Affirmation Communication
Affirmation Communication
Affirmation Communication
La démarche d’affirmation de soi s’étaye sur plusieurs considérations. D’abord sur le fait que
l’image de soi, l’estime de soi, le sentiment de sa personnalité ne sont pas des données
intangibles mais se construisent et se maintiennent à travers la communication avec autrui.
Une part importante de cette communication est sous-tendue par une recherche de
reconnaissance – en grande partie inconsciente – où nous avons besoin des autres pour
confirmer ce que nous sommes ou ce que nous voulons être.
De cette perspective en découle une autre : c’est que nous pouvons agir sur le sentiment de
soi, sur les représentations que nous nous faisons de nous-mêmes et que cette action passe
par une modification de notre communication à autrui.
La démarche d’affirmation de soi (en anglais assertivness traduit par assertivité), qui s’est
développée aux Etats-Unis dans les années 60, prend appui à la fois sur le courant de la
psychologie phénoménologique et existentielle (A. Maslow, J.-P. Sartre, C. Rogers, T.
Gordon, R. Laing…) et sur les approches systémiques, transactionnelle, comportementale et
cognitive (P. Watzlawick, E. Berne, A. Bandura, A.T. Beck…).
Nous verrons dans ce sens quelles sont les conditions d’une bonne communication, ce qui
peut la perturber au niveau personnel et comment développer des attitudes adaptées
d’affirmation de soi dans la relation aux autres.
C’est le psychologue Carl Rogers qui s’est efforcé de déterminer, à partir de l’expérience, les
conditions d’une communication satisfaisante. Il en a dégagé l’élément central dans la notion
de congruence. La congruence, c’est la correspondance la plus étroite possible entre ce que
l’on ressent (l’expérience intérieure), ce que l’on pense et ce que l’on exprime (exemple : je
ressens de la peine, j’ai conscience que les propos de mon interlocuteur m’ont blessé, je le
lui communique).
B. Les déclencheurs
C. Le contexte
Sans entrer plus avant dans cette approche nous pouvons dire que les apprentissages
psycho-sociaux ne sont pas de simples automatismes, mais sont influencés par
l’environnement relationnel et affectif du sujet.
Dans une visée formative, on est amené à distinguer les attitudes qui paraissent adaptées
parce qu’elles favorisent un état intérieur et une communication satisfaisante, de celles qui
peuvent sembler inadaptées en raison des perturbations qu’elles introduisent dans la
relation. Il ne s’agit donc pas ici d’un point de vue moral ou normatif, mais d’une évaluation
en termes de satisfaction psychologique et d’efficacité relationnelle.
Pour récapituler et compléter ce que nous avons déjà amorcé avec l’étude des mécanismes
de défense, nous pouvons nous appuyer sur le modèle proposé par Henri Laborit, à partir
notamment de l’éthologie ou science des comportements animaux. (Henri Laborit, biologiste
français, inventeur des neuroleptiques. Auteur de nombreux ouvrages, dont L’agressivité
détournée, Paris, coll.10/18,1971 ; Eloge de la fuite, Paris, Gallimard, 1985).
Il montre que dans une situation de danger, l’animal a deux réponses : l’attaque ou la fuite.
Cependant, dans certains cas, il y a inhibition de l’action. L’attaque et la fuite sont des
réactions instinctuelles efficaces mais qui ne sont pas toujours socialement adaptées car
elles rompent la relation ou peuvent provoquer une agression en retour ; quant à l’inhibition,
nous avons vu aussi qu’elle empêche la communication.
A partir de la notion de jeu, en analyse transactionnelle, on peut dégager une autre catégorie
d’attitudes inadaptées : la manipulation qui est une forme de communication indirecte et
cachée (les objectifs visés sont dissimulés) par laquelle on cherche à contrôler et à
manœuvrer autrui. Ce type d’attitude peut sembler quelque fois efficace, mais finit par
engendrer la méfiance et le retrait chez l’interlocuteur.
Par contraste avec les attitudes inadaptées – l’attaque, la fuite, l’inhibition, la manipulation –
on regroupera sous l’étiquette d’affirmation de soi les attitudes permettant une satisfaction
mutuelle des interlocuteurs et une bonne communication.
A. L’attaque
Certaines personnes répondent préférentiellement par des attitudes agressives à des
situations de communication génératrices pour elles d’anxiété. Il s’agit souvent d’une
réponse à un sentiment d’insécurité ou de menace (prendre les devants avant que l’autre
ne vous attaque).
B. La fuite
Les réactions de fuite peuvent prendre plusieurs formes : c’est l’évitement de toutes les
situations qui posent problème (fuir la discussion, remettre à plus tard une démarche,
éviter les choix et prises de décision…). C’est encore une attitude de dépendance face à
des personnes par lesquelles on cherche à se faire prendre en charge (aidez-moi je suis
incapable). Le conformisme peut être aussi une forme de fuite de l’opinion ou du choix
personnels.
Elle est insatisfaisante dans la communication : la personne est jugée fuyante, on ne sait
pas ce qu’elle veut, on n’arrive jamais à aborder avec elle les problèmes de fond. La
communication est vide, ou confuse et brouillée.
