La Luciole - #1

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la luciole

N°1 - Juillet 2014


Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes

20 pages  Bimestriel édité par le réseau Corabio

REGLEMENTATION
TEMOIGNAGES
TECHNIQUES

Maraîchage PPAM Arboriculture Elevage lait & viande


Viticulture Petits fruits Grandes cultures
édito sommaire
Chaque jour de nouveaux agriculteurs se convertissent à Point info national p.3
l’agriculture bio et de nouveaux consommateurs choisissent Actu & Réglementation
l’alimentation bio. Toujours plus de citoyens voient dans Point info Rhône-Alpes p.4
l’agriculture biologique une réponse à la pollution de la terre Rendez-vous & Formations
et de l’eau. L’agriculture biologique prend enfin la place qui Agronomie p.5
est la sienne, une agriculture pour répondre aux exigences des Quelles alternatives
citoyens d’aujourd’hui et de demain. au labour en AB ?
+ Témoignage
L’agriculture bio est le fruit de la recherche, de l’innovation, de Maraîchage p.7
la mutualisation que les paysans ont su se donner. C’est dans Point sur la mouche
les fermes bio que nous avons expérimenté les réponses pour mineuse du poireau :
résoudre les problématiques techniques d’aujourd‘hui. C’est dans Phytomyza Gymnostoma
les fermes bio que nous avons trouvé ces réponses innovantes, Viticulture p.9
reprises également par les agriculteurs conventionnels. Utilisation du cuivre en
viticulture biologique
C’est dans le partage, l’échange, le travail collectif que nous Arboriculture p.11
avons su rendre l’agriculture biologique accessible à tous les Gestion du carpocapse et
agriculteurs. C’est dans cet esprit que les agriculteurs bio ont des tordeuses des pommes
depuis plusieurs années créé les bulletins « l’Asticot », « Brin et des poires en AB
d’Herbe » (ADABio) et « Tech’Info Bio » (ARDAB). Elevage p.13
Aujourd’hui, nous avons pris le chemin de coordonner nos efforts, 1. Le nettoyage et la
préparation à la traite
partager nos expériences, savoirs, recherches et réponses au 2. Le pâturage des
niveau régional. C’est pour cela que nous sommes fiers de vous troupeaux allaitants
présenter le 1er numéro de « La Luciole », une revue technique Petits-fruits p.17
réalisée par les paysans bio de Rhône-Alpes et pour tous Piégeage massif de la
les paysans ! Drosophile suzuki sur
variétés remontantes de
Claudio BONANNO (ADABio) fraises ou de framboises
et Ludovic DESBRUS (Corabio) Grandes cultures p.18
Méteils, à chacun sa formule !
+ Témoignages
Contacts p.20

La Luciole est éditée par le réseau Corabio | Directeur de la publication : Ludovic Debrus | Rédacteur en chef : Mathieu Dalle |
Coordination générale : Aurélie Herpe et Fanny Campas | Maquette : Fanny Campas | Rédaction : Rémi Colomb - Antoine
Penser
Couturier à l’ours
- Arnaud Furet - Aurélie Herpe - Laurent Hillau - Sandrine Malzieu - Jean-Michel Navarro - Martin Perrot -
David Stephany
Corabio est la Coordination Rhône-Alpes de l’Agriculture Biologique et fédère
les associations Agribiodrôme, Agri Bio Ardèche, ARDAB (Rhône et Loire)
et ADABio (Ain, Isère, Savoie, Haute-Savoie), ainsi que Bio A Pro,
plateforme de producteurs bio du Rhône et de la Loire
Tél : 04 75 61 19 53 - Fax : 04 75 79 17 58 - contact@corabio.org
INEED Rovaltain TGV - BP 11150 Alixan - 26958 Valence Cedex 09 Avec le soutien de :

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
point info national
Coopération entre maraîchers bio, un recueil d’expériences
Le recueil d’expériences « Coopération entre maraîchers bio, innovation sociale dans les fermes et sur les territoires » est une
publication collective du réseau Fnab. Il s’adresse à tous les maraîchers bio qui souhaitent s’associer pour mutualiser des
savoirs, des pratiques, des moyens, des services et pour conforter respectivement leur projet socio-économique au travers
d’actions collectives de proximité.
En effet, les installations en maraîchage biologique ont la particularité d’être le fait (dans la majorité des cas) de porteurs de
projet non issus du milieu agricole et souvent créateurs de leur propre outil de travail. La pérennisation de leur ferme nécessite
qu’ils soient bien accompagnés. Cet accompagnement doit permettre d’acquérir les compétences nécessaires pour exercer
le métier en l’absence de transmission familiale, de faciliter les conditions d’accès aux moyens de production, en particulier
au foncier et de favoriser l’intégration dans les réseaux de commercialisation et de producteurs. Plusieurs leviers peuvent
être mobilisés par les candidats à l’installation et récemment installés :
formation diplômante, accompagnement par les GAB, par Terre de Liens
ou d’autres organisations de développement agricole…. Les coopérations
entre maraîchers en font partie intégrante.
Le recueil présente douze expériences de coopération entre maraîchers
réparties dans toute la France et portant sur différents aspects :
- Echanges de savoir-faire et transferts de pratiques de production ;
- Mutualisation de moyens de production ou de services en lien avec l’activité
de production ;
- Partenariat concernant la commercialisation des produits maraîchers bio.
Source : site internet de la Fnab
Télécharger le recueil : http://tinyurl.com/http-fnabmaraichage-com

Projet de révision de la réglementation bio


L’Europe de la bio prépare une nouvelle réglementation bio pour 2017. L’objectif affiché de cette réglementation est double :
- Simplifier ! Fondre les différentes règlementations bio (texte cadre et d’application, réglements vinification bio, aquaculture,
levure, etc.) en un seul texte, réduire les dérogations (soit elles disparaissent, soit elles sont intégrées dans le texte),
- Consolider la confiance des consommateurs en rapprochant les règles de production des principes de la bio.
La Commission Européenne a présenté un 1er projet de texte en avril, nous sommes devant 2 années intenses de discussions
pour une entrée en application envisagée en juillet 2017. La Fnab et son réseau se sont d’ores et déjà saisis du dossier : deux
consultations ont déjà été organisées l’une sur les contrôles, la seconde sur l’introduction de seuils de déclassement des produits
bio en cas de présence de résidus de pesticides. L’avenir de la bio se prépare aujourd’hui, nous invitons tous les paysans bio à
prendre part à nos réflexions en se rapprochant de leurs GAB pour être tenu informés des prochaines consultations.

Nouvelles fiches réglementations de la Fnab


La réglementation de l’agriculture biologique est répartie entre plusieurs textes européens
et français, qui évoluent fréquemment. Il est difficile pour un producteur de savoir ce
qui s’applique à ses productions et à sa ferme. Pour répondre à cette question, la Fnab
propose une approche claire et pédagogique des textes au travers de 13 fiches thématiques
téléchargeables, destinées aux agriculteurs biologiques, aux candidats à la conversion, et aux
conseillers et animateurs qui les accompagnent.
Les 13 fiches sont téléchargeables sur le site internet de la Fnab :
http://tinyurl.com/reglementation-fnab

