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Droit administratif 

: « le juge administratif et les normes constitutionnelles »

Selon Jacques Chirac, Président de la République pendant 2 mandats sous la Vème


République « L’administration a besoin d’un juge qui lui soit propre. D’un juge loin de lui
manifester de la complaisance, peut d’autant mieux la soumettre au respect du droit qu’il
connaît ses rouages et n’est pas dupe des apparences ». Cette citation illustre la spécificité
du juge administratif dans la conception française par rapport aux autre conceptions
internationales dont celle des pays du Common law, incarnation d’une dualité de juridiction :
administrative et civile. Il conviendra donc de s’intéresser à ce juge administratif si particulier
et les relations qu’il peut entretenir avec le texte supérieur d’un État, la constitution. Ainsi il
conviendra de se pencher sur le sujet « le juge administratif et les normes
constitutionnelles ».
Tout d’abord, le juge administratif est donc dans la conception française le juge chargé de
trancher les litiges entre l’Administration et les citoyens, il peut siéger dans les tribunaux
administratifs, les cours administratives d’appel ou au Conseil d’État qui est la plus haute
instance de la juridiction administrative. Il appartiendra de mettre ce personnage en
parallèle aux normes constitutionnelles, qui dans leur ensemble forment le bloc de
constitutionnalité c’est-à-dire l’ensemble des principes que les lois doivent respecter, et
dont le Conseil Constitutionnel est le garant, ne se limitant ainsi pas seulement à la
constitution (loi fondamentale d’un État).
Ce sujet permettra alors de percevoir le rôle décisif que joue le juge administratif ainsi que
les normes suprêmes qui régissent le droit administratif et son fonctionnement. Pour cela il
faudra de cette manière circonscrire le sujet aux simples normes constitutionnelles sans
s’écarter vers les normes internationales, lois, règlements ou encore principes tirés de la
jurisprudence administrative qui permettent certes un statut particulier au juge administratif
et confèrent dans une certaine mesure un rôle de législateur au juge administratif. De plus le
rôle joué par le juge administratif ne doit pas aller vers les autres juridictions telle que le
Conseil Constitutionnel.
Il conviendra donc de se demander dans quelle mesure le juge administratif est-il
subordonné à la constitution et aux normes constitutionnelles ?
Pour cela, il sera abordé dans un premier temps la soumission du juge administratif à la
constitution (I) qu’il tachera ensuite de nuancer avec la présence d’une marge de manœuvre
du juge administratif vis-à-vis des normes constitutionnelles (II).

I/ La soumission du juge administratif à la constitution

Dans cette première partie il sera évoqué dans un premier temps une nécessaire relation du
juge administratif aux normes constitutionnelle (A) enjointe par une soumission, néanmoins
imparfaite, du juge administratif à ces mêmes normes (B)

A) Une nécessaire relation du juge administratif aux normes


constitutionnelles

Le juge administratif a donc un rôle primordial dans le jugement des affaires concernant
l’administration et les citoyens, ainsi il se doit d’être soumit à la constitution et aux textes
ayant la même valeur qu’elle. De cette manière, il faut parfois interpréter les normes
constitutionnelles édictées, notamment dans la constitution ou dans son préambule
contenant des textes ayant jusqu’à plus de 2 siècles à l’image de la Déclaration de Droits de
l’Homme et du citoyen de 1789. De cette façon le juge administratif et le Conseil d’État
peuvent parfois être amenés à devoir interpréter des normes constitutionnelles tout comme
le Conseil Constitutionnel. Ainsi le juge administratif et les normes constitutionnelles sont
liés et le juge administratif joue un rôle faisant fluctuer ces normes comme l’arrêt société
Eky rendu par le conseil d’État le 12 février 1960 consacrant au préambule de la constitution
de 1958 une valeur constitutionnelle.
De la même manière, le juge administratif agissant sur les normes constitutionnelles, la
constitution va donner des principes fondamentaux au juge administratif et plus
globalement au droit administratif français, par exemple le Conseil Constitutionnel va
reconnaître dans une décision du 23 janvier 1987 Conseil de la Concurrence, GAJA la
compétence du juge administratif pour annuler ou reformer les décisions prises par
l’administration. Mais cette relation entre le juge administratif et les normes
constitutionnelles est plus poussée allant jusqu’à une soumission de ce premier à la
constitution et aux normes qui l’entoure.

