Cours de Droit Du Travail 2020
Cours de Droit Du Travail 2020
Plan du cours
INTRODUCTION GENERALE
Le travail peut être défini comme une action constante, intellectuelle ou manuelle entreprise en vue
de réaliser les besoins de l’Homme et de la société. Le droit du travail est l’ensemble des
dispositions juridiques qui régissent les rapports professionnels entre employeurs et employés, que
ces rapports soient individuels ou collectifs. C’est le droit qui réglemente les relations
professionnelles entre les partenaires sociaux : Etat, employeurs, employés. Pour qu’il y ait droit du
travail, il faut qu’il y ait des travailleurs. Est considéré comme travailleur au sens du Code du travail
(CT), toute personne engagée à mettre son activité professionnelle au profit d’une autre personne et
conformément à ses directives moyennant rémunération. C’est dire que pour qu’il y ait relation de
travail, il faut cumulativement : une prestation, un lien de subordination et une rémunération.
Le droit du travail ne s’applique pas pour autant à tous les travailleurs. Sont exclus les personnels
régis par :
-. Le statut général de la fonction publique ;
-. Le statut de la magistrature ;
-. Le statut spécial de la défense;
-. Le statut spécial de la sûreté nationale ;
-. Le statut spécial de l’administration pénitentiaire ;
Cette présentation générale du cours sera consacrée à la naissance et son évolution (II), aux
objectifs du droit du travail (III), et enfin à ses sources (IV).
B -. L’ère coloniale
La période coloniale est marquée par l’introduction de l’économie de marché dans les pays
africains. L’on passe du « travail-subsistance » au « travail-profit ». En effet, les colons qui avaient
pour objectif d’exploiter les ressources naturelles et de réaliser des bénéfices, devaient produire en
quantité importante des biens qui seront écoulés sur les marchés occidentaux. Ce fut la naissance de
l’économie de marché avec pour corollaire le travail salarié encore appelé salariat. Mais il s’agissait
d’un salariat d’un genre particulier, marqué par le recours à la force avec ou sans rémunération. Ce
salariat a été baptisé indigénat.
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III – Les sources du droit du travail
Les sources renvoient aux éléments dans lesquels la règle de droit tire son origine. En droit du
travail, on distingue les sources nationales des sources internationales.
On peut citer :
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l’employeur et à l’élaboration duquel ils ne sont pas associés. Malgré tout, le RI est devenu une
source importante de l’organisation du travail au sein de l’entreprise.
c- Le contrat individuel
C’est l’acte par lequel les parties à la relation de travail aménagent leurs rapports. Il peut prévoir
des dispositions beaucoup plus favorables aux travailleurs que la réglementation.
d- Les usages
Ce sont les normes non écrites nées de la pratique des relations professionnelles entre les
travailleurs et les employeurs. Lorsqu’ils présentent une certaine stabilité et une certaine durée, on
les considère comme des normes impératives de travail. Ils ont joué un rôle important en matière de
délai, congé, d’embauchage à l’essai, de résiliation abusive du contrat de travail, de frais de
déplacement.
2 -. Les recommandations
Ce sont des suggestions formulées par l’OIT à l’intention des Etats membres en vue de les orienter
vers l’adoption de certaines solutions. Les Etats n’ont pas l’obligation de les adopter. Elles restent
donc de simples déclarations d’intention et conservent une simple valeur morale. Les
recommandations assurent deux fonctions complémentaires aux conventions : la première est de
permettre et d’adopter des normes internationales sur des sujets qui ne sont pas suffisamment
importants pour aboutir à des conventions.
La seconde fonction est de guider les pouvoirs publics chargés d’appliquer les conventions au
moyen des dispositions détaillées et techniques.
Le présent enseignement s’organisera autour des rapports individuels du travail et des rapports
collectifs.
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TITRE I : LES RAPPORTS INDIVIDUELS DE TRAVAIL
Les rapports du travail sont essentiellement individuels, ils se nouent avec le recrutement du
travailleur dans l’entreprise, recrutement matérialisé par la conclusion du contrat du travail (chapitre
I). Cette relation évolue avec l’exécution du contrat (chapitre II) qui peut connaitre des incidents
(chapitre III) ou prendre fin (Chapitre IV). La relation de travail avant de disparaitre ou à l’occasion
de cette disparition peut être sources de différends ou conflits (chapitre V).
