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de l’horticulture urbaine
et péri-urbaine
en Afrique Centrale
2014-2017
DEVELOPPER L’HORTICULTURE URBAINE ET PERI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
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Préface .........................................................................................................................................................4
Résumé du projet ........................................................................................................................................5
Carte du projet ............................................................................................................................................6
Contexte et état des lieux ...........................................................................................................................8
Des collectivités locales impliquées .........................................................................................................12
Témoignage à Franceville au Gabon .........................................................................................................14
Un nouveau départ grâce au soutien de la FAO .......................................................................................16
Des formations efficaces............................................................................................................................18
Témoignage de Mme Etobé......................................................................................................................19
Vers une agriculture biologique ................................................................................................................20
Gestion stratégique de l’eau .....................................................................................................................24
Les nouvelles générations sensibiliées à l’horticulture..............................................................................25
Témoignage à Foumbot, grenier de l’Afrique Centrale ............................................................................26
De nouveaux agro-entrepreneurs ambitieux.............................................................................................28
La demande du marché .............................................................................................................................34
Conclusion .................................................................................................................................................36
Crédits .......................................................................................................................................................38
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
Préface
Le Fonds Fiduciaire de Solidarité Africain (L’Africa Solidarity Trust Fund -
ASTF) est le fruit de la décision prise lors de la Conférence Régionale de
la FAO pour l’Afrique, tenue à Brazzaville, République du Congo, en
Avril 2012, de créer un fonds financé par les Africains pour soutenir la
sécurité alimentaire sur le continent. Le projet GCP/SFC/001/MUL ‘La
sécurité alimentaire renforcée en milieu urbain en Afrique Centrale grâce
©FAO
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Résumé du projet
En 2014, la FAO a mis en place le projet
GCP/SFC/001/MUL ‘La sécurité alimentaire renforcée
en milieu urbain en Afrique Centrale grâce à une
meilleure disponibilité de la nourriture produite
localement’’’. Pendant 3 ans, le projet a apporté un
soutien matériel et des formations à plus de 3 500
bénéficiaires situés au Gabon, Cameroun, Tchad,
©FAO/Claire Little
Guinée Equatoriale, São Tomé & Principe, et
République du Congo.
L'objectif du projet a été de favoriser le développement
de l'horticulture urbaine et péri-urbaine comme un
moyen d'alléger les pressions économiques et sociales
Femme revenant avec sa récolte a São Tomé
dûes au ralentissement de la croissance et à l'exode
rural.
Le projet a eu des effets positifs importants. Il a permis Paysans - ou CEP - les horticuteurs ont analysé de
de relever le niveau de productivité des exploitations nombreuses problématiques agricoles à la fois de façon
horticoles sélectionnées. Les profits des bénéficiaires se théorique et de façon pratique sur le terrain. D'autres
sont accrus, et la qualité de leur vie s'est ameliorée. Le ateliers animés par des experts ont été organisés sur
projet a aussi permis de créer des emplois en zone des Bonnes Pratiques permettant de produire plus avec
urbaine et peri-urbaine, et ce, tout le long de la chaine moins.
de valeur. Enfin, l'offre en fruits et légumes de qualité Afin de limiter les pertes après récoltes, le projet a aussi
s'est accrue sur les marchés citadins où elle faisait integré des fomations sur la conservation et la
defaut. transformation plus ou moins sophistiquée des produits
Le projet a bénéficié dès le départ de la collaboration horticoles.
des municipalités: c'est grâce à leur soutien que l'accès Des agro-entrepreneurs se sont lancés dans la
aux terres des horticulteurs a été sécurisé et leurs droits transformation des produits horticoles à forte valeur
fonciers juridiquement reconnus. Les mairies ont aussi ajoutée et continuent de développer leur offre dans les
aidé les bénéficiaires à s'organiser en coopératives. différents pays.
