Génétique Des Populations

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‫الجمهورية الجزائرية الديموقراطية الشعبية‬

‫وزارة التعليم العالي والبحث العلمي‬


REPUPLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE

Cours de Génétique Quantitative et des Populations

L3 Licence Génétique

Partie Une

Mesure de la Diversité Génétique

Yahia Nourredine
Yahia.nourredine@univ-oran.dz
n_yahia@yahoo.fr

yahia
Signature numérique de yahia
Date : 2016.02.23 20:04:50
1 +01'00'
n.yahia
Introduction
L’expérimentation génétique est essentiellement fondée sur des croisements entre souches
pures. Au contraire, les populations naturelles sont composées d’organismes génétiquement
différents pour un grand nombre de gènes. La génétique des populations se propose d’abord
d’évaluer l’importance de cette diversité génétique. Au-delà de cette estimation, la génétique
des populations se propose aussi de dégager des lois permettant de rendre compte du maintien
ou de l’évolution dans l’espace et dans le temps de cette diversité génétique. Partant du postulat
que l’évolution des espèces est, en dernière analyse, celle de leur patrimoine génétique, la
génétique des populations apparaît alors comme le noyau dur obligatoire de toute théorie de
l’évolution. La mesure du polymorphisme pour un grand nombre de gènes permet de fournir
une estimation de la diversité génétique globale existant non seulement entre individus d’une
même population mais aussi entre populations, notamment chez l’homme. L’analyse de la
diversité génétique entre populations humaines permet d’aborder le sujet si controversé de la
définition des races. Elle permet aussi d’entreprendre une analyse phylogénétique des
populations humaines dont le but est la mise en évidence de l’âge et de l’origine de l’homme à
travers une recherche, dans les gènes, de l’histoire du peuplement de la planète. Les principaux
résultats concernant cet aspect de la diversité génétique seront présentés dans un deuxième
temps. (Serre 2006).

1. Population théorique idéale

1.1. Définition

Le devenir de la variabilité génétique d'une population au cours des générations (la transmission
des différents allèles et leurs fréquences) est au premier abord très difficile à prévoir. Outre la
difficulté à identifier une population, c'est à dire les limites du groupe d'individus sur lequel
calculer les fréquences alléliques, de très nombreux facteurs peuvent modifier la fréquence de
ces allèles (mutations, migrations, différence de survie ou fécondité entre individus). De plus,
il faut considérer la transmission simultanée de très nombreux gènes polymorphes qui peuvent
interagir entre eux et ne sont donc pas indépendants.

Une première étape pour contourner ces difficultés est d'aborder la transmission des caractères
dans un cas simple appelé population théorique idéale, qui se définit par les caractéristiques
suivantes :

2
1- population d'organismes diploïdes à reproduction sexuée et à générations non chevauchantes
(aucun croisement entre individus de générations différentes).
2- population d'effectif infini où les croisements sont entièrement aléatoires
3- population close génétiquement (absence de flux migratoires)
4- tous les individus, quel que soit leur génotype, ont la même capacité à se reproduire et à
engendrer une descendance viable = absence de sélection
5- Absence de mutation et de distorsion de ségrégation méiotique (un individu Aa produira
toujours 50% de gamètes A et 50% de gamètes a).

Parmi toutes ces caractéristiques, le croisement au hasard des individus, appelé système de
reproduction panmictique, est l'hypothèse la plus importante.

Cette hypothèse suppose que les individus ne choisissent pas leur partenaire sexuel ni en
fonction de leur génotype, ni en fonction de leur phénotype = panmixie et que la rencontre des
gamètes se fait au hasard = pangamie

Dans une population théorique idéale, les fréquences des allèles et des génotypes au cours des
générations suivent une loi simple appelée loi de Hardy-Weinberg qui constitue le modèle de
référence en génétique des populations. Cette loi doit son nom à Hardy, mathématicien anglais
et Weinberg, médecin allemand, qui l'ont établie indépendamment en 1908.

