ORTH 2015 Benchimol
ORTH 2015 Benchimol
ORTH 2015 Benchimol
Née le 22/09/1992
Née le 22/09/1992
A Delphine Hamel, pour son importante implication cette année, pour ses idées et
ses projets, pour sa vision de l’enseignement.
A Gaëlle Benichou, pour tout le temps qu’elle a consacré au Département, pour son
soutien aux étudiants et son aide précieuse à l’organisation des relectures et des
soutenances.
A René Dauman, pour les projets menés en collaboration au fil de ces quatre années
et pour sa confiance aux étudiants.
A Florence Biesse, pour les trois années passées en sa compagnie, pour ses
anecdotes, son sens de l’humour, son travail et sa présence. Pour avoir été, pendant
de nombreuses années, le pilier de tant d’étudiants, et pour l’avoir été avec cette
incroyable classe qui l’accompagne au quotidien.
A Fanny, Nina, Jeanne et Anna pour leur amitié durant ces quatre années, pour les
voyages, les projets et tout ce qu’elles m’apportent au quotidien.
A Amandine, Gaëlle et Françoise, pour les apéros, les sessions révisions, les
histoires de vie, les conseils toujours avisés. Pour ces rencontres inoubliables, ces
amitiés immortelles.
A Julie, Carole, Marie-Justine, Céline et Selma, pour leur affection et leur bonne
humeur, pour les sorties passées et les nombreux souvenirs, et pour toutes les
aventures à venir.
A Amy, pour son énergie, les nuits blanches, les projets et les frayeurs, pour sa
confiance et son amitié, pour ce qu’elle porte au quotidien pour rendre meilleur le
monde des étudiants en orthophonie et pour tout ce qu’elle portera encore, j’en suis
sure.
A Stéphanie et Alexia, mes makatonneuses préférées, pour leur joie de vivre, leur
sourire et pour leur relecture assidue.
A Anne, Céline, Peter, Florence, Trésor, Sophie, Soizic, Mélody et Janko, pour tous
ces moments à rêver le monde de l’orthophonie. Pour les billets de train, les rendez-
vous, les CA, les contribs, les mails et les paniques. Et pour tout ce que l’avenir nous
réserve de week-ends, de thèses et de projets.
A tous les bureaux de la FNEO, passés et futurs, qui se battent chaque jour pour
nous représenter.
A mes amis parisiens : Célia, Alix, Kenza, Mickaëla, Nath, Ninon, Marjorie, Sarah,
Sophia, Christophe, restés tout autour de moi malgré la distance, toujours présents.
A Jessy, mon pilier, parce que de Singapour à Berlin, aucune distance ne nous
résiste. Parce que, comme il y a 4 ans, 8 ans, 17 ans, comme à chaque moment de
ma vie, bon ou mauvais, son amitié reste indéfectible.
A mon grand frère pour son soutien, son amour, sa présence constante à mes côtés.
Pour son oreille attentive et ses conseils avisés, pour le modèle qu’il représente à
mes yeux, pour l’être exceptionnel qu’il est…
A ma mère, pour ton amour inconditionnel et ton soutien sans faille depuis toujours.
Pour ta force inouïe, pour ta présence à chacune des étapes de mon chemin. Pour
cette vie que tu m’as offerte, pour tout ce qu’aucun mot ne peut décrire. Je t’aime...
A mon père…
Annexes.................................................................................................................. 149
Annexe 1 : Tests évaluant le langage et la communication chez les enfants âgés
de 2 ans 6 à 5 ans 6 ........................................................................................... 149
Annexe 2 : Tests utilisables dans l’outil élaboré ................................................. 152
Annexe 3 : Livret de passation............................................................................ 156
Annexe 4 : Grille d’Observation Clinique ............................................................ 183
Annexe 5 : Grille d’Evaluation Normée ............................................................... 191
Annexe 6 : Réponses des orthophonistes aux questions ouvertes ..................... 195
Introduction
« Dès lors que l’on reconnaît la profonde différence entre trouble fonctionnel et
trouble structurel, on se doit d’essayer d’établir un diagnostic différentiel »
Jacques Roustit
Mais ces difficultés langagières n’impliquent pas toujours les mêmes conséquences,
et le type de prise en charge dépendra du trouble de l’enfant. Si, à première vue,
tous les enfants « parlant mal » peuvent se ressembler, l’œil aguerri du praticien
devrait savoir différencier les troubles précocement, afin d’engager une prise en
charge adaptée et efficace dès le plus jeune âge, permettant ainsi d’optimiser le
pronostic du patient.
Mais le délai de diagnostic n’est pas le seul problème concernant cette pathologie.
Du fait de leurs difficultés de langage, les enfants dysphasiques ont parfois une
présentation évoquant un syndrome autistique. Ainsi, il arrive que des
diagnostics de Trouble du Spectre Autistique soient posés pour des enfants
dysphasiques.
1
Ces erreurs de diagnostic peuvent s’avérer dangereuses, car elles font perdre un
temps précieux à l’enfant dans sa prise en charge, dans son parcours scolaire et
dans le développement de ses interactions sociales.
C’est pour permettre à tout orthophoniste libéral de disposer de cette expertise que
nous avons choisi de créer cet outil d’évaluation. Notre grille aura pour but d’allier
évaluation normée et analyse clinique afin d’aboutir à la pose précoce de
l’orientation diagnostique adéquate et à la mise en place d’une prise en charge
adaptée.
2
ASSISES THEORIQUES
3
I. Aspect développemental de la communication et du langage
1) Définition
4
langage. Les travaux de Bates et coll (1979) et de Bruner (1983) montrent qu’il
existe une continuité fonctionnelle entre les développements pré-linguistiques et
linguistiques : les comportements expressifs manifestés par l’enfant au cours de la
première année (mimiques, gestes de pointer…) sont des précurseurs à l’émergence
du lexique.
Vient ensuite l’imitation. Jusqu’à 8 – 9 mois, le bébé imite des gestes qu’il connaît.
A partir de douze mois il commence à imiter de nouveaux modèles. Ce n’est que
vers seize mois que l’imitation deviendra différée : elle sera possible grâce à une
représentation mentale des modèles perçus (Girardot et coll., 2009).
Toutes ces compétences sont innées, ce qui signifie qu’en l’absence d’une lésion
ou d’une pathologie, si l’enfant se trouve dans un environnement adapté, il
développera ces fonctions, notamment grâce à son entourage.
5
Tableau 1 - Développement de la communication non-verbale chez le tout-petit :
Attention
Communication Regard Imitation Pointage
conjointe
Régulation du
3 mois
contact social
6 mois
3) Jeu et interaction
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Apparaissent ensuite le jeu fonctionnel puis le jeu symbolique, tous deux pré-
requis à la mise en place du langage. L’enfant devient alors capable de reproduire
des situations dans un contexte inhabituel et avec des objectifs différents. Ce
stade de jeu apparaît entre dix-huit et vingt-quatre mois.
4) De la communication à la pragmatique
Les habiletés pragmatiques, au même titre que les habiletés linguistiques dont
nous parlerons ensuite, sont des éléments qui permettent à la communication d'être
efficace. Produire des sons, des syllabes, des mots ou des phrases sans que le
but réel soit la communication n'a aucune valeur (Leclerc, 2005).
L’objet de la pragmatique n’est donc pas la structure du langage mais son utilisation
effective en situation de communication. Elle s’intéresse à la manière dont le
destinataire perçoit et décode le message en vue de lui donner du sens. Elle
concerne uniquement les éléments non verbaux et para-verbaux qui entrent en jeu
lorsque deux individus communiquent.
7
sortons de ce cadre, nous pouvons rencontrer un autre cas de figure que
Communiquer vs Refus de communiquer : l’impossibilité à communiquer. Et c’est
bien de cela qu’il s’agit quand nous nous intéressons au fonctionnement des
personnes avec autisme.
Après avoir détaillé les étapes de la mise en place de la communication chez le tout-
petit, nous nous intéresserons à la fonction que ces compétences
communicationnelles permettent de développer : le langage.
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B. Aspect développemental du langage
1) Définition
Phonologie
Elle correspond à l’organisation des phonèmes dans le mot.
Lexique
Il s’agit de « l’ensemble des unités de langue que possède un individu ou une
communauté linguistique ». On distingue le lexique actif (les unités lexèmes
sont exprimées verbalement par le locuteur) du lexique passif (les unités
lexèmes existent de façon potentielle, étant comprises sans jamais être
exprimées). (Dictionnaire d’orthophonie, 2004)
Syntaxe
« La syntaxe est le domaine de la linguistique qui décrit la façon dont les
mots se combinent pour former des groupes de mots et des phrases
chargés de sens ». (Delahaie, 2004).
Pragmatique
Elle correspond à l’usage du langage que fait un locuteur particulier dans un
contexte particulier, à l’attention d’un destinataire particulier et selon une
intention particulière.
9
Il y a plus d’un demi-siècle, des linguistes tels que Noam Chomsky ont
défendu l’hypothèse selon laquelle l’enfant possèderait de façon innée un « dispositif
d’acquisition du langage ». Celui-ci leur conférerait, dès la naissance, les règles
générales (et les possibles variations) auxquelles les langages obéissent (Chomsky,
1957). L'acquisition du langage est donc un processus qui se développe de
façon naturelle chez l'enfant au travers de stimulations familiales et
environnementales suffisantes, ainsi qu'avec une bonne maturation cérébrale.
Des études ont montré que, dès les premières confrontations avec le langage, les
nouveau-nés ont une perception de la parole étonnante. En effet, ils peuvent
rapidement discriminer des contrastes phonétiques, remarquer des contours
intonatifs et catégoriser des formes globales syllabiques (Le Normand, 2004).
Pour que les séquences phoniques des sons deviennent des mots, le bébé doit
entendre des unités phonologiques isolables et séparées par des pauses, et ce, de
façon régulière : c'est comme cela que le lexique va considérablement s'enrichir ».
(Golder et al., 1995, cités par M. Goëtz-Georges, 2006).
10
A partir de 9 mois, il commence à comprendre des mots familiers en contexte, puis
hors contexte, ainsi que des consignes simples.
Dès 11-12 mois, il est en mesure de comprendre des informations non verbales.
De plus, « autour de 12 mois, les enfants francophones monolingues sont à même
de comprendre trente mots en contexte, mais également de reconnaître un certain
nombre de mots fréquemment entendus hors contexte tels que biberon, chaussure
ou chapeau ». (de Boysson-Bardies, 1996, citée par S. Kern, 2006). Commence
alors à se produire la segmentation des mots, ainsi que leur reconnaissance, qui
s’effectue à ce moment de manière plutôt globale. À ce stade, l’enfant comprend
bien plus de mots qu’il ne peut en produire. (de Boysson-Bardies, 1996). Loisy
explique que le nombre de mots compris est nettement supérieur au nombre de
mots utilisés, et ce, tout au long de la vie (Loisy, 2001).
Ce n'est qu'à partir de 3 ans et demi – 4 ans, que l'enfant tient compte des aspects
morphosyntaxiques du message. Ce traitement morphosyntaxique, majoritaire
jusque 6-7 ans, met en relation le thème du message et son contenu. Un énoncé
hors contexte peut alors être compris. Ce traitement permet à l'enfant de se
construire des représentations mentales.
Dès 4-5 ans, l'enfant entre dans la compréhension du langage oral selon une
modalité narrative. Celle-ci est nécessaire à la compréhension des récits. L'enfant
doit à la fois prendre en compte la chronologie des événements et les relations de
cause à effet.
11
Tableau 2 – Développement du versant réceptif du langage jusqu’à 6 ans :
12
Dès 2 mois, le bébé produit ses premières vocalisations et à partir de 3 mois, sa
posture évolue, permettant des modifications anatomiques qui favorisent l’accès à la
parole.
Dès 4 mois, apparaissent les premiers vrais sons vocaliques, et à partir de 6 mois, le
jasis s'enrichit et se transforme peu à peu en babillage.
On distingue :
Le bébé reproduit l'intonation des sons produits par son entourage. On voit
apparaître les premières associations de phonèmes de type consonne-voyelle.
Entre 6 et 8 mois : la prosodie se met en place. Vinter explique que « les éléments
prosodiques ont un rôle à jouer dans l'accès à la phase syntaxique du langage. La
présence de l'allongement final de la syllabe est un indicateur précoce et fiable de
l'entrée dans la phase syntaxique du langage. Il est chaque fois en corrélation avec
un bon développement du langage ultérieur, même chez les enfants présentant des
pathologies telles que la surdité ou une dysphasie ». (Vinter, 1994, citée par P.
Antheunis et al., 2006).
A partir de 11-13 mois, l'enfant produit des sons et des proto-mots issus de sa
langue d'origine, et s'appuie volontiers sur les gestes et la prosodie pour leur donner
du sens.
Vers 14-16 mois, le babillage s'enrichit sur le plan du rythme et de la mélodie, pour
arriver au proto-langage. Le proto-mot, ou « vocable », est composé d'une ou de
plusieurs syllabes.
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Les premiers mots apparaissent entre 12 et 16 mois. La moitié des enfants
prononcent leurs premiers mots aux alentours de 10-12 mois.
La production des mots est d'abord lente (à un an, l'enfant a environ acquis 5 à 10
mots), puis elle s'accélère. Parallèlement, la phonologie et la syntaxe se précisent.
Pour que la programmation des mots puisse se faire, l’enfant doit sélectionner les
mots dans son répertoire, trouver le programme phonétique correspondant, et
organiser les mouvements articulatoires qui permettront la réalisation des mots.
(Boysson Bardies, 1996.).
Ces mots sont au début très dépendants d'un contexte et réalisés de façon isolée.
Par la suite, l'enfant va devenir capable de décontextualisation et de décentration par
rapport à la situation initiale. Le lien entre signifiant et signifié va alors s'établir peu à
peu. On parle de période « pré-linguistique ». Elle va durer jusqu'à 18 mois.
Concernant la production des premiers mots, Fenson et al. et Clark (1993) notent :
D’après Loisy, l'adulte cultivé possède entre 20 000 et 40 000 mots (Loisy 2001).
14
Dès 24 mois, l'enfant utilise des articles, des adverbes, des prépositions exprimant la
possession (comme « à », « de », « pour »), et à partir de 3 ans, on assiste à une
augmentation rapide du stock lexical. Au même moment, comme le lexique, la
syntaxe connaît une progression quantitative spectaculaire (Loisy 2001). L’enfant
devient une personne indépendante de l’adulte qui s’autonomise par l’utilisation du
« je » (Denni-Krichel et Kremer, 2010). Il produit des phrases de six mots voire
plus, de type sujet-verbe-complément, et commence à utiliser les principaux outils
grammaticaux (déterminants, prépositions, conjonctions).
Chez les enfants au développement langagier normal, l’âge de 4-5 ans est un
moment charnière : le langage de l’enfant devient très proche de celui de l’adulte.
On y retrouve des structures syntaxiques complexes et relativement peu
d’erreurs grammaticales.
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Tableau 3 – Développement du versant expressif du langage jusqu’à 6 ans :
Langage Productions
Lexique Syntaxe
(Expressif) pré-lexicales
Babillage
3 mois
rudimentaire
Début de la période
10 mois Babillage mixte
pré-linguistique
Premiers mots
12 mois puis
5 à 10 mots
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« Le langage correspond à la faculté générale à pouvoir s’exprimer au moyen de
signes » (Saussure, 1916 in Cours de linguistique générale de Saussure, Sanders,
1979).
L’assimilation du langage est innée chez les enfants ne présentant pas de
pathologies, et elle repose sur l’acquisition de la phonologie, du lexique, de la
syntaxe et de la pragmatique. Dès les premiers mois de vie de l’enfant, on pourra
observer le développement du versant réceptif du langage, suivi de l’évolution du
versant expressif, avec l’apparition des premiers mots autour d’un an.
17
II. Pathologies du langage et de la communication
A. Troubles de la communication
1) La « triade autistique »
Nous avons déjà abordé la communication, tant au niveau verbal que non verbal.
Celle-ci se distingue de l’interaction sociale en ce sens que la communication est
l’échange d'un message codé entre deux individus dans un contexte donné
alors que l’interaction sociale correspond à un partage entre deux individus
mais qui n'est pas le partage d'un message (ex : jeu).
18
2) Troubles du Spectre Autistique: critères diagnostiques
L’autisme fait partie d’un groupe plus large appelé Troubles du Spectre Autistique
(TSA). Le DSM-V (classification américaine des maladies), publié en 2013, définit les
critères diagnostiques correspondant aux Troubles du Spectre Autistique :
19
2. Comportements stéréotypés et intérêts restreints (présents ou à l’histoire)
(2 de 4 symptômes)
20
Il définit 3 niveaux de sévérité :
21
3. Les symptômes doivent être présents depuis la petite enfance mais il est
possible qu’ils se manifestent pleinement seulement au moment où les
demandes sociales dépassent les capacités individuelles.
Le fonctionnement intellectuel
Le développement langagier
22
Si le TSA est associé à une condition médicale (p.ex. épilepsie),
génétique (p.ex. Syndrome de Rett, X fragile ou syndrome de Down) ou
environnementale (p.ex. petit poids à la naissance, exposition à l’alcool).
Troubles du comportement (plus fréquents dans le TSA que dans les autres
troubles, incluant la DI) ;
Comportements d’automutilation ;
Anxiété et dépression ;
Le diagnostic de TSA est posé par un médecin après une évaluation des
comportements de l’enfant, effectuée par une équipe pluridisciplinaire.
