Amelogenese
Amelogenese
Amelogenese
1
SOMMAIRE
INTRODUCTION……………………………………………………………………………7
3
4. PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE DE L’AMELOGENESE IMPARFAITE
HEREDITAIRE (AIH) .................................................................................................69
4
4.2.3.4. Suivi et maintenance ...................................................................................... 115
4.2.3.5. Variante de la phase transitoire ...................................................................... 117
4.2.4. Phase permanente du traitement de l’AIH ......................................................... 117
4.3. Les différentes techniques de réhabilitation des dents atteintes de l’AIH .......... 121
4.3.1. Prévention........................................................................................................... 121
4.3.1.1. Prévention parodontale ................................................................................... 121
4.3.1.2. Prévention carieuse ........................................................................................ 127
4.3.1.3. Prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire ............................................. 133
4.3.2. Microabrasion amélaire ...................................................................................... 136
4.3.3. Odontologie conservatrice.................................................................................. 141
4.3.3.1. Généralités sur les techniques adhésives directes .......................................... 141
4.3.3.2. Restaurations directes à la résine composite ................................................. 146
4.3.3.3. Restaurations directes au ciment verre ionomère ........................................... 153
4.3.4. Prothèse fixée ..................................................................................................... 156
4.3.4.1. Généralités sur la prothèse fixée dans les cas d’AIH ..................................... 157
4.3.4.2. Reconstitutions fixées à recouvrement partiel ............................................... 165
Facettes vestibulaires.......................................................................................... 165
Inlays/onlays/overlays ........................................................................................ 173
4.3.4.3. Reconstitutions fixées à recouvrement total................................................... 180
Coiffes métalliques préformées postérieures ..................................................... 180
Coiffes métalliques préformées antérieures combinées avec des facettes
vestibulaires en résine composite ou en céramique ................................................... 183
Coiffes en résine méthacrylate ou en composite acrylique. ............................... 186
Couronnes définitives ......................................................................................... 188
4.3.5. Occlusodontie ..................................................................................................... 191
4.3.5.1. Modification de la dimension verticale d’occlusion ...................................... 191
4.3.5.2. Réhabilitation de la dimension verticale d’occlusion en phase transitoire du
traitement de l’AIH ........................................................................................................ 194
4.3.5.3. Réhabilitation de la dimension verticale d’occlusion en phase permanente du
traitement de l’AIH ........................................................................................................ 196
4.3.5.4. Orthèses mandibulaires : gouttières occlusales et autres dispositifs
interocclusaux................................................................................................................. 197
4.3.6. Orthopédie dento-faciale .................................................................................... 198
5
4.3.7. Traitement des édentements ............................................................................... 205
4.3.7.1. Mainteneur d’espace ...................................................................................... 206
4.3.7.2. Prothèse adjointe ............................................................................................ 206
CONCLUSION……………………………………………………………………………..208
TABLE DES FIGURES…………………………………………………………..……......210
TABLE DES TABLEAUX …...…………………………………………………..……….211
ANNEXES…………………………………………………………………………………..212
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………………........218
6
INTRODUCTION
7
1. RAPPELS EMBRYOLOGIQUES ET
HISTOLOGIQUES DE L’AMELOGENESE
8
1.1. HISTOLOGIE ET EMBRYOLOGIE DU
DEVELOPPEMENT DENTAIRE NORMAL
L’odontogenèse commence entre la sixième et septième semaine in utero (pour les dents
temporaires) et est caractérisée par six stades successifs :
Stade de la lame dentaire
Stade du bourgeon dentaire
Stade du capuchon ou cupule dentaire
Stade de la cloche dentaire
Stade de la couronne (pendant lequel débute l’amélogenèse)
Stade de la rhizagenèse
(LICHT, 2001a ; RUCH, 2001)
9
1.1.3. Stade du capuchon ou cupule dentaire
Les bourgeons dentaires subissent une prolifération cellulaire à leurs extrémités apicales et
prennent alors la forme de cupules. Ces capuchons, ou cupules, sont en fait des massifs
épithéliaux concaves enveloppant partiellement le mésenchyme sous-jacent. Ce dernier
correspond aux futures pulpes dentaires.
10
Histodifférenciation au niveau de l’EAE
Les cellules de l’EAE vont perdre peu à peu leurs formes cubiques pour devenir
pavimenteuses. L’épithélium va acquérir une forme ondulée, ce qui augmente les surfaces
d’échanges. Les cellules de l’EAE ont un rôle de « filtration » des apports nutritionnels
provenant du follicule. (LICHT, 2001a ; RUCH, 2001)
Les quatre couches de cellules épithéliales (c’est-à-dire l’EAE, l’EAI, le réticulum étoilé et le
stratum intermédium) se superposent et forment l’organe de l’émail.
(LICHT, 2001a ; RUCH, 2001)
1.1.4.2. La dentinogenèse
Elle débute au stade de la cloche, au niveau de la future jonction émail/dentine en regard des
pointes cuspidiennes ou du bord incisif par la différenciation des préaméloblastes, puis se
poursuit en direction apicale ; les préodontoblastes se forment à partir d’une des cellules filles
de la dernière mitose des cellules ectomésenchymateuses périphériques. Ces préodontoblastes
se polarisent et, sous l’induction de facteurs issus des préaméloblastes, se différentient en
odontoblastes sécrétant la mantle dentine (ou manteau dentinaire), puis la prédentine qui, par
sa minéralisation, formera la dentine.
Les premières appositions de couches dentinaires marquent la fin du stade de la cloche et le
début du stade de la couronne.
(LICHT, 2001a ; RUCH, 2001)
11
1.1.5. Stade de la couronne : l’amélogenèse
Les cellules du réticulum étoilé disparaissent peu à peu pour former un collapsus :
l’accollement entre les cellules du stratum intermédium et celles de l’EAE forment la couche
papillaire indispensable aux préaméloblastes pour l’apport nutritionnel provenant du follicule.
L’amélogenèse commence à la première apposition de prédentine et après la disparition de la
membrane basale qui sépare les odontoblastes des préaméloblastes. Elle débute au niveau de
la jonction émail/dentine, en regard de la pointe cuspidienne puis se poursuit en direction
apicale mais reste limitée à la couronne. (LICHT, 2001(a) ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
Les préaméloblastes deviennent ensuite des améloblastes qui synthétisent l’émail. Ces
cellules vont passer par quatre stades :
12
L’émail ainsi formé est immature et se compose de :
70% de matière organique, c’est-à-dire des protéines amélogénines, non amélogénines et
de l’eau.
30% de minéraux.
(LICHT, 2001a ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
13
complètement. Il semblerait que le calcium traverse les améloblastes à surface plissée, tandis
qu’il passe entre les cellules à surface lisse. De plus, le complexe de jonction apical subit des
modifications lors de la modulation : il passe d’une organisation avec des complexes de
jonction étroits et étanches à une organisation non étanche. Par ce mécanisme, certains
composants du liquide intersticiel entrent dans l’émail et contribuent ainsi à la neutralisation
du milieu. Les fragments protéiques issus du processus de protéolyse peuvent aussi sortir de
l’émail et passer dans les espaces intercellulaires où ils seront phagocytés et dégradés ; des
protéines pourraient également diffuser dans la circulation générale.
Chez l’homme, l’amélogenèse est limitée dans le temps (elle cesse avant l’éruption des dents
dans la cavité buccale) alors que la dentinogénèse se poursuit tant que les dents sont vitales.
(LICHT, 2001a ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
14
qui donneront naissance à la gaine épithéliale de Hertwig. La dentinogénèse et la
cémentogénèse sont induites au contact de cette gaine et sous son influence.
(LICHT, 2001a ; RUCH, 2001)
15
1.2.2.1. Les cristaux d’émail
Ce sont les plus gros cristaux de l’organisme. En coupe longitudinale en microscopie
électronique à transmission, ils ont la forme d’un long et mince ruban en spirale. En coupe
transversale, ils ont une forme hexagonale. Leur longueur atteint au moins 100 microns et
peuvent être parfois plus longs que l’épaisseur de la couche d’émail ; la hauteur d’un cristal
atteint au maximum 50 à 60 nm et la largeur, 25 à 30 nm.
Les espaces intercristallins sont occupés par de la matière organique dont le volume diminue
au fur et à mesure de la croissance des cristaux. L’orientation différente des cristaux
détermine l’aspect des prismes et de la substance interprismatique.
(LICHT, 2001b ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
17
Les stries de Retzius
Elles sont plus ou moins perpendiculaires à la direction des prismes, et parallèles entre elles.
Elles sont représentées par des lignes ou des bandes brunâtres et illustrent la formation
appositionnelle de l’émail par couches.
Cette zone hypominéralisée est due à un ralentissement hebdomadaire de l’amélogenèse.
(LICHT, 2001b ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
La ligne néonatale
C’est une strie de Retzius plus large que les autres.
Elle correspond au moment de la naissance qui peut perturber l’amélogenèse pendant
plusieurs jours. Cette ligne n’est observée que sur les dents dont l’amélogenèse est en cours
lors de la naissance.
(LICHT, 2001b ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
La jonction amélo-dentinaire
C’est une ligne festonnée sauf au niveau cervical. Elle résulte d’un enchevêtrement de
cristaux d’émail et de dentine. Les festons ont leurs concavités dirigées vers l’émail et ont un
diamètre moyen de 70 microns.
Cette jonction est très importante pour la cohésion des deux tissus.
(LICHT, 2001b ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
18
Les lamelles de l’émail
Ce sont de fines lignes noires en microscopie photonique, de la jonction émail/dentine vers la
surface.
Elles correspondent à, soit de la matière organique de qui résulte un défaut de minéralisation,
soit des cellules dégénérées.
(LICHT, 2001b ; NANCI et GOLDBERG, 2001)
19
Protéines amélogénines ( 31 kDa)
Caractéristiques :
Elles constituent 90% de la matrice organique.
Elles sont exprimées au niveau des préaméloblastes, des améloblastes et des restes de la
gaine épithéliale de Hertwig, pendant les phases de sécrétion et de début de maturation
de l’émail. Récemment, il a été découvert qu’elles seraient aussi sécrétées faiblement par
les odontoblastes. (STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA et coll, 2007)
Elles contiennent plusieurs isoformes dérivées de l’épissage différentiel de l’ARN
messager.
Elles subissent peu de modifications post-traductionnelles, mais celles-ci pourraient jouer
un rôle fonctionnel important au niveau de la phosphorylation et des sites d’interaction
avec le N-acétyl-D-glucosamine.
Immédiatement après leur sécrétion, elles subissent une dégradation mineure de
l’extrémité –COOH.
Elles sont dégradées de façon sélective et éliminées lors de la maturation de l’émail.
(NANCI et GOLDBERG, 2001)
Gènes impliqués :
Le gène de l’amélogénine (AMEL) est exprimé à 90% par les chromosomes X (gène
AMELX) et à 10% par les chromosomes Y (gène AMELY). Les gènes sont donc exprimés
différemment mais pourtant au niveau des mêmes cellules. (STEPHANOPOULOS et coll,
2005)
Gène AMELX :
Il est localisé sur le chromosome X sur lequel existeraient plusieurs loci du gène :
Un locus dans la région distale du bras court (gène AMELX) : locus
Xp22.1-p22.3. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997; ALDRED et
coll, 1992 ; STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA et coll,
2007)
Un locus sur le bras long qui correspondrait en fait à une altération du gène
AMELX : locus Xp22-q28. (ALDRED et coll, 1992)
20
Un autre locus a été situé dans la région Xq24-Xq27.1.
(STEPHANOPOULOS et coll, 2005)
Gène AMELY :
Il est localisé sur le chromosome Y dans la région Yp11. (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; STEPHANOPOULOS et coll, 2005)
Enaméline.
Améloblastine.
Tufteline.
Sialophosphoprotéine dentinaire.
Amélotine.
Autres protéines : glycoprotéines sulfatées, protéines liant le calcium, protéines sériques.
Enzymes : membres de la famille des métalloprotéases, sérine-protéases, phosphatases
alcalines. Nous décrirons la kallikréine 4 et la métalloprotéase matricielle 20.
21
Caractéristiques générales :
Elles constituent 10% des protéines de l’émail immature. (HU et YAMAKOSHI, 2003)
Elles subissent des modifications post-traductionnelles (glycosylation, sulfatation).
Leur demi-vie est courte.
Dans le cas de l’améloblastine, la molécule-mère subit extracellulairement d’importantes
modifications enzymatiques. De courts fragments de l’extrémité –NH2 persistent tandis
que des fragments plus longs, dérivant de l’extrémité –COOH, disparaissent assez
rapidement de l’émail durant la phase de formation.
(NANCI et GOLDBERG, 2001)
Enamélines :
Le gène ENAM est localisé sur le chromosome 4 dans la région 4q21 et 4q13.3. (HART et
coll, 2001 ; HU et YAMAKOSHI, 2003 ; STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA
et coll, 2007)
22
l’épaisseur mais restent concentrés dans les prismes et dans la substance interprismatique.
(STEPHANOPOULOS et coll, 2005)
De multiples énamélines sont localisées à divers stades de l’amélogenèse : les différentes
isoformes issues du processus protéolytique ont des fonctions variées dans la minéralisation
de l’émail et notamment dans l’élongation des cristaux. (NANCI et GOLDBERG, 2001 ; HU
et YAMAKOSHI, 2003 ; STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA et coll, 2007)
Beaucoup d’études sur les énamélines ont été démontrées in vitro, par conséquent les réelles
fonctions de cette protéine in vivo demeurent hypothétiques. (HU et YAMAKOSHI, 2003)
Le gène AMBN est localisé sur le chromosome 4 dans la région 4q11-q21 à proximité
d’autres gènes associés aux tissus minéralisés codant pour les protéines OPN (osteopontin),
BSP (bone sialoprotein) et BMP3 (bone morphogenetic protein 3). (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; HU et YAMAKOSHI, 2003 ; STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ;
MENDOZA et coll, 2007)
23
détermineraient donc la structure prismatique. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
NANCI et GOLDBERG, 2001)
Tufteline :
Le gène TUFT1 est localisé sur le chromosome 1 dans la région 1q21-q31. (BLOCH-ZUPAN
et MACHWIRTH, 1997 ; MENDOZA et coll, 2007)
La tufteline est une protéine acide de la matrice extracellulaire amélaire. Elle est caractérisée
par sa liaison avec les ions minéraux. Elle aurait un rôle dans la minéralisation et
l’organisation structurale de l’émail. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; NANCI et
GOLDBERG, 2001 ; OMIM)
Sialophosphoprotéines dentinaires :
Les sialophophoprotéines dentinaires sont des protéines acides exprimées habituellement par
les odontoblastes. Elles représentent le composant majeur non-collagénique de la dentine.
Elles sont aussi exprimées de façon transitoire au début de l’amélogenèse par les améloblastes
sécréteurs.
(NANCI et GOLDBERG, 2001 ; OMIM)
Amélotine :
Le gène AMTN est localisé sur le chromosome 4 dans la région 4q13.3, à proximité des gènes
AMBN, ENAM, mais aussi les gènes DSPP (sialophosphoprotéine dentinaire), OPN, BSP,
24
DMP (dentin matrix protein) et MEPE (matrix extracellular phosphoglycoprotein).
(IWASAKI et coll, 2005)
Le gène ALB codant pour l’albumine est localisé sur le chromosome 4 dans la région 4q11-
q13. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997)
La protéine sérique albumine est souvent citée parmi les protéines non amélogénines.
Cependant, elle ne peut être considérée comme une vraie protéine de l’émail car elle n’est pas
synthétisée par les améloblastes : la détection de cette protéine dans les préparations pourrait
être un artéfact. (HU et YAMAKOSHI, 2003)
Ces enzymes, produits notamment par les améloblastes puis libérés dans la matrice
extracellulaire, sont impliquées dans la modification et la dégradation extracellulaires des
protéines de l’émail. Les métalloprotéases semblent participer à la modification à court terme
des protéines nouvellement sécrétées, tandis que les sérine-protéases agiraient
particulièrement durant la phase de maturation. (NANCI et GOLDBERG, 2001)
25
Ces enzymes sont impliquées dans l’organisation et la minéralisation de l’émail ainsi que de
la mantle dentine, et dans la modification et la dégradation extra-cellulaires des protéines
amélaires. (NANCI et GOLDBERG, 2001 ; MENDOZA et coll, 2007)
Kallikréine 4 :
Le gène KLK4 est localisé sur le chromosome 19 dans la région 19q13.3-q13.4.
(STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA et coll, 2007)
Cette enzyme est une sérine-protéase calcium dépendante, également isolée dans le cerveau,
la prostate, la glande surrénale, l’utérus et la rate. Elle est exprimée au niveau des
améloblastes mais aussi des odontoblastes, au cours de la maturation de l’émail. L’activité de
la kallikréine 4 est aussi observée pendant la phase sécrétoire de l’amélogenèse au niveau de
la jonction émail/dentine mais cette caractéristique serait due à l’expression du gène par les
odontoblastes.
Elle serait impliquée dans la croissance finale des cristaux, mais pas dans leur orientation, ni
dans la formation des prismes, ni dans l’épaisseur amélaire. Leur rôle serait également de
dégrader la matrice d’émail durant la phase de maturation et elle serait notamment
responsable de la dégradation de produits de clivage de l’amélogénine.
(STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA et coll, 2007)
Cette enzyme est exprimée au niveau des améloblastes, des préaméloblastes et des
odontoblastes mais aussi dans les tumeurs odontogènes et les cellules cancéreuses de la
langue. (STEPHANOPOULOS et coll, 2005)
C’est aussi une protéase calcium dépendante mais contrairement à la kallikréine 4, on ne la
localise qu’au niveau des dents bien qu’il existe d’autres membres de la même famille dans
d’autres tissus. (MENDOZA et coll, 2007)
Elle est exprimée pendant la phase sécrétoire de l’amélogenèse et en partie pendant la
maturation : elle est adjacente aux pôles sécrétoires des procès de Tomes. (KIM et coll, 2005 ;
OZDEMIR et coll, 2005 ; STEPHANOPOULOS et coll, 2005)
26
Elle serait impliquée dans la formation des cristaux, dans leur élongation, dans la maintenance
de l’organisation des prismes et participerait à la constitution de la jonction amélo-dentinaire.
(KIM et coll, 2005)
Comme les autres enzymes, son rôle est de dégrader la matrice amélaire pendant la
maturation. (MENDOZA et coll, 2007)
Protéines de l’homéodaine :
Les protéines de l’homéodomaine sont codées par les gènes homeobox dont le gène DLX3
(distal less homeobox). Il est localisé sur le chromosome 17 dans la région 17q21.
(STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA et coll, 2007)
CONCLUSION
L’organe dentaire est destiné à des fonctions très importantes de mastication et de phonation.
L’émail, de par sa constitution et ses propriétés physiques, joue un rôle de protection de la
dent. Par conséquent, son altération peut entraîner des répercussions importantes sur la sphère
bucco-dentaire, non seulement au niveau fonctionnel mais aussi esthétique.
27
2. CARACTERISTIQUES CLINIQUES,
HISTOLOGIQUES ET GENETIQUES DE
L’AMELOGENESE IMPARFAITE
HEREDITAIRE (AIH)
28
2.1. CARACTERISTIQUES CLINIQUES DE L’AIH
L’amélogenèse imparfaite est une anomalie de structure, caractérisée par des dents dont la
forme et le volume sont affectés par un manque d’émail et par une attrition précoce : les
incisives perdent leur tranchant, les canines leur pointe et les molaires leur cuspides. En
revanche, la dentine sous-jacente garde une structure normale.
Ces dents ont aussi tendance à l’inclusion et peuvent alors subir une résorption périphérique.
Il est aussi parfois observé une dysplasie dentinaire inter radiculaire sur certains cas
d’amélogenèse imparfaite.
La forme hypoplasique est caractérisée par une déficience au niveau de la quantité d’émail
alors que dans les formes hypomatures et hypocalcifiées, l’épaisseur est normale initialement
puis réduite secondairement par attrition. Ces deux dernières formes présentent un défaut au
niveau de la minéralisation : l’hypocalcification est due à une croissance initiale anormale des
cristaux d’émail alors que l’hypomaturation est due à une croissance terminale et une
maturation défectueuses.
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
29
2.1.1. La forme hypoplasique
30
2.1.2. La forme hypomature
31
2.1.3. La forme hypocalcifiée ou hypominéralisée
32
2.1.3.3. Aspect radiologique
La radiodensité de l’émail diminue et peut parfois devenir inférieure à celle de la dentine.
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
33
2.2. CARACTERISTIQUES HISTOLOGIQUES DE L’AIH
Au niveau des formes dont le mode de transmission est lié à l’X, la teneur en protéines chez
les femmes ne diffère pas. Ce phénomène peut être expliqué par leur hétérozygotie et donc
par la présence de populations mixtes d’améloblastes, c’est-à-dire d’une part, des
améloblastes exprimant normalement le gène de l’amélogénine et d’autre part, des
améloblastes exprimant le gène muté : certaines cellules produisent donc l’amélogénine
normale et par conséquent, l’effet de la mutation est alors masqué. (WRIGHT et coll, 1995)
L’augmentation des teneurs en carbone et azote dans la matière amorphe anormale des zones
amélaires affectées pourrait être liée à une accumulation de lipides. Plusieurs hypothèses sont
émises à propos de cette origine lipidique :
Un défaut d’ordre génétique pourrait engendrer une augmentation de la production des
lipides.
Une inhibition de la dégradation lipidique pourrait également provoquer rapidement une
accumulation.
35
La présence anormale de lipides pourrait aussi être liée à la persistance de petits
fragments de membranes cellulaires issus d’améloblastes.
Le dépôt lipidique pourrait être en relation avec une augmentation de la porosité de
l’émail postéruptif qui retiendrait alors des lipides matriciels non dégradées ou des
dérivés de lipides d’origine salivaire.
La nature exacte de cette matière amorphe n’a pas encore été déterminée à ce jour. Nous
pouvons seulement supposer que durant le dépôt minéral et la croissance cristalline, la matière
organique serait retenue, comme prise au piège, et il en résulterait une croissance cristalline
défectueuse. Cependant, il est possible que d’autres mécanismes encore inconnus
interviennent. (WRIGHT et coll, 1995 ; SCHMIDLIN, 2005)
Diverses mutations de gènes impliqués dans la formation de l’émail et les protéines amélaires
anormales qui en résultent sont à l’origine de la maladie.
D’autres gènes que les cinq principaux seraient également en partie impliqués dans
l’anomalie :
Mutations du gène AMBN (améloblastine).
Mutations du gène TUFT (tufteline).
Mutations de gènes au niveau du locus 8q24.3.
Mutations du gène AMTN (amélotine).
Mutations du gène DSPP (dentin sialophosphoprotein).
(STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA et coll, 2007)
36
2.3.1. Mutations du gène AMELX (locus Xp22.3)
Quatorze mutations ont été identifiées à ce jour sur différents sites du gène AMELX (locus au
niveau de la région distale du bras court) et sont responsables de phénotypes souvent sévères
d’hypominéralisation, d’hypomaturation et de différents degrés d’hypoplasies avec une
transmission gonosomique liée à l’X. Ces mutations peuvent être résumées en trois
catégories :
Des mutations au niveau du peptide signal engendrent une perte totale de la protéine et
sont associées aux formes hypoplasiques lisses liées à l’X.
Des mutations affectant la région N terminale de la protéine sont responsables des formes
hypominéralisées/hypomatures, liées à l’X.
Des mutations affectant la région C terminale de la protéine sont à l’origine des formes
hypoplasiques lisses liées à l’X.
(HART et coll, 2002 ; WRIGHT et coll, 2003; STEPHANOPOULOS et coll, 2005)
(Figures 6 et 7 p.49, 8 p.50, 12 p.56)
Les variations phénotypiques existant entre les sexes sont expliquées par le fait que chez
l’homme, le gène est exprimé seulement au niveau d’un allèle muté, alors que chez la femme,
il est exprimé par « effet de mosaïque » à cause de l’inactivation du chromosome X malade
par l’X sain (cette caractéristique est à l’origine du phénomène de lyonisation).
(BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; WRIGHT et coll, 2003 ; STEPHANOPOULOS
et coll, 2005)
Les différents loci mis en évidence expliqueraient les différents phénotypes retrouvés chez les
sujets atteints de l’AIH avec le même mode de transmission. (ALDRED et coll., 1992)
37
(Figures 3 p.44, 4 p.45, 5 p.47, 9 p.51)
38
2.3.6. Mutations du gène AMBN (locus 4q11-q21)
Les mutations de ce gène engendrent des altérations de la croissance des cristaux : ils se
développent normalement en longueur mais de façon incomplète en épaisseur.
(STEPHANOPOULOS et coll, 2005)
La surexpression du gène implique une augmentation de la quantité de l’émail
interprismatique aux dépens de l’émail prismatique. (PAINE et coll, 2003)
Les études sur AMBN ont toutes été effectuées in vitro jusqu’ici : le réel rôle de la protéine et
la participation de ce gène dans l’AIH n’ont pas encore été établis. (STEPHANOPOULOS et
coll, 2005)
Il a été seulement remarqué que l’absence d’expression du gène serait à l’origine
d’hypoplasies sévères dont la transmission est autosomique dominante. (MENDOZA et coll,
2007)
39
2.3.9. Mutations du gène AMTN (4q13.3)
Le locus de ce gène étant situé à proximité de celui d’ENAM et AMBN, il est supposé que les
mutations du gène AMTN pourraient être impliquées dans certaines formes d’AIH : cette
hypothèse reste à démontrer. (IWASAKI et coll, 2005)
CONCLUSION
L’amélogenèse imparfaite héréditaire est une affection polymorphe se manifestant
cliniquement et génétiquement par diverses formes. (MENDOZA et coll, 2007)
Malgré les progrès de la génétique, les mécanismes de biominéralisation demeurent encore
obscures et certaines mutations inconnues. (STEPHANOPOULOS et coll, 2005 ; MENDOZA
et coll, 2007)
L’étude de chacune des formes de l’AIH, que ce soit par le phénotype et/ou le génotype, est
un préalable indispensable au diagnostic et par conséquent à la prise en charge individualisée
de chaque cas.