La loi de Hardy-Weinberg stipule que les fréquences alléliques et les fréquences génotypiques
(c'est à dire la structure génétique de la population) restent stables de génération en génération.
On dit alors que la population est à l'équilibre et il existe une relation simple entre les fréquences
alléliques et les fréquences génotypiques.

Supposons qu'une population soit polymorphe pour un caractère gouverné par un locus à deux
allèles A et a et que les fréquences des génotypes AA, Aa et aa soient les mêmes dans les deux
sexes, respectivement D, H et R (avec D+H+R = 1). Les fréquences alléliques à la génération
Go seront :

Pour l'allèle A po = Do+Ho/2


pour l'allèle a qo = Ro+Ho/2 avec po+qo = 1

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Dans une population théorique idéale, ces fréquences seront également les fréquences des
différentes catégories de gamètes (identiques dans les deux sexes) soit po pour les gamètes qui
portent l'allèle A et qo pour les gamètes qui portent l'allèle a (absence de mutation, de sélection
et de distorsion méïotique).

La formation d'un nouvel individu de la génération suivante G1 est alors le résultat de deux
tirages au sort indépendants, l'un parmi les gamètes mâles, l'autre parmi les gamètes femelles
(croisement au hasard=panmixie). Les fréquences des différents génotypes de la génération
suivante G1 résultent alors de la répétition de ce simple tirage au sort qui donnera les fréquences
génotypiques suivantes :

AA = p02 Aa = 2 poqo aa = q02

1.2. Application et utilisation du modèle de Hardy-Weinberg

1.2.1. Test de l'équilibre

Une question centrale est de savoir si la loi de Hardy-Weinberg établie pour une population
théorique idéale s'applique également aux populations naturelles. Cette loi s'appuie en effet
sur un raisonnement probabiliste, ne s'applique en théorie qu'à des populations d'effectif infini,
et suppose remplies toute une série de conditions qui ne sont jamais respectées dans la nature
(absence de mutation, migration, sélection). L'application de la loi de Hardy-Weinberg, peut
être vérifiée pour des caractères codominants, pour lesquels le calcul des fréquences alléliques
est possible. C'est le test de l'équilibre.

Le principe du test est simple et peut être résumé en 3 étapes :

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1- Echantillonnage d'une population, dénombrement des effectifs génotypiques réels (possible
grâce à la codominance) et calcul des fréquences alléliques réelles parmi les N individus
échantillonnés soit p= f(A) et q = f(a).

2- Calcul des effectifs génotypiques attendus dans une population théorique idéale qui aurait
le même effectif et les mêmes fréquences alléliques que la population étudiée soit

AA = p2x N Aa = 2 pq x N aa = q2xN

3- Comparaison des effectifs observés et des effectifs attendus (comparaison des deux
distributions) par un test statistique du Chi Deux (ou d'autres tests). Le test du Chi Deux
nécessite le calcul de la distance X2 permettant de tester l'hypothèse d'égalité entre la
distribution observée et la distribution théorique (hypothèse H0).

La somme est effectuée sur tous les génotypes et la valeur X2 est comparée à une valeur
seuil, lue dans une table de Chi-deux, en fonction de 2 paramètres : un risque a choisi par
l'utilisateur qui est en général 5% et un nombre de degrés de liberté ddl égale à la différence

5
entre le nombre de génotypes et le nombre d'allèles du système génétique étudié.

- si X2 calculé est inférieur à X2 seuil, H0 est acceptée et on conclue que la population suit la
loi de Hardy-Weinberg, donc en équilibre.

- si X2 calculé est supérieur à X2 seuil, H0 est rejetée et on conclut que la population ne suit
pas la loi de Hardy-Weinberg avec un risque α = 5% de se tromper.

