La Sorcellerie
La Sorcellerie
La Sorcellerie
majeure…
Mes frères,
ِوَﻣَﺎ أَرْﺳَﻠْﻨَﺎ ﻣِﻦْ ﻗَﺒْﻠِﻚَ ﻣِﻦْ رَﺳُﻮلٍ إِﻟَّﻻ ﻧُﻮﺣِﻲ إِﻟَﻴْﻪِ أَﻧَّﻪُ ﻟَﻼ إِﻟَﻪَ إِﻟَّﻻ أَﻧَﺎ ﻓَﺎﻋْﺒُﺪُون
Et Nous n’avons envoyé avant toi aucun Messager à qui Nous n’ayons révélé :
« Point de divinité en dehors de Moi. Adorez-Moi donc. »
Le souci, c’est que le Tawhîd, de par la place fondamentale qu’il occupe, a toujours constitué
aussi la cible principale de celui qui a juré la perte des enfants de Âdam (‘alayhis salâm),
chaytân. Et ce maudit, plutôt que de s’attaquer aux croyants de façon frontale, privilégie très
souvent l’usage de méthodes subtiles et de voies détournées pour attirer ses proies vers le
koufr et le chirk et pour tenter ainsi de les égarer de la voie du succès de façon définitive, et
ce, sans même qu’ils n’en soient conscients…
Au cours de cette présente intervention, nous allons justement effectuer un rappel au sujet
d’un de ces moyens perfides et sournois fréquemment utilisés par chaytân pour dévier et
éloigner le mou’min du tawhîd : il s’agit d’as sihr. Nous évoquerons brièvement Incha Allah ce
terrible péché d’un point de vue terminologique, historique et, surtout, juridique…
D’un point de vue terminologique, on peut définir simplement le terme arabe as sihr, comme
étant la pratique de rites obscurs, occultes et mystérieux dans le but d’obtenir l’assistance de
forces démoniaques, et ce, le plus souvent pour une raison bien précise : nuire à autrui et le
faire souffrir (psychiquement ou physiquement)… En français, on traduit généralement as
sihr par « magie (noire) » ou « sorcellerie »
Historiquement, le sihr est un fléau qui a fait apparition sur terre très tôt : Un historien
musulman, Ibnou Ishâq (rahimahoullâh) fait ainsi remonter sa présence à une période située
avant la venue du Prophète Noûh (‘alayhis salâm); selon lui, c’est à cette époque que Hâroût
et Mâroût furent envoyés sur terre. Dans un verset du Qour’aane, il est mentionné que ces
deux individus (qui étaient probablement des anges) vinrent à Babylone avec des
connaissances étendues (au sujet des pratiques occultes). Il semblerait [1] qu’ils avaient
alors pour mission d’informer les gens de cette cité de la gravité de la sorcellerie qui se
pratiquait déjà sur place et, surtout, des moyens de s’en préserver. Dans le cadre de leur
enseignement cependant, ils étaient amenés à présenter de façon détaillée certaines de ces
pratiques obscures; mais étant donné le risque que leurs propos soient détournés de leur
objectif premier et qu’ils soient utilisés à mauvais escient, ils prenaient soin de dire à ceux
qui venaient les consulter et apprendre d’eux :
« Nous sommes une tentation (et une épreuve pour les Hommes). Ne perds pas la foi
(en utilisant les connaissances acquises au sujet de la magie et la sorcellerie). »
ﻓَﻴَﺘَﻌَﻠَّﻤُﻮنَ ﻣِﻨْﻬُﻤَﺎ ﻣَﺎ ﻳُﻔَﺮِّﻗُﻮنَ ﺑِﻪِ ﺑَﻴْﻦَ اﻟْﻤَﺮْءِ وَزَوْﺟِﻪِ وَﻣَﺎ ﻫُﻢْ ﺑِﻀَﺎرِّﻳﻦَ ﺑِﻪِ ﻣِﻦْ أَﺣَﺪٍ إِﻟَّﻻ ﺑِﺈِذْنِ اﻟﻠَّﻪِ وَﻳَﺘَﻌَﻠَّﻤُﻮنَ ﻣَﺎ
ْﻳَﻀُﺮُّﻫُﻢْ وَﻟَﻼ ﻳَﻨْﻔَﻌُﻬُﻢ
« (…) Ils apprenaient d’eux le moyen de séparer l’homme de sa femme; mais ils ne
pouvaient nuire à qui que ce soit sans la permission du Seigneur. Et ils ne faisaient
qu’apprendre ce qui leur était plus préjudiciable et ne leur était pas bénéfique
(…) »
Bien des millénaires après, à l’époque de Moûssa (alayhis salâm), la sorcellerie et la magie
sont toujours très présentes… Dans son effort pour relativiser les puissants miracles que