23
Aujourd’hui, la Haute Autorité de Santé (HAS), qui régit la santé en France, estime
que « en 2009, la prévalence estimée des TED est de six à sept pour mille
personnes de moins de 20 ans.». On note également une hausse du taux de
prévalence au cours des dernières années, notamment due aux dépistages et
diagnostics plus fiables et plus précoces de ces troubles.
Critères diagnostics :
24
3) Difficultés communicationnelles
b. TSA et langage
Chez les enfants autistes avec langage, on retrouve généralement d’assez bonnes
capacités phonologiques, syntaxiques et sémantiques, mais des compétences
pragmatiques déviantes (Mundy et Markus, 1997). Les travaux de Tager-Flusberg
(1989) montrent également que les enfants autistes auraient des capacités
morphosyntaxiques comparables aux autres enfants, à la différence qu’ils
auraient un langage plus stéréotypé et utiliseraient des structures grammaticales
moins variées.
25
Les résultats de l’étude (McCleery et al., 2006) indiquent que les enfants avec
autisme montrent le même modèle de production des sons de la parole que les
enfants au développement langagier normal et que les enfants avec un retard de
langage.
Ces résultats suggèrent que, au moins aux premiers stades du développement, les
enfants avec un trouble du spectre autistique suivent un modèle qui est semblable
à celui des enfants avec retard de langage, et qui respecte les associations entre
les compétences lexicales et grammaticales.
Mais les enfants autistes qui développent naturellement un langage sont rares, et
nous retrouvons plus généralement une absence de langage ou un retard
important, sans tentative de compensation de cette lacune communicationnelle
(Mundy et Markus, 1997).
Lavielle et al. (2003) suggèrent que chez les jeunes enfants TSA, la communication
verbale n’est pas seulement moins fréquente mais qu’elle est aussi
qualitativement réduite, avec peu de sons variés (Dawson et al 2000).
Cette théorie semble cohérente avec les différentes recherches. En effet, il est
possible d’observer une absence complète de langage (un enfant TSA sur deux
selon Dansart, 2000), un langage constitué exclusivement d’écholalies ou encore un
langage semblable à la norme mais inadéquat dans son utilisation.
26
Des signes d’alerte absolue pour ces troubles ont d’ailleurs été adaptés de Baird et
al. (2003) :
Au même titre que la régression, un plateau peut également être retrouvé chez ces
enfants : au lieu d’une perte des compétences comme dans la régression, les
individus qui correspondent à l’appellation « plateau » montrent une stagnation dans
le développement (Ozonoff et al. 2005). Apparemment moins fréquent que la
régression, la stagnation se retrouverait dans 9,3% des cas d’un échantillon clinique
de personnes avec autisme (Siperstein et Volkmar 2004).
Le trouble langagier chez l’enfant autiste est donc à double sens, il est d’une
part causé par le trouble primaire qu’est l’autisme, qui provoque des difficultés
communicationnelles, et par un trouble secondaire dû aux autres difficultés de
l’enfant autiste. En effet, la qualité émotionnelle des interactions joue le rôle
fondamental que l’on sait. Un trouble des interactions précoces empêchera donc
27
l’enfant d’extraire des indices pertinents de ce qu’il voit et entend, et retentira
inévitablement sur la sphère linguistique (Soares-Boucaud et al., 2009). Cependant,
on ne retrouvera pas de productions langagières déviantes chez l’enfant autiste.
28
B. Troubles du langage
C’est vers 1960 qu’apparaît le terme de « dysphasie », qui permet de mieux cerner
le fait que ce trouble ne se caractérise pas par une absence de langage, mais
par son utilisation déficitaire.
a. Définition
29
Cette appellation correspond en français, au Trouble Spécifique du
Développement du Langage (TSDL), décrit dans la CIM-10.
b. Critères diagnostiques
Le DSM-V reprend les critères diagnostiques de SLI, ici traduit par « Trouble
du langage ».
30
3) Trouble Spécifique du Développement du Langage
a. Définition
b. Critères diagnostiques
31
4) SLI/TSDL : Dysphasie ou Retard de langage
32
a. Qu’est-ce que la dysphasie
1. Structurel
2. Primaire
Cependant, ce diagnostic par exclusion n’est pas sans poser certains problèmes. En
effet, comme le signalent Monfort et Juarez Sanchez (1996), certains enfants sourds,
ou présentant une infirmité motrice cérébrale, éprouvent des difficultés dans leur
développement langagier bien supérieures à certains de leurs condisciples ayant
initialement le même type de pathologie et ayant reçu le même type d’éducation et
d’aide spécialisée.
33
Dans une publication récente de l’A.N.A.E., Pierart (2008) précise que « datant de
plusieurs années et devenue classique, cette définition par exclusion, […] n’empêche
plus aujourd’hui d’envisager la possibilité d’une superposition des handicaps ».
Mazeau (1997) élargit donc cette définition en incluant « les pathologies initiales du
langage, survenues très précocement dans le développement et ayant d’emblée
interféré avec l’ensemble de la dynamique développementale de l’enfant » qu’elle
nomme « dysphasie lésionnelle » et « toute dysphasie se manifestant au sein d’un
tableau de déficience mentale » qu’elle nomme « dysphasie relative ».
3. Spécifique
4. Durable
5. Sévère
34
La dysphasie est également caractérisée, d’après le Dictionnaire
d’orthophonie (2004) par une structuration déviante, lente et dysharmonieuse de
la parole et du langage oral (au versant de l’expression et/ou de la
compréhension), ainsi que par des difficultés de manipulation du code entraînant des
altérations durables dans l’organisation linguistique à différents niveaux :
phonologique, lexical, syntaxique, morphosyntaxique, sémantique et/ou pragmatique.
Il existe des signes spécifiques du langage qui ne sont relevés à aucun moment
de l'évolution normale et ne suivent donc pas les caractéristiques du langage d'un
enfant plus jeune. On parle alors de « déviance », en opposition avec un simple
« délai » des acquisitions.
b. Dysphasie et déviance
35
1. Marqueurs de déviance selon Gérard
Le Dr Loic Gérard (1991) définit 6 marqueurs de déviance qu’il observe chez les
enfants dysphasiques :
- Hypospontanéité :
Le lexique passif est meilleur que le lexique actif, on retrouve une lenteur
d’évocation, un manque du mot, des paraphasies (sémantiques,
phonémiques, verbales) et des périphrases, avec parfois une aide par
l’ébauche (orale ou contextuelle).
36
Il aboutit à un style télégraphique par la tendance générale à la
juxtaposition de mots et à la réduction de leur nombre. Le langage est ainsi
parfois réduit à des mots-phrases, mais garde un contenu informatif pour
l’interlocuteur, car les mots noyaux sont conservés.
- Dissociations automatico-volontaires :
37
- Trouble de la compréhension verbale :
38
De la parole difficile…
De plus, plusieurs études ont montré que les enfants SLI avaient des difficultés
spécifiques en phonologie, même comparés à des enfants plus jeunes au
développement normal (Bortolini & Leonard, 2000; Owen, Dromi & Leonard, 2001;
Aguilar-Mediavilla, Sanz-Torrent & Serra-Raventos, 2002).
On retrouve également des erreurs sur les voyelles, qui sont spécifiques des
dysphasies. Selon l’étude de Parisse et Maillard (2007), le développement de
l’apparition des voyelles est le signe d’alerte le plus efficace d’un développement
langagier pathologique chez les enfants français.
39
…au langage déficitaire,…
Un babil pauvre
Des persévérations
40
Cette relation apparente entre le déficit de la boucle phonologique et les capacités
langagières a mené les chercheurs à suggérer que des tâches comme la répétition
de non-mots pourraient servir de marqueur pour identifier les enfants avec une
trouble du langage (Stokes et al., 2006). La première de ces études fut conduite par
Dollaghan et Campbell (1998). Ils trouvèrent que 20 enfants âgés de 7 à 10 ans avec
SLI avaient des résultats significativement plus faibles que 20 enfants au
développement normal du même âge, sur des non-mots de 3 et 4 syllabes. Une
deuxième étude a évalué le pouvoir diagnostic de la répétition de non-mots pour un
groupe de 44 enfants avec trouble du langage et 41 enfants du même âge au
développement langagier normal. Le test classe les enfants dans la bonne catégorie
quasiment à chaque fois (98% de fiabilité).
La recherche avec des enfants parlant anglais a donc montré une différence
significative dans les tests de répétition de non-mots entre les enfants SLI et leurs
pairs au développement langagier typique, qu’ils soient appariés en fonction de l’âge
ou en fonction du niveau de langage. Cependant, selon les probabilités, Ellis
Weismer et al. (2000) ont suggéré que bien que la répétition de non-mots pouvait
être utilisée pour aider à identifier les enfants SLI, ce test devrait être utilisé en
addition d’autres critères d’identification. Ces autres critères étant l’utilisation
grammaticale des morphèmes et l’utilisation de tests psycholinguistiques (répétition
de phrases, répétition immédiate…)
Dans cette optique là, Conti-Ramsden et al. (2001) ont comparé les performances de
160 enfants SLI de 11 ans avec celles de 100 enfants du même âge, en fonction de
4 marqueurs cliniques potentiels : (a) Répétition de non-mots, (b) accord du verbe en
fonction du temps, (c) accord du verbe en fonction du sujet, et (d) répétition de
phrases. La répétition de phrases fut la meilleure des tâches pour
l’identification des SLI, suivie par la répétition de non-mots, puis par l’accord du
temps du verbe et, enfin, l’accord en fonction du sujet. Dans cette étude, la sensibilité
et la spécificité pour la répétition de phrases étaient de 90% et 85%, et pour la
répétition de non-mots de 75% et 87%. La répétition de phrases est donc un
marqueur de SLI efficace. Conti-Ramsdsen et al. (2001) suggèrent que la mauvaise
performance d’enfants SLI en répétition de phrases pourrait être attribuée à un
trouble de la mémoire à court terme, mécanisme commun aux difficultés en répétition
de non-mots.
41
Ces résultats correspondent à d’autres études qui ont permis à plusieurs auteurs
d’affirmer que les tâches de répétition de non-mots et de répétition de phrases
pouvaient être considérées comme des marqueurs cliniques de troubles du
langage spécifiques. (e.g., Bishop, North, & Donlan, 1996; Campbell, Dollaghan,
Needleman & Janosky, 1997; Conti-Ramsden, Botting, & Faragher, 2001 ; Kamhi,
Catts, Mauer, Apel, et Gentry, 1988 ; Gathercole et Baddeley, 1990 ; Marton et
Schwartz, 2003)
42
Ces dissociations sont caractéristiques des aphasies et des dysphasies et
fondent les différents tableaux cliniques des types de dysphasies. Au contraire, en
cas de retard simple de langage ou lors de troubles envahissants du
développement, on s’attend à ce que l’ensemble du langage soit affecté et on ne
doit pas en principe observer de nettes dissociations entre les structures
linguistiques. Tous les domaines du langage seront affectés de la même manière.
C’est ce que nous allons voir maintenant. Intéressons-nous aux déficits retrouvés
chez les enfants présentant un retard de parole – langage.
Il s’agit donc bien d’un trouble fonctionnel qui ne touche pas la structure même du
langage. Il est reconnu qu'un retard de langage diminue avec le temps et réagit de
façon très positive à une intervention langagière, le pronostic est bon (Georges,
2007).
43
1. Parole et retard
Françoise Coquet explique que la phonologie est empreinte d'immaturité mais que
les erreurs sont corrigeables avec la mise en place de moyens de facilitation.
2. Langage et retard
Les mots sont habituellement utilisés dans une extension de sens restreinte,
en sur-généralisation ou en sous-généralisation.
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La syntaxe est marquée par des maladresses qui appartiennent au répertoire
enfantin, avec notamment une différenciation retardée des articles et des
pronoms ainsi que des difficultés à employer des flexions verbales et à
complexifier les phrases. Cependant l’ordre des morphèmes grammaticaux
reste le même malgré une apparition tardive (Jakubowicz et Nash, 2001).
On pourra également noter chez ces enfants une immaturité comportementale, avec,
en général, un développement psychomoteur normal pouvant toutefois présenter une
immaturité (retard de latéralisation et de schéma corporel).
45
Lors d’une rencontre avec un enfant présentant un trouble, quel qu’il soit,
l’orthophoniste se doit donc de faire un bilan orthophonique, bilan qui mènera à la
pose éventuelle d’un diagnostic orthophonique et à la mise en place, si
nécessaire, d’un projet thérapeutique adapté. Regardons maintenant sur quels
principes se base cette évaluation du langage et de la communication.
46
III. Evaluation du langage et de la communication : le bilan
orthophonique
A. Définition
Pour Pierart, ce diagnostic ne répond pas seulement à des critères de normes mais
également à des critères qualitatifs (Pierart, 2006).
47
On évalue dans sa globalité le sujet, suivant différentes étapes (Coquet, 2002) :
48
B. Modes d’évaluation
49
L’évaluation doit permettre :
L'analyse des données recueillies peut être menée selon différents axes :
50
2) Analyse en termes de « comportements » ou de
« stratégies » : analyse qualitative
La détection précoce des troubles chez le très jeune enfant ou enfant sans langage
se heurte souvent à un manque d’outils adaptés. Pour pallier ce manque, les
praticiens font notamment appel aux comptes rendus parentaux d’évaluation du
développement langagier.
Le score du sujet se calcule grâce aux différents tests que va utiliser l’orthophoniste.
Le Ministère de la Santé précise, dans son rapport du 1er octobre 2005, que la
qualité du repérage, du dépistage et du diagnostic des troubles du langage
dépend de la validité des tests utilisés. (DGS, 2005)
51
Les tests ont pour finalité le recueil d’informations dans des conditions
standardisées et leur comparaison à des valeurs de référence. Dans le cas des tests
de langage, les valeurs de référence auxquelles comparer les performances des
sujets examinés sont déterminées sur la base de performances moyennes d’un
échantillon de la population de référence, habituellement qualifié d’échantillon
d’étalonnage (Pierart et Estienne, 2006)
Pour des raisons de lisibilité et de comparaison, les normes des tests de langage
sont rarement exprimées en note brute. Les notes obtenues aux tests sont
d’habitude transformées selon divers types de graduations conventionnelles. Les
transformations les plus fréquentes sont en niveau d’âge, en percentiles et en
notes standardisées.
Quand on parle de niveau d’âge, on établit la note moyenne pour les enfants d’un
certain âge. On pourra par exemple dire d’un enfant de 5 ans qu’il a le lexique d’un
enfant de 2 ans.
Pour les percentiles, la distribution des notes des sujets d’une tranche d’âge donnée
est découpée en intervalles contenant chacun 1% des sujets. Les notes brutes
peuvent alors être mises en correspondance avec les bornes supérieures des
différents intervalles. Si par exemple la note de 49 points correspond au percentile
80, cela signifie que 80% de la population de cet âge obtient une note inférieure à 49
points au test en question.
Enfin, pour les normes ou notes standard, les notes brutes sont transformées en
fonction de leur distance par rapport à la moyenne, celle-ci étant mesurée en unité
d’écart type. Alors que depuis longtemps, le seuil de pathologie se situe à -2ET, ce
phénomène évolue, les recherches ayant maintenant tendance à considérer comme
pathologique tout score situé au-dessous de -1,65ET. Un débat devra
probablement s’ouvrir sur la notion du seuil déterminant la pathologie et sur ses
indicateurs, afin de permettre une uniformité tant au niveau de la clinique que de la
recherche.
52
Cependant, si la référence à des normes est indispensable, il faut être
prudent dans l’interprétation des résultats. Le développement du langage se
réalise principalement de manière informelle et il est sensible à de multiples
variables. La corrélation entre l’âge et le développement des compétences verbales
n’est pas strictement parallèle, le langage passe par des stades d’accélération et de
paliers alors que l’âge évolue de manière constante (Grégoire, 2006).
L’observation clinique se fera donc tout au long de l’évaluation mais aussi hors
du lieu de l’évaluation. Dans un premier temps, il conviendra d’observer les
réactions du sujet face à la tâche proposée. Dans un deuxième temps, les
observations porteront sur les réactions, les attitudes et les comportements du
sujet en cours d’examen.
53
Le clinicien observera les stratégies utilisées par le sujet dans les manipulations
d’objets, les activités de jeu et les interactions avec le praticien.
Une idée actuellement débattue défend qu’il ne s’agisse pas seulement d’opposer
compétence et performance linguistiques, mais aussi de reconnaître les capacités
non linguistiques du locuteur (Forest, 2005).
C’est pourquoi l’on utilise souvent des grilles remplies par l’entourage ou par le
professionnel, notamment chez le jeune enfant.
54
2) Le déroulement du bilan
Paula Dei Cas (2007) nous parle de la pratique du bilan de langage oral chez l'enfant
en cabinet libéral : « Dans un premier temps nous allons utiliser nos propres
ressources, ce que nous connaissons du développement et de la pathologie pour
entrer en discussion et peu à peu élaborer l’anamnèse avec la famille et l’enfant.
