Etude Sur Lacces A La Justice A Madagascar
Etude Sur Lacces A La Justice A Madagascar
Etude Sur Lacces A La Justice A Madagascar
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
viii. L’assistance d’un avocat durant le traitement de l'affaire au tribunal ................................ 39
ix. Le coût de la justice .............................................................................................................. 40
x. La satisfaction du justiciable vis-à-vis du verdict prononcé ................................................. 41
xi. Les justiciables ayant rencontré des problèmes auprès des services judiciaires ................. 42
xii. La mutuelle au service des justiciables ................................................................................ 45
b) En milieu carcéral ............................................................................................................................ 47
i. La situation des échantillons en milieu carcéral................................................................... 47
ii. La volonté d’adhérer à la mutuelle en milieu carcéral ......................................................... 51
c) Les initiatives visant à améliorer l’accès à la justice : ...................................................................... 52
i. Maison de droit et des professions judiciaires ..................................................................... 52
ii. Bureau d’assistance judiciaire (BAJ) ..................................................................................... 55
iii. Kiosque juridique .................................................................................................................. 56
iv. Clinique juridique : TAZ Andohatapenaka ............................................................................ 57
v. CAJAC – TI MG ...................................................................................................................... 59
vi. La Médiature de la République ............................................................................................ 60
vii. ACAT Madagascar : (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture)............................ 61
4. RECOMMANDATIONS SUR L’ACCES A LA JUSTICE ......................................................................... 64
a) L’Etat doit garantir l’accès à la justice.......................................................................................... 65
b) Des Tribunaux sont difficilement accessibles .............................................................................. 67
c) Un accès limité aux juges ............................................................................................................. 70
d) Des établissements pénitentiaires .............................................................................................. 76
5. RECOMMANDATIONS SUR LA MISE EN PLACE D’UNE MUTUELLE ................................................ 81
a) Dans quelles localités devrait-on installer la mutuelle ? ................................................................. 81
b) Quels sont les besoins les plus communs des justiciables ?............................................................ 82
6. LISTES DES ANNEXES ....................................................................................................................... 84
Annexe 1 : Lettre d’introduction......................................................................................................... 85
Annexe 2 : Liste des juristes enquêteurs ............................................................................................ 86
Annexe 3 : Montant des provisions pour les affaires civiles, commerciales et d’immatriculation .. 87
Annexe 4 : Liste des Fokontany des zones cibles ............................................................................... 89
Annexe 5 : Situation carcérale des établissements pénitentiaires concernés en 2020 .................... 94
Annexe 6 : Liste des Districts du ressort des juridictions concernées ............................................... 95
Annexe 7 : Situation des affaires auprès du TPI d’Antananarivo ...................................................... 96
Annexe 8 : Situation des affaires TAZ Andohatapenaka .................................................................... 97
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
LISTE DES ABREVIATIONS
MC Maison centrale
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MAFI Miara-miombon’Antoka amin’ny fiarovana eny amin’ny Fitsarana
OS Objectif Stratégique
PADFEM Pool d’Avocats pour la Défense des Femmes et des Enfants Mineurs victimes de
violences
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
LISTE DES TABLEAUX
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Tableau 31 - Nombre de magistrats par rapport à la population dans les zones d'interventions ........... 71
Tableau 32 - Ratio de magistrat du TPI dans les localités concernées ..................................................... 72
Tableau 33 - Statistique des dossiers traités au niveau des Cours et Juridictions ................................... 74
Tableau 34 - Synthèse des résultats sur la mutuelle ................................................................................ 81
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
LISTE DES FIGURES
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
RESUME EXECUTIF
L’étude sur l’accès à la justice constitue la principale mission confiée au Cabinet juridique JURIDIXIA
MADAGASCAR CONSULTING par le Projet MAFI ou « Miara- Miombon’antoka amin’ny fiarovana eny
amin’ny fitsarana » qui vise à :
- L’accès à la justice et aux juges restent jusqu’à maintenant des problèmes majeurs ;
- Les facteurs avancés sont nombreux : la peur de briser le « fihavanana » ainsi que la peur de
causer du tort à la société, les problèmes financiers, l’ignorance des procédures, la peur du
tribunal ;
- Les problèmes fonciers sont les litiges les plus portés en justice ;
- Une lenteur dans le traitement des dossiers en cours peut être observée car la durée moyenne
de traitement est de 84,9 semaines soit un peu plus d’un an et demi ;
- Le faible recours au service d’un avocat ;
- Une volonté réelle d’adhérer à la mutuelle ;
- Au niveau des maisons carcérales : les besoins, attentes des détenus et prévenus ont été
établis, une volonté d’adhérer à la mutuelle a été également perçue
1
Fiche de projet « amélioration du système judiciaire à Madagascar » par l’Agence Française de Développement,
projet initié dans le cadre de la mise en œuvre du programme sectoriel du Ministère de la justice
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
INTRODUCTION
La situation à Madagascar est alarmante en ce qui concerne l’accès des citoyens aux services publics en
général et à la Justice en particulier.
Les causes de ce problème sont nombreuses : la complexité des procédures, le niveau d’éducation et
d’alphabétisation, les difficultés d’accès aux services d’assistances juridiques, le manque de budget au
niveau des administrations, l’insécurité juridique qui persiste dans certains domaines, le non-respect
de certains principes dans le système carcéral, les vices propres aux institutions…
Ces difficultés peuvent sans nul doute affecter sur l’exercice du droit d’accès à la justice et le droit à la
défense par le citoyen mais également sur la confiance des citoyens vis-à-vis du système judiciaire.
C’est dans cette optique que la CRIJ, rattachée au Ministère de la Justice, a été créé 3. Il s’agit d’une
plateforme multipartite de concertation pour le développement et la promotion des solutions locales
pour l’intégrité judiciaire et d’évaluation de l’impact des solutions mises en œuvre par les entités qui
œuvrent sur cette thématique. Actuellement lorsqu’on évoque l’expression « Système judiciaire » à
Madagascar, le constat qu’on peut faire sur le sujet est assez fataliste, car :
• Le mot « Justice » reste un vain mot pour la majorité des Malgaches et cela n’est qu’une utopie
pour ceux vivants dans les campagnes et les lieux dits « toerana lavitra andriana »
• Les procédures judiciaires sont trop complexes pour des justiciables qui sont dans la majorité
des paysans. En effet, 80,7% de la population totale à Madagascar vivent en milieu rural dont
94,9% Agricole4.
• La corruption est omniprésente dans ce secteur et surtout au niveau des tribunaux
• Les prestations des professionnels du droit ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
• Dans les établissements pénitenciers, les principes de droits sont rarement appliqués (pendant
les étapes qui précèdent l’incarcération jusqu’à la détention) et que les règles de droits
humains sont souvent violées et ignorées.
Conscient de la situation à Madagascar, l’ONG IVORARY soutenue financièrement par FANAINGA a pris
l’initiative citoyenne de mettre en place le projet « Miara- Miombon’antoka amin’ny fiarovana eny
amin’ny fitsarana » (MAFI). Ce projet a pour objectif d’octroyer aux justiciables une assurance contre
l’insécurité judiciaire et par la même occasion de faciliter l’accès à la justice par la mise en place d’un
système de mutualisation en échange de cotisation.
Au stade actuel, les études ayant pour objectifs d’identifier les principaux problèmes juridiques
rencontrés par les justiciables, d’établir les besoins juridiques les plus communs de ces derniers et
d’évaluer les capacités de contribution de ces mêmes justiciables dans la mise en place d’une mutuelle
ont été réalisées par le cabinet JURIDIXIA MADAGASCAR CONSULTING, d’où la restitution de ce
rapport provisoire.
12
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
1. RAPPEL DU CONTEXTE ET DES OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
a) Contexte de la mission
La majorité de la population malgache, notamment celle vivant en milieu rural, est en situation de
vulnérabilité lorsqu’elle entre en contact avec l’administration publique. On remarque une stratégie
d’évitement systématique dans la mesure du possible. Cette situation est accentuée devant
l’administration judiciaire notamment les tribunaux, les officiers de police judiciaire et autres services
auxiliaires à la justice. Cela impact sur l’exercice du droit d’accès à la justice et du droit à la défense par
le citoyen. Outre les complexités liées aux procédures, la réputation de déficit d’intégrité du système
judiciaire et des agents publics, la persistance de la corruption dans ce milieu est comprise comme une
des causes majeures de cette (auto -) exclusion généralisée2. Cela a pour conséquence une perte de
confiance des citoyens vis-à-vis du système judiciaire.
Les statistiques sur les conditions carcérales, publiées dans le rapport d’Amnesty International
illustrent les dysfonctionnements du système judiciaire à Madagascar3. 55 % de la population carcérale
n’a pas encore été jugée. La durée de la détention préventive peut aller de six mois à cinq ans. La
plupart de ces détenus sont illettrés et n’ont aucune connaissance de leurs droits et selon les
statistiques, près de la moitié de ces détenus en attente de jugement, sont jugés innocents après leurs
procès. À titre d’illustration, nous pouvons citer des cas concrets : (i) en l’absence d’avocat, beaucoup
sont délibérément mis en détention préventive. (ii) des femmes sont emprisonnées pour des
infractions commises par leurs maris (iii) des enfants sont interrogés puis emprisonnés en l’absence
d’avocat.
En plus, face à l’insuffisance du budget de l’administration pénitentiaire, les détenus et prisonniers
font face à de très mauvaises conditions de détention, mettant parfois, leur vie en danger. Par
exemple, le nombre de détenus dépasse largement la capacité d’accueil des établissements
pénitentiaires (ii) l’hygiène laisse à désirer (iii) les infrastructures sont vétustes (iv) la malnutrition et le
manque de couverture persistent (v) l’accès aux services de soins est limité (vi) l’inexistence d’espaces
séparés pour les prévenus et les condamnés (vii) faible considération des femmes enceintes.
La difficulté d’accès des groupes vulnérables aux services d’assistance juridique aggrave cette situation
et affecte certains droits fondamentaux. La principale cause est le montant élevé des honoraires des
professionnels de la justice (avocats, huissiers, notaires), qui n’est pas à la portée de la population
malgache à majorité pauvre. La culture pro bono publico n’est pas également installée au niveau du
2
Selon le rapport de TRANSPARENCY INTERNATIONAL sur l’indice de perception de la corruption en 2020, « (…)
les secteurs les plus touchés par la corruption sont les collectivités territoriales décentralisées, la police et la
gendarmerie, la justice, l’éducation, l’environnement ou encore le secteur minier (…) ».
3
Rapport d’AMNESTY INTERNATIONAL publié le 23 Octobre 2018 : PUNIS PARCE QU’ILS SONT PAUVRES, Le
recours injustifié, excessif et prolongé à la détention préventive à Madagascar ».
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
barreau de Madagascar. Le manque de conseil juridique, le défaut d’assistance d’avocat pour ceux qui
ne peuvent pas s’offrir les services de ces professionnels, dans les matières civiles, commerciales et
administratives affectent leurs droits fondamentaux notamment le droit à la propriété, le droit
d’entreprendre et autres. En guise d’illustration, pour la population rurale, cela résulte notamment en
une insécurité juridique des terres. Il n’est pas rare que des paysans ou une communauté rurale toute
entière se trouvent spoliés de leurs terrains ancestraux. Dans le monde de la justice malgache,
malheureusement, l’adage « Ny marina mitavozavoza tsy mahaleo ny lainga tsara lahatra » reste
encore d’actualité.
Alarmé par cette situation et par l’état de tous les indicateurs pertinents sur l’état du système
judiciaire, un groupe de travail ad hoc mis en place et facilité par l’ONG Ivorary, composé de
personnalités engagées dans la lutte contre la corruption et la réforme de la justice a été formé. Ce
groupe a réfléchi sur la mise en place d’une plateforme de concertation pour le développement et la
promotion des solutions locales pour l’intégrité judiciaire. Ce qui a abouti à la mise en place de la
Commission pour la Réforme de l’Intégrité Judiciaire (CRIJ). Cette commission s’est donnée pour
missions, la promotion des solutions locales pour l’intégrité judiciaire et l’évaluation de l’impact des
solutions mises en œuvre par les entités qui œuvrent sur cette thématique. Elle se positionne, alors en
tant que plateforme multipartite de proposition aux parties prenantes du système judiciaire dans le
but de restaurer les droits des justiciables et assainir les professions judiciaires. Dans son plan d’action,
la CRIJ, rattachée au Ministère de la Justice, entend appuyer les initiatives de mise en place de
cliniques juridiques.
Créée en 2015, IVORARY est une ONG de droit malgache, organisée en entreprise sociale. Elle œuvre
dans la promotion de l’intégrité, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Sa mission est
d’engager de manière constructive les citoyens et les communautés locales dans la gouvernance
intègre, juste et efficiente. Elle a pour objectif d’édifier une gouvernance intègre, juste et performante
des services publics, contribuant directement à l’accès équitable de tous aux droits fondamentaux
relatifs à la santé, l’éducation, la protection sociale, l’environnement et aux opportunités économiques
à Madagascar.
À ce titre, l’ONG Ivorary met en œuvre avec le soutien technique et financier de Fanainga – Appui à la
Société civile le projet « Miara-Miombon’Antoka amin’ny Fiarovana eny amin’nyFitsarana » (MAFI) ou
entraide citoyenne pour la justice. Le projet MAFI ambitionne d'offrir aux groupes vulnérables une
assurance contre l'insécurité judiciaire et administrative en échange d'une cotisation. C'est un système
de mutualisation des risques, basé sur les principes de solidarité (firaisankina) et d'entraide
générationnelle (valim-babena). Il s’agit d’un projet pilote de 12 mois réalisé dans la région
d’Analamanga.
Pour y parvenir, IVORARY a fait appel aux services du Cabinet juridique JURIDIXIA MADAGASCAR
CONSULTING pour la réalisation de l’état des lieux de l’accès à la justice à Madagascar.
b) Objectifs de la mission
L’objectif général de la mission consiste à mener une étude sur l’accès à la justice au niveau des
juridictions et maisons de détention situées dans les chefs-lieux de province :
Antananarivo, Toamasina et Toliara.
15
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Cette étude se subdivise par la suite en trois objectifs spécifiques qui ont été identifiés dans les TDR :
c) Rappel de la méthodologie :
4
Source : Résultats provisoires RGPH-3, INSTAT-CCER, 2018, page 26 : vu sur le site de l’INSTAT :
«instat.mg/wpcontent/uploads/Rapport-Prelim-2019_ver_final.pdf consulté en décembre 2020 »
5
Source : Résultats provisoires RGPH-3, INSTAT-CCER, 2018, page 29 : vu sur le site de l’INSTAT :
« instat.mg/wp-content/uploads/Rapport-Prelim-2019_ver_final.pdf consulté en décembre 2020 »
6
Décret n°2015-592 du 01 avril 2015 portant classement des Communes en Commune urbaines ou en
Communes rurales
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ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Comment a-t-on procédé ?
Partant du constat que l’on ne peut interroger tout le monde, il a fallu procéder par échantillonnage.
Après différents échanges avec les responsables de l’ONG Ivorary, il a finalement été convenu que les
personnes objets d’enquêtes seraient :
• Les justiciables des Juridictions (Tribunal de Première instance, Tribunal administratif, Cour
d’Appel, Cour de Cassation, Conseil d’État).
• Les personnes détenues et condamnées des Maisons centrales
• Les travailleurs des Zones franches
• Les travailleurs issus du Secteur Transport
• Travailleurs indépendants
Portée de l’étude :
Cette étude a été menée dans le but de mettre en place une mutuelle/dispositif mettant en avant les
acteurs de la justice (les huissiers, les avocats, la société civile, le ministère de la justice ainsi que les
tribunaux/les juridictions).
Elle vise à faciliter l’accès à la justice des groupes vulnérables. Elle ne veut en aucun cas, empiéter sur
le périmètre d’action des autres acteurs de la justice.
Limite de l’étude :
Cette étude a été menée dans un contexte de crise sanitaire. Les résultats reflètent les tendances
globales. Il importe donc d’interpréter les résultats de cette étude comme étant une tendance et non
une affirmation indiscutable. Cette lacune conduit d’ailleurs l’ONG Ivorary à mettre en place un
Observatoire de la Justice qui fournira des données plus complètes concernant la justice.
17
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Phase préparatoire : PREPARATION ET LANCEMENT
FORMATION DES
CONTRACTUALISATION REUNION DE CADRAGE ENCADREURS ET DES
JURISTES ENQUETEURS
DESCENTES SUR
REVUE RESTITUTION A
ENTRETIEN PRE-TEST TERRAIN ET
DOCUMENTAIRE CHAUD
ENQUETES
18
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
19
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
2. DÉROULEMENT DE LA MISSION
Cette étape a eu pour objectif principal de bien cadrer les interventions avec les responsables du
projet MAFI.