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Explication

Sous l'hypothèse H0 d'égalité des deux distributions des fréquences génotypiques, cette
statistique X2 suit une loi Chi-deux à n degrés de liberté. On peut définir à partir de cette loi une
valeur seuil X2 lue dans une table statistique en fonction d'un risque a choisi par l'utilisateur qui
est en général 5% (risque de première espèce). Ce seuil signifie que 5% des valeurs de X2 sont
supérieures ou égales à ce seuil s'il n'y a pas de différence entre les distributions observée et
théorique (H0 vraie). Si la valeur calculée X2 est supérieure à la valeur seuil, on conclut qu'il y
a une différence entre effectifs observés et théoriques en prenant un risque maximum de se
tromper de 5%. Si la valeur X2 est inférieure à ce seuil, on accepte H0 avec un risque inconnu
(risque α) et l'on conclut que les différences entre les 2 distributions peuvent simplement
s'expliquer par le hasard de l'échantillonnage. Ce seuil varie en fonction du nombre de degrés
de liberté égal à la différence entre le nombre de génotypes utilisés pour calculer la statistique
X2 (3 dans le cas d'un locus à deux allèles, 6 pour un locus à trois allèles) et le nombre de
paramètres minimum de la distribution observée utilisés pour estimer la distribution théorique
soit 1 dans le cas d'un locus à deux allèles, 3 pour un locus à trois allèles (l'effectif + les
fréquences alléliques moins une).

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Exemple

Chez l'homme, le groupe sanguin MN est déterminé par un gène à deux allèles codominants M
et N, ce qui permet d'attribuer un génotype à chaque individu échantillonné, puis d'estimer les
fréquences alléliques dans la population. Une étude portant sur 730 aborigènes australiens a
donné les résultats suivants :

22 MM 216 MN 492 NN

1- Calcul des fréquences p et q des allèles M et N :

p = (22 + 1/2 x 216) / 730 = 0,178 pour l'allèle M

q = 492 + 1/2 x 216) / 730 = 0,822 pour l'allèle N.

2- Calcul des effectifs théoriques attendus des différentes catégories génotypiques :

MM = x 730 = (0,178)2 x 730 = 23,1

MN = x 730 = (2 x 0,178 x 0,822) x 730 = 213,6

NN = x 730 = (0,822)2 x 730 = 493,2

3- Test du Chi deux

= (22-23,1)2/23,1 + (216-213,6)2/213,6 + (492-493,2)2/493 = 0,083.

La valeur seuil pour 3-2=1 degré de liberté et un risque de 5% est 3,84 (voir tableau). La valeur
de la statistique X2 étant très inférieure à la valeur seuil, on conclut qu'il n'y a pas de différence
significative entre la distribution observée et la distribution théorique. On admet que la
population d'aborigènes australiens est à l'équilibre de Hardy-Weinberg.

Le fait qu'une population soit considérée à l'équilibre de Hardy-Weinberg après un test


statistique n'implique pas que toutes les conditions d'application de cette loi soient respectées
(effectif infini, absence de mutation, absence de sélection, etc...).

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L'hypothèse la plus importante qui doit être respectée est la panmixie. Un équilibre génétique
instantané apparent peut donc être observé même si la population est soumise à une forte
sélection. On en conclut que le fonctionnement génétique global est "proche" du
fonctionnement théorique et ce n'est qu'en prenant en compte la dimension temporelle que l'on
peut apprécier l'état génétique d'une population et prévoir son évolution.

En revanche, le fait qu'un échantillon soit trouvé non conforme à la loi implique que le
fonctionnement génétique réel de la population est très éloigné du fonctionnement théorique,
en particulier au niveau du système de croisement (homogamie, consanguinité) ou de la
structure démographique de la population (fractionnement en sous-populations) qui modifient
considérablement les fréquences relatives des homozygotes et des hétérozygotes. Cette
situation conduit à rechercher les particularités démographiques, génétiques ou structurelles de
cette population.

Conclusion

En conclusion, dans la plupart des cas, le modèle de Hardy-Weinberg constitue un bon


descripteur de la structure génétique des populations naturelles car l'hypothèse de panmixie est
souvent respectée alors que les effets des mutations, migration, sélection ne sont pas assez forts
pour faire diverger les fréquences génotypiques des proportions du modèle de Hardy-Weinberg.
Cette loi peut alors être utilisée pour faire des prévisions notamment dans le domaine médical.