Le contrat de travail est une convention par laquelle, une personne appelée employé s’engage
moyennant rémunération ou salaire à exercer une activité sous la direction et l’autorité d’une
personne physique ou morale appelée employeur (art.23 alinéa 1 du Code de travail). La validité de
ce contrat est soumise au respect d’un certain nombre de conditions (Section I). Par ailleurs, le
contrat de travail présente un certain nombre de caractéristiques (section II). Sa signature peut être
précédée par la conclusion d’un certain nombre d’accords préalables ou préparatoires (section III) et
lorsqu’il a été conclu, il se présente selon une typologie particulière (Section IV).
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Section II : Les caractéristiques du contrat de travail
Le contrat de travail est l’acte juridique par lequel une personne appelée travailleur ou salarié
s’engage à mettre son activité professionnelle sous la subordination d’une autre personne appelée
employeur, lequel s’engage en contre partie à lui verser un salaire. De cette définition, on peut tirer
les caractéristiques du contrat de travail, une principale (A) et des secondaires (B).
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Section II : La typologie des contrats de travail
A côté des formes désormais qualifiées de classique, le Code de 1992 a prévu des nouvelles formes
de mise en travail.
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C- Le contrat de travail saisonnier
Il est lié à la nature cyclique ou climatique des activités de l’entreprise. Il ne peut excéder 6 mois
par année, il peut être renouvelé chaque année avec le même employeur (art. 4 du Décret précité).
En cas de continuité de la relation au-delà de 6 mois, le contrat se transforme en contrat à durée
indéterminée.
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La forme du contrat d’apprentissage : Le contrat d’apprentissage doit être constaté par écrit, à
défaut il se transforme en contrat à durée indéterminée.
La capacité des parties : Le contrat d’apprentissage ne peut être conclu que si l’apprenti est âgé
d’au moins 14 ans et le maitre de 21 ans.
Les obligations des parties : l’apprenti obéit au maitre et exécute pour le compte du maitre, les
ouvrages destinés à assurer sa formation. En contrepartie, le maitre doit assurer la formation
méthodique et complète de l’apprenti. Ce qui suppose qu’il ne doit pas confiner son apprenti à
l’exécution d’une seule tache, mais le former à tous les postes de travail de sorte qu’il soit capable
de réaliser par lui-même l’ouvrage entier.
L’apprenti peut recevoir une allocation du maitre. Certaines conventions collectives prévoient des
salaires à la place de cette allocation (Secteur du bâtiment et travaux publics).
La durée du contrat d’apprentissage : Elle est fixée en tenant compte des usages locaux, de la
profession ou de la convention applicable s’il en existe. Elle ne peut être toutefois supérieure à 4
ans. Le contrat d’apprentissage prend fin à l’arrivée du terme par la délivrance d’un certificat de fin
d’apprentissage précédé ou non d’un examen professionnel. Il peut prendre prend prématurément
fin par la mort du maître ou de l’apprenti, par la condamnation du maître à une peine
d’emprisonnement supérieure à 3 mois, le divorce du maitre ou le décès de son épouse lorsque les
apprentis sont des filles mineures.
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CHAPITRE II : L’EXECUTION DU CONTRAT DE TRAVAIL
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1- La procédure d’élaboration du règlement intérieur (R.I)
Le projet de RI est rédigé par le chef d’entreprise seul qui le soumet au délégué du personnel afin
que ce dernier donne son avis. Toutefois, cet avis du délégué ne s’impose pas à l’employeur. Le
projet de RI établi en 3 exemplaires et l’avis du délégué du personnel doivent être transmis à
l’inspecteur du travail du ressort afin que celui-ci y appose son visa. L’inspecteur doit contrôler la
légalité du RI, c’est-à-dire sa conformité aux lois, aux règlements et aux conventions collectives. Il
peut exiger de l’employeur la modification des clauses du RI contraires aux règles du droit du
travail. Après vérification, l’inspecteur appose son visa sur le RI. Le silence de l’inspecteur pendant
deux mois après réception du projet de RI vaut approbation du RI en l’état.
