ULBACH Louis - Philosophie Maçonnique (1853)
ULBACH Louis - Philosophie Maçonnique (1853)
ULBACH Louis - Philosophie Maçonnique (1853)
MACONNIQUE
LOUIS ULI3ACHI
TROYES ,
Typograph 1 e C a r d on ,
rE
1853
3ux 38embres
de la
et otta .
i.
DU SYMBOLISME.
5-
III.
LE CODE MAÇONNIQUE
i.
Mes frères,
Quand je viens porter un toast à l'alliance des arts
et de la maçonnerie, j'aurai dû, peut-être, emprun
ter, comme je l'ai déjà fait, mes expressions à cette
langue des vers que je bégaie un peu, mais que votre
indulgence me rend facile. J'aurais dû trouver en
Mes frères,
Je n'ai pas voulu confier aux hasards d'une im
provisation les quelques mots que j'avais à vous
dire. Dans des fêtes comme celle qui nous rassem
ble, les pensées abondent, le flot des émotions qui
s'amassent au fond du cœur monte trop vite aux
14.
<8- 162 >*>
lèvres, et l'expression manque souvent pour des
pensées qui débordent.
Voilà pourquoi, mes frères, j'ai pris la liberté
d'écrire ce que vos effusions m'auraient fait ou
blier.
Nous vivons dans un temps où, plus que jamais,
la maçonnerie a besoin de grossir ses rangs et d'é
largir les voûtes de son temple symbolique, véri
table asile de la paix au milieu de nos discordes,
véritable refuge de toutes les âmes blessées, de
toutes les illusions contristées, de tous les courages
meurtris.
Quand le progrès, dans sa marche implacable à
travers tous les préjugés, fait osciller le monde sous
chacun de ses pas ; quand les passions épaississent
l'atmosphère autour du front des penseurs; quand
les peuples, que l'histoire n'a pas encore désenchan
tés de la guerre civile, se croient obligés de remuer
des pavés chaque fois qu'on remue des idées ; et
quand c'est encore avec du sang que la folie hu
maine croit féconder les sillons de l'avenir; c'est à
nous, les civilisateurs pacifiques, c'est à nous, les
évangélisateurs de la loi fraternelle; c'est à nous
de nous pencher sur cette mêlée ardente, de souf
fler à ces meutes acharnées l'esprit de calme et
de paix dont nous sommes remplis ; c'est à nous de
tendre les bras à ces naufragés de l'erreur, et d'ou
vrir ce parvis auguste où l'humanité se dépouille des
ses rivalités de partis, de ses haines d'opinion.
La maçonnerie a été long-temps l'arsenal invi
<8- 163 -e>
sible du génie de l'humanité. Pendant longtemps,
sous sa voûte étoilée, d'intrépides et modestes ou
vriers ont élaboré toutes les notions dont le monde
s'illumine aujourd'hui. Depuis Socrate, qui ne buvait
peut-être la ciguë que pour avoir, dans un moment
de tentation sublime, trahi le magique secret que
l'initiation lui avait confié , depuis Socrate jusqu'à
nos jours, à travers toutes les luttes, tous les bou
leversements, nos mystères ont été le dépôt des lois
essentielles de la philosophie humanitaire, univer
selle. *
L'heure est venue d'élargir les tables de nos ban
quets, d'écarter les colonnes du temple, d'élever la
voûte, de faire véritablement de la maçonnerie cet
édifice qui s'étend de l'orient à l'occident, du midi
au septentrion, qui s'appuie sur la Sagesse, sur
la Force, sur la Beauté, et dont les racines s'en
foncent de la surface de la terre au centre. L'heure
est venue de nous baisser plus que jamais vers le
monde profane, et de mettre à la hauteur de toutes
les lèvres cette coupe de la vérité et de l'amour qui
doit apaiser toutes les fièvres. La société s'épuise
dans la haine ; c'est à nous à la sauver par la fra
ternité.
J'oublie, mes frères, dans cette enceinte, la de
vise politique sous laquelle je combats ailleurs, et
je ne veux pas oublier qu'une des premières lois de
notre ordre c'est le respect religieux des convictions.
Je ne commettrai pas la faute d'évoquer ici les
drapeaux que nous avons laissés sur le seuil. De
<»- m -e>
main, peut-être, et dehors, nous saurons si nous
suivons la même route ; ici nous n'avons qu'une foi
commune, qu'une pensée. Tous les partis abdiquent
devant la solidarité de notre affection, et je me tai
rais plutôt que de vous outrager par une violation
des statuts que la pureté des intentions n'excuserait
pas.
Ne jugeons donc pas les combattans ! Ne nous in
quiétons pas de savoir pour quel étendard nous sou
haitons le triomphe ! Que sont ces misérables que
relles auprès de l'ambition magnanime qui nous
transporte ! Le monde entier qui nous sert de patrie
nous interdit de sacrifier à des vérités relatives les
intérêts de la vérité absolue dont nous sommes les
dépositaires.