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point info Rhône-Alpes

Quinzaine de la bio Formations Jeudi 30 et vendredi 31 octobre 2014


en Savoie (73)
Du 6 au 17 octobre en Rhône-Alpes Jeudi 24 et vendredi 25 juillet - Médecine manuelle adaptée aux
Le réseau Corabio organise la 3e édition Maîtriser ses vinifications sans petits ruminants - Initiation
de la Quinzaine de la Bio avec une l’emploi d’intrants œnologiques, c’est Permettre aux participants de soulager les
quarantaine de rendez-vous (portes possible ! maux des petits ruminants à l’aide de leurs
ouvertes dans les fermes, visites Tournée de cave chez les participants, mains - Découverte de la notion d’énergie
d’entreprises bio, café installation…) dans analyse des itinéraires techniques de et du ressenti. Contenu théorique en salle
tous les départements de la région. Ces vinifications, observation sur le matériel, et pratique en ferme.
rendez-vous sont destinés aux agriculteurs dégustations de vin commentées, partage Intervenant : JP Simeon (GIE Zone Verte)
bio et conventionnels, porteurs de projets d’expériences. Contact : Martin Perrot au 06.21.69.09.80
d’installation, jeunes en formation Intervenant : Jacques Néauport ou martin.perrot@adabio.com
agricole, techniciens et animateurs. Ils Contact : luc-ardab@corabio.org
sont axés sur la technique, l’échange,
parfois des démonstrations de matériel Mercredi 30 et jeudi 31 juillet - À la Voyage d’étude
avec l’appui de référents techniques découverte de la viticulture bio en Val
régionaux. de Loire Du dimanche 21 au mercredi 24
Programme en ligne sur www.corabio.org Présentation de la filière viti-vini bio en septembre
ou sur demande à quinzainebio@gmail.com Val de Loire, de l’interprofession AIVBVL, Découvrir le maraîchage bio aux Pays-
visites de domaines, échanges techniques Bas (Aperldoorn, Alkmaar) : semences
Rencontres techniques de terrain et dégustations. et variétés, racines d’endives,
Intervenants : Sebastien Bondueau différents types d’exploitations
Arboriculture et Nathalie Dallemange, animateur et Identifier les différentes caractéristiques
Le 28 juillet à Vourey (38) chez Jean-Noël technicienne à la Cab, Jacques Carroget et de la filière maraîchage bio dans les Pays-
Roybon : piégeage massif de drosophiles, autres vignerons bio de la région. Bas à partir de la production de semences
filets anti-carpo et paillage sur le rang. Contact : luc-ardab@corabio.org bio jusqu’à la mise en marché et définir les
Le 1er septembre à Laissaud (73) chez conditions d’organisation qui permettent
Gérard Saudino : sur noyers, confusion De septembre à décembre 2014 - à des maraîchers bio de répondre à ce
contre le carpo et entretien du rang avec Formation modulaire maraîchage bio marché (quelle structure d’exploitation,
Herbanet. Des clés techniques pour réussir dans la quels résultats économiques, quel
Contact : jeanmichel.navarro@adabio.com gestion de son exploitation en maraîchage bio. matériel, quels itinéraires techniques,
Permettre aux porteurs de projet ainsi quelle complémentarité vente en circuits
Viticulture qu’aux producteurs bio ou non d’acquérir
Le 11 juillet à Avenas (69) chez Julien courts/vente en circuits longs, etc.).
des compétences techniques en Visites de semenciers (Bejo et De Bolster)
Sunier : s’installer en viticulture biologique adéquation avec la conception globale de
en Beaujolais des Crus, techniques en et d’exploitations bio : ferme produisant
leur exploitation. les racines d’endives bio commandées
vignoble à forte densité, en coteau et en Dates
vinification « naturelle ». en Rhône-Alpes, ferme en maraîchage
Lundi 29 septembre ou 1er octobre après- diversifié et circuits courts, ferme en
Contact : luc-ardab@corabio.org midi : identification des maladies sur cultures légumières spécialisées et
légumes et moyens de lutte. circuits longs
Le 31 juillet à Ayze (74) chez Dominique Lundi 3 novembre journée et mardi 2
Belluard : viticulture alternative mi- Intervenants : Julien Jouanneau, Bejo,
décembre matin à La Tour-de-Salvagny Bertille Gieu Abaret, De Bolster, maraîchers
campagne, maîtrise de l’herbe et protection (69) : établir un plan de culture.
du vignoble. Cépage emblématique. biologiques hollandais…
Lundi 1er décembre après-midi : réussir
Contact : arnaud.furet@adabio.com ses légumes racines, exemple de la Départ de Brignais
Automne - Rencontre producteurs de carotte Déplacement bus avec chauffeur. Coût
plants bio Lundi 15 décembre après-midi : quels estimé (hors repas) : entre 20 et 100 euros
Organisation d’une rencontre en outils de travail du sol en maraîchage bio selon le nombre de participants. Réunion
maraîchers et producteurs de plants bio diversifié de préparation 8 septembre après midi.
par l’ARDAB et le BTM. Afin de programmer Intervenant : Dominique Berry (Chambre Contact : Pauline Bonhomme au
cette journée, faites remonter vos attentes d’Agriculture du Rhône) 06.30.42.06.96 ou pauline-ardab@corabio.org
à Pauline : au 06 30 42 06 96 ou pauline- Contact : Pauline Bonhomme au
ardab@corabio.org. 06.30.42.06.96 ou pauline-ardab@corabio.org

Ces formations sont financées par les fonds L’ARDAB est certifiée Qualicert conformément au référentiel
de formation VIVEA et FEADER «Des engagements certifiés pour la formation des entrepreneurs du vivant - RE/VIV»
Organisme certificateur SGS

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
agronomie
Quelles alternatives au labour en agriculture biologique ?

B
eaucoup d’agriculteurs cherchent porosité satisfaisante, est quant à elle végétaux vont avoir toute leur
aujourd’hui à savoir si le non au cœur du choix de travail ou non d’un importance, en complément du choix
labour est possible en bio et si sol : rappelons que le travail du sol reste des espèces principales cultivées dans
oui, comment peut-on le réaliser. le moyen le plus rapide de ramener de la rotation [nous reviendrons sur le
la porosité dans l’ensemble d’un sol, de choix des couverts végétaux dans un
Concernant le travail du sol, les enjeux la partie superficielle jusqu’aux strates prochain bulletin].
de désherbage et de bon maintien plus profondes. Et que cette porosité Et il faut bien être conscient que ce
de l’activité biologique sont souvent est gage de bonne activité dans le sol: travail de structuration du sol par les
contradictoires et difficiles à concilier : présence de micro-organismes actifs, systèmes racinaires des végétaux se
- L’objectif de maîtrise de la pression décomposeurs de matière organique, réfléchit sur le long terme.
des adventices pousse à utiliser bonne colonisation par les racines des
régulièrement la charrue ; cultures… Il est donc fondamental de L’évaluation de la porosité, pour être
- L’objectif de maintien d’une bonne conserver une bonne structure de sol. maîtrisée au mieux, doit être bien
activité biologique du sol pousse à observée : à l’aide d’une bêche il est
réduire la profondeur des labours ainsi En cas de non-labour, cette aération possible de vérifier si la structure du
que leur fréquence. n’est pas réalisée par les outils sol est satisfaisante ; c’est avec cette
L’augmentation du prix du pétrole, mécaniques, mais par les plantes elles- phase de bilan que le choix d’un labour
quant à lui, incite encore plus à limiter mêmes. Il est alors essentiel de bien ou non doit se poser. En effet, l’objectif
les dépenses de mécanisation, et donc réfléchir son système de cultures de ne sera pas de viser coûte que coûte
du travail du sol. telle sorte que les systèmes racinaires le semis direct, mais plutôt d’avoir un
des plantes présentes à l’échelle de sol qui fonctionne, suffisamment aéré
La question d’un maintien d’une bonne la rotation puissent coloniser tous les et poreux sur tous ses horizons. Cela
structure du sol, notamment d’une horizons. C’est là que les couverts passera dans certaines situations par
un travail du sol, si possible superficiel.

Le défi de remplacer le travail mécanique


par le travail biologique, en maîtrisant
la présence d’adventices, demande
donc beaucoup de connaissances et
d’attention, de tâtonnements aussi.

Source : article « TCS et Bio » de David


Stephany, ADABio, et Laetitia Masson,
Chambre d’Agriculture de l’Isère, dans le
cadre du pôle de conversion bio - article
« Les défis techniques en AB » de Sandrine
Malzieu, août 2013.

