Brandes, Georg. L - École Romantique en France.
Brandes, Georg. L - École Romantique en France.
Brandes, Georg. L - École Romantique en France.
Brandes
L'ECOLE
ROAANTIQUE
EN FRANCE
t-
PARIS
A. AICHALON
26, Eue Monsieur le Prince, 26
1902.
G. Brandes
Les grands courants littéraires au XIX^ siècle.
L'ÉCOLE
ROMANTIQUE
EN FRANCE.
Ouvrage traduit sur la 8« édition allemande
par
A. Topin
Professeur au collège de Blois.
Victor Basch
Professeur à l'Université
de Reunes.
Paris
A, Mi chai on.
1902.
M. Basch,
Hommage de respectueuse affection et de reconnaissance.
A. Topiii.
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/lcoleromantiquOObran
Table des matières.
pages
Préface VII à XXIV.
I. La scène politique 1
IL La génération de 1830 7
III. Le Romantisme 17
IV. Nodier 33
V. Coup d'oeil rétrospectif — Influences
étrangères 45
VI. Coup d'oeil rétrospectif — Influences
nationales 59
VU. Poésies de de Vigny et „Orientales"
de V. Hugo 70
VIII. Hugo Musset
et 79
IX. Musset et George Sand 94
X. Alfred de Musset 109
XL George Sand 120
XII. Balzac 147
XIII. id 158
XIV. id 163
XV. id 169
XVI. id 174
XVII. id 186
XVm. Beyle 191
XIX. id 203
XX. id 214
XXI. Mérimée 225
XXII. Beyle et Mérimée 233
XXm. Mérimée 246
XXIV. id 253
XXV. id 260
XXVL Mérimée et Gautier 267
— VI —
pages-
XXVII. Gautier 272-
XXVm. id 282
XXIX. Sainte-Beuve 292
XXX. id 305
XXXI. Sainte-Beuve et la critique moderne . . 311
XXXII. Le drame —
Vitet, Dumas, de Vigny, Hugo 322:
XXXIII. Le mouvement politique et social dans la
littérature — Saint-Simon et sa doctrine . 341
XXXIV. Les Méconnus et les Oubliés 364-
XXXV. Conclusion 382:
Errata
Introduction.
I.
yentab e
Pour BldS comme pour Taine, l'oeuvre d'art
sa prodigieuse intensité
est ceuè qui concentre
dans toute
inépuisable richesse la vie eparse qui
e da. tiute sou
facettes des tendances,
des aspirations,
cris 1 Use les mille
espérances et des déceptions
des talg s, des sublimes
dans laquelle comme
té e" d'iue époque historique
à la fois grossit et piecise,
dans un miroir magique qui
niacrnifi" "simplifie, les
hommes se retrouvent avec les
nuances les plus ^8«»- de
leu,
SI essentiels 'et les
ce qui, eu <^«. » «'^'t
être et saluent comme réalité
1^^
Sans doute on
rpve trouble et pressentiment imprécis.
conception du beau considère
nourrat opposer à cette
vLnt, moderne, l'actuel, plus d une objection
comme le le
moment
Goethe, se détourne a un
Un poète qui, c mme politique et soci^
de la réalité
Sount délibérément, images et loieille a toutes
ferme les veux à toutes les
s'enfoncer dans l'impassible
e clameurs du présent pour
''.nüqni^ J.t-il
nature on .[l«
Irntt^Sion d'e la
Et 1 Iphigenie,
artistique?
vraiment manqué à son devoir de la vie
grandes tendances
oôru'incarner aucune des moins
siècle, en est-elle
aïèmaidè à la fin du XVIIP
souverainement belle .^
.
, ,
pas
discussion, mais ce n st
La question mériterait autem
l'engager. Au critique, comme a 1
ici le lieu de
Oeliii ae
flrimatioue accorder son postulat.
il faut
de l'oeuvre d'art eu tant que
Brandes ei la conception tan que pro-
s ^le de l'état
mental d'une époque, en
,Mon -^"...on dit-il es^d
dut d'un milieu bistorique. groupes et de certains
certains
donner nar l'étude de
littérature européenne
mou4me^ s dominateurs de la années du MX
premières
rsnui^e d'une psychologie des e-
l'expression de i
programme
siTc
ë'' Notez d-ms ce
de la plus haute impoi-
elle est
rature européenne:
doit être vraiment psycho-
ïauce Si a critique littéraire
sera nécessairement comparée.
W^le et historique, elle
— XIV —
Au point de vue psychologique tout crabord, la comparaison
est le meilleur, estau fond le seul moyen de nous ri^ndre
compte des choses: l'esprit humain ne peut définir un
objet quelconque que par rapport, c'est-à-dire par compa-
raison avec un autre. Pourquoi cette loi générale
de
l'esprit humain ne vaudrait-elle pas pour les oeuvres
littéraires aussi bien que pour les choses inanimées et les
créatures vivantes? Au point de vue historique ensuite,
la comparaison s'impose tout aussi impérieusement au
critique. L'histoire, surtout l'histoire moderne, constitue
un tout dans lequel toute division est arbitraire et factice,
«st vraiment cette trame aux mailles indissolubles dont
nous avons entendu parler Brandes. A proprement parler,
il n'y a pas une histoire de France, une histoire d'Angle-
III.
IV.
Victor Baseli
Saint-Cast, le 12 août 1901.
Chapitre I
La scène politique
1*
— 4 —
qui donnaient le ton et le style de la belle Littérature,
le mouvement intellectuel tendit à se séparer de plus en
plus du mouvement réactionnaire politique. A un certain
point de vue, la Restauration était comme une seconde
floraison du XVIII " siècle dans le XIX ß; c'était le
siècle de l'Humanité confondu avec celui de l'activité
industrielle. De cour l'élégance, la politesse et les
la
belles manières se répandaient dans la nation dans les ;
Chapitre IL
La génération de 1830.
Le Romantisme
Chapitre IV
Nodier.
lui aussi, car elle est bonne et belle, mais son coeur
brûle en secret pour une autre, pour un idéal qu'il n'a
jamais vu, pour Belkis; il jette sur Folly un regard
d'amitié et de reconnaissance, pèse le pour et le contre
et enfin demande à être pendu. Ces réflexions sous le
gibet, cette décision „plutôt pendu que mal marié"
— 41 —
(comme Shakespeare*) tout cela est décrit avec un
dit
humour si si aimable, avec une philosophie de la
gai et
vie si naïve et si idéale qu'on ne les oublie jamais.
Michel tend donc le cou au lacet quand la fée aux
miettes accourt en criant, suivie de tous les gamins des
rues et apporte la preuve de l'innocence du condamné.
Celui-ci l'épouse par reconnaissance, mais à peine, dans^
la nuit de noces, a-t-il fermé la porte entre lui et sa
femme que Belkis lui apparaît près de sa propre couche-
avec le voile nuptial.