40
3. CLASSIFICATION DES
AMELOGENESES IMPARFAITES
HEREDITAIRES (AIH) DE WITKOP (1989)
Les anomalies de structure de l’émail sont regroupées sous le nom d’amélogenèse imparfaite.
Cependant, elles peuvent avoir des étiologies et des caractéristiques diverses. Par conséquent,
il est important de les répertorier afin d’adapter à chaque cas un traitement spécifique.
Pour résumer, on connaît six types d’amélogénèses imparfaites :
L’amélogenèse imparfaite héréditaire.
Les amélogénèses imparfaites syndromiques et défauts de développement
(taurodontisme).
Les intoxications médicamenteuses.
Les pathologies générales chez la femme enceinte et l’enfant.
La prématurité et la malnutrition.
Les causes iatrogènes : rayons X, traumatismes mécaniques.
(WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
41
3.1. CLASSIFICATION DE WITKOP (1989)
Transmission
Autosomique dominante. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Plus fine. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Forme touchant plus fréquemment la denture permanente. (WITKOP, 1989)
Puits de la taille d’une tête ou d’une pointe d’épingle (figure 2). (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997)
Les puits subissent une coloration extrinsèque blanc-jaune et peuvent confluer (figure 2).
(PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; SENGUN et ÖZER, 2002)
42
La dureté de l’émail reste normale. (SENGUN et ÖZER, 2002)
Le défaut est retrouvé sur les faces vestibulaires, palatines ou linguales des dents
permanentes. (WITKOP, 1989)
Dans les deux dentures, certaines dents peuvent apparaître normales. (WITKOP, 1989)
Le défaut est souvent organisé en colonnes ou rangées (figure 2). (WITKOP, 1989 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Les puits profonds apparaissent modérément radioclairs. (SENGUN et ÖZER, 2002)
La prise en charge du phénotype IA est régie par ces principaux signes cliniques (SEOW,
1993) :
Préjudice esthétique léger.
Absence d’hypersensibilité.
Dimension verticale normale.
Gingivite modérée.
43
3.1.1.2. Phénotype IB hypoplasique localisé
Transmission
Autosomique dominante. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Plus fine. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Forme ne touchant que la denture temporaire, que la denture permanente, ou les deux.
(BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Puits et rainures horizontales (figure 3). (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997)
Les dents les plus fréquemment atteintes sont les incisives, les prémolaires et les
premières molaires. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Toutes les dents ou seulement certaines montrent le défaut (figure 4). (WITKOP, 1989)
Le défaut est retrouvé sur le tiers moyen des dents et habituellement en vestibulaire.
(WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; SENGUN et ÖZER, 2002)
La dureté de l’émail reste normale. (SENGUN et ÖZER, 2002)
Les puits profonds apparaissent modérément radioclairs. (SENGUN et ÖZER, 2002)
Transmission
Autosomique récessive. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Plus fine. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
45
Caractéristiques
Toutes les dents des deux dentures sont atteintes. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail est hypocalcifié au fond des hypoplasies. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH,
1997)
Cette forme reste plus sévère que les formes à transmission autosomique dominante.
(WITKOP 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
La prise en charge du phénotype IC est régie par ces principaux signes cliniques (SEOW,
1993) :
Préjudice esthétique modéré.
Hypersensibilité.
Dimension verticale normale.
Gingivite légère.
Transmission
Autosomique dominante. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Très fine, absence de point de contact. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’épaisseur d’émail peut atteindre un quart à un huitième de l’épaisseur normale.
(SENGUN et ÖZER, 2002)
Caractéristiques
Les dents des deux dentures sont atteintes. (WITKOP, 1989)
Surfaces lisses, dures et brillantes de couleur jaune-brun (figure 5). (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Les colorations disparaissent au niveau des points de contact où l’émail est hypocalcifié
et taché. (WITKOP, 1989)
La dureté de l’émail reste normale. (SENGUN et ÖZER, 2002)
46
Résorption intra-alvéolaire de dents incluses. (WITKOP, 1989)
Des petits corps calcifiés peuvent être adjacents aux dents qui n’ont pas fait éruption.
(WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail fin et l’absence de points de contact sont caractéristiques sur les radiographies
mais le contraste entre la dentine et l’émail reste normal. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-
ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; SENGUN et ÖZER,
2002)
Béance antérieure dans 50% des cas. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH 1997)
La prise en charge du phénotype ID est régie par ces principaux signes cliniques (SEOW,
1993) :
Préjudice esthétique modéré.
Forte hypersensibilité.
Légère perte de la dimension verticale.
Gingivite absente.
47
3.1.1.5. Phénotype IE hypoplasique lisse
Transmission
Gonosomique dominante liée à l’X : cette forme affecte donc plus le sexe masculin.
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Epaisseur de l’émail
Fine sans point de contact. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’épaisseur d’émail peut atteindre un quart à un huitième de l’épaisseur normale.
(SENGUN et ÖZER, 2002)
Caractéristiques
Les dents des deux dentures sont atteintes. (WITKOP, 1989)
Surfaces lisses et brillantes, de couleur brune ou jaune-brun (figure 6). (WITKOP, 1989 ;
BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Le phénomène de dents incluses avec résorption des couronnes est moins fréquemment
retrouvé que dans les formes ID, IF, IG et IIA. (WITKOP 1989 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Béance antérieure dans la plupart des cas chez les hommes (figure 6A) et dans un tiers
des cas chez les femmes atteintes. (WITKOP, 1989)
Les femmes hétérozygotes sont moins affectées, peut-être parce qu’un même gène peut
produire deux effets différents, un chromosome X étant inactivé au hasard. (PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Ces femmes présentent un émail alternant des bandes verticales d’épaisseur normale et de
finesse anormale : l’effet de lyonisation est visible cliniquement et radiologiquement
(figures 6B et 7). (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail s’abrase facilement. (SENGUN et ÖZER, 2002)
L’épaisseur fine de l’émail et l’absence de points de contact sont confirmées
radiologiquement (figure 8). (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH,
1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
48
La prise en charge du phénotype IE est régie par ces principaux signes cliniques (SEOW,
1993) :
Préjudice esthétique sévère.
Forte hypersensibilité chez les hommes atteints et absente chez les femmes.
Perte importante de la dimension verticale chez les hommes atteints et
normale chez les femmes.
Gingivite sévère.
Figure 6 : amélogenèse imparfaite hypoplasique lisse liée à l’X (mutation du gène AMELX).
Les surfaces des dents ont un aspect lisse et brillant. La figure 6A présente le phénotype IE
chez un garçon, avec une béance antérieure associée. L’effet de lyonisation, caractéristique
des femmes hétérozygotes, est visible sur les incisives supérieures de la figure 6B. (WRIGHT,
2006)
[AMELX mutations affecting the C-terminus of the amelogenin protein cause a marked generalized decrease in enamel thickness in males (A)
and produces vertical grooves in females due to Lyonization, as seen in the dentition of this heterozygous female (B). (WRIGHT, 2006)]
49
Figure 8 : amélogenèse
imparfaite hypoplasique lisse
liée à l’X (mutation du gène
AMELX).
L’épaisseur fine d’émail se
confirme radiologiquement.
(KIM, SIMMER, HU et coll,
2004 ; WRIGHT, 2006)
[Loss of amelogenin due to signal peptide
mutations results in a marked reduction in
enamel thickness as seen in this male with a
p.M1T mutation. The teeth are relatively
normal in color and slightly reduced in size and
the extremely thin enamel can be more readily
visualized on the dental radiographs.
(WRIGHT, 2006)]
Transmission
Autosomique dominante. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Fine sans point de contact. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’épaisseur d’émail peut atteindre un quart de son épaisseur normale. (SENGUN et
ÖZER, 2002)
Caractéristiques
Surfaces dures et rugueuses (figure 9). (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997)
Surfaces ressemblant à des grains vitrifiés (figure 10). (WITKOP, 1989)
Coloration blanche à jaune-blanc (figure 10). (SENGUN et ÖZER, 2002)
Résorption des dents incluses. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Les radiographies confirment l’épaisseur d’émail diminuée et un contraste important
entre la dentine et l’émail. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Béance antérieure dans 50% des cas (figure 10). (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
50
La prise en charge du phénotype IF est régie par ces principaux signes cliniques (SEOW,
1993) :
Préjudice esthétique modéré.
Absence d’hypersensibilité.
Dimension verticale normale.
Gingivite sévère.
51
3.1.1.7. Phénotype IG : agénésie de l’émail
Transmission
Autosomique récessive. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Email absent. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Pas de point de contact. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Surfaces rugueuses granuleuses comme du verre pilé. (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997)
Au microscope, la dentine coronaire est couverte de cément granuleux telle une « agate ».
(WITKOP 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Coloration jaune-brun. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Résorption partielle des dents incluses dans leur alvéole. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-
ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail n’apparaît pas radiographiquement. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Béance antérieure retrouvée dans 11 cas sur 13. (WITKOP, 1989)
Similitude entre cette forme et les agénésies amélaires dans les néphrocalcinoses : on
retrouve dans ce syndrome une calcification dystrophique des reins et parallèlement une
hypoplasie, une hypominéralisation et une hypomaturation sur les mêmes dents, ce qui
suggère à la fois un désordre des phases sécrétoires et de maturation, peut-être en raison
d’une anomalie de la matrice intersticielle. (WITKOP 1989 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
52
3.1.2. Types II : formes hypomatures
L’hypomaturation est caractérisée par une épaisseur d’émail initialement normale mais
réduite secondairement par abrasion et attrition, du fait d’une minéralisation défectueuse, au
niveau de la croissance terminale des cristaux ainsi qu’au niveau de la maturation.
Les modes de transmission sont autosomique dominant, récessif ou lié à l’X.
Le type II répertorie trois phénotypes :
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Transmission
Autosomique récessive. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Normale. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Forme touchant les deux dentures. (WITKOP, 1989)
Email mou présentant des défauts de structure : les gaines prismatiques sont vides ou
remplies de pigments bruns et de matériel éosinophile sécrété par les améloblastes.
(PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Coloration généralisée, claire ou trouble, sous forme de marbrures jaune-brunes (figure
11). (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
L’émail se clive de la dentine sous-jacente et se détache à la sonde comme une écaille.
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Les cristallites d’émail sont caractérisés par une rétention de matériel organique,
probablement responsable de l’inhibition de la croissance de cristallites de structure
normale. (PIETTE et GOLDBERG, 2001)
53
Retards d’éruption, résorptions alvéolaires rares. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Les radiographies montrent une absence de contraste entre l’émail et la dentine.
(WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Béances antérieures rares. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
La prise en charge du phénotype IIA est régie par ces principaux signes cliniques
(SEOW, 1993) :
Préjudice esthétique léger.
Absence d’hypersensibilité.
Légère perte de la dimension verticale.
54
3.1.2.2. Phénotype IIB hypomature
Transmission
Transmission récessive liée au chromosome X. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Normale. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Le défaut affecte les deux dentitions chez l’homme. (PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Chez l’homme, les dents temporaires ont un émail blanc opaque tacheté tel du verre pilé
et les dents permanentes un émail jaune marbré : les colorations initialement blanches
brunissent avec l’âge (figure 12). Radiographiquement, le contraste entre émail et dentine
est diminué : ce phénomène n’est pas retrouvé chez la femme. (WITKOP, 1989 ; PIETTE
et GOLDBERG, 2001 ; SENGUN et ÖZER, 2002)
L’émail mou qui peut être percé par une pointe appliquée fermement, sabrase facilement.
(PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; SENGUN et ÖZER, 2002)
Chez la femme, l’atteinte est moins sévère. Sur les dents temporaires, elle se manifeste
par une alternance au hasard de bandes verticales d’émail normal translucide et d’émail
anormal blanc crayeux dépoli tel du verre pilé (« lyonisation »). Sur les dents définitives,
l’alternance de bandes verticales d’émail normal translucide se fait avec de l’émail
anormal opaque blanchâtre ou jaunâtre : la transillumination permet de mettre en
évidence ce diagnostic. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Toutes ces caractéristiques sont moins présentes au niveau des collets des dents
postérieures. (SENGUN et ÖZER, 2002)
La prise en charge du phénotype IIB est régie par ces principaux signes cliniques
(SEOW, 1993) :
Préjudice esthétique léger.
Absence d’hypersensibilité.
Légère perte de la dimension verticale.
55
Figure 12 : amélogenèse imparfaite hypomature liée à l’X (mutation du gène AMELX).
Chez ce garçon, l’émail jaune marbré des incisives permanentes supérieures et inférieures est
facilement différencié de l’émail blanc opaque des dents temporaires postérieures.
(WRIGHT, 2006)
[Point AMELX mutations altering the tyrosine rich region of the amelogenin protein cause hypomaturation of the enamel producing the
characteristic white cervical opaque and coronal brown discoloration of the enamel, as seen in this male with a P70T mutation. (WRIGHT,
2006)]
Transmission
Transmission liée au chromosome X. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur d’émail
Normale. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Les deux dentures sont affectées. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Les couronnes des dents sont coiffées d’un émail blanc opaque au niveau du tiers voire
du quart occlusal (figure 13). (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail est dur. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997)
L’anomalie affecte certains groupes de dents dont le nombre varie en fonction de la
sévérité de l’atteinte. (WITKOP, 1989)
Les dents des maxillaires supérieurs sont toujours les plus atteintes ; les incisives
inférieures l’étant très rarement. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
56
Le défaut est caractérisé par une distribution antéro-postérieure, c’est-à-dire que si
certains membres d’une famille affectée présentent cet aspect de couronnes neigeuses sur
les incisives et les canines, d’autres membres de cette même famille auront en plus les
prémolaires atteintes et d’autres membres encore auront eux cette forme sur toutes les
dents. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
La distribution des taches n’est pas dépendante du temps mise à part des traumatismes
environnementaux (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH 1997 ; WITKOP, 1989)
Cette forme peut être confondue avec la fluorose même si dans les cas d’AIH les
périkymaties ne sont pas aussi marquées. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
La prise en charge du phénotype IIC est régie par ces principaux signes cliniques
(SEOW, 1993) :
Préjudice esthétique léger.
Absence d’hypersensibilité.
Légère perte de la dimension verticale.
WITKOP ajoute une quatrième forme hypomature (IIC) : il émet l’hypothèse de l’existence
d’une transmission autosomique dominante. (WITKOP, 1989)
Figure 13 : amélogenèse imparfaite hypomature liée à l’X, avec des dents à couronnes
neigeuses.
L’émail blanc opaque présent sur le tiers voire le quart occlusal est caractéristique du
phénotype IIC.
(CRAWFORD, ALDRED et BLOCH-ZUPAN, 2007)
[Courtoisie du Dr BLOCH-ZUPAN]
57
3.1.3. Types III : formes hypocalcifiées
L’hypocalcification ou hypominéralisation est caractérisée par une épaisseur d’émail
initialement normale puis réduite secondairement par abrasion et attrition, du fait d’une
minéralisation défectueuse, au niveau de la formation initiale des cristaux.
Les modes de transmission sont autosomiques dominants ou récessifs.
Cette forme peut coexister avec celles du type I. (WITKOP, 1989)
Le type III répertorie deux phénotypes :
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Transmission
Autosomique dominant. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
L’épaisseur est normale initialement puis il s’use rapidement. (WITKOP, 1989 ;
BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Les deux dentures sont atteintes. (WITKOP, 1989)
Les dents suivent une éruption habituelle et sont d’abord de taille et de forme normales
mais l’émail est mou et de couleur jaune-brun voire orangée. (WITKOP, 1989 ; PIETTE
et GOLDBERG, 2001)
Après éruption, l’émail prend une couleur brune à noire à cause des pigments
alimentaires (figure 14). (WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail devient friable et s’use rapidement par attrition (figure 4) ; après 10 à 12 ans,
seule la dentine reste : la surface devient alors irrégulière, molle et brunâtre. (WITKOP,
1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Ces caractéristiques ne se retrouvent pas au niveau des collets mieux calcifiés (figure 14).
(WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
58
Les dents atteintes peuvent être sensibles aux changements de température. (WITKOP,
1989)
Le tartre est souvent abondant sur les dents atteintes (figure 15). (WITKOP, 1989)
Peu minéralisé, l’émail est peu radio-opaque : la jonction amélo-dentinaire est peu nette.
(WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Sur des coupes déminéralisées, on remarque un stroma organique en grande quantité,
sous forme de lamelles perpendiculaires au grand axe de la dent : ces gaines claires de
prismes, non minéralisées, ont un aspect en « gâteau de miel ». L’hypominéralisation est
caractérisée par une striation périodique nettement marquée des prismes. Au niveau des
collets, l’émail a une structure globuleuse inhabituelle. En certains endroits, l’émail de
surface est dépourvu de prismes, qui sont remplacés par de fines fibrilles provenant du
tissu conjonctif. Une dégénérescence prématurée de l’épithélium amélaire et l’existence
d’une mince cuticule dense, opaque et homogène, ont été démontrées : cette cuticule est
une structure laminée avec une matrice granuleuse dont la formation serait dépendante de
l’absorption par l’émail d’éléments du tissu conjonctif. (PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Béance antérieure parfois associée. (WITKOP, 1989)
La prise en charge du phénotype IIIA est régie par ces principaux signes cliniques
(SEOW, 1993) :
Préjudice esthétique sévère.
Forte hypersensibilité.
Importante perte de la dimension verticale (figure 15f).
Transmission
Autosomique récessif. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ;
PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
L’émail est d’abord normal puis s’use rapidement. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
59
Caractéristiques
Le tableau clinique est le même que celui du type IIIA mais avec une gravité plus importante.
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
60
3.1.4. Types IV : formes hypomatures -
hypoplasiques et taurodontisme
Les trois anomalies (l’hypomaturation, l’hypoplasie et le taurodontisme) ont une transmission
autosomique dominante ; le type IV serait la conséquence d’une atteinte polygénique
complexe. (PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Ce type répertorie deux phénotypes :
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Transmission
Autosomique dominante. (PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Plus ou moins normale. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997)
Caractéristiques
L’émail immature est marbré, jaune-brun voire blanchâtre. (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail présente parfois des puits vestibulaires. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH,
1997 ; WITKOP, 1989)
L’élargissement des chambres pulpaires peut affecter les dents monoradiculées.
(WITKOP, 1989 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
L’émail et la dentine présentent la même radiodensité. (WITKOP, 1989)
Ce type est différent du syndrome trichodento-osseux qui associe en plus des troubles des
phanères (ongles cassants voire absents et cheveux très frisés), des os d’une radiodensité
anormale, et une susceptibilité carieuse accrue. (WITKOP, 1989 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001 ; MENDOZA et coll, 2006)
61
3.1.4.2. Phénotype IVB hypoplasique - hypomature
avec taurodontisme
Transmission
Autosomique dominante. (PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Epaisseur de l’émail
Fine. (WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et
GOLDBERG, 2001)
Caractéristiques
Zones hypoplasiques prédominantes avec des aires d’hypomaturation. (WITKOP, 1989 ;
BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Les dents taurodontes ont le même aspect que dans le type IVA. (WITKOP, 1989 ;
BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
Depuis les premières études sur l’amélogenèse imparfaite jusqu’aux dernières découvertes,
l’évolution de la recherche permet de comprendre l’élaboration de la classification de
WITKOP de 1989.
En 1945, WEINMANN fait l’ébauche d’une classification basée sur les apparences cliniques
et différentie deux types d’amélogénèses imparfaites : « l’hypoplasie héréditaire de l’émail »
et « l’hypocalcification héréditaire de l’émail ». Plusieurs classifications actuelles plus
62
complexes, basées sur la sévérité du défaut de minéralisation, découlent de celle de
WEINMANN. (ALDRED et CRAWFORD, 1995 ; WITKOP, 1989 ; ALDRED et coll, 2003)
63
3.2.2. Importance de l’introduction de la génétique
dans les classifications
Aujourd’hui, les gènes des différentes formes d’AIH sont parfaitement identifiés. Par
conséquent, les limites d’une classification basée uniquement sur l’aspect clinique du défaut
sont évidentes. C’est pourquoi, la classification de WITKOP de 1989 demeure inchangée à ce
jour car elle reste la plus complète. (BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997)
Cependant, l’AIH présente de nombreuses expressions phénotypiques différentes au sein
d’une même famille, voire sur une même dent. Ces polymorphismes soulèvent donc le
problème d’une classification établie en grande partie sur l’aspect clinique du défaut.
ALDRED et CRAWFORD propose en 1995 (tableau 1) une classification basée non
seulement sur le mode de transmission et le phénotype correspondant, mais aussi sur les types
de mutations et leurs conséquences biochimiques au niveau des protéines impliquées.
(ALDRED et CRAWFORD, 1995 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; ALDRED et
coll, 2003)
Cette classification de 1995 n’a pas été adoptée bien que de nombreuses publications
préconisent son utilisation. Par conséquent, ALDRED présente en 2003 une version modifiée
(tableau 2) : cette nouvelle proposition, plus exploitable, permet une clarification des bases
moléculaires de l’AIH. De plus, son avantage est qu’il est possible de l’étendre aux autres
désordres héréditaires et notamment aux anomalies dentinaires. Ce mode de nomenclature est
celui appliqué par l’OMIM (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?db=OMIM),
c’est-à-dire la « Online Mendelian Inheritance in Man », un site internet répertoriant tous les
gènes, leur locus, les mutations connues et leurs conséquences : une copie des pages web de
ce site concernant l’amélogenèse imparfaite héréditaire se trouve en annexe. (ALDRED et
coll, 2003 ; OMIM)
Le type de classification d’ALDRED s’imposera au fur et à mesure de la découverte de
nouvelles mutations associées à des amélogénèses imparfaites. (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; ALDRED et coll, 2003)
64
Tableau 1 : Classification des amélogénèses imparfaites héréditaires selon le modèle proposé
par ALDRED et CRAWFORD (1995).
Cette classification est basée sur la mutation (quand elle est connue), le résultat biochimique
(quand il est connu), le mode transmission et le phénotype. Le tableau suivant présente le
mode de classification avec comme exemple le gène AMELX ; la classification peut être
complétée avec tous les autres mutations connues à ce jour. (BLOCH-ZUPAN et
MACHWIRTH, 1997 ; ALDRED et coll, 2003)
AIH1 Xp22.1-p22.3 Délétion de 5Kb avec Perte de la plus grande Lié à l’X Hypominéralisation
perte de 5 exons sur 7 au partie de la protéine Email d’épaisseur
niveau du gène AMELX normale
Email mou
Bandes verticales chez
les femmes : lyonisation
Substitution C/T codon 3 Changement d’un acide Lié à l’X Puits, taches blanches
de l’exon 5 au niveaudu aminé thréonine par Email fin
gène AMELX isoleucine Email mou
Bandes verticales chez
les femmes : lyonisation
Substitution G/T codon Signal stop prématuré Lié à l’X Email jaune
129 de l’exon 6 au Protéine plus courte de Email fin
niveau du gène AMELX 15 acides aminés Email mou
Stries verticales et taches
chez les femmes :
lyonisation
Délétion d’une C codon Signal stop prématuré Lié à l’X Email jaune
96 de l’exon 6 au niveau Perte des 18 derniers Perte des points de
du gène AMELX acides aminés contacts
Email fin
Email mou
Puits, rainures, rides
verticales chez les
femmes : lyonisation
65
Tableau 2 : schéma de mode de classification proposé par ALDRED et coll en 2003.
autosomique dominant chromosome concerné conséquences des mutations description des caractéristiques
(quand elles sont connues) cliniques
ou locus
et/ou
autosomique récessif mutation
caractéristiques radiographiques
ou
et/ou
lié à l’X
autres signes cliniques
ou
cas isolé
66
pour les formes gonosomiques de la même façon que pour les formes autosomiques.
(ALDRED et CRAWFORD, 1995)
ALDRED et coll (1992) ont démontré l’hétérogénéité génétique dans les formes liées à l’X
avec différents phénotypes présents au sein de mêmes familles. Ce phénomène pourrait
s’expliquer par le fait qu’il existe différents loci des gènes concernés sur le chromosome X :
on retrouve en effet des formes altérées du gène AMELX à des positions différentes que celle
du locus déterminé. (ALDRED et coll, 1992)
67
CONCLUSION
De nombreux types d’AIH ont été répertoriés. Cependant, certaines hypothèses remettant en
cause la classification de WITKOP de 1989 mériteraient d’être approfondies. De plus, avec
l’avancée des recherches sur les mutations, il semble logique d’inclure les informations
génotypiques à chaque phénotype. (HART et coll, 2001 ; ALDRED et coll, 2003)
Bien que les caractéristiques de l’anomalie soient parfois complexes et imprécises, il est
possible de distinguer des conséquences communes aux différents types d’AIH sur la denture
et le patient.
