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Le développement

de l’horticulture urbaine
et péri-urbaine
en Afrique Centrale
2014-2017
DEVELOPPER L’HORTICULTURE URBAINE ET PERI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires,
villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de
sociétés déterminées ou de produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, n’entraîne, de la part de
la FAO, aucune approbation ou recommandation desdits produits de préférence à d’autres de nature
analogue qui ne sont pas cités.

Les opinions exprimées dans ce produit d’information sont celles du/des auteur(s)
et ne reflètent pas nécessairement les vues ou les politiques de la FAO.

©FAO, 2018

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(www.fao.org/publications) et peuvent être achetés par courriel adressé à publications-sales@fao.org.

Photo de couverture: Marché à Foumbot, Cameroun


Table des matières

Préface .........................................................................................................................................................4
Résumé du projet ........................................................................................................................................5
Carte du projet ............................................................................................................................................6
Contexte et état des lieux ...........................................................................................................................8
Des collectivités locales impliquées .........................................................................................................12
Témoignage à Franceville au Gabon .........................................................................................................14
Un nouveau départ grâce au soutien de la FAO .......................................................................................16
Des formations efficaces............................................................................................................................18
Témoignage de Mme Etobé......................................................................................................................19
Vers une agriculture biologique ................................................................................................................20
Gestion stratégique de l’eau .....................................................................................................................24
Les nouvelles générations sensibiliées à l’horticulture..............................................................................25
Témoignage à Foumbot, grenier de l’Afrique Centrale ............................................................................26
De nouveaux agro-entrepreneurs ambitieux.............................................................................................28
La demande du marché .............................................................................................................................34
Conclusion .................................................................................................................................................36
Crédits .......................................................................................................................................................38

-3-
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Préface
Le Fonds Fiduciaire de Solidarité Africain (L’Africa Solidarity Trust Fund -
ASTF) est le fruit de la décision prise lors de la Conférence Régionale de
la FAO pour l’Afrique, tenue à Brazzaville, République du Congo, en
Avril 2012, de créer un fonds financé par les Africains pour soutenir la
sécurité alimentaire sur le continent. Le projet GCP/SFC/001/MUL ‘La
sécurité alimentaire renforcée en milieu urbain en Afrique Centrale grâce
©FAO

à une meilleure disponibilité de la nourriture produite localement’, est un


des projets sous-régionaux financés par ce fonds. Axé sur l’horticulture
urbaine et péri-urbaine, son objectif est d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que les
conditions de vie des populations, surtout celles vivant dans des centres urbains.
En effet, la forte et rapide urbanisation des pays de l’Afrique Centrale consécutive à l’exode rural a
motivé, à la fois, le domaine et le milieu d’intervention de ce projet. Ainsi, les activités ont été orientées
sur trois axes, à savoir le renforcement du cadre institutionnel au niveau des collectivités décentralisées
et la création des conditions pour faciliter la pratique des activités horticoles en milieu urbain et péri-
urbain, l’amélioration de la production et de la productivité des cultures horticoles, et la valorisation des
produits de la filière horticole et la facilitation de l’accès au marché. Six pays de l’Afrique Centrale ont
été concernés, à savoir le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, São
Tomé et Principe et Tchad. Douze villes ont été choisies à raison de deux villes par pays pour abriter les
activités du projet, dont la mise en œuvre a fait l’objet d’une collaboration triangulaire entre les
Ministères en charge de l’Agriculture, les collectivités décentralisées représentées par les Mairies ou les
Conseils départementaux et la FAO.
Doté d’un budget de 4 millions de dollars sur trois ans, le projet a formé les techniciens et les
producteurs sur les bonnes pratiques agricoles, et a fourni des équipements et des outils aratoires ainsi
que des engrais et des semences améliorées aux bénéficiaires. Il a également permis d’installer des
systèmes d’irrigation, de structurer et de renforcer des groupements de transformateurs de produits
agricoles ainsi que d’organiser des journées portes ouvertes et des expositions-vente de produits frais et
transformés afin de promouvoir la consommation de produits locaux.
Il s’est avéré nécessaire d’aller sur le terrain afin d’observer les conditions dans lesquelles le projet a été
mis en œuvre, d’interroger les bénéficiaires ainsi que les partenaires d’exécution en vue de documenter
l’impact des interventions sur les conditions de vie et les moyens d’existence des populations. Cette
publication, élaborée après environ deux mois de sondage, d’interviews et d’échanges avec les différents
acteurs du projet, relate les principales réalisations du projet telles que perçues par les bénéficiaires.
Je vous souhaite une bonne lecture. n
Hélder MUTEIA
Coordonnateur du Bureau
Sous-régional de la FAO pour
l’Afrique Centrale (SFC)

-4-
Résumé du projet
En 2014, la FAO a mis en place le projet
GCP/SFC/001/MUL ‘La sécurité alimentaire renforcée
en milieu urbain en Afrique Centrale grâce à une
meilleure disponibilité de la nourriture produite
localement’’’. Pendant 3 ans, le projet a apporté un
soutien matériel et des formations à plus de 3 500
bénéficiaires situés au Gabon, Cameroun, Tchad,

©FAO/Claire Little
Guinée Equatoriale, São Tomé & Principe, et
République du Congo.
L'objectif du projet a été de favoriser le développement
de l'horticulture urbaine et péri-urbaine comme un
moyen d'alléger les pressions économiques et sociales
Femme revenant avec sa récolte a São Tomé
dûes au ralentissement de la croissance et à l'exode
rural.
Le projet a eu des effets positifs importants. Il a permis Paysans - ou CEP - les horticuteurs ont analysé de
de relever le niveau de productivité des exploitations nombreuses problématiques agricoles à la fois de façon
horticoles sélectionnées. Les profits des bénéficiaires se théorique et de façon pratique sur le terrain. D'autres
sont accrus, et la qualité de leur vie s'est ameliorée. Le ateliers animés par des experts ont été organisés sur
projet a aussi permis de créer des emplois en zone des Bonnes Pratiques permettant de produire plus avec
urbaine et peri-urbaine, et ce, tout le long de la chaine moins.
de valeur. Enfin, l'offre en fruits et légumes de qualité Afin de limiter les pertes après récoltes, le projet a aussi
s'est accrue sur les marchés citadins où elle faisait integré des fomations sur la conservation et la
defaut. transformation plus ou moins sophistiquée des produits
Le projet a bénéficié dès le départ de la collaboration horticoles.
des municipalités: c'est grâce à leur soutien que l'accès Des agro-entrepreneurs se sont lancés dans la
aux terres des horticulteurs a été sécurisé et leurs droits transformation des produits horticoles à forte valeur
fonciers juridiquement reconnus. Les mairies ont aussi ajoutée et continuent de développer leur offre dans les
aidé les bénéficiaires à s'organiser en coopératives. différents pays.
Depuis le début du projet, la FAO a apporté un soutien L'ambition du projet est de créer une dynamique
materiel important: plus de 26 000 pièces profonde et durable dans la société.
d'équipement, et de 700 kg de semences d'environ 30 Des jardins scolaires ont été aménagés dans des écoles,
varietés différentes. La gestion stratégique de l'eau et la dans le but de sensibiliser les nouvelles générations à
mise en place de systèmes d'irrigation a réduit les l'horticulture et à la consommation de fruits et légumes
menaces de sécheresse et permis d'augmenter la locaux.
productivité des sites. Des plans d'aménagement intégrant des espaces
A travers ce projet les bénéficiaires ont également reçu agricoles ont été aussi élaborés au niveau national avec
de nombreuses formations. Avec les Champs Ecoles le support de la FAO. n

-5-
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Carte du projet

SÃO TOMÉ

DES CHIFFRES QUI PARLENT


Nombre de producteurs bénéficiaires : 3 541
Nombre de transformateurs bénéficiaires : 160
Superficies exploitées : + de 450 hectares
Intrants : 727 kg de semences pour plus de 30 variétés
Equipements distribués : +/- 26 000 pièces d’équipement
Nombre d’élèves sensibilisés dans les écoles : 1 519
Nombre de formations : 39
Nombre de personnes formées : 2 975

-6-
Ndjamena

TCHAD

Moundou

Foumbot

CAMEROUN
Malabo Yaoundé 1er
GUINÉE ÉQUATORIALE

Sto Antonio Bata


& PRINCIPE Ouesso
Guadalupe Akanda
Kougouleu CONGO
Motobo
GABON

Pointe Noire
Source: Mondoforte, sept. 2017

-7-
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Contexte
et état des lieux
Le ralentissement économique des
pays d’Afrique Centrale et le manque
d’investissement dans l’agriculture
exercent des pressions importantes
sur les populations croissantes des
villes : chômage, insécurité
alimentaire, régimes peu diversifiés …
Relever le niveau de production de
l’horticulture urbaine et péri-urbaine
est devenu crucial pour assurer un
niveau de vie décent des populations,
en particulier des femmes et des
jeunes.

