la constitution des aptitudes n'est plus à faire. Par conséquent,
l'individualisation à laquelle aboutit cette vision de l'entreprise ne nous apparaît pas comme
organisationnelles, par les flux, la nature, la répartition et la complexité des informations et des
coordination économique qu'est la firme. TI est difficile à la fois de penser l'individu comme
maintenir que la firme est une collection continuée de R&A et de routines. En fait,
pour le ramener à l'individu. TI ne s'agit pas pour nous d'un progrès, mais d'une régression à
une vision néoclassique atomistique de la structure des marchés, appliquée au facteur humain.
Par conséquent, sous des couverts évolutionnistes, cette conception a des conséquences ou des
197
qui faisait la force du Courant des Ressources: concevoir
3. la nature productive de l'entreprise (les propriétés des R&A à l'origine des rentes) ;
Pour ce qui nous concerne, c'est autour de ces piliers que nous bâtirons notre modèle
théorique.
durant une période, à perdre leur avantage concurrentiel. Les grandeurs principales
responsables de cet affaiblissement progressif des propriétés des R&A sont l' innovation- et
Tapprentissage des concurrents. Ces conditions évolutives -des propriétés -des -R&:A-soni-
internes aux firmes, en quelque sorte, elles lui sont endogènes de même que les potentialités
L'approche par les ressources dynamiques rend ainsi compte de l'aspect dynamique de la
al., 1996). En évaluant les propriétés des ressources et aptitudes, elle inclut indirectement les
198
«construction» des ressources et aptitudes. Blacket Boal (1994) développent l'idée d'une
déterminant. Leur analyse repose sur une conception des combinaisons entre les propriétés des
ressources tirée de la théorie des réseaux. On peut également citer l'article de McGrath et a1ii
(1995) qui porte sur le développement des aptitudes. Dans cet article, les auteurs introduisent
caractérise l'état de fait suivant lequel l'ensemble des membres d'une organisation travaillant
ensemble sont à même de faire fi du degré de complexité du problème qu'ils traitent car ils
émettent implicitement l'hypothèse que chacun comprend de quoi il est question. L'habileté
« est .une qualité qui permet dans un groupe que des interactions pertinentes soit menées au
moindre coût» (McGrath et alii, 1995, p256). Les auteurs proposent donc l'enchaînement
logique suivant:
Compréhension
Aptitude émergente •• ' .... ~A vantage concurrentiel ~... ~_~ Rente ..
Habileté
L'aptitude est définie comme le fait d'atteindre les objectifs fixés au préalable. L'idée est que si
les objectifs précis ont été atteints, l'aptitude de l'organisation à se mettre d'accord et à gérer
les problème de mise en oeuvre est grande. Les auteurs, à la suite de leur analyse de données,
remarquent que la compréhension influence l'habileté des membres de l'équipe à gérer les
situations, et réciproquement. Bnfm, ils limitent la portée de leur étude à une association entre
ces facteurs et la rente, sans que la relation soit déterministe (d'où les flèches pointillées).
Or comme nous l'ont enseigné l'examen des conditions d'apparition de la performance et les
différents modèles étudiés (peteraf, 1993; Amit et Schoemaker, 1993), les FSS (facteurs
sélection à l'oeuvre (en terme de structure comme de processus), peuvent influer sur les
199
conditions de l'appropriabilité des rentes dégagées en puissance par l'usage des services des
R&A. Plusieurs articles à destination des praticiens ont montré l'importance de ce phénomène
(Moore, 1993; Boisot et Mack, 1995; Achi et al., 1996; Hamel, 1996).
Collis (1991) tente dans cet esprit de faire la connexion entre l'analyse purement économique
de la stratégie (qui est difficile à mettre en oeuvre) et l'analyse par les ressources. TI met en
évidence trois notions qui expliquent le développement d'entreprises d'un secteur industriel à
structure industrielle est la plus attractive en terme de revenus espérés, mais dans les activités
où les caractéristiques de leurs compétences cœur sont susceptibles de leur donner un avantage
organisationnelles. Les réorganisations internes sont conduites aQtant pour maintenir les
propriétés de ces aptitudes, que pour suivre une stratégie définie a priori. Enfin, compte tenu
production pourront être conservées pendant longtemps sur ces nouveaux marchés bien
qu'elles soient sous~optimale_s. Collis met par conséquent bien en avant plusieur~ déte~l!an~
des propriétés des ressources et aptitudes qui aboutissent à un conditionnement des choix
Dans la lignée de Collis (1991), Miller et Shamsie (1996) illustrent le fait, dans le cas du
cinéma américain de 1936 à 1965, que les ressources ayant assuré le succès des studios entre
1936 et 1950 différaient de celles nécessaires dans la période suivante. Dans l'environnement
stable de la première période, les ressources tangibles contrôlables (contrats exclusifs avec des
200
début de l'ère télévisuelle, par les aptitudes intangibles non disponibles. (gestion financière,
propriétés des ressources et l'environnement avait été traité préalablement à l'aide d'une
méthodologie différente par Venkatraman et Prescott (1990). Helfat (1997) illustre le même
phénomène à partir des changements subis par l'industrie pétrolière américaine durant les
décennies 70 et 80. Elle montre que les firmes possédant le plus large éventail de ressources
lorsque les prix de pétrole connurent les hausses de 1973 et 1979. D'autres auteurs insistent
sur les réactions des concurrents qui peuvent renforcer le processus d'innovation et
d'obsolescence des R&A détenues par un effet d'entraînement appelé l'effet de la reine rouge
En ce sens. l'analyse débouche sur une conception de la co,-évolution des R&A et de l'industrie
Myatt, 1994). L'article de Levinthal et Myatt applique au secteur des banques mutuelles depuis
leur création jusqu'en 1984 un modèle qui met en avant: les entreprises comme collections de
R&A; des forces obligeant les firmes à se concentrer sur certaines activités (l'apprentissage,
banques; et des effets d'entraînement qui à partir de choix des fIrmes limitent ou étendent leurs
développements futurs. Les principaux résultats semblent montrer que les effets de
conditionnement de la position concurrentielle est peu affectée par les allocations en ressources
et par les engagements internes à l'organisation -mesurés grossièrement par le modèle- mais
l'est fortement par la part de marché et les relations d'échange. En outre, un facteur renforce
l'hétérogénéi~ des fIrmes (la part de marché en tant qu'incitation à créer de nouvelles relations
avec les souscripteurs et les clients) spécialement quant aux relations d'échange entre les
201
banques et leurs clients, tandis que d'autres la limitent (la stabilité des relations existantes, le
concurrentielle d'une firme peut être considérée comme le résultat des liens entretenu avec des
évolutionniste. Les présupposés de base concernant la théorie de la firme, présentés par Nelson
et Winter (1982) dans la lignée des travaux de Schumpeter (1934, 1942) sont cohérents et
compatibles avec ceux énoncés par la théorie des ressources. lis s'opposent aux mêmes
sélection.
question de la sélection au sein des modes de coordination économique que sont le marché, et
en tant que garants des transformations futures des ressources et des aptitudes. La préservation
202
ou le développement des propriétés des R&A, sources de l'avantage concurrentiel et des
De l'examen de ces différents apports, une piste de recherche -parmi de nombreuses autres-
En effet, plus l'entreprise réagit vite, plus les R&A sélectionnées peuvent être remplacées par
d'autres ou améliorées en interne pour les faire échapper au déterminisme temporel qui les
caractérisent. Par ailleurs les opportunités peuvent être saisies plus vite et les rentes
appropriées plus rapidement. Enfin, plus l'entreprise agit vit, moins ses mouvements sont
facilement imitables.
Les tentatives récentes de fusion entre les deux approches théoriques qui coexistent au sein du
Courant des Ressources permettent de mettre à jour une dimension importante, celle de la
synthèse entre les deux approches conduit à 'dématérialiser' l'entreprise, et risque de rendre
confuse la conception saine de la ftrme, sur laquelle repose le Courant des Ressources. En ce
qui nous concerne, nous ne pensons pas qu'il faille bâtir une théorie de la ftrme fondée
émerge comme étant un moyen essentiel de catalyser les R&A de l'entreprise. Une hypothèse
116 : plusle niveau ae cooraination interne est é{evé,plus [es 1<.&.91.. ont ae cliance a'être
non transjéra6fes, non imita6fes et non su6stitua6fes, et plus fa perfonnance est en
conséquence é{evée
203
Par ailleurs, certaines recherches analysent sur longue période les effets de la co-évolution
caractéristiques intrinsèques. Pour l'approche par les ressources dynamiques, il semble clair
que particulièrement deux effets doivent être pris en compte qui influent sur la relation entre
Effet 1 : d'une part, les propriétés des ressources évoluent au cours du temps, sous les effets
des innovations et de l'apprentissage. Par conséquent, les effets prévisionnels d'une collection
de R&A sur la performance peuvent être contredits par l'évolution locale des propriétés des
R&A stratégiques ;
Effet 2 : d'autre part, la relation entre les propriétés des R&A d'une firme et sa performance
est en partie dépend~te de l'évolution des collections de R&A des entreprises concurrentes.
Toutefois, il semble difficile de démêler l'écheveau des causes et des conséquences dans un
contexte ou des hypothèses sont formulées aussi bien sur les conditions environnementalesque
Pour définir le cadre d'une stratégie susceptible de déboucher sur la meilleure performance,
l'analyse interne des ressources et des aptitudes et de leùrs propriétés ne suffirait donc pas.
L'effet des conditions environnementales à l' œuvre infléchirait les potentialités de rentes des
R&A détenues. n s'agit en quelque sorte d'une introduction dans le Courant des Ressources
d'une influence externe à la firme d'une nature très particulière. La contrainte de structure
l'économie évolutionniste au Courant des Ressources est une détermination temporelle des
propriétés des R&A. n ne s'agit pas de rapports de force ou de position de monopole, mais
204
d'évolution, de développement, de processus, de pas, de transformations suivis par les
ressources technologiques d'une part, et plus généralement par l'ensemble des autres R&A
(Durand, 1997).
Le Courant des ressources a été analysé au cours de ce chapitre. Les deux .approches
théoriques qui le constituent ont été présentées. Au cours de l'examen de la littérature, tant
supportées par des travaux empiriques. Dans le chapitre·suivant, nous nous appuyons·sur cette
base afin de construire le modèle·théorique de notre travail, et de présenter les hypothèses qui
205
CHAPITRE III. CONSTRUCTION DU MODELE THEORIQUE: UNE
EXPLICATION DE LA PERFORMANCE TIREE DU COURANT DES
RESSOURCES
Synthèse 298
206
Ce chapitre est l'aboutissement du travail effectué dans les chapitres précédents. Nous avons
tout d'abord inscrit le Courant des Ressources en tant qu'objet de recherche pertinent pour
Courant des Ressources ont été présentées. D'une part, l'approche stratégique d'analyse
statique et relative des conditions de la perlormance, la théorie des ressources, a été détaillée.
Les ressources et aptitudes sont définies ainsi que les propriétés primaires et secondes
à jour un certain nombre d'hypothèses de recherche génériques qu'il est nécessaire dans ce
Ce chapitre permet, d'une part, de présenter les éléments de base de notre modèle théorique.
D'autre part, ce chapitre détermine, à partir des hypothèses génériques du Courant des
Ressources. les différentes hypothèses utilisées dans notre cadre de recherche. Enfin, dans une
l' opérationnalisation des variables ainsi que la présentation du modèle statistique utilisé:
Lisre!.
recherche génériques ont été recensées, émanant des présupposés théoriques des courants
207
rappelées dans le tableau ci-dessous (Tableau ill.l.)
plus la non transférabilité des ressources et des aptitudes d'une firme est forte,
lus sa erformance est élevée
plus la non imitabilité des ressources et des aptitudes d'une fIrme est forte,
lus sa erformance est élevée
plus la non substituabilité des ressources et des aptitudes d'une fIrme est forte,
lus sa erformance est élevée
J{4
J{6 plus le niveau de coordination interne est élevé, plus les R&A ont de chance
d'être non transférables, non imitables et non substituables, et plus la
performance est en conséquence élevée-
Ces hypothèses génériques conduisent à s'interroger, dans le cadre de notre modèle théorique
sur trois points: d'une part, sur la conception de la firme; d'autre part, sur les propriétés des
firme qui soit idéalisée, dématérialisée, individualiséeet qui fInisse par oublier les contraintes
208
1. une conception productive de l'entreprise (à laquelle font référence Hl, H2 et H3)
2. une conception de l'entreprise engagée dans des relations verticales d'échange (H4)
3. une conception qui prend en compte le rôle particulier de la coordination interne (H6)
Ces trois piliers constituent à notre avis les conditions minimales pour pouvoir définir une firme
selon le Courant des Ressources. TI est possible d'ajouter d'autres éléments, comme par
donc bien conscients que nous ne retenons dans le modèle théorique que les éléments
prioritairement par les outils techniques et technologiques qu'elle utilise pour produire les biens
qu'elle offre sur le marché. Par conséquent, il paraît indiscutable qu~.la firme manufacturière
doive être au minimum définie par ses «ressources productives », ainsi qu'elles seront
Une des erreurs principales de la théorie de la fume reposant sur l'information est qu'elle ne
prend pas en compte les rapports de l'entreprise avec les parties prenantes du processus
économique global. La logique des échanges de l'entreprise avec les autres entités
ventes. TI a été abondamment commenté dans la revue de littérature empirique que les liaisons
de cohérence au sein de la diversification, ou les influences entre les entreprises et les niveaux
performance (Verdin et Williamson, 1994; Levinthal et Myatt, 1994; Poppo et Zenger, 1991
et 1995; Walsh, 1996; Powell et Dent-Micallef, 1997). Par ailleurs, les relations avec les
209
clients et fournisseurs pour particulières qu'elles soient aux industries sont des constantes de
l'ensemble des secteurs étudiés. Ce sont des indicateurs à la fois suffisamment. généraux et
propres aux. entreprises. lis donnent en outre une indication sur la conception du système de
valeur dans lequel sont engagées les entreprises. Enfin, ils offrent la possibilité de qualifier des
performance de la firme, ce qui s'accorde avec l'idée que les propriétés des R&A sont conçues
comme des interfaces entre les organisations économiques distinctes de la firme et du marché
(Tarondeau, 1993).
C'est pourquoi notre modèle théorique contient une évaluation du rapport entre l'entreprise et
ses clients et ses fournisseurs, afin de déterminer si les liens privilégiés entre les niveaux
Finalement. le rôle de· la coordination interne apparaît comme une condition fondamentale ..
d'une part de l'utilisation des services des R&A, et d'autre part de· la promotion de
ressources. Sans que l'objet d'étude soit le processus de constitution de la connaissance en lui-
même. ou le rôle précis des coordinateurs dans les processus d'innovation, ou encore l'impact
interne minimale du niveau de coordination interne de l'entreprise doit figurer dans le modèle
théorique. Par conséquent, on cherche à utiliser une mesure du niveau de coordination interne,
TI a été montré au chapitre II que les propriétés des R&A se décomposaient en un double
rideau, certaines propriétés étant explicatives d'autres plus génériques, toutes ayant une
influence (directe ou indirecte) sur la performance. Compte tenu de la nature de cette étude, il
21"0
n'était pas possible d'entrer dans le détail des propriétés secondes où s'expriment des
différences très conceptuelles. Nous avons donc concentré notre attention sur les propriétés
Si l'on croise les propriétés primaires des R&A avec les trois éléments essentiels constitutifs de
la firme, on obtient au moins neuf relations à traiter (ou douze si l'on distingue rapports clients
considérées, on finit par aboutir à plusieurs dizaines de relations à tester, ce qui, au lieu
d'apporter un éclairage sur le problème risque de l'obscurcir. Par conséquent, de même que
nous avons retenu les éléments constitutifs minimaux pour définir une entreprise dans le cadre
de notre modèle théorique, de même il faut s'interroger sur les propriétés minimales,
suffisantes pour que l'entreprise puisse s'approprier les rentes, et être performante.
Nous avons synthétisé dans le tableau suivant les cinq critères que nous avons retenus dans
relations aval X
coordination interne x
Globalement, la question qui se pose est celle de savoir si l'ensemble des propriétés des R&A
est requise pour la constitution de rentes idiosyncrasiques, ou si seulement quelques unes sont
nécessaires et suffisantes. Pour notre part, nous considérons que plus les ressources possèdent
les propriétés primaires déterminant la performance, plus elles sont susceptibles d'obtenir de
bons résultats. Toutefois, le faitde posséder au minimum une des propriétés est déjà un gage
211
de la performance potentielle de l'entreprise.
Cependant, concernant les ressources productives, nous avons désiré en retenir au moins deux
sur trois pour réduire les risques d'erreur. La non transférabilité et la non imitabilité sont donc
introduites dans le 'modèle théorique préférentiellement à la non substituabilité car elles sont
plus référencées dans la littérature que cette dernière. Par ailleurs, elles ont été utilisées par
pragmatisme : en effet, il nous a paru plus difficile de mesurer le degré de substituabilité que
dans son processus de production, mais aussi la manière dont les concurrents peuvent ou non y
substituer leurs R&A propres ou une nouvelle combinaison de ressources. Par conséquent, il
aurait fallu non seulement évaluer la teneur des ressources de l'entreprise mais aussi dans une
seconde étape évaluer la manière dont elles pourraient être substituées par la concurrence.
Tout cela à partir de questions posées à une entreprise. Or, on. peut imaginer la difficulté que ,.
représente, pour une entreprise, l'évaluation de son degré de substituabilité puisqu~illui faut à
l'imitabilité correspondent à des mesures plus directes des ressources de l'entreprise. Elles
Concernant les rapports verticaux d'échange, la non transférabilité d'une relation amont ou
aval est à proprement parler impossible dans une situation concurrentielle normale, si l'on
les parties prenantes du rapport d'échange ont la liberté de contracter avec qui bon leur
semble. Par conséquent, la propriété de transférabilité ne nous semblait pas la plus à même de
caractériser la relation de construction de rentes qu'une entreprise peut nouer soit avec ses·
clients soit avec ses fournisseurs. Restaient donc les propriétés d'imitabilité et de substituabilité
des relations de filière. Les deux sont potentiellement importantes pour ce qui touche à la
performance des entreprises de l'industrie manufacturière. On remarque d'une part que l'on
212
peut chercher à n'évaluer que l'une des deux -chacune étant une condition suffisante de la
performance- et d'autre part, qu'il est préférable d'évaluer la même pour les deux relations
(amont et aval). Nous avons retenu la propriété de non substituabilité pour les deux relations
de filière pour la raison suivante: une relation de filière non imitable peut être malgré tout
substituable tandis qu'il apparaît difficile qu'une ressource non substituable soit strictement
imitable, puisque la partie prenante en jeu (fournisseur ou client) doit être substituée par une
autre, qui ne peut compte tenu de l'hétérogénéité foncière des firmes lui être exactement
similaire. Par conséquent, dans le cadre précis des relations entre parties prenantes du système
de valeur, on privilégie dans cette étude la non substituabilité,/que l'on décline en non
Enfin, la notion de coordination n'a pas été analysée en tant que telle par ses propriétés
conséquences qu'elle pouvait avoir sur les autres déterminants d~ la performance. En fait, on a
dans le Courant des Ressources. C'est pourquoi la variable latente de coordination interne
d'une structure causale qui regroupe les cinq variables explicatives (tableau ill.2.) mesurées à
un moment du temps. Cinq des six hypothèses génériques sont ici concernées. Seule ,.g, qui
relie la rapidité d'action avec la performance n'est pas prise en compte puisqu'elle introduit la
dimension temporelle dans le modèle. Par ailleurs, une autre hypothèse de base, que l'on
pourrait coder j{O intervient dans la conception de la dimension temporelle dans le Courant
213
des Ressources. TI s'agit de la conservation dans le temps des possibilités d'appropriation des
rentes idiosyncrasiques (supra, tableau I.6).Le modèle théorique proposé est un modèle
structurel, et l'introduction d'un décalage temporel ne doit pas affecter les sources
La manière la plus directe de vérifier cette hypothèse consistait à prendre une mesure des
que nous avons retenue, pour sa simplicité -et également parce que la base de données
SESAME sur laquelle nous travaillons n'offre guère pour l'instant que cette possibilité (elle
Le modèle central de notre recherche est le cas A. La structure causale est constituée par des
données de 1995 et 1996. Le cas B consiste à tester !IlO, c'est-à-dire si, à partir de données
Toutefois, nous ne nous sommes pas satisfaits de cette approche en variation qui ne permet pas
de tester !Il5. Suivant l'exemple de Nelson et Winter (1982) et les conseils de Wernerfelt
- (1984), nous avons voulu mettre au point une simulation informatique modélisant l'évolution
le cas C, qui fait l'objet de l'avant dernier chapitre de ce travail, ne se veut pas une conclusion.
Elle est au contraire line ouverture vers une conception différente de l'économie, et de ses
214
interrelations avec le management. Il s'agit d'une tentative originale de simulation informatique
évolutionniste du modèle théorique. Le chapitre qui lui est consacré reprend les origines du
projet, son imbrication foncière dans l'ensemble de ce travail, sa mise en œuvre, et ses résultats
expérimentaux. TIforme à lui seul un ensemble autonome sur lequel nous ne reviendrons guère
d'ici là
Par conséquent, globalement, le processus de recherche que nous proposons de tester répond à
plusieurs phases logiques, qui à chaque étape, permettent de mieux comprendre les
( DECRIRE
•
J-. { 1 •
EXPUQUER J-{_. ,
SIMULER_J
processus de recherche, aboutit à l'analyse des trois cas d'étude empirique, présentés dans la
figure IIIA.
Figure ill.4. Les trois cas d'étude de notre travail de recherche empirique
Simulation informatique
CasC
- ................•
: H5 :
..................... :
215
Avant de passer à la fomlUlationcirconstanciée des hypothèses de notre modèle théorique, il
où Pi est une estimation d'un profit réalisé par la firme i, c'est-à-dire de la différence entre son
prix de vente et son coût marginal de production, Siest la part de marché de la ftrme, Cj, est
une mesure de la concentration du secteur d'activité j, Bj est une estimation des barrières à
l'entrée, Xi sont d'autres facteurs de la firme susceptibles d'expliquer sa conduite et son profit,
ACj sont des facteurs influençant la structure industrielle et la performance des firmes, Dj
Dans beaucoup d'étude, en pratique, l'analyse se situe au niveau du secteur, et l'équation (1)
devient:
Le passage des indices i aux indices j traduit le passage du niveau individuel à la prise en
216
n'est plus la performance individuelle, mais la performance d'un secteur par rapport à un autre,
théoriques.
Des problèmes de mesure surgissent dès que l'on veut tenter d'approcher la valeur de Pi. En
effet, le coût marginal de production est la plupart du temps inconnu pour le chercheur -et
pourrions nous rajouter par certaines entreprises elles-mêmes. TI faut donc utiliser des variables
approchées. Dans la pratique, trois grands types d'indicateurs sont utilisés pour évaluer la
évaluer la faculté de l'entreprise de placer son prix au-dessus du prix moyen de marché, -à
défaut d'avoir le coût marginal de production. Le PCM est calculé au niveau des sites de
production des firmes, et non de l'activité globale. TI suppose donc de détenir des informations
très fmes:
où TV est le total des ventes au niveau du site industriel, CM est le coût des matières et MS la
masse salariale.
la firme, tant au niveau individuel, qu'au niveau de sa performance de marché. Si cette mesure
a l'avantage d'essayer de se situer au plus près de l'exploitation des entreprises, elle souffre de
certaines imprécisions plus ou moins grandes suivant les activités:. importance du stock,
217
Par exemple, Domowitz, Hubbard et Petersen (1986) ont trouvé que la relation entre le PCM
période 1958-1981, s'accordant en cela avec les hypothèses du paradigme S-C-P sur la
disparition des sur-profits sur long terme. Par ailleurs, ils ont mis en évidence le caractère
fortement pro-cyclique de cette mesure dans les industries fortement concentrées : en période
proportionnellement plus que celui des entreprises des secteurs moins concentrés.
Nous ne disposions pas des données précises sur les coûts de revient des différents sites
ressources a été introduite par Tobin à la fin des années 60, et utilisée à l'organisation
industrielle au début des années 80 (Lindenberg et Ross, 1981). Le q de Tobin est donné par la
formule:
q = (Mc + Md) / Ar
capitalisation boursière par exemple, et la valeur total de ses dettes (Md), et le dénominateur
tandiS que le dérlominateur est une 'estimation plus comptable du remplacement de la somme de
ses actifs : sites industriels, matériels, stocks (Chappell et Cheng, 1984; Lindenberg et Ross,
1981). Dans une situation de concurrence parfaite, le q est égal à 1. Lorsque le ratio est
218
supérieur à 1, la firme dégage des revenus supérieurs à la valeur de remplacement de ses
actifs: elle réalise donc des sur-profits. Cette mesure a été utilisée notamment dans l'étude de
aptitudes et des actifs intangibles peut déboucher sur une surestimation du q de Tobin. En
outre, il s'applique aux entreprises qui disposent d'une cotation en bourse, ce qui n'est pas le
cas des entreprises de notre échantillon. Il n'a pas été retenu pour ces raisons.
dénominateur d'une mesure de la taille ou des actifs de la firme': deux ratios sont couramment
. respectivement par :
2) les ratios de liquidités, qui évaluent la capacité qu'a une firme de répondre à ses
3) les ratios mesurant l'effet de levier, qui portent sur la composition du passif et l'usage de la
4) les ratios d'activité, qui se concentrent sur les niveaux d'activité de la firme (gestion des
Dans la pratique toutefois, certains indicateurs reviennent souvent, constituant en cela une
219
norme, acceptée par les chercheurs concernés, de mesure de la performance des firmes, norme
de laquelle nous ne nous éloignerons pas. Nous indiquons les différents types de mesure de la
organisationnel selon Venkatraman et Ramanejam (1986). Le ROI évalue l'impact d'un projet
indication sur les taux de marges effectifs de la firme. On estime que cet indicateur est sensible
aux données sectorielles. TI permet de classer les firmes ou les secteurs suivant le degré de
l'intensité concurrentielle ou le niveau de pouvoir de marché dont ils disposent. Le RDA donne
une indication sur l'utilisation des actifs de l'entreprise. TI s'agit d'un indicateur relativement
sensible aux différences sectorielles, mais qui est moins sensible aux effets de taille de
220
l'entreprise. Le ROE est une évaluation de la structure financière de l'entreprise; c'est une
Les ratios comptables souffrent de trois limites importantes. Premièrement, ces indicateurs sont
relativement sensibles aux politiques suivies par les dirigeants, qui peuvent décider de faire
apparaître à leurs actionnaires plutôt certains résultats que d'autres. Notamment, lorsque la
firme, on remarque des effets de survalorisation des revenus à court terme (Watts et
Zimmerman, 1986). A l'inverse, il peut ne pas être 'stratégique' d'afficher de trop belles
pourrait attirer de nouveaux entrants, ou que des actions risquent d'être menées pour abus de
position dominante par exemple (cas notés aux Etats-Unis, Watts et Zimmerman, 1990).
Schmalensee (1989) montre précisément que les grande firmes américaines ont tendance à
adopter des pratiques comptables qui· abaissent leurs profits actuels et augmentent, les
rendements comptables.
performance des firmes à l'aide de ratios comptables donne trop d'importance au court terme,
à l'année écoulée est prise en considération dans ces ratios, et les revenus qu'elle générera à
quantités physiques entre acteurs, ou ayant une valeur monétaire et comptable clairement
221
spécifiée. Or, il s'ensuit que les actifs intangibles, les aptitudes spécifiques, sont sous-évalués
Des études contradictoires quant à l'usage des données comptables pour évaluer la
performance engagent le chercheur à être prudent lorsqu'il utilise ces variables (Hirigoyen,
1993) -certains auteurs allant même jusqu'à rejeter les estimations de performance tirées de ces
mesures (Fisher et McGowan, 1983). Malgré cela, les données comptables, bien que
critiquables. ne peuvent être qualifiées de pur «bruit» (Schmalensee, 1989, p962). Les
entreprises les utilisent elles-mêmes pour prendre leurs décisions, et les autres acteurs
En ce qui concerne notre enquête, les limites relevées à l'encontre des ratios comptables
peuvent être discutées. En effet, l'aspect tactique de la modification de ces indicateurs ne vaut
que pour les grandes firmes, et ne concerne pas les entreprises de notre échantillon. Quant à la .
critique portant sur la valorisation du court terme, deux moyens sont employés dans ce travail
pour tenter d'en limiter la portée: d'une part, on retient des valeurs moyennes de performance.
structure causale dans le temps, testé grâce à deux mesures (cas A et cas B).
Le résultat essentiel, présenté par Schmalensee (1989) est que la corrélation entre les indices
comptables de performance est forte, et les résultats de régressions sont peu sensibles à l'usage
de l'un plutôt qu'un autre. Cela est attesté par le comportement convergent des douze
(l989a). En revanche, il apparaît que des différences existent entre les mesures comptables
d'une part, le PCM et les mesures reposant sur les valeurs de marché d'autre part : les
corrélations sont plus faibles, et les résultats des régressions dépendent des types de mesures
utilisés.
222
Par ailleurs certains articles font référence à des estimations par les entrepreneurs de leur
part de marché. On peut ainsi souligner que l'évaluation des parts de marché ou de la
croissance de la part de marché est également utilisée pour mesurer la performance des firmes
(Capon et al., 1990). En outre, en raisonnant en terme de croissance~ d'autres indicateurs sont
parfois retenus: croissance du volume des ventes et croissance du résultat sont d'autres
fi semble que le fait de ne retenir qu'un seul des types de performance peut introduire un biais
dans les résultats, ou limiter la portée des résultats obtenus. Pour notre part, à l'instar d'articles
cités, nous utiliserons plusieurs indicateurs. Les mesures les plus courantes sont malgré tout le
ROS et le ROA. Par conséquent, nous les avons retenues toutes les deux: elles correspondent
à une double évaluation de la performance financière d'exploitation. Mais par ailleurs, nous
avons voulu apprécier la performance de marché de l'entreprise, afin de mesurer l'impact des
Par conséquent, nous avons inclus trois mesures de la performance des entreprises
manufacturières dans notre modèle théorique: le taux de marge (TXME, équivalent du ROS),
la position de marché de l'entreprise. Nous revenons précisément sur l' opérationnalisation des
variables de performance dans le point ill.3.2. Pour l'instant nous nous tournons vers la
223
111.2.
Formulation des hypothèses de recherche
. .
non imitabilité des ressources productives, ili) la non substituabilité' des relations
temps sur la performance moyenne (cas A) et effets de la structure causale au temps T -1 sur
Dans le cadre de la présentation des hypothèses, nous nous limitons à l'exposé des relations
entre les variables explicatives et les variables dépendantes pour le cas A. En effet, on suppose
a priori qu'elles sont également vérifiées dans Je cas B : l'introduction d'un décalage temporel
ne devant a priori pas affecter le sens des déterminations à l' œuvre dans le premier modèle.
C'est le sens de notre hypothèse de recherche HO, tirée de l'hypothèse générique !JlO. HO
s'énonce ainsi:
HO: les relations observées en T-l (cas B) ont la même structure (signe et niveau des
d'une part, on énonce les hypothèses qui portent sur les variables à expliquer 2) d'autre part,
224
IIL2.I.a. Hypothèses portant sur les variables à expliquer
Ces hypothèses se subdivisent à leur tour en deux catégories: d'une part, les hypothèses liant
les variables explicatives aux variables à expliquer; d'autre part, les hypothèses reliant les
Quinze relations de ce type sont possibles. Nous dressons ci-dessous la liste des hypothèses de
Pour ce qui touche aux ressources productives, on se réfère explicitement aux hypothèses
génériques :Hl, J{2 et :H3 dérivées du chapitre TIet rappelées dans le tableau TILl. Elles donnent
le sens des relations attendues entre les propriétés primaires des ressources productives et la
La théorie des ressources postule qu'un actif a de la valeur pour autant qu'il possède des
caractéristiques qui, exploitées de manière idiosyncrasique par les aptitudes de la firme dégage
des rentes. Or, si cet actif est transférable à d'autres acteurs économiques, cela signifie que les
pour que les rentes soient maintenues à l'intérieur de la firme (Penrose, 1959; Barney, 1986 ;
performance: on peut supposer ses effets suffisamment stables dans le temps, _susceptibles
H.I.1.: Plus la non transférabilité des ressources productives d'une entreprise est
grande, plus le taux de marge est fort
225
H.I.2.: Plus la non transférabilité des ressources productives d'une entreprise est
grande, plus la rentabilité brute du capital d'exploitation est forte
En ce qui touche à la performance de marché, plus les ressources productives ont été bâties,
construites à l'intérieur de la firme pour en améliorer leur efficacité, plus leur transférabilité est
réduite, mais plus la valeur contributive à la performance de ces ressources est grande (peteraf,
1993; Dierickx et Cool, 1989). Soit qu'elle résulte d'une sous évaluation à un moment du
temps de la valeur potentielle future des actifs ayant contribué à la construction des ressources
productives, soit que la valeur ait été exclusivement constituée à l'intérieur de la firme, la
fait de ses ressources productives (Barney, 1991; Grant, 1991). En ce sens, plus les ressources
H.I.3.: Plus la non transférabilité des ressources productives d'une entreprise est
grande, plus la performance de marché est forte
Les chercheurs de l'économie évolutionniste (et au premier chef, Nelson et Winter) ont
souvent distingué des types de comportements pour les firmes à l'aide de la propriété
d'imitabilité : ils distinguent les firmes innovatrices des firmes imitatrices (Nelson et Winter,
1982; Winter 1984) afin de tester les hypothèses schumpeteriennes du changement technique.
Les partisans de la théorie des ressources situent moins la propriété d'imitabilité au niveau des
Schoemaker,1993).
concurrentiel idiosyncrasique' -tout comme l'est la non transférabilité (figure ll.6.). L'imitabilité
226
des ressources productives donne une idée de la qualité des ressources détenues et construites
organisationnelles (autrement dit si elles sont peu imitables dans leurs usages), on peut
supposer que leur exploitation par les aptitudes permet de dégager des performances courantes
meilleures: le taux de marge est donc supposé d'autant plus fort que l'imitabilité est faible. De
si les outils de. production sont peu Ïmitablespar les concurrents, et qu'ils dégagent des rentes
En outre, la performance de marché dépend directement des propriétés intrinsèques des actifs
productifs détenus et constitués par la firme (Amit et Schoemaker, 1993 ; Bogner et Thomas,
1994). Une des mesures de cette qualité est, selon les courants de recherche auxquels nous
nous référons, le degré d'imitabilité des ressources productives. Il paraît donc légitime d'établir
une relation inverse entre imitabilité des ressources productives et performance de marché.
On obtient par conséquent trois hypothèses, qui sont le pendant de celles concernant la non
transférabilité :
H.II.1. : Plus la non imitabilité des ressources productives d'une entreprise est grande,
plusle taux_de marge_est fort nu n nn __ nn ~ __ ~~~ __ ~~~_
H.II.2. : Plus la non imitabilité des ressources productives d'une entreprise est grande,
plus la rentabilité brute du capital d'exploitation est forte
H.II.3. : Plus la non imitabilité des ressources productives d'une entreprise est grande,
plus la performance de marché est forte
les agents économiques constituant les relations d'échange ont été mis en avant comme
227
représentant un des constituants de la performance de l'entreprise (Verdin et Williamson,
1994; Levinthal et Myatt, 1994; Poppo et Zenger, 1995; Walsh, 1996; Powell et Dent-
Micallef, 1997). A partir de ces différentes contributions, une hypothèse générique a été
formulée. J{4 s'énonce à première vue ainsi : plus les relations d'échange avec les fournisseurs
et les clients respectent les propriétés primaires, plus la performance de la firme est élevée.
Nous revenons sur les caractéristiques des relations d'échanges afin de déboucher sur les
L'entreprise s'inscrit dans une chaîne de relation de type client-fournisseur. A chaque maillon
fournisseurs, gestion de hi clientèle, ...). La relation avec les fournisseurs peut être envisagée
comme un rapport de force. Selon le modèle S-C-P, le pouvoir de marché des fournisseurs
provient de leur capacité à influencer les prix, à abaisser la qualité, toute action qui· détériore la
performance d'une entreprise avec l'indépendance de celle-ci par rapport à ses fournisseurs
1983 ; Porter, ,1980). Pour lutter contre cette dépendance, l'entreprise dispose de plusieurs
voies: tenter de mettre en concurrence plusieurs fournisseurs afin d'abaisser son coût de
réduire les coûts de transaction; améliorer l'information du fournisseur sur ses besoins (délais,
qualité, etc.) afm de standardiser leurs échanges, etc. (Brandenburger et Stuart, 1996).
auteurs ont montré qu'une voie différente pour réduire le pouvoir de marché du fournisseur
était de tenter d'entrer dans une relation moins conflictuelle avec les fournisseurs de
228
composants essentiels -à l'origine des ressources de l'entreprise- et de mettre en revanche en
concurrence totale les autres. De cette manière, en réduisant leur dépendance sur des
composants mineurs, et en fidélisant leurs relations avec les fournisseurs clés, l'entreprise peut
parvenir à un certain rééquilibrage de son pouvoir de marché (Jackons, 1985). D'autres études
tentent d'intégrer les différentes composantes·du pouvoir dans les relations d'échange. Walker
et Poppo (1991) montrent que la spécialisation des fournisseurs n'augmente pas forcément les
l
coûts de transaction. Pour Cool et Henderson (1996), les indices de concentration, hérités de
L'idée que nous voudrions défendre, dans la lignée d'une conception de l'entreprise, fondée
sur les ressources et prenant en compte la.dimension évolutionniste, est que plus la relation
avec les fournisse:urs est non substituable, plus la performance de l'entreprise "est
les types de performance afin -peut-être- de mettre à jour une. des raisons de la présence dans
performance des entreprises productrices (pour une revue de littérature, voir Cool et
Henderson, 1996).
fournisseur des relations privilégiées, qui s'inscrivent dans la durée, plus les moyens qu'ils
mettent en œuvre pour communiquer, pour contracter, pour échanger sont susceptibles de
s'améliorer. Sans parler de coûts de transaction, mais en évoquant seulement l'efficacité des
moyens mis en oeuvre pour la constitution de l'offre de l'entreprise, sa relation avec ses
fournisseurs est déterminante pour l'obtention d'une offre reconnue et valorisée sur le
229
fournisseur autour de certaines ressources stratégiques, plus a, priori sa performance de
coût pour l'entreprise. En fait, le gain que représente pour l'entreprise productrice la non
proposée selon les critères du secteur. Mais pour parvenir à ce résultat, l'appropriation de
rentes, l'entreprise doit le payer: elle ne peut pas gagner« sur les deux tableaux », en terme
relation pour l'entreprise, qui représente sans aucun doute un gain pour son fournisseur,
.doit être perceptible principalement au niveau du taux de marge, et peut être, mais à un
même relation1 avec ce fournisseur pour les concurrents directs de l'entreprise productrice
H.III.1. Plus la non substituabilité de la relation fournisseurs est grande, plus le taux de
marge est faible
1 Si tant est que la relation soit directement transférable, ce qui n'est pas une hypothèse appartenant au Courant
des Ressources. On retrouve ici les raisonnements propres au coût de transfert relatif à la notion de rente
examinés en 1.3.3.
230
La situation concernant la relation avec les clients est en quelque sorte inversée, puisque
l'entreprise est le fournisseur du client Par conséquent, à partir du moment où l'entreprise est
engagée dans une relation de non substituabilité avec son client, c'est que ce dernier à une
susceptibilité à payer plus grande pour les produits de l'entreprise, qui sont a priori plus
Dans ce sens, de l'entreprise vers le client, le raisonnement s'établit sur les bases de la
susceptibilité à payer (willingness to pay, Brandenburger et Stuart, 1996) plutôt que sur le coût
d'opportunité. Le client est prêt à supporter le coût de cette relation de confiance, de confort,
de satisfaction, etc. -qui s'exprime par le degré de non substituabilité des actifs qu'il achète à
son fournisseur. Pour le client, il s'agit d'un coût, et pour l'entreprise d'un gain, représenté par
seront observables sur le !aux de marge -et dans une moindre mesure sur la performance
constituent notre échantillon: les entreprises de l'industrie manufacturière, dont une large
proportion appartient aux industries des biens d'équipement et des biens intermédiaires.
risque pour l'entreprise de se fixer sur certains de ses clients au détriment de l'extension de son
offre et de sa performance de marché (particulièrement si elle est mesurée à partir des parts de
marché, comme cela sera le cas). En effet, si elle privilégiait la substituabilité de ses clients, elle
variable performance de marché. Farrell et Shapiro (1988) par exemple ont montré qu'en
présence de coûts de changement élevés entre un client et son fournisseur, d'autres entreprises
pouvaient entrer sur le marché et proposer des produits de qualité inférieure et conquérir des
parts de marché délaissées par le entreprises installées concentrées sur une partie de la clientèle
231
totale. La. non substituabilité de la relation client peut donc· «encourager l'entrée de
concurrents pour servir les clients non liés à des entreprises installées» (Farrell et Shapiro,
1988, pI34). Dans le cadre théorique fondé sur les ressources, l'entreprise peut traiter avec
stratégiques, ce qui lui assure une meilleure performance financière d'exploitation sans
H.IV.1. Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus le taux de marge
est fort
H.IV .2. Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus la rentabilité
brute du capital d'exploitation est forte
H.IV.3. Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus la perfonnance
de marché est faible
Coordination interne
On a précisé dans la présentation des variables latentes retenues que la coordination interne
n'était pas envisagée sous l'angle des trois propriétés primaires des R&A mais dans un sens
plus générique sous forme d'une défmition, dont on désire mesurer l'impact sur les autres
variables latentes afm de tester le rôle de facilitateur, de catalyseur (hypothèse générique !J{G).
sur la performance. Dans ce cas, la variable de performance de marché apparaît plus pertinente
à l'établissement d'une relation de cause à effet que celles touchant au taux de marge et à la
rentabilité. En effet, il paraît difficile de relier le niveau de coordination interne avec le taux de
marge, qui prend en compte les relations d'échange et de transformation de l'entreprise sans
du capital d'exploitation est une mesure comptable et financière qui ne permet pas non plus de
232
mesurer avec précision le coût représenté par un niveau de coordination donné -cette dernière
que la performance de marché, si elle est un objectif stratégique recherché par la firme,
un rôle important en terme de part de marché dans l'offre de son secteur. En cela il peut être
relié à la performance de marché: plus la coordination interne est élevée, plus la performance
performance.
H.V. Plus le degré de coordination interne est fort, plus la performance de marché est
forte
En revanche, la variable de coordination trouvera tout son sens dans la mesure de son effet de
catalyseur sur les autres variable latentes explicatives (voir la formulation de l'hypothèse
L'explication des valeurs des variables de performance n'est pas seulement due aux influences
des variables latentes explicatives. En effet, les variables de performance sont reliées entre
elles. On rappelle que le modèle théorique comporte trois mesures de la performance: le taux
Les deux premières mesures, de nature comptable et financière, sont par construction reliées,
même si elles mesurent des composantes différentes de la performance. Un taux de marge fort
implique, presque nécessairement, une rentabilité brute du capital d'exploitation forte, puisque
les deux ratios sont construits à partir de l'Excédent Brut d'Exploitation. Par conséquent, on
233
H.l.2. : Plus le taux de·marge est élevé, plus la rentabilité brute du capital est forte
Si l'on s'interroge sur les rapports de cause à effet entre les deux variables précédentes et la
variable de performance de marché, deux cas de figure se présentent: soit on estime qu'un
taux de marge et une rentabilité élevés conditionnent une. performance de marché importante,
proposition est de nature inductive, et n'est par conséquent pas fondée: si on peut trouver des.
entreprises ayant des ratios financiers d'exploitation forts, cela ne signifie pas nécessairement
que leur position de marché l'est : la stratégie de différenciation est une bonne illustration du
fait que l'on peut posséder de bons ratios financiers sans posséder une position de marché
peut être supposée, du fait de cet avantage, pouvoir retirer des performances financières
d'exploitation meilleures que ses concurrentes. C'est pourquoi, nous formulons les hypothèses
H.3.1. Plus la performance de marché est forte, plus le taux de marge est élevé
H.3.2. Plus la performance de marché est forte, plus la rentabilité brute du capital
d'exploitation est forte
évidence principalement par le courant des ressources dynamiques; d'autre part, les autres
234
Coordination interne 1 Variables latentes explicatives
La coordination interne est conçue dans le cadre du modèle théorique comme un renforçateur
des autres propriétés observées, au niveau des ressources productives et au niveau des
relations de filière. N'ayant pu, faute de moyens, évaluer les différentes propriétés de la
coordination interne au même titre que les·autres R&A, nous avons retenu une estimation de la
appuyant sur les différents travaux des courants de la théorie des ressources qui mettent en
l'hypothèse générique HG a été mise en évidence: «plus le niveau de coordination interne est
élevé, plus les R&A ont de chance d'être non transférables, non imitables et non substituables,
Appliquée au niveau du modèle théorique, cette conjecture se décline respectivement sur les
quatre autres variables latentes explicatives dans le sens d'un renforcement de leurs propriétés.
positivement corrélées
Le dernier type de relations à envisager concerne les autres variables latentes explicatives entre
elles. Nous ne formulons que des hypothèses de contrôle à leur égard.
235
Hypothèses de contrôle (variables explicatives entre elles)
Les autres variables latentes sont susceptibles d'avoir des comportements plus ou moins
corrélés les uns aux autres. A partir du moment où l'on s'inscrit dans le Courant des
Ressources, il paraît contradictoire de prétendre que les propriétés des ressources et aptitudes
évoluent en sens èontraires les unes des autres. En effet, soit le système formé par les
propriétés des R&A est cohérent, soit il ne l'est pas. Dans le second cas de figure, la validité
complémentaire. Portant tous les deux sur les ressources productives, et participant du inême
système de propriétés, leurs effets doivent se renforcer mutuellement Par conséquent, on pose
De même. les relations verticales doivent former un ensemble cohérent pour que l'entreprise,
acceptant de payer la non substituabilité de ses relations fournisseurs, puisse miser sur la non
substituabilité de ses relations clients. Par conséquent, a priori, on formule cette deuxième
Concernant les autres relations possibles entre les deux groupes de variables latentes
236
111.2.2.Hypothèses de recherche testées par la simulation (cas C)
Une des hypothèses génériques n'a pas été utilisée pour la construction du modèle théorique
testé sur bases de données: :H5, qui stipule que «plus l'entreprise réagit vite, plus la
performance est forte». Pour tester cette hypothèse dans le cadre général du Courant des
Ressources, nous avons mis au point une simulation multi-agents, qui reprend et intègre les
apports des analyses statistiques des cas A et B. Ce type de simulation permet de doter chaque
agent, soit chaque entreprise, de son propre rythme de fonctionnement, appelé période
comparaison relative de préservation dans le temps des relations causales (passage du cas A au
cas B) d'une dimension temporelle plus vaste: les effets évolutionnistes, mis en évidence dans
permettre d'expliqu~r la performance à long terme des entreprises (Nelson et Winter, 19~2;
Dans ce contexte, deux hypothèses de recherche sont formulées à partir de !J{5. La première
stipule que l'entreprise qui a le rythme d'activité le plus court (la période d'activité la plus
brève), comparativement à ses concurrentes est moins susceptible que celles-ci de souffrir des
vite, elle peut rectifier les conséquences d'investissements sur des trajectoires à obsolescence
H5 : plus la période d'activité de l'entreprise est courte, plus sa performance est élevée
Sur le long terme en effet, la question se pose de savoir, quels effets, entre ceux signalés par la
théorie des ressources et ceux de l'économie évolutionniste, l'emportent sur les autres.
237
Reprenant notre raisonnement sur la sélection, considérée plus comme une représentation
interne à la firme des effets du temps sur les propriétés de ses R&A que comme un critère
d'activité d'une entreprise est plus importante à terme que sa dotation de ressources initiales
au moment de son entrée dans un secteur. En effet, les apports du courant des ressources
dynamiques, ainsi que ceux des partisans de la co-évolution entre les R&A et l'environnement
sélectif, nous autorisent à penser que les entreprises, même dotées à l'origine de ressources
suffisamment rapide. En ce cas, l'inertie de leurs structures, aussi bien que le maintien sur des
Hannan et Freeman, 1977; 1984; 1989; Baum et Singh, 1994; Durand, 1997a et b), ou le
Clark, 1994) laissent présager une disparition à terme. Dans ce cadre, les entreprises aux
périodes de réaction les plus courtes sont avantagées. Nous formulons donc· l'hypothèse
suivante:
85' : sur le long terme, dans l'explication de la performance, la période d'activité est
prépondérante à la dotation initiale en ressources et aptitudes
Nous présentons sous forme d'un diagramme les liaisons entre les cinq variables latentes
238 .
Figure llI.6. : Représentation du modèle théorique (cas A et B)
239
Figure m.7. Tableau synthétique des différentes hypothèses
HYPOTHESES
sens de la
relation
H.LI .. Plus la non transférabilité des ressources productives d'une
(+)
. entreprise est grande, plus le taux de marge est fort
Plus la non transférabilité des ressources productives d'une
H.L2.
entreprise est grande, plus la rentabilité brute du capital (+)
d'exploitatiOIi:est forte
H.Il.2. Plus la non imitabilité des ressources productives d'une entreprise (+)
est grande, plus la rentabilité brute du capital d'exploitation est forte
Plus la non imitabilité des ressources productives d'une entreprise
H.Il.3. (+)
est .2;rande,plus la performance de marché est forte
H.m.!. Plus la non substituabilité de la relation fournisseurs est grande, plus (-)
le taux de marge est faible
Plus la non substituabilité de la relation Journisseurs est grande, plus (-)
H.IlL2.
la rentabilité brute ducapital d'exploitation est faible
H.IlL3. Plus la non substituabilité de la relation fournisseurs est grande, plus (+)
la performance de marché est forte
Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus le
H.IV.!. (+)
taux de marge est fort
Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus la (+)
H.IV.2.
rentabilité brute du capital d'exploitation est forte
Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus la (-)
H.IV.3. performance de marché est faible
H.V. Plus le degré de coordination interne est fort, plus la performance de (+)
marché est forte
Plus le taux de marge est élevé, plus la rentabilité brute du capital
H.1.2. (+)
est forte
H.3.1. Plus la performance de marché est forte, plus le taux de marge est (+)
élevé
H.3.2. Plus la performance de marché est forte, plus la rentabilité brute du (+)
capital d'exploitation est forte
240
(+)
La coordination interne et la non imitabilité des ressources
H.V.II.
productives sont corrélées positivement
La coordination interne et la non substituabilité des relations (+)
H.V.III. fournisseurs sont corrélées positivement
(+)
La coordination interne et la non substituabilité des relations clients
H.V.IV. sont corrélées positivement
La non transférabilité des ressources productives et la non imitabilité
H.I.II. (+)
des ressources productives sont corrélées positivement
H.III.IV La non substituabilité des relations fournisseurs et la non
substituabilité des relations clients sont corrélées positivement (+)
241
111.3.Méthodologie: construction des variables et modèle statistique
utilisé
Nous exposons dans cette section, d'une part, l'opérationnalisation des concepts présentés
dans le modèle théorique, et d'autre part, l'outil statistique utilisé pour tester les hypothèses de
recherche. Auparavant, nous revenons sur les bases de données auxquelles nous avons eu accès
de courants de recherche précis, de trouver les grandeurs statistiques qui expriment les
concepts en variables contenues dans une base de données. L'analyse de la performance des
entreprises, comme cela a été brièvement rappelé trouve ses sources statistiques le plus
souvent dans les données comptables ou financières. Toutefois, les notions que nous voulons .
aborder ne peuvent être approchées à partir de données de cette nature: le Courant des
Ressources, bâti sur une logique différente du cadre classique d'économie industrielle, doit
manufacturière d'un pays, les hypothèses tirées du Courant des Ressources pour rendre
compte de la performance des entreprises. Par conséquent, il est nécessaire, pour que les
résultats soient incontestables, que la base de données constituée soit suffisamment large et
représentative. Il nous eut été impossible de déployer à nous seulles moyens techniques en vue
d'élaborer un questionnaire complètement dédié à une étude de cette ampleur, devant atteindre
une représentativité indiscutable. Nous avons donc proposé à la Banque de France de travailler
en coopération sur notre sujet en utilisant les bases de données qu'elle a constituée. Après
accord, l'opportunité rare nous a donc été offerte de pouvoir accéder à deux bases de données
242
en particulier: la base de données SESAME et la base FIBEN.
Les bases de données comptables permettent de développer des analyses typologiques des
fmanciers d' entreprises (cf. par exemple la cotation des entreprises par la Banque de France).
L'application pratique des théories de la stratégie nécessite toutefois très souvent d'autres
informations, de nature plus qualitative, plus interne aux organisations, prenant mieux en
considération les déterminants à l'origine des décisions stratégiques. Mais les bases de données
contenant des informations de type qualitatif sur les entreprises, leur stratégie et leur
La Banque de France, et plus précisément la Direction des Entreprises a mis en place depuis
1993 la gestion et l'exploitation d'un questionnaire collectant des données qualitatives auprès
saisi directement sur ordinateur par un enquêteur de la Banque de France, spécialement formé
à cette tache. La personne interrogée est le dirigeant de l'entreprise. Pour couvrir l'enseITlble
de l'industrie, deux questionnaires consécutifs doivent être réunis. Les entreprises sont donc
entreprises de l'industrie manufacturière, dont les effectifs sont compris entre 35 et 2 000
salariés. Les deux-tiers des entreprises sont comprises entre 100 et 500 salariés. Le taux de
couverture de la base est environ de 20% des effectifs sectoriels pour la plupart des secteurs
représentés. Par exemple, sur les biens de consommation, le taux de couverture est de 20,3%
des effectifs du secteur ; il est de 27,7 % dans les biens d'équipement professionnels.
Pour notre recherche, nous avons travaillé sur l'ensemble de l'industrie manufacturière, et sur
l'ensemble des questionnaires disponibles de 1993 à 1996. Cela .signifie donc que nous
243
1995/1996 d'une part, et 1993/1994 d'autre part. Nous avons constitué un extrait des
questions présentes sur les quatre années d'enquêtes (de 1993 à 1996) afin de réduire à la
structure commune des questions notre base de travail; en effet, au cours des années, des
questions ont été ajoutées et d'autres retirées ou reformulées. Comme nous désirions que les
résultats de cette étude puissent être testés à nouveau, la plupart des questions utilisées pour
depuis 1993. Toutefois, le point principal d'étude concerne les données les plus récentes, soit
celles de 1995/1996. Nous avons recouru dans notre opérationnalisation à des questions
supplémentaires présentes ces deux années, qui n'existaient pas en 1993/1994. :par conséquent,
nous disposons de deux points d' observation distincts, reposant sur une structure commune,
mais dont le point le plus récent est plus «riche» en information que le plus ancien (voir figure
III. 8)
Structure de Structure de
questions questions
1993/1994 1993/1994
données SESAME, présentée dans le Bulletin de la Banque de France du 2ème trimestre 1996.
«Afm d'assurer une homogénéité des réponses et de limiter les biais inhérents à ce type
d'enquête, les options suivantes ont été retenues :
• l'enquête n'est pas réalisée par courrier. Les données sont collectées par entretien direct
...
entr~ un enquêteur de la Banque de France, spécialement formé, et un dirigeant de
l'entreprise. L'enquêteur est à même d'expliciter et de préciser la formulation des questions
posées, afin d'assurer la fiabilité des réponses. L'interlocuteur choisi est le dirigeant de
244
l'entreprise afin de réduire le biais qm, pour certains thèmes peut apparaître lorsque
l'interlocuteur représente l'un ou l'autre département de l'entreprise [...].