La consultation du délégué du personnel pour son avis ainsi que le visa de l’inspecteur du travail
sont des formalités substantielles (fondamentales) dont le non respect entraine la nullité du RI.
Le RI fait l’objet d’une double publicité : affichage au lieu de travail et dépôt d’une copie au greffe
du TPI du lieu de situation de l’entreprise. Cette publicité marque la date d’entrée en vigueur du RI.
2- Le contenu du R.I
Le RI contient exclusivement les dispositions relatives à l’organisation technique du travail, aux
normes et procédures disciplinaires (fautes et sanctions disciplinaires), ainsi qu’aux prescriptions
relatives à l’hygiène et la sécurité au travail. Toutes autres dispositions, à l’exemple des dispositions
relatives aux salaires, sont nulles de plein droit.
Le RI est la loi des parties et à ce titre, il s’impose aussi bien à l’employeur qu’aux travailleurs.
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Ces conditions sont cumulatives, l’absence de l’une d’elles entraine la nullité de la mise à pied. Si
le motif invoqué par l’employeur pour prononcer la mise à pied est insuffisant, le juge peut réduire
ou annuler la mise à pied. Dans ce cas, le travailleur aura droit à une indemnité correspondant à son
salaire perdu et éventuellement à des dommages et intérêts s’il prouve qu’il a subi un préjudice du
fait de la perte du salaire.
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du travail dans le mois qui est de 173 heures 1/3. Ce mode de calcul est très avantageux pour le
salarié car il ne tient pas compte du nombre d’heures et de jours effectifs de travail.
-. Le salaire au rendement prévu à l’art. 63 du CT est calculé en fonction de la tâche accomplie ou
des pièces produites par le travailleur. Mais en raison du caractère alimentaire du salaire, l’art. 63
exige que le salaire au rendement soit calculé de telle sorte qu’il procure au travailleur un salaire au
moins égal à celui d’un travailleur rémunéré au temps et effectuant un travail analogue. C’est
également le salaire constitué en totalité ou partie de commissions ou primes et prestations diverses
ou indemnités représentatives de ces prestations (art. 65 CT). Ici, l’employeur peut stipuler que le
travailleur percevra son salaire sous la forme de commission un pourcentage sur le chiffre d’affaire
ou le bénéfice réalisé.
Dans la pratique, l’employeur peut transformer une partie du salaire en avantage en nature. Ex :
gardiens ou domestiques dont une partie du salaire peut être constituée de leur logement par
l’employeur.
Le salaire au rendement est celui qui permet une meilleure productivité de l’entreprise.
% Les accessoires versés par la clientèle : il s’agit essentiellement des pourboires qui sont
fréquents dans certaines professions où le salarié est en contact avec la clientèle : hôtels, restaurants,
spectacles, bars, dancings, etc.
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-. L’indemnité de logement : elle est fixée à un minimum de 25 % du salaire de base majoré de la
prime d’ancienneté. Elle est due au travailleur déplacé et au travailleur dont la résidence habituelle
se situe entre 10 et 25 km du lieu de travail (arrêté n° 18/MTPS/SG/CJ du 26 mai 1933 fixant les
conditions auxquelles doit répondre le logement fourni au travailleur).
-. Les œuvres sociales : elles peuvent prendre deux formes : d’abord l’économat qui est une
structure où l’employeur pratique directement ou indirectement la vente des marchandises aux
travailleurs de l’entreprise pour leurs besoins personnels et normaux (art. 78 CT) et le service
médical de l’entreprise au profit des travailleurs. Dans l’impossibilité de l’avoir, il peut passer un
contrat avec un établissement hospitalier agrée où ses employés seront consultés et traités (art. 98
du Code de travail).
Le paiement du salaire pose deux problèmes essentiels : celui des modalités de paiement et celui de
la protection du salaire.
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prélèvements des cotisations syndicales et de sociétés de secours mutuels, la cession volontaire de
salaire, retenue sur salaire pour absence. En dehors de ces cas, le travailleur doit jouir de la totalité
du salaire.
Le risque le plus couru par les travailleurs en cas d’insolvabilité de l’employeur est de ne pas être
payé parce qu’ils sont en concours avec les autres créanciers de l’employeur. Compte tenu du
caractère alimentaire du salaire, le droit du travail leur accorde deux garanties de paiement contre
les autres créanciers de l’employeur.