Remarque

Si la rencontre des gamètes a lieu au hasard, la probabilité qu'un individu ait un génotype donné
résulte de deux tirages au sort : un gamète échantillonné dans l'urne des gamètes mâles et un
gamète échantillonné dans l'urne des gamètes femelles, les deux urnes mâles et femelle
contenant chacune une proportion po de gamètes A et une proportion qo de gamètes a. Les
probabilités de réaliser des différents génotypes sont alors les suivantes :

- génotype AA : il y a po chance de tirer un gamète A dans l'urne des ovules et po chance de


tirer un gamète A dans l'urne des spermatozoïdes. Les tirages étant indépendants, il y a po2
chance de réaliser le génotype AA.

- génotype Aa : il y a po chance de tirer un gamète A dans l'urne des ovules et qo chance de tirer
un gamète a dans l'urne des spermatozoïdes soit poqo chance de réaliser le génotype Aa. Il

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existe une seconde possibilité de réaliser le génotype Aa puisqu'il y a qo chance de tirer un
gamète a dans l'urne des ovules et po de tirer un gamète A dans l'urne des spermatozoïdes ce
qui donne la même probabilité qopo de réaliser le génotype Aa. Ces deux probabilités étant
exclusives, il y a donc poqo + qopo = 2poqo chance d'obtenir le génotype Aa.

- génotype aa : il y a qo chance de tirer un gamète a dans l'urne des ovules et qo chance de tirer
un gamète a dans l'urne des spermatozoïdes. Il y a donc qo2 chance de réaliser le génotype aa.

Puisque l'effectif de la population est supposé infini à chaque génération, le tirage au sort d'un
gamète dans chaque urne pour former un zygote est répété une infinité de fois. Les fréquences
des différents génotypes seront donc égales à leurs probabilités d'apparition soit po2 pour AA,
2 poqo pour Aa et qo2 pour aa (loi des grands nombres).

Dans une population théorique idéale, ces fréquences seront également celles des adultes
reproducteurs de la génération G1 (absence de sélection), pour lesquels les fréquences alléliques
seront :

pour A p1 = p02 + poqo = po (po+qo) = po = po


pour a q1 = q02 + poqo = qo (po+qo) = qo = qo

Les fréquences alléliques n'ont donc pas changé, ce qui donnera à la génération suivante G2 les
mêmes fréquences génotypiques qu'à la génération précédente soit p2, AA, 2pq Aa, et q2 aa. Le
système est donc stable aussi bien en ce qui concerne les fréquences alléliques que les
fréquences génotypiques.

On dit qu'on est à l'équilibre de Hardy-Weinberg dont la loi peut s'énoncer de la façon suivante

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Dans une population théorique idéale, les fréquences alléliques et les
fréquences génotypiques restent stables de génération en génération. Les
fréquences génotypiques sont déterminées à partir des fréquences alléliques par
une relation simple qui correspond au développement du binôme (p+q) 2 dans le
cas d'un locus à deux allèles A de fréquence p et a de fréquence q, soit les
fréquences génotypiques p2 AA, 2pq Aa et q2 aa.

Cette relation entre fréquences alléliques et fréquences génotypiques peut être visualisée par la
figure suivante :

On peut remarquer que les proportions mendéliennes 1/4, 1/2, 1/4 que l'on trouve lorsque l'on
croise deux hétérozygotes est un cas particulier de la loi de Hardy-Weinberg lorsque p =q = 0,5.
Chaque hétérozygote Aa a en effet comme fréquence allélique f(A)=1/2 et f(a)=1/2.

1.2.2. Systèmes multialléliques

La loi de Hardy-Weinberg s'applique également à des gènes qui existent sous plus de 2 états
alléliques. L'équilibre correspond alors à l'association aléatoire des différents allèles pour
former les génotypes dont la fréquence reste stable de génération en génération.