Chômage et sous-emploi
Avec la crise du pétrole et des matières premières,
l’Afrique Centrale fait face à une crise économique
persistante. L’exode rural contribue à augmenter le
taux de chômage dans les centres urbains.
La croissance économique réelle dans l’espace de
la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique Centrale (CEMAC) devrait se situer à 1,6%
en 2017 contre 0,2% un an auparavant(1). Le
chômage demeure très élevé avec une moyenne
©FAO/Claire Little

Notes:
(1) : prévisions du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque
des États de la sous-région (BEAC)

-8-
Marché de Yaoundé, Cameroun
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

©FAO/Claire Little
Enfants de Santa Clara, São Tomé

de 23,12% dans la sous-région. L’insertion d’un accès suffisant et régulier à des aliments sains
socioéconomique des populations défavorisées, et de qualité. Plusieurs pays comme le Gabon ou
comme les ruraux, les jeunes et les femmes est la Guinée Equatoriale dépendent grandement de
difficile, ce qui fragilise encore davantage le tissu leurs importations alimentaires pour combler le
social. déficit des produits horticoles sur les marchés.
Le plus souvent, le secteur informel prédomine et L’Afrique Centrale est très dépendante
emploie plus des trois quarts de la population des importations alimentaires dont la facture
active. Au Cameroun, d’après une étude ECAM3 représente à l’échelle sous-régionale
ème
(3 Enquête Camerounaise Auprès des 3 000 milliards de CFA par an(1), soit environ
Ménages), le taux de sous-emploi est d’environ 900 millions de dollars US(2).
76% (contre 4,4% de chômage ‘officiel’). Les L’activité agricole se fait également souvent
personnes sont donc employées en deçà de leurs de façon rudimentaire avec des moyens
compétences ou formation, et ne bénéficient pas techniques limités. La production de nourriture par
de conditions de travail satisfaisantes. personne et la productivité par hectare sont parmi
les plus faibles du monde faute d’intérêt de la
Insécurité alimentaire population pour ce secteur, mais aussi
L’autosuffisance alimentaire est un véritable défi d’investissements conséquents. En fait,
pour les populations urbaines en expansion, faute l’accroissement de la production de nourriture

Notes:
(1) : Banque de développement des Etats de l'Afrique Centrale (BDEAC) - RFI Afrique
(2) 1USD = 550 CFA

- 10 -
dépend à 80% de l’expansion des terres et non de de revenus dans ces territoires très fertiles. De
l’augmentation de la productivité. En outre, 60% plus, la grande majorité des populations ont déjà
des exploitations sont familiales et relèvent de la des connaissances de base de l’horticulture,
culture de subsistance. souvent acquises aux champs dans l’enfance grâce
Les produits d’Afrique Centrale sont donc pour à la famille. L’exploitation d’une petite parcelle de
beaucoup remplacés par des produits moins chers terrain sert à combler les revenus insuffisants d’une
venus parfois d’autres continents. Les ménages activité principale.
pauvres dépensent 60% à 80% de leurs revenus « L’Afrique Centrale est une région qui dispose
pour se nourrir, et sont très vulnérables à la d’un énorme potentiel en matière de ressources
fluctuation du prix des denrées alimentaires. humaines et ressources naturelles. Elle abrite la
L’absence de terres cultivées dans les villes ou deuxième plus grande zone de forêt tropicale au
leurs périphéries rend difficile l’accès de la monde avec plus de 240 millions d’hectares. En
population urbaine aux produits horticoles. Les renforçant le partage d’expériences entre les états,
terres sont parfois conservées pour d’autres la FAO souhaite transformer ce potentiel en
projets (ex. développement immobilier), ou parfois richesse pour la population », a déclaré M. Helder
pour être protégées, comme la forêt classée de la Muteia, Coordonnateur du Bureau Sous-régional
Mondah dans la commune d’Akanda près de de la FAO pour l’Afrique Centrale (SFC). n
Libreville au Gabon, d’où ont été expulsés les
Notes:
petits agriculteurs. (3) : source: FAO

Le fort potentiel de l’agriculture


L’agriculture reste le secteur le plus dynamique et
le plus porteur d’opportunités pour l’Afrique
Centrale. La demande est forte, les terres sont

©FAO/Mathurine Mboungou
fertiles, et le besoin de main d’œuvre très
important.
Le secteur de l’agriculture a un fort potentiel pour
contribuer à la croissance économique; il contribue
à 17,5 % du PIB dans les six pays ciblés par ce
projet(3). L’activité agricole est une source
constante de moyens de subsistance, d’emplois et Récolte de tomates au Congo

FinAnCEMEnT dE PRojETS PAR L’AFRiquE PouR LES AFRiCAinS


Le Fonds Fiduciaire de Solidarité Africain (ASTF) est un fond innovant placé sous l’égide
de l’Afrique qui vise à mobiliser les ressources de l’Afrique pour soutenir les initiatives
africaines de développement. Son principal objectif est de renforcer la sécurité alimentaire
à travers le continent en aidant les pays et leurs organisations régionales à éradiquer la
faim et la malnutrition, à éliminer la pauvreté rurale et à gérer les ressources naturelles de
façon durable. Le Fond a été officiellement lancé lors de la trente-huitième Session de la
Conférence de la FAo en juin 2013, avec un financement s’élevant à plus de 40 millions
de dollars provenant de la Guinée Equatoriale, de l’Angola et d’un groupe d’organisations
de la société civile de la République du Congo.
(African Solidarity Trust Fund - ASTF)

- 11 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

des collectivités locales


impliquées
Les collectivités locales ont aidé à la mise en place d’un
environnement propice au projet pour sécuriser les terres
nécessaires. Elles ont participé activement à la gestion du
programme sur le terrain, et se sont engagées à intégrer des
espaces dédiés à l’horticulture dans leurs plans d’aménagement.

à la sauvegarde des sites de production dans et autour


des villes contre tout autre projet. Les intérêts des
populations locales tributaires de la terre ont été ainsi
pris en compte pour les projets d’horticulture de façon
durable.

Des parties prenantes organisées


La mise en place de Cellules’ HUP’ gérées au niveau
de la mairie a permis de mieux structurer le projet et
©FAO/Claire Little

de favoriser la communication entre acteurs.


Une fois identifiés, les bénéficiaires ont été regroupés
en coopératives par les municipalités en fonction de
Pancarte indiquant une zone de culture du projet HuP,
leur localisation et de leurs intérêts communs. L’objectif
São Tomé
a été de les aider à réduire leurs coûts tout au long de
Sécurisation foncière grâce au soutien des autorités la chaine de valeur, et de faciliter les échanges avec les
Dans un contexte où l’accès aux terres est très acteurs qui œuvrent à leur bien-être.
concurrencé, le soutien des institutions a été Du côté des institutions les personnes clés du projet
indispensable pour sécuriser les terres dédiées à ont été regroupées par zone dans des ‘cellules HUP’,
l’horticulture, à assurer la mise en oeuvre et pérenniser dont le rôle est de coordonner les actions du projet sur
les actions du projet. le terrain et d’assurer la durabilité des actions.
Le soutien des autorités municipales dans La communication entre les cellules HUP et les
l’identification de zones fertiles, avec un accès à l’eau coopératives est fondamentale pour le succès et la
et à proximité d’un marché a été crucial dans la phase durabilité du projet. Elle permet d’assurer la bonne
de démarrage du projet. compréhension des besoins des bénéficiaires sur le
Le cadre régulateur mis en place a permis de protéger terrain. L’utilisation des nouvelles technologies de
les petits cultivateurs dont le droit de propriété sur les l’information et de la communication y compris les
terres fait appel au droit d’usage et non au titre foncier. réseaux sociaux (groupe WhatsApp) ont permis aux
En enregistrant les demandes de permis temporaires bénéficiaires et membres des cellules d’échanger leurs
ou de baux à long terme, et en prêtant les terres succès, leurs défis ou leurs informations susceptibles
gratuitement, les mairies aident au développement et d’intéresser la communauté.