Couvert de moutarde détruit au moment du semis direct de blé à l’easy-drill

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N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
agronomie
Témoignage - Bernard DESORME
éleveur laitier à St Christo en Jarez, Monts du Lyonnais (42)
année, j’ai cherché à réduire le nombre couvert de méteils, et d’autre part
de passages à deux sur prairies, mais déchaumages à disques et à pattes
le résultat obtenu était vraiment moins d’oie est économique : gain de temps
bon en termes de salissement, et a eu et de gasoil. Sur le sol, les effets sont
des conséquences sur le rendement. Par visibles : après quelques années je
la suite, je suis resté sur trois passages constate aisément que sa structure a
de déchaumeur pour venir à bout d’une évoluée, au printemps par exemple,
prairie de 4 ans, c’est à mes yeux un la portance est bien meilleure et me
bon compromis pour avoir un résultat permet d’épandre sans problème le
satisfaisant. lisier.
Après trois années d’utilisation des Il reste quelques mottes de dactyles
pattes d’oie, j’ai constaté que cet outil sous les méteils, mais elles ne me
favorisait excessivement la présence de dérangent pas, j’ai même l’impression
mottes de dactyles qui redémarraient que leur présence est intéressante
L’EARL de la Thiollière est dans le méteil. J’ai alors fait l’acquisition même si je perds inévitablement
conduite en bio depuis 2008, d’un déchaumeur à disques. Mais quelques quintaux de rendement ; en
rapidement cet outil s’est avéré moins effet, derrière méteil, la prairie repart
sur 53 ha, avec une moitié
performant sur rumex et pissenlits. J’ai très vite à partir de ces reliquats,
de l’assolement en prairies alors tenté de combiner les deux outils et me permet de faire une fauche
temporaires, une quinzaine en mettant les pattes d’oie à l’avant du précoce et conséquente à l’automne
d’hectares en méteil et le reste

«
tracteur et les disques à l’arrière. C’est qui suit l’implantation de la prairie.
en prairies naturelles. aujourd’hui la solution qui me convient Et cela même si l’été est sec, car ces
le mieux. mottes conservent bien l’humidité.
Je pratique une rotation sur 6 ans,
avec 4 années de prairies temporaires
suivies de deux années de méteil à
Le fait de ne plus labourer et de limiter
le nombre de passages en combinant
d’une part hersage et semis sous
coteaux séchants.
«
Des arguments qui comptent sur nos

base d’orge, avoine, blé, pois et seigle.


Sur certaines parcelles, je ne laboure
plus depuis 7 ans, mais je fais en sorte
que le sol soit toujours couvert : entre
les deux méteils, j’implante un trèfle
violet, semé à la volée dans la culture
lors du passage de herse étrille, assez
tôt vers mi-mars. Et j’implante la prairie
dans le second méteil, également lors
du passage de herse étrille de mars (je
ne passe cet outil que deux fois dans
mes méteils : une fois à l’automne et
une fois au printemps).
Afin de limiter les problèmes d’érosion
sur mes terrains en pente, j’ai d’abord
acheté un déchaumeur à pattes d’oie
avec lequel j’ai fait un essai sur deux
hectares : je suis passé quatre fois sur
ma prairie, avant d’implanter du méteil
(orge, avoine, pois) à l’automne. L’essai
s’est révélé concluant : le rendement
obtenu était bon (55 qx/ha). La deuxième Groupe d’agriculteurs en visite chez Bernard Desorme

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maraîchage
Point sur la mouche mineuse du poireau : Phytomyza
Gymnostoma

A
pparu en Alsace en 2003, Biologie et cycle de développement survivent facilement à des attaques.
Phytomyza Gymnostoma (P.G) La mouche réalise son cycle uniquement Cependant, les galeries verticales
est un ravageur qui provient sur les Alliums avec une préférence pour présentes dans les fûts des poireaux
de l’Est de l’Europe. En Rhône- le poireau et la ciboulette mais ne laisse peuvent provoquer leur éclatement
Alpes, les attaques sur les cultures sont pas indemne oignon, ail et échalote. et leur déformation. Contrairement à
inégales selon les zones et les années. Autant d’espèces lui permettant une la mouche de l’oignon, ces attaques
Des méthodes préventives existent déjà bonne multiplication de ses deux engendrent rarement des pourritures.
mais les moyens de lutte directe restent générations annuelles. On peut seulement observer une légère
à approfondir en lien avec la détection Issu de l’émergence des adultes en avril, oxydation rouge dépréciant l’aspect
des vols. Vous trouverez dans cet le premier vol s’étale jusqu’en juin. visuel du poireau. Ainsi, un épluchage
article un condensé des connaissances L’accouplement se produit dans les 48 h plus important des poireaux attaqués
actuelles autour de P.G et des méthodes après leur sortie. S’en suit directement est souvent nécessaire pour les récoltes
de lutte. la nutrition et la ponte des femelles automnales et hivernales.
sur les plantes hôtes. Le suc qui est
Identification excrété par la plante permet aux autres
De la famille des Agromyzidae, la adultes une reconnaissance de la plante
mouche mineuse P.G est très difficile à hôte nécessaire au développement de
distinguer de ses nombreuses cousines. l’espèce.
Sa larve, difficilement observable, est Après éclosion, les larves rongent
un asticot jaune pâle mesurant jusqu’à les tissus foliaires sous l’épiderme
6 mm de long qui se développe entre et creusent des galeries rectilignes
les deux épidermes de la feuille. Les verticales en direction de la base
pupes, de couleur brun rougeâtre et des feuilles. Par la suite, l’asticot
d’une taille de 3,5 mm, sont situées se nymphose en pupe et peut ainsi
au sein de logettes dans les tissus des se conserver dans la plante durant
feuilles. les chaleurs de l’été. En plus de la
température, la photopériode est
suspectée de jouer un rôle dans la
reprise du développement de la pupe
en fin d’été. Un nouveau processus
de développement, identique à celui
du printemps s’engage alors. Les vols
d’adultes ont lieu à partir de mi-août
et peuvent s’étaler jusqu’en novembre.
Mouche mineuse larve - Billard
Selon les observations réalisées en
Rhône-Alpes, le pic de vol de mouches Eclatement du fût - Bouchery-INRA
se situerait entre mi-septembre et mi-
octobre.
Dégâts : lors d’attaques importantes le
temps de récolte peut être multiplié par
deux.
Les dégâts proviennent essentiellement
de l’alimentation des larves qui minent
le feuillage. Au printemps, quelques
asticots suffisent à tuer les jeunes
plants en pépinière. À l’automne, les Bords des galeries brunis
Mouche mineuse adulte - Billard poireaux, de taille plus importante, Bouchery-INRA

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N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
maraîchage

La pratique côté producteur


Aucun traitement n’est homologué sur ce ravageur, mais les maraîchers
utilisent de plus en plus le spinosad (matière active du Success et
Mudso) comme moyen de lutte contre la mouche mineuse. Ce produit
autorisé par le cahier des charges européen de l’AB, est homologué pour
le moment sur poireau uniquement contre les thrips. Son efficacité dépend
du positionnement des traitements. Avec deux applications autorisées à
une dose de 0.2 L/ha, ce produit de contact doit au maximum encadrer
les pics de vol de la mouche. Le spinosad présente cependant plusieurs
inconvénients : sa forte toxicité vis-à-vis des auxiliaires et un risque de
résistance en cas d’usages répétés.