68
4. PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE
DE L’AMELOGENESE IMPARFAITE
HEREDITAIRE (AIH)
69
4.1. OBSERVATION CLINIQUE ET DIAGNOSTIC DE
L’AIH
De manière générale, il a pu être remarqué que les échecs thérapeutiques résultent souvent
d’erreurs de diagnostic. Dès la première consultation, l’observation clinique qui comprend
aussi bien l’anamnèse que les examens cliniques et complémentaires, constitue les bases du
diagnostic. Par conséquent, il s’avère important de répertorier toutes les répercussions
communes de la maladie à travers un examen complet au niveau dentaire, buccal, facial et
général. L’observation clinique doit être systématique et rigoureuse afin de déterminer un
plan de traitement adapté au patient. (FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
Par ailleurs, la première consultation a une importance primordiale dans la prise en charge de
l’enfant. En effet, elle reste un moment privilégié entre le praticien, l’enfant et les parents et
l’évolution des rendez-vous ultérieurs dépend souvent de cette approche initiale. La peur et
l’impression d’insécurité face à une situation nouvelle est une réaction normale et
physiologique qui peut parfois être accentuée par l’entourage, de façon consciente ou non. Le
rôle du praticien est donc d’analyser cette situation et de la dédramatiser. Il est important qu’il
adapte son comportement selon l’enfant, au niveau de la communication verbale ainsi que non
verbale, afin d’établir une relation de confiance triangulaire enfant-parents-praticien.
(COURSON et LANDRU, 2005)
4.1.1. Anamnèse
L’interrogatoire s’adresse plus particulièrement aux parents et doit être effectué avant tout
acte même si les parents évoquent l’urgence ou la douleur. (FORTIER et DEMARS-
FREMAULT, 1987)
70
4.1.1.1. Motifs de consultation
Afin d’adapter au mieux le traitement de l’AIH au patient, il est primordial de tenir compte de
la demande et du problème exposés lors du premier contact.
Préjudice esthétique
Les parents ainsi que l’enfant évoquent souvent en premier lieu l’aspect inesthétique des dents
au niveau de :
- La teinte.
- La morphologie inhabituelle.
- L’aspect de surface irrégulier.
- La taille plus petite des dents.
L’insatisfaction face à l’aspect disgracieux des dents reste le principal motif de consultation, il
est donc important de consacrer une part privilégiée à l’esthétique dans la prise en charge.
(WALTER, 1991; SIXOU et ROBERT, 1998 ; WILLIAMS et BECKER, 2000 ;
KOSTOULAS et coll, 2005)
71
Préjudice psychologique
Importance du sourire sur le comportement de l’enfant :
Il est souvent noté que les enfants atteints d’AIH paraissent dès le premier contact timides,
réservés, mal à l’aise et ont souvent beaucoup de difficultés à esquisser un sourire sur les
lèvres. (WALTER, 1991 ; BOUVIER et coll, 1996)
L’apparence a une place importante dans nos sociétés actuelles. Elle peut être influencée par
le sourire, l’esthétique faciale et donc par la santé dentaire. Par conséquent, les déviations au
niveau de l’esthétique dentaire « normale » ou « idéale » peuvent nuire au bien-être
psychologique. (COFFIELD et coll, 2005)
72
physiques « attractives » influencent les relations sociales et qu’un défaut peut devenir une
réelle menace pour la vie sociale. (COFFIELD et coll, 2005)
73
Douleur
La douleur reste souvent le motif de consultation et peut être liée ou non à l’AIH :
- La douleur la plus fréquemment rapportée est l’hypersensibilité dentinaire. Comme
nous l’avons décrit précédemment dans le chapitre 3, la couche amélaire étant plus
fine sur les dents atteintes d’AIH, la dentine sous-jacente devient plus réactive aux
stimuli thermiques. (WALTER, 1991 ; SEOW, 1993 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
- L’enfant peut se plaindre également de douleurs indépendantes de la maladie, suite à
des infections dentaires, gingivales ou parodontales. (PETERS et coll, 1992)
Suite à l’anamnèse, un arbre généalogique peut être établi et permet ainsi au praticien de
supposer le mode de transmission de l’AIH :
Le mode de transmission n’est pas toujours évident à établir car il existe parfois une grande
variabilité au sein d’une même famille. Il ne faut pas oublier que les manifestations
génétiques dépendent de sa pénétrance et de la diversité de son expression. (SEOW, 1993)
Antécédents maternels
Des anomalies dentaires organopathiques et morphopathiques ainsi que des anomalies de
minéralisation dont l’origine est in utéro peuvent être considérées comme diagnostic
différentiel de l’AIH :
Des intoxications médicamenteuses, surtout aux tétracyclines, entraînent des dyschromies
dentaires.
Les irradiations de la mère peuvent atteindre l’enfant et provoquer entre autres des
troubles dentaires.
Des affections virales et microbiennes, telles que la rubéole, la syphilis et la
toxoplasmose entraînent des perturbations temporaires de l’amélogenèse chez l’enfant.
Certaines manœuvres obstétricales peuvent être à l’origine de malformations maxillaires
et dentaires.
(FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
75
4.1.1.3. Antécédents personnels
Traumatismes
Des traumatismes au niveau de la face et des dents temporaires peuvent avoir des
répercussions sur les dents définitives en cours de formation et provoquer des malformations
coronaires ou radiculaires, des dilacérations corono-radiculaires et des hypoplasies. Ce
phénomène est appelé syndrome de Turner.
(FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
76
Antécédents médicaux
Les affections dites « des grands systèmes » cardio-vasculaire, pulmonaire, rénal,
endocrinien, sanguin, neurologique doivent être connues.
Les parents doivent aussi être interrogés sur tous les antécédents allergiques.
Les traitements en cours doivent aussi être demandés.
Le bilan général médical doit être précis afin d’utiliser les mesures pré et postopératoires
adéquates, les thérapeutiques les mieux choisies. (FORTIER et DEMARS-FREMAULT,
1987)
Habitudes alimentaires
La tendance à la consommation excessive d’aliments ou de boissons sucrées entre les
repas ou avant le coucher peut expliquer un phénomène polycarieux.
Un bilan fluoré individuel peut être réalisé si le praticien hésite entre le diagnostic d’une
AIH et celui d’une fluorose.
(FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
Antécédents dentaires
Habitudes d’hygiène :
Les enfants atteints d’AIH présentent souvent un découragement face à l’hygiène car les dents
restent de toute façon inesthétiques. De plus, les surfaces amélaires rugueuses dans certaines
formes d’AIH ne facilitent pas le contrôle de plaque. (BEDI, 1989 ; BOUVIER et coll, 1996)
Passé dentaire :
- Afin d’anticiper les futurs rendez-vous, il peut être utile de connaître l’expérience
dentaire de l’enfant, s’il a déjà vécu des soins et surtout quelles ont été ses réactions.
(FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
- Le praticien doit demander l’âge approximatif d’éruption des dents afin d’en déduire
un retard ou une précocité d’éruption. (FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
- Si le patient est déjà en denture définitive, il est intéressant de savoir si les dents
temporaires de l’enfant présentaient le même aspect. (RENNER et FERGUSON,
1983)
77
4.1.2. Examen clinique exobuccal
L’examen exo-buccal consiste en l’observation bouche fermée de la morphologie faciale puis
en une observation fonctionnelle. (WALTER, 1991)
78
Etude du profil labial
Elle permet de préjuger de la position des maxillaires et des dents par rapport au nez et au
menton. (FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
La béance labiale est une caractéristique fréquemment retrouvée dans certaines formes
d’AIH. (YIP et SMALES, 2003 ; AYERS et coll, 2004)
Un sourire gingival est parfois observé. (WILLIAMS et BECKER, 2000 ; AYERS et coll,
2004)
Examen de la déglutition
Il consiste en l’identification du mode de déglutition. La crispation des muscles péribuccaux
et des lèvres très accolées reflètent souvent un mode de déglutition inapproprié. La position
de la langue lors de la déglutition doit être observée : un placement lingual entre les dents ou
entre les lèvres peut être décelé. (COURSON et LANDRU, 2005)
Examen de la respiration
Il permet au praticien de détecter le mode respiratoire, buccal ou nasal. La présence de cernes
et d’un nez aquilin dont les ailes du nez restent peu développées peuvent préjuger d’une
insuffisance respiratoire nasale. (COURSON et LANDRU, 2005)
Habitudes nocives
L’examen fonctionnel est complété par quelques questions simples posées à l’enfant et/ou ses
parents : succion d’un doigt, des lèvres ou d’une tétine, repos nocturne difficile, difficultés au
79
niveau de la phonation… (FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987, WILLIAMS et
BECKER, 2000 ; COURSON et LANDRU, 2005)
Chez les patients atteints d’AIH, l’examen fonctionnel présente peu de caractéristiques en
relation avec l’anomalie, mise à part parfois une respiration buccale liée aux béances
antérieures fréquemment rencontrées. (SEOW, 1993 ; AYERS et coll, 2004 ; NUSIER et coll,
2004 ; COFFIELD et coll, 2005)
Caractéristiques de l’émail
Toutes les caractéristiques suivantes peuvent confirmer le diagnostic de l’AIH et peuvent
permettre de différencier les quatorze types existants (chapitre 3.1.) :
Texture de l’émail :
- Texture parfois normale et lisse.
- Email mou qui peut être percé à la sonde.
- Email friable qui peut se cliver de la dentine sous-jacente tel des copeaux.
80
Teinte amélaire :
- Blanc crayeux, jaune, orangée ou brune.
- Coloration à l’aspect parfois marbré.
Localisation du défaut :
- Bord incisif/surfaces occlusales.
- Faces vestibulaires et/ou palatines et/ou linguales.
- Collet / tiers moyen / tiers occlusal.
Epaisseur d’émail :
- Fine voire invisible à l’œil nu.
- Dents plus petites en volume à cause de la diminution généralisée de l’épaisseur
amélaire.
- Perte des points de contact à cause de la diminution proximale de l’épaisseur amélaire.
81
Caractéristiques de la dentine
Dans les d’AIH, la dentine apparaît normale au niveau épaisseur, texture et teinte.
(WITKOP, 1989 ; BLOCH-ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; PIETTE et GOLDBERG,
2001)
Cariosensibilité
La susceptibilité carieuse liée à l’AIH est un sujet qui reste assez controversé.
L’étude de SUNDELL (1986) et de DURAY (1990) démontre une prévalence carieuse accrue
au niveau des formes hypocalcifiées et une susceptibilité plus légère au niveau des formes
hypoplasiques. La présence de caries n’est pas augmentée au niveau des colorations orange-
brunes mais devient plus importante au niveau des colorations gris crayeux. Par ailleurs, les
caries paraissent plus fréquentes sur les dents postérieures dans les formes hypocalcifiées
tandis que dans les formes hypoplasiques, ce sont les dents antérieures les plus atteintes.
(SUNDELL, 1986 ; DURAY, 1990)
D’autres auteurs affirment que la cariosensibilité serait au contraire diminuée puisque dans
certains cas, malgré un mauvais contrôle de plaque, peu de caries sont décelées. (SEOW,
1993 ; YIP et SMALES, 2003)
Plusieurs hypothèses sont admises à propos de la susceptibilité carieuse dans les cas d’AIH :
Hypersensibilité dentinaire
L’hypersensibilité dentinaire est un phénomène fréquent chez les enfants atteints d’AIH. La
couche amélaire sus-jacente perd ses qualités de protection dentinaire contre tout stimulus
puisque son épaisseur est diminuée. En effet, l’émail est d’autant plus fin ou l’attrition
d’autant plus sévère que la sensibilité s’accentue, c’est pourquoi certains types d’AIH sont
plus susceptibles de provoquer ce phénomène. (SEOW, 1993)
L’hypersensibilité dentinaire se caractérise par une douleur fugace et transitoire ressentie en
réponse d’un stimulus chimique (acide), thermique (aliments ou boissons chauds ou froids,
83
exposition à l’air), tactile (brosse à dents, sondes, ongles…) ou osmotique (sucre, gels),
appliqué à une zone de dentine exposée. (VREVEN et VAN NIEUWENHUYSEN, 1996)
Age dentaire
Le praticien doit examiner en bouche les dents évoluées ou non, les dents absentes, afin de
déterminer l’âge dentaire et de le comparer à l’âge civil.
Examen occlusal
Les anomalies occlusales observées chez les patients atteints d’AIH sont principalement liées
au phénomène d’attrition fréquent dans cette pathologie. Cependant, on ne peut affirmer que
ces défauts occlusaux soient des conséquences directes de la maladie. En effet, l’occlusion
peut également dépendre des influences environnementales telles que la nutrition, la posture
des maxillaires, la respiration buccale, les forces masticatoires et la position de la langue.
(AYERS et coll, 2004)
Examen orthodontique
L’objectif de cet examen est de diagnostiquer les anomalies orthodontiques, c’est-à-dire les
variations morphologiques et fonctionnelles de la sphère oro-faciale qui entraînent un
préjudice au niveau de l’esthétique et/ou de la fonction.
L’examen orthodontique comprend l’examen exobuccal du visage, de la musculature labio-
linguale, des fonctions (déglutition, phonation, respiration) ainsi que l’examen endobuccal de
la denture et de l’occlusion. L’étude des moulages et des radiographies (panoramique et
téléradiographie de profil) complète l’analyse orthodontique dont résultent les diagnostics
suivants :
La dysharmonie dento-maxillaire dont le signe le plus manifeste est l’encombrement
dentaire.
86
Les anomalies alvéolaires :
- Anomalies alvéolaires antérieures du sens sagittal : proavéolies et rétroalvéolies.
- Anomalies alvéolaires antérieures du sens vertical : supraclusion et infraclusion
antérieure (appelée aussi béance antérieure).
Anomalies du sens transversal : endoalvéolie maxillaire ou mandibulaire.
Anomalies du sens antéro-postérieur : classes d’Angle (Cl I, Cl II1, Cl II2, Cl III).
Les anomalies basales du sens vertical : excès ou insuffisance verticaux des maxillaires.
Les anomalies squelettiques : classes squelettiques I, II ou III.
(BASSIGNY, 1991)
Toutes les anomalies orthodontiques peuvent être rencontrées dans les cas d’AIH. Il demeure
néanmoins une prévalence des dysmorphoses suivantes :
La béance antérieure :
(Figures 5 p.47, 7J p.49, 10 p.51)
Elle est présente dans 25 à 35% des cas d’AIH et plus fréquemment dans les formes
hypomatures et hypocalcifiées. Cette caractéristique reste néanmoins extrêmement variable au
sein d’une même famille atteinte d’un type précis d’AIH. (SEOW, 1993 ; HOPPENREIJS et
coll, 1998a ; AYERS et coll, 2004 ; NUSIER et coll, 2004 ; COFFIELD et coll, 2005)
L’origine de l’association à l’AIH reste encore inconnue. Il est supposé que l’hypersensibilité
dentinaire sévère pourrait engendrer une malposition de la langue qui provoquerait la béance.
Il est également possible que l’étiologie soit le résultat de l’effet pléiotropique des gènes à
l’origine de la maladie. (SEOW, 1993 ; HOPPENREIJS et coll, 1998a ; COFFIELD et coll,
2005)
La béance antérieure est en fait une anomalie du sens vertical, localisée au secteur alvéolo-
dentaire antérieure et caractérisée par une insuffisance ou une absence de recouvrement
incisif. L’étiologie permet de distinguer deux types de béances : la béance squelettique dont
l’étiologie est primaire et la béance fonctionnelle dont l’étiologie est secondaire. La béance
squelettique présente une infraclusion antérieure associée à une anomalie sévère des bases
squelettiques dans le sens vertical. Habituellement rare, la béance squelettique est plus
87
fréquente dans les cas d’AIH que les béances alvéolaires. Ces dernières sont provoquées par
des dysfonctions et parafonctions :
- Habitudes déformantes : succion digitale, aspiration de la lèvre inférieure.
- Forme ou fonction linguale atypique : volume important, situation antérieure,
déglutition primaire avec interposition linguale.
- Trouble de la ventilation nasale. (YIP et SMALES, 2003)
- Trouble de la phonation.
(BASSIGNY, 1991 ; HOPPENREIJS et coll, 1998a)
La béance antérieure est mise en évidence par les signes cliniques suivants :
- Béance labiale. (AYERS et coll, 2004)
- Sourire gingival. (AYERS et coll, 2004)
- Absence de recouvrement incisif accompagné parfois d’une proalvéolie uni ou
bimaxillaire. (WALTER, 1991)
- Augmentation marquée de l’étage inférieur de la face : l’excès de croissance verticale
est souvent associé à une respiration buccale et engendre un profil convexe (RENNER
et FERGUSON, 1983). Des signes de rotation postérieure peuvent être observés dans
les cas d’anomalies squelettiques.
- Béance parfois accompagnée d’un proglissement plus ou moins marqué.
- Malocclusions associées : toutes les classes d’Angle sauf la classe II2.
(BASSIGNY, 1991)
La supraclusion :
(Figure 8 p.50)
Elle est présente dans certains cas d’AIH et plus particulièrement dans les formes
hypocalcifiées, dans les formes liées à l’X chez le garçon et dans les types hypoplasiques
lisses. L’étiologie serait essentiellement une conséquence de la perte de dimension verticale.
(SEOW, 1993)
88
peut être isolée (alvéolaire) ou associée à une croissance horizontale (face courte, anomalie
basale). (BASSIGNY, 1991)
Cette donnée est importante pour le traitement d’orthopédie dento-faciale afin de détecter le
plus tôt possible les anomalies d’évolution dentaire et afin de mettre en place des programmes
précoces d’interception et de prévention. (SEOW, 1995)
Les objectifs des examens inter-arcades occlusaux et orthodontiques sont d’établir un plan de
traitement aboutissant à une occlusion statique et dynamique favorables, avec des relations
d’arcades étant celles de la classe I d’Angle (ce qui ne signifie pas que des rapports occlusaux
non en classe I soient traumatogènes). (BASSIGNY, 1991)
89
Evaluation du contrôle de plaque
La détermination de la présence de plaque se réalise à l’aide de la sonde ou peut être facilitée
par l’utilisation d’un révélateur de plaque. La technique de contrôle de plaque employée doit
être demandée afin d’établir si elle est adaptée ou non. (BERCY, 1996)
Dans les cas d’AIH, il est noté un indice de plaque généralement supérieur à celui des enfants
sains en moyenne. Par ailleurs, cet indice diminue après réhabilitation de la denture.
(LINDUNGER et SMEDBERG, 2005 ; MACEDO et coll, 2005)
Nous pouvons donc en déduire que des facteurs de rétention de plaque sont présents dans
certaines formes d’AIH :
- Les surfaces rugueuses de certaines dents atteintes (Figures 10 p.51 et 15 p.60).
(BOUVIER et coll, 1996 ; AYERS et coll, 2004)
- L’élargissement des espaces interproximaux : ils engendrent de fréquents bourrages
alimentaires qui, à cause de la douleur provoquée, contribuent à un délaissement du
brossage. (BEDI, 1989)
- L’hypersensibilité dentinaire : de la même façon, la douleur contribue parfois à
l’abandon du brossage. (BEDI, 1989 ; AYERS et coll, 2004)
- Les bords défectueux de restaurations – obturations ou couronnes. (BERCY, 1996)
Dans les cas d’AIH, il est noté généralement des indices d’inflammation inférieurs à ceux des
enfants sains en moyenne. (LINDUNGER et SMEDBERG, 2005)
90
Sondage
Le sondage s’effectue sur toute la périphérie de la dent au niveau de six points : disto-
vestibulaire, vestibulaire, mésio-vestibulaire, mésio-ligual/palatin, lingual/palatin, disto-
lingual/palatin. (BERCY, 1996)
Dans les cas d’AIH, les profondeurs de poches sont légèrement supérieures à celles des
enfants sains en moyenne. (LINDUNGER et SMEDBERG, 2005)
Diagnostics parodontaux
Les différents signes cliniques décrits précédemment permettent d’établir un diagnostic
parodontal qui doit être confirmé par l’examen radiographique.
La gingivite :
La prévalence des gingivites chez les enfants atteints d’AIH est due le plus souvent à un
mauvais contrôle de plaque, à la présence de tartre en sous-gingival. (WALTER, 1991 ;
SEOW, 1993 ; YIP et SMALES, 2003 ; AYERS et coll, 2004)
91
Les gingivites sont plus fréquentes dans les types hypoplasiques que dans les types
hypocalcifiés et hypomatures : les types d’AIH sont d’autant plus susceptibles de développer
une gingivite que les surfaces dentaires sont irrégulières et rugueuses. (SEOW, 1993 ;
LINDUNGER et SMEDBERG, 2005)
La parodontite :
L’hypertrophie gingivale :
92
L’association des lésions hypertrophiques gingivales avec l’AIH reste rare. (YIP et SMALES,
2003 ; MACEDO et coll, 2005)
Les étiologies sont :
- L’inflammation des papilles :
Les surfaces proximales rugueuses des dents restent inaccessibles au brossage. (WALTER,
1991)
- Les excroissances gingivales en distal des dernières molaires temporaires ou
définitives :
Elles sont dues à la hauteur clinique faible des couronnes et la présence de plaque à ce niveau.
(TÜRKÜN, 2005)
- L’hyperplasie généralisée :
Lorsque l’origine héréditaire ou médicamenteuse peut être exclue, l’étiologie reste obscure. Il
est suggéré que cet excès gingival serait issu soit du tissu fibreux présent autour des dents non
extrusées et incluses, soit à la présence généralisée de plaque et de tartre. (MACEDO et coll,
2005)
93
Clichés rétro-alvéolaires
Ils donnent des images plus précises des dents et des tissus péridentaires et restent
indispensables dès que l’on soupçonne une implication pulpaire. Ils permettent de visualiser
le volume des caries par rapport à la pulpe, l’anatomie radiculaire, les éventuels foyers
infectieux, les rapports des dents temporaires avec les germes sous-jacents ainsi que les
rapports avec les éléments anatomiques voisins (sinus, canal dentaire inférieur, fosses
nasales…). (FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987 ; COURSON et LANDRU, 2005)
Clichés occlusaux
Ils constituent l’examen de choix dans le diagnostic des dents surnuméraires, les fractures
dentaires ou osseuses, les dents incluses et ectopiques. (FORTIER et DEMARS-
FREMAULT, 1987 ; COURSON et LANDRU, 2005)
Radiographie panoramique
Elle permet la visualisation de l’ensemble des dents présentes en bouche et des germes sous-
jacents. Sa prescription est surtout indiquée lors de pathologies affectant les tissus dentaires
telles que l’AIH. (COURSON et LANDRU, 2005)
Cette méthode fournit des renseignements précieux au niveau de :
- L’évaluation du développement et de la croissance.
- L’estimation du nombre, de la position, de la dimension, de la conformation et du
développement radiculaire des dents et des germes présents.
- Le diagnostic d’anomalies de nombre, de formes et de structures.
- Les rapports avec les éléments anatomiques voisins (sinus, canal dentaire inférieur,
fosses nasales…).
- Le retard ou la précocité d’éruption des dents permanentes.
- Le contrôle de l’articulation temporo-mandibulaire.
(FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987 ; COURSON et LANDRU, 2005)
94
Interprétation des résultats
L’examen radiographique est indispensable à l’établissement du diagnostic de l’AIH et
permet de constater les caractéristiques suivantes :
Le manque d’émail voire parfois l’absence totale d’émail. (NEL et coll, 1997 ;
WILLIAMS et BECKER, 2000 ; SENGUN et ÖZER, 2002)
La structure et l’épaisseur normales de la dentine et du cément. La dentine peut parfois
apparaître abrasée. (NEL et coll, 1997 ; WILLIAMS et BECKER, 2000)
La diminution du contraste entre l’émail et la dentine. (NEL et coll, 1997 ; SENGUN et
ÖZER, 2002 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
L’apparence parfois bulbeuse des couronnes due à une constriction cervicale provoquée
par un manque d’émail au niveau de cette zone. (SEOW, 1993)
L’élargissement des espaces proximaux interdentaires. (SEOW, 1993)
Le phénomène de taurodontisme avec un élargissement du volume caméral et canalaire
de la pulpe :
L’étiologie de cette caractéristique demeure encore inconnue à ce jour. (SUNDELL,
1986 ; NEL et coll, 1997 ; WILLIAMS et BECKER, 2000 ; SENGUN et ÖZER, 2002 ;
LINDUNGER et SMEDBERG, 2005)
La présence de calcifications pulpaires au niveau de certaines dents extrusées ou non :
Ces calcifications ne sont pas associées à un type spécifique d’AIH et serait peut-être la
conséquence d’irritations externes des surfaces dentaires atteintes de façon sévère.
(SUNDELL, 1986 ; SEOW, 1993 ; KOSTOULAS et coll, 2005 ; LINDUNGER et
SMEDBERG, 2005)
Le développement des racines (WALTER, 1991) :
- Les racines apparaissent le plus souvent normales. (WILLIAMS et BECKER, 2000)
- La dysplasie interradiculaire : la morphologie de la zone interdentaire apparaît
anormale et la longueur des racines diminuée. Le défaut n’atteint que les dents
pluriradiculées. (NAKATA et coll, 1985)
- La résorption radiculaire des dents temporaires. (WILLIAMS et BECKER, 2000)
Le rapport couronne/racine des dents réduit. (WILLIAMS et BECKER, 2000)
Les agénésies. (BOUVIER et coll, 1996 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
Les dents incluses : le risque est six fois plus important que chez un enfant sans AIH.
(SEOW, 1995)
95
- Il apparaît parfois une hyperplasie folliculaire autour des dents incluses : l’image est
moins radioclaire et mieux délimitée que l’image d’un follicule d’éruption normal.