B) La soumission imparfaite du juge administratif aux normes


constitutionnelles

Cela part d’un principe fondamental en droit administratif : l’administration doit respecter
les normes constitutionnelles qui la régisse. Comme vu précédemment le juge administratif
est donc compétent pour faire respecter les principes de la constitution à l’administration,
ne pouvant s’y soustraire et devant les faire respecter. De cette manière le juge administratif
aura plus tendance à se référer à la constitution qu’à un principe général du droit. Malgré
cela, les normes constitutionnelles ne voient pas toujours leur respect assuré par le juge
administratif dans la mesure ou certaines exceptions viennent empêcher cette soumission.
En effet, certaines normes constitutionnelles ne vont pas directement être applicables car
elles sont considérées comme trop floues par le juge constitutionnel comme pour l’arrêt
rendu par le Conseil d’État le 27 septembre 1985, France terre d’asile refusant l’octroi du
droit de d’asile pourtant constitutionnel au motif que ce principe soit trop imprécis.
Heureusement l’étau des normes constitutionnelles se resserre et les normes
constitutionnelles sont de plus en plus précisées pour pouvoir être applicables, c’est
notamment le cas récemment des normes constitutionnelles édictées par la charte de
l’environnement qui voient leur contenu précisé amplifiant cet effet de respect des normes
constitutionnelles par le juge administratif qui peut se les voir invoqués à l’appui d’un
recours.
La deuxième cause d’imperfection des normes constitutionnelles réside dans la théorie de
l’écran législatif puisque le juge administratif peut contrôler la constitutionnalité d’un acte
administratif pour faire respecter les normes administratives mais inversement ne peut
contrôler la constitutionnalité d’une loi par voie d’action. C’est le cas quand un requérant
attaque un acte administratif en soutenant qu’il présente une inconstitutionnalité, alors
qu’en réalité cette dernière vient d’une disposition législative puisque l’acte administratif
vise à mettre en œuvre une loi, la loi faisant donc écran empêchant le juge administratif
d’intervenir sur la constitution, créant une faille dans la toute-puissance de la constitution
sur les actes administratifs. Néanmoins l’instauration de la QPC a permis d’apporter une
solution à ce problème et par la même occasion une marge de manœuvre au juge
administratif.
II/ La présence d’une marge de manœuvre du juge administratif vis-à-vis des normes
constitutionnelles

Dans cette seconde partie il sera abordé dans un premier temps les limites de la soumission
du juge administratif aux normes constitutionnelles (A) puis il sera conclu sur le rôle clef du
contrôle de constitutionnalité octroyant au juge administratif une marge de manœuvre (B).

A) Les limites de la soumission du juge administratif aux normes


constitutionnelles

Tout d’abord, comme nous avons pu le voir précédemment le juge administratif dispose de
limites dans l’application des normes constitutionnelles, ainsi de par des règles qu’il
considère trop floues le conseil d’État peut écarter une norme constitutionnelle se fut le cas
pour l’arrêt France terre d’asile. Dans ce cas-là, il est légitime de se demander si le juge
administratif ne se soustrait pas ostentatoirement aux normes constitutionnelles en
effectuant un tri des normes constitutionnelles ? Même, comme pour la charte de
l’environnement ces normes ont tendance à être précisées, cela n’est-il pas un moyen pour
le conseil d’État d’en éviter certaines comme pour l’arrêt rendu par le Conseil d’État le 29
novembre 1968 Tallagrand, pour se soustraire de la réparation demandée à l’État pour la
perte des biens du requérant ? C’est à vrai dire une hypothèse peu probable comme l’illustre
l’arrêt du Conseil d’État, du 3 octobre 2008, Commune d’Annecy, GAJA, validant l’application
comme normes constitutionnelle la Charte de l’environnement, ses dispositions ne pouvant
ainsi être écartées par le juge administratif. Néanmoins, cela montre que le juge
administratif présente bien une marge de manœuvre par rapport aux normes
constitutionnelles rien que par son pouvoir d’appréciation.
Il est aussi a souligné qu’une marge de manœuvre involontaire peut aussi être présente
entre la Constitution et l’acte administratif et ainsi démarquer le juge administratif de cette
première sans que cela ne soit voulu. Effectivement, la théorie de l’écran législatif vient
comme vu ici aussi précédemment dédouaner le juge administratif de la Constitution dans
l’appréciation d’un acte administratif, le soustrayant de cette manière des normes
constitutionnelles, sans qu’il ne le veuille. Mais il convient de le répéter encore une fois, la
Question Prioritaire de Constitutionnalité permet désormais se cas de figure en passant par
le contrôle de constitutionnalité.

B) La rôle clef du contrôle de constitutionnalité dans l’octroie d’une marge de


manœuvre au juge administratif

Le contrôle de constitutionnalité va donc jouer un rôle salvateur envers la position clivant du


juge administratif qu’il subit des normes constitutionnelles. La loi constitutionnelle de 2008
va instaurer un contrôle de constitutionnalité à posteriori donné par l’article 61-1 de la
constitution, tout justiciable pouvant à l’occasion d’un procès devant le juge judiciaire ou
administratif peut soutenir qu’une disposition législative méconnaît les droits et libertés
garantis par la Constitution. Mais il appartient à la Cour de cassation et au Conseil d’État de
décider s’il renvoie la QPC devant le Conseil Constitutionnel. Il y a entre autres comme
condition l’appréciation du caractère sérieux de la question. Ainsi l’appréciation du caractère
séreux conduit le conseil constitutionnel à exercer un certain contrôle de constitutionnalité
de la loi lui permettant de jouer sur les normes constitutionnelles en refusant une QPC en ne
la jugeant pas assez sérieuse. Le Conseil d’État peut donc préciser comme évident ce qui
porte à confusion.
Enfin, la QPC permet aussi d’éviter la théorie de l’écran législatif si le requérant la soulève,
permettant au juge administratif d’appliqué les normes constitutionnelles s’il le souhaite, se
soustrayant encore une fois à son emprise.
Le juge administratif est donc soumis aux normes législatives dans sa grande majorité mais
des effets et des mécanismes permettent à ce dernier de se soustraire dans certains cas aux
normes constitutionnelles.

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