La pose de voiles anti-insectes de 2) Un réseau participatif de piègeage


façon bien hermétique en fonction « ciboulette » devrait voir le jour sur
des périodes de vol (cf. réseau de la zone ADABio afin d’augmenter le
surveillance ou via la ciboulette) maillage des observations réalisées
Galeries verticales - Bouchery-INRA semble la méthode la plus efficace. jusqu’ici par les techniciens : avis aux
L’idéal est d’utiliser des voiles à maraîchers motivés ! 3) Nous restons
Détection des vols : L’observation des maille de 0.8 mm type « filbio », mais à l’affût de nouvelles connaissances
piqûres de nutrition permet de détecter il semblerait que le filet type « micro- sur la biologie de l’insecte issues des
le vol et les pontes climat », format plus économique, recherches des centres techniques.
Le relevé régulier des piqûres de suffise en tant que leurre. Il faut enfin être attentif à l’évolution
nutrition en haut des feuilles de Cependant, les filet limitent les des populations sur notre région, car
poireaux permet de détecter la présence interventions d’entretien de la culture des enemis naturels peuvent s’installer
d’adultes. Au printemps, les adultes et pourraient accentuer le risque et permettre une régulation. Il faut
peuvent être piégés en positionnant de maladies de feuillage (rouille, le donc aussi approfondir la connaissance
des plaques engluées jaunes au mildiou et l’alternaria). des auxiliaires potentiels de P.G afin de
dessus de la culture. En automne, favoriser leur présence.
cette méthode étant inefficace, il est Aux vues de l’insuffisance des
possible de positionner des plantes moyens de lutte face à ce ravageur, de Sources : Journées techniques Fruits et
Légumes et Viticultures p91-100 Bouchery
« pièges » aux abords de la parcelle. nouvelles études vont être réalisées Y., 2005 - Fiche technique : Phytomyza
La ciboulette, considérée comme plus au cours de cette saison 2014 : gymnostoma Fredon Ile de France - Dossier
appétante que le poireau, est un bon 1) Un essai sur la comparaison de spécial : Phytomyza gymnostoma, un ravageur
différents programmes de traitements préoccupant du poireau MazollierC. et Tronc
support d’observation. Elle attire
C., 2011 - Refbio maraîchage PACA Bulletin de
prioritairement les mouches mineuses comprenant des modalités avec mars avril 2011 - Suivi du vol de la mouche
qui viennent se nourrir et laissent la des infra-doses de sucre, d’huile mineuse Phytomyza gymnostoma en Rhône-
trace de leur passage. Il suffit alors de essentielle de carotte et du spinosad. Alpes Burlet A., Leblond S. et Pierre P., 2013
relever toutes les semaines le ou les
plants de ciboulette.
Moyen de lutte
En agriculture biologique, la rotation
des cultures est la base de la prévention
contre la mouche mineuse. De plus, il
faut éliminer tous les résidus végétaux
infectés par un compostage bâché. La
protection des alliums au printemps
peut réduire les émergences de
l’automne.
Exemple de voile anti-insectes sur culture de carottes

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
viticulture
Utilisation du cuivre en viticulture biologique

D
epuis un siècle et demi, contaminatrice. sa dispersibilité, son adhésivité au
l’utilisation du cuivre en Pour reprendre les mots d’un vigneron feuillage, joue plus sur l’efficacité que
viticulture est connue pour chignerain : « C’est comme la crème la forme chimique». En effet, d’après les
protéger le vignoble contre le solaire, on la met avant d’aller au essais IFV, la BB RSR disperss est plus
mildiou, notamment avec l’utilisation soleil pas quand on est déjà brûlé». La lessivée qu’un Kocide Opti donc a priori
de la fameuse bouillie bordelaise. stratégie est donc d’être constamment re largue plus vite ses principes actifs,
Néanmoins, la réglementation en préventif. alors que l’on considère souvent que les
évolue et les vignerons eux-mêmes, hydroxydes re larguent plus rapidement
conscients de l’impact néfaste de ce Les différentes formulations de cuivre que les sulfates. En revanche, pour une
métal lourd s’accumulant dans les Il existe différentes formes de cuivre même forme chimique (hydroxyde de
sols, travaillent à diminuer les doses mais aussi beaucoup de formulations cuivre) l’héliocuivre a plus de pertes
utilisées. La réglementation actuelle différentes (selon les produits par lessivage que le kocide...
limite l’utilisation du cuivre à une dose commerciaux) disponibles sur le On note toutefois que, quelque soit la
maximale de 30 kg/ha de Cuivre métal marché. Une idée commune voudrait forme ou le produit, le lessivage se fait
sur 5 ans. Cette dose est aujourd’hui que les formes soient plus ou moins bien sous les premiers 20 mm de pluie.
remise en cause. lessivables, et donc plus ou moins Les pluies suivantes ont peu d’impact.
rapidement efficaces. Partant de ce Ce qui veut donc bien dire qu’au delà
Le cuivre : origine et mode d’action principe, certains vignerons ont pour de 20 mm, la vigne n’est plus protégée:
Ce métal est issu de gisements naturels habitude d’associer différentes formes en effet, le cuivre résiduel, étant peu
de minerais plus ou moins purs et de cuivre au cours de la campagne, soluble, n’est donc pas efficace !
de sulfures. Différents traitements voire à chaque traitement, pour allier La stratégie efficace est bien d’intervenir
permettent de purifier le minerai. En les qualités de ces différentes formes. à petites doses, renouvelées avant
agriculture et viticulture, le cuivre Après une étude en 2004, de nouveaux chaque pluie contaminatrice.
provient surtout de récupération. La essais de l’IFV en 2011 et 2012 ont été
fabrication des sels de cuivre est basée réalisés*. La conclusion est que l’on ne Réduction des doses de cuivre, les
sur l’attaque du cuivre par des acides : parvient pas à mettre en évidence de conditions de la réussite.
différence significative de résistance Des stratégies de protection à faible
acide sulfurique sulfate de cuivre au lessivage suivant la forme de utilisation de cuivre sont possibles.
+ soude = hydroxyde de cuivre, + cuivre. On observe cependant des Pour cela il faut mettre toutes les
chaux = bouillie bordelaise, + acétate écarts importants selon les produits chances de son côté.
de calcium = acétate de cuivre commerciaux. D’après Marc Chovelon, Dans un premier temps, il convient de
du Grab Avignon : « la formulation du mettre la vigne en bonnes conditions
acide chlorhydrique chlorure de produit commercial, qui impacte sur
cuivre oxychlorure de cuivre de santé : maîtrise de la vigueur, de
l’équilibre sol-plante. Au besoin, on
Son action fongicide et bactéricide peut corriger des carences avec des
provient de la libération des ions oligo-éléments en foliaire afin de
cuivrique Cu2+ dans l’eau. Il agit restaurer l’équilibre.
à différents niveaux des cellules Ensuite, il faut veiller à avoir une
pathogènes, ce qui lui permet de ne qualité de pulvérisation irréprochable:
pas risquer la sélection de souche répartition homogène, tous les
résistante. C’est un produit de contact. organes à protéger ciblés (privilégier
Comme tout produit de contact, le les grappes), une protection de
cuivre est lessivable. Cependant c’est toutes les faces en pleine végétation.
l’eau qui le rend actif en mettant en Il faut prévoir un renouvellement
solution les ions Cu2+. Pour être à avant chaque pluie contaminatrice,
Bouillie bordelaise après 20 mm de pluie ou 20 cm de
l’optimum de l’efficacité, il faut donc
l’appliquer au plus près avant la pluie pousse. Et surtout aucune faille dans

9
N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
viticulture

la protection autour de la fleur : c’est


le stade phénologique clef pour toutes
les maladies cryptogamiques (mildiou,
oïdium, Black rot).
Pour optimiser l’efficacité des
traitements, les travaux en vert
(épamprage, épillonage, effeuillage)
seront un atout non négligeable afin
d’avoir une végétation aérée (séchage
plus rapide et meilleure répartition
des traitements). Ecimer au plus tard
pour retarder le départ des entre-cœurs
(foyers potentiels de mildiou au plus
proche des grappes). La qualité de l’eau
de préparation des bouillies aura aussi
son importance. Il faut privilégier l’eau
de pluie (sans les premiers mm) et au
besoin réajuster le pH afin d’être autour
d’un pH de 6, favorable à la santé de la
vigne. Pour ce faire, du petit lait peut
être utilisé.

Les solutions alternatives


Sur le terrain, chez les vignerons, ou
encore par des essais menés par les
expérimentateurs (ADABio, GRAB, IFV),
divers « produits alternatifs » ont été
et sont encore testés pour élaborer
des stratégies économes en cuivre.
Parmi ceux-ci, ont peux distinguer les
extraits végétaux visant à stimuler les
défenses de la vigne et d’autres types
de produits alternatifs : les produits
asséchants. De façon globale, on peut
dire qu’aujourd’hui aucune alternative
valable n’a été découverte pour se passer
du cuivre contre le mildiou de la vigne.
Cependant, certaines préparations ont
montré des effets, en complément de
faibles doses de cuivre, en conditions
expérimentales. [Plus de détails dans
un prochain numéro consacré aux
possibilités d’alternatives.]