Depuis le début du projet, la FAO a apporté un soutien L'ambition du projet est de créer une dynamique
materiel important: plus de 26 000 pièces profonde et durable dans la société.
d'équipement, et de 700 kg de semences d'environ 30 Des jardins scolaires ont été aménagés dans des écoles,
varietés différentes. La gestion stratégique de l'eau et la dans le but de sensibiliser les nouvelles générations à
mise en place de systèmes d'irrigation a réduit les l'horticulture et à la consommation de fruits et légumes
menaces de sécheresse et permis d'augmenter la locaux.
productivité des sites. Des plans d'aménagement intégrant des espaces
A travers ce projet les bénéficiaires ont également reçu agricoles ont été aussi élaborés au niveau national avec
de nombreuses formations. Avec les Champs Ecoles le support de la FAO. n
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
Carte du projet
SÃO TOMÉ
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Ndjamena
TCHAD
Moundou
Foumbot
CAMEROUN
Malabo Yaoundé 1er
GUINÉE ÉQUATORIALE
Pointe Noire
Source: Mondoforte, sept. 2017
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
Contexte
et état des lieux
Le ralentissement économique des
pays d’Afrique Centrale et le manque
d’investissement dans l’agriculture
exercent des pressions importantes
sur les populations croissantes des
villes : chômage, insécurité
alimentaire, régimes peu diversifiés …
Relever le niveau de production de
l’horticulture urbaine et péri-urbaine
est devenu crucial pour assurer un
niveau de vie décent des populations,
en particulier des femmes et des
jeunes.
Chômage et sous-emploi
Avec la crise du pétrole et des matières premières,
l’Afrique Centrale fait face à une crise économique
persistante. L’exode rural contribue à augmenter le
taux de chômage dans les centres urbains.
La croissance économique réelle dans l’espace de
la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique Centrale (CEMAC) devrait se situer à 1,6%
en 2017 contre 0,2% un an auparavant(1). Le
chômage demeure très élevé avec une moyenne
©FAO/Claire Little
Notes:
(1) : prévisions du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque
des États de la sous-région (BEAC)
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Marché de Yaoundé, Cameroun
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
©FAO/Claire Little
Enfants de Santa Clara, São Tomé
de 23,12% dans la sous-région. L’insertion d’un accès suffisant et régulier à des aliments sains
socioéconomique des populations défavorisées, et de qualité. Plusieurs pays comme le Gabon ou
comme les ruraux, les jeunes et les femmes est la Guinée Equatoriale dépendent grandement de
difficile, ce qui fragilise encore davantage le tissu leurs importations alimentaires pour combler le
social. déficit des produits horticoles sur les marchés.
Le plus souvent, le secteur informel prédomine et L’Afrique Centrale est très dépendante
emploie plus des trois quarts de la population des importations alimentaires dont la facture
active. Au Cameroun, d’après une étude ECAM3 représente à l’échelle sous-régionale
ème
(3 Enquête Camerounaise Auprès des 3 000 milliards de CFA par an(1), soit environ
Ménages), le taux de sous-emploi est d’environ 900 millions de dollars US(2).
76% (contre 4,4% de chômage ‘officiel’). Les L’activité agricole se fait également souvent
personnes sont donc employées en deçà de leurs de façon rudimentaire avec des moyens
compétences ou formation, et ne bénéficient pas techniques limités. La production de nourriture par
de conditions de travail satisfaisantes. personne et la productivité par hectare sont parmi
les plus faibles du monde faute d’intérêt de la
Insécurité alimentaire population pour ce secteur, mais aussi
L’autosuffisance alimentaire est un véritable défi d’investissements conséquents. En fait,
pour les populations urbaines en expansion, faute l’accroissement de la production de nourriture
Notes:
(1) : Banque de développement des Etats de l'Afrique Centrale (BDEAC) - RFI Afrique
(2) 1USD = 550 CFA
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dépend à 80% de l’expansion des terres et non de de revenus dans ces territoires très fertiles. De
l’augmentation de la productivité. En outre, 60% plus, la grande majorité des populations ont déjà
des exploitations sont familiales et relèvent de la des connaissances de base de l’horticulture,
culture de subsistance. souvent acquises aux champs dans l’enfance grâce
Les produits d’Afrique Centrale sont donc pour à la famille. L’exploitation d’une petite parcelle de
beaucoup remplacés par des produits moins chers terrain sert à combler les revenus insuffisants d’une
venus parfois d’autres continents. Les ménages activité principale.