Il était important que le cabinet et les responsables du Projet se réunissent pour clarifier les termes de
référence, la méthodologie générale, les résultats attendus de l’étude et les obligations contractuelles.
Une réunion de démarrage a ainsi eu lieu le mardi 03 novembre au siège de l’ONG Ivorary à
Ambatonakanga pour lancer officiellement le projet et présenté au public et les parties prenantes qui
vont travailler ensemble pour assurer la bonne réalisation des missions.
Ce n’est qu’après la réunion susmentionnée que le contrat de consultance a été signé7
Cette étape a eu pour objectif d’élaborer tous les outils nécessaires à la collecte des données sur le
terrain que ce soit à Antananarivo ou au niveau des autres chefs-lieux de provinces concernés par le
Projet MAFI.
Les fiches de collecte de données ont été élaborées au siège du Cabinet à Antananarivo.
Le questionnaire utilisé pour la réalisation de cette étude sur l’accès à la justice à Madagascar est
divisé en 7 sections :
7
Date de signature 06 novembre 2020
20
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
- Section 3 : Les litiges rencontrés par la personne enquêtée
Plusieurs questions seront demandées aux personnes enquêtées : si elles ont déjà eu à faire avec la
justice, si elles ont déjà eu un problème ou un litige qui aurait dû être transmis à la justice, mais qui
malheureusement ne l’a jamais été, les différents obstacles rencontrés qui ont été sources
d’empêchements pour saisir la justice.
Le manuel offrira aux enquêteurs les différentes informations nécessaires pour la réalisation de
l’enquête, pour l’approche à adopter auprès des personnes à enquêter, ainsi que pour la
retranscription des réponses données par les personnes enquêtées.
Il a été précisé dans le manuel, les différents objectifs de la mission, les différentes étapes à suivre qui
sont : la phase de préparation, la phase de collecte des données ainsi que la phase de saisie et de
traitement.
21
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
La liste des différents mots-clés a été avancée afin de faciliter le travail à effectuer par les enquêteurs
sur terrain.
Le manuel a permis de déterminer les différents acteurs concernés par la réalisation de l’enquête ainsi
que leurs rôles respectifs : le superviseur qui est en charge du suivi et du contrôle, les enquêteurs en
charge de l’enquête, suivre les directives et consignes données par les superviseurs, finaliser la collecte
des données.
Une charte de bonne conduite a aussi été établie dans le manuel des enquêteurs afin que ces derniers
puissent avoir le meilleur comportement possible avant, pendant et après les enquêtes.
Une liste des travaux préliminaires à réaliser par les enquêteurs a été fixée : coordination avec les
superviseurs, impression des questionnaires, vérification des zones d’action à couvrir, vérification des
différents matériels à disposition.
Une méthode de remplissage des questionnaires a été avancée afin de faciliter le travail des
enquêteurs.
Le guide d’entretien
Il s’agit d’un guide à la disposition des enquêteurs qui servira de repère et de phare dans la réalisation
de l’enquête.
La signification, la portée de toutes les questions ont été expliquées une à une dans ce guide pour
éviter les ambiguïtés et les incompréhensions.
Il a donc pour principal objectif d’éclaircir les questions à poser.
Les outils d’enquête ainsi élaborés ont été validés par l’ONG IVORARY et il a été procédé à la formation
des juristes enquêteurs.
Cette formation a été réalisée les 18 et 19 novembre 2020 au siège de l’ONG Ivorary à Ambatonakanga
et a eu pour objectif de transmettre aux enquêteurs les bases et les connaissances nécessaires pour la
réalisation d’une collecte de données sur terrain.
Les enquêteurs ont pu s’imprégner du manuel ainsi que du guide d’entretien, car une formation sur
ces documents a été dispensée.
Cette formation a été dispensée par les statisticiens mobilisés par le consultant.
Dix-huit (18) juristes-enquêteurs ont été formés dont 12 femmes et 06 hommes.
i. Prétest à Antsirabe :
22
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
• Durant la réalisation de cette phase, il était remarqué que certains points contenus dans les
questionnaires méritaient d’être précisés :
Exemple : Section 2 : P 7 : « Isan’ny olona sahanina » Il s’agit ici des gens qui vivent sous le toit
des personnes enquêtées et qui dépendent financièrement de ces dernières (Ils peuvent être
des mineurs ou des majeurs)
• Certaines questions devaient être reformulées.
Quelques exemples:
o Section 3 : T3 : Question initiale : « Inona no sakana tsy nahafahanao nanao an’io ? » /
Question reformulée : « Inona no sakana lehibe indrindra tsy nahafahanao nanao
an’io ? »
o Section 5 : P2 : Question initiale : « Raha eny, inona ny olana nosedrainao ? » /
Question reformulée : « Raha eny, inona ny olana lehibe indrindra nosedrainao ? »
23
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
• Secteur Transport
• Travailleurs indépendants, salariés à petits revenus
- Nombres de juristes enquêteurs mobilisés : 09
- Nombre de personnes enquêtées : 475
- Obstacles rencontrés :
• Durant les premières journées, on a pu constater la réticence des personnes (surtout au
niveau des juridictions) à répondre aux questions posées par les enquêteurs.
La saisie des données a commencé au retour des divers déplacements réalisés à Toamasina et Tuléar.
Les enquêteurs ont été mobilisés pour la saisie des données et le logiciel CS PRO a été utilisé. Une
formation préalable sur ledit logiciel a été dispensée, par le consultant en charge de la mission, aux
enquêteurs qui deviendront également agents de saisie. La saisie a duré approximativement 2
semaines puis les données saisies ont été transmises aux statisticiens mobilisés pour la phase
d’apurement des données. Cette phase d’apurement a duré 2 semaines environ.
Une fois les données saisies transmises aux statisticiens composants l’équipe du consultant, un
apurement a été nécessaire afin de corriger les erreurs de saisie. Il a fallu également vérifier si les
réponses obtenues étaient cohérentes par rapport aux questions posées.
24
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Après cette phase d’apurement des données, une phase d’analyse en 2 étapes a été réalisée par le
consultant :
- Une phase d’analyse statistique qui a permis de regrouper, en plusieurs tableaux, toutes les
variables ;
- Une phase d’analyse proprement dite : elle a été réalisée par les juristes mobilisés par le
consultant afin d’avoir un point de vue juridique des différents tableaux obtenus
- Mise en exergue des caractéristiques des justiciables utilisant les services de la justice
- Identification des problèmes juridiques et judiciaires les plus fréquents au niveau des
juridictions
- Présentation des principales difficultés rencontrées par les justiciables
- Les couts en justice
- Les réalités sur les conditions carcérales
- Les initiatives visant à améliorer l’accès à la justice
Motivation et capacité de contribution des justiciables cibles par rapport à la mutuelle.
25
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
26
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
3. ÉTAT DES LIEUX DE L’ACCÈS À LA JUSTICE
Le nombre total des justiciables échantillons dans cette étude est de 1826 individus dont 492 se
trouvent en milieu carcéral et 1334 hors milieu carcéral, répartis sur les trois chefs-lieux de Province à
savoir : Antananarivo, Toamasina et Toliara.
STRUCTURE DE L’ÉCHANTILLON
Échantillon initial
1 826
En ce qui concerne les échantillons hors milieu carcéral, on a interviewé 714 individus (53,5 %) à
Antananarivo, 296 (22,2 %) à Toamasina et 324 (24,3 %) à Toliara.
Sur l’ensemble des zones d’intervention, nous avons pu constater que :
o 64,5% des personnes interviewées sont des hommes. C’est dans la ville de Toliara que cette
proportion est la plus élevée (76,2 %).
o L’âge moyen des interviewés est de 38 ans.
27
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
o La majorité de ces gens sont en union (72,4%), c’est-à-dire soit mariés légalement soit en
concubinage. Ce sont surtout les femmes qui ne sont pas en union c’est-à-dire soit
célibataires, soit veuves ou divorcées.
o Le nombre moyen de personnes à charge pour chaque justiciable est de 2,8 personnes en plus
de la personne interviewée. Ce sont surtout les hommes qui déclarent avoir plus de personnes
à charge que les femmes.
Dans l’ensemble, les justiciables échantillons opèrent surtout dans le commerce (21,7%) et le transport
(18,6%). Rares sont ceux qui travaillent dans les secteurs de la santé (0,8%) et de l’éducation (1,7%). Ce
sont surtout des travailleurs indépendants (49,0%) ou encore des travailleurs privés (43,6%). Les sans-
emplois représentent 6,5% des justiciables. Considérant les trois villes séparément, la ville
d’Antananarivo a la même image que l’ensemble, c’est-àdire que les justiciables opèrent surtout dans
le commerce (22,8%) et dans le transport (20,5%). Mais on remarque aussi une proportion importante
de justiciables dans le secteur artisanat (11,5%). Pour la ville de Toamasina, la majorité des justiciables
échantillons travaillent d’abord dans le secteur commerce (16,2%), et en second lieu dans le secteur
agriculture/élevage/pêche (12,8%). Il faut remarquer la proportion importante des sans-emplois
(14,2%) dans l’échantillon de cette ville. Pour Toliara, c’est le secteur transport qui prédomine où
26,9% des justiciables s’y trouvent, suivi du secteur commerce (24,1%). Dans cette ville, les justiciables
du secteur éducation représentent 3,7% de l’échantillon.
Le tableau ci-dessous fournit les détails sur les caractéristiques des justiciables échantillons hors milieu
carcéral.
% 60,5 39,5 100 61,2 38,9 100 76,2 23,8 100 64,5 35,5 100
Âge moyen 38,8 38,6 38,7 40,8 38,5 39,9 37,1 36,5 36,9 38,7 38,2 38,6
(An)
Situation matrimoniale (%)
En union 78,0 67,7 74,0 75,1 59,6 69,1 74,5 63,6 69,2 76,4 65,1 72,4
Pas en union 22,0 32,3 26,0 24,9 40,4 30,9 25,5 36,4 30,8 23,6 34,9 27,6
Ensemble 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
Personnes à charge
Nombre 2,8 2,5 2,7 2,6 2,4 2,5 3,6 3,3 3,5 3,0 2,6 2,8
moyen
Activité principale (%)
Transport 31,5 3,6 20,5 7,7 0,9 5,1 34,8 1,3 26,9 27,4 2,5 18,6
28
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Antananarivo Toamasina Toliara Ensemble
Caractéristiques
H F Total H F Total H F Total H F Total
Commerce 17,1 31,6 22,8 11,1 24,4 16,2 15,4 52,0 24,1 15,4 33,1 21,7
Artisanat 9,7 14,2 11,5 5,5 5,2 5,4 7,3 13,0 8,6 8,1 11,8 9,5
Agriculture/Éle
5,8 6,0 5,9 15,5 8,7 12,8 10,5 5,2 9,3 9,2 6,5 8,3
vage/Pêche
BTP 2,3 0 1,4 4,4 0 2,7 4,9 0 3,7 3,5 0 2,3
Santé 0,7 0 0,4 1,1 0 0,7 1,6 1,3 1,5 1,1 0,2 0,8
Education 0.5 1.1 0.7 2.8 0.9 2.0 3.6 3.9 3.7 1.9 1.5 1.7
Sans emploi 1,6 9,2 4,6 4,4 29,6 14,2 2,0 7,8 3,4 2,3 13,9 6,5
Autres 30,8 34,4 32,2 47,5 30,4 40,9 19,8 15,6 18,8 31,2 30,4 30,9
Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
Employeur (%)
Fonction 8,6 4,9 7,4 13,9 9,9 12,6 8,3 7,0 8,0 8,6 4,9 7,4
publique
Indépendant 47,5 52,1 49,0 49,1 64,2 53,9 53,3 60,6 54,9 47,5 52,1 49,0
Privé 43,9 43,0 43,6 37,0 25,9 33,5 38,4 32,4 37,1 43,9 43,0 43,6
On a demandé aux justiciables s’ils ont déjà eu des affaires judiciaires auprès des tribunaux.
47,2% des personnes interviewées hors milieu carcéral ont affirmé avoir une affaire en instance
devant la justice (630 sur 1334 personnes). Cette proportion est plus élevée à Toamasina (56,4 %).
Pour les deux autres villes, elle est de 46,9 % pour Antananarivo et 39,5 % pour Toliara.
Dans tous les cas, ce sont surtout les hommes (65.2%) qui ont répondu par l’affirmative sur la question
de savoir s’ils ont déjà eu des affaires judiciaires auprès des tribunaux, une situation qui s’explique par
le fait qu’ils sont les plus nombreux dans l’échantillon.
24,3% des justiciables (318 sur 1310 répondants) ont avoué avoir des droits non respectés, mais
n’ayant pas pu ester en justice.
29
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Tableau 4 - Affaires judiciaires
% 62.4 37.6 100 64.1 35.9 100 74.2 25.8 100 65.2 34.8 100
Non
Effectif 223 156 379 74 55 129 152 44 196 449 255 704
% 58,8 41,2 100 57,4 42,6 100 77,6 22,5 100 63,8 36,2 100
Ayant déjà eu des droits non respectés, mais n’ont pas pu les porter en justice :
Oui
Effectif 103 56 159 48 36 84 61 14 75 212 106 318
% 64,8 35,2 100 57,1 42,9 100 81,33 18,67 100 66,7 33,3 100
Non
Effectif 321 224 545 125 73 198 186 63 249 632 360 992
% 58,9 41,1 100 63,1 36,9 100 74,7 25,3 100 63,7 36,3 100
La principale cause citée par les justiciables les empêchant de porter l’affaire en justice est la
préservation des relations (« fihavanana »). Viennent ensuite, l’ignorance des procédures, les
problèmes financiers ainsi que la peur de causer du tort à la société (« fiarahamonina »). La peur du
tribunal se trouve en dernier lieu.
La préservation du « fihavanana » implique bien évidemment que les malgaches sont encore
profondément attachés aux valeurs ancestrales, préserver à tout prix les liens familiaux et amicaux au
détriment de la justice. Cette situation démontre très bien des problèmes récurrents au niveau de la
société car beaucoup d’infractions telles que les homicides, les viols, les agressions sexuelles sont
encore jusqu’à maintenant réglées à l’amiable sans avoir recours à la justice.
Concernant l’ignorance des procédures, elle porte sur tous les aspects de la justice, que ce soit au
moment de la saisine, l’introduction de l’instance, la détermination de la juridiction compétente, le
rassemblement des pièces à fournir et dossiers à remplir, la détermination des bureaux à approcher, la
connaissance des délais à respecter et provisions à payer. Les procédures judiciaires restent
extrêmement floues pour les justiciables, une situation qui peut s’expliquer par le manque de
30
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
vulgarisation et sensibilisation sur les lois et procédures mais aussi par « la phobie administrative8 » se
manifestant par l’intermédiaire d’une peur excessive de fréquenter les bureaux administratifs. Cette
phobie administrative est palpable au niveau des justiciables, un exemple concret a pu être relevé à
Tuléar où la justice est synonyme de crainte et de peur. Les gens ne veulent pas avoir à faire avec la
justice.
La possibilité de causer du tort à la société fait également partie des causes principales invoquées par
les justiciables les empêchant d’ester en justice. Ce constat peut s’expliquer par le fait que la société
malgache est une société spécifique dans laquelle l’omerta règne et les problèmes ne doivent
aucunement être connus des autres. Des exemples concrets peuvent être avancés en la matière :
- En cas de violence conjugale, il n’est pas rare que la victime ne porte jamais plainte et
qu’aucun signalement ne soit réalisé car d’après des adages malgaches « ny tokantrano tsy
ahahaka », « ny tokantrano fihafiana ». La victime restera donc silencieuse afin de préserver
l’intimité de la vie de famille mais également afin de ne causer aucun tort au mari et aux
membres de la famille. Un cas a justement pu être relevé à tamatave car une mère de famille
de 28 ans a affirmé être victime de violence conjugale. Elle a avoué que son mari la battait
quotidiennement et qu'elle endurait cette violence sans possibilité de porter plainte de peur
des représailles de ce dernier ainsi que de la pression et l'oppression de sa propre famille ;
- Lors des enquêtées réalisées auprès des zones franches, les salariés ont presque tous affirmé
qu’ils avaient peur de causer un tort à leurs employeurs s’ils décidaient de dénoncer les
différents abus et violations de droits qu’ils subissaient chaque jour tels que le non-paiement
des heures supplémentaires, des diverses indemnités. La peur des éventuelles représailles
était aussi présente.
