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MANTOUZI SARA
Doctorante en sciences de gestion
Ecole nationale de commerce et de gestion de Casablanca
Laboratoire de Recherche Prospective en Finance et Gestion (LRPFG)
Université HASSAN II – CASABLANCA
Mantouzi.sarah@gmail.com
Résumé
A cet effet, Il est important d’étudier le comportement des contrôleurs de gestion dans
un environnement turbulent pour construire un modèle qui nous permettra d’appréhender
comment les managers marocains utilisent des pratiques de contrôle innovantes pour conduire
un renouvellement stratégique dans les entreprises.
Mots clés : Innovation, performance, contrôle de gestion, pratiques innovantes, outils de contrôle,
stratégie, éthique, responsabilité sociale des entreprises.
Abstract
Keywords: Innovation, performance, management control, innovative practices, control tools, strategy,
ethics, corporate social responsibility.
L’anticipation est devenue essentielle, et les outils du contrôle n’ont pas échappé à ce
besoin. De nouveaux outils viennent enrichir les pratiques du contrôle de gestion à un rythme
de plus en plus élevé (Activity-Based Costing ABC/ABM, ABB, balanced scorecard ou
tableaux de bord stratégiques, …).
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ISSN: 2665-752X Numéro 5 Juillet 2020
Ce constat nous conduit à poser une question principale : Comment les managers
marocains utilisent des pratiques de contrôle innovantes pour conduire un renouvellement
stratégique dans les entreprises ?
Dans cet article, nous allons établir une remise en cause des outils traditionnels du
contrôle de gestion, en présentant l’évolution des pratiques du contrôle de gestion et les
apports théoriques. Dans une deuxième partie, nous allons déterminer les pratiques
innovantes en donnant l’exemple de l’introduction des indicateurs du management d’éthique
et la RSE, et par la suite nous allons construire notre modèle théorique.
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L’examen de la littérature nous permet de constater que le contrôle de gestion a été
défini d’une manière différente par chaque auteur, et ceci ne fait que retracer l’évolution de la
conception même du contrôle de gestion. Le contrôle de gestion apparaissait comme le garant
du « non gaspillage » avec la définition du (R.N. Anthony 1965) qui considère que : « le
contrôle de gestion est le processus par lequel les dirigeants obtiennent l'assurance que les
ressources sont obtenues et utilisées de manière efficace et efficiente dans la réalisation des
objectifs de l’organisation ».
En 1988, RN. Anthony offre une vision un peu différente et précise du contrôle de
gestion comme « processus par lequel les managers influencent d'autres membres de
l‘organisation pour mettre en œuvre les stratégies de I ‘organisation ». Ouchi (1979) propose
un nouveau mode de contrôle par socialisation (contrôle clanique) 1alignant les intérêts des
individus avec ceux de l’organisation (Langevin P. et Naro G. 2003).
- Gère non seulement les coûts mais aussi la valeur par la construction d’indicateurs de
performance,
- Gère le changement dans une dynamique de progrès continu, par une pratique permanente
d’analyse et de diagnostic,
- Construit les moyens du pilotage, assurant la convergence des comportements.
Cette perspective remet en cause la vision traditionnelle du contrôle de gestion. En
effet, ce dernier devient non seulement un système d’analyse et de suivi mais aussi un système de
pilotage qui a pour vocation d’orienter les comportements afin de traduire la stratégie en actions.
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1-2- APPORTS THEORIQUES EN CONTROLE DE GESTION
Dans notre étude nous allons explorer trois modèles théoriques à savoir : la théorie néo-
institutionnelle, la théorie de contingence, et la théorie instrumentale.