pauvres dépensent 60% à 80% de leurs revenus « L’Afrique Centrale est une région qui dispose
pour se nourrir, et sont très vulnérables à la d’un énorme potentiel en matière de ressources
fluctuation du prix des denrées alimentaires. humaines et ressources naturelles. Elle abrite la
L’absence de terres cultivées dans les villes ou deuxième plus grande zone de forêt tropicale au
leurs périphéries rend difficile l’accès de la monde avec plus de 240 millions d’hectares. En
population urbaine aux produits horticoles. Les renforçant le partage d’expériences entre les états,
terres sont parfois conservées pour d’autres la FAO souhaite transformer ce potentiel en
projets (ex. développement immobilier), ou parfois richesse pour la population », a déclaré M. Helder
pour être protégées, comme la forêt classée de la Muteia, Coordonnateur du Bureau Sous-régional
Mondah dans la commune d’Akanda près de de la FAO pour l’Afrique Centrale (SFC). n
Libreville au Gabon, d’où ont été expulsés les
Notes:
petits agriculteurs. (3) : source: FAO
©FAO/Mathurine Mboungou
fertiles, et le besoin de main d’œuvre très
important.
Le secteur de l’agriculture a un fort potentiel pour
contribuer à la croissance économique; il contribue
à 17,5 % du PIB dans les six pays ciblés par ce
projet(3). L’activité agricole est une source
constante de moyens de subsistance, d’emplois et Récolte de tomates au Congo
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
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“
©FAO/Claire Little
“ ‘La Fao s’est appuyée sur le Conseil Départemental
pour sélectionner des bénéficiaires. Nous avons aidé à identifier
les populations sédentaires’.
ALAIN BATSIELILIT, PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU KOMO KANGO
M. Batsielilit, président du conseil départemental du Komo Kango - en costume sur la photo - pose au milieu des
bénéficiaires (Kougouleu, Gabon)
Des ‘Villes plus Vertes’ des zones de production, des points de collecte et
Dans le cadre de ce projet, les municipalités ont été d’exportation vers d’autres villes ou pays, des systèmes
encouragées d’intégrer l’horticulture de transport adaptés pour éviter les pertes etc…
dans les plans directeurs de développement Ces plans d'aménagement permettent également de
urbain. L’aménagement de ces ‘villes plus vertes’ lutter contre l’horticulture ‘sauvage’ à laquelle peut
permet de faciliter l’accès de la population aux être réduite la population par manque d’espace dédié.
activités agricoles à l’intérieur et en périphérie Ainsi le maire d’Akanda au Gabon M. Ernest
immédiate des villes. Ogandaga témoigne :
Dans le cadre du Programme ‘Développer des Villes ‘Le plan de développement de la commune d’Akanda
plus Vertes’ (Growing Greener Cities), la FAO a offert inclut un volet ‘Vert’. Il s’agit d’identifier des espaces
aux gouvernements et aux municipalités son assistance de culture en cohérence avec les autres objectifs de la
pour développer des stratégies d’urbanisme intégrant ville. Des petits horticulteurs, principalement des
des espaces de culture. La création de ceintures vertes femmes, venaient exercer leurs activités illégalement
permet d’offrir des espaces où les populations dans le parc national de la forêt de la Mondah, d’où ils
vulnérables peuvent pratiquer l’horticulture en toute étaient systématiquement expulsés. Il fallait trouver un
légalité et dans de bonnes conditions. Les plans espace pour ces populations qui cherchaient surtout à
d’urbanisme permettent également d’intégrer d’autres survivre et à nourrir leurs enfants. Le projet HUP nous a
éléments de façon stratégique : des marchés proches donné l’opportunité de les aider.’ n
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
©FAO/Claire Little
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Témoignage à Franceville au Gabon
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
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©FAO/Claire Little
A gauche : une laitue cultivée dans le cadre du projet, à droite une laitue de référence. on notera la différence de taille
et les tâches brunes sur la laitue 'non-FAo'. En bas à gauche : Hangare CEP niefang Alén, Guinée Equatoriale.
distributeurs locaux. Les bénéficiaires ont pertes dûes au transport aggravent la pénurie et
témoigné de la qualité supérieure des semences renchérissent le prix des fruits et légumes sur les
après avoir comparé les productions faites dans le marchés urbains. n
cadre du projet HUP et en dehors.