Sexe
Causes Ensemble
Homme Femme
Préserver les relations
Effectif 52 24 76
% 68,4 31,6 100
Ne sachant pas quoi faire
Effectif 30 12 42
% 71,4 28,6 100
Problème financier
Effectif 25 16 41
8
Terme utilisé par la Transparency International dans le rapport de l’enquête réalisée auprès de 800 ménages se
trouvant dans trois régions à savoir DIANA, Boeny et Atsimo Andrefana, afin de recueillir la perception des
usagers de la gouvernance foncière en générale et de la corruption dans le secteur en particulier.
31
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Sexe
Causes Ensemble
Homme Femme
% 60,98 39,02 100
Effectif 24 6 30
Pression
Effectif 19 10 29
Peur de la justice
Effectif 18 7 25
Autres
Effectif 43 30 73
Total
32
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Figure 3- Graphique représentant les principales causes empêchant le justiciable de jouir du droit d’ester en justice
Pour ceux qui ont déclaré avoir une affaire en justice, dans l’ensemble, le litige foncier est l’affaire la
plus citée, suivi de l’atteinte à la propriété et aux biens et de l’atteinte aux personnes.
Le détournement des deniers publics et la corruption sont parmi les dossiers les plus rares.
L’atteinte à la propriété et aux biens est l’affaire la plus mentionnée à Antananarivo, tandis que pour
les deux autres villes c’est le litige foncier. En effet, les conflits fonciers deviennent de plus en plus
critique à Madagascar sous l'effet de la pression démographique, de la diminution des terres
disponibles surtout aux environs des villes et villages, et de la mauvaise gestion des terres
communales. Cette crise est accentuée par la faiblesse du système d'administration foncière. En outre,
les problèmes juridiques résident dans le fait que le droit de propriété à Madagascar se caractérise par
la confrontation du droit coutumier (propriété communautaire), dont la majorité ne dispose pas de
titre foncier, et du droit moderne (propriété individuelle).
Concrètement, les litiges fonciers sont connus de tous et restent un des faits les plus médiatiques.
En effet, le malgache est profondément attaché à ses terres parce qu’elles revêtent des valeurs
patrimoniales et ancestrales.
Les problèmes en la matière peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs : un faible taux de possession
de documents formels de propriété, une méconnaissance par rapport au sens même de document
formel, la méconnaissance des procédures et des démarches à suivre ainsi que des bureaux à
approcher pour la formalisation de la propriété foncière, une méconnaissance des lois et textes en
vigueur, un rôle non-négligeable toujours occupé par les pratiques foncières traditionnelles se
33
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
manifestant par les transmissions successorales sans formalisation juridique ou par les occupations
sans titres mais reconnues conventionnellement par la société9.
9
Une enquête de la Transparency International, auprès de 800 ménages réalisée dans trois régions à savoir
DIANA, Boeny et Atsimo Andrefana, afin de recueillir la perception des usagers de la gouvernance foncière en
générale et de la corruption dans le secteur en particulier.
34
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
v. La nature de ces affaires en justice
La majorité de ces affaires portées en justice sont de nature pénale. Presque la moitié des affaires
traitées sont de cette nature dans les trois villes d’étude et dans l’ensemble.
Sur cette question pénale, les affaires ci-dessous ont particulièrement affecté les juristes enquêteurs :
- Un trafic d’organe à Tuléar, la victime était un jeune lycéen kidnappé puis retrouvé avec le
corps démembré ;
- Une jeune femme de 22 ans interpelée, à cause d’une affaire de « téléphone rose », sans
savoir qu’il s’agissait d’un acte délictueux ;
- Un ancien athlète paralympique médaillé, incarcéré à Antanimora, accusé de viol sur sa propre
fille ;
- Un homme incarcéré à Tuléar pour une affaire de vol de globe oculaire et de violationde
sépulture.
Des litiges sociaux correspondant à 2.4% des affaires recensées peuvent être relevés comme ce fut le
cas à Antananarivo où un employé avec plus de 15 ans d’ancienneté a été victime d’un licenciement
abusif. Il a décidé de porter l’affaire en justice et a obtenu de son employeur 80 000 000 Fmg en guise
de dommages et intérêts.
Les affaires civiles sont à peu près de la même proportion que les affaires pénales. Les affaires
commerciales sont les plus rares dans cette étude. Le tableau 5 ci-après donne plus de détail à cette
analyse.
Les résultats de l’enquête sont à peu près conformes à la situation des dossiers au niveau du TPI :
35
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
- Les affaires civiles et pénales sont les plus prédominantes avec respectivement 56.01% et
38.34%
- Les types d’affaire les plus récurrentes sont les affaires relatives aux Biens et actions
immobilières (litige de terrain, prescription acquisitive) avec 20.23% et les affaires afférentes à
l’état de personne, divorce, adoption, filiation avec 17.65%.
Le cas des juridictions administratives sera traité dans la partie recommandation sur l’accès à la justice.
La majorité des justiciables enquêtés ayant une affaire auprès de la justice tient la place de défendeur
(36,5 %). C’est à Toamasina que cette proportion est la plus élevée (42,5 %) contre 39,1 % à Toliara et
32,5 % à Antananarivo. La place de partie civile se trouve en seconde position, 22,4 % pour l’ensemble.
Cette position est valable pour les villes d’Antananarivo (21,2 %) et de Toamasina (30,5 %). Cependant,
pour la ville de Toliara, la place de partie civile se trouve en troisième position après la place de
demandeur. Le tableau 8 ci-dessous donne plus de détails à ces informations.
36
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Place du justiciable vis-à-vis de l'affaire
120 109
100
80 71 71 69
60 50 51
40 32 31 31
24
19 21
20 10 10 10 8 7
6
0
Défendeur Partie civile Demandeur Témoin Accusé Autres
La semaine est l’unité de durée la plus citée par les justiciables lors du traitement de leur affaire, suivi
de l’année. Ce qui signifie qu’en général, le traitement des affaires auprès des tribunaux ne se fait pas
en moins d’une semaine.
Tableau 9- L’unité de durée exprimée par le justiciable pour le traitement de l'affaire
37
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Antananarivo Toamasina Toliara
110 88 56 50 37 42
135 61 47
En général, le traitement des affaires de ces justiciables aux tribunaux a duré en moyenne 84,9
semaines soit un peu plus d’un an et demi. La durée minimale est de 0,1 semaine ou une journée, cas
rencontré dans la ville de Toamasina. La durée maximale est de 1877 semaines soit 36 ans. Cette
affaire d’une durée de 36 ans a été relevée à Antananarivo, il s’agit d’un litige foncier opposant des
habitants du quartier de 67ha à un industriel. L’affaire est actuellement au niveau de la Cour Suprême
et a traversé le temps en impliquant des générations successives.
C’est la juridiction d’Antananarivo qui affiche la durée moyenne de traitement de dossier le plus faible
(74,6 semaines), si la juridiction de Toamasina détient la durée moyenne de traitement la plus élevée
(114,3 semaines).
Tableau 10- La durée moyenne en nombre de semaines pour le traitement de l'affaire
38
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
viii. L’assistance d’un avocat durant le traitement de l'affaire au tribunal
Dans l’ensemble, environ 4 justiciables sur 10 ont déclaré avoir bénéficié de l’assistance d’un avocat
lors du traitement de leur affaire au niveau des tribunaux. Cette proportion est presque identique dans
les trois juridictions de l’étude, même si elle est un peu élevée dans celle d’Antananarivo.
Cette faible proportion du recours aux avocats est source d’interrogation car il est clairement précisé
dans la Loi n°2001-006 organisant la profession d'Avocat qu’il est possible de se faire assister par un
avocat commis d’office nommé par le bâtonnier et qui ne pourra pas refuser son ministère sans faire
approuver ses motifs d'excuse ou d'empêchement par le bâtonnier ou par le président de la juridiction
devant laquelle il a été commis10.
Le faible recours à l’assistance d’un avocat est certainement source d’abus et d’arbitraire de la part de
certaines personnes de mauvaise foi comme l’atteste plusieurs cas relevés :
- à Tuléar, une personne a été placée sous mandat de dépôt puis a bénéficié d’une liberté
provisoire puis replacée sous mandat de dépôt sans qu’aucune des procédures légales ne
soient respectées par les autorités compétentes ;
- également à Tuléar, un mineur accusé de vol a affirmé avoir été la victime de violences
policières lors d’une enquête mais également avoir été placé avec les adultes lors de sa
détention ;
- un épicier placé en détention provisoire a affirmé qu’aucune des procédures légales n’ont été
respectées, ses droits ont été d’après lui bafoués
Tableau 11- Assistance d’un avocat durant le traitement de l'affaire
Dans le cas où les justiciables n’ont pas bénéficié du service d’un avocat lors de traitement de leur
affaire, la majorité d’entre eux ont fait face aux tribunaux sans l’assistance de personne (66,0 %).
Sinon, ce sont les amis et/ou la famille qui ont servi de conseil (17,7 %).
Le rabatteur fait également partie des personnes qui peuvent être sources de conseil et d’orientation,
un constat confirmé par une personne enquêtée qui a affirmé être un rabatteur au niveau du tribunal
de Toamasina. Ladite personne a par la suite fait l’objet d’une interpellation. Les rabatteurs profitent
10
Article 43 de la Loi n°2001-006 organisant la profession d'Avocat
39
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
de l’absence de conseil et d’assistance pour réaliser des abus comme ce fut le cas à Antananarivo où
un justiciable a déclaré avoir payé une somme de 1.500.000 Ariary, pour régler un problème foncier, à
des gens qui se disaient faire partie du personnel de la justice alors qu’ils étaient manifestement des
rabatteurs. Le problème en question n’a pas été réglé jusqu’à maintenant.
Tableau 12 - Source de conseil durant le traitement de l'affaire
Dans cette partie sur le coût de la justice, nous nous focaliserons sur les dépenses effectuées par les
justiciables lors de leur passage auprès des juridictions. Nous n’aborderons pas les aspects sur les
moyens alloués aux juridictions : nombre de personnel, budget du Ministère de la Justice, évaluation
de la performance du Ministère.
Les justiciables sont tenus de verser une provision qui constitue le montant approximatif des frais du
procès en matière civile, commerciale et d’immatriculation.
Nous rappellerons ici que les procédures devant le tribunal de travail, les jugements supplétifs et les
procédures pénales sont gratuites. Par contre, en matière civile, commerciale et d’immatriculation, les
justiciables sont tenus de verser une provision qui constitue le montant approximatif des frais du
procès11.
Auparavant les Greffiers en chef fixaient approximativement le montant de ces provisions et il a été
constaté que ces montants étaient parfois trop excessifs et qu’ils variaient d’une juridiction à une
autre, occasionnant des incompréhensions et des doléances de la part des usagers de la justice.
11
Article 151 du Code de procédure civile
40
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Une circulaire ayant pour objet l’uniformisation du montant approximatif des provisions a ainsi été
émise12 par le Ministère de la Justice et les montants qui y figurent devront en principe couvrir les
droits fixes d’enregistrement, les frais et débours de greffe ainsi que les frais d’expédition de
jugement.
Pour les frais des procès en matière civile, commerciale et d’immatriculation, le montant minimal de
provision est de 1000 Ariary correspondant au coût de l’extrait du plumitif. Le frais maximal dépend de
la nature de l’affaire pouvant demander un certain nombre de provisions. Mais le montant moyen de
provision est de l’ordre de 26 600 Ariary. Mais ce sont surtout les affaires commerciales qui requièrent
des montants plus élevés par rapport aux autres affaires (Voir annexe 7).
Cet effort d’uniformisation est louable, cependant d’autres procédures doivent également être suivies
de près par le Ministère, à savoir les frais des descentes sur terrain ou d’exécution des jugements
avant dire droit qui sont fixés arbitrairement par les juridictions et sont parfois très excessifs.
Le Code de Procédure Civile prévoit également pour les personnes les plus démunies le recours à
l’assistance judiciaire qui devrait en principe les dispenser de tous les frais au niveau des tribunaux13.
Pour ce qui est des autres dépenses réalisées par les justiciables, elles seront détaillées dans la partie
sur les problèmes rencontrés par les justiciables.
Pour ceux qui ont une affaire auprès du tribunal, seulement 3 justiciables sur 10 ont déclaré être
satisfaits du verdict prononcé par le tribunal. Pour 45,6 % d’entre eux, ils attendent encore la sortie du
verdict. Parmi les trois juridictions de l’étude, c’est dans celle d’Antananarivo que l’on rencontre le
plus de justiciables qui sont satisfaits du verdict (35,5 %).
Tableau 13 - Satisfaction vis-à-vis du verdict prononcé
12
Circulaire n° 25-MJ/SG/DGAJER/DGJ/2020 du 17 août 2020
13
Articles 32 à 38 du Code de procédure civile
41
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
xi. Les justiciables ayant rencontré des problèmes auprès des services
judiciaires
Pour ceux qui sont allés devant les tribunaux, dans l’ensemble 55,7 % ont déclaré avoir rencontré des
problèmes. Dans les trois juridictions de l’étude, les proportions des justiciables rencontrant des
problèmes ne sont pas trop éloignées de celle de l’ensemble, ce qui peut signifier que les types de
problèmes rencontrés sont plus ou moins identiques.
Malheureusement, même si un verdict a été prononcé, son exécution reste encore problématique
comme l’atteste un cas relevé sur terrain dans lequel des salariés, employés dans une entreprise à
Antananarivo, ont été licenciés abusivement. Lesdits salariés ont donc décidé d’ester en justice pour
demander le paiement de dommages et intérêts, le tribunal a fait droit à leur demande et a condamné
l’employeur. Mais malheureusement, l’exécution de la décision de justice a été vaine puisque les
employeurs ont pris la fuite sans qu’il n’y ait possibilité de les retrouver.
Tableau 14 - Existence de problèmes lors du traitement de leur affaire
Pour les justiciables ayant déclaré avoir rencontré des problèmes lors du traitement des dossiers
devant les tribunaux, le problème financier est le plus cité dans les trois juridictions, 46,0 % pour
Antananarivo, 39,2 % pour Toliara et 36,7 % pour Toamasina. Le deuxième type de problème cité est la
complexité de la procédure judiciaire qui n’est pas du tout claire pour les justiciables. Le problème au
niveau de l’accueil est cité en troisième position pour les trois juridictions.
Le problème financier est le principal problème cité par les justiciables ayant des affaires au niveau des
tribunaux, en effet ils ont déboursé de l’argent pour certains services.
42
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Le service d’un avocat est le plus sollicité dont le montant moyen payé représente plus de 1 230 000
Ariary. Des coûts élevés que les justiciables n’arrivent pas à supporter comme le démontre plusieurs
cas relevés :
- au niveau de la maison centrale d’Antanimora où une dame placée sous mandat d’arrêt depuis
plus d’un an a refusé les services d’un avocat car ils étaient trop onéreux pour elle, lesdits
honoraires proposés par l’avocat s’élevaient à 3 000 000 Ar ;
- pour le cas de l’affaire foncière de 36 ans précédemment citée, les honoraires d’avocat
déboursés par les demandeurs s’élevaient à 10 000 000 Ariary
Le coût du transport fait partie des dépenses inévitables, en moyenne le montant déboursé pour le
transport est de 388 157 Ariary. Il faut noter que pour chaque type de paiement fait, le montant
maximal réglé est exorbitant. La fréquence des va-et-vient peut être très élevée comme l’atteste les
dires d’un justiciable à Tuléar qui a affirmé être revenu auprès du Tribunal de Première instance au
moins 7 fois pour régler une affaire d’adoption.
Les différentes dépenses forcent les justiciables à mettre en vente différents biens, en atteste plusieurs
cas :
- au tribunal d’Anosy, où un homme, dont le fils fut incarcéré pour viol commis sur une
personne atteinte d’un handicap mental, a dû dépenser la somme de 6.000.000 Ariary pour
l’ensemble des frais de déplacement, honoraires d’avocat, frais de test ADN. La famille, ne
disposant pas de la somme, a dû vendre terrain et autres biens de valeur ;
- un agriculteur détenu à la maison centrale de Tuléar pour une affaire de vol de globe oculaire
et de violation de sépulture a dû vendre ses biens pour se procurer les services d’un avocat.
16
Tableau 16 - Les motifs de paiement au niveau des tribunaux et les montants payés
Outre les différentes dépenses obligatoires, légales ou non lors du traitement des affaires en justice,
certains justiciables ont déclaré avoir donné des « cadeaux » aux personnels de justice.
Parmi les justiciables ayant une affaire judiciaire, 9,2 % d’entre eux ont révélé avoir offert de l’argent
ou des « cadeaux » aux personnels de justice.
43
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Au niveau du TPI de Tamatave, plusieurs citoyens se sont plaints de la corruption de certains agents au
niveau du tribunal. Or en approfondissant la question, la personne questionnée ne pouvait même pas
nous affirmer si elle s’était adressée à un véritable agent travaillant au sein de ladite juridiction alors
qu’elle lui a versé une somme d’argent.