l’illustre Prophète (alayhis salâm) lui avait présenté pour attester de la véracité de sa mission
et pour discréditer ainsi la da’wah de celui-ci, fir’aoûn accusa Moûssa (‘alayhis salâm) d’avoir
recours à la magie. On connait la suite : une confrontation fut organisée entre lui (‘alayhis
salâm) et les plus grands magiciens et sorciers de la région; au cours de ce face à face, le
bâton de Moûssa (‘alayhis salâm) se transforma, par ordre d’Allah, en un énormeserpent qui
avala toutes les illusions produites par ses opposants. Ces derniers réalisèrent alors que les
prodiges réalisés par Moûssa (‘alayhis salâm) n’avaient rien à voir avec ce leurs actes de
prestidigitation et ils apportèrent foi immédiatement en Allah et en Ses Messagers
(‘alayhimous salâm), et ce, malgré les terribles menaces de fir’aoûn; ce dernier, pour sa part,
s’enferma dans son entêtement et son orgueil et réitéra ses accusations grotesques à
l’encontre de Moûssa (‘alayhis salâm) (lire à ce sujet les versets 29 à 52 de la Sourate 26
notamment). [2]
َوَاﺗَّﺒَﻌُﻮا ﻣَﺎ ﺗَﺘْﻠُﻮ اﻟﺸَّﻴَﺎﻃِﻴﻦُ ﻋَﻠَﻰ ﻣُﻠْﻚِ ﺳُﻠَﻴْﻤَﺎنَ وَﻣَﺎ ﻛَﻔَﺮَ ﺳُﻠَﻴْﻤَﺎنُ وَﻟَﻜِﻦَّ اﻟﺸَّﻴَﺎﻃِﻴﻦَ ﻛَﻔَﺮُوا ﻳُﻌَﻠِّﻤُﻮنَ اﻟﻨَّﺎس
َاﻟﺴِّﺤْﺮ
« Et ils (ceux qui rejetèrent le Livre de Dieu) ont préféré suivre ce que les diables
rapportèrent sur le règne de Souleïmân. Mais Souleïmân n’avait jamais fait le
koufr; ce sont les démons qui en étaient coupables et qui apprenaient aux gens la
sorcellerie (…)«
Des siècles après, c’est le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) lui-même qui
fit l’objet d’un ensorcellement de la part d’un hypocrite de Médine du nom de Labîd Ibn oul
A’sam. Même si cette attaque n’eut aucune incidence sur sa fonction et son rôle de Messager
d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam), il n’en reste pas moins que cela l’affecta de façon
gênante dans sa vie quotidienne : il lui arrivait ainsi de penser qu’il (sallallâhou ‘alayhi wa
sallam) avait fait quelque chose, alors qu’il ne l’avait pas faite… Comme le relate Aïcha
(radhia Allâhou anhâ), une nuit, le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam)
invoqua Allah avec insistance pour qu’Il lui soulage de cette affection. Il (sallallâhou ‘alayhi
wa sallam) fut alors informé par révélation en rêve de l’identité de celui qui l’avait ensorcelé
et où les objets utilisés à cet effet avaient été dissimulés… Ces derniers furent récupérés,
neutralisés puis enterrés quelque part. (Sens d’un Hadith rapporté par Boukhâri, entre
autres)
o Le mou’djizah est un miracle qui est réalisé directement par ordre de Dieu, sans
l’intermédiaire d’un quelconque moyen visible ou invisible, dans le but d’attester de la
véracité d’un nabiy ou d’unrassoûl. La faculté de réaliser un mou’djizah n’est pas quelque
chose qui s’acquiert par un apprentissage et le Prophète (‘alayhis salâm)–qui est
nécessairement une personne d’une très grande piété et d’une moralité exemplaire- ne peut
produire un miracle quand il le veut.
o Le sihr est, pour sa part, un exercice occulte qui permet la réalisation de choses
paranormales liées à certaines causes invisibles (comme l’action des djinns ou des
chayâtîn,…) et qui fait appel à des rituels occultes bien déterminés. Ce genre d’actions peut
donc être réalisé à tout moment par quiconque apprend la magie et la sorcellerie. Et bien
évidemment, le sihr est pratiqué de gens qui sont éloignés de Dieu et qui s’adonnent à des
pratiques maléfiques.