* Pour info : fiche technique n°70


www.vignevin.com

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
arboriculture
Gestion du carpocapse et des tordeuses des
pommes et des poires en agriculture biologique
Identification des principales tordeuses s’attaquant aux fruits dans les vergers de pommiers et de poiriers.
Pour celles creusant des galeries dans le fruit :
- le carpocapse qui vole de la fin de la floraison des pommiers jusqu’à début septembre.
- la tordeuse orientale qui passe, dés la mi-août, du cognassier ou du pêcher aux fruits à pépins.
- la petite tordeuse, au vol assez bref, de fin mai à mi-juillet, qui s’observe souvent dans les pommiers proches de pruniers.
Pour celles se nourrissant de la pelure des pommes et des poires :
- la capua et la pandémis qui attaquent d’abord les fleurs ou jeunes fruits et qui volent ensuite en mai, juin puis en août.
- les tordeuses des buissons qui provoquent de gros dégâts durant la floraison et sur les très jeunes fruits.

Méthodes de lutte mises en place dans le réseau de 9 fermes Dephy Ecophyto suivies par l’ADABio

Réduction de Lutte larvicide avec virus ou bacillus thuringiensis Résultat souhaité


l’inoculum Moins de 5 % de dégâts voire
hivernal moins de 3% pour le carpo et la
TOP dont les galeries sont
Prédation souvent envahies par des
naturelle Confusion sexuelle Barrière physique : filet pourritures molles indésirables
dans les jus.

1 Réduction de l’inoculum hivernal :


pulvérisation après récolte sur les
larves de carpocapse ou de tordeuses
toutes les chenilles de lépidoptères
(Delfin…). Mise en place le plus souvent
en complément de la confusion ou de
puisqu’elles restent en surface mais il
faut également traiter les jeunes stades
plus sensibles aux produits.
hivernant dans l’écorce des troncs la lutte mécanique :
ou au sol, d’une préparation à base - pour les larves qui creusent des Pour les tordeuses, dans les vergers
de nématodes entomophages. Cette galeries (carpocapse, tordeuse proches des bois, le traitement avec
technique est difficile à mettre en œuvre orientale du pêcher, petite tordeuse un bacillus thuringiensis au stade E est
car il faut plus de 8h d’humectation lobarzewski), ces produits doivent primordial. Eviter de mélanger les BT ou
après le traitement et des températures être ingérés par les très jeunes larves les virus avec des produits alcalins type
supérieures à 10°C. avant qu’elles ne pénètrent dans Curatio, bouillie nantaise ou bouillie
le fruit (stade baladeur qui ne dure bordelaise.

2 Prédation naturelle : 3 fermes


ont installé des nichoirs pour
mésanges ou des gites à chauve-souris.
souvent que quelques heures). La
formulation carpovirusine du virus de
la granulose bien que spécifique du
Le vol de ces différentes tordeuses
est suivi à l’aide de capsules de
phéromones placées sur une plaque
Les mésanges, principalement en août, carpocapse serait également efficace engluée à l’intérieur d’un piège. Près
consomment énormément de chenilles sur la tordeuse orientale et la petite d’une culture de maïs, où ces pièges
qui s’apprêtent à hiverner. tordeuse. Des larves de carpocapse peuvent capturer des noctuelles, il
Les chauves-souris consomment les résistantes ayant été repérées dans un est conseillé de poser un grillage à
carpocapses et tordeuses qui volent le verger du réseau, il est recommandé maille large afin d’éviter la prise de
soir. d’alterner les souches de virus. Pour vertébrés insectivores attirés par ces
certaines formulations de BT, il faut gros papillons.

3 Lutte larvicide à base de virus


de la granulose spécifique du
carpocapse (Carpovirusine ou Madex)
augmenter la dose hectare pour toucher
le carpocapse.
- pour les tordeuses de la pelure, le
En verger en confusion sexuelle, les
pièges à phéromones sexuelles ne
fonctionnant pas, des capsules à base
ou de bacillus thuringiensis actif sur positionnement est moins important d’ester de poire permettent de repérer

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N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
arboriculture
les pics de vol du carpocapse qu’il Ces diffuseurs permettent à la fois de devaient s’équiper en filets para-grêle
convient de traiter dans les 8 à 10 jours leurrer les mâles de carpocapse mais et parce que, pour l’une d’entre elles,
qui suivent également ceux de la petite tordeuse et la confusion sexuelle ne fonctionnait
Il existe également des modèles basés de la tordeuse orientale. Il faut environ pas à cause de la présence à proximité
sur des sommes thermiques en base 400 diffuseurs par hectare + 10 à 20 % de vergers de grands noyers où il
10 depuis le 1er janvier 2014 pour de plus pour les bordures. est difficile de poser des diffuseurs.
repérer les pics de vol des différentes Deux exploitations ont adopté le La ferme du May à Vourey, qui est
tordeuses afin de renforcer la confusion système de la désorientation (Exosex), en monoparcelle, a mis en place un
sexuelle qui permet de ne poser que 25 système de relevage du filet en bout de
- carpocapse : 200° (fin mai début juin), boîtes de diffusion par hectare. Mais parcelle afin de permettre au tracteur
400° (mi juin), 800° (fin juillet début ces diffuseurs sont spécifiques au de tourner sans gaspiller du terrain.
août) carpocapse et avec un nombre aussi Le relevage s’effectue en journée
- capua : 200°, 800° lobarzewski : 400° restreint, la méthode n’est applicable puisque le carpocapse vole le soir. Les
tordeuse orientale : 800°, 1200° (fin que sur des grandes parcelles. deux arboriculteurs n’ont pas constaté
août). d’inconvénients majeurs par rapport à

4 Confusion sexuelle : employée


dans toutes les fermes Ecophyto
5 Filet Alt Carpo : méthode mise en
place dans deux fermes du réseau,
l’une en monoparcelle et l’autre en
un filet normal même si l’INRA aurait
observé une baisse de l’activité des
insectes prédateurs de pucerons sous
Dephy monorang. filet. Pour faciliter la prédation du
Les diffuseurs Ginko duo sont les plus Ces fermes ont opté pour cette campagnol par les rapaces, le monorang
utilisés dans le réseau Ecophyto Dephy. méthode de lutte du fait qu’elles serait préférable. Les autres tordeuses
pouvant passer entre les mailles, ou
effectuer leur cycle sous le filet, il est
indispensable d’effectuer un bacillus au
stade E et suite aux pics de vol.

Tous les intrants décrits ci-dessus


sont classés dans un nouvel indice
de fréquence de traitement nommé
IFT biocontrôle par opposition à l’IFT «
chimique » qui concerne les produits
de synthèse ou les insecticides biol
polyvalents peu sélectifs, type pyrévert,
success4.
La mise en place de la confusion ou
du filet évite de recourir à l’utilisation
d’insecticides à large spectre d’activité.
Concernant le choix variétal, Roger
Sulpice à La Motte Servolex, dans un
verger polyvariétal aurait observé
que les pommes Chanteclerc, Jubilé,
Reinette Grise, Boskoop seraient plus
attractives pour le carpocapse.
De même, la vigueur excessive des
arbres serait favorable aux tordeuses.

En perspective, favoriser, en aménageant
le paysage, la prédation des chenilles
par les guêpes solitaires, le parasitisme
des œufs par les trichogrammes. Tester
la répulsivité d’infra-dose de sucre pour
Filet anti carpocapse - Vourey le carpocapse mise au point par l’INRA.