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-. Le super privilège du salaire : selon l’article 70 du CT, la créance de salaire bénéficie d’un
privilège préférable à tous les autres privilèges généraux et spéciaux en ce qui concerne la fraction
insaisissable dudit salaire. Cette fraction doit être payée dans les dix jours qui suivent le jugement
déclaratif de faillite de l’employeur.
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1). Affiliation et immatriculation à la Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale
L’employeur doit affilier son entreprise dès sa constitution à la CNPS et y faire immatriculer tous
ses travailleurs dans les 8 jours qui suivent leur recrutement.
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B- L’obligation morale
De façon générale, c’est l’obligation de loyauté qui se présente sous la forme de multiples devoirs
du salarié à savoir :
1- Le devoir d’intégrité
C’est le devoir de probité. Le travailleur doit être intègre et éviter la corruption (fait pour un
employé rémunéré qui sans l’autorisation de son patron, reçoit des dons ou agrée des promesses
pour faire ou s’abstenir de faire un acte relevant de son service. En effet, l’article 312 du Code
pénal punit l’employé non intègre coupable de corruption d’une peine de prison de 1 à 3 ans ou
d’une amende de 50.000 à 500.000 FCFA.
La violation de l’obligation d’intégrité constitue sur le plan contractuel une faute lourde légitimant
le licenciement. L’employeur pourra justifier sa décision en invoquant la perte de confiance.
2- Le devoir d’obéissance
C’est la conséquence logique du lien de subordination. En effet, tout comportement insolent (injure,
mépris, médisance, calomnie) peut être qualifié d’acte d’insubordination à l’égard de l’employeur et
justifier le licenciement. Ce devoir s’étend à la courtoisie envers les collègues et la clientèle.
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CHAPITRE III : LES INCIDENTS RELATIFS A L’EXECUTION
DU CONTRAT DE TRAVAIL
Normalement, le contrat de travail est exécuté sans discontinuité. Plusieurs évènements peuvent
cependant perturber cette exécution. Il peut s’agir soit de la modification (section I), soit de la
suspension du contrat de travail (section II).
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Section II : La suspension du contrat de travail
C’est une interruption momentanée dans l’exécution du contrat de travail. Il faut d’abord étudier les
causes de la suspension du contrat de travail (Par I) avant d’en préciser les effets (Par I).
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8- L’accident de travail, la maladie professionnelle
Une fois rétabli, le travailleur reprend son poste de travail dans l’entreprise. Si la maladie ou
l’accident ont entraîné une baisse de capacité de travail, il doit être reclassé dans l’entreprise à un
poste correspondant à ses nouvelles aptitudes. Le licenciement ne peut être prononcé qu’en cas
d’inaptitude totale ou d’impossibilité de lui trouver un poste tenant compte de sa déficience. Dans
ce cas, l’employeur doit lui payer tous les droits attachés au licenciement.
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ANCIENNETE
CATEGORIES Moins d’un an Entre 1 et 5 ans Plus de 5 ans
I à VI 15 jours 1 mois 2 mois
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CHAPITRE IV : LA FIN DU CONTRAT DE TRAVAIL
Tout contrat de travail a vocation à prendre fin un jour, qu’il s’agisse du contrat à durée déterminée
ou du contrat à durée indéterminée.
S’agissant du contrat à durée déterminée, il prend normalement fin avec l’arrivée du terme convenu
par les parties ou l’achèvement de l’ouvrage pour lequel il a été conclu (art. 25 al 1a CT). Il ne peut
prendre fin avant terme qu’en cas de faute du travailleur. Il peut également prendre fin pour deux
raisons qui s’appliquent également au contrat à durée indéterminée :
-. En cas de force majeure : il s’agit d’un évènement imprévisible, irrésistible et non imputable à
l’employeur qui rend impossible la poursuite des relations de travail (ex : destruction totale des
installations de l’entreprise du fait d’un cataclysme naturel ou d’un incendie, l’interdiction par des
autorités publiques de la continuation des relations de travail). La force majeure met fin aussi bien
au CDD qu’au CDI.
-. L’accord des parties ou départ négocié (art. 38 CT). Il s’agit d’une rupture des relations de travail
par consentement mutuel. Il doit être constaté par écrit. Dans la pratique, le travailleur a souvent
droit à une prime de bonne séparation.