• une contrainte a été introduite pour la détermination des domaines d'activité stratégique: le
découpage s'effectue en fonction de la Nomenclature d'Activité Française (NAF) qui est la
transposition en France de la NACE harmonisée en Europe. Ce choix, quelque peu
réducteur et objet de débats, était indispensable pour envisager d'effectuer des
comparaisons entre entreprises sur une base uniforme.
• les questions reposant sur la perception du chef d'entreprise ont été limitées au maximum et
complétées par des questions indirectes qui, combinées entre elles, sont de nature à limiter
les biais. Dans la mesure du possible, les questions dites subjectives font appel à l'expertise
du dirigeant sur son entreprise. Le postulat de départ est que le chef d'entreprise possède
des informations uniques et irremplaçables sur sa société.
• l'enquête porte sur le passé récent de l'entreprise, à savoir les deux dernières années. Cette
période ·offreùne~soruiion équilibrée pour pallier unë-dmlble -difficUlté: làféponse purement
conjoncturelle d'une part (risque lié au choix d'une période trop brève), la défaillance de la
mémoire d'autre part (risque lié au choix d'une période trop longue). »
A ces données SESAME «qualitatives », il fallait ajouter des informations sur la performance
des entreprises sondées. Nous avons recouru aux informations d'une autre base de données de
la Banque de France: FffiEN. FmEN contient des données comptables et financières sur
30 000 entreprises françaises. Cette base permet aux banques qui y ont accès de calculer des
245
Par conséquent, la base de données de départ comporte des informations provenant des bases
L'échantillon total potentiel pour un point d'observation est de plus de 4000 entreprises,
puisque l'observation sur l'ensemble de l'industrie manufacturière réunit en fait deux années
consécutives·d'enquête.
Notre coopération avec la Banque de France procure à notre travail une force et une
représentativité indéniables. Malgré tout, la médaille a son revers: l'utilisation d'une base de
données déjà constituée n'est par définition qu'une solution partielle offerte pour résoudre un
problème particulier. En effet, la base de données SESAME de la Banque de France n'a pas
été constituée dans le but de répondre explicitement aux interrogations qui sont les nôtres dans
ce travail. Par conséquent, s'il est incontestable que nous accédons à une puissance de
même le questionnaire, il n'en demeure pas moins que nous avons dû nous adapter à la matière
déjà présente à défaut de la créer. La précision que nous aurions pu espérer atteindre en
dans le cadre de l'utilisation d'une source de données déjà constituée. Mais eut-il été
sur une base de données à l'ampleur, à notre connaissance, unique en France, le modèle
théorique développé ?
Nous détaillons dans la sous-section suivante l' opérationnalisation des notions utilisées dans le
modèle théorique. Nous séparons cet examen en deux parties: d'un côté les variables.
246
chapitre, l'outil statistique utilisé pour tester les hypothèses est présenté.
latentes exposées dans le modèle théorique. TI s'agit par conséquent d'exprimer à l'aide de
plusieurs données de la base SESAME les concepts qui ont été définis dans le modèle
Avant de le commencer, nous voudrions toutefois relever l'une des difficultés -et par
conséquent une des originalités-de ce travail. TI existe dans la littérature débutante, mais
classer très schématiquement les études empiriques en plusieurs catégories. Tout d'abord, des
études de cas ont été développées mettant en avant la formation, la construction, les processus
ce type d'étude sont les articles de Collis (1991) ou de Argyres (1996). Ensuite, des travaux
connaissances tacites existent mais ne permettent pas de faire de lien avec la performance
(Szulanski, 1996; Helfat, 1997). De même, deux catégories d'analyses portent plus
précisément sur l'analyse de la performance. D'un côté des analyses de cas détaillent les R&A
coeurs de secteurs (Bogner et Thomas, 1994; Walsh et al., 1996). De l'autre, un dernier type
d'études empiriques utilisant la théorie des ressources étudie la variable performance, mais
247
l'aborde le plus souvent sous l'angle de la diversification stratégique, sans tenter réellement de
prendre une mesure concrète des propriétés des ressources en jeu dans la performance
(Wernerfelt, 1989). Par conséquent, il était très difficile de se référer explicitement à l'un de
ces types d'études empiriques pour nous aider à opérationnaliser nos variables. En effet, notre
secteurs différents. TI n'y a guère que les recherches de Verdin et Williamson qui peuvent
explicatifs situés sur la gauche du diagramme (figure ill.6.), qui constituent en fait les trois
piliers de l'entreprise: les ressources productives; les liaisons d'échanges; et les modes de
coordination. Nous abordons la construction des variables latentes pilier par pilier.
Nous avons décomposé dans le modèle théorique l'analyse des propriétés des ressources
productives en deux parties distinctes: d'un côté l'imitabilité des. ressources et de l'autre leur
transférabilité.
248
Imitabilité des ressources productives.
Le concept d'imitabilité des R&A a été présenté lors de l'énoncé des principales propriétés
engagées dans la spécification du Courant des Ressources (Lippman et Rumelt, 1982; Barney,
1986; Reed et DeFilippi, 1990). n nous faut à présent l'exprimer en recourant à des variables
observables dans l'univers économique. L'un des articles fondateurs sur la notion d'imitabilité
et la constitution de rentes, Dierickx et Cool (1989) fournit les moyens d' opérationnaliser le
concept d'imitabilité. Trois variables sont retenues: un indice DESTEMPS, une mesure du
«DESTEMPS»
Dierickx et Cool (1989) définissent les stocks d'actifs stratégiques: ce sont des R&A
accumulées dans le temps qui sont difficilement imitables par la concurrence. Dierickx et Cool
détaillent les raisons pour lesquelles l'imitabilité de ces stocks d'actifs est réduite, et pourquoi
ils sont à l'origine d'une performance supérieure pour les frrmesles détenant. Us établissent en
quelque sorte des barrières à l'accumulation de ressources stratégiques. Cinq raisons sont
invoquées dont deux qui prennent explicitement en compte les dimensions évolutionnistes du
et Cool (1989, p1507) illustrent ce concept plus qu'ils ne le démontrent. L'idée est la
suivante: il est plus rentable de prolonger sur cinq années le même budget de R&D par
exemple que de placer sur une seule année la somme totale investie pour les cinq ans. En
heurte à un surcoût.
249
2) L'érosion des actifs (Asset Erosion). Si les actifs stratégiques ne sont pas entretenus, ou
s'ils sont trop utilisés, ils perdent de leur capacité à générer des rentes. TIs'agit simplement
de la prise en compte de l'obsolescence des actifs stratégiques qui, comme les autres
p1508) soulignent que les ressources, ayant nature de stocks, consistent en une menace
importante pour les nouveaux entrants. Or, ces stocks d'actifs stratégiques, même s'ils sont
Les déséconomies liées à la compression du temps et l'érosion des actifs jouent en sens
contraire. L'un protège le pionnier de l'imitation immédiate par ses concurrents tandis que
r autre effet le rend au contraire de plus en plus vulnérable au cours du temps. L'effet qui nous
intéresse particulièrement est celui qui favorise la performance des firmes, c'est-à-dire le
premier. Mais, nous n'avons pas trouvé dans nos lectures de mesure précise de ce concept.
A la réflexion, il semble que deux manières peuvent servir à approcher lesdéséconomies liées à
la réduction du temps. Premièrement l'on peut chercher à mesurer en interne les différents
processus mis en œuvre sur une période assez longue justifiant l'existence d'un avantage
'temps' pour la firme pionnière sur son marché, ou sur le processus étudié (voir l'exemple de
Sun, cité par Garud et Kuramaswany, 1993; Mitchell, 1991). Mais il faudrait pour cela
recourir à une identification des différents processus engagés par les entreprises concurrentes
pour ensuite comparer les décalages temporels mettant par différence en évidence les
économies réalisées par les premières entreprises, et les déséconomies que supportent les
Dierickx et Cool, mais elle a l'inconvénient d'être pratiquement impossible à mette en œuvre
au niveau d'une étude intersectorielle. En effet, en plus des recoupement à opérer entre les
différents concurrents -qui impliquent que les entreprises interrogées se déclarent l'une et
l'autre être concurrentes~ s'ajoute la définition des produits et processus ayant bénéficié
250
d'économies de temps (de déséconomies respectivement) qui sont par nature propres à certains
Par conséquent, une deuxième voie a été retenue, qui tente d'approcher indirectement les
déséconomies liées à la réduction du temps. TI s'agit dans un premier temps de relever les
différentes dimensions sur lesquelles peuvent jouer de tels effets. Et, dans une seconde étape,
de demander au chef d'entreprise d'évaluer le coût subi par un concurrent sur les dimensions
retenues dans la première phase pour parvenir au même niveau d'efficacité que possède son
entreprise.
Dans la première phase de cette opérationnalisation, cinq dimensions ont été retenues. Elles
ressources stratégiques non imitables à cause du temps investi dans leur construction, et des
coûts que représenteraient pour un concurrent potentiel la mise en œuvre des mêmes R&A
productives. TIs'agit :
1. de la taille des unités de production. Elle n'est pas acquise dujour au lendemain et pour
ü. du volume d'activité, qui pour être ce qu'il est, a bénéficié des effets d'expérience de la
nouveaux marchés;
ili. de l'utilisation de technologies spécifiques, qui ne peuvent fonctionner qu'avec les aptitudes
iv. d'un accès privilégié à une source d'approvisionnement, qui a priori ne peut être obtenu ex
nihilo mais après un certain temps de négociation, ou sur la base d'une réputation préalable,
251
qui doit elle aussi être construite ;
v; de la productivité de la main d'œuvre, qui bien entendu ne peut être opérationnelle sans un
. certaiIl délai.
Une fois reconnus ces cinq facteurs, susceptibles d'être à l'origine de déséconomies de
réduction de temps, une question a été posée au chef d'entreprise, évaluant la difficulté qu'il y
aurait, pour un nouveau concurrent potentiel, à se mettre à niveau sur .ceux des facteurs qu'il
considérait pertinents. De cette manière, plus le facteur est difficile à équivaloir, plus le coût
représenté par la tentative d'accumuler l'actif stratégique en un temps réduit au minimum est
Par conséquent, nous avons construit la variable DESTEMPS (pour désésonomies liées au
temps) en trois étapes: 1) évaluation des facteurs pertinents parmi les cinq proposés (question
l'indice DESTEMPS.
Parmi les facteurs suivants, indiquez ceux qui ont le plus influé (à la hausse ou à la baisse) dans
les deux dernières années sur vos coûts de revient:
• la taille de vos unités de production
• votre volume d'activité
• l'utilisation de technologies spécifiques
• un accès privilégié à une source d'approvisionnement ou de composants
(contrats de long terme, d'exclusivité ...)
• la productivité demain d'oeuvre
FACT est la réponse à cette question. TI s'agit d'un vecteur qui prend les valeurs 0 ou 1 suivant
que le chef d'entreprise n'a pas ou a retenu l'item comme étant influent
Pour chaque item sélectionné par le chef d'entreprise, une question supplémentaire lui est
252
posée, afin d'évaluer les déséconomies de temps. Cette évaluation constitue la deuxième étape
différents FACT retenus. TI y a donc potentiellement cinq questions supplémentaires qui sont
I Les difficultés rencontrées par de nouveaux concurrents pour atteindre une taille suffisante des
unités de production sont: (codée de 1 à 5)
Les difficultés rencontrées par de nouveaux concurrents pour atteindre un volume cumulé de
I production suffisant sont: (codée de 1 à 5) - Même échelle
Les difficultés rencontrées par de nouveaux concurrents pour avoir accès à vos technologies
I de production sont: (codée de 1 à 5) - Même échelle
I Les difficultés, pour de nouveaux concurrents, à disposer des mêmes conditions d' accès ,que
vous aux matières premières et composants sont : (codée de 1 à 5) - Même échelle ....
Enfin, la dernière étape consiste à calculer l'indice DESTEMPS en faisant la moyenne des
L.FACTi x EVALj
DESTEMPS = _'_,J _
LlACTi
données à la première question est variable, on divise par le nombre de réponses obtenues afin
253
· «DIFF » et « FORMREL»
Les trois autres facteurs énoncés par Dierickx et Cool ne concernent pas spécifiquement les
performance. Ils sont reliés avec les dimensions structurantes de la non imitabilité, relevées
3) L'ambiguïté causale (Lippman et Rumelt, 1982; Reed et DeFilippi, 1990; Barney, 1991)
est reprise par Dierickx et CooL La nature non imitable de l'accumulation des rentes
provient de la difficulté aussi bien d'identifier les facteurs à l'œuvre dans ce processus et
que de les contrôler, compte tenu de la rationalité limitée des agents économiques,.
L'entreprise a donc du malà lever les incertitudes sur son propre fonctionnement, et par
4) La prééminence de la quantité d'actifs (Asset Mass Efficiency) caractérise le fait qu'il est
plus coûteux d'accumuler certains actifs .stratégiques à partir du moment où l'on en dispose
peu en interne (Dierickx et Cool, 1989, pI504). Par conséquent, les entreprises qui
posséderaient ces actifs en quantité importante auraient un avantage sur leurs concurrents.
L'exemple donné par Dierickx et Cool concerne une entreprise qui dispose d'un important
stock de savoir-faire techniques. Cette firme a un avantage par rapport à une autre moins
bien dotée en ce qu'elle peut appliquer à moindre coût dans plusieurs domaines différents
Une protection contre l'imitabilité consiste donc en l'interconnexion des stocks d'actifs -
dont l'effet est d'ailleurs corrélé avec l'ambiguïté causale. Par conséquent, l'augmentation
254
d'un stock d'actifs stratégiques peut dépendre non seulement du niveau de départ de ce
stock mais du niveau des stocks d'actifs qui lui sont liés. L'innovation est souvent promue
par les utilisateurs fmaux eux-mêmes, comme l'illustrent les travaux de Von Hippel (1976,
1988). Par conséquent, il est nécessaire de disposer d'un contact avec ces utilisateurs pour
adapter l'innovation à leurs besoins, de même qu'en interne il faut disposer des capacités de
Mesurer les différents concepts évoqués est une tache ardue. D'une part, certains d'entre eux
sont par nature insaisissables et pourraient faire à eux seuls l'objet d'une étude entière
d'explicitation: telle notamment l'ambiguïté causale. D'autre part, non seulement la mesure de
ces trois notions implique de rentrer dans le processus de production de chaque entrePrise,
mais des effets croisés entrent en ligne de compte. Ainsi par exemple l'interconnexion entre les
actifs doit avoir un effet dans leur interconnexion avec d'autres actifs stratégiques. ,Par
conséquent, nous privilégions une mesure approchée de ces trois notions à l'aide de deux
La différenciation permise par l'outil de production est une ressource stratégique pour
l'entreprise. D'une part, elle permet à l'entreprise de s'adapter à la demande du marché. TIest
(Sanchez, 1995), voire à terme à la disparition des entreprises (Hannan et Freeman, 1989).
D'autre part, et cela concerne plus directement notre propos, le degré de différenciation des
255
ressources productives n'est pas sans influence sur le mveau d'ambiguïté causale d'une
entreprise, et par conséquent sur son niveau d'imitabilité. En effet, il est plus difficile pour un
différenciation que d'anticiper les manoeuvres d'une entreprise dont les ressources productives
entreprise disposant d'un fort potentiel de différenciation est moins facilement imitable qu'une
(1996) montre ainsi que plus les entreprises d'infonnatique se concentrent sur un segment
Par ailleurs, un outil de production permettant la différenciation est un actif qui peut être à
d'interconnexion avec d'autres actifs stratégiques, mis en avant par Dierickx et Cool (1989), et
notamment avec les ressources humaines, est donc effectif dans ce cadre .et contribue. à
Concernant les ressources humaines, Verdin et Williamson (in Hamel et Heene, 1994) utilisent
dans le processus de production. L'avantage donné par la formation de la main d'œuvre «n'est
pas facile à acquérir, à cause des déséconomies liées à la réduction de temps, et de l'ambiguïté
causale» (Verdin et Williamson, 1994, p99). Le capital humain est une ressource citée par les
auteurs qui opèrent une classification des ressources selon leur nature (à commencer par
entreprise favorise la formation de sa main d'œuvre, plus celle-ci est apte à appliquer ses
256
savoir-faire à des activités différenciées de l'exploitation quotidienne de l'entreprise. Il y a donc
avantage à posséder une main d'œuvre qualifiée non seulement parce qu'elle est susceptible
d'opérer les taches plus efficacement que les concurrents, mais surtout parce que les «bonnes
diffusées dans un contexte où le niveau de formation est élevé (voir l'intégration des
connaissances, lansiti et Clark, 1994). La ressource représentée par la formation est donc de
plus clairement interconnectée avec les· autres actifs stratégiques, et notamment le degré de
Par conséquent, il semble que la prise en compte d'une part de la capacité de différenciation de
l'intérieur de l'entreprise sont de bonnes mesures approchées des effets de l'ambiguïté causale,
Au total. les variables observables retenues sont les réponses aux questions suivantes :
Par rapport à vos pnnclpaux concurrents, vos technologies vous permettent de vous
différencier:~-----_d --- -- .
Concernant le niveau de formation, nous avons retenu la valeur des dépenses de formation sur
la masse salariale. Toutefois, cette mesure peut souffrir de certaines distorsions sectorielles.
Par conséquent, au lieu de conserver cette variable telle quelle, nous avons préféré retenir une
valeur différentielle. Le niveau de formation utilisé dans nos modèles est donc la variable
257
FORMREL, qui s'écrit:
OÙ FORMi est, pour l'entreprise i , la valeur de ses dépenses de formation ramenée à sa masse
pour l'ensemble des entreprises du même secteur d'activité que l'entreprise i -défini par la
De cette manière, cette variable mesure bien la spécificité de la stratégie de l'entreprise i dans
L' opérationnalisation de la variable de non imitabilité des ressources stratégiques se fait donc
par le biais de trois variables observées: DESTEMPS, DIFF et FORMREL. Les liaisons
Déséconomies de temps
(DES TEMPS)
Différenciation de la
Ambiguïté causale
technologie (DIFF)
Non Imitabilité
des ressources Interconnexion des actifs
productives
TI faut remarquer que le raisonnement tenu sur le lien entre la performailce et l'imitabilité ne
peut être valide que si la fIrme développe par ailleurs, et concomitamment, l'appropriabilité des
réduisant la disponibilité sur le marché si elle dispose d'un pouvoir de marché suffIsamment
258
grand (voir la Figure m.6). Nous focalisons à présent notre attention sur l'évaluation de la non
La transférabilité exprime la possibilité pour des R&A de trouver un marché d'échange pour
être 'transférées' chez un concurrent. En fait, a priori, plus des R&A sont transférables sur un
marché, moins elles sont à l'origine de rentes, et donc de performance pour la firme. La
transférabilité pose en outre le débat de l'existence ou non d'un marché des facteurs
stratégiques. Une des raisons qui permet de justifier à la fois l'importance de la non
transférabilité des R&A dans l'explication de la performance et la probable non existence d'un
firme. En effet, la composante spécifique à la firme des actifs stratégiques est accumulée en
Trois variables observables nous ont servi pour opérationnaliser" la: non transférabilité des
La partie la plus observable de cette construction repose sur les dépenses de recherche et
développement. Cette variable est essentielle à une conception, fondée sur les ressources et sur
marché, sources potentielles de rentes à l'intérieur de la firme (Tarondeau, 1994). Elle est pour
cette raison utilisée abondamment dans les articles se revendiquant de près ou de loin du
Courant des Ressources (Cohen et Levinthal, 1990 ; Harrison et alii, 1991 ; Balakrishnan et
Fox, 1993; Verdin et Williamson, 1994). C'est pourquoi nous nous sommes conformés à
259
l'usage de telles recherches en l'intégrant dans l'opérationnalisation de la non transférabilité
Par conséquent, nous recourons également à cette variable, et nous utilisons la valeur des
même que nous avions considéré le différentiel de valeur entre les dépenses de formation d'une
entreprise i par rapport à la moyenne de son secteur d'activité, obtenu par sa classification
NAF Insee. nous utilisons dans les modèle statistiques la variable différentielle R&DREL :
où R&Dj est, pour l'entreprise i , la valeur de ses dépenses de R&D ramenée à son chiffre
d'affaires, et R&DNAF est la moyenne des dépenses de R&D ramenées au chiffre d'affaires,
pour l'ensemble des entreprises du même secteur d'activité que l'entreprise i -défini par la
De cette manière, nous mesurons le degré d'idiosyncrasie potentiel des ressources productives
d'une entreprise par rapport aux entreprises de son secteur. TIs'agit d'une bonne première
différentiel R&DREL est élevé en effet, plus les dépenses de l'entreprise i sont fortes
respectivement, et plus le degré d'idiosyncrasie de ses ressources productives est élevé. C'est
le sens de la relation montré par exemple dans l'analyse de Balakrishnan et Fox (1993) : les
entreprises qui ont tendance à investir fortement en R&D développent des actifs spécifiques
difficilement redéployables sur les marchés -ce qui a des conséquences sur leurs capacités
d'endettement comme le montrent ces auteurs. Au reste, l'analyse théorique des propriétés des
ressources (chapitre II) a montré la corrélation négative entre spécificité et transférabilité des
R&A ; de même, l'étude empirique de Poppo et Zenger (1995) a illustré la pertinence de la non
260
Toutefois, il faut compléter l' opérationnalisation de la non transférabilité des ressources
productives par d'autres variables observables. n est difficile d'attribuer à la seule variable
D'autant plus que les dépenses de R&D sont une des variables les plus utilisées dans les
travaux empiriques, aussi bien en économie industrielle relevant du paradigme S-C-P, que dans
demander au chef d'entreprise l'importance stratégique que revêt pour lui cette fonction. n
lui permet de soutenir la position concurrentielle de son entreprise sur les marchés (Cohen et
l'appropriation des ientesà partir des ressources non transférables n'est pas la propriété du
secteur d'activité de l'entreprise, mais est une conséquence du caractère idiosyncrasique de ces
productives.
Veuillez indiquer quelles sont les principales fonctions de votre entreprise qui vous permettent
de développer principalement votre position concurrentielle sur les marchés ?
Développement technologique noté de 1 à 3
Marketing
Finance
Approvisionnements
261
Enfin, une' troisième variable nous sert à approcher le concept de non transférabilité. Elle
repose sur le calcul d'un indice DEGTRANS qui s'appuie sur la démonstration suivante. Dans
l' opérationnalisation de la non imitabilité des ressources productives, un des cinq facteurs n'a
pas été utilisé : l'érosion des actifs stratégiques. En effet, selon nous, ce facteur peut être
l'imitabilité difficile qui fonctionnent tous plus ou moins sur un mode positif, l'érosion des
actifs est le seul qui représente un facteur négatif, une menace sur la durabilité de la. non
imitabilité des R&A, illustrée par exemple par Verdin et Williamson (1993). En fait, il nous
semble que l'érosion des actifs stratégiques n'est pas tant un risque qui pèse sur leur non
imitabilité que sur le fait que ces ressources deviennent transférables, c'est-à-dire que les rentes.
dégagées par l'entreprise sont plus faibles et plus difficilementappropriables par la seule firme.
ressources, qui, si elle est adjacente à celle de la non-imitabilité, n'en est pas moins différente et
complémentaire.
Tout d'abord, il convient de mettre en lumière la cohérence de la lutte contre l'érosion des
actifs stratégiques avec les deux variables précédemment présentées pour opérationnaliser la
potentielle, des actifs stratégiques. TI s'agit pour une entreprise d'une manière de conserver ou
d'accroître la non transférabilité de .ses ressources productives vers chez ses concurrents (de
Dierickx et Cool soulignent par ailleurs la différence profonde qui existe entre les stocks
262
d'actifs stratégiques et les flux. L'idée essentielle est que l'accumulation des stocks d'actifs
stratégiques débouche sur leur non transférabilité : «l'actif stratégique est le résultat cumulatif
du maintien pendant un certain temps d'un ensemble de lignes politiques cohérentes. Dit
différemment, les stocks d'actifs stratégiques sont accumulés en choisissant les rythmes
Nous pensons, avec Dierickx et Cool (1989) que l'ensemble des ressources non transférables
nécessite des investissements réguliers, un entretien constant, c'est-à-dire des flux, pour
reprendre leur terminologie. Dans cette logique, nous avons tenté de construire un indicateur
ressources, à la base de ses avantages concurrentiels; plus l'indicateur est fort, plus les
1. soit deux types de ressources: les unes liées directement à la performance de la production:
coût, qualité et performance technique; les autres plus liées à la vente du produit: image de
faut qu'il corresponde à une certaine qualité d'offre attendue. D'autre part, les premières
ont nécessité des flux d'investissement importants, continus et plus durables que les
secondes, puisqu'elles les précèdent. Les stocks des ressources liées à la performance de la
production sont donc, en général dans les entreprises manufacturières, en quantité plus
s'éroder moins rapidement que les secondes, puisqu'elles représentent les stocks d'actifs
263
stratégiques les plus anciens et les plus importants: « en général, seules les variables qui ont
la nature de stocks, par opposition au flux, peuvent représenter une menace crédible, et plus
la menace est forte, plus le stock s'étiole lentement au cours du temps» (Dierickx et Cool,
1989, p1508). Cela ne signifie pas que l'érosion des ressources liées à la performance de
4. Donc, les ressources liées à la production sont moins transférables, en valeur absolue, en
terme de qualité de l'avantage et de rapidité de transfert, que les ressources liées à la vente.
o d'une part, déterminer qu'elles sont les ressources jugées stratégiques (RjS) par le chef
• d'autre part, estimer la hauteur des stocks (S) des différentes ressources de l'entreprise par
Selon l'hypothèse que les ressources liées à la vente sont plus facilement transférables (car
reposant sur des stocks de ressources plus faciles ~t plus rapides à constituer) que les
ressources liées à la production, une mesure de la différence entre le niveau des stocks des unes
et le niveau des stocks des autres donne une approximation du degré de transférabilité des
Ainsi, on propose l'indice suivant pour évaluer le degré de transférabilité des ressources jugées
264
stratégiques de l'entreprise:
avec RjS production: coût, qualité et performance technique; RjS vente: image de marque, délais et
Plus la valeur de DEGTRANS est forte, plus la firme a axé sa stratégie sur des ressources a
priori transférables - ce qui donc la protège relativement moins de la concurrence et a priori lui
Quels sont les facteurs sur lesquels vous avez concentré votre effort dans les dernières
années ?
a) prix/coût
b) qualité
c) performance technique, innovation
d) image de marque, réputation
e) délais, souplesse
f) services associés
Réponses binaires. Plusieurs réponses possibles
• d'autre part, pour estimer la valeur des stocks d'actifs stratégiques accumulés (S) :
Sur ces différents facteurs, évaluez vos points forts et vos points faibles par rapport à vos
principaux concurrents :
a) prix/coût
b) qualité
c) performance technique, innovation
d) image de marque, réputation
e) délais, souplesse
f) serviées associés
Réponses sur une échelle croissante de 1 à 5 (5 représentant l'avantage le plus fort)
265
Par conséquent, DEGTRANS est obtenu grâce à la formule suivante:
L
DEGTRANS = __ d,_e,f
RjS X Sd,e,J
_
~. b
a, te
RjS x Sa,b,c
~
d,e,f
RjS La,b,cRjS
Le membre de gauche est une valeur moyenne des trois ressources liées à la vente, jugées
de droite est une valeur moyenne des trois ressources liées à la performance, jugées
stratégiques et évaluées par le chef d'entreprise. La différence, qui peut donc être négative,
mesure la focalisation de l'entreprise sur des ressources plus ou moins facilement transférables
vers la concurrence. Plus DEGTRANS est élevé, plus le degré de transférabilité des ressources
est a priori élevé. Plus il est faible, plus les ressources productives sur lesquelles est bâtie la
Le schéma VIT.5. résume les liaisons entre les variables observées et les différents concepts
relatifs à la transférabilité des ressources productives. TI est à noter que DEGTRANS évolue en ,
sens inverse de FONRD et R&DREL, puisque la première évalue le degré de transférabilité des
Stocks accumulés
DEGTRANS
Non Erosion des actifs
Transférabilité
des ressources
FONDEV
productives Ressources jugées
stratégiques
Spécificité R&DREL
266
Opérationnalisation des variables latentes relatives aux liaisons d'échange
Dans la partie qui précède, nous avons détaillé les variables latentes relatives aux ressources
productives: la non imitabilité et la non transférabilité. Une précision doit être apportée
concernant la troisième propriété primaire des R&A, la non substituabilité. Deux raisons, l'une
empirique et l'autre théorique, expliquent qu'elle n'a pas été intégrée directement en tant que
mesure quasi insurmontables dans le cadre de la recherche que nous menons. En effet, il
différents rapports ·de concurrence reliant les entreprises entre elles, afin d'estimer si la
substituabilité est perçue, .effective, et mise en œuvre. Enfin, concernant la partie plus
mesure nécessaire consisterait à estimer les menaces et les opportunités représentées par les
avancées techniques et scientifiques des différents secteurs. Ces trois étapes sortent du cadre
__ .~ __ ~ ~ __+ u • __ 0_. r _
de notre recherche, mais a été mis en application par d'autres (par exemple McGrath et alii,
1995).
Deuxièmement, la non imitabilité et la non transférabilité des ressources productives ont été
En revanche, nous avons tenté de mesurer le concept de non substituabilité au travers de ce qui
267
constitue, après les caractéristiques productives de l'entreprise, sa nature essentielle: les
liaisons d'échange avec les membres de la filière, c'est-à-dire les fournisseurs et les clients de
l'entreprise. Nous présentons à présent les opérationnalisations des variables que nous avons
donc appelées «la non substituabilité des ressources clients» et «la non substituabilité des
ressources fournisseurs»
Nous nous sommes appuyés pour évaluer cette variable latente sur la logique des travaux de
observables permettent d' opérationnaliser la non substituabilité des ressources clients de notre
modèle théorique: les coûts de changement CTCL et CTCLFR, et les coûts d'adaptation de
Verdin et Williamson (1994, p93) développent trois «indicateurs structurels des R&A
stratégiques»: ceux relatifs aux relations avec les clients,. ceux liés aux systèmes de
de production. Concernant le premier type d'indicateur, qui nous intéresse particulièrement ici,
six variables sont proposées par ces auteurs (Verdin et Williamson, 1994, 1995, 1996) pour
approcher 'la nature essentielle des points d'interactions' avec les clients. Le tableau ci-dessous
reprend les variables utilisées et leurs rapports avec la performance des entreprises.
La logique que nous avons retenue est légèrement différente de celle de Verdin et Williamson.
D'une part, parce que leur étude concerne principalement les biens de consommation, et que
les clients sont plutôt des ménages que d'autres entreprises -à la différence de notre travail. Et
d'autre part, parce que la variable que nous cherchons à opérationnaliser est plus précise que le
Verdin et Williamson.
268
Fi e Ill.13. Variables d'o érationnalisation des relations avec les clients
VARlABLES LIEN AYEC LA PERFORMANCE OPERATIONNALISATION
Fragmentation des plus les clients sont fragmentés, % des lignes de produit pour
clients plus il est difficile de les atteindre lesquelles le producteur a plus
plus une fonction de distribution interne de 1000clients
(R&A) est nécessaire
Fréquence d'achat plus l'achat est fréquent, Proportion des lignes de
plusune relation peut être construite produit pour lesquelles la
avec le client (R&A) fréquence d'achat est
Recherche d'un effet de m ue su érieur à une fois ar an
Standardisation de Le 'sur mesure' nécessite une relation % des produits faits sur ordre
l'offre / 'sur mesure' forte avec le client (échange des clients
d'informations). Donc, plus il y a sur
mesure, plus la relation d'échange est
forte, plus il est difficile d'entrer sur le
marché (relations non transférable et
difficilement com ressible en tem s)
Achat d'importance plus l'achat est d'importance, % des lignes de produit qui
plus le risque associé est grand pour le représentent un achat
client, d'importance pour le
plus les compétences en terme de consommateur final (> 100$
lancement de roduit sont im ortantes ourunména e
Apport de services ., La reconnaissance de la qualité des % des lignes de produit,qui
services offerts est difficile à accumuler, nécessitent un SAY' de
il faut en reconnaître tôt la demande, et 'modéré. à élevé'
ré ondre vite
Publicité La construction de la loyauté et de % des dépenses en publicité
l'image de marque nécessite des efforts sur les ventes totales
soutenus, et des com étences récises
Source: Verdin et Williamson, 1994, p93-96
1. l'estimation par la firme du coût d'acquisition d'un client, ou du coût de maintien d'un
consommateur dans sa clientèle. Plus le coût d'acquisition d'un client est élevé, plus la
ressource qu'il représente pour l'entreprise en terme de rente potentielle est important.
C'est pourquoi s'il y a une forte fragmentation de la clientèle, cela est coûteux pour
l'entreprise. De même, la publicité est envisagée par Verdin et Williamson comme une
269
2. l'estimation indirecte du bénéfice pour le client de maintenir la relation avec l'entreprise, et
le coût représenté par l'essai d'une offre concurrente par rapport aux avantages qu'il peut
en retirer. Plus un client achète fréquemment le produit, et plus ce produit est un achat
d'importance, plus en fait l'avantage que le client pourrait retirer a priori d'un changement
de fournisseur est fort. De même plus les serviées prennent une part importante dans la
demande attendue par le consommateur, plus la partie liée au bien lui-même -sans les
services associés- diminue dans l'offre complète, et donc plus le coût de changement de
fournisseur diminue. En ce sens, la relation créée entre l'entreprise et son client est
. valeur de la ressource client pour une entreprise par les investissements qu'elle a pu
consentir pour adapter son offre aux demandes de son client Plus r entreprise fait du 'sur
mesure', plus a priori son offre est nonsubstituable puisqu'elle s'est engagée à répondre,
Compte tenu des contraintes de la base, nous avons traduit chacun de cès trois raisonnements à
autre. Si l'entreprise estime que ce coût de remplacement est élevé, cela signifie qu'elle a
développé avec certains de ces clients des relations privilégiées, et que par conséquent, ce
client ,est une 'ressource' non substituable pour elle. Plus le coût de. substitution de ses
clients est élevé, plus la ressource client est non substituable et donc plus la perform.ance de
raisonnement.ne peut se justifier seul. En effet, dans le cadre du paradigme S-C-P, le coût
- .
de changement est interprété de manière opposée, car l'on suppose qu'il traduit le rapport.
270
de force entre l'entreprise et son client En effet, dans cette optique, plus il est difficile pour
une entreprise de changer de client, plus le client dispose concrètement d'un pouvoir de
marché sur son fournisseur, et donc plus la performance de ce dernier à des chances d'être
faible. C'est pourquoi, pour éviter cette interprétation possible du coût de changement de
symétrique du précédent. Plus il revient cher au client de changer de fournisseur, plus une
relation de confiance, ou un échange autre que purement de marché a lieu entre eux. Les
échanges d'informations, les volumes et les fréquences d'achat sont des composantes de la
ressource client pour l'entreprise. Plus le coût de changement de fournisseur est élevé pour
le client, plus par conséquent la ressource client de l'entreprise est importante, et donc plus
la substituabilité de cette ressource est limitée (Farrell et Shapiro, 1988 ; Levinthal et Myatt,
1994). Des rentes peuvent donc être retirées pourJ'entreprise de cette relation, sans que le
client ne soit obligatoirement pénalisé par cette relation: compte tenu de la nature de sa
demande, il n'aurait pas nécessairement trouvé sur le marché une meilleure offre.
Lajonction des deux variables: coût de changement pour l'entreprise de client (CTCL) et coût
ressource client Cette conjonction n'est pas aisément interprétable à l'aide du paradigme S-C-
marché du client sur l'entreprise, qui par suite a nécessairement un coût de changement faible
de fournisseur. Dans le cadre théorique des ressources, lorsque les niveaux des deux variables
sont élevés, cela exprime la non substituabilité pour l'entreprise de la ressource client TI faut
saisir les deux effets des coûts de changement en même·· temps pour exprimer la non
transférabilité -et non de manière juxtaposée, ce qui peut expliquer la faible significativité de la
variable de dépendance dans l'étude de Cool et Henderson (1996) par rapport à l'approche en
271
pouvoir de marché.
3. Le dernier raisonnement tiré des travaux de Verdin et Williamson (1994) fait état des
investissements spécifiques de l'entreprise en faveur de son client lis estiment en effet que plus
l'entreprise est prête à faire des investissements spécifiques pour ses principaux clients, plus
elle tente de rendre son offre non substituable. Elle cherche à sceller une relation, qui est, pour
La variable observable ADAPT mesure les efforts effectués par l'entreprise pour adapter son
offre aux exigences spécifiques de ses clients, et profiter avant les concurrents des opportunités
Au total. la conjonction des trois variables présentées ci-dessus permet, nous semble-t-il, de
Les coûts qu'entraîneraient pour votre entreprise les démarches nécessaires pour remplacer un
de vos principaux clients sont:
Pour vos principaux clients, vous remplacer par l'un de vos concurrents entraînerait des coûts
de changement:
272
3) les coûts d'adaptation spécifiques pour le client ADAPT
Pour satisfaire vos principaux clients, vous devez adapter votre offre et faire des
investissements spécifiques en fonction de ces clients :
Coût de changement de
Coût d'acquisition/maintien
d'un client
..
~ client (CTCL)
Non ~
substituabilité
des relations
clients ..~ Coût d'essai d'une offre
concurrente par le client
Coût de changement pour le
•.~ client de fournisseur (CTCLFR)
De même que les relations d'échange entre l'entreprise et ses clients est essentielle à la création
de rentes et à la performance, de même les relations amont entre l'entreprise et ses fournisseurs
jouent un rôle dans la création de l'offre concurrentielle. De nombreux travaux sur les
partenariats d'entreprises comme sur l'intégration verticale montrent que l'impactde la relation
entre une entreprise et ses fouririsseurs est considérable dans la valeur finale de son offre -et
dans les performances qu'elle peut dégager de son exploitation. Verdin et Williamson (1994)
ont interrompu leur analyse des indicateurs structurels des R&A à la prise en compte des
parties production et aval (client et distribution). D'autres études ont montré l'importance de la
relation fournisseur (Cohen et Levinthal, 1990 ;Walker et Poppo, '1991 ; Levinthal et Myatt,
1994; Klevorick et al., 1995 ; Walsh et al., 1996; Powell et Dent-Micallef, 1997).
273
Symétriquement à la ,logique suivie dans l' opérationnalisation de la non substituabilité des
relations clients, trois variables appliquées à la relation de l'entreprise avec ses fournisseurs ont
été utilisées : les coûts de changement entre parties prenantes, CTFR et CFFRCL, et une
L'interprétation que nous voudrions donner de la relation liant l'entreprise à ses principaux
fournisseurs repose, non pas sur une analyse tirée du schéma S-C-P (Schul et al., 1995), mais
sur le Courant des Ressources. L'originalité de cette approche est double: d'une part, elle
saisit les coûts de changements ensemble plutôt que de manière juxtaposée; d'autre part, elle
financière d'exploitation.
L'entreprise peut tenter de développer avec ses fournisseurs une relation non-substituable,
source potentielle de rentes pour elle, et d'économies pour son fournisseur. Dans cette logique,
l'entreprise peut déclarer avoir un coût de changement de fournisseur élevé mais sans que cela
ne corresponde à une relation de pouvoir défavorable pour elle. En effet, elle privilégie les
investissements relationnels avec son fournisseur et considère comme plus rentable de passer
par une relation qui ne fasse pas tout reposer sur la coordination par le marché. Pour que cette
interprétation puisse être justifiée, le coût de changement de client pour le fournisseur doit
également être élevé, traduisant le fait que le fournisseur a consenti à établir une relation
privilégiée avec son client (voir par ex. l'effet positif sur la performance de la variable
'relations avec les fournisseurs' dans le cas de l'informatisation de la distribution de détail aux
partir du moment où les,coûts de changement réciproques des deux partenaires sont élevés. En
274
effet, dans ce contexte, le coût de changement de fournisseur pour l'entreprise, qui
l'engagement des deux parties dans la constitution d'un rapport constructif. Cette
l'entreprise, pour le fournisseur, est également élevé. Dans ce cadre, comme cela était le cas
pour la relation .aval, la ressource fournisseur est difficilement substituable puisqu'elle lie les
parties entre elles. Par ailleurs, les coûts principaux dus à la concurrence (menace de
Par conséquent, les deux coûts de changement servent à opérationnaliser la non substituabilité
de la relation fournisseur. On obtient CTFR et CTFRCL grâce aux réponses aux deux
questions suivantes:
Pour votre entreprise, remplacer vos pnnclpaux fournisseurs entraînerait des coûts,. de
changement:
Pour vos principaux fournisseurs, la perte d'un client tel que vous aurait des conséquences :.
Afin de compléter le raisonnement, une variable supplémentaire doit être ajoutée. Dans le cas
spécifiques engagés par l'entreprise. Dans le cas de la relation amont, une bonne manière de se
rendre compte si une ressource 'fournisseurs' non substituable est constituée ou en voie de
275
question de la concurrence. En effet, si l'entreprise met fortement en concurrence ses
fournisseurs, elle ne recherche pas d'autres types de liaisons que celles véhiculées par le mode
concurrentielle qu'il exerce n'est pas très forte sur ses fournisseurs, c'est qu'il trouve d'autres
voies pour rentabiliser sa liaison avec ses principaux fournisseurs. Nous supposons, dans le
cadre de notre modèle théorique, qu'il s'agit de la constitution d'une ressource fournisseur, qui
est à l'origine de rentes et de performance pour l'entreprise -et peut-être pour le fournisseur
également.
suivante :
1 2 3 4 5
Moins l'entreprise met en concurrence ses fournisseurs, dans le cas où les coûts de changement
entre parties sont élevés, plus elle privilégie a priori la constitution d~une relation non-
substituable afin de se ménager un potentiel concurrentiel que ne pourrait lui fournir une
276
Figure nI.IS. Schéma d'opérationnalisation de la non substituabilité des relations
fournisseurs
Coût de changement de
Coût de maintien/perte d'un
fournisseur (CTFR)
fournisseur
N.Rla variable CONCFR varie en sens inverse des deux autres dans l'expression de la variable
latente.
influant sur la performance de marché, et indirect à travers ses influences sur le développem,~nt
des autres R&A Quatre motifs principaux reliant le niveau de coordination interne avec les
Tout d'abord, une entreprise, à l'image de toute organisation dont la finalité est économique,
fonctionne d'autant mieux que les membres qui la constituent connaissent les objectifs que
principe: chacun des membres de l'entreprise doit avoir une idée de la fmalité de l'action
engagée par l'entreprise. Sans une information minimale, les salariés peuvent manquer de
critère de décision ou poursuivre, à leur échelle, des buts divergents. Ainsi il y a une liaison
277
l'entreprise puis la performance de l'entreprise (Dosi et Orsenigo, 1988). La diffusion des
objectifs recherchés par la direction de l'entreprise a donc été évaluée à l'aide la question
suivante :
Les objectifs poursuivis par la direction (plan stratégique, journal interne, communications...)
sont communiqués à l'ensemble du personnel
pas du tout d'accord tout à fait d'accord
1 2 3 4 5
Ensuite, la coordination interne se matérialise par un contrôle le plus strict possible des
procédures mises en place, pour l'organisation du travail et le respect des objectifs stratégiques
globaux (McGrath et al., 1995). Les procédures les plus aisément observables concernent le
suivi par un contrôle de gestion des différentes étapes des processus industriels et
structure interne, ou encore de relations d'échanges à traiter, plus, d'une part, la coordination
interne exige d'être efficace, dans l'optique d'une performance accrue, et d'autre part, plus les
Par conséquent, afin de matérialiser l'influence, d'une part, de la supervision nécessaire par les
responsables du respect des objectifs et des procédures, et d'autre part, des exigences
278
Le service de contrôle de gestion établit et diffuse aux responsables de services les tableaux de
bord, comptabilité analytique, budgets.
pas du tout d'accord tout à fait d'accord
1 2 3 4 5
La complexité, troisième motif d'un niveau de coordination interne élevé, a une seconde
moins transversaux obéissent à une logique de production différente, centrée sur l'innovation
Christensen, 1994; Mueller, 1994). A l'extrême, ils donnent naissance aux structur~J1es
l'importance stratégique, pour l'entreprise, de développer des aptitudes dans les domaines du
management des projets industriels et d'élaborer des routines au niveau organisationnel pour
idiosyncrasiques de l' entreprise passe par la mise en place de modes de structures spécifiques :
Ainsi, la complexité à laquelle fait face l'entreprise, tout comme la nécessaire création
279
J'entreprise aboutit à prendre en compte la création de mécanismes de coordination
spécifiques. Ces derniers permettent ainsi d'évaluer d'une troisième manière le niveau de
Au total, quatre motifs se éombinent pour exprimer le niveau plus ou moins élevé de la
coordination interne à l'entreprise. lis peuvent être matérialisés par l'observation de trois
Gestion de la complexité
Mécanismes spécifiques de
coordination (COORD)
Acquisition de routines et
apprentissage
Plus que n'importe lesquelles des autres variables observables, celles touchant à la coordination
interne peuvent souffrir de deux faiblesses qui doivent être soulignées. D'une part, elles
reposent. bien entendu sur la bonne foi des répondants. Or, les procédures de contrôle de
280
gestion ne sont pas détaillées par le menu dans leur usage, et le fait que l'information portant
sur les objectifs stratégiques soit diffusée n'implique pas non plus qu'elle soit parfaitement
comprise et intégrée par l'ensemble des membres de l'organisation. D'autre part, ces variables
observables de coordination peuvent être en moyenne plus sensibles à la taille des entreprises
que les autres variables observables. L'influence de la coordination interne masquerait alors
Concernant le premier point, la conjonction des trois variables doit permettre de limiter le biais
l'entreprise de cette intention. C'est tout l'intérêt d'utiliser un modèle statistique avec
variables latentes, qui permet de réduire le poids donné à l'interprétation d'une seule variable
observables. Se matérialise cependant ici la faiblesse, déjà évoquée, que constitue l'usage d',une
base de données existante: les variables observables ne peuvent être testées à nouveau,
améliorées, complé~es parle chercheur lui-même. Concernant la deuxième remarque, des tests
de moyenne ont été effectués (et seront présentés en détail dans le chapitre suivant) qui
permettent de rejeter l'idée selon laquellela coordination interne ne serait qu'une identification
performance de marché.
281
. Les deux premières reposent sur des données comptables. La dernière mesure résulte de la
Données comptables
rentabilité économique).
Ces deux variables, retirées de la base Fiben, ont respectivement pour expression :
Les ratios TXME et RBCE correspondent respectivement au ratio R19 et R20;calculés par la .
Ces deux ratios2 permettent de qualifier les résultats de l'exploitation de l' entreprise. lis se
prêtent àune «comparaison significative entre les entreprises» (Méthode d'Analyse Financière
lis s'expriment à partir de l'excédent brut d'exploitation (EBE). L'EBE est la première marge
principalement). Par ailleurs, l'EBE est: 1) une bonne mesure de la performance économique
l'entreprise (cf. Manuel Sirey, Gestion financière de l'entreprise, Depallens et Jobard, p323).
2 A noter: les deux variables diffèrent des ROS et ROA retenus par d'autres auteurs en ce que le numérateur
. est l'EBE au lieu du Résultat net.
282
Les deux ratios ne mesurent pas exactement la même chose. C'est la raison pour laquelle ils
ont été séparés dans l'analyse causale, en plus du fait que des hypothèses spécifiques les
nécessaires en permanence à l'exercice de l'activité courante: outre les moyens techniques mis
brute d'exploitation, prend en compte d'autres grandeurs que la valeur ajoutée et la taille de
l'entreprise (chiffre d'affaires, effectifs). n s'agit d'une mesure moins immédiate de la capacité
bénéficiaire de l'entreprise, mais qui prend en compte les engagements productifs et financiers
de l'entreprise de manière plus précise. Elle est donc plus directement la conséquence, dans la
conception reposant sur les modèle S-R-P, du système des ressources et aptitudes détenues et
A l'instar de la grande majorité des auteurs nous avons considéré une valeur moyenne de ces
ratios sur les quatre années précédant l'année d'enquête: pour une entreprise interrogée en
1995, nous avons composé la moyenne de 1992-1995, et pour une entreprise interrogée en
283
La variable de performance de marché
La performance de marché est exprimée à l'aide de deux indicateurs. D'une part, un indicateur
de position de marché classique (la part de marché relative) ; et d'autre part, un indice utilisé
Dans le questionnaire SESAME, deux questions portent sur les parts de marché des entreprises
En calculant la part de marché relative entre 1) et 2), selon les méthodes couramment utilisées
par les cabinets de conseil, on obtient une estimation de la part de marché relative de
BCG prend les valeurs suivantes, selon les positions relatives de l'entreprise et de son principal
concurrent :
1 2 3 4 5 6 7
O<x < 1/6 x
1/6::; <1/4 1/4::; x <1/2 1/2::; x <1 l::;x<7/6 7/6::; x::; 2 x>2
Toutefois, les faiblesses de ce genre d'indicateur sont bien répertoriées. fi donne trop de place
technologie et les innovations sont prépondérantes dans l'explication du succès sont en outre
assez mal approchés par cette mesure. C'est pourquoi, nous avons recouru à une variable
284
entreprise. Cette variable est un indice, calculé par le service de méthodologie de la Banque de
France, qui est appelé POSICLE (tiré du document interne à la Banque de France, SMADF,
L:::FSSi
POSICLE =-----
x AC
~~=h
z=a
FSSi
La variable FSS correspond à la détermination des Facteurs Stratégiques du Secteur (Amit et
Schoemaker, 1993 ; cf. figure 11.3.). Le chef d'entreprise évalue parmi une liste de critères
ceux qu'il juge comme étant les plus cruciaux dans son secteur d'activité (réponse binaire, 0 ou
1). POSICLE est pondéré par le nombre de réponse (c'est-à-dire la somme des réponses, au
dénominateur).
son entreprise sur les critères proposés: prix! coûts; qualité; performance technique,
géographique; autres. De cette manière, en effectuant le produit entre, d'une part, les Facteurs
Stratégiques du Secteur, et d'autre part, les Avantages Compétitifs évalués par le chef
position de l'entreprise sur les facteurs qu'elle estime être clés dans son activité. Ainsi, les
facteurs sur lesquels l'entreprise peut estimer avoir une forte position mais qu'elle ne juge pas
Compte tenu de la complexité relative du modèle théorique que nous voulons tester et de la
difficulté de mesure directe des concepts, il était indispensable de retenir une méthode
285
la fois les rapports de correspondance entre des variables observables et les concepts dont ils
sont les expressions, et d'autre part d'analyser les relations statistiques entre les concepts ainsi
opérationnalisés. On peut citer trois articles dont deux récents qui font la· synthèse de
l'utilisation des modèles à équations structurelles en marketing depuis le début des années 80
1996) ainsi que différents articles traitant d'une problématique proche de la nôtre bien que sous
un éclairage théorique différent utilisant des modèles à équations structurelles (Keats et Hitt,
1988; Cool et al., 1989; Walker et Poppo, 1991 ;Schul et al., 1995; Stimpert et Duhaime,
1997).
erreurs de mesure". Cela signifie en fait que Lisrel, comme les autres modèles à équations
structurelles (comme PLS ou EQS par exemple), résulte de la combinaison de deux grands
types de modèles statistiques. D'une part, les modèles établissant des relations de causalité
entre variables, du type modèles à équations simultanées utilisées en économie empirique, dont
les régressions sont le sous groupe le plus connu. D'autre part, les modèles utilisés en
psychologie qui expriment par plusieurs variables observées un même concept, une même
notion, dont une forme simple est l'analyse en composante principale (Nunnally et Bernstein,
1994).
statistiques dits "de deuxième génération" (pornell, 1982; Valette-Florence, 1998) parce qu'ils
.l
regroupent les deux types d'analyses statistiques classiques. De la première, ces modèles
héritent les équations structurelles établissant les relations de cause à effet entre variables. De
la seconde approche, ils retiennent le fait que les variables liées par des relations de causalité
286
Bagozzi (1980) et Pornell (1982) suggèrent trois raIsons principales pour lesquelles les
génération» :
1. l'inclusion des mesures d'erreurs. En effet, la combinaison entre les deux grands types de
modèles requiert des spécifications que ne comportaient pas nécessairement les modèles
originaux : notamment, le calcul et l'évaluation des erreurs de mesure liant les variables
observées aux concepts qu'elles explicitent Les erreurs peuvent provenir de deux grandes
causes: d'une part des erreurs de mesure dans les variables observables. D'autre part, aucun
modèle théorique ne peut prétendre être exhaustif, et il est probable qu'un certain nombre de
relations ayant des influences sur le modèle ne sont pas prises en compte. Cette erreur est
dite erreur de spécification du modèle. Le modèle Lisrel permet de mesurer ces deux grands
types d'erreur.
cas).
théorique complexe: ces méthodes apportent un cadre formel pour tester à la fois les
des données brutes mais qu'il établit des relations à partir des structures de corrélations (pour
les variables continues et normales) ou de covariances (pour les variables ordinales) entre
variables. Au lieu de minimiser des fonctions sur les valeurs observées ou prédites d'individus,
les modèles minimisent les différences entre les covariances observées et les covariances
287
prédites. L'équation de base des modèles à équations structurelles, variables latentes et erreurs
1: = 1: (9)
~ est la matrice de covariance de la population des variables observées, 9 est un vecteur qui
contient les paramètres du modèle, et ~ (9) est la matrice des covariances fonction de 9.
Avant d'entrer plus avant dans la description d'un modèle, à équation structurelle, il faut définir
certaines conventions de représentation. Dans tout modèle reposant sur l'équation précédente,
des variables y sont expliquées par des variables explicatives x. De même dans notre modèle
théorique, les variables de performance sont expliquées par les variables latentes, elles mêmes
opérationnalisées par des variables observables. On appelle les variables latentes explicatives
les variables exogènes et les variables à expliquer les variables endogènes. Les premières sont
Ces variables latentes sont observées dans la nature grâce à des variables approchées, dites
variables observables, variables de mesure ou «proxies ». Ce sont ces variables qui ont fait
l'objet de l'étape d' opérationnalisation dans la section précédente. Les variables endogènes
sont les variables à expliquer, et conformément ~ la notation classique sont exprimées par des
,,'
l'association entre les variables observables et la variable endogène dont elles sont
l'expression :
288
Dans ces deux équations, les tennes Ô et e sont des termes d'erreurs, et les Ax et Ay sont les
Finalement, pour compléter le modèle, il faut relier les variables ç aux variables 11qu'elles sont
censées expliquer. Or, les variables endogènes peuvent subir les influences des variables
exogènes bien entendu, mais aussi celles des autres variables endogènes. Par conséquent,
l'équation exprimant les relations dont dépendent théoriquement les variables endogènes Tl
peut s'écrire :
Parmi les points forts soulignés par Fornell (1982), l'un d'entre eux concernait la qualité des
289
représentations des modèles à équations structurelles. Cette qualité se matérialise grâce à ce
représentation graphique schématique des relations liant entre elles les différentes catégories de
apparaître les différentes catégories de variables et de paramètres que nous venons de définir. TI
Comme on peut le voir sur le path diagram, les différents paramètres présentés dans le système
d'équation sont explicités sur le schéma. Deux autres remarques peuvent être ajoutées:
1. Parmi toutes les relations possibles entre les variables observables, les variables latentes, les
variables explicatives et à expliquer, nous voyons que le modèle représenté ne retient que
significativité. Les autres ne sont pas jugées pertinentes, compte tenu de l'objet de
recherche. Par exemple, dans l'exemple fictif de la figure ID.17.,la relation entre la variable
exogène ~ et la variable endogène 112 n'est pas jugée pertinente par le chercheur: elle n'est
pas matérialisée par une flèche sur le path diagram, contrairement aux autres relations y du
290
vecteur r. En fait, chaque relation entre variables peut disposer de trois statuts : soit elle
est fixée à 0, c'est-à-dire que le chercheur estime que cette relation est nulle et non avenue
(comme pour 132); soit elle est connue par avance et elle prend la valeur connue; soit elle
est laissée libre et est estimée par Lisrel : ce cas correspond au test d'hypothèses.
