Chapitre 1: RÉSEAUX TRIPHASES EQUILIBRES ESTE/2015-2016

CHAPITRE 1 :

RÉSEAUX TRIPHASES EQUILIBRES

Les réseaux triphasés sont très répandus dans le monde industriel en raison
de leurs nombreuses propriétés favorables à la production, au transport et
à l’utilisation des grandeurs électriques.

On pourra noter comme avantages des systèmes triphasés :

 Les machines triphasées ont des puissances de plus de 50% supérieures
aux machines monophasées de même masse et donc leurs prix sont moins
élevés (le prix est directement proportionnel à la masse de la
machine).
 Lors du transport de l’énergie électrique, les pertes sont moindres
en triphasé.

Un système triphasé (souvent abrégé 3~) est une catégorie particulière de

réseau polyphasé à trois grandeurs (tensions ou courants) sinusoïdales de
même fréquence. Le système est symétrique si les grandeurs sinusoïdales
sont de mêmes valeurs efficaces et déphasées de 2Π/3. Il est direct si les
phases sont ordonnées dans le sens trigonométrique inverse et inverse dans
l’autre cas.

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A/ Principes de base :

1/Production de f.e.m monophasée :

On considère une bobine plate de n spires placée dans un champ magnétique
d’induction B tournant à la vitesse angulaire w (ce champ peut par exemple
être obtenu par rotation d’un aimant ou d’un électroaimant.

Le flux à travers la bobine à l’instant t est   nB.S  n.B.S. cos wt
n spires
B

wt

e
La bobine est traversée par un flux variable, elle sera le siège d’une
d
f.e.m alternative e  E max . sin wt avec Emax=nBSw.
dt
C’est al loi de l’induction électromagnétique. Ce phénomène intervient dans
la plupart des dispositifs électriques : Alternateurs, transformateurs…

2/Production de f.e.m triphasées :

Le même phénomène sera observé si l’on dispose trois bobines régulièrement
espacée (décalées géométriquement de 120°) et inondées par un champ
d’induction magnétique B.
e1


B

wt
O x

e3 e2

Les f.e.m induites dans les trois bobines sont déphasées électriquement de
120° deux à deux.

e1 = E sin(wt)
e2 = E sin(wt-2 /3)
e3 = E sin(wt+2 /3)= E sin(wt-4 /3)

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3/Définitions :
Un réseau triphasé est un assemblage de trois générateurs de tension
indépendants connectés en étoile, c’est à dire avec un pôle commun appelé
point neutre.
La ligne est l’ensemble des conducteurs transportant l’énergie. On
distingue trois conducteurs (un par phase) et éventuellement un quatrième
pour le retour du courant appelé conducteur de neutre. Par convention, les
trois phases sont notées R, S et T, tandis que N désigne le neutre. Elles
peuvent aussi être numérotées 1, 2 et 3, le neutre conservant sa notation
N. C’est cette notation qui sera utilisée dans ce document.

• Les tensions sont déphasées de 2Π/3 l’une par rapport à l’autre ;

• Elles ont la même valeur efficace.
On dit que le système V1,V2,V3 est triphasé équilibré.
V1 V2 V3
Vmax
 +
V3


V1 t


V2

   
On vérifie à tout moment que V1  V2  V3  0 .

 On définit comme tensions simples ou tensions de phase les tensions

entre chaque fil de phase et le fil neutre.
1
2
3
V1 V2 V3

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 On définit comme tensions composées ou tensions de ligne les tensions

entre fils de phases.
1
U12
2
U13
U23
3

N
Si les tensions simples forment un système triphasé équilibré, les tensions
composées forment aussi le même système.

B/ Installation triphasée :
Elle comprend un générateur, une ligne de distribution et des récepteurs.
Le générateur comportes trois bornes accessibles (éventuellement quatre si
le neutre est sorti) entre lesquelles existent des tensions de mêmes
fréquences, même valeur efficace et déphasage régulier de 120°.