- 12 -

©FAO/Claire Little
“ ‘La Fao s’est appuyée sur le Conseil Départemental
pour sélectionner des bénéficiaires. Nous avons aidé à identifier
les populations sédentaires’.
ALAIN BATSIELILIT, PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU KOMO KANGO
M. Batsielilit, président du conseil départemental du Komo Kango - en costume sur la photo - pose au milieu des
bénéficiaires (Kougouleu, Gabon)

Des ‘Villes plus Vertes’ des zones de production, des points de collecte et
Dans le cadre de ce projet, les municipalités ont été d’exportation vers d’autres villes ou pays, des systèmes
encouragées d’intégrer l’horticulture de transport adaptés pour éviter les pertes etc…
dans les plans directeurs de développement Ces plans d'aménagement permettent également de
urbain. L’aménagement de ces ‘villes plus vertes’ lutter contre l’horticulture ‘sauvage’ à laquelle peut
permet de faciliter l’accès de la population aux être réduite la population par manque d’espace dédié.
activités agricoles à l’intérieur et en périphérie Ainsi le maire d’Akanda au Gabon M. Ernest
immédiate des villes. Ogandaga témoigne :
Dans le cadre du Programme ‘Développer des Villes ‘Le plan de développement de la commune d’Akanda
plus Vertes’ (Growing Greener Cities), la FAO a offert inclut un volet ‘Vert’. Il s’agit d’identifier des espaces
aux gouvernements et aux municipalités son assistance de culture en cohérence avec les autres objectifs de la
pour développer des stratégies d’urbanisme intégrant ville. Des petits horticulteurs, principalement des
des espaces de culture. La création de ceintures vertes femmes, venaient exercer leurs activités illégalement
permet d’offrir des espaces où les populations dans le parc national de la forêt de la Mondah, d’où ils
vulnérables peuvent pratiquer l’horticulture en toute étaient systématiquement expulsés. Il fallait trouver un
légalité et dans de bonnes conditions. Les plans espace pour ces populations qui cherchaient surtout à
d’urbanisme permettent également d’intégrer d’autres survivre et à nourrir leurs enfants. Le projet HUP nous a
éléments de façon stratégique : des marchés proches donné l’opportunité de les aider.’ n

- 13 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

©FAO/Claire Little

M. Gilbert Madzou et sa famille

“ Grâce à la FAO, mes revenus ont été multipliés par 3.


Je peux subvenir aux besoins de ma famille composée
de 11 personnes, et j’investis dans la construction d’une maison

que je louerai pour diversifier mes revenus
M.GILBERT MADZOU

- 14 -
Témoignage à Franceville au Gabon

M.Madzou est un exploitant agricole et le Potos à Franceville. Malgré la concurrence il peut


président de la coopérative Agri Espoir du tout écouler, et a établi des relations commerciales
quartier Mingara à Franceville. Il cultive avec de nombreuses revendeuses.
l’aubergine locale, le gombo, le piment, le persil, Avec le projet HUP, M. Madzou estime que ses
le céleri, la ciboule, la laitue… et s’occupe des 11 gains financiers ont été multipliés par trois. Il a pu
personnes qu’il a à charge uniquement grâce aux acheter un terrain au prix de 700 000 CFA(1)
produits de son activité. En 2009, M. Madzou (1 273 USD) et des matériaux pour y faire
participe au projet ‘Renforcement de la Sécurité construire une maison qu’il souhaite louer afin de
Humaine à travers la réduction de la pauvreté et le diversifier ses sources de revenus.
développement social durable des réfugiés et des Cette augmentation lui permet de subvenir aux
communautés locales du Gabon’ de la FAO et en besoins de ses cinq - bientôt six - enfants, ses
2014 il est retenu par le projet HUP, qu’il a deux neveux, son petit-fils et des gens de passage
particulièrement apprécié pour ses effets qui parfois restent un ou deux mois. Les membres
immédiats sur sa qualité de vie. de la famille se nourrissent également des
M. Madzou est plein de gratitude envers la FAO légumes du jardin, ce qui leur permet de manger
notamment pour les formations apportées. Il confie de façon satisfaisante et saine.
qu’il y a appris de nouvelles techniques comme la M. Madzou nous explique qu’entre la nourriture,
rotation des cultures, l’espacement et l’alignement le transport, les études, les dépenses de santé, la
des plantes, le contrôle des maladies et des TV, l’eau courante etc. il dépense environ 9,000
ravageurs. M. Madzou a également beaucoup CFA par jour. Tous les enfants sont scolarisés, et
apprécié l’appui en matériel agricole (pelles, houes, aident au jardin pendant les vacances. n
brouettes …), semences, pesticides et engrais. Notes:
Tous les produits sont vendus au seul marché de (1) : 1USD = 550 CFA
©FAO/Claire Little

Marché de Potos, à Franceville, Gabon

- 15 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

un nouveau départ grâce


au soutien de la FAo

Depuis le début du projet en 2014, la


FAO a distribué aux bénéficiaires plus
de 26 000 pièces d’équipement et
plus de 727kg de semences diverses
dans les 6 pays du projet. Cela a
©FAO/Claire Little

représenté une aide inespérée pour


un beneficiaire a São Tomé pose les petits horticulteurs, qui se sont
avec sa moto benne fournie par la FAo
sentis soutenus et encouragés

Un apport matériel crucial carotte, concombre, pastèque, tomate, basilic,


Le support matériel du projet distribué entre 2014 navet, persil, ananas, courgette, endive, avocat,
et 2017 a été primordial pour les petits mangue.
horticulteurs dont les moyens sont trop faibles Ces espèces ont été choisies en fonction des
pour investir dans des technologies ou du matériel préférences des consommateurs et des
adéquat. saisonnalités. Par exemple, sur le site de
Depuis le début du projet en 2014, plus de 26 000 Nkolondom au Cameroun, la priorité a été donnée
outils et pièces d’équipement agricoles ont été à la laitue et au céleri qui sont fortement
distribuées aux bénéficiaires. Ce renforcement des consommés dans la commune de Yaoundé. Au
capacités des horticulteurs et ce, tout le long de la Gabon, les variétés d’aubergines locales rondes et
chaine de valeur, a relancé les activités agricoles vertes rencontrent un grand succès.
de façon efficace. Les semences ont été fournies par des

Des semences variées et performantes


Des semences de qualité de plus de 27 variétés
certifiées ont été distribuées aux bénéficiaires qui
©FAO/Julian EkiriNsogoNsang

ont ainsi pu diversifier leurs cultures et augmenter


leur productivité.
Le projet a distribué plus de 727kg de semences,
notamment : oignon, gombo, aubergine violette et
locale, haricot vert, laitue, tomate, chou, mais,
soja, poivron, oseille, céleri, piment, morelle noire,

- 16 -
©FAO/Claire Little

A gauche : une laitue cultivée dans le cadre du projet, à droite une laitue de référence. on notera la différence de taille
et les tâches brunes sur la laitue 'non-FAo'. En bas à gauche : Hangare CEP niefang Alén, Guinée Equatoriale.

distributeurs locaux. Les bénéficiaires ont pertes dûes au transport aggravent la pénurie et
témoigné de la qualité supérieure des semences renchérissent le prix des fruits et légumes sur les
après avoir comparé les productions faites dans le marchés urbains. n
cadre du projet HUP et en dehors.