2. En plus des symboles qui ont été présentés dans le système d'équation, le path diagram fait
apparaître deux autres groupes de relations entre variables: d'une part les coefficients ci>
réunis dans la matrice cI>. Comme l'indique le path diagram, ils relient les variables exogènes
entre elles: il s'agit de la matrice de covariance entre les variables latentes exogènes;
d'autre part, les coefficients 'JI, réunis dans la matrice 'II correspondant à la matrice de
covariance des erreurs latentes résiduelles dans les équations explicatives des variables
latentes endogènes.
Nous venons de présenter les principaux éléments (types de variables, coefficients, matrices)
qui entrent en jeu dans les modèles de type Lisrel, qui appartiennent à la catégorie plus
erreurs de mesure.
lorsqu'il utilise Lisrel, ou tout autre modèle à équations structurelles. Les étapes de la
291
Figure Ill.18. Les différentes étapes de la méthodologie des modèles de type Lisrel :
(1) SPECIFICATION
(2) IDENTIFICATION
(3) ESTIMATION
(4) ADEQUATION
La première étape est la spécification du modèle. Panni toutes les relations possibles entre les
modèle consiste à défmir la nature des différentes relations entre variables: que la proxy Xl est
l'expression de la variable latenteçl et que, par conséquent, elle n'a pas de lien avec les autres
variables latentes exogènes; que la variable latente Çl interagit avec une autre variable latente
exogène, qu'elle explique la variable latente endogène Thet pas la variable endogène 1'\2, etc.
Les paramètres pour lesquels doivent être opérés le choix du statut (fixé, valeur ou libre) sont
- des valeurs des matrices Ax et Ay. Les paramètres À de ces matrices peuvent être en théorie
laissés libres. Mais les auteurs (Joreskog et Sorbom, 1988) conseillent soit d'attribuer une
valeur d'échelle (1 ou -1 suivant les hypothèses à tester) à un des À représentant une variable
latente afin que le modèle spécifie les autres À correspondant aux expressions x du concept
mesuré ç ; soit de procéder à une analyse préliminaire (de type ACP par exemple) qui permet
d'estimer au préalable les paramètres À. Donc deùx cas de figures s'offrent généralement: soit
'292
attribuer la valeur 1 à un des À exprimant chacun une variable latente exogène ; soit utiliser les
loadings obtenus par une ACP préalable comme estimation a priori des paramètres À.
- de valeurs de la matrice r. Elle peut être laissée totalement libre dans un but expérimental.
Mais dans le cas d'un test de modèle théorique, la formulation d'hypothèses précises conduit à
fixer un certain nombre de y à zéro. Les autres 'Y sont laissés libres pour être estimés par le
modèle Lisrel.
- de valeurs des matrices B et <1>,qui correspondent aux effets des variables latentes sur elles-
mêmes. De même que précédemment, compte tenu des hypothèses qui sont formulées dans le
modèle théorique, certains ~ et certains <1> seront fixés à 0, les autres sont laissés libres afin de
- dans certains cas, des erreurs de mesures peuvent être volontairement fixées à 0 lorsque le
La seconde étape ne dépend plus du chercheur en tant que tel. L'identification du modèle est
donnée par le programme. fi s'agit de la procédure qui détermine s'il existe une solution au
système d'équations spécifié par les choix opérés par le chercheur dans la première-étape..-Si le
modèle n'est pas identifié, deux phénomènes peuvent en rendre compte: soit le modèle a été
mal spécifié, suite à une erreur dans l'écriture du programme; soit les données ne
correspondent pas au modèle spécifié et par conséquent, il faut en réexaminer les propriétés ou
La troisième étape correspond à l'estimation des paramètres une fois que le modèle a été
identifié. fi existe plusieurs méthodes d'estimàtion des paramètres sous Lisrel : les plus utilisés
293
sont les moindres carrés non pondérés (ULS), les moindres carrés généralisés (OLS), le
maximum de vraisemblance (ML), et les moindres carrés pondérés (WLS). Comme l'exposent
Joreskog et Sorbom (1988, p2l), les méthodes classiques sont les trois premières.
Schématiquement, la méthode d'estimation ULS est utilisée lorsque les variables sont toutes
exprimées dans la même unité de mesure. ML nécessite que les variables aient une distribution
normale. Sur les grands échantillon ML et OLS sont optimaux lorsque les variables sont
normales. Cependant, plusieurs études ont montré que ces méthodes pouvaient donner de
méthode WLS, elle est utilisée lorsque les variables sont ordinales et qu'elles ne respectent pas
les propriétés de normalité. Dans ce cas, la matrice de corrélation utilisée par Lisrel pour
identifier et estimer le modèle doit être d'un type spécial :il convient d'utiliser, au lieu de la
Une fois les résultats estimés par Lisrel, il s'agit par conséquent de vérifier si les coefficients
sont significatifs, s'ils possèdent le signe attendu c'est-à-dire tel que l'anticipait le modèle
théorique.
294
La dernière étape est l'adéquation du modèle. Afin de juger de la qualité des résultats,
plusieurs indicateurs sont calculés afin que le modèle puisse être jugé acceptable. Dans ce cas
Différents types d'indices d'adéquation sont donc proposés pour mesurer la cohérence du
• l'indice de qualité d'adéquation appelé Goodness-of-fit index (GA). TImesure la part relative
de variance et de covariance expliquée (Bollen, 1989, p276). Cet indice est compris entre 0 et 1.
• l'indice ajusté de qualité d'adéquation (Adjusted Goodness of fit index ou AGA) est de même
compris entre 0 et 1. TIest ajusté au sens où il est rapporté au nombre de degré de liberté du
modèle spécifié.
La valeur de ces deUx indices doit être proche ou supérieure à 0,9 pour estimer que le modèle
est bien spécifié. Hulland et alii (1996) recommandent quant à eux pour plus de sûreté des OH
TIfaut souligner que ces indices peuvent prendre des valeurs négatives pour les modèles mal
spécifiés. Joreskog et Sorbom précisent en outre que ces indices peuvent avoir des valeurs très
satisfaisantes sans que toutes les relations internes au modèle soient bien déterminées
• la racine du résidu quadratique moyen (RMR ou Root Mean squared Residual) ne peut être
interprétée qu'en relation avec les tailles des variances et covariances observées dans le
modèle. On peut toutefois dire que plus cette valeur est proche de zéro, meilleure est
l'adéquation générale du modèle. Hulland et alii (1996) estiment avec prudence que le RMR
295
doit être impérativement inférieur à 0,08 afin de limiter les biais d'évaluation provoqués par
les outliers.
• le test du Chi-deux.
deux a une valeur relativemènt faible par rapport aux degrés de liberté, alors l'hypothèse nulle
peut être rejetée, c'est-à-dire que les différences de moyennesobservées sont significatives.
Dans ce cas, la p-statistique associée à ce test doit être inférieure à un certain seuil (p<O,1 ou
p<0,05). De même dans les modèles à équations structurelles, une valeur de Chi-deux est
Toutefois, appliqué à ces modèles, le Chi-deux doit être considéré avec précaution. En effet, ce
test est très sensible à deux éléments : 1) à la nonnalité de distribution des variables
absolue du Chi-deux et donc réduit la probabilité p, selon ce test, de considérer que le modèle
est acceptable.
Dans la pratique, on examine donc d'une part la valeur absolue du Chi-deux par rapport aux
degrés de liberté ; en quelque sorte, plus le Chi-deux est proche du nombre de degrés de
liberté, meilleur est l'adéquation du modèle théorique à la réalité des données. D'autre part, on
se sert également du Chi-deux pour évaluer l'amélioration de l'adéquation d'un modèle par
- les paramètres sur lesquels portent les hypothèses (principalement des "(, f3 et des <1> ) doivent
296
- les erreurs standard doivent être les plus petites possibles. Lisrel fournit en outre un indice de
- la valeur des corrélations multiples et des coefficients de détermination des variables latentes
endogènes et exogènes. Plus ils sont proches de 1, plus les variables latentes sont bien
qui ne sont pas toujours respectées dans la littérature. Hulland et alii (1996) recensent ces
précautions indispensables.
d'estimation pour Lisrel: elle doit être supérieure au minimum à 200 individus pour des
modèles de complexité moyenne. D'autre part, chaque variable construite, appelée encore
latente, doit être approchée par au moins deux variables observables (Nunnally et Bernstein,
1994). Pour plus de sécurité, une troisième est recommandée afin de mesurer la validité interne
Loadings: en général, un item (une variable observable entrant dans la déclinaison d'une
variable latente) doit avoir un loading au moins égal à 0,7, afin que la variance de l'erreur ne
Nature des variables: Dans le cas de l'utilisation de données de type ordinal, les spécialistes
297
Pearson (Bollen, 1989). Le programme Lisrel permet de construire ce type de matrice
l'exclusion de tout individu ayant une donnée manquante (Joreskog et Sorbom, 1988).
Toutefois, une telle recommandation fait perdre un grand nombre d'observations, et peut poser
des problèmes compte tenu de l'exigence en terme de taille de l'échantillon. Dans le cas de
données manquantes qui sont aléatoires, plusieurs procédures courantes peuvent être
sur l'ensemble des individus ou sur une catégorie d'individus préCise. Quoi qu'il en soit, la
Normalité multivariée : les données utilisées dans les modèles d'équation structurelles les plus
utilisées (EQS, Lisrel) doivent suivre une propriété importante: une· distribution normale .
.multivariée. L'utilisation de variables non normales peut conduire à des estimations des erreurs
standard biaisées, des t-ratios sur-évalués et des valeurs de chi-square erronées. Une manière·
des procédures d'estimations adaptées peuvent être utilisées, qui réduisent les contraintes
imposées par les hypothèses de distributions normales (notamment l'usage de WLS .avec les
variables ordinales). Quoiqu'il en soit, l'étude des distributions des variables doit être effectuée
298
Synthèse
Nous avons élicité dans cette section les différents éléments qui vont nous permettre de tester
le modèle théorique défini dans le chapitre précédent. Tout d'abord les éléments de base du
modèle théorique, fondé sur le Courant des Ressources ont été présentés. Le modèle théorique
provenant des bases de données de la Banque de France auxquelles nous avons eu accès.
Figure ill.19. Opérationnalisation des variables latentes par les variables observées
Les diverses hypothèses de recherche ont été exhaustivement décrites et justifiées. Ensuite, les
299
variables observables servant à l' opérationnalisation des variables latentes du modèle théorique
ont été décrites : pour chaque variable latente, au moins trois variables observables Xi ont été
retenues, tirées de la base de données SESAME de la Banque de France. Ensuite, les variables
de performance, qui doivent être expliquées par les variables latentes exogènes, ont été
Enfin, le modèle statistique permettant de tester à la fois les rapports entre les variables latentes
et les variables observables, et les liaisons explicatives énoncées par le modèle théorique à été
exposé. TIs'agit de Lisrel, qui appartient au groupe des modèles de Ili deuxième génération,
dits à équations structurelles, variables latentes et erreurs de mesure. Les précautions à prendre
en compte avant la spécification du modèle ont été en outre recensées. Notamment, il est
indispensable d'observer les distributions des variables, de repérer les outliers éventuels, et de
Par conséquent, dans le chapitre suivant nous décrivons notre base de données, afin de nous
permettre entre autres de retenir la bonne méthode d'estimation du modèle Lisrel et avant de
300
CHAPITRE IV - RESULTATS ET ANALYSES STATISTIQUES
..., .,','::
301
La première partie de ce chapitre est consacrée à la description de la base de données
1. l'analyse descriptive des individus de la base (les« lignes» de notre base de données) ;
3. enfin, deux tests statistiques préliminaires sont effectués: d'une part, on cherche à mesurer
pour estimer si les variables observables se regroupent conformément à nos hypothèses pour
donner une estimation des variables latentes qui serviront dans le modèle Lisre!.
La seconde partie du chapitre présente les différents tests des hypothèses de recherche, et
synthétise les principaux résultats des analyses statistiques Lisre!.
Comme cela a été précisé, la prise en compte de l'ensemble des entreprises de l'industrie
manufacturière au niveau français ne peut· se faire, à partir des bases SESAME, qu'en
regroupant deux années constitutives de collecte. Chaque année, deux mille entreprises environ
sont interrogées par les agents de la Banque de France. L'échantillon de la base regroupant
nous n'avons pas inclus dans notre échantillon les groupes d'activités ayant moins de quinze
entreprises, afin d'éviter les problèmes d'outliers et de rendre robustes le calcul de moyenne
requis pour certaines variables. De plus, l'examen des distributions des variables (diagramme
des «feuilles») a permis de retirer des individus ayant des valeurs extrêmes ou aberrantes.
Enfin, compte tenu des différentes données manquantes (provenant tant de SESAME que de
FffiEN), notre échantillon réel a perdu un peu plus d'un quart de sa taille théorique pour se
situer à 2 875 entreprises. Cette taille réelle lui assure une grande représentativité, et est un
prérequis à la fois théorique, respectivement aux hypothèses que nous souhaitons tester, et
méthodologique, puisque pour que les résultats de Lisrel soient robustès, plusieurs centaines
302
Nous allons décrire ces 2 875 individus selon deux axes principaux. Dans un premier temps,
nous allons présenter leur appartenance sectorielle, et comparer avec la décomposition, donnée
par l'Insee, de la population totale des entreprises manufacturières françaises. Deuxièmement,
nous décrirons par taille notre échantillon d'entreprises, et de la même manière, le mettrons en
parallèle avec la structure par taille des entreprises françaises, donnée par l'Insee.
Nous ne sommes pas «responsables» de la classification retenue pour qualifier les secteurs
d'activités auxquels appartiennent les entreprises de notre échantillon: nous reprenons
scrupuleusement la classification Insee, utilisée par la Banque de France, pour déterminer les
cibles des questionnaires SESAME. Nous présentons par conséquent notre échantillon en deux
niveaux: par sous-section et par groupe d'activité (Tableau N.l. et Annexe 1).
..
Ta hl eau IVI Descnption d e 1a base par sous-secti on
CODE SOUS-SECTION N %
DA Industries agricoles et alimentaires 483 16,8%
DB Industrie textile et de l'habillement 342 11,9%
De Industrie du cuir et de la chaussure 66 2,3%
DO Travail du bois et fabrication d'articles en bois 37 1,3%
DE Industrie du papier et du carton ; édition et imprimerie 257 8,9%
DG Industrie chimique 134 4,7%
OH Industrie du caoutchouc et des plastiques 170 5,9%
DI Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques 90 3,1%
DJ Métallurgie et travail des métaux 459 16,0%
OK Fabrication de machines et équipements 293 10,2%
DL Fabrication d'équipements électriques et électroniques 229 8,0%
DM Fabrication de matériel de transport 116 4,0%
ON Autres industries manufacturières 199 6,9%
TOTAL 2875 100,0%
Par ordre d'importance, on peut noter qu'environ une entreprise sur six de notre base de
données appartient soit aux industries agricoles et alimentaires soit aux secteurs de la
métallurgie et du travail des métaux. Un peu plus d'une sur dix représent~ les industries du
textile et de l'habillement (11,9%) ou encore les fabrication de machines et d'équipements
(10,2%). Les secteurs les moins représentés sont la fabrication de produits minéraux non
métalliques (verre, céramique, ciment, ...) et le travail du bois (moins de 3% des entreprises de
la base).
303
Les sous-sections Insee regroupent des divisions d'activités, qui elles-mêmes rassemblent des
groupes NAF (Nomenclature d'Activités Française). Afin de détailler les sous-sections aux
effectifs les plus importants, nous présentons en Annexe 1 les différentes sous-sections et leur
groupes d'activité.
On s'aperçoit de cette manière que, parmi les entreprises appartenant aux industries agricoles
et alimentaires, l'industrie des viandes, l'industrie laitière et celle des boissons sont les plus
représentées dans notre échantillon.
De même. dans les secteurs de la métallurgie et du travail des métaux, on peut noter que le
deuxième ensemble d'activité est beaucoup plus important en nombre que le premier (381
entreprises contre 78). On peut distinguer pour le nombre de leurs représentants les groupes
d'activités de traitement des métaux (99 entreprises) et celui des forge, emboutissage,
estampage (59 entreprises) qui représentent chacun plus d'entreprises que l'activité de fonderie
dans la métallurgie à proprement parler (46 entreprises sur 78).
Finalement il faut noter que dans les industries mises par l'Insee sous la catégorie «autres
industries manufacturières », le groupe d'activité de la fabrication de meubles a une importance
particulière: 119 entreprises sur le total de 199 que contient cette sous-section.
La description de notre base de données ne peut prendre tout son sens que si elle est comparée
à l'ensemble de la population des entreprises françaises appartenant à l'industrie
manufacturière. Régulièrement, l'Insee publie des portraits exhaustifs de l'industrie française,
où sont détaillées par secteur les entreprises selon: leur nombre, leur répartition par effectif et
par chiffre d'affaires. Ce sont les « Images Economiques des Entreprises ».
Nous avons reconstitué par groupe d'activité les codes secteurs N.E.S. utilisés dans ces
répertoires Insee afin de déterminer si notre échantillon est représentatif de l'ensemble des
entreprises de l'industrie manufacturière française. Les recoupements entre les groupes et les
304
secteurs N.E.S. sont assez aisés à déterminer. Nous sommes parvenus à reclasser 2866
entreprises sur les 2875 de notre échantillon dans les catégories des secteurs N.E.S.
Afin de comparer les populations d'entreprises (population totale et échantillon) entre elles,
nous traçons les graphiques différentiels entre les pourcentages représentés par chaque secteur
identifiés, moins d'une dizaine semble montrer des écarts visibles entre notre échantillon et la
.%nous
&%>20
"'%>50
Notre échantillon contient des entreprises dont l'effectif est supérieur à 30 personnes. Or, les
deux décompositions Insee dont nous disposons distinguent les entreprises de plus de vingt
Prenons une mesure plus précise des écarts entre notre échantillon et la population d'origine:
nous dirons que l'écart entre la part d'un secteur NES dans notre échantillon et sa part réelle
. dans la population d'origine est significatif s'il est supérieur à la moitié de la part réelle: avec
305
• 10 N.E.S pour lesquels l'écart Pé - Pr est significatif pour la population Insee dont les
entreprises ont plus de 20 salariés. Et sur ces 10 N.E.S.,
• seulement 7 pour lesquels l'écart Pé - Pr est également significatif pour la population Insee
dont les entreprises ont plus de 50 salariés
On donne ci-dessous la liste de ces 7 N.E.S. que notre échantillon sur ou sous représente :
L'ensemble des N.E.S. apparemment mal représentés suivant le calcul de différence que nous
avons retenu en première approximation montre donc que moins de 10% de la population
totale serait concernée par de légères distorsions de représentation dans notre échantillon.
population d'origine, nous utilisons le test de comparaison des proportions entre échantillon:
La comparaison des proportions par NAF des entreprises de notre échantillon avec les
proportions sur l'ensemble de la population Insee montre qu'il n'y a pas de différence
significative (t-values égales à 0,2 et 0,1 donc largement inférieures à 1,96). Dans un cas
comme dans l'autre (par rapport aux entreprises de plus de 20 ou de 50 salariés), notre
échantillon est représentatif de la population totale des entreprises manufacturières françaises.
Par conséquent, au niveau sectoriel, notre échantillon est représentatif de. l'ensemble de
l;industrie manufacturière française. n rassemble environ 10% de l'ensemble des entreprises de
la cinquantaine de N.E.S. définis par l'Insee.
n nous faut à présent vérifier la structure de notre échantillon par taille d'entreprise.
306
IV.1.1.b. Présentation de l'échantillon par taille d'entreprise
Classiquement, on retient deux mesures de la taille d'une entreprise: son effectif et son chiffre
d'affaires. Pour ce qui concerne notre échantillon les deux mesures sont très corrélées (le
Nous donnons ci-dessous la décomposition en déciles des effectifs et du chiffre d'affaires des
.
entrepnses de l'é can
h till on:
Déciles Effectif . Chiffre d'affaires (en millions de F)
1 42 21,8
2 48 30,3
3 60 40,4
4 46 53,2
médiane 94 71,6
6 121 94,1
7 165 134,2
8 240 207,7
9 404 430,8
En plus de la simple description de l'échantillon, il nous importe de vérifier que la structure par
taille de notre échantillon suit celle de la population réelle des entreprises françaises de
l'industrie manufacturière. Nous prenons en considération pour cette mesure les entreprises
les données par NES pour les entreprises ayant entre 20 et 50 salariés.
On dresse le tableau suivant, qui permet de tracer les graphiques par taille d'entreprises, et le
307
Graphiques IV .4. et IV .5. Comparaison par tranche de taille, normale et en cumul, des
entreprises de la population d'origine et de l'échantillon
normale cumulée
On peut donc noter que notre échantillon a deux caractéristiques principales. D'une part, il
sous estime la part des entreprises entre 50 et 99 salariés par rapport à la population de
référence. Conséquemment, les tranches comportant les entreprises dont l'effectif est supérieur
à 100 salariés sont donc légèrement plus importantes dans l'échantillon que dans la population
globale. D'autre part, au niveau des pourcentages cumulés, cette sous estimation n'apparaît
être compensée qu'à partir des entreprise de plus de 500 salariés, qui ne représentent que 10%
du total de l'échantillon. n faut néanmoins relativiser la sous-estimation des entreprises de 50 à
99 salariés dans l'échantillon par le fait que la mesure n'a pu être conduite sur la population
effective totale de l'échantillon (entreprises de plus de 30 salariés).
Au total, l'ensemble des effectifs cumulés des entreprises de notre échantillon correspond à
plus de 520000 salariés. Environ 50% des entreprises présentes dans l'échantillon ont moins
de 100 salariés (médiane à 94) même si l'échantillon semble légèrement sous-représenter les
entreprises de 50 à 99 salariés (compte non tenu des entreprises de 35 à 50 salariés).
On présente les statistiques descriptives des variables observables selon deux grandes
catégories: les premières sont les données brutes, c'est-à-dire les réponses aux questions de la
308
base SESAME qui ne sont pas retraitées; les secondes sont le résultat des calculs d'indices tels
que définis dans le chapitre précédent (DESTEMPS, DEGTRANS, etc.).
Sur les cinq variables latentes que l'on cherche à exprimer, trois trouvent leurs expressions à
partir des données brutes du questionnaire: la substituabilité des ressources clients, la
substituabilité des ressources fournisseurs, et la coordination interne. Les variables DIFF et
FONRD sont les autres variables observables brutes, expressions des variables latentes, d'une
part, non imitabilité des ressources productives, et d'autre part, non transférabilité des
ressources productives. Elles sont donc présentées de manière séparée dans le tableau.
Tout d'abord, il faut remarquer que toutes les variables, à l'exception de FONRD, ont cinq
modalités. En outre, toutes les variables sont informées: elles comportent toutes 2875
observations.
Ensuite, si l'on s'intéresse aux caractéristiques générales des distributions, elles ont toutes des
kurtosis négatives, ce qui est logique, compte tenu du fait que ces variables sont restreintes à
cinq modalités, qu'elles n'ont donc pas de queues de distribution à proprement parler. Les
309
valeurs absolues maximales des kurtosis ne sont toutefois pas excessives, aux alentours de 1.
En ce qui concerne l'indice de skewness, les valeurs sont réparties environ de -1 à 0,6, ce qui
laisse supposer des valeurs des variables observées avec de fortes fréquences, éloignant les
distributions des variables du profil normal.
Par conséquent, dès cet examen rapide, il est possible d'estimer que les variables brutes ne
peuvent pas être considérées comme des variables normales.
Si l'on analyse les moyennes, plusieurs éléments ressortent. D'une part, pour ce qui touche à
l'une des variables isolées, DIFF, les réponses sont partagées comme l'indique la moyenne de
2,7 (écart-type de 1,2). Les entreprises ont bien par conséquent des possibilités de
différenciation technologique très différentes les unes des autres. n en va de même pour la
variable FONRD: les entreprises déclarent de manière assez équilibrée miser sur le
développement technologique (moyenne 1,6et écart type 0,7).
310
L'analyse des variables exprimant la substituabilité des ressources fournisseurs, au mveau
global, montre que les entreprises jugent en moyenne que si leurs fournisseurs les perdaient
comme client, les conséquences seraient en moyenne plus faibles pour ceux-ci que si elles-
mêmes devaient remplacer leurs fournisseurs : la moyenne de ClFRCL est en effet inférieure à
celle de ClFR. Cela peut être mis en rapport avec la population d'entreprises sondées, qui,
comme nous l'avons vu, sont plutôt des structures moyennes, n'ayant pas a priori un pouvoir
de marché écrasant sur leurs fournisseurs. Cela signifie peut-être surtout que, dans le cadre
d'analyse fondé sur les ressources, les entreprises manufacturières misent beaucoup, en terme
de ressources et d'aptitudes, sur leurs fournisseurs pour valoriser leur production. Toutefois, la
moyenne élevée de la question CONCFR traduit le fait qu'une bonne partie des entreprises
mettent en concurrence leurs fournisseurs, ne privilégiant pas la ressource fournisseur en tant
que telle: 40% de l'échantillon ayant répondu 'Tout à fait d'accord' à cette question.
En ce qui concerne la substituabilité des ressources clients, les entreprises semblent répondre,
sur l'ensemble de l'échantillon, que leur remplacement par un de leur concurrent serait moins
préjudiciable à leur client, que la perte pour eux d'un de leurs clients. La moyenne de la
. ,". ",' - - . '.-
question CTCL indique une relation plutôt privilégiée avec le client pour certaines entreprises,
un quart d'entre elles ayant répondu des coûts élevés à cette question. Au niveau descriptif, la
question suivante, portant sur les investissement spécifiques effectués en faveur des clients ne
permet pas de répondre si les coûts de remplacement du client proviennent de tels
investissements, puisque la moyenne est équilibrée.
311
l'esprit ce biais éventuel dans ces questions lors des interprétations suivantes.
Les variables calculées regroupent plusieurs cas de figure. Primo, les variables comptables de
performance sont des ratios. Secundo, dans les variables tirées du questionnaire SESAME,
certaines variable n'ont pu être exprimées directement et sont le résultat d'un calcul d'indices.
Les variables, résultats de ces calculs, sont continues et ont une distribution normale. Comme
par ailleurs, nous souhaitons travailler avec des variables de nature homogène, c'est-à-dire
ordinales, nous avons retenu le procédé suivant de codification des modalités. En effet, les
matrices de corrélations polysérielles combinant les variables ordinales et les variables
continues non catégorielles sont extrêment non robustes lorsque les distributions s'éloignent de
la distribution normale (Olsson et al., 1982; Coenders et al., 1996)~
Pour ce qui est des variables observables X, on a retenu une codification en cinq modalités,
conformément aux échelles de Likert, utilisées dans les données brutes (voir supra).
1 1 1
l,'·,;'
Pour ce qui est des variables observables Y, on a retenu une codification en 7 modalités, afin
de reproduire plus largement le spectre de dispersion des valeurs -et de se conformer aux
données déjà obtenues pour la variable BCG. On a simplement ajouté un demi écart-type
312
supplémentaire de chaque côté de la modalité moyenne afin d'obtenir trois sous-segments
distincts de chaque côté. Ce qui donne, pour les valeurs des modalités des variables Y :
Y=I,si y::;M-3cr/2
y = 2, si M - 3cr/2 < y ::;M - a
y = 3, si M - cr < y S;; M - cr/2
y = 4, si M - cr/2 < y S;; M + a/2
y = 5, si M +cr/2 < y S;; M + cr
y = 6, si M + cr < y S;; M + 3cr12
y = 7, si y >M + 3cr/2
Trois précautions sont prises avant d'effectuer ces codifications. Avant la codification, on
s'assure d'une part que la moyenne et la médiane sont proches l'une de l'autre, pour que des
effets de distorsion par valeurs extrêmes sur la moyenne ne viennent pas fausser la codification.
D'autre part, les histogrammes de dispersion, ainsi que les mesures des skewness et kurtosis
sont observés afin de ne pas écraser des particularités éventuelles de distributions. Après la
codification, on mesure les coefficients de corrélations entre les variables continues et les
variables ordinales.
Concernant les variables X qui ont été codées (à l'exception de DIFF et de FONRD qui sont
des données brutes), on trouve des moyennes proches de la valeur 3, et des écart-types
relativement faibles. Les corrélations entre les variables codées et les variables de départ sont
toutes très proches de 1, montrant en cela qu'il n'y a pas eu de déplacement important de la
structure des données. Enfm, il faut noter que la variable FORMREL présente 180 données
manquantes, et qu'il faudra éventuellement, le cas échéant, envisager une procédure de
remplacement de ces données.
Toutes les variables Y (exceptée la variable BCG qui comportait déjà une échelle à sept points)
ont été codées en sept modalités: leurs moyennes tournent donc logiquement autour de la
valeur 4, avec des valeurs d'écart-type inférieur à la moitié de la moyemie, ce qui indique que
la dispersion des valeurs n'est pas trop forte. On remarque en outre que les coefficients de
corrélations entre les variables codées et les variables calculées étàient supérieures à 0,95, ce
qui manifeste que la cohérence globale des données de performance a été respectée. Enfin, on
313
constate que la variable BCG comporte plus de 700 données manquantes, ce qui apparaît
pénalisant, compte tenu du fait, qu'hormis FORMREL, quasiment toutes les variables
ultérieurement.
FiIfore IV7D
° °
°ti on des vana° bles 0bserva bles calc01'ees
escnpl
Variables Corrélation Nombre de Moyenne Kurtosis Skewness N
PearsonlSpearmanl modalités (Ecart·type)
I:::::::~::::r::::::r::::::m::Im:::::::I:I::::::::I:I:II:::::~::::::~::::~:::::::::::I::::::l::::::::m::ll::::::I::::::III::I:t:::::::IHv.itilB:::II:::::::::~~::::::r:{:::::::::::::::m:::::::!:::::!::::::::::t:::::::::I::tl:::~:::I::::::::~:::::I::t:~:::::::::::::::::::::::t::::::::l::::!:I:I:::::::::::::I:
Non transférabilité des ressources productives
FONRD 3 1,663 -0,969 0,641 2875
(rappel) (0,75 1)
DEGTRANS 0,926 / 0,98 1 5 3,129 -1 ,200 0,041 2835
(1,326)
R&DREL 0,855 / 0,896 5 3,002 0,386 0,3 13 2875
(0,972)
Non transférabilité des ressources productives ".
DIFF 5 2,699 -1 ,119 -0,001 2~75
(rappel) (1,253)
FORMREL 0,912 / 0,954 5 2,784 -0,288 0,154 2695
(1,109)
DESTEMPS 0,935 / 0,963 5 2,967 -0,597 0,065 2875
(1,162)
:::::::::::::r:~:::::::::::I:::I:::::::::::::::::::::::::::::::::::::I:II:::::::~:::::::::::::::::::::::::::::::::~:::::::::::::I::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::@:::~:IIliüiD.nl::II::I:::::r:::::::::::::::!:::::::~:::::~:::::::::::::::::!:::II:::::::::~::::~:::::::::::::::::::::::::::::::::::::~:::I::::::::::::::::~::::::::II::::I:I:II:::::::::::
TXME 0,957 / 0,954 7 4,017 0,205 0,241 2866
(1,395)
RBCE 0,946 / 0,948 7 4,032 0,332 0,~4~ - 2869
(1,373)
POSICLE 0,972 / 0,985 7 4, 150 -0,633 -0,1 15 2875
(1,578)
BCG 7 3,941 -0,848 -0,070 2132
(1,763)
Au total donc, sur l'ensemble des variables que nous étudions, on peut conclure:
• que la plupart sont bien informées (peu de variables manquantes exception faite de la
variable BCG) .
• que les variables X ont une structure et une nature communes: ce sont des variables
1 Spearman Correlation: version non paramétrique du coefficient de corrélation de Pearson, qui repose surIes
rangs des données plutôt que sur leurs valeurs réelles. Cette mesure est appropriée pour les variables ordinales.
314
ordinales à cinq modalités, dont la distribution s'éloigne de la distribution normale pour la
plupart d'entre elles (spécialement pour les données brutes)
• que les variables Y ont une structure et une nature commune: ce sont des variables
ordinales à sept modalités, dont la distribution est assez proche de la distribution normale.
Ce qui ne signifie toutefois pas que lors de l'élaboration des variables latentes, la structure
Compte tenu du fait que nos variables sont ordinales, et qu'elles n'ont pas pour la plupart
d'entre elles une distribution normale, on présente les corrélations utilisant un test non
le tau de Kendall plutôt que les corrélations de Pearson traditionnellement utilisées (W onnacott
et Wonnacot, 1990).
L'analyse de la matrice des corrélations doit permettre de tester deux choses. Premièrement,
les corrélations doivent théoriquement être supérieures entre les variables observables Xou y
qui expriment les mêmes variables latentes qu'avec n'importe lesquelles des autres variables.
Deuxièmement, les relations exprimées à travers les corrélations permettent de vérifier grâce
au signe du coefficient de corrélation que le sens des relations observées est conforme aux
observées avec les relations théoriques sous-jacentes qui seront testées dans les phases
Kendall, ainsi que la significativité de la relation observée. On présente les variables dans
l'ordre théorique des variables latentes. Les zones en gras correspondent aux coefficients des
• la très forte corrélation entre lé TXME et la RBCE (60%), ce qui correspond à l'ordre de
grandeur couramment observé dans les études empiriques (entre 60 et 70% selon les
études).
315
• les corrélations importantes entre les deux variables comptables de la performance et les
deux variables observables de la variable latente 'performance de marché' : il s'agit par
exemple pour la variable RBCE des deux plus fortes corrélations, derrière la corrélation
RBCE-TXME. n semble donc qu'il y ait une convergence de variation de ces variables.
• le fort coefficient de corrélation entre les deux variables observables BCG et POSICLE
(14%). Pour la variable BCG, ce coefficient est le maximum observé. Ceci laisse penser que
la variable latente performance de marché peut être représentée par ces deux variables
observables, même si l'adéquation locale de la variable latente risque de n'être pas très forte
(présence d'une erreur de type e assez importante).
• d'une part les coefficients sont en valeur absolue assez importants et qu'ils sont tous
significatif~
• d'autre part, leurs signes sont bien orientés, conformément aux hypothèses et aux
remarques exprimées lors de l'opérationnalisation: DEGTRANS est négativement
corrélée avec R&DREL et FONRD.
• Par conséquent, ces indications sur les variables observables ne viennent pas
contredire les orientations retenues pour la définition de la variable latente qu'elles
représentent.
• que les coefficients reliant la variable DESTEMPS aux deux autres sont forts (7 et
16%), significatifs et bien orientés (signe positif).
316
développement technologique est un axe stratégique; les dépenses de formation
suivent le même mouvement que les efforts faits pour l'information des salariés.
non imitabilité des ressources productives, telle qu'exprimée par ces trois variables
observables.
• les coefficients sont en valeur absolue importants (de 7 à 17%). Ils sont tous
significatifs, et les signes des coefficients de corrélation entre CONCFR et les deux
• les trois variables observables ne présentent donc pas dans leurs relations d'éléments
• les coefficients sont en valeur absolue importants (de 18 à 27%) et sont tous
significatifs. Ils présentent une bonne orientation de signe pour les deux variables
latentes.
Ainsi, au total, l'étude des corrélations entre les différentes variables observables conduit à
accepter a priori les opérationnalisations des variables latentes, avec une précaution toutefois,
concernant la variable FORMREL. Aussi, nous pouvons passer aux étapes statistiques
317
TXME RBCE POSICLE BCG FONRD DEGTRANS R&DREL DESTEMPS DIFF FORMREL CONCFR CTFRCL
RBCE 0,5978
N( 2832)
Sig ,000
FORMREL 0,0551 -0,0008 -0,035 0,0673 0,0551 -0,0004 0,117 0,0668 -0,0036
N( 2658) N( 2689) N( 2695) N( 2014) N( 2695) N( 2656) N( 2695) N( 2695) N( 2695)
Sig ,001 Sig ,958 Sig ,025 Sig ,000 Sig ,001 Sig ,982 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,819
CONCFR 0,0093 -0,0165 -0,0633 0,0114 0,0384 0,0339 -0,001 0,0653 0,0108 0,0085
N( 2832) N( 2865) N( 2871) N( 2139) N( 2871) N( 2831) N( 2871) N( 2871) N( 2871) N( 2691)
Sig ,544 Sig ,283 Sig ,000 Sig ,508 Sig ,017 Sig ,027 Sig ,949 Sig ,000 Sig ,480 Sig ,596
CTFRCL 0,0199 0,0598 0,0646 0,0844 0,0382 -0,0288 0,0085 0,0657 0,0684 0,0358 -0,0682
N( 2836) N( 2869) N( 2875) N( 2142) N( 2875) N( 2835) . N( 2Q75) N( 2875) N( 2875) N( 2695) N( 2871)
Sig ;192 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,017 Sig ,059 . Slg;588 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,025 Sig ,000
CTFR 0,0117 -0,0128 0,0145 0,0401 0,0735 -0,0043 0,036 0,03 0,0846 0,0396 -0,122 0,1686
N( 2836) N( 2869) N( 2875) N( 2142) N( 2875) N( 2835) N( 2875) N(2875) N( 2875) N( 2695) N( 2871) N( 2875)
Sig ,445 Sig ,404 Sig ,334 Sig ,020 Sig ,000 Sig Jtl8 Sig ,022 Sig ,051 Sig ,000 Sig ,014 Sig ,000 Sig ,000
.l-J
';:'-',
TXME RBCE POSICLE BCG FONRO ·OEGTRANS R&OREL OESTEMPS DIFF FORMREL CONCFR
AOAPT 0,0579 0,0275 . -0,0251 -0,0038 0,1113 -0,0069 0,0499 0,059 0,0869 0,0569 0,0519
N( 2836) N(2869) N( 2875) N( 2142) N( 2875) N( 2835) N( 2875) N( 2875) N(2875) N( 2695) N( 2871)
Sig ,000 Sig ,071 : Sig ,091 Sig ,822 Sig ,000 Sig ,652 Sig ,001 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,001
CTCLFR 0,0498 0,0219 0,0559 0,031 0,1068 -0,0365 0,0619 0,0848 0,1713 0,0427 0,0318
N( 2836) N( 2869) N( 2875) N( 2142) N( 2875) N( 2835) N( 2875) N( 2875) N( 2875) N( 2695) N( 2871)
Sig ,001 Sig ,155 Sig ,000 Sig ,074 Sig ,000 . Sig ,018 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,008 Sig ,040
CTCL -0,0117 -0,0263 -0,0209 0,0022 0,0408 -0,016 0,0331 0,0135 -0,0043 0,0575 -0,0074
N( 2836) N( 2869) N( 2875) N( 2142) N( 2875) N( 2835) N( 2875) N( 2875) N( 2875) N( 2695) N( 2871)
Sig ,441 Sig ,083 Sig ,159 Sig ,900 Sig ,011 Sig ,291 Sig ,034 Sig ,375 Sig ,778 Sig ,000 Sig ,629
COORO 0,0496 0,0099 0,0084 0,0466 0,0618 0,0163 0,0592 0,0717 0,0516 0,1238 0,051
N( 2836) N( 2869) N( 2875) N( 2142) N(2875) N( 2835) N( 2875) N( 2875) N( 2875) N( 2695) N( 2871)
Sig ,001 Sig ,519 Sig ,577 Sig ,007 Sig ,000 Sig ,290 Sig ,000 Sig ,000 Sig ,001 Sig ,000 Sig ,001
OIFINFO 0,0031 -0,0043 0,0007 0,0632 0,0522 -0,0277 0,0281 0,0709 0,0414 0,1436 0,0495
N( 2836) N( 2869) N( 2875) N( 2142) N( 2875) N( 2835) N( 2875) N( 2875) N( 2875) N( 2695) N( 2871)
Sig ,842 Sig ,784 Sig ,963 Sig ,000 Sig ,001 Sig ,076 Sig ,079 Sig ,000 Sig ,008 Sig ,000 Sig ,002
DlFOBJ -0,0126 -0,0214 0,0245 0,0081 0,0509 0,0064 0,0568 0,0502 0,0154 0,1159 0,0859
N( 2836) N( 2869) N( 2875) N( 2142) N( 2875) N( 2835) N( 2875) N( 2875) N( 2875) N( 2695) N( 2871)
Sig ,419 Sig ,168 Sig ,106 Sig ,642 Sig ,002 Sig ,678 Sig ,000 Sig ,001 Sig ,321 Sig ,000 Sig ,000
Nous nous livrons à l'examen de deux séries de tests de moyenne: d'une part, en prenant en
compte les différences d'appartenance sectorielles, et d'autre part, en considérant les
différences de taille d'entreprise.
Par la suite, afin d'estimer si le nuage des données peut être résumé à l'aide de plusieurs axes
factoriels qui devraient coïncider avec la description des variables latentes, des analyses en
composantes principales sont étudiées.
Une première indication des différences intersectorielles concernant les individus peut être
simplement obtenue en croisant les deux variables descriptives des entreprises: leur secteur et
la taille en effectif des entreprises. Observée au niveau des sous-sections, on obtient le tableau
IV.8 suivant:
Ta bleau IV°8• TaIon e des entrepnses par sous-sections d' actiVItés
SOUS-SECTION N Moyenne Min Max
Industries agricoles et alimentaires 474 180 33 1624
Industrie textile et de l'habillement 340 145 33 1248
Industrie du cuir et de la chaussure 66 176 35 948
Travail du bois et fabrication d'articles en bois 37 114 37 697
Industrie du papier et du carton ; édition et imprimerie 257 142 32 1286
Industrie chimique 129 249 33 1613
Industrie du caoutchouc et des plastiques 169 164 31 1749
Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques 88 207 31 1967
Métallurgie et travail des métaux 455 166 31 1783
Fabrication de machines et équipements 286 209 33 1960
Fabrication d'équipements électriques et électroniques 224 209 32 2063
Fabrication de matériel de transport 113 270 35 1688 .
Autres industries manufacturières 197 151 35 1471
TOTAL 2835 185
Dès la lecture de ce tableau, on peut constater qu'en moyenne, les entreprises de la sous-
section matériel de transport ont une taille plus importante que celles appartenant aux sous-
sections travail du bois et industrie de papier et de l'édition. Si les différences entre le
industries liées aux travaux des métaux, de la mécanique, de l'électrique et de l'électronique
320
différence entre cet ensemble de sous-sections et les sous-sections dont l'effectif moyen est
inférieur à 170 doit être statistiquement significative.
Afin de mesurer les différences significatives de moyenne entre. les sous-sections et les
différentes variables, nous avons eu recours à la méthode ANOV A (tests de Bonferroni, de
Duncan et de Tukey-B). Ces tests ont des propriétés respectives plus ou moins fortes: le
premier est le plus robuste mais le moins précis, et le dernier est le moins robuste mais le plus
précis. La comparaison des résultats à ces trois tests montre (cf Annexe 2) que les différences
sont significatives pour la taille mesurée par les effectifs entre les sous-sections 6 (industries
chimiques) et 12 (Fabrication de matériel de transport) et la plupart des autres sous-sections. A
noter que le même test effectué sur l'autre mesure de taille (le logarithme du chiffre d'affaires)
donne des résultats identiques, montrant que les deux sous-sections précédentes ont des
chiffres d'affaires supérieurs à la moyenne des autres sous-sections, ainsi que le sous-groupes
des industries alimentaires.
L'accent mis sur le développement technologique est significativement plus fort dans
l'industrie de fabrication des matériels de transport (nOI2), et plus faible dans les industries
agricoles, alimentaires, du textile et de l'habillement (nO1 et 2).
Le degré de transférabilité des ressources productives apparaît plus forte dans l'industrie du
papier et de l'imprimerie (n05), et plus faible dans l'industrie agricole et alimentaire (nOI). Cela
signifie que la première privilégie prioritairement les facteurs tels que les délais, la souplesse,
l'image de marque et les services associés, tandis que la dernière porte son attention
prioritairement au prix et à la qualité.
321
Les déséconomies liées à la réduction du temps sont significativement les moins fortes dans les
sous sections concernant les produits textile et de l'habillement (n02) et ceux du cuir et de la
chaussure (n03). Cela exprime l'idée que ces secteurs reposent sur des ressources
potentiellement plus transférables que les autres sous sections (ce qui va sans doute de pair
faible que les autres sous-sections, et également a priori une non substituabilité des
La variable de mise en concurrence des fournisseurs semble opposer d'un côté les sous-
sections des biens de consommation courante et de l'autre celles des biens d'équipements. Les
premières chercheraient significativement plus à établir des liens, fondés sur des ressources
distinctives, tandis que les autres préféreraient mettre en concurrence fortement leurs
non substituabilité de ses clients plus forte que les autres' sous-'sections, puisque les trois
variables observables ont une moyenne significativement plus élevée. Portant sur des contrats
en moyenne plus important que les autres sous-sections, ce secteur (de même pour la
On procède aux mêmes tests de différences de moyenne suivant la taille des entreprises. Pour
ce faire, comme on ne peut pas définir chaque valeur de taille d'entreprise comme une modalité
de groupe particulière, on découpe notre échantillon en quatre parties de taille égale grâce à la
322
On procède à l'identique avec la variable chiffre d'affaires pour obtenir quatre groupes sur
lesquels on applique les trois tests ANOVA, afin de vérifier la stabilité de la première mesure
par effectif. Les quatre groupes formés ont les caractéristiques suivantes :
Le groupe 1 des plus petites entreprises présente schématiquement les traits sllivants. Les
entreprises de ce groupe déclarent en majorité avoir de bons avantages compétitifs (POSICLE)
même si elles misent moins sur le développement technologique pour cela (FONRD). Sur ces
deux traits elles s'opposent essentiellement avec le groupe 4 des plus grandes entreprises. On
constate également qu'elles mettent apparemment moins en œuvre les mécanismes de
coordination transversale, qui sont l'apanage des entreprises de taille·plus importante (groupe
4) ce qui rejoint une remarque précédente concernant le lien entre la variable CORDI et la taille
de l'entreprise.
Le groupe des entreprises de plus grande taille présente la caractéristique de déclarer avoir une
part de marché relative significativement plus importante que les entreprises plus petites
(BCG). n semble également que le degré de substituabilité par rapport aux fournisseurs soit
plus .faible pour ces entreprises, qui tentent vraisemblablement de privilégier pour leur
développement des ressources et aptitudes spécifiques auxquelles contribuent les fournisseurs.
323
technologique DIFF et dans une moindre mesure pour les variables observables de la non
substituabilité des ressources clients.
La première étape du travail empirique consiste à vérifier que les variables censées représenter
les variables latentes ç correspondent bien aux concepts spécifiés. A cette fin, on procède à une
analyse en composantes principales, permettant de distinguer panni les variables observées X
les axes factoriels résumant au mieux l'inertie totale du nuage de points. On utilise la rotation
Oblimin qui ne spécifie pas que les axes factoriels sont orthogonaux puisque le modèle Lisrel
qui sera utilisé dans la deuxième étape cherche à établir les corrélations et les covariances entre
facteurs explicatifs -il serait donc peu pertinent d'éliminer les corrélations éventuelles entre axes
factoriels en utilisant la rotation Varimax par exemple. Par souci de vérification, nous avons
néanmoins effectué les analyses Varimax: les résultats obtenus sont très peu différents compte
tenu du fait que les axes obtenus par rotation Oblimin sont assez peu corrélés entre eUx,
comme on va le voir.
n faut tout d'abord remarquer que la matrice des corrélations de Pearson, qui est utilisé par
l'ACP confirme les principaux résultats trouvés par l'examen, à la partie précédente, des
corrélations de Kendall.
Cinq axes ont été retenus par le modèle représentant 47,7% de l'inertie totale du nuage de
points. Ce pourcentage est assez faible, même si l'on tient compte du nombre de variables et
d'individus contenus dans la base -ce qui augmente les dispersions, et limite donc la qualité
potentielle du modèle exprimée en pourcentage d'inertie totale.
Deux axes ressortent, clairement exprimés par les variables observables. TI s'agit des deux
variables latentes de substituabilité. Sur ces axes, les loadings sont satisfaisants (proches de
0,7) et les signes escomptés respectés. L'axe de coordination interne se dégage également
nettement, mais la variable FORMREL est corrélée avec lui, même si faiblement Cela avait
324
être anticipé suite à l'examen des corrélations puisque le coefficient de corrélation maximal de
FORMREL la reliait avec DIFINFO.
En outre, deux axes semblent assez confus: ils concernent tous les deux les caractéristiques
des ressources productives. Cela pouvait également être anticipé à partir de l'examen des
corrélations bivariées.
Trois variables présentent un problème d'appartenance claire à des axes factoriels, ce qui
introduit des perturbations dans la définition des axes représentant les variables latentes sous-
jacentes. En effet, les loadings de la variable R&DREL sont de -0,50 sur l'axe cinq et de 0,43
sur l'axe un ; ceux de la variable FORMREL sont de 0,49 sur l'axe deux et -0,35 sur l'axe
cinq; et enfin la variable DIFF présente le même type d'indétermination à un moindre degré
L'examen des communalités permet d'aider à déterminer parmi ces trois variables celle qui peut
priori DIFF est donc conservé. En revanche, compte tenu de sa mauvaise corrélation avec les
deux autres variables observables, expressions de· sa variable latente, on décide de· retirer
FORMREL.
Par conséquent, on relance une seconde ACP, en supprimant du modèle la variable FORMREL
qui introduit du bruit dans la dispersion du nuage, compte tenu de ses corrélations multiples
avec d'autres variables. Les résultats sont fournis en annexe 3 et résumés dans le tableau
suivant
Tableau IV.9. Résultats Espérés et Obtenus après rotation Oblimin. ACP n02
Extrait de l'annexe 3 :
Factor 1 Factor 2 Factor 3 Factor 4 Factor 5
ADAPT· ,72723 ,11642 ,05624 -,12668 ;08372
COUTCLFR ,70472 ,02288 -,10200 ,00582 -:,12084
COUTCL ,61175 ,05960 -,16607 -,10755 ,33282
325
COUTFRCL ,28320 ,04579 -,67693 -,05294 ,07234
COUTFR ,00491 ,14968 -,65605 ,04465 ,23506
Q512 ,10959 ,17171 ,62266 ,15418 ,31387
On observe que même si le pourcentage total d'inertie résumé par les axes n'est que de 50%,
les différents axes factoriels qui ressortent de l'analyse correspondent bien aux différentes
variables latentes du modèle théorique. Les loadings sont satisfaisants ainsi que les différentes
communalités -hormis la variable FONRD. Les oppositions de signes entre les variables sont
conformes aux attentes: DEGTRANS et CONCFR s'opposent aux· autres variables
observables. Par rapport aux signes attendus pour exprimer les variables latentes, elles portent
le signe contraire, ce qui signifie que les axes représentés par l'analyse en composantes
principales sont dans ce cas la transférabilité des ressources productives et la substituabilité des
relations fournisseurs (et non leur contraire comme dans le modèle théorique). Dans le modèle
326
Lisrel, on prendra soin se spécifier les variables d'échelle des À afin d'exprimer précisément la
variable latente.
TIconvient de noter que cette seconde analyse en composantes principales a été également
conduite en utilisant les seuls individus complètement informés pour l'ensemble des variables X
et Y, individus qui serviront de base à l'utilisation de Lisrel. Les résultats montrent que les
regroupements, les signes et les niveaux de significativité sont tous conftrmés.
Par ailleurs, le but de cette partie n'est pas de rechercher la meilleure ACP possible avec nos
données -ce qui pourrait être fait en retirant les variables ayant les communalités les plus
faibles- mais de s'assurer de la cohérence des variables latentes représentés par le nuage de
points de nos données. Ce but a donc été atteint.
• d'une part dans la déftnition des variables latentes à utiliser dans le modèle Lisrel
Introduction
Cette section est consacrée à la présentation des résultats des modèles Lisrel. Cette
présentation doit tenir compte de plusieurs éléments :
2. le point d'observation le plus récent est plus riche en information que le plus ancien, à cause
de l'absence de certaines questions au début des campagnes d'enquête ;
327
3. l'utilisation du modèle Lisrel passe par plusieurs étapes (spécification, identification,
estimation et adéquation) qu'il convient de détailler très précisément. Plusieurs auteurs ont
d'activité (Biens d'équipements, biens de consommation, etc.) par rapport aux résultats
globaux.
Nous rapportons ici plusieurs tests de modèles Lisrel. Pour prendre en compte les éléments
Les premiers résultats présentés concernent le test de l'explication des variables endogènes par
suivant les modèles utilisés: des modèles que l'on appelle complets, qui prennent en compte le
maximum de variables observables que peut contenir le modèle Lisre1 ; des modèles réduits qui
ne comportent pour 1995/1996 que les variables communes avec les données rassemblées pour
Les autres résultats concernent le test pour l'année 1993/1994 des mêmes modèles à équation
structurelles que ceux utilisés dans la partie précédente. Les modèles 1993/1994 peuvent ainsi
----~._._. - ..
être comparés entre eux, au niveau de la structure générale du modèle complet, et à un niveau
• d'une part, vérifier que la structure causale est respectée entre le modèle complet et le
• d'autre part comparer la première structure causale (cas A) avec les résultats donnés par la
seconde (cas B; qui utilise les données exogènes antérieures pour expliquer les mêmes
variables endogènes).
328
Figure IV.10. Modèles empiriques et comparaisons entre modèles
'"
Comparaison 1
1
Structure de
questions
Modèle réduit -Cas A
1993/1994
Comparaison 2
Dans tous les cas, nous respecterons les étapes principales suivantes :
• présentation "type" des résultats des étapes d'estimation et d'adéquation de tous les
modèles
Ensuite, les sous-échantillons correspondant à des groupes de taille et d'activités seront testés.
On présentera de manière plus succincte les résultats, que l'on commentera. Finalement, une
synthèse globale prenant en compte les apports des différents modèles exposés au cours du
Avant de passèr à la présentation des différents résultats, une propriété commune à l'ensemble
des modèles testés peut être signalée dès à présent. Compte tenu de la nature de nos variables ...
taille importante de nos échantillons (supérieure à un millier d'individus), nous avons suivi la
recommandation de Joreskog et Sorbom (1988, chap 7, 'Analysis of ordinal and other non-
normal variables) dans l'usage de la méthode d'estimation: nous avons retenu la méthode des
329
moindres carrés pondérés (WLS). Ce choix implique d'une part, que l'élimination des individus
ayant une donnée manquante est automatique (listwise deletion), et d'autre part, que la matrice
de covariance de base est la matrice polychorique, que nous calculons à partir de la procédure
Pour le cas A, il s'agit donc de tester deux grandes catégories de modèles n'utilisant que des
données de 1995/1996: les modèles complets et les modèles réduits. Les résultats des
différents modèles sont présentés dans les Annexes II. Une remarque supplémentaire doit être
apportée avant de passer à la description des résultats de ces différents modèles.