Ce qu'il nous suffit de savoir , et ce que je veux
constater, c'est que l'humanité souffre ; c'est que le
moment d'une intervention fraternelle est venu;
c'est que nous mentirions à nos serments, à toutes
nos obligations, si nous ne nous jettions pas à tra
vers la mêlée, et si nous ne disions pas, indistinc
tement, à droite, à gauche, devant nous, derrière
nous : — « Mais regardez-vous donc, insensés! vous
êtes des fils de la même famille, et les flancs de vos
mères saignent à chaque blessure que vous croyez
faire à un ennemi ! »
Voilà notre devoir à tous. Les formes de gouver
nement sont éphémères : le vent déchire les dra
peaux; le temps en éparpille indistinctement les
miettes sur les tombes des vainqueurs et des vaincus.
•S- 165
La mort banale, qui ne se soumet pas aux choix des
panthéons humains, mêle toutes les poussières et
tient pour aussi peu tous ces héros. Ce qui a pas
sionné une époque , fait rire une autre ; et nul ne
peut dire, en s'enrégimentant dans -un parti, qu'il
combat plutôt pour les desseins de Dieu, que ses ad
versaires. Mais il y a quelque chose qui survit à
toutes les ruines ; mais il y a une pensée qui plane
sur- tous les champs de bataille ; mais il y a des prin
cipes qu'on n'outrage pas impunément, et qu'il
n'est pas permis d'oublier : ce sont les lois de dé
vouement, de sacrifice ; c'est l'obligation pour tous
les hommes de s'aimer ; c'est le droit, pour celui
qui souffre, de venir frapper à notre porte et de
nous dire : Mon frère, sauve-moi !
Nous aurons bien mérité de l'histoire et de la
civilisation si , par la propagande invincible des
bonnes actions et du bon- exemple, nous avons in
troduit dans les relations sociales un esprit de tolé
rance, un sentiment de justice et d'union qui
émousse les "armes des ambitions vulgaires, et fasse
taire la voix des rivalités politiques, devant la grande
voix de l'humanité.
Je ne sais pas si, pour une cause ou pour une
autre, le siècle doit avancer ou rétrograder ; je ne
sais pas si nous sommes dans un cratère de volcan ;
mais, ce que je sais bien, c'est que, le sol fût-il
encombré de ruines ; c'est que, toutes les villes fus
sent-elles en cendres , toutes les terres en jachères,
il suffirait de quelques maçons pour relever l'édifice,
<»- 166 <8-
pour rallumer le phare éteint, pour reconstituer
tout-à-coup une morale, une foi, un culte, une phi
losophie, une civilisation. La croyance à l'immor
talité de l'âme et à l'infini ; la pensée d'une mutua
lité incessante dans les peines et dans les joies ; que
faut-il de plus pour animer et féconder la matière,
pour inspirer le travail, pour révéler à l'artiste et
au penseur les mondes incommensurable de l'idéa
lité?
Chose merveilleuse et qui doit nous confirmer
dans notre croyance ! Tous les jours nous entendons
dire que les formules, que les cérémonies finissent
par absorber en quelque sorte l'essence des idées
qu'elles doivent représenter, et que, dans les vieilles
institutions religieuses et sociales, la forme corrompt
et emporte le fond. Chez nous, au contraire, le
symbolisme est le gardien vigilant de l'idée; nos
mystères transmettent intact le dépôt reçu par l'ini
tiation. On dirait un vase à hiéroglyphes enfermant
précieusement une liqueur sous un triple sceau. On
le passe religieusement de main en main sans qu'au
cune goutte s'en échappe; et, après des siècles, le
parfum est toujours aussi pénétrant, la force de vie
aussi puissante, aussi énergique.
Faisons boire à ce breuvage tous ceux que les
mêmes illusions altèrent et fatiguent, tous ceux que
la recherche des frivolités du monde profane épuise,
tous ceux qui désespèrent, tous ceux qui veulent
espérer.
Déjà les ateliers se multiplient : la province élec
<a- wi
Irisée voit partout les colonnes se dresser au milieu
de la curiosité souriante et attentive du monde.
L'élan est donné ; la maçonnerie est entrée dans la
voie sérieuse dont elle était sortie aux époques d'a
bâtardissement ou de servitude. Le matérialisme sen
suel qui avait profané le temple s'est avoué vaincu,
et les vieilles calomnies édentées n'osent plus s'at
taquer aux bases d'airain de nos édifices. On sait
bien que nous ne sommes pas les impies dont la su
perstition s'effarouchait ; on sait bien que nous ne
sommes pas ces affamés s'isolant de la misère com
mune pour se repaître dans des banquets somptueux
et égoïstes ; les nappes de nos tables débordent dans
les mains des pauvres qui les bénissent, et de nos
banquets qui aspirent à d'immortelles réformes, il
ne sortira jamais, mes frères, de sanglantes révolu
tions ! Il s'en dégage, au contraire, cette moralité sai
sissante qui domine toutes les révolutions et qui les
condamne. Ce sont les haltes de l'humanité, les re
pos sous la tente des pionniers de la civilisation.
Buvons-donc, mes frères, au succès de nos entre
prises pacifiques !