Dans un second temps, en général, nous utilisons le matériel d’évaluation, pour un
screening de départ. Puis, nous avons recours à des tests plus ciblés en fonction des
difficultés notées lors de la première phase. Il faut une rencontre, parfois deux ou
trois, pour établir un diagnostic ou pour définir une orientation de prise en charge. »
D. Diagnostic orthophonique
55
La complexité d’une démarche de bilan est donc de relier les informations
entre elles et d’inférer des hypothèses diagnostiques. Il s’agit de répertorier les
indices ou les éléments qui permettront de décider du caractère spécifique d’un
trouble ou au contraire d’un retard de développement non pathogène. Pour que cette
démarche soit valide, nous avons vu qu’il était nécessaire de faire une référence à la
norme développementale mais qu’il fallait aussi détecter dans le profil de l’enfant tout
signe de dissociations. Les seuls écarts à la norme déterminant un profil de
réussite aux différentes épreuves - certes nécessaires – peuvent nous paraître
dorénavant insuffisants pour porter un diagnostic précis de retard ou de
trouble.
Pour conclure sur le bilan orthophonique, nous citerons Paula Dei Cas (2007),
orthophoniste en libéral, qui confie : « Le bilan est la clé de voûte de notre
intervention : c’est par lui que nous justifions notre prise en charge. En tant que
cliniciens, nous basons nos orientations et nos objectifs de rééducation sur ses
résultats. Le médecin prescripteur attend de notre part des conclusions, un
diagnostic orthophonique et parfois des conseils pour d’autres bilans
complémentaires. Le médecin conseil de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie
souhaite pouvoir suivre l’évolution du patient pour lequel il a accordé une prise en
charge pour un certain nombre de séances. L’enfant et sa famille, enfin,
principalement concernés, attendent et méritent de nous un compte rendu clair et
précis des difficultés et des compétences du patient. »
56
Le bilan orthophonique comprend plusieurs modes d’évaluation, il rassemble
observation clinique et épreuves normées afin d’être le plus exhaustif possible. Il
peut s’établir à travers des grilles, des bilans ou tests, et donne lieu à un compte-
rendu écrit. Ces tests nous permettent de mesurer un score en âge de
développement, percentiles ou écarts-types, afin de déterminer de manière objective
si le sujet se trouve en deçà du seuil pathologique. Ainsi, l’évaluation normée assure
au professionnel une certaine objectivité, tandis que l’évaluation qualitative lui donne
des informations supplémentaires pour s’adapter au patient.
57
IV. Diagnostic précoce
George Miller (1959) explique que « La communication, quand elle a lieu, est un
événement social. La diffusion d'informations dans un groupe d'individus est un des
événements sociaux les plus importants qui puissent exister. » Ne pas se faire
comprendre dans l'expression de ses besoins, de ses désirs, de ses inquiétudes et
ne pas comprendre ce qui est dit peut être très perturbant pour l'enfant souffrant d’un
trouble du langage ou d’un trouble de la communication.
1) Troubles de la communication
Ainsi, l’identification précoce des enfants avec TSA est devenue une priorité
nationale depuis que de nombreuses études ont établi que les troubles associés
aux TSA peuvent être améliorés grâce à une prise en charge adaptée, intensive
et précoce. (Lord C, McGee JP, 2001. Dawson et al. 2010 ; Valicenti-McDermott et
al. 2012)
Rogé (2001) ajoute que certaines études ont montré « une accélération
significative du rythme de développement, avec des gains substantiels au
niveau du QI, des progrès au niveau du langage, des comportements sociaux
significativement améliorés et une diminution des signes d’autisme chez les
enfants pris en charge précocement et de manière intensive ».
58
Elle pointe en outre l’intérêt de la plasticité cérébrale : « Le repérage précoce des
troubles représente un enjeu de taille puisqu’il ouvre des perspectives de prise en
charge à un âge où certains processus de développement peuvent encore être
modifiés ».
Lord (cité par Wood et Eliez, 2010), quant à lui, affirme la « possibilité
d’identifier le trouble à un âge très précoce […] quand les symptômes sont clairs
et le clinicien expérimenté ». Selon lui, « l’autisme peut être diagnostiqué de façon
sûre chez des enfants dès 12 mois ».
Le déficit de l’attention conjointe est également un des marqueurs de TSA les plus
précoces, il apparaît souvent vers 12 mois. Des études prospectives sur des enfants
à risques de TSA ont prouvé la présence d’une attention conjointe déficitaire avant le
1er anniversaire. Une étude de suivi du regard par Chawarska et al. (2013) reporte
également ce type de troubles chez des enfants de 6 mois qui furent plus tard
diagnostiqués autistes.
Pourtant, le plus souvent, les parents sont capables d’exprimer leur inquiétude
alors même que l’enfant est encore tout jeune. Mais ces inquiétudes précèdent
généralement de plusieurs mois voire de plusieurs années la pose d’un réel
diagnostic.
Bien sûr, le diagnostic de TSA peut paraître traumatisant pour des parents, ce qui
explique la précaution exigée pour la pose de ce type de diagnostic. Cependant, on
retrouve en fait régulièrement un soulagement chez ces parents qui reconnaissaient
déjà les différences de leur enfant, l’annonce d’un diagnostic précis leur ouvrant
la voie à la mise en place d’adaptations et de prises en charge pour l’enfant et
pour sa famille.
59
Les modes d’adaptation parentale apparaissent dans les études comme étant un
important modérateur de stress chez les parents d’enfants TSA. L’absence de ces
modes d’adaptation mène à des résultats négatifs comme la dépression, l’isolement
et les problèmes conjugaux. On peut donc affirmer que les parents bénéficient de
la précocité du diagnostic, surtout quand le délai entre les premières suspicions
des parents et le moment où ils reçoivent le diagnostic définitif de TSA est court
(Renty, Roeyers, 2006). D’ailleurs, cette étude montre que la majorité des parents
n’ont pu accepter la pathologie de leur enfant que peu après la pose du diagnostic de
TSA.
2) Troubles du langage
Mais si l’on sait aujourd’hui l’enjeu d’un enfant diagnostiqué jeune, la détection
précoce de la dysphasie reste à ce jour délicate et souvent repoussée par les
professionnels. La suspicion peut avoir lieu relativement tôt, mais le diagnostic
différentiel (par rapport aux autres troubles de l’élaboration du langage, et
notamment par rapport aux retards de langage), n’est en fait, dans la plupart des cas,
60
définitivement posé que vers l’âge de six ans, alors même que les problèmes de
communication qu’entraîne ce trouble grave mettent l’enfant dysphasique en
difficultés à la fois sur le plan familial, scolaire et social bien avant cet âge
(Dictionnaire d’orthophonie, 2004)
Selon Touzin (2004), alors qu'il est dans un désir de communication, l'enfant
dysphasique sera rapidement malheureux, voire irritable et agressif face aux
situations de communication qu'il ne maîtrise pas.
Ses relations avec autrui peuvent être altérées, et le regard des autres fait
d'incompréhension et parfois de jugement négatif renforcera ces comportements.
61
2. Impacts sur la famille et sur les relations
Comme le soulignent Redmond et Rice en 1998 (cités par De Weck et Rosat, 2003),
les enfants dysphasiques ont plus de difficultés pour s'adapter socialement à cause
de leurs difficultés verbales. Pour cela, ils subissent davantage de jugements
négatifs de la part de l'entourage. La présence d’un trouble grave du
développement du langage provoque des changements et des réactions dans
les réponses de leur entourage, ce qui ajoute un aspect en quelque sorte
« exogène » à la nature intrinsèque des troubles dysphasiques (Gatignol,
Topouzkhanian, Rousseau, 2013).
62
3. Impacts sur le langage écrit
Elles citent également une étude d’Aram et Nation réalisée en 1980 qui révèle que
sur 63 enfants en âge préscolaire présentant un retard de langage 40% sera sous la
moyenne de leur âge en lecture 5 ans plus tard.
Une étude longitudinale (effectuée à l’hôpital Robert Debré à Paris, sur une cohorte
de 240 patients (183 garçons, 57 filles), âgés de 3 ans 5 mois à 31 ans, permet de
se représenter le cursus standard de l’élève dysphasique en France : l’âge moyen du
diagnostic se situe à 6 ans 7 mois (Franc S, Gérard CL., 2003).
63
vers une pathologie du langage écrit conditionne le déroulement de la scolarité et
l’insertion professionnelle qui deviennent alors un parcours semé d’embûches.
De plus, les adaptations mises en place doivent être adaptées au trouble, ce qui
nécessite la connaissance dudit trouble. Ainsi, si un maintien en maternelle est
parfois judicieux pour un enfant avec un retard de langage important, il semblerait
que cette option ne soit pas conseillée en cas de dysphasie, l’année supplémentaire
ne pouvant être suffisante à la réhabilitation du langage.
64
b. Intérêt d’une prise en charge précoce
Ainsi, une étude longitudinale a été menée par Sally Ward (1999) auprès
d’une population de 122 enfants (de 8 à 21 mois au début de l’étude) présentant un
retard de langage :
L’étude était présentée aux parents comme une approche de stimulation du langage
pouvant être bénéfique à tous les enfants. Suite au bilan, le programme fut expliqué
et démontré lors de visites à domicile (pour un total moyen de 144 minutes
d’intervention orthophonique par enfant). Le contenu s’apparentait à ce que l’on peut
retrouver dans des programmes parentaux mais de façon ajustée aux besoins de
chaque enfant. Lors d’un retour, la grande majorité des parents a dit accorder
environ 20 minutes par jour à des sessions de stimulation du langage dans le jeu et 5
à 10 minutes par jour à d’autres activités suggérées. Les résultats obtenus sont
percutants : À trois ans, 85 % des enfants du groupe contrôle (avec retard de
langage et sans intervention) présentaient toujours un retard de langage, tandis que
seulement 5 % des enfants du groupe expérimental (RL+intervention) en
présentaient un. On peut conclure qu’une intervention écologique précoce et
ciblée peut prévenir l’installation d’un retard de langage à trois ans. Dans le
cadre d’une dysphasie, on pourrait s’attendre à une atténuation de ses
manifestations. Ce type de recherche alimente la tendance actuelle du concept
d’une période sensible dans laquelle une intervention légère mais bien ajustée aux
besoins de l’enfant aurait un grand impact. C’est le but de l’accompagnement familial
précoce comme nous le concevons.
65
« Malgré les difficultés, le diagnostic précoce est important à porter. Parce
qu’il permet très tôt d’intervenir pour maintenir et développer la communication alors
même que le langage n’est pas parfait, même si celle-ci doit un temps passer par
des gestes. Parce qu’il est primordial que l’enfant puisse expérimenter son désir de
communication, parce que cela peut éviter le développement de comportements
inadaptés, négatifs de la part de l’environnement, parce que cela permet à l’enfant
de se construire et de développer une meilleure image de lui… Parce que cela lui
permettra de moins souffrir de ses difficultés en lui donnant tôt les moyens d’y
pallier. » - Monique Touzin (2007)
Les TSA et les troubles du langage de type Retards de langage ou Dysphasies sont
des troubles innés, ce qui signifie qu’ils existent dès la naissance. De nombreuses
études ont montré qu’un diagnostic précoce permet d’éviter le développement de
comportements secondaires liés à la pathologie et de mettre au point dès le plus
jeune âge un projet thérapeutique adapté. La précocité de la pose d’un diagnostic
permettrait également de préserver, sur un certain plan, l’entourage du patient, et de
prévenir un impact sur les acquisitions à venir.
66
B. Dépistage
67
Malgré les nombreuses mesures mises en place, le dépistage des TSA reste donc
tardif en France. Rogé (2001) signale qu’ « il n’existe pas de méthode suffisamment
fiable de dépistage pour que celui-ci soit généralisé en étant laissé aux mains de
professionnels de santé insuffisamment formés à l’autisme ». Cependant, il n’en
demeure pas moins indispensable et se doit d’être précoce.
68
Les progrès dans la connaissance des étiologies et des mécanismes
d’évolution du langage des enfants dysphasiques passent par le dépistage précoce
des troubles et l’analyse précoce de leur évolution. Cette démarche autorise les
thérapies précoces et limite l’incidence des troubles sur le devenir des enfants.
(Pierart, 2004)
Sur le plan clinique, suivre strictement la définition classique des dysphasies conduit
à attendre 6 ans et empêche tout travail précoce.
Pierart (2004) affirme que, pour la recherche, distinguer les troubles graves et
tenaces du développement du langage et les troubles plus discrets reste une
démarche méthodologiquement indispensable. Ces exigences méthodologiques
impliquent que l’on puisse accéder facilement aux enfants, dès le moment où leur
langage présente des particularités développementales. Ce constat invite à un
dépistage précoce des troubles du langage, très largement antérieur à la classique
barrière des 6 ans, encore trop souvent retenue pour poser un diagnostic de
dysphasie. Les interventions précoces, qui permettront de mieux comprendre
les difficultés, sont une condition pour les traiter plus efficacement. Elles
autoriseront un soutien aux parents et guidance parentale et limiteront les
répercussions scolaires et sociales des troubles du langage.
69
C’est afin de répondre à cette nécessité de diagnostic d’alerte précoce que nous
avons choisi de créer un outil d’évaluation visant à différencier, avant l’âge de 6 ans,
une dysphasie d’un trouble du spectre autistique ou d’un retard de langage. Car
comme le dit Bernadette Pierart, en 2004, « Le praticien peut aisément recueillir les
données cliniques permettant le diagnostic, lorsqu’il est familier avec la sémiologie ».
70
Partie Pratique
71
Problématique
72
Matériel et méthode
I. Population
A. Patients
1) Critères d’inclusion
L’outil créé est à destination d’enfants ayant entre 2 ans 6 mois et 5 ans 6
mois. Nous avons choisi, dans un premier temps, de faire passer l’outil à des enfants
ayant déjà été diagnostiqués soit TSA, soit Dysphasique, soit Retard de langage
sévère, afin de pouvoir comparer les résultats de la grille avec le diagnostic effectif.
Notre référence aux « Retards de langage » inclura, dans ce travail les éventuels
retards de parole associés.
Cependant, rares sont les enfants de moins de 6 ans ayant déjà un diagnostic de
dysphasie, même lorsque le thérapeute est convaincu de la présence de ladite
dysphasie. Nous avons donc ouvert l’expérimentation à quelques enfants sans
diagnostic mais avec une forte suspicion de dysphasie portée par leurs
orthophonistes.
73
2) Caractéristiques des patients
Tableau 4 – Patients
74
Amandine 4 ans 10 TSA
Suspicion de TSA ou de
Hawa 3 ans 8
dysphasie
Suspicion de TSA ou de
Kenza 4 ans
dysphasie
Sur les 33 enfants testés, 10 enfants ont un diagnostic de TSA, 14 sont suivis pour
un retard de langage (RL), 1 est dysphasique (DP) et 6 sont pris en charge pour des
suspicions de dysphasie. Pour 2 enfants, nous avons une suspicion de TSA ou de
DP.
B. Orthophonistes
75
II. Méthode
A. Elaboration de l’outil
Nous avons donc voulu créer un outil fonctionnel le plus exhaustif possible,
rassemblant tous les marqueurs pouvant permettre de poser précocement un
diagnostic différentiel entre Trouble du Spectre Autistique, Dysphasie et Retard de
langage sévère. Pour cela, nous avons choisi d’allier les différents types d’évaluation
existants. Ainsi, notre grille fera appel à l’anamnèse, à l’observation clinique en
situations libres ou semi-dirigées et à des épreuves normées tirées de tests
préexistants. Elle est à destination des orthophonistes uniquement.
76
1) De l’élaboration de la grille
Nous avons commencé par rassembler, pour chaque profil diagnostic, les marqueurs
observables selon la littérature, les recherches récentes et l’expérience clinique de
divers orthophonistes. Nous avons ensuite classé ces items par grands champs :
Développement de l’enfant, Communication et interaction sociale, Parole, Langage,
Capacités cognitives et autres.
A chacune de ces réponses, nous avons attribué les lettres correspondant aux
pathologies comprenant ces critères. Nous nous sommes alors rendu compte que
certains critères se retrouvaient dans les trois pathologies, ce qui signifie qu’ils
n’auraient pas permis d’aider au diagnostic différentiel. Nous parlerons de critères
« non-déterminants ». Ainsi, dans ces critères non-déterminants, nous avons éliminé
des éléments de la partie de « Développement de l’enfant » comme le bavage, les
antécédents de troubles du langage (qui apparaissent dans la grille mais ne
comportent pas de « lettre profil »), le retard psychomoteur et l’immaturité affective,
possibles quelle que soit la pathologie. Au niveau de la partie « Communication et
interaction sociale », tous les items envisagés ont été conservés, car ils peuvent tous
permettre de différencier les enfants TSA des autres enfants. Concernant la
« Parole », nous avions d’abord envisagé de proposer de coter l’aide par la répétition
en « Oui » ou « Non », cependant, nous avons réalisé que si l’aggravation par la
répétition peut indiquer une dysphasie, le fait que la répétition aide ou n’aide pas ne
permet pas d’orienter le diagnostic différentiel.
77
De la même manière, dans la partie « Langage », nous avons retiré la présence des
items « pseudo-bégaiement » et « dénomination » ainsi que le type de conduites
d’approche utilisées par l’enfant. Enfin, dans la partie « Capacités cognitives et
autres », nous avons jugé que l’empan mnésique envers, d’abord envisagé, ne
correspondait pas à notre tranche d’âge, nous l’avons donc supprimé.