^
— Mais cette superbe chevelure dorée qui s'épand sui-
Chapitre VI.
Chapitre VII
Chapitre VIII.
Hugo et Musset.
„Il prit tout, à la fois, d'un seul coup et d'une seule main.
„Le lion n'a pas les moeurs du renard,
„Alors, Messieurs, c'était grandi ... On disait: Tel
„jour, à telle heure, j'entrerai dans telle capitale ; et l'on
„y entrait au jour dit et à l'heure dite ... On faisait
„se coudoyer toutes sortes de rois dans ses antichambres,
„On détrônait une dynastie avec un décret du Moniteur.
„Si l'on avait la fantaisie d'une colonne, on en faisait
„fournir le bronze par l'empereur d'Autriche. On réglait
„un peu arbitrairement, je l'avoue, le sort des comédiens
„français, mais on datait le règlement de Moscou Alors,. . .
Chapitre IX,
du „Lever" :
Chapitre X.
Alfred de Musset.
Je vous vaime'V Musset ïi'a rien > écrit de plus seiiiti -que
CBS' vers»" : il.-:- •:/,• .. ..•^; •
..^m'-i;; :
Carmosine.
Sire, c'est mon
trop peu de force à supporter une
trop grande peine qui est la cause de ma souffrance.
Puisque vous avez pu m'en plaindre, j'espère que Dieu
m'en délivrera.
Le Koi.
Belle Carmosine, je parlerai en roi et en ami. Le
grand amour que vous nous avez porté vous a, près de
nous, mise en grand honneur; et celui qu'en retour nous
voulons vous rendre, c'est de vous donner de notre main,
en vous priant de l'accepter, l'époux que nous vous
avons choisi.
Après quoi, nous voulons toujours nous appeler votre
chevalier, et porter dans nos passes d'armes votre devise
et vos couleurs, sans demander autre chose de vous, pour
cette promesse, qu'un seul baiser.
La Reine, à Carmosine.
mon
Donne-le, enfant, je ne suis pas jalouse.
Carmosine, douuant son front à baiser au roi,
Chapitre XI.
George Sand.
la vie.
En 1822, George Sand, si puissamment et si riche-
ment douée et si mûre déjà, mais d'un caractère faible
et irrésolu, incapable de se contenter de la vie commune
avec un seul homme, fût-il le plus grand, fut mariée à
Monsieur Dudevant, jeune et vulgaire gentilhomme cam-
pagnard. Celui-ci, grossier et violent, ne put comprendre
— 123 —
sa femme; mais eùt-il été meilleur époux, qu'il n'eût point
conjuré la catastrophe finale. Les trois premières années
s'écoulèrent en paix. Mais, dès 1825, George Sand semble
avoir eu conscience de sa supériorité sur son mari, et, avec
son inclination naturelle à la sympathie, elle se lia d'amitié
avec d'autres hommes, parce qu'elle se sentait chez elle
blessée et incomprise. Monsieur Dudevant qui s'indignait
bien, comme époux, de l'esprit d'indépendance de sa femme,
mais qui en même temps était trop sot pour profiter de
ce sentiment de soumission qui la poussait à chercher un
guide dans sa vie, regarda comme des infidélités ses rela-
tions d'amitié les plus innocentes. Des brouilles continuelles
détruisirent bientôt toute affection entre les deux époux;
même la pensée de leurs deux enfiints ne put les réconcilier,
et en 1881 George Sand partit seule pour Paris.
Grâce aux pièces du procès en divorce, qui eut lieu
quelques années plus tard, et à la correspondance de George
Sand, on peut se faire une idée suffisamment claire de ce
que fut ce mariage. J'ai trouvé dans la „Gazette des
Tribunaux" (30 Juillet, P^ et 19 Août 1836; 28 Juin et
12 Juillet 1837) les requêtes juridiques des deux parties.
Terribles et accablantes étaient les accusations que George
Sand dut entendre de l'avocat de son mari. Simple dans
sa jaquette de velours noir, sur laquelle tombait sa belle
chevelure brune, ou bien dans sa robe blanche, avec son
chàle à fleurs sur les épaules, elle écoutait sans sourciller,
quand on l'accusait d'avoir conçu, trois ans après son
mariage, une passion criminelle pour un autre homme et
de s'y être abandonnée: „Monsieur Dudevant apprit
bientôt qu'il était trahie par celle qu'il adorait (!) mais
fut assez généreux pour pardonner."
L'avocat lut une longue lettre d'elle à son mari,
dans laquelle elle se reprochait à elle-même différentes
fautes et attribuait leur mésintelligence à une incompati-
bilité d'humeur qui n'excluait chez Monsieur Dudevant
ni la bonté ni la bienveillance. 11 présenta cette lettre,
sans la comprendre, comme une accusation d'infidélité.
— 124 —
Puis il rappela que les deux époux avaient vécu volon-
tairement séparés de 1825 à 1828 et que Madame Du-
devant, après avoir quitté son mari en 1831, pour mener
„une vie d'artiste", avait continué à correspondre avec lui
et avait reçu de lui une rente annuelle de 300 francs
(mais il oublia de dire qu'elle lui avait apporté 500000
francs de dot) —
Au commencement de l'année 1835,
les deux époux s'étaient enfin décidés à se partager leurs
enfants et leur fortune, lorsque George Sand revint sur
sa décision et demanda le divorce. (Dans l'intervalle, son
mari avait voulu la frapper à l'occasion d'une dispute au
sujet de leur fils, et avait même braqué son arme sur
elle en présence de témoins). Mais sa demande fut rejetée
si pleine d'exagérations qu'elle fût.
Ce fut alors au tour de Monsieur Dudevand de se
plaindre. Il nia tout ce qu'on lui imputait, et dirigea
contre sa femme les plus sévères accusations. Il prétendit
qu'une femme qui avait écrit des romans si immoraux
était indigne d'élever ses enfants, et il l'accusa d'être initiée
„aux secrets des plus ignobles débauches". Sur ces accu-
sations, que l'avocat trouvait absolument fondées, George
Sand sollicita de nouveau le divorce, et c'est alors que
Monsieur Dudevand lui adressa les paroles suivantes:
„Vous croj'ez donc, Madame qu'une femme peut, à son
gré, dissiper la moitié d'une fortune, remplir de chagrin
toute l'existence de son mari, et que, s'il lui plaît de se
livrer à tous les excès et à tous les caprices de sa
passion, elle a la ressource commode de l'accuser et de
lui prêter une conduite odieuse!"
Ce fut assurément une épreuve cruelle pour la fierté
de George Sand que d'être obligée de voir ainsi son nom
traîné dans la boue devant le tribunal, et elle fut diffi-
cilement consolée de cette humiliation, quand son
défenseur et ami, Michel de Bourges, se leva pour la
présenter comme une femme de génie, excita l'admiration
de la salle en lisant les plus beaux passages de ses
lettres et enfin énuméra toutes les injures, tous les
— 125 —
mauvais traitements qu'elle avait eu à subir de la part
de son mari.