Nous autres, artisans obscurs des ateliers de pro ;
vince, nous venons chercher près de vous l'exemple
et l'émulation. Nous venons nous retremper dans ce
foyer de généreuse ardeur; nous venons aimanter
nos âmes qu'une réalité plus dure émousse et use ;
nous venons chercher le mot d'ordre et mêler nos
mains, nos cœurs et nos pensées, à vos mains ac
tives, à vos cœurs brûlants, à vos pensées fécondes.
<$-. 168
Vous nous avez accueillis, mes frères, avec l'em
pressement que nous rêvions; vous avez fortifié
notre foi ; nous remporterons un précieux souvenir
de cette fête, et, permettez-nous de le croire, l'es
pérance qu'après nous avoir fait une place si frater
nelle à votre banquet, vous viendrez, à votre tour,
quelque jour, nous la demander dans nos fêtes.
IX.
CANTIQUE MAÇONNIQUE,
I.
Nos mystères dont on se raille
Dans ce beau jour sont dévoilés
15
<S« 170 -S>
Et nos secrets sur la muraille
Brillent aux regards désillés !
Sur les vulgaires calomnies
Nos mains étroitement unies ,
Semblent agiter un flambeau.
Reconnaissez , monde profane ,
Dans ces fêtes que l'ou condamne ,
La soif du bien , l'amour du beau !
Amis , chantons , etc.
n.
Cette antique maçonnerie
Dont les généreux artisans ,
Ont le monde entier pour patrie
Et les malheureux pour enfants ;
Cet édifice symbolique
Abrite sous son bleu portique
Bien des orphelins grelottants ,
Bien des esprits calmes et sages ,
Bien des fronts que de durs voyages
Ont creusés ou rendus sanglants !
Amis, chantons
UI.
Sur l'humanité que torture
Son immortelle ambition ,
Nous répandons l'eau sainte et pure
D'une immortelle effusion !
Nous soutenons l'àme qui doute,
. Et nous aplanissons la route
«8- ni*-s>
Des pieds encor mal affermis ;
Tout homme en deuil est notre frère ,
Et , priant que Dieu les éclaire,
Nos ennemis sont nos amis!
Amis , chantons
IV.
Quand nous avons tari des larmes,
Quand nous avons donné du pain ,
Quand la mère n'a plus d'alarmes,
Quand les enfants n'ont plus de faim ;
Quand dans les chétives demeures,
Nous avons allégé les heures
Qu'allourdissait la pauvreté;
Alors, notre tâche est complète ;
SI nul n'appelle , ou ne regrette ,
Nous reposons en liberté !
Amis, chantons
V.
Dans nos plaisirs, dont rien n'altère
Le flot limpide et souriant,
Nous appelons une lumière ,
Plus radieuse à l'Orient!
Nous invoquons les harmonies ,
Les espérances infinies
Qui fécondent l'Eternité ,
Et nous jetons au cœur qui souffre,
Comme des fleurs au fond d'un gouffre ,
Dieu, l'amour et la vérité !
Amis , chantons
VI.
Enviez-nous , âmes flétries
Par une longue inimitié !
Venez à nous, âmes meurtries.
Pour qui le monde est sans pitié !
Nos soins guériront vos blessures ,
Et nos gaités franches et pures
Vous adouciront le chemin.
Aimer ! voilà notre mystère ;
Dieu le donne avec la lumière :
C'est le secret du genre humain !
Amis , chantons cette heure solennelle
Qui dans l'ardeur d'une sainte gaieté
Fait des rayons dont notre âme étincelle
Le soleil de la charité !
CONCLUSION.
FIN.
J
TABLE DES MATIÈRES.
But de ce livre 7
PREMIÈRE PARTIE.
I. Du Symbolisme 32
II. Dés Grades maçonniques 46
III. Des rapports de la Franc-Maçonnerie avec
la Religion hi
IV. Des rapports de la Franc-Maçonnerie avec
l'Autorité 67
V. Ce Code maçonnique 73
DEUXIÈME PARTIE.
I. De l'Initiation au grade A'Apprenti. . . 77
II. Dissertation sur le grade de Compagnon. 87
III. Dissertation sur le grade de Maître . . 113
IV. De l'inauguration des Temples .... 129
«8- 180 -8
V. Toast. . . . .
148
VI. Alliance des Arts et de la Maçonnerie. 152
VII. Toast. 157
VIII. La Maçonnerie et le monde profane. 161
IX. Cantique maçonniquc . .. , . 169
Conclusion. . 17:
| |
-
- |
|
--
-
| | -
-
| -
-
|| |
|
--
- |
| | | |
-
-
|
|
-
| |-
|
-
--
| --
|---
--|
-----|---
----
----|--
||-||||
---
--||---
----|
--
-- -|-|-|-
-|---|
||--
----||
|-|---
-|---
|
----
|-||
|-----
|-|--|
-|-----
| |-|
--
-|
--
-
-
-
--
-
-
--
-
-
--
---|
--|
---|
-|
-----
--|
-|| |--
|||
||-|
|
--||
|