Cet outil a donc pour but de poser un diagnostic différentiel chez un sujet que
l’on sait pathologique, et non d’évaluer la présence éventuelle d’une pathologie chez
un enfant. Certaines épreuves devront donc sûrement être ajoutées au bilan, afin de
bien évaluer tous les champs du langage et de la communication.
b. Cotation
A partir de ces marqueurs, nous avons établi des « profils diagnostiques », chaque
profil correspondant à une lettre. L’orthophoniste, lorsqu’il a fini de coter la grille,
comptabilise le nombre de « a », de « b » et de « c » correspondant aux résultats de
l’enfant, afin de voir à quel profil diagnostique l’enfant correspond.
78
Le profil « a » correspond aux Troubles du Spectre Autistique, le profil « b »
correspond à la Dysphasie et le profil « c » correspond aux Retards de langage oral.
c. Modes d’évaluation
79
2) Au livret de passation
Après avoir créé cet outil, nous avons voulu obtenir les retours
d’orthophonistes sur notre grille afin de l’améliorer en fonction des remarques. Pour
cela, nous avons demandé à 28 orthophonistes de faire passer notre grille à des
enfants correspondant à la tranche d’âge visée (de 2 ans 6 mois à 5 ans 6 mois) et
ayant déjà été diagnostiqués pour un TSA, une dysphasie ou un retard de langage
sévère. Après la passation, les orthophonistes ont été invités à remplir un
questionnaire concernant le maniement et l’utilité de la grille proposée.
80
Voici les questions posées aux orthophonistes ayant testé notre outil :
La grille :
La grille vous a-t-elle semblé :
Facile à manier
Difficile à manier
Ça dépend des items
Pourquoi ?
Dans la grille, pour les réponses possibles en Oui/Non, des cases « plutôt
oui »/ « plutôt non » vous auraient-elles semblé bénéfiques ?
Oui
Non
Quels sont les points qui vous ont posé problème au niveau de la passation ?
81
Livret de passation :
Concernant le livret de passation, vous l’avez trouvé :
Pratique
Pas suffisamment pratique
Pas pratique du tout
Si oui, pourquoi ?
Vous n’aviez pas les tests proposés
Vous ne maîtrisez pas bien les cotations
Les épreuves étaient trop difficiles par rapport au niveau de l’enfant
Une autre raison ?
Si oui, pourquoi ?
Le comportement évalué était fluctuent
L’enfant a eu du mal à entrer dans la situation de jeu libre
Une autre raison ?
82
Vous sentez-vous apte à poser un diagnostic de dysphasie ?
Oui
Ça dépend des enfants
Non, j’envoie systématiquement au Centre Référent des Troubles du Langage
Finalement…
Globalement, pensez-vous que cet outil répond à un besoin des orthophonistes ?
Oui
Non
Je ne sais pas
83
Résultats
I. Résultats des questionnaires
L’utilisation de notre grille par 28 orthophonistes a fait l’objet d’un retour à travers
un questionnaire anonyme comprenant des questions fermées et des questions
ouvertes. Nous présenterons ici les réponses aux questions à choix multiples. Les
réponses ouvertes seront transmises en Annexe 6 et discutées dans la partie
suivante.
La grille :
Difficile à
Ça manier
dépend 0%
des items
32% Facile à
manier
68%
Trop long
0%
Correct
Long mais 39%
réalisable
61%
84
Certains items vous ont-ils semblé inutiles ou
non pertinents ?
Oui
0%
Non
100%
Oui
18%
Non
82%
85
Dans la grille, pour les items dont la réponse
est "oui" ou "non", auriez-vous aimé pouvoir
répondre "plutôt oui" ou "plutôt non" ?
Ça dépend
des items
14%
Non, ça ne Oui, ça
m'a pas gêné m'aurait aidé
25% 61%
Le livret de passation :
Pratique
93%
86
Toujours concernant le livret de passation,
vous l'avez trouvé :
Pas assez Trop détaillé
détaillé 11%
3%
Suffisamment
détaillé
86%
Non Oui
54% 46%
87
Si oui, pourquoi ?
Autre
14% Vous n'aviez
pas les tests
proposés
Les épreuves 29%
étaient trop
difficiles par
rapport au Vous ne
niveau de maîtrisiez pas
l'enfant les cotations
50% 7%
Oui
36%
Non
64%
88
Si oui, pourquoi ?
Autre Le
30% comportement
évalué était
fluctuent chez
l'enfant
40%
L'enfant a
eu du mal à
entrer dans
la situation
de jeu libre
30%
En conclusion :
Ça dépend des
enfants
64%
89
Globalement, pensez-vous que cet outil
répond à un besoin des orthophonistes ?
Oui
93%
Non
0%
Je ne sais pas
0%
Oui
100%
90
II. Grille
La grille présentée ci-dessous est la version définitive. Elle s’adresse aux enfants
ayant entre 2 ans 6 et 5 ans 6. Elle s’accompagne d’un livret de passation joint en
Annexe 3.
Développement de l’enfant
Parole
Langage
A = Anamnèse
OC = Observation Clinique
T = Test
LP = Livret de passation
Pour tous les items nécessitant un test, une consigne ou une explication,
l’orthophoniste est prié de se référer au livret de passation (Annexe 3).
91
Fonction Evaluation ME* Commentaires
Développement de l’enfant
Oui
Grand prématuré Non A
a
Oui
Epilepsie Non A
a
Avant 18 mois Après 18 mois
Acquisition de la marche A
a–c b
Normal Hyper ou Hypotonique
Tonus, posture A
b–c a
Oui Non
Troubles du sommeil A
a b–c
Troubles de l’alimentation : Oui Non
A
sélection des aliments a–b c
Normal Pauvre ou Inexistant
Babillage A
c a–b
Régression Déformés Date d’apparition
Entre 12
Premiers mots Avant Après A
Oui Non Oui Non et 18 Absents
12 mois 18 mois
a b–c b a–c mois a
b–c a
a–c
De trouble de la communication
Antécédents familiaux De trouble du langage A
a
Oui Non
Amis A
b–c a
Oui Plutôt oui Plutôt Non Non
Intérêts restreints A + OC
a a b–c b–c
Normale Hypo ou Hyperdéveloppée
Sensibilité sensorielle OC
b–c a
Normale Pathologique
IDE version brève T
b–c a
Sous-total Développement Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
92
Communication et interaction sociale
Réponse à l’appel de Oui Pas toujours Non
OC
son prénom b–c a a
Approprié Détournement Evitement
Regard OC
b–c a–b a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Poursuite visuelle OC
b–c b–c a a
Attention et
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Orientation aux bruits LP
b–c b–c a a
environnants
Adaptée Absente
Attention conjointe OC + T
b–c a
Proto-impératif
Absent Proto-déclaratif
Pointage seulement A + OC
a b–c
a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Permanence de l’objet OC + LP
b–c b–c a a
Avec prosodie Sans prosodie
Jargon OC
b–c a
Adaptation à la
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
situation et à son OC
b–c b–c a a
interlocuteur
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Jeu symbolique OC + T
b–c b–c a a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Jeu duel OC
b–c b–c a a
Respect du tour de Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC
rôle b–c b–c a a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Demande d’un objet OC
b–c b–c a a
93
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Demande d’aide OC
b–c b–c a a
Oui Non
Echopraxies OC
a b–c
Oui Non
Echolalies OC
a–b c
Imitation vocale
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
(prosodie, OC
b–c b–c a a
onomatopée…)
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Imitation dans le jeu OC
b–c b–c a a
Oui Non
Stéréotypies verbales OC
a b–c
Stéréotypies Oui Non
OC
gestuelles a b–c
Initiation de Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC
l’échange c c a–b a–b
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Maintien de l’échange OC
b–c b–c a a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Expression plaquée OC
a–b a–b c c
Oui Non
Mimiques OC
b–c a
Gestes symboliques
ou à visée Oui Non
OC
communicative : b–c a
Compréhension
Gestes symboliques
ou à visée Oui Non
OC
communicative : b–c a
Utilisation
94
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Plaisir à l’interaction OC
b–c b–c a a
Réactions lorsqu’on Indifférence Colère, pleurs, tristesse, déception
A
ne le comprend pas c b
95
Parole
Praxies Bucco-Faciales
Phonologie
Bonne Altérée en début de mot Altérée en fin de mot
Répétition de logatomes T
a–c b a–c
Altération
Simplifications Complexifications Transformations Articulation floue
phonologique T
a–c b a–c b
(dénomination)
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Erreurs instables OC
b b a–c a–c
Aggravation par la Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC + T
répétition b b a–c a–c
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Erreurs sur les voyelles OC
b b a–c a–c
Adaptée Pauvre
Prosodie OC
b–c a
96
Langage
Présent Absent
Manque du mot OC
b a–c
Oui Non
Conduites d’approche OC
b a–c
Oui Non
Paraphasies OC
b a–c
Normale Pathologique
T
a b–c
97
Compréhension Normale Pathologique
T
narrative b–c a
Oui Non
Persévérations OC
a–b c
98
Capacités cognitives et autres
99
III. Résultats de la population
Les données qui suivent comprennent, pour chaque patient, son diagnostic actuel,
l’orientation diagnostique émise par la grille ainsi que ses scores de profils.
Les points « a » correspondent aux points TSA, les « b » correspondent aux points
Dysphasie et les « c » correspondent aux points Retard de langage.
RL = Retard de Langage
ND = Non Déterminé
Profil Profils
Diagnostic diagnostic
Patient* Âge
actuel d’après la a b c
grille
Eliott 4 ans 11 RL RL 27 39 52
Françoise 3 ans 8 RL RL 17 46 71
Ilana 4 ans 6 RL RL 21 46 60
Mélanie 5 ans RL RL 18 38 51
Ophélie 5 ans 5 RL RL 15 49 67
Quentin 4 ans 2 RL RL 20 42 52
Stéphanie 4 ans 10 RL RL 26 45 59
Ugo 5 ans 4 RL RL 27 37 68
Vincent 3 ans 4 RL RL 14 41 63
Zacharie 4 ans RL RL 17 49 61
Jérémy 5 ans 6 RL RL 21 50 55
Romain 2 ans 8 TSA TSA 35 10 10
William 5 ans 2 TSA TSA 52 34 29
100
Xavier 4 ans TSA TSA 51 26 35
Yann 5 ans 3 TSA TSA 40 21 17
Barbara 5 ans 3 TSA TSA 36 21 13
Dylan 5 ans 2 TSA TSA 49 33 34
Enzo 5 ans 4 TSA TSA 42 31 31
Fanny 3 ans 11 TSA TSA 41 28 32
Gabriel 3 ans 5 Dysphasie Dysphasie 22 48 40
Suspicion de
Gaëlle 5 ans 3 Dysphasie 23 64 54
dysphasie
Suspicion de
Justine 3 ans 6 Dysphasie 20 59 48
dysphasie
Suspicion de
Lise 4 ans 6 Dysphasie 11 63 48
dysphasie
Suspicion de
Thomas 5 ans 6 Dysphasie 31 53 45
dysphasie
Suspicion de
Héloïse 3 ans 7 Dysphasie 8 55 49
dysphasie
Suspicion de
Baptiste 5 ans 6 ND 19 56 58
dysphasie
Célia 2 ans 9 RL ND 16 34 35
Damien 3 ans 8 RL ND 22 44 46
Suspicion de
Hawa 3 ans 8 TSA ou de ND 19 42 43
Dysphasie
Suspicion de
Kenza 4 ans TSA ou de ND 27 41 44
Dysphasie
Amandine 4 ans 10 TSA ND 45 36 42
Ines 3 ans 7 TSA ND 37 31 34
Alexia 5 ans 6 TSA ND 38 41 39
101
Graphe 1 - Efficacité de la grille
Diagnostics
non
déterminés
24%
Diagnostics
validés
76%
Graphe 2 - TSA
Profil non
déterminé
27%
Orientation
diagnostique
validée
73%
102
Graphe 3 - Dysphasie
Profil non
déterminé
14%
Orientation
diagnostique
validée
86%
Profil non
déterminé
15%
Orientation
diagnostique
validée
85%
103
A partir des résultats des enfants testés, nous avons établi la moyenne des
points de profils des enfants en fonction de leur orientation diagnostique.
Nous vous présenterons d’abord les résultats bruts sous forme de tableaux, puis ces
mêmes résultats exprimés en pourcentages dans des graphiques.
Tableau 6 – Moyenne des points de profil pour les enfants diagnostiqués TSA (8
enfants) :
a b c
Développement 8 3 3
Communication et 19 12 11
interaction sociale
Parole 6 2 5
Langage 5 4 4
Cognition 6 6 3
Total 43 26 25
104
Graphes 5, 6, 7, 8, 9 – Profils des enfants TSA
Développement Communication et
interaction sociale
c c
21% 26% a
45%
a
b
57%
22% b
29%
Parole Langage
c c a
a
39% 31% 38%
46%
b b
15% 31%
c
20% a
40%
b
40%
105
Tableau 7 – Moyenne des points de profil pour les enfants diagnostiqués
dysphasiques (6 enfants) :
a b c
Développement 5 7 8
Communication et 5 27 25
interaction sociale
Parole 4 8 4
Langage 4 9 6
Cognition 3 8 5
Total 19 57 47
Développement Communication et
interaction sociale a
9%
a
c
25%
40% c
44%
b
b 47%
35%
Parole Langage
c a a
c
25% 25% 21%
32%
b b
50% 47%
106
Capacités cognitives et autres
a
c
19%
31%
b
50%
Tableau 8 – Moyenne des points de profil pour les enfants diagnostiqués retard de
langage (10 enfants) :
a b c
Développement 3 6 9
Communication et 3 25 27
interaction sociale
Parole 7 3 7
Langage 5 5 11
Cognition 3 5 8
Total 21 43 62
107
Graphes 15, 16, 17, 18, 19 – Profils des enfants Retards de langage
Développement Communication et
a
interaction sociale 6%
a
17%
c c
50% 49% b
b
33% 45%
Parole Langage
a
c a 24%
41% 41%
c
52% b
b 24%
18%
a
19%
c
50%
b
31%
108
Tableau 9 – Moyenne des points de profil pour les enfants dont le diagnostic n’est
pas déterminé groupe 1 (5 enfants) :
b c
Développement 5 6
Communication et 23 22
interaction sociale
Parole 6 5
Langage 5 8
Cognition 4 5
Tableau 10 – Points de profil pour les enfants dont le diagnostic n’est pas
déterminé groupe 2 (3 enfants) :
a b c
A A1 I1 A A1 I1 A A1 I1
Développement 8 7 7 4 5 4 2 7 3
Communication et 9 15 12 22 22 18 18 17 16
interaction sociale
Parole 8 8 4 3 0 3 5 6 6
Langage 7 11 8 6 5 2 8 8 5
Cognition 6 4 5 6 4 4 6 4 4
Total 38 45 37 41 36 31 39 42 34
109
Discussion
Pour cela nous avons établi une grille d’évaluation s’appuyant sur les marqueurs
diagnostiques de ces différentes pathologies et sur les différentes modalités
d’évaluation possibles en orthophonie. Après avoir créé cet outil, nous avons
souhaité qu’il soit testé sur des enfants ayant déjà été diagnostiqués TSA ou Retard
de Langage ou présentant un diagnostic ou une importante suspicion de Dysphasie.
Enfin, nous avons récolté les avis des orthophonistes ayant fait passer notre grille,
afin de prendre en compte leurs remarques et de modifier l’outil en fonction.
Nos résultats ont montré qu’il était en effet possible, pour un grand nombre d’enfants
de moins de 5 ans 6, de poser une orientation diagnostique cohérente avec le
diagnostic posé précédemment. Nous nous intéresserons tout d’abord aux résultats
des patients et à la corrélation entre les diagnostics d’origine et les orientations
diagnostiques posées grâce à notre grille, puis, nous étudierons les retours des
orthophonistes et les éventuelles modifications qui pourront être apportées à l’outil.
Les résultats de notre étude indiquent que sur les 33 patients de moins de 5ans6
évalués grâce à notre outil, il a été possible de poser une orientation diagnostique
pour 25 d’entre eux, soit pour plus de 75%. Ce pourcentage indique le taux de
sensibilité de notre test, puisqu’il renvoie à sa capacité à diagnostiquer correctement
un enfant.
De plus, parmi les 25 patients pour lesquels nous avons pu dresser un profil
diagnostique, nous remarquerons que dans la totalité des cas, le profil déterminé par
la grille correspond au diagnostic ayant été posé préalablement. Cela indique une
110
fiabilité importante quant aux résultats de notre outil, un élément rassurant, puisqu’il
semblerait qu’il ne présente pas de risque de « faux positif ». Ainsi, s’il arrivera que
l’outil ne puisse déterminer un profil diagnostic, au moins il ne risquera pas d’induire
en erreur le professionnel.
Nous nous intéresserons d’abord aux patients pour qui l’orientation diagnostique a
pu être établie, puis nous étudierons les résultats des enfants aboutissant à des
profils dits « non-déterminés ».
Comme l’explicite le DSM-V, l’enfant TSA aura des difficultés persistantes sur le plan
de la communication et des interactions sociales et des comportements stéréotypés
et intérêts restreints. Or, ces critères sont évalués dans la partie « Communication et
interaction sociale » de notre outil. Il affirme également que « les symptômes doivent
être présents depuis la petite enfance ». Ces symptômes d’apparition très précoce
sont ceux que l’on retrouve dans notre partie « Développement de l’enfant ». Il est
111
donc cohérent que ces deux parties soient celles permettant le mieux de différencier
l’enfant TSA des enfants dysphasiques ou avec retard de langage.
