Fondmath 1
Fondmath 1
Fondmath 1
i
Préambule
L’objectif de ce cours est de faire une transition entre les connaissances en analyse et
algèbre accumulées au lycée et les bases qui formeront un des piliers dans la formation en
analyse et algèbre de la licence. Étant donné que le recrutement en première année est assez
hétérogène, il semble assez judicieux de commencer par rappeler les notions élémentaires qui
serviront tout au long de ce cours, histoire de ne perdre personne en route.
Quand il sera nécessaire au début de chaque chapitre, nous rappellerons ce qui est censé être
connu en terminal. Nous essaierons également dans la mesure du possible de fournir l’essen-
tiel des résultats de chaque chapitre sur une page, histoire de synthétiser les connaissances à
bien maîtriser pour passer au chapitre suivant.
Nous fournirons autant d’exemples et de figures nécessaires afin d’obtenir une meilleure com-
préhension du cours. Nous essaierons également de souligner les pièges dans lesquels chacun
peut se fourvoyer soit par inattention, soit par une mauvaise maîtrise du cours.
Pour information, le programme officiel de cette U.E. se trouve ici,
i
ii
Table des matières
Sommaire 1
I Partie A 9
1 Calculs algébriques 11
1.1 Un peu d’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2 Sommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3 Produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.4 Égalités et inégalités dans R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2 Bases de logique 45
2.1 Origines de la logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2 Assertions et prédicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.3 Les connecteurs logiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.4 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.5 Quantificateurs mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.6 Différents modes de démonstration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.7 Ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3 Nombres complexes 63
3.1 Origines de sa découverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.2 Nombres complexes : forme algébrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.3 Nombres complexes : forme géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4 Arithmétique 83
4.1 Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.2 Division Euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.3 PGCD-PPCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.4 Algorithme d’Euclide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
iii
TABLE DES MATIÈRES
5 Polynômes sur R ou C 97
5.1 Définition de polynômes à coefficients réels ou complexes . . . . . . . . . . 98
5.2 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.3 Division Euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.4 Pgcd, ppcm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.5 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.6 Racines des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.7 Formule de Taylor pour les polynômes de C[X] . . . . . . . . . . . . . . . 108
II Partie B 111
1 Applications 113
1.1 Différence entre fonctions et applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
1.2 Injectivité, surjectivité, bijectivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
1.3 Composition d’applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
1.4 Ensembles finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
5 Dérivabilité 203
5.1 Définition de la dérivabilité de f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
5.2 Dérivabilité et continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
5.3 Dérivabilité, opérations algébriques et composition . . . . . . . . . . . . . . 207
5.4 Dérivée et monotonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
5.5 Dérivées et extrema . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
5.6 Théorèmes fondamentaux sur les dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
5.7 Dérivées des fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
5.8 Dérivées successives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
5.9 Fonctions convexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
v
TABLE DES MATIÈRES
vi
Liste des figures
viii
Chapitre 0
Sommaire
0.1 Conseils élémentaires sur les méthodes de travail . . . . . . . . . . . . . 2
0.2 Conseils fondamentaux pour bien rédiger . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
0.3 Conseils fondamentaux pour bien rédiger . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
0.3.1 Comment présenter tous nos éléments proprement . . . . . . . . . 4
0.3.2 Comment introduire une variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
0.3.3 Comment introduire une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
0.4 Conseils pour bien raisonner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
0.5 Tableau des lettres grecques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1
Conseils pour bien commencer
2
Conseils pour bien commencer
pour nous les ingrédients ? Ce sont tous les éléments que nous allons introduire pour résoudre
notre problème. D’où la première règle
TOUJOURS INTRODUIRE LES NOTATIONS QUE L’ON VA UTILISER !
x x+1−1 x+1 1 1
= = − =1− .
x+1 x+1 x+1 x+1 x+1
Tout semble juste dans les calculs. Mais le correcteur vous dira que c’est faux. Pour quelle
raison ? Parce que si x = −1 le dénominateur vaut 0, et ON NE DIVISE PAS PAR 0 !
Comment bien rédiger ce calcul alors ? Tout d’abord identifier ce dont on va parler : ce
sera x. Cette variable x sera un élément des réels que l’on note R. Mais on voit que pour une
valeur, x = −1, le dénominateur s’annule, et justement les calculs ne marcheront pas pour
cette valeur.
Il faut donc faire bien attention à traiter ce problème pour tous les x réels sauf −1. Et on
écrit,
1. X Soit x un réel différent de −1 (ou encore de façon abrégée : soit x ∈ R\{−1}),
alors
x x+1−1 x+1 1 1
= = − =1− .
x+1 x+1 x+1 x+1 x+1
ou bien,
2. X Pour tout x réel différent de −1 (ou encore de façon abrégée : pour tout x ∈
R\{−1}), alors
x x+1−1 x+1 1 1
= = − =1− .
x+1 x+1 x+1 x+1 x+1
Dans les deux cas, on sait que l’on parle de réels, et surtout que l’on a bien vu que −1 allait
poser un problème.
Vous verrez que même si ça semble évident, on n’attrape pas le réflexe comme ça. Il faut un
temps d’adaptation en se forçant un peu et en rédigeant dès le début avec cette rigueur. Ça
deviendra ensuite une bonne habitude que vous garderez.
Une fonction comme nous le verrons est une relation qui associe à tout élément (ici x) d’un
certain ensemble, un autre élément d’un autre ensemble). Nous écrivons
5
Conseils pour bien commencer
Notez la différence pour cette notation entre les flèches : → met en relation les ensembles et
7→ met en relation les éléments. Mais nous y reviendrons. Nous avons enfin la notation
Nous verrons comment bien rédiger d’autres choses sur les fonctions quand nous viendrons
au chapitre les concernant.
A α Alpha N ν Nu
B β Beta Ξ ξ Xi
Γ γ Gamma O o Omicron
∆ δ Delta Π π Pi
E ε Epsilon P ρ Rho
H η Êta T τ Tau
Θ θ Thêta Υ υ Upsilon
I ι Iota Φ ϕ ou φ Phi
Λ λ Lambda Ψ ψ Psi
M µ Mu Ω ω Omega
7
Conseils pour bien commencer
8
Première partie
Partie A
9
Chapitre 1
Calculs algébriques
Charles Darwin
(a) Julius Wilhelm Richard (b) Giuseppe Peano (1858 - (c) Georg Ferdinand Lud-
Dedekind (1831 - 1916), ma- 1932), mathématicien italien wig Philipp Cantor (1845 –
thématicien allemand fut un un des fondateurs de l’ap- 1918), mathématicien alle-
des fondateurs de l’axiomati- proche formaliste des mathé- mand, créateur de la théo-
sation de l’arithmétique. On matiques, il développa, paral- rie des ensembles. Il mon-
lui doit notamment une dé- lèlement à l’allemand Richard tra entre autres choses t que
finition axiomatique de l’en- Dedekind, une axiomatisation les nombres réels sont « plus
semble des nombres entiers de l’arithmétique en 1889. On nombreux » que les entiers
ainsi qu’une construction ri- lui doit notamment la notation naturels, c’est à lui que l’on
goureuse des nombres réels Q. doit la notation R.
à partir des nombres ration-
nels.
F IGURE 1.1 – Quelques mathématiciens célèbres liés à l’étude des nombres entiers, rationnels et réels.
11
Calculs algébriques
Sommaire
1.1 Un peu d’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2 Sommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
P
1.2.1 Le symbole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.2 Attention à l’indice de sommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2.3 Changement d’indice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.4 Sommes doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.5 Quelques règles de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.2.6 Sommes télescopiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.2.7 Quelques résultats classiques à connaître . . . . . . . . . . . . . . 23
1.2.8 Factorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.3 Produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Q
1.3.1 Le symbole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.3.2 Coefficients binomiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.4 Égalités et inégalités dans R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.4.1 Égalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.4.2 Inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.4.3 Valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
1.4.4 Intervalles de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.4.5 Bornes supérieures, inférieures, maximum et minimum . . . . . . . 41
1.4.6 Hors programme : pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Il est possible de trouver des cours et des exercices dans de nombreux ouvrages dispo-
nibles à la bibliothèque. Ceux que je suggère pour ce chapitre sont ceux de Bodin et al. 1
[1], [2], Costantini [3], Liret et Martinais [4], Martin et al. [5] et Rondy et al. [6]. mais
la liste n’est pas exhaustive.
12
Calculs algébriques
Ces entiers naturels permettaient de résoudre des équations du type x + 3 = 5 par exemple.
Cet ensemble sera par la suite noté N en 1888 par Richard Dedekind (pour “nummer” qui
signifie numéro en allemand).
On notera ainsi
N = {0, 1, 2, 3, 4, ...}.
Notons au passage, que c’est René Descarte qui suggéra par convention (que l’on garde
encore aujourd’hui) de noter les inconnues par les dernières lettres de l’alphabet, et de garder
les première lettres pour les paramètres connus. Il s’avéra très vite que les entiers ne pouvaient
pas résoudre certaines équations comme x + 5 = 3. Il fallut alors introduire un ensemble
agrandi du précédent, que l’on appellera entiers relatifs (par rapport à leurs positions à 0).
Dedekind notera l’ensemble K, mais on retiendra plutôt la notation Z (pour zahlen qui signifie
nombre en allemand) de Nicolas Bourbaki.
On notera ainsi
Z = {..., −4, −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, 4, ...}.
Il fallut ensuite résoudre des équations du type x×3 = 5. On ne pouvait pas trouver toutes les
solutions dans l’ensemble Z. Un autre ensemble fut alors introduit. L’ensemble des rationnels
permettait de contenir l’ensemble des solutions de ce type d’équation, et il fut noté Q par
Giuseppe Peano en 1895 (initiale du mot “quoziente” (quotient) en italien).
On notera ainsi
a
Q = { où a et b sont des entiers relatifs et b 6= 0}.
b
Il ne faut cependant pas confondre les rationnels Q avec les décimaux D. Les nombres déci-
maux sont de la forme a.10n où a et n sont des entiers relatifs. Un nombre décimal a donc
un nombre fini de chiffres après la virgule : par exemple 1, 23 s’écrit 123.10−2 . Tandis qu’un
a
nombre rationnel sont de la forme où a est un entier relatif, et b est un entier relatif différent
b
de zéro. C’est d’ailleurs ici que commence le première piège qu’il faudra éviter, et qui semble
assez évident a priori : on ne divise pas par 0 !
Un nombre décimal est donc un cas particulier de nombre rationnel.
F IGURE
√ 1.2 – Triangle rectangle de côtés 1, 1
et 2.
Vint enfin une équation assez simple à résoudre 12 + 12 = x2 , autrement dit x2 = 2. Cette
équation provenant d’un problème géométrique assez simple (le théorème de Pythagore),
n’est pas récente (dans une version différence évidemment). Elle date de 500 ans avant J-C
13
Calculs algébriques
√
environ. Une démonstration de l’irrationalité de 2 date à peu près de cette époque mention-
née dans les manuscrits d’Aristote. Il fallut donner un nom à l’ensemble de ces nombres qui
contenait tous les précédents (entiers et rationnels) mais qui n’étaient ni entiers ni rationnels.
René Descartes les appela nombres réels en 1637 et c’est Georg Cantor qui désignera l’en-
semble des réels par R.
Augustin Cauchy, puis Charles Méray suivi de Georg Cantor établiront que l’ensemble
des réels est complet. Autrement dit, contrairement à l’ensemble des rationnels qui contenait
encore des “trous” que l’on pouvait remplir avec des réels, l’ensemble des réels ne possède
pas de trou. On dit qu’il est complet. Cette notion sera très utile dans la suite des cours d’ana-
lyse.
Puis vinrent les nombres complexes et d’autres équations de plus en plus élaborées à résoudre.
Nous en aborderons quelques unes dans ce cours (comme les équations différentielles). Pas
toutes, ce serait impossible, mais celles qui nous semblent incontournables pour le premier
semestre de la première année en analyse. Pour cela il faudra définir les bons outils, leur ma-
nipulation précise et rigoureuse (ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire). Une
fois les outils en main nous avancerons progressivement de telle sorte qu’à la fin du semestre,
nous aurons effleuré la puissance d’applications de ce que l’on aura appris.
Nous pourrons nous trouver de temps en temps devant des concepts qui pourraient aller à
l’encontre de nos intuitions. Comme par exemple :
1. Est-ce que le nombre “juste avant” 1 que l’on note x = 0.999999999... est égal à
1?
2. Est-ce que l’ensemble des entiers est plus grand que celui des entiers relatifs, lui
même contenu dans les rationnels ? Et que dire de l’ensemble des réels ?
Les réponses à ces questions ne doivent pas être données si rapidement...nous verrons en
cours pourquoi.
1.2 Sommes
Nous allons dans ce chapitre poser les bases de certaines calculs, de certaines notations et
surtout de certains résultats concernant les sommes et les produits que l’on considèrera avec
14
Calculs algébriques
le temps comme classiques. Il faudra prendre le temps de tout lire, prendre le temps de com-
prendre et surtout faire un maximum d’exercices pour s’approprier les résultats.
Nous débuterons par le plus simple : les sommes.
P
1.2.1 Le symbole
Commençons par un exemple pour nous fixer les idées.
Exemple L’écriture
5
X
2k ,
k=0
se lit “somme pour k allant de 0 à 5 de 2 à la puissance k.” Et c’est l’écriture abrégée de
5
X
2k = 20 + 21 + 22 + 23 + 24 + 25 = 1 + 2 + 4 + 8 + 16 + 32 = 63.
k=0
P
Le symbole se lit sigma. C’est la majuscule de la lettre grecque S, pour...Somme. La
lettre k est ce qu’on appelle l’indice de sommation. On remplace cette lettre par toutes
les valeurs entières comprises
P entre 0 et 5 ici. Par convention, la première valeur de k est
écrite en dessous de et la dernière valeur au-dessus. Par conséquent, la valeur du bas
sera toujours inférieure ou égale à celle du haut.
Nous voyons bien dans cet exemple l’utilité de la notation abrégée. En effet, si jamais k allait
de 0 à 100 par exemple, écrire tous les termes de la somme serait assez fastidieux. Et donc,
quand nous pourrons simplifier les écritures, nous le ferons avec plaisir. Par contre, au début,
nous pourrons l’écrire sous forme “développée”, c’est à dire, sans l’abréger, mais en mettant
trois petits points entre les premiers et les derniers termes.
Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque nous n’avons pas l’habitude de rédiger en
abréger, le fait de passer par la version développée permet d’avoir des idées plus claires.
Par exemple, si on suppose que k va de 0 jusqu’à un entier n dans l’exemple précédent, nous
écrirons n
X
2k = 20 + 21 + 22 + ... + 2n−1 + 2n .
k=0
Nous ne savons pas pour l’instant combien ça vaut. Mais nous savons déjà l’écrire. Mainte-
nant que nous avons vu un exemple, nous pouvons donner une première définition.
P
Notation 1 (Symbole et indice de sommation)
Le nombre k est appelé indice de sommation, et l’expression se lit “somme des ak pour k
allant de m à n”.
15
Calculs algébriques
Remarques 1.1
n
X X
1. La notation ak s’écrit également ak
k=m m≤k≤n
2. Comme nous le voyons dans la notation ci-dessus, k n’est pas obligé de commencer à
0. Il peut commencer où il veut, à partir de n’importe quelle valeur entière m. Nous
verrons plus tard que l’on pourra donner des valeurs négatives. Mais nous nous
contenterons pour l’instant des valeurs positives.
3. La variable k est “muette”. Autrement dit, on peut la remplacer par n’importe quelle
lettre SAUF les variables de départ et celle d’arrivée si elles sont données par des
lettres !
Par exemple on n’écrit pas
k
X
k 2 , n’a pas de sens !
k=1
Réponse : remplaçons par la forme développée pour voir (celle avec des petits points) :
n
X n
X
k
2 + 2n+h = (20 + ... + 2n ) + (2n+1 + ... + 22n ).
k=0 h=1
n
X n
X 2n
X
k n+h
2 + 2 = 2k .
k=0 h=1 k=0
16
Calculs algébriques
C’est une somme du même terme. Combien de fois fait-on cette somme ?
-Si n était égal à 1 on la ferait pour k = 0 et k = 1, ce qui ferait 17 + 17 = 17 × 2.
-Si n était égal à 2, on la ferait pour k = 0, k = 1 et k = 2, ce qui ferait 17+17+17 = 17×3.
-Si on prend n quelconque, on voit assez facilement que cela ferait 17 + ... + 17 non pas n
fois mais n + 1 fois ! Il faut compter le 0 du premier k = 0. Et donc le résultat serait :
n
X
17 = 17 + 17 + .... + 17 = 17 × (n + 1)
k=0
Attention : si l’on part de k = 0 et que l’on va jusqu’à k = n dans une somme, il y
aura n + 1 termes, mais si l’on part de k = 1 et que l’on va jusqu’à k = n, il y aura n
termes dans la somme.
Il faut toujours faire attention à ça !
De même un dernier exemple un peu plus subtil mais qui pourra vous faire rendre compte de
la différence entre l’indice de sommation et les bornes de la somme.
Exemple Que vaut
n
X
2n ?
k=1
Réponse : ça a l’air assez similaire à ce que l’on vient de faire. La seule différence réside
dans l’exposant de 2 qui est n et non pas k.
Autrement dit, l’indice de sommation n’apparaît pas dans l’élément que l’on somme ! Et bien
on se retrouve comme dans l’exemple précédent, on factorise par 2n et on multiplie ce nombre
par le nombre de termes de la somme (remarquons que l’on part de k = 1 ici) :
n
X n
X
n n
2 =2 1 = 2n × n.
k=1 k=1
En fait, comme dans la notation 1, nous pouvons commencer par ce que l’on veut. Par
exemple, si l’on commence par k = m et on termine par k = n avec m ≤ n alors le
nombre de termes de cette somme entre m et n est n − m + 1. Ne pas oublier le +1 ! Il suffit
de le vérifier si n = m + 1, n = m + 2, etc. On aurait ainsi
n
X n
X
n n
2 =2 1 = 2n × (n − m + 1).
k=m k=m
17
Calculs algébriques
et
n−1
X n
X
ap+1 = a1 + a2 + ... + an = ak .
p=0 k=1
Ce sont les mêmes sommes, les indices ont changé et les bornes de la somme aussi.
De façon générale, nous avons, pour m, n, p entiers naturels, n ≥ m et aj réels avec j =
m, ..., n + p
n n+p
X X
ap+k = al .
k=m l=m+p
18
Calculs algébriques
a + b = b + a et ab = ba,
(a + b) + c = a + (b + c) et a(bc) = (ab)c,
(a + b)c = ac + bc,
a + 0 = a et a × 1 = a.
P
Somme de
P
Nous pouvons énoncer les règles de calculs pour les .
P
Propriété 2 (Somme de )
Soient m et n deux entier tels que n ≥ m, soient ak et bk pour k = m, ..., n des réels
quelconques alors
n
X n
X n
X
(ak + bk ) = ak + bk ,
k=m k=m k=m
19
Calculs algébriques
La deuxième propriété revient à dire que l’on peut toujours factoriser (ce qui revient à “sor-
tir”) tout ce qui ne dépend pas de de l’indice de sommation.