Comme on l'a vu dans la description des variables, l'une des variables observables y (BCG)
contient beaucoup de données manquantes (plus de 700 sur 2875 observations totales).
Sachant que le modèle Lisrel ne travaille qu'à partir d'individus complètement informés (c'est-
à-dire sans aucune donnée manquante), nous avons pris la décision d'utiliser une procédurè de
remplacement des données manquantes sur cette variable. Néainnoins, pour une clarté
maximale, nous présenterons les résultats avec et sans le remplacement des données
manquantes de BCG. Cette procédure permet de travailler avec une base de données beaucoup
plus complète. il aurait été dommage de sacrifier 700 individus parfaitement informés sur
l'ensemble des autres variables à cause des données manquantes sur une seule variable.
Lorsque le remplacement a été effectué, il l' a été sur les bases et selon la procédure suivantes.
Nous nous sommes d'abord assuré que les données manquantes n'étaient pas concentrées sur
des divisions d'activités particulières en comparant les distributions par activités des 2875
individus de la base avec celles de la base où manquaient les individus non informés sur la
variable BCG. il est apparu que les valeurs manquantes pouvaient être considérées comme
étant aléatoirement distribuées parmi les différentes divisions d'activité. Nous avons vu par
ailleurs, d'après les tests de moyenne, que deux divisions avaient une moyenne légèrement
supérieure significative sur la variable BCG par rapport aux autres divisions représentées dans
la base. Par conséquent, il était délicat de remplacer les données manquantes par la moyenne de
la variable sur la totalité de l'échantillon. Nous avons donc préféré remplacer les données
330
IV.2.I.a. Modèles complets
Spécifications des modèles complets
Nous ne présentons pas exhaustivement l'ensemble des modèles successifs ayant conduit aux
spécifications du tableau IX.2. En revanche nous détaillons les raisons justifiant les choix des
spécifications qu'il contient
Les spécifications du modèle nOI présentent les caractéristiques suivantes: la valeur d'échelle 1
est attribuée à une variable Âx afin de servir de référence pour l'estimation des autres
Les paramètres de la matrice r sont laissés libres pour permettre de tester les hypothèses (à
l' exception des relations entre CORDI et TXME, et CORDI et RBCE pour lesquelles aucune
hypothèse n'a été formulée).
Les matrices es et ee sont diagonales, exceptées deux erreurs Ô qui ont été laissées libres car
covariance entre les investissements spécifiques destinés aux clients (ADAPT) par rapport au
coût de changement de client pour l'entreprise (CTCL) est positive. On peut s'attendre à ce
résul tat puisque plus les investissements sont estimés élevés par l'entreprise, plus l'erreur dans
l'estimation du coût de changement du client est susceptible de varier dans le même sens.
D'autre part, la covariance entre les erreurs de mesure de la diffusion des objectifs stratégiques
et le coût de changement de fournisseur est également supposée significative et positive.
Le modèle n02 entérine le fait qu'une variable observable X représente mal la variable latente
exogène à laquelle elle correspond. Cette variable X (CONCFR) est donc retirée du deuxième
modèle. De même, l'effet direct le plus faible (entre NlMIT et MARCHE) étant estimé à 0.007
parle modèle nOl, la décision de le fixer à 0 dès la spécification du modèle a été prise. Tous les
Enfin, le troisième modèle. reprend les mêmes spécifications que le modèle nO1 avec l'apport
essentiel du modèle n02. à savoir le retrait de la variable CONCFR. Par ailleurs, la base de .
données ayant servi à l'estimation Lisrel diffère pour le troisième modèle puisque le test est
effectué sur 2866 individus (avec la variable BCG complétée suite au remplacement des
données manquantes par la valeur moyenne sectorielle de la variable).
331
Tableau IV.ll. SPECIFICATION DES MODELES
MODELEl MODELE 2 MODELE 3
Variables X Â,x
DESTEMPS libre libre libre
DIFF 1 1 1
R&DREL libre libre libre
FONRD 1 1 1
DEGTRANS libre libre libre
CTFR libre libre libre
CTFRCL 1 1 1
CONCFR libre retiré retiré
CTCL 1 libre libre
CTCLFR libre 1 1
ADAPT libre libre libre
DIFINFO 1 1 1
DIFOBJ libre libre libre
COORD libre libre libre
Variables Y Â,y
TXME 1 1 1
RBCE .. 1 1 1
BCG libre libre libre
POSICLE 1 1 1
AUTRES covariance entre erreurs Ô
.
coefficients 'Y
'YCORDI-TXME fixé fixé fixé
'YCORDI-RBCE fixé fixé fixé
'YNIMIT-MARCHE - fixé -
modèle) ; 2) le second donne les paramètres Â. et cp; 3) le dernier décompose les différents
dite.
332
Tableau IV.12. ADEQUATION GLOBALE ET LOCALE
Corrélations multiples MODELE 1 MODELE 2 MODELE 3
DESTEMPS .053 .054 .079
DIFF .702 .690 .515
R&DREL .045 .045 .054
FONRD .206 .211 .265
DEGTRANS .119 .120 .115
CTFR .096 .110 .134
ClFRCL .617 .412 .381
CONCFR .024 - -
CTCL .119 .117 .098 "
CTCLFR .514 .517 .545
ADAPT .179 .181 .174
DIFINFO .353 .356 .337
DIFOBJ .335 .337 .343
COORD .355 .354 .297
TXME 1 1 1
RBCE 1 1 1
POSICLE .239 .231 .259
BCG .160 .164 .112
Adéquation fdobale
G.F.I. .985 .989 .990
A.G.F.I .977 .983 .984
RMR ;037 .032 .030
Chi-deux 377 263 .324
De~rés de liberté 109 94 93
« gain » de Chi~deux rapport: 3.5 114 pour 15 d.1. rapport: 3.5 .
de 3.5 à 2.8
. ",
333
Tableau IV.13. VARIABLES OBSERVABLES ET VARIABLES LATENTES
MODELEl MODELE 2 MODELE 3
Variables X Â.x Â-x Â.x
DESTEMPS .274*** .280*** .391 ***
DIFF 1 1 1
R&DREL .465*** .463*** .451 ***
FONRD 1 1 1
DEGTRANS -.760*** -.754*** -.658***
ClFR .395*** .517*** .593***
CTFRCL 1 1 1
CONCFR -.197*** - -
CTCL 1 1 1
CTCLFR .482*** .476*** .424***
ADAPT .590*** .591 *** .564***
DIFINFO 1 1 1
DIFOBJ 1*** .997*** 1***
COORD .973*** .973*** .938***
Variables Y
Â.v Â.v Â.v
TXME
1 1 1
RBCE
1 1 1
BCG .820*** .842*** .659***
POSICLE 1 1 1
.. ".' ,,- " ..
AUTRES
ÔoIFlNFO-CIFR .109*** .097*** .109***
ÔADAPT-crCL .145*** .146*** .178***
334
Tableau IV.l4. STRUCTURE CAUSALE
MODELEl MODELE2 MODÈLE 3
ESTIMATIONS
Non standardisées
Paramètres 'V Standardisées
Non imitabilité -txme .190 .188* .252**
.159 .156* .181**
Non imitabilité -rbce .122 .116 .011
.102 .096 .008
Non imitabilité - marché .004 - .172*
.007 .243*
Non transférabilité -txme -.497 -.494 -.278
-.226 -.227 -.057
Non transférabilité -rbce -.647 -.626 -.233
-.294 -.288 -.089
Non transférabilité - marché .841 *** .806*** .455***
.782*** .771*** .461 ***
Non subst. rel. Fournisseurs - txme -.129* -.219** -.153*
-.101* -.140** -.095*
Non subst. rel. Fournisseurs - rbce -.014 -.085 -.036
-.011 -.024 -.022
Non subst. rel. Fournisseurs - marché .121 *** .196** .137**
.194*** .262** .166**
Non subst rel. Clients - txme .240* .273** .164**
.172* .196** .121 **
Non subst. rel. Clients - rbce .080 .085 -.013
.
.057 .061 -.009
Non subst rel. Clients - marché -.223*** -.248*** -.189***
-.328*** -.371 *** -.275***
coordination interne - marché .009 .006 -.021
.011 .008 -.025
Paramètres B
I3MARCHE-TXME .552* .596** .368**
influence de marché sur txme .270* .287** .187**
13 MARCHE- RBCE .485 .498 . .311*
influence de marché sur rbce .237 .240 .158*
~RBCE .713*** .714*** .732***
influence de txme sur rbce .713*** .714*** .732***
335
Analyse des résultats des modèles complets
Adéquation locale
Tout d'abord examinons les différents paramètres d'adéquation locale du premier modèle.
Les loadings Â.x permettent de juger de la fiabilité de l'expression de la variable latente par les
variables observables. Les variables observables servant «d'échelle» ont reçu lors de l'étape
de spécification du modèle la valeur 1. Pour les autres, il s'agit de vérifier 1) la valeur absolue
du coefficient 2) le signe et 3) la significativité du coefficient à l'aide du T de Student
En ce qui concerne les À.x du modèle n01, on constate que leurs valeurs absolues sont plutôt
assez peu élevées (tab. IV.13.). Sur neuf, trois d'entre elles dépassent largement la valeur de
0,7 tandis que les autres sont inférieures. Toutefois, cette première analyse doit être relativisée.
En effet, les signes espérés sont tous conformes aux attentes, tel que nous l'avait laissé
supposer l'analyse en composantes principales. Par ailleurs, tous les Àx sont très significatifs
puisque lesT de Student correspondant excèdent la valeur 2.
Le tableau IV.12. 'Adéquation locale et globale' donne des estimations d'autres paramètres '.:.,
permettant de s'assurer de la validité des construits utilisés. Les corrélations multiples au carré
sont des mesures de la force de la relation linéaire entre la variable latente et les variables
observables qui sont censées l'exprimer (Joreskog et Sorbom, 1987, p42 et BoHen, 1989,
pl18). TI s'agit en fait d'une mesure comparable au R2 des modèles de régression. Sur les 14
corrélations multiples correspondant aux variables observables, seules 3 présentent des
coefficients faibles: il s'agit des variables DESTEMPS, R&DREL et surtout CONCFR. Les
autres ont des coefficients qui peuvent être qualifiés d'assez faibles (autour de 10%), de
moyens (30%) jusqu'à forts (supérieurs à 50%).
Lisrel donne également un coefficient global de détermination pour l'ensemble des relations
liant les variables latentes ç "'
aux variables observables X. Le modèle nO} a pour cet indice
d'adéquation une très forte valeur: 0 ,98 (tab. IV. 12).
L'ensemble de ces différentes informations nous permet de conclure globalement à une bonne
adéquation locale entre les variables latentes exogènes et les variables qui les expriment
336
Le même examen doit être effectué pour les variables latentes endogènes 11 . On constate tout
d'abord que la valeur absolue de ÂBCG est très forte, de bon signe et très significative (T
largement supérieur à 2). Par ailleurs, les corrélations multiples sont satisfaisantes pour la
variable latente endogène 'performance de marché' (0,16 et 0,239).
Ensuite, Lisrel détaille les coefficients de détermination partiels pour chaque variable latente
endogène,' avant de donner une estimation globale du coefficient de détermination total du
modèle (tab. IV.12). Dans cette partie sur l'adéquation locale nous nous intéressons ici au
premier coefficient Le second sera commenté ci-dessous, dans la partie portant sur
l'adéquation globale du modèle. On constate que les coefficients de détermination partiels sont
inégaux. Deux sont très forts: ceux concernant la performance de marché et la rentabilité du
capital d'exploitation (coefficients supérieurs à 0,53). Le troisième est faible puisque sa valeur
est d'à peine 7%. Nous tenterons d'en rendre compte ultérieurement.
Le modèle n02 a les mêmes spécifications que le premier modèle. ana retranché simplement la
variable CONCFR qui avait le plus faible loading et la plus faible corrélation multiple de toutes
les variables observables.
Au niveau des variables latentes endogènes, la modification opérée a comme conséquence une
amélioration légère des différents coefficients partiels de détermination, mais qui restent
logiquement dans les mêmes ordres de grandeur que ceux obtenus pour le modèle n°l.
Le modèle n03 reproduit les spécifications du modèle nOl en ajoutant les données manquantes
remplacées de la variable BCG, mais avec le retrait de CONCFR, hérité du deuxième modèle.
On constate au· total une amélioration des loadings: 'cela renforce la fiabilité globale des
construits des variables hi.tentes exogènes, même si le coefficient de détermination pour
l'ensemble des variables X fléchit très légèrement, passant de 0,98 à 0,96, restant à un
337
excellent niveau. Les corrélations multiples se maintiennent pour la grande majorité dans les
ordres de grandeurs du modèle n° 1.
En ce qui concerne les variables latentes endogènes, un résultat mérite d'être signalé: les
coefficients partiels de détermination sont les plus faibles des trois modèles. Spécifiquement,
alors que les deux premiers restent dans les mêmes ordres de grandeur, le coefficient de
détermination de la performance de marché passe de 0,53 à 0,39. Cela peut sans doute être
expliqué par l'augmentation du nombre d'individus qui introduit des erreurs standards plus
numérateur Var (1lD. Quoiqu'il en soit la valeur de 0 ,39 reste tout à fait significative.
Au total, on peut conclure que les modèles complets ont été bien spécifiés, qu'ils ont pu être
estimés et que les coefficients traduisant l'adéquation locale entre les différentes variables
latentes et les variables observables sont globalement très satisfaisantes (allant d'une
Adéquation alobale
Dans la lignée des indices présentés pour l'estimation de l'adéquation locale, le premier
élément qui sera présenté est le coefficient total de détermination _des équations structurelles _
(tab. IV.12.). Ce coefficient résume les effets combinés des variables du modèle sur les
variables endogènes. Plus il est proche de 1, plus le modèle causal explique un pourcentage
élevé de la variance des variables de performance à expliquer. En ce qui concerne les trois
modèles complets. le coefficient total de détermination est très bon : près de 60% pour les
deux premiers modèles et un peu moins (42%) pour le troisième compte tenu de
être consultés en annexes II. On estime qu'un modèle dispose d'une bonne adéquation lorsque
338
les résidus standardisés (c'est-à-dire les résidus divisés par leurs erreurs standards) qui
. dépassent la valeur 2,58 représentent en proportion moins de 10% du nombre total de résidus
du modèle (le seuil de 8% est plus souvent retenu).
Or, pour les deux premiers modèles, on peut calculer que les proportions de résidus
standardisés dépassant la valeur 2,58 atteignent la borne des 8 ou 10% du nombre total. En
revanche, le troisième modèle comporte un plus grand nombre de résidus dépassant la valeur,
ce qui concorde .avec l'hypothèse d'une plus grande dispersion et donc d'une adéquation
globale légèrement plus faible.
Les différents autres indices d'adéquation globale du modèle nOI sont excellents: le OFI et
l'AOFI sont supérieurs à 0,95. Ces résultats permettent de juger que le modèle est très
correctement spécifié. On remarque que les modifications introduites (la suppression de la
variable observable CONCFR pour le modèle n02 et l'estimation du modèle Lisrel sur la
totalité des données après remplacement des données manquantes pour le modèle n03)
améliorent légèrement chacun de ces deux indices. Ils passent respectivement entre le .modèle
nOl et le modèle n03 de 0,985 à 0,990 pour le OPI, et de 0,977 à 0,984 pour l'AOFI.
Enfin, le test du Chi-deux ne présente pas une probabilité significative. Ceci s'explique
aisément: la distribution des variables observables ne répond qu'imparfaitement à la
normalité; en outre, la taille de l'échantillon est très importante. La valeur du ratio entre le
Chi-deux et le nombre de degré de liberté pour le premier modèle nous fournit une base à
partir de laquelle les autres modèles peuvent être considérés comme étant meilleurs ou non que
celui-ci. Ainsi, on peut estimer que le modèle n02 constitue une amélioration significative de
l'adéquation globale puisque le ratio de ce modèle est de 2,8 contre 3,5 pour les modèles nOl
et n03. Dans le troisième modèle, le gain de Chi-deux obtenu pour le deuxième modèlé par le
retrait. de CONCFR a été en quelque sorte reperdu suite à l'augmentation de la taille de
l'échantillon et des plus grandes variances des données observables..
1 Les trois modèles présentent d'excellents scores sur tous les indicateurs d'adéquation globale.
339
On peut particulièrement remarquer l'amélioration du Chi-deux significative entre le modèle
nOl et le modèle n02.
Au total, les indices d'adéquation locale et globale permettent de conclure à la très bonne
qualité des modèles spécifiés et estimés.
L'étape suivante consiste à se pencher sur les différentes valeurs des paramètres du modèle.
On présente dans un premier temps les corrélations cj> entre les variables latentes
exogènes. On rappelle que plusieurs hypothèses avaient été formulées quant à ces relations :
• d'une part, les corrélations reliant la coordination interne avec les propriétés des autres
ressources doivent être positives (hypothèses H.V.I à H.V.IV)
• d'autre part, deux hypothèses de contrôle ont été avancées: la non imitabilité et la non
transférabilité des ressources productives doivent être corrélés positivement (H.LH) ; il en
va de même entre la non substituabilité des relations fournisseurs et celle des relations
clients (H ITI.IV)
Les spécifications des modèles ont laissé libre l'ensemble des coefficients cj>. De cette manière,
l'ensemble des corrélations entre variables latentes exogènes a pu être estimé par Lisret,De
l'analyse de la matrice de corrélation standardisée obtenue, trois grands résultats peuvent être
déduits (tab. IV. 13.).
1. D'une part, en ce qui concerne les hypothèses portant sur la coordination interne, les quatre
coefficients de corrélation obtenus sont positifs et très significatifs (T>2,57). Sur la valeur des
coefficients, on remarque que le modèle n03 présente les meilleurs coefficients (de 0,15 à
0,23). Les deux premiers modèles exhibent des valeurs légèrement inférieures (une valeur
autour de 0,1).
Cela signifie que plus la coordination interne est élevée au sein des entreprises, plus les
propriétés des ressources susceptibles de dégager des rentes sont élevées. De même, puisqu'il
s'agit d'une corrélation, la relation peut également signifier que des ressources non imitables,
non substituables et non transférables requièrent une plus grande coordination interne au sein
de l'entreprise.
2. D'autre part, en ce qui concerne les hypothèses de contrôle, la relation entre la non
340
imitabilité et la non transférabilité est hautement significative (près de 0,70 en valeur, et T >
2,57). Cela signifie que les propriétés des ressources productives vont de pair les unes avec les
autres.
La relation entre les deux non substituabilités des relations est également vérifiée. Dans les
modèles n02 et n03, la valeur du coefficient de corrélation est la deuxième en importance (près
de 0,50). TI Y a donc homogénéité des variations dans les propriétés des ressources des
entreprises liées aux relations d'échange.
Les deux hypothèses de contrôle nous assurent une nouvelle fois de la cohérence globale des
relations entre les différentes variables du modèle et principalement entre les relations des .
variables latentes exogènes.
Les autres relations qui avaient été laissées libres lors de la spécification du modèle
apparaissent également être positives et significatives, même si la valeur des coefficients est
légèrement inférieure à celle trouvée pour les hypothèses de contrôle. Cela indique .que les
variations entre les différentes propriétés des ressources se produisent. ensemble.
L'amélioration de la coordination interne interagit positivement avec les autres propriétés.
Mais de même, l'amélioration de la non imitabilité bénéficie de l'amélioration des autres
propriétés des ressources. Cet effet de système en quelque sorte, qui n'était pas attendu en tant .
que tel, conforte la cohérence au niveau empirique du modèle S-R-P.
Aucune des relations impliquant la non imitabilité des ressources productives n'est apparue
significative dans·le premier modèle. Deux remarques doivent être formulées: 1) le coefficient
.341
de la non imitabilité sur le taux de marge est important; 2) le coefficient de la non imitabilité
sur la performance de marché est très faible dans ce modèle. Ces deux éléments peuvent laisser
marché pourrait conduire à une significativité de la relation entre la non imitabilité et le taux de
marge. C'est cette opération qui a été faite dans le modèle n02 en « fixant» YNlMIT-MARCHE. La
standardisé est de 0,156). En conséquence, l'hypothèse H.II.l. est acceptée par le modèle n02.
En revanche, l'hypothèse H.II.3., supprimée du modèle n02 n'a pu être estimée. Elle est
réintroduite dans le modèle n03, qui confirme:
a) que plus la non imitabilité des ressources productives est grande, plus le taux de marge est
b) que, concernant la relation sur la performance de marché, plus la non ïrnitabilité des
ressources productives est grande, plus la performance de marché est bonne (H.II.3) ayec
Toutefois. une relation apparaît être non significative pour les trois modèles: correspondant à
l'hypothèse H.n.2., la non..,imitabilité des ressources productives Semble ne pas avoir d'impact
Les trois modèles concordent: une seule relation ressort des estimations. La non tfansférabilitê
des ressources productives est très fortement reliée à la performance de marché de manière
positive, tandis qu'elle semble avoir peu d'influence sur la profitabilité et la rentabilité.
L'influence sur la performance de marché de cette variable est très forte puisque, d'une part le
coefficient standardisé varie entre les trois modèle entre 0,46 et 0,78 et, d'autre part, a une
significativité supérieure à 1%. On peut donc juger que l'hypothèse H.I.3. est clairement
acceptée tandis que les deux autres (H.I.l. et H.I.2.) ne le sont pas.
Une double relation était attendue concernant cette variable exogène. D'un côté, la non
342
marché. De l'autre, le prix à payer en quelque sorte pour la constitution de cette ressource
D'une part, la relation entre NSUFR et MARCHE est positive et très significative (le 'Y
standardisé varie entre 0,166 et 0,262).
D'autre part, la relation entre NSUFR et le taux de marge est négative et significative dans les
trois modèles: le 'Y varie entre -0,095 et -0,140). Toutefois, pour les trois modèles également
l'impact de cette variable sur la rentabilité brute du capital n'est pas jugée significative par
Au total donc, il semble bien que l'effet mis en avant dans le modèle théorique, c'est-à-dire le
performance de marché et l'impact négatif sur le taux de marge soit accepté par le test
empirique. A tout le moins, les hypothèses H.m.1. et H.ill.3 reçoivent une confirmation
empirique.
Les résultats des tests des hypothèses H.IV.1., H.IV.2. et H.IV.3. vont apporter un appui
En effet, la relation entre NSUCL et la performance de marché est négative et très significative
pour les trois modèles, conformément à l'hypothèse H.IV.3. Les coefficients standardisés
En revanche, de même que pour NSUFR, NSUCL ne semble pas avoir d'impact notable sur la
Par conséquent, les hypothèses H.IV.l et H.IV.3. ne sont pas rejetées: les résultats sont
343
Relation impliquant la coordination interne
Aucun des modèles ne valide l'hypothèse portant sur la liaison positive entre un fort degré de
Tous les coefficients estimés par Lisrel sont nuls. L'hypothèse H.V.3. n'est donc pas acceptée.
fi conviendra de revenir à, d'une part, l'effet que peut avoir la coordination interne sur les
propriétés des ressources (illustré par l'acceptation de hypothèses H.V.I. à H.V.IV.) et, d'autre
Deux hypothèses ont été formulées quant à l'influence positive de la performance de marché
sur les variables de profitabilité et de rentabilité (H.3.!. et H.3.2.). Une troisième hypothèse
Les trois modèles concordent globalement pour accréditer la validité de ces hypothèses. Les
,., ... " .
relations entre la perlormailce de marché et les deux autres variables de performance sont
marge est plus significative (coefficient: 0,19) que celle sur la rentabilité du capital
(coefficient: 0,16). Ainsi, à propos de cette dernière, le T de Student du modèle n02 n'est que
de 1,5, et il est de 1,86 dans le modèle n03, contre 1,96 (modèle 2) et 2,4 (modèle 3) pour la
Pour la relation entre la profitabilité et la rentabilité, la relation est positive et très significative.
Le coefficient a une valeur qui correspond à l'ordre de grandeur observé dans la littérature
Par conséquent, on peut estimer que les relations directes entre les variables endogènes entre
elles ne rejettent pas les hypothèses formulées à leur égard. fi y a bien un effet positif entre,
L'analyse des modèles Lisrel ne serait pas complète sans vérifier que les effets indirects entre
variables ne viennent pas contredire les résultats trouvés précédemment. Les effets directs
344
correspondent à l'influence d'une variable sur une autre: par exemple, les coefficients f3 et 'Y
sont des effets directs. Mais pour estimer l'influence totale d'une variable sur une autre, il est
indispensable de prendre en considération les effets indirects, c'est-à-dire les effets d'une
variable sur une autre qui empruntent le relais d'une variable intermédiaire. Par exemple, la non
transférabilité des ressources productives influence positivement la performance de marché (il
s'agit d'un effet direct) alors qu'elle n'a pas d'effet direct sur le taux de marge. En revanche,
comme la performance de marché a un effet positif sur le taux de marge, il existe un effet
indirect entre la non transférabilité des ressources productives et le taux de marge qui passe par
la performance de marché.
L'analyse des effets directs, indirects et totaux des variables latentes sur les variables
endogènes fait émerger quelques résultats supplémentaires:
• Un effet indirect positif (0,265 dans le modèle n02) et significatif à 10% entre la non
transférabilité des ressources productives et le taux de marge ;
• Un effet indirect positif (0,134 dans le modèle n02) et significatif à 5% entre la non
imitabilité et la rentabilité brute du capital ;
• Un effet indirect positif (0,213 dans le modèle n02) et significatif à 5% entre la performance
de marché et la rentabilité brute du capital. Au sujet de cet effet indirect des variables
endogènes entre elles, les auteurs recommandent de vérifier que l'indice de stabilité proposé
par Lisrel soit inférieur à 1. Dans les trois modèles, cette propriété est respectée.
Au niveau de ces résultats, aucune contradiction ou effet masqué n'apparaît. Les résultats
empiriques confortent la construction théorique. Les impacts totaux (directs + indirects) des
différentes variables expriment le renforcement de l'effet des variables latentes exogènes sur les
variables de performances ainsi expliquées. Les signes positifs des effets indirects significatifs
éloignent le doute sur une incohérence locale des données: ils illustrent au contraire l'aspect
de renforcement des propriétés des ressources dans la constitution de bonnes performances
économiques.
Nous présentons la synthèse des tests de nos hypothèses de deux manières: 1) le tableau
récapitule les résultats des tests; 2) le diagramme des relations, le « path diagram », schématise
345
les relations entre les variables latentes (les variables observables sont omises du graphique
pour en faciliter la lecture)
Lecture du tableau:
Les hypothèses significatives au regard des résultats obtenus sur les modèles complets
sont portées en gras.
. sens de la
HYP01HESES
relation
H.I.1. Plus la non transférabilité des ressources productives d'une
(+)
entreprise est grande, plus le taux de marge est fort
Plus la non transférabilité des ressources productives d'une
H.I.2.
entreprise est grande, plus la rentabilité brute du capital (+)
d'exploitation est forte
H.II.2.
Plus la non imitabilité des ressources productives d'une entreprise (+)
est grande, plus la rentabilité brute du capital d'exploitation est forte
Plus la non imitabilité des ressources productives d'une
H.II.3. (+)
entreprise est 2I"ande,plus la performance de marché est forte. ~~ . --. -- ------
H.IV.2.
Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus la (+)
rentabilité brute du capital d'exploitation est forte
Plus la non substituabilité de la relation clients est grande, plus (-)
H.IV.3. la performance de marché est faible
H.V. Plus le degré de coordination interne est fort, plus la performance de
(+)
marché est forte
346
Plus le taux de marge est élevé, plus la rentabilité brute du
H.I.2. (+)
capital est forte
H.3.1. Plus la performance de marché est forte, plus le taux de marge (+)
est élevé
347
Figure IV.16. RESUME DES RELATIONS SIGNIFICATIVES
(CAS A - MODELE COMPLET)
/"
(+0.185)
~
Çm Non substituabilité (+)
Relations fournisseurs
(+0.149) (+0.497)
(-0.275)
Çv
348
/V.2.I.b. Modèles réduits (comparaison 1)
La figure N.10. présente les deux grands types de comparaison qui ont été menées.
La première comparaison projetée, traitée dans cette sous-section, porte sur la structure
causale des modèles complets par rapport à celle des modèles réduits, c'est-à-dire ne
comportant que les variables de 1995-1996 qui seront également présentes dans le cas B
(données de 1993-1994).
De même que précédemment, nous proposons deux modèles: l'un porte sur les données sans
remplacement des données manquantes (modèle 4) et s'apparente en cela au modèle complet
n02 ; l'autre porte sur le maximum d'individus, avec remplacement des données manquantes de
BCG (modèle 5) et s'apparente au modèle complet n03.
On présente les spécifications des modèles n04 et 5 par rapport aux modèles n02 et 3 dans le
tableau IV.l? Sont donnés ensuite les résultats comparés entre ces différents modèles,
complets et réduits, dans les trois tableaux_suivants,identiques dans leurs structures à ceux qui
ont été commentés pour les trois premiers modèles.
Dans les modèles réduits du cas A, comme daris les modèles à venir du cas B, chaque\Tariable
latente est exprimée à l'aide de deux variables observables X. Cela provient du fait que les
deux premières années de constitution du questionnaire, certaines questions n'étaient pas
posées par les enquêteurs. C'est pourquoi les spécifications des variables X pour les modèles 4
et 5 font apparaître des variables comme 'absentes'. En ce qui concerne les coefficients y, les
modèles 4 et 5 respectent scrupuleusement les mêmes spécifications que les modèles 2 et 3. TI
en va de même pour tous les autres paramètres, à l'exception des covariances entre erreurs de
mesure. Les modèles n04 et 5 retiennent comme significatives les covariances entre des
variables observables des variables latentes NSUCL et NSUFR. Les résultats montrent que la
covariance entre les erreurs de mesure de CTCL et CTCLFR est positive, c'est-à-dire que les
erreurs de mesure entre CTCL et CTCLFR ne sont pas indépendantes et varient dans le même
sens. L'autre covariance significative lie les variables observables de NSUFR. Mais la
dépendance entre les erreurs de mesure sur CTFR et CTFRCL est négative, c'est-à-dire que
lorsqu'une des deux variables est sous-estimée, l'autre a tendance à être surestimée.
349
Tableau IV.17. SPECIFICATION DES MODELES
MODELE MODELE MODELE MODELE
cornnletn02 comnletn03 réduitn04 réduit nOS
Variables X Âx
DESTEMPS libre libre libre libre
DIFF 1 1 1 1
R&DREL libre libre absent absent
FONRD 1 1 1 1
DEGTRANS libre libre libre libre
CTFR libre libre libre libre
CTFRCL 1 1 1 1
CONCFR retiré retiré absent absent
CTCL libre libre libre libre
CTCLFR 1 1 1 1
ADAPT libre libre absent absent
DIFINFO 1 1 1 1
DIFOBJ libre libre libre libre
COORD libre libre absent absent
Variables Y Â
TXME 1 1 1 1
RBCE 1 1 1 1
BCG libre libre libre libre
POSICLE 1 1 1 1
AUTRES covariance entre erreurs ~
ÔoIFINFO-CIFR libre libre - libre
OADAPr-CfCL libre libre - -
OcrcLFR-CIFR - - libre libre
Ocrcr.-CIFRCL - - libre libre
coefficients 'Y
'YCORDI-TXME fixé fixé fixé fixé
'YCORDI-RBCE fixé fixé fixé fixé
...
'YNIMrr-MARCHE fixé - fixé -
350
Tableau IV.IS. ADEQUATION GLOBALE ET LOCALE
Corrélations multiples MODELE MODELE MODELE MODELE
n02 n03 n04 nOS
DESTEMPS .054 .079 .053 .086
DIFF .690 .515 .717 .473
R&DREL .045 .054
FONRD .211 .265 .188 .195
DEGTRANS .120 . .115 .160 :140
CTFR .110 .134 .147 .157
CTFRCL .412 .381 .311 .331
CONCFR - -
CTCL .117 .098 .063 .056
CTCLFR .517 .545 1 1
ADAPT .181 .174
DIFINFO .356 .337 .694 .583
DIFOBJ .337 .343 .197 .227
COORD .354 .297
TXME 1 1 1 1
RBCE 1 1 1 1
POSICLE .231 .259 .240 .272
BCG .164 .112 .158 .108
AdéQuation sdobale
G.F.1. .989 .990 .995 .995
A.G.F.I .983 .984 .989 .990
RMR .032 .030 .026 .024
Chi-deux 263 .324 112 138
De.ln"ésde liberté 94 93 53 51
« .e:ain » de Chi-deux rapport: 2,8 rapport: 3,5. rapport: 2,1 rapport : 2,7
351
Tableau IV.19. VARIABLES OBSERVABLES ET VARIABLES LA TENTES
.
MODELE 2 MODELE 3 MODELE 4 MODÈLES
Variables X Â.x Â.x Â.x Â.x
DESTEMPS .280*** .391*** .272*** .428***
DIFF 1 1 1 1
R&DREL .463*** .451***
FONRD 1 1 1 1
DEGTRANS -.754*** -.658*** -.922*** -.847***
CTFR .517*** .593*** .687*** .688***
CIFRCL 1 1 1 1
CONCFR - -
CTCL 1 1 1 1
CTCLFR .476*** .424*** .251 *** .234***
ADAPT .591*** .564***
DIFINFO 1 1 1 1
DIFOBJ .997*** 1*** .533*** .623***
COORD .973*** .938***
Variables Y
Â.v Â.v Â.y Â.y
TXME
1 1 1 1
RBCE
1 1 1 1
BCG .842*** .659*** .812*** .629***
POSICLE 1 1 1 1
AUTRES
~IFINFO-C'IFR .097*** .109***
OADAPT-crCL .146*** .178***
OCfCLFR-C'IFR -.259*** -.245***
Ocrcr.-CIFRCL .106*** .108***
352
Tableau 1V.20. STRUCTURE CAUSALE
MODELE 2 1 MODELE 3 MODELE 4 MODÈLES
ESTIl\1A TIONS
Non standardisées
Paramètres 'Y Standardisées
Non imitabilité -txme .188* .252** .204* .566**
.156* .181** .173* .389**
Non imitabilité -rbce .116 .011 .059 .048
.096 .008 .050 .033
Non imitabilité - marché - .172* - -.097
.243* -.054
Non transférabilité -txme -.494 -.278 -.543 -.864
-.227 -.057 -.235 -.382
Non transférabilité -rbce -.626 -.233 -.423 -.373
-.288 -.089 -.183 -.165
Non transférabilité - marché .806*** .455*** .788*** .818***
.771 *** .461*** .698*** .777***
Non subst. rel. Fournisseurs- -.219** -.153* -.323* -.202
txme -.140** -.095* -.180* -.116
Non subst. rel. Fournisseurs- -.085 -.036 -.003 .087
rbce -.024 -.022 -.002 .050
Non subst. reL Fournisseurs- .196** .137** .374*** .235**
marché .262** .166** .426*** _ .260**
Non subst rel. Clients - txme .273** .164** .155* .081
.196** .121** .155* .082
Non subst. rel. Clients - rbce .085 -.013 .004 -.036
.061 -.009 .004 -.036
Non subst. rel. Clients - -.248*** -~189*** -.149*** -.100**
marché -.371 *** -.275*** -.306*** -.192**
Coordination interne - marché .006 -.021 -.027 -.065*
.008 -.025 -.045 -.095*
Paramètres B
f3MARCHE -TXME .596** .368** .640** .497**
influence de marché sur txme .287** .187** .313** .259**
f3 MARCHE- RBCE .498 .311* .399 .343*
influence de marché sur rbce .240 .158* ~195 .179*
/3TxM&RBCE .714*** .732*** .720*** .726***
influence de txme sur rbce .714*** .732*** .720*** .726***
353
L'analyse des résultats des modèles réduits est établie en comparaison avec ceux obtenus pour
les modèles complets. C'est l'objet de la comparaison nOl qui permet, d'une part, de s'assurer
de la bonne cohérence globale des résultats empiriques testant le modèle théorique avec moins
de variables observables X, et d'autre part, de procéder à la deuxième comparaison sur des
bases communes avec les données observables de 1993-1994 (cas B)
Adéauation locale
Les loadings des variables observables X sont pour les modèles 4 et 5 de bon signe, et tous très
significatifs (à 1%). Leurs valeurs s'étagent entre 0,25 et 0,92 pour le modèle n04 et 0,24 et
0,85 pour le modèle n05 (tab. IV. 19). n en va de même pour la variable Y estimée. Par
conséquent, la réduction du nombre de variables observables n'a pas altérée a priori la fiabilité
de la mesure des variables latentes correspondantes.
Ce résultat est conforté par les corrélations multiples (tab. IV.18). Pour les deux modèles, les
corrélations multiples des variables X correspondent à ceux qui avaient été observés dans, les
modèles qui leur servent de référence. Ces coefficients sont de même ordre de grandeur, .eLles
variables les mieux représentées dans les derniers modèles correspondent à celles qui l'étaient
également dans les modèles n02 et 3 (et inversement). Les coefficients de détermination pour
les variables X ne sont pas disponibles, car comme l'indique la valeur 1 du coefficient' de
détermination de CTCLFR, nous avons fixé l'erreur de mesure 8 de cette variable à zéro
suivant les recommandations du programme.
Au total, il n'y a pas eu de perte d'adéquation locale due au passage d'un modèle complet à un
modèle réduit. Il convient toutefois d'examiner les résultats obtenus au niveau global.
354
Adéquation globale
Les coefficients totaux de détermination des équations structurelles traduisent par leur niveau
les conclusions tirées de l'examen de l'adéquation locale. En effet, une nouvelle fois, ils se
61,3% (contre 59% pour le modèle n02) tandis que le modèle n05 a un coefficient de 53,3%
(contre 42,3% pour le modèle n03). Ces chiffres sont très bons, et attestent d'une part, de la
qualité des résultats empiriques, et d'autre part, de la robustesse du modèle théorique sous-
jacent
En outre, on peut remarquer que l'accroissement de la dispersion des variables provoquées par
l'augmentation du nombre d'individus a des effets moins forts dans le cadre du modèle réduit
que dans celui du modèle complet. C'est ce qu'illustre la valeur des coefficients partiels de
détermination des équations structurelles du modèle n05 par rapport au modèle n03. En effet, le
coefficient partiel de détermination du modèle n03 était de 42% ce qui représentait une
Dans le modèle n05, la différence n'est plus que de 5%, et le niveau du. coefficient de
détermination de la variable MARCHE se situe à près de 49% (soit 10% de plus que la valeur
correspondante du modèle n03).
Si l'on se penche sur les graphiques des résidus standardisés, on remarque d'une part que le
nombre d'erreurs dépassant le seuil de 2,58 est largement au-dessous des 8% pour le modèle 4,
et légèrement supérieur pour le modèle 5, montrant en cela que la variabilité introduite par
l'ajout d'individus est néanmoins effective (le modèle 3 présentait la même caractéristique par
rapport au modèle 2).
L'amélioration de l'adéquation globale s'exprime en outre par rapport aux indices de fit, qui
tous sont meilleurs pour les modèles n04 et 5 que ceux observés pour les modèles n02 et 3 (tab.
IV.18). Avec un GFI de 0,995 et un AGFI de 0,990 les résultats sont très proches de 1. De
même, le RMR s'approche de 0 ce qui est également excellent Enfin, le rapport du Chi-deux
sur les degrés de liberté montre une amélioration significative de l'adéquation des modèles
(baisse de plus de la moitié du Chi:"deux contre baisse de moins de la moitié des degrés de
355
Au total, les indices d'adéquation Vocale et globale) permettent de conclure à la très bonne
qualité des modèles spécifiés et estimés. De plus, la cohérence entre les modèles complets et
réduits est confortée par ces résultats. Ceci ne peut être confirmé que par l'examen de la
structure causale des modèles.
Dans un premier temps, nous comparons les coefficients <1> entre modèles (tab. IV. 19.).
Les hypothèses qui avaient été acceptées dans les modèles complets sont confirmées par les
modèles réduits.
L'influence de la coordination interne sur les variables latentes correspondants aux autres
propriétés des ressources est positive et très significative. Les paramètres respectent les ordres
de grandeur déjà observés dans les modèles nO2 et 3. Les hypothèses R.V.!. H.V.TI. H.V.ITI.
et H.V.IV sont donc également vérifiées à nouveau.
Les corrélations entre les propriétés des ressources productives d'une part, et entre les
propriétés des ressources liées aux relations d'échange d'autre part, sont pour les deux
modèles supérieures en valeur absolue aux autres corrélations entre variables latentes. Les
hypothèses de contrôle H.I.TI et H.ill.!V sont donc toutes les deux respectées.
L'influence de la non imitabilité sur le taux de marge est confnmée par les modèles n04 et 5. La
valeur du coefficient standardisé est sensiblement la même dans le modèle 4 (0,173) par
rapport au modèle 2 (0,156), et légèrement supérieur~ dans le modèle 5 (0,389) par rapport au
modèle 3 (0,181). L'hypothèse H.n.l est acceptée.
De plus, le modèle n03 présentait une relation significative entre la non imitabilité et la
performance de marché, relation qui n'est pas confirmée par le modèle n05, puisque le
coefficient est très faible et non significatif. L'hypothèse H.II.3. n'est pas acceptée par le
356
modèle réduit
Comme dans les modèles n02 et 3, l'hypothèse H.II.2. n'obtient pas de confirmation: les
Les résultats obtenus dans les modèles n04 et 5 correspondent exactement à la situation
observée pour les modèles n02 et 3. En effet, les deux hypothèses reliant la non transférabilité
En revanche, l'hypothèses H.I.3. est largement vérifiée puisque les coefficients standardisés,
(H.I.3. acceptée).
Le modèle n04 renforce les résultats trouvés dans le cadre du modèle n02. D'une part
l'hypothèse H.II!.l. reliant négativement NSUFR et le taux de marge est à nouveau négative et
significative (coefficient standardisé de-0,180 contre -0,140 dans le précédent modèle):
D'autre part, l'influence positive de la non substituabilité des relations fournisseurs sur la
performance de marché est également vérifiée (significative à 1%, le coefficient est de 0,426
amoindrie les résultats du modèle n04. Ainsi, si l'hypothèse H.III.3. est acceptée, le coefficient
est inférieur à celui trouvé dans le modèle n04 (0,260). De plus, l'hypothèse H.m.1. devient
non significative à 10% : le coefficient 'YNsUFR-TXME est égal à -0,116, ce qui est inférieur au
même coefficient du modèle n04 (-0,180) mais supérieur à celui du modèle complet n03 (-
0,095) qui étaient tous les deux significatifs. Mais on constate que le T de Student du
Par conséquent, au niveau global, de même que pour les modèles complets, les modèles réduits
357
Relations impliquant la non substituabilité des relations clients
La même structure de résultat se produit pour les relations impliquant NSUCL et les variables
de performance.
Les hypothèses portant sur la perlormance de marché demeurent pour chaque modèle
significatives et négatives, confmnant les résultats des modèles précédents et permettant
d'accepter l'hypothèse H.IV.3. Toutefois, la relation entre NSUCL et TXME significative et
bien orientée dans le modèle n04 reste bien orientée mais de valeur absolue plus faible,
devenant non significative dans le cinquième modèle (T=1,48).
Globalement, on peut conclure que les hypothèses H.IV.3. et H.IV.l sont acceptées par les
modèles réduits comme elles l'étaient par les modèles complets.
Alors que le coeffic~ent ')'COORD-MARCHE était quasi nul dans les modèles n02 et 3, il le dem~ure
, ,
dans le modèle n04 et reste non significatif. Cependant, dans le,cinquième modèle, la relation
devient significative mais n'est pas conforme avec l'hypothèse H.V.3.
En effet, l'hypothèse estimait que l'augmentation de la coordination interne, qui améliore par
ailleurs les propriétés des ressources, devait de la' même manière contribuer au niveau" de
perlormance de marché obtenu. Or, le coefficient significatif à 10%, est égal à -0,095. TI
implique donc que l'augmentation du niveau de coordination ,interne seraitplutôt.l'~judiciabl~ _
à la perlormance de marché que l'inverse. Ce résultat conduit pour la première fois à rejeter
l'hypothèse H.V.3.
En ce qui concerne les hypothèses H.3.1. et H3.2., elles sont vérifiées de la même manière
358
qu'elles l'étaient dans les modèles n02 et n03. Précisément, les coefficients du modèle n05 par
rapport au modèle n03 donnent 0,259 contre 0,187 pour /3MARCHE-TXME et 0,179 contre 0,158
pour /3MARCHE-RBCE. Par conséquent, de même que dans les modèles n02 et 3, les hypothèses
reliant les variables de performance entre elles sont acceptées.
Au niveau des modèles réduits, on observe également les mêmes effets indirects significatifs
que dans le cas des modèles complets.
• Un effet indirect positif (0,505 dans le modèle n04) et significatif à 10% entre la non
transférabilité des ressources productives et le taux de marge, par l'intermédiaire de la
performance de marché ;
• Un effet indirect positif (0,147 dans le modèle n04) et significatif à 5% entre la non
imitabilité et la rentabilité brute du capital, médiatisé par l'influence de la performance de
marché sur la RBCE ;
• Un effet indirect positif (0,36 1dans le modèle n05) et significatif à 5% entre la performance
de marché et la rentabilité brute du capital. Au sujet de cet effet indirect des variables
endogènes entre elles, les auteurs recommandent de vérifier que l'indice de stabilité proposé
par Lisrel soit inférieur à 1. Dans les deux modèles réduits, cette propriété est respectée.
La structure globale obtenu par les modèles complets a été pour la très grande majorité des
traits confirmée et confortée par les modèles réduits. Cela signifie que la deuxième
comparaison (cas B) va pouvoir s'établir en estimant implicitement que les résultats qui seront
obtenus corresponden,t presque totalement à ce qu'ils auraient été si l'on avait pu obtenir en
1993 et 1994 les données correspondant aux questions présentes dans les questionnaires 1995-
1996 et utilisées pour les opérationnalisations des variables latentes des modèles complets du
casA.
359
La conformité quasi parfaite entre les résultats des analyses réduites par rapport aux
modèles complets nous permet d'estimer que la synthèse des tests d'hypothèses exposée
dans le tableau IV.15 et le schéma IV.16 est correcte, cohérente et robuste.
• la disparition d'une relation significative entre la non imitabilité des ressources productives
et la performance de marché ;
• l'apparition dans le modèle n05 d'une relation contraire à l'hypothèse H.V.3. reliant le
niveau de coordination interne avec la performance de marché.
La deuxième comparaison porte sur la structure des modèles du cas A par rapport à celle du
cas B (données de 1993-1994). Avant de présenter les résultats des moâèles--üsreI
correspondant à la situation théorique, il convient de résumer quelques informations sur la base
de données utilisant les questionnaires 1993 - 1994.
Les données sur lesquelles sont testées les hypothèses du modèle théorique du cas B
contiennent les réponses aux mêmes questions que celles utilisées dans les modèles réduits du
casA.
La Banque de France procède à un rééchantillonnage par moitié tous les deux ans des
entreprises sondées. Par conséquent, d'un point à un autre, seuls environ 50% des individus
360
sont présents aux deux points. Plutôt de reconstruire une base complète sur les 4000 individus
disponibles en 1993-1994, nous avons préféré ne retenir que les individus communs en 1993-
1994 et 1995-1996; La base utilisée pour le cas Bcontient 1192 individus, qui sont appariés,
c'est-à-dire que tous ces individus appartenaient à la base de données utilisée pour tester les
modèles réduits du cas A. Ce choix a été opéré afin de ne pas introduire de bruits dans la
sélection des individus constituant la base. TIfaut signaler que les modèles réduits n04 et 5 du
cas A ont été testés également avec les 1192mêmes individus que ceux du cas B. Les relations
ne présentaient aucune différence significative avec les modèles 4 et 5 exposés dans la sous-
section précédente.
Par ailleurs, la répartition sectorielle de la base B est conforme à celle obtenue pour les
premiers modèles avec la première base de données. La représentativité de l'échantillon est
bonne, aucun effet sectoriel important n'est repéré.
L'étude des corrélations entre les mesures des variables fait ressortir la grande conformité de
structure entre les deux bases de données. Notamment, les corrélations des différentes
variables explicatives avec leur moyenne calculée aux. points A et B sont fortes: cela fait
ressortir l'effet de structure. De plus,. les corrélations entre les variables et la différence·des
variables entre le point A et le point B sont faibles. Au total, on s'assure bien que l'on mesure
les effets d'une même structure causale sur les variables de performance et non pas l'effet des
variations des variables explicatives sur les variables de performance.
On a utilisé strictement la même méthodologie que dans le cas A. Avant de procéder aux
analyses Lisrel, on a effectué une analyse en composantes principales qui fait ressortir, au
niveau des 10 variables observables X utilisées dans les modèles réduits A, cinq axes
correspondant aux différentes variables latentes 1;.
De même que les modèles réduits s'appuyaient sur les modèles complets n02 et 3, on présente
les résultats de deux modèles Lisrel ayant les mêmes spécifications. Cela permet donc de
comparer facilement les modèles 6 et 7, correspondant au cas B, avec d'une part les modèles
complets et d'autre. part les modèles réduits. Pour des raisons de présentation, les tableaux
contiennent les modèles réduits et les modèles du cas B (modèles 4 et 5, et modèles 6 et 7).
361
Dans les commentaires, on établira la comparaison 2 (figure IV.lO) avec l'ensemble des
résultats obtenus.
Les deux modèles (n06 et 7) reprennent les mêmes spécifications que les modèles théoriques
réduits du cas A, à la covariance d'erreurs de mesure ÔolFF-CfCL près (qui étaient présente dans
TXME 1 1 1 1 .
RBCE 1 1 1 1
BCG libre libre libre libre
POSICLE 1 1 1 1
AUTRES covariance entre erreurs Ô '.
362
Tableau IV.22. ADEQUATION GLOBALE ET LOCALE
Corrélations multiples MODELE MODELE MODELE MODÈLE
n04 nOS n06 n07
DESTEMPS .053 .086 .135 .137
DIFF .717 .473 .459 .456
FONRD .188 .195 .170 .280
DEGTRANS .160 .140 .080 .119
CTFR .147 .157 .149 .154
CTFRCL .311 .331 .291 .280
CTCL .063 .056 .065 .066
CTCLFR 1 1 1 1
·DIFINFO .694 .583 .385 .389
DIFOBJ .197 .227 .292 .288
TXME 1 1 1 1
RBCE 1 1 1 1
POSICLE .240 .272 .224 .226
BCG .158 .108 .183 .178
Adéquation elobale
G.F.I . .995 .995 .994 .994
A.G.F.I .989 .990 .987 .988
RMR .026 .024 .. 028 .027
Chi-deux 112 138 73 68
Degrés de liberté 53 51 52 51
«gain» de Chi-deux rapport : 2,1 rapport: 2,7 p=O.03 p=O.05
363
Tableau IV.23. VARIABLES OBSERVABLES ET VARIABLES LA TENTES
MODELE 4 MODELES MODELE 6 MODELE 7
Variables X Â,x Â,x Â,x Â,x
DESTEMPS .272*** .428*** .542*** .547***
DIFF 1 1 1 1
FONRD 1 1 1 1
DEGTRANS -.922*** -.847*** -.686*** -.651 ***
CTFR .687*** .688*** 1.397*** 1.351***
CTFRCL 1 1 1 1
CTCL 1 1 1 1
CTCLFR .251*** .234*** .255*** .256***
DIFINFO 1 1 1 1
DIFOBJ .533*** .623*** .870*** .861***
Variables Y
Â,v Â,v Â,v Â,v
TXME 1
1 1 1
RBCE
1 1 1 1
BCG .812*** .629*** .903*** .887***
POSICLE 1 1 1 1
AUTRES
boIFINFO-CIFR .093** .090** . 1
364
Tableau IV.24. STRUCTURE CAUSALE
MODELE 4 1 MODELE 51 MODELE 61 MODELE 7
. ESTIMATIONS
Non standardisées
Paramètres 'Y Standardisées
Non imitabilité -txme .204* .566** .417 .305*
.173* .389** .283 .206*
Non imitabilité -rbce .059 .048 .212 -.126
.050 .033 .144 -.085
Non imitabilité - marché - -.097 - .342**
-.054 .485**
Non transférabilité -txme -.543 -.864 -.462 -.154
-.235 -.382 -.190 -.082
Non transférabilité -rbce -.423 -.373 -.926 -.217
-.183 -.165 -.381 -.115
Non transférabilité - marché .788*** .818*** .702*** .099
.698*** .777*** .611*** .111
Non subst. rel. Fournisseurs- -.323* -.202 -.193* -.259 .
txme -.180* -.116 -.075* -.102
Non subst. rel. Fournisseurs - -.003 .087 .250 .147
rbce -.002 .050 .097 .058
Non subst. rel. Fournisseurs - .374*** .235** -.261 -.221 *
marché .426*** .260** -.213 -.182*
Non subst. rel. Clients - txme .155* .081 .027 .036-
.155* .082 .027 .036
Non subst. rel. Clients - rbce .004 -.036 -.062 -.034
.004 -.036 -.062 -.034
Non subst. rel. Clients - -.149*** -.100** .039 .008
marché -.306*** -.192** .082 .016
coordination interne - marché -.027 -.065* -.120* -.094
-.045 -.095* -.157* -.123
Paramètres 8
J3 MARCHE- TXME .640** .497** .147 .045
influence de marché sur txme .313** .259** .070 .021
J3 MARCHE -RBCE .399 .343* .458* .322*
influence de marché sur rbce .195 .179* .217* .153*
~RBCE .720*** .726*** .727*** .745***
influence de txme sur rbce .720*** .726*** .727*** .745***
365
Suivant les deux commentaires de résultats précédents, l'analyse est détaillée en plusieurs
n est à noter que la comparaison entre le modèle n05 et n07 n'équivaut pas tout à fait à celle
qui avait pu être établie entre les modèles n05 et n03. En effet, ces deux derniers modèles
portaient sur l'ensemble des individus de la première base, compte tenu des individus pour
lesquels les données manquantes de BCG avaient été remplacées. A la différence, les modèles
n06 et 7 sont établis à partir d'une même base de données, sans qu'aucun remplacement de
données manquantes ne soit effectué. Par conséquent, les résultats trouvés pour les modèles 6
et 7 ont de fortes chances d'être plus proches les uns des autres qu'ils ne pouvaient l'être dans
les modèles 2 et 3, ou 4 et 5.
Adéquation locale
Les loadings des variables observables sont meilleurs que ceux des modèles co~plets et réduits
des cas A. En effet;.-,six sur sept sont supérieurs à la valeur 0,7. Par ailleurs, ils sont tous'de
coefficients correspondant aux variables X et Y sont exactement du même niveau que ceux
observés dans les modèles n04 et 5, mais sur deux d'entre eux on peut noter une amélioration
En ce qui· concerne les coefficients partiels de détermination des équations structurelle, deux
l'explication des deux autres variables endogènes: 4% pour TXME au lieu de 8% et 30% au
Au total, par rapport au cas A, le cas B présente pour l'adéquation locale les caractéristiques
suivantes:
366
• une stabilité globale dans l' opérationnalisation empirique du modèle théorique;
• une bonne fiabilité et une bonne validité de l' opérationnalisation des variables latentes ;
D'un côté, le coefficient total de détermination des équations structurelles baisse un peu,
comme cela pouvait être déduit de l'affaiblissement relatif des coefficients partiels. II passe de
61 % à 44% pour le modèle n06 par rapport au modèle 4, et de 53% à 34% pour le modèle n07
par rapport au modèle n05. Mais ces résultats, pour plus faibles n'en demeurent pas moins
relativement élevés et tout à fait significatifs.