Bien que moins déterminants, on remarque cependant que les résultats aux parties
« Parole » et « Langage » dénotent tout de même d’une majorité de points profils
« a ». La partie « Parole » permettrait d’aider à différencier TSA de dysphasie, mais
n’apporterait que peu d’éléments concernant la distinction TSA – Retard de langage.
Ces observations sont consistantes avec les résultats de l’étude de McCleery et al.
(2005) qui indiquent que les enfants avec autisme montrent le même modèle de
production des sons de la parole que les enfants au développement langagier normal
et que les enfants avec un retard de langage. Quant à la partie langage, elle
présente un écart assez faible d’avec les autres pathologies. Cela peut s’expliquer
par l’affirmation de Mundy et Markus (1997), qui décrivent que l’on retrouve
généralement d’assez bonnes capacités phonologiques, syntaxiques et sémantiques
chez les enfants autistes avec langage.
Finalement, nos résultats, cohérents avec les études récentes, indiquent que ces
différentes parties permettent de différencier efficacement l’enfant TSA d’un enfant
présentant une dysphasie ou un retard de langage isolé.
B. Dysphasies
Nous avons ensuite pu voir que 86% des enfants arrivant avec un diagnostic
ou une suspicion de dysphasie obtenaient un profil de dysphasie avec notre grille.
Le diagnostic de dysphasie est celui qui est le plus central au niveau du diagnostic
différentiel, puisqu’il peut être confondu avec un diagnostic de TSA ou avec un
diagnostic de retard de langage. En détaillant les résultats de nos patients nous
avons pu constater que la partie la plus décisive pour les enfants dysphasiques était
la « Parole ». Cette dernière permet de mettre en évidence des troubles spécifiques
aux enfants dysphasiques qui sont définis comme signes d’alertes dans la littérature,
tels que leurs difficultés spécifiques en phonologie (Bortolini & Leonard, 2000), la
présence d’erreurs instables d’une articulation dite « floue », due notamment à des
difficultés précoces dans le développement des capacités motrices oro-faciales
112
(Comblain, 2004) et des erreurs fréquentes sur les voyelles (Parisse et Maillart,
2007).
Nous remarquons ensuite que la partie « Langage » apporte également une grande
aide à la différenciation entre les pathologies, avec une distinction quand même plus
approfondie pour les TSA. Cela s’explique par la présence dans cette partie de la
plupart des marqueurs de déviance définis par Gérard en 1991 (trouble d’encodage
syntaxique, trouble d’évocation lexicale, dissociations automatico-volontaires, trouble
de la compréhension verbale…) et des marqueurs déterminés par d’autres auteurs
plus récemment (hétérogénéité lexicale, persévérations, conduites d’approche et
paraphasies…).
C. Retards de langage
Nous avons, enfin, pu constater que 85% des enfants diagnostiqués avec un Retard
de Langage obtenaient, à l’issue de la grille, un profil équivalent. Il est intéressant de
voir que chez les enfants avec retard de langage isolé, toutes les catégories de la
grille semblent discriminantes. Ainsi, le « Développement de l’enfant », le
« Langage » et les « Capacités cognitives et autres » permettent de différencier les
enfants avec retard de langage de tous les autres enfants testés. En effet, le
113
développement de l’enfant avec retard de langage sera celui qui se rapprochera le
plus de celui de l’enfant non-pathologique au niveau qualitatif. De même pour le
langage, si on retrouve un retard dans l’acquisition du langage de ces enfants, on ne
dénote pas de différences qualitatives, l’enfant développe un langage sans déviance
et qui est utilisé correctement dans sa fonction de communication.
D. Non-déterminés
Etudions maintenant les enfants n’ayant pas pu obtenir de profil diagnostic. Nous
avons choisi de diviser le groupe des « profils non-déterminés » en deux groupes
nommés « groupe 1 » et « groupe 2 ».
1) Groupe 1
114
pour qui les professionnels oscillent entre les diagnostics de dysphasie ou de TSA.
Notre grille permettrait, dans ces cas délicats, de rejeter le doute sur la présence
éventuelle d’un TSA.
2) Groupe 2
Le groupe 2, lui, se compose des patients avec profil indéterminé mais porteur
d’un diagnostic de TSA. Ainsi, Alexia, Amandine et Inès présentent en effet des
scores profils « a » suffisamment élevés pour s’interroger sérieusement. Toutefois,
dans leur cas de figure, notre grille n’a pas permis de déterminer avec certitude la
présence d’un TSA plutôt que d’une dysphasie. Cependant, si Alexia a effectivement
des scores très proches (38a, 41b, 39c), les petites Amandine et Inès, elles,
présentent tout de même une différence significative entre les scores de TSA et les
scores de Dysphasie (A : 45a, 36b, 42c ; I1 : 37a, 31b, 34c). Seuls les scores élevés
de Retards de langage gênent la pose des orientations diagnostiques TSA pour ces
enfants. S’il est cohérent de trouver un si gros retard de langage chez un enfant
TSA, nous pouvons tout de même suspecter fortement la présence d’un trouble du
spectre autistique.
Après l’analyse de ces résultats nous avons décidé d’établir un seuil minimum de
30a au-dessus duquel tout enfant pourra correspondre à une orientation
diagnostique de TSA, si ses autres scores se trouvent dans la même tranche
numérique (pas de profil ayant plus de 5 points au-dessus). Cela permettra de
corriger le problème de l’orientation diagnostique pour les enfants appartenant au
groupe 2 des profils non-déterminés.
Il semble donc possible d’affirmer que notre outil, s’il n’est pas parfaitement
sensible démontre tout de même une sensibilité et une fiabilité importantes.
115
II. Intérêts de l’outil
Grâce à un questionnaire anonyme, nous avons pu récolter les avis des différents
orthophonistes ayant testé notre outil. Après les passations, chaque professionnel
était invité à remplir en ligne un questionnaire composé de questions fermées (de
type QCM) et de questions ouvertes. Les réponses aux questions fermées se
trouvent dans la partie Résultats. Les réponses aux questions ouvertes ont été
retranscrites en Annexe 6. Intéressons-nous donc aux avis et aux propositions de
ces orthophonistes.
Tout d’abord, d’un point de vue global, il semble que cet outil ait été très apprécié.
93% des personnes ayant testé cet outil pensent qu’il répond à un besoin des
orthophonistes (les autres ne se prononçant pas). Nous avons effectivement récolté
de nombreux avis allant dans ce sens dans les questions ouvertes, mettant
notamment en avant que notre outil permet de clarifier les choses, de synthétiser les
informations, de rassurer les orthophonistes et de les guider dans un diagnostic
complexe. Une mission importante car, comme l’explique Rogé (2001), « au plus
jeune âge, le diagnostic repose essentiellement sur le jugement du clinicien ».
Au niveau de la passation, les retours ont été également positifs, avec un outil
que les orthophonistes décrivent comme facile à manier et concis, ne comportant pas
d’items superficiels. L’organisation de la grille a été appréciée, notamment au niveau
de l’enchaînement des items dans un ordre logique. La simplicité d’évaluation a été
soulignée à de nombreuses reprises et la rapidité et la facilité de la cotation ont été
valorisées.
116
Le livret de passation a été considéré comme « très pratique » par la très grande
majorité des orthophonistes, avec des explications claires et suffisamment concises
et des rappels utiles. L’utilisation de tests préexistants, souvent utilisés, et la
possibilité de choisir parmi plusieurs tests ont été relevées comme points positifs.
Nous ajouterons que cette grille représente, à notre sens, un outil intéressant de par
sa diversité, puisqu’il allie les différentes modalités d’évaluation possible en
orthophonie : anamnèse, observation clinique et épreuves normées. Or, comme
l’expriment (Maillart et al., 2014), « Diagnostiquer la dysphasie est une tâche
complexe nécessitant de recourir à la fois à une analyse qualitative clinique des
comportements et à l’utilisation de tests standardisés ».
117
Les centres référents des troubles du langage, présents dans toutes les régions,
semblent en effet l’endroit idéal pour poser un diagnostic de trouble spécifique au
sein d’une équipe pluridisciplinaire. Mais se pose le sérieux problème de la saturation
de ces centres, avec des listes d’attente pouvant excéder 6 mois pour un premier
rendez-vous. Notre outil a pour but de guider l’orthophoniste libéral dans ce
diagnostic différentiel complexe, afin, notamment, de permettre de désengorger les
centres référents, ce qui, à terme, leur permettrait de se concentrer sur les cas les
plus complexes ne pouvant être diagnostiqués en libéral. Cette grille permettra
également à l’orthophoniste d’orienter l’enfant vers le centre référent le plus pertinent
selon son orientation diagnostique (Centre Référent des Troubles du Langage vs
Centre Ressources Autisme).
Bien que très apprécié, cet outil présente évidemment certaines limites.
Quelques-unes, après avoir été mises en avant par les orthophonistes, ont été prises
en compte et nous y avons remédié dans la version définitive de la grille que l’on
retrouve dans les résultats et en Annexes 4 et 5. D’autres ne pourront être corrigées,
par choix ou par moyens, nous nous en excusons. D’autres enfin, ne présentent pas
de solutions, mais pourront être soulevées dans les perspectives d’avenir de l’outil.
A. Améliorations
118
manquants ; cependant ils apparaissent dans la grille, sous les appellations
d’ « amis » pour le premier, et d’ « identification des émotions » pour le second.
Concernant la pertinence des items, l’absence de réponse pour les enfants pour qui
la répétition n’aide pas sans pour autant aggraver a été énoncée, de même que des
items portant plus précisément sur l’alimentation ou sur les autres suivis
thérapeutiques de l’enfant. Ces items ont en effet été considérés au moment de
l’élaboration de la grille, cependant nous avons choisi d’y renoncer car bien
qu’intéressants dans un bilan, ils n’étaient pas discriminants, c'est-à-dire qu’ils
n’aidaient en rien au diagnostic différentiel.
119
Un des points qui a été très relevé est le suivant : dans notre grille, de
nombreux items faisant appel à l’observation clinique proposent, pour évaluer la
présence d’un comportement, des réponses en « oui » ou « non ». Lors de
l’élaboration de notre grille, nous nous sommes longuement questionnés sur la
pertinence de cases supplémentaires comprenant les mentions « plutôt oui » /
« plutôt non ». Nous avons finalement choisi de ne pas les inclure car l’utilisation de
coefficients nous semblait trop aléatoire, et sans la présence de coefficients, ces
cases s’avéraient inutiles, puisque « plutôt oui » comptabiliserait exactement les
mêmes points que « oui ». Cependant, il est apparu dans les retours des
orthophonistes que la présence de ces cases aurait facilité la passation, certains
professionnels ne souhaitant pas de réponses aussi tranchées pour des
comportements parfois fluctuants chez l’enfant. Afin de rassurer les orthophonistes et
de leur permettre de nuancer leurs réponses, nous ajouterons à la version définitive
ces possibilités de réponses, sachant qu’elles comporteront les mêmes cotations que
les réponses plus fermes, puisque nous supposons que lorsqu’un comportement est
acquis, même s’il n’est pas encore automatisé, nous pouvons considérer que l’enfant
est capable de l’acquérir. Nous tiendrons également compte de la demande d’ajouts
de cases pour les commentaires, car si ces cases n’apporteront rien à la cotation de
la grille, elles permettront au soignant d’avoir à proximité les réponses de l’enfant et
ses propres commentaires.
120
La mise en place de cet outil sous format informatisé est également un projet
qu’il serait intéressant de réaliser à l’avenir. Le professionnel pourrait sélectionner
ses réponses pour chaque item et obtenir automatiquement une orientation
diagnostique avec le détail des points de profil de l’enfant. Cela permettrait
également de remédier aux difficultés de comptage des points de profil.
Enfin, il nous a été conseillé de réaliser 2 grilles, l’une comportant les données
d’observation clinique et l’autre les épreuves liées à des tests normés. Cette idée, si
elle compliquera légèrement l’obtention d’un score par sous-partie, nous a tout de
même semblé intéressante car pouvant en effet faciliter la passation. Nous avons
donc réalisé ces deux grilles, consultables en Annexes 4 et 5.
A un niveau très pratique, plusieurs petites remarques nous ont également été faites.
Tout d’abord, la réponse « trouble du langage » aux antécédents familiaux a
interrogé l’une des orthophonistes sur la nature du trouble pour cocher cette case
(oral, écrit…). Il s’agit de tous les troubles du langage, puisque nous savons que les
troubles du langage écrit peuvent être liés, à l’origine, à des troubles du langage oral.
Ceci sera donc désormais précisé dans le livret de passation. Ensuite, il nous a été
demandé de lister tous les tests utilisables dans cette grille au début du livret de
passation. Enfin, l’ajout des numéros de page a été réclamé. Nous avons donc
procédé à ces modifications.
Bien que les retours des orthophonistes aient été particulièrement positifs,
nous relevons tout de même des critiques tout à fait justifiées faites à l’outil.
Regardons maintenant les limites d’un tel outil d’évaluation.
121
B. Limites
Concernant les épreuves normées, certains orthophonistes ont été gênés car
beaucoup de tests listés leur manquaient. Ils ont également évoqué que l’une des
difficultés étaient l’obligation de se plier, pour chaque épreuve, aux consignes et
cotations dudit test. Toutefois, l’utilisation des épreuves normées nous semblant
absolument indispensable, il s’agit d’une limite de notre grille à laquelle nous
choisirons de ne pas remédier.
Concernant les tests normés, il a également été soulevé qu’il était parfois
impossible d’administrer ces épreuves normées aux enfants, car leur niveau ne
correspondait pas, et qu’ils n’avaient parfois aucun langage. La cotation incomplète
de la grille n’est pas un problème, puisque nous avons pu observer qu’elle ne produit
pas de faux positifs. Le seul risque de non-cotation de nombreux items seraient donc
d’aboutir à un profil non-déterminé de type Groupe 1 (différenciation impossible entre
un retard de langage ou une dysphasie). Pour ce qui est du diagnostic différentiel
entre les troubles du spectre autistique et les pathologies du langage, les parties les
plus discriminantes étant le développement de l’enfant et la communication, la non-
cotation des épreuves normées ou des épreuves de langage ne devrait pas gêner la
pose d’une orientation diagnostique à ce niveau là.
122
Nous dénoncerons également, comme limite, que notre outil se base sur les
marqueurs de déviance pour poser le diagnostic différentiel, mais le postulat de
marqueurs de déviance est critiqué comme pouvant être l’expression des
représentations de stratégie palliative : « la production d’énoncés ne satisfait pas
uniquement des normes grammaticales, mais aussi des exigences liées au succès
de l’échange verbal, aux fonctions de la parole et non aux structures de la langue »
(Forest, 2005). Toutefois, quelle que soit l’origine de ces marqueurs (déficit
linguistique ou compensation), ils n’en sont pas moins observés chez les enfants
dysphasiques et peuvent donc bien servir de critères diagnostiques.
C. Perspectives d’avenir
Les résultats de notre étude sont donc positifs quant à l’intérêt et à la fiabilité
d’un outil tel que la grille que nous venons de créer. Mais si l’élaboration de cet outil
s’achève, il doit désormais, comme tout bilan orthophonique, être validé. Cette
validation fera l’objet d’un mémoire sur l’année 2015-2016 à Bordeaux. L’outil sera
testé sur des enfants âgés de 2 ans 6 à 5 ans 6 se présentant pour un bilan initial.
123
Conclusion
« Dans la théorie, le trouble du langage et le trouble du spectre autistique sont deux
choses très différentes, mais dans la pratique, on remarque que la frontière est
parfois fine. » Taylor & al, 2014
Diagnostiquer…
Seul, de son cabinet libéral. Prendre précocement ce risque qui nous effraye, mais
qui rapporte tellement plus qu’il ne coûte. Pour pouvoir, dès le plus jeune âge
adapter la prise en charge et l’environnement de l’enfant selon ses besoins. Pour
soulager l’entourage et construire ensemble le monde adéquat pour cet enfant.
124
Bibliographie
1. ABCN, R. A. B. P. A. (1981). Hyperactive Children: A Handbook for Diagnosis and
Treatment (New edition). New York: The Guilford Press.
125
11. Antheunis P., Ercolani-Bertrand F., & Roy S. (2006). Dialogoris 0-4 ans, bilans
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Psychologie Appliquée). Paris.
234. Coquet, Françoise, Ferrand, Pierre, & Roustit, Jacques. (2009). EVALO 2-6
(Évaluation du développement du Langage Oral chez l’enfant de 2a3 à 6a3)
(Ortho Editions).
235. Coquet, Françoise, Ferrand, Pierre, & Roustit, Jacques. (2010). EVALO BB
(Évaluation du développement du Langage Oral chez l’enfant de moins de 3
ans) (Ortho Editions).
237. Deltour, JJ. (1998). Test de Closure Grammaticale révisé (TCG-R) (EAP).
145
238. Deltour, JJ, & Hupkens, D. (1980). Test de Vocabulaire Actif et Passif pour
enfants de 3 à 5 ans (TVAP 3-5) (ATM).
240. Dubus, MC, Lemoine, MP, & Lesage, P. (2008). Outil d’Evaluation des
Compétences Langagières (ECLA) (Ortho Editions).
241. Dunn, LM, & Theriault-Whalen, CM. (1993). Test de vocabulaire en images :
Peabody (EVIP) (ATM).