On peut alors généraliser, en combinant ces deux propriétés par l’égalité suivante :
pour tous réels λ et µ
n
X n
X n
X
(λak + µbk ) = λ ak + µ bk .
k=m k=m k=m
P
Produit et
Comment se passe la multiplication ?
Attention : en règle général la somme d’un produit n’est pas égal au produit de
la somme ! Autrement dit, en général si n est un entier naturel et ak , bk , k = 0, ..., n des
nombres réels quelconques (notons que l’on prend k qui commence à 0 (par habitude), mais
on pourrait le faire commencer pour n’importe quel m entier inférieur ou égal à n),
n n
! n !
X X X
ak bk 6= ak bk .
k=0 k=0 k=0
Donnons un exemple pour montrer que ce n’est pas vrai tout le temps :
prenons n ≥ 1 et ak = bk = 1 pour tout k. On aura alors d’un côté
n
X n
X n
X
ak b k = (1 × 1) = 1 = n + 1.
k=0 k=0 k=0
Et de l’autre
n
! n
!
X X
1 1 = (n + 1)(n + 1) = (n + 1)2 .
k=0 k=0
20
Calculs algébriques
En d’autres termes, nous faisons le produits de chaque ak avec la somme des bk et nous
sommons le tout...maintenant il faut l’écrire mais comme on ne fait pas les indices changent,
il faut leur donner un nom différent pour chaque somme (c’est la partie la plus délicate, il faut
donc faire attention !) On l’écrit de la façon suivante
n
! n
! n
! n
! n n
!
X X X X X X
ak bk = a1 bk + ... + an bk = aj bk .
k=0 k=0 k=0 k=0 j=0 k=0
n
!
X
Mais comme le dernier facteur bk est indépendant de l’indice j on peut rentrer les aj
k=0
dans la somme sur les k et on obtient finalement
n
! n
! n X
n
X X X
ak bk = aj b k .
k=0 k=0 j=0 k=0
P
Propriété 3 (Produits et )
P
C’est ce que nous aurons de mieux comme résultat entre et produit.
− am
am+1 + −
am+2 −
am+3 am+2
+ ... + n −
a + an+1 −
an−1
n = an+1 − am .
a
Quelle est l’utilité de cette propriété ? Nous allons le voir tout de suite dans l’exemple
suivant.
Exemple Considérons la somme sn , qui est un nombre réel dépendant de l’entier naturel n
définie par
n
X 1
sn = .
k=1
k(k + 1)
Pour une raison quelconque, nous souhaitons évaluer s100 . On sent que ça risque d’être
long... Mais pourquoi pas écrire cette somme par une formule dépendant de n en général et
22
Calculs algébriques
Parfait ! Nous reconnaissons une somme télescopique. En le développant, nous voyons que
1 1
tous les termes vont s’annuler, sauf le premier = 1 et le dernier . Il nous reste donc
1 n+1
n
X 1 1 n+1−1 n
sn = =1− = = .
k=1
k(k + 1) n+1 n+1 n+1
Et donc trouver par exemple s100 est un jeu d’enfant maintenant, nous savons tout de suite
que ça fait 100/101.
C’est ce que nous appellerons la somme d’une suite arithmétique, que nous verrons...avec les
suites.
Preuve la preuve est assez simple, nous la verrons en cours. Mais pour notre culture, il y a
une légende derrière cette preuve. La résolution de ce problème serait due à Carl Friedrich
Gauss (1777-1855, mathématicien allemand). Âgé de neuf ans, il aurait surpris son maître
d’école Büttner qui avait donné comme calcul à sa classe la somme des entiers de 1 à 100.
23
Calculs algébriques
Pensant être tranquille pendant un moment, Gauss résolu le problème quasiment instanta-
nément. Comment ? Il additionna 1 avec 100, puis 2 avec 99, puis 3 avec 98 et ainsi de suite
jusqu’à 50 avec 51. Un simple calcul montre qu’il obtint ainsi 50 fois la valeur 101, soit 5
050. Ne restait plus qu’à généraliser ce résultat à n’importe quel entier n.
Pour la petite histoire voilà l’origine probable de cette légende due à Wolfgang Sartorius.
“Le jeune Gauss venait juste d’arriver dans cette classe quand Büttner donna en exercice
la sommation d’une suite arithmétique. À peine avait-il donné l’énoncé que le jeune Gauss
jeta son ardoise sur la table en disant « la voici ». Tandis que les autres élèves continuaient
à compter, multiplier et ajouter, Büttner, avec une dignité affectée, allait et venait, jetant
de temps en temps un regard ironique et plein de pitié vers le plus jeune de ses élèves. Le
garçon restait sagement assis, son travail terminé, aussi pleinement conscient qu’il devait
toujours l’être, une fois une tâche accomplie, que le problème avait été correctement résolu
et qu’il ne pouvait y avoir d’autre réponse”.
Remarquons que si l’on commence la somme à partir de m plutôt que 1, nous avons la formule
suivante
n
X n+m
k = m + (m + 1) + (m + 2) + ... + (k − 1) + k = (n − m + 1)
k=m
2
Continuons avec deux autres propriétés classiques que l’on ne vous demandera pas de retenir
par cœur, mais au moins de savoir les démontrer (ce sont des exercices très classiques) :
1. sommes des carrés de 1 à n : Pour tout n entier naturel, nous avons
n
X n(n + 1)(2n + 1)
k 2 = 1 + 22 + 32 + ... + (n − 1)2 + n2 = .
k=1
6
1 + a + a2 + a3 + ... + an−1 + an .
Pour tout a ∈ R, tel que a 6= 1, et pour tout n entier naturel non nul, nous avons
n
2 3 n−1 n
X
k an+1 − 1
1 + a + a + a + ... + a +a = a = .
k=0
a−1
Nous voyons bien que pour ce résultat, nous avons besoin d’avoir a 6= 1, sinon ça ne
marche pas. Par contre, nous avons vu juste au dessus qu’il y a quand même une formule
pour x = 1.
De même, nous voyons que si n = 0, nous aurions juste le premier terme qui est 1. Alors
que la formule de la proposition donnerait 0. Donc, là aussi, il faut écarter ce cas, qui ne
marche pas avec la formule générale.
1.2.8 Factorisation
Vous vous souvenez très certainement de la formule suivante, valable pour tous a, b ∈ R
a2 − b2 = (a − b)(a + b).
Vous serez sans doute amenés à factoriser a3 − b3 ou a4 − b4 ... Est-ce que nous pouvons avoir
une formule générale ?
La réponse est oui. Dans la propriété suivante :
25
Calculs algébriques
Propriété 7 (Factorisation)
Pour tous a, b ∈ R, et pour tout n entier naturel non nul, nous avons
n−1
X
n n
a − b = (a − b)(a n−1
+a n−2
b + ... + ab n−2
+b n−1
) = (a − b) an−1−k bk .
k=0
Nous pouvons remarquer que l’on peut trouver une formule de an + bn si n est impair, en
remplaçant b par −b dans la formule précédente.
Noter qu’il faut que n soit impaire parce qu’alors (−b)n = −bn , mais si n est pair, nous avons
(−b)n = bn , et il nous faut calculer an + bn .
Nous avons alors 3 résultats intéressants (qu’il ne faut pas apprendre par cœur mais savoir
retrouver à partir de la formule ci-dessus) :
1. si n est impair, nous avons :
n−1
X
n n
a − 1 = a − 1 = (a − 1) n
ak .
k=0
n−1
X
n n n
a + 1 = a + 1 = (a + 1) (−1)k an−1−k .
k=0
1.3 Produits
Comme la somme, nous pouvons regarder ce qu’il se passe quand nous multiplions un
nombre fini de termes.
Q
1.3.1 Le symbole
Comme nous prenions l’équivalent de la lettre
Q S en grec pour la somme, nous utilisons l’équi-
valent du P en grec pour le produit, qui est .
26
Calculs algébriques
Q
Notation 2 (Symbole )
Soient m et n deux entier naturels et ak , k = m, ..., n des nombres réels quelconques. Alors
n
Y am × am−1 × ... × an−1 × an , si m ≤ n,
ak =
0, sinon.
k=m
Remarque
n
Y Y
La notation ak s’écrit également ak et se lit “produit des xk pour k allant de m
k=m m≤k≤n
à n.
Un des produits les plus utilisés est la factorielle. On la rencontre très souvent en mathéma-
tiques.
a. Factorielle
Définition 1 (Factorielle )
Soit n un entier naturel, nous notons n! (qui se lit factorielle n) l’entier naturel
1 si n = 0,
n
n! = Q
k sinon.
k=1
Autrement dit :
1. 0! = 1 par convention,
2. n! = 1 × 2 × 3 × ... × n.
De façon analogue à la somme, nous avons les propriétés sur le produit suivante
27
Calculs algébriques
2. pour tous réels ak , k = m, ..., n et pour tout entier p tel que m ≤ p < n, nous avons
p !
Qn Q Qn
ak = ak ak ,
k=m k=m k=p+1
Attention : pour tout réels ak , k = m, ..., n et pour tout λ ∈ N,
n
n
Q Q
λak 6= λ ak ,
k=m k=m
mais
n
n
n−m+1
Q Q
λak = λ ak ,
k=m k=m
c. Produits téléscopiques
Comme pour la somme, nous avons une propriété de télescopage pour le produit.
28
Calculs algébriques
d. Produits doubles
Il arrive quelques fois que nous ayons besoin de faire le produit sur des réels possédant deux
indices. Comment notons nous cela ? Et surtout comment est-ce que nous pouvons la calculer.
Si l’on considère n et m deux entiers naturels et ai,j des réels avec i = 1, ..., n et j = 1, ..., m,
alors le produit de réels xi,j s’écrit
Y
ai,j .
1≤i≤n
1≤j≤m
Y n Y
Y n n Y
Y n
ai,j = ai,j = ai,j ,
1≤i,j≤n i=1 j=1 j=1 i=1
j
n Y n Y
n
Y Y Y
ai,j = ai,j = ai,j
1≤i≤j≤n j=1 i=1 i=1 j=i
j−1
n Y n−1 n
Y Y Y Y
ai,j = ai,j = ai,j
1≤i<j≤n j=2 i=1 i=1 j=i+1
29
Calculs algébriques
Interprétation :
- quand on doit choisir k éléments parmi n et que l’ordre est important, nous avons n
possibilités de choisir le premier, puis n − 1 pour le second, etc. jusqu’au n − k + 1. Ce
qui nous donne
n!
n(n − 1)(n − 2)...(n − k + 1) = .
(n − k)!
Par exemple, pour le Loto, tirer les boules 15, 4 ou 33, revient à la même chose que
tirer 33, 4 puis 15. Et donc il faut évaluer toutes les combinaisons qui comportent les
mêmes nombres. Ceci revient à compter le nombre de permutations de k nombres (ou
pour le loto, les permutations de k boules).
Et comme le nombre de permutations de k nombres est k!, on divise la formule précé-
dente par k. Ce qui nous donne
30
Calculs algébriques
Soient k et n deux entiers naturels avec k ≤ n, nous avons les 3 propriétés suivantes
n n
1. Symétrie : = ,
k n−k
∗ n n n−1
2. Si k ∈ N , = ,
k k k−1
n n n+1
3. Formule de Pascal : + = .
k−1 k k
Remarques 1.2
1. Ces résultats ne sont pas à retenir par cœur, mais il faut savoir les démontrer,
2. La propriété 3, connue sous le nom de formule de Pascal, peut se traduire sous forme
de tableau que l’on appelle communément triangle de Pascal.
Remarques 1.3
1. Cette formule du binôme de Newton est par contre à connaître par cœur !
2. Attention : ne pas confondre cette formule du binôme, avec celle que nous avons
plus haut qui est an − bn donnée dans la propriété 7 qui concernait la factorisation !
Ici, nous ne cherchons pas à factoriser mais à développer.
Si a et b sont remplacées par des valeurs particulières nous avons les résultats suivants :
n
X n
1. (1 + a)n = ak .
k
k=0
n
X n
2. = (1 + 1)n = 2n ,
k
k=0
n
X n
3. (−1)k = (1 − 1)k = 0.
k
k=0
31
Calculs algébriques
La dernière section de ce chapitre est indépendante des deux précédentes sections sur la
somme et le produit. Elle se place toutefois dans la continuité de ce que vous avez appris au
lycée. Les résultats présentés ici serviront également dans les chapitres suivants, il est donc
très important de les connaître et savoir les manipuler.
1.4.1 Égalités
Définition 3 (Égalité )
On appelle identité, une égalité entre deux expressions qui est valable quelles que soient les
valeurs des variables entrant en jeu dans ces expressions.
Les expressions situées de part et d’autre du signe “=” sont appelées les membres de l’égalité.
1.4.2 Inégalités
Comme pour les égalités, les expressions situées de part et d’autre du signe ≥, ≤, > ou <
sont appelés les membres de l’inégalité.
Rappelons d’abord quelques règles de comparaison. C’est important de les exprimer ici,
même si elles ont l’air simples. Elles permettront de résoudre un grand nombre de problèmes.
Il est également sage de rappeler que ces règles sont valables pour les nombres réels, mais
lorsqu’il s’agira d’étudier les nombres complexes, ce sera une autre histoire. Commençons
par la relation d’ordre.
32
Calculs algébriques
a ≤ a,
si a ≤ b et b ≤ a alors a = b,
si a ≤ b et b ≤ c alors a ≤ c,
on a a≤b ou b ≤ a.
Remarques 1.4
a≥b si et seulement si b ≤ a.
a<b si et seulement si a ≤ b et a 6= b,
a>b si et seulement si a ≥ b et a 6= b,
Attention : ne pas confondre les inégalités larges et strictes.
En effet, si a < b alors a ≥ b mais la réciproque est fausse !
On ne passera donc jamais d’une inégalité large vers une inégalité stricte sans une bonne
justification.
On aborde ensuite les règles dites de compatibilité que la plupart d’entre vous connaissez
depuis le collège.
33
Calculs algébriques
Remarques 1.5
(a) si a ≤ b et c ≤ d alors a + c ≤ b + d,
34
Calculs algébriques
Attention : on ne soustrait pas des inégalités membre à membre ! C’est à dire que
pour a, b, c, d réels
si a ≤ b et c ≤ d on n’a pas a − c ≤ b − d !
Il faut d’abord passer par l’opposé pour la deuxième inégalité, puis additionner membre à
membre.
De même, on ne divise pas les inégalités membres à membres ! C’est à dire que pour tous
a, b, c et d réels, avec c et d non nuls,
a b
si a ≤ b et c ≤ d on n’a pas ≤ !
c d
Il faut d’abord passer par l’inverse dans la deuxième inégalité puis multiplier (ça ne changera
pas l’ordre si le tous les membres sont positifs...sinon il faut faire attention).
Remarques 1.6
Soit a un nombre réel. La valeur absolue de a est le nombre réel défini par :
a si a > 0,
|a| = −a si a < 0.
0 si a = 0.
Soit r un réel strictement positif. Pour tous nombres a et b nous avons les deux équivalence
suivantes :
1. |b − a| = r si et seulement b = a − r ou b = a + r,
2. |b − a| < r si et seulement a − r < b < a + r,
3. |b − a| ≤ r si et seulement a − r ≤ b ≤ a + r,
4. |b − a| > r si et seulement b < a − r ou b > a + r,
5. |b − a| ≥ r si et seulement b ≤ a − r ou b ≥ a + r.
Soit a ∈ R,
+ a si a ≥ 0,
1. On appelle partie positive de a, le réel a = max(a, 0) =
0 si a < 0.
−a si a ≤ 0,
2. On appelle partie négative de a, le réel a− = max(−a, 0) =
0 si a > 0.
On a alors a = a+ − a− et |a| = a+ + a− .
1.4.4 Intervalles de R
Il existe plusieurs types d’intervalles. Tout est assez intuitif, nous garderons cette forme d’in-
tuition dans les définitions sans aller dans les détails.
Voici tout d’abord la définition générale d’un intervalle de R.
Définition 7 (Intervalle de R)
si x ≤ z ≤ y alors z appartient à I.
Remarques 1.7
37
Calculs algébriques
1. Le fait de considérer une partie I de R se note I ⊂ R (qui se lit I inclus dans R).
2. Le fait de considérer un élément a de I se note a ∈ I (qui se lit a appartient à I).
Il ne faut donc pas confondre le symbole ⊂ qui est utilisé pour des parties, et ∈ qui
est utilisé pour des éléments.
3. La définition précédente pourrait alors s’écrire :
on appelle intervalle I de R toute partie I ⊂ R vérifiant pour tous x, y ∈ I et pour
tout z ∈ R
si x ≤ z ≤ y alors z ∈ I.
Il existe plusieurs types d’intervalles de R. Nous allons les résumer dans les définitions sui-
vantes.
Soient a et b deux réels tels que a ≤ b. On appelle intervalle fermé et borné (appelé aussi
segment) de R tout ensemble de la forme
[a, b] = {x ∈ R, a ≤ x ≤ b}.
Soient a et b deux réels tels que a < b. On appelle intervalle ouvert de R tout ensemble de la
forme
ou
Remarque
Un cas particulier d’intervalle ouvert est l’ensemble R tout entier : R =] − ∞, +∞[.
38
Calculs algébriques
Soient a et b deux réels tels que a ≤ b. On appelle intervalle ouvert et borné de R tout
ensemble de la forme
Soient a et b deux réels tels que a ≤ b. On appelle intervalle semi-ouvert et borné de R tout
ensemble de la forme
mais aussi
Soient a et b deux réels . Par convention on appelle intervalle fermé et non borné de R tout
ensemble de la forme
mais aussi
] − ∞, b] = {x ∈ R, x ≤ b}.
Notation 1.1
On notera les intervalles particuliers suivants :
Remarque
1. L’intervalle qui ne contient aucun nombre réel est appelé l’ensemble vide (eh oui ! Il
faut le considérer celui-ci aussi...), et il est noté ∅.
39
Calculs algébriques
2. L’intervalle qui ne contient qu’un seul nombre est appelé singleton (en anglais “sin-
gle” veut dire seul). On le note alors entre accolade (est-ce que c’est parce qu’il
est seul qu’il a besoin d’accolades pour être réconforté...) ; Autrement un singleton
contenant le nombre réel a s’écrit {a}.
3. Un singleton {a} est considéré comme l’intervalle [a, a] et donc c’est un cas particu-
lier d’intervalle fermé.
4. L’ensemble vide ∅ est considéré comme l’intervalle ]a, a[ donc c’est un cas particu-
lier d’intervalle ouvert. Comme c’est le complémentaire de R, on considère R alors
comme un intervalle fermé.
Mais, R peut être également vu comme un intervalle ouvert si on l’écrit ] − ∞, +∞[.
Et donc son complémentaire ∅ sera considéré comme fermé.