Une facilitation des transports des récoltes


HoRTivAR, BASE dE donnÉES
Afin de limiter les pertes après récolte et
SuR LE CoMPoRTEMEnT
d’améliorer l’accès aux marchés, la FAO a facilité
dE CuLTivARS HoRTiCoLES
les transports des produits horticoles à travers
l’appui en équipements spécifiques.
HoRTivAR est une base de données géo-
Les moyens mis à disposition par le projet ont référencées sur le comportement des
permis de faciliter le transport des produits cultivars horticoles et une plateforme
d’accès et d’échanges de connaissances
horticoles en particulier jusqu’aux points de vente,
dans le domaine de l’horticulture. Elle
tout en limitant les pertes. Les brouettes, moto répond aux besoins des producteurs, de la
bennes, pousse pousses etc. ont permis aux recherche et du développement dans les
secteurs public et privé ainsi qu’à ceux de
agriculteurs d’effectuer davantage de voyages sans
l’industrie semencière en fournissant des
endommager les produits. Des moyens de informations sur divers cultivars dans des
locomotion sont également mis en place par les environnements agro-écologiques et des
systèmes de production variés dans le
pouvoirs publics pour ouvrir des débouchés de
monde.
vente. Ceci est d’autant plus important que les
coûts de transport, de conditionnement, le www.fao.org/hortivar
mauvais état des routes, les distances, et les fortes

- 17 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

des formations efficaces


Les formations pratiques et théoriques non formelles dispensées notamment lors
des Champs Écoles Paysans (CEP) ont amélioré la résilience des horticulteurs en
leur permettant de comprendre de façon globale des problématiques agricoles.

Les formations se sont axées sur l’utilisation de simples


équipements et des technologies accessibles au niveau

©FAO/Gladys Mayassi
local pour une meilleure appropriation des techniques.
Par exemple, l’utilisation de séchoirs solaires fournis par
la FAO a permis de perfectionner cette pratique datant
de l’antiquité. Les débouchés potentiels des produits
séchés sont en effet nombreux : les marchés urbains
nationaux en pleine expansion et, bien entendu, le
Formation des maraîchères de Maboko (ouesso), marché international et plus particulièrement l’Europe.
République du Congo
Des experts ont également apporté des connaissances
Autonomie et résilience des populations complémentaires sur des thèmes spécifiques comme
Les formations CEP se sont fondées sur un l’irrigation, ou le planting circulaire.
enseignement non formel des adultes à la fois aux
champs et en ‘classes’. Les agriculteurs ont acquis ainsi Au niveau sous-régional
les connaissances théoriques et pratiques nécessaires Des formations ont été organisées sur l’utilisation de
pour analyser de façon autonome et holistique les la base de données Hortivar afin que les bénéficiaires,
situations. Ils ont pu appliquer directement sur le notamment les encadreurs du projet, puissent
terrain des techniques dont ils comprennent la raison, consulter les informations relatives aux performances
et ils se sont appropriés ainsi davantage les des différentes variétés horticoles.
informations. Le concept de Champs Ecole Paysan Le personnel du projet a été encouragé à utiliser des
(CEP) de la FAO, qui promeut ces principes méthodes de suivi et d’évaluation communes.
d’enseignement, a fait ses preuves dans plusieurs pays L’objectif a été de savoir mesurer les effets du projet
depuis son lancement il y a plus de 30 ans, en Asie. d’une manière coordonnée et quantitative, au delà
des rapports descriptifs. n
Renforcement des capacités
D’autres formations ont également été dispensées sur
des thèmes variés. Par exemple l’accent a été mis sur
l’enseignement de la fabrication sur le terrain du
©FAO/Julian EkiriNsogoNsang

compost naturel ou de biopesticides à base de produits


naturels qui ont permis aux horticulteurs de relever leur
niveau de productivité tout en reduisant leurs coûts.
Des formations ont également porté sur des techniques
de conservation et de transformation des produits
horticoles plus ou moins sophistiquées afin de réduire
les pertes après récolte et de leur ajouter de la valeur. Formation CEP à Bata, Guinée Equatoriale

- 18 -
Témoignage de Mme Etobé

©FAO/Claire Little
La pépinière de Mme Etobe, site de nkolondom, Yaoundé 1er, Cameroun

Aujourd’hui Mme Etobé se réjouit : son activité


horticole représente environ un tiers des revenus
de la famille. Elle peut également faire des achats
sans forcément demander l’argent ou même la
permission à son mari, et financer l’amélioration
de sa maison, en constant chantier. Mme Etobe
estime que son foyer consomme au moins
1 légume sur 20 produits, et que le reste - en
particulier les laitues et le céleri - est vendu aux
©FAO/Claire Little

marchés. Afin de faire face au problème général


de mévente et de chute des prix lorsque l’offre est
trop forte, Mme Etobe a décidé de diversifier ses
sources de revenus et a investi dans l’élevage de
Mme Etobé s’est installée avec son mari et ses poules. n
trois enfants en bordure du site de Nkolondom en
En haut à gauche : Mme Etobe, site de nkolondom,
2015. Après avoir observé avec attention le travail Yaoundé 1er, Cameroun
des cultivateurs, elle décide de se lancer à son Ci-dessous : Les enfants de Mme Etobe posent devant la
maison en construction
tour dans l’aventure. Retenue par le projet, elle
bénéficie d’une parcelle et d’un appui en matériel.
Elle cultive aujourd’hui la laitue, le poireau, le
céleri, le basilic et des légumes divers. Elle a
bénéficié indirectement des formations de la FAO
grâce à la transmission des connaissances sur le
terrain. Bien que les formations aient été
indirectes, les pépinières de Mme Etobé sont
©FAO/Claire Little

montrées en exemple. Elle a suivi parfaitement les


techniques culturales de base (d’écartement et
d’alignement), et obtient un très bon rendement.

- 19 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

vers une agriculture


biologique
La FAO promeut via ses formations
des bonnes pratiques d’horticulture
qui sont respectueuses de
l’environnement et de la santé des
consommateurs et des producteurs.
L’augmentation de la productivité a
été quasi immédiate, et les pratiques
diffusées largement adoptées, malgré
la remise en cause des connaissances
ancestrales.

La ‘lutte intégrée’ contre les ravageurs


La ‘lutte intégrée’ permet de lutter efficacement
contre les ravageurs et les maladies dans le
respect de l’environnement et de la santé des
producteurs et des consommateurs. Elle permet
également de réaliser des économies car elle
réduit la dépendance aux produits chimiques de
synthèse.
Dans le cadre du projet, des formations sur la
‘lutte intégrée’ ont été dispensées afin d’expliquer
comment des méthodes respectant
l’environnement telles la prophylaxie, l'observation
©FAO/Claire Little

et le suivi des cultures, la lutte biologique, la lutte


mécanique, l'aménagement de l’environnement,
les pratiques culturales, les choix variétaux …

- 20 -
Mme Marie-Thérèse Mekaze,
du groupement Terra nostra
et vice-présidente de la
Société Coopérative des
Horticulteurs de Foumbot
(SoCoPRoHF) admire ses
laitues protegées avec du
biopesticide dont elle est
l'ardente défenderesse
(Foumbot, Cameroun)
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

un SCEPTiquE ConvAinCu
M. Mbaidougou Séraphin, âgé de 70 ans propriétaire d’une parcelle de carotte sur le site
de Torodjo à Moundou (Tchad) était farouchement opposé aux biopesticides qui
pouvaient bruler ses cultures. il avait même exigé une indemnisation de la part du
projet en cas de dommages. il fut très surpris de constater que non seulement ses
cultures n’etaient plus attaquées par les insectes et les maladies, mais qu’elles etaient
devenues plus vigoureuses.
M. Mbaidougou Séraphin a changé d’avis : « La formation sur la fabrication de bio-
pesticides m’a aidé à connaître d’autres produits phytosanitaires qui peuvent lutter
efficacement contre les ravageurs et maladies en lieu et place des pesticides chimiques.
ils sont moins toxiques, économiques et peuvent être fabriqués avec des matériaux
faciles à manipuler, simples et accessibles ».