D'un autre côté, si l'on se réfère au graphique des résidus standardisés, on peut remarquer
qu'un seul résidu dépasse le seuil de 2,58 pour le modèle n06, ce qui est un excellent résultat.
L'impression de très bonne adéquation globale est confinnée par les scores des OFI, AOFI et
RMR. Ils ne souffrent aucune détérioration et restent à des niveaux très en dessus des seuils
l'adéquation suivant le critère du Chi-deux, puisque les deux Chi-deux sont significatifs. La
significativité du Chi-deux a été obtenue malgré le nombre important d'individus présents dans
la base (1192) et les propriétés des .variables (type, distribution). II s'agit par conséquent d'un
Un dernier indice, auquel il n'a pas été fait appel précédemment, la valeur de l'indice maximum
de modification, apporte une ultime vérification de la qualité de l'adéquation. Cet indice donne
étant égales par ailleurs. Plus l'indice maximum de modification d'un paramètre est élevé, plus
le gain potentiel sur le Chi-deux est important. A l'inverse, en présence de très faibles indices,
comme c'est le cas pour les modèles 6 et 7, la libération des paramètres représente un gain
quasi nuL Ceci nous amène à un commentaire. Puisque l'adéquation locale semble légèrement
inférieure aux modèles du cas A, il est possible que la non significativité du Chi-deux des
367
modèles 1 à 5 était due à la taille de l'échantillon -compte tenu de la grande sensibilité du Chi-
deux à cette variable.
Ainsi, au niveau global, les modèles n06 et 7 présentent la caractéristique d'avoir des indices
Les coefficients de corrélation entre les variables latentes des modèles n06 et 7 exhibent les
mêmes traits que les précédents modèles (tab IV.23). Les coefficients <1> sont tous positifs et
largement significatifs, compris entre 0,19 et 0,24 (modèle n07). En conséquence, les
coordination interne et les propriétés des ressources ne sont pas contredites par les modèles
utilisant les données de 1993-1994.
De même la liaison la plus importante en valeur (0,585 pour le modèle n07) correspond à la
(H.I.II). La seconde hypothèse de contrôle n'est pas rejetée non plus: le coefficient <!>NSUFR-
NSUCL s'établit en effet à 0,19 pour les deux modèles, avec une significativité supérieure à 1%.
La structure causale proprement dite présente les caractéristiques suivantes (tab IV.24).
L'influence de la non imitabilité sur le taux de marge est confirmée par le modèles n07. La
valeur du coefficient standardisé est sensiblement la même que celle des modèles précédents.
Sa valeur (0,206) est en effet comprise entre 0,173 du modèle n04 et 0,389 du modèle nOS.
Toutefois, bien qu'élevé, le coefficient du modèle n06, égal à 0,283 n'est pas estimé significatif
(T=1,2). Au total, on peut cependant considérer que l'hypothèse H.n.l n'est pas rejetée par les
modèles du cas B, puisqu'aucune information tirée du modèle n06 ne vient remettre en doute'
En ce qui concerne le modèle n07 pour lequel le test de l'hypothèse H.II.3. est effectué, il
ressort que la relation entre la non imitabilité des ressources productives et la performance de
368
Relations impliquant la non transférabilité des ressources productives
Les relations liant la non transférabilité avec les variables de performance font apparaître deux
traits:
• d'une part, le modèle n06 confirme fortement la relation toujours vérifiée des modèles
significatif à 1% est égal à 0,611. Le modèle 7 est quant à lui le premier à ne pas estinier la
relation significative (le coefficient est assez faible 0,111 et l'erreur standard relativement
forte: 0.153) ;
• d'autre part, les relations entre la non transférabilité et les deux autres variables de
performance sont non significatives pour les deux modèles, conformément aux résultats
précédents. Il est à noter que même si les coefficients ne sont pas significatifs, pour les sept
modèles présentés, ils présentent un signe négatif, ce qui tendrait à faire penser que la
fonnulation· des hypothèses H.Il et H.L2. ne serait pas correcte. Mais, puisque ces
coefficients sont pour la plupart 'loin' de la significativité (T <1), il est délicat de se forger
Tout au plus peut-on dire que l'hypothèse H.L3 est acceptée par le modèle n06 à la différence
des hypothèses H.Il. et H.I.2. qui, pour ne pas être complètement rejetées ne sont acceptées
Le modèle n06 conforte la vision héritée des résultats des modèles testés dans le cas A: en
effet, la non substituabilité des· relations fournisseurs représente un coût pour l'entreprise,
369.
matérialisé par l'impact significatif et négatif sur le taux de marge: -0,075. Le modèle n07
présente un coefficient de -0,102 mais dont le T de Student n'est que de 1,42. De la
conjonction de ces deux résultats, on peut conclure que l'hypothèse H.m.!. trouve une
confirmation empirique dans le cas B comme dans le cas A.
En revanche. un résultat apparaît qui contredit d'une part les résultats antérieurs et d'autre part
une hypothèse de recherche (H.Ill.3.). Les coefficients reliant NSUFR et MARCHE
apparaissent comme étant négatifs (-0,182 et -0,213) au lieu d'être positifs, et significatifs à
10% (T=I,63 et T=I,57). TI Y a là la manifestation d'un phénomène qui devra être expliqué
dans la partie consacrée à l'interprétation des résultats.
L'impact de NSUFR sur la RBCE n'est pas significatif, ce qui est un résultat semblable pour
ces deux modèles aux modèles antérieurs.
Par conséquent, en ce qui concerne les effets de NSUFR : l'hypothèse H.Ill.l est acceptée;
l'hypothèse H.llI..2. n'est ni acceptée ni rejetée; et l'hypothèse H.Ill.3. est rejetée
Alors que pour les modèles examinés dans le cas A, la structure des résultats permettait, de
vérifier les hypothèses H.N.!. et H.IV.3., les coefficients et les seuils de significativité obtenus
dans les modèles 6 et 7 sont tous très faibles (inférieurs à 0,1 pour les premiers et à 1 pour les
seconds). Ainsi.pour les modèles utilisant les données del~93·}9~4._ auc~~ ~e_sJ1n>9t:h~s~s_
impliquant la non substituabilité des ressources clients n'est acceptable.
Lors des tests sur les modèles réduits, un résultat imprévu était apparu: alors que le coefficient
'YCORDI-MARCHE était quasi nul dans les quatre premiers modèles, dans le cinquième modèle, la
relation était devenue significative mais n'est pas conforme avec l'hypothèse H.V.3. Le
coefficient significatif à 10%, était égal à -0,095.
Les deux modèles du cas B semblent confirmer le résultat observé dans le modèle n05. En
effet, le coefficient 'YCOORD-MARCHE du modèle n06 est significatif à 10% et négatif (-0,157). Celui
du modèle n07 est également négatif (-0,123) et a un T de Student assez proche du seuil des
370
10% (T=-1,48).
Par conséquent, on peut en conclure que l'hypothèse H.V.3 est rejetée dans les modèles
utilisant les données de 1993-1994 (cas B). Cela implique que l'augmentation du niveau de
coordination interne serait plutôt préjudiciable à la performance de marché.
Conformément aux résultats des modèles du cas A, la relation dominante concerne la liaison
entre le taux de marge et la rentabilité brute du capital d'exploitation. Très significative, cette
relation tourne en valeur autour de 0,70 comme cela a déjà été observé dans tous les autres
modèles.
En ce qui concerne les hypothèses H.3.1. et H3.2., une différence apparaît. Alors que
l'influence de la performance de marché sur le taux de marge avait été systématiquement
vérifiée dans les modèles du cas B, cette relation devient faible et non significative. Par ailleurs,
l'hypothèseH.3.2. est quant à elle fortement significative dans les deux modèles du cas B, avec
des coefficients du même ordre de grandeur que précédemment: 0,153 et 0,217.
Par conséquent, de même que dans tous les modèles précédents, les hypothèses H.l.2. et
H.3.2. sont acceptées. En revanche, l'hypothèse H.3.1. n'est pas acceptée.
En ce qui concerne les effets indirects, les modèles nOet 7 ne présentent pas exactement les
mêmes traits que les modèles précédents (de 1 à 5) :
• L'effet indirect positif entre la non transférabilité des ressources productives et le taux de
marge est quasi nul, dû à l'absence de relation significative entre MARCHE et TXME ;
• L'effet indirect positif entre la non imitabilité et la rentabilité brute du capital, médiatisé par
l'influence de la performance de marché sur la RBCE se retrouve dans le modèle n07
(0,348, significatif à 5%) tandis qu'il n'est pas significatif dans le modèle n06 (0,303 mais
erreur standard de 0,248) ;
• L'effet indirect positif entre la perfonnance de marché et la rentabilité brute du capital n'est
371
pas pertinent dans le cadre des deux derniers modèles puisque la relation ~MARCHE-TXME n'est
pas significative ;
• En revanche, un effet indirect significatif dans les deux modèles, et qui n'était pas présent
dans les modèles antérieurs apparaît: l'effet indirect entre NSUFR et RBCE qui passe par la
relation ~MARCHE-RBCE' Cette relation est significative à 10%. Les coefficients (-0,272 et -
0,288) sont négatifs: ceci s'explique par le fait que les deux relations intermédiaires sont de
signes opposés: 'YNSUFR-MARCHE est négatif et ~MARCHE-RBCE est positif. Cet effet indirect
s'interprète donc facilement et ne vient pas en contradiction avec les résultats trouvés
auparavant.
La structure globale obtenue par les modèles du cas B est en grande partie conforme avec celle
observée par les analyses du cas A. Les coefficients d'adéquation tant locale que globale se
'·t\\·,·
totalité des hypothèses qui avaient été vérifiées dans les précédents modèles (cas A) se
Toutefois, certains résultats imprévus sont apparus sur lesquels il faut s'interroger .
• D'autre part, deux hypothèses, dont l'une précédemment avait été acceptée et l'autre
apparaissait non significative, sont contredites par les modèles utilisant les données de 1993-
1994. TI s'agit d'une part de l'hypothèse H.III.3. (liaison entre NSUFR et MARCHE) et
. Le schéma IV.26 présente les relations significatives du cas B. Le tableau IV.25 montre les
372
Lecture du tableau
Les hypothèses significatives au regard des résultats obtenus sur les modèles du cas B
sont portées en gras.
Tableau IV.2S. Résultats des modèles cas A et cas B - Tests des hypothèses
HYPOTIIESES
CasA CasB
373
H.1.2.
Plus le taux de marge est élevé, plus la rentabilité brute
(+) (+)
du capital est forte
H.3.1. Plus la performance de marché est forte, plus le taux de (+) n.s.
marge est élevé
H.V.II.
La coordination interne et la non imitabilité des (+) (+)
ressources productives sont corrélées positivement
La coordination interne et la non substituabilité des (+) (+)
H.V.III. relations fournisseurs sont corrélées positivement
La coordination interne et la non substituabilité des (+) (+)
H.V.IV. relations clients sont corrélées positivement
La non transférabilité des ressources productives et la
H.I.II. (+) (+)
non imitabilité des ressources productives sont corrélées
positivement
La non substituabilité des relations fournisseurs et la (+) (+)
H.ULIV non substituabilité des relations clients sont corrélées
positivement
374
FIGUREIV.26. RESUME DES RELATIONS SIGNIFICATIVES (CAS B)
N.B. les coefficients entre parenthèses sont ceux du modèle n06
excepté pour les relations de NIMIT (modèle n07)
Th
H.II.3.
(+0.797)
H.I.TI +0,690
•..•.ij.ITI.3
•.... ....
........ (+0,485)
(+0.192) .... ....
H.ITI.N +0,497
.... .... +0,283
•.... ....
.... •....
(-0,182)'
+0,166
n.s.
En italique sont rappelées pour comparaison les valeurs des coefficients présentés dans la
figure lV.16 correspondant au test du cas A
375
IV.2.3. Commentaires des résultats
Au cours de la présentation des résultats des différents modèles, il est apparu que les tests
d'autres n'étaient pas acceptées. Dans cette partie, nous revenons sur et commentons
successivement les hypothèses qui ont été vérifiées (IV.2.3.a.) puis celles dont on ne peut
n est nécessaire de subdiviser les hypothèses acceptées en deux sous-catégories: d'un côté les
hypothèses qui ont été vérifiées à la fois dans le cas A et dans le cas B: de l'autre, les
hypothèses qui ont été acceptées dans le cas A et qui n'ont pas été rejetées dans le cas B.
Panni les relations qui sont successivement conservées, les hypothèses reliant la non
que la valeur des coefficients expriment la force et la p~rtinence du Courant des, E.esso_Ufces
dans l'explication de la performance. Moins les ressources productives sont imitables et
transférables, plus la performance de marché est bonne. D'un côté, l'aptitude de la firme à
développer des routines et des procédés techniques lui permettant de différencier sa production
(DIFF), comme les différentes barrières en ressources réduisant l'imitabilité de ses ressources
productives (DESTEMPS), explicitant le concept de non imitabilité, rendent compte, d'une
de stocks et d'érosion des actifs matérialisant la non transférabilité des ressources productives
Ensuite, le fait que ces relations demeurent significatives dans le cas B met en lumière la
376
durabitité de l'appropriabilité des rentes par le biais de ressources non imitables et non
transférables. Les auteurs qui postulent que l'acquisition de rentes à long terme est à la portée
des firmes trouvent ici un résultat qui va dans leur sens. TIsemble en effet que l'appropriation
des rentes, et l'avantage concurrentiel procuré par les ressources productives possédant les
propriétés de non transférabilité et de non imitabilité ne soit pas temporaire. La période sur
laquelle s'étend nos tests.va de 1993 à 1996, soit quatre ans. Compte tenu de la valeur et de
la significativité des relations dans le cas B, il est indéniable que des ressources non
imitables et non transférables sont le gage de la performance à court et moyen terme.
Ensuite, une autre hypothèse (H.II.l) est vérifiée dans les différents cas de figure. La non
imitabilité des ressources influe positivement sur le taux de marge des entreprises. La valeur du
coefficient semble robuste, car il reste constant dans le temps (cas A: 0,181 et cas B : 0,206).
Ce résultat est important car il montre qu'il y a un lien direct non seulement entre les propriétés
des ressources et une mesure relative de leur performance (comme c'est le cas avec la
performance de marché) mais aussi avec une variable financière classique d'évaluation de la
performance: le taux de marge. On peut s'interroger à ce sujet sur le fait que ce soit la non
imitabilité seule qui soit significative dans l'explication du taux de marge. La non transférabilité
est mesurée à l'aide de variables observables qui mettent en avant le degré d'effort en terme
de flux d'investissements plus que sur les gains relatifs immédiats procurés par la propriété de
la ressource. Ce réamorçage nécessaire de la «pompe à avantage concurrentiel» n'a pas
d'effet significatif sur le taux de marge. En revanche les variables ayant servi à opérationnaliser
la non imitabilité peuvent permettre d'expliquer la vérification de l'hypothèse H.II.!. TIsemble
bien en èffet que la différenciation de la technologie puisse être reliée au taux de marge
positivement de la manière suivante: la différenciation permise par la technologie
correspond à la variabilité de l'offre rentable possible compte tenu de l'outil et des
aptitudes de l'entreprise. Par conséquent l'influence positive sur le taux de marge permet
sans doute de matérialiser le gain relatif d'adaptation de l'offre à la demande permis par la
différenciation technologique. Par ailleurs, si l'on considère la variable mesurant les
déséconomies de temps, le fait que l'entreprise ait accumulé des avantages que ses concurrents
ne peuvent imiter ou acquérir sur le marché se traduit directement par un taux de marge
supérieur, exprimant par exemple le rapport qualité/prix de la prestation de l'offre.
Enfin, un dernier résultat concernant les relations entre les variables latentes portant sur les
377
ressources productives méritent d'être souligné. fi s'agit du test de l'hypothèse de contrôle
H.!.I!. La corrélation entre les deux variables latentes est la plus forte en valeur absolue dans
tous les cas (parmi les coefficients <p). Elle tourne autour de 70% en moyenne. Ce résultat
illustre la cohérence du Courant des Ressources et met en avant l'effet dynamique reliant les
différentes propriétés des ressources. En effet, il y a un rapport d'interaction entre les
différentes propriétés des ressources productives, et l'on peut dire même sans doute un effet
d'entraînement. Plus les investissements pour réduire la transférabilité des ressources détenues
sont importants au sein de l'entreprise, plus cela a de chance de déboucher sur une non
imitabilité favorisant également la performance. Ainsi, l'appropriation des rentes est
d'autant plus forte que les propriétés des ressources héritées du Courant des Ressources
sont réunies. L'idée d'une effet système émerge de ce premier résultat
Des hypothèses avaient été formulées dans le modèle théorique reliant l'effet du niveau de
coordination interne avec les propriétés des autres ressources. fi s'est avéré que les
corrélations étaient toutes positives (autour de 20%) et significatives. Les hypothèses H.V.I à
H.V.lV sont donc vérifiées. fi apparaît donc que le niveau de coordination interne est relié
avec le niveau des propriétés des autres variables latentes. La coordination interne, explicitée
par la diffusion des objectifs stratégiques et des informations comptables ainsi que par la
présence de maillons de coordination transversaux, a un impact bénéfique dans l'amél!orati9!t~ _
des caractéristiques des autres propriétés. Réciproquement, on peut dire que plus les propriétés
des ressources sont non imitables, non transférables et non substituables, plus le niveau de
coordination interne requis est élevé. L'acceptation des hypothèses H.V.I. à H.V.IV apporte
un éclairage indirect sur l'importance des aptitudes au management dans l'explication de la
performance. La coordination n'influe pas directement positivement sur la performance
mais permet à un effet système de s'établir: les ressources productives deviennent plus
ancrées dans l'entreprise, moins facilement imitables et transférables. La valeur se situe au
niveau des échanges d'information et de connaissance. Cet effet systémique dont nous avions
sous-évalué l'importance dans la partie théorique est matérialisé par ailleurs par la
significativité des autres relations <p. Les propriétés des différentes ressources sont toutes plus
378
ou moins corrélées positivement les unes aux autres..
Le résultat le plus intéressant concerne sans doute la liaison entre la performance de marché et
la rentabilité brute du capital. Estimée entre 0,16 et 0,22, elle met en avant le lien causal entre
le niveau de performance de marché (part de marché relative et avantage de position
concurrentielle estimé par les chefs d'entreprise) avec la donnée comptable de la rentabilité
brute du capital d'exploitation. Cette relation positive ne se dément pas au cours des différents
modèles et des différents cas. Cette relation est porteuse de sens: en effet, il ne s'agit pas
d'une corrélation à proprement parler, mais d'un effet orienté de la variable MARCHE vers
RBCE. L'effet indirect, empruntant le biais du taux de marge renforce encore au niveau de
l'effet total, l'influence de la performance de marché relative sur la rentabilité. Par
conséquent, privilégier les variables qui permettent de dégager une performance de
marché significativement supérieure à ses concurrents, c'est-à-dire se donner les moyens
de constituer des. avantages en position de ressources pour dégager des rentes
idiosyncrasiques et se les approprier, est un gage direct de rentabilité du capital.
Une autre hypothèse est constamment vérifiée (cas A et cas B) au cours du temps. fi s'agit du
coût représenté par la non substituabilité de la relation fournisseur sur la profitabilité. Dans les
deux cas, la relation est significative, et elle est négative: -0,095 (cas A) et -0,075 (casH). La
création d'une relation de dépendance mutuelle entre l'entreprise et ses principaux
fournisseurs a donc bien un coût pour l'entreprise, qui se répercute de manière
significative sur sa profitabilité. En effet, le taux de marge matérialise presque directement
les rapports d'échanges commerciaux entre les acteurs de la filière. Dire que le taux de marge
379
est influencé négativement par la non substituabilité de la relation avec ses fournisseurs signifie
que l'entreprise accepte de payer en partie le prix de «l'exclusivité» de sa relation. Le fait
qu'elle, elle en accepte le coût, apparaît comme une protection contre la substitution de sa
relation par la concurrence. Cet effet est constant dans le temps (à court et moyen terme). Cela
signifie peut-être que l'entreprise est obligée de maintenir l'achat de la confiance mutuelle pour
conserver son niveau de non.substituabilité.
Cette seconde catégorie de résultats montre des liaisons jugées significatives et conformes aux
hypothèses tirées des modèles du cas A, qui ne sont pas invalidées par le cas B, même si elles
ne sont plus significatives. fi y a essentiellement deux types de tests d'hypothèses qui
répondent à ce critère
Le passage des modèles complets du cas A aux modèles réduits avait montré que le degré
de significativité des relations entre la variable latente NSUCL et les variables de",
performance avait diminué. Toutefois, les relations demeuraient significatives. Lors des
tests du cas B, les relations impliquant NSUCL sont devenues clairement non
significatives (T aux alentours de 1). Ce résultat ne peut provenir de la différence
d' opérationnalisation de la variable latente, puisque dans le cas des modèles réduits, les
coefficients demeuraient significatifs. TI semble donc que l'on doive imputer la modification-du--
résultat à la différence majeure entre les deux cas : la différence d'époque. En effet, dans le cas
A, la mesure de NSUCL était plus ou moins contemporaine des variables de performance (qui
sont des moyennes sur trois ans). Dans le cas B, il y a un décalage temporel entre la première
mesure et les variables de performance. On peut donc formuler l'explication suivante à la
disparition de la significativité : la création de la non substituabilité des clients est plus
difficile à maintenir que celle des fournisseurs. La durabilité de cette propriété est moins
grande que l'autre. L'investissement consenti pour dégager des performances financières
(TXME) supérieures est payé au niveau de la performance de marché et n'est pas constante
dans le temps.
380
fournisseur, la durée moyenne de relation entre un client etson entreprise est moindre qu'entre
r entreprise et son fournisseur. De même, le montant moyen des échanges est également plus
faible. En conséquence de quoi r équilibre qui peut être conservé entre les coûts de changement
au niveau de la relation fournisseur l'est plus difficilement entre l'entreprise et ses clients.
Par ailleurs, ce résultat met en exergue l'ambiguïté de la relation de l'entreprise avec les clients.
L'entretien de la fidélisation du client et de sa non substituabilité pour d'autres entreprises a un
impact positif sur le taux de marge. n s'agit de la partie réciproque de la relation avec le
fournisseur. En revanche, il se révèle comille pénalisant la performance de marché. Ce résultat
illustre au niveau de la performance relative la perte potentielle de marchés et de clients due à
la .fidélisation des clients particuliers. n y a donc un effet inverse entre la performance de
marché et la non substituabilité des relations clients, et un effet positif entre cette dernière et la
profitabilité. Ces relations peuvent être schématisées de la façon suivante:
Taux de marge
Performance de marché
La seconde relation qui a été entérinée par les tests empiriques du cas A et qui apparaît comme
n'étant pas significative dans le cas B concerne la relation entre la performance de marché et la
profitabilité. Ce résultat est surprenant. En effet, dans le cas B, les variables Y n'ont pas été
modifiées par rapport au cas A. n s'ensuit que les relations impliquant les variables endogènes
entre elles qui étaient significatives dans le cas A devraient également r êtrè dans le cas B. Cela
a été le cas pour deux hypothèses H.3.1. et H2.1 mais ne r est pas pour la troisième. n doit
s'expliquer par la méthode de calcul des coefficients p. La matrice B en effet n'est pas
symétrique, ce qui peut poser des problèmes d'estimations dans certains cas (Bollen, 1989).
Une autre raison peut être trouvée au niveau des corrélations polychoriques puisqu'on observe
que les corrélations entre les différentes variables Y sont plus faibles dans le cas B par rapport
381
à celles du cas A. Cette particularité sur ce lien causal entre variables endogènes ne remet
absolument pas en cause les autres relations explicatives observées.
Dans la partie suivante, nous portons notre attention sur les hypothèses qui n'ont pas été
acceptées lors des tests empiriques.
Deux catégories à nouveau peuvent être distinguées parmi l'ensemble de ces relations : d'une
part, les relations qui n'ont jamais été significatives au cours des différents tests de modèles ;
d'autre part, les hypothèses qui ont été à un moment ou à un autre rejetées (coefficients
significatifs mais sens de la relation opposé à celui attendu).
IX.3.2.a. Tests d'hypothèses non significatifs
Essentiellement, il s'agit de quatre hypothèses: H.L2, H.ll.2., H.ill.2., et H.IV.2. qui ont
particularité de toutes concerner la variable latente endogène RBCE. A aucune reprise au
cours des sept différents modèles, les hypothèses reliant les propriétés des ressources avec la
rentabilité ne se sont révélées significatives. L'examen des diverses influences sur la variable
RBCE nous a conduit à formuler l'explication suivante. L'importance de la relation entre Je
taux de marge et la rentabilité (+0,70) rend les autres relations non significatives. En quelque
sorte, la liaison entre les deux variables de performance est trop forte et est telle que la
- -",
variabilité des effets qui impactent l'une ne se retrouve pas dans l'autre du fait de l'effet direct
de l'une sur l'autre. Deux possibilités s'offrent pour vérifier cette intuition: soit. supprimer
artificiellement le lien entre TXME et RBCE afin d'estimer les coefficients liant les variables
latentes exogènes à RBCE : soit réunir les deux variables de performance en une seule afin de
constituer a posteriori une variable latente endogène de performance financière et comptable.
La première solution présente l'inconvénient d'être artificielle: elle rompt la logique du modèle
théorique, puisqu'il est incorrect théoriquement de considérer qu'il n'y a pas de lien entre le
taux de marge et la rentabilité brute du capital d'exploitation. En effet, il a été déjà signalé qu'il
y a un lien consubstantiel entre les deux variables étant donné qu'elles reposent sur le calcul de
même solde de gestion (EBE). La seconde solution en revanche ne va pas à l'encontre des
hypothèses du modèle théorique. D'une part, toutes les hypothèses concernant la RBCE sont
382
les mêmes que celles portant sur le TXME (même signe supposé des relations). D'autre part, le
modèle Lisrel permet sans problème d'inclure cette nouvelle variable latente endogène. C'est
cette seconde solution Quenous avons retenue.
On crée donc une nouvelle variable latente endogène EXPLOIT (pour perfonnance
financière d'exploitation), exprimée par deux variables observables TXME et RBCE.
Les spécifications retenues dans le modèle présenté dans le graphique IV.27. sont exactement
les mêmes que celles correspondant au modèle complet n03. L'analyse porte sur les individus
de la base de données comportant les données de 1995-1996 (soit 2866 individus informés).
La variable latente EXPLOIT est exprimée par deux variables observables dont les loadings
standardisés sont 0,990 pour TXME et 0,777 pour RBCE. La corrélation multiple au carré de
la nouvelle variable latente à expliquer est de 8,4%, correspondant en cela approximativement
au niveau d'explication de la précédente variable endogène TXME. Cela implique d'une part
que le corrélation multiple obtenue dans les modèles précédents pour la variable latente RBCE
était la conséquence de la forte détermination statistique entre TXME et RBCE d'un côté et
MARCHE et RBCE de l'autre. D'autre part, ce résultat indique que la part d'explication de la
performance financière d'exploitation (EXPLOm imputable aux variables latentes exogènes
correspondant aux propriétés des ressources est significative et non négligeable.
• que les paramètres d'adéquation locale et globale sont au minimum aussi bons que ceux
obtenus pour le modèle n03
• que les relations cp présentent exactement les mêmes caractéristiques de signes, de valeur et
de signific'ativité-ce qui est normal puisque nous avons utilisé les mêmes spécifications que
le modèle n03
• que la relation ~ entre MARCHE et EXPLOIT est relativement plus importante (0,266
versus 0,16 et 0,19 dans le cas du modèle n03)
• qu'à l'exception d'une relation, tous les signes des relations causales '1 sont confonnes
aux hypothèses ; que les niveaux des coefficients sont comparables à ceux des modèles
complets. L'hypothèse non validée concerne la relation entre la non transférabilité des
383
ressources productives et la performance d'exploitation. Cette relation est négative et
significative à 10%. Dans les modèles précédents, il était apparu que le signe des
coefficients YNTRANS-TXME et 'YN'rnANS-RBCE étaient la plupart du temps négatifs mais ils étaient
non significatifs. La significativité de la relation dans le cadre du regroupement des deux
variables observables de performance tend donc à faire accepter une hypothèse contraire à
celles que nous avions formulée. La création de ressources productives non transférables
apparaît être un coût se répercutant sur la performance financière d'exploitation. L'entretien
des flux d'investissements matériels et immatériels pour conserver ou améliorer la non
transférabilité des ressources productives constitue donc un poids. Ce résultat illustre le
paradoxe fondamental de la recherche de performance entre d'un côté le nécessaire flux
d'inputs de valeurs garant des propriétés foncières des ressources productives et de la
performance future, et de l'autre, le coût actuel représenté par cet engagement.
384
Figure IV.27. RESUME DES RELATIONS SIGNIFICATIVES
(constitution d'une nouvelle variable endogène par regroupement de TXME et RBCE)
(- 0.202)
.- -- - - - -- ---~
?
(+().228)
~
Non substituabilité (+)
Relations fournisseurs
(+{).150) (+0.496)
(-0.274)
112
GFI = 0,990 ; AGFI = 0,984 ; RMR = 0,031 ; Chi-deux avec 97 ddl : 241,09
385
IX.3.2.b. Hypothèses rejetées
On exclut l'hypothèse H.lI.1. des hypothèses rejetées par les modèles 1 à 7 puisque jamais les
signes négatifs reliant les variables NTRANS et TXME n'ont été significatifs. Toutefois, on
initial, qui ont une propriété commune: l'un comme l'autre se produisent dans le cas B.
Dans les modèles complets et réduits du cas A, aucun résultat n'invalide les hypothèses. Seule
une relation semble dans le modèle n05 contredire une intuition du modèle théorique -
renforçait les propriétés des ressources, vecteurs de la performance. TI apparaît qu'en fait la
coordination interne peut faciliter l'imitation des mouvements stratégiques par la concurrence.
peut être trouvée dans la liaison entre le degré de coordination et la performance de marché.
On a vu qu'il y avait au niveau de la taille une différence significative suivant la taille des
entreprises sur les variables observables exprimant la variable latente COROI. En fait, plus
l'entreprise est de taille élévée, plus elle a a priori besoin de système de coordination important.
Mais alors, ce qui est nécessaire à la constitution de ressources non imitables, non substituables
et non transférables (les coefficients de corrélation <p), devient un poids relatif que ne
supportent pas avec autant de force les plus petites. Cette explication nécessite une exploration
statistique supplémentaire qui sera menée ci-dessous. A sa décharge, elle ne rend pas compte
de la raison pour laquelle les liens négatifs significatifs n'apparaissent que dans les cas B. La
386
dernière explication qui peut être avancée tente justement de considérer le décalage temporel
moment donné du temps, pour améliorer les propriétés des ressources à ce moment précis,
constituerait toutefois une perte d'efficacité représenté par l'impact négatif sur la performance.
En ce sens, l'effet de la coordination interne serait décalé dans le temps. Cette explication
stipule une relation non linéaire entre le degré de coordination et la performance dans le
temps. C'est l'interprétation que nous privilégierons.
Le second résultat qui n'apparaît quant à lui que dans le cas B (modèle 6 et 7) concerne une
inversion de relation. Alors que dans les modèles du cas A, la relation entre la non
marché, comme stipulé par les hypothèses de recherche, cette relation devient
significativement négative dès lors que l'on introduit un décalage temporel (cas B). TI
semble que cette inversion indique également une relation non linéaire dans le temps entre la
non substituabilité des relations fournisseurs qui à court terme bénéficie à la performance de
d'équilibre dans les relations d'échanges entre le fournisseur et son client industriel, mais qui à
moyen terme perd plus en terme de performance de marché (-0,182) qu'en taux de marge (-
0,075). Pour conserver une. performance de marché supérieure au cours du temps, il faudrait
donc à la fois instaurer une non substituabilité à court terme et une substituabilité à moyen
d'échange réciproque nécessite par définition une continuité de la relation, alors que privilégier
substituabilité des relations fournisseurs à court terme l'emporte sur les inconvénients à
moyen terme. Les coefficients standardisés positifs des modèles 4 et 5 sont supérieurs aux
387
MODELE 4 MODELE 5 MODELE 61 MODELE 7
RAPPEL ESTIMATIONS
Non standardisées
Paramètres 'Y Standardisées
Non subst. rel. Fournisseurs- .374*** .235** -.261 -.221*
marché .426*** .260** -.213 1 -.182*
Nous avons passé en revue les différents modèles et avons dégagé les principaux résultats des
modèles Lisrel des cas A et B. La structure globale du modèle théorique est confirmée. Les
hypothèses reliant les propriétés des ressources productives et des relations d'échanges avec
les variables de performance dans l'ensemble correspondent aux résultats attendus. La
structure causale semble être durable dans le temps pour la majeure partie de ces effets
(comparaison entre le cas A et le cas B).
Une dernière précaution reste à prendre afin de s'assurer de la robustesse des résultats. TI
convient de vérifier que des effets particuliers aux données·ne sont pas responsables des tests
concluants des hypothèses. Particulièrement deux effets peuvent être à l'origine d'une
convergence globale, qui ne correspond pas à des niveaux d'analyse inférieurs: l'effet taille et
l'effet secteur, déjà évoqués précédemment. Afin de prendre la mesure des influences
éventuelles soit des entreprises de grandes tailles, soit des entreprises d'une indusirie
particulière, nous décomposons notre échantillon global en sous échantillons distincts. Les
résultats des sous modèles obtenus sont présentés dans la sous-section suivante.
Cette sous-section rapporte les tests supplémentaires du modèle global, appliqués au niveau de
l'échantillon entier. On distingue deux grandes sous-catégories de modèles: ceux reflétant la
possibilité d'un effet de la taille des entreprises sur les résultats observés et ceux correspondant
à un effet de l'appartenance des entreprises à de grandes catégories d'activités. Nous
présentons successivement les tests des résultats des différents sous-modèles, effectués sur la
base de données la plus riche, c'est-à-dire celle ayant servi à estimer le cas A. (données 1995-
1996).
388
IV.2.4.a. Influence de la taille
Lors de l'examen des différences de moyenne sur les variables observables, le groupe 4
(correspondant aux entreprises de plus grande taille de notre échantillon) semblait se distinguer
sur un certain nombre de variables par des différences significatives positives par rapport aux
entreprises de taille inférieure. TI est apparu logique de vérifier si les résultats obtenus au niveau
de l'ensemble des individus de la base de données se retrouvaient au niveau des différents sous-
groupes de taille, mettant en présence d'un côté les plus petites entreprises en nombre plus
important (2062 entreprise, correspondant aux trois premiers quartiles) et de l'autre les
entreprises les plus grandes mais les moins nombreuses (690 entreprises correspondant au
dernier quartile).
On a donc procédé au test sans re-spécification du modèle Lisrel utilisé dans le paragraphe de
commentaire des résultats, regroupant le deux variables TXME et RBCE sous une seule
variables latente de performance financière d'exploitation -reproduction du modèle complet
n03 mais avec deux variables latentes endogènes, comme pour le cas figure IV.27.
Les adéquations locales reprennent les résultats caractéristiques déjà relevés dans les
commentaires des trois premiers modèles complets. Les variables présentant les loadings les
plus faibles coïncident pour les deux sous-modèles, de même que celles qui présentent les
corrélations mültiples les plus fortes.
En ce qui concerne les coefficients de détermination pour les variables X, le premier sous
modèle donne la valeur 0,971 et le second la valeur 0,973. De même, les coefficients de
détermination des variables Y sont respectivement de·0,925 et de 0,911. Les deux modèles
présentent de·très bonnes adéquations locales.
Au niveau de l'adéquation globale, la comparaison des GFI, AGFI et RMR montre que les .
deux modèles ont également de très bonnes adéquations globales. Le coefficient de
détermination total du groupe des entreprises de taille supérieure est plus fort (0,597) que celui
389
des entreprises petites et moyennes (0,326). Ceci est la conséquence de coefficients partiels
Structure causale
Tous les coefficients significatifs et non significatifs présentent les mêmes caractéristiques que
celles exposées dans le modèle n03 (figure N.16.) et le modèle supplémentaire (Figure IV.27.).
qui, comme dans le modèle supplémentaire IV.27. est contredite dans les deux sous-modèles.
On peut conclure qu'il n'y a pas d'effet taille masqué ou dominant dans les modèles
présentés sur l'ensemble de l'échantillon.
• la seule hypothèse contredite est celle reliant la non transférabilité des ressources
des coefficients négatifs. On remarquera cependant que cet effet semble plus important pour
les entreprise de taille supérieure (-0,435) que pour les entreprises de taille inférieure (-
0,205). Ce qui peut signifier que les flux d'investissements et d'engagements nécessaires
pour constituer des ressources productives non transférables coûtent relativement plus chers
hypothèses (H.III.1. et H.III.2.) sont acceptées pour les entreprises de plus grande taille.
Ceci peut amener à penser que la relation de non substituabilité entre une entreprise et ses
fournisseurs est plus aisée à constituer à partir du moment où l'entreprise a une certaine
taille.
l'influence de la coordination interne sur la performance de marché n'est Pas supportée par
les résultats: pour les deux sous-groupes, il n'y a pas d'effet significatif CORDI-MARCHE,
comme dans le modèle n03 (figure IX.16.). Par conséquent, l'interprétation donnée en terme
d'influence du temps sur cette relation semble être la bonne, comme cela avait été pressenti.
390
Figure IV.28. RESUME DES RELATIONS Figure IV.29.RESUME DES RELATIONS
Entreprises de taille petite et moyennè . Entreprises de taille supérieure
1=0,089
.·IH~~I~.3.
".
'.
'(+0.033)
H.IV.l
".
'. '.
(+0.255)
(+0.368)
(+0.095)',
Non SubstitUabilit0
Relations Clients <t
H.IV.3 (- 0.161)
..
.'(+0.015)
,~
.......
.. . .
•••••••
.. . .
.. .. ..
' '
.' .
'
.
'
••••••••••••••• !> Relation non significative ••••••••••••••. !> Relation non significative
.
Relation significative au moins à 10%
...;.-----. Relation rejetant l'hypothèse significative à 10% ------ Relation rejetant l'hypothèse significative à 10%
N=2062 Coefficient de détermination total 0,326 391 N=690 Coefficient de détermination total 0,597
GFI = 0.990: AGFI = 0.984: RMR = 0.031: Chi-deux avec 97 ddl: 243.05
IV.2.4.b.lnjluence de la catégorie d'activité (NAFI6)
Avant de présenter les résultats des sous-modèles Lisrel, il est utile de vérifier qu'il n'y a pas
de grandes différences de moyennes significatives sur les variables observables X et Y. Un
travail plus détaillé a été effectué dans la partie présentant les résultats descriptifs, mais le
changement de niveau d'analyse (regroupement pl~s important) peut peut-être faire émerger de
nouveaux résultats.
Les différents tests de moyenne sont pratiqués sur les quatre sous-groupes. Les résultats
sUlvants appa.raJ.ssent
Différences de moyennes I.A.A B.I. B.C. B.E.
(EB) (EF) (EC) (EE) ".,. .. ", .. ~
DESTEMPS (-)
DIFF (-)
R&DREL
FONRD (+) (+)
DEGTRANS (-)
ClFR (+)
CTFRCL (+) (+)
~ -- -
~CTCL- - -~
(+) (+)
CTCLFR (+)
ADAPT (+)
DIFINFO
DIFOBJ
COORD
TXME (+) (+)
RBCE
POSICLE (+)
BCG (+)
392
• dans l'industrie des biens intermédiaires, la non substituabilité des relations d'échanges
clients et fournisseurs ressort comme étant plus élevée que chez les autres entreprises ;
• dans l'industrie des biens de consommation, l'imitabilité des ressources productives est la
plus forte en moyenne, mais les performances sont plutôt significativement supérieures à
celles des autres entreprises manufacturières;
variables. Nous avons donc pratiqué quatre modèles successifs, identiques dans . leurs
On ne détaille pas à chaque fois les spécifications, les adéquations locales. On ne relève que les
Au niveau des spécifications, une seule variation est à noter. Pour tous les sous-modèles, la
.procédure Lisrel du modèle présenté dans la figure IV.27 a été réutilisé. Mais le sous modèle
conséquent. les paramètres <1> ont été fixés à 0, et ne sont pas représentés sur le schéma. A cette
exception près. les sous modèles ont entre eux les mêmes spécifications.
393
0,076 pour l'lM tandis que pour le RMR maximum des trois autres groupes est de 0,044.
Deux modèles présentent même des tests du Chi-deux significatifs (biens de consommation et
biens d'équipement).
l'explication de la variable latente EXLOIT des taux variant entre 6,2% (Biens
multiples au carré s'étagent entre 31,4% pour l'industrie des biens d'équipement et
Le coefficient de détermination total varie quant à lui entre 34,4% (Biens d'équipement)
à 48% pour les biens intermédiaires (et 52% pour l'industrie agro-alimentaire).
n'introduit pas de variation importante ou inexplicable dans les adéquations locales et globales.
fi s'agit à présent de savoir s'il en est de même au niveau des paramètres de la structure
causale et si, notamment, des résultats observés au niveau de l'échantillon global n'auraientpas
Nous procédons à l'examen des résultats partiels dans l'ordre suivi jusqu'ici: d'abord les
coefficients <1>, ensuite les coefficients r variable exogène par variable exogène, et enfin la
-- ------------ --------
- - -- - - - -- ---- - --- - - -- - -- -
relation 13. fi est à noter que toutes les relations sont reproduites sur les schémas (les relations
Les hypothèses de contrôle H.I.ll èt H.m.N. sont toujours vérifiées dans les sous-modèles ..
Les liens entre les propriétés des ressources productives entre elles sont plus fortes que les
autres relations de corrélations avec les autres propriétés des ressources. De même les relations
Les trois modèles présentant le test des hypothèses H.V.I à H.V.lV présentent les
caractéristiques suivantes :
394
L'industrie des biens intermédiaires vérifie les quatre hypothèses reposant sur les coefficients <1>.
En effet, ils sont tous positifs et significatifs à 5%. Mais les deux autres sous-groupes mettent
en évidence un résultat intéressant
L'industrie des biens de consommation présente la particularité de ne vérifier que les liens entre
la coordination .interne et les propriétés des ressources productives tandis que l'indu·strie des
. biens d'équipement ne vérifie les liens entre la coordination interne et les propriétés des
relations d'échange. TI peut être rendu compte de cette différence à l'aide de l'interprétation
suivante. Le niveau de coordination interne est plus centré sur l'activité de production pour les
biens de consommation tandis que pour les biens d'équipement, elle est plus en relation avec la
relation d'échange à proprement parler. Dans le premier cas, il est plus important d'utiliser les
aptitudes de coordination pour assurer la qualité et le suivi de la production ; dans l'autre, la
négociation d'échange pour l'équipement des clients nécessite le plus de ressources de·
coordination interne (diffusion d'objectifs, d'informations et coordination transversale).
Coefficients '1et Ji
H.I.l. Relation non transférabilité - performance d'exploitation
Alors que dans les modèles complets, cette hypothèse n'était ni acceptée ni rejetée puisque les
coefficients n'étaient pas significatifs, dans le modèle avec la variable latente de performance
d'exploitation, elle était rejetée. Comme nous reprenons les mêmes spécifications que dans ce
dernier modèle, nous pouvons nous attendre à ce que l'hypothèse H.I.l soit rejetée.
TI apparaît que deux sous groupes (I.A.A et RI.) présentent des coefficients faibles et non
significatifs. L'industrie des biens d'équipement présente un signe négatif et un coefficient fort
(-0,194) mais non significatif. Seule l'industrie des biens de consommation rejette
significativement l'hypothèse H.I.1. La non transférabilité des ressources productives pour
l'industrie des biens de consommation a un impact négatif significatif sur la performance
financière d'exploitation (TXME et RBCE).
395
l'industrie des biens d'équipement (0,647). Les entreprises de ces deux groupes vérifient donc
particulièrement significativement le fait que plus les ressources productives sont non
transférables, plus la performance de marché est élevée.
Cette relation est largement vérifiée : trois groupes sur quatre présentent un lien significatif
entre la non imitabilité des ressources productives et la performance de marché. Seule
l'industrie des biens d'équipement ne montre pas ce caractère. Pour les autres, les Be présente
le plus fort coefficient (+0,55) mettant en avant l'importance de ce facteur dans cette activité,
devant les BI (0,40) et l'IAA (0,25) .
_ ~ex~p~~~t ~~~~nu~anc~_
d~_~e_rtin_ence_~~~e_I_~~_~~vers~~~~~ti~n~e~~eI"\'é~s_entre
l_e~s
_pr_o_p_ri_été_s _
des ressources productives et les variables de performance. Globalement comme sur les sous-
échantillons, les hypothèses H.I.2 à H.II.2 sont acceptées, et H.U. rejetée.
L'industrie des biens intermédiaires: seule la non imitabilité des ressources productives a un
impact sur la performance de marché.
L'industrie des biens de consommation: la non imitabilité des ressources productives est une
caractéristique essentielle des entreprises de cette industrie. Elle a un effet positif très
important sur la performance d'exploitation et de marché. La non transférabilité a un impact
396
négatif significatif sur la performance d'exploitation.
Tous les coefficients sont négatifs, mais seul celui des industries des biens intermédiaires est
significatif: -0,219. D existe sans doute dans ce groupe une forte nécessité de constituer une
ressource fournisseur pour survivre. Cette relation d'échange privilégiée se paye au niveau de
la performance d'exploitation.
Les quatre coefficients observés sont tous positifs. lis ont des valeurs importantes : de +0,086
à +0,239. Deux sont particulièrement significatifs: le groupe des IAA et la groupe des BC.
Pour ces deux groupes, le coût relativement faible supporté pour la constitution de la non
substituabilité de leur relation d'échange se matérialise par une amélioration de leur
performance de marché. Pour les BI qui présentaient le coût de la non substituabilité le plus
important sur la performance d'exploitation, le coefficient représentant l'impact sur la
performance de marché est élevé (+0,239) mais non significatif.
Un coefficient est quasi nul, et les trois autres sont positifs. Deux sont significatifs: pour le
groupe des IAA et pour le groupe des BI. L'hypothèse reliant la non substituabilité des
relations clients avec la performance d'exploitation ressort bien comme étant positive,
conformément à l'hypothèse H.N.1.
Le test de cette hypothèse offre la première caractérisation d'un «effet groupe» qui avait été
gommé au niveau des tests sur l'ensemble de l'échantillon.
Un coefficient est nul (BC). Deux coefficients sont significatifs et négatifs: BI (-0,241) et BE
(-0,371). Ds vérifient l'hypothèse stipulant que le bénéfice de la non substituabilité clients
effectif au niveau de la performance d'exploitation (+0,167 pour BI et +0,142 pour BE) se
397
paye au niveau de la performance de marché par la perte relative d'autres clients peut-être plus
rentables mais pour lesquels l'entreprise n'a pas investi dans une relation de non substituabilité.
C'est ce résultat qui a été confrrmé au cours des différentes analyses sur échantillon complet
Au total, en ce qui concerne les relations reliant les propriétés des relations d'échange
avec la performance d'exploitation, aucun groupe ne présente de résultats atypiques.-De
même, à l'exception- du ""groupeIAA, les relations reliant les propriétés des relations
d'échange avec la performance de marché sont conformes à celles trouvées dans les
modèles précédents. Globalement, comme sur les sous échantillons, les hypothèses H.ll!.1,
H.ill.2. et H.IV.1 -sont vérifiées. L'hypothèse H.IV.2. est clairement vérifiée pour deux
groupes et rejetée pour le groupe IAA.
L'industrie agro-alimentaire: les propriétés des relations d'échange ont des effets positifs
.. ~----~significatifs~sur--Ia ~performance--d'exploitation-pour NSUFR -et sur les deux variables-de
performance pour NSUCL (contredisant l'hypothèse H.IV.2)
L'industrie des biens intermédiaires: les effets des propriétés des relations d'échange sont
importants. Ils présentent en moyenne les coefficients les plus importants de tous les groupes et
sont conformes aux hypothèses.
L'industrie des biens de consommation: les propriétés des relations d'échange avec les clients
ne sont pas significatives. Seule la non substituabilité des relations fournisseurs a un effet
positif significatif sur la performance de marché (H.ill.2.).
L'industrie des biens d'équipement: la relation principale concerne la non substituabilité des
clients et son impact négatif significatif sur la performance de marché.
398
H.lli.2. Relation coordination interne - performance de marché
Au niveau du modèle sur l'échantillon total, cette relation n'était pas significative. On rappelle
en outre que dans le cas B (variables de 1993-1994) le décalage temporel rendait
significativement négative la relation.
La décomposition en groupe fait apparaître un second «effet groupe» qui n'était perceptible
ni au niveau du test sur échantillon total, ni·au niveau des tests par taille. Deux relations sont
quasi nulles, conformément au modèle global (figure IV.16).
La relation de l'industrie des biens de consommations est positive, confIrmant pour la première
fois l'hypothèse H.V.2. En revanche, la relation est significativeet négative pour le groupe des
biens intermédiaires. Pour expliquer ce résultat, une nouvelle hypothèse peut être formulée :
plus le secteur est en contact avec la grande consommation, plus le degré de coordination
interne est important pour la performance de marché. Cette hypothèse trouverait-elle une piste
de vérification par le fait que le coefficient du groupe IAA est lui même positif (+0,058) même
s'il est non significatif?
Toutes les relations sont positives. Trois sur quatre sont significatives. Les coefficients vont de
+0,247 à +0,415. Le lien entre la performance de marché comme vecteur de performance
financière d'exploitation est donc une nouvelle fois illustré.
Au total, sur les 16 principales hypothèses testées, aucun effet majeur de l'appartenance
sectorielle sur la structure causale globale n'a été masqué. Au plus, deux relations
présentent des résultats significativement différents d'un sous-groupe à un autre: l'un
concerne le rejet de la relation NSDCL..:MARCHE pour les industries agro-alimentaires.
L'autre la vérification du lien entre CORDI et MARCHE pour les biens de consommation, et
son rejet pour les biens intermédiaires.
Les pages suivantes présentent les quatre modèles tirés des analyses Lisrel sur les sous-
échantillons IAA, BI, BC et BE.
399
Figure IV.30. RESUME DES RELATIONS Figure IV.3l. RESUME DES RELATIONS
Industries Agro-alimentaires Industries de Biens de consommation
1 = 0,192
.
(+0.06.2)
···
····
·
···
···
Sm .·.
·.·
...··
...
'(+0.018)
iuv.1
Non Substituabili;\ (+0. 17
Relations Clients (1').. - - - - - - - - - - -- .....
H.IV.3 (+ 0.135) '(~0.012)
.. ..
•• ,..••• (+0.058)
.. -'
'
'
.'..
.'
'
- - - - - - •
Relation significative au moins à 5%
1
-----.;.. . Relation significative au moins à 5%
N=474 Coefficient de détermination total 0,528 N=648 Coefficient de détermination total: 0,477
1
GFI = 0,949; AGFI = 0,925; RMR = 0,076; Chi-deux avec 105 ddl: 253,23
1
Figure IV.32. RESUME DES RELATIONS Figure IV.33. RESUME DES RELATIONS
Industries des Biens intermédiaires Industries des Biens d'équipement
2=0,063
.....~ 2=0,087
...
,
,, ..
.... • ' (+0.059) ::':.
...... .
....
.. .•~..
.
"
.'.
'.
{;e.289)
.:::~< " (.o.•• ~
••••••••••••••• ;> Relation non significative ••••••••••••••• ;> Relation non significative
Relation rejetant l'hypothèse significative à 10% ------. . Relation rejetant l'hypothèse significative à 10%
N=1080 Coefficient de détermination total 0,485 N=483 Coefficient de détermination total 0,344
401
GFI = 0,984; AGFI = 0,981; RMR = 0,036; Chi-deux avec 97 ddi: 167,8 GFI = 0,983; AGFI = ~974 ; RMR = 0,042; Chi-deux avec 97 ddi: 102,8 (p=.378)
1V.3.Synthèse des résultats
Le modèle théorique, inspiré du Courant des Ressources, a trouvé d'amples confirmations dans
les différents tests statistiques effectués dans ce chapitre. Les principaux résultats peuvent être
fi a été montré que la non iniitabilité des ressources productives avait toujours un impact
positif sur les variables de performance. Entretenir les capacités de différenciation de sa
technologie est un gage d'appropriation durable de rentes. De même, miser sur les
déséconomies de temps subies par les concurrents est source d'avantage concurrentiel à court
et à moyen terme.
transférabilité, contrairement à ce qui avait été anticipé, semble ne pas avoir un impact positif
sur la performance d'exploitation. Dégager un avantage en terme de performance de marché
par la non transférabilité de ses actifs stratégiques a un coût qui est payé au niveau de la
Une connexion importante a été trouvée entre les deux propriétés des ressources productives
testées. Les corrélations entre ces deux variables latentes sont toujours très importantes et
significatives. Elles manifestent sans aucun doute le caractère fortement lié du développement
de l'une par rapport à l'autre. On peut imaginer que le coût de la non transférabilité profite
402
A l'inverse, les entreprises qui cherchent à développer la non substituabilité de leur relation
avec leurs clients perdent relativement en efficacité sur leur performance de marché (part de
marché relative et avantage concurrentiel relatif) mais sè rattrapent sur le taux de marge et la
rentabilité du capital.
L'impact de la coordination interne sur les propriétés des ressources est manifeste. TIy a une
corrélation positive entre les différentes propriétés des ressources et le niveau de coordination
interne. Plus celui-ci est élevé, plus les ressources présentent les propriétés de non imitabilité,
de non substituabilité et de non transférabilité. A l'inverse, plus ces propriétés sont élevées,
plus l'on peut dire qu'elles requièrent des degrés de coordination importants.
4. influence du temps
L'influence du temps sur les relations significatives précédentes se matérialise à trois niveaux:
• sur les ressources productives, à l'échelle de 4/5 ans, les relations restent valides. L'effet du
temps (érosion, obsolescence, déperdition, etc.) sur les propriétés des ressources
productives semble nécessiter un plus grand laps de temps pour avoir des répercussions sur
la performance ;
• sur les relations d'échanges, deux phénomènes apparaissent. D'une part, les effets de la non
substituabilité clients s'estompent, mettant en lumière la nécessaire confiance et la
continuelle fidélisation des clients pour dégager de bonnes performances d'exploitation.
D'autre part, l'impact à moyen terme de la non substituabilité de la relation fournisseur en
réduit le bénéfice présent sur la perfonnance de marché. Le coefficient devient négatif, mais
sa valeur ne compense pas le gain actuel réalisé.
• enfin, au niveau de la coordination interne, le niveau élevé requis pour le maintien des
propriétés des ressources se matérialise par un coût différé sur la performance de marché de
l'entreprise.
403
5. influence de la taille de l'entreprise et des catégories d'activité
En ce qui concerne l'effet taille, il n'a été constaté aucune modification sensible de la structure
causale établie dans les résultats précédents.
En ce qui concerne l'effet de l'appartenance à une des quatre catégories d'activités, deux
résultats doivent être soulignés:
• d'une part, au niveau global, les quatre sous-structures obtenues par la décomposition de
l'échantillon ne laissent pas apparaître d'effets importants qu'auraient pu dissimuler les
résultats obtenus au niveau de l'échantillon global. Au plus est-il indispensable de signaler
que suivant les catégories d'activité, des nuances apparaissent sur la pertinence des
principales relations explicatives. A titre d'exemple, les résultats semblent privilégier
l'importance des propriétés des ressources productives pour un groupe (Biens de
consommation) alors que pour un autre ce sont les relations d'échange qui apparaissent
relativement plus déterminantes (groupe des biens intermédiaires).