C’est la raison pour laquelle R et ∅ sont considérés comme des ensembles à la fois
ouverts et fermés de R.
Définition 13 (Segment )
Soient a et b deux réels, avec a ≤ b. On appelle segment, l’ensemble noté [a, b] défini par
Remarque
Nous pourrons utiliser quelques fois la notion de paramétrage du segment. Autrement dit,
en essayant d’interpréter, nous laisserons un point se balader entre les bornes de l’inter-
valle suivant un “temps” t compris entre 0 et 1.
Pour être plus clair, on aura l’équivalence suivante :
x ∈ [a, b] si et seulement s’il existe t ∈ [0, 1] tel que x = (1 − t)a + bt.
Cette équivalence permet de dire que tout point du segment [a, b] peut être identifié grâce
à un paramètre t compris entre 0 et 1. Pour aller plus loin, nous pourrions dire que tout
point de se segment peut être identifié comme un certain barycentre des extrémités.
Cela pourra nous servir quand on verra (en cours, ou TD) la notion de convexité.
40
Calculs algébriques
Soit E ⊂ R non vide. On dit que M ∈ R est la borne supérieure de E que l’on note
M = sup(E) si et seulement si
1. M est un majorant de E, c’est à dire que pour tout x ∈ E, x ≤ M ,
2. si M 0 est un majorant de E, alors M ≤ M 0 , autrement dit, M est le plus petit des
majorants
De même m ∈ R est la borne inférieure de E que l’on note m = inf(E) si et seulement si
1. m est un minorant de E, c’est à dire que pour tout x ∈ E, x ≥ m,
2. si m0 est un minorant de E, alors m ≥ m0 , autrement dit, m est le plus grand des
minorants.
Soit E ⊂ R.
On dit que M est le maximum de E, que l’on note M = max(E) si M = sup(E) et M ∈ E.
On dit que m est le minimum de E, que l’on note m = min(E) si m = inf(E) et m ∈ E.
On peut caractériser de façon pratique (ce qui pourrait servir pour certains exercices) la
borne sup et la borne inf de la façon suivante.
m = inf(E) si et seulement si pour tout ε > 0, il existe x ∈ E tel que x ∈ [m, m + ε[.
b. Construction de l’ensemble R
42
Calculs algébriques
Remarque
Voilà, nous avons maintenant quelques outils essentiels pour continuer le cours d’analyse.
Bien entendu, ce chapitre est bien loin de couvrir toutes les connaissances accumulées sur
ces ensembles (N, Z, Q et R)...mais faute de temps, nous en resterons là. Les plus curieux
pourront à loisir se renseigner plus dans ce domaine, un peu en cours d’algèbre, mais égale-
ment dans la littérature très riche à ce sujet.
43
Calculs algébriques
L’essentiel de ce chapitre
n
X
1 - 2 ak = am + am+1 + ... + an−1 + an pour m ≤ n contient n − m + 1 élé-
k=m
ments.
2 - 2 Savoir utiliser les coefficients binomiaux.
3 - 2 Savoir utiliser les égalités, inégalités et valeurs absolues.
44
Chapitre 2
Bases de logique
André Weil
(a) Auguste De Morgan (1806 - (b) George Boole (1815- 1864) (c) Alan Mathison Turing (1912
1871) mathématicien et logicien mathématicien britannique, - 1954), un mathématicien bri-
britannique, il a fondé avec Boole créateur avec De Morgan de tannique, un des fondateurs de
la logique moderne. On le connait la logique moderne fondée l’informatique.
surtout pour les lois qui portent sur une structure algébrique et
son nom. sémantique, que l’on appelle
aujourd’hui algèbre de Boole.
45
Bases de logique
Sommaire
2.1 Origines de la logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2 Assertions et prédicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.3 Les connecteurs logiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.4 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.5 Quantificateurs mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.6 Différents modes de démonstration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.6.1 Raisonnement par hypothèse auxiliaire . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.6.2 Raisonnement par l’absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.6.3 Raisonnement par contraposée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.6.4 Raisonnement par contre exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.6.5 Raisonnement par récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.7 Ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.7.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.7.2 Ensembles particulier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.7.3 Inclusion, union, intersection, complémentaire . . . . . . . . . . . 59
2.7.4 Règles de calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.7.5 Produit cartésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Définition 1 (Assertion)
Une assertion est un énoncé mathématique auquel on peut attribuer une valeur de vérité
Exemple
46
Bases de logique
Définition 2 (Prédicat )
Un prédicat est un énoncé mathématique contenant des lettres appelées “variables” tel que,
quand on replace chacune des lettres par un élément donné d’un ensemble, on obtient une
assertion.
Exemple
1. L’énoncé : P (n) =“n n’est pas un multiple de 2”, est un prédicat, car il devient une
assertion quand on donne une valeur à n. Par exemple,
- P (10)=“10 est un multiple de 2” est une assertion vraie.
- P (11)=“11 est un multiple de 2” est une assertion fausse.
2. L’énoncé P (x, A)=“x ∈ A”, est un prédicat à deux variables. Il devient une assertion
quand on donne une valeur aux deux variables. Par exemple,
-P (1,
√ N) est une assertion vraie,
-P ( 2, Q) est une assertion fausse.
Remarque Une assertion peut s’interpréter comme un prédicat sans variable, c’est à dire
comme un prédicat toujours vrai ou toujours faux.
Soit P un prédicat, la négation d’un prédicat P est le prédicat non (P ), qui est
- faux lorsque P est vrai,
-vrai lorsque P est faux.
On résume en général ceci dans une table de vérité (figure 2.2), comme suit
Exemple
1. Premier exemple :
- P =“24 est un multiple de 2” est une assertion vraie V,
- non (P )=“24 n’est pas un multiple de 2” est une assertion fausse F.
47
Bases de logique
P non P
V F
F V
Définition 4 (Conjonction)
Nous pouvons résumer cela dans une table de vérité (figure 2.3) :
P Q P et Q
V V V
V F F
F V F
F F F
Exemple
Définition 5 (Disjonction)
Nous pouvons résumer cela dans une table de vérité (figure 2.4) :
P Q P ou Q
V V V
V F V
F V V
F F F
Exemple
Définition 6 (Implication)
49
Bases de logique
P Q P⇒Q
V V V
V F F
F V V
F F V
Nous pouvons résumer cela dans une table de vérité (figure 2.5) :
Remarques 2.1
Définition 7 (Équivalence)
Nous pouvons résumer cela dans une table de vérité (figure 2.6) :
Remarques 2.2
1. (P ⇒ Q) et (Q ⇒ P ) se note P ⇒ Q ⇒ R,
2. (P ⇔ Q) et (Q ⇔ R) se note P ⇔ Q ⇔ R.
50
Bases de logique
P Q P⇔Q
V V V
V F F
F V F
F F V
2.4 Propriétés
P 1 ≡ P2 .
P1 6≡ P2
Exemple
Considérons maintenant un prédicat P , qui peut prendre la valeur de vérité vrai ou faux.
Considérons ensuite le prédicat composé
R =“P ou nonP ”.
Ce prédicat est toujours vrai indépendamment du choix de P . En effet, avec la table de vérité
(figure 2.7), nous avons, Ce prédicat R est appelé tautologie.
51
Bases de logique
V F V
F V V
Définition 9 (Tautologie)
Un prédicat composé R qui est vrai quelles que soient les valeurs de vérité qui le composent,
est appelé une tautologie.
Ce prédicat est toujours faux. En effet, avec la table de vérité (figure 2.8), nous avons, Nous
V F F
F V F
Définition 10 (Incompatibilité)
On dit que deux prédicats P et nonP sont incompatibles si leur conjonction est fausse quelles
que soient les valeurs de vérité des prédicats qui les composent.
52
Bases de logique
P ⇒ Q ≡ (non P ou Q),
A partir d’un prédicat P (x) défini sur un ensemble E, nous construisons de nouvelles asser-
tions, que l’on appelle assertions quantifiées, en utilisant les quantificateurs “quel que soit”
et “il existe”.
53
Bases de logique
Définition 11 (Quantificateur ∀)
“∀x ∈ E, P (x),”
qui est vraie pour tous les éléments x appartenant à E, le prédicat P (x) est vraie.
Exemple
Définition 12 (Quantificateur ∃)
“∃ x ∈ E, P (x),”
qui est vraie si l’on peut trouver au moins un élément x appartenant à E, tel que le prédicat
P (x) soit vraie.
∃! x ∈ E, P (x).
Exemple
Remarque Notons que si “∀ x ∈ E, P (x)” est vraie, alors “∃ x ∈ E, P (x)” est vraie.
Attention :
il faudra manipuler avec précaution les assertions de la forme “∃ ! x ∈ E, P (x)” pour
lesquelles la notation ∃ ! n’est pas un quantificateur bien qu’il en ait l’air !
En effet, si nous posons
et
R2 =“∀ x ∈ E, ∀ x0 ∈ E, ((P (x) et P (x0 )) ⇒ (x = x0 ))” (c’est l’unicité),
nous avons alors
(∃ !x ∈ E, P (x)) ≡ (R1 et R2 ).
∀ x ∈ E, ∀ y ∈ F, P (x, y),
est vraie lorsque tous les éléments de x ∈ E et tous les éléments y ∈ F , vérifient P (x, y).
L’assertion quantifiée
∃ x ∈ E, ∃ y ∈ F, P (x, y),
est vraie lorsqu’il existe au moins un élément x ∈ E et qu’il existe au moins un élément
y ∈ F qui vérifient P (x, y).
Remarque
Nous pouvons combiner des quantificateurs de natures différentes. Mais attention, il faut
respecter les règles suivantes :
(∀ x ∈ E, ∀ y ∈ F, P (x, y)) ≡ (∀ y ∈ F, ∀ x ∈ E, P (x, y)),
(∃ x ∈ E, ∃ y ∈ F, P (x, y)) ≡ (∃ y ∈ F, ∃ x ∈ E, P (x, y)).
Attention :
il ne faut pas permuter des quantificateurs différents !
(∀ x ∈ E, ∃ y ∈ F, P (x, y)) 6≡ (∃ y ∈ F, ∀ x ∈ E, P (x, y)).
55
Bases de logique
(P et (P ⇒ Q)) ⇒ Q.
C’est bien une tautologie, comme le montre la table de vérité de la figure 2.9
P Q P⇒Q P et (P ⇒ Q) (P et (P ⇒ Q)) ⇒ Q
V V V V V
V F F F V
F V V F V
F F V F V
1. Nous montrons que P est vrai (en pratique il s’agit d’un énoncé évident),
2. puis nous montrons que P ⇒ Q est vrai,
3. nous nous retrouvons sur la première ligne de la table de vérité 2.9, ce qui montre que
Q est vrai.
Vérifions cela dans la table de vérité (figure 2.10) Il paraît clair que la première et la dernière
colonne sont identiques. Nous supposons alors que non(P ) est vrai (lignes 3 et 4 de la figure
2.10), et nous cherchons alors Q, qui sous cette hypothèse serait à la fois vrai ou faux. Nous
disons alors que l’on a obtenu une contradiction ou que l’hypothèse est contradictoire.
Remarque Dans la pratique, nous montrons que si nonP est vrai alors on aboutit à une
contradiction et on en déduit que P est vrai.
56
Bases de logique
V V F F V V V
V F F V V V V
F V V F V F F
F F V V F V F
1. Montrons que
∀ x ∈ R, ∀ ε > 0, (|x|) < ε ⇒ x = 0).
est faux. La négation de cet énoncé est
∃ x ∈ R, ∃ ε > 0, (|x| < ε et x 6= 0).
Nous rappelons en effet que la négation de P ⇒ Q est P et non(Q).
Si x = 1 et ε = 2, nous avons |x| < ε et x 6= 0, la négation de l’énoncé est vraie, donc
l’énoncé est faux.
2. Attention, il ne faut pas confondre
∀ x ∈ R, ∀ ε > 0, (|x| < ε ⇒ x = 0).
avec
∀ x ∈ R, ((∀ ε > 0, |x| < ε) ⇒ x = 0).
57
Bases de logique
2.7 Ensembles
2.7.1 Définition
Définition 14 (Ensemble)
Exemple {0, 1}, { chien, chat }, {0, 1, 3, 4, ...} = N sont des ensembles
Une autre façon de définir les ensembles :
Définition 15 (Ensembles 2)
Notation 1 (Appartenance)
58
Bases de logique
Définition 17 (Singleton )
Définition 18 (Paire)
Définition 19 (Inclusion)
∀ x ∈ E, x ∈ F .
Définition 20 (Égalité)
L’ensemble des parties de E, noté P(E) est l’ensemble dont les éléments sont les sous-
ensembles de E.
59
Bases de logique
Exemple Si E = {1, 2, 3} alors P(E) = {∅, {1}, {2}, {3}, {1, 2}, {1, 3}, {2, 3}, {1, 2, 3}}.
Définition 22 (Complémentaire)
{E A = {x ∈ E, x ∈
/ A}.
Définition 23 (Union)
A ∪ B = {x ∈ E, x ∈ A ou x ∈ B}.
Définition 24 (Intersection)
A ∩ B = {x ∈ E, x ∈ A et x ∈ B}.
60
Bases de logique
E × F = {(x, y), x ∈ E, y ∈ F }.
61
Bases de logique
62
Chapitre 3
Nombres complexes
D’impossibles à imaginaires,
d’imaginaires à complexes. Combien
d’idées, de systèmes politiques, de
théories, de procédés ont suivi ce chemin
pour devenir “réalité” !
Denis Guedj
(a) Girolamo Cardano (Jérôme (b) Raphaël Bombelli (1526- (c) Jean-Robert Argand, (1768
Cardan) (1501 - 1576), mathé- 1572), mathématicien italien, il - 1822), mathématicien suisse,
maticien italien, à l’origine de fut à utiliser les nombres com- à l’origine de la représentation
la méthode pour trouver les so- plexes pour résoudre certaines géométrique des nombres
lutions de certaines équations équations de troisième degréle. complexes. Le plan complexe
de troisième degré (accusé tou- est d’ailleurs appelé plan
tefois de plagiat par Niccolo d’Argand-Cauchy.
Fontana Tartaglia).
F IGURE 3.1 – Quelques mathématiciens célèbres liés à l’étude des nombres complexes.
63
Nombres complexes
Sommaire
3.1 Origines de sa découverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.2 Nombres complexes : forme algébrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.2.1 Lien entre R2 et C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.2.2 Partie réelle, partie imaginaire et conjugué . . . . . . . . . . . . . . 66
3.2.3 Calculs sur les complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.3 Nombres complexes : forme géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.3.1 Image d’un complexe, affixe d’un vecteur et d’un point . . . . . . . 69
3.3.2 Interprétation géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.3.3 Module . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.3.4 Racines carrées et équations du second degré . . . . . . . . . . . . 72
3.3.5 Théorème fondamental de l’algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.3.6 Argument et trigonométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.3.7 Racines nièmes d’un complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.3.8 Quelques applications trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.3.9 Formules de l’addition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.3.10 Formules de duplication de l’argument . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.3.11 Nombres complexes en géométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
3.3.12 Rotation, interprétation de z 7→ az + b, avec |a| = 1 . . . . . . . . 80
3.3.13 Similitudes directes planes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Définition 1 (R2 )
Maintenant que nous avons défini R2 essayons de mettre cet ensemble en relation avec les
complexes.
Le corps des nombres complexes, noté C est l’ensemble R2 muni d’une addition et d’une
multiplication définies pour tous (a, b), et (a0 , b0 ) ∈ R2 par,
1. (a, b) + (a0 , b0 ) = (a + a0 , b + b0 ),
2. (a, b)(a0 , b0 ) = (aa0 − bb0 , ab0 + a0 b).
Notation 2 (Imaginaire )
65
Nombres complexes
Soient a, a0 , b, b0 des réels quelconques, nous avons les deux propriétés suivantes
1. a + ib = 0 équivaut à a = 0 et b = 0,
2. a + ib = a0 + ib0 équivaut à a = a0 et b = b0 .
Soit z ∈ C un nombre complexe. Il existe un couple unique (a, b) ∈ R2 tel que z = a + ib.
1. a + ib est appelée forme algébrique du complexe z,
2. a est appelée partie réelle de z, on la note Re(z),
3. b est appelée partie imaginaire de z, on la note Im(z).
1. Un nombre complexe est réel lorsque sa partie imaginaire pure est nulle, c’est à dire
z ∈ R si et seulement si Im(z) = 0.
2. Un nombre complexe est imaginaire pur lorsque sa partie réelle est nulle, c’est à dire
z ∈ iR si et seulement si Re(z) = 0.
66
Nombres complexes
En prenant maintenant la notation des complexes sous la forme algébrique, nous avons les
propriétés suivantes
Soient a, a0 , b, b0 des réels quelconques, nous avons les deux propriétés suivantes
1. Somme : (a + ib) + (a0 + ib0 ) = (a + a0 ) + i(b + b0 ),
2. Produit : (a + ib)(a0 + ib0 ) = (aa0 − bb0 ) + i(ab0 + a0 b),
3. Carré de i : i2 = −1. Le nombre i ne peut pas être un réel (c’est un nombre négatif égal
à un carré).
Définition 4 (Conjugué )
Soit z ∈ C,
1. le conjugué de z est, (z) = z,
1 1
2. Re(z) = (z + z) et Im(z) = (z − z) ,
2 2i
3. z ∈ R si et seulement si z = z,
4. z ∈ iR si et seulement si z = −z.
En mathématique, nous verrons plus tard, que (C, +) est un groupe commutatif.
En mathématique, nous verrons plus tard, que, grâce à ces deux propriétés, (C, +, ×) est un
corps (c’est que nous avons déjà entrevu dans la définition 2).
Soient z, z 0 ∈ C,
0
1. z + z = z + z 0 ,
2. zz 0 = z z 0 ,
z z
3. pour z 0 6= 0, = .
z0 z0
68
Nombres complexes
2 n 1 − z n+1
1 + z + z + ... + z = .
1−z
−−→
Par conséquent, pour tout point M du plan, aff(M )=aff(OM ).
Soient →
−
u et →
−
v deux vecteurs du plan. Alors
aff(→
−
u +→
−
v ) =aff(→
−
u )+ aff(→
−
v ).
3.3.3 Module
Définition et propriétés
Définition 7 (Module )
−−→
Soit z ∈ C, d’image M . Le module de z est la norme kOM k. Nous le notons |z|.
|z + z 0 | ≤ |z| + |z 0 |.
Soit a un nombre complexe, soit r > 0 un réel. Notons A l’image de a alors nous avons :
1. |z − a| = r décrit le cercle de centre A et de rayon r,
2. |z − a| ≤ r le disque fermé (contenant le bord) de centre A et de rayon r,
3. |z − a| < r le disque ouvert (sans les bord) de centre A et de rayon r.
Soient z un nombre complexe quelconque, alors z admet deux racines carrées complexes ω
et −ω.
Attention : contrairement au cas réel, qui nous dit√que si x √ ∈ R+ est un réel positif
ou nul, nous avons deux racines√de ce nombre qui sont x et − x, mais nous privilégions
quand même le fait de dire que x est la racine réelle de x.