● La force et la puissance des mou’djizât dominent de loin celles du sihr, comme cela s’est
clairement manifesté lors de la confrontation entre Moûssa (alayhis salâm) et les magiciens
de son époque.
Ce n’est pas sans raison que, dans deux des passages coraniques que nous avons cité
précédemment, c’est le terme koufr qui a été employé pour désigner le sihr :
● Ainsi, pour innocenter Souleïmân (‘alayhis salâm) de la magie et de la sorcellerie, il est dit :
● Et Hâroût et Mâroût, en mettant en garde celui qui venait les consulter contre la pratique de
la sorcellerie, leur disaient :
ﻓَﻠَﻼ ﺗَﻜْﻔُﺮ
Ce n’est pas par hasard non plus que, en citant les sept péchés mortels et destructeurs (as
sab’ oul moubiqât) dans un Hadith, le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a
mentionné le sihr en seconde position, juste après le chirk (association à Dieu). (Sens
d’une Tradition citée par Boukhâri et Mouslim, entre autres)
Pour ce qui est de la personne qui ne pratique pas la sorcellerie elle-même mais qui fait appel
aux services de quelqu’un pour causer du tort à autrui, sa condition n’est pas moins grave : il
partage en effet la responsabilité des actes de koufr qui sont réalisés à sa demande par le
sorcier, exactement comme l’individu qui engage un tueur à gage pour assassiner quelqu’un
partage la responsabilité du crime qui est commis par ce dernier… Le Prophète Mouhammad
(sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a tenu des propos très durs à l’encontre de telles personnes
également : à une occasion, il (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a affirmé au sujet de celui qui
pratique le sihr mais aussi de celui pour qui le sihr est pratiqué qu' »(ils) ne font pas
partie de nous » (c’est-à-dire qu’ils n’appartiennent pas au groupe qui suit les
enseignements et la voie du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam)…)
(Mousnad Bazzâr – la chaîne de transmission est validée par Al Moundhiri) [4]
Abdoullâh Ibnou Mas’oûd (radhia Allâhou anhou) disait pour sa part (se basant probablement
sur des propos qu’il avait entendu du Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam)) :
ٍﻣَﻦْ أَﺗَﻰ ﻋَﺮَّاﻓًﺎ أَوْﺳَﺎﺣِﺮُا أَوْ ﻛَﺎﻫِﻨًﺎ ﻳُﺆْﻣِﻦُ ﺑِﻤَﺎ ﻳَﻘُﻮلُ ﻓَﻘَﺪْ ﻛَﻔَﺮَ ﺑِﻤَﺎ أُﻧْﺰِلَ ﻋَﻠَﻰ ﻣُﺤَﻤَّﺪ
« Celui qui se rend chez un voyant, un sorcier ou un devin et qui croit en ce qu’il
dit, il a renié ce qui a été révélé sur Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam). »
Il faut bien réaliser que celui qui demande à un sorcier de réaliser les rituels démoniaques
requis dans le but de nuire à quelqu’un ne fait rien de moins que lui dire d’invoquer chaytân
en sa faveur… Quelle place la foi en Dieu peut-elle encore occuper dans le cœur de
celui qui agit de la sorte ?