246. Helloin, M C., & Thibault, M. P. (2006). Batterie informatisée pour l’examen
du langage oral et écrit chez l’enfant de 3 à 6 ans (Exalang 3-6) [OrthoMotus].
247. Henin Dulac. (1984). Etude de la motricité des praxies oro faciales par
Hénin-Dulac.
248. Hénin Dulac. (s. d.). Test d’exploration du langage chez l’enfant.
252. Khomsi, A, & Khomsi, J. (2009). Bilan Informatisé de Langage Oral pour les
Enfants de 3 ans à 5 ans 6 mois (BILO Petits). ECPA.
146
253. Korkman, M, Kirk, U, & Kemp, S. (2003). Bilan Neuropsychologique de
l’Enfant (NEPSY) (ECPA).
257. Macchi, Descours, Girard, Guitton, Morel, Timmermans, & Boidein. (s. d.).
Epreuve Lilloise de Discrimination Phonologique (ELDP 1) (Université Lille 2).
258. Moog, Kozak, & Geers. (1990). Test d’Analyse Grammaticale du Langage
(TAGL).
259. Plaza, M, & Robert-Jahier, AM. (2006). Test de Dénomination Rapide (DRA
enfants). ADEPRIO.
260. Robins, D, Fein, D, & Barton, M. (2009). Modified Checklist for Autism in
Toddlers (M-CHAT).
263. Roy, B, Maeder, C, Kipffer, A, Blanc, JP, & Alla, F. (2000). Epreuves de
Repérage des Troubles du Langage et des Apprentissages utilisables lors du
bilan médical de l’enfant de 6 ans. (ERTLA6) (Commédic).
265. Schopler, & Reichler. (1988). Childhood Autism Rating Scale (CARS)
(TEACCH).
147
266. Shulman, B. (1985). Test of Pragmatic Skills (Communication Skills Builders).
269. Thibault, M. P., Helloin, M C., & Croteau, B. (2003). Batterie informatisée pour
l’examen du langage oral et écrit chez l’enfant de 5 à 8 ans (Exalang 5-8).
OrthoMotus.
148
Annexes
Annexe 1 : Tests évaluant le langage et la communication chez les enfants âgés de
2 ans 6 à 5 ans 6
149
NEPSY 3 ans – 12 ans 2003
O52 3 ans – 7 ans 1987
PEES 3 ans – 8 ans 2008
PER 2000 3ans6 – 5ans6 2000
Petit RV 3 ans – 6 ans 1996
Répétition d’énoncés 3 ans – 6 ans -
(Khomsi)
TAGL 3 ans – 5ans6 1990
150
Tests évaluant la communication
Professionnels
Test Âge/classe Année de
habilités à la
parution
passation
ADI-R Dès 24 mois 1994 Professionnels
de santé formés
ADOS Dès 2 ans 1989 Professionnels
de santé formés
Modified Tous
18 mois – 36 professionnels
Checklist for 2001
mois de santé
autism in toddler
Children’s Tous
professionnels
Communication 4 ans – 16 ans 2006
de santé
Checklist - 2
Childhood Tous
professionnels
Autism Rating Dès 2 ans 1988
de santé
Scale
Tous
COMVOOR 1 an – 5 ans 1997 professionnels
de santé
DPL 3 3 ans – 3ans6 2005 Tous
professionnels
ECSP 3 mois – 30 mois 2009 Professionnels
de santé formés
EVALO BB Jusqu’à 36 mois 2010 Orthophonistes
15 mois – Tous
IDE 2010 professionnels
5ans11
de santé
Tous
Reynell 1 an – 7 ans 1981 professionnels
de santé
Tous
Shulman 3 ans – 8 ans 1985 professionnels
de santé
Tous
SOS - 1999 professionnels
de santé
VB-MAPP 0 mois – 48 mois 2008 Professionnels
de santé formés
151
Annexe 2 : Tests utilisables dans l’outil élaboré
Expression
morphosyntaxique
Jugement
BEMS 3 ans – 9 ans 1994
morphosyntaxique
Compréhension
morphosyntaxique
PBF
Altération
phonologique
Désignation
Compréhension
morphosyntaxique
BEPL-A 2ans9 – 4ans3 1988
Empan numérique
endroit
Empan mnésique
verbal
Accès au
symbolique
Répétition de
logatomes
Expression
morphosyntaxique
Compréhension
BREV 4 ans – 9 ans 2002
morphosyntaxique
Empan numérique
endroit
Empan mnésique
verbal
Expression
morphosyntaxique
ECLA 3 ans – 6 ans 2008
Compréhension
morphosyntaxique
Répétition de
logatomes
Désignation
EDA 4 ans – 11 ans 2012 Expression
morphosyntaxique
Empan numérique
endroit
152
Désignation
ELO PSM – CM2 2001 Expression
morphosyntaxique
Epreuves de Désignation
compréhension – 2 ans – 7 ans 1957 Compréhension
Descoeudres morphosyntaxique
Répétition de
logatomes
ERTL 4 3ans9 – 4ans6 1996
Empan mnésique
verbal
Etude de la motricité
des praxies oro
2ans6 – 12ans6 1984 PBF
faciales par Hénin-
Dulac
Entretien
pragmatique
PBF
Répétition de
logatomes
Altération
phonologique
Aggravation par la
répétition
Désignation
EVALO 2ans3 – 6ans3 2009
Expression
morphosyntaxique
Compréhension
morphosyntaxique
Atteinte homogène
du langage
Empan numérique
endroit
Empan mnésique
verbal
Attention conjointe
Jeu symbolique
Désignation
Expression
EVALO BB Jusqu’à 36 mois 2010 morphosyntaxique
Compréhension
morphosyntaxique
Accès au
symbolique
153
Répétition de
logatomes
Altération
phonologique
Aggravation par la
répétition
Désignation
Expression
morphosyntaxique
Exalang 3-6 3 ans – 6 ans 2006 Compréhension
morphosyntaxique
Compréhension
narrative
Atteinte homogène
du langage
Empan numérique
endroit
Empan mnésique
verbal
Répétition de
logatomes
Expression
morphosyntaxique
Jugement
morphosyntaxique
Compréhension
Exalang 5-8 5 ans – 8 ans 2003 morphosyntaxique
Compréhension
narrative
Empan numérique
endroit
Empan mnésique
verbal
Compréhension
morphosyntaxique
Kikou 3-8 3 ans – 8 ans 2009
Compréhension
narrative
Expression
morphosyntaxique
NBTL 4ans6 – 7ans6 1993 Empan mnésique
verbal
154
Altérations
phonologiques
Aggravation par la
répétition
Désignation
Expression
morphosyntaxique
NEEL 4ans9 – 8ans6 2001 Compréhension
morphosyntaxique
Atteinte homogène
du langage
Empan numérique
endroit
Empan mnésique
verbal
Nelly Carole Jusqu’à 3 ans 1988 Désignation
Répétition de
logatomes
Expression
morphosyntaxique
NEPSY 3 ans – 12 ans 2003
Empan mnésique
verbal
Capacité
d’inhibition
Compréhension
O52 3 ans – 7 ans 1981-82
morphosyntaxique
Expression
PEES 3 ans – 8 ans 2008
morphosyntaxique
Répétition de
logatomes
PER 2000 3ans6 – 5ans6 2000
Expression
morphosyntaxique
Répétition d’énoncés Empan mnésique
3 ans – 6 ans -
(Khomsi) verbal
Entretien
Shulman 3 ans – 8 ans 1985
pragmatique
Expression
TCG-R 3 ans – 9 ans 1998
morphosyntaxique
PBF
Répétition de
Test de LO Henin logatomes
2ans6 – 11ans6 -
Dulac Désignation
Expression
morphosyntaxique
TVAP 3 ans – 5 ans 1980 Désignation
155
Annexe 3 : Livret de passation
Livret de passation
Elaboration d’un outil permettant d’orienter
précocement le diagnostic différentiel :
Autisme – Dysphasie –
Retard de parole/langage sévère.
156
L'ANAES (aujourd'hui remplacée par la Haute Autorité de la Santé) détermine, en
2001, 3 critères de gravité des troubles du langage oral dès 3-4 ans : Enfant
inintelligible, Agrammatisme, Trouble de la compréhension. Les enfants présentant
ces critères de gravité nécessitent une prise en charge intensive. Mais le type de prise
en charge dépend du trouble de l’enfant, d’où l’importance d’orienter précocement le
diagnostic.
Au sein des troubles du langage, on distingue les troubles fonctionnels, des troubles
structurels. Les troubles fonctionnels correspondent à ce que nous appelons retards de
parole et retards de langage. Ces retards se caractérisent par un décalage dans le temps
de l’apparition des premières productions verbales et de la réalisation des différentes
étapes de développement du langage oral.
En revanche, dans les troubles structurels, la structure même de l'enfant ne lui permet
pas de bénéficier de la stimulation nécessaire au développement de son langage. Ainsi,
le bain de langage ne suffira pas à l’enfant pour établir un langage oral correct. La
dysphasie est un trouble spécifique structurel du langage. Elle se manifeste par une
structuration déviante, lente et dysharmonieuse de la parole et du langage oral.
Du fait de leurs difficultés de langage, les enfants dysphasiques ont parfois une
présentation évoquant un syndrome autistique. Ainsi, il arrive que des diagnostics de
Trouble du Spectre Autistique soient posés pour des enfants dysphasiques, alors même
qu’il s’agit d’enfants qui sont dans la communication.
Ces erreurs de diagnostic peuvent s’avérer dangereuses, car elles font perdre un temps
précieux à l’enfant dans sa prise en charge, dans son parcours scolaire et au niveau de
son interaction sociale.
Christophe Loïc Gérard estime qu’un diagnostic de dysphasie ne peut être posé qu’à
partir de 6 ans, si l’enfant concerné ne présente pas de progrès après un temps suffisant
d’une rééducation orthophonique adaptée, cela afin de différencier la dysphasie d’un
retard sévère de parole/langage. Il a cependant décrit des marqueurs de déviances,
particularités linguistiques propres à la dysphasie, repérables chez des enfants plus
jeunes. Ainsi, d’autres auteurs soutiennent que, grâce à ces critères de déviance, il est
possible de poser plus tôt un diagnostic de dysphasie.
157
Le diagnostic précoce est donc un enjeu indispensable dans la prise en charge de
l’enfant avec un trouble du langage. Mais il est délicat à poser avant l’âge de 6 ans. Il
s’agit essentiellement d’un diagnostic clinique qui repose sur l’expertise du praticien.
C’est pour permettre à tout orthophoniste libéral de disposer de cette expertise que
nous avons choisi de créer cet outil.
Quelques précisions :
Cette grille s’adresse à des enfants ayant entre 2ans 6 et 5ans 6, se présentant
pour un bilan initial de langage oral, avec des symptômes sévères.
Cet outil ne remplace pas le bilan, elle l’accompagne. Vous trouverez dans la
cotation de la grille, des références à de nombreux tests/bilans de langage oral.
Il faudra utiliser leurs cotations afin de remplir la grille.
La grille n’est pas exhaustive et ne permet pas d’évaluer toutes les fonctions
devant être évaluées lors d’un bilan de langage oral. Elle ne comprend que
l’évaluation des fonctions permettant d’établir une discrimination parmi les
pathologies considérées, et donc, d’orienter le diagnostic différentiel.
158
Utilisation de la grille :
Si vous choisissez d’utiliser la 2ème grille, vous obtiendrez des scores nommés
« sous-totaux 1 » pour la grille Observation Clinique, et des scores nommés
« sous-totaux 2 » pour la grille Tests. Il vous restera à additionner les sous-
totaux correspondant. Par exemple « sous-total 1 communication » + « sous-
total 2 communication » = sous-total communication.
Dans la grille :
A = Anamnèse
OC = Observation Clinique
T = Tests
LP = Livret de passation (consigne)
Pour les items nécessitant des tests normés, se rapporter au livret de passation
du test afin de déterminer si l’enfant est pathologique. Plusieurs tests vous sont
proposés, ils ne sont pas tous à faire passer, ces listes vous permettent de choisir
l’épreuve en fonction du matériel dont vous disposez. Si vous ne disposez
d’aucun des tests listés, et qu’aucune consigne n’est donnée dans le livret de
passation, merci de ne pas coter l’item.
159
Attention, les tests répertoriés ne répondent parfois qu’à une partie de la tranche
d’âge correspondant à cette grille. Par exemple, Exalang 5-8 ne pourra être
utilisé que si vous testez un enfant d’au moins 5 ans, sinon il faudra choisir un
autre test de la liste. Toujours vérifier que le test correspond à l’âge de votre
patient.
Pour en savoir plus sur l’élaboration de cet outil, ses intérêts et ses limites, se
référer au mémoire …
Lien :
BEMS + BEPL-A + BILO petit + BREV + DPL3 + ECLA + EDA + ELO + Epreuves
de compréhension – Descoeudres + ERTL 4 + Etude de la motricité des praxies oro
faciales par Hénin-Dulac + EVALO + EVALO BB + EVIP + Exalang 3-6 + Exalang
5-8 + IDE + Kikou 3-8 + NBTL + NEEL + Nelly Carole + NEPSY + O52 + PEES +
PER 2000 + Répétition d’énoncés (Khomsi) + Shulman + TCG + Test de LO Henin
Dulac + TVAP + VOCIM
160
Développement de l’enfant
Tonus, posture :
Lorsque l’enfant était bébé, était-il hypotonique ? Ou hypertonique avec des postures
en extension (tête et bras en arrière) ?
Troubles de l’alimentation :
Babillage :
Premiers mots :
161
Antécédents familiaux :
Amis :
L’enfant a-t-il des amis ? Si non, en souffre-t-il ? S’il en souffre, coter oui.
Intérêts restreints :
Les personnes avec autisme possèdent des centres d’intérêts restreints et souvent
atypiques (ex : les changements climatiques, les mécanismes des objets…) qui peuvent
rapidement devenir envahissants pour leurs proches.
Sensibilité sensorielle :
Lorsqu’il y a une hypersensibilité sensorielle, l’enfant semble fasciné par les sons, les
lumières, on retrouve des réactions paradoxales au bruit, il peut être gêné par certaines
matières ou par le contact physique. On peut également retrouver une hyposensibilité
chez les enfants autistes, avec une indifférence aux stimuli sensoriels.
162
Communication
Regard :
Poursuite visuelle :
Déplacer un objet devant l’enfant et voir s’il suit du regard le déplacement de l’objet.
Avant de recevoir l’enfant, placer un jouet sonore sous le bureau. Pendant que l’enfant
réalise une tâche, actionner le jouet sonore. Voir s’il interrompt son activité et cherche
la source sonore. Il peut également regarder l’adulte en attendant que celui-ci lui
explique l’origine du bruit.
Cet item ne permet pas de tester l’audition, il donne des informations sur l’intérêt de
l’enfant et la recherche de la source sonore.
Attention Conjointe :
L’attention conjointe est la capacité à orienter son regard vers l'objet ciblé en
interaction avec le partenaire avec lequel on interagit.
Cette fonction est normalement possible dès 4 mois, avec la convergence des regards
vers un objet commun.
Si vous ne possédez pas l’Evalo BB, présenter un jouet à l’enfant et voir si l’attention
conjointe se met en place.
163
Pointage :
Le pointage apparaît vers 8 mois dans une situation d’attention conjointe. L’enfant
désigne dans le but d’attirer l’attention de son interlocuteur.
Dans le pointage proto-impératif, l’enfant oriente son geste vers un objet qu’il désire et
qu'il vise à obtenir. Il apparaît dès 8 mois.
Vient ensuite le pointage proto-déclaratif : l’enfant pointe un objet afin de signaler son
intérêt, il veut qu'on lui en parle, pas qu’on le lui donne. Celui-ci apparaît vers 12
mois.
Permanence de l’objet :
Consigne : prendre un jouet des mains de l’enfant et le cacher pendant qu’il regarde.
Voir si l’enfant va vers la cachette récupérer son jouet. On peut lui demander « Où est
le jouet ? »
Jargon :
L’enfant avec jargon produit des émissions vocales inintelligibles, mais dont la courbe
intonatoire peut être informative et d’où peuvent émerger des mots signifiants.
Si l’enfant présente un jargon, celui-ci a-t-il une prosodie langagière ? (ne répondre à
cet item que si l’enfant présente un jargon).
164
Jeu symbolique :
L’enfant est capable d’utiliser un jouet pour mimer la fonction d’un autre jouet. Si
vous ne disposez pas d’Evalo BB, proposez un jouet pour un autre (par exemple une
banane pour un téléphone), en proposant vous-même la situation symbolique (prendre
un second jouet qui ne soit pas un téléphone et dire « allo »).
Jeu duel :
Si le Shulman est utilisé pour l’item « entretien pragmatique », inutile de refaire le jeu
duel, se servir de son observation de la tâche 3.
Demande d’aide :
Placer un objet dans une boîte transparente difficile à ouvrir. Ne pas proposer d’aide à
l’enfant s’il ne la demande pas. Ne pas suggérer à l’enfant qu’il peut demander de
l’aide.
165
Echopraxies :
Echolalies :
Imitation vocale :
Consigne : Voir si l’enfant se saisit de ce que vous initiez dans le jeu et fait pareil.
Stéréotypies verbales :
Stéréotypies gestuelles :
166
Maintien de l'échange :
L’enfant est capable de rester dans l’échange, verbal ou non, avec l’adulte sans rompre
le contact.