Pour les complexes nous ne privilégions pas une racine par rapport à une autre parce que z
se trouve n’importe où dans le plan. Parler de complexe positif n’a pas de sens. Donc on ne
privilégie pas de racine en particulier, et on parle alors de ω comme une racine de z.
Étudions maintenant les polynômes de second degré avec les coefficients complexes d’abord,
puis réels.
√
Si on s’autorisait à écrire δ = ∆ nous aurions le même réultat que l’on connait quand a,
b et c sont réels (voir ci-dessous). Mais on ne le fait pas. Si par contre les coefficients du
polynôme sont réels, nous avons
72
Nombres complexes
Théorème 1 (d’Alembert-Gauss)
Considérons le nombre complexe z = x + iy. Supposons que son module |z| = 1, alors nous
avons x2 + y 2 = 1. Et donc, comme vu précédemment, le point M (x, y) est sur le cercle
centré en O et de rayon 1. Nous appelons ce cercle, le cercle unité.
Par définition du cosinus et du sinus, l’abscisse (ou partie réelle de z), x est notée cos(θ) et
l’ordonnée (ou partie imaginaire de z), y est notée sin(θ), où θ est une mesure de l’angle entre
−−→
l’axe des réels (abscisses) et le vecteur OM .
73
Nombres complexes
Définition 8 (Argument )
θ0 ≡ θ mod (2π), que nous lisons “θ0 est congru à θ modulo 2π”.
D’autre part, nous avons la relation entre les arguments et les angles :
−−→
1. pour tout nombre z ∈ C∗ , d’image M , l’argument de z est l’angle (→
−
e1 , OM ) que l’on
note
−−→
arg(z) = (→
−
e1 , OM ).
Une conséquence directe de la propriété 4 est que si l’on a deux complexes non nuls z et z 0
alors
z0
arg(z) = arg(z 0 ) si et seulement si est un réel strictement positif.
z
car les nombres complexes d’argument 0 sont les réels strictement positifs.
74
Nombres complexes
z = ρeiθ ,
où ρ = |z| est le module de z et θ = arg(z) est un argument de z. C’est ce que l’on appelle
la forme trigonométrique de z.
Remarquons que si |z| = 1, alors nous avons z = eiθ .
Nous avons alors les propriétés suivantes
En conséquence,
Donnons maintenant quelques propriétés géométriques sur les arguments, les angles et l’or-
thogonalité
Étant donnés trois points A, B et C dans le plan complexe d’affixe respective a, b et c, avec
A 6= C et B 6= C, on a alors
−→ −−→ c−b
(CA, CB) = arg .
c−a
Propriété 20 (Alignement)
Étant donnés trois points A, B et C dans le plan complexe d’affixe respective a, b et c, avec
A 6= C et B 6= C, on a alors :
c−b
“A, B et C sont alignés si et seulement si est réel”.
c−a
Propriété 21 (Perpendiculaire)
Étant donnés trois points A, B et C dans le plan complexe d’affixe respective a, b et c, avec
A 6= C et B 6= C, on a alors
c−b
“ les droites (CA) et (CB) sont perpendiculaires si et seulement si est imaginaire
c−a
pur”.
π π π π
Mesure de l’angle 0 π
√6 √4 3 2
3 2 1
Valeur du cosinus 1 0 −1
2 √2 √2
1 2 3
Valeur du sinus 0 1 0
2 2 2
1 √
Valeur de la tangente 0 √ 1 3 × 0
3
Soient z ∈ C un nombre complexe, et n ∈ N\ {0, 1} (c’est à dire que n 6= 0 et 1). Une racine
nième de z est un nombre complexe ω tel que
ω n = z.
Tout nombre complexe z ∈ C non nul, qui s’écrit z = ρeiθ admet exactement n racines
nièmes, ce sont les nombres ωk définis pour tout k = 0, ..., n − 1 par
√ θ+2kπ
wk = n ρei n
√
Remarquons que si l’on pose ω0 = n ρeiθ/n et ω̃ = ei2π/n alors ωk = ω0 ω˜k .
Un cas particulier est la propriété suivante :
78
Nombres complexes
p+q p−q
cos(p) − cos(q) = −2 sin( ) sin( ),
2 2
p+q p−q
sin(p) + sin(q) = 2 sin( ) cos( ),
2 2
p−q p+q
sin(p) − sin(q) = 2 cos( ) cos( ),
2 2
Homothétie, interprétation de z → az + b, a 6= 0
Propriété 30 (Homothétie)
ϕ : z 7→ az + b et ψ : z 7→ a0 z + b, avec aa0 6= 0.
ψ ◦ φ : z 7→ a0 (az + b) + b0 = aa0 z + a0 b + b0 .
Propriété 33 (Rotation)
Étant donné un point A d’affixe z0 , la rotation de centre A et d’angle α, est l’application qui
transforme un point M d’affixe z en M 0 d’affixe z 0 telle que
z 0 − z0 = (z − z0 )eiα
80
Nombres complexes
Une similitude directe S est une application qui à tout point M d’affixe z associe M 0 d’affixe
z 0 = az + b avec a et b complexes donnés, et a 6= 0.
L’angle de S est arg(a) et son rapport est |a|.
Remarque (a) si deux similitudes ont des angles opposés, leur composée est une
homothétie,
(b) si deux similitudes ont des rapports inverses, leur composée est une rotation.
Toute similitude directe, autre qu’une translation, admet un point invariant et un seul, qui est
appelé le centre de la similitude.
82
Chapitre 4
Arithmétique
Sommaire
4.1 Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.2 Division Euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.3 PGCD-PPCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.4 Algorithme d’Euclide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.5 Identité et théorème de Bézout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.6 Théorème de Gauss et décomposition en facteurs premiers . . . . . . . 91
4.7 Congruence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
4.8 Bases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.9 Petit théorème de Fermat et Théorème des restes chinois . . . . . . . . 94
83
Arithmétique
(a) Euclide (vers (b) Étienne Bézout (1730 - (c) Pierre de Fermat (pre-
300 avant J.-C.), 1783), mathématicien français, mière décennie du 17ème
mathématicien de la on luit doit entre autres l’identité siècle - 1665), est un magis-
Grèce antique, auteur et le théorème qui portent son trat, mathématicien français,
des Elements, l’un nom et son œuvre principale, on lui doit entre autres des
des textes fondateurs Théorie générale des équations travaux sur les nombres pre-
des mathématiques algébriques. miers et notamment le petit
en Occident. théorème de Fermat.
Le but de ce chapitre est de formaliser ce que nous faisons (plus ou moins naturellement)
depuis l’école primaire sans trop vraiment se poser de questions : que ce soient la manipu-
lation des nombres premiers, les divisions euclidiennes, le calcul des PPCM et des PGCD,
des calculs qui nous semblent aussi vieux que le monde, et qui sont pourtant d’une grande
modernité.
Définition 1 (Multiple)
Nous disons qu’un nombre entier relatif a ∈ Z est un multiple de b ∈ Z (ou que b est un
diviseur de a) s’il existe k ∈ Z tel que
a = kb.
84
Arithmétique
Exemple
Nous disons qu’un nombre entier naturel p ≥ 2 est un nombre premier lorsqu’il possède
comme seuls diviseurs positifs 1 et lui-même.
Remarque Il existe plusieurs façon de les trouver (avec plus ou moins d’efficacité) :
85
Arithmétique
F IGURE 4.2 – Efficacité du crible d’Eratosthène sur les 290 premiers nombres.
0 ≤ r < b.
86
Arithmétique
a b dividende diviseur
ou encore
r q reste quotient
Remarque
r = 0 est équivalent à dire que b divise a (ou que a est multiple de b).
4.3 PGCD-PPCM
Définition 3 (pgcd)
Exemple
Définition 4 (ppcm)
Soient a, b ∈ N∗ .
Le plus petit entier multiple à la fois de a et de b s’appelle le plus petit commun multiple de
a et b et se note ppcm(a, b)
Exemple
Soient a ∈ N∗ et b ≥ N∗ deux entiers, alors il existe un unique M ∈ N∗ tel que pour tous
m ∈ N∗ ,
Soient a ∈ N∗ et b ≥ N∗ deux entiers, alors il existe un unique D ∈ N∗ tel que pour tous
d ∈ N∗ ,
Ceci nous permet de trouver le pgcd entre deux nombres entiers strictement positifs, en utili-
sant l’algorithme d’Euclide.
Algorithme d’Euclide :
Nous souhaitons calculer le pgcd de a et b ∈ N∗ .
Nous supposons que a ≥ b (sinon nous faisons jouer le rôle de b à a et inversement).
Nous calculons les divisions euclidiennes successives.
Le pgcd sera le dernier reste non nul !
Voici comment nous procédons.
pgcd(a, b)=pgcd(b, r1 ).
88
Arithmétique
pgcd(b, r1 )=pgcd(r1 , r2 ).
pgcd(r1 , r2 )=pgcd(r2 , r3 ).
..
.
Remarque
A chaque étape on sait que le reste est plus petit que le quotient, et donc que pour tout i ≥ 1,
nous avons 0 ≤ ri+1 < ri . Nous sommes donc sûrs d’obtenir un reste nul un moment donné
(fini, car ri ∈ N∗ est un nombre fini).
pgcd(a, b)=1.
Remarque
Si deux entier ne sont pas premiers entre eux, nous pouvons nous y ramener en divisant par
leur pgcd.
89
Arithmétique
au + bv =pgcd(a, b).
Ces entiers relatifs u et v ne sont pas uniques. Ils sont appelés coefficients de Bézout.
Remarque
Les coefficients de Bézout u et v s’obtiennent en remontant l’algorithme d’Euclide.
Il faut pour cela isoler le dernier reste non nul d’ algorithme. Puis remplacer à chaque fois
la valeur du reste de l’étape précédente.
Soient a et b ∈ N. Ces entiers a et b sont premiers entre eux si et seulement s’il existe u et
v ∈ Z tels que
au + bv = 1.
90
Arithmétique
ax + by = c,
91
Arithmétique
Pour tout entier naturel n ≥ 2, il existe un unique k-uplet (p1 , p2 , ..., pk )de nombres premiers
vérifiant
et un unique k-uplet (α1 , α2 , ..., αk ) d’entier naturels non nuls tels que
Remarque
Une des principales raisons pour laquelle nous choisissons de dire que 1 n’est pas un nombre
premier est que sinon il n’y aurait pas unicité de cette décomposition.
Exemple
Nous aurions par exemple
24 = 23 × 3 = 1 × 23 × 3 = 12 × 23 × 3 = 13 × 23 × 3 = ...
4.7 Congruence
Définition 6 (Congruence)
a ≡ b [n] ou a ≡ b(n).
Remarque
D’après la définition, nous avons donc
a ≡ b [n] ⇔ il existe k ∈ Z tel que a = b + kn.
92
Arithmétique
4.8 Bases
Soit b un entier, b ≥ 2. Tout entier non nul x peut s’écrire de manière unique sous la forme
Remarque
Quelques bases classiques :
1. système binaire (base 2) : {0, 1},
2. système quinaire (base 5) : {0, 1, 2, 3, 4},
3. système octal (base 8) : {0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7},
4. système décimal (base 10) : {0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9},
5. système duodécimal (base 12) : {0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, A, B},
6. système vicésimal (ou vigésimal) (base 20),
7. système sexagésimal (base 60).
Exemple
2 8 10
1. x = 101100110101 = 5465 = 2869 ,
10 2 8
2. x = 173 = 10101101 = 255 .
93
Arithmétique
ap ≡ a[p].
Soit p un nombre premier. Pour tout a ∈ Z, a n’étant pas un multiple de p, nous avons
ap−1 ≡ 1[p].
Remarque
Pour l’histoire, le mathématicien Gauss mentionne en 1801 ce théorème en soulignant “ son
élégance et sa grande utilité”, en l’appelant théorème de Fermat. C’est Kurt Hensel en 1931
qui le baptise “petit théorème de Fermat (kleine Fermatsche Satz)” par opposition au “grand
théorème de Fermat” appelé également “dernier théorème de Fermat”, ou “théorème de
Fermat-Wiles” en hommage à Andrew Wiles qui l’a demontré en 1995 qui s’énonce comme
suit : “il n’existe pas de nombres entiers non nuls x, y et z tels que xn + y n = z n , dès que n
est un entier strictement supérieur à 2”.
Soient m1 , m2 ,...,mr des entiers positifs deux à deux premiers entre eux. Alors le système
x ≡ a1 [m1 ],
x ≡ a2 [m2 ],
..
.
x ≡ a [m ].
r r
x ≡ a1 M1 y1 + a2 M2 y2 + ... + ar Mr yr [M ],
M
avec Mi = et yi Mi ≡ 1 [mi ], pour i = 1, ..., r.
mi
94
Arithmétique
Remarque
Pour l’histoire, ce théorème porte le nom de théorème des restes chinois pour la raison sui-
vante. Sa première apparait sous forme de problème dans le livre “Sunzi suanjing ” de Sun
Zi (mathématicien chinois du 3ème sièclee), le Sunzi suanjing. Le mathématicien chinois Qin
Jiushao en fait mention dans son dans son “Traité mathématique en neuf chapitres” (le Shu-
shu Jiuzhang) publié en 1247. On l’associe souvent au problème soulevé par le général Han
Xin qui souhaitait compter son armée : “combien l’armée de Han Xing comporte-t-elle de
soldats si, rangés par 3 colonnes, il reste deux soldats, rangés par 5 colonnes, il reste trois
soldats et, rangés par 7 colonnes, il reste deux soldats ?”.
95
Arithmétique
96
Chapitre 5
Polynômes sur R ou C
Daniel Pennac
Sommaire
5.1 Définition de polynômes à coefficients réels ou complexes . . . . . . . . 98
5.2 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.3 Division Euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.4 Pgcd, ppcm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.4.1 Pgcd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.4.2 Ppcm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.5 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.6 Racines des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.7 Formule de Taylor pour les polynômes de C[X] . . . . . . . . . . . . . 108
5.7.1 Formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
97
Polynômes sur R ou C
(a) Muhammad Ibn Musa al-Khuwarizmi, ou en- (b) Jean le Rond D’Alembert (c) Évariste Galois (1811-
core Al-Khwarizmin (vers 780- vers 850), mathé- (1717 - 1783), français,très 1832), un mathématicien
maticien perse, son travail a permis d’introduire profifique, il est notamment à français, généralise les
l’algèbre en Europe. Son nom est à l’origine du l’origine du théorème Gauss- travaux d’Abel sur les
mot algorithme et son livre à l’origine du mot Al- d’Alembert) qui dit que tout polynômes. Il introduit
gèbre où il montre comment résoudre les 6 équa- polynôme de degré n à co- une méthode qui permet
tions canoniques du second degré et les méthodes efficients complexes possède de savoir si une équation
pour s’y ramener. exactement n racines dans C. particulière est résoluble par
radicaux.
Les polynômes ont été les premières équations qu’il a fallu résoudre, et qui ont engendré non
seulement des outils nécessitant une formidable intuition comme les nombres complexes,
mais des pans entiers des mathématiques modernes. Des équations de degré étudiées dans
les temps les plus reculés, jusqu’aux équations de degré quelconque, l’étude des polynôme
a accompagné les mathématiciens au cours des siècles en surprenant toujours par la richesse
des résultats qui en on découlé et qui en découlent encore. Nous allons ici traiter des poly-
nômes de degré quelconque et apprendre à les apprivoiser en essayant de les manipuler avec
précaution et la rigueur qui nous accompagne depuis le début de ce cours.
Faisons une remarque préalable. Dans ce cours nous ne chercherons pas à distinguer la notion
de polynômes et de fonction polynômiale pour plus de simplicité.
98
Polynômes sur R ou C
Définition 1 (Polynôme)
Soient (ak )0≤k≤d , d + 1 complexes ou réels. Nous appelons polynôme associé à la fonction
polynômiale f de définie sur C ou R par
d
X
f (x) = ak xk = a0 + a1 x + a2 x2 + ... + ad xd ,
k=0
= ad xd + ... + a2 x2 + a1 x + a0 .
l’“objet” noté P défini par
d
X
P = ak X k = ad X d + ... + a2 X 2 + a1 X + a0 ,
k=0
d’indéterminé X.
Définition 2 (Monôme)
Nous notons C[X] (respectivement R[X]) l’ensemble des polynômes à coefficients com-
plexes (respectivement réels).
Remarque
Pour P non nul de C[X] (ou R[x]), le coefficient dominant de P est le coefficient ad du terme
de plus haut degré dans l’écriture de P en fonction de l’indéterminé X.
Par convention, le coefficient dominant du polynôme nul sera 1.
99
Polynômes sur R ou C
Un polynôme est dit unitaire (ou normalisé) lorsque son coefficient dominant est égal à 1.
Maintenant que nous avons défini les principaux acteurs de ce chapitre. Nous pouvons énon-
cer quelques propriétés relatives aux polynômes.
d◦ (P + Q) ≤ max(d◦ P, d◦ Q).
d◦ (P Q) = d◦ P + d◦ Q.
P = ad X d + ... + a2 X 2 + a1 X + a0 .
100
Polynômes sur R ou C
(P + Q)0 = P 0 + Q0 ,
(P Q)0 = P 0 Q + P Q0 .
Remarque
Cette formule a évidemment une certaine importance mais pour des exemples concrets elle
est assez inutile. En effet,
-si R = X(X 2 + 1), il est assez maladroit de l’appliquer.
En faisant le calcul nous avons
R0 = 1(X 2 + 1) + X.2X = X 2 + 1 + 2X 2 = 3X 2 + 1.
R = X(X 2 + 1) = X 3 + X et donc R0 = 3X 2 + 1.
Définition 7 (P (x))
P = ad X d + ... + a2 X 2 + a1 X + a0 .
alors
P (x) = ad xd + ... + a2 x2 + a1 x + a0 .
101
Polynômes sur R ou C
P = ad X d + ... + a2 X 2 + a1 X + a0 .
P ◦ Q = P (Q) = ad Qd + ... + a2 Q2 + a1 Q + a0 .
5.2 Applications
P = ad X d + ... + a2 X 2 + a1 X + a0 .
P = ad X d + ... + a2 X 2 + a1 X + a0 .
et
Q = bd X d + ... + b2 X 2 + b1 X + b0 .
Alors,
p = q,
P =Q⇔ et
ai = bi pour tout i = {0, ..., q}.
On dit qu’un polynôme Pm de K[X] est un multiple d’un polynôme Pd ∈ K[X] ou que Pd
est un diviseur de Pm lorsqu’il existe un polynôme Q ∈ K[X] tel que Pm = Q × Pd .
Soient A ∈ K[X] et B un polynôme non nul de K[X], alors il existe un unique couple (Q, R)
de polynômes de K[X] qui vérifie
A = BQ + R,
d◦ R < d◦ B.
Exemple
Divisons le polynôme A = 6x3 − 2x2 + x + 3 par B = x2 − x + 1.