Pour cette question de corruption, le terme « cadeau » a été utilisé pour désigner cette infraction afin
de ne pas heurter la sensibilité des personnes enquêtées.
La corruption est définie comme étant un acte visant à l’obtention d’une somme d’argent indue, ou à
l’obtention d’un avantage illicite par divers procédés frauduleux par un simple citoyen, un agent
public, une autorité, un chef d’entreprise. Le mauvais usage du pouvoir dont on est investi pour
obtenir des gains personnels14. D’autres infractions comme le cadeau illicite peuvent être assimilées à
la corruption, cette infraction est justement définie comme étant tout cadeau indu non compris dans
les rémunérations et avantages légaux et légitimes, qui sont reçus dans l’exercice ou à l’occasion de
l’exercice d’une fonction publique ou d’un mandat électif à l’exclusion de cadeaux résultant
raisonnablement de l’hospitalité naturelle et normale conforme aux us et coutumes traditionnels et
sociaux15.
Tableau 17 - La corruption au niveau de la justice
Pour ceux qui ont révélé le montant donné, il est en moyenne de l’ordre de 1 400 000 Ariary.
Si le montant minimal est de 10 000 Ariary, le montant maximal versé est de 7 500 000 Ariary.
Tableau 18 - La valeur ou le montant versé au personnel de la justice pour
14
https://bianco-mg.org/differentes-formes-de-corruption-et-infractions-assimilees/
15
LOI n° 2016 – 020 SUR LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, article 1er, sixième alinéa
44
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
xii. La mutuelle au service des justiciables
L’instauration d’un système de mutualisation, pouvant être utile ou aider les justiciables à faire face
aux différents problèmes lors de traitement des affaires au niveau des tribunaux, a été expliquée aux
enquêtés lors des interviews.
Ensuite, on leur a demandé s’ils pourraient avoir besoin de cette mutuelle. Selon les résultats de
l’enquête, la grande majorité d’entre eux ont exprimé leur intérêt vis-à-vis de la mutuelle.
En effet, dans l’ensemble, 95,2 % des répondants ont déclaré avoir besoin de la mutuelle, ce chiffre est
valable dans les trois villes et quel que soit le sexe du répondant.
Il est à noter que lors des enquêtes, un grand manque d’enthousiasme a pu être constaté auprès des
travailleurs indépendants car ils estiment que souscrire à une mutuelle d’entraide judiciaire revient à «
appeler le malheur » sur eux. Un groupe de vendeurs ambulants a affirmé que si la justice fonctionnait
normalement, il ne serait pas nécessaire de créer une mutuelle d’assistance judiciaire.
Après avoir exprimé le besoin d’avoir un appui lors du traitement des affaires au niveau de la justice,
on leur a demandé s’ils sont prêts à adhérer à la mutuelle moyennant une participation financière. Le
nombre de répondants a légèrement diminué passant de 1826 individus à 1744 individus. Cependant,
la proportion de ceux ayant exprimé la volonté de jouir des services de la mutuelle en échange d’une
cotisation est de 93,9 % pour l’ensemble, 95,0 % pour Toliara, suivi par Antananarivo (94,5 %) et
Toamasina (91,7 %).
45
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Tableau 20 - La volonté des justiciables d’adhérer à la mutuelle
En ce qui concerne le montant de la cotisation, dans l’ensemble, 41,6 % des répondants optent pour
un montant de moins de 10 000 Ariary. Pour Antananarivo, la fourchette de 10 000 – 20 000 Ariary est
46
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
la plus choisie. Cependant, les villes de Toliara (50,0 %) et de Toamasina (47,7 %) ont préféré la
fourchette de moins de 10 000 Ariary.
Tableau 22 - Les fourchettes de contribution souhaitées
b) En milieu carcéral
La majorité des justiciables échantillons du milieu carcéral y sont incarcérées depuis moins d’un an. Ils
représentent 57,3 % pour l’ensemble, 60,2 % pour Antananarivo, 57,0 % pour Toamasina et 53,5 %
pour Toliara.
Tableau 23 - La durée de la détention en milieu carcéral
Dans l’ensemble, l’atteinte contre les biens est le motif de détention de 55,3 % de nos échantillons. Le
deuxième motif est l’atteinte contre la personne qui concerne 33,7 % de l’échantillon. Ces deux motifs
dans cet ordre sont aussi les principaux motifs de détention dans les milieux carcéraux des trois villes
d’étude.
Les motifs d’incarcération avancés sont quelquefois mal compris par les détenus et les prévenus
comme ce fut le cas à Tamatave où un certain nombre de personnes incarcérées ont précisé qu’elles
ne comprenaient pas pourquoi elles étaient enfermées.
47
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Tableau 24 - Les motifs de détention
Passer au jugement est un évènement très attendu des prévenus retenus en milieu carcéral. Dans
notre échantillon, 63,4 % d’entre eux ne sont pas encore jugés. Ceci est expliqué par la durée très
longue de traitement des dossiers au niveau des tribunaux. Dans la maison d’arrêt de Toliara, 92,9 %
des personnes de notre échantillon ne sont pas encore passées au jugement.
48
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Un exemple concret en rapport à cette lenteur dans le traitement des dossiers au niveau des tribunaux
a été relevé à Antananarivo car un homme incarcéré depuis 1994 a affirmé qu’il était jusqu’à
maintenant en attente de son jugement.
Tableau 25 - La situation des personnes incarcérées échantillons vis-à-vis du jugement.
À propos de ceux qui sont déjà condamnés, plus de 7 individus sur dix purgent une peine de plus d’un
an, que ce soit pour l’ensemble ou pour chacune des trois villes.
Tableau 26
Tableau 26 - - La durée de la sanction selon le verdict pour les condamnés
49
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Figure 8 - Graphique de la durée de la sanction selon le verdict pour les condamnés (données obtenues après des enquêtes
réalisées auprès de personnes ciblées et non lors d’un recensement
Nul n’ignore les différents problèmes, que vivent les personnes en milieu carcéral, évoqués dans les
médias. Ainsi, les principaux problèmes les plus soulevés sont le retard de jugement et les difficultés
d’obtention de libération conditionnelle.
Tableau 27 - Les principaux problèmes rencontrés en milieu carcéral
Différents besoins sont exprimés par les personnes incarcérées, parmi elles figurent l’aide pour pouvoir
bénéficier d’une libération conditionnelle, il s’agit du besoin principal des personnes incarcérées selon
notre étude. Ensuite, il y a la demande de grâce en second lieu et en troisième lieu, la demande de PIL.
Les personnes incarcérées ont besoin d’assistance, un besoin qui s’est fait ressentir directement lors
des visites auprès des maisons carcérales comme ce fut le cas :
50
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
problèmes financiers, pas de séparation entre adultes et mineurs, violences et abus en tout genre.
Plusieurs exemples viennent confirmer ces faits :
- à Tuléar, les toilettes utilisées par les personnes incarcérées ne possèdent même pas de portes
pour protéger leur intimité, une situation inacceptable ;
- confiscation de la nourriture, destinée aux incarcérés, par les agents pénitenciers ;
- absence d’eau potable depuis à peu près six (6) mois à Tamatave ;
- absence ou insuffisance de suivi, traitement et médicament comme ce fut le cas à Toamasina
où un détenu s’est plaint de n’avoir accès à aucun soin alors qu’il était gravement malade ;
- les enfants suivent souvent leurs mères en maison centrale et sont donc déscolarisés
Tableau 28 - Les aides demandées par les personnes incarcérées
Comme dans le milieu hors carcéral, les personnes incarcérées de l’échantillon ont eux aussi exprimé
leur volonté d’adhérer à la mutuelle. Ainsi, dans l’ensemble, 91,1 % d’entre eux souhaitent jouir des
services que la mutuelle peut offrir aux justiciables du milieu carcéral.
51
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
c) Les initiatives visant à améliorer l’accès à la justice :
Les avocats
1- Le pool d’avocats pour la défense des femmes et des enfants mineurs victimes
de violences (PADFEM) :
A Madagascar, parmi les personnes les plus vulnérables figurent les femmes et les enfants.
Effectivement dans notre pays, il n’est pas du tout rare de voir au sein de la société des femmes et des
enfants qui sont les victimes quotidiennes de violences sans que ces dernières soient portées ou
dénoncées au niveau des autorités compétentes et cela à cause de la pression exercée par la famille et
l’entourage, par le manque d’information ou tout simplement du fait du manque de moyen pour ester
en justice.
Une étude réalisée et publiée par le Gouvernement malgache et les Nations Unies en 2003 a démontré
que 20% des femmes seraient victimes d’abus commis par leurs conjoints16 et qu’en 2017, selon des
chiffres provenant du bulletin d’information sur la violence et les blessures des enfants à Madagascar
(données 2017 des CSB), 58.309 enfants victimes de violences ou de blessures ont été reçus en
consultation externe au niveau des centres de santé de base.
Convaincu du fait qu’il faut protéger les femmes et les enfants mineurs victimes de violences par des
conseils et un suivi personnalisé de leurs dossiers, un groupe d’avocat membre du barreau de
Madagascar a décidé de s’unir pour former le Pool d’Avocat pour la défense des femmes et des
enfants mineurs victimes de violences ou le PADFEM.
Il est important ici de préciser que ce groupement est composé uniquement d’avocat titulaire et leurs
rôles sont tout d’abord d’accueillir, écouter, orienter les victimes, ensuite de suivre le dossier depuis
l’enquête préliminaire jusqu’au tribunal et enfin de défendre les intérêts de la victime au niveau des
juridictions, tout cela gratuitement. Actuellement, le pool travaille au niveau du Tribunal de Première
Instance d’Antananarivo plus précisément à la maison du droit et des professions judiciaires tous les
mardis et jeudis à 12 heures au rez-de-chaussée17.
Cependant il est important de préciser que ces avocats ne prennent en main que les femmes et les
enfants victimes de violences qui ne peuvent véritablement pas se payer les services d’un conseil à
cause de leur situation complètement précaire.
16
Note de bas de page : 7 Rapport sur la violence à l’égard des femmes, Un état de lieux, République de
Madagascar et Système des Nations Unies, Mai 2003, p.56.
17
Note de bas de page : ÉTUDE REALISEE PAR LE PNUD INTITULEE “LES MÉCANISMES DE SUIVI DE L’ACCÈS À LA
JUSTICE” décembre 2014).
52
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
2- La commission d’office et les consultations gratuites octroyées par les avocats
stagiaires :
A Madagascar, lorsqu’on évoque le cas de la commission d’office, il faut tout de suite avoir en tête le
code de procédure pénale et plus précisément les articles 65, 68, 69, 228, 422 et 447 qui prévoient
cette possibilité en matière criminelle et pour les mineurs.
Il est important de préciser que dans la grande île, c’est le bâtonnier par l’intermédiaire de ses
délégués au niveau des sections qui désigne les avocats stagiaires qui devront s’acquitter de cette
obligation. Et cela en vertu de la loi de 2001-006 organisant la profession d’avocat.
En ce qui concerne les consultations gratuites, ces dernières sont toujours données par les avocats
stagiaires dans des kiosques qui se trouvent dans les juridictions.
Dans ce cas, les avocats stagiaires ne suivent pas les dossiers des justiciables en profondeur mais
octroient juste des conseils et des informations.
Selon les mots d’un avocat qui a voulu garder l’anonymat, « Actuellement, certains jeunes avocats
conçoivent la commission d’office et les consultations gratuites comme étant des corvées mais de
notre temps, on était convaincu que ces procédés nous permettaient d’engendrer de l’expérience et
d’élargir notre champ de compétence ».
De ce fait, on peut en conclure que les deux procédés expliqués plus haut, qui proviennent des avocats
favorisent réellement l’accès à la justice à Madagascar car ils permettent à des personnes vulnérables
d’être conseillées ou représentées en justice par des professionnels du droit.
Selon les dispositions de l’article premier de la loi numéro 2005-034 portant statut des huissiers de
justice et commissaires priseur de Madagascar : « Les Huissiers de Justice sont des officiers
ministériels chargés de la signification des actes judiciaires et extra judiciaires, de l'exécution forcée
des décisions judiciaires et des actes notariés, ainsi que du service intérieur des Cours et tribunaux en
tant qu'huissiers audienciers ».
Ainsi donc si on analyse cet article, on arrive à la conclusion que l’exercice de la profession d’huissier
s’articule principalement sur trois axes à savoir, la signification des actes judiciaires et extra judiciaire,
l’exécution forcée des décisions judiciaires et des actes notariés et enfin il est chargé d’assurer le
service intérieur des cours et tribunaux en tant qu’huissier audiencier.
A Madagascar, l’exercice de ce métier est régit par la loi 2005-034 qui a été adoptée par l’Assemblée
nationale et le Sénat en leur séance respective en date du 21 Décembre 2005 et du 22 Décembre
2005. En ce qui concerne leurs honoraires, ces derniers sont fixés par le décret n° 2012-038 relatif aux
tarifs des huissiers en matière civile et commerciale et des commissaires-priseurs de Madagascar.
Dans le cadre de l’accès à la justice, il est indéniable que les huissiers occupent une place importante
car dans un premier temps, ils octroient des conseils juridiques gratuits aux justiciables qui en ont le
53
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
plus besoin, dans un second temps, ils peuvent orienter les usagers de la justice dans leurs problèmes
juridiques ainsi que sur les procédures à suivre (A ce sujet, les huissiers de justice sont appelés des
experts en procédures) et enfin ils servent d’assistance juridique du fait des actes qu’ils rédigent.
Selon les dires de Maître RASAMIMAKA Mahefalahy, Président de la Chambre Nationale des Huissiers
de Justice et Commissaires-Priseurs de Madagascar les affaires les plus traitées par les Huissiers à
Madagascar, dans leur objectif de faciliter l’accès à la justice envers les justiciables sont les dossiers de
litiges fonciers (l’expulsion des occupants sans droits ni titre) et les problèmes de créances (Saisies
arrêts et conservatoires).
De ce fait, si on veut véritablement opérer un rapprochement entre les justiciables et la justice et
effacer cette phobie administrative qui est bel et bien présente chez la majorité des malgaches, on ne
peut pas négliger le cas des huissiers de justice qui sont des officiers ministériels qui travaillent au plus
près de la population.
Quant à ses recommandations pour améliorer la situation actuelle de l’accès à la justice à Madagascar,
le Président de la Chambre Nationale de dire que : « Personnellement, pour améliorer l’accès à la
justice dans notre pays, je pense qu’il faut combattre la corruption au niveau des juridictions, mettre
fin aux rabatteurs externes et internes, et enfin renforcer la collaboration entre les avocats et les
greffiers à l’égard des huissiers car il y a beaucoup trop d’intermédiaires avant que la décision de
justice arrive entre les mains de ce dernier ».
Les notaires
Le notaire est un Officier Public institué pour recevoir les actes auxquels les parties doivent ou veulent
conférer le caractère d'authenticité attaché aux actes de l'autorité publique, pour en assurer la date,
en conserver le dépôt et pour en délivrer grosses et expéditions18.
Plusieurs missions sont dévolues au notaire : authentifier les conventions des parties après les avoirs
rédigées et/ou en avoir vérifié la légalité, donner ses avis et conseils sans que cela n'entraîne
nécessairement la rédaction d'un acte, dans les limites de ses compétences et de ses attributions et
lorsqu'il en est sollicité; prévenir les conflits, assurer une magistrature du non contentieux, légaliser
des signatures apposées par des particuliers sur des documents sous seing privé, certifier la conformité
de copies à leurs originaux19.
Le notaire tient donc une place essentielle et non négligeable en matière d’accès à la justice car il agit
également à titre de conseiller des personnes qui font appel à son ministère20.
Des émoluments fixés par l’arrêté n°30.286/2011 du 17 octobre 2011 fixant le tarif des notaires de
Madagascar seront perçus par le notaire pour les différentes missions qu’il réalisera, il pourra en outre
demander des honoraires à son client pour les missions de conseil qu’il effectuera.
18
Article 3 de la LOI N° 2007-026 du 12 décembre 2007 portant Statut du notariat à Madagascar
19
Article 81 LOI N° 2007-026 du 12 décembre 2007 portant Statut du notariat à Madagascar
20
Article 3 de la LOI N° 2007-026 du 12 décembre 2007 portant Statut du notariat à Madagascar
54
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Cependant, le notaire pourra également agir de manière totalement gratuite lorsque la situation
l’exige comme le précise l’article 11 de l’arrêté précédemment cité qui précise que « Sont reçus
gratuitement les actes dressés dans l’intérêt des personnes admises au bénéfice de l’assistance
judiciaire. Les actes des indigents sont reçus gratuitement par le notaire sur présentation d’un
certificat d’indigence délivré par l’autorité compétente ».