(VAN HEERDEN et coll, 1990 ; PETERS et coll, 1992)
- Il est parfois observé une résorption coronaire des dents incluses. Lorsque la
résorption de la dent devient totale, on peut remarquer une image radio opaque en
regard des dents permanentes inexistantes. (PETERS et coll, 1992 ; KOSTOULAS et
coll, 2005)
La précocité ou le retard d’éruption. (NAKATA et coll, 1985 ; SEOW, 1995 ;
KOSTOULAS et coll, 2005)
L’état et la quantité d’os. (WALTER, 1991 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
Ces examens complémentaires ont permis d’analyser les anomalies rares rencontrées chez
certains patients atteints d’AIH, telles que les dysplasies interradiculaires et les hyperplasies
folliculaires. Ces anomalies sont associées à des altérations du tissu mésenchymateux
odontogénique. Grâce à la microscopie et l’histopathologie, il a été tenté de mettre en
évidence si un lien existe entre ces anomalies et les inclusions de dents observées sur les
mêmes cas. (NAKATA et coll, 1985 ; VAN HEERDEN et coll, 1990 ; PETERS et coll,
1992 ; MACEDO et coll, 2005)
Dysplasie interradiculaire
Cette anomalie est caractérisée par une diminution de la longueur des racines avec une zone
interradiculaire présentant une hypercémentose ainsi qu’une dentine abondante constituée de
calcifications similaires à du tissu ostéoïde ou cémentoïde. (NAKATA et coll, 1985 ; VAN
HEERDEN et coll, 1990 ; PETERS et coll, 1992)
96
Plusieurs études ont tenté de mettre en évidence l’origine de cette dysplasie :
Première hypothèse :
Le défaut serait issu de l’absorption d’une partie de la dentine interradiculaire, suivie d’une
reminéralisation secondaire de la matrice. (NAKATA et coll, 1985)
Deuxième hypothèse :
La dentine anormale de la zone interradiculaire résulterait d’une influence génétique au
moment de sa formation. (NAKATA et coll, 1985)
Troisième hypothèse :
Au cours de la rhizagénèse, des calcifications secondaires se formeraient (pour des raisons
encore inconnues) au niveau de l’arborescence des racines.
Il est également possible que cette malformation radiculaire soit en fait secondaire au défaut
d’éruption. En effet, elle ne peut constituer un facteur étiologique du retard d’éruption ou de
l’inclusion puisqu’il a été démontré que l’éruption reste normale même en l’absence de
formation radiculaire. Cette dernière hypothèse resterait la plus probable. (NAKATA et coll,
1985 ; VAN HEERDEN et coll, 1990 ; PETERS et coll, 1992)
Hyperplasie folliculaire :
L’hyperplasie folliculaire demeure sans doute la raison principale du retard d’éruption et de
l’inclusion.
La structure histopathologique des calcifications constituant cette lésion aurait des
caractéristiques similaires à celles des fibromes odontogéniques (WHO type) et serait
associée à des restes d’épithélium odontogénique. Il est donc supposé que des intéractions
épithélioectomésenchymateuses interviendraient dans l’histogénèse de ces lésions. (PETERS
et coll, 1992 ; MACEDO et coll, 2005)
L’hyperplasie folliculaire serait issue d’une altération possible de la fibrillogénèse
collagénique qui pourrait expliquer le blocage de l’éruption. Normalement, le follicule
favorise la phase intraosseuse de l’éruption. Il est donc suggéré qu’une sorte de prolifération
folliculaire freinerait l’éruption. (PETERS et coll, 1992)
97
4.1.4.3. Analyses biologiques
Ces examens sont plus rares dans le cadre d’un exercice au cabinet dentaire. Toutefois, une
analyse sérologique peut contribuer à un diagnostic différentiel de l’AIH associé à des
troubles systémiques. (NAKATA et coll, 1985)
98
4.1.5.2. Diagnostics différentiels de l’AIH
Le praticien peut établir le diagnostic positif de l’AIH après avoir exclu tous les diagnostics
différentiels (nous ne détaillerons pas les caractéristiques de chaque pathologie):
99
Diagnostics différentiels des anomalies de structure :
- Anomalies de structure héréditaires :
La dentinogénèse imparfaite héréditaire est caractérisée par un aspect brunâtre des dents, une
abrasion rapide, des racines courtes. Toutes les dents d’une même dentition sont atteintes.
(PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; BANDON et coll, 2003 ; LUZZI et coll, 2003 ; COURSON
et LANDRU, 2005)
L’odontogenèse imparfaite héréditaire est souvent le stigmate d’une ostéogénèse imparfaite
qui, sous l’effet de la thérapeutique générale ne laisse aucune trace sur le squelette, mais qui
est caractérisée néanmoins par des altérations de structure de l’émail. (FORTIER et
DEMARS-FREMAULT, 1987 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
- Anomalies de structure acquises :
L’odontodysplasie régionale touche plusieurs dents d’un ou plusieurs cadrans (souvent au
maxillaire en antérieur). On parle de « dent fantôme » car leur aspect radiologique reste peu
visible. Les dents permanentes atteintes sont retenues et lorsqu’elles évoluent, elles sont
accompagnées de fréquents abcès. (PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; COURSON et
LANDRU, 2005)
La fluorose dentaire est engendrée par un surdosage chronique d’ingestion de fluorures.
L’atteinte est symétrique et est caractérisée par des dysplasies et dyschromies importantes.
L’atteinte est fonction de la période de surdosage et de la période de formation des dents.
(SEOW, 1993 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; GUASTALLA, 2003 ; COURSON et
LANDRU, 2005)
- Anomalies de structure associées à des pathologies d’ordre général :
La microdontie généralisée est caractérisée par des dents de petite taille. Elle se manifeste au
niveau de toute la denture, en dehors d’un caractère héréditaire, et peut être associée à des
dysfonctions de l’hypophyse ou de la thyroïde. Elle est également associée à la trisomie 21.
(FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
100
caractérisée par des dents vertes sur toutes les dents. (FORTIER et DEMARS-FREMAULT,
1987 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
- Dyschromies acquises :
La dyschromie médicamenteuse la plus connue est celle entraînée par l’ingestion de
tétracyclines pendant la grossesse et chez l’enfant avant 8 ans. (FORTIER et DEMARS-
FREMAULT, 1987 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001 ; BANDON et coll, 2003)
Certaines dyschromies peuvent être d’origine alimentaire ou bactérienne. (FORTIER et
DEMARS-FREMAULT, 1987 ; PIETTE et GOLDBERG, 2001)
CONCLUSION
Idéalement, le diagnostic de l’AIH pourrait être établi dès l’âge d’un an. Néanmoins, la
diversité des tableaux cliniques ne simplifie pas l’identification de l’anomalie. (COFFIELD et
coll, 2005)
Les trois signes cliniques principaux (inesthétisme, sensibilité et perte de dimension verticale)
observés en premier lieu ne suffisent pas à mettre en évidence la pathologie (SEOW, 1993)
L’examen doit être complété par un bilan radiographique systématique voire par d’autres
examens complémentaires.
101
Les données générales essentielles doivent être recueillies auprès de l’enfant, de ses parents et
complétées par un avis supplémentaire de son médecin, son praticien traitant ou du spécialiste
en orthodontie dento-faciale. La décision thérapeutique concerne donc les interventions de
dentisterie pluridisciplinaire. (FORTIER et DEMARS-FREMAULT, 1987)
Par ailleurs, le diagnostic génétique a une place aussi importante que le diagnostic clinique et
tient au patient lui-même. En effet, le patient est demandeur d’une information sur sa santé et
sur l’éventuelle prise en charge de sa descendance en cas de diagnostic confirmé du caractère
génétique des anomalies amélaires dont il est atteint.
102
4.2. TRAITEMENT PLURIDISCIPLINAIRE DE
L’AMELOGENESE IMPARFAITE HEREDITAIRE CHEZ
L’ENFANT
103
Le traitement pluridisciplinaire chez l’enfant possède donc six principaux objectifs :
L’amélioration de l’esthétique. (SIXOU et ROBERT, 1998)
La prévention des caries et la maintenance de la santé parodontale. (COLEY-SMITH et
BROWN, 1996)
La prévention de la perte de tissu dentaire. (COLEY-SMITH et BROWN, 1996 ;
KOSTOULAS et coll, 2005)
Le rétablissement de la dimension verticale d’occlusion et de rapports intra et
interarcades harmonieux. (SIXOU et ROBERT, 1998)
La réhabilitation des fonctions. (SIXOU et ROBERT, 1998)
La possibilité d’une réhabilitation totale de la dentition, avec un pronostic convenable à
long terme. (KOSTOULAS et coll, 2005)
La réhabilitation de la dentition atteinte de l’AIH peut être guidée selon un plan de traitement
en trois phases :
Phase temporaire :
Cette première étape commence en denture temporaire ou permanente dès que la maladie est
diagnostiquée. Elle consiste en la diminution de l’hypersensibilité dentinaire et nécessite la
motivation et la coopération de l’enfant ainsi que de ses parents face aux soins.
104
Phase transitoire :
Cette deuxième étape se réalise également en denture temporaire ou mixte dès que les
objectifs de la phase précédente ont été atteints. Elle comprend le maintien voire
l’amélioration de la dimension verticale postérieure affectée par l’attrition. La dimension
verticale antérieure peut alors ensuite être restituée : l’esthétique ainsi que la fonction sont
donc rétablis et maintenus jusqu’à la phase permanente du plan de traitement.
Phase permanente :
Cette troisième étape s’effectue à l’âge adulte en denture définitive. Elle consiste en
l’amélioration de l’esthétique et la longévité des restaurations.
(BEDI, 1989 ; BOUVIER et coll, 1996 ; SIXOU et ROBERT, 1998)
105
l’édification radiculaire est inachevée. (WALTER, 1991 ; BOUVIER et
coll, 1996)
La présence de dents temporaires dont les pulpes camérales sont
volumineuses. (WALTER, 1991 ; WILLIAMS et BECKER, 2000)
L’émail fin et la faible hauteur clinique des couronnes. (WILLIAMS et
BECKER, 2000)
Le phénomène de taurodontisme. (WALTER, 1991)
La croissance des maxillaires. (BOUVIER et coll, 1996)
Les béances antérieures et les dimensions verticales diminuées. (BOUVIER
et coll, 1996 ; ROSENBLUM, 1999)
Les dents incluses et les retards d’éruption. (BEDI, 1989)
Des urgences peuvent interférer avec le déroulement du plan de traitement :
il faut prendre en charge les fractures corono-radiculaires fréquentes sur les
dents atteintes, les pathologies endodontiques, parodontales …
L’appréhension du patient. (WILLIAMS et BECKER, 2000)
106
Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent (§ 4.1.3.1.), l’hypersensibilité dentinaire
caractérise plusieurs types d’AIH et reste souvent le motif de consultation du premier rendez-
vous.
Pour remédier à toutes les douleurs rencontrées, plusieurs techniques sont proposées :
Prescription de dentifrices et gels contre l’hypersensibilité dentinaire, voire application de
vernis fluorés si nécessaire. (ROSENBLUM, 1999 ; MACEDO et coll, 2005)
Recouvrement simple des dents sensibles par des résines, des adhésifs dentinaires, du
ciment-verre-ionomère voire par des couronnes. Dans les cas où l’hypersensibilité
devient insoutenable, la pulpectomie ou l’extraction peuvent être des solutions de derniers
recours. (BEDI, 1989 ; HUNTER et STONE, 1997)
Enseignement d’un bon contrôle de plaque avec prescription du matériel adapté : en effet,
les espaces interproximaux sont souvent élargis au niveau des dents atteintes et par
conséquent, les patients peuvent souffrir de bourrages alimentaires gênants et douloureux.
(BEDI, 1989)
Soins d’odontologie conservatrice et endodontique. (BEDI, 1989)
107
Pour optimiser cette motivation et cette coopération, plusieurs techniques sont préconisées :
Détartrage si nécessaire :
La denture n’est réhabilitée que si l’environnement parodontal est sain. (SIXOU et ROBERT,
1998)
Maintenance régulière :
Elle consiste en un contrôle fréquent des caries et des problèmes gingivaux. (BEDI, 1989)
108
Des modèles d’études peuvent être réalisés, préalablement aux phases suivantes du traitement
de l’AIH. (SIXOU et ROBERT, 1998)
109
Buts de la pose de coiffes métalliques préformées postérieures
Réajustement de l’occlusion :
La perte de dimension verticale est une caractéristique de nombreux types d’AIH. La pose de
coiffes postérieures permet donc de l’améliorer ; un réajustement de 1 à 1,5 mm est toléré.
L’augmentation de cette dimension verticale postérieure permet donc de libérer un espace
suffisant aux futures restaurations antérieures réalisées ultérieurement : la dimension verticale
antérieure est donc également modifiée. (BEDI, 1989 ; BOUVIER et coll, 1996 ; SIXOU et
ROBERT, 1998)
La pose de coiffes postérieures en surocclusion permet aussi de réduire les forces trop
importantes sur les autres dents et par conséquent d’atténuer le phénomène d’attrition. (BEDI,
1989)
Les coiffes posées sur les deuxièmes molaires temporaires permettent de laisser la place à
l’éruption des premières molaires permanentes :
En effet, à l’âge de 6 ou 7 ans, les premières molaires permanentes ont quelques difficultés à
l’éruption, du fait de la dimension verticale diminuée par attrition. Les coiffes sur les
deuxièmes molaires temporaires permettent de réduire le stress occlusal et de laisser ainsi les
dents de 6 ans évoluer normalement. Si la pose de ces coiffes reste toujours insuffisante au
développement des molaires permanentes, il est préconisé de leur mettre également des
coiffes dès leur éruption. (BEDI, 1989 ; FORTIER et coll, 1998)
De la même manière, les coiffes posées sur les premières molaires permanentes, en
denture mixte, permettent de libérer un espace suffisant à l’éruption des prémolaires
permanentes. (BEDI, 1989 ; FORTIER et coll, 1998)
110
de la dimension verticale postérieure permet également de rétablir une déglutition performante
et une mastication dynamique. (FORTIER et coll, 1998)
Les coiffes préformées ont non seulement un rôle de protection pulpaire, la couche
amélo-dentinaire étant très fine sur les dents atteintes, mais aussi un rôle de protection
dentinaire, atténuant ainsi l’hypersensibilité. (BEDI, 1989 ; BOUVIER et coll, 1996 ;
ROSENBLUM, 1999)
Autres techniques
Dans certains cas, la pose des coiffes métalliques préformées devient difficile du fait de
l’anatomie des molaires permanentes et temporaires : en effet, les dents atteintes ne présentent
pas toujours assez de rétentions pour la pose de coiffes. Plusieurs solutions sont alors
proposées :
(Les différentes techniques citées ci-dessus seront comparées et décrites ultérieurement dans
le paragraphe 4.3.)
112
antérieures à une hauteur coronaire et une occlusion convenables. Généralement, le maxillaire
est reconstitué avant la mandibule, aussi bien sur dents permanentes que temporaires.
(BEDI, 1989 ; BOUVIER et coll, 1996 ; FORTIER et coll, 1998 ; SIXOU et ROBERT, 1998)
113
4.2.3.3. Autres actes effectués au cours de la phase
transitoire
Les dents incluses et les résorptions intra-alvéolaires sont caractéristiques de certains
types d’AIH : les extractions de ces dents peuvent être réalisées pendant la phase transitoire
du traitement. (SIXOU et ROBERT, 1998)
Lorsque que certaines dents permanentes tardent à faire leur éruption, les extractions des
dents temporaires sus-jacentes peuvent être effectuées afin de favoriser l’éruption. Une
excision gingivale peut en plus accélérer l’extrusion. (NAKATA et coll, 1985)
Les élongations coronaires sont souvent indispensables au niveau des dents postérieures,
afin d’augmenter la hauteur coronaire qui parfois, par attrition, est devenue insuffisante à la
rétention des coiffes métalliques préformées. (SIXOU et ROBERT, 1998 ; KOSTOULAS et
coll, 2005)
La microabrasion amélaire est une technique qui permet d’effacer les colorations légères
par l’application d’acide chlorhydrique et de poudre de ponce sur l’émail, à l’aide
d’instruments rotatifs. Elle peut être employée en première intention, uniquement sur les dents
permanentes antérieures, avant d’envisager d’autres soins restaurateurs moins conservateurs.
(CROLL, 1995 ; ASHKENAZI et SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
114
La restauration au cours de la phase transitoire nécessite de nombreux rendez-vous et une
coopération de la part de l’enfant et des parents. Dans les cas de réhabilitations multiples et de
manque de coopération, les soins peuvent être réalisés sous sédation consciente par inhalation
de MEOPA (Mélange Equimoléculaire Oxygène Protoxyde d’Azote) ou parfois même en une
fois sous anesthésie générale. (WRIGHT et coll, 1991 ; SIXOU et ROBERT, 1998)
Après la pose des coiffes postérieures et les restaurations antérieures, il est conseillé de mettre
en place un suivi clinique et radiologique régulier :
Suivi mensuel pendant 6 mois pour vérifier le contrôle de plaque et réaliser un détartrage
si nécessaire. (WRIGHT et coll, 1991)
Puis un suivi tous les trois mois jusqu’à l’adolescence, c’est-à-dire jusqu’à la denture
permanente totale. (WRIGHT et coll, 1991)
De l’adolescence à la fin de la croissance, le suivi devient semestriel jusqu’à la phase
permanente du plan de traitement réalisée à l’âge adulte. (BANDON et coll, 2003)
Objectifs de la maintenance
115
pulpaire. Par conséquent, les restaurations sont souvent réalisées sur dents vivantes.
Cependant, le volume pulpaire plus important sur les dents jeunes n’est pas forcément un
gage de pérennité pour la pulpe. En effet, la proximité pulpaire accroît le risque de nécrose
bien qu’une pulpe jeune présente un excellent potentiel de réparation.
De plus, le risque de nécrose est augmenté par le phénomène d’attrition considéré comme une
agression de la pulpe réduisant ainsi son potentiel de réparation.
C’est pourquoi la vitalité des dents reconstituées aussi bien par les techniques de prothèse
fixée que par les techniques d’odontologie conservatrice doit être vérifiée régulièrement.
(WALTER, 1991 ; SIXOU et ROBERT, 1998 ; LINDUNGER et SMEDBERG, 2005)
Lorsque la demande esthétique est importante ou lorsque l’enfant est déjà « désabusé » par
rapport à ses dents, il est possible de réhabiliter d’abord la denture avant le traitement
orthodontique, en débutant par la reconstitution du secteur antérieur maxillaire. (SIXOU et
ROBERT, 1998 ; LUZZI et coll, 2003)
Dans ce cas, la pose des coiffes métalliques préformées dans le secteur postérieur doit
survenir très peu de temps après, afin d’éviter l’attrition rapide des restaurations antérieures.
(SIXOU et ROBERT, 1998)
Paradoxalement, commencer par reconstituer une prémolaire (en denture définitive) ou une
première molaire lactéale (en denture temporaire) peut également motiver le patient sans
toucher aux incisives centrales si « sensibles psychologiquement ». De plus, cela permet
aussi de tester la teinte et la tenue de la reconstitution. (SIXOU et ROBERT, 1998)
La phase transitoire est donc améliorée dès l’éruption de toutes les dents permanentes,
exceptées les dents de sagesse et quand le traitement d’orthopédie dento-faciale est terminé.
L’enfant peut alors continuer à suivre une vie normale jusqu’au traitement final lors de la
phase permanente.
La phase transitoire aboutit à des reconstitutions fonctionnelles et esthétiques qui pourront
être améliorées à l’âge adulte. (BOUVIER et coll, 1996)
117
Techniques utilisées pour les restaurations définitives
Occlusodontie :
La dimension verticale d’occlusion doit être réévaluée et peut encore être surélevée si
nécessaire avec les prothèses définitives. De plus, l’occlusion doit être réajustée afin de
minimiser le phénomène d’attrition et par conséquent, les traumatismes aux collets des dents.
(BOUVIER et coll, 1996 ; BANDON et coll, 2003)
Chirurgie gingivale :
Elle est parfois nécessaire entre la prothèse transitoire et la prothèse définitive afin
d’améliorer la hauteur coronaire des restaurations. (SIXOU et ROBERT, 1998 ;
KOSTOULAS et coll, 2005)
Prothèse fixée :
Le traitement reste plus sophistiqué à l’âge adulte : par exemple, des inlay-cores peuvent être
réalisés et parallélisés pour la confection de bridges. Pour les prothèses définitives, les dents
sont donc repréparées, les facettes et les composites de grande ampleur souvent remplacés par
des couronnes ou par des onlays. (BOUVIER et coll, 1996)
Etant donné que les dents sont repréparées, il est donc conseillé d’ajouter au plan de
traitement une phase de reconstitution, à l’aide de couronnes provisoires en résine préfigurant
globalement les couronnes définitives et permettant ainsi de contrôler l’occlusion et la
dimension verticale en harmonie avec le reste de la cavité buccale. (WALTER, 1991 ;
WILLIAMS et BECKER, 2000)
Selon les moyens financiers du patient, les choix des matériaux utilisés sont :
Couronnes céramo-métalliques. (WALTER, 1991 ; WILLIAMS et
BECKER, 2000 ; YIP et SMALES, 2003)
Couronnes céramo-céramiques. (WALTER, 1991 ; WILLIAMS et
BECKER, 2000 ; YIP et SMALES, 2003 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
Couronnes métalliques. (WALTER, 1991)
Couronnes en or. (BANDON et coll, 2003 ; YIP et SMALES, 2003)
Inlays/onlays/overlays métalliques, céramiques ou composites. (NEL et
coll, 1997 ; SENGUN et ÖZER, 2002 ; GEMALMAZ et coll, 2003 ; YIP et
SMALES, 2003 ; AYERS et coll, 2004)
118
Prothèse adjointe et implantologie :
Il arrive parfois que certaines dents doivent être extraites entre la phase transitoire et la phase
permanente, souvent suite à un suivi et une maintenance insuffisante. Par conséquent, malgré
la tentative de réhabilitation par de la prothèse fixée dès le plus jeune âge, l’ultime solution
reste parfois la prothèse adjointe partielle voire totale dans certains cas, ou l’implantologie si
l’os le permet. (COLEY-SMITH et BROWN, 1996 ; YIP et SMALES, 2003)
La prothèse adjointe peut aussi être réalisée sur overdenture, c’est-à-dire que la prothèse
couvre toute la dentition et le palais dur : les dents étant déjà réduites en volume et la
dimension verticale nécessitant une élévation, les dents n’ont pas besoin d’être taillées.
(RENNER et FERGUSON, 1983)
La microabrasion amélaire :
De la même façon qu’en phase transitoire de traitement de l’AIH, la microabrasion peut être
utilisée pour effacer les colorations légères des dents permanentes antérieures. (ASHKENAZI
et SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
Suivi et maintenance
La mise en place d’une maintenance régulière après la pose des prothèses définitives est
indispensable afin de surveiller l’état de santé parodontale, vérifier la vitalité des dents
traitées, contrôler l’équilibration occlusale et prendre en charge les urgences.
Il est conseillé de suivre l’occlusion à une semaine, un mois puis trois mois après livraison.
(WILLIAMS et BECKER, 2000)
Par ailleurs, une gouttière de protection nocturne est parfois préconisée comme mesure
prophylactique pour protéger notamment la céramique après restauration de la dimension
verticale d’occlusion.
(NEL et coll, 1997 ; WILLIAMS et BECKER, 2000 ; KOSTOULAS et coll, 2005 ;
SCHMIDLIN, 2005)
119
Des études sur le taux de satisfaction des patients ont démontré que globalement, ils sont
contents de leur traitement, surtout pour l’aspect final esthétique et pour la diminution de la
sensibilité. Le seul reproche émis par les patients pris en charge tardivement, est qu’ils
auraient préféré bénéficier d’une réhabilitation plus précoce, avant l’âge de 16 ans : les phases
préalables à la restauration définitive sont donc indispensables à la prise en charge de
l’amélogenèse imparfaite héréditaire. (LINDUNGER et SMEDBERG, 2005)
CONCLUSION
Il existe plusieurs traitements possibles de l’amélogenèse imparfaite héréditaire. Chaque cas
doit être envisagé de façon spécifique dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire. Le choix
du traitement est fonction de la nature et de l’intensité de l’atteinte, ainsi que des conditions
parodontales et orthodontiques. Ce choix est également établi en fonction du profil
psychologique du patient et de son entourage. (SIXOU et ROBERT, 1998)
Une réhabilitation ne peut être réussie que si le patient est motivé, s’il est capable d’assurer
une hygiène bucco-dentaire correcte et s’il se responsabilise face à ses propres soins au long
terme. (SIXOU et ROBERT, 1998 ; AYERS et coll, 2004)
La prise en charge ne doit pas se restreindre à une restauration uniquement sur le plan dentaire
mais doit inclure une thérapeutique psychologique accompagnant chaque étape de la
réhabilitation. (COFFIELD et coll, 2005)
120
4.3. LES DIFFERENTES TECHNIQUES DE
REHABILITATION DES DENTS ATTEINTES DE L’AIH
4.3.1. Prévention
Indications :
121
Techniques :
122
Moyens adjuvants chimiques de l’hygiène bucco-dentaire :
Le praticien peut prescrire un dentifrice notamment contre la sensibilité dentinaire. Les bains
de bouche à la chlorhexidine ne sont indiqués qu’en cas de gingivite ou parodontite et ne
peuvent être administrés qu’à partir de 6 ans.
(FLAMAND et BERCY, 1996 ; YIP et SMALES, 2003 ; MACEDO et coll, 2005)
Révélateurs de plaque :
Ils peuvent être utilisés pour mettre en évidence la plaque et permettre aux patients de vérifier
l’efficacité de leur brossage.
(FLAMAND et BERCY, 1996)
Indications :
123
Lors de la maintenance de la phase permanente. (WILLIAMS et BECKER, 2000)
L’indication du détartrage est le traitement de la gingivite. Dans cette affection, il n’y a pas de
perte d’attache : la paroi dentaire du sillon ou de la poche gingivale se trouve constituée
uniquement par une face d’émail sur laquelle le tartre adhère peu et se détache aisément.