La ligne de distribution est un ensemble de trois fils conducteurs de même

section associés éventuellement à un quatrième fil de section moindre
(neutre).

Le récepteur lorsqu’il est équilibré est formé de l’association de trois

impédances égales en module et en argument. Il existe deux types de
montages : Etoile et Triangle.
1/ Montage Etoile :
I1
1
J1

V1
Z
U12
U 23 N
IN

I2 V2
2 Z Z
V3 J2 J3
U 23
3
I3

Les impédances étant identiques, les courants I 1 , I 2 et I 3 forment un système

triphasé équilibré. Il vient alors que le courant qui traverse le fil
neutre I N  I 1  I 2  I 3  0 . Le fil neutre peut donc être supprimé. Si par
contre, les impédances ne sont pas identiques, il y aura un courant non nul
dans le fil neutre et la distribution se fait sur quatre fils.
Les fils principaux s’appellent fils de phase ou Phases ; le quatrième fil
s’appelle Neutre.

On définit les tensions entre phases ou tensions composées par :

U12  V1  V2 ; tension entre phase 1 et phase 2.
U 23  V2  V3 ; tension entre phase 2 et phase 3.
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U 31  V3  V1 ; tension entre phase 3 et phase 1.

Les tension composées possèdent la même valeur efficace U qui donnée en

fonction de la valeur efficace des tensions simples V par :
 3
U  2V cos( )  2V V 3
6 2
 Si V=127V  U=220V  Système 127/220V
 Si V=220V  U=380V  Système 220/380V
 Si V=380V  U=660V  Système 380/660V

On désigne généralement par J la valeur efficace du courant dans un fil de

phase du récepteur et par J celle du courant de ligne. On voit bien que le
montage étoile :
I  J
2/ Montage Triangle :

I1  J1  J3
1

U12 Z
Z
U31

J1 J3

2
I2  J2 J1 Z J2
U23
I3  J3  J 2
3

On distingue que chaque phase du récepteur est soumise à la tension de

ligne (tension composée) :
U V
Quant aux courants, on écrit : I1  J 1  J 3 I 2  J 2  J1 I3  J3  J 2
I1
J1

30°

J3 J2

 3
On pourra alors écrire que I  2 J cos( )  2 J J 3
6 2
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C/ Puissances dans les systèmes triphasés équilibrés :

1/ Théorème de Boucherot:
Les puissances active et réactive absorbées par un groupement de dipôles
sont respectivement égales à la somme des puissances actives et réactives
absorbées par chaque élément du groupement.
Donc d’après ce théorème : P = P1+P2+P3 et Q = Q1+Q2+Q3

Pour un récepteur équilibré : P1=P2=P3 et Q1=Q2=Q3

Finalement : P=3.P1 et Q=3.Q1
Facteur de puissance : k = P / S (En régime sinusoïdal k=cosφ).

2/ Couplage étoile:
Les puissances absorbées par phase :
Pp=V.J.cosφ
Qp=V.J.sinφ
Les puissances totales absorbées :
P=3.V.J.cosφ
Q=3.V.J.sinφ
Avec U  3V et IJ il vient que P  3U .I . cos  et Q  3U .I . sin 

U : tension de ligne ; I : courant de ligne ; φ : déphasage entre

courant et tension de phase.

3/ Couplage triangle:

Les puissances absorbées par phase :

Pp=V.J.cosφ
Qp=V.J.sinφ
Les puissances totales absorbées :
P=3.V.J.cosφ
Q=3.V.J.sinφ
Avec U  V et I  3J il vient que P  3U .I . cos  et Q  3U .I . sin 
U : tension de ligne ; I : courant de ligne ; φ : déphasage entre
courant et tension de phase.