6x3 − 2x2 + x + 3 x2 − x + 1
−
6x3 − 6x2 + 6x 6x + 4
4x2 − 5x + 3
−
4x2 − 4x + 4
−x − 1
103
Polynômes sur R ou C
Proposition 7 (Pgcd)
Remarque
A = BQ1 + R1 , d◦ R1 < d◦ B,
B = R1 Q2 + R2 , d◦ R2 < d◦ R1 ,
R1 = R2 Q3 + R3 , d◦ R3 < d◦ R2 ,
..
.
Rk−2 = Rk−1 Qk + Rk , d◦ Rk < d◦ Rk−1 ,
Rk−1 = Rk Qk+1 + 0,
Le degré du reste diminue à chaque division, et on arrête l’algorithme lorsque le reste est nul,
et le pgcd est le dernier reste nul Rk ici (rendu unitaire).
Soient A et B deux polynômes de K[X], on dit que A et B sont premiers entre eux si
pgcd(A, B)= 1.
Remarque
Pour A et B quelconques (non nécessairement premiers entre eux), on a pgcd(A, B)= D.
On pose A = A0 D et B = B 0 D et pgcd(A0 , B 0 )= 1 et on a A0 et B 0 sont premiers entre eux.
Soient A et B deux polynômes de K[X], avec A et B non nuls. On note D =pgcd(A, B),
alors il existe deux polynômes U et V de K[X] tels que
AU + BV = D.
104
Polynômes sur R ou C
Soient A et B deux polynômes de K[X], avec A et B non nuls. A et B sont premiers entre
eux si et seulement s’il existe U et V polynômes tels que
AU + BV = 1.
5.4.2 Ppcm
Proposition 8 (Ppcm)
Soient A et B deux polynômes de K[X], avec A et B non nuls, alors il existe un unique
polynôme unitaire M de plus petit degré tel que A divise M et B divise M .
Ce polynôme est le plus petit commun multiple de A et B et il est noté ppcm(A, B).
Proposition 9 (Ppcm)
mier” est réservé à des entiers positifs, le mot “polynôme irréductible” n’est pas réservé à des
polynômes unitaires : il faut donc bien distinguer ces deux notions.
Soit K = R ou C. Tout polynôme P non nul peut s’écrire de façon unique (à l’ordre près des
facteurs) en produit
Soient P un polynôme de K[X] et a ∈ K. On dit que a est une racine (ou un zéro) de P
lorsque P (a) = 0.
106
Polynômes sur R ou C
Quelle est la différence entre C[X] et R[X] en ce qui concerne les racines et les polynômes
irréductibles ? Les trois théorèmes suivants permettent de donner un aperçu de quelques dif-
férences.
Tout polynôme non constant de C[X] possède au-moins une racine complexe.
Il admet exactement n racines si on compte chaque racine avec multiplicité.
On dit qu’un polynôme est scindé lorsqu’il peut s’écrire sous forme de produit de facteurs du
premier degré.
Nous allons donner le résultat suivant qui énonce que tout polynôme de C[X] de degré supé-
rieur ou égal à 1 est scindé.
107
Polynômes sur R ou C
Les polynômes irréductibles de R[X] de degré n ∈ N∗ sont les polynômes de degré 1 ainsi
que les polynômes de degré 2 ayant un discriminant strictement négatif.
Autrement dit, pour P ∈ R[X] de degré n ∈ N∗ la factorisation de P s’écrit
où a1 , a2 ,...ak sont les racines réelles distinctes de α1 , α2 ,...,αk leur multiplicité respective et
les Qi , i = 1, ..., s sont les polynômes irréductibles de degré 2 de la forme
Qi = X 2 + bi X + ci où ∆ = b2i − 4ci .
Soient P un polynôme de R[X] et a ∈ C une racine de P alors son conjugué a est également
une racine de P .
P 00 (a) P (n)
P = P (a) + P 0 (a)(X − a) + (X − a)2 + ... + (X − a)n .
2! n!
108
Polynômes sur R ou C
Remarque
La formule reste valable pour les polynômes de R[X].
Faisons un bref retour sur les racines multiples d’un polynômes avec la proposition suivante
dont la preuve peut se faire en se servant de la formule de Taylor.
Donnons finalement deux résultats, l’un sur la division suivant les puissances croissantes.
109
Polynômes sur R ou C
En particulier
n n
X an−1 X an−2 Y a0
σ1 = =− , σ2 = λi λj = − , σn = λi = (−1)n
i=1
an 1≤i<j≤n=1
an i=1
an
Remarque
Si n = 3 par exemple,
σ 1 = λ1 + λ2 + λ3 ,
σ2 = λ1 λ2 + λ1 λ3 + λ2 λ3 ,
σ 3 = λ1 λ2 λ3 .
110
Deuxième partie
Partie B
111
Chapitre 1
Applications
Populaire
Sommaire
1.1 Différence entre fonctions et applications . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
1.2 Injectivité, surjectivité, bijectivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
1.3 Composition d’applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
1.4 Ensembles finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
113
Applications
(a) Gottfried Wilhelm (b) Leonhard Euler (1707 - (c) Nicolas Bourbaki est un ma-
Leibniz (1646 - 1716), 1783), mathématicien suisse thématicien imaginaire créé par un
mathématicien allemand, a travaillé également sur le groupe de mathématiciens 1935 à
à l’origine entre autres du calcul infinitésimal et entre Besse-et-Saint-Anastaise (France). A
calcul infinitésimal (avec autres choses sur la théorie l’origine de nombreuses notations,
Newton), ce fut le premier des graphes. C’est à lui que vulgarisation de notions et de sym-
à introduire le terme de l’on doit la notation f pour bole, on leur doit entre autres la re-
fonctions. les fonctions. lation entre fonction et application.
Lorsque l’on travaille dans les mathématiques appliquées par exemple, que ce soit en phy-
sique, chimie, biologie ou autres, la notion de fonction est très importante.
En biologie par exemple, on s’en servirait pour décrire l’évolution d’une population de pois-
son en fonction du temps. Suivant certaines propriétés, cette population pourrait augmenter
dans le cas où la nourriture est suffisamment abondante, ou décroître si jamais il y avait
trop de prédateurs (notamment des pêcheurs en surabondance). Connaître les propriétés de
cette fonction permettrait de prédire le déclin ou la prospérité de l’espèce de poisson étudiée
(comme le cas du cabillaud pêché en atlantique nord (voir figure ci-dessous).
En physique, nous pourrions nous intéresser par exemple à la trajectoire d’un objet ou d’une
personne : comme un skieur lancé du haut d’une rampe. Trouver les conditions optimales
pour qu’il puisse sauter le plus loin possible lui permettrait de gagner la compétition.
Les exemples d’applications se comptent par milliers autour de nous. Nous sommes entourés
de fonctions, certains l’ignorent, d’autres non. Plus vous ferez des mathématiques, et plus
vous vous en rendrez compte.
Mais, afin que les études soient le plus rigoureuses possibles, il est nécessaire de bien maîtri-
ser les outils mathématiques utilisés, en l’occurrence ici les fonctions.
Le nom de fonction (du latin functio, accomplissement ou exécution) est apparu assez tard,
en 1694 dans un manuscrit de Gottfried Leibniz alors que la notion existait depuis beaucoup
plus de temps. C’est ensuite Leonhard Euler qui propose la notation f pour les fonctions en
1734 (après plusieurs tentatives plus ou moins convaincantes par d’autres mathématiciens).
C’est enfin Nicolas Bourbaki qui tente de faire le lien entre fonction et application (du latin
applicatio, attachement) dans les années 1950.
En ce qui nous concerne, nous aborderons ici les fonctions et les applications dans le cadre le
plus simple (les plus élaborées se verront dans les semestres suivants, notamment en analyse
3) : ce sont les fonctions d’une variable réelle à valeurs réelle.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment les définit-on ? Comment les manipule-t-on ? Quelles
114
Applications
sont les fonctions les plus connues ? En somme, que savons-nous de les fonctions et sur les
applications ?
Définition 1 (Fonction)
Soient I et J ⊂ R.
La fonction f définie par un ensemble de départ I ⊂ R et par un ensemble d’arrivée
J ⊂ R est une relation de I vers J dans laquelle chaque élément de I appelé antécédent
possède au plus un élément dans l’ensemble J appelé image.
Remarque Le fait que chaque élément de I possède au plus une image dans J signifie que
certains éléments de I peuvent ne pas avoir d’éléments dans J du tout. Mais d’un autre côté,
cela veut également dire que les élément de I ne peuvent pas avoir plus d’une image dans J
(voir un exemple dans la figure 1.3).
Que se passe-t-il si l’on ne sélectionne que les éléments de I qui auront exactement une
image. En laissant de côté ceux qui n’en ont pas. C’est la définition suivante.
Soient I ⊂ R et J ⊂ R.
L’ensemble des éléments de I qui ont exactement une image dans J par la fonction f est
appelé domaine de définition de I. On le note Df .
115
Applications
F IGURE 1.3 – Exemple de ce qui est considéré comme fonction (à gauche) et non fonction (à droite).
Nous pouvons ainsi définir les fonctions à partir de leur ensemble de définition. Dans ce cas
là, on ne les appellera plus fonctions mais applications.
Définition 3 (Application)
Soient I ⊂ R et J ⊂ R
L’application f définie par un ensemble de départ I et par un ensemble d’arrivée J est une
relation de I vers J dans laquelle chaque élément de I possède une image et une seule dans
l’ensemble J.
Remarque Une application est donc une fonction dont le domaine de définition contient
l’ensemble de départ choisi. En d’autres termes, pour une application de f définie de I dans
l’ensemble J, nous avons I ⊂ Df .
Ou encore, une fonction est une application de I ⊂ Df dans J.
Notation 1.1
On note les fonctions et les applications f de la façon suivante :
f: I → J
x 7→ f (x).
La différence est subtile, tout est question de domaine de départ, encore une fois, pour les
applications I ⊂ Df .
Remarque
1. En règle générale, on étudiera plutôt des applications en TD, et donc nous essaierons
de calculer dans la mesure du possible le domaine de définition de la fonction étudiée.
2. Comme dit précédemment, l’élément x dans l’ensemble Df est appelé antécédent de
f , et l’élément f (x) est appelé image de x par f .
3. Ainsi, l’antécédent se trouve dans le domaine de définition, et l’image dans l’ensemble
d’arrivée.
Nous pouvons maintenant essayer de tracer ces applications. Les courbes représentant ces
applications, appelées également graphes, permettent de les visualiser plus facilement dans
un repère en deux dimensions. Pour cela nous avons besoin de définir le graphe d’une appli-
cation.
117
Applications
Remarque Attention :
1. La notation f −1 est assez dangereuse ! Les étudiants ont tendance à confondre l’image
réciproque f −1 (B) avec l’application réciproque qui s’écrit juste f −1 . La première
désigne un ensemble, la deuxième une application !
2. Nous verrons ci-dessous qu’il faut que f soit bijective pour que l’application f −1
existe, alors que l’ensemble f −1 (B) existe même si f n’est pas bijective.
3. Les images directes et réciproques d’ensembles par les applications sont des ensembles,
il ne faut pas l’oublier !
Remarque Concernant la propriété (3), nous verrons dans la sections suivante (proposition
5) qu’il faut que f ait une propriété supplémentaire pour avoir l’égalité, et pas seulement
l’inclusion.
Il ne faudra donc pas dire : soit f (x) la fonction ! Mais soit f la fonction...
Exemple Voici dans les figures suivantes, le graphe de deux fonctions usuelles (que l’on
étudiera un peu plus loin dans le chapitre) :
1. f1 : R → R 2. f2 : R → R
x 7→ x2 x 7→ x3
f (x) = y.
120
Applications
On dit qu’une application f : I → J est bijective si et seulement elle est à la fois injective
et surjective. C’est à dire si tout élément y de l’ensemble d’arrivée J admet exactement un
antécédent dans l’ensemble I de départ.
En mathématiques cela s’écrit :
pour tout y de J il existe un unique x de I tel que
f (x) = y.
Il est alors possible de passer de y à x par ce qu’on appelle l’application réciproque, que l’on
note f −1 . Et donc si f est bijective on a :
f : I → J et f −1 : J → I
x 7→ y = f (x), y 7→ x = f −1 (y),
D’un autre côté, ce que la compagnie aérienne souhaite, c’est de vendre plus de billet que de
places disponibles. Autrement dit, elle pourra éventuellement se trouver en grande difficulté
si tous les passagers se présente : c’est le surbooking qu’on pourrait appeler surjection
ici. Autrement dit, si l’on fait rentrer tout le monde dans l’avion, chaque place pourra être
occupée par un ou plusieurs passager (ne me demandez pas comment). Mais aucun siège
ne sera vide. La surjection dans le cas de l’aviation commerciale peut s’avérer être un jeu
dangereux mais rentable.
Enfin, la condition idéale est quand l’avion est plein, que chaque place est prise par un unique
passager. Toutes les places ont été vendues, et chaque passager a son espace personnel. Tout
le monde semble satisfait.
Question.
Comment construire le graphe d’une application f −1 réciproque d’une application f ?
Réponse.
On voit par construction de l’application réciproque que si l’on suppose x un point de l’inter-
valle I et y un point de l’intervalle J = f (I) l’image de I par f tel que y = f (x), alors
(x, y) appartient au graphe Cf si et seulement si (y, x) appartient au graphe Cf −1 .
Autrement dit tout point du graphe Cf −1 est le symétrique du graphe Cf par rapport à la
première bissectrice (c’est à dire la droite d’équation y = x), voir la figure 1.10.
122
Applications
Cette partie est nouvelle mais pas très difficile à comprendre. Elle concerne l’“emboîtement”
d’applications les unes dans les autres. Un peu comme des poupées russes. On nomme cet
“emboîtement” la composition d’applications.
123
Applications
Remarque Attention :
Il y a deux difficultés dans la composition d’applications :
1. bien faire attention de ne pas confondre f ◦ g(x) = f (g(x)), et g ◦ f (x) = g(f (x)) qui
sont différents,
2. faire bien attention aux ensembles de départs I et J. En effet, pour g ◦ f , l’ensemble
de départ I doit être inclus dans le domaine de définition de f mais pas seulement ! Il
faut également que l’image directe de I par f soit inclus dans le domaine de définition
de g !
IdI (x) = x.
Soit f : I → J une application. Cette application f est une bijection si et seulement s’il
existe une application g : J → J telle
g ◦ f = IdI et f ◦ g = IdJ .
Remarque
Notation : Si f : I → J est une bijection, sa bijection réciproque est unique et nous la notons
f −1 .
124
Applications
Soit f : I → J une bijection, alors f −1 , sa bijection réciproque est également une bijection,
de bijection réciproque f . Autrement dit,
(f −1 )−1 = f .
Remarque
Nous verrons qu’une application continue et strictement croissante (ou décroissante) sur I
est une bijection de I vers f (I).
Revenons quelques instants sur les images réciproques d’applications et donnons la propriété
suivante relative à la propriété (3) de la proposition 1
Définition 12 (Cardinal)
Un ensemble I est fini s’il existe un entier n ∈ N et une bijection de I vers {1, 2, 3, ..., n}.
Cet entier n est unique et s’appelle le cardinal de I. C’est le nombre d’éléments de I et on
le note card(I).
Exemple
125
Applications
1. L’ensemble I = {bleu, blanc, rouge} est en bijection avec {1, 2, 3} et donc de cardinal
3.
126
Applications
Soient I, J deux ensembles finis non vides, on note card(I)= n et card(J)= p, alors
1. le nombre d’applications différentes de I dans J est pn .
2. le nombre d’injections de I dans J est p × (p − 1) × ... × (p − (n − 1)).
3. le nombre de bijections de I dans J est n!
127
Applications
128
Chapitre 2
Victor Hugo
Sommaire
2.1 Quelques propriétés des fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
2.1.1 Les opérations algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
2.1.2 La restriction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
2.1.3 Fonctions définies par morceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
2.1.4 Dérivabilité, opérations algébriques et composition . . . . . . . . . 132
2.1.5 Fonctions majorées, minorées, bornées . . . . . . . . . . . . . . . 134
2.1.6 Monotonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
2.1.7 Parité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
2.1.8 Fonctions périodiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
2.1.9 Fonctions convexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
2.1.10 Asymptotes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
2.2 Fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
2.2.1 Fonction constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
2.2.2 Fonction identité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
2.2.3 Fonction valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
2.2.4 Fonction partie entière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
2.2.5 Fonction puissances entières n ∈ N . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
2.2.6 Fonction polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
2.2.7 Fonction racine n-ième, puissance rationnelle . . . . . . . . . . . . 150
2.3 Fonction homographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
2.4 Fonction logarithme népérien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
2.5 Fonction exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
129
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
130
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
(a) John Napier (en français Neper) (b) Christian Huygens (1629- (c) Vincenzo Riccati (1707 - 1775 ),
(1550-1617), mathématicien écos- 1695), mathématicien néerlan- mathématicien italien fut l’un des pre-
sais a donné son nom au logarithme dais, fait le lien entre la primitive miers à étudier les fonctions hyperbo-
népérien qu’il a élaboré avec des de la fonction x 7→ 1/x et le lo- liques.
tables de correspondances. garithme népérien.
F IGURE 2.1 – Quelques mathématiciens célèbres liés au logarithme népérien et aux fonctions hyper-
boliques.
Dans tout ce chapitre, nous ne ferons pas vraiment la distinction entre fonction et ap-
plication, même si la plupart du temps, nous définirons les fonctions sur leur domaine de
définition.
Nous allons dans ce chapitre présenter les fonctions les plus connues (qui pourraient sembler
nouvelles pour certains d’entre vous). Ces fonctions ainsi que leurs propriétés sont à connaître
par cœur. Nous donnerons quelques propriétés essentielles de ces fonctions (notamment leur
comportement asymptotique).
Nous donnerons aussi quelques résultats “intuitifs” sur les limites des fonctions, et leurs dé-
rivées sans avoir défini encore ces concepts (ce qui se fera dans un chapitre suivant).
Avant de présenter les fonctions “classiques” commençons donner quelques propriétés géné-
rales et nous les appliquerons sur les fonctions usuelles.
Si f et g sont deux fonctions définies sur le même intervalle I ⊂ R, on a alors les résultats
suivant :
1. Somme : la fonction somme f + g est définie pour tout réel x de l’intervalle I par :
2. Produit : la fonction produit f g est définie pour tout réel x de l’intervalle I par :
(f g)(x) = f (x)g(x).
Remarque Il est important de rappeler que l’on ne peut pas diviser par 0 et donc il faudra
absolument que le domaine de définition de g comprenne entre autre le fait que g(x) ne
s’annule pas pour x dans ce domaine.
2.1.2 La restriction
Il se peut que de temps à autre, nous n’ayons pas besoin d’étudier une applications sur tout
son domaine de définition, mais seulement sur une partie. On restreint alors la fonction sur
un intervalle plus petit que son domaine de définition.