Sans doute, elle était déjà habituée à entendre
décrier ses romans, comme l'apologie éhontée de l'immo-
ralité; mais de voir aussi sa vie privée attaquée à ce
point, c'était trop fort pour elle :Les débats publics du
procès ne semblent pas cependant avoir établi son inno-
cence, et ils nous font comprendre l'indignation qui
éclate dans „Indiana" „Valentine" „Lélia" et „Jacques".
Ces romans n'ont aujourd'hui qu'un intérêt artistique
médiocre; les caractères y sont trop faiblement tracés et
d'un idéalisme trop vague, l'action est invraisemblable,
comme dans „Indiana", ou fausse, comme dans „Lélia"
et „Jacques"; l'expression est parfois exagérée malgré la
pleine harmonie du style, ou toute lyrique comme dans
les lettres et les monologues. Et néanmoins, il y a dans
ces oeuvres de jeunesse une flamme qui, aujourd'hui
encore, réchauffe et éclaire, des accents nouveaux qu'on
entendra longtemps encore; elles sont à la fois une
plainte et un cri de guerre, elles sèment, partout où elles
pénètrent, une moisson de sentiments et d'idées, dont le
présent sans doute se trouve accablé, mais qui mûrira
dans l'avenir avec une luxuriance dont nous n'avons
qu'une très faible idée.
„Indiana" est le premier cri de douleur d'un coeur
jeune et ardent. L'héroïne n'est que sentiment, beauté
et noblesse; son mari, le colonel Delraare, est un Monsieur
Dudevant plus débonnaire. Repoussée par lui, elle cherche
un refuge près d'un amant. Celui-ci, bien plus antipathique
encore que l'époux, donne au roman son caractère
particulier. Raymond est le jeune Français du temps de
la Restauration à la fois sentimental et positif, amoureux
passionné et égoïste, si esclave de Topinion publique
qu'après avoir été tout d'abord simplement dur, il devient
tout à fait inhumain et se montre dans toute sa médiocrité,
sous l'enveloppe brillante et trompeuse de son talent.
Dans cette première oeuvre déjà apparaissent les
principaux tvpes masculins de George Sand: les types
— 1.26 ^
grossiers,! presque réduits, à. l'état
. de brutes, par Ja! puissance
<jue leur donne la société,types faibles .qui, pai"
et les •.
10
— 14Ü —
se sont conquis une vogue extraordinaire non moins par
leur simplicité et leur pureté que par la })rofondeur du
sentiment. Rousseau fut, pour George Sand, ce que
Spinoza, l'apôtre de la religion de la nature, avait été
pour Auerbach. Assurément, les paysans de George Sand
ne sont pas „vrais" au sens où le sont les paysans de
Balzac; elle ne les a pas seulement représentés avec son
ardente sympathie, comme Balzac avec son antipathie
marquée, elle les a peints encore aimables et pleins de
délicatesse. Ils sont aux paysans réels ce que sont les
bergers de Théocrite à ceux de la Grèce. Et cependant
ces romans possèdent une qualité qui tient exclusivement
au choix du sujet et qui manque aux autres. Ils ont le
Chapitre XII.
Balzac.
Chapitre XIII.
Balzac.
Chapitre XIV.
Balzac (suite).
C 11 a p i t r e XV.
Balzac, (suite).
encore trop jeune pour calculer, mais déjà assez vieux pour
que des rêves nébuleux et malsains hantent son cerveau.
Ses relations avec Delphine de Nucingen, la fille-
de Goriot, achèvent son éducation; il est initié à toutes
les infamies dont se compose la vie des classes supérieures
et, en même temps, ébranlé par le -cynisme railleur de-
Vautrin: „Encore deux ou trois réflexions de haute politique,,
et vous verrez le monde comme il est. En y jouant quel-
ques petites scènes de vertu, l'homme supérieur y satisfait
toutes ses, fantaisies aux grands applaudissements des niais-
— 17-2 —
'du parterre ... Je vous permets de me mépriser encore
aujourd'hui, sur que plus <ard vous m'aimerez. Vous
trouverez en moi de ces immenses abîmes, de ces vastes
sentiments concentrés que les niais appellent des vices;
mais vous ne me trouverez jamais ni lâche ni ingrat."
Les yeux de Rüstignac s'ouvrent; il voit toute l'hypocrisie
du monde, il se rend compte que les moeurs et les
lois ne sont que des murailles derrière lesquelles l'im-
pudence se cache. L'hypociisie règne partout: dans la
dignité, dans l'amitié, dans l'amour, dans la bonté, dans
la piété, dans le mariage. Avec un rare talent Balzac a
marqué ce moment de la vie du jeune homme où son
•coeur se gonfle de dégoût et de mépris: „Il alla s'habiller
en faisant les plus tristes, les plus décourageantes réflexions.
Il voyait le monde comme un océan de boue dans lequel
nn homme se plongeait jusqu'au cou, s'il y trempait le
pied. — Il ne s'y commet que des crimes mesquins se !
Chapitre XVI.
Balzac (suite).
**) Voir l'Introduction de „La fille aux yeux d"or", oii la.
richesse, Tardeur fiévreuse, l'humeur de la vie parisienne sont,
repi'ésentées avec un talent incomparable.
— 177 —
Orient, Balzac aimait par-dessus tout son soleil parisien.
Tandis qu'autour de lui on s'efforçait d'évoquer l'ombre
d'une beauté éloignée ou depuis longtemps disparue, il
n'éprouvait pas plus d'horreur pour le laid que le botaniste
n'en éprouve pour l'ortie, le naturaliste pour le serpent,
le médecin pour la maladie. A la place de Faust, ce
n'est pas Hélène qu'il aurait évoquée mais bien plutôt
son ancien ami Vidocq, ce criminel devenu préfet de
police, pour se faire raconter ses aventures.
Balzac avait recueilli une quantité innombrable
d'observations, et quand il les reproduit dans ses intro-
ductions, comme quand il peint un logement, un person-
nage, voire même un nez, il finit, à force d'exactitude
minutieuse, par lasser et impatienter le lecteur.
Mais il arrive parfois que son imagination ardente
réussit à fondre tous les éléments que lui livre sa mémoire,
comme Benvenuto Cellini fondait ses assiettes et ses
cuillers pour couler son Persée.
Goethe dit quelque part (Tagebuch. 26 février 1780):
„Avec la synthèse, il m'est impossible de rien comprendre,
mais quand j'ai bien remué la paille et les tisons et
que j'ai essayé de me chauifer, mais en vain, quoique le
feu couve sous la cendre et que la fumée sorte de tous
les côtés, à la fin la flamme jaillit subitement et embrase
tout le tas." Chez Balzac, on sent encore la fumée
jusque dans ses descriptions, mais la flamme finit toujours
par s'élever.