Les notaires peuvent donc assister gratuitement les personnes indigentes. Une personne indigente est
définie comme étant une personne qui manque des choses les plus nécessaires21, il est fait référence
ici à une question de vulnérabilité économique22.
Au niveau des juridictions et dans le cadre de la mise en œuvre des procédures judiciaires, on ne peut
pas nier que les dépenses telles que les provisions, les frais d’avocats, d’experts, de huissier de justice
commissaire-priseur, de notaires pèsent sur les portefeuilles des justiciables.
Dans certains cas, l’importance des sommes d’argent nécessaire pour porter une affaire en justice
décourage bon nombre de personnes, surtout les plus vulnérables, et ils préfèrent garder leurs
problèmes entre eux et cela quel que soit la gravité de ces derniers.
Actuellement, à Madagascar, le manque de moyen financier des justiciables combinés aux coûts élevés
des frais de justice constituent un obstacle majeur à l’accès à la justice.
Dans l’objectif de remédier à cela, le Ministère de la justice a émis l’ARRETE N° 22579/2015 relatif à la
mise en œuvre du Décret n° 2009-970 du 14 juillet 2009 portant règlementation de l’assistance
judiciaire.
Cet arrêté a eu pour but de faciliter l’accès à la justice des justiciables les plus pauvres et les plus
nécessiteux en les dispensant de payer certains frais de justice.
La matérialisation de ce texte s’est concrétisée par la mise en place du bureau d’assistance judiciaire
plus connu sous le sigle BAJ.
A Antananarivo, cette entité a commencé à être opérationnelle en Février 2018.
Dans le cadre de ses fonctions, ce bureau est chargé dans un premier temps de recueillir les demandes
d’assistances, ensuite d’étudier ces dernières et enfin d’octroyer ou de refuser l’assistance.
Dans le cas où la demande est refusée, la décision du bureau n’est susceptible d’aucun recours et si
elle est acceptée, le Trésor Public, par l’intermédiaire du Service Frais de Justice Pénale et Assimilés,
paie pour le compte de l’assisté tous les frais de justices comme les provisions ou les frais d’avocats
21
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/indigent/42606
22
VULNERABILITE ET ACCES AU JUGE RAPPORT MADAGASCAR Par Faratiana ESOAVELOMANDROSO et
Lovamalala RANDRIATAVY Professeur de Droit privé et Professeur de Droit public Centre d’Etudes et de
Recherches Juridiques Faculté de Droit – Université d’Antananarivo (CEReJ) Madagascar
55
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
iii. Kiosque juridique
Parmi les problèmes qui existent au niveau des différents degrés de juridiction à Madagascar, et cela
depuis maintenant des années, figurent les rabatteurs. Ces derniers sont incontestablement néfastes
au bon fonctionnement et au bon développement de la justice à Madagascar car non seulement ils
escroquent les pauvres justiciables, qui sont pour la plupart déjà complètement perdus lorsqu’ils
arrivent au niveau des juridictions mais ils détruisent également la réputation des fonctionnaires au
niveau des tribunaux en usurpant leurs identités pour justifier leurs agissements envers leurs victimes.
De ce fait il n’est donc pas exagéré de dire que les rabatteurs sont les véritables plaies du système
judiciaire à Madagascar.
Justement, dans l’objectif de lutter contre ces forbans, le Ministère de la Justice et cela dans le cadre
de sa politique générale de lutte contre les rabatteurs à l’intérieur comme à l’extérieur des juridictions
a mis en place les Kiosques d’informations juridiques ou les KIJ dans tous les Tribunaux de Premières
Instances et les Cours d’Appel de la grande île.
Généralement, les personnes qui travaillent au niveau des KIJ sont des bénévoles et leur rôles
consistent à orienter les justiciables, à indiquer à ces derniers l’emplacement des bureaux ou des salles
d’audiences, à leur montrer les modèles des actes affichés, à renseigner les justiciables sur le montant
des provisions en matière civile et commerciale et enfin de les renseigner concernant les jours et
heures d’audiences des différents responsables23.
Dans l’exercice de leurs missions, les agents travaillants dans les kiosques sont soumis à quelques
restrictions, à titre d’exemple, ils ne peuvent s’immiscer sur le fond des dossiers, ils ne peuvent pas
donner leurs points de vues, procéder à des ingérences dans une procédure en cours, exercer des
professions judiciaires comme avocat, huissier de justice, greffier…et enfin, il leur est interdit de faire
part d’une relation privilégiée avec les acteurs de la justice24.
Par conséquent, on peut en déduire que les Kiosques d’informations juridiques constituent la pierre
angulaire du domaine de l’accès à la justice à Madagascar car ils servent de phares à l’égard des
justiciables qui peuvent se perdre dans les méandres des juridictions à cause de leur ignorance ou du
manque d’informations et d’orientations dans ces lieux.
Cependant, une étude qui a été réalisée par le PNUD ou le Programme des Nations Unies pour le
Développement en 2014, intitulée «LE MECANISME DE SUIVI DE L’ACCES A LA JUSTICE» a souligné le
fait que l’instauration des KIJ est une bonne initiative mais des améliorations devront être faites.
23
Etude réalisée par le PNUD intitulée : les mécanismes de suivi de l’accès à la justice, décembre 2014
24
Etude réalisée par le PNUD intitulée : les mécanismes de suivi de l’accès à la justice, décembre 2014
56
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
iv. Clinique juridique : TAZ Andohatapenaka
Conscient de l’importance de l’accès à la justice à l’égard de tous les citoyens sans distinctions et
convaincu que le développement d’un pays et de sa population passait incontestablement et
irrémédiablement par le rapprochement de la justice et du système judiciaire vers les justiciables et
surtout les plus démunis, le PNUD ou le Programme des Nations Unies pour le Développement, en
partenariat avec le Ministère de la Justice et de la population a lancé officiellement le 14 Aout 2007,
les cliniques juridiques « Trano aro zo ».
Depuis maintenant quatorze ans donc, les cliniques juridiques « Trano aro zo » font partie des
organismes malgaches qui travaillent tous les jours, au plus près de la population, et cela dans
l’objectif tout d’abord d’offrir à ces derniers, une structure de proximité pour régler leurs litiges
judiciaires, ensuite d’offrir aux personnes les plus vulnérables, une plateforme pour qu’ils puissent
connaitre leurs droits ainsi que les lois auxquelles elles sont assujetties et enfin les cliniques servent à
diffuser les principes généraux des droits humains sur l’ensemble du territoire national et cela même
dans les coins reculés. Selon les dires de Monsieur RANDRIANAIVO Didier, Développeur des activités
Clinique Juridique Andohatapenaka : « Je pense que les cliniques juridiques trano aro zo sont surtout
là pour désengorger les tribunaux à Madagascar surtout en ce qui concerne les contraventions ».
Il est important ici de préciser que nonobstant le fait que les cliniques juridiques sont liées au ministère
de la justice, ces dernières ne constituent cependant pas des degrés de juridictions et les conseils et
renseignements y sont donnés gratuitement.
A Madagascar, les lieux d’implantation des « Trano aro zo » sont Mananjary, Manakara, Farafangana,
Fort Dauphin, Antananarivo et enfin Tuléar. Celui de Tuléar a été inauguré précisément le 24 Août
2012 par Madame Fatma Samoura qui était à l’époque à la fois le coordinateur résident du système
des Nations Unies à Madagascar et le représentant résident du PNUD. En ce temps, elle a déclaré que :
« Le manque d’accès à la justice affecte l’efficacité de la lutte pour la réduction de la pauvreté et de la
gouvernance démocratique en limitant la participation, la transparence et la redevabilité »25
En ce qui concerne spécifiquement la clinique juridique « Trano aro zo » d’Antananarivo qui se trouve
à Andohatapenaka, selon toujours les mots de notre interlocuteur durant un entretien qui a été réalisé
le Mercredi 03 Mars 2021, ils sont actuellement trois juristes à y travailler alors qu’au début ils étaient
quatorze.
Toujours d’après lui, la majorité des cas traités par la clinique quotidiennement sont des affaires de
violences conjugales et de litiges fonciers et que depuis 2010, ils traitent environ 20 cas par jour.
En ce qui concerne les cas de violences conjugales, la clinique a pour principal rôle d’assurer la
conciliation entre les époux. A ce propos, une victime de violence conjugale prise en charge par «
25
Source :
https://www.mg.undp.org/content/madagascar/fr/home/presscenter/articles/tranoarozo.html#:~:text=Le%20Pr
ogramme%20de%20Nations%20Unies,1000km%20de%20Antananarivo
%20la%20capitale https://www.mg.undp.org/content/madagascar/fr/home/presscenter/articles/trano-
arozo.html#:~:text=Le%20Programme%20de%20Nations%20Unies,1000km%20de%20Antananarivo%20la%20ca
pi tale ).
57
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Trano aro zo » a déclaré que : « J’ai beaucoup souffert auparavant, mon mari me battait presque tous
les jours et me prive de son salaire. Etant une mère au foyer, je n’avais pas de quoi nourrir mes
enfants. La solution efficace était d’aller à la clinique judiciaire Trano Aro zo pour trouver une solution.
Actuellement, mon mari est devenu un mari modèle au sein de notre famille à cause des précieux et
multiples conseils du Trano aro zo »26.
Selon Monsieur RANDRIANAIVO, les principales difficultés rencontrées par le « Trano aro zo »
d’Antananarivo dans l’objectif de faciliter l’accès à la justice des justiciables dans leurs zones d’action
sont surtout d’ordre financier.
Quant à ses suggestions dans l’optique d’améliorer la situation actuelle, il a déclaré que
l’augmentation des cliniques juridiques dans tout le pays était obligatoire et que parallèlement à cela,
il fallait vulgariser la notion d’accès à la justice par des campagnes intensives à l’égard de la population.
Il a été relevé que durant l’année 2018, les personnes qui ont déposé plainte au niveau de la clinique
juridique étaient à majoritairement des femmes. En effet ces dernières étaient au nombre de 1975 et
que les hommes étaient seulement au nombre de 10927.
Au cours de l’année 2018, le trio de tête des affaires qui ont été le plus portées au niveau du « Trano
aro zo » d’Antohatapenaka Antananarivo sont tout d’abord les obligations alimentaires à hauteur de
1776, ensuite les COA (Conseil, orientation et accompagnement) à hauteur de 222 et enfin les conflits
conjugaux qui étaient au nombre de 8228.
Il a été relevé que durant l’année 2020, les personnes qui ont déposé plainte au niveau de la clinique
juridique étaient à majoritairement des femmes. En effet ces dernières étaient au nombre de 573 et
que les hommes étaient seulement au nombre de 32. Par rapport aux années précédentes, cette
26
Source : https://lexpress.mg/04/01/2019/violence-conjugale-trano-aro-zo-un-salut-pour-les-femmes/
Source : https://lexpress.mg/04/01/2019/violence-conjugale-trano-aro-zo-un-salut-pour-les-femmes/
27
Cf. voir tableau sur le sexe des plaignants de la clinique juridique 2018 en annexe
28
cf. voir tableau sur la nature des affaires portées devant la clinique juridique 2018 en annexe
58
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
diminution peut sans doute s’expliquer par le confinement qui a été appliqué à Madagascar du fait du
coronavirus et cela à partir du mois de mars 202029.
Concernant la nature des affaires durant l’année 2020 :
Au cours de l’année 2020, le trio de tête des affaires qui ont été le plus amenées au niveau du « Trano
aro zo » d’Antohatapenaka Antanaanrivo sont tout d’abord les COA (Conseil, orientation et
accompagnement) à hauteur de 273, ensuite les obligations alimentaires à hauteur de 272 et enfin les
conflits conjugaux qui étaient au nombre de 2030.
v. CAJAC – TI MG
29
cf. voir tableau sur le sexe des plaignants de la clinique juridique 2020 en annexe
30
cf. voir tableau sur la nature des affaires portées devant la clinique juridique 2020 en annexe
59
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
o Le CAJAC Santé, initié dans le cadre du projet intitulé TRAS ou Transparence et
Redevabilité pour l’Accès à la Santé, dédié à la lutte contre la corruption dans le
domaine de la santé. Ce dernier centre a été présenté au grand public en février 2021.
Des résultats ont été déjà obtenus, malgré sa création récente, car d’après les dires de
notre interlocuteur auprès de Transparency International, trois (3) cas de corruption
ont été recensés au niveau de la région Atsimo Andrefana.
Par ailleurs, une cellule de doléances a également été créée par Transparency International afin de
recevoir les doléances et plaintes. Dans un souci de cohérence, cette cellule de doléance est
actuellement intégrée au CAJAC.
A Madagascar, le Médiateur de la République est une institution à part, c’est-à-dire qu’elle a été
instituée distinctement des autres institutions de l’Etat que sont l’organe exécutif caractérisé par le
Président de la République et le Chef du Gouvernement, l’organe législatif représenté par l’Assemblée
Nationale et le Sénat et enfin l’organe judiciaire qui est matérialisé par la Haute Cour
Constitutionnelle. A ce sujet justement, un article de Juriscope sorti en 1998 affirme que « Le
Médiateur est une autorité spécifique de caractère « sui generis » bénéficiant d'un statut
d'indépendance fonctionnelle »31
Cette institution ô combien particulière, a vu le jour dans notre pays en 1992 sous le régime du
Président Zafy Albert qui était à l’époque le Président de la Haute Autorité de l’Etat. Sur le point de vue
juridique, l’avènement de la Médiature de la République s’est caractérisé par l’ordonnance n° 92-012
du 12 Avril 1992 qui a été ratifiée par le Président de l’époque par délibération n°
92042/HAE/RAT.ORD du 19 Octobre 1992.
Ainsi donc, si l’on se refaire aux dispositions de l’ordonnance n° 92-012, plus précisément à l’article
cinq, la principale mission de l’institution est de recevoir les réclamations venants des personnes
physiques concernant les disfonctionnements des administrations au niveau de l’Etat. A cet effet,
l’article 5 de l’ordonnance dispose que : « Toute personne physique qui estime, à l’occasion d’une
affaire la concernant, qu’un organisme visé à l’article premier n’a pas fonctionné conformément à la
mission de service public qu’il doit assurer, peut, par une réclamation individuelle, demander que
l’affaire soit portée à la connaissance du médiateur ».
Par conséquent, on peut donc en déduire que le Médiateur occupe une place considérable dans le
domaine de l’accès à l’administration en général mais qu’en est-t-il de sa responsabilité concernant
l’accès à la justice ?
A cette question, Monsieur RANAIVOSON Mamy Harivelo, chef de service des affaires juridictionnelles
à la Médiature a répondu que « En ce qui concerne le monde de la justice, notre domaine
d’intervention est assez réduit car nous ne pouvons que demander l’accélération des procédures ». Les
dires du responsable sont par ailleurs renforcés par l’article 10 de l’ordonnance n° 92-012 qui dispose
31
Juriscope 1998 : Le statut du médiateur de la république ou de l’équivalent ».
60
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
que : « Le Médiateur ne peut intervenir dans une procédure engagée devant une juridiction, sauf pour
en accélérer le cours lorsqu’il y a risque de déni de justice dû à une lenteur excessive. En aucun cas, il
ne peut remettre en cause le bienfondé d’une décision juridictionnelle ».
Par conséquent, on peut en déduire que la Médiature de la République ne travaille pas spécifiquement
dans le domaine de l’accès à la justice car les personnes qui ont recours à leurs services sont
véritablement et incontestablement des gens qui sont déjà intégrés dans l’appareil judiciaire mais dans
ce cas, l’institution est juste là pour débloquer leurs situations au niveau des juridictions en cas de
lenteurs excessives des procédures.
Cependant, notre interlocuteur de rajouter que parfois, la Médiature effectue des tournées dans
l’objectif de faire connaitre aux citoyens leurs droits par exemple dans le domaine foncier.
Dans le cadre de la lutte pour faciliter l’accès à la justice à Madagascar, les membres de la
société civile occupent une place importante. Leur importance dans ce domaine peut
s’expliquer par le fait que dans l’accomplissement de leurs missions, ils ne sont soumis à
aucune pression politique et donc ils peuvent être les véritables représentants et les portes
paroles de la société et surtout des personnes les plus vulnérables.
Parmi les OSC qui travaillent dans le domaine de l’accès à la justice dans notre pays, figure l’ACAT
MADAGASCAR.
Avant de présenter l’association à Madagascar, essayons tout d’abord d’expliquer brièvement
l’historique de l’ACAT à l’international.
L’organisation est née en 1974 par Helene Engel et Edith du Terte à la suite d'un témoignage du
pasteur Vaudois, un Italien qui a révélé les tortures subies par les prisonniers politiques au Vietnam.