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
©FAO/Gladys Mayassi
local pour une meilleure appropriation des techniques.
Par exemple, l’utilisation de séchoirs solaires fournis par
la FAO a permis de perfectionner cette pratique datant
de l’antiquité. Les débouchés potentiels des produits
séchés sont en effet nombreux : les marchés urbains
nationaux en pleine expansion et, bien entendu, le
Formation des maraîchères de Maboko (ouesso), marché international et plus particulièrement l’Europe.
République du Congo
Des experts ont également apporté des connaissances
Autonomie et résilience des populations complémentaires sur des thèmes spécifiques comme
Les formations CEP se sont fondées sur un l’irrigation, ou le planting circulaire.
enseignement non formel des adultes à la fois aux
champs et en ‘classes’. Les agriculteurs ont acquis ainsi Au niveau sous-régional
les connaissances théoriques et pratiques nécessaires Des formations ont été organisées sur l’utilisation de
pour analyser de façon autonome et holistique les la base de données Hortivar afin que les bénéficiaires,
situations. Ils ont pu appliquer directement sur le notamment les encadreurs du projet, puissent
terrain des techniques dont ils comprennent la raison, consulter les informations relatives aux performances
et ils se sont appropriés ainsi davantage les des différentes variétés horticoles.
informations. Le concept de Champs Ecole Paysan Le personnel du projet a été encouragé à utiliser des
(CEP) de la FAO, qui promeut ces principes méthodes de suivi et d’évaluation communes.
d’enseignement, a fait ses preuves dans plusieurs pays L’objectif a été de savoir mesurer les effets du projet
depuis son lancement il y a plus de 30 ans, en Asie. d’une manière coordonnée et quantitative, au delà
des rapports descriptifs. n
Renforcement des capacités
D’autres formations ont également été dispensées sur
des thèmes variés. Par exemple l’accent a été mis sur
l’enseignement de la fabrication sur le terrain du
©FAO/Julian EkiriNsogoNsang
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Témoignage de Mme Etobé
©FAO/Claire Little
La pépinière de Mme Etobe, site de nkolondom, Yaoundé 1er, Cameroun
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
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Mme Marie-Thérèse Mekaze,
du groupement Terra nostra
et vice-présidente de la
Société Coopérative des
Horticulteurs de Foumbot
(SoCoPRoHF) admire ses
laitues protegées avec du
biopesticide dont elle est
l'ardente défenderesse
(Foumbot, Cameroun)
LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
un SCEPTiquE ConvAinCu
M. Mbaidougou Séraphin, âgé de 70 ans propriétaire d’une parcelle de carotte sur le site
de Torodjo à Moundou (Tchad) était farouchement opposé aux biopesticides qui
pouvaient bruler ses cultures. il avait même exigé une indemnisation de la part du
projet en cas de dommages. il fut très surpris de constater que non seulement ses
cultures n’etaient plus attaquées par les insectes et les maladies, mais qu’elles etaient
devenues plus vigoureuses.
M. Mbaidougou Séraphin a changé d’avis : « La formation sur la fabrication de bio-
pesticides m’a aidé à connaître d’autres produits phytosanitaires qui peuvent lutter
efficacement contre les ravageurs et maladies en lieu et place des pesticides chimiques.
ils sont moins toxiques, économiques et peuvent être fabriqués avec des matériaux
faciles à manipuler, simples et accessibles ».
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gagnant en productivité grâce à l’espacement
entre les cultures.
Les horticulteurs ont également été sensibilisés à la
pratique des rotations culturales.
Par exemple, auparavant à Moundou, au Tchad, la
majorité des bénéficiaires ne cultivaient que des
©Julian EkiriNsogoNsang
©FAO/Mathurine Mboungou
de choux biologiques à Taye, près de Moundou.
D'après Mme Juliette Fotso, première adjointe au
maire de Yaoundé 1er, déjà 70% des producteurs
du site de Nkolondom utilise désormais des
biopesticides.