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Cependant, L’adoption de certaines pratiques managériales est parfois irrationnelle,
dans le cas de l’absence d’un lien direct entre la pratique adoptée et l’activité principale de
l’organisation, et devient une source de coûts supplémentaires. Ceci est expliqué par Meyer et
Rowan (1977, p.341) : « pour maintenir leur conformité cérémonielle, les organisations qui
reflètent des règles institutionnelles tendent à éloigner leurs structures formelles des
incertitudes liées aux activités techniques en se couplant de façon relâchée, introduisant des
espaces entre leurs structures formelles et les activités de travail proprement dites ». Ainsi,
« les règles catégoriques entrent en conflit avec la logique d’efficience. Les organisations
sont souvent confrontées à ce dilemme lié au fait que les activités célébrant les règles
institutionnalisées bien qu’elles comptent comme des dépenses cérémonielles vertueuses, sont
des coûts purs du point de vue de l’efficience », Meyer et Rowan (1977, p.355).
L’approche théorique néo-institutionnelle met l’accent sur l’impact de l’environnement
et sa capacité à influencer l’adoption des pratiques au sein des organisations qui cherchent la
performance. Or, certaines pratiques peuvent être jugées de douteuses lorsqu’elles sont mal
placées. Ces observations nous conduisent à poser les hypothèses suivantes :
Hyp 1 : L’intégration des pratiques innovantes en contrôle de gestion est nécessaire
quand la réglementation et les normes professionnelles sont contraignantes.
Hyp 2 : L’introduction des indicateurs RSE et éthiques est effectuée dans un objectif de
recherche de légitimité.
Hyp 3 : La dépendance à un groupe pousse les entreprises à recourir à des indicateurs
RSE et éthiques dans un objectif de reporting externe.
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La théorie de la contingence en contrôle de gestion est, de ce fait, devenue un des
éléments fondamentaux de la rénovation de la discipline (Dent, 1990).Il s'agit d'introduire un
système d'information et de gestion intégrant des facteurs de contingence.
Selon (Sponem, 2002), la théorie de contingence explique les systèmes de contrôle de
gestion en fonction de son environnement technique, ces systèmes sont adoptés par les
entreprises qui cherchent une efficacité organisationnelle. Cette approche permet
d’appréhender les systèmes de contrôle et leurs relations avec les caractéristiques intrinsèques
de l'entreprise (Covaleski et al., 1996). En effet, le contexte organisationnel joue un rôle
important dans le choix des pratiques de contrôle des entreprises.
- La taille :
Merchant (1981), Kalika (1987), Jorissen et al. (1997) montrent que plus la taille est
importante plus les techniques budgétaires sont sophistiquées. A cet effet, la taille influence le
contenu des outils de contrôle de gestion. Selon Jorissen et al.(1997), l’utilisation des
indicateurs de performance non financiers est importante dans les grandes entreprises. Nobre
(2001) confirme ce point à travers sa recherche, dans laquelle il montre que la variable taille
explique le choix des pratiques de pilotage des entreprises. En effet, l’adoption des tableaux
de bord intégrant des mesures physiques reste faible dans les entreprises de moins de 100
salariés par rapport aux grandes entreprises. Cela nous conduit à construire l’hypothèse
suivante :
Hyp 4 : La mesure de la performance est d’autant plus « intégrante » que la taille des
entreprises est grande.
- L’incertitude de l’environnement :
Chapman (1997), Hartmann (2000) ont conclu qu’il existe un lien entre
l’environnement et les caractéristiques des systèmes adoptés par les entreprises. Gordon et
Narayan (1984), Chenhall et Morris (1986) dans leurs observations ont constaté que
l’incertitude de l’environnement entraine le recours aux informations non financières.
Gosselin et Dubé (2002) ont distingué deux types d’entreprises : les entreprises
« prospectrices » qui sont confronté à l’incertitude de l’environnement et mettent en place des
mesures de performance non financières, et les entreprises « défenderesses » qui œuvrent dans
un environnement stable et moins complexe. Notre hypothèse est la suivante :
Hyp 5 : Face à l'incertitude accrue de leur environnement externe, les entreprises
tendent à intégrer des pratiques innovantes dans leurs systèmes de contrôle de gestion.