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
élevage laitier
Le nettoyage et la préparation à la traite

E
n bio la santé mammaire passe la fragilise, et élimine la flore des individuelle, et ne convient pas à toutes
avant tout par la prévention. trayons, utile pour la transformation. les exploitations.
Le nettoyage des trayons et la
préparation à la traite ont une Il est possible d’utiliser de la paille de Pour tirer les jets, utiliser un petit pot.
influence importante sur la qualité bois. Ne jamais tirer les jets par terre, meilleur
du lait. Voici une petite synthèse moyen pour cultiver des germes dans
d’expériences d’éleveurs et d’études la salle de traite et l’étable. Le pot peut
techniques. être muni d’un fond noir pour aider à
détecter les mammites. Attention, avec

1 Le lavage de la mamelle
Tout d’abord, rappelons les règles
de base : ne jamais brancher une vache
certains fonds noirs le lait éclabousse
et des gouttes se retrouvent sur la
mamelle.
sale et bien vérifier que le sphincter
soit propre. 1g de bouse peut suffire
à ensemencer le lait du tank en flore 2 La préparation à la traite
La mamelle avant la traite contient
du lait dans la citerne en bas de la
d’altération. Mais surtout, les trayons
et la base de mamelle doivent être secs mamelle (20% du lait total chez la
paille de bois vache, 75% chez la chèvre) et dans les
au moment du branchement.
tissus de sécrétion (80% chez la vache,
Point réglementation bio Cela semble être la solution la moins 25% chez la chèvre). Or le lait des tissus
chère. L’avantage de la paille de bois est « bloqué ». Pour qu’il quitte ce tissu
Le post trempage des trayons est est de garder les trayons secs et de
autorisé en bio. Il n’y a pas de et qu’il arrive dans le pis, il faut que le
desquamer les peaux mortes des tissu l’expulse. C’est la décharge d’une
restriction d’usage sur les produits trayons pour qu’ils deviennent plus
de post trempage. hormone, l’ocytocine qui permet cette
lisses. La flore de surface des trayons descente du lait. Et pour que cette
Le pré-trempage (mousse ou est conservée, et il y a un gain de décharge ait lieu, il faut une stimulation
désinfectant) est interdit en bio. temps lors de la préparation. Mais de la mamelle (massage) et/ou une
Il faut utiliser des matériaux la paille de bois ne permet pas un stimulation visuelle (entrée en salle de
secs ou des lingettes humides, aussi bon nettoyage qu’une lavette traite, vue du veau, de l’agneau…)
éventuellement avec du savon.
Il n’y a pas de restrictions sur
les produits de désinfection des
lavettes (entre deux traites), ni
sur les produits de nettoyage des
installations de traite.

Si utilisation des lavettes, il faut


s’imposer d’en utiliser une par vache,
et de les nettoyer après chaque traite,
soit avec une solution désinfectante,
soit en les passant à la machine à laver.
Sinon elles deviennent rapidement un
bouillon de culture et un moyen de
transmission des germes. Pour les
lavettes qui sont dans une solution
désinfectante la journée, attention à
bien les rincer. La solution désinfectante Le réflexe d’éjection du lait est commandé par le cerveau
est agressive pour la peau des trayons,

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N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
élevage laitier
Comment améliorer la préparation des
Pour que la traite soit synchronisée avec la décharge d’hormones, Il faut animaux ?
environ 60 secondes entre le début de la préparation et le branchement des Tout d’abord en évitant tout stress. La
faisceaux. Il faut aussi brancher les animaux en moins de 120 secondes sinon décharge d’ocytocine est commandée
l’éjection du lait ne sera pas bonne. Certaines vaches peuvent être branchées par le cerveau. Un stress extérieur est
plus rapidement car la préparation se fait par des stimulations externes (bruit susceptible d’agir sur cette décharge. De
de la machine à traire…). plus, tout stress créé une augmentation
du niveau cellulaire.
Ensuite, il faut masser la bonne zone
Comment vérifier que la préparation à la traite a été bonne et que les vaches de la mamelle : la base de la mamelle,
donnent bien leur lait ? juste au dessus des trayons, car elle est
très irriguée en nerfs contrairement aux
Une analyse des débits de traite peut être faite par le contrôle laitier. Cette mesure trayons.
n’est pas du tout obligatoire, mais elle permet de déterminer si la préparation des
animaux est bonne et s’il n’y a pas de surtraite. On doit obtenir des courbes avec
un palier, et éviter au maximum les courbes « bimodales », c’est à dire avec une
baisse de débit au milieu de la traite. On peut aussi repérer une courbe bimodale
en observant le débit dans la griffe.

CAS N°1 : La courbe de débit du lait de cette vache est « idéale ». Le débit
augmente fortement, atteint un plateau puis baisse rapidement. En abscisse le La zone de stimulation de la mamelle se
situe sur le haut des trayons et la base
temps (min) et en ordonnée le débit de traite (l/min). de la mamelle. Image Larousse.

Enfin, pour certaines vaches qui ne


voudraient pas donner leur lait, il faut
créer un stimuli supplémentaire en
amenant leur veau devant elles. Cela
peut dépendre des cas mais de manière
générale après une semaine la vache
donne son lait normalement.
Chez les petits ruminants, cette phase de
préparation est réalisée moins souvent.
Cela pose moins de problèmes car il y
CAS N°2 : La courbe de débit du lait de cette vache est « bimodale ». La a beaucoup de lait dans les citernes et
stimulation (massage) n’a pas été assez bonne, le lait citernal arrive entre car la machine à traire vient stimuler la
30sec et 1 min, puis il y a une baisse du débit car le lait des tissus mammaires mamelle en appuyant sur la base des
n’arrive pas. Le lait des tissus arrive vers 1min30. Le temps de traite est allongé, trayons. Si vos animaux se finissent
la finition n’est pas bonne et les trayons sont agressés, avec des conséquences mal, un bon massage peut apporter des
sanitaires : la peau des trayons héberge plus facilement des staphylocoques, et améliorations. En conclusion, la qualité
les sphincters mettront plus de temps à se refermer voire ne se refermeront pas. de la traite et la finition des vaches est
largement influencée par la préparation
et l’environnement de la traite.

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
élevage allaitant
Le pâturage des troupeaux allaitants

L
e pâturage est la manière la moins une prairie est haute, plus il y a de déséquilibre. Au contraire l’herbe de
chère d’alimenter les ruminants. surface de feuilles, et plus elle peut plus de 4 semaines que l’on propose en
On estime qu’alimenter des pousser vite. pâturage tournant est plus équilibrée,
ruminants avec des fourrages Une prairie qui a été pâturée raz mais elle est moins appétante. Il faut
coûte trois à quatre fois plus cher va pousser doucement pendant 4 donc appliquer une plus forte pression
que de les faire pâturer (Institut de semaines, puis l’herbe se met à de pâturage (nombre d’animaux à l’ha)
l’élevage, 2008). Plusieurs conduites pousser très vite ! Dans certains cas pour forcer les animaux à manger cette
sont possibles au pâturage, et elles la quantité d’herbe entre la quatrième herbe.
ne donnent pas toutes les mêmes et la sixième semaine est multipliée
résultats. Un pâturage bien maîtrisé par 8. On a donc tout intérêt à laisser Les conduites de pâturage
permet de doubler la production à la prairie au moins 4 semaines de
Il existe plusieurs stratégies de
annuelle d’herbe à l’hectare. C’est une repousse pour profiter de la pousse
gestion du pâturage, qui influencent la
source d’économies, en particulier dans rapide à partir de la 4ème semaine.
production d‘herbe à l’hectare.
les exploitations avec des systèmes Une prairie conduite en gazon court a

1
fourragers tendus. une vitesse de pousse très faible en Le pâturage continu
permanence, et on obtient une plus Les vaches ont accès à toutes les
La pousse de l’herbe : à la base de la faible production annuelle avec ce type surfaces de pâturage en permanence.
gestion du pâturage de conduite. C’est une technique qui permet de
Au printemps, les prairies en maîtriser la pousse de l’herbe. Les
L’herbe ne pousse pas de façon gazon court fournissent une herbe pâtures restent en général avec une
régulière. Les événements climatiques déséquilibrée alimentairement. Elle ne faible hauteur d’herbe. Quand on
et la fertilisation influencent sa pousse contient pas de fibre mécanique, elle maintien une pression suffisante pour
mais on oublie souvent un paramètre. apporte de l’azote en bonne quantité que l’herbe reste toujours en dessous
C’est la surface en feuilles (la capacité mais manque d’énergie. Les problèmes de 10cm, on appelle ça la technique du
à capter les rayons du soleil) qui de fertilité sur les deux mois qui suivent gazon court. Son plus gros avantage est
détermine la vitesse de pousse. Plus la mise à l’herbe peuvent être dus à ce d’éviter de se faire déborder par l’herbe
et de garder des prairies propres. C’est
la technique de pâturage qui donne les
plus faibles productions d’herbe à l’ha.