L’approche de la FAO, ‘Save and Grow’ qui est de


‘produire plus avec moins’ a favorisé des
formations sur le traitement des plantes de façon
naturelle. La préparation de composts recyclant les
déchets ménagers et utilisant la fiente de poules
permet de satisfaire les besoins nutritifs des
©FAO/Achim Djoumbé

plantes sans avoir recours aux engrais minéraux


basés sur l’azote. La création de biopesticides
simples (à base d’un seul produit) ou complexes (à
base de plusieurs éléments comme l’ail, l’oignon,
Traitement des cultures avec du biospesticide à
le Neem, le tabac, le piment ou du savon) permet
n'djamena, Tchad
de lutter efficacement contre les ravageurs sans
contribuent à la prévention et la lutte contre les avoir recours aux pesticides chimiques. Ces
ravageurs et les maladies sans dépendance pratiques ont permis aux horticulteurs
excessive aux pesticides chimiques. d’augmenter leur productivité tout en réduisant le
La ‘lutte intégrée’ se révèle en général plus montant de leurs dépenses.
efficace et plus durable, et permet d’économiser A Moundou, au Tchad, 34 fosses de composts ont
sur les dépenses de produits chimiques et été construites sur trois sites du projet (Koutou,
d’intrants. Elle permet de réduire les risques quant Taye et Torojo). Elles ont rendu inutile l’achat
à la santé des agriculteurs et des consommateurs, d’engrais minéraux industriels, permettant aux
et à l’environnement. bénéficiaires d’augmenter leur productivité et
d’économiser de l’argent. De même, les pesticides
Vers une agriculture ‘biologique’ biologiques ont permis de lutter efficacement
La réalisation de fosses de composts et l’utilisation contre les mouches blanches (Bemisia tabaci) et les
de biopesticides permettent de remplacer de pucerons sans avoir besoin de recourir aux
façon efficace les produits chimiques, voire produits chimiques.
d’augmenter la productivité, tout en protégeant ‘Je n’étais pas là lorsque les formations sur le
les sols. Malgré un scepticisme de départ, les compost ont été dispensées, mais j’ai vu les
bénéficiaires ont largement adopté ces pratiques résultats chez d’autres bénéficiaires, et j’ai
dont les résultats ont été visibles rapidement. demandé à ce que le coordinateur du projet me

- 22 -
gagnant en productivité grâce à l’espacement
entre les cultures.
Les horticulteurs ont également été sensibilisés à la
pratique des rotations culturales.
Par exemple, auparavant à Moundou, au Tchad, la
majorité des bénéficiaires ne cultivaient que des
©Julian EkiriNsogoNsang

céréales (riz ou maïs). Par la suite, ils ont appris à


diversifier leur production en faisant une rotation
entre la culture maraîchère, la culture des racines
et tubercules et la culture des céréales (riz ou
maïs), en fonction des saisons. Avec ces rotations,
Alignement des semences à niefang Alén, Guinée la production est continuelle et permet ainsi la
Equatoriale.
disponibilité d’une gamme variée de produits sur
les marchés, une diversification des sources, et un
donne la documentation nécessaire. Je fais étalement des revenus de ces bénéficiaires. n
maintenant mon propre compost pour mes
champs de choux, et je suis très satisfait des
résultats’ nous a expliqué M. Florent, producteur

©FAO/Mathurine Mboungou
de choux biologiques à Taye, près de Moundou.
D'après Mme Juliette Fotso, première adjointe au
maire de Yaoundé 1er, déjà 70% des producteurs
du site de Nkolondom utilise désormais des
biopesticides.

Semis en ligne & rotation des cultures


Les bénéficiaires du projet ont été très
impressionnés par les résultats de ces nouvelles

©FAO/Mathurine Mboungou
pratiques qui ont fortement augmenté leur
productivité et divisé les coûts associés aux
semences… parfois jusqu’à cinq.
Auparavant des poignées de graines étaient
lancées sur des parcelles de terre dans l’attente
que certaines d’entre elles germent, et les cultures
étaient peu diversifiées.
Avec les formations de la FAO, les bénéficiaires
ont appris à planter les graines une à une dans des
pépinières en respectant des écartements
©FAO/Achim Djoumbé

spécifiques en fonction des variétés de plantes, et


en alignant soigneusement les semences. Cela leur
a permis de tester la germination des plantes,
d’anticiper les changements de cultures, de laisser
les parcelles disponibles aux plants à maturité, et
En haut, cultures au Congo. Ci-dessus : Collecte des
aussi de diminuer l’usage des semences tout en ordures ménagères pour le compostage, Moundou, Tchad

- 23 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Gestion stratégique
de l’eau
L’amélioration des systèmes aussi la pénibilité de l’irrigation avec des arrosoirs
et le risque de tensions entre agriculteurs.
d’irrigation pour rendre l’eau
facilement disponible et accessible Des systèmes de micro irrigation privilégiés
à tous a été primordiale pour Il existe plusieurs types de systèmes d’irrigation
qui sont choisis en fonction de la source d’eau
le succès du projet.
disponible. En général, les aménagements à petite
échelle sont privilégiés pour une question de coûts
et de maintenance.
La FAO a privilégié les aménagements d'irrigation
à petite échelle (micro-irrigation) moins exigeants
en investissement pour la mise en œuvre et
l'entretien, et plus rapides à mettre en place
quelques soient les contraintes géographiques.
©FAO/Mathurine Mboungou

Cependant en fonction des types de zones de


stress hydriques identifiés, l’irrigation a été basée
©FAO/Claire Little

sur trois principaux systèmes :


• des points de stockage d’eaux de pluie reliées
à des systèmes de goutte-à-goutte.
A gauche : Système d’irrigation à Maboko (ouesso), • des réseaux de drainage des eaux de surface
République du Congo.
A droite : Système d'irrigaton par goutte-à-goutte à São (cours d’eau, barrages, lacs, mares),
Tomé
en particulier grâce à des motopompes.
• des forages des eaux souterraines sous-traités
à des sociétés. n
L’eau, un des leviers les plus importants pour
Notes:
augmenter la productivité des terres agricoles. (1) source : L’Express
Le succès des projets horticoles ainsi que la bonne
entente entre les exploitants dépend de la
capacité à bien gérer l’alimentation en eau.
L'agriculture est le secteur le plus consommateur
d'eau au monde. En Afrique, deuxième continent
le plus sec du monde après l’Océanie(1), 83% de
©FAO/Achim Djoumbé

l'eau consommée l'est dans l'agriculture.


L'amélioration des systèmes d'irrigation et des
semences permet d’augmenter le rendement des
terres et de réduire la surface moyenne cultivée
nécessaire pour nourrir un individu. Elle réduit Système d’irrigation californien a Moundou, Tchad

- 24 -
Les nouvelles générations
sensibilisées à l’horticulture
La sensibilisation des nouvelles
générations à l’importance
de l’horticulture permet de faire face
au désintérêt des populations pour
ce secteur.

L’apprentissage dans des Jardins Scolaires


©FAO/Claire Little

Les jardins scolaires sont developpés dans des écoles


dans le but de sensibiliser les élèves à l’horticulture.
1 519 élèves ont été sensibilisés à l’horticulture via la
mise en place par le projet de ‘jardins scolaires’, qui
sont des zones de culture dont les élèves ont la
responsabilité, sous l’œil d’un professionnel de
M. dieudonné Mombo Mombo, chef de l'action éducative
l’horticulture et leurs enseignants. Cette activité a specialisée du Centre d’Accueil Pour Enfants en difficulté
plusieurs objectifs : leur permettre de produire des Sociale d’Angondjé (CAPEdS), avec un jeune beneficiaire
des jardins scolaires (Commune Akanda, Gabon)
fruits et des légumes qu’ils consomment ensuite
eux- mêmes, leur apprendre l’importance de la agricole afin de renforcer les capacités de l’institut,
diversification du régime alimentaire, de réaliser des permettant ainsi la création de 4 fosses de composts,
travaux pratiques dans le cadre de leurs cours en SVT et l’équipement d’une ferme à Motobo, utilisée
(Science et Vie de la Terre), de se former aux activités comme centre de formation pratique. Trois serres y
agricoles afin de pouvoir plus tard subvenir à leurs ont été construites et des poulaillers comptant 400
besoins et voire se lancer dans une carrière pondeuses - dont les fientes sont utilisées comme
d’horticulteur. engrais biologique.
D’après M. Alain Souza, directeur général de l’INSAB,
Partenariat avec l’INSAB l’objectif est de revaloriser les métiers horticoles qui
L’INSAB est un partenaire de longue date de la FAO attirent peu de vocations malgré les opportunités
qui forme les agronomes au Gabon, et contribue à la importantes.
promotion de l’horticulture. Plusieurs stagiaires ont également été recrutés par le
Au Gabon, l’Institut Supérieur d’Agronomie et de Bureau sous-régional de la FAO à Libreville afin de
Biotechnologies (INSAB) a mis en place plusieurs contribuer aux activités du projet tout en remplissant
jardins scolaires, sensibilisant ainsi plus de 650 élèves les conditions d'obtention de leurs diplômes, et plus
ème ème
de 4 et 5 , encadrés par 6 enseignants- tard apporter leurs compétences diverses au domaine
chercheurs. L’INSAB a également reçu du matériel de l’horticulture. n