C. L’inhibition
D. La manipulation
La manipulation peut être efficace un temps. Lorsqu’elle est perçue, elle provoque chez
l’autre la méfiance, la passivité soumise ou la révolte, le retrait ou des attitudes contre-
manipulatoires.
Elle suscite souvent chez celui qui manipule des sentiments de toute-puissance et de
contrôle d’autrui ; mais elle s’accompagne aussi de méfiance, de mépris, de peur d’être
soi-même manipulé, d’un manque d’authenticité dans les relations.
E. L’affirmation de soi
Si nous avons détaillé quelque peu les attitudes inadaptées, c’est que, pour une part,
l’affirmation de soi se définit par opposition à celles-ci. Elle évite la fuite, l’attaque, la
passivité, la manipulation.
Mais l’affirmation de soi se définit aussi positivement. Elle consiste à exposer son point
de vue, à défendre ses droits, à exprimer ses attentes et ses sentiments avec calme,
avec fermeté s’il le faut, mais sans agressivité. Elle implique aussi de prendre en compte
les points de vue, les droits, les attentes et les sentiments d’autrui.
C’est savoir demander sans peur du refus, savoir dire non sans culpabilité, savoir gérer
les conflits quand c’est nécessaire, pouvoir formuler des critiques et les recevoir (mais
aussi des compliments), accepter d’être en désaccord avec autrui.
L’expérience montre que ce sont souvent les mêmes types de situations qui posent
problème à un nombre important de personnes et sur lesquelles peut s’effectuer un travail de
prise de conscience, d’apprentissage et de changement.
A. Demander
Beaucoup de gens sont mal à l’aise lorsqu’ils ont à demander quelque chose (timidité,
peur du refus, peur d’être redevable…) ; ce malaise les amène souvent, soit à renoncer à
toute demande, soit à la faire de façon maladroite.
L’attitude affirmée peut, dans ce cas, s’exprimer selon le schéma suivant (qui n’est, bien
sûr, qu’un exemple) :
B. Refuser
Avoir à refuser quelque chose peut être aussi une attitude difficile pour de nombreuses
personnes (peur d’une réaction agressive, peut de ne pas être apprécié, peur du rejet…).
Encore une fois, il ne s’agit que d’un exemple d’attitude assertive possible ; c’est à
chacun de trouver son style.
Faire une critique ou en recevoir une n’est pas nécessairement une position agréable.
Cela provoque facilement des attitudes agressives de part et d’autre, des justifications et
des réactions défensives.
• Demande d’autorisation à formuler une critique (Si tu me permets, j’aurai une critique
à t’adresser).
• Expression personnelle directe et précise de la critique (Je trouve vraiment que ton
dernier rapport n’est pas bon).
• Expression des sentiments et attitude réparatrice (Je suis vraiment désolé d’avoir à te
le dire, j’aimerais mieux pouvoir te faire des compliments, je ne sais ce qui s’est
passé, d’habitude ton travail me donne satisfaction…).
Le conflit est nécessairement une situation de heurt et d’opposition entre des opinions,
des intérêts, des conceptions, des valeurs, des positions ou des logiques.
Une telle situation provoque très souvent des sentiments négatifs : tension, anxiété,
agressivité, insécurité, rancœur, blessures… Ceci explique que bien des personnes
préfèrent éviter les conflits et ont recours à des attitudes de fuite, d’inhibition ou de
manipulation, ou alors tombent dans l’attaque agressive.
Pour une part, on retrouve des démarches déjà abordées dans le refus et la critique.
Quant à la négociation, elle suppose plusieurs étapes que nous pourrions résumer ainsi
(mais elle est souvent bien plus complexe…) :
• Expression et prise en compte des intérêts (motivations, attentes, désirs, goûts…) de
chaque partie.
• Recherche des options et solutions possibles
• Prise de décision.
Une fois la décision envisagée, il est important de s’assurer qu’elle est réalisable, d’en
mesurer les avantages et les inconvénients, de vérifier qu’elle est viable et écologique
(pour prendre un terme de la systémique), qu’elle suscite un minimum d’adhésion et
qu’on a envie de mettre de l’énergie à sa concrétisation.
La démarche d’affirmation de soi est très certainement une démarche utile pour un grand
nombre de personnes, tant au niveau du développement personnel qu’au niveau
professionnel. On peut en attendre une meilleure capacité à l’auto-observation, une
compréhension de ce qui entrave ou perturbe la communication avec autrui et une possibilité
de changement et d’évolution personnelle. Mais cette démarche vise surtout à identifier les
comportements possibles et les attitudes sous-jacentes.
C’est une démarche concrète, pragmatique et progressive qui permet d’inventorier les
objectifs souhaitables et de les travailler les uns après les autres.
Elle n’est pas cependant une démarche thérapeutique : il ne faut pas en attendre un
changement profond de la personnalité (objectif qu’elle ne se donne pas d’ailleurs).
Enfin, l’affirmation de soi ne peut régler tous les problèmes. Elle permet simplement de les
aborder, avec une chance raisonnable, pour ce qui conncerne la présentation de soi et la
communication interpersonnelle, de les résoudre.
Voir aussi J.-M. Boisvert, M.Beaudry, S’affirmer et communiquer, Montréal, Ed. de l’Homme,
1979.