Balzac ne fut pas seulement un grand observateur, il
fut encore un voyant. Voici ce qu'il raconte dans la
nouvelle „Facino Cane" (1836): „Lorsque entre onze
heures et minuit, je rencontrais un ouvrier et sa femme
revenant ensemble de l'Ambigu-Comique je m'amusais à les
suivre. Ces braves gens parlaient d'abord de la pièce
qu'ils avaient vue; de fil en aiguille, ils arrivaient à
leurs affaires; la mère tirait son enfant par la main sans
écouter ses plaintes. Les deux époux comptaient l'argent
qui leur serait payé le lendemain; ils le dépensaient de
Brandes, l'école romantique en France. 12
— 178 —
vingt manières différentes. C'étaient alors des détails de
ménage, des doléances sur le prix excessif des pommes
de terre ou sur la longueur de Thiver, enfin des discussions
qui s'envenimaient et où chacun déployait son caractère
en mots pittoresques. En entendant ces mots je pouvais
épouser leur vie, je me sentais leurs guenilles sur le dos,
je marchais les pieds dans leurs souliers percés. Leurs
idées et leurs besoins passaient dans mon âme; c'était le
rêve d'un homme éveillé." Dans cette ivresse des sens
il s'oubliait lui-même pour se laisser absorber entièrement
Chapitre XVII.
Balzac (suite).
Chapitre XVIII.
Beyle.
13*
— 196 —
Après avoir terminé ses études, il vint à Paris le
10 novembre 1799, le lendemain même du 18 brumaire,
avec une lettre de recommandation pour le comte Daru
son parent, et comme Pierre Daru avait été nommé, après
le coup d'Etat, Secrétaire général de la guerre et Ins-
pecteur des revues, il fit entrer Beyle dans son ministère.
Je crois trouver une réminiscence de cette situation dans
le poste qu'occupe Julien chez le comte de la Mole (dans
„Kouge et Noir"). Colomb raconte que l'un des premiers
jours, comme Daru lui dictait une lettre, Beyle, distrait,
écrivait cela avec deux „1" et que Daru lui fit à ce sujet,
tout en le plaisantant, une observation néanmoins humiliante.
Ce trait se retrouve également dans „Rouge et Noir".
Pourtant Daru était un protecteur infiniment plus délicat
et plus aimable que Monsieur de la Mole, et il ne perdit
jamais de vue son jeune protégé. C'est un pur
hasard que cet homme qui s'entendait si bien à l'adminis-
tration de l'armée, qui possédait un non moindre talent
littéraire, et qui, par sa traduction d'Horace comme par
ses ouvrages historiques, se tenait au centre du mouvement
littéraire de l'Empire, eût à ses côtés, presque dans toutes
ses campagnes, l'un des fondateurs de la nouvelle école.
Naturellement il ne s'en doutait pas plus à cette époque
que Be3"le lui-même. Lorsque Daru et son jeune frère
eurent préparé sous ministère Carnot, la mémorable
le
campagne d'Italie eteurent reçu l'ordre de rejoindre
l'armée, ils invitèrent Beyle à les accompagner, sans pouvoir
toutefois lui donner de situation déterminée. Beyle', alors
âgé de dix-sept ans, mais robuste et enthousiaste, qui ne
rêvait que grandes actions et admirait le premier Consul,
ne se fit pas prier. 11 partit pour Genève emportant dans
ses malles quelques auteurs originaux et, pour la première
fois, enfourcha un cheval que Daru avait laissé pour lui
et le 22 mai, deux jours après Napoléon, il franchit le
Saint-Bernard. Il arriva au commencement de juin à
Milan, la ville où il devait apprendre à jouir de la vie, et qui
devait occuper une si grande place dans ses oeuvres. Il
— 197 —
fut témoin de l'allégresse générale qui accueillit la nouvelle
des défaites autrichiennes, et il prit jjart, comme volon-
taire, à la bataillede Marengo.
Après avoir été quelques mois occupé dans les bureaux
de l'administration militaire, il entra, comme maréchal
des logis au 6 ^ régiment de dragons, ainsi que le rappelle
une curieuse remarque du cinquième chapitre de „Rouge
et Noir". A Eomanego il fut nommé sous-lieutenant et,
bientôt après, aide de camp du général Michaud. Dans
tous les combats qui suivirent, surtout ä Castel- Franco,
il se distingua par sa bravoure aussi bien que par le
zèle et l'exactitude avec lesquels il s'acquitta des missions
qui lui avaient été confiées.
11 est facile de se faire une idée des sentiments qui
Arrigo Beyle
]\Iilanese
scrisse
amo
visse
ann. LIX. .M. II.
mori. IL. XXTII marzo.
M D CCC X L IL
— 203 —
Chapitre XIX.
Beyle (suite).
elle est plus grande, elle rompt tout rapport entre les hommes
et vous. Voilà la malheureuse position de l'homme soi-disant
supérieur, ou, pour mieux dire, différent: c'est là le vrai
terme. Ceux qui l'environnent ne peuvent rien pour son bon-
heur; les louanges de ces gens là me feraient mal au coeur
au bout de vingt-quatre heures et leurs critiques me feraient
de la peine."
— 207 —
connu dans Napoléon et celle de
sa jeunesse la police de
l'Autriche, et il avait peur que ses lettres ne
toujours
fussent prises et ouvertes. Il ne signait donc jamais de
3*^ L'espérance.
Chapitre XX.
Beyle (suite).
du misérable!" —
Beyle ajoute: ^J'avoue que la faiblesse
dont Julien fait preuve dans ce monologue me donne une
mauvaise opinion de lui. Il serait digne d'être le collègue de
ces conspirateurs en gants jaunes, qui prétendent changer
toute la manière d'être d'un grand pays et ne veulent pas
avoir à se reprocher la moindre égratignure."
— 217 —
composés surtout cVune longue suite de monologues qui
ne sont jamais, comme chez George Sand, des épanchements
lyriques, mais le résumé de réflexions silencieuses où la
Tie intime et cachée des personnages se révèle.
Le trait capital des héros de Beyle, qui sont tous
extrêmement immoraux, à les juger d'après les idées gé-
néralement admises, est qu'ils se sont créé à eux-mêmes
une morale qui devrait être celle de tous les hommes,
mais qui n'est accessible qu'aux plus grands d'entre eux
et qui fait leur supériorité. Ils ont ainsi constamment
devant les yeux un modèle qu'ils se sont imaginé, qu'ils
s'efforcent d'atteindre, et ils ne se reposent point qu'ils
n'aient obtenu leur propre approbation. Julien, sur le
point de monter sur l'échafaud pour un horrible attentat
commis sur une femme sans défense, peut donc se consoler,
avant de mourir, en pensant qu'il s'est toujours proposé
dans sa vie un „devoir" à remplir. Il est bien clair que
Beyle a pris en lui-même ce trait de caractère. Dans
une de ses lettres de l'année 1822, il écrit: „J'abhorre
l'insolence des grands hôtels. Une journée oiî je me suis
mis en colère est perdue pour moi, et quand je me vois
faire une insolence, je m'imagine que l'on me mépri-
sera si je ne me fâche point." Julien et Fabrice ne par-
lent pas autrement. Julien s'impose un certain jour le
devoir de baiser la main de Madame de Rénal lorsque dix
heures du soir sonneront; sinon il se brûlera la cervelle.