Concernant le contrat à durée indéterminée, il est gouverné par le principe de la faculté de
résiliation unilatérale selon lequel le CDI peut toujours être résilié par la volonté de l’une des
parties. La cessation du CDI peut donc être initiée soit par le travailleur (Section I) soit par
l’employeur (Section II).
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B- Les effets de la démission
Le travailleur démissionnaire n’a droit à aucune indemnité, il n’a pas droit à la priorité de
réembauchage. Il a droit à un certificat de travail, il est protégé par l’inopposabilité de la mention
reçu pour solde de tout compte. Il est tenu de respecter le secret professionnel, il doit respecter
l’obligation de non concurrence si cela a été prévu dans son contrat.
Si le travailleur se rend coupable de démission abusive, c.-à-d. une démission brusque ou avec
intention de nuire, il peut être condamné à payer des dommages et intérêts à l’employeur.
Si l’employeur extorque la démission par la contrainte morale, des procédés vexatoires ou des
conditions de travail insupportables, il s’agira, selon la jurisprudence, d’un licenciement déguisé et
l’employeur sera condamné au paiement des indemnités de licenciement.
A -. La retraite normale
Au Cameroun, l’âge normal de la retraite est fixé à 60 ans. Cependant pour bénéficier d’une pension
vieillesse, le travailleur doit en outre remplir les conditions suivantes :
-. Avoir été immatriculé à la CNPS depuis 20 ans au moins
-. Avoir accompli au moins 180 mois d’assurance dont 60 mois au cours des 10 dernières années
précédant la date d’admission à la pension.
-. Avoir cessé toute activité salariée.
Le travailleur qui ne remplit pas les deux premières conditions ne peut bénéficier que d’une
allocation payée sous forme d’un versement unique par la CNPS
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La faute grave est celle qui rend intolérable le maintien des relations de travail entre l’employeur et
le travailleur, mais sans nécessiter le départ immédiat du travailleur qui conserve son droit au
préavis.
La faute lourde est définie par la jurisprudence comme une faute extrêmement grave qui d’après les
usages de travail rend intolérable le maintien du lien de travail et justifie le départ immédiat du
travailleur de l’entreprise.
Les fautes du travailleur peuvent rentrer dans deux catégories : la première a trait à la mauvaise
exécution des tâches pour lesquelles le travailleur a été engagé et comprend les fautes telles que la
négligence dans le travail, la violation du règlement intérieur, la désobéissance aux ordres légitimes,
les absences prolongées et injustifiées.
La deuxième englobe diverses formes de comportement répréhensifs et comprend notamment le
vol ou détournement, coups et blessures sur l’employeur ou un supérieur hiérarchique, propos
injurieux ou diffamatoires à l’égard de l’employeur, ivresse ou conduite en état d’ébriété, etc.
Dans la plupart des cas, la faute lourde est une faute intentionnelle.
L’appréciation de la gravité de la faute relève du pouvoir souverain des juges du fond sous le
contrôle de la Cour suprême.
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Il varie en fonction de la catégorie professionnelle et de l’ancienneté du travailleur suivant l’arrêté
n° 15/MTPS du 26 mai 1993 qui fixe la durée du préavis de la manière suivante :
ANCIENNETE
CATEGORIES Moins d’un an Entre 1 et 5 ans Plus de 5 ans
I à VI et 15 jours 1 mois 2 mois
employés de
maison
VII à IX 1mois 2 mois 3 mois
L’indemnité compensatrice de préavis doit être versée au travailleur lorsque l’employeur ne veut
pas conserver ce dernier dans l’entreprise au cours de la période de préavis. Elle est égale à la
rémunération et aux avantages de toute nature dont aurait bénéficié le travailleur durant le délai de
préavis et doit être payée au travailleur au moment de son départ de l’entreprise.
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-. Droit au certificat de travail
-. Droit aux frais de transport pour le travailleur déplacé
-. Droits aux dommages-intérêts : le montant minimum est de 3 mois de salaire et le maximum ne
peut excéder un mois de salaire par année d’ancienneté dans l’entreprise (lorsque le travailleur
réunit plus de 3 ans d’ancienneté).