- La structure organisationnelle :
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La structure organisationnelle constitue «des moyens employés pour diviser le travail
entre des tâches distinctes et pour ensuite assurer leur coordination» (H.Mintzberg, 1982).
La définition de la structure organisationnelle impacte l'efficacité du travail, la
motivation des collaborateurs, les flux de partage d'informations et le système de contrôle
(Chenhall, 2003) (Kalika, 1987) démontre que les entreprises qui adoptent une politique de
différenciation et ayant une structure décentralisées disposent d’un système de contrôle plus
développé. Cette conclusion rejoint celle de Bruns et Waterhouse (1975) qui indique que les
entreprises décentralisées utilisent des pratiques budgétaires plus sophistiquées. Merchant
(1981) a également constaté que les entreprises décentralisées disposent d’un processus
budgétaire plus complexe et formalisé. Nous proposerons donc l’hypothèse suivante :
Hyp 6 : Le recours aux pratiques innovantes en contrôle de gestion est plus élevé que la
structure est décentralisée.
- La stratégie :
L’objectif du contrôle de gestion est d’assurer l’efficacité stratégique de l’organisation.
Cette efficacité dépend de la capacité des indicateurs de performance à construire des
informations qui peuvent aider dans le processus d’aide à la décision. Nous parlons du degré
de corrélation entre les stratégies et les indicateurs de performance (Nanni et al., 1992).
En effet, plusieurs recherches ont démontré que les entreprises adoptant une stratégie
de différenciation, utilisent souvent des indicateurs non financiers pour gérer leur
performance (Shank et Govindarajan, 1993; Essid, 2009). Nous pouvons donc construire
l’hypothèse suivante :
Hyp 7 : Les pratiques innovantes en contrôle de gestion basées sur des indicateurs non
financiers sont plus présentes dans les outils de pilotage des entreprises qui adoptent une
stratégie de différenciation.
- La culture
L’impact de la culture sur le comportement des organisations et son efficacité a été
démontré par la théorie de contingence (Chenhall, 2003). En effet, la culture, et par
conséquent l’ensemble des comportements qui distinguent un groupe d’individus, influence la
vision d’entreprise et son degré d’engagement. Cependant, (Chenhall, 2003) a montré que la
culture influence les systèmes de contrôle adoptés à l’intérieur de l’entreprise. Nous
proposerons donc l’hypothèse suivante :
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Hyp 8 : L’introduction des pratiques innovantes basées sur des valeurs éthiques et
sociétale dans le processus de contrôle est d'autant plus élevée quand l’entreprise adopte une
culture imprégnée de valeurs.
1-2-3- La théorie instrumentale
Les travaux de Vygotski constituent un apport majeur dans la conception particulière
de l’outil. Ce dernier développé par Vygotski (1930), repose sur deux éléments importants : le
caractère sociotechnique des phénomènes psychologiques et le concept d’activité médiatisée
qui postule que toute activité humaine est médiatisée par des artefacts.
Vygotski (1934) indique que les phénomènes psychologiques ont un caractère socio-
historique. En conséquence, ils sont d’ordre social à deux niveaux : ils dépendent d’une part
des échanges avec d’autres personnes, et donc de l’expérience sociale ; d’autre part, ils sont
façonnés et engendrés par des objets socialement construits, qualifiés d’artefacts. Ces artefacts
structurent la modalité d’interaction entre l’individu et son environnement.
Selon Lev Vygotski (1997) : « Pour expliquer de manière satisfaisante le travail en tant
qu’activité de l’homme appropriée à une fin, nous ne pouvons-nous contenter de dire qu’il a
pour origine les buts, les problèmes qui se posent à l’homme, mais nous devons l’expliquer
par l’emploi des outils, par l’application de moyens originaux sans lesquels le travail
n’aurait pu apparaître ».
Les outils de gestion appartiennent généralement à une catégorie d’outils particulière,
les outils symboliques et ils sont régis par des règles de construction et d’utilisation. De plus,
Ils jouent un rôle important dans la conception de l’organisation, ils sont adaptés à sa
conjoncture et produisent un système de significations qui fonde socialement l’organisation.