2 Le pâturage tournant
Les parcelles sont découpées en
padocks.
Pour donner des repères, il faut avoir
environ 3 jours de présence par padock,
et les padocks ne doivent pas faire
plus de 4 a/UGB. Il faut avoir un temps
de retour sur un même padock de 30 à
40 jours.
Il est possible de faire du pâturage
tournant simplifié (3 à 4 padocks), mais
on perd en production d’herbe. Une
fois que les padocks sont faits et s’ils
sont raccordés à l’eau, cette technique
demande peu de temps. La production
d’herbe à l’ha est environ multipliée
par 1,5.

La quantité d’herbe par ha en fonction du temps après le dernier pâturage.


D’après André Voisin, «La Productivité de l’Herbe » 1957

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N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
élevage allaitant

3 Le pâturage au fil
Un fil électrique est déplacé tous les
jours voire deux fois par jour pour ouvrir
Padock 1 > 20cm => on
n’utilise pas les padocks
complémentaires. Ils
de nouvelles surfaces aux animaux. seront pâturés au milieu
Il est possible et même conseillé de de l’été quand l’herbe
mettre un fil arrière pour que les prairies manquera.
déjà broutées repoussent plus vite. La
technique de pâturage au fil est celle
qui permet de mieux valoriser l’herbe
(doublement de la production l’ha),
mais elle est gourmande en temps. Elle
est à privilégier sur des prairies riches
en légumineuses, pour éviter le risque
de météorisation, ou sur des terrains
très peu porteurs où elle permet de
limiter le piétinement.

Pour les brebis le pâturage au fil A la première sortie au printemps on peut faire un passage rapide sur la surface de
est très intéressant au printemps base pour déprimer. Ensuite on commence la rotation avec un rythme normal. On
et lors de la mise à la reproduction veillera à faucher le plus tôt possible les padocks complémentaires pour avoir de
l’herbe disponible rapidement. Sur le début du printemps si l’herbe met du temps à
car il évite les surconsommations
démarrer, on ajoutera encore d’autres padocks complémentaires.
en entrée de padock, source
d’instabilité ruminale et donc
de mauvaises performances de Padock 1 à 15cm =>
reproduction. on pâture les padocks
complémentaires.
Le pâturage tournant : en atelier
viande, c’est la technique qui est
généralement retenue. Le pâturage
au fil peut être utilisé ponctuellement
(padocks distribués petit à petit) pour
éviter les risques de météorisation et
de piétinement.

Un exemple de gestion du pâturage


tournant [ci-contre]
On découpe les pâtures en padocks,
c’est la surface de base. A cela on ajoute
des padocks pris dans des parcelles
fauchables : la surface complémentaire,
qui permettra de compenser le trou On utilise la surface complémentaire dans l’été pour compenser une pousse d’herbe
d’herbe en été. plus faible.

Pour bien réussir un pâturage tournant, il faut attendre une repousse de 18 cm au moins pour remettre un padock en pâture.
Les troupeaux allaitants peuvent pâturer des hauteurs d’herbe plus importantes (jusqu’à 30cm) que pour les troupeaux
laitiers (24 cm). En surface de base il faut environ 25a par vache allaitante avec son veau et 4a par brebis, pour des prairies
de plaine à bonne productivité. On peut également appliquer ces techniques de pâturage aux génisses.
Les chiffres donnés en références sont à moduler selon les saisons, l’année climatique, mais aussi les petites régions et le
potentiel des sols. Il convient donc à chacun de trouver sa courbe de croissance de l’herbe et les techniques de pâturage
qui lui conviennent le mieux.

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
petits fruits
Piégeage massif de la Drosophile suzuki sur
variétés remontantes de fraises ou de framboises

À
la ferme du May à Vourey (38), gouttes de savon liquide ou de liquide
Jackie et Jean-Noël Roybon vaisselle.
observent chaque année en La technique doit être mise en place
septembre une recrudescence très tôt, même si les cultures estivales
d’attaque de la nouvelle Drosophile de fruits « foncés » (cerises, fraises,
sur raisin Muscat, fraise et framboise framboises, raisins noirs) ne semblent
remontantes. pas subir de dégâts : Jean-Noël va
d’abord disposer les bouteilles dès
Même si le Success4 est autorisé en la fin juillet, tous les 5 mètres autour
AB et sur ces cultures, Jean-Noël ne des abris. Le liquide de piégeage sera
souhaite pas l’utiliser du fait des délais renouvelé 2 fois par mois et selon la
de carences avant récolte et surtout rapidité de l’évaporation. Puis dès la
pour préserver la faune auxiliaire, fin août, le piégeage sera intensifié en
notamment les micro hyménoptères, plaçant les bouteilles tous les 2 mètres
avant qu’ils n’entrent en hibernation. à l’extérieur des abris. Le piégeage
À noter qu’une expérimentation à l’intérieur des abris débutera en
décentralisée de la SENuRA suivie septembre, avec la même densité (1
par l’ADABio concernant l’impact des bouteille tous les 2 mètres).
traitements contre la mouche du brou sur
les acariens prédateurs et les carabidés Le piégeage massif sera accompagné de
n’a pas révélé d’incidence néfaste du mesures prophylactiques :
spinosad sur ces auxiliaires. - les déchets seront régulièrement
vidés dans des containers étanches
Après quelques tests de piégeage
placés en plein soleil (température >
sous abri d’une culture de fraises
40°C pour détruire les drosophiles).
remontantes en septembre 2013,
Au bout de 4 jours en plein soleil, ils
la ferme du May souhaite étendre cette
seront vidés dans des trous.
technique à l’ensemble des récoltes
- si possible, 3 passages par
de fraises, framboises remontantes et
semaine plutôt qu’une seule récolte
raisins.
hebdomadaire.
Le piégeage massif s’effectue à l’aide de - pose de filet d’une maille inférieure
bouteilles plastiques, de préférence de à 1 mm au niveau des ouvrants
couleur rouge qui attirent davantage la
drosophile. Eviter les pièges à entonnoir La ferme du May espère que toutes ces
jaunes qui attirent énormément les mesures permettront de diminuer la
bourdons. Les bouteilles plastiques pression du ravageur.
sont percées de 20 trous de 4mm de
diamètre sur une face, et contiennent
un liquide attractif constitué du
mélange : 1/3 vinaigre de cidre, 1/3
vin rouge, et 1/3 eau, avec quelques

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N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
grandes cultures
Méteils : à chacun sa formule !

Q
Relation entre la part de pois et la teneur en protéines des méteils :
uasiment abandonnée en
conventionnel, c’est la culture 25

Source : essais ADABio dans l’Ain


phare chez les éleveurs bio
! Les multiples intérêts des 20

T eneur en protéines
méteils, qu’ils soient agronomiques ou

entre 2010 et 2013


alimentaires, ne sont plus à prouver 15 2013

et ont déjà fait l’objet de nombreuses 2012


10
publications. Nous ne reviendrons pas 2011
dessus dans cet article, l’objectif étant 5
2010