Elles décidèrent d'agir pour venir en aide à leurs frères et sœurs victimes de tortures ou en danger en
se tournant vers les traditions chrétiennes et en faisant appel à des personnalités des églises
catholiques romaines, orthodoxes et protestantes. C'est à l'issue de cela qu' a été créée la FIACAT qui
est un réseau indépendant de chrétiens unis pour l'Abolition de la Torture et de la peine de mort. C'est
une organisation internationale non gouvernementale de défense des droits humains qui regroupe
une trentaine d'associations nationales qui sont les "ACAT"32.
Au niveau national, L’ACAT Madagascar a été créée en 1997 à l’initiative du Pasteur JeanClaude
Leveille, du Procureur General RAMANITRA Victor Président du Conseil Presbytéral de la Paroisse
internationale FJKM D’Andohalo, de Me Maria Raharinarivonirina, Paroissienne de la même Paroisse
Internationale, des Soeurs MAMRE, de l’aumônerie catholique des prisons (ACP) et de plusieurs autres
chrétiens engagés dans la protection des droits de l’homme. L’ACAT Madagascar est affilié à la
Fédération internationale des ACAT qui bénéficie du Statut consultatif auprès des Nations Unies
32
Source : ACAT MADAGASCAR
61
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
(ONU), du Statut participatif auprès du Conseil de l’Europe et du Statut d’Observateur auprès de la
Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). La FIACAT est également
accréditée auprès des instances de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Concernant les activités de l’association, ces dernières sont axées sur les domaines suivants : Tout
d’abord il y a la lutte contre la torture et les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et
ensuite il y a le fait de travailler pour l’abolition de la peine de mort.
Et plus précisément, l'ACAT MADAGASCAR voudrait attirer l'attention de tous sur les points suivants:
-La prohibition de la Torture suivant l'article 7 de la constitution (que ça soit la violence à l'encontre
des femmes, domestique,...)
-Le droit à la vie à travers des actions pour l'Abolition de la peine de mort suivant l'article 6 de la
constitution
-L'amélioration des conditions de détention suivant l'article 10 de la constitution.
Et c'est exactement dans le souci d'améliorer les conditions des détenus que la FIACAT et l'ACAT
MADAGASCAR ont élaboré un projet de lutte contre la détention préventive et abusive, qui a déjà
commencé en 2017 par une première phase et soutenue pour une deuxième phase jusqu'en 2023
pour prévenir la Torture et autres mauvais traitements au sein des deux prisons à Madagascar qui sont
la MC Antanimora et Ambalatavoahangy et cela grâce à l'accélération des procédures visant à juger,
dans les délais légaux, les prévenus.
En ce qui concerne l’accès à la justice proprement dite, l’ACAT possède également une clinique
juridique qui a été instituée dans l’objectif d’octroyer aux justiciables qui n’ont pas les moyens de se
payer les services d’un avocat, des conseils juridiques et une orientation dans le cadre des procédures
judiciaires les concernant.
Et par rapport à ses recommandations, notre source de dire que : « Si on veut que tous les malgaches
sans distinction aient un accès à la justice, il faudrait que toutes les institutions publiques et privées
mettent la main à la pâte et travaillent ensemble ».
62
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
63
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
4. RECOMMANDATIONS SUR L’ACCES A LA JUSTICE
De prime abord, il y a lieu d’attirer l’attention sur la principale difficulté relative à la réalisation de
cette étude : il s’agit de la disponibilité de données statistiques détaillées et de qualité sur les
activités des juridictions. En effet, que ce soit au niveau des juridictions ou du Ministère, les données
sont souvent incomplètes, non satisfaisantes voire inexistantes.
Le suivi de la situation des dossiers au niveau des juridictions de Madagascar fera l’objet
prochainement selon le Ministère d’un meilleur suivi à travers la mise en place d’un nouveau canevas
statistique. Ce dernier devrait faciliter l’analyse des types d’affaires et de la nature des affaires
portées devant les juridictions.
Les États-Unis quant à eux ont mis en place un programme d’évaluation des cours de justice à partir
de 1992 : Trial Court Performance Standards and Measurement System (T.C.P.S). Dans ce
programme, cinq critères ont été mis en place pour évaluer l’accès à la justice : la sécurité,
l’accessibilité et la commodité, la participation effective, la courtoisie et le respect, le caractère
raisonnable des coûts d’accès35.
33
Art 13 de la Constitution
34
Qualité de la Justice et évaluation des Tribunaux de Grande Instance, Rapport présenté par Hubert DALLE,
Président du TGI d’Evry, Mars 2001, page 6
35
Qualité de la Justice et évaluation des Tribunaux de Grande Instance, Rapport présenté par Hubert DALLE,
Président du TGI d’Evry, Mars 2001, page 6
64
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
En France, le rapport sur la qualité de la Justice et l’Évaluation des TGI préconise cinq indicateurs
pour mesurer l’accès à la justice : Nombre d’affaires civiles nouvelles au fond, Nombre de jugements
correctionnels, Nombre de magistrats, Nombre d’avocats, Nombre de décisions d’aide
juridictionnelle. À cela s’ajoute d’autres indicateurs comme : Nombre de tribunaux d’instance,
nombre d’établissements pénitentiaires : Nombre établissements / Nombre de places36.
Dans le cadre de notre étude, nous nous inspirerons de certains des critères cités ci-dessus, et ce en
fonction des données disponibles auprès des juridictions et du Ministère de la Justice.
Qui doit garantir l’accès à la justice ? C’est l’État à travers les politiques qu’il met en place :
Politique générale de l`État, Politique sectorielle du Ministère de la Justice, Budget alloué à la
Justice…
La PGE ou PEM a pour vision « Faire de Madagascar un pays émergent en l’espace de 4 ans ». Le
secteur de la Justice apparaît dans 02 Velirano, à savoir : Engagement 1 : Paix sociale et sécurité et
Engagement 3 : Lutte contre la corruption et justice équitable.
Suivant le Décret n° 2019-070 du 6 février 2019 fixant les attributions du Garde des Sceaux, Ministre
de la Justice, ainsi que l’organisation générale de son Ministère, la mission assignée au Ministère de
la Justice est « d’assurer la primauté du droit, de promouvoir l’accès à la Justice et de veiller à ce que
l'administration de la justice soit digne de confiance, intègre et respectueuse des droits humains ».
La Politique sectorielle de la Justice 2015-2019 a pris fin et devrait être remplacée par une nouvelle
qui est encore en cours d’élaboration. Cette nouvelle politique sectorielle devrait avoir pour objectif
stratégique (OS2) : asseoir une justice accessible garante de l’État de droit et respectueuse des Droits
humains. Elle se focalisera entre autres sur la promotion d’une justice plus accessible et plus
rapprochée de la population.
L’accès à la Justice est donc effectivement prévu dans les politiques de l’État malagasy, mais qu'en
est-il de la réalité ?
36
Qualité de la Justice et évaluation des Tribunaux de Grande Instance, Rapport présenté par Hubert DALLE,
Président du TGI d’Evry, Mars 2001, page 6
65
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Les réalités sur l’accessibilité à la justice à Madagascar
La Constitution de la République attribue l’exercice de la fonction juridictionnelle à la Cour Suprême,
aux Cours d’Appel et aux juridictions qui leur sont rattachées ainsi qu’à la Haute Cour de Justice37. Ce
système judiciaire malgache se doit d’être indépendant, être efficace et mériter la confiance des
justiciables.
66
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Sur le territoire de la République de Madagascar, il existe 42 Tribunaux de Première Instance,
06 Cour d’appel, 01 Cour de Cassation, 06 Tribunaux administratifs et 01 Conseil d’Etat, 06 Tribunaux
financiers et 01 Cour des comptes, et tout récemment 02 Pôles anti-corruption. La Cour Suprême est
la juridiction suprême chargée de veiller au fonctionnement régulier de ces juridictions inférieures38.
Nous exclurons dans le cadre de cette étude l’accès aux avocats, huissiers, notaires, OPJ… et nous
nous focaliserons sur les juridictions et les établissements pénitentiaires.
Comme nous l’avons évoqué précédemment, il existe aujourd’hui 42 TPI fonctionnels à Madagascar
pour 119 Districts. L’idéal serait au minimum d’avoir un TPI par District43.
Ce nombre est très insuffisant, et a pour conséquence de faire de nombreux kilomètres aux
justiciables résidant dans des lieux éloignés sans compter les va-et-vient en cas de renvoi, d’oubli de
pièces… Un coût de déplacement élevé qui peut affliger gravement le portefeuille de ces derniers.
De même pour les autres ordres et degrés de juridictions : 06 Tribunaux administratifs, 06 Tribunaux
financiers, 06 Cours d’Appels et une Cour Suprême. Seuls ceux qui auront les moyens financiers
suffisants pourront accéder à ces juridictions. Ex. : les justiciables du TPI de Morondava qui
souhaitent faire appel de leur dossier doivent faire le détour par Antsirabe et Fianarantsoa avant
d’arriver à la Cour d’Appel de Toliara.
Il est ici proposé de prévoir un mécanisme de réception au niveau des TPI des affaires dont on veut
faire appel ou cassation, de laisser le soin au TPI d’enregistrer et de transmettre les pièces et de
communiquer les résultats aux parties.
Il y a lieu de signaler que pour remédier à cette insuffisance des tribunaux, la PSJ prévoit une
augmentation du nombre des tribunaux à travers le Projet Justice de proximité et également le
38
Art premier LOI N° 2004-036 du 1er octobre 2004 relative à l'organisation, aux attributions, au
fonctionnement et à la procédure applicable devant la Cour Suprême et les trois Cours la composant 43 En
effet, sur le plan international, la norme est d’une juridiction pour 100.000 habitants. La France par exemple
compte 1 tribunal pour 100.000 habitants. Ce ratio est de 1,4 pour 100 000 habitants en Allemagne, 1,7 en
Espagne et 2,3 en Italie. Pour le cas de M/car, nous en sommes à 0,16 juridictions pour 100.000 habitants.
67
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
recours aux Modes Alternatifs de Règlement de Litige (MARL) par la mise en place des cliniques
juridiques.
Les bâtiments des TPI sont souvent anciens et devraient faire l’objet de rénovation. Le personnel
judiciaire travaille dans des espaces étroits et doit se mettre à 3 ou 4 dans un même bureau. Cette
vétusté et exiguïté ont non seulement un impact sur la motivation et l’humeur du personnel, mais
compromettent également le secret de l’information dans le traitement des dossiers des justiciables.
Les salles d’audience sont insuffisantes en nombre d’où le recours à des dates de renvoi souvent
éloignées qui doivent prendre en compte la disponibilité des salles. Or des dates de renvoi plus
rapprochées devraient permettre d’accélérer le traitement d’un dossier.
De plus, de nouvelles dispositions du code de procédure civile prévoient le recours au juge de la mise
en état et si cette procédure est effectivement appliquée, cela devrait permettre d’accélérer le
traitement des dossiers.
La question de l’accès au droit constitue l’une des principales problématiques de l’accès à la justice :
le fonctionnement du tribunal est-il clair ? Il est constaté que l’accès des citoyens aux documents de
l’État est encore limité, et que leurs droits et obligations sont souvent méconnus.
La non-compréhension des démarches et procédures à suivre auprès des tribunaux figure parmi les
principaux obstacles cités par les personnes enquêtées. D’autant plus que pour le cas particulier
d’Antananarivo, le bâtiment du TPI constitue un véritable labyrinthe et les justiciables avaient eu
beaucoup de difficultés à s’orienter et à trouver les bureaux qu’ils recherchaient.
Pour y remédier, il est prévu dans la PSJ le recours aux kiosques d’information qui orienteront les
justiciables à l’accueil et à des séances de vulgarisation juridiques et diffusion du droit des citoyens,
des émissions radiophoniques et télévisées…
39
PAJMA : Projet d’Appui à la Justice à Madagascar. C’est un projet financé par l’Agence Française de
Développement d’un montant de 5 millions d’Euros et pour une durée de 4 ans. 45 PAJMA
68
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
L’ordre des avocats contribue également à cette activité par le biais des consultations gratuites qu’il
effectue au niveau des tribunaux.
La mise en ligne de textes juridiques couramment utilisés devant les juridictions est également
prévue par l’un des projets du Ministère à travers la création d’une bibliothèque numérique qui
inclura également les jurisprudences, les conventions internationales ratifiées par Madagascar, les
circulaires et les dina homologués45.
Le concours d’excellence entre les juridictions a enfin permis au BCCJEP40 d’inciter les juridictions à
afficher au public les différentes procédures, des modèles de demande, les coûts des actes au niveau
du Tribunal. Sur ce dernier point, il avait été constaté que le montant fixé pour une même catégorie
de litige variait d’une juridiction à une autre. Un effort a été entrepris par le Ministère de la Justice en
uniformisant le coût des procédures judiciaires à travers une circulaire émise en 202041.
L’analyse des coûts de la justice et la recherche de méthodes pour une meilleure allocation des
moyens judiciaires constitue une problématique à laquelle de nombreux Etats ont déjà consacré de
nombreuses études42.
La détermination du coût de la justice ne se limite pas aux provisions et frais que les justiciables
doivent payer au Tribunal43. En effet, il inclut également les moyens mis à la disposition de la Justice
par l’Etat pour la réalisation de ses missions.
v. Digitalisation et informatisation
40
Bureau de Coordination et de Contrôle des Juridictions et des Etablissements Pénitentiaires
41
cf. annexe : montant des provisions
42
Approche méthodologique des coûts de la justice - décembre 2018 - Cour des comptes - www.ccomptes.fr -
@Cour des comptes – page 90
43
Certains points sur le coût d’accès au tribunal ont déjà été abordés dans un paragraphe précédent.
69
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
- Logiciel LTA-JCOM (Logiciel de traitement automatisé des affaires commerciales) au niveau
du Tribunal de commerce d’Antananarivo
- Logiciel ILO pour les Tribunaux administratifs et INFO-TF pour les Tribunaux financiers
- Logiciel Info TPI pour les Tribunaux de première instance. Après un prétest au TPI de
Vatomandry, le Ministère de la Justice procède aujourd’hui avec le projet « Ny Fanjakana ho
an’ny Daholobe » (NFD) financé par l’Union Européenne à sa mise en place progressive dans
différentes régions de l’Ile à savoir TPI Antananarivo, TPI Toamasina et TPI Mahajanga. C’est
un logiciel de traitement des affaires pénales qui a pour objectif d’améliorer l’administration
de la justice pénale et de limiter au maximum les possibilités de corruption à chaque étape
du traitement d’un dossier44.
Précisions obtenues auprès de Monsieur Marcel RAMANANTSOA, chef de projets et Expert IT, en
charge de la digitalisation et de l’information au niveau du ministère de la Justice, les différents
projets de digitalisation et d’informatisation ont été établis afin d’avoir une base de données fiable
pour pouvoir tracer les différentes affaires traitées, éviter les pertes de pièces mais également
changer l’image des documents administratifs par l’intermédiaire de l’adoption d’une nouvelle
identité visuelle. Le prétest évoqué préalablement réalisé à Vatomandry pour la mise en place du
logiciel Info TPI a permis d’obtenir des résultats conséquents car la juridiction est passée de 900
dossiers traités par an à 2400.
Comme il a été évoqué précédemment, la digitalisation et l’informatisation contribuent grandement
à la lutte contre la corruption car la fréquence des rencontres directes entre l’agent et l’usager seront
considérablement réduits par l’intermédiaire de la déshumanisation des relations qui conduira vers la
question de l’automatisation.
D’autres projets en matière de digitalisation sont prévus par le Ministère de la Justice comme le
projet d’informatisation des greffes de la Maison Centrale de Toamasina à travers le projet PAJMA.
Il sera question dans cette partie de déterminer si les juges à Madagascar sont accessibles.
On compte aujourd’hui 987 magistrats des 3 ordres dans tout Madagascar. 668 de ces magistrats
sont de l’ordre judiciaire et 100 d’entre eux sont en dehors des juridictions45. Il ne reste donc plus
que 568 magistrats judiciaires qui se répartissent en : 369 magistrats du siège et 199 magistrats du
parquet.