A vrai dire, il est tout simplement inconcevable que quelqu’un qui croit au plus au profond
de lui en Allah-c’est-à-dire un individu qui est forcément convaincu que Dieu est le Tout
Puissant, que c’est en Lui Seul que l’on doit placer toute Sa confiance, que c’est vers Lui que
l’on doit adresser ses requêtes et exprimer sa détresse, que c’est Lui que l’on doit implorer
pour obtenir l’aide- puisse avoir recours à la sorcellerie. En effet :
● il serait insensé que, d’un côté, on répète en s’adressant à Allah dans chacune des rakâtes
de la salât que « C’est Toi Seul que nous adorons » et que, sitôt la prière terminée, on aille
invoquer l’assistance des démons…
● il serait insensé que, d’un côté, on fasse régulièrement des aumônes (zakâte ou autre)
pour venir en aide à des gens et que, dans le même temps, on s’acharne à détruire de
façon lâche, sournoise (par personne interposée) et gratuite la vie d’autres personnes… en
n’hésitant même pas à prendre pour cibles (dans le seul but de les affecter) leurs
enfants…
● il serait insensé que, d’un côté, on accomplisse le jeûne pour revitaliser sa spiritualité et
que, à côté de cela, on laisse les traits les plus vils de notre caractère (comme la jalousie, la
cupidité et l’envie)nous dominer au point de commettre des actes qui risquent de tuer notre
âme…
● il serait insensé que, d’un côté, on dépense une somme considérable d’argent et on fasse
des efforts remarquables pour aller accomplir les rites du hadj (qui comprend notamment
l’exercice périlleux de la lapidation des stèles à Minâ), et que, une fois rentré chez soi, on
vénère chaytân et ses alliés et on leur voue un véritable culte…
Il y a donc une totale incompatibilité entre les impératifs du tawhîd et la pratique du sihr; ce
sont là deux facettes qui ne peuvent coexister chez une personne qui aspire au succès
éternel. A nous de faire le bon choix et de ne pas suivre les insinuations perfides des démons,
ceux-là mêmes qui ne rêvent que d’une chose : nous entraîner avec eux pour l’éternité dans
la géhenne.
Âmîn !
Wa Allâhou A’lam !
[2] « Si tu adoptes, dit [Pharaon], une autre divinité que moi, je te mettrai parmi
les prisonniers. » – « Et même si je t’apportais, dit [Moïse], une chose (une preuve)
évidente ? » – « Apporte-la, dit [Pharaon], si tu es du nombre des véridiques. »
[Moïse] jeta donc son bâton et le voilà devenu un serpent manifeste. Et il tira sa main et voilà
qu’elle était blanche (étincelante) à ceux qui regardaient. [Pharaon] dit aux notables autour
de lui : « Voilà en vérité un magicien savant. Il veut par sa magie vous expulser de
votre terre. Que préconisez-vous (à son sujet) ? » – Ils dirent : « Remets-les à plus
tard, [lui] et son frère, et envoie des gens dans les villes, pour rassembler, et
t’amener tout grand magicien savant. » Les magiciens furent donc réunis en rendez-
vous au jour convenu. Et il fut dit aux gens : « Est-ce que vous allez vous réunir, afin
que nous suivions les magiciens, si ce sont eux les vainqueurs ? » Puis, lorsque les
magiciens arrivèrent, ils dirent à Pharaon : « Y aura-t-il vraiment une récompense pour
nous, si nous sommes les vainqueurs ? » Il dit: « Oui, bien sûr, vous serez alors
parmi mes proches ! » – Moïse leur dit : « Jetez ce que vous avez à jeter. » Ils jetèrent
donc leurs cordes et leurs bâtons et dirent : « Par la puissance de Pharaon ! … C’est
nous qui serons les vainqueurs. » Puis Moïse jeta son bâton, et voilà qu’il happait ce
qu’ils avaient fabriqué. Alors les magiciens tombèrent prosternés, disant :« Nous croyons
au Seigneur de l’univers, le Seigneur de Moïse et d’Aaron ». [Pharaon] répliqua :
« Avez-vous cru en lui avant que je ne vous le permette ? En vérité, c’est lui votre
chef, qui vous a enseigné la magie ! Eh bien, vous saurez bientôt ! Je vous
couperai, sûrement, mains et jambes opposées, et vous crucifierai tous. » Ils dirent :
« Il n’y a pas de mal ! Car c’est vers notre Seigneur que nous retournerons. Nous
convoitons que notre Seigneur nous pardonne nos fautes pour avoir été les
premiers à croire. »
[3] L’avis exprimé dans l’énoncé est celui des hanafites; il y a quelques divergences avec les
savants d’autres madhâ-hib sur certains aspects.
[4] أَوْ ﺳُﺤِﺮَ ﻟَﻪ، َ أَوْ ﺗُﻜِﻬِّﻦَ ﻟَﻪُ أَوْ ﺳَﺤَﺮ، َ أَوْ ﺗُﻄِﻴَّﺮَ ﻟَﻪُ أَوْ ﺗَﻜَﻬَّﻦ، َﻟَﻴْﺲَ ﻣِﻨَّﺎ ﻣَﻦْ ﺗَﻄَﻴَّﺮ
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