Fabrice se croit obligé de répéter Texpression vraie mais
dédaigneuse qu'il avait employée pour qualifier la déban-
dade de l'armée française à Waterloo. Julien a le caractère
raisonneur du Français, Fabrice, le complet abandon de
l'Italien
, mais tous deux ont un trait commun qui les
rapproche, leur conception morale. Dans sa prison Julien
dit: „Le devoir que je m'étais prescrit, à tort ou à raison
. . .
Chapitre XXI.
Mérimée.
alla plus loin que les romantiques, c'est qu'il avait seulement
voulu leur apprendre à tirer. L'idée qui est au fond de
cette exagération n'est rien moins que juste. On peut
dire, au contraire, que Mérimée, en dépit de la sobriété
€t de la sévérité de son style, représente particulièrement
tout un côté du romantisme français, et ce trait essentiel
de son caractère ne tarde pas à apparaître lorsqu'on l'étudié
plus à fond.
Prosper Mérimée (né cà Paris le 28 septembre 1803)
descend d'une famille d'artistes. Son père était un peintre
de talent et d'une vaste culture qui a laissé un livre
excellent sur la „Peinture à l'huile". Sa mère également
était célèbre par ses portraits d'enfants; elle racontait
admirablement et savait par là occuper l'imagination des
enfants pendant qu'elle fixait leurs traits sur la toile. Le
portrait qu'elle a fait de son fils unique, Prosper, à l'âge
de cinq ans, nous donne une idée exacte de son talent de
peintre comme de la physionomie du modèle. Le visage est
extraordinairement beau; encadré de jolies boucles blondes,
il a déjà quelque chose de la fierté et du sentiment de
supériorité de l'homme futur. Le regard est pur et franc,
la ligne ondoyante des lèvres malicieuse et fine, le
port de la tête majestueux comme celui d'un jeune
prince. On comprend, devant ce portrait, que cet enfant,
après avoir vu un jour ses parents feindre de s'irriter
contre lui et rire en secret de ses larmes de repentir, se
soit juré de ne plus jamais demander pardon et qu'il soit,
toute sa vie, resté fidèle à sa résolution.
15*
— 228 —
Sa mère, qui vécut près de lui jusqu'à sa mort,
c'est-à-dire jusqu'en 1852, était une femme d'une rare
énergie de caractère, chez qui l'éducation philosophique
du siècle dernier avait excité une telle horreur de toute
confession religieuse qu'elle ne fit même pas baptiser son
fils. Mérimée, dans son âge mùr, éprouvait un malin
plaisir à s'en glorifier. Il répondit un jour à une dame
Chapitre XXII.
Beyle et Mérimée.
16*
— 244 —
ce dont il est capable. Chez Mérimée cette crainte per-
manente eut deux conséquences fatales qu'on ne trouve
pas chez Beyle. Tout d'abord elle lui donna dans sa
vieillesse une raideur officielle. A titre de membre de
l'Académie et du Sénat et de favori de la famille impériale,
il fut souvent obligé de représenter dans de grandes
occasions et de dire des choses dont il ne faisait que
rire en lui-même. Beyle se garda bien de se mettre dans
cette situation. Ce n'est pas en vain qu'il a écrit: „Quand
je vois un homme tout fier de ses décorations, je me
représente involontairement le nombre incalculable de
platitudes et de trahisons qu'elles lui ont coûté". La
seconde conséquence du souci de l'opinion publique chez
Mérimée fut qu'il devint si sévère envers lui-même qu'il
finit par ne plus vouloir rien produire. Beyle avait été
fidèle au principe: nulla dies sine linea. Mérimée, lui,
avait peu écrit, et il était si exigeant pour son style qu'il
préféra à la fin s'arrêter plutôt que d'exposer la célébrité
qu'il avait déjà acquise. Cela lui fut d'autant plus facile
qu'il était naturellement réservé et qu'il ne sentait pas
en lui un besoin impérieux de créer.
Beyle lui reprocha souvent sa paresse, sans comprendre
que celle-ci tenait à une différence essentielle entre leurs
deux esprits. Il était lui, psychologue et en certain sens
poète, mais non artiste, tandis que Mérimée était artiste
jusqu'au bout des ongles; ce n'est même qu'à ce titre
qu'il est grand: il a enveloppé d'une forme artistique
immortelle la riche matière que Beyle a découverte, et
son talent d'artiste conscitue sa supériorité sur lui. Sa
„paresse" d'ailleurs n'était pas si excessive. Il écrivit
Chapitre XXIII.
Mérimée (suite).
soi-disant amou-
paraissait faux. Ce n'étaient que princes
n'osent toucher seulement le bout du doigt
reux fous qui
princesses. Cette conduite et leurs propos d'amour
de leurs
mener
nous étonnaient, nous autres marins accoutumés à
rondement les affaires de galanterie".
Mérimée n'écrit donc pas pour des lecteurs larmoyants;
il s'adresse à des âmes mieux
trempées. 11 entre de plam-
des analyses et
pied dans son sujet, sans se complaire dans
effets tragiques.
des introductions'insipides et sans viser aux
veines un sang
Les hommes qui sentent couler dans leurs
donnent guère le temps de réfléchir; pour les
généreux, ne se
n'amusent que les âmes faibles. Lorsqu'une femme
autre« ils
laisse là toute
aime, 'quoi de plus naturel qu'elle le dise et
pour arriver plus tôt possible au premier
fausse pudeur le
Chapitre XXIV.
Mérimée.
les pays les plus divers, revit dans tous les siècles; il se
fait tour à tour, maure, nègre, américain, illyrien, bohémien,
cosaque etc., mais ne s'intéresse pourtant pas également
à tout, car il a horreur de la civilisation et de ses moeurs
raffinées.
— 254 —
Gautier se plaisait à visiter chaque pays dans la
saison où son climat se présente avec son caractère propre:
l'Afrique en été, la Eussie en hiver; Mérimée entreprend
de même sesexcursions intellectuelles chez les peuples
où l'on fait le moins de cas de la vie humaine, où les
passions sont plus violentes, les caractères plus indépendants
et plus sauvages et où les préjugés régnent encore avec
toute leur puissance. Il se plonge dans la barbarie des
Chapitre XXV
Mérimée.
Chapitre XXVI.
Mérimée et Gautier.
Chapitre XXVII.
Gautier.
*) cf ïlistoire du Ivomaiitisine p. 9.
Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.
