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PRÉAMBULE
De par son ampleur et son étendue, la pandémie de la Covid-19 a provoqué en 2020 une
crise inédite ayant engendré dans son sillage des conséquences néfastes sur l’économie tant
au plan mondial que national. En effet, les restrictions instaurées à l’échelle planétaire pour
endiguer la propagation du virus ont paralysé les chaînes d’approvisionnement et mis en
arrêt plusieurs secteurs d’activités économiques induisant ainsi une contraction du
commerce international, une chute de la consommation et de l’investissement ainsi qu’un
effondrement du tourisme mondial. Face à l’ampleur exceptionnelle de cette crise, les
pouvoirs publics, les institutions internationales et les autorités financières ont rapidement
réagi en mettant en place des politiques de soutien sans lesquelles les conséquences de la
crise auraient été plus sévères.
Sur le plan national et sous l’effet conjugué de la crise sanitaire et des conditions climatiques
défavorables, le PIB a enregistré une forte contraction en 2020, la première depuis plus de
deux décennies. Face à cette situation, la priorité a été d’abord accordée à la préservation
de la santé et de la sécurité des citoyens et ensuite à la sauvegarde de l’emploi et à
l’atténuation de l’impact sur le tissu productif et sur de larges franges de la population,
principalement les plus vulnérables. Au niveau du système financier, la réponse des
autorités de régulation a été rapide et coordonnée. Dès les prémices de la crise sanitaire
début mars 2020, le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques
(CCSRS) a institué un sous-comité, composé des représentants de Bank Al-Maghrib, de
l’ACAPS, de l’AMMC et de la DTFE, dans le but d’assurer un suivi hebdomadaire des
indicateurs de risques, d’en évaluer l’impact sur l’ensemble du secteur financier et de
convenir des mesures pour y faire face.
Dans ce contexte, Bank Al-Maghrib a mené plusieurs actions pour remédier aux
répercussions de la crise. D’abord, elle a mis en place, dès les premiers signes de tension sur
la demande du cash relevés en mars 2020, un plan d'approvisionnement exceptionnel en
monnaie fiduciaire sur l’ensemble du territoire national en coordination avec le secteur
bancaire, les établissements de paiement et les associations de micro-crédit. De même,
Bank Al-Maghrib a procédé à l’assouplissement de sa politique monétaire à travers la baisse
à deux reprises de son taux directeur (de 2,25% à 1,5%), la libération intégrale du compte
1
Jusqu’au juin 2020.
2
Directive sur laquelle se sont alignées les banques.
3 A compter du 17 mars 2020, la variation maximale de cours autorisée a été ramenée de 10% à 4% pour les actions les plus liquides
Concomitamment aux impératifs de gestion des effets de la crise sanitaire, les autorités de
régulation financière ont poursuivi la mise en œuvre des projets inscrits au niveau de la
feuille de route de la stabilité financière, couvrant la période 2019-2021. Au plan analytique,
le cadre méthodologique pour la conduite des stress tests macro du secteur bancaire a été
actualisé avec l’assistance technique du FMI pour tenir compte notamment des spécificités
du choc sanitaire. Concernant les instruments macroprudentiels, Bank Al-Maghrib a défini
les mécanismes de surveillance des risques liés aux secteurs immobilier et des ménages, à
travers notamment l’analyse des reportings trimestriels reçus des banques et permettant
de suivre l’évolution des ratios « prêt sur valeur » et « service de la dette rapporté aux
revenus des ménages ». Elle a, par ailleurs, poursuivi les travaux d’élaboration du cadre
réglementaire pour la mise en place d’instruments spécifiques aux banques d’importance
systémique et aux conglomérats financiers4.
Pour sa part, l’AMMC a poursuivi ses travaux relatifs à l’encadrement du marché secondaire
de la dette privée, à la régulation des Fintechs et à la cybersécurité. Sur ce dernier point, un
diagnostic de l’existant relatif à la cybersécurité au sein du marché des capitaux a été réalisé
et ce, en préparation à l’étape de mise à niveau réglementaire visant une meilleure
surveillance de ce risque par les intervenants de marché.
Par ailleurs, l’ACAPS a poursuivi le déploiement du dispositif de solvabilité basée sur les
risques, plus particulièrement le pilier 2 qui fixe aux entreprises d’assurances et de
réassurance les exigences qualitatives à respecter en matière de gouvernance et de gestion
des risques. Un projet d’amendement de la circulaire générale de l’Autorité intégrant ces
4
Le principe d’homologation de la circulaire conjointe des autorités financières relative à la surveillance des Conglomérats financiers
et de sa publication au bulletin officiel, a été introduit dans le projet d’amendement de la loi bancaire en cours d’adoption législative.