©FAO/Mathurine Mboungou
pratiques qui ont fortement augmenté leur
productivité et divisé les coûts associés aux
semences… parfois jusqu’à cinq.
Auparavant des poignées de graines étaient
lancées sur des parcelles de terre dans l’attente
que certaines d’entre elles germent, et les cultures
étaient peu diversifiées.
Avec les formations de la FAO, les bénéficiaires
ont appris à planter les graines une à une dans des
pépinières en respectant des écartements
©FAO/Achim Djoumbé
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
Gestion stratégique
de l’eau
L’amélioration des systèmes aussi la pénibilité de l’irrigation avec des arrosoirs
et le risque de tensions entre agriculteurs.
d’irrigation pour rendre l’eau
facilement disponible et accessible Des systèmes de micro irrigation privilégiés
à tous a été primordiale pour Il existe plusieurs types de systèmes d’irrigation
qui sont choisis en fonction de la source d’eau
le succès du projet.
disponible. En général, les aménagements à petite
échelle sont privilégiés pour une question de coûts
et de maintenance.
La FAO a privilégié les aménagements d'irrigation
à petite échelle (micro-irrigation) moins exigeants
en investissement pour la mise en œuvre et
l'entretien, et plus rapides à mettre en place
quelques soient les contraintes géographiques.
©FAO/Mathurine Mboungou
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Les nouvelles générations
sensibilisées à l’horticulture
La sensibilisation des nouvelles
générations à l’importance
de l’horticulture permet de faire face
au désintérêt des populations pour
ce secteur.
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
Témoignage à Foumbot,
grenier de l’Afrique Centrale
©FAO/Claire Little
M. ousmanou Toumansié pose avec sa famille devant sa maison nouvellement construite (Foumbot, Cameroun)
A Foumbot, 80% de la population travaille dans Nigéria etc… C’est ainsi que Foumbot a gagné sa
l’horticulture. Dans cette ville de moins de reputation de grenier d’Afrique Centrale, et
100 000 habitants, 30 à 50 camions partent tous l’attention de la FAO pour le projet Horticulture
les matins chargés des fruits et légumes cultivés Urbaine et Péri-urbaine.
dans sa périphérie. Ils partent à Yaoundé, Douala, M. Toumansie est un cultivateur de 43 ans qui
mais aussi en Guinée Equatoriale, au Gabon, au s’est lancé dans l’agriculture en 1994 après avoir
abandonné son précédent travail de vendeur de
chaussures en plastique. Aujourd’hui il cultive la
tomate, le poivron, le piment, la morelle noire, et
le haricot vert. Il a été approché par un délégué
du Ministère de l’Agriculture et a accepté de
suivre les formations de la FAO. Il a reçu
également du matériel (brouettes, pousse-
pousses, pulvérisateurs, décamètres, balances),
des semences, et de l’engrais.
Grâce aux revenus de l’agriculture, M. Toumansie
peut subvenir aux besoins de toute sa famille, et
©FAO/Claire Little
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manquent pas. La plupart sont des agriculteurs de
longue date, venant eux-mêmes de familles
d’agriculteurs. Les formations organisées par la
FAO - en particulier sur la mise en place des
pépinières et les techniques de semis - ont
convaincu ces cultivateurs aguerris. Grâce à ces
techniques enseignées, les coûts liés à la semence
ont été divisés par deux, avec un meilleur
©FAO/Claire Little
rendement. Mais selon eux, c’est surtout le fait de
recevoir de la reconnaissance et des
encouragements de la FAO et du Ministère de
l’Agriculture qui leur ont donné la force de
En haut : Zone de chargement des camions en partance
redoubler d’efforts et d’aller plus loin. Aujourd’hui
vers d'autres villes du Cameroun et l'international
ils s’accordent tous à dire qu’ils réussissent bien (Gabon, nigeria, Guinée Equatoriale etc…)
En bas : M. nicola Mbouombouo (tout à droite) pose avec
mieux, et que leurs vies se sont beaucoup le reste du groupement doufa
améliorées. “L’agriculture est notre métier’, dit
Nicolas Mbouombouo. Nous ne vivons que de ça.