• d'autre part, sur un plan particulier, deux relations particulières ont émergé. Une hypothèse,
toujours vérifiée, au niveau global et pour les autres sous-groupes, est rejetée pour
l'industrie agrQ-alimentaire (lien non substituabilité clients - performance de marché). Une
hypothèse non significative au niveau global, le lien coordination interne et performance de
marché, est acceptée pour un groupe (biens de consommation) et rejetée pour un autre
---- -" .--- _ .. _-_._._----~~_._-- ------
~ -~- ---(bTens-imerméaîilieSf-~
-"
Tout d'abord, la performance apparaît être la résultante complexe d'effets positifs et négatifs
de différentes grandeurs, examinées dans cette recherche. n n'est pas suffisant d'analyser les
variations d'un seul indicateur de performance dans les études consacrées à la performance. En
effet, d'une part, de nombreux effets d'entrecroisement entre variables de performance passent
alors inaperçus. D'autre part, les effets décalés dans le temps qui amoindrissent les effets
bénéfiques futurs ne sont pas non plus apparents.
404
Le deuxième enseignement est que la stratégie doit reposer sur cinq objectifs: assurer le
développement de moyens de production idiosyncrasiques par le truchement de flux
d'innovations, de connaissance et d'apprentissage soutenus ; gérer les relations avec les
fournisseurs pas seulement sur des bases concurrentielles en terme de pouvoir de marché, mais
du type gagnant-gagnant; gérer la non substituabilité de sa clientèle; favoriser le niveau de
coordination interne ; et envisager le degré de permanence des mesures engagées.
Ainsi, il est essentiel pour la firme de réfléchir à sa capacité de différenciation non seulement
dans le positionnement de ses produits par rapport à ceux de ses concurrents, mais plus
fondamentalement, en terme stratégique, par rapport aux coûts de transferts économisés pour
l'entreprise et augmentés pour ses clients potentiels lorsqu'ils recherchent l'offre conforme à
leurs besoins. En effet, le développement des capacités productives de différenciation de
l'entreprise reposant sur les dimensions techniques et de qualité du produï't nécessitent des
stocks de ressources importants, qui doivent être alimentés pendant une période suffisamment
longue pour devenir des R&A distinctives, source d'avantage concurrentiel. Alors, le coût de
transfert d'une activité à une autre est en interne abaissé pour l'entreprise qui sait gérer cette
flexibilité nécessaire. Ceci est à la base même de la constitution de rente (§ 1.3.3.).
L'abaissement du coût de transfert interne de l'usage des services des R&A productives, non
imitables et non transférables à la concurrence, augmente mécaniquement le coût de
changement du client en faveur d'un concurrent. Toutefois pour conserver une relation non
substituable avec ce client, il est visiblement nécessaire d'investir continuellement dans la
relation, puisque les effets bénéfiques de la non substituabilité semblent s'estomper en deux
ans, au risque d'une perte relative de part de marché potentielle et d'un affaiblissement de
l'avantage concurrentiel. Le choix stratégique que ne permet pas de trancher cette étude -mais
ce n'était d'ailleurs pas son objet de recherche- consiste à déterminer quelle option est la plus
rentable, entre la recherche de clients fidélisés sur lesquels on peut bâtir une relation de non
substituabilité et la recherche de la part de marché maximale.
De même, afin d'alimenter les propriétés intrinsèques des ressources productives, il semble
important de mettre en place une relation de non substituabilité avec ses fournisseurs. Celle-ci
permet en outre, au prix d'une légère baisse de performance d'exploitation, d'améliorer sa
performance de marché de manière plus durable que la relation avec les clients, par nature plus
405
versatiles.
De plus, le niveau de coordination interne apparaît être un catalyseur des propriétés permettant
à l'entreprise de constituer un avantage concurrentiel et de s'approprier des rentes. Même si le
niveau élevé de communication, de circulation d'informations, de rédaction et de suivi par le
contrôle de gestion peut finir par représenter un coût, décalé dans le temps qui vient
légèrement grever la performance de marché de l'entreprise, il est indéniable que la
coordination interne contribue à l'édification des propriétés idiosyncrasiques tant des
ressources productives que des ressources d'échange. La coordination interne est donc un de
leviers essentiels du management stratégique, inspiré du Courant des Ressources.
Enfin, de même que certains auteurs ont souligné l'importance de considérer différents types
« d'horloge» sur les marchés (Mitchell, 1991; Mitchell et Singh, 1993; Coeurderoy et
Durand, 1997), sans doute est-il stratégique de prêter attention aux horloges internes de
l'entreprise, ou tout au moins aux conséquences plus ou moins durables des choix stratégiques
retenus. La stratégie doit donc prendre toute la mesure du conditionnement temporel de ses
engagements (Ghemawat, 1991 ; Durand, 1997).
406
CHAPITRE V - EVOLUTION DU PROCESSUS CONCURRENTIEL ET
DE LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES MANUFACTURIERES :
UNE SIMULATION (cas C)
Introduction 408
407
Introduction
C'est pour pallier cette insuffisance que nous avons cherché à mettre au point une simulation
qui reprenne les résultats empiriques des chapitres précédents et qui permette, à l'instar des
différents modèles évolutionnistes présentés, de donner une dimension temporelle à l'analyse
de la performance par les ressources.
L'intérêt de cette simulation est triple: théorique, méthodologique et technique. Sur le plan
théorique, la simulation constitue un prolongement essentiel de la réflexion qui peut être menée
dans le cadre du Courant des Ressources. Notamment, elle prend explicitement en compte les
-- -- -----~----~ -~----~-~---- ---- - - ----------- --- -- ------------------~-
points clés soulignés lors de la présentation du Courant des Ressources (Figure 1.6).
Méthodologiquement, les contraintes imposées par les modèles imspirés du Courant des
Ressources sont d'une nature particulière: à la différence des moyens méthodologiques
classiquement utilisés en micro-économie (démonstration, formulation), la simulation ne
nécessite pas d'hypothèses fortes sur le comportement optimal, ou même rationnel de l'agent
économique. Elle décrit simplement l'entreprise comme un «portefeuillede ressources et
d'aptitudes» ayant une certaine valeur à un moment donné du temps, valeur qui sera
déterminante de la performance future (Mezias et Glynn, 1993). Enfin, sur le plan technique, la
simulation à laquelle nous recourons est absolument originale. Elle donne le maximum de
-liberté à la définition idiosyncrasique de l'entreprise ; elle permet en outre de gérer des
408
événements asynchrones, c'est-à-dire le fait que les entreprises agissent chacune à son rythme
selon la nature de ses ressources et aptitudes.
Par ailleurs, il est indispensable de souligner que ce type d'outils ne prétend pas, tout au moins
dans le cadre qui est ici le nôtre, avoir valeur de preuve indiscutable. TIdoit être pensé comme
un prolongement rationnel de test d'un modèle théorique. TIpermet de pousser à leur limite les
conséquences du système de raisonnements scientifiques, sans prendre nécessairement la forme
d'équations dont la complexité serait censée souligner le raffinement intellectuel. Au contraire,
la simulation adopte le point de vue inverse: elle modélise la complexité à partir d'éléments
simples, et ne considère pas que ses résultats puissent être tirés de théorèmes, lemmes et autres
axiomes ni puissent prétendre à l'exactitude; tout au plus, sont-ils l'expression par nature
imparfaite de la complexité de systèmes ouverts, ce qui ne signifie pas qu'ils ne présentent pas .
de valeur pour la réflexion et pour l'action (Ferber, 1995).
En conséquence de quoi, diverses précautions doivent être prises avant et après la simulation.
D'une part, il est indispensable que la simulation repose sur un modèle théorique précis, dont la
validité a été préalablement attestée afin que la simulation n'aie point un statut de preuve
auquel elle ne peut prétendre. Cela a été le cas pour ce travail au cours des chapitres
précédents. D'autre part; les résultats ne doivent pas être considérés comme des prédictions,
ou des anticipations exactes de l'avenir: un travail d'explication et d'interprétation
circonstancié doit être mené afin de distinguer les effets qui sont proprement dus à la définition
des règles de fonctionnement introduites lors de la simulation des effets structurels constitutifs
et représentatifs des conjectures qui peuvent avoir été formulées dans le cadre du modèle
théorique. Ces précautions et ces distinctions seront prises dans ce chapitre.
La simulation est une méthode particulière de vérification d'hypothèses, qui connaît un essor
récent mais pose encore de nombreux problèmes de validité scientifique. Cette section aborde
les insuffisances des méthodes de démonstration en économie, face au problème posé par la
conception de la stratégie fondée sur la théorie des ressources. Elle ouvre une piste de réponse
à ce problème grâce aux outils informatiques de simulation multi-agents.
409
V.l.l. La démonstration économique rend mal compte de la nature
évolutionniste du processus concurrentiel
Cinq grandes limites apparaissent, selon nous, réduire la portée théorique de la "démonstration
économique" face à la conception de l'entreprise d'une part, reposant sur les ressources et
aptitudes. et d'autre part, intégrant la dimension processuelle de la constitution de l'avantage
.. concurrentiel-enaâimensiofi-évblutioÏliÛste-de-Ul.compétitioft~-- .
410
l'ordre de l'intertemporel, à notre sens plus juste et plus prégnant que celui de la démonstration
économique traditionnelle.
üi- Sur le plan épistémologique, des variables définies « de l'extérieur» confèrent au modèle de
démonstration économique son intégrité. C'est notamment le cas pour les grandeurs telles que
la demande, la loi de l'équilibre ou encore la «main invisible ». De telles propriétés qui
assurent à cet ordre de rèprésentations de la réalité économique un « bouclage» mathématique
et logique ne constituent pas une force de leur démonstration mais une faiblesse : elles n'en
sont que plus falsifiables, non pas au niveau de la démonstration elle-même -qui est imparable-
mais dans le changement d'hypothèses qui permettent de déplacer les conclusions (Metcalfe,
1989). A notre sens, il n'y a pas bouclage logique du système économique réel, c'est-à-dire
que .le système économique, comme la majorité des systèmes sociaux est un système ouvert,
dont le fonctionnement n'est pas finalisé en lui-même. L'objet et l'intérêt de la représentation
et de la modélisation ne sont pas théoriques mais pratiques. Elles doivent permettre de dégager
non pas le fonctionnement idéal de l'économie mais certaines régularités valables pour des
périodes précises et limitées et pour des marchés donnés afin de déboucher sur des
recommandations stratégiques.
iv- Le déploiement logique de la démonstration implique une dernière propriété: dans ces
modèles, la fin à trouver est donnée, sans toutefois· être explicitée a priori. TI s'agit de
411
l'équilibre, d'un nombre optimal d'entreprises, d'un seuil, etc. Le raisonnement est
essentiellement déductif. Si bien que l'on ne pose que les problèmes que l'on peut résoudre
sans chercher les questions faisant véritablement problème, du type : qu'est-ce qu'une
représentation adéquate de l'évolution économique?
stratégie j, i et j appartenant à un ensemble donné. La forme de variabilité qui est alors prise
en compte, sous le qualificatif de mutationnel, est essentiellement un processus produisant de
l'hétérogénéité. On peut penser que la variabilité mutationnelle a d'autres caractéristiq~es
plus essentielles» (Orléan, 1995, p14).
-------~---
~V~1.2.-les atouts dtna sinl1ilationmUlti;:agènts-à evénements disc-refS~
Dosi et Nelson concluaient un de leurs articles (Dosi et Nelson, 1994) en ouvrant trois pistes
pour l'économie évolutionniste: l'amélioration des traitements analytiques de l'évolution grâce
aux progrès de la théorie des systèmes et de la dynamique non linéaire, l'identification des
régularités par des études empiriques, et le développement de modèles d'implémentations
informatiques. De même que sur un plan théorique le Courant des Ressources tente entre
autres de répondre aux déficiences du paradigme S-C-P, de même nous semble-t-il, le Courant
des Ressources doit être à même de proposer des outils méthodologiques susceptibles de
pallier les inconvénients du recoursà la démonstration économique. Partant d'une conception
différente, d'une part, des facteurs économiques en jeu dans le processus concurrentiel et,
412
d'autre part,·de l'explication de la performance des entreprises, le Courant des Ressources doit
développer les outils qui permettent de mettre en lumière les déterminants intrinsèques de la
performance: les ressources des entreprises et le développement temporel du processus
concurrentiel. La simulation, sous couvert d'avoir pris les précautions préalables nécessaires
peut être un de ces outils.
Les techniques d'Intelligence Artificielle ont été appliquées, avec succès, pour résoudre des .
problèmes de diagnostic, de conception et de classification. En revanche, leur application au.
contrôle et à la simulation de processus dynamiques a soulevé de nombreux problèmes et fait
encore l'objet de diverses recherches. La modélisation d'un ensemble d'entités en interaction
dynamique (pàr exemple le processus concurrentiel) nécessite en effet de définir des agents qui
allient des capacités cognitives, pour raisonner sur des situations complexes, à des capacités
réactives. pour s'adapter aux changements de l'univers en temps réel.
stratégiques.
• une communication par mémoire partagée soit le modèle du tableau noir (blackboard)
introduit initialement dans le système Hearsay-TI(Erman et al. 1980) et utilisé depuis dans de
413
nombreux autres (Hayes-Roth et al. 1992). Cette méthode consiste à inscrire dans une partie
du système l'ensemble des opérations exécutées au cours de la simulation. Cet historique est
accessible à tout moment (tests, vérifications, recherches sont donc possibles). Cette méthode
convient lorsque l'on suppose que les agents sont coopératifs et qu'ils ne se soucient ni de la
laissent sur le tableau. n ne peut par conséquent pas convenir pour une modélisation
représentation économique classique où tous les agents ont accès à l'information en temps réel
sur le marché.
• une communication par envoi de messages. A l'inverse de l'approche par tableau noir où les
agents puisent des informations sans en connaître l'origine et en produisent sans se soucier de
leur destinée, les modèles d'agents communiquent par envoi de messages avec d'autres agents
des simulations avec plusieurs agents est recommandée. L'agent peut être considéré comme
une brique de base pour l'implémentation de modèles multi-agents, et s'intègre dans le cadn~de
De plus, il nous intéressait de pouvoir introduire des rythmes d'actions différents suivant les
.. _ ~-~-
.. --~--.--_ _~-_ __ .~~--
.. .. -_.----- -- -_._- ----
..-.---"-'-'-- - -.' .. --
_ • • __ .. n_~ _
Nous avons donc utilisé la plateforme DIMA mise au point par Z. Guessoum. DIMA est une
414
V.l.2.b. Atouts de la simulation multi-agents par rapport à la représentation de
l'évolution économique
ü- La plupart des modèles économiques appliquent des règles de comportement aux agents
économiques qui ne les différencient pas les uns des autres. L'économie évolutionniste a
tenté d'introduire l'hétérogénéité à la fois au sein des performances et des comportements
des entreprises. La SMA permet en fait d'individualiser au plus près chaque agent avec un
degré de précision aussi poussé que le désire le chercheur. La limite au perfectionnement
réside dans la possibilité d'interprétation des résultats, c'est-à-dire dans l'attribution de leurs
causes aux effets observés. Nous avons retenu pour notre part une hétérogénéité foncière
des entreprises reposant sur leur dotation en ressources et aptitudes.
1 -TIne s'agit pas pour nous de jeter le discrédit sur les avancées permises par la démonstration économique
classique. Au contraire, il s'agit de s'appuyer sur une inadaptation relative de ce type de méthodologie pour les
genres de problèmes posés par le courant des Ressources. Dès lors que l'on cherche à représenter des agents
économiques autonomes avec leurs propriétés idiosyncrasiques et un mode de coordination économique dont les
règles diffèrent de celles du marché, il est nécessaire semble-t-il de rechercher d'autres méthodes de
démonstration.
415
qu'ils poursuivent, leurs règles de décision et les routines qui les caractérisent. Dans notre
simulation, dans un souci d'expérimentation poussé à sa limite, nous n'avons pas introduit
extérieures de bouclage du modèle, celui-ci peut fonctionner et avoir des traits et des
idiosyncrasique, elles ont donc des limites de taille et de production qui leur sont propres.
Elles ne peuvent donc pas fournir l'ensemble du marché à elles seules, d'autant plus que la
iv- Dans nos simulations, il n'y a par définition pas d'état d'équilibre à trouver, pas de point de
simulation est donc non finalisée, comme est non finalisée la vie économique réelle. De
l'analyse du processus concurrentiel des enseignements peuvent être tirés sur les
v- Afin de respecter une liaison plus grande entre le changement de stratégie opéré par un
cet agent, la SMA fait le lien entre la décision et l'action. Alors que les modèles dits
simulations en faisant varier les états des entreprises plus ou moins aléatoirement, la
L'enchaînement causal complexe, liant le choix stratégique aux propriétés des ressources et
à la performance peut être simulé avec efficacité par la SMA alors qu'il nécessiterait force
Les atouts de la simulation par rapport aux points soulevés se doublent d'autres avantages
certaines hypothèses : les règles de comportement peuvent être modifiées,. suivre de nouvelles
lois de distribution, des aléas peuvent être introduits, etc. Ces modifications doivent faire partie
416
d'un programme de recherche précis pour que l'interprétation des résultats soit constructive2•
d'un nouveau consommateur, d'un concurrent avec de nouvelles routines est tout à fait
possible. Enfin, sur un plan pratique, elle pennet d'éditer les résultats pour comparer les
Les systèmes multi-agents existants sont en général classés en deux familles : les systèmes
simples. Les agents réactifs ne disposent que d'un protocole et d'un langage de communication
réduits: Leurs capacités répondent uniquement à la loi stimulus/réponse. Par exemple, des
d'une fourmi. L'agent unitaire fourmi capte continuellement des informations à l'aide de
senseurs sur le monde physique qui l'entoure. Ainsi, la founni fait partie intégrante de son
A l'opposé, les agents cognitifs sont fondés sur la coopération d'agents capables, à eux seuls,
d'effectuer des opérations complexes. Un système cognitif comprend un petit nombre d'agents
qui disposent d'une capacité de raisonnement sur une base de connaissances, d'un processus de
décision ou d'une aptitude à traiter des informations diverses liées au domaine d'application, et
d'informations relatives à la gestion des interactions avec d'autres agents et l'environnement. lis
Dans notre étude, nous ne considérons que des systèmes où les agents possèdent des capacités
de raisonnement individuelles. Toutefois, ces agents cognitifs doivent également intégrer des
capacités réactives. En effet, pour les domaines d'application tel que l'évolution économique,
2 Un parallèle s'établit ici entre la méthode statistique retenue et la méthode de simulation: la spécification du
modèle théorique doit être très robuste et reposer de des hypothèses de recherches précises, sans quoi la
multiplicité des combinaisons possibles peut déboucher sur des tests qui ne sont ni sigllificatifs ni
interprétables.
417
un agent doit allier des capacités réactives, - réagir pour un état particulier de l'environnement
(stimulus)-, à des capacités cognitives, -agir rationnellement en utilisant des connaissances
pour atteindre un but fixé lorsque les contraintes sont plus relâchées (Kalika, 1991). Ainsi, les
agents économiques simulés intègrent des capacités cognitives et des capacités réactives,
organisées autour de trois fonctions: la perception, le raisonnement et la communication.
La plateforme DIMA développée par Z. Guessoum (1996) permet de définir de tels agents.
Elle combine la programmation par objets, la production de règles, la distribution des
connaissances et la gestion des événements discrets et asynchrones.
11.2.Présentation du modèle
1. L'hétérogénéité des R&A, résultat de choix stratégiques antérieurs, est déterminante dela
performance ;
2. Les R&A sont fortement idiosyncrasiques et englobent l'ensemble des facteurs et des actifs
de production;
4. Les évolutions individuelles des entreprises conditionnent pour chacune leur performance et
font évoluer la norme de marché.
418
• un capital K de départ.
• l'état de X variables la définissant dites variables d'état primaires; les variables X sont des
variables qualitatives ordinales dont les valeurs sont fixées au départ (aléatoirement ou non).
Justification
L'utilisation d'une variable mesurant les moyens disponibles de l'entreprise est essentielle à sa
définition. Le facteur capital K est le moyen le plus immédiat pour définir la base à partir de
laquelle l'entreprise débute son activité et pour la comparer à ses concurrentes. Par ailleurs, les
efforts de recherche et développement sont proportionnels à la taille de l'entreprise.
Les variables observables de la performance (les variables Y dans la simulation comme dans le
modèle Lisrel) sont les conséquences des choix stratégiques et de la propriété des R&A
détenues par les entreprises, c'est-à-dire des variables X. Cette définition correspond à la
position clé n°l. Si l'on met en boucle le raisonnement, l'hétérogénéité des R&A détermine la
performance qui détermine les marges de manoeuvre potentielles de l'entreprise dans le
développement et/ou la construction de nouvelles R&A qui détermine la performance, etc.
Cela est donc une mise en application du point clé n03 : le processus d'évolution des R&A est
plus déterminant de la performance que l'équilibre effectif du marché.
Enfin, la nature des entreprises peut également s'exprimer à travers les délais de réaction
nécessaires à la poursuite des objectifs stratégiques. Les thèmes évolutionnistes concernant
419
l'inertie organisationnelle, le comportement d'imitation et celui de l'innovation sont des
indicateur de son temps de réaction, de son temps de process, en un mot de son rythme de
proposition n04 : les évolutions individuelles des entreprises conditionnent pour chacune leur
performance.
spécifiquement les concepts micro-évolutionnistes. Plusieurs concepts ont été distingués : les
420
Au sein de la modélisation, à l'instar de la fonction recherche et développement de Nelson et
Winter (1982), nous introduisons une variable B pour Budget de R&D qui évolue au cours du
temps et sur laquelle l'entreprise va miser pour modifier les propriétés des variables X qui la
caractérisent. En fait, le processus d'accumulation d'expérience, de connaissance et
d'apprentissage est·matérialisé par cette variable, dont la valeur est dépendante de la valeur du
portefeuille des R&A détenues par la firme et de son capital K. Les modèles de Nelson et
Winter (1982) et Winter (1984) ne considèrent pas la technologie comme exogène au
processus de production mais comme le résultat endogène de stratégies durables : routines,
investissement en capital, et processus stochastique de répartition des chances de succès des
imitations et des innovations modèlent la structure industrielle et déterminent son évolution.
Dans notre simulation, la performance de l'entreprise, dépendant de la valorisation de la mise
en œuvre de la stratégie de l'entreprise, se répercute sur la valeur de capital de l'entreprise K,
les deux éléments qui réunis donnent en fait les marges de manoeuvre pour la recherche et le
développement (le budget B).
Bt = Vt. kt + r avec
421
La valeur des résultats de la stratégie mise en œuvre par l'entreprise (V) entre en ligne de
dépend de l'angle d'analyse recherché. La valeur V dans la simulation doit être en fait adaptée
par le chercheur suivant son objectif de recherche et les hypothèses qu'il teste. Le système de
valorisation d'un financier qui désire réaliser un placement mobilier diffère de celui des
stratégiques. En ce qui concerne les modélisations présentées par la suite, nous avons retenu
une procédure simple de valorisation reposant sur la somme d'indicateurs d'évolution des
moment: composantes (1) et (2) ; d'autre part, on ajoute la variation de la rentabilité d'une
période à l'autre afin de prendre en compte les progrès propres réalisés par l'entrepriSe :
composante (3) ;
variation d'une période à l'autre: composante (4) ; et d'autre part, un indice qui donne une
composante (5).
La valeur V est donc obtenue par la somme de ces cinq composantes. On donne ci-dessous les
différents ratios pour l'entreprise i, à sa n-ième période d'activité p (au temps n.p)
TXMEh.p- MoY(TXME~.p)
jE [l,m] et m le nombre total d'entreprises
(1) - 1Moy(TXME h. p) l'
RBCEh. p - Moy(RBCEnj p)
(2) . jE [l,m] et m le nombre total d'entreprises
1 Moy (RB CE ~. p)1
RBCEh. p - RBCE~. (p -1)
(3)-------
IRBCE~. (p - d
422
· .
(4) MARh.p~ MAR~.(p_t)
IMAR~.(p-d
C'est donc à partir de la valeur de V que l'entreprise va pouvoir d'une part estimer si les
résultats de sa stratégie sont satisfaisants, et d'autre part allouer un certain budget B pour
modifier son portefeuille de R&A, les variables· X. Les variables X sont les variables
observables qui expriment en fait des concepts latents 1;, tels que la non transférabilité des
ressources productives, la non imitabilité, la non substituabilité, etc. Ces concepts latents sont
reliés aux variables X par une équation :
Equation (1) : x = Ax.1; + 0
Nous utilisons pour la modélisation les paramètres trouvés dans le modèle statistique Lisrel
(modèle n02, cas A).
De même les variables latentes 1; sont à la base de la performance de l'entreprise comme cela a
été démontré dans le chapitre précédent. Les variables Y sont l'expression des variables
latentes de performance, qui résultent du système d'équations connues (modèle Lisrel), du
423
\
type:
Equation (2) : " = B." + r.ç + ç
Equation (3) : y = Ay." + E
Dans notre modélisation on pose que Ay = J, ce qui implique que les variables observables sont
directement les variables de performance, comme cela a été précisé plus haut. De la même
manière les matrices B et r sont celles qui ont été estimées par le modèle Lisrel dans le
chapitre précédent (modèle n02, cas A).
TI faut souligner à cette occasion que la reprise de ces matrices dans notre simulation est un
procédé qui a une double nature.
D'un côté. il s'agit de légitimer le système d'équations utilisées pour calculer les variables de
performance de chaque entreprise. En utilisant les résultats de nos analyses statistiques, nous
ancrons solidement notre simulation: d'une part dans le concret, puisque ces résultats résultent
du traitement statistique de données provenant d'un échantillon de plus de 2000 entreprises
manufacturières françaises; d'autre part, la concordance entre le modèle théorique sous-jacent
aux tests statistiques d'hypothèses et le modèle sur lequel repose la simulation elle-même est
un gage de la robustesse conceptuelle du projet d'ensemble.
De l'autre cependant, l'application 'mathématique' de ces équations en change la nature même.
En effet. à l'origine, ces paramètres sont le résultat de la spécification d'un modèle statistique
424
permettaient au chercheur de conclure au rejet ou non de ses hypothèses de recherche. Dans
l'autre, c'est à partir de ces mêmes résultats que le chercheur va créer une forme réduite
fictive, va pousser aux limites qui ne pourraient jamais être observées réellement les
conséquences des raisonnements impliqués par le modèle théorique sous-jacent aux nouvelles
TI est bien évident que le statut épistémologique des résultats de cette modélisation
empiriquement Les entreprises qui s'engagent à développer les propriétés des R&A favorisant
qui a des répercussions favorables sur la valorisation V de leur stratégie, et leur donne les
Bien évidemment, l'entreprise ne modifie pas aléatoirement les propriétés de son portefeuille
de R&A. Elle suit une stratégie, et se heurte à ·des contraintes de coûts d'amélioration de son
portefeuille matérialisé par l'ensemble de variables observables {X}. Etant donné que la
stratégie suivie par l'entreprise dépendra de l'évolution de cette fonction. Ainsi, on a établi une
base de règle la plus simple possible -mais qui pourrait être affinée par la superposition d'un
enSemble de règles supplémentaires: contraintes, seuils, etc.- qui, suivant Vp et Vp-l estime
la stratégie à suivre.
Stratégie
Une stratégie est représentée par une suite fixée au départ de modifications à effectuer sur les
variables X: il s'agit d'un ordre de priorités d'actions. Conformément à notre modèle théorique,
425
\
les variables latentes exogènes, expressions des variables X, sur lesquelles se concentrent la
stra té"
~glesont:
Variables exo2ènes
ÇI non transférabilité des ressources productives
é.n non imitabilité des ressources productives
Çm non substituabilité des relations fournisseurs
~v coordination interne
De la même manière, on pourrait définir autant de stratégies typiques que l'on désire. TIs'agit
, •. c •••• ,:" "'.
La stratégie de différenciation consiste à rechercher une offre différenciée, perçue comme telle,
valorisable, et soutenable. On peut estimer que la stratégie de différenciation privilégiera la non
imitabilité des ressources productives en premier puisqu'elle intègre directement les variables
de différenciation. En second, pour ne pas séparer les propriétés des ressources productives, la
non transférabilité des ressources productives sera l'objectif suivant. Ensuite, on peut supposer
que viennent les propriétés concernant les substituabilités fournisseurs et clients: en effet, poUr
produire une offre différenciée, il est nécessaire de posséder des relations privilégiées avec ses
fournisseurs ; de plus, les clients valorisant l'offre différenciée ont une valeur plus importante
pour l'entreprise et donc une substituabilité réduite pour l'entreprise. Enfin, la coordination
426
interne vient en dernière position. Dans notre logique schématique d'opposition entre les deux
types de stratégie, cela revient à dire que la coordination interne est plus importante que les
non substituabilités clients et fournisseurs, qui elles-mêmes l'emportent sur les propriétés des
vraisemblable. Le tableau V.l reprend l'ordre de réalisation des actions sur les ressources
..
T a bleau VI Str a té~21es
. e t or dre de chanl!ementd es R&A
Différenciation Coût
non imitabilité des ressources productives coordination interne
non transférabilité des ressources productives non substituabilité des relations clients
non substituabilité des relations fournisseurs non substituabilité des relations fournisseurs
non substituabilité des relations clients non transférabilité des ressources productives
coordination interne non imitabilité des ressources productives
Une base de règle très simple détermine le choix de la stratégie à poursuivre à un moment du
temps, soit à une période caractéristique donnée. Cette base de règles dépend de la valeur V.
Si la valeur de V diminue par rapport à la période précédente et qu'elle est inférieure à 1, alors
Si la valeur V est en augmentation par rapport à la période précédente mais est inférieure à 1, il
faut poursuivre les efforts engagés et la stratégie précédente. Si elle est en augmentation et
A noter toutefois qu'il était indispensable de préciser une règle spécifique pour le choix de la
première période d'activité de l'entreprise, puisque dans ce cas, il n'existe pas de VJrl. TIa été
'-427
\
variable latente « non imitabilité des ressources productives» est supérieure à la somme des Xj
stratégie retenue au premier tour est la différenciation, puisqu'il s'agit, selon l'ordre des
priorités stratégiques de la propriété des R&A qui est privilégiée par la différenciation. Dans le
cas contraire, c'est la stratégie de coût qui est retenue, puisqu'il s'agit, selon l'ordre des
priorités stratégiques de la propriété des R&A qui est privilégiée par la stratégie de coût. En
cas d'égalité, la stratégie est tirée au hasard entre les deux stratégies qui sont alors
équiprobables.
Les modifications des variables X consistent à incrémenter les valeurs des variables X afin de
changer la donne sur les ressources stratégiques 1;,qui ont un impact ensuite sur les variables
Ces modifications ont un coût H(X) dont on peut supposer que plus l'entreprise développe une '.'f,. ',.,_
,
ressource, plus le coût de l'incrémentation s'élève: il est plus facile de passer de la valeur 1 à
~,,
valeur 4 à la valeur 5. C'est pourquoi nous avons retenu comme fonction de coût de la
L'argent disponible à chaque période pour effectuer les modifications est celui du budget B.
Par conséquent, si l'entreprise n'a pas réussi à dégager de bonnes performances, elle ne
dispose pas de moyens importants pour investir dans son portefeuille de ressources. Par
conséquent sa performance ne s'élève pas au même rythme que ses concurrentes les plus
428
Les modifications·des variables X3 s'effectuent donc en fonction:
• du budget B ;
Calcul de KR:f1
~I = Kp(1 + V p - Vp - 1 )
1 Vp-11
~I = Kp (1 + Vp - Vp -1 )
12xVp -11
En effet, si les deux V sont de même signe, la différence mesure bien la progression de la
valeur produite estimée de l'entreprise. On estime que le capital de l'entreprise s'accroît d'une
part proportionnelle au gain ou à la perte alors réalisée. En revanche, si les V sont de signes
opposés, la différence prise en considération mesure l'écart par rapport au 0 des deux valeurs:
cet écart est potentiellement plus grand que la variation mesurée dans le premier cas. Par
conséquent, afin de modérer les évolutions de capital lorsque l'entreprise passe au rouge ou
Les paragraphes qui suivent concernent la présentation des autres variables importantes de la
3 Dans un souci de sophistication, on peut imaginer que parallèlement à l'investissement qui permet de
développer les ressoÙfces spécifiques· aux entreprises; un coefficient de renouvellement et/ou d'obsolescence .
puisse venir frapper les variables X. Nous ne l'avons quant à nous pas introduit dans nos simulations.
429
\
ConceDts macro-évolutionnistes
sélection
Le critère de sélection macro-évolutionniste est fondamental dans tous les modèles présentés.
TIpermet de déterminer quels individus restent présents au sein du secteur et quels autres en
sortent. Dans ce travail, la règle de sélection n'a pas été exprimée directement à partir de la
performance moyenne du secteur ou d'un autre critère différentiel. Prolongeant la logique qui
privilégie les règles idiosyncrasiques, un critère spécifique aux entreprises a été préféré, même
s'il est général: une firme sort du secteur à la période caractéristique (n+ l).p lorsque son
capital a perdu en t les deux tiers de sa valeur initiale K. De manière formalisée :
La dépendance de sentier, mise en exergue dans plusieurs modèles évolutionnistes, pose avant
tout le problème du déterminisme dans les simulations. Deux arguments se combattent. D'un
côté, la scientificité d'une proposition n'est avérée -ou non réfutée- que si les résultats obtenus
sont reproductibles, c'èst-à-dire que le déterminisme des opérations effectuées atteste de la
véracité de la proposition: on conçoit mal qu'une expérience qui, reproduite à l'identique,
conduise à des résultats distincts de la première puisse être qualifiée de vraie. De l'autre,
l'utilisation de la simulation ne peut se satisfaire de cet argument: en effet, on peut reproduire
à l'envi des modèles et des systèmes qui fidèlement déboucheront sur les mêmes résultats sans
pour autant signifier quelque chose de vrai et de scientifique. C'est sur cette base que sont
contredites les thèses déterministes «prouvant» la dépendance de sentier (Arthur, 1989;
David, 1985)
En ce qui concerne les simulations qui sont présentées ci-dessous par rapport à la
problématique de la dépendance de sentier, deux remarques doivent être faites sur cet épineux
sujet. D'une part, aucune hypothèse spécifique n'est formulée concernant la tendance du
430
secteur à converger vers un .état plutôt qu'un autre: le processus prévaut sur l'équilibre. Les
résultats présentent néanmoins certaines propriétés structurelles que l'on peut légitimement
rapprocher des conséquences dues à la fois aux conditions initiales indispensables à toute
simulation (et qu'il convient de rapprocher des «small events» des évolutionnistes) et de la
D'autre part, parce qu'il est selon nous impossible de justifier que deux entreprises bien que
portefeuille de R&A, agissent exactement de la même manière -en un mot parce que nous
croyons à une certaine liberté de l'action- des aléas sont introduits4 à deux niveaux: d'une part
dans l'influence des variables sectorielles; d'autre part, dans les caractéristiques des entreprises
susceptibles d'entrer sur le marché (voir infra). C'est la raison pour laquelle les deux mêmes
pas pour autant que les différences observées reflètent une contradiction. Mais il convient de
séparer ce que nous appellerons d'un côté les résultats généraux de la simulation comme.
Nous revendiquons cette originalité afin de bien considérer que c'est de la répétition des
simulés qu'apparaît la scientificité des résultats dans l'optique des simulations. ny a bien une
Comportement d'entrée
dans les ressources stratégiques des entreprises. Dans la simulation, la variété est introduite par
les entreprises qui entrent sur le marché. De la même manière que nous avons défini le critère
de sélection des entreprises par l'environnement, nous avons déterminé les facteurs à partir
desquels des entreprises peuvent entrer sur le marché. En permanence dans notre simulation
des entreprises « scruteuses » examinent l'état du marché, et lorsque la condition d'entrée est
4Ces aléas, qui seront détaillés par la:suite, correspondent en fait à la définition des probabilités d'occurrence
du succès ou de l'échec d'.une innovation présentes dans le modèle de Nelson et Winter (1982).
431
respectée, entrent en concurrence avec les entreprises déjà présentes. La condition d'entrée est
définie à l'aide, d'une part, d'un seuil de croissance moyen du marché, et d'autre part, d'un
nombre de périodes consécutives pour lequel la performance moyenne dépasse le seuil. La
condition d'entrée est donc un couple de valeur (seuil; nombre de périodes).
Par exemple, dans toutes les simulations présentées, une entreprise scruteuse entre dans le
rriarché si la croIssance de la performance moyenne du secteur est supérieure à 5 % trois
périodes consécutives. Le couple de condition d'entrée est donc (5% ; 3)
TI vient d'être signalé qu'une partie de la simulation était soumise à des aléas. Ces aléas
interviennent essentiellement à deux niveaux: 1) .le choix des caractéristiques des entreprises
entrantes; 2) l'impact des influences sectorielles. Le second point sera abordé plus bas. En ce
qui concerne le premier, conformément à la position nOl, «les entreprises ont des propriétés
idiosyncrasiques », il n'était pas possible de déterminer a priori quelle était la nature des
entreprises entrantes -sans quoi la variété aurait été déterminée a priori. Par conséquent, nous
avons fixé des bomès mobiles au sein desquelles les différents éléments correspondant à. la
définition de l'entreprise sont établis. Ainsi :
K= Kx[O,5+(1-alea)]
• les propriétés des R&A (les valeurs des X) sont estimées à l'aide du tirage aléatoire suivant
la loi suivante :
50% de chance de tirer un 1
40% de chances de tirer un 2
10% de chance de tirer un 3
• la période caractéristique est tirée au hasard suivant la loi uniforme suivante : 1/3 de chance
que p=l, 1/3 de chance que p=2, et 1/3 de chance que p=3.
• Les fonctions de coûts H(x) sont les mêmes que pour les entreprises déjà en place, ainsi que
la stratégie qui est définie par la même procédure que pour les autres entreprises.
432
Influences sectorielles
La dernière précision à apporter concernant le modèle porte sur les influences sectorielles dans
la. détermination de la performance des entreprises. Nous avons vu que trois variables Y
représentaient les différentes dimensions de la performance: la profitabilité, la rentabilité et la
performance de marché. Nous avons également rappelé que la conception que nous avions des
modèles inspirés par la Courant des Ressources ne se posait pas en alternative radicale au
paradigme S-C-P, ou plus précisément, que des phénomènes liés à l'appartenance sectorielle
influençaient la performance. Par conséquent, dans cette ligne d'idées, nous avons complété
l'équation (2) par plusieurs effets sectoriels afin de montrer la souplesse de construction des
simulations permises par la plateforme DIMA, développée par Zahia Guessoum.
Effet de concentration
Cet effet traduit l'impact du nombre d'entreprises présentes dans la population sur la
performance des entreprises. TIs'agit d'un des effets mis en avant par Jacquemin et Berry
(1979), Schmalensee (1989) et d'autres économistes industriels (Mata et Portugal, 1994 par
exemple). TI.s'agit d'une relation décroissante entre les variables de performance et la
concentration concurrentielle.
433
Effet économies d'échelle
Les économies d'échelles s'observe si l'entreprise suit la stratégie de coût. Dans ce cas en
effet, elle focalise l'amélioration des ressources susceptibles de l'aider à dégager des rentes
expriment cette idée. fis viennent donc s'ajouter à la performance de l'entreprise, et plus
où K est le capital de l'entreprise à qui s'applique l'effet d'échelle, 1:K est la somme de tous les
K des entreprises présentes dans le secteur, p est la période de l'entreprise considérée et alea
Eü est ajoutée à la RBCE tandis que Eïi' s'ajoute à l'indice de performance de marché. On
estime donc que l'effet d'échelle est légèrement plus fort pour la performance de marché que
taux de marge pour les différentes entreprises. Cette progression est mesurée dans notre
simulation à l'aide de la somme des valeurs V des entreprises. L'effet s'applique aux deux
434
théoriquement et empiriquement de s'approprier des rentes déterminantes de la performance -
sans doute plus importantes que la stratégie de coût D'autre part, elle est activée lorsque la
valeur de l'offre est fortement valorisée (Vp> 1 ). Par conséquent, on doit pouvoir s'attendre
à ce que la performance. dégagée par les entreprises qui suivent la stratégie de différenciation
soit plus forte que celle des entreprises qui privilégient la stratégie de coût
H 3 : les entreprises qui suivent la stratégie de ditTérenciationteUe que définie dans notre
simulation dégagent de meilleures performances que les entreprises qui suivent une
stratégie de coût.
Le premier apport de l'économie évolutionniste à la théorie des ressources est le rôle des
routines et de l'inertie organisationnelle. La simulation tente de rendre compte, à l'aide de la
période caractéristique p d'une entreprise, des conséquences impliquées par la faible capacité
de mobilisation de routines adaptées au contexte concurrentiel. Cette période p marque le
rythme d'activité de l'entreprise, c'est-à-dire tente de traduire les différents actionnements et
enchaînements des routines pour parvenir à une performance meilleure. Une des hypothèses
fondamentales de notre modèle de simulation est que l'entreprise qui a la période d'activité la
plus courte est celle qui est à même de moins souffrir des effets d'irréversibilité temporelle: il
s'ensuit que l'entreprise la plus rapide est celle qui est susceptible de dégager les meilleures
performances (Hannan et Freeman, 1984; Jonhson, 1988; Singh et al., 1986 ).
H 4: plus la période d'activité de l'entreprise est courte, plus la performance est élevée
Le second effet qui peut se déduire de la précédente hypothèse traduit le rôle prédominant de
la dimension temporelle dans le développement et l'évolution économique. Nous avons postulé
(llr.2.2.) en effet que l'entreprise la plus lente même dotée d'un excellent portefeuille de
·436
Au total, on obtient donc pour l'équation (2'):
E = Eï + Eïi + Eïii
La présence des alea dans ces équations exprime l'idée que certains facteurs imprévisibles et
indiscernables influent sur les performances et introduisent du bruit dans les observations. A
chaque expérimentation, chaque entreprise, même mise dans la même situation concurrentielle,
obtiendra des résultats légèrement distincts sans que les propriétés générales du modèle de
Les principales hypothèses testées se déclinent en deux groupes: celles afférentes aux
Nous avons montré dans l'analyse statistique que les propriétés des ressources influaient sur la
performance de manière significative. Moins les ressources et aptitudes sont imitables, >., .., ',;
HI: plus la dotation en ressources est forte, plus la performance de l'entreprise est forte
l'entreprise puisse être reliée à la performance, étant donné que les modifications qui s'opèrent
sur les ressources sont le fait de l'accumulation et de l'appropriation des rentes matérialisées le
budget de recherche B. On peut donc supposer qu'au départ, la taille de l'entreprise, exprimée
H 2: plus le capital initial K est important, plus la performance de l'entreprise est forte
La troisième hypothèse de ce premier sous-groupe porte sur le rôle joué par la stratégie. Telles
que les deux types de stratégies ont été définis, ils s'opposent radicalement Mais la stratégie
part, elle modifie en premier les propriétés des ressources productives, permettant
435
'/
ressources, c'est-à-dire dont les ressources sont non imitables, non substituables et non
transférables, aura du mal à conserver son avantage si ses concurrentes agissent plus vite
qu'elles et modifient par l'investissement en R&D les caractéristiques de leur portefeuille de
ressources {X}. C'estle niveau de déterminisme temporel intra-firme qui est illustré par cette
hypothèse (Hannan et Freeman, 1977, 1984, 1989 ;Baum et Singh, 1994):
Relations Beta
43.7
V.2.3. Plan d'expérience
Afin de dégager les comportements généraux des simulations des variations particulières aux
expérimentations, nous avons procédé au plan d'expérience suivant. Tout d'abord, le modèle
de simulation a été observé dans son fonctionnement sans entrée de concurrents. Nous avons
testé d'abord un modèle avec une firme, puis avec trois puis avec six. A chaque nouvelle
expérimentation, seul un paramètre initial était modifié afin de tester son influence sur le
comportement global de la simulation.Chaque type d'expérimentation a été reproduit entre 5
et 30 fois afin de s'assurer de la régularité des traits observables. Ainsi, les étapes suivantes ont
été conduites :
Figure V.3. Plan d'expérience: comparaison entre simulations effectuées (avec/sans
entrées) modifications de aramètres effectuées et h othèses testées
Hl H4 H5
H2
H3
Hl
Hl
H5
H4
H2
H5
Les résultats présentés en annexe ne concernent que les simulations qui sont commentées dans
cette partie.
438
V.3.I. Cas des simulations sans entrées de concurrents
Cas d'une seule entreprise
Les courbes de performance sont croissantes (Annexe ID, pl). En l'absence de concurrence, la
est logique puisqu'il n'y a pas de contrainte de budget ou de ressources du côté de la demande.
valeur du produit.
forme quasi exponentielle à mesure que les rentes accumulées deviennent importantes.
performance : au lieu de fixer le vecteur des ressources initiales X tel que X = 1, on a augmenté
cette valeur. Dans l'exemple, tous les Xi = 3. Les effets suivants ont été constatés (Annexe III,
p2) :
• sur les variables de performance, l'accroissement initial a été accéléré pour ensuite retrouver
performance (H 1) ;
.•. sur la valorisation V, il n'y a pas de conséquence, ce qui est logique étant donné qu'il n'y a
l'évolution de K.
Les trois entreprises ont le même capital initial, et la même période d'activité p. Elles diffèrent
.439
= 2 et pour l'entreprise 3, X =3 (Annexe ID, p3 à 5).
On remarque tout d'abord que les trois entreprises restent présentes dans l'industrie.
Ces premiers résultats sembleraient indiquer que la dotation en ressources initiales est un
avantage (H 1) mais qui n'est que temporaire. TIreste à expliquer alors pourquoi l'entreprise
qui était à l'origine la moins bien lotie finit par passer devant ses concurrentes.
Si l'on examine la valorisation des offres des différentes entreprises, on s'aperçoit que
l'avantage retiré par l'entreprise la mieux lotie en ressources en terme de performance
s'explique par une valeur Y supérieure à ses concurrentes (Annexe ID, p3). Le désavantage de
l'entreprise El est comblé petit à petit au cours du processus concurrentiel.
La raison pour laquelle l'entreprise El rattrape son retard nous est fournie par l'examen des
courbes B et K (Annexe Ill, p4). Au départ peu différenciées quant au montant des sommes
allouées-pour la R&D,-petit àpetitcompte-tenudu-fait-quel' entreprise-El accroît sa-valeur-Y-,------
elle est mieux valorisée en terme de capital et peut donc allouer plus de budget à la R&D. Par
conséquent, l'amplitude de ses budgets de recherche s'accroît, augmentant la qualité de son
portefeuille de ressources et ,rmissant par combler le retard qu'elle avait pris sur les autres.
TIfaut ici séparer les résultats liés à la simulation en deux catégories: généraux et particuliers.
Les résultats particuliers tiennent ici aux valeurs données à la simulation. Peut être que si l'on
avait attribué à une entreprise un portefeuille de ressources beaucoup plus grand que ses
concurrentes, ces dernières n'auraient alors pas pu remonter leur handicap. TIne faut toutefois
pas oublier que la fonction H d'amélioration de la qualité des ressources X est croissante. De
même, un autre résultat particulier peut être dû à la grandeur retenue pour estimer le capital de
440
départ de la simulation (dans notre exemple, les trois entreprises ont le même capital initial).
Mais il ressort de cette simulation un caractère général: la bonne valorisation de l'offre déploie
ses effets sur K et B et par suite sur les ressources X qui sont à l'origine de la performance et
de la valorisation V suivante. La logique sous-jacente au Courant des Ressources est donc bien
2. Test de période
Les trois entreprises ont le même capital initial, et le même portefeuille de ressources initial.
Elles diftèrent suivant leur période d'activité p. El a la période la plus rapide, et E3 la plus
lente.
L'entreprise E3, la plus lente, est « sortie» par ses concurrentes (Annexe m, p6 à 8).
Les courbes de performances montrent que l'entreprise la plus rapide est la plus avantagée
(Annexe III, p8). Elle dégage sur les trois indices de performance les meilleurs résultats dès le
début. L'entreprise E3 la plus lente légèrement distanciée par E2 doit abandonner le marché.
Nous avons répété 30 fois la même simulation afin de déterminer Ùl s'agissait ,d'un résultat
Dans les cas où aucune sortie n'est observée (10 sur 30), le profil des courbes de E3 laisse
présager qu'à terme elle sorte. En effet, sa valorisation V est négative, et bien inférieure aux
deux autres. Par conséquent, il semble clair que le trait général suivant puisse être admis, en
cas de situation concurrentielle sans entrée: une période d'activité plus courte est un gage de
surVie puisque jamais El n'est sortie par ses concurrentes dans ces simulations. fi s'agit d'une
bien valorisée et qu'elle conserve son avantage sur l'ensemble de la durée de la simulation. E2
ou E3 suivant les cas la rattrape plus au moinS vite pour même la dépasser légèrement dans
certains cas .
.A41
Les courbes K et B montrent les traits repérés dans les simulations précédentes (Annexe III, p6
et 7). D'abord croissant légèrement, K finit par augmenter plus rapidement au fur et à mesure
que l'amplitude des écarts de valeur V s'accroissent. Quant aux budgets B, ils traduisent par
leurs amplitudes cycliques caractéristiques la domination d'une entreprise sur les entreprises
restantes.
3. Test de capital
Les trois entreprises ont la même période d'activité p, et le même portefeuille de ressources
initial. Elles diffèrent suivant leur capital initial. El a un capital de 100, E2 un capital de 200 et
E3 un capital de 300.
Les indicateurs de performance ne donnent pas d'avantage net dans un premier temps à une
entreprise ou à une autre (Annexe ID, plI). Mais après une quinzaine de périodes, l'entreprise
qui a le plus gros capital initial se dégage assez nettement des deux autres. En fait, leurs
évolutions sont relativement parallèles de telle sorte que l'on peut dire que l'influence du
capital initial sur la performance est linéaire. Plus le capital de départ est élevé, plus la
performance observée a de chances d'être bonne, toutes choses égales par ailleurs (vérification
de l'hypothèse H 2).
Cette relation se matérialise au niveau des autres grandeurs observables. Ainsi, la valorisation
-- -- ~ --~--- ----- ------------- ---- --- ---~ -
laisse darrement voir l'avantage que retire E3 de sa taille (Annexe III, p9). Elle possède un V
qui est resté supérieur tout aulong de la simulation. En revanche, l'entreprise la plus petite est
passé par des moments difficiles puisque entre les dates 14 et 30 sa valeur V était négative. TI
s'ensuit que son capital K a moins augmenté que celui de ses rivales et que ses budgets de
recherche n'ont pu suivre le rythme imposé (Annexe III, plO). Toutefois, elle n'a pas été
poussée vers la sortie par ses concurrentes. Mais en accentuant l'écart de capital initial entre
El et E3, elle finit par être exclue.
Les entreprises ont le même capital de départ. Trois ont pour période p=1 ; trois p=2. Parmi
les deux sous-groupes, on trouve les dotations en ressources X=I, X=2 et X=3.
442
L'examen des résultats de 15 simulations correspondant à cette configuration conduit aux
conclusions suivantes (Annexe ID, pl2 à 15).
Ces résultats tendent à vérifier une hiérarchie entre les critères de sélection: la période semble
être plus importante pour l'obtention de bonnes performances que la dotation en ressources
initiales. n s'agit d'un résultat en confonnité avec l'hypothèse H 5.
On constate par ailleurs que les relations générales obtenues précédemment s'appliquent à
nouveau.
Au cours de cette première partie; nous avons présenté les résultats portant sur les différentes
variables numériques observables: les performances, V, K et B essentiellement. Nous.n'avons
pas porté notre attention sur l'impact des différentes stratégies suivies par les entreprises
comme explication de la performance. En effet, il s'agissait plutôt d'établir une sorte
d'étalonnage entre les différentes relations entre variables afin de faciliter l'interprétation des
modèles plus compliqués. En outre, dans le cas des modèles présentés, relativement peu
d'entreprises disparaissaient. Dans les cas où elles devaient sortir du marché, les raisons sous-
jacentes n'étaient pas directement liées à la stratégie suivie mais plutôt à la présence dans les
caractéristiques de ces entreprises de facteurs rédhibitoires: une période de réaction trop
longue, une dotation en ressources trop faible. L'hypothèse H 3 établissant la supériorité de la
stratégie de différenciation n'a pas pu être testée.
Toutefois, globalement, deux points méritent d'être soulignés. D'une part, on s'aperçoit que
lorsque les entreprises connaissent des valeurs de V négatives et qu'elles suivent une stratégie
de coût, elles passent à la stratégie de différenciation. Ce résultat se déduit de la construction
du modèle. D'autre part. il apparaît que dans les cas où les disparitions ne sont pas seulement
dues à des faiblesses intrinsèques en dotation (K. X ou p). plus que la nature de la stratégie
443
retenue. le nombre de changement stratégique. c'est-à-dire d'allers-retours entre la stratégie de
coût et de différenciation semble pouvoir être lié à la disparition. En effet, ces cas sont surtout
présents dans les simulations avec six entreprises, on s'aperçoit que les entreprises qui
disparaissent suivaient environ pour moitié une stratégie de coût et pour moitié une stratégie
de différenciation au moment de leur retrait du secteur. Mais en revanche, on constate que plus
que les autres, elles ont changé de stratégies au cours de leur vie. Ce résultat, qui reste pour
l'instant à confirmer n'avait pas fait l'objet d'hypothèse préalable.
• Le modèle fonctionne bien sur une logique simulée d'accumulation des rentes, investies
dans le budget de recherche, qui améliore la dotation en ressources, qui se répercute sur la
performance financière et de marché, et sur la valorisation de l'offre de l'entreprise ;
• Influence du portefeuille de ressources (H 1) : une meilleure dotation initiale en ressources . ,,',' ,'/
conduit à une performance supérieure. Cet avantage est temporaire;
L';
• TIYa une hiérarchie entre les relations CH 5) : notamment, l'influence de la période d'action
est plus importante que celle de la dotation en ressources initiales.
Les différents modèles présentés ci-après permettent de tester les réactions de la simulation
dans les configurations ouvertes, c'est-à-dire en présence d'entreprises entrantes. Comme les
caractéristiques de ces entreprises sont définies de manière aléatoire -entre des bornes définies
cependant-il s'agira de bien distinguer les résultats que l'on dira généraux de ceux particuliers
à la simulation.
444
Une seule entrepriseS au départ
p=l ; X=I
Dans ce cas, on s'aperçoit que plusieurs entreprises entrent au cours du temps de la siinulation
(Annexe TIl, p16 à 19). Les entreprises entrantes, au fur et à mesure que le temps passe ont du
mal à faire valoir leur produit par rapport aux offres déjà présentes (Annexe TIl, p 16). On
s'aperçoit en effet que la valeur V initiale du produit décroît pour une entreprise entrante avec
le temps. La valeur Vi de l'entreprise présente à l'origine (i pour initiale) si elle ne souffre pas
au début de la concurrence des entrantes successives connaît une baisse sensible lorsque la
L'impact de l'intrusion de la deuxième entreprise se matérialise très clairement sur les courbes
de performance de l'initiale et de la première entrée (Annexe ID, p19). Elles subissent toutes
les deux d'abord une baisse de la performance de marché, suivie une ou deux périodes après
par les baisses du taux de marge puis de la rentabilité brute du capital d'exploitation. En
revanche les entrées postérieures ne les dévient pas d'une trajectoire en croissance relativement
continue quoique modérée (par rapport aux résultats trouvés dans les modèles sans entrées de
la partie précédente). Toutefois ce dernier résultat est variable suivant la qualité de l'offre de
l'entreprise entrante (K, et dotation en ressources) puisque d'autres simulations présentent, sur
les courbes de performance des entreprises présentes, les différents impacts de la concurrence
Plus le temps passe, plus la taille requise moyenne tend à s'élever compte tenu de la méthode
de calcul de K pour les entrantes qui dépend de la moyenne des entreprises présentes: le K de
la première entreprise entrante est de 300, celui de la seconde 440 et celui de la quatrième
entrante de 458. En revanche le K de la troisième entreprise entrante n'étant que de 260, cette
entreprise a du mal à s'imposer. Si l'on examine les évolutions des courbes K (Annexe ID,
p17), on s'aperçoit que l'entreprise initiale n'est, à la fin de la simulation, qu'au troisième rang
tandis que les deux premières entreprises entrantes se partagent les deux premières places.