Nous pouvons construire l’hypothèse suivante :
Hyp 9 : Les outils issus des pratiques innovantes en contrôle de gestion prennent en
considération le changement de la conjoncture et favorisent les interactions des individus
avec l’environnement.
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organisationnelle ». Evan (1966) a proposé la définition suivante : « L’innovation
administrative est une idée novatrice qui se rapporte au recrutement du personnel, à
l’allocation des ressources, à la définition des tâches, au mode de management ou à la
valorisation du personnel » (p. 51).
Kimberly (1981) est le premier chercheur qui a utilisé la notion innovation managériale,
« Une innovation managériale est un programme, un produit ou une technique qui est perçu
comme nouveau par l’individu ou le groupe d’individus considérant son adoption et qui au
sein de l’organisation ou elle est mise en affecte la nature, la localisation, la qualité et/ou la
quantité de l’information disponible pour la prise de décision ».
Damanpour (1984) a expliqué que les innovations administratives impactent le système
social d’une organisation. Dans le même sens, il a expliqué que les innovations managériales
sont indirectement reliées aux activités basiques de production de l’organisation, et requièrent
des changements dans l’organisation et dans les processus (Damanpour, 1988).Van de Ven
(1986) a défini l’innovation managériale comme une idée nouvelle qui peut découler d’une
combinaison d’idées anciennes ou d’un schéma qui modifie le présent ou une approche
unique nouvellement perçue par les individus concernés (p 591). Rogers (1995) a lié
l’innovation managériale à la perception de la nouveauté par les individus ou les
organisations.
Selon Alcouffe (2004) « une innovation managériale est une combinaison nouvelle des
moyens, matériels et/ou conceptuels, déjà existants et/ou nouveaux, par rapport à l’état de
l’art de la gestion au moment où elle apparaît pour la première fois et qui permet de mettre
en œuvre une technique de gestion qui peut être perçue comme plus ou moins nouvelle par
l’individu ou toute autre unité d’analyse la considérant ».
Cependant, l’innovation managériale est plus difficile à identifier par rapport à
l’innovation technologique car elle est plus tacite et subjective. A cet effet, Hamel (2006) a
donné la définition suivante : « L’innovation managériale peut être définie comme un écart
important par rapport aux principes, processus et pratiques traditionnels de management, ou
comme un écart par rapport aux formes organisationnelles courantes qui changent
significativement la façon dont le travail managérial est réalisé. En le disant simplement,
l’innovation managériale change la façon dont les managers font ce qu’ils font. » (p. 75).
Birkinshaw, Hamel et Mol (2008) ont lié l’innovation managériale à l’atteinte des buts
de l’organisation. Ils ont précisé que « L’innovation managériale est l’introduction d’une
nouveauté dans une organisation établie, qui représente un changement organisationnel
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particulier. Dans son sens le plus large, alors, l’innovation managériale peut être définie
comme une différence dans la forme, la qualité ou l’état des activités managériales au fil du
temps dans une organisation, où le changement est nouveau ou sans précédent par rapport au
passé. » (p. 826).
Par ailleurs, nous pouvons qualifier d’innovation managériale, les outils de contrôle de
gestion destinés aux managers pour les aider à prendre les décisions afin d’assurer une
performance multidimensionnelle qui couvre les différents aspects de l’entreprise (financiers,
sociaux, environnementaux…).
En effet, la remise en cause des outils du contrôle de gestion à travers l’introduction
d’un certain nombre de nouveautés au niveau des pratiques de gestion, atteste que le contrôle
de gestion est un domaine où l’innovation est fortement présente.
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2-1- L’ENGAGEMENT ETHIQUE COMME INDICATEUR DU CONTROLE DE GESTION
Les différents scandales des dernières années ont poussé les entreprises à adopter des
réflexions sur l’importance de l’éthique. En effet, le scandale d’Enron a réveillé la conscience
d’éthique dans les entreprises du monde entier.