Merci à la FAO pour son soutien, nous leur disons un total de 80 kg (un filet pesant environ 16Kg).
grandement merci, nous sommes ravis, nous Avec les semences de la FAO, il peut en donner
mangeons, nous vendons, nous soutenons la de 15 à 20 filets, soit de 240 kg à 320 kg de fruits.
famille”. Les déclarations de Nicolas sont suivies Le maire de Foumbot M. Alidou Njutapvoui,
par des applaudissements de tout le groupe. membre de la cellule HUP, souhaite construire une
La qualité des semences a également eu un zone de négoce dédiée à l’exportation avec une
impact significatif. Par exemple pour le gombo, un unité de conservation. “Les jeunes ne partent
seul plant pouvait donner 5 filets maximum, pour plus, nous avons une vision pour Foumbot”. n
©FAO/Claire Little
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
©FAO/Claire Little
de nouveaux
agro-entrepreneurs ambitieux
Au Gabon, au Cameroun, à São Tomé & Principe et au Tchad, des agro-
entrepreneurs se sont lancés dans la transformation des fruits et légumes
horticoles en produits finis tels chips, jus, confitures, sauces, mais aussi en savons,
produits ménagers, produits de beauté… Malgré les défis, ces activités se
révèlent très rentables et suscitent l’enthousiasme des populations.
©FAO/Claire Little
Au Gabon, la Fédération Nationale des
Transformateurs des Produits Agricoles du Gabon
(FENATAG) rassemble tous les membres. Ces
nouveaux agro-entrepreneurs qui, pour la plupart se
sont lancés il y a moins d’un an, discutent de
problèmes communs et s’organisent afin de
développer des approches communes : créer des
perspectives de vente localement et à l’étranger,
obtenir les certificats d’hygiène auprès de l’AGASA Mme Edwige Eyang Ndong
(Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire) exigés ‘Ella Family Service’
par les supermarchés, garantir la qualité du
conditionnement, diversifier les produits pour éviter
Après avoir fini ses études supérieures à
l’excès de concurrence… En 2015, les
l’étranger, Mme Ndong a décidé à son
transformateurs gabonais ont été encouragés dans
retour au Gabon de se lancer dans la
leur démarche en gagnant le premier prix du ‘Salon
commercialisation de jus de fruits naturels.
Made In Gabon’ (SMIG) organisé par un opérateur
La réaction initiale de ses parents fut très
économique pour promouvoir le savoir-faire local.
Afin de promouvoir leurs produits, les bénéficiaires du négative. Elle a été accusée de gâcher son
projet HUP participent à de nombreux salons et foires éducation et son avenir. Ses parents lui ont
organisés par les pouvoirs publics. Des journées demandé de chercher un emploi de
portes ouvertes ont permis de sensibiliser le public fonctionnaire.
sur la production et la consommation de légumes, et Cependant Mme Ndong n’a pas abandonné.
sur la qualité des productions locales. n Les formations de la FAO lui ont permis de
réaliser des produits sûrs pour les
consommateurs et de diversifier son offre,
et l’ont menée à un certain succès
commercial. Désormais l’attitude de sa
famille a changé et sa mère lui amène ses
frères et sœurs pour qu’elle les forme à leur
©FAO/Claire Little
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
©FAO/Claire Little
d’élevage, elle entreprit d’en faire des rillettes.
Encouragée par ses proches, Mme Mbot
commença à expérimenter de nombreuses
recettes. Elle commercialise aujourd’hui 28
références, et produit en moyenne 150 kgs à
200 kgs de caviar d’atangas par mois. Elle a
construit des relations commerciales avec
Géant CKdo, la société Servair
Mme Marie Claire Maboumi (www.servair-gabon.com) et une épicerie fine
‘La Reine de la Papaye’ de produits gabonais. Elle fait également
partie de l’association Olamba, qui est un
Mme Maboumi cultive la papaye, un produit village artisanal en voie de création au quartier
très périssable qui se perdait en période de Glass de Libreville où elle aura une exposition
grande production. Elle décida donc de permanente. Elle a exporté également certains
transformer ses fruits en confitures, jus, de ses produits en France et en Irlande. Suite à
poivres, etc… Le voyage au Burkina Faso ses succès, les activités de Mme Mbot ont fait
organisé par la FAO a été une expérience l’objet d’un reportage réalisé par la chaine
déterminante dans ce projet, car elle n’avait télévisée Gabon24. Mme Mbot emploie
pas de connaissance préalable sur ce type désormais 2 personnes à plein temps et des
de produits. Par exemple, nous saisonnières, en général des étudiantes en
demande-t-elle, “savez-vous quelle-est vacances.