En conclusion, dans un régime triphasé équilibré, les puissances mises en

jeu indépendamment du couplage sont données par :

P  3U .I . cos  Q  3U .I . sin  S  P 2  Q 2  3U .I
P : puissance active (en Watt W)
Q : puissance réactive (en Volt ampère réactif VAR)
S : puissance apparente (en Volt ampère VA)

4/ Principe du Wattmètre:
Un Wattmètre est un appareil qui mesure la valeur moyenne de la puissance
instantanée p(t)=v(t)i(t). Pour cela, il faut lui fournir deux
informations : le courant et la tension.
Un Wattmètre électrodynamique comporte deux enroulements :
 Un enroulement fixe qui reçoit le courant et qu’il faut connecter en
série avec le récepteur.
 Un enroulement mobile qui reçoit la tension et qu’il faut connecter
en parallèle avec le récepteur.

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Circuit courant
(Gros fil)

i
W

Circuit tension
u (fil fin)

La mesure de puissance absorbée par un récepteur monophasé se fait comme

suit :

I R
é
W c
e
U p
t
e
u
r

L’indication du Wattmètre est proportionnelle à UIcosφ (Valeur moyenne de

p(t)).

5/ Méthode des trois Wattmètres:

Cette méthode est valable pour une charge triphasée équilibrée ou non,
couplée en étoile ou en triangle.

1 W1 R
é
c
2 W2 e Le neutre est accessible.
p La charge est couplée en étoile.
3 W3 t
e
u
r
N

1 W1 R
é
c
2 W2 e Le neutre n’est pas accessible.
p La charge est couplée en
3 W3 t triangle.
e
u
r
N
Neutre artificiel

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La puissance active est donnée dans les deux cas par P=W1+W2+W3.
Lorsque la charge est équilibrée, les trois Wattmètres donnent la même
indication et il suffit d’un seul Wattmètre pour mesurer la puissance
active consommée P=3.W (W1=W2=W3)

6/ Méthode des deux Wattmètres:

Pour toute liaison triphasée équilibrée ou non en régime sinusoïdal ou non,

la puissance instantanée s’écrit : p  v1 .i1  v2 .i2  v3 .i3 . Si i1  i2  i3  0
(Système équilibré ou système déséquilibré trois fils), la puissance
instantanée s’écrit : p  (v1  v3 ).i1  (v2  v3 ).i2  u13.i1  u 23.i2
Si on fait passer i1 dans la circuit courant d’un Wattmètre et si l’on
applique u13 à ses bornes tension, il indique P1  (u13 .i1 ) moy .
De même, un second Wattmètre parcouru par i2 et alimenté sous u23 donne
P2  (u 23.i2 ) moy .

1 W1 R
é
c
2 W2 e
p
t
e
u
r
3

   
W1  U13.I1 . cos(U13 , I1 ) W2  U 23.I 2 . cos(U 23 , I 2 )

On considère que les courants et tensions sont sinusoïdales équilibrées. On

suppose aussi que la charge est couplée en étoile (courant de ligne=courant
de phase) et l’on démontre que le même résultat est obtenu pour un couplage
triangle.

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U 13

V1

6

I1

U 23

6

V3 V2

 
On peut écrire que W1  U .I . cos(  ) et W2  U .I . cos(  ).
6 6
  
Il vient alors que W1  W2  U .I .(cos(  )  cos(  ))  U .I .(2 cos . cos( ))
6 6 6
Donc W1  W2  3U .I . cos   P  P  W1  W2
  
De même, W1  W2  U .I .(cos(  )  cos(  ))  U .I .(2 sin . sin( ))
6 6 6

Donc W1  W2  U .I . sin  
Q
 Q  3 (W1  W2 )
3

ANNEXE
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 Résumé :

Couplage étoile Couplage triangle

Relation entre U et V U V 3 U V

Relation entre I et J I J I J 3

Déphasage (I ,V ) (J ,U )

Puissance active P 3.P1 3VI cos P 3.P1 3UJ cos

P  3 UI cos P  3 UI cos

Pertes joules 3 3
P 3r I 2 = RI 2 P 3r J 2 = RI 2
2 2

Résistance équivalente R 2r 2

R r
3
Puissance réactive Q  3 UI sin Q  3 UI sin

Puissance apparente S  3 UI S  3 UI
Facteur de puissance k cos k cos

 Relèvement du facteur de puissance en triphasé :