Expression plaquée :
L’enfant apprend par cœur des phrases toutes faites. Le langage semble peu naturel et
les phrases sont parfois peu appropriées à la situation.
Les enfants dysphasiques savent pertinemment ce qu'ils veulent dire, il est donc très
frustrant pour eux de n'être pas compris. Les enfants présentant un retard de parole ou
de langage, en revanche, sont généralement peu conscients de leur trouble et n’en sont
donc pas gênés.
Entretien pragmatique :
Digressions :
167
Fait preuve de compassion :
Consigne : Pendant la situation de jeu partagé, faites semblant de vous être fait mal,
paraissez triste et verbalisez-le. Observez les réactions de l’enfant.
168
169
Parole
Praxies Bucco-Faciales :
Réalisation :
Les praxies sont montrées à l’enfant avant qu’on lui demande de les réaliser.
Si vous ne possédez aucun de ces tests ou si ceux-ci ne présentent pas toutes les
consignes ci-dessous, demandez également à l’enfant :
Praxies simples :
Ouvrir grand la bouche – sourire – avancer les lèvres – rentrer les lèvres – souffler –
gonfler les joues – rentrer les joues – tirer la langue – sortir la langue côté droit – sortir
la langue côté gauche – sortir la langue vers le nez – sortir la langue vers le menton.
Sourire/avancer les lèvres – gonfler une joue puis l’autre – sortir la langue à droite puis
à gauche – sortir la langue vers le nez puis vers le menton – claquer la langue au palais
Aides :
Auditive : lui expliquer comment faire (ex : « mets ta langue sur le côté »)
Kinesthésique : pour lui faire pointer la langue vers le bas, avec le pouce, toucher sa
joue de haut en bas.
Attention, certains enfants ne pourront pas supporter ce contact physique, ne pas
insister.
Si l’une de ces aides permet une amélioration à l’enfant, coter « efficace » dans la
grille.
170
DAV :
« Ouvre grand la bouche ». Si l’enfant n’y arrive pas, ajouter « Comme pour bâiller ».
« Avance les lèvres ». Si l’enfant n’y arrive pas, ajouter « Comme pour faire un
bisou ».
« Rentre les lèvres ». Si l’enfant n’y arrive pas, ajouter « Comme si tu mettais du
rouge à lèvres/labello »
« Souffle ». Si l’enfant n’y arrive pas, « Comme quand tu souffles tes bougies
d’anniversaire »
« Gonfle les joues ». Si l’enfant n’y arrive pas, ajouter « Comme si tu avais plein d’eau
dans la bouche »
« Rentre les joues ». Si l’enfant n’y arrive pas, ajouter « Comme le lapin ».
« Tire la langue ». Si l’enfant n’y arrive pas, ajouter « Comme si tu mangeais une
glace ».
« Claque la langue ». Si l’enfant n’y arrive pas, ajouter « Comme pour faire le cheval
qui marche ».
Intelligibilité :
L’absence d’intelligibilité est un critère de gravité dès 3ans, d'après la Haute Autorité
de Santé.
171
Phonologie :
Répétition de logatomes :
Altération phonologique :
Analyse qualitative :
172
Complexifications : Altération phonologique inhabituelle consistant en l’ajout de
phonèmes ou de syllabes dans le mot.
Exemples :
/scarabé/ /starabé/
/stylo/ devient /skylo/
Exemples :
Agglutination : /loiseau/ pour oiseau ou /navion/ pour avion
Articulation floue : on parle d’articulation floue lorsque les phonèmes produits par
l’enfant ne sont ni corrects, ni remplacés par d’autres phonèmes de la langue. Dans le
cas d’une articulation floue, les productions de l’enfant sont généralement très
difficiles à noter.
Erreurs instables :
173
Exemple :
Couteau devient /couko/ puis /coukro/ puis /routro/. La production diffère à chaque
fois, l’erreur est instable.
Les erreurs phonologiques de l’enfant portent-elles également sur les sons vocaliques ?
Prosodie :
Langage
174
Manque du mot :
Le manque du mot peut se caractériser par des hésitations, l’utilisation de mots vides
type « truc », « machin », par des périphrases voire par une paraphasie.
Le manque du mot n’est jamais présent dans le cas d’un retard de langage, même
sévère.
Hétérogénéité lexicale :
Les enfants dysphasiques peuvent souvent utiliser des mots peu fréquents sans
problèmes alors que des mots plus courants sont difficilement produits. De même, les
enfants avec un trouble du spectre autistique peuvent maîtriser les sujets correspondant
à leurs intérêts restreints avec un vocabulaire élaboré mais ne pas pouvoir nommer les
objets de la vie quotidienne. Le niveau lexical est donc hétérogène.
Conduites d’approches :
Paraphasies :
Emission d’un mot pour un autre (paraphasie verbale, paraphasie sémantique) ou d’un
son pour un autre au sein du mot (paraphasie phonétique)
Expression morphosyntaxique :
175
A l’aide de votre observation clinique durant l’entretien et durant les épreuves
précédentes, et des tests cités ci-dessous, voir s’il est possible de définir l’expression
de l’enfant comme agrammatique, dyssyntaxique ou simplement retardée. Les
épreuves ici citées demandent à l’enfant de faire un récit, ce qui facilite l’évaluation
qualitative de l’expression morphosyntaxique de l’enfant. La qualité du récit
n’importe pas dans cet item, seule l’expression morphosyntaxique est évaluée.
Si vous ne possédez aucun de ces tests, proposez à l’enfant de vous raconter une
histoire ou un film que vous connaissez (ex : les trois petits cochons).
176
2 ans ½ : Phrases de 3 mots. Utilisation de mots grammaticaux (adjectifs, conjonctions
et parfois verbes conjugués). Ils ajoutent les marqueurs grammaticaux (personne,
genre, nombre, temps…).
5-6 ans : Bonne utilisation des flexions nominales et verbales dans la phrase. Il utilise
presque toutes les notions temporelles et spatiales et construit des phrases complexes.
Il organise ses phrases en récit.
Dans une évolution simplement retardée, on remarquera une mise en place du présent
avant la mise en place du passé, l’apparition des déterminants avant celle des pronoms
personnels.
Signes spécifiques :
Certains signes précis peuvent évoquer une dysphasie. C’est le cas, par exemple, de
l’omission fréquente de l’auxiliaire « a » dans les passés composés.
On observe une plus grande rigidité dans l’utilisation des structures syntaxiques, avec
l’utilisation fréquente des mêmes énoncés et des mêmes verbes.
On sait aussi que les enfants dysphasiques sont souvent agrammatiques en spontané
mais dyssyntaxiques en dirigé.
177
Jugement morphosyntaxique (dire si les phrases sont correctement construites) :
Cet item ne sera cotable que pour les plus grands. A ne faire que dans le cas où
l’expression morphosyntaxique est pathologique. Il s’agit de voir si l’enfant n’a pas
les structures syntaxiques ou s’il les connait sans pour autant les utiliser. Les enfants
dysphasiques ont souvent un agrammatisme dit d’économie, ils évitent de faire des
phrases construites car celles-ci leur demandent un trop grand effort.
Compréhension morphosyntaxique :
Compréhension narrative :
Persévérations :
Répétition involontaire d’un mot ou d’une phrase produite une première fois dans une
situation appropriée et réapparaissant de manière inadéquate ensuite.
178
Fluidité du discours :
Dans les retards de langage, l’atteinte du langage peut être sévère, mais elle restera
homogène. Ainsi, l’enfant de 4 ans pourra avoir le profil langagier d’un enfant de 2
ans, mais cela concernera tous les aspects de son langage (lexique, syntaxe,
compréhension…). En revanche, dans la dysphasie et dans certains troubles du spectre
autistique, le trouble est généralement hétérogène. Ainsi, l’enfant pourra avoir un
niveau de lexique normal pour son âge, associé à une syntaxe très déficitaire, etc.
Pour évaluer si l’atteinte du langage est homogène, il faut comparer les résultats aux
différentes épreuves passées. Les profils finaux des batteries type EVALO, NEEL ou
Exalang peuvent permettre d’avoir une vision d’ensemble sur les capacités de l’enfant.
179
Capacités cognitives et autre
Mémoire de travail :
Si vous ne possédez aucun de ces tests, proposez à l’enfant la liste de chiffres suivante.
Donner un chiffre par seconde.
2-5
4-8
1-3-7
2-6-8
1-2-4-9
3-4-7-8
Capacité d’inhibition :
180
Fatigabilité :
Voir si l’enfant est très fatigable, s’il a tendance à s’agiter ou à décrocher au fil de la
séance, et si ses performances semblent chuter dans les épreuves longues sans
accroissement de la difficulté.
Si vous ne possédez pas les tests ci-dessus, proposez à l’enfant un appariement jouet-
image (il ne doit pas s’agir de photos mais bien de dessins). Ne pas proposer des
objets, proposer des êtres vivants.
Conduites d’évitement :
Les enfants dysphasiques sont souvent amenés à utiliser des conduites d’évitement
lorsque la tâche leur demande trop d’efforts. Ainsi, ils répondront « je ne sais pas »
alors même qu’ils auront la réponse.
Temps de latence :
Les enfants autistes ou les enfants dysphasiques ont souvent des temps de latence. Cela
signifie qu’il y a une période silencieuse entre le moment où ils sont sollicités et le
moment où ils répondent. Chez les enfants autistes, ce temps de latence peut même
s’élever à plusieurs minutes. La réponse à la sollicitation peut alors ne pas être perçue
comme telle par l’orthophoniste qui peut être passé à autre chose.
181
Intérêt pour un objet nouveau :
Attendre que l’enfant joue avec un objet et lui proposer un objet nouveau. Voir si
l’enfant le regarde, veut s’en saisir, l’associe à l’objet de base ou remplace ce dernier,
ou s’il ignore l’objet nouvellement apporté.
Voir si l’enfant, lorsque qu’il a un objet, le prend, le déplace, l’utilise pour des
autostimulations sensorielles, ou s’il l’utilise pour jouer (encastrement, jeu
symbolique…).
Lorsque l’enfant s’amuse avec un jouet, arrêter le jeu, récupérer le jouet et le ranger.
Observer les réactions de l’enfant.
182
Annexe 4 : Grille d’Observation Clinique
Modalité
Fonction Evaluation d’éval- Commentaires
uation
Développement de l’enfant
Oui
Grand prématuré Non A
a
Oui
Epilepsie Non A
a
Acquisition de la Avant 18 mois Après 18 mois
A
marche a–c b
Normal Hyper ou Hypotonique
Tonus, posture A
b–c a
Oui Non
Troubles du sommeil A
a b–c
Troubles de
Oui Non
l’alimentation : A
a–b c
sélection des aliments
Normal Pauvre ou Inexistant
Babillage A
c a–b
Régression Déformés Date d’apparition
Avant Entre 12 Après
Premiers mots Oui Non Oui Non 12 et 18 18 Absents A
a b–c b a–c mois mois mois a
b–c a–c a
183
Antécédents De trouble de la communication
De trouble du langage A
familiaux a
Oui Non
Amis A
b–c a
Oui Plutôt oui Plutôt Non Non
Intérêts restreints A + OC
a a b–c b–c
Normale Hypo ou Hyperdéveloppée
Sensibilité sensorielle OC
b–c a
Sous-total 1
Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
Développement
184
Communication et interaction sociale
Réponse à l’appel de Oui Pas toujours Non
OC
son prénom b–c a a
Approprié Détournement Evitement
Regard OC
b–c a–b a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Poursuite visuelle OC
b–c b–c a a
Attention et
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Orientation aux bruits LP
b–c b–c a a
environnants
Adaptée Absente
Attention conjointe OC + T
b–c a
Proto-impératif
Absent Proto-déclaratif
Pointage seulement A + OC
a b–c
a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Permanence de l’objet OC + LP
b–c b–c a a
Avec prosodie Sans prosodie
Jargon OC
b–c a
Adaptation à la
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
situation et à son OC
b–c b–c a a
interlocuteur
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Jeu symbolique OC + T
b–c b–c a a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Jeu duel OC
b–c b–c a a
Respect du tour de Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC
rôle b–c b–c a a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Demande d’un objet OC
b–c b–c a a
185
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Demande d’aide OC
b–c b–c a a
Oui Non
Echopraxies OC
a b–c
Oui Non
Echolalies OC
a–b c
Imitation vocale
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
(prosodie, OC
b–c b–c a a
onomatopée…)
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Imitation dans le jeu OC
b–c b–c a a
Oui Non
Stéréotypies verbales OC
a b–c
Stéréotypies Oui Non
OC
gestuelles a b–c
Initiation de Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC
l’échange c c a–b a–b
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Maintien de l’échange OC
b–c b–c a a
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Expression plaquée OC
a–b a–b c c
Oui Non
Mimiques OC
b–c a
Gestes symboliques
ou à visée Oui Non
OC
communicative : b–c a
Compréhension
Gestes symboliques
ou à visée Oui Non
OC
communicative : b–c a
Utilisation
186
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
Plaisir à l’interaction OC
b–c b–c a a
Réactions lorsqu’on Indifférence Colère, pleurs, tristesse, déception
A
ne le comprend pas c b
Présentes Absentes
Digressions OC
a b–c
Oui
Se parle à lui-même Non OC
a
Oui
Invente des mots Non OC
a
Fait preuve de Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
LP
compassion b–c b–c a a
Sous-total 1
Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
Communication
187
Parole
Praxies Bucco-Faciales
188
Langage
Présent Absent
Manque du mot OC
b a–c
189
Capacités cognitives et autres
Normale Importante
Fatigabilité Moyenne OC
c b
Conscience des Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
A + OC
troubles b b a–c a–c
Conduites Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC
d’évitement b b a–c a–c
Intérêt pour un objet Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC
nouveau b–c b–c a a
L’enfant manipule les Oui Non
OC
objets sans jouer a b–c
Intolérance au
Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
changement/ à la LP
a a b–c b–c
frustration
Sous-total 1
Capacités cognitives Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
et autres
TOTAL 1 Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
190
Annexe 5 : Grille d’Evaluation Normée
Modalité
Fonction Evaluation d’évalu- Commentaires
ation
Développement de l’enfant
Normale Pathologique
IDE version brève T
b–c a
Sous-total 2
Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
Développement
191
Parole
Praxies Bucco-Faciales
192
Langage
193
Capacités cognitives et autres
Empan numérique Normal Pathologique
T
endroit a–c b
Empan mnésique Normal Pathologique
T
verbal c a–b
Normale Pathologique
Capacité d’inhibition T
c a–b
Accès au
symbolique :
Appariement Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
T + LP
images – figurines b–c b–c a a
(personnages ou
animaux)
Conscience des Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
A + OC
troubles b b a–c a–c
Conduites Oui Plutôt Oui Plutôt Non Non
OC
d’évitement b b a–c a–c
Oui Non
Temps de latence T
a–b c
Sous-total 2
Capacités cognitives Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
et autres
TOTAL 2 Nombre de a : Nombre de b : Nombre de c :
194
Annexe 6 : Réponses des orthophonistes aux questions ouvertes
La grille
Facile à manier (68%) – Difficile à manier (0%) – Ça dépend des items (32%)
Pourquoi ?
Quand on l'a remplie une fois, il est assez facile de la remplir à nouveau sans avoir à
ouvrir le guide.
Dans l'ensemble la grille est simple d'utilisation mais certains items seraient à
nuancer ou mériteraient une réponse nuancée.
Je n'avais pas forcément l'habitude d'examiner tous ces aspects d'emblée et il était
parfois difficile de coter des comportements en oui non J'aurais aimé des possibilités
intermédiaires type rarement parfois souvent type grille mémoire Mac Nair
Comme toute grille, il m'a fallu un petit temps pour me l'approprier mais le livret de
passation explique bien les différents items. Je rajouterais peut-être des cases pour
comptabiliser les a,b,c au bout de chaque ligne afin de faciliter la cotation.
Les items sont clairement exposés et de manière succincte. Cela est un peu moins
évident lorsque les items correspondent à un test normé, il faut se référer à
l'explication.
195
Elle va à l'essentiel, ce qui la rend facile d'utilisation.
Certains items demandent un vocabulaire très précis et l'on doit se référer au cahier
de passation mais dans l'ensemble le tout est lisible. Certains items n'ont pas de
lettres(a-b-c) attribuées.
Pour certains items, c'étaient des choses très précises que je n'évalue pas toujours
en bilan initial et qui m'ont demandé plus de temps.
Il a fallu aller rechercher dans les explications (ceci dit très bien faites) pour savoir ce
que vous attendiez vraiment car chaque item est très "large" et on ne savait pas à
l'avance ce que vous souhaitiez vraiment tester? Donc finalement ça a pris pas mal
de temps par contre vous laissez le choix du matériel (somme toute varié) et ça c'est
super
Le livret de passation est très explicite. Les items sont facilement identifiables dans
les tests.
Parce que certains items permettaient une réponse en "tout ou rien" alors que la
plupart des patients pour lesquels j'ai rempli la grille correspondaient à des réponses
beaucoup plus nuancées (ex. Attention conjointe présente ou non, comportements-
problèmes ou réactions négatives lorsque l'interlocuteur ne comprend pas l'enfant).