(BERCY, BLASE et DE BEULE, 1996)
Techniques :
Détartrage :
Il est réalisé à la main ou à l’aide d’un détartreur ultrasonique. Il permet de détacher le tartre
des surfaces dentaires, tant coronaires que radiculaires et peut être effectué si nécessaire sous
anesthésie locale.
(BERCY, BLASE et DE BEULE, 1996)
124
Réévaluation parodontale :
Elle s’effectue entre 3 à 6 mois après le traitement initial parodontal et consiste en l’analyse
du contrôle de plaque, du saignement, en un sondage et un bilan radiographique. Différentes
décisions en résultent : renforcement du contrôle de plaque, soins de soutien, nouveau
surfaçage localisé à l’aveugle ou chirurgical. (BERCY, BLASE et DE BEULE, 1996)
Le but du traitement étiologique parodontal est donc d’obtenir des surfaces lisses, dures et
propres, de diminuer le saignement et l’inflammation : la santé parodontale est un préalable
indispensable à la réhabilitation prothétique. (COFFIELD et coll, 2005)
Indications :
Techniques :
Gingivoplastie / gingivectomie :
La gingivectomie correspond à l’excision du tissu gingival hyperplasique et la gingivoplastie,
à l’excision des cratères gingivaux. Les incisions utilisées sont des biseaux externes ou
internes ; une ostéoplastie peut être réalisée simultanément si nécessaire. (BERCY et BLASE,
1996 ; MACEDO et coll, 2005)
Ces techniques permettent de corriger la forme et l’asymétrie des contours gingivaux. Il est
préconisé d’attendre 3 à 5 mois avec couronne provisoire adaptée à la limite marginale avant
de réaliser la prothèse. (WILLIAMS et BECKER, 2000 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
L’excision gingivale est également une technique qui peut être utilisée pour accélérer les
éruptions retardées de dents permanentes. En effet, même après extractions des dents
temporaires sus-jacentes, certaines dents permanentes tardent toujours à émerger. On peut
126
alors réaliser une excision gingivale jusqu’à exposer la couronne de la dent. (NAKATA et
coll, 1985)
Distal wedge :
Il correspond à l’excision cunéiforme ou au désépaississement muqueux du tissu fibreux en
distal des molaires ; une ostéoplastie peut être réalisée simultanément si nécessaire. (BERCY
et BLASE, 1996)
Indications :
La SFOP (Société Française d’Odontologie Pédiatrique) préconise une consultation dans les
six mois suivant l’éruption de la première dent pour n’importe quel enfant, afin de donner les
127
conseils concernant la prévention en matière d’hygiène bucco-dentaire et alimentaire et
d’utilisation des fluorures. Ce premier rendez-vous permet aussi de diagnostiquer des
maladies bucco-dentaires précoces telles que l’AIH. (d’ARBONNEAU et coll, 2006)
Le praticien doit également évaluer le plus tôt possible le risque carieux de l’enfant selon un
bilan basé sur les critères suivants :
Les risques propres au patient : l’historique médical (xérostomie…), l’expérience
carieuse, l’hygiène bucco-dentaire, le bilan nutritionnel et la régularité dans le suivi
dentaire.
Les risques individuels de chaque dent : la morphologie des puits et fissures, le niveau
d’éruption et la qualité de l’émail.
(DROZ et coll, 2004)
Comme nous l’avons vu précédemment dans le paragraphe 4.1.3.1., la carie n’est pas une
caractéristique évidente de l’AIH. Par conséquent, l’orientation actuelle serait de concentrer
les efforts sur les patients à haut risque carieux. (HAÏKEL, 2001)
Dès la phase temporaire du traitement.
Puis tout au long de la prise en charge.
Les mesures de prévention carieuse chez un enfant atteint de l’AIH restent les mêmes que
chez un enfant sain. En effet, les techniques utilisées, que ce soit par fluoration ou par
scellements des sillons et puits, sont aussi efficaces sur un émail sain que sur un émail atteint.
(RENNER et FERGUSON, 1983 ; SEOW, 1993 ; COLEY-SMITH et BROWN, 1996 ;
HUNTER et STONE, 1997 ; SIXOU et ROBERT, 1998 ; ROSENBLUM, 1999; BANDON et
coll, 2003 ; LUZZI et coll, 2003 ; YIP et SMALES, 2003; AYERS et coll, 2004 ;
LINDUNGER et SMEDBERG, 2005 ; SCHMIDLIN, 2005)
128
Selon la SFOP, les recommandations alimentaires sont précises en fonction de l’âge de
l’enfant :
Lors de la petite enfance, l’objectif est de lutter contre les caries précoces :
Il a été remarqué que les enfants ayant été allaités présentent moins de
cariosensibilité que les enfants élevés au biberon.
L’allaitement tardif doit être évité et l’allaitement nocturne doit cesser dès
l’éruption de la première dent.
A partir de 12 à 14 mois, l’usage du biberon doit être réduit au profit d’une
alimentation plus solide et moins cariogène. Il faut encourager l’enfant à
boire à la tasse dès l’âge d’un an.
Les biberons contenant autre chose que de l’eau au coucher sont à
proscrire. La consommation de jus de fruits dans un biberon est également
à éviter : l’utilisation d’une tasse est préférable dès que l’enfant est capable.
129
L’activité physique doit aussi être encouragée afin de limiter le grignotage
devant la télévision ou devant les jeux électroniques.
(d’ARBONNEAU et coll, 2006)
L’émail n’étant que semi-perméable, l’application topique de fluor ne peut affecter que les
cristaux en surface, contrairement à l’apport fluoré par voie générale. Par conséquent, sans
risquer une fluorose, une teneur adéquate de fluor dans la couche superficielle de l’émail
pourrait exercer une protection contre la dissolution cristalline engendrée par les phénomènes
carieux. (NANCI et GOLDBERG, 2001)
L’effet protecteur le plus important est sur les dents en stade post-éruptif précoce, c’est-à-dire
pendant l’émergence sur l’arcade puis dans les mois suivants. L’efficacité au stade pré-éruptif
reste limitée. (SIXOU et coll, 2004)
Il est recommandé de privilégier l’apport de fluor par voie topique car leur effet cario-
protecteur est très supérieur à celui des fluorures administrés par voie générale. L’efficacité
des topiques est obtenue par la présence régulière de fluorures à faible dose, sur une période
prolongée. (SIXOU et coll, 2004)
130
Les dentifrices et les bains de bouche fournissent régulièrement la salive et la plaque en fluor.
L’application de gels ou de vernis fluorés permet de maintenir des concentrations de fluor sur
des périodes beaucoup plus longues. (HAÏKEL, 2001)
131
Selon les indications de la SFOP, il est reconnu que seule l’utilisation du dentifrice suffit à
l’apport fluorique recommandé :
Dès l’apparition des premières dents, il est conseillé d’appliquer une
solution fluorée ou un dentifrice à 250 ppm à l’aide d’une brosse à dent ou
d’une compresse.
Dès l’apparition des premières molaires, le dentifrice peut contenir 250 à
500 ppm.
Dès que l’enfant sait cracher correctement (vers 6 ans), le dentifrice
préconisé est de 1000 à 1500 ppm.
Les vernis, bains de bouche et gels peuvent être associés au dentifrice
uniquement quand le risque carieux est important ou lors de la période
d’émergence des dents permanentes pendant laquelle la susceptibilité
carieuse augmente.
(SIXOU et coll, 2004)
Selon les recommandations de la SFOP et de l’HAS (Haute Autorité de Santé), ils sont
indiqués sur :
Les dents permanentes non cariées chez les sujets à risque carieux.
Les dents permanentes non cariées chez les sujets à faible risque carieux
mais présentant des puits et des sillons anfractueux.
Tous les sites cariosusceptibles des dents temporaires et permanentes chez
des enfants atteints de troubles médicaux, physiques ou intellectuels.
132
Les lésions carieuses limitées à l’émail : cet emploi thérapeutique permet
de freiner la progression des caries débutantes.
(DROZ et coll, 2004 ; HAS, 2005)
Ils sont indiqués sur les dents atteintes de l’AIH si leur surface occlusale ne requiert pas de
soins restaurateurs. (LUZZI et coll, 2003)
Il est difficile de trouver la bonne combinaison des méthodes de prévention carieuse. Toutes
sont efficaces mais cependant les sealants constituent le facteur principal de réduction de la
carie des sillons. Une harmonisation des méthodes combinées de fluoration s’impose donc
afin d’éviter les surdosages et l’apparition de la fluorose dentaire. (HAÏKEL, 2001)
Par ailleurs, toutes ces mesures prophylactiques ne suffisent pas à améliorer la quantité et la
qualité de l’émail atteint de l’AIH. (SENGUN et ÖZER, 2002)
Indications :
L’hypersensibilité doit être traitée dès qu’une douleur fugace et transitoire est ressentie en
réponse à un stimulus chimique (acide), thermique (aliments ou boissons chauds ou froids,
exposition à l’air), tactile (brosse à dents, sondes, ongles…) ou osmotique (sucre, gels)
appliqué à une zone de dentine exposée suite à la perte d’émail.
(VREVEN et VAN NIEUWENHUYSEN, 1996)
133
Techniques :
Moyens chimiques :
Certains produits appliqués à la surface de la dent vont induire la formation de molécules peu
solubles capables de diminuer la perméabilité des tubuli dentinaires. (VREVEN et VAN
NIEUWENHUYSEN, 1996)
134
Les gels, notamment à base de fluorure d’étain, provoquent la fermeture des tubuli par la
formation de complexes à partir de l’étain : l’application de ces gels au niveau des zones
sensibles ne sont conseillés qu’à partir de 12 ans. (Il existe aussi d’autres gels à base de
fluorure de sodium ou de nitrate de potassium.)
(VREVEN et VAN NIEUWENHUYSEN, 1996)
Par ailleurs, il peut être intéressant d’appliquer ces agents désensibilisants dans l’intrados des
gouttières de surocclusion. (YIP et SMALES, 2003)
De plus, un rinçage à l’eau tiède, après brossage, peut également être recommandé. (AYERS
et coll, 2004)
Moyens mécaniques :
Le placement de matériaux à la surface de la dentine, en scellant les tubuli, empêche le
mouvement liquidien intracanaliculaire et réduit donc la sensibilité. (VREVEN et VAN
NIEUWENHUYSEN, 1996)
135
L’hypersensibilité dentinaire est un paramètre compliquant le déroulement du plan de
traitement et accentuant parfois la difficulté de coopération, c’est pourquoi elle doit être prise
en charge le plus tôt possible.
Par ailleurs, elle contraint souvent à pratiquer une anesthésie, même pour des gestes peu
invasifs :
L’anesthésie locale est souvent pratiquée. (SIXOU et ROBERT, 1998)
L’anesthésie électronique peut parfois être efficace. (SIXOU et ROBERT,
1998)
Lorsque l’enfant n’est pas coopérant, il faut parfois avoir recours à une
sédation consciente par inhalation de MEOPA voire à une anesthésie
générale. (AYERS et coll, 2004)
Indications :
Contre-indications :
Les défauts modérés à sévères, c’est-à-dire les dyschromies étendues, les colorations opaques
larges et nettement délimitées, ne peuvent disparaître par un traitement seulement superficiel.
De la même façon, la microabrasion est inappropriée sur les dents dont l’émail restant est trop
fin. L’épaisseur d’émail est considérée inadéquate à partir du moment où la sonde s’enfonce
dedans et où la dentine sous-jacente est exposée. La profondeur des taches et dysplasies est
évaluée grâce à différentes méthodes telles l’examen du bord libre en vue occlusale, la
transillumination, ou encore par un essai de microabrasion sur une dent peu accessible au
regard.
Il est préférable d’utiliser les techniques de reconstitutions directes ou indirectes pour
améliorer l’esthétique des dents atteintes qui restent contre-indiquées à la microabrasion.
Par ailleurs, la non-coopération de l’enfant peut devenir aussi un obstacle à la mise en œuvre
du protocole de microabrasion.
(ASHKENAZI et SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
137
Avantages :
Esthétique :
Le résultat esthétique est très satisfaisant si les indications sont respectées. Non seulement la
coloration est éliminée, mais les qualités optiques de l’émail sont également améliorées.
(CROLL et CAVANAUGH, 1986 ; CROLL, 1995 ; ASHKENAZI et SARNAT, 2000 ;
CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
138
Inconvénients :
Les indications sont limitées, surtout dans les cas d’AIH, car les dyschromies sont rarement
légères et peu profondes. De plus, la technique ne traite que les dents antérieures, sans
restauration de la morphologie des dents atteintes souvent délabrées.
Le mécanisme peu clair de la technique reste controversé quant aux réelles répercussions
histopathologiques sur l’émail déjà affecté par l’AIH.
Par ailleurs, même si cette technique reste moins chère que les reconstitutions prothétiques, le
tarif n’est pas inclus dans la nomenclature et n’est pas pris en charge par la sécurité sociale ni
les complémentaires. Par conséquent, libre à chaque praticien d’appliquer le tarif qu’il
souhaite…
(ASHKENAZI et SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
Techniques :
139
par la microabrasion qui permet de lisser et « glacer » la surface. (CHAFAIE et HEYRAUD,
2006)
Après élimination de la plaque et détartrage des surfaces à traiter, les dents sont isolées à
l’aide d’une digue en caoutchouc. Des ligatures en fil de soie dentaire peuvent être utilisées
pour mieux immobiliser la digue. (CROLL et CAVANAUGH, 1986 ; CROLL, 1995 ;
ASHKENAZI et SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
Les gencives peuvent être également protégées avec de la vaseline. (ASHKENAZI et
SARNAT, 2000)
Une pâte épaisse, obtenue par la dissolution de bicarbonate de sodium avec de l’eau, peut être
placée sur la digue pour protéger des projections d’acide. (CROLL et CAVANAUGH, 1986)
Application du produit :
Le produit est composé d’acide chlorhydrique à 36 %, dissout avec de l’eau distillée, afin
d’obtenir une solution d’acide chlorhydrique à 18 %. Une fine poudre de ponce ou d’oxyde de
silicium est ajoutée afin d’obtenir une pâte épaisse. (CROLL et CAVANAUGH, 1986 ;
ASHKENAZI et SARNAT, 2006)
Il existe aujourd’hui dans le commerce des pâtes préfabriquées. (CHAFAIE et HEYRAUD,
2006)
La pâte à 18% d’acide chlorhydrique est appliquée à l’aide d’une spatule ou pinceau sur les
surfaces vestibulaires de la dent, tout en maintenant un coton-tige en palatin pour absorber les
excès d’acide. (CROLL et CAVANAUGH, 1986)
Plus récemment, il est préconisé d’appliquer la pâte à l’aide d’une cupule spécifique en
caoutchouc, montée sur contre-angle réducteur (bague verte) à la vitesse de 500 tours par
minute, afin d’améliorer l’action mécanique de la technique. (CROLL, 1995 ; ASHKENAZI
et SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
Dans les deux méthodes, l’application s’effectue par pression douce, afin de ne pas devenir
trop abrasif. La pression doit néanmoins rester constante afin de frotter réellement la pâte sur
les surfaces amélaires. La durée d’application ne doit pas dépasser 10 secondes et doit être
suivie d’un rinçage abondant à l’aide d’un spray air/eau pendant 20 secondes. L’aspiration de
l’eau de rinçage doit être efficace, afin d’éviter toute contamination du patient par l’acide. Le
cycle d’application peut être répété au maximum 10 fois par dent. L’épaisseur d’émail doit
être contrôlée entre chaque cycle. Les colorations doivent disparaître et l’émail doit prendre
140
un aspect « glacé ». (CROLL et CAVANAUGH, 1986 ; CROLL, 1995 ; ASHKENAZI et
SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
La microabrasion peut être répétée au cours de 2 à 3 séances. (CHAFAIE et HEYRAUD,
2006)
Polissage et fluoration :
Le polissage, s’il paraît nécessaire, est réalisé avec des disques très fins. (CROLL et
CAVANAUGH, 1986 ; CROLL, 1995 ; CHAFAIE et HEYRAUD, 2006)
Aucune justification n’a été mise en évidence concernant la fluoration. Elle est pratiquée par
une application professionnelle de gel fluoré ou de pâte prophylactique ou de vernis fluoré. La
prescription d’un dentifrice hautement fluoré peur éviter la fluoration au fauteuil. (CROLL et
CAVANAUGH, 1986 ; CROLL, 1995 ; ASHKENAZI et SARNAT, 2000 ; CHAFAIE et
HEYRAUD, 2006)
Grâce aux progrès des matériaux et des techniques, le collage à l’émail et à la dentine est un
traitement fiable de plus en plus employé en odontologie conservatrice. En effet, les
matériaux actuels, particulièrement adaptés aux cavités de classes III, IV et V, sont à présent
également utilisés pour les restaurations de classes I et II. (CROLL, 2000)
Dans les cas d’AIH, les techniques adhésives directes sont devenues un élément de choix dans
la prise en charge de l’anomalie. En effet, les restaurations des dents affectées présentant
souvent des limites amélaires faibles et fragiles, le risque de fractures des dents soignées est
plus faible avec une reconstitution collée qu’avec une reconstitution à l’amalgame. (SEOW,
1993)
141
Lors de la réhabilitation de la denture atteinte d’AIH, les techniques adhésives directes sont
indiquées :
142
préférables. Pour les reconstitutions antérieures, il existe des coiffes aves
des facettes en résine. (SEOW, 1993)
De même, lors de la réhabilitation définitive, si le collage est défectueux, la
prothèse fixée est indiquée. (YIP et SMALES, 2003)
Mordançage de l’émail :
Le mordançage ou etching est la première étape du collage. Il consiste en l’application sur
l’émail d’un acide phosphorique concentré de 30 à 40% qui permet d’éliminer environ 10µm
d’émail superficiel et de provoquer une surface rugueuse après une dissolution partielle des
prismes d’émail sur une profondeur de 10 à 20µm. Cette surface rugueuse permet de faciliter
la mouillabilité et d’augmenter la rétention micromécanique indispensables pour un collage
efficace. (BLUNCK, 2000)
Mordançage de la dentine :
Il dissout la boue dentinaire laissée par chaque utilisation d’instruments sur la surface
dentinaire, élimine la couche superficielle de dentine, ouvre les tubules et déminéralise la
surface.
Après rinçage, la couche déminéralisée est réduite à une trame de collagène puisque le
support d’hydroxyapatite a disparu. Cette dentine doit être gardée déminéralisée, humide ou
moite car tout séchage de la dentine provoque un affaissement des fibres de collagène et gène
la pénétration des monomères dans la dentine déminéralisée. Cet obstacle est surmonté par
l’utilisation d’un primaire hydrophile incorporé ou non au bonding et permettant d’induire la
diffusion de l’adhésif dans le réseau de collagène et dans les tubules ouverts par la formation
d’une couche mixte appelée « couche hybride ». Les primaires actuels permettraient
maintenant de coller avec la même efficacité, que la dentine soit sèche ou humide.
(BLUNCK, 2000)
143
Aujourd’hui, la technique du mordançage total de l’émail et de la dentine simultanément,
avec élimination de la boue dentinaire, est la plus fréquente. Le gel de mordançage requiert
une action plus longue sur l’émail que sur la dentine. Par conséquent, ce gel doit d’abord être
appliqué sur l’émail puis ensuite sur la dentine et le rinçage des deux surfaces s’effectue en
même temps. (BLUNCK, 2000)
Les trois types de mordançage sur émail sain observés en microscopie électronique sont :
o Le type I montre une disparition des cœurs des prismes et une périphérie intacte.
o Le type II présente une dissolution périphérique des prismes et les cœurs intacts.
o Dans le type III, la dissolution amélaire est indépendante de la structure prismatique.
Le type I est la surface mordancée la plus fréquente.
(SEOW et AMARATUNGE, 1998 ; BLUNCK, 2000)
144
Dans les cas d’hypoplasies piquetées, le type I est concentré au niveau des dépressions
amélaires en forme de têtes d’épingle.
Dans les cas d’hypoplasies liées à l’X chez les femmes, des bandes d’émail mordancé
contenant les trois types alternent avec des bandes anormales présentant seulement le type II.
Ces caractéristiques sont des conséquences de l’effet de lyonisation.
Dans les cas d’hypoplasies lisses, aucune différence n’est remarquée avec l’émail non
mordancé.
(SEOW et AMARATUNGE, 1998; YIP et SMALES, 2003)
Il est donc supposé que le collage reste adéquat dans les types hypocalcifiés, hypomatures et
hypoplasie piquetée mais peut être altéré à cause d’un mordançage défectueux dans les autres
cas. (SEOW et AMARATUNGE, 1998)
Il est également conseillé de réduire le temps de mordançage (environ 15 secondes) sur les
dents jeunes, surtout sur les dents permanentes immatures, afin d’éviter de provoquer une
nécrose pulpaire suite à une exposition trop longue. (SIXOU et ROBERT, 1998)
De plus, si la dentine apparaît sclérotique, c’est-à-dire si des tubuli sont oblitérés par une
dentine péritubulaire épaissie, il est recommandé un mordançage de courte durée ou l’emploi
des primaires acides plutôt que les produits combinés. (SCHMIDLIN, 2005)
La teneur en protéines, plus élevée au niveau de l’émail atteint, pourrait également constituer
un facteur d’échec des collages. En effet, il est possible que cet excès empêche un
mordançage adéquat ainsi qu’une pénétration convenable de l’adhésif. Un prétraitement à
l’hypochlorite de sodium est alors parfois préconisé : ce dénaturant protéique permettrait de
réduire la couche amorphe de surface (décrite précédemment dans le paragraphe 2.2.2.). Par
conséquent, la surface mordancée deviendrait alors plus importante : il a été démontré que les
zones apparaissant non mordancées après etching dans certains types d’AIH présenteraient
des prismes mordancés après application d’hypochlorite de sodium.
Cependant, l’utilisation de cette technique est à modérer. En effet, ce prétraitement serait
efficace dans les cas présentant des excès de protéines mais lorsque leur concentration reste
145
normale, il pourrait devenir néfaste au niveau des cristaux déjà en quantité insuffisante dans
certains types d’AIH.
(VENEZIE et coll, 1994 ; SEOW et AMARATUNGE, 1998 ; SENGUN et ÖZER, 2002)
Malgré les états de surface altérés après mordançage et malgré les excès de protéines, les
analyses révèlent que l’adhésion reste tout de même satisfaisante dans la plupart des cas. A
partir du moment où la surface mordancée présente un aspect crayeux et opaque, il est
considéré que l’adhésion reste adéquate, même si la surface mordancée n’est pas optimale.
(SCHMIDLIN, 2005)
L’adhésif mis en contact intime avec la surface conditionnée par le mordançage, assure une
rétention micromécanique du substrat dentaire. Il consiste en l’application d’un primaire
(monomère hydrophile) sur la dentine suivie de l’application d’un adhésif qui stabilise la
dentine infiltrée de monomère et qui copolymérisera avec la résine composite. Les deux
produits peuvent être conditionnés en un seul liquide qui remplit les fonctions du primaire et
de l’adhésif. Il existe aussi des adhésifs auto-mordançants. (BLUNCK, 2000)
Si la surface mordancée est adéquate, aucune différence n’a été mise en évidence entre le
bonding d’un émail sain et celui d’un émail atteint. (SCHMIDLIN, 2005)
Les résines composites sont des matériaux photopolymérisables constitués de trois éléments :
o Une résine à base de monomères diméthacrylates relativement hydrophobes contenant
un initiateur de polymérisation.
o Des charges inorganiques.
o Un agent de couplage liant chimiquement les charges à la matrice de résine.
146
La lumière irradiée dans le domaine du bleu transforme l’initiateur de polymérisation en
radicaux libres. Ces derniers permettent à la polymérisation de se poursuivre et d’aboutir à la
formation d’un réseau tridimensionnel avec de nombreuses réticulations. (PEUTZFELDT,
2000)
- Les résines composites ont fait la preuve qu’ils sont plus faciles à utiliser que
l’amalgame sur les dents temporaires, si elles sont manipulées correctement. La
technique est également plus aisée que celle de la prothèse, notamment chez l’enfant.
(CROLL, 2000 ; GUASTALLA, 2003 ; AYERS et coll, 2004)
- Elles restent moins mutilantes que la prothèse antérieure. En effet, la dent étant
préparée a minima, ce protocole peu invasif reste un choix intéressant en première
intention. (GUASTALLA, 2003 ; CROLL, 2000)
- Ces matériaux sont au moins aussi durables et performants que les amalgames, s’ils
sont utilisés correctement (CROLL, 2000). Il est démontré que 95% des restaurations
sont considérées acceptables après 18 mois (TÜRKÜN, 2005). Les composites collent
fortement et durablement à l’émail ainsi qu’à la dentine et créent une interface
imperméable à la percolation salivaire (CROLL, 2000).
- Les composites actuels sont suffisamment esthétiques. Ils remplacent l’émail et la
dentine en imitant les deux par biomimétisme. La teinte reste stable pendant plusieurs
années et l’état de surface peut devenir aussi lisse que l’émail après un bon polissage.
(BOUVIER et coll, 1996 ; CROLL, 2000 ; GUASTALLA, 2003 ; TÜRKÜN, 2005)
- Ils présentent des propriétés physiques convenables et persistantes dans le temps. Ils
résistent à la dissolution et à la dégradation dans l’environnement buccal et ne
subissent pas de corrosion. De plus, leur excellente résistance à l’usure et à la fracture
leur confère une solidité suffisante. (BOUVIER et coll, 1996 ; CROLL, 2000)
- La conductibilité thermique reste faible, ce qui permet de diminuer l’hypersensibilité
dentinaire par un recouvrement simple des dents par du composite. (CROLL, 2000 ;
TÜRKÜN, 2005)
- Le matériau est radio opaque. (CROLL, 2000)
147
- Les composites ne sont pas toxiques et sont biocompatibles avec la pulpe et les tissus
parodontaux environnants. De rares allergies aux monomères ont été rapportées.