plutôt de présenter quelques retours


d’expériences sur différentes formules 0
de méteils cultivées sur notre territoire. 0 20 40 60 80
% de pois da ns le m é la ng e ré c olté
On qualifie de « méteil » l’association
d’une ou plusieurs céréales à paille (pois protéagineux, vesce, féverole). céréales/ pois) et privilégier absolument
avec une ou plusieurs espèces de des terrains profonds à bonne réserve
protéagineux. Sur notre région, les Quels protéagineux en complément du utile car elle est très sensible aux coups
méteils les plus courants sont constitués pois fourrager et de la vesce ? de chaleur et de sécheresse au moment
d’une base triticale / pois fourrager, le de la floraison.
La féverole est une plante intéressante
triticale étant un solide tuteur pour le En Suisse, les pois protéagineux
de par sa valeur protéique et sa
pois fourrager qui, contrairement au sont privilégiés par rapport aux pois
contribution à la diversité des
pois protéagineux, se développe sur fourragers car ils provoquent moins
légumineuses dans les assolements.
une seule tige pouvant atteindre 2 m de verse. Ils sont en général associés
Elle peut également servir de tuteur
de longueur. Pour favoriser la diversité à l’orge, en mélange d’hiver ou
au pois pour des méteils faiblement
végétale en culture ainsi que la diversité de printemps. Ils sont néanmoins
fournis en céréales. Elle présente
des types d’amidon donnés aux plus sensibles au froid que les pois
cependant deux limites dans notre
animaux d’élevage, il est souhaitable fourragers.
région : il faut la semer à 6-10 cm
de diversifier au maximum le mélange Le lupin est quant à lui peu utilisé du
de profondeur pour la protéger des
en y ajoutant d’autres céréales (avoine, fait de sa récolte plus tardive et de sa
fortes gelées hivernales (donc semis
orge, seigle…) et d’autres protéagineux sensibilité au salissement. Des essais
en 2 passages si on l’associe à des
d’association avec de l’avoine et de
Exemples de mélanges céréales/protéagineux d’hiver et de densités de semis la caméline en mélange de printemps
pratiqués en bio en Rhône-Alpes (en kg/ha) : sont en cours et semblent apporter des
résultats encourageants.
Triticale Orge Avoine Seigle Pois four.* Vesce Féverole
150-180 Une part de protéagineux très variable
20-30 à la récolte !
100-120
30 20-30
Méteils grain 80-100 30 10 Le principal atout des méteils réside
20-30 20-30 10-15
80-100 20-30 10 dans la régularité de rendement, mais
30 40-60 10-15 la proportion des différentes espèces à
150-180 80
la récolte peut être très variable selon
150-180 20-25 15-20
les conditions météo de l’année.
Méteils ensilés 150-180 20-25 10 40-50 Sur les 4 dernières années, deux ont
100-120 20-30 20-30 20-25 10 40-50 été favorables aux protéagineux (2010
et 2013) avec des hivers peu rigoureux
* Valeurs sur la base du pois fourrager Assas. Si pois à PMG plus faible (type Arkta), diviser et des printemps frais et humides.
les doses de semis par 2. À noter que plus le semis sera précoce à l’automne, plus il faudra
diminuer la part de pois car son développement sera favorisé. Pour une récolte en grain, une L’année 2013, avec ses conditions
densité de 10 pieds de pois au m2 en sortie d’hiver permet d’avoir potentiellement 1/3 de pois climatiques extrêmes, a d’ailleurs bien
dans le mélange à la récolte. mis en avant l’intérêt des associations

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la luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°1 Juillet 2014
grandes cultures
de plantes ayant des physiologies et des exigences différentes. En 2011, la sécheresse printanière a fortement pénalisé les
protéagineux et en 2012 les grands froids de février ont généralement fait disparaitre les pois s’ils n’étaient pas protégés
par la neige. En terme de valeur protéique, nous retrouvons bien sûr une relation directe entre la part de protéagineux à la
récolte et la teneur en protéine des mélanges (voir graphique ci-joint), celle-ci se situant en moyenne autour de 15-16% mais
pouvant varier entre 11% et plus de 20% selon les années.

Témoignage - Jean-Philippe CLAIR


éleveur laitier à Chalamont (01)
« Sur ma ferme, je distingue les méteils relativement précoce, autour du 20-25
que je compte ensiler de ceux que mai, au stade laiteux de la céréale. Je
je vais récolter en grain. Mes méteils sais que je pénalise le rendement par
grain sont en général composés d’un rapport à un ensilage réalisé au stade
mélange de triticale, d’avoine, d’orge, pâteux 3 semaines plus tard mais mon
d’épeautre et de pois. J’essaye de ne objectif est de récolter un fourrage jeune
pas dépasser 25 kg de pois au semis pour privilégier les valeurs nutritives
pour limiter les risques de verse en cas au détriment de la fibre, qui est déjà
d’années favorables aux protéagineux. apportée par le foin de luzerne dans la
Malgré cela en 2013, j’ai obtenu plus de ration de mes vaches. J’obtiens ainsi un
70% de pois à la récolte ! fourrage autour de 14% de protéines.
Pour mes méteils ensilés, j’ajoute de Cette récolte précoce me permet en
la vesce à hauteur de 15kg/ha et de la outre de libérer le terrain suffisamment
féverole à 40 kg/ha afin de favoriser la tôt pour pouvoir semer un maïs dans
teneur en protéines du fourrage que je la foulée. »
vais récolter. Je vise une date d’ensilage

Témoignage - Gilles COSTA-ROCH


éleveur laitier à Massieu (38)
« Je cultive des méteils depuis le satisfaisaient pas. Je sème un mélange
démarrage de ma conversion bio il simple composé de triticale et de pois.
y a 3 ans. Ce n’est pas une culture Cette année, j’ai augmenté ma densité
bien exigeante en termes de conduite de semis pour monter à 200 kg/ha au
technique et de temps de travail : total (175 kg de triticale pour 25 kg
nous ne réalisons aucune intervention de pois) contre 170 kg/ha auparavant,
entre le semis et la récolte, à part car dans notre contexte d’hivers assez
un passage de herse étrille en sortie rudes les triticales tallent peu, ce qui ne
d’hiver si les conditions le permettent permettait pas d’avoir une couverture
Crédit - Christophe Berthelot

! Durant les 2 premières années, j’en du sol suffisante en sortie d’hiver. Les
ensilais une partie autour du 15 juin, rendements sont réguliers, autour de
au stade pâteux de la céréale, mais 40q/ha, et jusqu’à maintenant nous
j’ai arrêté car les valeurs protéiques avons eu entre 40 et 50% de pois à la
du fourrage - autour de 11% - ne me récolte. »

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N°1 Juillet 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes la luciole
Contacts techniciens
du réseau Corabio

Maison des agriculteurs


4 av. de l’Europe Unie
BP 421 - 07004 Privas Cedex
agribioardeche@corabio.org
04 75 64 82 96

Marion Viguier - chargée de mission


productions animales
viguier.agribioardeche@corabio.org
Tél : 04 75 64 82 96
INEED Rovaltain TGV
BP 11150 Alixan 26958 Valence cedex 9 Léa Droin - chargée de mission
contact@corabio.org productions végétales
Tél: 04 75 61 19 38 95 route des Soudanières droin.agribioardeche@corabio.org
01250 Ceyzeriat Tél : 04 75 64 93 58

Rémi Colomb - conseiller technique


maraîchage
remi.colomb@adabio.com
Tél : 06 21 69 09 97

David Stephany - conseiller technique


polyculture élevage 01/38
david.stephany@adabio.com
Maison des agriculteurs Tél : 06 21 69 09 71
BP 53 - 69530 Brignais Rue Edouard Branly 26400 Crest
contact-ardab@corabio.org Jean-Michel Navarro - conseiller contact@agribiodrome.fr
Tél: 04 72 31 59 99 technique arbo, petits fruits et PPAM 04 75 25 99 75
jeanmichel.navarro@adabio.com
Marianne Philit Tél : 06 12 92 10 425 Julia Wright - chargée de mission
animatrice filière élevage viticulture, PPAM et apiculture
marianne-ardab@corabio.org Arnaud Furet - conseiller technique jwright@agribiodrome.fr
Tél : 06 77 75 10 07 viticulture et apiculture Tél : 06 98 42 36 80
arnaud.furet@adabio.com
Luc BAUER Tél: 06 26 54 42 37 Samuel L’Orphelin - chargé de mission
animateur filière viticole maraîchage et grandes cultures
luc-ardab@corabio.org Martin Perrot - conseiller technique slorphelin@agribiodrome.fr
Tél : 06 77 77 40 99 polyculture élevage 38/73/74 Tél: 06 31 69 98 25
martin.perrot@adabio.com
Pauline Bonhomme – animatrice Tél : 06 21 69 09 80 Fleur Moirot - chargé de mission
production végétale (hors viti) arboriculture et élevage
pauline-ardab@corabio.org fmoirot@agribiodrome.fr
Tél : 06 30 42 06 96 Tél : 06 82 65 91 32

Sandrine Malzieu – animatrice roannais avec le soutien de :


& filière production végétale
sandrine-ardab@corabio.org
Tél : 06 77 75 28 17

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