De plus, parfois: - quelques notions théoriques sous-tendant le test ne me
paraissaient pas évidentes (ex. Notion de permanence de l'objet, qui depuis Piaget a
beaucoup évolué) - certains items pouvaient être remplis seulement en interprétant
subjectivement des comportements (ex. Notion de plaisir à l'interaction par exemple)
plutôt qu'en les observant en tant que constat, ce qui biaise le principe de l'outil
196
(censé éliminer les biais d'interprétation grâce à l'observation systématique) en plus
de rendre la grille difficile à remplir
La clarté des rubriques et des items. Le livret d'explications fourni. Le format de grille
est assez pratique de manière générale et ici, les items s'enchainent bien
J'ai du faire pas mal d'aller-retour entre la grille et le livret de passation ne sachant
pas toujours la signification de certains items. Du coup la passation a été longue
mais je pense qu'à force de la faire passer on l'a mieux en tête et du coup c'est plus
rapide.
Items bien distincts et classiques pour les évaluations. Guide d'utilisation clair et
précis ... Et déculpabilisant! (Certains critères seront impossibles à coter...)
Si oui lesquels :
Oui et non, quand une épreuve est fort échouée (répétition de mots), est ce vraiment
nécessaire de faire répétition de phrases...?
Sans les trouver inappropriés, je pense que certains critères gagneraient à être
affinés car - j'ai des patients avec autisme qui pointent y compris en proto-déclaratif
mais ont appris ce comportement et ne l'utilisent pas spontanément - j'ai un patient
dysphasique qui avait des comportements stéréotypés notamment du flapping, vers
2-3 ans - certains enfants avec retard (ou trouble?) du LO sont tout à fait conscients
de leurs difficultés et en sont gênés - certains de mes patients avec autisme
197
regardent énormément l'adulte mais ne savent retirer de cela les informations
pertinentes ni coordonner ce regard avec les actes de langage - etc.
Si oui, lesquels ?
Un item au niveau des relations avec les pairs aurait pu être intéressant.
Travail des émotions, le ressenti , les expressions faciales (il ne me semble pas
l'avoir vu...)
Dans le cas du petit avec lequel j'ai utilisé la grille, la répétition ne détériore pas les
productions mais elle n'aide pas, ça aurait été bien comme nuance. Aussi, pour
"réactions quand il n'est pas compris" ce n'est ni de l'indifférence ni aussi extrême
que de la violence/colère/pleurs, mais il ne veut plus répéter, il doit probablement se
vexer ou se lasser à la longue donc pareil, cette petite nuance aurait été intéressante
Plutôt des éléments d'anamnèse, des éléments sur l'alimentation, sur d'autres suivis
thérapeutiques éventuels.
198
Dans la grille, pour les items dont la réponse est « oui » ou « non », auriez-
vous aimé pouvoir répondre « plutôt oui » ou « plutôt non » ?
Oui, cela m’aurait aidé (61%) – Non, ça ne m’a pas gêné (25%) – Autre (14%)
Autre :
Pour certains critères, j'aurais préféré des réponses objectivées par des critères
définis ou quantifiables
Quels sont les points qui vous ont posé problème au niveau de la passation ?
Je n'avais pas forcément tous les bilans adéquats pour faire passer le test...
Avec un enfant qui a très peu de langage (comme c'est souvent le cas pour ce type
de pathologies chez des enfants jeunes), les items avec des tests normés sont
quasiment impossibles à administrer, il est plus facile de remplir les items qualitatifs.
Difficultés à trancher car les performances des enfants sont souvent fluctuantes.
Aucun
199
Pour la question précédente [items amenant à une réponse oui/non]. D'un autre côté
je suis pour qu'on arrive à "un avis tranché" pour le test, sinon le diagnostic devient
compliqué à poser. Tous les items ne sont pas réalisables avec tous les patients,
peut être qu'il faudrait avoir une limite du nombre d'items effectivement passés pour
savoir si la grille est interprétable. Concernant mon patient, j'avais effectué le bilan il
y a 4 mois donc il n'y a peut être eu un effet retest pour certaines épreuves.
Parfois, les critères ne sont pas aussi "francs" chez les patients.
Pas de problème particulier. Le plus difficile peut être que l'enfant n'adhère pas à la
situation de test pour les épreuves normées.
Certains items attendus n'étaient pas réalisables face au type de patient (autiste
avec très peu de langage).
Éléments ci-dessus sur les critères trop subjectifs - Notions de critères "plutôt en
faveur d'un retard de langage / d'une dysphasie / d'autisme" présupposant qu'on a
déjà en tête le diagnostic différentiel et donc une "intuition clinique" avant d'examiner
les constats de manière systématisée, alors que cette grille doit nous aider à
contrebalancer les biais liés à l'intuition clinique... D'autant plus qu'il n'y a pas de
consensus net je trouve entre "retard de langage" et "dysphasie" surtout en France
Aucun
Cela aurait pu aider de pouvoir préciser parfois d'où venaient les difficultés (ex : en
compréhension, score chuté à cause des difficultés attentionnelles etc.)
Il aurait peut être fallu tout au début du questionnaire noter tous les tests
susceptibles d'être utilisés (ça m'aurait évité de retourner 4 fois à mon placard de
tests), ceci dit, j'aurai pu aussi le noter ...mais si c'était noté, ce serait mieux
numéroter aussi vos bas de pages
Si c'est une grille qui doit être passée au moment du bilan il est souvent très difficile
d'avoir recours à des tests étalonnés et seule l'observation clinique sur plusieurs
séances permet de balayer tous les items Par rapport au temps l'observation des
données est longue mais le recueil dans la grille est ok et intéressant
Il a été difficile voire impossible de noter les items faisant appel à des épreuves
normées.
Pour ma part mais le problème vient de moi c'est le manque de tests. Dans les tests
mentionnés j'en ai actuellement peu en ma possession du coup je n'ai pas pu tout
compléter.
Empan et capacité d'inhibition: refus enfant pour empan et pas de tests pour
inhibition!
201
Livret de passation
Pratique (93%) – Pas suffisamment pratique (7%) – Pas pratique du tout (0%)
C'est très personnel, mais un peu de "mise en relief" au niveau de la mise en page
serait bien (couleurs, tailles de police ...).
Trop détaillé (11%) – Suffisamment détaillé (86%) – Pas assez détaillé (3%)
Si oui, pourquoi ?
Vous n’aviez pas les tests proposés (30%) – Vous ne maîtrisiez pas bien les
cotations (7%) – Les épreuves étaient trop difficiles par rapport au niveau de l’enfant
(50%) – Autre (14%)
202
Avez-vous eu du mal à coter les épreuves en observation clinique ?
Si oui, pourquoi ?
Autres :
Pour les 2 raisons citées précédemment, il a fallu plusieurs séances pour réussir à
coter certains items
cf observations précédentes ["Si c'est une grille qui doit être passée au moment du
bilan il est souvent très difficile d'avoir recours à des tests étalonnés et seule
l'observation clinique sur plusieurs séances permet de balayer tous les items. Par
rapport au temps l'observation des données est longue mais le recueil dans la grille
est ok et intéressant]
Les 2 , très peu de jeu libre, et le jour de la passation n'était pas représentatif
203
En conclusion
Il aide à poser les choses par écrit. Il n'aide pas forcément au diagnostic mais il
permet d'appuyer ce que l'on pensait déjà et nous éviter les doutes.
Complet, ce qui n'est pas souvent le cas des outils déjà existant.
Un énorme: c'est un diagnostic différentiel difficile mais que l'ortho en libéral doit de
plus en plus pouvoir faire pour une prise en charge adaptée.
Intéressant comme outil d'aide au diagnostic pour colliger les arguments en faveur
d'une pathologie
Cet outil redéfinit certains points importants concernant le langage oral. Il constitue
un réel guide accompagnant nos connaissances et la pratique clinique.
204
J'ai trouvé intéressant de rassembler toutes les informations pertinentes à un
diagnostic différentiel dans un seul outil.
Cet outil peut permettre d'adresser de façon pertinente les enfants en centre de
diagnostic TSA et éviter l'engorgement des services déjà surchargés. Idem sans
doute pour les centres référents des troubles du langage.
L'enchaînement des items. Une grille qui reprenne les 3 pathologies avec des
éléments différentiels.
L'outil met en avant des points essentiels pour la mise en place du diagnostic. Il m'a
éclairée sur certains critères que j'oubliais d'évaluer. De plus, il permet également de
fournir l'anamnèse.
Outil pertinent, qui répond à un grand besoin orthophonique. Outil facile d'utilisation,
qui permet d'établir un diagnostic différentiel en un temps correct. Bilan réalisable
dans la pratique orthophonique.
C'est un excellent outil qui permet de réorganiser nos observations avec grande
facilité et dessiner un profil de l'enfant testé. Très bon résumé, équilibré et coordonné
des différents écrits et tests déjà existants.
Je dirai qu'il est certainement pertinent pour de jeunes orthos (ou pas suffisamment
formées dans ces pathologies) mais je trouve qu'il manque des questions sur les
deux premières années de vie: attention conjointe, regard, interactions (critères que
l'on retrouve tôt chez les enfants autistes) je trouve que lorsque les enfants ont 3/ 4
205
ans, on peut parfois se tromper: reprendre le développement sur les deux premières
années de vie est pertinent
- Je suis très séduite par l'idée d'avoir une grille en parallèle de mon bilan qui me
permette d'observer des signes évocateurs (sachant que le diagnostic ne pourra être
confirmé que plus tard évidemment) qui pourront quand même plus ou moins orienter
ma prise en charge - J'ai trouvé que le livret était très bien fait, juste suffisamment de
détails pour rendre la grille compréhensible et ne pas rendre la lecture trop longue et
fastidieuse.
Il permet d'améliorer le bilan initial que j'avais fait passer (EVALO version courte),
d'ajouter des choses que je n'avais pas testées
- permet un curriculum avec des critères systématiques afin d'éviter les analyses
éliminant trop hâtivement certains diagnostics différentiels - permet un inventaire
regroupant et comparant les données issues d'outils d'évaluation pertinents - permet
de visualiser rapidement le profil de communication d'un jeune patient - oriente
l'orthophoniste vers des approches et des professionnels adaptés aux besoins de
l'enfant
Cet outil reprend les thèmes/observations/questions relevées lors d'un bilan ou d'une
anamnèse et propose de façon assez pertinente de réfléchir dessus et d'analyser de
façon assez simple. (ce qui rend la pose d'un diagnostic bien moins effrayante !)
Assez rapide dans la prise en main. Regroupe les différentes infos essentielles à
recueillir tant dans l'anamnèse que dans la passation du bilan. Rapidité de résultat.
206
Il est complet et donne une trame complète d'investigation.
C'est un outil qui peut vraiment servir dans la pratique orthophonique. Il n'est pas
simple de poser des diagnostics et tout outil pouvant nous y aider est bon à prendre.
C'est une grille donc c'est assez simple à manier et tout n'est pas obligé d'être rempli
en une fois! Grâce a cette grille et au livret de passation je suis plus attentive à
certaines choses et j'ai même appris certaines caractéristiques de la dysphasie, du
RP/RL et du TSA que je ne connaissais pas.
Peut-être un peu délicat dans la façon de mettre les a/b/c, erreurs possibles au
niveau des cotations. Peut-être plus facile pour la cotation de proposer directement 3
profils a-b-c par colonne en mettant ce que l'on attend de l'enfant dans chaque case
mais sûrement plus compliqué à mettre en place pour vous.
J'aurais du mal à établir un réel diagnostic précoce avec seulement cet outil
personnellement. Mais il me serait d'une aide dans la synthèse de mes observations
cliniques.
Un petit peu rigide. La rubrique pragmatique est à mon sens pas assez développée,
des items de cette rubrique pourraient être rajoutés.
Il serait intéressant de le diviser en 2 grilles : l'une pour les épreuves normées, l'autre
pour l'observation clinique.
Un peu long, à faire sur plusieurs séances, mais finalement ce sont les épreuves
qu'on fait passer en bilan.
J'en trouve peu... si ce n'est qu'une grille oblige toujours à rentrer l'enfant "dans des
cases"... et parfois, les réponses ne sont pas si évidentes.
Je pense que la passation est un peu trop longue, une méthodologie type "arbre
décisionnel" permettrait peut-être de ne pas faire passer tous les tests là où ce n'est
pas nécessaire
Peut être un peu long quand même ou nécessiterait un mode de présentation plus
attractif
Je n'ai réussi à dégager un profil diagnostic pour aucun de ces 2 enfants bien que
l'un des 2 soit autiste (diagnostic posé et pas trop de doutes au quotidien), pour le
2ème j'ai une suspicion pour une éventuelle dysphasie d'où l'intérêt que je porte à
votre grille... maintenant je n'ai pas pu coter tous les items (tests dont je ne dispose
pas ou items impossibles à vérifier/coter), peut-être que c'est ce qui a posé
problème.. Mais cela n'est pas en soit un point négatif de cet outil car ce n'est pas
forcément l'outil qui est en cause...
208
J'ai mis dans le tableau ci dessus les points positifs et négatifs en même temps. Il est
intéressant mais n'étudie peut être pas suffisamment les deux premières années.
[« […]mais je trouve qu'il manque des questions sur les deux premières années de
vie: attention conjointe, regard, interactions (critères que l'on retrouve tôt chez les
enfants autistes) je trouve que lorsque les enfants ont 3/ 4 ans, on peut parfois se
tromper: reprendre le développement sur les deux premières années de vie est
pertinent »]
Pour ma part, pas de difficulté jusque-là à faire un diagnostic différentiel entre ces
deux pathologies, sauf dans le cas de suspicion précoce de TSA (autour de 2ans) où
votre outil pourrait aider à avancer dans le diagnostic. C'est donc plutôt positif au
final!
C'est peut-être un peu long, mais quand on connait bien l'enfant ça va vite.
209
Le temps de passation et d'appropriation qui est long. Après a force de la faire
passer je pense qu'on gagne en Rapidite et fluidité.
Ajouter une case commentaires, j'ai eu besoin d'annoter des choses à côté. J'aurais
souhaité le faire passer à plus d'un enfant pour pouvoir vous donner plus de
remarques/commentaires.
Bravo!
Ceci dit, je trouve que votre travail est intéressant et que vous avez bien bossé....
C'est un chouette travail qui sera certainement très utile à notre pratique, il fallait s'y
attaquer donc bravo et merci pour votre travail ! J'ai hâte de connaître la suite de ce
projet.
- bravo pour ce travail colossal et cette très bonne idée - mes remarques se voulaient
précises et bienveillantes, ne prenez pas mal leur densité et leur nombre, car votre
travail est vraiment très utile, rigoureux et intéressant - mes remarques se basaient
sur mon expérience clinique de seulement 5 ans et de lectures sur les TSLO et les
TSA (ECSP, Bishop, Leonard, Coquet, Roch, Masson, etc.), n'hésitez pas à me
donner un retour sur mes idées, qui restent les modestes remarques d'une jeune
orthophoniste qui cherche à aider - je serais intéressée par votre partie théorique -
n'hésitez pas à me donner un retour sur votre travail de recherche par la suite, qui
intéresserait également le groupe "orthophonistes et TSA"
Si j'avais cet outil je crois que j'aimerais y trouver des ressources théoriques sur
l'attribution des réponses à chaque profil. Je prends un truc au pif pour expliquer ce
que je veux dire : la dyssyntaxie : telles études ont montré que c'était spécifique à tel
patho tandis que dans telle patho les personnes sont plutôt agrammatique.
Je suis contente qu'un outil comme celui-ci puisse arriver dans nos cabinets, pour
dédramatiser la prise de risque ressentie parfois lorsqu'il faut poser un diagnostic,
nous permettre d'y voir plus clair sur des patients à la limite de certaines pathologies.
J'espère qu'une version normée/officielle verra le jour !
Voir ci-dessus [« Je pense que la passation est un peu trop longue, une
méthodologie type "arbre décisionnel" permettrait peut-être de ne pas faire passer
tous les tests là où ce n'est pas nécessaire »]
Merci!
211
Résumé :
Afin d’obtenir l’avis des professionnels visés, nous avons proposé à 28 orthophonistes de
tester notre grille d’évaluation sur des enfants déjà diagnostiqués se situant dans notre
tranche d’âge. Il est apparu, à l’issu de cette expérience, que 75% des passations
aboutissaient à un profil diagnostic correspondant au diagnostic effectif, les 25% restant
correspondant à des profils n’ayant pu être déterminés.
Des retours des orthophonistes, il est ressorti un besoin réel pour cet outil avec une
satisfaction globale de son fonctionnement.
Ces résultats sont donc encourageants et mèneront à la poursuite de ce mémoire par une
validation de la grille élaborée.
Abstract :
Because it’s so hard to differentiate dysphasia from Autism Spectrum Disorder or Simple
Delayed Language suspicions, the differential diagnosis is very hard to make for a single
professional. We have chosen to create this tool to help the speech language therapist (SLT)
to determine the right diagnosis early. Made for children aged between 2 and a half and 5
and a half years old, it combines clinical observation and scored evaluation.
In order to get the opinion of aimed professionals, we asked 28 SLT to try our test on
children matching our age bracket and who had already been diagnosed. From this
experiment, it appeared that 75% of the determined profiles fitted with the real diagnosis,
while the last 25% couldn’t be determined.
From the SLT feedbacks, a serious need for our tool and a global satisfaction of its use were
emphasized.
Therefore, these results are promising, and they will permit to continue this work with a
validation of this elaborated grid.
Key words : Dysphasia, Language delay, SLI, Autism Spectrum Disorder, Differential
diagnosis, Evaluation