(CROLL, 2000)
- Les restaurations au composite sont des soins pris en charge et restent donc moins
onéreux que la prothèse. (BOUVIER et coll, 1996 ; CROLL, 2000)
- La qualité des résultats cliniques médiocres des composites est à mettre en relation
avec une manipulation inadéquate. En effet, un champ opératoire rigoureux est
indispensable et parfois difficile à obtenir lorsque le patient n’est pas coopérant. Les
reconstitutions doivent être réalisées par apports successifs et minutieux de matériau
afin d’éviter des microhiatus à l’interface résine/dent. (CROLL, 2000)
- Le collage a réellement des risques d’échec si l’émail comporte moins de 70% de
minéraux par volume, c’est-à-dire lorsque la sonde s’enfonce dans l’émail. (VENEZIE
et coll, 1994)
- La différence d’expansion thermique entre le composite et la structure dentaire risque
de créer aussi un microhiatus à l’interface de la dent. De même, le retrait de
polymérisation engendre cette caractéristique indésirable. (CROLL, 2000)
- Lors d’un collage direct sur la dentine mordancée, une sensibilité post-opératoire est
parfois rapportée. Cette particularité est due à une absence de fond de cavité ou à une
absence de base remplaçant la dentine (telle un ciment verre ionomère). (CROLL,
2000)
Les composites hybrides actuels comportent de hauts niveaux de charges et ont maintenant
une bonne résistance à l’usure et d’excellentes propriétés mécaniques pour être utilisés aussi
bien en antérieur qu’en postérieur. Cependant, les coiffes métalliques préformées postérieures
gardent un taux de succès supérieur à celui des composites. (BEDI, 1989 ; GORACCI, 2003)
148
Techniques des restaurations directes à la résine composite :
Composites antérieurs :
Les restaurations peuvent être réalisées dent par dent ou par groupe de dents. Dans ce dernier
cas, il est préférable de reconstituer les dents par paires, c’est-à-dire les deux centrales puis les
deux latérales… (SIXOU et ROBERT, 1998)
Par ailleurs, les reconstitutions antérieures au composite peuvent être préformées sur les
moulages afin de montrer le résultat final au patient avant de commencer les soins.
(TÜRKÜN, 2005)
149
l’isolation de la dent peut être obtenue par de simples cotons salivaires associés à une
aspiration efficace. Un fil rétracteur gingival peut être appliqué afin de réduire l’humidité
sulculaire et afin d’empêcher la diffusion des produits dans le sulcus. (TÜRKÜN, 2005)
150
Mise en place de la résine composite :
La restauration peut être facilitée à l’aide de moules en celluloïd préformés. Il suffit de les
ajuster sur les moignons préparés superficiellement, de les remplir de composite et de
photopolymériser. (SIXOU et ROBERT, 1998)
En l’absence de moules, des matrices translucides doivent être insérées en proximal afin
d’éviter au composite de coller aux dents voisines. Il est judicieux de mettre en place ces
matrices avant le bonding afin que, de la même façon, il n’adhère aux dents adjacentes.
Différentes teintes et opacités peuvent être utilisées pour un mimétisme plus important. La
dentine peut être imitée par un « composite-dentine » opaque et l’émail par un « composite-
émail » plus translucide. Les composites modernes hybrides à petites particules montrent des
caractéristiques optiques de surface stables se rapprochant de celles de l’émail.
Le composite est appliqué par couches successives n’excédant pas 2 mm d’épaisseur et étant
photopolymérisées pendant 40 secondes.
(ROULET et SPREAFICO, 2003a ; TÜRKÜN, 2005)
Finitions :
La digue, les moules et les matrices peuvent être retirées et les excès de l’agent de liaison
doivent être éliminés à l’aide de la sonde. (SIXOU et ROBERT, 1998)
L’occlusion doit être ajustée par fraisage des contacts maxillo-mandibulaires trop importants.
Le polissage peut être réalisé à l’aide de fraises diamantées à grains fins montées sur contre-
angle bague rouge ou sur turbine sous spray, ainsi qu’à l’aide de bandelettes et de disques
abrasifs. (SIXOU et ROBERT, 1998 ; TÜRKÜN, 2005)
Préparation de la dent :
La préparation de la cavité doit se restreindre au retrait de la carie. Les principes traditionnels
d’extension préventive et de création d’une forme de rétention, très invasifs pour les tissus
dentaires sains, ont été abandonnés, grâce à l’efficacité des systèmes adhésifs actuels. Les
préparations ne doivent pas être biseautées et l’angle cavo-superficiel des limites doit avoir
une configuration bien finie de 90°. (KOUBI et coll, 2003 ; LUZZI et coll, 2003 ; TÜRKÜN,
2005)
152
Finitions :
La finition est obtenue par la dépose des coins interdentaires, de la matrice et de la digue, par
un ajustement de l’occlusion, ainsi que par un polissage comme pour les reconstitutions
antérieures. Le polissage peut être affiné à l’aide d’une brossette avec de l’oxyde
d’aluminium. (KOUBI et coll, 2003 ; LUZZI et coll, 2003 ; TÜRKÜN, 2005)
Le ciment verre ionomère est composé de particules de verre alumino silicate de calcium
renfermant des fluorures, réagissant avec un polyacide après mélange, pour former une
matrice de polysels. La réaction de prise est donc de type acide-base. (PEUTZFELDT, 2000)
Indications :
Les CVI sont des matériaux très pratiques souvent utilisés en odontologie pédiatrique :
153
Le CVI est utilisé de manière définitive pour les reconstitutions stratifiées combinant
composite et CVI dont le rôle est de remplacer la dentine.
(CROLL, 2000)
Le CVI est un matériau de choix pour la prévention des caries secondaires grâce à leur
libération de fluorures et pour la diminution de l’hypersensibilité dentinaire grâce au
recouvrement simple des dents temporaires, lors de la phase temporaire du traitement de
l’AIH. (BEDI, 1989 ; ERNST et coll, 1995 ; HUNTER et STONE, 1997 ; CROLL, 2000)
Avantages :
Le système de collage des CVI à l’émail et à la dentine est chimique, avec une sensibilité à
l’humidité réduite. Par conséquent, ils ne nécessitent pas la mise en place d’un champ
opératoire aussi rigoureux que pour les résines composites et peuvent être appliqués en juxta-
gingival.
De plus, le protocole de mise en place est plus simple que celui des composites car aucun
traitement préalable, tels le mordançage et l’adhésif, n’est nécessaire puisque les CVI ont la
capacité d’autoadhérer à la dentine et l’émail (sauf pour les CVI hybrides qui nécessitent en
plus une photopolymérisation).
De plus, ils libèrent des ions fluorures, ce qui leur confèrerait un rôle dans la prévention
carieuse. Cependant, la question se pose toujours de savoir si la libération à long terme de
fluorures peut être vraiment à l’origine d’une diminution du nombre de caries.
(CROLL, 2000)
Inconvénients :
154
Cependant, il existe aujourd’hui des matériaux verres ionomères modifiés à la résine pour
restaurations appelés CVI hybrides. Ces matériaux présentent de meilleures propriétés, c’est-
à-dire une meilleure résistance à la fracture, une plus grande dureté, une photopolymérisation
rapide et sont plus esthétiques.
La qualité et la durabilité des restaurations au CVI, même avec les CVI modifiés, restent
néanmoins inférieures à celles des résines composites.
(CROLL, 2000)
Techniques :
155
degré acceptable, avec une stabilité des teintes des composites et une longévité des
restaurations convenables. (TÜRKÜN, 2005)
L’irrégularité des zones mordancées et l’excès des protéines compromettant l’adhésion de la
résine composite, les CVI restent des alternatives intéressantes. Cependant, il est préférable de
limiter leur utilisation sur les dents temporaires. (ERNST et coll, 1995)
La reconstitution des dents atteintes d’AIH par les techniques de prothèse fixée est une
méthode très employée, dès le plus jeune âge.
Le recouvrement partiel ou total des dents est indiqué selon l’extension et la profondeur des
lésions et selon l’aspect de la structure dentaire résiduelle après préparation prothétique.
(KOSTOULAS et coll, 2005)
En effet, la durabilité et l’efficacité des restaurations par les méthodes d’odontologie
conservatrice deviennent peu fiables lorsque les dents présentent un manque important
d’émail. Il est alors préférable de rétablir la morphologie coronaire grâce aux différentes
méthodes de prothèse fixée. De plus, le recouvrement indirect des dents, de façon partielle ou
totale, permet de réduire considérablement l’hypersensibilité dentinaire, ainsi que de protéger
et de préserver les structures dentaires, dès l’éruption des dents. La reconstitution de
l’anatomie dentaire par les méthodes indirectes est plus aisée que par les méthodes directes.
La prothèse fixée est particulièrement recommandée pour la restauration fonctionnelle de la
denture, grâce au rétablissement d’une occlusion et d’une dimension verticale idéales. Par
ailleurs, le résultat esthétique est plus satisfaisant par rapport aux reconstitutions en
odontologie conservatrice. Certaines techniques employées en prothèse fixée demeurent des
soins simples à réaliser dès le plus jeune âge, sans compromettre le développement des dents
ni des arcades. (HARLEY et IBBETSON, 1993)
156
4.3.4.1. Généralités sur la prothèse fixée dans les cas
d’AIH
Propriétés du scellement :
Les ciments de scellement sont composés d’un liquide (acide) et d’une poudre (base) dont le
mélange déclenche une réaction acide-base conduisant au durcissement. (DEGRANGE et
coll, 2000)
D’une manière générale, les ciments non adhésifs nécessitent des préparations rétentives et
des restaurations avec une résistance inhérente suffisante. Par conséquent, les préparations
restent souvent plus invasives que pour les restaurations collées. (SCHMIDLIN, 2005)
157
Les limites préconisées sont infra-gingivales et sont donc parfois responsables d’irritation
parodontale. (ZAGDOWN et coll, 2003)
Par ailleurs, les reprises carieuses sont plus fréquentes qu’avec le collage. (LINDUNGER et
SMEDBERG, 2005)
Néanmoins, les prothèses scellées révèlent des taux de succès élevés à long terme, avec un
recul clinique suffisant. (SCHMIDLIN, 2005)
Ciment polycarboxylate :
Sa résistance à la traction est supérieure à celle du précédent, tandis que la résistance à la
compression est inférieure. Il reste peu nocif pour la pulpe et peut donc être recommandé pour
les dents vitales. Son adhésion à l’émail est plus importante qu’à la dentine.
(SHILLINGBURG et coll, 1998b)
Ciment eugénolate :
Ce ciment n’est utilisé qu’en solution provisoire et ne présente pas de préjudices pour la
pulpe. (SHILLINGBURG et coll, 1998b)
Propriétés du collage :
Les ciments adhésifs sont des résines ou des verres ionomères dont la réaction de prise
s’effectue par polymérisation. (DEGRANGE et coll, 2000)
158
D’une manière générale, les ciments adhésifs nécessitent des préparations moins rétentives,
donc moins invasives. Le risque de dommages pulpaires est donc amoindri. (HARLEY et
IBBETSON, 1993 ; ZAGDOWN et coll, 2003 ; SCHMIDLIN, 2005)
Les limites préconisées sont juxta voire supra-gingivales et deviennent donc plus favorables à
la santé parodontale que les limites indiquées pour le scellement. (ZAGDOWN et coll, 2003)
Les avancées technologiques du collage permettent maintenant d’assurer une adhésion
satisfaisante, aussi bien sur l’émail que sur la dentine. De plus, il existe aujourd’hui des
techniques améliorant le collage des surfaces métalliques et céramiques. (GEMALMAZ et
coll, 2003 ; YIP et SMALES, 2003)
A l’heure actuelle, la longévité et le succès des prothèses collées se sont révélées aussi
convaincants que pour les prothèses scellées. (ZAGDOWN et coll, 2003)
Ciments-résines :
Leurs propriétés sont excellentes grâce à leur résistance à la traction élevée et leur quasi
insolubilité. Ils sont susceptibles de provoquer des réactions pulpaires des dents vitales. Leur
adhérence aux tissus dentaires et aux céramiques est excellente. Ils exigent un champ
opératoire rigoureux et nécessitent un traitement des surfaces à coller (mordanceur et adhésif).
De plus, ils présentent un risque de hiatus marginal en raison de la contraction de
159
polymérisation. Ils peuvent être autopolymérisables, photopolymérisables ou dual. Ces
derniers ont la particularité de posséder un meilleur coefficient d’expansion thermique, une
moindre absorption hydrique et présentent plusieurs teintes. (SHILLINGBURG et coll,
1998b)
Le collage est indiqué lorsque la couronne clinique est courte car les ciments adhésifs ne
nécessitent pas autant de rétentions que les ciments de scellement. Il est aussi recommandé
lorsque la structure dentaire résiduelle ou les parois canalaires du tenon sont fragiles. Il a été
démontré que le collage paraît être le seul moyen d’optimiser la répartition des contraintes
auxquelles sont soumis le tenon et la restauration. (DEGRANGE et coll, 2000)
De plus, le collage est plus efficace que le scellement quand de larges aires de dentine
apparaissent exposées. (SEOW, 1993)
Le collage reste donc une alternative intéressante pour les dents atteintes d’AIH puisqu’elles
présentent souvent un mauvais rapport racine/couronne et puisque la structure dentaire
restante est souvent fragilisée, avec une surface amélaire amoindrie.
Les ciments adhésifs sont fortement préconisés, d’une part pour toutes les restaurations a
minima puisqu’ils ne requièrent pas de critères stricts et mutilants, et d’autre part pour toutes
les reconstitutions à recouvrement partiels (facettes, inlays, onlays), car ils améliorent la
résistance à la fracture grâce au joint collé. Ils sont particulièrement recommandés pour toutes
les restaurations en céramique car le collage a la capacité d’imiter la translucidité des tissus
dentaires. De plus, la résistance à la fracture et la précision marginale obtenues grâce aux
160
ciments de collage sont des propriétés intéressantes au niveau des préparations pour
céramiques avec épaulements ou chanfreins.
(DEGRANGE et coll, 2000)
Comme nous l’avons décrit dans le paragraphe 4.3.2.1., malgré les surfaces de collage non
optimales dans certains cas d’AIH, il a été prouvé que l’adhésion reste suffisante et souvent
plus efficace que le scellement sur les dents très atteintes. (SCHMIDLIN, 2005)
Elle peut être obtenue par mordançage électrolytique de l’intrados métallique. Il consiste en la
dissolution anodique de certaines phases du métal. Cette technique est réservée aux alliages
non précieux à base de nickel ou de chrome. En effet, le métal doit avoir une structure
dendritique attaquable, c’est pourquoi beaucoup d’autres alliages, et notamment les alliages
précieux (or ou palladium) ne permettent pas d’obtenir une microrétention acceptable par
mordançage. (HARLEY et IBBETSON, 1993 ; SÖDERHOLM, 2000 ; WILLIAMS et
BECKER, 2000)
L’emploi de cristaux de sels est intéressant pour les alliages non mordançables tels les alliages
précieux. Cette technique consiste en le traitement de la maquette en résine autopolymérisable
servant à la coulée de l’alliage. En fait, le modèle positif unitaire est recouvert d’une fine
couche de cristaux de sels. Au cours de l’élaboration de la maquette, ces cristaux vont
s’inclure dans la surface de la résine. Le rinçage de la maquette va permettre de dissoudre les
cristaux de sels afin de rendre l’intrados de la maquette rugueux. Cette rugosité de surface
sera reproduite au cours de la mise en revêtement puis lors de la coulée. (HARLEY et
IBBETSON, 1993 ; SÖDERHOLM, 2000)
Le sablage est une autre technique utilisée pour améliorer le potentiel de rétention des
surfaces métalliques en alliage précieux ou non. Il consiste en le nettoyage de l’intrados par
des particules d’alumine de granularité de 50 à 250 μm. Il ne crée pas des rugosités aussi
efficaces que le mordançage mais permet d’éliminer simplement certaines impuretés et
d’améliorer la tenue du cisaillement. Un bon collage peut être obtenu ensuite avec des
162
adhésifs possédant des fonctions phosphates. (HARLEY et IBBETSON, 1993 ;
SÖDERHOLM, 2000 ; SENGUN et ÖZER, 2002)
L’adhésion chimique :
Il existe des dispositifs de revêtement qui permettent de traiter les surfaces métalliques. Ils
consistent en le recouvrement de ces surfaces, préalablement sablées, par une couche de
silice, grâce à une réaction pyrolytique à l’intérieur du dispositif de revêtement. Un agent de
couplage adéquat est ensuite placé sur cette couche et séché afin d’obtenir une liaison
chimique entre la résine et le revêtement de silice. (SÖDERHOLM, 2000)
L’étamage est une autre technique qui consiste en un dépôt de cristaux d’étain sur la surface
métallique. L’étain oxydé forme des sites favorables à la formation de liaisons polaires avec
les groupes réactifs des adhésifs. L’étamage peut ne pas convenir aux alliages précieux car il
en résulte une corrosion et une coloration de la zone de transition résine-métal.
(SÖDERHOLM, 2000)
La rétention macromécanique :
La rétention macromécanique est une méthode qui n’est plus utilisée sauf au niveau des
treillis métalliques soudés sous les brackets d’orthodontie. Cependant, aujourd’hui,
l’adhérence des brackets est aussi fonction de la capacité qu’ont les résines et les charges
qu’elles contiennent à s’infiltrer dans la surface métallique traitée et de la résistance de cette
infiltration. On utilise donc maintenant en plus de la rétention macromécanique, les
techniques de sablage (rétention micromécanique) ou de couche de silice (adhésion chimique)
qui améliorent la résistance au cisaillement et facilitent les intéractions métal-résine.
(SÖDERHOLM, 2000)
163
Collage à la céramique :
Le collage à la céramique s’effectue selon deux principes :
o La rétention mécanique : mordançage et sablage
o L’adhésion chimique : traitement au silane
La rétention mécanique :
L’adhésion chimique :
164
4.3.4.2. Reconstitutions fixées à recouvrement partiel
Une face ou plus de la couronne dentaire n’est pas recouverte. Par conséquent, ces éléments
prothétiques sont utilisés pour restaurer les dents dont une surface au moins et dont la moitié
du volume de substance dentaire restent intacts. (SHILLINGBURG et coll, 1998a)
Facettes vestibulaires
Indications :
Les facettes vestibulaires sont particulièrement préconisées pour corriger les anomalies de
couleurs, de forme, de structure et de texture. De plus, elles peuvent être employées pour
modifier la dimension verticale antérieure. Elles restent donc des éléments de choix pour
restaurer les dents atteintes par l’AIH et l’attrition. (TOUATI et coll, 1999)
165
Contre-indications :
Avantages :
Avantages de la céramique :
- Esthétique durable. (TOUATI et coll, 1999 ; LINDUNGER et SMEDBERG, 2005)
- Meilleure résistance à l’usure et à l’abrasion que celle des composites. (TOUATI et
coll, 1999)
- Résistance de la céramique grâce au collage : la qualité des forces adhésives à l’émail
donne la possibilité d’augmenter la dimension verticale avec les facettes. (TOUATI et
coll, 1999)
166
- Résistance à l’absorption des fluides. (TOUATI et coll, 1999)
- Santé parodontale : les surfaces lisses céramiques retiennent moins la plaque que les
surfaces amélaires parfois rugueuses atteintes par l’AIH. (WALTER, 1991 ; TOUATI
et coll, 1999)
Inconvénients :
Inconvénients de la céramique :
- Coût : la céramique est plus chère que le composite, ce qui constitue un frein en phase
transitoire puisque les facettes n’ont une fonction que provisoire. (TOUATI et coll,
1999)
167
- Esthétique inférieure à celles des céramiques. (TOUATI et coll, 1999)
- Longévité inférieure à celle des céramiques. (TOUATI et coll, 1999)
Techniques :
Anesthésie :
L’anesthésie locale (avec gel analgésique préalable) est conseillée en cas d’hypersensibilité
dentinaire. (BANDON et coll, 2003)
168
La réduction amélaire s’effectue à l’aide de guides de profondeur, c’est-à-dire à l’aide d’une
fraise diamantée permettant une coupe de profondeur préétablie. Cette fraise produit des
rigoles de réduction amélaire horizontales et la profondeur de coupe est limitée par le mandrin
de l’instrument qui vient s’appuyer sur la surface amélaire résiduelle entre les rigoles déjà
préparées. (TOUATI et coll, 1999 ; BANDON et coll, 2003)
La plus grande partie de la réduction vestibulaire doit se faire avec une fraise diamantée à
granulométrie élevée pour augmenter la rétention. Dans la zone cervicale, les fraises à
granulométrie fine sont recommandées afin d’obtenir une ligne de finition précise et lisse.
(TOUATI et coll, 1999 ; BANDON et coll, 2003)
Si des plages de dentine sont dénudées et non cernées d’émail, il est conseillé d’approfondir la
préparation dans cette région afin de pouvoir utiliser une base de verre ionomère qui forme
une couverture plus étanche qu’une colle dentinaire. Cette base de ionomère est mordancée en
même temps que le reste et le protocole de collage reste identique. On peut aussi employer
comme produit de comblement de ces zones approfondies, un fond de cavité
photopolymérisable ou encore une résine composite fluide. (SEOW, 1993 ; TOUATI et coll,
1999)
L’exposition de plages de dentine est fréquente sur les dents atteintes d’AIH puisque l’émail
est défectueux. Il est donc justifié dans certains cas de compenser par une préparation plus
étendue (type couronne trois quarts). (TOUATI et coll, 1999)
Préparation interproximale :
La réduction amélaire vestibulaire doit s’étendre jusqu’à la moitié vestibulo-linguale ou
vestibulo-palatine de la zone de contact. Les points de contacts proximaux doivent être
sauvegardés tout en plaçant les limites de la préparation au-delà de la zone de visibilité.
L’arrêt proximal prend l’aspect d’une ébauche de mini-cannelure arrondie. En revanche, si les
points de contact le nécessitent, ils peuvent être supprimés. (TOUATI et coll, 1999)
Limite cervicale :
La limite cervicale doit correspondre à un mini-congé de 0.3 mm de profondeur en moyenne
juxta-gingival ou légèrement intra-sulculaire. Cette limite permet à la facette soutenue par le
composite de collage de se marier harmonieusement avec la structure dentaire sous-jacente
sans exposer une ligne de ciment. Les dyschromies sévères et un émail cervical défectueux
169
sont les seules indications de limites cervicales réellement intra-sulculaires (sans aller au-delà
de 0.5mm intra-sulculaire sinon le collage devient difficile) et de congés de 0.4 à 0.5 mm.
Afin de préciser la ligne de finition, un fil sulculaire de rétraction gingivale peut être utilisé.
En effet, la limite préformée, avec le fil imprégné en place, est dans un premier temps juxta-
gingivale puis deviendra légèrement intra-sulculaire après retrait du fil. Cette technique
permet de préparer un congé sans endommager la gencive marginale ni provoquer de
saignement. (TOUATI et coll, 1999 ; BANDON et coll, 2003 ; GEMALMAZ et coll, 2003)
Préparation incisale :
Le bord occlusal doit être recouvert pour éviter tout risque de fracture. Si on désire une
restauration recréant la longueur originelle de la dent, l’aplanissement doit au moins atteindre
1 mm pour les incisives supérieures et 1.5 mm à 2 mm pour les incisives inférieures et les
canines. Si on souhaite augmenter la dimension verticale, un simple remodelage du bord libre
suffit. (TOUATI et coll, 1999 ; GEMALMAZ et coll, 2003)
Empreinte :
Un fil imprégné sulculaire doit être préalablement appliqué pendant 5 minutes afin de
rétracter la gencive marginale.
Le matériau à empreinte utilisé le plus souvent est le silicone élastomère (polyvinylsiloxanes)
de basse viscosité dans le sulcus combinée à une haute viscosité dans le porte-empreinte. On
peut aussi employer un alginate irréversible de classe A si la limite cervicale reste juxta-
gingivale. L’empreinte antagoniste à l’alginate ainsi que l’enregistrement de l’occlusion sont
envoyés également au laboratoire de prothèse.
(TOUATI et coll, 1999 ; BANDON et coll, 2003)
170
Facette provisoire :
La préparation pelliculaire n’exposant pas les tubuli dentinaires, les facettes provisoires ne
sont pas obligatoires puisqu’aucune hypersensibilité n’est présente. En revanche, les facettes
provisoires deviennent nécessaires quand les préparations des dents sont plus mutilantes car le
préjudice esthétique par rapport à l’état originel des dents peut être important. De plus, elles
sont recommandées pour éviter le déplacement des dents entre les séances lorsque les points
de contact ont été supprimés et lorsque la réduction du bord libre est importante.