44
https://www.capdatasoft.com/informatisation-des-tribunaux/
45
Ces magistrats sont en service auprès du Ministère de la Justice ou en détachement ou en formation…
70
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Tableau 30- Nombre de magistrats judiciaires par rapport à la population
Tableau 31 - Nombre de magistrats par rapport à la population dans les zones d'interventions
46
Vu sur le site https://www.leconomistedufaso.bf/2014/07/21/justice-25-magistrats-pour-100-000-habitants/
et in « Le juge, le justiciable et les pouvoirs publics : pour une appréciation concrète de la place du juge dans les
systèmes politiques en Afrique » par ALIOUNE BAD ARA FALL Maître De Conférences. Directeur-Adjoint Du
CERDRADI Université Montesquieu-Bordeaux Iv, page 366 sur le site
https://bibliotheque.auf.org/doc_num.php?explnum_id=594 consulté le 08 mars 2021
47
En Europe, la norme est de 20,92 juges pour 100.000 habitants.
https://www.lesechos.fr/2010/10/lenombre-de-juges-par-habitant-en-france-est-parmi-les-plus-
faibles-deurope-433994 Vu sur le site https://www.leconomistedufaso.bf/2014/07/21/justice-25-
magistrats-pour-100-000-habitants/
48
Approche méthodologique des coûts de la justice - décembre 2018 - Cour des comptes - www.ccomptes.fr -
@Cour des comptes, page 16
49
https://www.lesechos.fr/2010/10/le-nombre-de-juges-par-habitant-en-france-est-parmi-les-plus-
faiblesdeurope-433994
50
Voir en annexe 12 la liste des Districts du ressort des juridictions concernées
71
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Des données ci-dessus, nous pouvons extraire les ratios suivant pour 100.000 habitants :
- Pour le TPI Antananarivo : 2.08 juges et 0.95 parquetiers pour 100.000 habitants
- Pour le TPI Toamasina : 1.37 juges et 0.62 parquetiers pour 100.000 habitants
- Pour le TPI Toliara : 0.47 juges et 0.28 parquetiers pour 100.000 habitants
Tribunal de Première
Instance
Nombre de
Population56 Nb de Nb de
Magistrats du Magistrats du
siège parquet
TPI 2,08 Juges pour 100.000
3 254 549 68 31
Antananarivo 0,95 parquetiers pour 100.000
1,37 Juges pour 100.000
TPI Toamasina 800 374 11 05
0,62 parquetiers pour 100.000
0,47 Juges pour 100.000
TPI Toliara 1 042 335 05 03
0,28 parquetiers pour 100.000
Il ressort de ces tableaux que le nombre de juges à Madagascar est largement insuffisant par rapport
au nombre de la population malgache. L’augmentation du nombre de magistrats est donc vivement
recommandée. Cela étant, il faut faire attention à ce que cet impératif de recrutement ne réduise pas
le niveau des futurs élèves admis aux concours d’entrée dans la magistrature.
Sur les 42 TPI existants à Madagascar, certaines localités sont considérées « moins attractives » que
d’autres et les magistrats rechignent souvent à les rejoindre. Outre les questions de commodités, de
scolarité des enfants et d’infrastructures sanitaires, les affectations dans des juridictions dites
reculées aussi sont perçues comme des sanctions disciplinaires.
On constate ainsi que certaines juridictions sont bien mieux pourvues que d’autres comme celui
d’Antananarivo et que d’autres le sont moins. Selon les dires de certains magistrats que nous avons
interviewés, la répartition des magistrats à leur sortie de l’école devrait en principe se faire en
fonction de leur rang de sortie. Cela n’empêche cependant pas ceux qui en ont l’opportunité
d’exciper les motifs du rapprochement familial ou des problèmes de santé, pour échapper à une
affectation qui ne les conviennent pas. L`inverse est également vraie si par principe les magistrats
sont inamovibles et ne peuvent être affectés sans leur consentement, il est notoirement connu que
le CSM n`hésite pas à user et abuser du prétexte de nécessité de service pour justifier une affectation
d`un magistrat.
72
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Cela étant, il y a également lieu de constater qu’actuellement la prise en charge des affectations (frais
de déménagement et transport) des magistrats n’est pas effective. Des améliorations en ce sens
doivent être effectuées afin d’inciter les nouvellement affectés à rejoindre leur poste. Et pourquoi ne
pas aussi prendre exemple sur le système français en prévoyant une indemnité spéciale
d’éloignement.
Il est ici à signaler que le Ministère de la Justice travaille aujourd’hui avec le projet PAJMA à
l’élaboration de critères objectifs d’évaluation des magistrats et des greffiers. Ces critères seront pris
en compte pour l’affectation et la nomination de ces personnels judiciaires.
Pour déterminer la productivité des magistrats et par voie de conséquence la performance d’une
juridiction, nous nous baserons sur deux indicateurs : le stock d’affaires en instance et le délai de
traitement des affaires. Selon les statistiques ci-dessous recueillis auprès du Ministère de la Justice,
on constate une baisse de la performance des magistrats dans l’évacuation des dossiers.
73
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Tableau 33 - Statistique des dossiers traités au niveau des Cours et Juridictions
L’insuffisance des moyens humains, matériaux et financiers mis à disposition des juridictions peut en
partie expliquer le stock élevé d’affaire en instance. Mais d’autres facteurs devraient également être
pris en compte comme la compétence des magistrats ou l’existence de corruption dans le secteur de
la Justice.
La question relative à l’indépendance de la justice est maintes fois soulevée, il s’agit d’un problème
récurrent qui ne trouve pas de solution jusqu’à maintenant.
Cette absence d’indépendance de la justice possède comme principale source la non reconnaissance
de l’autorité judiciaire désignant l’ensemble des magistrats, des juridictions et des organes
concourant à l’exercice du pouvoir de juger.
Pour que cette indépendance soit donc effective, des mesures doivent être prises :
- Indépendance financière de la justice : il faut que chaque juridiction puisse disposer de son
propre budget de fonctionnement afin de ne plus dépendre du bon vouloir de l’exécutif ;
- Appuyer le ministère et les juridictions sur la fourniture en matériaux, amélioration de la
condition de travail des magistrats et du personnel concerné, améliorer la condition de vie
des magistrats
-
v. Cas particulier des juridictions administratives
Pour le cas des juridictions administratives, un très faible taux de fréquentation a été observé lors des
descentes sur terrain. De ce fait, il a été très difficile de réaliser des enquêtes auprès des justiciables et il a donc
fallu prioriser les entretiens avec les différents Chefs de juridiction afin d’obtenir des données suffisantes et
satisfaisantes :
74
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
- auprès du tribunal administratif d’Antananarivo pour 2019, 529 dossiers ont été enregistrés
pour un ratio de 236 dossiers jugés et 293 en instance. Pour 2020, 549 dossiers ont été
enregistrés pour un ratio de 350 dossiers jugés et 199 en instance 51;
- auprès du tribunal de Toamasina, 306 cas ont été enregistrés pour l’année 2020, pour un
ratio de 242 affaires jugées et 55 encore en instance52 ;
- auprès du tribunal de Toliara, 337 dossiers ont été enregistrés pour 2020 avec un ratio de
294 affaires jugées et 43 en instance53.
Les détails concernant les types de dossier traité n’ont pas été disponibles pour le tribunal
administratif d’Antananarivo car seules les données sur les affaires entrantes et sortantes ont été
établies54.
Pour le cas de Toliara, les dossiers traités sont divisés en plusieurs catégories55 :
- en matière électorale où 271 affaires ont été enregistrées, 262 ont été jugées et 09 sont
encore en instance ;
- en matière d’affaire générale, 59 dossiers ont été enregistrés, 25 ont été jugés et 34 sont
actuellement en instance ;
- en matière de référé, 04 dossiers ont été enregistrés et par la suite jugés ; - en matière d’avis,
03 cas ont été enregistrés et jugés.
Pour le cas du Tribunal administratif de Toamasina, les données obtenues ont été beaucoup plus
détaillées56 :
- pour le cas du sursis à exécution, 14 dossiers ont enregistrés au titre de l’année 2020 pour un
ratio de 5 demande de sursis à exécution accordée, 5 rejetée, 3 non-lieux et 1 affaire au
cours de laquelle la Cour s’est déclarée incompétente ;
- 111 dossiers en matière d’annulation ont été enregistrés pour un ratio de 49 affaires jugées,
9 jonctions et 53 encore en instance ;
- 44 dossiers en matière de vacance de siège pour un total de 43 affaires jugées et une affaire
encore en instance ;
- 01 affaire en matière de tierce opposition, une affaire a été enregistrée et est encore en
instance ;
- pour les contentieux électoraux, 136 dossiers ont été enregistrés pour 136 dossiers jugés
51
Cf voir tableau sur les statistiques des affaires années 2019-2020 auprès du tribunal administratif
d’Antananarivo en annexe
52
Cf voir tableau sur les statistiques des dossiers de droit commun durant l’année 2020 pour le tribunal
administratif de Toamasina en annexe
53
Cf voir tableau sur l’état annuel des affaires au greffe du tribunal administratif de Toliara année 2020 en
annexe
54
Cf voir tableau sur les statistiques des affaires années 2019-2020 auprès du tribunal administratif
d’Antananarivo en annexe
55
Cf voir tableau sur l’état annuel des affaires au greffe du tribunal administratif de Toliara année 2020 en
annexe
56
Cf voir tableau sur les statistiques des dossiers de droit commun durant l’année 2020 pour le tribunal
administratif de Toamasina en annexe
75
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Les contentieux électoraux tiennent une place importante dans la liste des affaires enregistrées
auprès des juridictions administratives car ces dernières sont les seules habilitées à statuer sur ces
litiges.
L’existence, les attributions des juridictions administratives restent très peu connues, un constat
confirmé par le très faible nombre de dossiers administratifs traités relevés lors des enquêtes auprès
des trois (3) zones d’action qui ne sont qu’au nombre de quatorze (14) alors que les autres litiges
représentent en totalité 61457.
Pour pallier à ce problème, des campagnes de sensibilisation sont réalisées par les tribunaux de
l’ordre administratif.
Figure 11- Carte des DRAP et MC de Madagascar (Source: Site du Ministère de la Justice)
57
Cf voir Tableau Error! Main Document Only. - La nature des affaires portées en justice
76
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Il existe actuellement 22 DRAP à Madagascar dont 17 fonctionnels. Sur les 83 établissements
pénitentiaires, on dénombre 04 Maisons de Force, 42 Maisons centrales, 51 Maisons de sûreté, 2
centres de rééducation.
Sur la question de la population carcérale, les statistiques obtenues auprès des maisons centrales des
trois (3) zones d’action ont permis de savoir que :
- Pour l’année 2020, 1432 personnes incarcérées à Antanimora disposent de la qualité de
condamné, ce qui veut dire que leurs affaires ont été déjà jugées, 2338 disposent de la
qualité de prévenu pour un ratio de 37,98% condamnés et 62,02% prévenus ;
- Pour le cas de la maison centrale de Toamasina, 717 personnes incarcérées disposent de la
qualité de condamné tandis que 364 sont des prévenus. Le ratio obtenu est donc de 66,33%
de condamnés pour 33,77% de prévenus ;
- Pour le cas de la maison centrale de Toliara, 363 ont été condamnés et 438 sont des
prévenus, pour un ratio de 45,32% de condamné et 54,68% de prévenu.
Diverses voies de recours sont mises à la disposition des personnes incarcérées et les statistiques
obtenues ont permis de connaitre les détails concernant lesdites voies de recours intentées :
- Pour le cas de la maison centrale d’Antanimora, il a été recensé 178 cassationnaires, 42
appelants et 08 opposants ;
- Pour le cas de la maison centrale de Toamasina, 60 cassationnaires ont été recensés contre
17 appelants, il n’y a pas eu d’opposition ;
- Pour le cas de la maison centrale de Toliara, il y a eu 57 cassationnaires, 18 appelants et pas
d’opposant
Il est utile de rappeler que le Ministère de la Justice s’est fixé comme principal objectif d’atteindre le
ratio de 60 condamnés et 40 prévenus. Un objectif presque atteint à Toamasina, ce qui n’est pas du
tout le cas pour Antananarivo et Toliara.
Un Effort du Ministère de la Justice, à travers une Cellule de Veille Stratégique qui est chargée de
suivre auprès des juridictions l’évolution du ratio condamnés/prévenus et d’émettre des
recommandations en vue de son amélioration, a pu être apprécié.
Plusieurs droits sont reconnus aux personnes en détention, dont les principaux sont :
- Droit à l’intégrité physique et morale ;
- Droit à des conditions de vie appropriées ;
77
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
- Droit à une alimentation adéquate et à un approvisionnement suffisant en eau potable ; -
Droit à la santé des détenus
Malheureusement, ces droits ne sont majoritairement pas respectés à Madagascar car les personnes
en détention vivent dans des conditions déplorables.
Nous assistons actuellement à une surpopulation carcérale car la capacité d’accueil des maisons
centrales est largement dépassée.
Malgré cette situation assez désastreuse, le Ministère de la Justice travaille activement pour
améliorer les conditions de vie des personnes en détention par l’intermédiaire de la Direction
Générale de l’Administration Pénitentiaire qui a pour mission :
- assurer la prise en charge des personnes privées de droits de liberté
- étudier et mettre en œuvre des réformes en matière pénitentiaire ;
- assurer l’éducation surveillée des mineurs ;
- développer et mettre en œuvre une politique de préparation à la réinsertion sociale et de
lutte contre les évasions ;
- développer et mettre en œuvre une politique en matière de la sécurité des établissements
pénitentiaires ;
- assurer l’administration territoriale pénitentiaire ;
Lors des enquêtes sur terrain, il a été relevé que les personnes incarcérées avaient des besoins et des
attentes notamment sur les différentes demandes de liberté58.
La liberté provisoire figurait parmi les demandes des personnes incarcérées, il s’agit d’une procédure
permettant à toute personne objet de détention préventive de demander sa mise en liberté à tout
moment de la procédure jusqu’à ce qu’une décision définitive statue sur son sort59.
Les autorités compétentes pour statuer sur les demandes de liberté provisoire sont :
- au cours de l’information ou de l’instruction : Président de la chambre de détention
préventive ;
- Après l’information ou instruction : Président du tribunal correctionnel en matière de délit et
au Président de la chambre d’accusation en matière criminelle
58
Tableau Error! Main Document Only. - Les aides demandées par les prisonniers
59
Article 351 du Code de Procédure Pénale
78
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Les principales difficultés rencontrées dans cette question de libération provisoire sont souvent
d’ordre procédural car les justiciables méconnaissent les procédures à suivre. Une méconnaissance
qui porte même pour certains justiciables sur l’existence de la liberté provisoire.
Pour qu’il y ait accès à la liberté provisoire, il va falloir améliorer le suivi et le traitement des dossiers
des personnes en détention préventive. A cet effet, le logiciel INFO-TPI prévoit dans sa conception un
système d’alerte qui informe le magistrat en cas d’expiration prochaine d’un MD.
La libération conditionnelle fait également partie des besoins sollicités par les personnes incarcérées.
Il s’agit d’une mesure permettant aux condamnés ayant à subir une ou plusieurs peines privatives de
liberté de bénéficier d'une libération s'ils ont donné des preuves suffisantes de bonne conduite et
présentent des gages sérieux de réadaptation sociale60.
La libération conditionnelle est réservée aux condamnés ayant accompli trois mois de leur peine, si
cette peine est inférieure à six mois, et la moitié de la peine dans le cas contraire. Pour les
condamnés en état de récidive légale, le temps d'épreuve est porté à six mois si la peine est
inférieure à neuf mois, et aux deux tiers de la peine dans le cas contraire. Pour les condamnés aux
travaux forcés à perpétuité, le temps d'épreuve est de quinze années61.
La libération conditionnelle est accordée par arrêté du Ministre de la Justice. Le dossier de
proposition comporte les avis du chef de l'établissement ou de la circonscription pénitentiaire dont
dépend le détenu, du ministère public près la juridiction qui a prononcé la condamnation et du
parquet dans le ressort duquel la peine est actuellement subie62.
Cette mesure a comme principal intérêt de baisser le nombre de personnes incarcérées et de
résoudre le problème de la surpopulation.
Cependant, plusieurs constats peuvent être relevés :
- Cette procédure reste très peu connue d’où un très faible recours ;
- Il existe une longueur de la procédure
Pour résoudre ces différents problèmes pouvant empêcher de recourir à cette procédure, il va falloir
procéder à un travail de sensibilisation, alléger également les procédures et laisser la compétence
pour apprécier les demandes à la Cour d’Appel et non au Ministre de la Justice.
60
Article 574 du Code de Procédure Pénale
61
Article 574 du Code de Procédure Pénale
62
Article 575 du Code de Procédure Pénale
79
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
80
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
5. RECOMMANDATIONS SUR LA MISE EN PLACE D’UNE
MUTUELLE
Une mutuelle fonctionne à la capacité de cotiser de ses membres qui sont volontaires. Ces cotisations
doivent permettre à la mutuelle de couvrir la couverture des activités d’appui qu’elle va offrir à ses
membres.
La capacité des justiciables à cotiser dépend aussi du niveau de vie en général. Selon les études faites
par l’INSTAT, en 2010 les taux ratios de pauvreté sont très élevés dans les Régions d’Atsinanana
(82,1%) et d’Atsimo Andrefana (82,1%). Pour la Région d’Analamanga, il est de 54,5%. A l’heure
actuelle, selon une étude récente de l’INSTAT, la crise sanitaire COVID19 continue de causer des
impacts palpables sur les conditions de vie des ménages malgaches dans tout le territoire du pays.