Définition 2 (Restriction)
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. Soit I0 un intervalle de R inclus dans
I. On appelle restriction de f à I0 que l’on note f |I0 , la fonction définie sur I0 par :
Remarque Cette définition signifie juste que les fonctions f et f |I0 prennent les mêmes
valeurs en chaque point de l’intervalle I0 .
132
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
La fonction ainsi définie serait une fonction par morceaux (voir exemple sur la figure 2.2).
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. Soit a un point de I. On dit que f est
dérivable en a si la fonction suivante (appelée taux d’accroissement),
g : I − {a} → R
f (x) − f (a)
x 7→ ,
x−a
possède une limite finie l au point a.
Dans ce cas là, on note la limite l de la façon suivante :
f (x) − f (a)
l = lim g(x) = lim = f 0 (a).
x→a x→a x−a
Ce nombre f 0 (a) est appelé dérivée de f en a.
Remarque
Une interprétation de la dérivée est la suivante. Le rapport
f (x) − f (a)
,
x−a
représente la pente de la droite sécante passant par les points (x, f (x)) et (a, f (a)), tandis
que le nombre f 0 (a) représente la pente de la tangente du graphe Cf au point a.
L’équation de la tangente à Cf au point (a, f (a)) est alors
y = f 0 (a)(x − a) + f (a).
f
3. Si f et g sont dérivables en a, avec g(a) 6= 0 la fonction est dérivable en a et on a
g
0
f f 0 (a)g(a) − f (a)g 0 (a)
(a) = .
g g 2 (a)
134
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Soient f une fonction définie sur I à valeurs dans J, et g une fonction définie sur J à valeurs
dans K (I, J et K étant des intervalles de R).
Si f est dérivable en a, un élément de I, et si g est dérivable en f (a) un élément de J, alors
la composée g ◦ f est dérivable en a et l’on a
Remarque Lorsqu’on dérive des fonctions composées on peut faire une analogie avec des
poupées russes. Les fonctions dans la composition s’emboîtent les unes dans les autres. Et
lorsque l’on dérive cette composition de fonctions, cela revient à enlever les poupées les
unes après les autres. Et chaque fois qu’on en retire une on la dérive au point correspondant
à l’intérieur des poupées encore rangées que l’on n’a pas encore touchées.
Une des conséquences de la proposition précédente est la dérivée de la réciproque d’une
fonction.
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. Etant donné un réel M , la fonction f
est dite majorée (par M ) sur I si pour tout réel de I :
f (x) ≤ M .
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. Etant donné un réel m, la fonction f
est dite minorée (par m) sur I si pour tout réel de I :
f (x) ≥ m.
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. La fonction f est dite bornée sur I si
elle est à la fois majorée et minorée.
Soit f une fonction définie sur I, intervalle de R. La fonction f est bornée sur I si la fonction
Quelques fois, ce n’est pas un nombre qui majore (ou minore) une fonction. ll se peut que ce
soit carrément une autre fonction. Nous avons alors les définitions suivantes.
136
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Soient f et g deux fonctions définies sur un même intervalle I de R. On dit que f majore g si
pour tout x de I :
f (x) ≥ g(x).
On écrit alors f ≥ g.
Soient f et g deux fonctions définies sur un même intervalle I de R. On dit que f minore g
si pour tout x de I :
f (x) ≤ g(x).
On écrit alors f ≤ g.
2.1.6 Monotonie
Certaines fonctions sont monotones, dans le sens littéral du terme. Autrement dit, elles ne
varient pas. Elles sont soit croissantes, soit décroissantes sur un intervalle fixé. C’est ce que
nous allons définir ici.
Définition 9 (Croissance)
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. L’application f est dite croissante sur
I si pour tous x1 et x2 de l’intervalle I on a :
Définition 10 (Décroissance)
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. L’application f est dite décroissante
sur I si pour tous x1 et x2 de l’intervalle I on a :
137
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. L’application f est dite strictement
croissante sur I si pour tous x1 et x2 de l’intervalle I on a :
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. L’application f est dite strictement
décroissante sur I si pour tous x1 et x2 de l’intervalle I on a :
Définition 13 (Monotonie)
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. L’application f est dite monotone sur
I si elle y est croissante ou décroissante.
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. L’application f est dite strictement
monotone sur I si elle y est strictement croissante ou strictement décroissante.
Remarque Etudier les variations d’une application consiste donc à regarder sa variation de
monotonie et donc à partager son ensemble de définitions en intervalles tels que sur chacun
d’eux, la fonction soit monotone.
Nous verrons dans le chapitre sur la dérivation ue si une fonction est dérivable sur un inter-
valle I inclus dans son domaine de définition, alors sa monotonie est donnée par le signe de sa
dérivée de la façon suivante (nous montrerons ces résultats dans le chapitre de la dérivation).
Soit f une fonction dérivable sur I intervalle de R. Alors f est constante si et seulement si sa
dérivée f 0 est identiquement nulle sur I.
138
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
On synthétise alors les résultats obtenus dans un tableau de variations (voir un exemple dans
la figure 2.3).
Afin de rassembler les informations concernant les variations d’une fonction, on utilise un
tableau de variation dans lequel la croissance est représentée par une flèche vers le haut, la
décroissance par une flèche vers le vas. On y indique également les valeurs aux bornes de
l’ensemble de définition.
x −∞ 0 +∞
signes
+ 0 +
de f 0 (x)
+∞ +∞
variations
de f
F IGURE 2.3 – Exemple de tableau de variation pour la fonction f : x 7→ x2 . Remarquez que l’on note
dans la deuxième ligne, variation de f et non de f (x). On cherche en effet les variations de la fonction
f , tandis que f (x) est un nombre !
139
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Rappelons que la composée de fonction est définie de la façon suivante (voir le chapitre 1
dans la section 1.3) :
Nous allons également nous en servir dans la section sur la dérivation de fonctions.
2.1.7 Parité
Il sera très utile parfois de regarder si notre fonction (et donc son graphe) est symétrique
soit par rapport à l’origine 0 soit par rapport à l’axe des ordonnées (c’est à dire la droite
d’équation x = 0). En effet, cela nous permettra de n’étudier la fonction que sur une partie de
son domaine, l’autre partie se déduisant par symétrie. C’est extrêmement pratique notamment
quand on utilisera des valeurs absolues.
Pour cela nous devons définir la parité d’une fonction.
140
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Soit f une application définie sur son domaine I dans R ( l’intervalle I doit être symétrique-
ment réparti autour de 0) . L’application est dite paire si pour tout réel x de I nous avons
f (−x) = f (x).
Soit f une application définie sur son domaine I dans R ( l’intervalle I doit être symétri-
quement réparti autour de 0) . L’application est dite impaire si pour tout réel x de I nous
avons
f (−x) = −f (x).
Remarque Si f est paire, sa courbe représentative (son graphe) est symétrique par rapport
à l’axe de des ordonnées (la droite d’équation x = 0)
Remarque Si f est impaire, sa courbe représentative (son graphe) est symétrique par rap-
port à l’origine O.
141
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Il se peut que l’axe de symétrie ne soit pas l’axe des ordonnées. La fonction ne sera alors
pas paire, mais juste symétrique par rapport à un autre axe. Supposons que ce soit la droite
verticale d’équation x = a. Nous avons alors la propriété suivante.
Soit f une application définie sur l’intervalle I de R. Soit a un réel de I tel que pour tout x
de I l’on ait :
a + x ∈ I et a − x ∈ I.
f (a + x) = f (a − x).
Il se peut que le centre de symétrie ne soit par l’origine. Dans ce cas, la propriété suivante
nous permet de prouver qu’un point A de coordonnées (a, b) du plan est un centre de symétrie
pour l’application f .
Soit f une application définie sur l’intervalle I de R. Soient a ∈ I et b deux réels tels que
pour tout x de I l’on ait :
a + x ∈ I et a − x ∈ I.
f (a + x) + f (a − x) = 2b.
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soit T un nombre réel non nul tel
que pour tout x de I l’on ait :
x + T dans l’intervalle I.
f (x + T ) = f (x).
f peut donc posséder plusieurs périodes de f . La plus petite d’entre elle est appelée période
fondamentale.
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. On suppose f périodique. Si l’en-
semble des périodes strictement positives de f a un plus petit élément T0 , celui-ci est appelé
période fondamentale de f . Toutes les périodes de f sont alors de la forme nT0 , où n est un
entier relatif.
Proposition 7 (Segment)
Remarque
Remarque
Soit f : I → R, où I est un intervalle ouvert de R une fonction deux fois dérivable sur I. Si
f 00 (x) ≥ 0 pour tout x ∈ I alors f est convexe.
144
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Soit f : I → R, où I est un intervalle ouvert de R une fonction deux fois dérivable sur
I. Si f 00 (a) ≥ 0 pour un point a ∈ I, et pour tous x1 , x2 dans I et dans un voisinage de
a, f 00 (x1 ).f 00 (x2 ) < 0, alors on dit que (a, f (a)) est un point d’inflexion de Cf . alors f est
convexe.
2.1.10 Asymptotes
Définition 23 (Asymptotes)
Remarque
2. lim f (x) − ax = b,
x→∞
alors la droite d’équation = ax + b est asymptote au graphe Cf de f .
145
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Exemple
Soit f :]1, +∞[ définie pour tout x ∈]1, +∞[ par
2x2 − x + 1
f (x) = .
x−1
f (x)
On a lim = 2 et lim f (x)−2x = 1 alors la droite d’équation = 2x+1 est asymptote
x→+∞ x x→∞
au graphe Cf de f (voir figure 2.5).
Soit a un nombre réel. Le plus grand entier inférieur ou égal à a s’appelle la partie entière de
a. Nous le noterons E(a) ou [a]. Autrement dit,
où a ∈ R et E(a) ∈ Z.
Remarque Intuitivement, il est assez aisé de voir que pour les nombre positifs, la partie
entière d’un nombre est le nombre lui-même “coupé” de ses chiffres après la virgule. D’où
148
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Exemple
1. E(π) = 3,
2. E(−π) = −4.
La fonction partie entière que l’on note E est la fonction définie par :
E: R → R
x 7→ E(x).
La fonction E est croissante sur R et elle est constante sur tous les intervalles du type [n, n+1[
où n ∈ Z. On peut remarquer sur le graphe de la partie entière que sa représentation n’est
pas en “ un seul morceau”. On dira dans le prochain chapitre que la fonction partie entière
est continue par morceaux.
Soient a un réel non nul et n un entier naturel. La puissance n-ième de a est définie par :
Notons que si n = 0, a0 = 1.
Il est important de noter que cette fonction est définie pour tout réel a. Ce sera important pour
donner le domaine de définition de cette fonction.
Continuons par quelques propriétés des puissances entières d’un nombre réel a.
Soient a, b des nombres réels et n, p deux entiers naturels. On a les propriétés suivantes :
Remarque Grâce à ce qui précède on peut généraliser les propriétés à n et p entier relatifs,
en faisant attention à chaque fois que pour an , avec n ∈ Z, si la puissance de a est négative,
le nombre a ne doit pas être nul, car on ne peut pas diviser par 0 (on ne le répètera jamais
assez).
La fonction puissance entière peut donc être définie de la façon suivante pour n ∈ Z :
f: R → R
x 7→ xn .
Remarque
1. Si n = 0 on retrouve la fonction constante définie plus haut.
2. Si n = 1 on retrouve la fonction identité Id définie plus haut.
3. Si n est pair, la fonction f est paire.
4. Si f est impaire, la fonction f est impaire.
5. Si n est un entier négatif, il faut bien faire attention au domaine de définition qui devient
Df = R∗ (c’est à dire R privé de 0).
6. Si n = −1 on retrouve la fonction inverse classique :
f : R∗ → R
1
x 7→ x−1 = .
x
150
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
qu’on lit : “somme de i = 1 à n de ai xi ”. C’est écriture est beaucoup plus pratique, elle
permet d’éviter de surcharger les calculs.
Pour éviter les cas particuliers, nous définirons la puissance rationnelle (ou puissance frac-
tionnaire) pour a un réel strictement positif :
p √
a q = q ap .
Remarque
√
1. Noter que si p = 1 et q = 2 on obtient a et a > 0 qui est la racine carrée comme
nous la connaissons (mais définie seulement pour a > 0).
√
2. Noter que si p = 1 et q = 3 on obtient 3 a, et a > 0 qui est la racine cubique que nous
connaissons également (et qui peut être définie sur R).
3. Noter que ce n’est pas toujours nécessaire de prendre a > 0, mais pour la définition
générale d’une puissance rationnelle nous prendrons toujours a dans R∗+ . Sinon il
p
faudra faire attention au rapport qui doit écrit de façon irréductible. Alors seulement
q p
dans ce cas, si q est impair on peut définir a q pour a ∈ R.
4. Notons enfin que si p est négatif, il faut également prendre en compte le fait que a ne
doit pas être nul (sinon on diviserait par 0).
152
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
ln : R∗+ → R
x 7→ ln(x).
154
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Cette fonction possède de nombreuses propriétés qu’il n’est pas inutile de rappeler ci-dessous.
Les résultats sur les limites liées à la fonction ln sont également à connaître et à savoir redé-
montrer.
155
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
mais également
ln(x) ln(x + 1) ln(x)
lim = 0, lim+ = 1, et lim = 0, pour p ∈ R∗+ .
x→+∞ x x→0 x x→+∞ xp
Il sera utile quelques fois de connaître les logarithme de base 10 (en général pour des appli-
cations en physique, chimie ou biologie), et donc plus généralement les logarithmes de base
a où a est un réel strictement positif.
Soient a un réel strictement positif. Pour tout réel x strictement positif, on définit son loga-
rithme de base a noté loga (x) par
ln(x)
loga (x) =
ln(a)
Remarque Le logarithme népérien ln est le logarithme de base e, c’est celui que l’on utili-
sera le plus souvent, et c’est celui qui est le plus simple, que l’on croise le plus naturellement
(même si historiquement ce n’est pas celui-là qui a été utilisé en premier par John Napier
(ou Neper) en 1614 qui à donné son nom à cette fonction). C’est pour cela qu’on l’appelle
aussi logarithme naturel (celui-ci est dû à Nicolaus Mercator (en 1668)).
exp : R → R
x 7→ ex .
Il est important de se rappeler que la fonction exponentielle reste toujours strictement posi-
tive. Cela sera très utile de le savoir tout au long de ce semestre. Elle possède, entre autres,
les propriétés suivantes :
156
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Propriété 8 (Exponentielle)
eln a = a, ln(ea ) = a et eb ln a = ab .
Remarque
1. Le 3. de la propriété précédente permet de définir la puissance quelconque d’un réel
strictement positif ab , où a est un réel strictement positif et b est un réel quelconque. Et
les propriétés des puissances rationnelles marchent encore pour des puissances quel-
conques si on les définit pour un réel a strictement positif.
2. On peut également définir la fonction puissance quelconque (ou fonction puissance
“non entière”) de la façon suivante :
f : R∗+ → R
x 7→ xα ,
157
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
On a alors les limites suivantes (que l’on appelle croissances comparées) (c’est à dire que
l’on étudie la vitesse de croissance de certaines fonctions par rapport à d’autres)
158
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Remarque Nous verrons dans la prochaine section quelques propriétés des fonctions réci-
proques de ces fonctions trigonométriques.
159
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
Ces fonctions sont peut-être nouvelles pour certains d’entre vous. Elles sont très utilisées
dans les applications pratiques. Ce sont des combinaisons de fonctions exponentielles qui ont
des propriétés assez similaires aux fonctions trigonométriques.
Nous donnerons quelques propriétés de ces fonctions à la fin de cette section.
160
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
161
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
th : R → R
sh(x)
x 7→ th(x) = .
ch(x)
162
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
coth : R∗ → R
ch(x)
x 7→ coth(x) = .
sh(x)
Remarque Nous verrons dans la prochaine section quelques propriétés des fonctions réci-
proques de ces fonctions.
Df Fonction f Df 0 Dérivée f 0
R a (a ∈ R) R 0
R x R 1
R x2 R 2x
1 −1
R∗ R∗
x x2
R ou R∗ xn (n ∈ Z) R ou R∗ nxn−1
√ 1
R+ x R∗+ √
2 x
√ 1
R+ n
x (n ∈ N) R∗+ √
n
n xn−1
R∗+ xα (α ∈ R) R∗+ αxα−1
Viennent ensuite les dérivées qui sont nouvelles cette année. Leurs valeurs sont importantes
à connaître, surtout lorsque l’on abordera le chapitre sur les équations différentielles avec les
dérivées mais également les primitives des fonctions usuelles à connaître. Encore une fois,
les ensembles de définitions sont aussi important que les formulations des dérivées.
164
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
La dérivée des fonctions logarithme, exponentielle et hyperbolique est donnée sous forme de
tableau :
Df Fonction f Df 0 Dérivée f 0
1
R∗+ ln(x) R∗+
x
R ex R ex
R ax (a > 0) R ln(a)ax
R sh(x) R ch(x)
R ch(x) R sh(x)
1
R th(x) R = 1 − th2 (x)
ch(x)2
−1
R∗ coth(x) R∗ = 1 − coth2 (x)
sh(x)2
Df Fonction f Df 0 Dérivée f 0
R sin(x) R cos(x)
R cos(x) R sin(x)
π π 1
R\{ + kπ} (k ∈ Z) tan(x) R\{ + kπ} = 1 + tan2 (x)
2 2 cos2 (x)
−1
R \ {kπ} (k ∈ Z) cotan(x) R \ {kπ} = −1 − cotan2 (x)
sin2 (x)
165
Pratiques sur les fonctions (applications) usuelles
166
Chapitre 3
Suites réelles
Charles Baudelaire
Sommaire
3.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
3.2 Deux suites classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
3.2.1 Suites arithmétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
3.2.2 Suites géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
3.2.3 Suites arithmético-géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
3.3 Récurrence d’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
3.4 Limite de suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
3.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
3.4.2 Opération algébriques sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
3.4.3 Résultats sur les limites de suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
3.5 Suites réelles et monotonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
3.6 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
3.7 Suites extraites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
3.8 Critère de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
3.9 Fonctions et suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
167
Suites réelles
(a) Augustin Louis Cauchy (1789 (b) Leonardo Fibonacci (' 1175 - (c) Blaise Pascal (1623- 1662), ma-
- 1857), mathématicien français, ' 1250), un mathématicien italien thématicien français, décrivit dans le
qui a établi entre autres chose un également appelé Léonard de Pise, “traité du triangle arithmétique” en
critère de convergence des suites est connu pour la suite qui porte 1654 ce qui allait être le raisonnement
qui porte son nom. son nom et qu’il a introduite dans par récurrence comme on l’entend de
le Liber Abaci (Le livre des calculs) nos jours.
en 1202.
F IGURE 3.1 – Quelques mathématiciens célèbres ayant contribué à l’élaboration et l’étude de la théorie
sur les suites.
Un cas particulier de fonctions, est les suites. C’est un cas particulier dans le sens où
l’ensemble de départ n’est pas réel mais dans les entiers naturels.
Ce chapitre est dédié à l’étude des suites numériques qui seront à valeurs dans les réels.
Certains résultats seront valables pour les complexes mais nous resterons ici dans les réels.