— 282 —
Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.
Chapitre XXVIII.
Gautier.
en présence des tableaux qu'il nous fait voir et c|u'il nous dis-
pense presque d'aller reconnaître, a cela de particulier qu'elle
est exclusivement pittoresque, et qu'elle ne se complique pas,
tant qu'elle dure, de remarques critiques et de jugements."
19*
— 292 —
se rattachent en droite ligne ce merveilleux prosateur
qu'est Paul de Saint- Victor, le moins sentimental des poètes
modernes Leconte de Lisle, le poète lyrique „satanique"
Baudelaire et enfin tout le groupe des jeunes poètes qui
formèrent sous l'Empire „les Parnassiens". Saint-Victor
hérita de Gautier le sens de la couleur et de la forme,,
l'amour de l'art plastique, Leconte de Lisle, le calme
oriental et le don de comprendre les peuples étrangers,
Baudelaire, sa prédilection pour les sentiments dépravés
et les Parnassiens, sa versification incomparable.
Mais, bien que son influence s'étende bien au-delà de
l'année 1830 et qu'elle se fasse encore sentir après sa
mort, son nom est pourtant lié plus qu'aucun autre aux
premières luttes du romantisme. C'est un trait caractéristi-
que et touchant que, dans son dernier article resté inachevé,
il peignit le public qui assista à la première représenta-
tion d',,Hernani"'.
Chapitre XXIX.
Sainte-Beuve,
Chapitre XXX.
Sainte-Beuve.
La domaine de Sainte-Beuve;
critique fut le véritable
mais détourna de faire des vers, elle ne le rendit
si elle le
Chapitre XXXI.
Sainte-Beuve et la critique^moderne.
Chapitre XXXII.
Le drame
Vitet — Dumas. — de Vigny. — Hugo.
"
aussi captivant qu'émouvant „Un mariage sous Louis XV.
et dans „Gabrielle de Belle -Isle". Ce dernier drame, avec
sa peinture discrète et légèrement idéaliste des moeurs de
la Régence, a une véritable valeur poétique.
En écrivant „Antony" en 1831, Dumas donna à la
jeune génération romantique l'un des types dont elle prit
le nom. Malgré tous ses défauts, cette pièce se distingue
de la plupart des autres drames de Dumas par un sang
plus chaud et plus bouillant et un accent plus marqué
d'humanité, et si, quelque naïve qu'elle fût, elle eut un
— 327 —
succès relativement considérable, c'est que l'auteur s'y
mettait lui-même sur la scène avec ses passions fougueuses,
son enthousiasme juvenil et son caractère chevaleresque.
Antony est un héros de 1830 aux larges épaules et
à la crinière de lion comme ceux de Hugo, à la fois en-
thousiaste et pessimiste, capable de vivre sans manger ni
dormir, et toujours prêt au suicide et au meurtre. Mais le
succès de la pièce tint à ce que Dumas —
tout au contraire
de Hugo —
y représentait l'année 1830 et que son héros
portait le même frac que les spectateurs. Le romantisme
s'étaitvolontairement limité au moyen-âge, ici il se présen-
tait sous un costume moderne.
Dumas défend sa théorie ^ur ce point dans le drame
lui-même. H y a au quatrième acte une discussion litté-
raire 011 un poète, partisan du romantisme, explique pour-
quoi celui-ci s'est réfugié dans le moyen-àge: „Je disais
donc que la comédie de moeurs devenait de cette manière,
sinon impossible, du moins très difficile à exécuter. Reste
le drame de passion, et ici une autre difficulté se présente.
L'histoire nous lègue des faits, ils nous appartiennent par
droit d'héritage, ils sont incontestables, ils sont au poète:
il exhume les hommes d'autrefois, les revêt de leurs costumes,
Chapitre XXXIII.
est, en effet, dans tous les arts, des oeuvres qui survivent
à leur auteur et qui, si parfaites qu'elles soient elles-mêmes,
n'éveillent point la sympathie pour lui. Il est, au con-
Jeunesoldat, où vas-tu?
Je vais combattre pour la justice, pour la sainte cause
des peuples, pour les droits sacrés du genre humain.
Que tes armes soient bénies, jeune soldat!
Jeune soldat, où vas-tu?
Je vais combattre pour renverser les barrières qui sé-
parent les peuples et les empêchent de s'embrasser comme les
fils d'un même père, destinés à vivre unis dans un même amour.
Jeune où vas-tu?
soldat,
Je vais combattre pour affranchir de la tyrannie de
l'homme la pensée, la parole, la conscience.
Que tes armes soient bénies, sept fois bénies, jeune
soldat! . .
Chapitre XXXIV.
s'en alla sans m'avoir parlé d'autre chose que des poètes
anglais." Il se présenta à peu près de cette façon chez-
les écrivains les plus éminents; ses paroles, ses vers révé-
laient en lui un grand talent; il fut partout bien ac-
cueilli, toujours encouragé et souvent aidé. Il éprouve une
joie innocente à écrire à ses amis de Genève comment
les hommes les plus distingués le traitent comme un des
leurs. Mais, en même temps, une profonde mélancolie
l'accabla il;ne se crut pas capable de vivre dans la
société où il était né; le grand chagrin de sa vie qui devint
chez lui une idée fixe était, chimère bizarre, dit Hugo,
de n'être pas né Anglais. Il sentait qu'il était fait
Jeunette et gentille,
Tu bus tour à tour
Au pot du soudrille
Et du troubadour. etc. etc.
— 371 —
Gaspard de la Nuit, représente im côté de l'école roman-
tique par les efforts qu'il fit pour rénover la prose. Pendant
que ses contemporains s'élançaient sur des routes, nouvelles,
il fut, lui, un sculpteur et un orfèvre du style.
Personne
mot Avant d'écrire, il a
n'a haï comme lui le vulgaire.
en quelque sorte passé son vocabulaire au crible pour
en
retranclier tous les termes usés et n'employer que les
Conclusion.
A.
Abbaye des Bois, SOG. I
Arioste, 194, 209, 382.
About, ^G-'. Aristote, 188, 248, 279.
Acteurs anglais à Paris, ly, 45. Arnim, Bettina, 140.
d'Agoult, 134, 383. l'Art pour l'art, 276, 285, 290.
Alfieri, G2, G4. Arvers, 3G7.
Allart de Méritens, Mme, 298, Asselineau, Ch., 370, 373.
383. Auber, i.1
B.
Ballanche, 306. Balzac, Contes drolatiques, 160.
Balzac, 2, 14, 22, 50, 51,
21, — Physiologie du ninriage, 159.
147 etc., 222, 27G, 293, — Le réquisitionnaire, 166.
310, 322, 342, 384. — La paix du ménage, 67.
— La femme de 30 ans, 165, 167. — Histoiie des Treize, 168.
— Un grand homme de proyince, — Eugénie Grandet, i69, 181.
14, 149. — Facino Cane, 177.