5 On appelle l'entreprise présente au départ une entreprise initiale, et on utilise l'adjectif substantivé dans la
suite du commentaire. L'indice i renvoie donc à initiale (ou incombent en anglais)
445
L'amplitude des cycles d'investissements matérialisés par les courbes B montrent que ces deux
entreprises ont pris le pas sur leurs concurrentes, les trois autres se situant à des niveaux
d'investissements de taille comparable et de niveaux relativement constant (Annexe ru, pI8).
L'impact de la qualité des dotation en ressources à l'origine ne semble pas être marquant dans
cette simulation. En effet les deux entreprises leaders entrent avec des dotations en ressources
similaires à celles que possède l'initiale (le vecteur X=I). Par ailleUrs,les autres suiveuses qui
présentent des portefeuilles de ressources de qualité supérieures ne tirent pas directement
avantage de ce fait, puisqu'au moment où elles entrent les effets des investissements en R&D
de leurs prédécesseurs ont porté leurs fruits et que leurs concurrents sont pratiquement déjà à
leur niveau en terme de dotation en ressources.
Par conséquent, on peut tirer deux résultats généraux de cet exemple. D'une part, l'ordre
d'entrée est déterminant de la performance: les deux premières entrantes finissent par dégager
les meilleurs résultats et à dépasser l'entreprise présente à l'origine (Lieberman'.: et
Montgomery, 1988; Mitchell, 1991) ; les entreprises entrées plus tard avec une meilleure
dotation en ressources ne parviennent toutefois pas à compenser leur retard en terme de
valorisation de leur offre et de performance. D'autre part, la conjonction des facteurs
favorables à la perlormance renforce la position de l'entreprise : la première entreprise entrante
avait une période d'activité rapide, et un capital initial plus élevé que l'entreprise présente au
départ. En revanche, la troisième entrante, même avec un portefeuille de ressources mieux
orienté avait une période d'activité plus lente (p=2) et un capital initial relativement faible: elle
ne parvient pas à s'imposer.
L'examen des stratégies suivies par les différentes entreprises donne les résultats suivants :
initiale : coût tout au long de la simulation
entrantel: idem
entrante 2: idem
entrante 3 : coût puis différenciation puis coût
entrante 4 : différenciation puis coût
On remarque d'une part que les entreprises qui ont changé de stratégies sont celles qui ont
connu les performances initiales les moins bonnes. Par ailleurs, les périodes de différenciations
pour les entrantes nO 3 et 4 ne se sont pas traduites par des améliorations de performance
446
sensibles, principalement en ce qui concerne la performance de marché. La différenciation est
survenue tardivement alors que les trois premières entreprises dominaient le marché n'a pas été
valorisé par le modèle. Ce résultat semble donc démentir l'hypothèse H 3.
Test de période
Elles ont pour caractéristiques: K = 200, X=l et p=l pour la première, p=2 pour la deuxième
et p=3 pour la troisième.
1 caracté·flStlques
Le S troISentrepnses entrantes aV3.1entes . SUIvantes:
date d'entrée K p X
E4 4 100 2 X=2
ES S 280 1 X= 1
E6 9 3S0 1 X= 1
L'entreprise la plus rapide El bénéficie de son avantage quant à la valorisation de son offre
tant qu'elle reste en concurrence avec ses deux concurrentes de départ (Annexe m,p20)~ Dès
que les entreprises commencent à entrer, son avantage en valeur V diminue tandis que celles.
des autres remontent (suite à un changement de stratégie également: passage de la
- ...
différenciation à la stratégie de coût). A la fin de la simulation néanmoins l'offre la moins bien
valorisée est celle de l'entreprise la plus lente, c'est-à-dire E3, qui suit une tendance négative et
devrait être amenée à sortir à terme. Légèrement meilleures mais respectivement 4èmeet Sème,
suivent les entreprises pour lesquelles p=2, c'est-à-dire E4 et E2. n s'agit donc d'une
vérification de H 4.
·447
En ce qui concerne la hiérarchie des performances, le même résultat est obtenu (Annexe III,
p23). Longtemps rivalisant les unes avec les autres, les entreprises les plus lentes sont
décrochées au cours du processus concurrentiel.
Les trois entreprises les plus lentes semblent ne pas parvenir à valoriser leurs efforts en terme
de capital. Elles ne croissent que très lentement voire tendent à perdre de la valeur brute (E3).
En revanche, pour les·trois entreprises les plus.rapides, la valorisation du capital est nettement
plus soutenue, correspondant à des perfonnances meilleures. L'initiale El est dépassée par les
entrantes E5 et E6. E6 quoique qu'apparue en dernier parvient à refaire son retard sur ses deux
rivales E5 et El. Ce résultat ne s'explique pas par la stratégie retenue car ces trois entreprises
poursuivent toutes les trois une stratégie de coût. Si l'on examine la valeur des dotations en
ressources. on s'aperçoit que l'ordre résultant de la qualité des portefeuilles de ressources
donne E5 en premier, suivi d'El et d'E6 (ce qui est matérialisé d'ailleurs par l'ordre des
performances observables -RBCE et FORCE par exemple). En fait la meilleure valorisation en
capital de l'entreprise E6 provient de la tendance qu'elle a suivi: elle a un pas de croissance
plus élevé que les autres (Annexe ID, p21). En outre, elle comble très rapidement son retard
relatif sur ses principales rivales en développant des budgets B plus amples et supérieurs aux
autres (Annexe III, p22). Ainsi il semble apparaître que, dans nos simulations, le cycle
d'investissement relatif est essentiel dans la valorisation des entreprises. D'une part, le
caractère crucial des influences temporelles que nous avions dégagé dans la partie théorique au
niveau intrinsèque- à-Ia-fmne,-représentéespar-la-période -p,sedégage denotre-simulation-. ---'----
D'autre part, les influences temporelles sur la performance s'appliquent également au niveau
exogène: elles sont ici concrétisées par l'importance du montant relatif des investissements
mais surtout par le cycle suivi par ses investissements par rapport à ceux suivis par les
concurrents.
En ce qui concerne le nombre de changements stratégiques opérés par les entreprises sur la
durée de la simulation, on observe les résultats suivants :
448
Entre rise ran de erformance
El 1
E5 2
E6 3
E2 4
E4 5
E3 6
On présente· les résultats d'une deuxième simulation à partir des mêmes conditions initiales sur
les trois premières entreprises (Annexe ID, p24 à 27). Trois autres entreprises rentrent au
• l'entreprise E3 qui a le rythme d'action le plus lent doit se retirer après 15 périodes.
L'entreprise E6 qui a le même rythnie présente les moins bonnes caractéristiques des
• sur le plan des performances, on constate que les deux entreprises à p= 1 sont en tête,
suivies par les deux entreprises à p=2. Pour les deux sous groupes constitués, l'entrant a de
meilleurs résultatS que l'initiale. Ce résultat vaut également pour la valeur du capital en fin
de simulation .
période 5, juste après E4. Ses deux concurrentes, au rythme d'action plus rapide qu'elle,
449
portefeuille de ressources équivalentes. De plus, à ce moment là, le capital de ES est le plus
important de tous les concurrents. Elle engrange les rentes et constitue des réserves
d'investissements qu'elle utilise à partir de la période 10: pendant S périodes, elle est
l'entreprise qui dépense le plus gros budget B, ce qui lui fait passer sa valorisation V de Sème
à 1re(Annexe III, p26). On peut donc indiquer le comportement générique suivant obtenu
par notre modélisation: une dotation en ressources de meilleure qualité relativement à la
concurrence -et non dans l'absolu- représente un avantage initial certain pour l'entreprise
même en présence d'une réactivité moyenne (p=2)'
Test de capital
On remarque qu'il n'y a pas de sorties. On retrouve au début des courbes, des résultats déjà
signalés dans le cas des expériences sans entrées: la taille du capital de départ favorise .. -.
proportionnellement les entreprises (H 2)
La taille du capital de départ a donné un avantage significatif à l'entreprise E3. Elle conserve
tout au long de la période le K le plus élevé, suivi juste après par ES et E2 qui ont
respectivement au moment de leur entrée les deuxième K les plus forts (Annexe ID, p29).
Par ailleurs, les entrées successives entament la valeur de l'offre proposée par les initiales
(Annexe ID, p28). S'assurant une valeur V supérieure à celle de ses concurrentes, et fort de
son avance en ressources, l'entreprise 3 en :finde simulation a ralenti ses efforts d'amélioration
des propriétés de ses ressources. Les budgets des entreprises E5 et E2 deviennent supérieurs
aux siens (Annexe ID, p30). Les répercussions sont immédiates sur les niveaux de
450
performance, puisque les deux entreprises qui ont réduit leur budget B, E3 à cause du coût
CH est croissante), et E6 par ce qu'elle n'en a plus les moyens financier (V toujours négative, K
la performance de marché).
sur la dotation en ressources initiales CH 5), puisque la première entrante quoique bénéficiant
d'un meilleur portefeuille de ressources initiales, est dépassée à terme par El qui a la
suivant leur portefeuille de ressources initiales laisse apparaître les résultats suivants .
concurrentiel: l'entreprise El disposant d'un X=l finit par rattraper son retard sur E3 pour
laquelle X=3. Qui plus est, les premières entreprises entrantes dont les caractéristiques en
terme de ressources pouvaient être inférieures mais dont le capital était supérieur aux
entreprises initiales au moment de leur entrée finissent par dépasser en teIme de valorisation de
De telle sorte que cette expérimentation permet de conclure aux effets favorables de
l'adéquation entre la qualité des ressources détenues et les moyens financiers mis en œuvre
pour leur constitution. L'important ne paraît pas être de dépenser beaucoup, mais de dépenser
1
portefeuille de ressources est plus importante que la dotation initiale dont l'entreprise dispose
Au lieu de reproduire exactement l'expérience exécutée avec six entreprises et sans entrées,
nous avons introduit une variante afin de tester l'hypothèse 3, portant sur l'importance, dans
451
cette modélisation, de la stratégie sur la performance. A cette fin, nous avons bloqué tout au
long de la vie des entreprises initiales la stratégie sur un seul mode : coût ou différenciation.
En comparant deux à deux les performances des différentes entreprises, cette expérimentation
va donc permettre de tester à la fois l'influence d'une stratégie par rapport à une autre (H3), et
carac té·nstlques
. SUIvantes : ,
date d'entrée K D X
E7 3 200 3 (2 2 2 2 2 2 2 2 2 2)
E8 4 557 1 (1 1 1 1 1 1 1 1 2.2)
E9 7 202 3 (1 1 1 1 1 1 1 1 2 2)
E10 12 252 3 (2 2 2 2 2 2 2 2 2 2)
Ell 20 297 3 (3 3 3 3 3 3 3 3 3 3)
Cela peut laisser penser qu'en terme de domination d'une stratégie par rapport à une autre, la
différenciation, à conditions égales, permet de dégager une meilleure valorisation de son offre,
mais qu'il faut pour cela avoir dépassé un seuil de viabilité, atteint pour E4 et non pour les
autres (E5 et E6). La raison de la disparition de E5 et E6 est sans aucun doute à trouver dans
leur, période p=2 plus lente que celle de E4. Pour les entreprises suivant une stratégie de coût,
les conditions du maintien sont moins restrictives, puisque E2 et E3 restent en présence sur le
452
marché, et dégagent d'ailleurs toutes les deux les meilleures valeurs de V.
Au niveau des valeurs de K, parmi les quatre initiales survivantes, on obtient le classement
suivant: E2, puis E4, E3 et El (Annexe m, p33). TIest à noter que dans d'autres simulations
du même type effectuées, El finit par disparaître vers la cinquantième période. fi est donc
logique de la retrouver en dernière position de ce classement dans le cas présenté. La
différenciation a permis à E4 de gagner rapidement de la valeur (périodes 4 à lO) pour ne plus
perdre cette valorisation du capital par rapport à El. fi est intéressant de noter par ailleurs que
l'inconvénient de la relative lenteur de la période de E2 et E3 a été compensée pour les
entreprises ayant une stratégie de coût par une meilleure dotation en ressources et en capital
(500 contre 200).
Au niveau des budgets B, la différence entre E4 et El se matérialise par une ampleur plus
grande, quoique modeste, des investissements de E4 par rapport à El (Annexe ID, p34). Les
cycles de R&D de E2 sont légèrement plus rapides et surtout ils sont décalés par rapport à
ceux de E3. Ces observations expliquent d'un côté la domination relative de E4 sur El, et de
l'autre la raison pour laquelle E2, quoique ayant un portefeuille tel queX=2, s'en sorte mieux
que E3, qui au départ avait un portefeuille tel que X=3.
En ce qui touche aux performances, les performances de El sont médiocres: s'il conserve une
..
rentabilité supérieure aux entrants tardifs, sa performance de marché est la dernière des initiales
(Annexe ID, p35 et 36). Cela se retrouve dans les modélisations où El finit par sortir. Si la
rentabilité entre E2, E3 et E4 est similaire, avec toutefois un léger avantage à l'entreprise
différenciée sur les périodes 20 à 40, il ressort clairement qu'E4 domine les deux autres
initiales en terme de performance de marché. Notamment, tandis que E3 possédait la meilleure
performance de marché sur les quinze premières périodes, due à sa meilleure dotation en
ressources et en K, elle s'est fait rattraper par E4 et E2 qui ont dépensé de manière contre
cyclique leurs budgets B, provoquant un accroissement de leur performance. Le fait que E4
participe à la concurrence « à égalité» avec les deux autres entreprises initiales bloquées sur la
stratégie de coût ne doit faire perdre de vue que E4 réagit deux fois plus vite que ses
concurrentes.
453
Pour conclure sur l'hypothèse H3, il semble que la différenciation ne soit, dans le cadre
de notre simulation, une stratégie plus efficace et rentable que de manière
conditionnelle: il existe un seuil, conjonction de facteurs (p, K et X), tel qu'au delà de ce
seuil, la différenciation est apte à dégager de meilleures performances que ses
concurrentes.
De manière similaire et concernant l'hypothèse H5. l'avantage procuré par le délai de réaction
court (p=l) est borné. En présence de concurrents ayant des caractéristiques trop nettement
supérieures. l'avantage procuré par la période d'activité n'est plus suffIsante. El doit s'incliner
à terme par rapport à ses concurrentes E2 et E3 qui ont un portefeuille de ressources initiales
fi est intéressant de remarquer par ailleurs, qu'excepté E8, les entreprises entrantes n'entrent
pas avec des propriétés favorables. Les quatre autres entrantes ont des périodes lentes et un K
rythme lent, elles ne dégagent pas de bonnes performances. Notamment, E9 et EIO sont à la
traîne. Elles sont entrées trop tard. Seules E7 et E8, les deux premières entrantes tirent leur ~;' 1.
épingle du jeu. E7 profIte de son portefeuille de ressources (X=2) tandis que E8 a tous les
atouts pour obtenir de bons résultats: une période rapide (seule El et E4 ont une p=l), le plus
fort K au moment de son entrée, et une entrée précoce-(4ème période). fi lui faudra une
comportement vérifIe les hypothèses sur le capital (H2), sur la période (H4) et sur la
fi reste à présent à rassembler les résultats qu'ont apporté les différentes simulations.
454
11.4.Bilan des expérimentations
En conservant à l'esprit les précautions méthodologiques dont il a été largement fait part, les
propriétés significatives résultant des différents protocoles d'expérimentations peuvent être
résumés sous la forme d'un tableau (tableau VA.).
455
Tableau V.4.Résumé des résultats des simulations
IM:PACT sur la performance autres Source*
plus l'entreprise réagit vite,
plus elle a de chances d'avoir L'avantage procuré par la
de la période une performance élevée période est borné par le haut: E3sans
(H4 vérifiée) en présence d'avantages E3 avec
complémentaires importants (K
La période donne un avantage et X) les concurrents peuvent .E6sans
supérieur à celui procuré par l'emporter malgré un rythme. E6 avec
la dotation en ressources d'activité plus lent
initiales (H5 vérifiée)
plus le capital initial est élevé, sur le budget B E3sans
plus les chances de retirer une plus le capital initial est élevé, E3avec
du capital initial performance supérieure sont plus la dynamique de recherche
2rande (H2 vérifiée) peut être soutenue E6avec
plus la dotation en ressources
de la dotations initiales est forte, plus la Cet effet est temporaire. El sans
en ressources performance de l'entreprise Et avec
initiales est potentiellement Il doit de plus être relativisé E3sans
importante. (Hl vérifiée) DarraDDortau ranI! d'entrée E3avec
Les premières entrantes sur la V
de la date dégagent de meilleurs plus la date d'entrée est tardive, Et avec
d'entrée performances finales que les plus l'offre proposée à une E3avec
initiales dont elles sont les plus valeur V initiale faible E6avec
Droches
Les entreprises qui ont à terme sur la V
les meilleures performances un accroissement important du E3avec
du budgetB sont celles dont la courbe budget B débouche sur une
d'investissement précède et est amélioration de la valeur V
à contrecycle par rapport aux
courbes des concurrents
- _La stratégie de - A dotations égales, la stratégie- -----
- ---- ------- ----
456
En ce qui concerne l'aspect théorique, plusieurs de nos résultats sont en conformité avec
différents travaux d'économie ou de management stratégique. On peut citer principalement les
travaux sur la théorie des marchés contestables (Baumol et al., 1982) en ce qui concerne les
conséquences des entrées libres sur la structure concurrentielle et l'impact sur la performance
des entreprises; d'autre part, les thèses de l'écologie des populations (voir les travaux de
Hannan et Freeman, 1977 et 1989; Freeman et al., 1983; Carroll et Hannan, 1989; Singh et
al., 1986; Baum et Singh, 1994, Barnett et al., 1994) en ce qui concerne les analyses de la
mortalité des firmes au niveau de populations homogènes et l'influence des propriétés des
populations sur les variables démographiques (taux d'apparition, taux de disparition; etc.
Durand et Obadia, 1996; Durand, 1997).
Toutefois, nous n'avons pas voulu rattacher notre simulation exploratoire à ces travaux
appartenant à des champs de recherche structurés car des différences foncières de théories et
de méthodes nous en séparent En quelques mots, le modèle ne comporte pas d'analyse du prix
comme révélateur de la valeur et comme système de coordination par le marché. Notre niveau
d'analyse est la firme et non la population d'organisation. Sur la méthode, il n'y a pas de
démonstration économique reposant sur les mathématiques, ni d'analyse statistique de survie
sur longue période.
Pour conclure, il nous faut attirer l'attention sur les limites de ces expérimentations. Les
premières concernent le modèle lui même. Par exemple, les fumes n'ont le choix qu'entre deux
stratégies. La procédure de·choix est la même pour toutes les entreprises. Dans la logique de
l'hétérogénéité, il pourrait être intéressant d'introduire des modes d'apprentissage des
meilleures stratégies qui seraient laissées libres pour les entreprises. Par ailleurs, on peut
remarquer qu'il n'y a pas de contraintes exogènes imposées au fume dans leur fonctionnement
Notamment, la demande est endogénéisée au niveau de la structure causale reprise des
résultats statistique du chapitre IV (figure V.2.). TI faudtait cependant dans des recherches
ultérieures introduire cet élément de manière indépendante pour pouvoir en suivre les
évolutions. Les consommateurs pourraient eux-mêmes être représentés par d'autres agents
informatiques, avec leur caractéristiques d'achats, leurs préférences et leurs budgets. Par
457
conséquent, de nombreux ajouts pourraient être effectués afin de rendre plus réalistes6 ce type
de simulation. Cependant, compte tenu des objectifs modestes que nous nous étions fixés,
l'outil tel qu'il a été construit, et les résultats qu'il a permis d'obtenir nous permettent d'une
part d'en être satisfait et d'autre part d'envisager de fructueux développements pour ce type de
recherche.
,!
6 On peut s'interroger sur le sens de ce réalisme: réalisme par rapport à nos perceptions de l'environnement
économique ou réalisme par rapport aux représentations classiques d'économie industrielle ou de management
stratégique ?
458
CONCLUSION GENERALE
Le cadre de la recherche
performance des entreprises. Le cadre théorique dans lequel elle s'inscrit est le Courant des
Ressources, qui pense les conditions de détermination de la performance comme étant internes
par elle. TI s'agit de la théorie des ressources. La seconde, dont l'orientation est plus
l'analyse de la performance
A partir d'une lecture approfondie des contributions théoriques et empiriques de ces deux
approches, plusieurs hypothèses ont été formulées, correspondant à deux objectifs principaux
françaises? D'autre part, quel est le devenir dans le temps des effets éventuels sur la
Pour mener à bien cette recherche, nous avons travaillé sur la base de données SESAME de la
et couvre plus de 10% des effectifs de la quasi-totalité des secteurs manufacturiers français.
Les propriétés des ressources et des aptitudes n'étant pas observables directement, un modèle
statistique à équations structurelles et variables latentes (Lisrel) a été retenu pour tester les
459
hypothèses. Par ailleurs un modèle de simulation original, utilisant les langages objet a été mis
(Jussieu), afin de tester les conséquences dans le temps des dotations des entreprises en
ressources initiales.
Contribution théorique
Ce travail définit un espace de recherche novateur. S'appuyant sur certaines critiques des
conceptions _de l'économie industrielle, il dessine, dans le cadre du Courant des Ressources, les
gestion des processus et l'animation des rapports d'échanges avec les autres acteurs
économiques.
Le Courant des Ressources s'écarte de la vision défendue par l'économie industrielle sur trois
points essentiels. En premier lieu, le niveau pertinent d'analyse n'est pas le secteur industriel
mais est avant tout l'entreprise. Ensuite, la performance est conçue comme étant
l'appropriation de rentes, possible même à long terme. Les rentes ne sont pas le seul fait de la
rareté ou du monopole, mais aussi de la construction de savoir-faire non imitables e,t non
notion de rente organisationnelle en tant que rente d'usage ,constitue un levier majeur de la
performance, intemalisé au sein de l'entreprise. Enfin, le Courant des Ressources prône la prise
460
Le second apport théorique consiste dans la réunion au sein du même courant de la perspective
l'avantage concurrentiel se fonde sur les propriétés des ressources et des aptitudes des
l'entreprise une capacité supérieure de dégager des rentes appropriables relativement à ses
concurrents. Reposant sur une conception de l'entreprise compatible avec les présupposés de
courant de recherche permet ainsi d'envisager d'un côté la création des rentes et leur
l'avantage concurrentiel.
théorie des ressources. TIdistingue les ressources, en tant que 'capacités de' et les aptitudes en
tant que 'capacités à'. Par ailleurs, la recension des différentes propriétés et leur hiérarchisation
ouvrent à une taxonomie des études empiriques, portant soit sur les propriétés primaires,-soit----~----
sur les propriétés secondes des ressources et aptitudes. De plus, ce travail dégage au sein des
deux approches théoriques une forme forte et une forme faible. La première donne la
prépondérance aux effets en provenance du marché dans l'appropriation des rentes et une ~
des principaux concepts mis en avant par l'économie évolutionniste (la sélection, les
461
comme étant à la source des conditions du maintien, de l'élaboration et de la création de
Deux derniers points méritent d'être relevés: le premier porte sur la conception de l'entreprise,
D'une part, la revue de littérature a fait émerger une conception de l'entreprise appropriée aux
études futures qui s'inscrivent dans le Courant des Ressources. La firme se définit par quatre
éléments: 1) les ressources productives, soit les différents moyens mis en œuvre en vue de la
production; 2) les relations d'échanges avec les principaux acteurs en amont et en aval de
temporels de conditionnement du changement sur les trois premiers facteurs (prise en compte
D'autre part, il apparaît indispensable de considérer la performance sous ses différentes natures
en même temps dans un seul modèle théorique. La performance n'est pas en soi monolithique,
une et indivisible. Deux effets brouillent en théorie l'analyse. D'un côté, les conséquences à
court terme d'une cause de performance peuvent différer des conséquences à long terme. De
l'autre, au même moment, la même cause peut avoir des effets contradictoires selon la variable
de performance retenue. Par exemple, les effets inter-reliés et croisés de la non substituabilité
des relations d'échange n'auraient pas pu être mis à jour si un seul indicateur de performance
avait été pris en compte. L'analyse de la performance doit donc s'orienter vers des études
multivariées et non chercher à faire émerger des traits pertinents à un moment du temps sur un
seul indicateur.
462
Contribution empirique
Les résultats de cette recherche peuvent être rapportés en cinq points principaux.
Tout d'abord, il faut souligner la qualité des résultats statistiques obtenus (fiabilité des
construits et robustesse des modèles). Compte tenu du nombre très limité d'études empiriques
de même nature; ce travail apporte une contribution notable dans l' opérationnalisation des
variables utilisées par la théorie des ressources. n permet ainsi de valider empiriquement sur un
Courant des Ressources concernant l'impact des propriétés des ressources et des aptitudes de
l'entreprise sur son niveaude performance. Les résultats sont robustes: la taille de l'entreprise
n est ressorti des différents tests statistiques que les propriétés des ressources productives, et
possibilités de différenciation offertes par les outils de production, et les économies de temps
représentées Ipar l'expérience accumulée dans l'effectuation des taches productives sont à la
J
soutenabilité : ces relations apparaissent stables dans le temps. En outre, elles ne varient pas
463
Ensuite, il a été montré que les rapports d'échange entre l'entreprise, ses fournisseurs et ses
dépend de la création d'une relation non substituable avec ses fournisseurs. Mais la
l'inverse, la performance d'exploitation est favorisée par la non substituabilité de relations avec
les clients, qui sont d'une certaine manière engagés dans leurs relations avec l'entreprise. Mais
cette relation a un impact en retour sur la performance de marché, puisque privilégier des
relations non substituables avec certains clients a un coût en terme de non exploitation de
l'ensemble du marché potentiel. Ces relations sont valables dans l'ensemble des groupes
d'activités. Concernant la soutenabilité de ces relations deux effets sont à signaler. D'une part,
la non substituabilité de la relation avec les clients est plus difficile à maintenir dans le temps
que la non substituabilité de la relation fournisseur. D'autre part, cette dernière, qui influence
Au total cependant, l'influence positive domine l'effet en retour négatif de la non substituabilité
Par ailleurs, la coordination interne des activités productives, dont le rôle majeur dans la
corrélée avec les propriétés des différentes ressources. Plus la coordination interne est
développée, plus les propriétés des ressources sont potentiellement à l'origine des rentes
appropriables par les firmes -et réciproquement. Cet effet ne se dément ni dans le temps, ni au
sein des différentes catégories d'activités étudiées. Par ailleurs, aucune relation directe entre le
niveau de coordination interne et la performance de marché n'est clairement ressortie des tests
464
Enfin, la simulation, reprenant au cœur de son modèle les résultats obtenus dans la partie
statistique, a permis de prolonger les conséquences de l'influence des propriétés des ressources
entreprises sur la performance. TI est apparu que plus une entreprise réagissait vite, plus les
Comparativement cependant, au cours du temps, l'avantage représenté par des ressources non
imitables, non substituables et non transférables s'estompe, et toutes choses égales par ailleurs,
c'est le rythme d'activité de l'entreprise qui lui permet alors de continuer à dégager des
rythme d'activité n'est ni absolu ni infini, puisque des entreprises entrantes, quoique plus lentes
si elles sont dotées de ressources idiosyncrasiques et de capitaux importants peuvent finir par
dominer le marché où les entreprises initiales sont dépassées. L'avantage concurrentiel semble
être de plus, d'une part soutenu par des investissements en R&D allant à contre-cycle de ceux
des entreprises rivales, et d'autre part affaibli par les changements répétés de stratégie,
Contribution méthodologique
Premièrement, les variables des modèles théoriques, tirés du Courant des Ressources, sont par
nature conceptuelles. Or, la nécessité de considérer les effets de variables qui ne sont pas
effets de causalité complexes nécessitent de pouvoir étudier les relations entre plusieurs
variables dépendantes. Le recours à un modèle statistique permettant d'une part la mesure des
opérationnalisations des variables latentes par des variables observables, et d'autre part,
465
l'introduction de plusieurs indicateurs de performance était indispensable. Ce travail a permis
erreurs de mesure, qui est encore rare dans les travaux en stratégie. En outre, il faut souligner
résultats (décomposition par taille et par catégories d'activités). S'il n'a pas été possible
d'étudier sur une plus longue période les effets de la structure causale pertinente à cause du
par sa qualité.
travaiL Pour ·la première fois -à notre connaissance- la simulation de phénomènes micro-
économiques est envisagée sur la base de la définition des agents économiques, avant même les
lois de fonctionnement des marchés. fi s'agit d'un apport fondamental de ce travail, qui malgré
détermination des résultats (la performance), pour privilégier dans la simulation l'activation des
performance par le Courant des Ressources et trouve dans ce type de simulation un outil
d'expression et d'expérimentation.
Ce travail permet, sur la base des contributions théoriques et empiriques, de définir des
466
• Comprendre la performance
manifestant à un moment donné du temps, et de causes prolongeant leurs effets dans le temps.
Les trois dimensions essentielles à l'analyse de la performance sont donc: 1) les objectifs
par les adopteurs ; 3) la prise en compte des ressources et aptitudes, et des périodes d'activités
des principaux concurrents, comme étant une menace de remise en cause d'une part de la
pertinence de la stratégie suivie (en terme de propriétés des ressources) et d'autre part du
sur l'accent mis à développer et entretenir les propriétés primaires des ressources et des
aptitudes. Les axes d'action stratégique concernent donc en premier lieu la non imitabilité des
dynamique des usages futurs des services procurés par les outils de production sont à la source
de la performance. L'apprentissage individuel sur les taches effectuées concentre les gains
Les innovations de processus autant que les innovations de procédés techniques réduisent
467
encore l'imitabilité des ressources et des aptitudes productives. Enfm, le développement des
promotion des innovations relatives à la résolution des problèmes posés par la complexité, et
Par ailleurs, dans le même souci de réduire l'imitabilité des ressources productives, il apparaît
essentiel de constitUer des stocks de ressources qui entraînent, pour les concurrents, non pas
tant des barrières à l'entrée que des barrières à la survie: la constitution ressources
économes en temps des services des ressources. L'imitabilité ne se manifeste donc pas tant
dans la comparaison des techniques et des hommes que dans la réalisation concrète en un
temps donné de plusieurs taches différentes. Plus qu'une efficacité de moyens, c'est une
Par ailleurs, le management stratégique doit intégrer le concept de coût de transfert. Deux
types de coûts de transfert ont été étudiés dans cette recherche : un coût de transfert propre à
concerne le premier type de coût de transfert,. il est à la base de l'appropriation des rentes.
Chaque manager doit être à même d'évaluer entre plusieurs types de taches à effectuer celle
qui est la plus rentable pour l'entreprise. Ce n'est pas nécessairement celle qui procure à
l'arrivée le plus gros volume d'affaires. C'est celle qui, compte tenu des savoir-faire des
468
l'entreprise (de décision, de coût, de responsabilité, etc.), sera susceptible de dégager en un
temps minimum le maximum de marge. L'écueil à éviter est d'une part la standardisation
excessive des taches qui casse l'efficacité de l'usage renouvelé des aptitudes; d'autre part, le
lancement de nouvelles activités et missions sans que n'aient été maîtrisées et « travaillées» sur
leur potentiel de rentes les différentes aptitudes acquises, et enrichies par les heuristiques
accumulées.
Cela nous amène directement, d'une part, au deuxième type de coût de transfert, et d'autre
part, à la gestion entre les stocks évoqués précédemment, stocks d'actifs, d'informations et de
l'entreprise de dégager une performance exprimée par une position de marché favorable, mais
la même logique: elle permet à terme d'alimenter les flux qui construiront des ressources
productives non transférables et non imitables, ainsi que les connaissances et les aptitudes
correspondantes.
grever à court terme la rentabilité mais bénéficier dans le même temps à la préservation du
potentiel de rentes à moyen et long terme de l'entreprise. TIen va clairement ainsi en ce qui
concerne les relations entre l'entreprise et les autres acteurs économiques. Ainsi, par un
croisement entre les effets positifs et négatifs sur les deux grandeurs observées de la
469
doivent être engagés avec les principaux fournisseurs et les principaux clients· afin de
Le maintien de relations de confiance entre les fournisseurs par exemple, implique sans nul
doute certaines concessions sur le plan des marges d'exploitation mais permet dans le même
même, choisir d'établir une relation non substituable avec des clients présente certes le risque
spécifiques des clients, qui augmente pour ces derniers le coût de changement vers un autre
relations avec les clients semblent devoir être réamorcées continuellement afin de préserver les
gestion de compromis entre d'un côté les stocks présents et l'entretien des flux, et d'un autre
Un résultat capital tiré de la simulation est que la permanence de l'appropriation des rentes est
remise en question par la nature des entrants sur le secteur. Parmi les rivaux instillés, il
apparaît en premier lieu que l'avantage concurrentiel procuré par les ressources, pour
fondamental, doit être accompagné d'un rythme de réaction rapide, d'une période d'activité
réduite. Cela s'explique par le fait que les entreprises qui limitent les méfaits de l'inertie de
l'organisation peuvent échapper aux dérives stratégiques, ob~ervées dans de nombreux cas. La
possibilité de rectifier ·la trajectoire est permise aux structures réactives, au sein desquelles les
aptitudes ont été développées afin de gérer en terme d'efficacité temps plutôt qu'en terme
d'efficacité comptable.
470
TI ressort également de la simulation que la protection procurée par des ressources intrinsèques
ou une période d'activité courte n'est pas absolue, particulièrement en présence d'entrées de
nouveaux concurrents. TI faut donc souligner le double effet de seuil qui est à l' œuvre:
l'entreprise qui possède les meilleures ressources (d'exploitation et de relation) risque d'être
détrônée par un concurrent qui, moins 'inertiel', accumule des stocks et renouvelle des flux
plus rapidement que lui ; mais l'entreprise qui possède le rythme d'activité le plus court ne
gagne pas nécessairement à terme, car des entrants même plus lents peuvent, à partir d'une
dotation initiale en ressources productives· de meilleure qualité que la sienne, finir par
s'imposer. Ainsi, la concurrence obéirait à différentes 'horloges' en même temps, propres aux
Limites de la recherche
Les résultats de cette recherche doivent être considérés en gardant à l'esprit certaines limites
Tout d'abord, la recherche repose sur un corpus théorique en construction. L'un des efforts du
travail a été de rassembler au sein du Courant des Ressources les contributions convergentes
de deux approches théoriques récentes. TI va sans dire cependant que le regroupement autour
équivalence entre elles. Particulièrement, les partisans des formes fortes de la théorie des
Ensuite, la recherche repose sur une base de données existante. Elle n'a pas été constituée de
manière ad hoc. Cela représente donc une limite à l' opérationnalisation des variables latentes.
471
Ces dernières ont toutefois chacune été approchées à l'aide de trois variables observables.
d'interview mis en place·par la Banque de France compensent en grande partie ce manque. Par
ailleurs, il faut remarquer, au sujet de l' opérationnalisation des variables, qu'aucune étude
empirique semblable n'est disponible. TI a donc fallu bâtir quasiment ex nihilo certains
indicateurs.
Une autre limite à la mise en œuvre des tests empiriques réside dans la faiblesse relative de la
profondeur historique de la base: quatre ans, et deux points d'observation (modèle A et B).
Cependant, les variables qui ont été retenues font partie de la structure commune des
questionnaires. Il pourra être procédé .à de nouveaux tests afin d'analyser la durabilité des
avantages acquis par les entreprises, soit au niveau de la structure entière du questionnaire, soit
en suivant sur plusieurs points successifs les évolutions connues par les mêmes entreprises.
Une dernière limite concerne la mise en œuvre de la simulation (cas C). L'originalité de la
tentative a son revers: il est difficile d'en généraliser les résultats. La simulation a été élaborée
dans le cadre strict de notre problématique. Elle a donc bénéficié des résultats conceptuels et
empiriques des tests statistiques. Hors de son contexte, on peut lui reprocher sa singularité.
Mais une nouvelle fois, nous n'avons pas connaissance de travaux similaires qui auraient pu
Voies de recherches
Une première voie de recherche concerne l'élaboration d'une grille d'analyse stratégique. Une
démarche générale d'analyse stratégique par le Courant des Ressources mérite d'être précisée,
à destination des managers bien sûr, mais aussi des cabinets de conseil en stratégie et des
472
productives, relations d'échange, coordination et effets temporels), plusieurs étapes peuvent
être définies, ainsi qu'une méthode d'évaluation des propriétés des ressources et des aptitudes.
Dans cet ordre d'idées, le développement d'une analyse de la demande est indispensable. Le
Courant des Ressources offre en effet de nombreux outils pour caractériser les acteurs de
l'offre, mais n'intègre qu'à de rares exceptions les caractéristiques des consommateurs.
Une piste de réflexion différente met en jeu l'approfondissement de relations mises en avant
dans la recherche présentée. En premier lieu, il pourrait être intéressant d'analyser à des
niveaux plus fins (le sous groupe d'activité par exemple) et avec d'autres méthodes
L'ajout de variables portant sur la nature des relations d'échange (montant, fréquence, durée,
etc.) pourrait éventuellement apporter un éclairage sur les relations entre les différentes
permettre de mettre au jour d'autres grandeurs susceptibles d'expliquer les conditions dans
lesquelles les entreprises peuvent jouer gagnant-gagnant sur les deux variables de performance,
secteur auquel appartient l'entreprise -comme cela a été esquissé dans les sous-modèles par
Par ailleurs, en ce qui concerne les ressources productives, une dimension supplémentaire
mériterait d'être introduite: l'appartenance à un groupe industriel ou non. n peut être envisagé
de constituer deux sous échantillons d'entreprises aux profils en ressources les plus similaires
possibles seulement différenciées par leur appartenance à un groupe afin d'étudier l'impact de
Enfin, des variables complémentaires devraient être introduites pour enrichir la notion de
coordination interne et de comprendre les raisons pour lesquelles cette variable influe ou
473
A terme, il peut être envisageable de tenter d'estimer un modèle mettant en parallèle les effets
sectoriels et les effets de l'entreprise afin d'évaluer à notre tour, dans lalignée de nombreux
articles, le poids relatif des deux causes de variation de performance des entreprises.
prolonger l'application des concepts évolutionnistes dans les modèles. Cela peut être mené par
deux moyens : soit suivre au cours des années les variations de structure interne à la base de
ensembles d'entreprises, ou à des cas particuliers. Dans cette seconde logique, deux pistes
précises-de la demande; d'autre part, recouper des résultats de simulations obtenus sur des
474
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494
ECOLEDESHAUTESETUDESCO~RCIALES
J()lJ1{-~-J()S}\S
THESE
ANNEXES
SUJET
Candidat
RODOLPHE DURAND
JURY
Directeur de thèse
BERTRAND QUELIN
Professeur associé, Habilité à diriger des recherches, Groupe HEC
Suffragants
KARELCOOL
Professeur, INSEAD
MICHEL KM.IKA
Professeur, Université de Paris IX Dauphine
GERARD KOENIG
Professeur, Université de Paris ~Val de Marne, rapporteur
GILLES LAURENT
Professeur, Groupe HEC
JEAN-CLAUDE TJ\RONDEAU
Professeur, Université Paris X Nanterre, rapporteur
1997
SOMMAIRE
ANNEXES 1
Annexe 1 - Description de la base par groupe d'activité NAF
Annexe 2 - Différences de moyenne (secteurs, taille)
Annexe 3 - Résultats des analyses en composantes principales
ANNEXEsn
Modèle Lisrel n02
Modèle Lisrel n03
Modèle Lisrel n04
Modèle Lisrel nOS
Modèle Lisrel n06
Modèle Lisrel n07
On procède à trois tests (Benferroni, Duncan, et Tuk.ey-B) pour l'ensemble des variables du
modèle, et l'on note de la même manière les différences significatives en faveur d'un groupe
(noté par un +) ou en défaveur (noté par un -). Les tableaux sont un résumé des résultats des
oppositions principales, retenues par les trois tests, entre les différentes sous-sections sur les
variables considérées.
Par exemple, on note dans le tableau A que les deux sous-sections industries chimiques et
matériels de transport ont des tailles significativement plus importantes que les autres sous-
sections : cela est représenté dans la case « taille » (en effectif) par un (+).
Tableau A. Résumé des différences significatives entre sous-sections d'activités
SOUS-SECTION taille txme rbce bcg r&d deg- des- diff cUrcl cUr conc ctclfr ctcl adap dif- co-
trans temp fr lnfo ord
1 Industries agricoles et alimentaires (-) (-) (-) (-) (-) (-) (+)
2 Industrie textile et de l'habillement (-) (-) (-) (-)
3 Industrie du cuir et de la chaussure (-) (-)
4 Travail du bois et fabrication d'articles en bois (-)
5 Industrie du papier et du carton; édition et imprimerie (+) (-) (-) (-)
6 Industrie chimique (+) (+) (+) (-) (+)
7 Industrie du caoutchouc et des plastiques (-) (+)
8 Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques
9 Métallurgie et travail des métaux (-) (+) (-) (+)
10 Fabrication de machines et équipements (+) (+)
11 Fabrication d'équipements électriques et électroniques (+) (+) (+)
12 Fabrication de matériel de transport (+) (+) (+) (+) (+) (+) (+)
13 Autres industries manufacturières (-) (-) (-) (-)
N.B. : les variables POSICLE, R&DREL et DIFOBJ ne présentaient pas de différences de moyenne significatives entre sous-sections
Tableau B. Résumé des différences significatives par taille d'entreprise
GROUPE DE txme posi bcg tonrd des ctfrcl ctfr ctcl adapt dit dit co-
TAILLE cie temDs into obi ord
g1 Entreprises de 31 (+) (-) H (-)
à 53 salariés
g2 Entreprises de 54
à 94 salariés
g3 Entreprises de 95 (+) (+)
à 190 salariés
g4 Entreprises de + (+) (+) (+) (+) (+) (+) (+) (+) (+) (+)
. de 191 salariés /01 /01-02
N.R les différences de moyenne pour RBCE ne sont pas concordantes selon les tests
(Benferroni ne trouve pas de différence significative, Scheffé oppose gl / g3). La F statistique
est de 0,024: nous considérons donc qu'il n'y a pas de différence significative suffisante pour
placer la variable RBCE dans le tableau récapitulatif.
N.R il n'y a pas de différence significative pour les variables DEGTRANS, R&DREL, DIFF,
CONCFR, CTCLFR
GROUPE DE txme posi bcg tonrd deg- R&D des ctfrcl ctfr dit dit co-
TAILLE Dar CA cie trans rel temps info obi ord
g1 (-) (+) (-) (+) (-) (-) (-) (-)
/04 /a4
.
92 (-) (-)
g3 (+) (+)
N.R il n'y a pas de différence significative pour les variables RBCE, DIFF, CONCFR, CTCL,
CTCLFR,ADAPT
7
ANNEXE 3. Résultats des analyses en composantes principales
.8
TOUTES VARIABLES ACP N° 1 COMMENTEE DANS TEXTE
FACTOR ANALYSIS
Correlation Matrix:
DESTEMPS 1,00000
DEGTRANS -,02806 1,00000
DIFF ,18798 -,15694 1,00000
DIFINFO ,07913 -,03293 ,06037 1,00000
DIFOBJ ,06609 ,00379 ,03024 ,27399 1,00000
RDREL ,02751 -,07456 ,09752 ,05413 ,05680 1,00000
CONCFR ,08357 ,05550 ,00692 ,03840 ,09646 -,02280 1,00000
COORD ,08149 ,00040 ,05914 ,25433 ,25647 ,09237 ,07419
ADAPT ,07381 -,00924 ,10908 ,06163 ,03162 ,09759 ,06854
FONRD ,06598 -,13165 ,22499 ,06246 ,05847 ,09229 ,04502
COUTCL ,09962 -,04298 ,19463 ,03972 ,05521 ,04433 ,04307
COUTCLFR ,01180 -,00920 ,00752 ,03172 -,01356 ,03398 -,00976
COUTFR ,08815 -,02709 ,07956 ,11484 ,03089 ,03454 -,10203
COUTFRCL ,02087 -,01451 ,09544 ,07375 ,01519 ,06059 -,15977
FORMREL ,07698 ,00546 -,00458 ,15986 ,14495 ,14656 ,00596
COORD 1,00000
ADAPT ,11563 1,00000
FONRD ,08112 ,11814 1,00000
COUTCL ,09518 ,23006 ,10738 1,00000
COUTCLFR ,05121 ,25472 ,03329 ,19454 1,00000
COUT FR ,03633 ,01846 ,03252 ,07881 ,04017 1,00000
COUTFRCL ,03440 ,09840 ,07123 ,18390 ,11110 ,19331 1, 00000
FORMREL ,15606 ,06089 ,05225 ,06036 ,06953 ,03840 ,04909
FORMREL
FORMREL 1,00000
Initial Statistics:
PC extracted 5 factors.
Factor Matrix:
Pattern Matrix:
Factor 1 1,00000
Factor 2' ,11396 1,00000
Factor 3 ,06752 ,01943 1,00000
Factor 4 ,12415 ,13844 ,05933 1,00000
Factor 5 ,03662 ,03914 ,00771 ,03704 1,00000
DEUXIEME ACP
Correlation Matrix:
DESTEMPS 1,00000
DEGTRANS -,02218 1,00000
DIFF ,19156 -,15371 1,00000
DIFINFO ,07796 -,02946 ,06201 1,00000
DIFOBJ ,07044 ,00559 ,02622 ,27393 1,00000
RDREL ,03434 -,08309 ,10241 ,05111 ,05939 1,00000
CONCFR ,07926 ,05511 ,00347 ,03684 ,09255 -,02937 1,00000
COORD ,08891 ,00905 ,05882 ,25631 ,26670 ,09335 ,06620
ADAPT ,06948 -,00724 ,10209 ,05567 ,03330 ,09027 ,06138
FONRD ,07498 -,12800 ,22023 ,05980 ,05794 ,09550 ,03876
COUTCL ,10223 -,04619 ,19834 ,03402 ,05611 ,05204 ,02817
COUTCLFR ,01305 -,02068 ,00530 ,02719 -,00223 ,02736 -,01527
COUTFR ,07676 -,03122 ,08370 ,10895 ,04174 ,03320 -,10651
COUTFRCL ,02668 -,01321 ,09569 ,06440 ,01407 ,05244 -,16951
COORD 1, 00000
ADAPT ,11099 1,00000
FONRD ,07949 ,11878 1,00000
COUTCL ,09098 ,23751 ,10522 1,00000
COUTCLFR ,04869 ,25896 ,03545 ,20215 1,00000
COUTFR ,04172 ,02131 ,03181 ,07727 ,04393 1,00000
COUTFRCL ,02783 ,09532 ,07297 ,18264 ,11840 ,19648 1,00000 c
PC extracted 5 factors.
Factor Matrix:
Final Statistics:
Structure Matrix:
F ACT 0 R A N A LYS l S
-Factor 1 1,00000
Factor 2 ,10234 1,00000
Factor 3 -,06234 -,00646 1,00000
Factor 4 -,10009 -,05732 ,06113 1,00000
Factor 5 ,10585 ,09736 -,03016 -,06879 1,00000
ANNEXES II
MODELE THEORIQUE COMPLET CAS A n02
NUMBER OF Y - VARIABLES 4
NUMBER OF X - VARIABLES 13
TXME 1.000
RBCE .748 1.000
POSICLE .077 .094 1.000
BCG .097 .113 .197 1.000
FONRD .065 .008 .095 .106 1.000
DEGTRANS -.023 -.045 -.202 -.102 -.165 1.000
RDREL .046 .010 .019 .059 .114 -.071
DESTEMPS .078 .033 .021 .035 .058 -.019
DIFF .131 .119 .230 .120 .262 -.231
COUTFRCL .014 .061 .089 .121 .029 -.027
COUTFR .001 -.008 .018 .057 .101 .008
COUTCLFR .076 .050 .081 .046 .143 -.072
COUTCL -.003 -.018 -.030 .011 .071 -.021
ADAPT .076 .044 -.031 -.007 .160 -.023
DIFINFO .006 .001 .009 .095 .055 -.025
DIFOBJ -.025 -.026 .028 .012 .053 .016
COORD .074 .004 .013 .059 .103 .043
RDREL 1. 000
DES TEMPS -.015 1.000
.DIFF .104 .197 1.000
COUT FRC L .008 .065 .076 1.000
COUT FR .080 -.006 .103 .215 1.000
COUTCLFR .088 .097 .220 .074 .239 1.000
COUTCL .046 -.004 .009 .057 .167 .272
ADAPT .071 .070 .116 .021 .144 .288
DIFINFO .018 .081 .034 .126 .084 .058
DIFOBJ .063 .074 .016 .058 .013 .077
COORD .069 .095 .054 .040 .037 .124
COUTCL 1.000
ADAPT .295 1.000
DIFINFO .047 .066 1.000
DIFOBJ .022 .049 .372 1. 000
COORD .065 .126 .339 .346 1.000
LISREL ESTlMATES (WEIGHTED LEAST SQUARES)
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
"
TXME RBCE MARCHE
GAMMA
TXME 1. 000
RBCE .746 1.000
MARCHE .092 .109 .231
NTRANS .058 .023 .148 .211
NIMIT .139 .119 .186 .264 .690
NSUFR .007 .019 .078 .066 .110 .412
NSUCL .076 .039 .033 .143 .194 .230
CORDI .017 .007 .031 .053 .052 .054
NSUCL CORDI
NSUCL .517
CORDI .099 .356
PSI
TXME .929
RBCE .000 .411
MARCHE .000 .000 .105
THETA EPS
TXME RBCE POSIC;LE BCG
FONRD .789
DEGTRANS .000 .880
RDREL .000 .000 .955
DESTEMPS .000 .000 .000 .946
DIFF .000 .000 .000 .000 .310
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .000 .890
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .000
ADAPT .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .097
DI FOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUT FR .588
COUTCLFR .000 .483
COUTCL .000 .000 .883
ADAPT .000 .000 .146 .819
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .644
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .663
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COORD
COORD .646
COORD
.354
TXME 1.000
RBCE .746 1.000
POSICLE .092 .109 1. 000
BCG .077 .092 .195 1.000
FONRD .058 .023 .148 .125 1.000
DEGTRANS -.044 -.017 -.112 -.094 -.159 1.000
RDREL .027 .011 .069 .058 .098 -.074
DES TEMPS .039 .033 .052 .044 .074 -.056
DIFF .139 .119 .186 .157 .264 -.199
COUTFRCL .004 .010 .040 .034 .034 -.026
COUTFR .007 .019 .078 .065 .066 -.050
COUTCLFR .076 .039 .033 .028 .143 -.108
COUTCL .036 .018 .016 .013 .068 -.051
ADAPT .045 .023 .019 .016 .085 -.064
DIFINFO .017 .007 .031 .026 .053 -.040
DIFOBJ .017 .007 .030 .025 .051 -.039
COORD .017 .007 .031 .026 .053 -.040
RDREL 1.000
DES TEMPS .034 1.000
DIFF .122 .193 1.000
COUTFRCL .016 .016 .057 1.000
COUT FR .031 .031 .110 .213 1.000
COUTCLFR .066 .054 .194 .119 .230 1.000
COUTCL .032 .026 .092 .057 .110 .246
ADAPT .039 .032 .115 .070 .136 .306
DIFINFO .025 .015 .052 .125 .054 .099
DIFOBJ .024 .014 .051 .027 .052 .096
COORD .024 .015 .052 .028 .054 .099
COUTCL 1. 000
ADAPT .292 1.000
DIFINFO .047 .059 1. 000
DIFOBJ .046 .057 .346 1.000
COORD .047 .058 .355 .345 1.000
FITTED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .002 .000
POSICLE -.015 -.015 .000
BCG .020 .021 .002 .000
FONRD .007 -.015 -.054 -.018 .000
DEGTRANS .021 -.027 -.090 -.008 -.006 .000
RDREL .020 .000 -.049 .001 .016 .003
DES TEMPS .039 -.001 -.031 -.009 -.016 .036
DIFF -.009 .000 .043 -.037 -.001 -.032
COUTFRCL .011 .052 .049 .087 -.006 -.001
COUT FR -.006 -.027 -.060 -.008 .035 .058
COUTCLFR .000 .011 .048 .019 .000 .036
COUTCL -.039 -.037 -.046 -.003 .003 .031
ADAPT .031 .021 -.050 -.023 .076 .041
DIFINFO -.011 -.006 -.022 .069 .002 .015
DIFOBJ -.042 -.033 -.002 -.013 .001 .055
COORD .057 -.003 -.017 .033 .050 .083
FITTED RESIDUALS
RDREL .000
DES TEMPS -.049 .000
DIFF -.018 .004 .000
COUTFRCL -.008 .050 .019 .000
COUTFR .049 -.037 -.007 .003 .000
COUTCLFR .022 .043 .026 -.045 .009 .000
COUTCL .014 -.030 -.083 .000 .057 .026
ADAPT .032 .038 .002 -.049 .008 -.018
DIFINFO -.006 .066 -.018 .001 .030 - .041
DIFOBJ .039 .060 -.035 .031 -.039 -.019
COORD .045 .081 .002 .012 -.017 .025
FITTED RESIDUALS
COUTCL .000
ADAPT .003 .000
DIFINFO .000 .008 .000
DIFOBJ -.024 -.008 .025 .000
COORD .019 .068 -.015 .000 .000
STEMLEAF PLOT
- 910
- 813
- 71
- 610
5{40
- 419996521
- 319977753210
- 2177432
- 1198888776555531
- 01998888766666332111000000000000000000000000
Oj11122222333347889
11112456999
210011125566
31011123566899
411335899
510025778
610689
716
81137
STANDARDIZED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .129 .000
POSICLE -3.300 -1. 067 .000
BCG 1.150 1.278 .368 .000
FONRD .589 -.852 -2.595 -.877 .000
DEGTRANS .965 -1.417 -4.406 -.411 -.342 .000
RDREL .809 -.019 -2.157 .050 .773 .124
DESTEMPS 1. 673 -.029 -1.415 -.401 -.809 1. 493
DIFF -.846 -.059 2.732 -2.448 -.100 -1. 801
COUTFRCL .516 2.452 2.253 4.001 -.267 -.031
COUT FR -.541 -2.381 -3.342 -.432 2.064 2.521
COUTCLFR .007 .755 2.392 .892 -.016 1.574
COUTCL -1. 758 -1. 649 -1.991 -.114 .120 1.206
ADAPT 1.516 1.016 -2.215 -1.029 3.601 1.659
DIFINFO -.509 -.242 -.906 2.873 .103 .557
DIFOBJ -1.646 -1.449 -.095 -.551 .047 2.088
COORD 2.507 -.152 -.782 1.472 2.325 3.290
STANDARDIZED RESIDUALS
RDREL .000
DESTEMPS -2.123 .000
DIFF -1. 053 .405 .000
COUT FRC L -.334 2.001 .952 .000
COUT FR 2.127 -1. 519 -.540 .389 .000
COUTCLFR .958 1. 806 1.720 -2.726 .640 .000
COUTCL .596 -1.226 -3.899 .021 2.765 2.052
ADAPT 1. 354 1. 551 .078 -2.276 .394 -1.599
STANDARDIZED RESIDUALS
COUTCL .000
ADAPT .468 .000
DIFINFO .001 .310 .000
DIFOBJ -.950 -.335 2.137 .000
COORD .770 2.930 -1. 659 .031 .000
STEMLEAF PLOT
- 4 4
3 9
3 33
2 76
2 4432210
1 8888776665
1 44421100
o 9998888886555
o 44433332221111000000000000000000000000000
o 111111334444
o 555666688889
1 00002223344
1 55566677789
2 0111113334
2 55557899
3 23
3/6
410
3 • 5 ....••.............................................................•.•...•
x
x .
x x
xx
x x
x*x
N *x*
o xxx
R xxx
M **x
A **x*
L . xxxx
.x*x
Q xxxx
U xx
A x*x
N xx*
T x *
l x*.