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Pour un locus à k allèles A1, A2, A3, ....Ak, il y aura en théorie (k(k+1))/2 génotypes différents
dans la population. S'il y a k allèles différents, il y a k homozygotes différents possibles
chaque allèle peut s'associer aux k-1 autres pour former les hétérozygotes soit k (k-1))/2
hétérozygotes différents (la division par 2 permet de ne pas compter 2 fois le même génotype).

le nombre de génotypes différents est donc k+ k (k-1))/2 = (k(k+1))/2.

Si les fréquences de ces différents allèles sont respectivement p1, p2, p3, ...pk, les fréquences des
différents génotypes seront données par le développement de (p1+ p2+ p3,+...+ pk)2.

Soit :

p12A1A1 p22 A2A2 p32 A3A3 pk2 AkAk

2p1p2 A1A2 2p1p3 A1A3 2p1pk A1Ak 2p2p3 A2A3 2p2pk A2Ak,… etc.

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Encadre : Dénombrement des génotypes homozygote et hétérozygotes pour un gène
polymorphe présentant n allèles (Serre 2006).

Exemple : Les groupes sanguins du système ABO chez l'homme sont dus à l'existence de 3
allèles A, B et O dont les fréquences peuvent être appelées respectivement p, q, r.

Une population à l'équilibre de Hardy-Weinberg aura alors les fréquences génotypiques


suivantes :

p2 [AA] q2 [BB] r2 [OO] 2pq [AB] 2pr [AO] 2qr [BO]

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Lorsqu'un gène présente plus de 2 états alléliques, la fréquence à l'équilibre des hétérozygotes
H peut dépasser 50%, et elle est d'autant plus élevée que le nombre d'allèles est important.
L'hétérozygotie maximale est atteinte lorsque tous les allèles ont même fréquence et sa valeur
est :
Signature
Hmax= 1- 1/k où k est le nombre d'allèles
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Date : 2016.02.23
20:07:14 +01'00'

Si les k allèles ont même fréquence (p1=p2= p3= ...= pk), chaque allèle a une fréquence de 1/k
dans la population. Il y a donc : k x (1/k)2 = 1/k homozygotes
1- 1/k hétérozygotes.

Par exemple, une population à l'équilibre peut comporter de plus de 90% d'hétérozygotes à un
locus donné lorsqu'il existe plus de 10 allèles ayant les mêmes fréquences.

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Exercice d'application

L'analyse du polymorphisme de l'enzyme estérase 1 dans un échantillon de 300 personnes a


révélé l'existence de 3 niveaux de migration (E1, E2 et E3) à l'origine de 6 génotypes dont les
effectifs sont les suivants :

E1E1 = 72 E2E2 =24 E3E3 = 15 E1E2 = 99 E1E3 = 57 E2E3= 33

Cette population suit-elle la loi de Hardy-Weinberg ?

Corrigé

Fréquences alléliques : E1 = 0,5 = p ; E2 = 0,3 = q ; E3 = 0,2 = r

Test de l'équilibre par un test Chi 2 (X2) : Hypothèse testée : "la population étudiée suit
la loi de Hardy Weinberg

Effectifs observés Effectifs théoriques

15 r2 x N = 12

72 p2 x N = 75

24 q2 x N = 27

99 2pq x N = 90

57 2pr x N = 60

33 2qr x N = 36

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Date : 2016.02.23
15 20:06:17 +01'00'
d'où X2 = 2,5 X2 seuil (5% ; 3ddl) = 7,81

3 ddl car 6 classes génotypiques - 3 (2 fréquences alléliques et l'effectif total), donc on


accepte Ho : la population suit la loi de Hardy Weinberg.

1.3. Estimation des fréquences alléliques

Lorsque la variabilité d'un caractère est due à un gène à 2 allèles avec une forme allélique
totalement dominante sur l'autre (A dominant sur a), seuls 2 phénotypes peuvent être distingués
dans la population :

- Le phénotype [A] correspondant aux génotypes AA et Aa

- Le phénotype [a] correspondant au génotype aa Signature

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yahia
Date : 2016.02.23
20:05:51 +01'00'

C'est le cas par exemple de nombreuses maladies génétiques chez l'homme qui sont dues à un
allèle récessif (mucoviscidose, phénylcétonurie).