— Père Goriot, 22, 169, 170, — Cousine Bette, 179, 183, 190.
181. — César Birotteau, 181.
— La peau de chagrin, IGO etc., — Un ménage de garçon, 182.
189. — Albert Savarus, 186.
— • La come'die humaine, 44, — Louis Lambert, 189.
120, 174, 180, 188, 190. — Modeste Mignon, 187.
— Se'raphitus Séraphita, 44, 187, — Le lys dans la vallée, 190.
189. — Mémoires de deux jeunes
— Les Chouans, 51. mariées, 190.
— Illusions perdues, 183, 184. Barbes, Arm 362. ,
D.
Dante, 175, 194, 241. Dondey, feu et flamme, 378 etc.
Daru, P., 196. Dorval, Marie, 11, 71, 329.
Daunou, 295. Dovalle, Cli., 366.
Daudet, 269. — Le sylphe, 366.
David, F., 10, 343. — Le drame romautique.
— Le Désert, 10. Dow Gérard, 371.
David d'Angers, II, 14,61,373. Duchesse d'Abrantès, 168.
Débats, (.1 nur liai des), 95. Duchesse de Castres, 168.
Debureau, 1U6. Dudevant, M., 122 etc.
Delacroix, 10, 11, 15, 74, 276. Dumas, A., lu8, 277, 278, 320,
— .Massacre de Scio, 11, 75. 325 etc, 382, 384.
— L'évêque de Liège, 11. — Ileuri II [. et sa cour, 325.
— La liberté sur les barricades — Napole'on Bonaparte, 326.
11. — Charles VIL, 326.
Delaroche, 10, 276, 324. — LTn mariage sous Louis XV.
Delavigne, 276, 374. 326.
Desbordes=Valmore, 383. — Gabrielle de Belle-Isie, 326.
Deschamp, Antouy 383. — Antony, 11, 222, 326 etc., 338.
Deschamps=Emile, 14. — Les 3 mousquetaii'es, 51.
Desportes, 293. Dumas fils, 271, .'77.
Dévéria, 1.'», 374. Duvergier de Hauranne, 48, 57.
Diavolo, Fra. 277. — du Romantique. 48.
Donatello, 268. Duveyrier, 350.
Dondey, 'i'h., 282, 339, 378 etc.
G.
Qalloix, Imbert, 367, 370. Globe, (Le), 46, 47, 48, 54, 97,
— poésies posthumes. 370. 293, 296, 348, 384.
Gautier, 8, 14, 15, 44, 55, 98, Gogol, 44.
152 etc., 164, 179, 267 etc., Goncourt, (les frères de), 269, 310.
272 etc 339, 342, 374, 377,
, Goethe, 24, 56, 57, 73, 80, 150,
378, 384. 162, 177, 259,281,293,317,
— Mlle de Maupin, 277, 283, 285. 321, 332, 343, 384.
— Les grotesques, 279. — Faust, 25, 56, 343.
— Poésies, 280. — Le TaNse, 332.
— Emaux et Came'es, 281. — Wanderers Sturmlied, 90.
— Les Jeunes-France, 282 etc. — Werther, 10, 56.
— Fortunio, 284. — Westostl. Divan, 59, 73, 281.
— Histoire du romantisme, 381. — Correspond., avec un entant
— Capitaine Fracasse, 287. 140.
— Tra los .Montes, 289. — regard prophétique, 150.
— les filles de Gautier, 283. Gouy d'Arcy Mad, 63.
— le gilet rouge, 8, 274 etc. Grisi, Ernesta, 'J83.
Génération de 1830, 7 etc. — Carlotta 283.
Qirardin, Mme, 14, 137, 168, 289, Grote, 240.
308, 335, 377, 383. Guizot, 45, 97, 297, 323.
— Lettres parisiennes 308, 335, Guttinger, 367.
H.
Halévy, 10. Hugo, 13, 14, 15 etc., 46, 47, 48,
lianska, comtesse de, 157, 187. 52 etc., 70, 72 etc., 97, 98,
Haussonville, 229, 231, 266. 155, 157, 17(^ 192, 222,223,
Haydn, 201. 225,241,268,271, 273, 277,
Heine, 6, .S6, 59, 281, 306, 377. 280, 282,28 ., v93, 321, 322,
— liuch der Lieder, 281. 327, 333, 336 etc., 348, 361
Helvétius, 203. etc.,36.H, 370, 371,374, 384.
Herder, 10. — Angelo, 362.
Hérodote, 210, 241.
Heyse, 234.
— Les Burgraves, 337, etc., 380.
Hillebrand, Karl, 293. — Les chants du crépuscule, 72,
Hoffmann, 10, 22, 38, 44, 59, 80, 84, 335.
271, 384. — Contemplations, 82, 363.
Holtei, 332. — Cromwell, 19, 22, 23, 48, 277.
Homère, 53, 241. — Les drames, 333 etc.
389 —
H.
Hugo, Feuilles d'automne, 79 Hugo, Notre-Dame de Paris, 52,
etc., 361. 53.
— Hernani, 11, 25 etc., 85, 241, — Oileà la colonne Veodôme, 30.
>1 ', '74 etc., 374. — Odes et ballades, 296.
— Plan d'Islande, 3). — Orientales, 73, 74 etc., 97, 274,
— Histoire d'un crime, 225. 277.
— Inez de Castro, 22, 241. — Ruv Blas, 333, 334, 362.
— Journal d'un révolutionnaire, — Satyre (le), 21.
348, 358. Hugo, Mme, 14, 22, 27,298,307.
— Légende des siècles 21, 44, Hugo et sa maison, 87.
147. Hugo, contre la peine de mort,
— Le roi s'amuse, 86, 334, 362. 362.
— Lucrèce Rorgia, 334. Hugo et Musset, 79.
— Marie Tudor, 2-2. Hugo, Eugène, 366.
— MariondeLorme,21, 23,86, 99.
I.
Ingemann, 49, 332
J.
Jacquemont, 202, 248. Jehan du Seigneur, 14.
Janin, 184, ;<;iO, 339, 383. Jouffroy, 299,
— Hie de la littér., dramatique, Juillet, (révolution de), 2, 28, 32,
330. 97, 305, 371.
Jean Paul, 25. Juste=Milieu, 7 etc., 355, 383.
K.
Karr Alphonse, 383. Kierkegaard, 130, 215.
M.
Machiavel, 216. Mérimée, Mateo Falcone, 225.
de Maistre, 189. ^ Les mécontents, 261.
Manzoni, 48, 49, 201. — Notes sur le midi de la France,
Marivaux, 99. 260.
Martial, 278. — La partie de trictrac, 257.
Martignac, 2 etc. — Don Pedro, 254.
Mathilde, princesse 14, 309. — Portraits historiques et litté
Mercier, 45. raires, 235,
Mérimée, 14, 15, 21, 38,55,225 — Tamango, 264
etc., 322, 342, 377, 384. — Vase étrusque, 2 V2, 262.