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CHAPITRE IV : LES CONFLITS INDIVIDUELS DE TRAVAIL
Les conflits individuels de travail sont ceux qui supposent une réclamation individuelle ayant pour
objet les intérêts privés d’une ou plusieurs personnes nominativement désignées. En principe, les
conflits individuels naissent à l’occasion de l’exécution du contrat de travail entre le travailleur et
son employeur, ou entre un apprenti et son maître. Ces conflits peuvent porter sur la contestation du
salaire et accessoire du salaire, sur la demande en réparation d’un préjudice subi par l’employeur de
suite d’une faute lourde du travailleur. Les conflits individuels peuvent aussi porter sur la demande
en expulsion d’un travailleur logé sur les frais de l’employeur ou sur la restitution d’un salaire indu.
Les conflits individuels en droit du travail se caractérisent par leur procédure particulière. Il s’agit
d’une procédure gratuite, simple et en principe rapide qui se déroule en deux étapes qu’il faut
présenter : la procédure de conciliation amiable devant l’inspecteur du travail et l’instance devant le
juge.
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Les employeurs peuvent en outre être représentés par un directeur, employé de l’entreprise ou par
toute autre personne munie d’une procuration.
-. Les voies de recours en matière sociale : elles sont au nombre de trois :
L’opposition : C’est une voie de recours ouverte contre une décision rendue par défaut. Elle doit
intervenir dans un délai de 10 jours après notification du jugement au défaillant (art. 151 al. 1 CT).
L’appel qui doit intervenir dans un délai de 15 jours à compter du prononcé du jugement s’il est
contradictoire ou de sa signification s’il est par défaut. L’appel doit être jugé dans les 2 mois de la
déclaration d’appel.
Le pourvoi en cassation : il doit être introduit dans un délai de 30 jours à compter de la
signification de l’arrêt de la Cour d’Appel.
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SECONDE PARTIE : LES RAPPORTS COLLECTIFS DE
TRAVAIL
Il sera question d’étudier successivement les Délégués du personnel (Chapitre I) et les conflits
collectifs de travail (Chapitre I).
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2). Les conditions d’électorat
Sont électeurs à l’exception du chef d’établissement, les travailleurs des deux sexes remplissant les
conditions suivantes (art. 123 CT) :
-. Avoir 18 ans révolus
-. Avoir travaillé au moins 6 mois dans l’entreprise
Il faut préciser les attributions et les moyens d’action des délégués du personnel
Aux termes de l’article 128 CT, les délégués du personnel ont pour mission :
-. De présenter à l’employeur les réclamations individuelles et collectives qui n’auraient pas été
directement satisfaites et qui concernent les conditions de travail, la protection du travailleur,
l’application des conventions collectives, les classifications professionnelles et les taux de salaires.
Le délégué peut ainsi être considéré comme le mandataire du personnel chargé d’agir en son nom et
à qui il doit rendre compte à travers des réunions périodiques et par l’affichage.
-. Saisir l’inspecteur du travail de toute plainte ou réclamation concernant l’application des
prescriptions légales et réglementaires dont il est chargé d’assurer le contrôle. Le délégué se
présente comme un auxiliaire de l’inspecteur du travail dans l’entreprise et c’est ce rôle qui lui vaut
très souvent la colère, l’hostilité, la rancœur de l’employeur.
-. De veiller à l’application des prescriptions relatives à l’hygiène et à la sécurité des travailleurs et à
la prévoyance sociale et proposer toute mesure utile à ce sujet
-. De communiquer à l’employeur toutes suggestions utiles tendant à l’amélioration de
l’organisation et du rendement de l’entreprise.
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Paragraphe II : Les moyens d’action des délégués du personnel
Ils se ramènent au temps imparti pour l’exercice du mandat, au local de réunion et lieu d’affichage
et au droit de réception par l’employeur
Le droit du travail consacre plusieurs moyens de protection du délégué avec une portée mitigée.
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L’employeur qui prononce le licenciement du délégué du personnel sans autorisation de l’inspecteur
du travail se rend coupable du délit d’entrave à l’exercice des fonctions de délégué du personnel et
s’expose à la condamnation à une amende de 200.000 francs à 1.500.000 francs.