Elle affecte plus particulièrement sur l’emploi surtout en milieu urbain.
Si on synthétise les différents tableaux indiquant les résultats de notre étude sur la mutuelle, sur les
1826 justiciables interviewés, on obtient le tableau suivant :
Tableau 34 - Synthèse des résultats sur la mutuelle
Du point de vue effectif de justiciables, c’est Antananarivo qui est en tête même si c’est à Toliara que
le besoin se fait sentir relativement le plus (97,1%). La volonté d’adhérer est presque la même à
Toliara (95,0%) et à Antananarivo (94,5%).
81
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Une cotisation mensuelle serait la plus adéquate pour la bonne marche de la mutuelle. A Toamasina
61,4% des répondants sont favorables à cette périodicité. Toutefois, pour Toliara et Antananarivo,
plus de la moitié des répondants sont disposés à cotiser mensuellement (53,5% et 51,9%
respectivement).
En ce qui concerne le montant de la cotisation, beaucoup de justiciables d’Antananarivo optent pour
la fourchette de 10.000 à 20.000 Ariary (47,9%).
Ainsi, nous proposons, par ordre de priorité, l’installation de la mutuelle:
1- Antananarivo,
2- Toliara,
3- Toamasina.
Les deux principaux problèmes rencontrés par les justiciables lors du traitement des dossiers devant
les tribunaux sont le problème financier 42,2% et la complexité de la procédure judiciaire 31,3%.
Un appui financier dans la prise en charge de leur déplacement et des différents frais de traitement
de dossier serait ici à prévoir. Ensuite, des séances de vulgarisation du droit, surtout des procédures
judiciaires (civiles et pénales) sont également vivement recommandées. En effet, comme nous
l’avons précisé dans la partie sur l’état des lieux de l’accès à la justice, les affaires civiles constituent
56.01% des dossiers traités par le TPI d’Antananarivo suivi des affaires pénales (38.34%).
Enfin, les types d’affaire les plus récurrentes sont les affaires relatives aux biens et actions
immobilières (litige de terrain, prescription acquisitive) avec 20.23% et les affaires afférentes à l’état
de personne, divorce, adoption, filiation avec 17.65%. Des ateliers d’information sur le droit foncier
et le droit de la famille s’avèrent ainsi incontournables.
Cela étant, certes les litiges fonciers sont les plus prédominantes, mais dans la majorité des cas, il
s’agit surtout de problèmes de succession, de contrat de vente ou de faux et usage de faux, points
sur lesquels il faudrait également axer les futures actions.
82
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
83
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
6. LISTES DES ANNEXES
84
ETUDE SUR L’ACCES A LA JUSTICE A MADAGASCAR
Annexe 1 : Lettre d’introduction
85
Annexe 2 : Liste des juristes enquêteurs
1 SOLOMON Justinah
2 RAZAFIARIVONY Narindra
4 RANDRIANOELINA Tsiorintsoa
5 RANDRIAMANANJARA Voahirana
6 RAKOTOARISOA Tsilavina
12 RAKOTOMALALA Priscilla
13 RAZAFIMAHANDRY Lovatiana
14 ANDRIAMBOLARISOA Diamondra
16 NIHARSON Tsitohaina
86
Annexe 3 : Montant des provisions pour les affaires civiles, commerciales et d’immatriculation63
63
Source Ministère de la Justice
87
Montant des
Nature des affaires ou décisions
provisions en Ariary
Déclaration d’opposition ordonnance sur requête 8 300
Déclaration contredit commerciale 10 000
Déclaration de cessation de paiement 60 000
Certificat de recours ou de non-recours 2 000
Droit de recherche des actes/pièces de plus de 10 ans 1 000
Traduction des actes d’état civil 3 000
Copie conforme des actes d’état civil 2 000
Traduction des autres actes (Livret de famille, acte de vente, acte de
5 000
notoriété...)
Extrait du plumitif 1 000
Procès-Verbal des descentes 4 000
Les frais d’exécution des décisions « avant dire droit » sont fixés par ordonnance du juge de
l’expertise selon la nature des travaux ou diligences à effectuer.
Warrant agricole 1 %.
En matière civile et de référé, les provisions sus énoncées sont augmentées de 9 300 Ariary par
chaque partie en plus au procès (que ce soit demandeur ou défendeur). Au niveau de la Cour
d‘Appel. l'augmentation est de 9 300 Ariary pour chaque intimé en plus.
Les éventuels reliquats de provision seront restitués à la partie versante à la fin de procédure, mais
en cas d‘insuffisance, le paiement d'un complément sera envisagé.
88
Annexe 4 : Liste des Fokontany des zones cibles64
64
Source DECRET n°2015 – 592 portant classement des Communes en Communes urbaines ou en Communes rurales.
89
1er ARRONDISSEMENT 2e ARRONDISSEMENT 3e ARRONDISSEMENT 4e ARRONDISSEMENT 5e ARRONDISSEMENT 6e ARRONDISSEMENT
17. Andranomanalina Afovoany Ambohimitsimbina A Ambatomitsangana 121.Mananjara 153.Nanisana Iadiambola 180.Antanjombe Ambony
18. Andranomanalina I 60. Andohamandry 86. AndravoahangyAndrefana 122.Andrefan'iMananjara 154.Ankerana 181.Anjanakomboro
19. AndranomanalinaIsotry 61. Manakambahiny 87. Mahavoky 123.Anosibe Ambohibarikely Ankadindramamy 182.Antsararay
Ankerakely Ambat 88. Andravoahangy 155.Ambohidahy
20. Ankasina 124.Mandrangobato I 183.Ambohimiadana
62. Ambohimiandra Atsinanana 156.Ambatokaranana Avaratra
21. Antetezanafovoany I 125.Mandrangobato Ii
FenomananaAntsa 89. Behoririka
22. AntetezanafovoanyIi 126.Anosizato AtsinananaIi 157.Ambohimirary 184.Ambohimitsinjo
63. Mandroseza Afovoany Ambatomitsangana
23. Antohomadinika Afovoany 127.Anosizato Atsinanana I 158.Ampanotokana 185.AntanetyAtsimo
Mandroseza 90. Avaradoha
24. Antohomadinika Atsimo 128.Angarangarana 159.Tsarahonenana 186.Ambohimiadana
64. Mahazoarivo 91. Ambatomitsangana
160.Andraisoro Atsimo
25. Antohomadinika Avaratra Ambohidraserika 129.Madera Namontana
92. Behoririka Ankaditapaka 187.Ambohimandroso
Antani 65. Morarano Andrangaranga 130.SoanieranaIII-I Cite Gare 161.Ambatomaro
93. Betongolo Antsobolo 188.Betafo
26. Antohomadinika Ambatol 131.SoanieranaIII
Antsalovana Faa 94. Ampandrana Besarety 189.Ambodivonkely
66. Ambohitsoa 132.Ankaditoho Marohoho
27. AntohomadinikaIiig Hangar AnkazolavaAntanamb 95. Besarety 190.Ambodihady
133.Andrefan'ankadimbahoaka
28. Avaratetezana Bekiraro 67. Androndrabe 96. Behoririka 191.Andraharo
134.Ankazotoho
29. Cite Ambodin'isotry Ampamantanana Ambo 97. Ampandrana Andrefana 192.Ankazomanga Atsimo
Anosimahavelona
30. Cite Ampefiloha 68. Androndrakely 98. Ambohitrakely
SaropodyAntonta 99. Ampandrana Atsinanana
31. 67ha Afovoany Andrefana
32. 67ha Atsimo 100.AnkadivatoIil
33. 67ha Avaratra Andrefana 101.Ampahibe
34. 67ha Avaratra Atsinanana
35. Lalamby Sy Ny Manodidina
36. Faravohitra Ambony
37. Faravohitra Mandrosoa
38. Isoraka Ampatsakana
39. Fiata
40. Manarintsoa Afovoany
41. Manarintsoa Anatihazo
42. Manarintsoa Atsinanana
43. Manarintsoa Isotry
90
1er ARRONDISSEMENT 2e ARRONDISSEMENT 3e ARRONDISSEMENT 4e ARRONDISSEMENT 5e ARRONDISSEMENT 6e ARRONDISSEMENT
44. SoaranoAmbondrona
Tsiazotafo
102.Antsakaviro Ambodirotra
44 24 34 32 27 31
TOTAL = 192
91
Liste des Fokontany Toamasina I
92
Liste des Fokontany Toliary I
1. TANAMBAO I 5. TANAMBAO II TSF NORD 13. MAHAVATSE I TANAMBAO 19. TSIMENATSE III 25. BETANIA CENTRE 31. ANTANINARENINA
2. TANAMBAO 6. AMBOROGONY 14. TANAMBAO MOTOMBE 20. TSIMENATSE I OUEST 26. ANDABOLY 32. SAKABERA
TANAMBAO
MORAFENO 15. MAHAVATSE I EST 21. TSIMENATSE I EST 27. MANGABE 33. TSONGOBORY
7. AMBOROGONY
3. TOLIARA CENTRE 16. MAHAVATSE I OUEST 22. TSIMENATSE II 28. BETANIA OUEST 34. ANKETRAKA
8. AMPASIKIBO
4. TSIANENGEA 17. ANKIEMBE BAS 23. MAHAVATSE II EST 29. BETANIA ANKILIFALY 35. ANTARAVAY SALIMO
9. SANFILY AMBARARATA
18. ANKIEMBE HAUT 30. BETANIA TANAMBAO 36. ANKETA BAS
10. ANKATSAKA 24. MAHAVATSE II OUEST
37. ANKETA HAUT
11. KONKASERA
38. AMBOHITSABO
12. ANDABIZY
39. BETARITARIKA
40. BESAKOA
41. TSIANALOKA
4 8 6 6 8 11
TOTAL = 43
93
Annexe 5 : Situation carcérale des établissements pénitentiaires concernés en 2020
94
Annexe 6 : Liste des Districts du ressort des juridictions concernées
Nombre de
TPI Régions Districts du ressort65
population66
ANTANANARIVO RENIVOHITRA 1 275 207
ANTANANARIVO ATSIMONDRANO 642 364
MANJAKANDRIANA 220 079
ANTANANARIVO ANALAMANGA AMBOHIDRATRIMO 441 682
ANTANANARIVO AVARADRANO 449 425
ANJOZOROBE 225 792
TOTAL 3 254 549
TOAMASINA I 326 286
TOAMASINA II 261 516
TOAMASINA ATSINANANA
BRICKAVILLE 212 572
TOTAL 800 374
TOLIARA I 169 760
TOLIARA II 369 485
ATSIMO SAKARAHA 150 508
TOLIARA
ANDREFANA BETIOKY 308 774
BENENITRA 43 808
TOTAL 1 042 335
65
Décret 2016-1346
66
RGPH 3, Page 62 à 73
95
Annexe 7 : Situation des affaires auprès du TPI d’Antananarivo
Nature de l’affaire
Affaires Affaires inscrites67 %
Civiles
Juridictions contentieuse : 9879 15 141 56.01%
Autres affaires gracieuses : 5262
Commerciales 669 2.47%
Sociales 757 2.80%
Immatriculation 102 0.38%
Pénales
Majeurs : 7674
10 366 38.34%
Mineurs : 1395
Sans arrestation (DàT) : 620
27 035 100.00%
67
Au 30 novembre 2020
96
Annexe 8 : Situation des affaires TAZ Andohatapenaka
Tableau sur la nature des affaires portées devant la clinique juridique en 2018 :
Nombre Non
N° Catégorie Orien- Accom- Con- En Sans
dossiers Conseils con-cili
tations pagne- cilié cours suite
é
ment
Abus de con-
1 1 0 0 0 1 0 0 0
fiance
Autres droits
2 1 0 0 0 1 0 0 0
aux propriétés
3 CBV 55 15 5 0 35 0 0 0
4 COA 222
5 Concubinage 2 0 0 0 2 0 0 0
Conflit de voi-
6 15 0 0 0 3 0 0 0
sinage
Conflits
7 communautaires
28 0 0 0 0 0 0 0
Conflits conju-
8 82 4 8 0 16 0 0 0
gaux
9 Contrat de bail 0 0 0 0 0 0 0 0
10 Créance 8 0 0 0 8 0 0 0
11 Crime 0 0 0 0 0 0 0 0
Détournement
12 4 4 0 0 0 0 0 0
de mineur
Dispute fami-
13 8 0 2 0 6 0 0 0
liale
Obligation
14 1776 110 112 0 502 42 100 16
alimentaire
15 Adultère 25 4 12 0 7 0 0 0
16 Divorce 24 24 7 0 0 0 0 0
Partage des
17 4 0 4 0 0 0 0 0
biens
Abandon de
18 20 0 0 0 0 0 0 0
famille
97
DECISIONS PRISES RESULTATS
Nombre Non
N° Catégorie Orien- Accom- Con- En Sans
dossiers Conseils con-cili
tations pagne- cilié cours suite
é
ment
Litige sur la
19 73 0 4 0 0 0 0 0
garde d'enfant
Adoption judi-
20 0 0 0 0 0 0 0 0
ciaire
21 Diffamation 0 0 0 0 0 0 0 0
22 Menace 11 2 4 0 5 0 0 0
Droit de
23 2 0 1 0 0 0 0 0
travail
Droit des en-
fants:
24 accouchements, 16 0 4 0 6 0 0 0
grossesses
précoces
25 Etat civil 4 0 0 0 0 0 0 0
26 Faits divers 0 0 0 0 0 0 0 0
27 Litige foncier 2 0 1 0 0 0 0 0
Litige succes-
28 7 0 1 0 1 0 0 0
sion
Maltraitance
29 7 4 0 0 0 0 0 0
d'enfant
30 Procédures 0 0 0 0 0 0 0 0
31 Vol 2 2 0 0 0 0 0 0
32 Viol 2 2 0 0 0 0 0 0
Inexécution
33 du jugement 10 0 0 0 2 0 0 0
du TPI
98
Tableau sur la nature des affaires portées devant la clinique juridique en 2020 :
DECISIONS PRISES RESULTATS
Nombre
N° Catégorie Orien- Accom- Non En Sans
dossiers Conseils
tations pagne- Concilié con-cilié cours suite
ment
Abus de
1 0 0 0 0 0 0 0
confiance 0
Autres droits
2 aux 0 0 0 0 0 0 0 0
propriétés
3 CBV 13 10 1 0 2 0 0 0
4 COA 273 87 17 0 230 43 0 0
5 Concubinage 0 0 0 0 0 0 0 0
Conflit de
6 0 0 0 0 0 0 0 0
voisinage
Conflits
7 communau- 0 0 0 0 0 0 0 0
taires
Conflits
8 20 1 0 0 20 1 0 0
conjugaux
Contrat de
9 0 0 0 0 0 0 0 0
bail
10 Créance 1 1 0 0 0 1 0 0
11 Crime 0 0 0 0 0 0 0 0
Détournemen
12 0 0 0 0 0 0 0 0
t de mineur
Dispute fa-
13 0 0 0 0 0 0 0 0
miliale
Obligation
14 272 17 255 17 0 0
alimentaire
15 Adultère 4 1 0 0 3 0 0 0
16 Divorce 1 1 0 0 0 1 0 0
Partage des
17 1 0 0 0 1 0 0 0
biens
Abandon de
18 2 0 0 0 2 0 0 0
famille
Litige sur la
19 garde d'en- 4 0 0 0 4 0 0 0
fant
Adoption
20 0 0 0 0 0 0 0 0
judiciaire
21 Diffamation 0 0 0 0 0 0 0 0
22 Menace 0 0 0 0 0 0 0 0
99
DECISIONS PRISES RESULTATS
Nombre
N° Catégorie Orien- Accom- Non En Sans
dossiers Conseils
tations pagne- Concilié con-cilié cours suite
ment
23 Droit de 0 0 0 0 0 0 0 0
travail
Droit des
enfants:
accouche-
24 11 2 0 0 9 0 0 0
ments,
grossesses
précoces
25 Etat civil 0 0 0 0 0 0 0 0
26 Faits divers 0 0 0 0 0 0 0 0
27 Litige foncier 0 0 0 0 0 0 0 0
Litige suc-
28 2 0 0 0 2 0 0 0
cession
Maltraitance
29 0 0 0 0 0 0 0 0
d'enfant
30 Procédures 0 0 0 0 0 0 0 0
31 Vol 0 0 0 0 0 0 0 0
32 Viol 0 0 0 0 0 0 0 0
Inexécution
33 du jugement 0 0 0 0 0 0 0 0
du TPI
100