exactement la différence entre un nectar,
un sirop et un jus ? “ Aujourd’hui Mme
Maboumi est présidente d’une coopérative
de 24 membres. Elle emploie 8 femmes à
temps plein qui ne vivent que de cet emploi,
©FAO/Claire Little
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Les transformatrices de São Tomé
Grâce à la collaboration entre la FAO, la mairie de Lobata et les ONG locales,
21 femmes en situation de précarité ont été sélectionnées pour des activités
de transformation de produits horticoles. Avec l’argent gagné, elles ont pu acheter
les produits de première nécessité qui leur faisaient défaut.
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
©FAO/Claire Little
Les transformateurs au Tchad
En aout 2017, les bénéficiaires de Moundou (Koutou, Tchad) ont été formés aux
techniques de conservation et de transformation des produits horticoles.
©FAO/Achim Djoumbe
grande. Elle ajoute de la valeur aux produits
premiers, et est un moyen de diversifier l’offre
sur les lieux de vente. Les produits transformés
sont aussi plus facilement conservables et
transportables.
La formation à Moundou au Tchad a mis l’accent
comme la confiture, la pâte de fruits, le fruit
sur les Bonnes Pratiques d’Hygiène (BPH) et de
confit ou le jus. Certaines pratiques d’hygiène
Fabrication (BPF) dont l’application correcte est
sont importantes à connaître : les bocaux sont
indispensable au succès des procédés de
ébouillantés et remplis au maximum pour éviter
transformation.
la formation de moisissure.
Le séchage est un procédé de stabilisation et
Dans le site de Moundou, la culture de l’oignon
conservation déjà bien intégré dans les mœurs :
est importante, si bien qu’en période de forte
afin d’accroitre la qualité du séchage la FAO a
production les prix chutent, alors que pendant
distribué, dans le cadre du projet, des séchoirs
les saisons des pluies, les prix doublent voire
solaires dont l’utilisation a été démontrée. Des
triplent. Une cellule de stockage construite avec
versions plus petites et plus abordables à
l’appui du projet en matériaux locaux et un
construire soi-même ont également été montées
système d’aération naturel permet de conserver
sur place.
les oignons et de les ressortir en fonction de la
Outre le séchage, les bénéficiaires ont été formés
demande du marché.
à d’autres méthodes de
En milieu péri-urbain, il n’y a pas de système de
transformation
froid pour conserver les produits périssables
‘simples’
comme la laitue ou les tomates. Un dispositif
local construit en double parois avec un interstice
rempli de sable permet de garder la fraicheur
pendant plusieurs jours, et de conserver les
produits invendus pour le lendemain, ou plus.
©FAO/Achim Djoumbe
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
La demande du marché
©FAO/Claire Little
Chips et arachides au supermarché Mbolo, à Libreville, Gabon
©FAO/Claire Little
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
Conclusion
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Tomates cultivées à Santa Clara/Lobata, São Tomé
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LE DÉVELOPPEMENT DE L’HORTICULTURE URBAINE ET PÉRI-URBAINE EN AFRIQUE CENTRALE
Les mairies de :
Foumbot et Yaoundé 1er (Cameroun)
Pointe Noire et Ouesso (République du Congo) Conception du document
Malabo et Bata (Guinée Equatoriale)
Recherche et rédaction : Claire Little
District de Lobata et Région Autonome
Conception graphique et mise en page :
de Principe (São Tomé et Principe)
Sylvie Pinsonneaux
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un jeune garçon rentre chez lui
avec sa récolte (São Tomé)
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE (FAO)
Bureau Sous-régional pour l’Afrique Centrale
Maison des Nations Unies
Près du Pont de Gué-Gué
BP 2643 Libreville / GABON
www.fao.org
Fonds
fiduciaire
de solidarité
africain