Contrairement à un système codominant, il n'est pas possible de calculer les fréquences


alléliques dans la population car les proportions respectives des génotypes AA et Aa ne sont
pas connues.

Le modèle de Hardy-Weinberg va permettre de donner une estimation de ces fréquences à partir


de la fréquence du phénotype homozygote récessif qui est égale à q2 si la population est
conforme au modèle. La résolution de cette équation à une inconnue permet d'estimer la
fréquence q de l'allèle récessif dans la population en calculant la racine carrée de la fréquence
des homozygotes récessifs. La fréquence p de l'allèle dominant est obtenue par différence à 1.

A partir de cette estimation des fréquences alléliques et toujours sous l'hypothèse de conformité
au modèle de Hardy-Weinberg, on obtient une estimation de la fréquence des homozygotes AA
et des hétérozygotes Aa parmi les individus de phénotype [A], c'est à dire la probabilité qu'un
individu de phénotype [A] soit homo- ou hétérozygote :

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-fréquence des homozygotes parmi les individus [A] = p2/ (p2+2pq) ou p2/ (1-q2)

-fréquence des hétérozygotes parmi les individus [A] = 2pq/ (1-q2).

Exemple :

Chez l'homme, une étude portant sur le système Rhésus a recensé 14% d'individus rhésus
négatif. Sachant que l'allèle Rh+ est dominant sur l'allèle Rh-, l'estimation de la fréquence de
l'allèle Rh- est q = 0,37 (racine carrée de 0,14) sous l'hypothèse que la population suit la loi de
Hardy-Weinberg. On peut en déduire la fréquence des individus Rh+Rh+ et Rh+Rh- parmi les
individus Rhésus positif, respectivement p2/ (p2+2pq) = 0,45 et 2pq/( p2+2pq) = 0,55.

1.4. Transmission des gènes liés au sexe

L'étude des gènes liés au sexe n'est pas anecdotique car chez certains organismes, ils constituent
une grande partie de l'ADN codant. C'est par exemple le cas chez la Drosophile dont plus d'un
tiers des gènes sont portés par le chromosome X.

Pour les caractères portés par les chromosomes sexuels, les deux sexes ont
des constitutions génétiques différentes et il faut distinguer

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Date : 2016.02.23
20:08:17 +01'00'
- le sexe homogamétique qui porte les deux mêmes chromosomes sexuels (femme
XX chez les mammifères, certains insectes dont la drosophile ; mâle ZZ chez
certains crustacés et papillons). Ce sexe est donc diploïde pour ce chromosome.

- le sexe hétérogamétique, qui porte deux chromosomes sexuels différents (ou un


seul) donc haploïde ou hémi zygote (mâles XY chez les mammifères, femelles WZ
chez les crustacés et papillons). Ce sexe est haploïde (hémi zygote) pour ce
chromosome.

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Les deux sexes ont donc des contributions génétiques différentes et s'ils sont en fréquence égale
(sex-ratio équilibrée), le sexe homogamétique détient pour les gènes concernés les 2/3 du pool
génétique de la population, et le sexe hétérogamétique 1/3 seulement.

1.4.1 Lorsque les fréquences alléliques sont les mêmes chez les mâles et les femelles, pm =

pf = p et qm= qf = q, la loi de Hardy-Weinberg s'applique au sexe homogamétique et les


fréquences génotypiques dans le sexe hétérogamétique sont directement déduites des
fréquences alléliques. Chez l'homme, pour un gène porté par X et présentant 2 allèles A et a de
fréquences p et q, les fréquences génotypiques dans chacun des deux sexes pour une population
à l'équilibre seront :

Femme (XX) Homme (XY)

Génotypes
XAXA = p2 XAY=p

XAXa = 2pq XaY = q


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Date : 2016.02.23
20:46:44 +01'00' XaXa = q2

Cette différence de structure génétique des sous-populations mâle et femelle a un effet


spectaculaire dans le cas où un allèle est récessif. Le phénotype récessif est beaucoup plus
fréquent dans le sexe hétérogamétique que dans le sexe homogamétique, où il peut être
exceptionnel si la fréquence de l'allèle est faible. C'est l'exemple classique du daltonisme chez
l'homme qui est dû à une mutation récessive sur un gène porté par X.