(TOUATI et coll, 1999)
171
Collage de la facette avec du ciment-résine dual:
La céramique de la facette est normalement mordancée au laboratoire : la surface de l’intrados
doit apparaître mate. Si ce n’est pas le cas, il est effectué selon les consignes du fabricant et
s’agit en général d’une application d’acide fluorhydrique sur la céramique. De même, la
silanisation de la surface mordancée peut être réalisée au laboratoire : ainsi, le praticien n’a
plus qu’à procéder au mordançage à l’acide phosphorique de l’intrados afin de réactiver
pleinement la couche d’agent de couplage. Sinon, il suffit de suivre les recommandations du
fabricant pour effectuer la silanisation soi-même : cela consiste en général à l’application d’un
agent de couplage avec une petite éponge ou un pinceau sur l’intrados puis la couche de silane
est ensuite à laisser sécher. (TOUATI et coll, 1999 ; FUZZI, 2000; GEMALMAZ et coll,
2003 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
La dent doit être nettoyée avec un mélange de ponce fine (non fluorée) dans de l’eau, appliqué
sur une cupule de caoutchouc ou une brossette, afin d’éliminer toutes les traces de
glycoprotéines salivaires et de résidus issus de l’essayage. La dent est ensuite rincée puis
séchée. (TOUATI et coll, 1999 ; FUZZI, 2000)
Un champ opératoire doit être mis en place : la digue reste la meilleure solution. Si la limite
est intrasulculaire, il est préférable d’utiliser des cordonnets rétracteurs. On peut aussi
appliquer un vernis protecteur sur la structure dentaire non en contact avec la restauration
pour limiter le mordançage et faciliter l’élimination des excès. (TOUATI et coll, 1999 ;
FUZZI, 2000)
La préparation peut ensuite être mordancée à l’aide d’un acide phosphorique, rincée puis
séchée. Le temps de mordançage préconisé peut être réduit dans les cas où l’émail est déjà
très fragile : en effet, la surface dentinaire étant déjà anfractueuse, la microrétention
mécanique est déjà présente et nécessite peu d’être accentuée. (SEOW, 1993 ; BANDON et
coll, 2003)
La dentine n’est préparée avec un primaire puis séchée que si elle n’a pas été hybridée
auparavant. L’adhésif est ensuite appliqué sur l’intrados de la facette et sur les parois de la
préparation et ne doit pas être photopolymérisé. Le ciment (dual) de la teinte appropriée est
mélangé et appliqué au pinceau sur l’intrados et sur la surface dentaire à coller. La facette est
alors placée sur la dent en exerçant une pression douce et répétée pour éliminer les excès de
ciment. La facette est maintenue en place grâce à un instrument spécifique ou par une boulette
de cire montée sur un instrument, afin d’éliminer les excès de ciment à la spatule et au fil de
soie sans risquer de bouger la facette.
172
L’application de vaseline sur les bords permet la polymérisation de la couche externe du joint.
La photopolymérisation dure au moins une minute par face, toujours en maintenant la facette.
(TOUATI et coll, 1999 ; FUZZI, 2000)
Finitions :
La cire collante et le vernis protecteur peuvent être supprimés, la digue et les cordonnets
rétracteurs retirés. L’occlusion est contrôlée et retouchée si besoin avec des fraises à finir.
Les excès de ciment sont éliminés avec une fraise en carbure de tungstène. L’interface
dent/composite/céramique est polie avec une pointe diamantée. Les faces proximales sont
contrôlées à l’aide de bandes abrasives, de strips et de fil de soie. Les faces axiales sont polies
avec une pâte diamantée sur meulette ou feutre, ou avec une cupule de caoutchouc, ou avec
une meulette à polir la céramique. (TOUATI et coll, 1999 ; FUZZI, 2000)
Aujourd’hui, il existe aussi une autre technique de réalisation des facettes céramiques par le
système CAO/FAO (Conception Assistée par Ordinateur / Fabrication Assistée par
Ordinateur). Le concept de cette technologie est d’associer une empreinte optique de la
préparation (réalisée en bouche ou sur le modèle en plâtre) à une fabrication assistée par
ordinateur dans un seul poste de travail. (BINDL et coll, 2003)
Inlays/onlays/overlays
Le terme « inlay » est appliqué aux incrustations uniquement cavitaires. Le terme « onlay »
est appliqué à ces mêmes incrustations lorsqu’elles comportent un ou plusieurs recouvrements
cuspidiens. Le terme « overlay » concerne les pièces prothétiques de recouvrement cuspidien,
non cavitaires, généralement collées sur des préparations a minima de l’émail.
173
Indications :
Avantages :
174
Avantages des alliages métalliques précieux et semi-précieux :
- Résistance à la ternissure dans la bouche.
- Leur propriété de ductilité permet d’obtenir des limites de reconstitutions très précises
en diminuant au maximum le hiatus marginal.
(SHILLINGBURG et coll, 1998c)
Inconvénients :
175
- Les alliages non précieux sont très rigides et durs et restent peu ou pas malléables par
rapport aux alliages précieux. En effet, la résistance à la traction étant plus élevée, les
déformations du matériau sont moins aisées.
- La finition et le polissage est plus difficile qu’avec les alliages précieux.
- Ils exigent des préparations avec des principes de rétention stricts.
- Possible incompatibilité physiologique. (allergie au nickel)
(SHILLINGBURG et coll, 1998c)
Techniques :
Préparation de la dent:
Les préparations pour les reconstitutions en céramique et composite exigent moins de
principes de rétention que les reconstitutions métalliques. En effet, il est moins nécessaire de
rechercher des parois parallèles, des fonds plats, des cavités profondes, des rétentions par
friction… Pour les céramiques, il suffit de réaliser une cavité sans exigences précises laissant
176
une épaisseur uniforme de matériau de 1.5 à 2.5 mm. La limite préconisée est un congé large
ou un épaulement à angle interne arrondi afin de bénéficier d’une épaisseur adéquate pour un
collage efficace. Contrairement aux restaurations métalliques, le biseautage de la limite cavo-
superficielle n’est pas recommandé afin d’éviter les fractures sous l’effet des forces
occlusales. Les seules indications des cavités sont des arêtes et des angles arrondis. Les
contre-dépouilles doivent être comblées avec du CVI conventionnel ou modifié par
adjonction de résine, ou avec du composite fluide collé, ou encore avec un fond de cavité
photopolymérisable. (ROULET et SPREAFICO, 2003b)
Les dents atteintes d’AIH étant souvent déjà très délabrées, elles ne nécessitent pas toujours
de préparation. La limite cervicale recommandée est supra-gingivale si l’émail de cette zone
apparaît normal et sous-gingivale si l’émail est défectueux. (HUNTER et STONE, 1997 ;
GEMALMAZ et coll, 2003)
177
souvent important car l’élément prothétique est réalisé sans modèle antagoniste. (ROULET et
SPREAFICO, 2003b)
Empreinte :
Les silicones (polyvinylsiloxanes) permettent une précision d’enregistrement de la cavité et
de ses limites. Un fil de rétraction gingivale est recommandé préalablement à l’empreinte.
(HUNTER et STONE, 1997 ; SENGUN et ÖZER, 2002 ; ROULET et SPREAFICO, 2003b)
Provisoire :
Dans les cas où la dent a été préparée, il est préférable de poser un inlay/onlay/overlay
provisoire en interséance. Ils sont confectionnés avec du composite pour restaurations
178
provisoires grâce aux techniques d’auto-moulage ou de wax-up puis sont scellés
provisoirement avec du ciment temporaire. (ROULET et SPREAFICO, 2003b)
Collage :
L’intrados des restaurations en céramique sont mordancés et silanés. Les techniques de
traitement des intrados métalliques par microrétentions ou adhésion chimique sont également
employées. Le protocole de collage avec du ciment résine dual reste similaire à celui des
facettes. (HUNTER et STONE, 1997 ; SENGUN et ÖZER, 2002 ; ROULET et SPREAFICO,
2003b)
Finitions :
L’ajustement occlusal est réalisé à l’aide de fraises à finir. L’ébarbage, la finition et le
polissage sont obtenus avec des lames de bistouris ou des curettes puis avec des fraises
diamantées ultrafines. Le polissage final de la céramique est affiné avec des disques de
finition recouverts d’oxyde d’aluminium et des strips. Un brillantage final de la céramique est
réalisé avec des brossettes nylon imprégnées de nitrite de silicium. (HUNTER et STONE,
1997 ; SENGUN et ÖZER, 2002 ; ROULET et SPREAFICO, 2003b)
179
4.3.4.3. Reconstitutions fixées à recouvrement total
Indications :
Avantages :
180
Préservation de la vitalité pulpaire :
Les préparations pour les coiffes ne nécessitent pas de moyens de rétentions et évitent donc
un délabrement trop important entraînant les traitements endodontiques des dents. Elles
peuvent être employées aussi bien sur les dents vitales que sur les dents non vitales. (BEDI,
1989 ; BOUVIER et coll, 1996 ; ROSENBLUM, 1999)
Les coiffes sont préférées aux reconstitutions indirectes partielles (type onlays) car elles
s’avèrent plus efficaces au niveau de la diminution de la sensibilité, au niveau de la
restauration de la morphologie coronaire et de l’occlusion et sont plus résistantes lorsque les
restaurations sont nombreuses. (ZAGDOWN et coll, 2003)
Techniques :
Les coiffes métalliques préformées sont des couronnes préfabriquées en nickel et chrome qui
existent en plusieurs dimensions pour chaque dent, temporaire et définitive. Elles sont soient
prégalbées au niveau du bord cervical, soit droites et doivent être bouterollées. Les prégalbées
s’avèrent plus faciles à manipuler.
(SHILLINGBURG et coll, 1998a ; BANDON et coll, 2003 ; ZAGDOWN et coll, 2003)
181
Préparation de la dent a minima :
La préparation de la dent et l’essayage de la coiffe peut parfois engendrer quelques
sensibilités. Une anesthésie locale (avec gel analgésique préalablement) est alors indiquée.
La préparation de la dent pour la coiffe doit vraiment rester minimale. Certaines dent affectées
par l’AIH sont si délabrées qu’elles n’exigent même pas de retouches.
Les parois proximales sont réduites sans épaulement jusqu’à la papille. La face occlusale est
réduite de 1 à 1.5 mm tout en conservant la morphologie des sillons. Les angles occluso-
vestibulaires et occlusaux-linguaux ou palatins doivent être arrondis. Les faces vestibulaires,
linguales et palatines sont gardées intactes afin que le bombé de ces parois soit utilisé comme
élément de rétention. Sur les premières molaires maxillaires, il est parfois nécessaire de
réduire la cuspide mésio-vestibulaire très proéminente en cervical.
(SHILLINGBURG et coll, 1998a ; BANDON et coll, 2003 ; ZAGDOWN et coll, 2003)
Choix de la coiffe :
Pour les dents temporaires, la coiffe est choisie en fonction de la mesure du diamètre mésio-
distal de la dent à reconstruire à l’aide d’un pied à coulisse ou d’une réglette graduée. Il est
souvent préférable que la coiffe soit un peu juste si la hauteur coronaire est affaiblie car la
coiffe est réajustée ensuite en cervical.
Pour les dents permanentes, la coiffe est choisie en fonction du périmètre de la dent.
Les coiffes peuvent être préajustées sur les modèles en plâtre issus des empreintes d’étude à
l’alginate. (SHILLINGBURG et coll, 1998a ; BANDON et coll, 2003 ; ZAGDOWN et coll,
2003)
182
dire qu’il faut donner un profil convexe aux bords des faces axiales à l’aide d’une pince « bec
de faucon ».
Si les points de contacts proximaux sont insuffisants, ils peuvent être aplatis à la pince plate.
Si la coiffe bascule, il est nécessaire de retoucher le moignon sous-jacent.
Enfin, la coiffe doit être polie avec un disque de papier de verre au niveau des irrégularités de
métal, puis le bord cervical de la coiffe doit être re-bouterollé sans nouvel essayage avant la
pose.
(SHILLINGBURG et coll, 1998a ; BANDON et coll, 2003 ; ZAGDOWN et coll, 2003)
Collage de la coiffe :
Le ciment verre ionomère (conventionnel ou hybride) est préconisé.
Un champ opératoire doit être mis en place (digue ou cotons salivaires associés à une
aspiration) et la préparation nettoyée (avec de la ponce sur cupule en caoutchouc) puis séchée.
La ponce doit ensuite être rincée puis la préparation séchée.
Le ciment est placé dans la coiffe à l’aide d’un pinceau. La coiffe est alors positionnée sur le
moignon : il faut la présenter côté lingual ou palatin et la faire basculer côté vestibulaire afin
d’avoir une friction sur cette dernière face. L’adaptation et la mise en place de la coiffe sont
similaires à l’effet d’un bouton pression, du fait de la souplesse du métal et du resserrage au
collet.
Les excès de ciment sont éliminés une fois durcis, au moyen d’une sonde ou d’un fil de soie.
Le champ opératoire peut maintenant être déposé.
(SHILLINGBURG et coll, 1998a ; BANDON et coll, 2003 ; ZAGDOWN et coll, 2003)
Indications :
Avantages :
Le recouvrement des dents antérieures est total, contrairement à une simple facette. Par
conséquent, non seulement l’hypersensiblité dentinaire est diminuée mais aussi la solidité des
reconstitutions est renforcée par rapport à des restaurations directes, des simples facettes ou
des coiffes provisoires en résine méthacrylate ou composite acrylique. Cette augmentation de
la résistance est une propriété intéressante surtout si la perte de la dimension verticale
antérieure est importante à cause d’une attrition sévère.
Par ailleurs, le métal protège d’une part la structure dentaire sous-jacente délabrée par l’AIH
et d’autre part le composite ou la céramique au niveau du bord incisif fragilisé par l’attrition.
L’esthétique obtenue par les facettes positionnées sur les préformes métalliques reste
satisfaisante.
De plus, ces reconstitutions provisoires restent moins chères que les facettes.
(HARLEY et IBBETSON, 1993 ; ROSENBLUM, 1999)
Inconvénients :
Cette technique est plus onéreuse que les restaurations antérieures par méthode directe alors
que cela reste une solution provisoire qui sera améliorée en phase permanente.
De plus, un liseré marginal métallique inesthétique peut parfois apparaître surtout si la facette
est en composite. En effet, la longévité, la résistance et l’esthétique de la céramique est
meilleure que celles des résines composites.
(ROSENBLUM, 1999)
184
Technique :
185
Coiffes en résine méthacrylate ou en composite acrylique.
Indications :
Avantages :
186
Inconvénients :
L’esthétique est limitée par un choix restreint de teintes par rapport aux facettes, aux
composites directs et aux coiffes métalliques préformées combinées à des facettes.
(SHILLINGBURG et coll, 1998a)
Les coiffes métalliques préformées combinées à des facettes sont plus résistantes en
cas d’attrition sévère, grâce au renforcement du bord incisif par le métal. (HARLEY et
IBBETSON, 1993 ; ROSENBLUM, 1999)
Techniques :
187
Technique directe :
La coiffe est réalisée directement dans la cavité buccale, avec de la résine méthacrylate ou du
composte acrylique. (SHILLINGBURG et coll, 1998a)
Technique indirecte :
La couronne provisoire est élaborée à partir du modèle en plâtre, ce qui implique moins de
retouches en bouche. Cette technique est plus précise que la précédente et plus facile à
réaliser. De plus, la pulpe est mieux protégée de l’exothermie de prise de la résine, puisque la
polymérisation s’effectue en dehors de la cavité buccale. (SHILLINGBURG et coll, 1998a)
Couronnes définitives
Indications :
Elles ne sont indiquées que dans les secteurs postérieurs en raison de l’inesthétisme du métal.
(WALTER, 1991)
188
Les matériaux utilisés peuvent être des alliages précieux, semi-précieux ou non précieux. En
raison de leur plus faible coût, les alliages non précieux sont plus souvent employés mais
n’oublions pas les propriétés intéressantes des alliages précieux, au niveau de leur ductilité,
leur coulabilité, leur résistance à la corrosion et leur facilité de finition et de polissage.
Aucune recommandation ne favorise un type d’alliage plus qu’un autre pour restaurer les
dents atteintes d’AIH. (BANDON et coll, 2003)
Ces prothèses conjointes restent intéressantes dans le sens où elles n’exigent pas une
préparation de la dent aussi mutilante que les couronnes constituées de céramique. Cette
caractéristique est à prendre en compte pour préserver un maximum de la structure dentaire
déjà détériorée par l’AIH. (YIP et SMALES, 2003)
Comme nous l’avons vu précédemment, le collage des restaurations sur les dents atteintes est
fortement préconisé et est efficace grâce à l’association du traitement spécifique de l’intrados
métallique et d’un ciment verre ionomère conventionnel ou hybride. (WALTER, 1991)
Elles sont constituées de céramique cuite sur une chape métallique en alliage précieux ou non
de faible épaisseur. (SHILLINGBURG et coll, 1998d)
Les qualités esthétiques de la céramique permettent l’indication de ce type de couronne sur
dents antérieures. (WALTER, 1991 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
De plus, la résistance et la solidité de la base métallique rendent également possible les
restaurations dans les secteurs postérieurs. (WALTER, 1991)
Cependant, la préparation pour ce type de couronne reste plus mutilante que les couronnes
précédentes. Un épaulement cervical à angle interne arrondi en vestibulaire est nécessaire
pour ménager l’espace nécessaire à la céramique et implique une réduction circonférentielle
d’au moins 0.7 à 1 mm. La confection d’un joint céramique-dent par le prothésiste est
conseillée pour améliorer l’esthétique cervicale des couronnes antérieures. Par ailleurs, ce
type de prothèse est plus onéreux que les précédentes. (SHILLINGBURG et coll, 1998d,
WILLIAMS et BECKER, 2000 ; YIP et SMALES, 2003)
Le traitement de l’intrados métallique indispensable au collage et l’utilisation d’un ciment
verre ionomère conventionnel ou hybride sont recommandés. (WILLIAMS et BECKER,
2000 ; YIP et SMALES, 2003)
189
Les couronnes céramo-céramiques :
Elles sont fortement indiquées pour la reconstitution définitive des dents antérieures à cause
de l’esthétique améliorée par l’absence de métal. Autrefois, elles n’étaient pas recommandées
dans les secteurs postérieurs ni sur les dents supportant des forces occlusales importantes,
comme notamment les dents atteintes d’attrition, à cause de la faible résistance et la fragilité
des couronnes en céramique conventionnelles de l’époque (couronne jacket). Ce risque de
fracture n’est plus d’actualité grâce aux récentes vitrocéramiques et céramiques renforcées
(par de l’alumine ou de l’alumine-zyrcone…). La restauration des dents postérieures par des
couronnes céramo-céramiques ne pose donc plus de problèmes aujourd’hui.
(SHILLINGBURG et coll, 1998d ; KOSTOULAS et coll, 2005)
La qualité de l’adaptation marginale ainsi que la biocompatibilté possibles grâce à l’absence
de métal justifient l’utilisation de ces couronnes. (KOSTOULAS et coll, 2005)
Cependant, la préparation des dents reste plus mutilante que les précédentes et peut devenir
un frein à la restauration de dents vivantes. En effet, l’épaulement à angle interne arrondi doit
être présent tout autour de la dent et implique une réduction circonférentielle d’une épaisseur
de 1.2 à 1.4 mm. (SHILLINGBURG et coll, 1998d ; YIP et SMALES, 2003)
Les couronnes céramo-céramiques peuvent être également élaborées grâce aux nouvelles
technologies de CAO/FAO. (BINDL et coll, 2003)
Le collage avec un ciment résine ou un ciment verre ionomère des céramiques (dont l’intrados
a été préalablement traité) rend la couronne deux fois plus résistante qu’avec un ciment de
scellement au phosphate de zinc. De plus, l’aspect de la couronne peut être affecté par la
teinte du ciment : la translucidité de la céramique est obtenue grâce à l’utilisation des ciments
de collage. (SHILLINGBURG et coll, 1998d ; WILLIAMS et BECKER, 2000 ;
GEMALMAZ et coll, 2003 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
190
4.3.5. Occlusodontie
La perte de DVO est une caractéristique observée fréquemment chez les patients atteints
d’AIH, dès le plus jeune âge, à cause de l’attrition.
Lorsque la hauteur coronaire des dents est courte, il est difficile de réaliser des restaurations
avec une rétention et une résistance des préparations adéquates et avec un espace suffisant
pour le matériau de restauration. Reconstituer des dents abrasées sans augmenter leur hauteur
paraît inconcevable.
La décision d’augmenter la DVO est établie en fonction de nécessités physiologiques
d’équilibre neuro-musculaire et /ou prothétique. La détermination de la DVO doit satisfaire la
présence d’un espace interocclusal, en position posturale, pendant la phonation, et à
l’esthétique de l’étage inférieur du visage. Le procédé d’augmenter la DVO permet donc de
créer un espace pour les restaurations mais aussi de niveler un plan d’occlusion souvent
perturbé.
(IBBETSON, 2003)
Restaurations plurales :
Le nivellement du plan d’occlusion suite à l’augmentation de la DVO nécessite de restaurer la
majorité de la denture, afin de fournir un maximum de contacts occlusaux à la nouvelle DVO.
Cependant, ceci devient rarement un obstacle dans les cas d’AIH puisque le délabrement
souvent généralisé des dents implique une restauration fonctionnelle et esthétique de
quasiment chaque dent. (IBBETSON, 2003)
191
Surplomb important :
L’augmentation de la DVO est limitée par le nouvel espace antérieur ménagé. En effet, la
position de relation centrée préconisée pour la modification de la DVO, nécessite une position
de fermeture plus postérieure, et par conséquent, une position mandibulaire plus postérieure.
Ce surplomb accru reste acceptable jusqu’à une certaine mesure permettant de conserver une
guidance antérieure fonctionnelle. (IBBETSON, 2003)
Une béance antérieure déjà marquée peut devenir un obstacle à l’augmentation de la DVO car
elle ne peut être qu’accentuée par ce surplomb créé. Dans ce cas, l’orthodontie dento-faciale
est préconisée avant l’occlusodontie dans la prise en charge de l’AIH. (WRIGHT et coll,
1991 ; AYERS et coll, 2004)
Réglages maxillaires :
Réglages mandibulaires :
Le réglage de la hauteur des dents mandibulaires par rapport aux dents maxillaires permet de
déterminer la dimension verticale. L’ajustement de celle-ci doit faire appel au sens clinique du
praticien. Cela doit se traduire par une expression douce et détendue du visage. L’évaluation
esthétique est basée sur l’harmonie qui existe entre les différents étages de la face. Cependant,
192
cette technique reste subjective, du fait des fortes variations individuelles de l’étage inférieur
du visage.
Par conséquent, la dimension verticale doit être évaluée aussi sur le plan fonctionnel. Ainsi, la
DVR (dimension verticale de repos) reste la référence la plus crédible préfigurant la hauteur
de l’étage inférieur de la face. L’approche la plus courante de détermination indirecte de la
DVO consiste donc à évaluer la DVR. Cette dernière est obtenue par des méthodes basées sur
la détente du patient, sur le plan musculaire et psychique : les exercices d’expiration
prolongée, de déglutitions successives, de prononciation de phonèmes (« m » et « s » de
« mississipi ») permettent d’amener la mandibule dans une position proche de la DVR. Elle
est alors recueillie entre les extrémités d’un compas à pointes sèches, entre la pointe du nez et
la pointe du menton. La nouvelle DVO « idéale » peut ensuite être calculée en retranchant à la
DVR, la valeur d’un espace libre d’inocclusion standard (1 à 3 mm). En effet, l’augmentation
de cet espace libre d’inocclusion est un des signes révélateurs d’une DVO trop faible, c’est
pourquoi il doit être ramené à une valeur standard pour évaluer une DVO plus appropriée.
(BONIFAY, 2001)
193
diagnostic permet d’objectiver les modifications et de les montrer au patient avant de les
évaluer cliniquement. (SIXOU et ROBERT, 1998 ; IBBETSON, 2003)
Dans les cas où le décalage entre ORC et OIM reste satisfaisant, le montage des modèles en
articulateur peut s’effectuer en OIM. Les étapes suivantes restent les mêmes sauf que la DVO
n’est pas réalisée en ORC mais en OIM. (IBBETSON, 2003)
La réhabilitation de la DVO est primordiale dès le plus jeune âge, afin de rétablir une
occlusion correcte, un repositionnement de l’articulation temporo-mandibulaire et d’améliorer
éventuellement certains défauts orthodontiques. Ces nouvelles conditions sont bénéfiques à
l’évolution de la cavité buccale de l’enfant, au niveau des éruptions dentaires et au niveau de
la croissance squelettique et alvéolaire.
L’enregistrement des rapports d’occlusion reste peu fiable chez l’enfant, surtout en denture
mixte. Il y a donc lieu de mettre en place des restaurations transitoires et de surveiller
l’évolution jusqu’en phase permanente du traitement de l’AIH. La surélévation de la DVO
s’effectue en deux temps par l’augmentation de la DVO postérieure dans un premier temps
puis au niveau de la DVO antérieure dans un second temps. Cette méthode en deux étapes
permet à l’articulation temporo-mandibulaire de s’adapter progressivement.
(BEDI, 1989 ; HARLEY et IBBETSON, 1993 ; BOUVIER et coll, 1996 ; FORTIER et coll,
1998 ; SIXOU et ROBERT, 1998 ; BANDON et coll, 2003)
Les restaurations transitoires sont réalisées selon les critères et les techniques décrits
précédemment, par des méthodes de restaurations directes (composites postérieurs
essentiellement) ou des méthodes indirectes (coiffes métalliques préformées,
194
onlays/overlays), au niveau de dents temporaires ou permanentes. (BEDI, 1989 ; HARLEY et
IBBETSON, 1993 ; BOUVIER et coll, 1996 ; HUNTER et STONE, 1997 ; FORTIER et coll,
1998 ; SIXOU et ROBERT, 1998 ; SENGUN et ÖZER, 2002 ; YIP et SMALES, 2003 ;
ZAGDOWN et coll, 2003)
Ces restaurations sont confectionnées à partir de l’étude réalisée précédemment sur les
modèles montés en articulateur. La nouvelle DVO évaluée est testée cliniquement dans un
premier temps par la mise en place de ces restaurations postérieures. La mesure de la DVO
prédéterminée doit être contrôlée et réévaluée si nécessaire à l’aide du compas à pointes
sèches et des différents tests décrits précédemment (test de déglutition…). Le patient est
ensuite observé pendant quelques mois. Si la DVO préétablie a été évaluée convenablement,
aucun symptôme articulaire ou neuro-musculaire ne doit apparaître. En 3 à 6 mois, les dents
non restaurées en inocclusion doivent poursuivre leur égression naturelle qui se trouvait
freinée par un stress occlusal trop important. (BEDI, 1989 ; FORTIER et coll, 1998)
195
restaurée supporte seule des forces liées aux mouvements de diduction et de protrusion.