- 25 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Témoignage à Foumbot,
grenier de l’Afrique Centrale
©FAO/Claire Little

M. ousmanou Toumansié pose avec sa famille devant sa maison nouvellement construite (Foumbot, Cameroun)

A Foumbot, 80% de la population travaille dans Nigéria etc… C’est ainsi que Foumbot a gagné sa
l’horticulture. Dans cette ville de moins de reputation de grenier d’Afrique Centrale, et
100 000 habitants, 30 à 50 camions partent tous l’attention de la FAO pour le projet Horticulture
les matins chargés des fruits et légumes cultivés Urbaine et Péri-urbaine.
dans sa périphérie. Ils partent à Yaoundé, Douala, M. Toumansie est un cultivateur de 43 ans qui
mais aussi en Guinée Equatoriale, au Gabon, au s’est lancé dans l’agriculture en 1994 après avoir
abandonné son précédent travail de vendeur de
chaussures en plastique. Aujourd’hui il cultive la
tomate, le poivron, le piment, la morelle noire, et
le haricot vert. Il a été approché par un délégué
du Ministère de l’Agriculture et a accepté de
suivre les formations de la FAO. Il a reçu
également du matériel (brouettes, pousse-
pousses, pulvérisateurs, décamètres, balances),
des semences, et de l’engrais.
Grâce aux revenus de l’agriculture, M. Toumansie
peut subvenir aux besoins de toute sa famille, et
©FAO/Claire Little

continue d’embellir sa maison.


M. Alidou njutapvoui,
maire de Foumbot, De la part des autres 31 membres de la
Cameroun coopérative, les témoignages enthousiastes ne

- 26 -
manquent pas. La plupart sont des agriculteurs de
longue date, venant eux-mêmes de familles
d’agriculteurs. Les formations organisées par la
FAO - en particulier sur la mise en place des
pépinières et les techniques de semis - ont
convaincu ces cultivateurs aguerris. Grâce à ces
techniques enseignées, les coûts liés à la semence
ont été divisés par deux, avec un meilleur

©FAO/Claire Little
rendement. Mais selon eux, c’est surtout le fait de
recevoir de la reconnaissance et des
encouragements de la FAO et du Ministère de
l’Agriculture qui leur ont donné la force de
En haut : Zone de chargement des camions en partance
redoubler d’efforts et d’aller plus loin. Aujourd’hui
vers d'autres villes du Cameroun et l'international
ils s’accordent tous à dire qu’ils réussissent bien (Gabon, nigeria, Guinée Equatoriale etc…)
En bas : M. nicola Mbouombouo (tout à droite) pose avec
mieux, et que leurs vies se sont beaucoup le reste du groupement doufa
améliorées. “L’agriculture est notre métier’, dit
Nicolas Mbouombouo. Nous ne vivons que de ça.
Merci à la FAO pour son soutien, nous leur disons un total de 80 kg (un filet pesant environ 16Kg).
grandement merci, nous sommes ravis, nous Avec les semences de la FAO, il peut en donner
mangeons, nous vendons, nous soutenons la de 15 à 20 filets, soit de 240 kg à 320 kg de fruits.
famille”. Les déclarations de Nicolas sont suivies Le maire de Foumbot M. Alidou Njutapvoui,
par des applaudissements de tout le groupe. membre de la cellule HUP, souhaite construire une
La qualité des semences a également eu un zone de négoce dédiée à l’exportation avec une
impact significatif. Par exemple pour le gombo, un unité de conservation. “Les jeunes ne partent
seul plant pouvait donner 5 filets maximum, pour plus, nous avons une vision pour Foumbot”. n

©FAO/Claire Little

- 27 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Les transformateurs de la FEnATAG au siege de la FAo a Libreville, Gabon

©FAO/Claire Little
de nouveaux
agro-entrepreneurs ambitieux
Au Gabon, au Cameroun, à São Tomé & Principe et au Tchad, des agro-
entrepreneurs se sont lancés dans la transformation des fruits et légumes
horticoles en produits finis tels chips, jus, confitures, sauces, mais aussi en savons,
produits ménagers, produits de beauté… Malgré les défis, ces activités se
révèlent très rentables et suscitent l’enthousiasme des populations.

Un nouveau mouvement d’agro-entrepreneurs embauchent à temps plein ou partiel souvent des


Les transformateurs de produits horticoles sont à femmes auparavant en situation de grande précarité.
majorité des femmes et des jeunes qui partagent le La FAO a accompagné ces agro entrepreneurs dans
rêve de développer des entreprises commercialisant la valorisation de leurs produits.
des produits locaux à base de fruits et légumes. En octobre 2016, dix transformatrices sont parties en
Afin de limiter les pertes des produits horticoles et voyage d’étude au Burkina Faso ou elles ont été
voyant des opportunités de revenus, des formées aux normes sanitaires et a des techniques de
entrepreneurs se sont lancés dans la transformation transformation comme le séchage de fruits et
des produits maraichers. légumes, la transformation en jus, ou la fabrication de
En dépit des nombreuses contraintes, les produits pâtisseries.
transformés se vendent mieux et plus chers que les Cette expérience a été qualifiée de ‘déterminante’
produits bruts ou frais, créant ainsi un engouement pour toutes les bénéficiaires.
pour ces nouveaux débouchés. Les unités de D’autres formations ont été dispensées concernant la
transformation deviennent des micro-entreprises qui gestion, le marketing, le conditionnement,
- 28 -
l’étiquetage, le prix de vente, et encore sur les
mesures d’hygiène.
Les transformateurs ‘HUP’ ont également été
organisés en coopératives, ce qui leur permet de
réduire leurs coûts le long de la chaine de valeur, par
exemple en commandant des plus grandes quantités
de pots en verre pour le conditionnement des
produits, et de mieux communiquer avec leurs
différents partenaires (ONG, Ministère, FAO…).

©FAO/Claire Little
Au Gabon, la Fédération Nationale des
Transformateurs des Produits Agricoles du Gabon
(FENATAG) rassemble tous les membres. Ces
nouveaux agro-entrepreneurs qui, pour la plupart se
sont lancés il y a moins d’un an, discutent de
problèmes communs et s’organisent afin de
développer des approches communes : créer des
perspectives de vente localement et à l’étranger,
obtenir les certificats d’hygiène auprès de l’AGASA Mme Edwige Eyang Ndong
(Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire) exigés ‘Ella Family Service’
par les supermarchés, garantir la qualité du
conditionnement, diversifier les produits pour éviter
Après avoir fini ses études supérieures à
l’excès de concurrence… En 2015, les
l’étranger, Mme Ndong a décidé à son
transformateurs gabonais ont été encouragés dans
retour au Gabon de se lancer dans la
leur démarche en gagnant le premier prix du ‘Salon
commercialisation de jus de fruits naturels.
Made In Gabon’ (SMIG) organisé par un opérateur
La réaction initiale de ses parents fut très
économique pour promouvoir le savoir-faire local.
Afin de promouvoir leurs produits, les bénéficiaires du négative. Elle a été accusée de gâcher son
projet HUP participent à de nombreux salons et foires éducation et son avenir. Ses parents lui ont
organisés par les pouvoirs publics. Des journées demandé de chercher un emploi de
portes ouvertes ont permis de sensibiliser le public fonctionnaire.
sur la production et la consommation de légumes, et Cependant Mme Ndong n’a pas abandonné.
sur la qualité des productions locales. n Les formations de la FAO lui ont permis de
réaliser des produits sûrs pour les
consommateurs et de diversifier son offre,
et l’ont menée à un certain succès
commercial. Désormais l’attitude de sa
famille a changé et sa mère lui amène ses
frères et sœurs pour qu’elle les forme à leur
©FAO/Claire Little

tour. Elle souhaite que Mme Ndong partage


son savoir-faire et aide sa famille à subvenir
à leurs besoins.
Mme Evelyne Edou pose devant ses produits à base
d'huile de palme et de cacao