La notion d’éthique renvoie à l’importance d’une bonne conduite des affaires et aux
valeurs avec lesquelles les individus et les organisations interagissent. L’engagement éthique
devient alors un choix stratégique permettant à l’entreprise et ses dirigeants d’être responsable
vis-à-vis des individus et de son environnement.
Cependant, il existe un lien très fort entre éthique et contrôle de gestion. Selon
(Anthony 1988) « Le contrôle de gestion est le processus par lequel les managers influencent
d’autres membres de l’organisation pour appliquer les stratégies ». Cette définition montre
que le contrôle permet de s’assurer de l’application de la stratégie. Dans le même sens d’idées
H. Bouquin (1995) exprime :« Il conviendra d’appeler contrôle de gestion les dispositifs et
processus qui garantissent la cohérence entre la stratégie et les actions concrètes et
quotidiennes ».
La prise en compte des préoccupations éthiques dans la définition des stratégies incite à
réfléchir sur le rôle que peut jouer le contrôle de gestion comme garant de la bonne
application des stratégies.
2-1-1- Ethique et gouvernance actionnariale
L’éthique régit la conduite des relations entre les dirigeants et les actionnaires. A cet
effet, l’éthique régule les conflits d’intérêt, la légitimité du pouvoir, et assure la transparence
des décisions et des résultats.
Dans ce cas, l’éthique définit les obligations des dirigeants envers les biens et les
informations de l’entreprise en privilégiant l’intérêt social. L’objectif principal d’une telle
vision est de s’assurer que les actionnaires obtiennent un juste retour sur investissement. La
protection des intérêts des actionnaires contribuera à améliorer le bien-être collectif.
Pour Friedman (1970), la seule responsabilité de l’entreprise est de maximiser sa
richesse et donc celle de ses propriétaires. Cette maximisation entrainera l’amélioration du
bien-être social.
La corporate governance répond à une logique de marché financier qui exige la
disponibilité d’une information exacte. Cependant, les interactions de l’entreprise avec son
environnement remettent en cause les méthodes classiques de gestion.
2-1-2- Les avantages d’un management d’éthique.
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La définition d’une éthique constitue une mesure préventive qui vise à assurer la
pérennité de l’entreprise (Supizet 2002). En effet, une gestion durable est conditionnée par un
investissement dans l’éthique (économique, sociale, environnementale…) à travers
l’établissement d’une charte de valeurs traduite en actions concrètes.
Cependant, la délégation de gestion nécessite une confiance réciproque. Un dirigeant ne
peut pas tout contrôler, il doit faire confiance à ses collaborateurs et faire preuve d’un
comportement exemplaire.
Le type de contrôle exercé au sein d’une entreprise détermine la vision du contrôleur de
gestion qui peut adopter soit une approche contractualiste ou conventionnaliste. La première
est orientée vers le passé et consiste à surveiller. Le contrôle de gestion peut être défini selon
cette approche comme « le processus par lequel les dirigeants s’assurent que les ressources
sont obtenues et utilisées avec efficience, efficacité et pertinence, conformément aux objectifs
de l’organisation et que les actions en cours vont bien dans le sens de la stratégie définie »
(Gervais, 2000).
Or, l’approche conventionnaliste repose sur l’importance de l’information dans le
processus de prise de décision et de la mise en place de la stratégie (Guedj, 2000). Le
contrôleur de gestion adopte une perspective de conseiller, il informe et assiste les
opérationnel dans le processus d’aide à la décision.
A cet effet, le contrôle de gestion devient non seulement un système d’analyse mais
aussi un système de pilotage qui a pour vocation d’orienter les comportements afin de traduire
la stratégie en actions. Dans ce cadre, nous pouvons définir le pilotage de la performance
éthique comme un indicateur du système de contrôle permettant de vérifier la conformité des
évaluations réalisées avec la charte des valeurs définie par l’entreprise.