(AYERS et coll, 2004)
Les restaurations postérieures et antérieures, réalisées à une DVO convenable, sont laissées en
place ou modulées selon l’évolution de la bouche au cours de la croissance, jusqu’en phase
permanente de traitement de l’AIH.
(BEDI, 1989 ; BOUVIER et coll, 1996 ; FORTIER et coll, 1998 ; SIXOU et ROBERT, 1998)
Une fois la croissance terminée et le traitement d’orthopédie dento-faciale fini, la DVO peut
être stabilisée par des restaurations définitives antérieures et postérieures sur dents
permanentes.
La DVO établie en phase transitoire de traitement de l’AIH doit être réévaluée. Il est possible
qu’elle nécessite quelques modifications car son adaptation a pu varier au cours de la
croissance. L’empreinte des restaurations actuelles est effectuée afin de monter les modèles en
articulateur semi-adaptable, en ORC ou en OIM. Un wax-up d’addition est refait si nécessaire
et une table incisive est fabriquée pour mémoriser les mouvements de protrusion et de
latéralité sur l’articulateur. Des couronnes provisoires sont réalisées à partir de clés en silicone
enregistrant les modifications apportées sur les dents en plâtre. L’occlusion statique et
dynamique est équilibrée et le confort du patient est évalué pendant environ deux mois, avec
un contrôle fréquent de la DVO, au niveau phonétique, esthétique, articulaire et fonctionnel.
Les préparations définitives peuvent ensuite être réalisées si les nouveaux rapports
intermaxillaires conviennent. Ceux-ci sont enregistrés par secteurs de dents : l’occlusion des
dents d’un secteur dépourvu de ses couronnes provisoires est enregistrée, tout en gardant les
couronnes provisoires au niveau du reste de la denture afin de conserver un calage, puis
l’occlusion des autres secteurs est ensuite enregistrée de la même façon. Les modèles issus de
l’empreinte des préparations définitives sont montés en articulateur semi-adaptable à l’aide
196
d’un arc facial. Les restaurations définitives doivent le jour de la pose être équilibrées
minutieusement au niveau occlusal et vérifiées à une semaine, un mois puis trois mois.
(WALTER, 1991 ; WILLIAMS et BECKER, 2000 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
Les orthèses mandibulaires sont des appareillages amovibles, interposés entre les arcades
dentaires, utilisés transitoirement et de façon réversible pour modifier ou rétablir les rapports
dento-dentaires et destinés à soutenir ou corriger des dysfonctions occlusales ou des fonctions
mandibulaires déficientes. (UNGER, 2003)
Orthèse pré-prothétique
Orthèse post-prothétique
La gouttière de protection nocturne est un dispositif visant à limiter l’abrasion des dents et à
protéger les restaurations prothétiques (surtout en céramique) des parafonctions nocturnes qui
pourraient les fragiliser. La parafonction ne peut être supprimée mais ses effets délétères
peuvent au moins être limités.
(NEL et coll, 1997 ; WILLIAMS et BECKER, 2000 ; UNGER, 2003 ; KOSTOULAS et coll,
2005 ; SCHMIDLIN, 2005)
Indications :
Plus le traitement d’orthopédie dento-faciale (ODF) est entrepris tôt, plus la réponse est
favorable, avec une simplification du traitement global et une meilleure stabilisation des
résultats. La rééducation reste plus aisée chez le jeune, et évite l’installation d’une
compensation alvéolo-dentaire plus compliquée à gérer tardivement. (SIXOU et ROBERT,
1998 ; LUZZI et coll, 2003 ; AYERS et coll, 2004 ; COURSON et LANDRU, 2005)
La réhabilitation de la denture, par les techniques directes ou indirectes, peut être effectuée
avant le traitement ODF. En effet, lorsque la demande esthétique est importante, ou lorsque
198
l’enfant paraît déjà « désabusé » par rapport à son état dentaire, il est judicieux d’apporter
rapidement des résultats esthétiques concluants, afin d’obtenir une motivation et une
coopération de la part de l’enfant. Par ailleurs, la restitution de la dimension verticale peut
également aider et faciliter le traitement ODF. (SIXOU et ROBERT, 1998 ; ROSENBLUM,
1999 ; LUZZI et coll, 2003 ; KOSTOULAS et coll, 2005)
Si l’enfant est coopérant, le traitement ODF est d’autant plus efficace qu’il est précoce, afin
d’intercepter les dysmorphoses. Lorsque l’anatomie des dents postérieures détériorées ne
permet pas la mise en place de coiffes métalliques préformées, le traitement ODF devient une
alternative intéressante pour rétablir la dimension verticale, l’occlusion, et l’esthétique.
(BEDI, 1989 ; COURSON et LANDRU, 2005)
Selon les cas cliniques, l’odontologie conservatrice, la prothèse et le traitement ODF, peuvent
être concomitants, ou réalisés indépendamment les uns des autres.
Dans la prise en charge de l’AIH, le traitement ODF vise essentiellement à corriger les
béances antérieures, souvent basales et les supraclusions. En effet, comme nous
l’avons vu précédemment dans le chapitre 4.1.3.2., ce sont les deux dysmorphoses les
plus fréquemment rencontrées. (SEOW, 1993 ; HOPPENREIJS et coll, 1998a ;
AYERS et coll, 2004 ; NUSIER et coll, 2004 ; COFFIELD et coll, 2005)
199
recherchées se rapprochent de celles de la classe I, au niveau dentaire et squelettique.
(COURSON et LANDRU, 2005)
Certains types d’appareillage, comme les plaques de Hawley par exemple, peuvent
être laissés en contention en fin de traitement ODF. Leur fonction est alors de protéger
les restaurations présentes (surtout les céramiques), comme les gouttières nocturnes.
(ROSENBLUM, 1999)
Des systèmes de traction orthodontique peuvent être utilisés pour traiter les dents
incluses fréquentes dans certains cas d’AIH. (TÜRKÜN, 2005)
Difficultés de coopération :
Chez un enfant ayant peu d’estime pour son état dentaire, le traitement ODF peut devenir un
élément de trop dans la prise en charge de l’AIH. En effet, la durée du traitement ainsi que
l’encombrement des appareillages peuvent contribuer à la perte de motivation et de
coopération de l’enfant. Le praticien doit évaluer le rapport entre les besoins, la demande et
les bénéfices à long terme d’un traitement ODF, selon l’état psychologique du patient, avant
d’envisager toute thérapeutique. C’est pourquoi, lorsque les défauts restent peu importants, il
est parfois préconisé de restreindre le traitement ODF à un simple réalignement des dents,
sans chercher à rétablir à tout prix des rapports inter-arcades idéaux. (SIXOU et ROBERT,
1998 ; ROSENBLUM, 1999 ; LUZZI et coll, 2003)
200
Complications liées au traitement ODF :
Le risque de fracture des dents atteintes n’est pas à exclure. L’émail étant fragilisé, des forces
orthodontiques trop importantes peuvent devenir néfastes. (VENEZIE et coll, 1994)
201
Complications liées à la chirurgie orthognatique :
L’AIH est souvent associée à des dysmorphoses d’ordre squelettique. Par conséquent, dans de
nombreux cas sévères, le recours au traitement lourd qu’est la chirurgie orthognatique devient
nécessaire. Différentes complications sont liées à la chirurgie :
Les récidives sont tout de même fréquentes, c’est pourquoi la correction
chirurgicale reste une technique plutôt délicate.
Des défauts parodontaux peuvent survenir.
Les racines adjacentes aux incisions d’ostéotomies sont parfois
endommagées.
Des lésions vasculaires consécutives à l’intervention peuvent être à
l’origine de perte de dents ou de segments dento-alvéolaires.
(HOPPENREIJS et coll, 1998b)
Malgré la détérioration des dents par l’anomalie, les traitements ODF et chirurgicaux ne
diffèrent pas de ceux effectués sur les enfants non atteints par l’AIH.
Techniques :
202
La troisième étape consiste en la maintenance qui permet de surveiller et maîtriser l’éruption
de toutes les dents permanentes.
En denture définitive, l’orthodontie post-orthopédique est effectuée à l’aide d’appareils multi-
bagues. L’objectif est de corriger les défauts d’éruption et de finaliser l’occlusion statique et
dynamique. La contention est essentielle afin d’éviter les récidives : elle peut être laissée
pendant une longue période dans certains cas voire de façon permanente.
(LEJOYEUX et FLAGEUL, 1999 ; ROSENBLUM, 1999 ; GEMALMAZ et coll, 2003 ;
LUZZI et coll, 2003)
La conduite du traitement des béances alvéolaires et squelettiques se déroule selon les étapes
décrites ci-dessus. Les différences thérapeutiques résident au niveau de l’orthopédie qui doit
stimuler ou freiner la croissance selon le type de béance. En effet, l’orthopédie indirecte
corrigeant les béances alvéolaires, doit induire une égression des incisives maxillaires tout en
203
maintenant un ancrage molaire vertical, alors que pour les béances basales, l’égression
incisive doit être associée à une ingression des molaires. Afin d’atténuer la typologie
dolichofaciale des béances basales, le traitement orthopédique doit aussi stimuler la
croissance mandibulaire en rotation antérieure et freiner la croissance verticale maxillaire.
La chirurgie corrigeant les béances alvéolaires sévères consiste en une chirurgie sectorielle du
bloc incisivo-canin, sans modifier la typologie normalement mésofaciale. La chirurgie des
béances squelettiques implique une rotation antérieure de la mandibule avec ou sans
impaction postérieure ou antérieure. La technique utilisée est celle du Lefort I associée ou non
à une génioplastie.
(WRIGHT et coll, 1991 ; HOPPENREIJS et coll, 1998b ; LEJOYEUX et FLAGEUL, 1999 ;
AYERS et coll, 2004)
L’orthopédie indirecte doit permettre dans ce cas une égression molaire combinée à une
ingression incisive (par un plan rétroincisif par exemple).
La chirurgie consiste en une bascule postérieure mandibulaire associée plus ou moins à une
bascule antihoraire.
(LEJOYEUX et FLAGEUL, 1999)
L’approche multidisciplinaire entre orthodontiste, chirurgien maxillo-facial et le dentiste est
primordiale. Il est essentiel que le chirurgien soit informé du plan de traitement envisagé. En
effet, les rapports intermaxillaires doivent être déterminés en fonction des futures
réhabilitations : un espace libre doit être ménagé afin de restaurer la dimension verticale.
(HOPPENREIJS et coll, 1998b)
204
4.3.7. Traitement des édentements
Indications :
Les étiologies des pertes dentaires chez les patients atteints d’AIH diffèrent peu de celles
rencontrées chez les patients ne présentant pas l’anomalie. En effet, la fréquence des causes
pathologiques endodontiques ou parodontopathiques est similaire dans les deux cas. La
prévalence des causes traumatiques, et notamment les fractures corono-radiculaires est
légèrement plus importante chez les patients atteints d’AIH. (LINDUNGER et SMEDBERG,
2005)
Le traitement des édentements est considéré comme une solution de dernier recours dans la
prise en charge de l’AIH. Il est associé, dans la plupart des cas, à un échec de la prise en
charge, souvent trop tardive, ou à un manque de suivi en phase transitoire de traitement.
(COLEY-SMITH et BROWN, 1996)
Les dents absentes doivent être remplacées. La perte d’une dent provoque l’altération de
l’intégrité de l’arcade dentaire : les dents adjacentes et/ou les dents antagonistes migrent vers
l’espace édenté non compensé. (COURSON et LANDRU, 2005)
Quelques cas ont été recensés dans la littérature concernant une réhabilitation par overdenture.
Ce type d’appareillage ressemble à une prothèse adjointe totale en résine recouvrant non
seulement les secteurs édentés mais aussi les dents restantes abrasées.
L’avantage d’une telle méthode est qu’elle reste réversible et peut constituer une solution
provisoire en attendant une réhabilitation fixe. Ce type de prothèse permet de restituer une
perte de dimension verticale d’occlusion, tout en restant très peu invasif par rapport aux
techniques d’odontologie conservatrice ou de prothèse conjointe. Cette prothèse peut aussi
être entreprise en fin de phase transitoire de traitement de l’AIH car il est possible d’y
apporter de légères modifications en fonction de la croissance. La réhabilitation est estimée
acceptable, au niveau esthétique comme au niveau fonctionnel et phonétique. (RENNER et
FERGUSON, 1983)
Il est néanmoins admis que ces caractéristiques demeurent médiocres par rapport aux
reconstitutions fixées. (KOSTOULAS et coll, 2005)
La conception de la prothèse sur overdenture commence par l’évaluation de la dimension
verticale d’occlusion. Un espace interocclusal suffisant est nécessaire pour recouvrir les
secteurs dentés. De légères dépressions occlusales peuvent être réalisées sur quelques dents
afin d’augmenter la capacité de rétention de la prothèse. Les étapes d’élaboration de ce type
de prothèse restent ensuite les mêmes que celles d’une prothèse adjointe conventionnelle.
(RENNER et FERGUSON, 1983)
207
CONCLUSION
208
praticien doit analyser les différentes solutions et les adapter selon la coopération du jeune
patient, de son entourage et selon l’intensité de l’atteinte. Il doit également ne pas perdre de
vue que le traitement ne se restreint pas seulement à l’application de protocoles mais doit
inclure tout au long de la démarche une prise en charge psychologique de l’enfant.
L’avènement des nouvelles technologies et matériaux a élargi nos possibilités thérapeutiques.
L’évolution des restaurations des dents atteintes tend vers des techniques de moins en moins
mutilantes, permettant de conserver et protéger au maximum la structure dentaire restante.
Les techniques adhésives ont maintenant fait leur preuve sur émail affecté et semblent être
l’avenir des réhabilitations en odontologie conservatrice et prothétique. En revanche, la prise
en charge financière des traitements reste un sujet rarement évoqué. Ce facteur est néanmoins
déterminant dans la décision thérapeutique. Il paraît évident qu’aujourd’hui, les solutions
prothétiques semblent les mieux adaptées à une réhabilitation esthétique et fonctionnelle
optimale, mais demeurent des soins onéreux et non remboursés. Une prise en charge
financière totale favoriserait sans doute la motivation et la prise de conscience des parents
quant à l’intérêt des restaurations précoces, et optimiseraient inévitablement la qualité des
résultats des traitements.
209
TABLE DES FIGURES
Figure 1: Schéma d’un cristal d’apatite………………...…….………………………………16
Figure 2 : amélogenèse imparfaite hypoplasique piquetée autosomique dominante. (BLOCH-
ZUPAN et MACHWIRTH, 1997 ; CRAWFORD, ALDRED et BLOCH-ZUPAN, 2007)….43
Figure 3 : amélogenèse imparfaite hypoplasique localisée autosomique dominante liée à une
mutation au niveau du gène ENAM. (WRIGHT, 2006)……………………………………...44
Figure 4 : amélogenèse imparfaite hypoplasique localisée autosomique dominante liée à une
mutation au niveau du gène ENAM. (KIM, SEYMEN, LIN et coll, 2005)…………….........45
Figure 5 : amélogenèse imparfaite hypoplasique lisse autosomique dominante liée à une
mutation du gène ENAM. (KIM, SEYMEN, LIN et coll, 2005)………………..……………47
Figure 6 : amélogenèse imparfaite hypoplasique lisse liée à l’X (mutation du gène AMELX).
(WRIGHT, 2006)……………………………………………………………………………..49
Figure 7 : amélogenèse imparfaite hypoplasique lisse liée à l’X (mutation du gène AMELX).
(KIM, SIMMER, HU et coll, 2004)…………………………………………………………..49
Figure 8 : amélogenèse imparfaite hypoplasique lisse liée à l’X (mutation du gène AMELX).
(KIM, SIMMER, HU et coll, 2004 ; WRIGHT, 2006).............................................................50
Figure 9 : amélogenèse imparfaite hypoplasique rugueuse autosomique dominante liée à une
mutation du gène ENAM. (WRIGHT, 2006)………………………………………………...51
Figure 10 : amélogenèse imparfaite hypoplasique rugueuse autosomique dominante.
(Professeur FRAYSSE)…………………...…………………………………………………..51
Figure 11 : amélogenèse imparfaite hypomature pigmentée autosomique récessive (mutations
des gènes MMP20 et KLK4). (WRIGHT, 2006)…………………………………………….54
Figure 12 : amélogenèse imparfaite hypomature liée à l’X (mutation du gène AMELX).
(WRIGHT, 2006)……………………………………………………………………………..56
Figure 13 : amélogenèse imparfaite hypomature liée à l’X, avec des dents à couronnes
neigeuses. (CRAWFORD, ALDRED et BLOCH-ZUPAN, 2007)………...……….………..57
Figure 14 : amélogenèse imparfaite hypocalcifiée. (AYNA, CELENK, BOLGÜL et coll,
2007)………………………………………………………………………………………….60
Figure 15 : amélogenèse imparfaite hypocalcifiée. (CRAWFORD, ALDRED et BLOCH-
ZUPAN, 2007)………………………………………………………………………………..60
Figure 16 : Restaurations directes à la résine composite de dents atteintes d’une amélogenèse
imparfaite hypocalcifiée. (AYNA, CELENK, BOLGÜL et coll, 2007)…………………….151
210
TABLE DES TABLEAUX
211
ANNEXES
Annexe 1 : autorisation de reproduction des figures 2 p. 43, 13 p. 57 et 15 p. 60.
--
LA REPONSE DE L'EDITEUR
Dr Agnes Bloch-Zupan
DChD, PhD, HDR, MCU-PH, Sciences Biologiques
Faculte de Chirurgie Dentaire de Strasbourg
Universite Louis Pasteur
Centre de reference des manifestations odontologiques de maladies rares
Hopital Civil
1 place de l'Hopital
F-67000 Strasbourg Cedex France
Tel 00 33 3 90 24 39 01 ou 02
Tel 00 33 3 90 24 38 87 ou 39 19
Fax 00 33 3 90 24 39 00
212
http://www.phenodent.org
Agnes.Bloch-Zupan@dentaire-ulp.u-strasbg.fr
Dear Agnes,
The rules for reproduction of articles/figures/table etc. are given
here: http://www.ojrd.com/info/faq/?question=print
*"Reproduction of figures or tables is permitted free of charge and
without formal written permission from the publisher or the copyright
holder, provided that:
* the figure/table is original
* BioMed Central is duly identified as the original publisher and
that proper attribution of authorship and the correct citation details
are given as an acknowledgement."*
213
Annexe 2 : autorisation de reproduction des figures 3 p. 44, 6 p. 49, 9 p. 51, 11 p. 54 et 12
p. 56.
You have my permission to reproduce them but I do ask that you reference
them using the citation included. Good luck with your thesis.
Phone: 919-966-2739
-----Original Message-----
From: clairefoucault@voila.fr [mailto:clairefoucault@voila.fr]
Sent: Wednesday, May 09, 2007 10:38 AM
To: Wright, Tim
Subject: reproduction of photographies for a thesis
Dear Mr WRIGHT,
WRIGHT JT.
The molecular etiologies and associated phenotypes of amelogensis
imperfecta.
Am J Med Genet A 2006;140(23):2547-2555.
FOUCAULT Claire,
(odotonlogy student in University of Nantes in France)
E-mail: clairefoucault@voila.fr
Address: 7 bis rue Monteil, 44000 NANTES (FRANCE)
Number Phone:06.86.72.34.97
214
Annexe 3 : autorisation de reproduction des figures 4 p. 45, 5 p. 47, 7 p. 49 et 8 p. 50.
We are happy to know that our publications are useful to your study. We
have no problem with your request. The copy right of the articles
belongs to JDR. You may also want to contact the editorial office for
clearance.
Jan Hu
-----Original Message-----
From: clairefoucault@voila.fr [mailto:clairefoucault@voila.fr]
Sent: Wednesday, May 09, 2007 10:57 AM
To: Hu, Jan
Subject: reproduction of photographies for a thesis
Dear Sir,
KIM JW, SEYMEN F, LIN BPJ, KIZILTAN B, GENCAY K, SIMMER JP and HU JCC.
ENAM Mutations in autosomal-dominant amelogenesis imperfecta.
J Dent Res 2005;84(3):278-282.
KIM JW, SIMMER JP, HU YY, LIN BPL, BOYD C, WRIGHT JT, YAMADA CJM,
RAYES
SK, FEIGAL RJ and HU JCC.
Amelogenin p.M1T and pW4S mutatiopns underlying hypoplastic X-linked
amelogenesis imperfecta.
J Dent Res 2004;83(5):378-383.
FOUCAULT Claire,
(odotonlogy student in University of Nantes in France)
E-mail: clairefoucault@voila.fr
Address:7 bis rue Monteil 44000 NANTES (FRANCE) Number Phone: 0686723497
215
Annexe 4 : autorisation de reproduction des figures 4 p. 45, 5 p. 47, 7 p. 49 et 8 p. 50.
Dear Ms. Foucault,
Thank you for writing.
We are pleased to grant permission for you to reproduce the material as
described below, with appropriate credit to the Journal of Dental Research
as the source document.
We wish you every success in the completion of this important academic
milestone.
Sincerely,
Linda T. Hemphill, Director of Publications
______________________________________________
International & American Associations for Dental Research
1619 Duke Street, Alexandria, VA 22314-3406, USA
T: +1.703.299.8091 | F: +1.703-548.0298 |E: lhemphill@iadr.org
www.dentalresearch.org
____________________________________________
Future Meeting Dates:
AADR - April 2-5, 2008 Dallas, TX, USA
IADR/CADR - July 2-5, 2008 Toronto, ON, Canada
IADR/AADR/CADR - April 1-4, 2009 Miami, FL, USA
AADR/CADR - March 3-6, 2010 Washington, DC, USA
IADR - July 14-17, 2010 Barcelona, Spain
-----Original Message-----
From: Elaine Balizet
Sent: Friday, May 11, 2007 9:53 AM
To: Linda Hemphill
Subject: FW: reproduction of photographies for a thesis
---------------------------------------------------------------------------
Elaine Balizet, Membership Assistant
---------------------------------------------------------------------------
International & American Associations for Dental Research
1619 Duke Street, Alexandria, VA 22314-3406, USA
T: +1.703.299.8080 | F: +1.703.548.1883 | E: ebalizet@iadr.org
www.dentalresearch.org
-----Original Message-----
From: clairefoucault@voila.fr [mailto:clairefoucault@voila.fr]
Posted At: Friday, May 11, 2007 9:47 AM
Posted To: IADR-General
Conversation: reproduction of photographies for a thesis
Subject: reproduction of photographies for a thesis
FOUCAULT Claire,
(odotonlogy student in University of Nantes in France)
216
Annexe 5 : autorisation de reproduction des figures 14 p. 60 et 16 p. 152.
Permission granted.
OW
clairefoucault@voila.fr wrote:
Dear Sir or Madam,
Within the framework of my thesis (about « Management of children with amelogenesis
imperfecta »), for the obtention of the diploma in dental surgery, I would like to reproduce the
photographies that are published in the following article :
Title : The use of ditect composite resin restorations in the treatment of amelogenesis
imperfecta.
Authors : Ayna Buket, Çelenk Sema, Bolgül Behiye, Atakul Fatma, Kaya Filiz.
Journal: The internet journal of dental science
Volume 4, number 2
Date: 2007
I look forward to hearing you. Yours fairthfully,
FOUCAULT Claire,
(odotonlogy student in University of Nantes in France)
E-mail: clairefoucault@voila.fr
Address: 7 bis rue Monteil, 44000 NANTES (FRANCE)
Number Phone:06.86.72.34.97
You can reproduce the photographies of our article entitled "The use of
direct composite resin restorations in the treatment of amelogenesis
imperfecta"
Sincerely
217
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FOUCAULT Claire.- Prise en charge thérapeutique de l’amélogenèse imparfaite héréditaire
chez l’enfant. Pages 227 ; ill. ; tabl. ; 120 réf. ; 30cm.-
(Thèse : Chir. Dent. NANTES ; 2007)
Résumé :
L’amélogenèse imparfaite héréditaire est une anomalie structurale de l’émail, due à des
mutations au niveau de différents gènes codant pour des protéines amélaires. Le défaut se
manifeste par des hypoplasies, des hypominéralisations ou des hypomaturations. La
classification de WITKOP (1989) répertorie 14 formes cliniques, associées à des modes de
transmission précis. Il est indispensable de compléter le diagnostic clinique par le diagnostic
génétique.
Les préjudices esthétiques, fonctionnels et psychologiques engendrés par la maladie doivent
être interceptés le plus tôt possible. Le traitement se déroule selon trois phases : une phase
initiale précoce en denture temporaire, suivie d’une phase transitoire en denture mixte, afin
d’effectuer un traitement définitif à l’âge adulte durant la phase permanente. Un des
principaux objectifs de la réhabilitation est de rétablir la dimension verticale d’occlusion,
souvent affaiblie par attrition. La prise en charge chez l’enfant implique un traitement
pluridisciplinaire, essentiellement en odontologie conservatrice, en prothèse fixée et en
orthopédie dento-faciale. Les techniques collées directes et indirectes semblent être l’avenir
des restaurations des dents atteintes par cette anomalie.
231