- 29 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Mme Anne-Marie Ossoucah Mbot


‘Salsa Potagère’

En 2009, Mme Mbot observa les fruits tombés


pourrissant dans son vaste jardin et décida
d’en faire des confitures. Plus tard, se
fournissant en poissons dans ses bassins

©FAO/Claire Little
d’élevage, elle entreprit d’en faire des rillettes.
Encouragée par ses proches, Mme Mbot
commença à expérimenter de nombreuses
recettes. Elle commercialise aujourd’hui 28
références, et produit en moyenne 150 kgs à
200 kgs de caviar d’atangas par mois. Elle a
construit des relations commerciales avec
Géant CKdo, la société Servair
Mme Marie Claire Maboumi (www.servair-gabon.com) et une épicerie fine
‘La Reine de la Papaye’ de produits gabonais. Elle fait également
partie de l’association Olamba, qui est un
Mme Maboumi cultive la papaye, un produit village artisanal en voie de création au quartier
très périssable qui se perdait en période de Glass de Libreville où elle aura une exposition
grande production. Elle décida donc de permanente. Elle a exporté également certains
transformer ses fruits en confitures, jus, de ses produits en France et en Irlande. Suite à
poivres, etc… Le voyage au Burkina Faso ses succès, les activités de Mme Mbot ont fait
organisé par la FAO a été une expérience l’objet d’un reportage réalisé par la chaine
déterminante dans ce projet, car elle n’avait télévisée Gabon24. Mme Mbot emploie
pas de connaissance préalable sur ce type désormais 2 personnes à plein temps et des
de produits. Par exemple, nous saisonnières, en général des étudiantes en
demande-t-elle, “savez-vous quelle-est vacances.
exactement la différence entre un nectar,
un sirop et un jus ? “ Aujourd’hui Mme
Maboumi est présidente d’une coopérative
de 24 membres. Elle emploie 8 femmes à
temps plein qui ne vivent que de cet emploi,
©FAO/Claire Little

et 7 autres femmes à temps partiel en


fonction des besoins.

- 30 -
Les transformatrices de São Tomé
Grâce à la collaboration entre la FAO, la mairie de Lobata et les ONG locales,
21 femmes en situation de précarité ont été sélectionnées pour des activités
de transformation de produits horticoles. Avec l’argent gagné, elles ont pu acheter
les produits de première nécessité qui leur faisaient défaut.

plusieurs cultivateurs, elles peuvent facilement


accéder aux produits de base et acheter à bas
prix ceux qui risquent d’être perdus.
Grâce aux formations de la FAO, à la mise à
disposition du bâtiment par la mairie et au suivi
des ONG locales (ex. Qua Tela), ces
©FAO/Claire Little

transformatrices se sont senties bien


accompagnées. Elles participent aux foires afin
de faire connaître leurs produits et les
commercialisent en grandes surfaces. La farine
Les 21 femmes de l’unité de transformation de fruit à pain est un nouveau produit sur le
d’Agostinho Neto sont heureuses : en moins de marché, destinée à concurrencer la farine de blé
3 mois elles ont réussi à produire déjà 100 kg de importée.
farine de fruits à pain, 150 kg de bananes Notes:
(1) : * 1USD = 20,670 STD
séchées, 35 kg de ‘Jaca seca’ et une “quantité
considérable” de chips de banane et de
confitures.
Pour ces femmes, qui - il y a peu - étaient
sans activité et en situation de
grande précarité, c’est une aubaine.
Les 5 millions de dobras de chiffre
d’affaire (242 dollars US(1)) ont été
répartis en fonction du niveau de
participation aux activités, et la
somme restante a été conservée
sur un compte en banque pour les
investissements de la coopérative.
©FAO/Claire Little

L’unité fonctionne tous les jours, et


les idées ne manquent pas pour
créer d’autres produits. D’ailleurs,
souvent les femmes s’invitent chez
l’une ou l’autre pour y discuter
d’activités potentielles et pour s’entraider.
Cette unité est bien située : entourée de

- 31 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

M. Aubin Mombo et M. Roland Minko Minko présentent leur produit odika


de leur nouvelle entreprise Terroir G, owendo, Libreville, Gabon

©FAO/Claire Little
Les transformateurs au Tchad
En aout 2017, les bénéficiaires de Moundou (Koutou, Tchad) ont été formés aux
techniques de conservation et de transformation des produits horticoles.

La transformation des produits horticoles permet


de réduire les pertes après récolte, lesquelles
peuvent aller jusqu’à plus de 50% de la
production lorsque l’offre sur les marchés est

©FAO/Achim Djoumbe
grande. Elle ajoute de la valeur aux produits
premiers, et est un moyen de diversifier l’offre
sur les lieux de vente. Les produits transformés
sont aussi plus facilement conservables et
transportables.
La formation à Moundou au Tchad a mis l’accent
comme la confiture, la pâte de fruits, le fruit
sur les Bonnes Pratiques d’Hygiène (BPH) et de
confit ou le jus. Certaines pratiques d’hygiène
Fabrication (BPF) dont l’application correcte est
sont importantes à connaître : les bocaux sont
indispensable au succès des procédés de
ébouillantés et remplis au maximum pour éviter
transformation.
la formation de moisissure.
Le séchage est un procédé de stabilisation et
Dans le site de Moundou, la culture de l’oignon
conservation déjà bien intégré dans les mœurs :
est importante, si bien qu’en période de forte
afin d’accroitre la qualité du séchage la FAO a
production les prix chutent, alors que pendant
distribué, dans le cadre du projet, des séchoirs
les saisons des pluies, les prix doublent voire
solaires dont l’utilisation a été démontrée. Des
triplent. Une cellule de stockage construite avec
versions plus petites et plus abordables à
l’appui du projet en matériaux locaux et un
construire soi-même ont également été montées
système d’aération naturel permet de conserver
sur place.
les oignons et de les ressortir en fonction de la
Outre le séchage, les bénéficiaires ont été formés
demande du marché.
à d’autres méthodes de
En milieu péri-urbain, il n’y a pas de système de
transformation
froid pour conserver les produits périssables
‘simples’
comme la laitue ou les tomates. Un dispositif
local construit en double parois avec un interstice
rempli de sable permet de garder la fraicheur
pendant plusieurs jours, et de conserver les
produits invendus pour le lendemain, ou plus.
©FAO/Achim Djoumbe

D’autres formations ont été dispensées pour


faciliter la commercialisation des produits,
comme les méthodes de stérilisation des
emballages récupérés, ou le rôle de l’emballage
et de l’étiquetage des produits transformés.

- 33 -
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

La demande du marché

©FAO/Claire Little
Chips et arachides au supermarché Mbolo, à Libreville, Gabon

La demande pour les produits fabriqués localement à partir de fruits et


légumes dont la qualité est garantie est grande. Les gains économiques grâce
à une chaine de valeur raccourcie, la certification de produits frais, et la fierté
de participer au développement du pays sont des exemples d’arguments
commerciaux qui valorisent les transformateurs.