3.1 Définition
Remarque On appellera aussi suite les applications dont l’ensemble de départ est N privé
de ses premiers éléments jusqu’à un certain rang.
1. Soit directement par une formule, en général une fonction f , et on a pour tout n ∈ N
un = f (n),
On appelle suite arithmétique toute suite (un )n∈N pour laquelle il existe a ∈ R appelé raison
de cette suite tel que, pour tout n ∈ N
un+1 = a + un .
On appelle suite géométrique toute suite (un )n∈N pour laquelle il existe r ∈ R appelé raison
de cette suite tel que, pour tout n ∈ N
un+1 = run .
Il est possible de donner la formulation explicite de chacune de ces suites grâce à la proposi-
tion suivante.
169
Suites réelles
un = u0 + na.
un = u0 r n .
On appelle suite arithmético-géométrique toute suite (un )n∈N pour laquelle il existe a, r ∈ R
appelé raisons de cette suite tel que, pour tout n ∈ N
un+1 = a + run .
Remarque
Toute suite (un )n∈N définie par la formulation récurrente linéaire d’ordre 2 s’écrit de la façon
suivante
un+1 = bun + cun−1
u0 = a0 , u1 = a1 ,
pour tout n ∈ N∗ , où b, c, a0 et a1 sont des réels donnés.
Remarque Nous pouvons exprimer cette suite de la façon suivante (ce qui est équivalent)
aun+2 + bun + cun = 0
u 0 = a0 , u 1 = a1 ,
où a, b et c sont des réels donnés et a 6= 0. Nous retombons alors sur la définition précédente
avec b qui s’écrit −b/a et c qui s’écrit −c/a.
r2 − br − c = 0.
Pour calculer explicitement le terme général de toute suite définie par des récurrences li-
néaires d’ordre 2, l’idée est de chercher des suites géométriques de raison r satisfaisant cette
récurrence. La raison vérifie alors l’équation caractéristique
r2 − br − c = 0.
un = λ1 r1n + λ2 r2n ,
un = λ1 r0n + λ2 nr0n ,
un = λ1 ρn cos(nθ) + λ2 ρn sin(nθ),
3.4.1 Introduction
172
Suites réelles
On dit qu’une suite réelle (un )n∈N a pour limite l ∈ R si et seulement si pour tout ε > 0 il
existe un N ∈ N tel que pour tout n ∈ N,
si n ≥ N alors |un − l| ≤ ε.
Si c’est le cas, on dit que la suite est convergente (on dit aussi qu’elle converge vers l).
S’il n’existe pas de l ∈ R, on dit que la suite est divergente.
Et on écrit
lim un = l.
n→+∞
Remarque
1. Une suite divergente peut admettre une limite infinie ou ne pas avoir de limite du tout.
2. On a les équivalences suivantes
1. On dit qu’une suite réelle (un )n∈N a pour limite +∞ si et seulement si pour tout M > 0
il existe un N ∈ N tel que pour tout n ∈ N,
si n ≥ N alors un ≥ M .
2. On dit qu’une suite réelle (un )n∈N a pour limite −∞ si et seulement si pour tout M < 0
il existe un N ∈ N tel que pour tout n ∈ N,
si n ≥ N alors un ≤ M .
173
Suites réelles
si n ≥ N alors un < M ,
(on dit que la suite est majorée par M à partir d’un certain rang) alors la limite de
(un )n∈N est soit −∞ soit l ∈] − ∞, M ].
2. s’il existe un N ∈ N et M ∈ R tels que pour tout n ∈ N,
si n ≥ N alors un > M ,
(on dit que la suite est minorée par M à partir d’un certain rang) alors la limite de
(un )n∈N est soit +∞ soit l ∈ [M, +∞[.
Remarque Il est important de remarquer ici que dans le cas la limite finie, une inégalité
stricte sur le terme général de la suite entraîne seulement une inégalité large sur la limite !
Remarque Une suite (un )n∈N est bornée si et seulement si la suite (|un |)n∈N est majorée.
Remarque Pour que tout soit bien clair, il paraît nécessaire de faire le point sur un peu de
vocabulaire : en effet, il ne faut pas confondre suite convergente et suite qui admet une limite.
Nous allons le décrire dans le tableau qui suit.
174
Suites réelles
(un )n∈N admet une limite finie l (un )n∈N admet l’∞ comme limite (un )n∈N n’admet pas de limite
Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites définies ayant pour limites respectives l1 et l2 . Alors la
limite de la somme des suites est résumé sous forme de tableau :
l1 l2 l1 + l2
l1 ∞ ∞
+∞ +∞ +∞
−∞ −∞ −∞
+∞ −∞ Forme indéterminée
175
Suites réelles
Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites définies ayant pour limites respectives l1 et l2 . Alors la
limite du produit des suites est résumé sous forme de tableau :
l1 l2 l1 l2
l1 ∞ ∞
∞ ∞ ∞
0 0 0
0 ∞ Forme indéterminée
176
Suites réelles
Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites définies ayant pour limites respectives l1 et l2 . Alors la
limite du quotient des suites est résumé sous forme de tableau :
un
lim un lim vn lim
n→+∞ n→+∞ n→+∞ vn
l1
l1 l2 (6= 0)
l2
l1 ∞ 0
l1 0 ∞
0 ∞ 0
∞ 0 ∞
∞ ∞ Forme indéterminée
0 0 Forme indéterminée
un ≤ vn ,
vn ≤ un ,
alors lim vn = −∞
n→+∞
177
Suites réelles
Soit (un )n∈N une suite convergence telle que pour tout n ∈ N, un > 0 et lim un = l, alors
n→+∞
l ≥ 0.
Soient (un )n∈N , (vn )n∈N et (wn )n∈N trois suites réelles. Si lim un = lim wn = l (finie ou
n→+∞ n→+∞
infinie) et s’il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N
un ≤ vn ≤ wn ,
alors lim vn = l.
n→+∞
Nous avons également le résultat suivant qui pourra s’avérer très utile pour certaines preuves
dans les exercices rencontrés.
Proposition 8 (Recollement)
Si la suite (un )n∈N est telle que les suites (vn )n∈N et (wn )n∈N définies par
ont même limite l (finie ou infinie), alors (un )n∈N a pour limite l.
Remarque Il est important de faire attention dans cet énoncé au fait que les suites (vn )n∈N
et (wn )n∈N aient la même limite. Si ce n’est pas le cas, la suite (un )n∈N n’a pas de limite.
178
Suites réelles
un ≤ un+1 ,
un ≥ un+1 ,
Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites de réels. On dit qu’elles sont adjacentes si et seulement
si
1. l’une des suites est croissante,
2. l’autre suite est décroissante,
3. lim (un − vn ) = 0.
n→+∞
179
Suites réelles
Si (un )n∈N et (vn )n∈N sont deux suites réelles adjacentes telles que (un )n∈N soit croissante et
(vn )n∈N soit décroissante alors :
1. pour tout (n, m) ∈ N2 , un ≤ vm ,
2. lim un et lim vn existent, sont finies et sont égales.
n→+∞ n→+∞
Etant donnée une suite (un )n∈N , on dit que (vn )n∈N est une suite extraite ou encore une sous-
suite, s’il existe une application
ϕ : N → N strictement croissante,
Propriété 6 (Propriété de ϕ)
ϕ(n) ≥ n.
Théorème 2 (Bolzano-Weierstrass)
Un suite réelle (un )n∈N est dite de Cauchy si elle vérifie le critère de Cauchy :
pour tout ε > 0, il existe N ∈ N tel que pour tous p et q ∈ N, si p, q ≥ N alors |up − uq | ≤ ε.
Remarque Attention : même si toute suite convergente est de Cauchy, la réciproque (toute
suite de Cauchy est convergente) n’est pas vraie dans n’importe quel ensemble. Ici, nous
travaillons dans R, et ça marche. Mais il faut absolument que l’on se trouve dans un ensemble
“sans trou”, que l’on appelle également ensemble complet. Par exemple, cela ne marcherait
pas dans l’ensemble Q des rationnels qui n’est pas complet.
181
Suites réelles
182
Chapitre 4
René Thom
Sommaire
4.1 Limites d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
4.1.1 Limites finie d’une fonction en un point . . . . . . . . . . . . . . . 182
4.1.2 Limites infinie d’une fonction en un point . . . . . . . . . . . . . . 184
4.1.3 Limites à droite, limite à gauche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
4.1.4 Caractérisation séquentielle de la limite (limites et suites) . . . . . . 187
4.1.5 Limites d’une fonction en +∞ ou −∞ . . . . . . . . . . . . . . . 187
4.1.6 Propriétés des limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
4.1.7 Opérations algébriques sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . 191
4.1.8 Autres propriétés sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
4.2 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
4.2.1 Caractérisation de Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
4.2.2 Caractérisation séquentielle de la continuité (continuité et suites) . . 197
4.2.3 Continuité, opérations algébriques et composition . . . . . . . . . . 198
4.2.4 Théorèmes sur la continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
4.2.5 Continuité, monotonie, injectivité et bijectivité . . . . . . . . . . . 201
183
Limites et continuité de fonctions
(a) Archimède de Syracuse (287- (b) Madhava de Sangamagrama (c) Karl Theodor Wilhelm
212 av J.C.), mathématicien grec, (1350-1425), un mathématicien in- Weierstrass (1815-1897), mathé-
a introduit une méthode de limite dien, fut le premier à effectuer le maticien allemand, fut le premier
pour des problèmes de géométrie. passage à la limite (sur des fonc- à formuler une définition de la
tions trigonométriques). limite avec les ε et δ qu’on utilise
encore de nos jours.
Afin de faire une étude plus complète d’une application, nous avons besoin de connaître
son comportement en des points particuliers et la plupart du temps aux bornes de son domaine
de définition. Nous allons faire la différence entre les limites en un point, et les limites en
l’infini. Puis nous verrons quelques propriétés sur les limites.
On prend en compte ce cas, en disant que ce voisinage doit au-moins rencontrer Df s’il ne
peut pas y être inclus.
D’où la définition suivante.
Définition 1 (Adhérence)
Soient D une partie de R, et a un réel. On dit que a est adhérent à D lorsque pour tout réel
η > 0, l’intervalle [a − η, a + η] rencontre D. Autrement dit, pour tout réel η > 0, il existe
t ∈ D tel que |t − a| ≤ η.
Remarque
Si a est adhérent à D alors il existe une suite (xn )n∈N d’éléments de D qui converge vers a.
Nous pouvons maintenant donner la définition d’une limite en un point telle qu’elle a été
introduite par Karl Weierstrass.
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soient a et l deux réels finis (c’est
à dire que a et l sont différents de +∞ et −∞) avec a adhérent à I.
On dit que f admet une limite finie l en a, si pour tout réel ε > 0, il existe un réel η > 0 tel
que
Remarque
1. Intuitivement, cette définition signifie que f (x) est aussi près de l que l’on veut (au-
trement dit dans un voisinage de l aussi petit que l’on veut), à condition de choisir x
suffisamment près de a (autrement dit x doit être dans un voisinage suffisamment petit
de a).
2. La définition de la limite précédente permet dire qu’il y a équivalence entre écrire
que f (x) tend vers l et f (x) − l tend vers 0 quand x tend vers a, autrement dit on a
équivalence entre :
(a) lim f (x) = l ,
x→a
(b) lim (f (x) − l) = 0,
x→a
(c) lim |f (x) − l| = 0.
x→a
185
Limites et continuité de fonctions
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soit a un réel adhérent à I .
On dit que f admet la limite +∞ et on dit (plus l’infini) en a, si pour tout réel A > 0, il existe
un réel η > 0 tel que
Remarque Intuitivement, cela signifie que lorsque x s’approche de a, f (x) devient très
grand.
186
Limites et continuité de fonctions
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soit a un réel adhérent à I .
On dit que f admet la limite −∞ et on dit (moins l’infini) en a, si pour tout réel A > 0, il
existe un réel η > 0 tel que
Remarque Intuitivement, cela signifie que lorsque x s’approche de a, f (x) devient très
petit.
Remarque Lorsqu’on est en présence d’une limite infinie (+ ou −∞) en un point fini a, on
dit que la droite d’équation x = a est une asymptote verticale à la courbe représentative de
f.
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soient a et l deux réels finis, avec a
adhérent à I∩]a, +∞[.
On dit que f admet une limite à droite en a (on dit encore par valeurs supérieures en a) si
pour tout réel ε > 0, il existe un réel η > 0 tel que
Remarque Intuitivement, cela signifie que lorsque x s’approche de a en étant plus grand
que a, f (x) devient très proche de l.
187
Limites et continuité de fonctions
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soient a et l deux réels finis, avec a
adhérent à I∩] − ∞, a[.
On dit que f admet une limite à gauche en a (on dit encore par valeurs inférieures en a) si
pour tout réel ε > 0, il existe un réel η > 0 tel que
Remarque Intuitivement, cela signifie que lorsque x s’approche de a en étant plus grand
que a, f (x) devient très proche de l.
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soit a adhérent à I∩]a, +∞[.
On dit que f admet une limite +∞ à droite en a si pour tout réel A > 0, il existe un réel
η > 0 tel que
Remarque Intuitivement, cela signifie que lorsque x s’approche de a en étant plus grand
que a, f (x) devient très grand.
188
Limites et continuité de fonctions
Soit f une application définie sur son domaine I dans R. Soit a adhérent à I. Soit l un nombre
réel fini (ou infini). Les propositions suivantes sont équivalentes :
1. lim f (x) = l,
x→a
2. pour tout suite (xn )n∈N d’éléments de I qui vérifie lim xn = a, la suite f (xn ) admet
n→+∞
une limite finie l.
Remarque
Cette proposition est fondamentale dans le sens où on s’en sert énormément pour montrer :
1. qu’une fonction admet une limite en un point, en utilisant les suites convergentes,
2. montrer qu’une fonction n’admet justement pas de limite en un point en utilisant la
contraposée de cette proposition. Il suffit alors de trouver une suite qui converge vers
a telle que la suite image n’admette pas de limite. On pourrait ainsi le montrer en
trouvant deux suites (un )n∈N et (vn )n∈N de même limite a telles que (f (un ))n∈N et
(f (vn ))n∈N possèdent des limites différentes.
Soit D un partie de R.
On dit que D est non majorée lorsque pour tout réel A, l’intervalle [A, +∞[ rencontre D.
Autrement dit, pour tout réel A, il existe t ∈ D tel que A ≤ t.
On dit que D est non minorée lorsque pour tout réel A, l’intervalle ] − ∞, A[ rencontre D.
Autrement dit, pour tout réel A, il existe t ∈ D tel que t ≤ A.
189
Limites et continuité de fonctions
Soit f une application définie sur un intervalle I non majoré. Soit l un réel fini.
On dit que f admet une limite finie en +∞ si pour tout réel ε > 0, il existe un réel A > 0 tel
que
On écrit alors
Remarque
1. Ceci se traduit par le fait que lorsque x devient très grand (tend vers +∞, f (x) devient
très proche de l.
2. si l’on remplace l’intervalle I non majoré, par I non minoré et x ≥ A par x ≤ −A,
on définit la limite finie en −∞ que l’on note
Remarque Dans les deux cas précédents (limite finie l en +∞ ou −∞) on dit que la droite
d’équation y = l est une asymptote horizontale à la courbe représentative de f .
On écrit alors
Remarque
1. Ceci se traduit par le fait que lorsque x devient très grand (tend vers +∞, f (x) devient
très grand.
2. Si l’on remplace f (x) > B par f (x) < −B dans la définition précédente on obtient la
définition de la limite −∞ en +∞ que l’on note
190
Limites et continuité de fonctions
3. Si l’on remplace l’intervalle I non majoré, par I non minoré et x ≥ A par x ≤ −A,
on définit la limite +∞ en −∞ que l’on note
lim f (x) = +∞ ou encore lim f = +∞.
x→−∞ −∞
4. Enfin, si l’on remplace l’intervalle I non majoré, par I non minoré , x ≥ A par
x ≤ −A et f (x) ≥ B par f (x) ≤ −B, on définit alors la limite −∞ en −∞ que
l’on note
lim f (x) = −∞ ou encore lim f = −∞.
x→−∞ −∞
Soit f une application définie sur un intervalle I de R. Soit a un réel adhérent à I (qui peut
éventuellement être fini ou infini, et alors I est non majorée ou non minorée).
Si f possède une limite l en a cette limite est unique.
Propriété 2 (Egalité)
191
Limites et continuité de fonctions
Limites et comparaison
Propriété 4 (Comparaison)
f (x) ≤ g(x),
alors
Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I de R, soit a un réel adhérent à I. S’il
existe un voisinage de a tel que pour tout x ∈ I dans ce voisinage
f (x) ≤ g(x),
Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I de R, soit a dans I. S’il existe un
voisinage de a tel que pour tout x ∈ I dans ce voisinage
g(x) ≤ f (x),
192
Limites et continuité de fonctions
Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I de R, soient a dans I et l un réel. S’il
existe un voisinage de a tel que pour tout x ∈ I dans ce voisinage
lim f (x) = l.
x→a
l1 l2 l1 + l2
l1 ∞ ∞
+∞ +∞ +∞
−∞ −∞ −∞
+∞ −∞ Forme indéterminée
193
Limites et continuité de fonctions
l1 l2 l1 l2
l1 ∞ ∞
∞ ∞ ∞
0 0 0
0 ∞ Forme indéterminée
194
Limites et continuité de fonctions
Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I de R, avec g(x) 6= 0 sur I. Soit a un
réel adhérent à I. Soient l1 et l2 deux réels. Alors on a le résultat suivant résumé sous forme
de tableau :
f (x)
lim f (x) lim g(x) lim
x→a x→a x→a g(x)
l1
l1 l2 (6= 0)
l2
l1 ∞ 0
l1 0 ∞
0 ∞ 0
∞ 0 ∞
∞ ∞ Forme indéterminée
0 0 Forme indéterminée
Limite et composée
lim g ◦ f (x) = l.
x→a
195
Limites et continuité de fonctions
Limite et monotonie
Soit f une fonction croissante (respectivement décroissante) définie sur I et a un point adhé-
rent à I∩] − ∞, a[.
- Si la restriction de f à I∩] − ∞, a[ n’est pas majorée (respectivement non minorée), alors
Remarque
Critère de Cauchy
Ce dernier résultat que nous reverrons ensuite adapté pour les suites est important quand
on veut montrer l’existence d’une limite finie sans pour autant être capable de la calculer
explicitement.
196
Limites et continuité de fonctions
Soit f une fonction définie sur I. Soit a un réel adhérent à I. On dit que f satisfait le critère
de Cauchy au point a lorsque pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que, pour tous x, y ∈ I,
De façon analogue,
- si I est non majoré, on dit que f satisfait le critère de Cauchy en +∞ lorsque pour tout
ε > 0, il existe A > 0 tel que pour tous x, y ∈ I,
- si I est non minoré, on dit que f satisfait le critère de Cauchy en −∞ lorsque pour tout
ε > 0, il existe A > 0 tel que pour tous x, y ∈ I,
Une fonction f admet une limite finie en a (a fini ou infini) si et seulement si elle satisfait le
critère de Cauchy en a.