L x* xx*.
E xxx
S xxx
x* x
xx
x x
x x
x
x
-3.5 ' .
-3.5 3.5
STANDARDIZED RESIDUALS
STANDARD ERRORS
LAMBDA Y
BETA
GAMMA
PHI
NTRANS .028
NIMIT .021 .142
NSUFR .017 .021 .078
NSUCL .017 .020 .021 .059
CORDI .011 .014 .014 .013 .038
PSI
TXME RBCE MARCHE
TXME .047
RBCE .000 .054
MARCHE .000 .000 .037
THETA EPS
TXME RBCE POSICLE BCG
THETA DELTA
FONRD DEGTRANS RDREL DES TEMPS DIFF COUTFRCL
FONRD .042
DEGTRANS .000 .036
RDREL .000 .000 .033
DES TEMPS .000 .000 .000 .033
DIFF .000 .000 .000 .000 .146
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .000 .037
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .000
ADAPT .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .027
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTFR .084
COUTCLFR .000 .067
COUTCL .000 .000 .036
ADAPT .000 .000 .028 .040
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .049
DI FOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .048
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COORD-
COORD .049
T-VALUES
LAMBDA y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
PHI
NTRANS 7.448
NIMIT 12.848 4.846
NSUFR 3.822 5.182 5.249
NSUCL 8.240 9.748 11.151 8.725
CORDI 5.000 3.681 3.857 7.418 9.269
PSI
TXME 19.742
RBCE .000 7.618
MARCHE .000 .000 2.849
THETA EPS
THETA DELTA
FONRD 18.779
DEGTRANS .000 24.526
RDREL .000 .000 29.146
DES TEMPS .000 .000 .000 28.725
DIFF .000 .000 .000 .000 2.129
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .000 23.772
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .000
ADAPT .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 3.595
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUT FR 6.977
COUTCLFR .000 7.215
COUTCL .000 .000 24.231
ADAPT .000 .000 5.240 20.632
DIFINFO .000 .000 .000 .000 13.058
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 13.894
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COORD
COORD 13.184
STANDARDIZED SOLUTION
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1.000
RBCE .746 1.000
MARCHE .191 .227 1.000
NTRANS .126 .050 .670 1. 000
NIMIT .168 .144 .466 .690 1.000
NSUFR .011 .029 .251 .225 .207 1.000
NSUCL .106 .054 .095 .433 .325 .499
CORDI .029 .012 .107 .193 .106 .141
NSUCL CORDI
NSUCL 1.000
CORDI .231 1.000
PSI
TXME .929
RBCE .000 .411
MARCHE .000 .000 .452
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .319 1.814 .000
TXME .000
RBCE .000 .000
FONRD .000
DEGTRANS .044 .000
RDREL .416 .029 .000
DES TEMPS .528 2.739 4.158 .000
DIFF .039 3.748 .941 1.112 .000
COUTFRCL .058 .000 .106 4.210 .829 .000
COUT FR 2.801 7.746 4.140 2.465 .394 .443
COUTCLFR .003 3.132 .800 3.405 3.139 6.570
COUTCL .007 1.758 .314 1.612 15.056 .000
ADAPT 10.203 3.208 1. 649 2.480 .000 5.110
DIFINFO .006 .384 .060 6.532 .695 .000
DI FOBJ .001 5.180 2.285 5.740 2.689 1. 645
COORD 4.065 12.661 3.139 11.130 .006 .256
COUT FR .000
COUTCLFR .304 .000
COUTCL 7.321 4.512 .000
ADAPT .100 5.353 .000 .000
DIFINFO 1.682 3.029 .000 .081 .000
DI FOBJ 3.191 .740 .969 .126 8.836 .000
COORD .712 1.235 .566 8.337 6.573 .232
COORD
COORD .000
FONRD .000
DEGTRANS -.007 .000
RDREL .020 .005 .000
DES TEMPS -.022 .044 -.053 .000
DIFF -.008 -.067 -.031 .507 .000
COUTFRCL -.007 .000 -.008 .050 .026 .000
COUT FR .059 .082 .055 -.041 -.031 .767
COUTCLFR -.002 .053 .025 .050 .074 -.090
COUTCL .002 .034 .014 -.032 -.109 .000
ADAPT .092 .047 .034 .040 .001 -.062
DIFINFO .002 .017 -.007 .067 -.026 .000
DIFOBJ .001 .061 .040 .061 -.050 .034
COORD .058 .093 .046 .082 .002 .013
COUTFR .000
COUTCLFR .025 .000
COUTCL .077 .103 .000
ADAPT .010 -.138 .000 .000
DIFINFO .040 -.054 .000 .008 .000
DIFOBJ -.054 -.026 -.026 -.010 .207 .000
COORD -.025 .033 .019 .075 -.187 -.034
COORD
COORD .000
NUMBER OF Y - VARIABLES 4
NUMBER OF X - VARIABLES 13
TXME 1. 000
RBCE .749 1.000
POSICLE .090 .109 1.000
BCGSEC .074 .089 .174 1.000
FONRD .063 .007 .088 .082 1.000
DEGTRANS - .014 -.046 -.194 -.087 -.168 1.000
RDREL .046 .009 .011 .040 .133 -.087
DES TEMPS .079 .035 .026 .012 .091 -.024
DIFF .131 .098 .224 .099 .268 - .195
COUTFRCL .018 .075 .080 .082 .049 -.045
COUTFR .007 -.015 .021 .040 .099 -.004
COUTCLFR .069 .032 .080 .038 .149 -.071
COUTCL -.010 -.026 -.042 .011 .054 -.023
ADAPT .078 .041 -.040 -.011 .154 -.014
DIFINFO .007 -.006 .001 .058 .076 -.034
DIFOBJ -.015 -.030 .040 .006 .076 -.004
COORD .070 .015 .015 .048 .085 .021
RDREL 1.000
DES TEMPS -.009 1.000
DIFF .102 .203 1.000
COUT FRC L .014 .089 .091 1. 000
COUTFR .063 .043 .110 .228 1.000
COUTCLFR .083 .114 .221 .092 .239 1.000
COUTCL .034 .010 -.006 .059 .162 .257
ADAPT .070 .085 .109 .034 .126 .292
DIFINFO .042 .098 .054 .142 .073 .057
DIFOBJ .069 .072 .030 .056 .022 .087
COORD .072 .099 .076 .049 .038 .106
COUTCL 1. 000
ADAPT .312 1.000
DIFINFO .035 .070 1.000
DIFOBJ .010 .048 .365 1.000
COORD .063 .123 .299 .317 1.000
LISREL ESTlMATES (WEIGHTED LEAST SQUARES)
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1. 000
RBCE .746 1. 000
MARCHE .095 .116 .259
NTRANS .057 .023 .145 .265
NIMIT .139 .096 .183 .255 .515
NSUFR .014 .022 .066 .079 .128 .381
NSUCL .073 .027 .029 .151 .199 .226
CORDI .018 .005 .027 .069 .077 .054
NSUCL .545
CORDI .097 .337
PSI·
TXME RBCE MARCHE
TXME .936
RBCE .000 .424
MARCHE .000 .000 .158
THETA EPS
TXME RBCE POSICLE BCGSEC
FONRD .735
DEGTRANS .000 .885
RDREL .000 .000 .946
DES TEMPS .000 .000 .000 .921
DIFF .000 .000 .000 .000 .485
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .000 .866
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .000
ADAPT .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .109
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTFR .619
COUTCLFR .000 .455
COUTCL .000 .000 .902
ADAPT .000 .000 .178 .826
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .663
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .657
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COORD
COORD .703
.297
TXME 1.000
RBCE .746 1. 000
POSICLE .095 .116 1.000
BCGSEC .063 .077 .170 1.000
FONRD .057 .023 .145 .096 1. 000
DEGTRANS -.037 -.015 -.096 -.063 -.175 1.000
RDREL .026 .010 .066 .043 .120 -.079
DESTEMPS .054 .037 .072 .047 .100 -.066
DIFF .139 .096 .183 .121 .255 -.168
COUTFRCL .008 .013 .039 .026 .047 -.031
COUT FR .014 .022 .066 .044 .079 -.052
COUTCLFR .073 .027 .029 .019 .151 -.100
COUTCL .031 .011 .012 .008 .064 -.042
ADAPT .041 .015 .016 .011 .085 -.056
DIFINFO .018 .005 .027 .017 .069 -.046
DIFOBJ .018 .005 .027 .018 .070 -.046
COORD .017 .005 .025 .016 .065 -.043
RDREL 1. 000
DESTEMPS .045 1. 000
DIFF .115 .201 1.000
COUTFRCL .021 .030 .076 1. 000
COUTFR .036 .050 .128 .226 1. 000
COUTCLFR .068 . .078 .199 .134 .226 1. 000
COUTCL .029 .033 .084 .057 .096 .231
ADAPT .039 .044 .112 .076 .128 .308
DIFINFO .031 .030 .077 .141 .054 .097
DIFOBJ .032 .030 .078 .032 .054 .098
COORD .029 .028 .072 .030 .050 .091
COUTCL 1.000
ADAPT .309 1. 000
DIFINFO .041 .055 1.000
DIFOBJ .042 .055 .340 1.000
COORD .039 .052 .317 .319 1. 000
FITTED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .002 .000
POSICLE -.005 -.007 .000
BCGSEC .011 .013 .003 .000
FONRD .006 -.016 -.058 -.013 .000
DEGTRANS .023 - .031 -.098 -.024 .006 .000
RDREL .021 -.001 -.054 -.003 .013 -.009
DESTEMPS .024 -.002 -.046 -.035 -.009 .042
DIFF -.008 .002 .041 -.021 -.013 -.027
COUTFRCL .010 .062 .040 .056 .002 -.014
COUT FR -.007 - .037 -.045 -.004 .020 .048
COUTCLFR -.004 .005 .052 .019 -.003 .029
COUTCL -.041 -.037 -.054 .003 -.010 .019
ADAPT .037 .026 -.056 -.022 .068 .042
DIFINFO -.011 -.011 -.026 .041 .007 .012
DIFOBJ -.033 -.035 .013 -.012 .006 .042
COORD .054 .011 -.010 .031 .020 .064
FITTED RESIDUALS
RDREL DES TEMPS DIFF COUTFRCL COUTFR COUTCLFR
RDREL .000
DESTEMPS -.054 .000
DIFF -.013 .002 .000
COUTFRCL -.007 .060 .015 .000
COUT FR .027 -.008 -.019 .002 .000
COUTCLFR .015 .036 .022 -.043 .013 .000
COUTCL .006 -.022 -.090 .002 .067 .026
ADAPT .031 .041 -.003 -.042 -.001 -.016
DIFINFO .011 .068 -.023 .001 .019 -.041
DIFOBJ .037 .042 -.048 .024 -.032 -.012
COORD .043 .071 .004 .020 -.013 .014
FITTED RESIDUALS
COUTCL .000
ADAPT .003 .000
DIFINFO -.006 .015 .000
DIFOBJ -.031 -.007 .025 .000
COORD .024 .071 -.018 -.002 .000
STANDARDIZED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .156 .000
POSICLE -1. 395 -.736 .000
BCGSEC .723 .835 .593 .000
FONRD .643 -1.072 -3.553 -.737 .000
DEGTRANS 1.217 -1.809 -5.705 -1. 380 .825 .000
RDREL .997 -.070 -2.841 -.173 .895 -.413
DESTEMPS 1. 265 - .114 -2.507 -1. 862 -.540 2.003
DIFF -.819 .370 3.437 -1.605 1. 443 -1.733
COUTFRCL .601 3.536 2.224 2.932 .127 -.648
COUT FR -.625 -3.438 -3.065 -.223 1. 441 2.361
COUTCLFR -.358 .414 3.241 1. 019 -.206 1.437
COUTCL -2.097 -1. 912 -2.745 .130 -.556 .872
ADAPT 2.075 1. 424 -2.933 -1.123 3.864 1. 995
DIFINFO -.595 -.546 -1. 313 1. 975 .357 .501
DIFOBJ -1. 541 -1.724 .668 -.576 .342 1. 891
COORD 2.742 .560 -.526 1.600 1.148 2.960
RDREL .000
DESTEMPS -2.746 .000
DIFF -.847 .304 .000
COUTFRCL -.336 2.882 .895 .000
COUT FR 1.362 -.382 -1. 588 .320 .000
COUTCLFR .765 1.825 1.789 -3.103 1. 068 .000
COUTCL .271 -1.072 -4.891 .111 3.675 2.466
ADAPT 1. 543 1. 985 -.197 -2.290 -.076 -1. 617
DIFINFO .513 3.088 -1. 251 .262 1. 040 -2.106
DIFOBJ 1. 781 1.954 -2.702 1.166 -1.771 -.620
COORD 2.110 3.402 .238 .994 -.714 .774
COUTCL .000
ADAPT .548 .000
DIFINFO -.281 .704 .000
DIFOBJ -1. 461 -.346 2.359 .000
COORD 1.165 3.604 -2.123 -.261 .000
STEMLEAF PLOT
- 5 7
5
4 9
4
3 6
3 411
2 987775
2 3111
1 99887766655
1 4433111
o 88777666666555
o 4443333222211100000000000000000
o 1112233333444
o 55566667778888999
1 000011222344444
1 568889
2 0000011244
2 5799
3 01244
3 5679
3.5 .
X
X
XX
X X.
X X
X X *
N * x*
o x
R x* **
M *xxx
A **x
L *xx
X*x
Q XXX X
U * **
A xx*
N *XX
T *x.
l x X *x
L xx*x
E xxx
S x* *
* X X
XX
XX
.X X
X
X
-3.5 , .
-3.5 3.5
STANDARDIZED RESIDUALS
STANDARD ÈRRORS
LAMBDA y
TXME RBCE MARCHE
BETA
GAMMA
PHI
NTRANS .035
NlMIT .018 .076
PSI
TXME RBCE MARCHE
TXME .034
RBCE .000 .037
MARCHE .000 .000 .040
THETA EPS
TXME RBCE POSICLE BCGSEC
THETA DELTA
FONRD DEGTRANS RDREL DES TEMPS DIFF COUTFRCL
FONRD .044
DEGTRANS .000 .031
RDREL .000 .000 .028
DESTEMPS .000 .000 .000 .029
DlFF .000 .000 .000 .000 .080
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .000 .033
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .000
ADAPT .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .023
DI FOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTFR .063
COUTCLFR .000 .061
COUTCL .000 .000 .030
ADAPT .000 .000 .023 .034
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .042
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .042
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COORD
COORD .039
T-VALUES
LAMBDA y
TXME RBCE MARCHE
LAMBDA X
NTRANS NIMIT NSUFR NSUCL CORDI
BETA
GAMMA
PHI
NT RANS 7.519
NIMIT 14.196 6.772
NSUFR 5.154 7.363 6.654
NSUCL 9.579 11.623 12.817 9.874
CORDI 6.488 6.358 4.502 8.253 10.238
PSI
TXME RBCE MARCHE
TXME 27.580
RBCE .000 11. 440
MARCHE .000 .000 3.946
THETA EPS
TXME RBCE POSICLE BCGSEC
THETA DELTA
FONRD DEGTRANS RDREL DES TEMPS DIFF COUTFRCL
FONRD 16.664
DEGTRANS .000 28.351
RDREL .000 .000 33.218
DES TEMPS .000 .000 .000 31.914
DIFF .000 .000 .000 .000 6.035
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .000 26.070
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .000
ADAPT .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 4.714
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUT FR COUTCLFR COUTCL ADAPT DIFINFO DIFOBJ
COUTFR 9.809
COUTCLFR .000 7.437
COUTCL .000 .000 29.814
ADAPT .000 .000 7.689 24.666
DIFINFO .000 .000 .000 .000 15.686
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 15.464
COORD .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COORD
COORD 17.853
STANDARDIZED SOLUTION
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1.000
RBCE .746 1.000
MARCHE .188 .229 1.000
NTRANS .110 .045 .555 1.000
NIMIT .194 .133 .502 .690 1. 000
NSUFR .022 .035 .211 .249 .290 1.000
NSUCL .099 .036 .077 .398 .375 .497
CORDI .030 .008 .090 .232 .185 .149
NSUCL CORDI
NSUCL 1. 000
CORDI .227 1.000
PSI
TXME .936
RBCE .000 .424
MARCHE .000 .000 .610
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .196 1.333 .000
TXME .000
RBCE .000 .000
FONRD .000
DEGTRANS .395 .000
RDREL .487 .168 .000
DES TEMPS .255 4.943 7.018 .000
DIFF .950 3.253 .671 .164 .000
COUTFRCL .009 .472 .109 8.769 .700 .000
COUT FR 1.270 6.846 1.691 .176 2.795 .048
COUTCLFR .044 2.643 .506 3.444 3.257 8.498
COUTCL .254 .943 .061 1.245 23.492 .006
ADAPT 11.333 4.671 2.160 4.037 .068 5.214
DIFINFO .085 .322 .235 10.139 1. 559 .000
DIFOBJ .076 4.326 2.929 3.962 7.133 1. 320
COORD .923 10.461 4.087 12.145 .036 .932
COUT FR .000
COUTCLFR 1.042 .000
COUTCL 13.043 6.331 .000
ADAPT .020 6.536 .000 .000
DIFINFO .938 4.320 .092 .456 .000
DI FOBJ 2.955 .413 2.262 .134 10.911 .000
COORD .506 .515 1.348 12.733 6.745 .492
COORD
COORD .000
FONRD .000
DEGTRANS .025 .000
RDREL .021 -.010 .000
DES TEMPS -.013 .050 -.059 .000
DIFF .038 -.052 -.022 -.500 .000
COUTFRCL .002 -.015 -.007 .063 .021 .000
COUT FR .035 .064 .030 -.010 -.062 .303
COUTCLFR -.007 .041 .017 .044 .065 -.089
COUTCL - .012 .021 .005 -.024 -.114 .002
ADAPT .084 .048 .033 .044 -.007 -.054
DIFINFO .008 .013 .011 .072 -.033 .000
DIFOBJ .007 .048 .039 .044 -.070 .027
COORD .024 .072 .045 .074 .005 .021
COUTFR .000
COUTCLFR .039 .000
COUTCL .086 .105 .000
ADAPT -.004 -.141 .000 .000
DIFINFO .026 -.055 -.007 .016 .000
DIFOBJ -.045 -.017 -.034 -.008 .188 .000
COORD -.018 .018 .025 .079 -.137 -.038
COORD
COORD .000
NUMBER OF Y - VARIABLES 4
NUMBER OF X - VARIABLES 10
TXME 1. 000
RBCE .748 1.000
POSICLE .077 .094 1.000
BCG .097 .113 .197 1.000
FONRD .065 .008 .095 .106 1.000
DEGTRANS -.023 -.045 -.202 -.102 -.165 1.000
DES TEMPS .078 .033 .021 .035 .058 -.019
OIFF .131 .119 .230 .120 .262 -.231
COUT FRCL .014 .061 .089 .121 .029 -.027
COUT FR .001 -.008 .018 .057 .101 .008
COUTCLFR .076 .050 .081 .046 .143 -.072
COUTCL -.003 -.018 -.030 .011 .071 -.021
DIFINFO .006 .001 .009 .095 .055 -.025
DIFOBJ -.025 -.026 .028 .012 .053 .016
DIFINFO OIFOBJ
DIFINFO 1. 000
DI FOBJ .372 1.000
LISREL ESTlMATES (WEIGHTED LEAST SQUARES)
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1. 000
RBCE .747 1.000
MARCHE .093 .113 .240
NTRANS .045 .026 .146 .188
NIMIT .140 .119 .197 .245 .717
NSUFR .011 .035 .096 .041 .101 .311
NSUCL CORDI
NSUCL 1. 008
CORDI .084 .694
PSI
TXME .929
RBCE .000 .421
MARCHE .000 .000 .099
THETA EPS
FONRD .812
DEGTRANS .000 .840
DES TEMPS .000 .000 .947
DIFF .000 .000 .000 .283
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .689
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 .853
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 -.259 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .108
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .937
DIFINFO .000 .000 .306
DIFOBJ .000 .000 .000 .803
TXME 1. 000
RBCE .747 1.000
POSICLE .093 .113 1.000
BCG .076 .091 .194 1. 000
FONRD .045 .026 .146 .118 1.000
DEGTRANS -.042 -.024 -.134 -.109 -.173 1.000
DES TEMPS .038 .032 .054 .043 .067 -.061
DIFF .140 .119 .197 .160 .245 -.226
COUTFRCL .011 .035 .096 .078 .041 -.038
COUT FR .007 .024 .066 .054 .029 -.026
COUTCLFR .070 .043 .062 .051 .114 -.106
COUTCL .018 .011 .016 .013 .029 -.026
DIFINFO -.007 -.002 .046 .037 .042 -.039
DIFOBJ -.004 -.001 .025 .020 .023 -.021
DESTEMPS 1.000
DIFF .195 1.000
COUTFRCL .028 .101 1.000
COUT FR .019 .070 .214 1. 000
COUTCLFR .059 .217 .074 .229 1. 008
COUTCL .015 .054 .083 .166 .253 1. 000
DIFINFO .015 .054 .117 .080 .084 .021
DI FOBJ .008 .029 .062 .043 .045 .011
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO 1.000
DIFOBJ .370 1.000
TXME .000
RBCE .001 .000
POSICLE -.016 -.018 .000
BCG .021 .022 .003 .000
FONRD .020 -.018 -.051 -.012 .000
DEGTRANS .019 -.021 -.067 .007 .008 .000
DESTEMPS .040 .000 -.033 -.008 -.009 .042
DIFF -.010 .000 .033 -.040 .018 -.005
COUTFRCL .003 .026 -.007 .043 -.013 .012
DESTEMPS .000
DIFF .002 .000
COUT FRC L .038 -.025 .000
COUT FR -.025 .034 .002 .000
COUTCLFR .038 .003 .000 .010 -.008
COUTCL -.019 -.045 -.026 .001 .019 .000
DIFINFO .066 -.020 .009 .004 -.025 .026
DIFOBJ .066 -.012 -.004 -.030 .033 .011
FITTED RESIDUALS
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .002 .000
STEMLEAF PLOT
- 6 7
- 5 1
- 4 8650
- 3 7320
- 2 9655551110
- 1 98863220
- 0 98877654420000000000000000
0 112223333334667789
1 0123448899
2 012668
3 033445788
4 0223
5 8
6 66
7 3
STANDARDIZED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .066 .000
POSICLE -3.622 -1. 320 .000
BCG 1. 218 1.286 .390 .000
FONRD 1. 527 -.983 -2.464 -.550 .000
DEGTRANS .961 -1. 216 -3.541 .366 .617 .000
DESTEMPS 1.654 .019 -1. 500 -.384 -.443 1. 781
DIFF -1.224 .020 2.069 -2.618 1.607 -.312
COUTFRCL .246 1.812 -.400 2.260 -.718 .517
COUT FR -.311 -1.574 -2.327 .150 3.363 1. 395
COUTCLFR .658 1.219 1.097 -.230 1. 893 1.687
COUTCL -.877 -1. 245 -1. 942 -.092 1. 812 .215
DIFINFO .736 .147 -1. 802 2.632 .660 .601
DIFOBJ -.836 -1. 084 .139 -.322 1.318 1.428
QPLOT OF STANDARDIZED RESIDUALS
3.5 " .......................•.•..............
x.
x
x
x
x x
x*
N X
o *
R xx*
M x**
A **x
L . *x
xx*xx
Q .*x
U .x*
A * xx
N x*
T xxx*
l *x*.
L xx .
E x*x
S x xx
* x
x x
x
x
x
.
-3.5 .
-3.5 3.5
STANDARDIZED RESIDUALS
LAMBDA y
TXME RBCE MARCHE
TXME .000 .000 .000
RBCE .000 .000 .000
POSICLE .000 .000 .000
BCG .000 .000 .088
LAMBDA X
NTRANS NIMIT NSUFR NSUCL COROI
FONRD .000 .000 .000 .000 .000
DEGTRANS .096 .000 .000 .000 .000
DES TEMPS .000 .048 .000 .000 .000
DIFF .000 .000 .000 .000 .000
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .000
COUT FR .000 .000 .117 .000 .000
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .023 .000
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .150
BETA
GAMMA
PHI
NTRANS .028
NIMIT .021 .154
NSUFR .015 .020 .063
NSUCL .019 .023 .060 .031
CORDI .016 .022 .021 .023 .201
PSI
TXME .047
RBCE .000 .047
MARCHE .000 .000 .037
THETA EPS
THETA DELTA
FONRD .042
DEGTRANS .000 .039
DES TEMPS .000 .000 .033
DIFF .000 .000 .000 .157
COUT FRC L .000 .000 .000 .000 .070
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 .043
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .065 .000
COUTCL .000 .000 ,000 .000 .000 .025
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .033
DIFINFO .000 .000 .203
DIFOBJ .000 .000 .000 .065
THETA DELTA
FONRD 19.291
DEGTRANS .000 21. 346
DES TEMPS .000 .000 28.696
DIFF .000 .000 .000 1.801
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 9.784
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 19.846
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 -3.967 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 4.265
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 28.442
DIFINFO .000 .000 1.503
DI FOBJ .000 .000 .000 12.348
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1.000
RBCE .747 1.000
MARCHE .190 .230 1.000
NTRANS .105 .060 .686 1.000
NIMIT .166 .141 .476 .667 1.000
NSUFR .019 .063 .353 .171 .214 1.000
NSUCL .070 .043 .127 .263 .255 .595
CORDI -.009 -.002 .113 .118 .076 .251
NSUCL CORDI
NSUCL 1.000
CORDI .100 1.000
PSI
TXME .929
RBCE .000 .421
MARCHE .000 .000 .415
STANDARDIZED RESIDUALS
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .180 .000
STEMLEAF PLOT
- 3 65
3
2 65
2 30
1 998865
1 4433222100
o 988765
o 44433332210000000000000000
o 11122222223444
o 5666777
1 00112233444
1 5666777788899
2 13
2 667
3 4
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .091 .310 .000
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE ~.055 -.106 .000
FONRD .000
DEGTRANS .282 .000
DES TEMPS .161 3.907 .000
DIFF 1. 441 .086 .168 .000
COUTFRCL .356 .347 2.656 3.290 .000
COUT FR 8.762 2.309 1.075 3.024 .021 .000
COUTCLFR 2.225 3.807 2.905 .029 .000 1. 481
COUTCL 2.612 .057 .633 3.752 2.031 .000
DIFINFO .292 .466 6.823 1.998 .348 .024
DIFOBJ 1. 337 2.445 7.084 .334 .045 1. 715
MODIFICATION INDICES FOR THETA DELTA
cOUTCLFR 4.559
COUTCL 4.890 .000
DIFINFO 3.674 1.030 .000
DIFOBJ 2.363 .180 .000 .000
FONRD .000
DEGTRANS .020 .000
DESTEMPS -.012 .054 .000
DIFF .053 -.012 .368 .000
COUT FRC L -.019 .017 .041 -.077 .000
COUT FR .087 .041 -.026 .055 .020 .000
COUTCLFR .058 .070 .048 .012 .000 .099
COUTCL .044 .006 -.020 -.050 -.045 .000
DIFINFO .019 .022 .070 -.069 .026 .005
DI FOBJ .034 .042 .068 -.017 -.007 -.039
COUTCLFR -.565
COUTCL .148 .000
DIFINFO -.104 .027 .000
DIFOBJ .050 .011 .000 .000
NUMBER OF Y - VARIABLES 4
NUMBER OF X - VARIABLES 10
TXME 1.000
RBCE .749 1. 000
POSICLE .090 .109 1.000
BCGSEC .074 .089 .174 1.000
FONRD .063 .007 .088 .082 1.000
DEGTRANS -.014 -.046 -.194 -.087 - .168 1.000
DES TEMPS .079 .035 .026 .012 .091 -.024
DIFF .131 .098 .224 .099 .268 -.195
COUTFRCL .018 .075 .080 .082 .049 -.045
COUT FR .007 -.015 .021 .040 .099 -.004
COUTCLFR .069 .032 .080 .038 .149 -.071
COUTCL -.010 -.026 -.042 .011 .054 -.023
DIFINFO .007 -.006 .001 .058 .076 -.034
DIFOBJ -.015 -.030 .040 .006 .076 -.004
DIFINFO .DIFOBJ
DIFINFO 1.000
DIFOBJ .365 1.000
LISREL ESTIMATES (WEIGHTED LEAST SQUARES)
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1.000
RBCE .748 1.000
MARCHE .096 .119 .272
NTRANS .045 .025 .153 .195
NIMIT .138 .096 .183 .247 .473
NSUFR .018 .041 .080 .060 .124 .331
NSUCL CORDI
NSUCL 1.008
CORDI .083 .583
PSI
TXME RBCE MARCHE
TXME .912
RBCE .000 .419
MARCHE .000 .000 .139
THETA EPS
TXME RBCE POSICLE BCGSEC
FONRD .805
DEGTRANS .000 .860
DES TEMPS .000 .066 .914
DIFF .000 .000 .000 .527
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .669
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 .843
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 -.245 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .108
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .945
DIFINFO .000 .000 .417
DIFOBJ .000 .000 .000 .773
TXME 1.000
RBCE .748 1.000
POSICLE .096 .119 1.000
BCGSEC .060 .075 .171 1.000
FONRD .045 .025 .153 .096 1.000
DEGTRANS -.038 -.021 -.130 -.081 -.165 1.000
DES TEMPS .059 .041 .078 .049 .106 -.024
DIFF .138 .096 .183 .115 .247 -.209
COUTFRCL .018 .041 .080 .050 .060 -.051
COUT FR .013 .028 .055 .035 .041 -.035
COUTCLFR .062 .025 .064 .040 .122 -.103
COUTCL .015 .006 .015 .009 .028 -.024
DIFINFO -.010 -.009 .031 .020 .064 -.054
DIFOBJ -.006 -.006 .020 .012 .040 -.034
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO 1.000
DI FOBJ .364 1.000
FITTED RESIDUALS
FITTED RESIDUALS
DIFINFO DI FOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .001 .000
STEMLEAF PLOT
- 6154
- 51762
- 4 4
- 3 74311
- 2 8765441
- 1 986654110
- o 987666666322000000000000000000
o 1111112235666778
1 24446668
2 00012244577
3 011235668
4 0
5 18
6 3
STANDARDIZED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .072 .000
POSICLE -1. 534 -1.042 .000
BCGSEC .866 .920 .399 .000
FONRD 1. 622 -1.122 -4.039 -.748 .000
DEGTRANS 1. 361 -1. 629 -4.141 -.345 -1. 916 .000
DESTEMPS .998 -.321 -2.967 -1. 988 -.958 -.017
DIFF -.771 .263 3.351 -1.135 2.386 1.105
COUTFRCL -.017 2.784 -.022 1.795 -.746 .303
COUT FR -.323 -2.512 -1. 888 .270 3.238 1.460
COUTCLFR .922 1.523 1.309 -.136 2.304 1. 834
COUTCL -1.195 -1. 567 -2.816 .061 1.289 .046
DIFINFO 1.101 .170 -1. 907 1.982 .753 .960
DIFOBJ -.452 -1.243 1.042 -.310 1. 981 1.370
STANDARDIZED RESIDUALS
STANDARDIZED RESIDUALS
DIFINFO DI FOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .170 .000
STEMLEAF PLOT
- 4110
31
310
218885
21300
11999665
114222211000
0187755
0144333311000000000000000000
0111112233334
015778999
1100011123344
115556889
210000344
2158
31124
3.5 .
x .
x
x
x
xx
x *
N x
o X xxx
R xx
M xx*x
A x**
L * X
X** X
Q **x
U x*
A *.xx
N *x
T XX* X
l x**
L x X
E X X
S x*
X X X
X X
X
X
X
-3.5 .
-3.5 3.5
STANDARDlZED RESlDUALS
STANDARD ERRORS
LAMBDA y
TXME RBCE MARCHE
LAMBDA X
NTRANS NlMlT NSUFR NSUCL CORDl
GAMMA
PHI
NTRANS .029
NIMIT .018 .071
NSUFR .014 .017 .056
NSUCL .017 .019 .052 .026
CORDI .014 .017 .017 .019 .122
PSI
TXME .052
RBCE .000 .039
MARCHE .000 .000 .044
THETA EPS
THETA DELTA
FONRD .039
DEGTRANS .000 .034
DES TEMPS .000 .024 .030
OIFF .000 .000 .000 .076
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .062
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 .037
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .056 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 .022
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .028
DIFINFO .000 .000 .125
DIFOBJ .000 .000 .000 .054
MODELE THEORIQUE REDUIT CAS A nOS
T-VALUES
LAMBDA y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
PHI
NTRANS 6.692
NIMIT 13.712 6.643
NSUFR 4.297 7.360 5.930
NSUCL 7.040 11. 316 6.447 38.400
CORDI 4.484 4.773 6.567 4.289 4.788
PSI
TXME 17.607
RBCE .000 10.746
MARCHE .000 .000 3.172
THETA EPS
FONRD 20.452
DEGTRANS .000 25.308
DESTEMPS .000 2.742 30.967
DIFF .000 .000 .000 6.944
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 10.830
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 22.590
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 -4.352 .000
COUTCL .000 .000 .000 .000 .000 4.962
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .000 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 33.890
DIFINFO .000 .000 3.342
DI FOBJ .000 .000 .000 14 .264
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1. 000
RBCE .748 1.000
MARCHE .184 .228 1.000
NTRANS .102 .056 .663 1.000
NIMIT .200 .140 .510 .813 1.000
NSUCL CORDI
NSUCL 1. 000
CORDI .108 1. 000
PSI
TXME RBCE MARCHE
TXME .912
RBCE .000 .419
MARCHE .000 .000 .512
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .007 .630 .000
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .012 -.097 .000
FONRD .000
DEGTRANS .073 .000
DESTEMPS .687 .000 .000 .
DIFF 3.026 1.990 .000 .000
COUT FRC L .375 .126 3.754 7.441 .000
COUTFR 7.836 2.574 .087 2.260 .205 .000
COUTCLFR 2.958 4.499 1. 444 .399 .000 1. 590
COUTCL 1. 285 .003 .288 7.862 1.422 .000
DIFINFO .367 1.184 9.596 3.989 4.125 .129
DIFOBJ 2.900 2.292 5.901 1.462 .965 1. 961
MODIFICATION INDICES FOR THETA DELTA
COUTCLFR 8.119
COUTCL 7.986 .000
DIFINFO 4.742 .505 .000
DIFOBJ 3.840 .009 .000 .000
FONRD .000
DEGTRANS -.014 .000
DES TEMPS -.023 .000 .000
DIFF .068 .052 .000 .000
COUT FRC L -.018 .009 .044 -.096 .000
COUTFR .072 .037 .007 .042 -.115 .000
COUTCLFR .060 .063 .031 .032 .000 .096
COUTCL .026 .001 -.011 -.061 -.031 .000
DIFINFO .018 .029 .073 -.070 .073 -.010
DI FOBJ .045 .036 .054 -.032 -.028 -.036
COUTCLFR -.680
COUTCL .158 .000
DIFINFO -.093 .016 .000
DIFOBJ .056 -.002 .000 .000
NUMBER OF Y - VARIABLES 4
NUMBER OF X - VARIABLES 10
TXME 1.000
RBCE .739 1. 000
POSICLE .046 .051 1.000
BCG .046 .071 .205 1. 000
FONRD .053 -.028 .046 .076 1.000
DEGTRANS .030 .036 -.052 -.082 -.188 1.000
DESTEMPS .047 .011 .055 .111 .075 -.064
DIFF .107 .032 .173 .107 .227 -.145
COUTFRCL -.018 -.010 .037 .053 .016 -.047
COUT FR -.029 -.023 -.079 -.026 .074 -.046
COUTCLFR .093 .024 .112 .058 .108 -.055
COUTCL .,...030 -.052 -.024 -.057 .070 -.046
DIFINFO .015 -.041 -.034 .030 .060 -.021
DIFOBJ .007 -.051 .039 -.032 .125 -.013
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO 1.000
DIFOBJ .337 1.000
LISREL ESTlMATES (WEIGHTED LEAST SQUARES)
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1.000
RBCE .738 1.000
MARCHE .046 .064 .224
NTRANS .022 -.041 .101 .170
NIMIT .101 .029 .134 .222 .459
NSUFR -.019 -.014 -.006 .050 .076 .149
NSUCL .081 .008 .077 .103 .250 .074
CORDI .001 -.044 .000 .075 .098 .044
NSUCL 1.001
CORDI .125 .385
PSI
TXME .956
RBCE .000 .394
MARCHE .000 .000 .148
THETA EPS
TXME RBCE POSlCLE BCG
FONRD .830
DEGTRANS .000 .920
DESTEMPS .000 .000 .865
DIFF .000 .000 .000 .541
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .851
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 .709
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 -.091 .000 .137
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .093 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .935
DIFINFO .000 .000 .615
DIFOBJ .000 .000 .000 .708
TXME 1.000
RBCE .738 1.000
POSICLE .046 .064 1.000
BCG .041 .058 .202 1.000
FONRD .022 - .041 .101 .091 1. 000
DEGTRANS -.015 .028 -.069 -.063 -.117 1.000
DESTEMPS .055 .016 .073 .066 .121 -.083
DIFF .101 .029 .134 .121 .222 -.153
COUTFRCL -.019 -.014 -.006 -.006 .050 -.034
COUT FR -.027 -.020 -.009 -.008 .070 -.048
COUTCLFR .081 .008 .077 .069 .103 -.071
COUTCL .021 .002 .020 .018 .026 -.018
DIFINFO .001 -.044 .000 .000 .075 -.051
DIFOBJ .001 -.038 .000 .000 .065 -.045
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO 1.000
DIFOBJ .335 1.000
FITTED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .001 .000
POSICLE .000 -.013 .000
BCG .005 .013 .002 .000
FONRD .030 .014 -.055 -.016 .000
DEGTRANS .045 .008 .017 -.020 -.072 .000
DES TEMPS -.008 -.005 -.017 .045 -.045 .018
DIFF .006 .003 .038 -.015 .005 .007
COUTFRCL .001 .004 .043 .059 -.034 -.013
FITTED RESIDUALS
DIFINFO DI FOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .002 .000
STEMLEAF PLOT
- 71420
- 61
- 519540
- 41953
- 3174432
- 218860
- 11876543332
- 018553210000000000000000
0111111122233445556667899
11022344566788
212235
31001158
41034557
519
6101
710
STANDARDIZED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .057 .000
POSICLE .016 -.656 .000
BCG .226 .598 .228 .000
FONRD 1.965 .529 -1. 806 -.522 .000
DEGTRANS 1.365 .301 .628 -.728 -3.478 .000
DES TEMPS -.235 -.194 -.615 1.624 -2.003 .531
DIFF .373 .187 1.725 -.710 .640 .266
COUTFRCL .049 .156 1.525 2.076 -1.476 -.367
COUTFR -.141 -.144 -2.383 -.608 .192 .063
COUTCLFR .904 2.357 1.563 -.508 .453 .472
COUTCL -1.408 -1.767 -1. 383 -2.428 1. 464 -.755
DIFINFO .525 .105 -1.141 1. 005 -.550 .792
DIFOBJ .180 -.478 1.365 -1.104 2.324 .852
STANDARDIZED RESIDUALS
STANDARDIZED RESIDUALS
DIFINF() DIFOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .290 .000
STEMLEAF PLOT
- 315
31
215
21440
1188765
114441110
018777665555
01422211000000000000000000
0111111112222223333344
0155555566666778899
1100444
11556679
21011234
3.5 .
x
. x
x
xx
.xx x
N *x
o x x
R *xx
M x*
A x*
L x**
**
Q .x*
U .x*
A *
N x**
T xxx*
l .x*
L x. x
E X x.
S *x
x*
x X
X
x
x
.
-3.5 .
-3.5 3.5
STANDARDIZED RESIDUALS
STANDARD ERRORS
LAMBDA y
TXME RBCE MARCHE
LAMBDA X
NTRANS NIMIT NSUFR NSUCL CORDI
GAMMA
PHI
NTRANS .043
NIMIT .030 .089
NSUFR .021 .022 .052
NSUCL .030 .029 .024 .041
CORDI .022 .025 .022 .029 .106
PSI
TXME .054
RBCE .000 .084
MARCHE .000 .000 .052
THETA EPS
THETA DELTA
FONRD .059
DEGTRANS .000 .047
DES TEMPS .000 .000 .049
DIFF .000 .000 .000 .098
COUT FRC L .000 .000 .000 .000 .066
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 .109
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .034 .000 .036
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .041 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .044
DIFINFO .000 .000 .113
DIFOBJ .000 .000 .000 .090
MODELE THEORIQUE CAS B n06
T-VALUES
LAMBDA y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
PHI
NTRANS 3.982
NIMIT 7.427 5.165
NSUFR 2.411 3.373 2.889
NSUCL 3.398 8.658 3.035 24.525
CORDI 3.423 3.983 2.009 4.253 3.649
PSI
TXME 17.619
RBCE .000 4.710
MARCHE .000 .000 2.877
THETA EPS
FONRD 14.037
DEGTRANS .000 19.660
DES TEMPS .000 .000 17.780
DIFF .000 .000 .000 5.526
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 12.921
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 6.526
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 -2.703 .000 3.805
DIFINFO .000 .000 .000 .000 2.291 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 21.311
DIFINFO .000 .000 5.431
DIFOBJ .000 .000 .000 7.885
LAMBDA Y
LAMBDA X
BE TA
GAMMA
TXME 1.000
RBCE .738 1. 000
MARCHE .096 .135 1.000
NTRANS .054 -.100 .519 1.000
NIMIT .149 .044 .418 .797 1. 000
NSUCL CORDI
NSUCL 1.000
CORDI .202 1.000
PSI
TXME .956
RBCE .000 .394
MARCHE .000 .000 .663
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .131 .114 .000
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .046 -.057 .000
FONRD .000
DEGTRANS 6.108 .000
DES TEMPS 2.078 .461 .000
DIFF .046 .156 .040 .000
.COUTFRCL 1.161 .199 4.429 .394 .000
COUT FR .016 .007 .072 2.749 1.960 .000
COUTCLFR .041 .393 1.129 .577 2.134 1.285
COUTCL 1. 388 .797 .314 .000 .467 .000
DIFINFO .171 .961 4.910 5.879 .000 .000
DIFOBJ 3.125 1.075 .559 .248 .041 .094
COUTCLFR .138
COUTCL .246 .000
DIFINFO 1. 492 1. 904 .000
DIFOBJ 1. 787 2.244 2.981 .000
ESTIMATED CHANGE FOR THETA DELTA
FONRD .000
DEGTRANS -.117 .000
DESTEMPS -.066 .025 .000
DIFF .014 .019 -.121 .000
COUTFRCL -.049 -.016 .073 .028 .000
COUT FR .007 .004 .011 -.093 -4.015 .000
COUTCLFR .013 .027 -.047 .061 -.071 .078
COUTCL .046 -.029 .018 .000 .022 .000
DIFINFO -.020 .038 .084 -.120 .000 .001
DIFOBJ .080 .038 .027 .022 -.008 .014
COUTCLFR -.177
COUTCL .061 .000
DIFINFO .077 .049 .000
DIFOBJ -.074 -.051 18.859 .000
NUMBER OF Y - VARIABLES 4
NUMBER OF X - VARIABLES 10
TXME 1.000
RBCE .739 1.000
POSICLE .046 .051 1.000
BCG .046 .071 .205 1.000
FONRD .053 -.028 .046 .076 1.000
DEGTRANS .030 .036 -.052 -.082 -.188 1.000
DES TEMPS .047 .011 .055 .111 .075 -.064
DIFF .107 .032 .173 .107 .227 -.145
COUTFRCL -.018 -.010 .037 .053 .016 -.047
COUTFR -.029 -.023 -.079 -.026 .074 -.046
COUTCLFR .093 .024 .112 .058 .108 -.055
COUTCL -.030 -.052 -.024 -.057 .070 -.046
DIFINFO .015 -.041 -.034 .030 .060 -.021
DIFOBJ .007 -.051 .039 -.032 .125 -.013
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO 1.000
DIFOBJ .337 1.000
LISREL ESTlMATES (WEIGHTED LEAST SQUARES)
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1.000
RBCE .738 1.000
MARCHE .048 .068 .226
NTRANS .016 -.045 .082 .280
NIMIT .102 .025 .151 .209 .456
NSUFR -.020 -.017 -.005 .046 .081 .154
NSUCL .079 .005 .075 .110 .249 .075
CORDI .010 -.021 -.005 .080 .098 .047
NSUCL 1. 001
CORDI .125 .389
PSI
TXME .961
RBCE .000 .424
MARCHE .000 .000 .164
THETA EPS
TXME RBCE POSICLE BCG
FONRD .720
DEGTRANS .000 .881
DESTEMPS .000 .000 .863
DIFF .000 .000 .000 .544
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .846
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 .720
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 -.091 .000 .137
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .090 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .934
DIFINFO .000 .000 .611
DI FOBJ .000 .000 .000 .712
TXME 1.000
RBCE .738 1. 000
POSICLE .048 .068 1.000
BCG .042 .060 .200 1. 000
FONRD .016 -.045 .082 .073 1.000
DEGTRANS -.011 .030 -.054 -.048 -.182 1.000
DES TEMPS .056 .014 .083 .073 .114 -.074
DIFF .102 .025 .151 .134 .209 -.136
COUTFRCL -.020 -.017 -.005 -.005 .046 -.030
COUT FR -.027 -.023 -.007 -.007 .062 -.041
COUTCLFR .079 .005 .075 .067 .110 -.071
COUTCL .020 .001 .019 .017 .028 -.018
DIFINFO .010 -.021 -.005 -.004 .080 -.052
DIFOBJ .008 -.018 -.004 -.003 .069 -.045
DIFINFO DIFOBJ
DIFINFO 1.000
DIFOBJ .335 1. 000
FITTED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .001 .000
POSICLE -.002 -.017 .000
BCG .004 .011 .005 .000
FONRD .036 .018 -.036 .003 .000
DEGTRANS ,040 .006 .001 -.035 -.006 .000
DES TEMPS -.009 -.003 -.027 .037 -.039 .010
DIFF .005 .007 .021 -.027 .019 -.009
COUTFRCL .002 .006 .043 .058 -.031 -.017
COUT FR -.002 -.001 -.071 -.019 .012 -.005
COUTCLFR .014 .018 .037 -.009 -.001 .016
COUTCL -.050 -.053 -.043 -.074 .042 -.028
DIFINFO .006 -.020 -.030 .034 -.020 .032
DIFOBJ -.001 -.033 .043 -.029 .056 .032
FITTED RESIDUALS
FITTED RESIDUALS
DIFINFO DI FOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .002 .000
STEMLEAF PLOT
- 7 41
- 6
- 5 930
- 4 831
- 3 9653310
- 2 98777600
- 1 977
- 0 9998653221111100000000000000
0 11111122345556666789
1 01124468889
2 12355
3 224677
4 02337
5 688
6 9
STANDARDIZED RESIDUALS
TXME .000
RBCE .064 .000
POSICLE -.353 -.856 .000
BCG .170 .489 .440 .000
FONRD 11.137 .769 -1.225 .084 .000
DEGTRANS 1.258 .257 .052 -1.279 -.496 .000
DES TEMPS -.264 -.111 -.999 1.389 -1.712 .287
DIFF .313 .491 1.075 -1. 527 4.199 -.336
COUTFRCL .077 .257 1.510 2.053 -1. 328 -.487
COUT FR -.140 -.024 -2.420 -.645 .542 -.132
COUTCLFR 1.000 2.670 1.630 -.397 -.156 .494
COUTCL -1. 400 -1. 745 -1. 374 -2.408 1. 408 -.748
DIFINFO .192 -.625 -1.003 1.128 -.894 .837
DIFOBJ -.044 -1. 064 1.491 -.989 2.438 .879
STANDARDIZED RESIDUALS
STANDARDIZED RESIDUALS
DIFINFO DI FOBJ
DIFINFO .000
DIFOBJ .275 .000
STEMLEAF PLOT
- 2 544
- 1 87775444332110000
- 0 9976655443332111100000000000000000
o 11111111222333333344555566778889
1 00113444556
2 001247
3
4 2
5
6
7
8
9
10
11 1
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x
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S *x.
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xx
X
X
X
X •
-3.5 .
-3.5 3.5
STANDARDIZED RESIDUALS
STANDARD ERRORS
LAMBDA y
TXME RBCE MARCHE
LAMBDA X
NTRANS NIMIT NSUFR NSUCL COROI
GAMMA
PHI
NT RANS .078
NIMIT .031 .088
NSUFR .021 .023 .053
NSUCL .031 .029 .024 .041
CORDI .026 .025 .023 .030 .108
PSI
TXME .047
RBCE .000 .059
MARCHE .000 .000 .052
THETA EPS
THETA DELTA
FONRD .088
DEGTRANS .000 .053
DE STEMPS .000 .000 .049
DIFF .000 .000 .000 .097
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 .067
COUT FR .000 .000 .000 .000 .000 .104
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 .034 .000 .036
DIFINFO .000 .000 .000 .000 .041 .000
DIFOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 .044
DIFINFO .000 .000 .115
DI FOBJ .000 .000 .000 .090
THETA DELTA
FONRD 8.154
DEGTRANS .000 16.645
DES TEMPS .000 .000 17.722
DIFF .000 .000 .000 5.622
COUTFRCL .000 .000 .000 .000 12.679
COUTFR .000 .000 .000 .000 .000 6.893
COUTCLFR .000 .000 .000 .000 .000 .000
COUTCL .000 .000 .000 -2.698 .000 3.826
DIFINFO .000 .000 .000 .000 2.194 .000
DI FOBJ .000 .000 .000 .000 .000 .000
THETA DELTA
COUTCLFR .000
COUTCL .000 21. 298
DIFINFO .000 .000 5.302
DIFOBJ .000 .000 .000 7.932
LAMBDA Y
LAMBDA X
BETA
GAMMA
TXME 1. 000
RBCE .738 1.000
MARCHE .101 .143 1.000
NTRANS .031 -.086 .327 1.000
NIMIT .150 .037 .471 .585 1.000
NSUCL CORDl
NSUCL 1.000
CORDI .201 1.000
PSI
TXME .961
RBCE .000 .424
MARCHE .000 .000 .725
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE .462 1. 568 .000
TXME .000
RBCE .000 .000
MARCHE· -.084 -.189 .000
FONRD .000
DEGTRANS 1.259 .000
DES TEMPS 1.529 .138 .000
DIFF .815 .191 .088 .000
COUTFRCL .927 .354 4.033 .159 .000
COUTFR .130 .025 .036 3.410 .014 .000
COUTCLFR .005 .426 1.165 .748 2.212 1. 547
COUTCL 1.281 .786 .308 .000 .461 .000
DIFINFO .384 1.099 4.888 5.991 .000 .003
DIFOBJ 3.090 1.164 .571 .301 .082 .068
MODIFICATION INDICES FOR THETA DELTA
COUTCLFR .160
COUTCL .173 .000
DIFINFO 1.493 1. 896 .000
DIFOBJ 1. 654 2.225 .000 .000
FONRD .000
DEGTRANS -.306 .000
DES TEMPS -.056 .014 .000
DIFF .060 -.021 -.123 .000
COUT FRC L -.044 -.021 .070 .018 .000
COUT FR .020 -.007 .008 -.105 .132 .000
COUTCLFR -.004 .028 -.047 .068 -.073 .083
COUTCL .044 -.029 .018 .000 .022 .000
DIFINFO -.033 .042 .084 -.122 .000 -.003
DIFOBJ .085 .040 .027 .025 -.012 .012
COUTCLFR -.190
COUTCL .051 .000
DIFINFO .077 .049 .000
DIFOBJ -.071 -.051 .000 .000
0.5 40000000
0
CD
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CAS UNE SEULE ENTREPRISE SANS ENTREE
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Comparaison du capital K des trois entreprises
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25000
20000
---Ent1
15000 ---.Ent2
······Ent3
10000
5000
3
CAS DE TROIS ENTREPRISES SANS ENTREE
Comparaison des budgets de recherche
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1800
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CAS DE TROIS ENTREPRISES SANS ENTREE
TEST DE PERIODE
Comparaison de V et de K
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CAS DE TROIS ENTREPRISES SANS ENTREE
TEST DE PERIODE
Comparaison des budgets de recherche
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CAS DE TROIS ENTREPRISES SANS ENTREE
TEST DE PERIODE
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CAS DE TROIS ENTREPRISES SANS ENTREE
TEST DE CAPITAL
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CAS DE TROIS ENTREPRISES SANS ENTREE
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Comparaison des budgets de recherche
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CAS DE TROIS ENTREPRISES SANS ENTREE
TEST DE CAPITAL
comparaison des performances
35
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CAS DE SIX ENTREPRISES SANS ENTREE
Comparaison de V
35 36 37 38 39
1---Ent1
1---Ent2
- - - - - -Ent3
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1---Ent5
1--Ent8
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CAS DE SIX ENTREPRISES SANS ENTREE
Comparaison de K
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CAS DE SIX ENTREPRISES SANS ENTREE
Comparaison des budgets de recherche
1500
1300
1100
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700 -o-Ent4
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·100
CAS DE SIX ENTREPRISES SANS ENTREE
Comparaison des performances
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30
25
20
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UNE ENTREPRISE AVEC ENTREES
Comparaison des performances
30
25
20
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15 ---Entrante1
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30
25
---Initiale
20 ---Entrante1
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TROIS ENTREPRISES INITIALES AVEC ENTREES
230
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130
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-20
TROIS ENTREPRISES INITIALES AVEC ENTREES
Comparaison de performances
20
15
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10 ---lnitiale2
- - - - - -lnitiale3
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-X-Entrante2
5
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-5
25
20 ---lnitiaIe1
---lnitiale2
- - - - - -lnitiale3 1-
15 --o-Entrante1 i
-X-Entrante21
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Entrante3
10
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TROIS ENTREPRISES INITIALES AVEC ENTREES
2éme expérimentation
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2éme expérimentation
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1600
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1---lnltlale2
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1000
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150
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TROIS ENTREPRISES INITIALES AVEC ENTREES
2éme expérimentation
Comparaison de performances
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10 ---lnitiaIe2
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CAS SIX ENTREPRISES AVEC ENTREES
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1
- 1
340
290
240
1---lnltlale1
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CAS SIX ENTREPRISES AVEC ENTREES
24
19
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CAS SIX ENTREPRISES AVEC ENTREES
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10
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