— l'abbé Aubain, 262. — Vénus d'Ille, 44, 245, 256.
— les âmes du Purgatoire, 44. — Msion de Charles XL, 44, 271.
— Arsène Guillot, 265. Mérimée et Gautier, 267.
— Lettres à une inconnue, 230, Méry, 14.
236, 243. Meyerbeer, 11, 134.
— Carmen, 15, 245, 256 etc. — Robert le iJiable, 11.
— Catherine de Médicis, 51. Michaud général, 197.
— La Chambre bleue, 266. Michel=Ange, 192.
— Chronique du temps de Char- Michelet, 186.
les IX., 50, 234, 255, 257, Mickiewicz, ;^57, 359.
267. — Le livre des pèlerins i:)oIonais,
— Colomba. 15, 256 etc. 35!».
— Débuts d'un aventurier, 255. Millevoye, 71.
— Deux héritages, 261. Mirecourt, E. de, 226.
— Double méprise, 237, 257. Mole, comte, 308.
— Enlévementdelaredoute,264. Molière, 16, 25, 159, 169, 254,
— Episode de l'histoire de 282, 3i3
Russie, 254. — Précieuses ridicules, 254, 282,
— Famille Carvajal, 247. o62.
— Clara Gazul, (théâtre), 249, — Tartufe, 286.
250, 261. le Moniteur officiel, 291, 309.
— La Guzla, 259 etc. Montaigne, 25, 197.
— La Jacquerie, 254, 255. Montégut, 138, 321.
— Lokis, 245, 251, 256. Montesquieu, 15, 182, 197,
— Maître Cornélius, 51. Montijo, 229.
— 391
M.
Mozart, lOS, 201. Musset, Le chandelier, 111.
Müller=Strübing, 145. — Un caprice, 114, 115.
Musset, A (le, 14, 55, 5G, 87 etc., — Les caprices de Marianne, 111.
98 etc., 108
etc., 134, 135, — Emmeline, 1 12 etc.
2-2-2, 242, 27(', 384. — Frédéric et Bernerette, 112,
— Bettiue, 1 15. 265.
— Contes d'Espagne, 242. — Le lils du Titien, 112 etc.
— Carmosine, 116, 117. — Nanioima,
— Confessions d'un enfant du — Paul, 106.
siècle, yi etc., 112, 215. — l'Andalouse, 137.
— Barberine, 115. — Dupuis et Cotouet,
— Kolla, 91 etc., 101. Musset à la cour, 118, 119.
— Loreuzaccio, 109 etc. Musset et G. Sand, 94 etc.
N.
Napoléon, 1er, ], 6, 30, 33, 86, Nodier, Le peintre de Salzbourg,
167, 182, 193, 195, 196, 33.
198, 201. — Les onomatopées, 33.
— mémoires, 35. — Les antennes des insectes, 33.
Napoléon 231, 309.
III., — Trilby, 43.
— Vie de César, 310. — Jean Sbogar, 34 35.
National, (le), 306. — Thérèse Aubert, 35.
Néraud, .Jules, 134. — Souvenirs de jeunesse, 35.
Nerval, Gérard de, 37, 58, 59, — Ines de las sierras, 39, 43.
272, 383. — Lafée aux miettes, 39 etc.
Newton, 68. — Le roi de Bohême, 42.
Nisard, l'9, 314. Novalis, 59, 332, 379.
Nodier, Ch., 14, 33 etc 48, 55, ,
o.
Oehlenschläger, 52, 73, 80 161, l'Organisateur, 348.
332, 333, 337. Orléans, (Charles d') 297.
O'Neddy— voir Dondey.
R.
Rabelais, 25, )47, 310. Revue indépendante, 357.
Rachel, Elisa, 339 etc. Riemer, Goetiie, 1(;2.
Racine, 11, 5, 16, 24, 46, 70, Ü9, Rioult, 279.
241, 26(1.H 13, 339. Rohan, abbé de, 358.
— Phèdre 70, 339. Rollinat, 135, 138.
— Athalie, 15. Romantique, (école), 17 etc.
Récamier, Mme, ,306, 317. Ronsard, 17, 296, 297.
Régnier=Destourbet, 366. — édition de V. Hugo, 367.
Régnier, Matiiuriii, 25, 99. Rossini, 236.
Rembrandt, 288, 371. Roucher, 66.
Renan, .ilO. Rousseau, 68, 122, 141, 146, 190,
Rétif de la Bretonne, 61. 213, 214,246,269,304,333.
Révolution de 1848, 308, 368. — Emile, 305.
Revue des Deux Mondes, 101, — Confessions, 246.
207, 229, 307, 354, 356. Riickert, 73.
S.
Sainte=Beuve, 11, 14,55, 56, 70, Saint=Simon, Parabole, 345.
87, 97, 105, 183, 234, 2.15, — Le nouveau christianisme,347.
242,246,287,291, 292 etc., — Le Producteur, 348.
371, 383. Saint=Simon et Faust, 343.
— Tableau de la poésie fran- Saint-Victor, P. de, 292.
çaise 296. Sales, François de, 312.
— Poétiies de Joseph Delorme Salles, Eusèbe, de, 3t'6.
297, 302. — S:ikontala à Paris, 366.
— Consolations, 297, 299. Salvator, Rosa, 371.
— Volupté, 297, 298, 29^. Sand, George, 14, 21, 44, 55, 101
— Port-Royal, 298, 3U7 etc. etc, 114, 120 etc., 147,
— le Livre d'amour, 298. 157, 165, 214, 222, 223,
— Pensées d'août, 30.' etc., ;^05. 237,238,313,321,352 etc.,
— à Mme la comtesse de T., 302. 372, 384.
— Jean, maître d'école, 304. — Lettres d'un voyageur, 14,
— Chateaubriand et son groupe, 129, 134, 379.
;.08. — Le compagnon du tour de
— Les regrets, 3r9. France, 108, 120, 354, 356.
— Causeries du lundi, 313 etc. ~ Consuelo, 127, 142.
— Nouveaux lundis, 313 etc — Dernier amour, 126.
Saint=Cyran, :-;i2. :\\S. — Elle et Lui, 126, 127, 135.
Saint=Iiilaire, Ciei)ffroy, 180. — La petite Fadette, 145.
Saint=Pierre, Bernardin de, 200. — François le Champi, 145.
Saint-Simon, 306, 341 etc. — Horace, 108, 131, 354, 356,
— Lettres d'un habitant de 372.
Genève, 344. — Jacques, 125, 126, 127, 131 etc,
— 393
w.
Werner, Zacli., Luther. 243. Winckelmann, 206.
Wieland, 6G. Wordsworth, 295.
z
Zola, 130, 133, 135, 269. Zola, romanciers natural. 269.
— documents littéraires, 133. j
Erratum.
Page Vnr, 1;
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