4.2 Continuité
Jusqu’à présent nous ne nous sommes pas posés de questions à propos de la continuité de
fonctions. Intuitivement, une fonction continue, est à nos yeux une fonction dont le graphe
est en un “seul morceau”, ”sans coupure”. c’est ce qui semble le cas pour toutes les fonc-
tions usuelles vues dans le chapitre précédent, sauf peut-être la fonction partie entière, et les
fonctions inverses et homographiques. Voyons dans ce chapitre comment formaliser mathé-
matiquement la notion de continuité. Un peu comme nous l’avons fait pour définir la notion
de limite de fonctions.
Dans tout ce chapitre, nous considérons I comme un intervalle de R non vide, non réduit
à un point, et nous considérons a comme un point de I.
(a) Bernard Bolzano (1781 – 1848), (b) Sylvestre-François Lacroix ou (c) Eduard Heine (1821 -
(Bernhard Placidus Johann Nepo- De la Croix (1765 - 1843), mathé- 1881), mathématicien alle-
muk Bolzano), mathématicien né maticien français, reprend la notion mand a défini la notion
et mort à Prague (à l’époque dans de continuité définie par Euler, cas de continuité uniforme (que
l’empire d’Autriche) à qui l’on doit particulier de la continuité que nous nous n’aborderons pas ici)
la définition de la continuité. connaissons.
F IGURE 4.3 – Quelques mathématiciens célèbres liés à l’étude de la continuité. Noter que Cauchy
et Weierstrass ont joué un rôle très important dans cette étude, leur photo se trouvant dans des cha-
pitres précédents, il a semblé plus judicieux de montrer d’autres protagonistes qui ont contribué à
l’élaboration de cette théorie.
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R, non vide et non réduit à un point. Soit a
un point de I.
La fonction f est dite continue en a si pour tout réel ε > 0, il existe un autre réel η > 0 (qui
dépend du choix de ε) tel que pour tout x de I
Remarque
1. En d’autres termes, dire qu’une fonction est continue signifie que sa courbe représen-
tative ne présente pas de sauts.
2. Le réel η dépend à la fois du ε que l’on va choisir, mais également du point a. Il peut
être différent suivant le point a que l’on étudiera.
198
Limites et continuité de fonctions
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R, non vide et non réduit à un point. On dit
que la fonction f est continue en I si et seulement si
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R, non vide et non réduit à un point. Soit a
un point de I.
1. La fonction f est dite continue à gauche de a si et seulement si
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R, non vide et non réduit à un point. On dit
que la fonction f est continue en I si et seulement si elle est continue en chaque point de I.
Pour qu’une application f : I → R soit continue en un point a ∈ I, il faut et il suffit que pour
tout suite (xn )n∈N d’éléments de I qui vérifie lim xn = a, la suite f (xn ) soit convergente
n→+∞
vers f (a).
Remarque
Cette proposition est fondamentale dans le sens où on s’en sert énormément pour montrer :
199
Limites et continuité de fonctions
Il arrive quelques fois que certaines fonctions, par leur définition ne soient pas continues.
Mais en les dessinant on s’aperçoit que leur graphe possède juste un “trou” que l’on peut
facilement “boucher” par un point, afin de recoller la courbe qui les représente. En les rebou-
chant on dit que l’on peut les prolonger par continuité. D’où la proposition suivante :
Cette proposition pourra s’avérer utile dans le chapitre des équations différentielles, lorsque
l’on cherchera des solutions maximales sur deux intervalles séparés d’un point que l’on peut
“recoller” en solution globale sur l’union de ces intervalles incluant ce point.
201
Limites et continuité de fonctions
Nous introduisons dans cette section les théorèmes fondamentaux sur la continuité auxquels
vous ne pourrez pas échapper. Ils forment la base de la connaissance de l’analyse pour les
semestres suivants.
Commençons par l’un des théorème intuitivement facile à énoncer.
Soit f : [a, b] → R une fonction continue. Si f (a) et f (b) sont tels que f (a)f (b) < 0 alors il
existe c ∈]a, b[ tel que f (c) = 0.
Remarque Noter que si f (a) (ou f (b)) est nul, alors automatiquement il existe au-moins c
tel que f (c) = 0, puisque c = f (a) (ou f (b)).
202
Limites et continuité de fonctions
Soit f une fonction définie sur I un intervalle de R. Soient a et b deux réels de I. Alors tout
réel compris entre f (a) et f (b) possède au moins un antécédent par la fonction f .
En d’autres termes, pour tout a et b réels de I tels que a < b,
Remarque Ce théorème permet de dire que l’image d’un intervalle est un intervalle.
Soit f une fonction définie et continue sur un segment [a, b] de I intervalle de R (autrement
dit sur un intervalle fermé et bornée de I). Alors il existe deux réels c1 et c2 dans [a, b] tels
que pour tout x dans [a, b],
Remarque Ce théorème signifie que si f est continue sur un intervalle fermé borné, alors
f est aussi bornée et atteint des bornes.
Si f est une fonction monotone sur un intervalle I de R telle que f (I) (l’image par f de I)
soit également un intervalle, alors f est continue.
Remarque Attention, il faut que la fonction soit monotone pour avoir le résultat. En géné-
ral, si l’image par une fonction f d’un intervalle est un intervalle, alors f n’est pas forcément
continue.
f: R → R
( 1
sin( ), si x 6= 0,
x 7→ f (x) = x
k, si x = 0,
avec k ∈ [−1, 1].
Alors f n’est pas continue en 0 et pourtant pour tout intervalle I contenant 0, on a f (I) =
[−1, 1].
Soit f une fonction définie (pas forcément continue) sur un intervalle I de R. On suppose de
plus que f est strictement monotone. Alors f est injective.
Pour avoir la réciproque, nous sommes obligés de supposer la continuité de f , sinon cela ne
marche pas.
Soit f une fonction définie sur I intervalle de R. Si f est injective et continue sur I alors elle
est nécessairement strictement monotone.
Remarque Attention, une fonction injective et non continue n’est pas forcément monotone.
On peut par exemple considérer une fonction continue par morceaux donc chaque morceau
est soit strictement croissant soit strictement décroissant.
Soit f une fonction définie sur I intervalle de R. Si f est injective et continue sur I et si on
pose J = f (I) (l’image de I par f ), et si l’on considère la fonction g :
g: I → J
x 7→ g(x) := f (x),
Remarque
1. Les hypothèses du théorème précédent signifient que la fonction g permet de restreindre
l’ensemble d’arrivée I de la fonction f injective et continue à son image J = f (I) de
telle sorte que g soit, par construction à la fois injective et surjective donc bijective.
2. Comme d’après la proposition précédente (continuité et injectivité) la fonction f est
strictement monotone, alors sa fonction réciproque est aussi strictement monotone, et
de même sens de variation que f .
204
Chapitre 5
Dérivabilité
Sommaire
5.1 Définition de la dérivabilité de f . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
5.2 Dérivabilité et continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
5.3 Dérivabilité, opérations algébriques et composition . . . . . . . . . . . . 207
5.4 Dérivée et monotonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
5.5 Dérivées et extrema . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
5.6 Théorèmes fondamentaux sur les dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
5.7 Dérivées des fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
5.8 Dérivées successives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
5.8.1 Dérivée nième . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
5.8.2 Classes de fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
5.8.3 Fonction de classe C n , n ∈ N . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
5.8.4 Fonction de classe C ∞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
5.8.5 Dérivée nième d’une somme de fonctions . . . . . . . . . . . . . . 216
5.8.6 Dérivée nième d’un produit de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . 217
5.8.7 Dérivée nième de la composée de deux fonctions. . . . . . . . . . . 217
5.9 Fonctions convexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
205
Dérivabilité
F IGURE 5.1 – Quelques mathématiciens célèbres liés à l’étude de la dérivabilité des fonctions. Noter
que Cauchy et Weierstrass ont joué un rôle très important dans cette étude, leur photo se trouvant
dans des chapitres précédents, il a semblé plus judicieux de montrer d’autres protagonistes qui ont
contribué à l’élaboration de cette théorie.
Ce chapitre se trouve dans la suite logique des chapitres précédents. Ainsi, après avoir
défini les fonctions, étudié leurs limites et leur continuité, nous pouvons désormais nous
206
Dérivabilité
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. Soit a un point de I. On dit que f est
dérivable en a si la fonction suivante (appelée taux d’accroissement),
g : I − {a} → R
f (x) − f (a)
x 7→ ,
x−a
possède une limite finie l au point a.
Dans ce cas là, on note la limite l de la façon suivante :
f (x) − f (a)
l = lim g(x) = lim = f 0 (a).
x→a x→a x−a
Ce nombre f 0 (a) est appelé dérivée de f en a.
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. Soit a un élément de I (ou bien une
extrémité de I).
f (x) − f (a)
1. On dit que f est dérivable à droite en a si a une limite à droite quand x
x−a
tend vers a (supérieurement).
f (x) − f (a)
2. On dit que f est dérivable à gauche en a si a une limite à gauche quand x
x−a
tend vers a (inférieurement).
207
Dérivabilité
On dit que f est dérivable sur I si, pour tout x de I, f est dérivable en x. Et note f 0 : x 7→
f 0 (x) la fonction dérivée.
Remarque On peut définir la dérivée d’une fonction f en un point a d’une autre façon.
Si l’on considère la fonction εa définie de la façon suivante :
εa : Df \ {a} → R
f (x) − f (a)
x 7→ εa (x) = − f 0 (a).
x−a
Si f est dérivable en a alors lim ε(x) = 0 et l’on peut écrire
x→a
Remarque Grâce à ce qui précède il est alors possible d’en déduire une équation de la
tangente au graphe de f en a par :
Nous pouvons également donner la proposition suivante qui caractérise les fonctions déri-
vables en a.
208
Dérivabilité
Une fonction f définie sur I intervalle de R est dérivable en un point a si et seulement s’il
existe un nombre réel l et une fonction εa qui possède les propriétés suivantes :
εa est continue en a et εa (a) = 0
f (x) = f (a) + (x − a)l + (x − a)εa (x) pour tout x ∈ I
f
3. Si f et g sont dérivables en a, avec g(a) 6= 0 la fonction est dérivable en a et on a
g
0
f f 0 (a)g(a) − f (a)g 0 (a)
(a) = .
g g 2 (a)
Soient f une fonction définie sur I à valeurs dans J, et g une fonction définie sur J à valeurs
dans K (I, J et K étant des intervalles de R).
Si f est dérivable en a, un élément de I, et si g est dérivable en f (a) un élément de J, alors
la composée g ◦ f est dérivable en a et l’on a
Remarque Lorsqu’on dérive des fonctions composées on peut faire une analogie avec des
209
Dérivabilité
poupées russes. Les fonctions dans la composition s’emboîtent les unes dans les autres. Et
lorsque l’on dérive cette composition de fonctions, cela revient à enlever les poupées les
unes après les autres. Et chaque fois qu’on en retire une on la dérive au point correspondant
à l’intérieur des poupées encore rangées que l’on n’a pas encore touchées.
Soit f une fonction dérivable sur I intervalle de R. Alors f est constante si et seulement si sa
dérivée f 0 est identiquement nulle sur I.
210
Dérivabilité
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. Soit c un point de I. On dit que :
1. la fonction f admet un maximum en c si pour tout x de I,
f (x) ≤ f (c),
f (x) ≥ f (c),
211
Dérivabilité
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. Soit c un point de I. On dit que :
1. la fonction f admet un maximum local en c s’il existe un nombre η > 0 tel que l’in-
tervalle ouvert de la forme ]c − η, c + η[ soit inclus dans I et la restriction de f à cet
intervalle admette un maximum en c, soit encore : il existe η > 0 tel que
2. la fonction f admet un minimum local en c s’il existe un nombre η > 0 tel que l’in-
tervalle ouvert de la forme [c − η, c + η] soit inclus dans I et la restriction de f à cet
intervalle admette un minimum en c, soit encore : il existe η > 0 tel que
Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I de R. Soit c un point de I . Si f est
dérivable c et admet un extremum local en ce point alors
f 0 (c) = 0.
Remarque
1. Attention cela ne marche dans le cadre général que si I est un ouvert (autrement on ne
prend pas les bords de l’intervalle I en compte) !
2. Attention la réciproque de cette proposition est fausse en général !
212
Dérivabilité
Soient a et b deux réels tels que a < b et f une fonction définie et continue sur l’intervalle
[a, b], dérivable sur l’intervalle ]a, b[.
Alors si f (a) = f (b), il existe un nombre c dans l’intervalle ]a, b[ tel que
f 0 (c) = 0.
Remarque Attention, si jamais f n’est pas dérivable sur l’intervalle, il se peut que la fonc-
tion possède un extremum sans qu’une seule valeur de la dérivée de f (là où f est dérivable)
s’annule.
Soient a et b deux réels tels que a < b et f une fonction définie et continue sur l’intervalle
[a, b], dérivable sur l’intervalle ]a, b[.
Alors il existe un nombre c dans l’intervalle ]a, b[ tel que
213
Dérivabilité
Soient a et b deux réels tels que a < b. Soient f et g deux fonctions définies et continues sur
l’intervalle [a, b], dérivables sur l’intervalle ]a, b[.
Alors il existe un nombre c dans l’intervalle ]a, b[ tel que
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R et dérivable sur I \ {a} (où a est un
élément de I).
On suppose que sa dérivée f 0 admet une limite réelle l au point a. Alors f est dérivable en a
et f 0 (a) = l.
Remarque Attention : la dérivée d’une fonction f n’a pas toujours pour limite f 0 (a) au
point a. Ce qui signifie que la dérivée d’une fonction dérivable n’a pas de raison d’être
continue.
Exemple
La fonction suivante est un exemple classique de fonction dérivable dont la dérivée n’est pas
continue.
f: R → R 2
x sin(1/x) si x 6= 0,
x 7→
0 si x = 0
est dérivable en 0 mais n’est pas continue en ce point puisque que sa dérivée n’admet pas de
limité en 0.
214
Dérivabilité
f 0 (x) f (x)
si lim = l alors lim =l
x→a g 0 (x) x→a g(x)
f 0 (x) f (x)
si lim = l alors lim =l
x→a g 0 (x) x→a g(x)
Remarque
1. Dans la proposition précédente, la limite l peut être finie ou infinie.
0 00
2. La règle de l’Hôpital n’est à utiliser qu’en cas d’indétermination de la forme “ pour
0
∞ 00
la version 1 ou “ pour la version 2.
∞
3. On peut utiliser la règle de l’Hôpital en dérivant plusieurs fois (sous réserve que les
dérivées successives existent).
4. Ces deux versions ne donnent que des conditions suffisantes pour avoir la limite. C’est
à dire que la réciproque est fausse. Il se peut que la limite du quotient des dérivées
n’existe pas alors que la limite du quotient. existe.
Un exemple illustrant le dernier point de la remarque est donné par le calcul de
f (x) x2 sin(1/x))
lim = lim = lim x sin(1/x) = 0,
x→0 g(x) x→0 x x→0
tandis que
Df Fonction f Df 0 Dérivée f 0
R a (a ∈ R) R 0
R x R 1
R x2 R 2x
1 −1
R∗ R∗
x x2
R ou R∗ xn (n ∈ Z) R ou R∗ nxn−1
√ 1
R+ x R∗+ √
2 x
√ 1
R+ n
x (n ∈ N) R∗+ √
n
n xn−1
R∗+ xα (α ∈ R) R∗+ αxα−1
Viennent ensuite les dérivées qui sont nouvelles cette année. Leurs valeurs sont importantes
à connaître, surtout lorsque l’on abordera le chapitre sur les équations différentielles avec les
dérivées mais également les primitives des fonctions usuelles à connaître. Encore une fois,
les ensembles de définitions sont aussi important que les formulations des dérivées.
216
Dérivabilité
La dérivée des fonctions logarithme, exponentielle et hyperbolique est donnée sous forme de
tableau :
Df Fonction f Df 0 Dérivée f 0
1
R∗+ ln(x) R∗+
x
R ex R ex
R ax (a > 0) R ln(a)ax
R sh(x) R ch(x)
R ch(x) R sh(x)
1
R th(x) R = 1 − th2 (x)
ch(x)2
−1
R∗ coth(x) R∗ = 1 − coth2 (x)
sh(x)2
Df Fonction f Df 0 Dérivée f 0
R sin(x) R cos(x)
R cos(x) R sin(x)
π π 1
R\{ + kπ} (k ∈ Z) tan(x) R\{ + kπ} = 1 + tan2 (x)
2 2 cos2 (x)
−1
R \ {kπ} (k ∈ Z) cotan(x) R \ {kπ} = −1 − cotan2 (x)
sin2 (x)
217
Dérivabilité
1. Etant donnés un entier n non nul, et une fonction f définie et dérivable n fois sur I, la
dérivée nième est définie comme de la façon suivante :
f (n) = (f (n−1) )0 ,
Définition 5 (classe C n )
Soit n un entier non nul. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R.
On dit que f est de classe C n sur I si f est n fois dérivable sur I et sa dérivée nième f (n) est
continue sur I.
Si n = 0 on dit juste que f est continue (de classe C 0 sans être nécessairement dérivable.
Définition 6 (classe C ∞ )
218
Dérivabilité
Remarque Si l’on considère une fonction g qui ne s’annule pas sur I on peut définir la
f
dérivée nième d’un quotient de fonctions en reprenant la formule précédente mais en mul-
g
1
tipliant f par au lieu de g.
g
et k := b1 + b2 + ... + bm
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. On dit que f est convexe si et seulement
si pour tous x et y dans I
220
Dérivabilité
Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I de R et dérivable sur I. Si sa dérivée f 0
est croissante alors f est convexe et pour tous x, a ∈ I
Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I de R et deux fois dérivable sur I. Si sa
dérivée seconde f 00 est telle que f 00 (x) ≥ 0 pour tout x ∈ I alors f est convexe sur I.
Nous pouvons désormais donner quelques résultats reliant la convexité avec les extrema. Mais
auparavant, rappelons un résultat reliant les extrema avec les dérivées et dérivées secondes
d’une fonctions.Nous nous focaliserons sur les minima (les résultats sur les maxima sont
analogues en considérant −f plutôt que f ).
Remarque Attention :
1. les conditions f 0 (a) = 0 et f 00 (a) ≥ 0 ne sont pas suffisantes (sauf si f est convexe).
Exemple : f : x 7→ x3 est telle que f 0 (0) = 0 et f 00 (0) = 0 mais 0 n’est pas un minimum
local.
2. D’autre part, la condition f 00 (a) > 0 n’est pas nécessaire.
Exemple : f : x 7→ x4 est telle que f 0 (0) = 0 et f 00 (0) = 0 et pourtant 0 est bien
minimum de f .
221
Dérivabilité
Soit f une fonction convexe définie sur un intervalle ouvert I de R et deux fois dérivable sur
I. Soit a ∈ I. On a alors
222
Bibliographie
223