Couplage des condensateurs en triangle :

Tension aux bornes d’un condensateur : U

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Puissance réactive absorbée par un condensateur :

Qc1  U 2 CW
Puissance réactive absorbée par les trois condensateurs :
Qc  3U 2 CW

Puissance active Puissance réactive Facteur de puissance

Charge seule P Q P.tg cos

les trois 0 Qc1  3U 2 CW 0
condensateurs
seuls

L’ensemble 0 Q'  Q  Qc  P.tg ' cos’

On en déduit la capacité du condensateur de la manière suivante :

P.tg  P.tg '
Qc  3CwU 2  Q'Q   3CwU 2  P.tg ' P.tg  C
3U 2 w

Couplage des condensateurs en étoile :

En utilisant le même raisonnement que précédemment, on montre que la
capacité du condensateur est donnée par la relation :

P.tg  P.tg '

C
U 2w
Le couplage en étoile est donc moins intéressant puisque la capacité des
condensateurs nécessaires est trois fois plus grande que pour le couplage
en triangle. Plus la capacité est grande, plus le condensateur est
volumineux et onéreux.

Remarque : On utilise aujourd’hui des compensateurs statiques. Ce sont des

dispositifs d’électronique de puissance qui asservissent le facteur de
puissance à la valeur souhaitée, tout en éliminant les harmoniques de
courants indésirables.

 Intérêt du triphasé en distribution d’énergie électrique :

Soient trois générateurs e1,e2, e3 et trois impédances identiques à

alimenter. Comparons en monophasé et en triphasé les quantités de cuivre
nécessaires à la construction des lignes.

Les courants I1, I2, I3 ont même module I. Soit une densité de courant s.
Soit L la distance entre les récepteurs et les sources.
En monophasé il faut un volume de cuivre = 3.2.L.I/s
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En triphasé tout se passe comme si les trois fils entre N et N’ étaient

accolés en un seul conducteur. Il circule alors dans ce conducteur N, N’ un
courant I N  I 1  I 2  I 3  0 . Donc si les trois sources sont reliées en un même
point N et les récepteurs en un même point N’ la liaison N, N’ devient
inutile. Seuls les conducteurs de phase sont nécessaire en triphasé. Il
faut donc en triphasé un volume de cuivre = 3.L.I/s

Conclusion : en triphasé équilibré (mêmes impédances Z) il faut deux fois

moins de cuivre pour construire la ligne.
Dans la pratique en distribution les charges ne sont pas tout à fait
équilibrées et la connexion de neutre N, N’ doit être conservée. Mais on
utilise un fil de même section que pour les phases. L’économie sur la
quantité de cuivre est alors de 30%.
Il en résulte une réduction des contraintes sur les pylônes.

 Intérêt du triphasé pour le redressement:

L’ondulation en sortie est très faible par rapport à ce que produit un pont
redresseur monophasé. L’inductance de lissage à prévoir dans la charge pour
que le courant I0 soit faiblement ondulé est donc nettement plus économique
en triphasé.

 Intérêt du triphasé pour les machines tournantes:

On peut facilement créer un champ tournant en plaçant trois bobines

régulièrement espacée et parcourues par des courants triphasés équilibrés.

 Intérêt du triphasé pour les transformateurs:

Le volume de fer alloué aux jambes latérales est égal à celui de la jambe
centrale.

En triphasé équilibré :

Sur chaque colonne on dispose un enroulement primaire de N1 spires et

un enroulement secondaire de N2 spires. Les sources e1, e2, e3 sont
appliquées sur chaque enroulement primaire.
Chaque colonne est le siège d’une induction b1, b2, b3.
b1 = Bm cos wt
b2 = Bm cos(wt-2Π /3)
b3 = Bm cos(wt+2Π /3)

La somme de ces inductions est nulle à tout instant. Il n’y a donc pas
besoin de jambe latérale. Il suffit de la moitié du volume de fer
nécessaire à la fabrication d’un transformateur monophasé de même
puissance.

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