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CHAPITRE II : LES CONFLITS COLLECTIFS DE TRAVAIL
Les conflits collectifs sont des conflits qui se caractérisent soit par l’intervention d’une collectivité
de salariés organisés ou non en groupements professionnels, soit par la nature collective de l’intérêt
en jeu. Le règlement de ces conflits obéit à une procédure particulière (Section I) qui peut
déboucher sur plusieurs issues (Section II).
Paragraphe I : La conciliation
Elle est réglementée par les articles 158 à 160 du Code du Travail. La conciliation se fait devant
l’Inspecteur du Travail qui, après avoir convoqué les parties dans un délai de 48 heures et les avoir
entendu, peut délivrer un procès-verbal de règlement définitif ou un procès-verbal de non règlement
total ou partiel. Ce procès-verbal ouvre la voie à la procédure d’arbitrage dans un délai de 8 jours
après échec de la conciliation.
Paragraphe II : L’arbitrage
L’arbitrage des conflits collectifs de travail non réglés par la conciliation de l’Inspecteur du Travail,
est assuré par un Conseil d’Arbitrage institué au niveau de chaque Cour d’Appel. Ce Conseil
d’Arbitrage est composé d’un Magistrat Président de la Cour d’Appel du ressort, d’un Assesseur
employeur, d’un Assesseur employé et du Greffier de la Cour d’Appel.
L’objet de l’arbitrage est déterminé par le procès-verbal de non conciliation ou de conciliation
partielle, il peut aussi résulter des évènements postérieurs à l’établissement du procès-verbal.
Le Conseil d’Arbitrage statue en droit et en équité : en droit sur les différends relatifs à
l’interprétation et à l’exécution des lois, règlements, conventions collectives et accord
d’établissement en vigueur ; en équité sur les autres différends portant notamment sur les salaires ou
les conditions de travail en cas de silence des textes.
La décision du conseil d’arbitrage est appelée sentence arbitrale et elle est notifiée sans délai aux
parties par l’Inspecteur du Travail du ressort. A l’expiration d’un délai de 8 jours franc à compter de
la notification et si aucune partie n’a manifesté son opposition, la sentence acquiert force
exécutoire. L’opposition est formée à peine de nullité absolue par lettre recommandée avec accusé
de réception à l’inspecteur du travail du ressort. L’exécution de l’accord de conciliation et de la
sentence arbitrale non frappées d’opposition est obligatoire.
Les procédures de conciliation et d’arbitrage sont gratuites et leurs issues sont différentes suivant
qu’elles mettent fin ou non au conflit collectif.
Paragraphe I : La grève
La grève se définit comme « le refus collectif et concerté par tout ou partie des travailleurs d’un
établissement de respecter les règles normales de travail en vue d’amener l’employeur à satisfaire
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leurs réclamations ou revendications » (art. 157 du CT). Il faut examiner les diverses formes et les
effets de la grève.
Paragraphe II : Le lock-out
Le lock-out est la réponse de l’employeur à un mouvement de grève. C’est la fermeture d’un
établissement par l’employeur pour faire pression sur les travailleurs en grève ou menaçant de faire
grève (art. 157 alinéa 7 du CT).
Le lock-out doit nécessairement se rattacher à un contexte de conflit social, la fermeture doit être
provisoire. Il doit être licite et produit des effets.
A- Le lock-out licite
Le lock-out est licite ou légitime dans les hypothèses suivantes :
-. Lorsqu’il est déclenché après épuisement et échec de la procédure de conciliation et d’arbitrage ;
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-. Lorsqu’il n’est pas une mesure de sanction à la fin d’une grève. Il y a cependant la possibilité de
procéder à un lock-out après la grève lorsque les lieux du travail sont dans un mauvais état. C’est du
moins la position de la Jurisprudence française
-. Lorsqu’il n’est pas utilisé à titre d’intimidation, c’est-à-dire lorsqu’il est déclenché sans risque
réel de grève ;
-. En cas de force majeure lorsque l’employeur du fait de la grève d’une partie du personnel, est
dans l’impossibilité absolue de maintenir en activité tout le service ou une partie du service ;
-. Lorsque l’employeur peut se fonder sur l’exception d’inexécution à la suite des débrayages
inopinés et répétés, désorganisant les services.
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