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l’entreprise à travers des communications externes et à l’efficacité de la performance interne
quand ils sont instrumentalisés dans le système de management. La stratégie RSE est déclinée
au sein de l’entreprise par l’intermédiaire des systèmes de contrôle qui permettent d’assurer la
cohérence de celle-ci avec les pratiques de l’entreprise.
Les indicateurs RSE doivent prendre en considération la préservation de
l’environnement global en s’intéressant aux problèmes des changements climatiques. Ils
doivent assurer une croissance soutenable à travers la maitrise des ressources, l’accès aux
biens vitaux et la valorisation des patrimoines locaux… et un développement sociétal
soutenable en améliorant les conditions de vie, l’éducation, la santé et l’aménagement du
territoire.
Callens et Tyteca (1999) proposent un certain nombre d’indicateurs RSE permettant à
l’entreprise d’être socialement responsable et de piloter une performance globale.
Selon l’étude effectuée par (Germain et Gates 2007) la moyenne des entreprises qui
utilisent des indicateurs RSE reste faible par rapport aux autres indicateurs de performance
les plus classiques et les indicateurs RSE sont les moins reliés aux objectifs stratégiques.
Dans les années 80 Jonhson et Kaplan ont introduit les informations non financières
dans les outils de contrôle de gestion et plus particulièrement dans le balanced scorecard. Cet
outil combine entre les mesures financières et non financières, il regroupe quatre dimensions
les résultats financiers, la satisfaction des clients, les processus internes et l’apprentissage
organisationnel. Cependant, la satisfaction des clients, les processus internes et
l’apprentissage organisationnel ne constituent que des moyens qui permettent l’atteinte des
objectifs financiers et la satisfaction des attentes des actionnaires.
Plusieurs auteurs ont proposé d’adapter le BSC pour qu’il puisse mesurer la
performance globale. Kaplan et Norton (2001) suggère de matérialiser la RSE par
l’introduction d’indicateurs sur l’axe «processus internes» et d’étendre l’axe client en
regroupant tous les partenaires de l’entreprise. Hockerts (2001) propose l’élaboration d’un
Sustainability Balanced Scorecard (S.B.S.C.) qui se base sur des indicateurs d’évaluation de
la performance environnementale et sociétale. Bieker (2002) propose d’ajouter un cinquième
axe sociétal. Supizet (2002) propose le Total Balanced Scorecard (T.B.S.C.) qui explique les
relations entre les différentes parties prenantes : les actionnaires, les clients, les usagers,
l’entreprise elle-même en tant que personne morale, les partenaires, le personnel et la
collectivité. Les différentes adaptations apportées à cet outil pour assurer la performance
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sociétale restent liées à la réalisation de la performance financière. Dans le même sens Le
navigateur Skandia constitue un tableau de bord composé de 5 axes (Axe financier; Axe
client; Axe humain; Axe processus; Axe innovation et développement). Le capital intellectuel
(l’axe humain) contient autant d’indicateurs que pour les autres dimensions de la
performance. Or, le capital intellectuel ne représente qu'une partie de la performance sociale,
celle liée aux salariés de l’entreprise.
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CONCLUSION
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permet de définir les raisons de recours à des pratiques innovantes. En effet, l’incertitude de
l’environnement, la taille de l’entreprise, la structure organisationnelle choisie, la culture
interne, constituent un ensemble d’éléments qui poussent les entreprises à se différencier en
intégrant certaines pratiques dans le processus de contrôle de gestion. Or, l’environnement
institutionnel conditionne également le choix d’introduire un certain nombre d’indicateurs
pour des raisons de recherche de légitimité et de reporting externe. A cet effet, les outils
adoptés doivent s’adapter avec l’ensemble de ces restrictions et favoriser les interactions des
individus avec l’environnement.
En outre, la situation conjoncturelle actuelle nous pousse à réfléchir sur des indicateurs
de natures éthiques, qui reposent sur des valeurs de transparence et de la bonne conduite des
affaires, ainsi que des indicateurs RSE devenus essentiels dans un contexte de développement
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