Point de vue des supermarchés: Mbolo et Ckdo Géant à Libreville, Gabon


Les deux responsables des achats interviewés ont Les consommateurs sont intéressés par les produits
confirmé qu’ils souhaitent tous les deux fortement gabonais. Les séances de dégustation sont de grands
référencer davantage les produits fabriqués au succès, en particulier quand la personne responsable
Gabon. est sur place pour commenter ses produits. Il y a un
Les avantages pour eux seraient grand besoin de promotion. Les produits gabonais
1. De diminuer les coûts d’approvisionnement : sont présents sur les étalages depuis déjà plus d’une
beaucoup de produits frais sont cultivés en dizaine d’années. Cependant, des défis freinent leur
Afrique, puis sont envoyés en France à Rungis et expansion : à savoir les ruptures d’approvisionnement
reviennent ensuite au pays pour être vendus “qui sont énormes" (maraîchage), le conditionnement
à des prix plus élevés. artisanal (chips, arachides, croquants) ou le prix
2. De participer à la hausse du pouvoir d’achat des (produit local cher en comparaison).
Gabonais via la création d’emplois, et donc de Chaque supermarché travaille avec des ONG locales
conquérir de nouveaux clients. qui leur présentent des artisans ou agro-
Pour l’instant, les produits gabonais représentent entrepreneurs. Dans le cas de Mbolo les prix de
moins de 5% de leur stock et autant de leur chiffre l’agro-entrepreneur ont tous été acceptés sans
d’affaire. Ils confirment également que plus de 60% négociation. Cela n’est pas un frein, et montre le
de leurs produits maraîchers viennent potentiel de développement qui existe pour les
du Cameroun. produits gabonais. l
- 34 -
Un marché potentiel de 500t de piment séché pour les transformateurs de Foumbot, au Cameroun.
Au départ, M. Mfoghom Gbetnkom voulait vraiment L’appui du projet HUP aux producteurs de piment a
devenir éleveur. permis à M. Mfoghom Gbetnkom d’avoir accès à
Technicien vétérinaire de formation, il ne commence une source de matière première sure et régulière ces
à fumer le piment en empruntant les fours des autres trois dernières années. Grâce à cela, il a pu bâtir un
que pour pouvoir financer un bâtiment d’élevage et bâtiment de 11m pour l’élevage, une maison pour sa
l’achat d’animaux. Aujourd’hui, nous dit-il, ‘je ne mère, deux maisons pour ses deux femmes et dix
pense même plus à l’élevage’. Dans la région de enfants. Il embauche aujourd’hui deux personnes à
Foumbot où 80% de la population travaille dans plein temps, et espère continuer à se développer.
l’agriculture, le prix du piment peut être très bas, L’ambition de M. Mfoghom Gbetnkom est de
jusqu’à 10 000 CFA (18 dollars US(1)) le sac de pouvoir concurrencer le piment moulu importé au
100 kg. M. Mfoghom Gbetnkom l’achète à ses Cameroun du Brésil, d’Europe ou d’Asie. Pour cela, il
producteurs attitrés et le fume en grosses quantités est en négociation avec la FAO et le Ministère de
dans son four. l’Agriculture pour mettre en place une unité de
La demande est forte surtout venant du Nigéria mouture inspirée des modèles trouvés au Bénin.
voisin, et aujourd’hui, après 5 ans d’activité, Les opportunités sont nombreuses : la société Nestlé
M. Mfoghom Gbetnkom est un des hommes les plus nous a confirmé au téléphone que la demande de
aisés de la région. Il est à présent le président d’un piment moulu pour les cubes Maggi est de 50 tonnes
groupe de 12 membres, dont 6 ont appris le métier par an à Douala, et 500 tonnes par an au Nigéria.
sur son site. Désormais, chacun a son unité de D’ailleurs le piment acheté par le Nigéria aujourd’hui
transformation, et il y a 8 mois, ils se sont enregistrés à M. Mfoghom Gbetnkom est directement envoyé
officiellement comme coopérative agricole, sur les aux unités de mouture sur place. l
conseils de la FAO. Notes:
(1) : 1USD = 550 CFA

©FAO/Claire Little

M. Mfoghom Gbetnkom devant son four a fumer le piment, Foumbot, Cameroun

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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Conclusion

Grâce à des formations pertinentes, à du matériel et des


équipements bien adaptés, et au soutien des institutions,
les bénéficiaires du projet GCP/SFC/001/MUL
“La sécurité alimentaire renforcée en milieu urbain en
Afrique Centrale grâce à une meilleure disponibilité de la
nourriture produite localement” ont vu leur productivité
et leurs revenus augmenter rapidement.
Les conditions de vie des bénéficiaires se sont ainsi
fortement améliorées, avec un accès rendu possible au
logement décent, à la santé, à la nutrition de qualité, à
l’éducation des enfants, au transport personnel etc.
Ces résultats ont encouragé les populations à se fixer en
zones rurales et ont permis à tout un pan vulnérable de
la population à gagner en autonomie.
Enfin, grâce à l’implication des institutions dans le projet
depuis sa conception, les stratégies de sortie ont été
mises en place 6 mois avant la fin du projet. Des plans
d’urbanisme intégrant l’horticulture urbaine et péri-
urbaine ont été conçus avec l’appui de la FAO, et les
autorités se réjouissent de pouvoir poursuivre le projet
de façon autonome.
M. Edouard Pouta, président du conseil départemental
de la Passa, Gabon : ‘Nous sommes prêts à prendre le
relais de la FAO grâce aux multiples formations que nous
avons reçues et à la mise en place claire de stratégies
d’urbanisme et de plans d’action associés. Nous
souhaitons enrôler davantage d’horticulteurs. En effet, à
la vue des succès rencontrés sur le terrain par les
bénéficiaires du projet, beaucoup de gens nous
©FAO/Claire Little

approchent et nous demandent ‘A quand notre tour ?’ n

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Tomates cultivées à Santa Clara/Lobata, São Tomé

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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE

Partenaires du projet : Personnels d’encadrement du projet :


Organisation des Nations-Unis pour l’Alimentation et Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique Centrale
l’Agriculture (FAO) : (SFC) :
Le programme de la FAO pour l’horticulture urbaine et péri- M. Sankung Sagnia, Chargé de la Production et Protection
urbaine aide les gouvernements et les autorités municipales à des Plantes et LTO (Lead Technical Officer)
optimiser les politiques, les dispositifs institutionnels et les services
M. Gerbert Dossa, Professionnel junior en Protection des
d’appui à l’HUP, à perfectionner les systèmes de production et de
Végétaux
commercialisation et à améliorer la chaine de valeur horticole.
M. Descartes Koumba-Mouendou, Professionnel junior en
Production et Protection des Plantes
Fond Fiduciaire de Solidarité en Afrique – (African
Solidarity Trust Fund (ASTF))
Coordonnateurs nationaux du projet :
Fonds innovant placé sous l’égide de l'Afrique qui vise à mobiliser
Cameroun : M. Joseph Mekoulou
les ressources de l’Afrique pour soutenir les initiatives de
développement africaines. Son principal objectif est de renforcer République du Congo : M. Ambroise Loufouma
la sécurité alimentaire à travers le continent en aidant les pays et Gabon : M. Vincent Edzang Ondo
leurs organisations régionales à éradiquer la faim et la Guinée Equatoriale : M. Julian EkiriNsogoNsang
malnutrition, à éliminer la pauvreté rurale et à gérer les ressources São Tomé & Principe : M. Trindade Metzger
naturelles de façon durable. Tchad : M. Achim Djoumbe

Ministères en charge de l’agriculture FAO Siège de Rome, Division de la production végétale et


des six pays du projet : de la protection des plantes (AGP)
Cameroun, République du Congo, Gabon, M. Tristan Nondah, Agricultural Officer et LTU (Lead
Guinée Equatoriale, São Tomé & Principe, Tchad Technical Unit) Officer.

Les mairies de :
Foumbot et Yaoundé 1er (Cameroun)
Pointe Noire et Ouesso (République du Congo) Conception du document
Malabo et Bata (Guinée Equatoriale)
Recherche et rédaction : Claire Little
District de Lobata et Région Autonome
Conception graphique et mise en page :
de Principe (São Tomé et Principe)
Sylvie Pinsonneaux

Les Conseils Départementaux de :


Avec des remerciements spéciaux à toutes les personnes
Komo Kango et de la Passa (Gabon)
interviewées pour la réalisation de ce document : points
©FAO/Claire Little

focaux du projet, bénéficiaires, responsables politiques et


directeurs des achats des supermarchés Mbolo et Ckdo
Géant au Gabon.

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un jeune garçon rentre chez lui
avec sa récolte (São Tomé)
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (FAO)
Bureau Sous-régional pour l’Afrique Centrale
Maison des Nations Unies
Près du Pont de Gué-Gué
BP 2643 Libreville / GABON
www.fao.org

Fonds
fiduciaire
de solidarité
africain

Fonds Fiduciaire de Solidarité Africain


(African Solidarity Trust Fund – ASTF)
I8629FR/1/02.18

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