En Europe, la fréquence de l'allèle récessif est de l'ordre de 0,04. Par conséquent l'anomalie est
fréquente chez les hommes (4%) mais très rare chez les femmes (0,16%). En revanche, la

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fréquence des hétérozygotes est élevée chez les femmes (de l'ordre de 8%). Rappelons que ces
femmes ont une chance sur deux de transmettre l'anomalie à chacun de leurs descendants mâles!

1.4.2. Lorsque les fréquences alléliques sont différentes chez les mâles et les femelles, pm ≠

pf et qm≠ qf , la contribution différentielle des deux sexes à la descendance maintient cette


différence pendant plusieurs générations et l'égalité des fréquences alléliques n'est obtenue que
progressivement (contrairement aux caractères autosomaux):

Chaque mâle XY reçoit un chromosome X de sa mère, donc les fréquences alléliques chez les
mâles à la génération t correspondent aux fréquences alléliques chez les femelles de la
génération précédente t-1:

f(A) : pmt = pft-1

f(a) : qmt = qft-1

- Chaque femelle XX reçoit un chromosome X de sa mère et un chromosome X de son


père donc les fréquences allèliques chez les femelles à la génération t correspondent à
la moyenne des fréquences alléliques des deux sexes de la génération précédente t-1 :

f(A): pft = (pmt-1+pft-1)/2

f(a): qft = (qmt-1+qft-1)/2

Dans l'ensemble de la population, les fréquences alléliques globales des allèles A et a sont les
moyennes de la fréquence de ces allèles dans les deux sexes pondérées par leurs contributions
relatives soit les coefficients 1/3 et 2/3 lorsqu'il y a autant de mâles que de femelles :

population :

f(A): p = 2/3 pf + 1/3 pm.

f(a): q = 2/3 qf + 1/3 qm.

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Si la proportion des sexes est inégale, la pondération tient compte des effectifs Nm des mâles
et Nf des femelles :

population :

f(A): p = (pm.Nm + 2.pf.Nf)/ (Nm + 2Nf)

Au cours des générations, l'évolution des fréquences alléliques dans chacun des deux sexes
fluctue autour de cette valeur d'équilibre avec une différence qui s'inverse et diminue de moitié
à chaque génération. Ceci conduit à l'égalité des fréquences alléliques dans les deux sexes après
plusieurs générations de croisements panmictique.

Fluctuation

Si à la génération Go tous les mâles sont XaY (pm0 = 0) et toutes les femelles sont homozygotes
XAXA (pfo = 1), la fréquence de l'allèle A dans la population est po = 2/3.

A la première génération, la fréquence allélique chez les mâles est pm1 = pfo = 1 et chez
les femelles : pf1 = (pmo+pfo)/2 = 0,5.

A la génération suivante, on a pm2 = 0,5 et pf2 = 0,75, etc.

Il se produit donc des oscillations des fréquences alléliques dans les deux sexes, en opposition
de phase, qui s'amortissent progressivement comme le montre la figure ci-dessous. Les
fréquences alléliques dans l'ensemble de la population restent invariables (ici 2/3 pour A) et
c'est vers cette valeur d'équilibre que convergent les fréquences alléliques des deux sexes.

A l'équilibre, qm = qf = 2/3. La structure génétique est alors la suivante : chez les mâles : p
individus XAY (2/3) et q individus XaY (ici 1/3); chez les femelles, p2 individus XAXA (4/9), q2
individus XaXa (1/9), 2pq individus XAXa (4/9).

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