* * * * *
Il ne fait aucun doute que la crise sanitaire a fortement imprégné l’année 2020. Le présent
rapport reflète dans ses analyses l’impact qu’elle a engendré tant au plan économique que
financier ainsi que l’action des autorités pour y faire face. Il est structuré en quatre chapitres
retraçant dans le sillage de cette crise :
1. Les principaux développements macroéconomiques aux plans international et
national, les risques associés et leurs incidences sur le système financier ;
2. La situation financière des agents non financiers et leur aptitude à respecter leurs
obligations vis-à-vis du système financier ;
3. L’évaluation de la solidité des institutions financières et leur résilience, à travers
l’analyse des principaux risques afférents aux secteurs bancaire, assurantiel et celui
des régimes de retraite, avec un focus sur les risques émergents liés aux innovations
technologiques et au climat ;
4. Les évolutions des marchés de capitaux et des infrastructures de marché, tout en
mettant l’accent sur l’évaluation des risques majeurs pesant sur la stabilité des
marchés et des infrastructures d’importance systémique.
Ces chapitres sont précédés d’une synthèse générale qui donne une vue d’ensemble sur
l’évaluation de la situation du secteur financier et des risques associés.
SOMMAIRE
SYNTHESE GENERALE............................................................................................................ 7
CHAPITRE 1 : DEVELOPPEMENTS MACROECONOMIQUES........................... 15
I.1 Analyse de l’environnement international.................................................................18
I.2 Développements macroéconomiques domestiques..................................................28
CHAPITRE 2 : SITUATION FINANCIERE DES AGENTS NON
FINANCIERS.................................................................................................................................. 37
II.1 Ménages....................................................................................................................40
II.2 Entreprises non financières...................................... ................................................57
CHAPITRE 3 : SOLIDITE DES INSTITUTIONS FINANCIERES............................74
III.1 Secteur bancaire.......................................................................................................79
III.2 Secteur des assurances...........................................................................................103
III.3 Régimes de retraite.................................................................................................121
III.4 Enjeux lies aux innovations technologiques financieres et aux changements
Climatiques…………….................................................................................................126
III.5 Interconnexions entre les institutions financières..................................................134
III.6 Réglementation et surveillance des conglomérats financiers.................................139
III.7 Politique et instruments macroprudentiels ............................................................142
CHAPITRE 4 : MARCHES DE CAPITAUX, INFRASTRUCTURES DE MARCHE
ET MONNAIE FIDUCIAIRE................................................................................................. 154
IV.1 Marchés de capitaux ..............................................................................................157
A. Marchés monétaire et obligataire ................................................................................. 157
B. Marché boursier............................................................................................................. 176
C. Marché de la gestion d’actifs ......................................................................................... 186
D. Marché des prêts de titres ............................................................................................. 207
E. Investisseurs ................................................................................................................... 212
IV.2 Infrastructures de marché ......................................................................................218
A. Système de Règlement-Livraison des titres (Maroclear) ............................................... 218
B. Système de cotation de la Bourse des valeurs de Casablanca. ...................................... 220
C. Cadre d’information des IMFs......................................................................................... 222
D. Travaux d’opérationnalisation de la CCP ........................................................................ 222
E. Stress test du SRBM ........................................................................................................ 223
F. Evaluation de la maturité de la cyber-résilience des IMFs .............................................. 224
G. Evaluation de la résilience des IMFs................................................................................ 225
IV.3 Circulation fiduciaire ...............................................................................................227
Liste des abréviations .......................................................................................................................232
SYNTHESE GENERALE
Ebranlée par la crise sanitaire, l’économie mondiale a connu en 2020 une des pires récessions de son
histoire
Suite au choc massif induit par la pandémie de la Covid-19, l’économie mondiale a été
plongée en 2020 dans une grave récession, pénalisée par les mesures drastiques prises pour
enrayer sa propagation. En particulier, l’arrêt brutal de l’activité dans différents secteurs
économiques ainsi que les mesures de confinement mises en place dans la plupart des pays
se sont soldés par des perturbations importantes des marchés financiers, une forte hausse
du taux de chômage et une fragilisation du tissu productif. Face à l’ampleur exceptionnelle
de cette crise, des politiques de soutien budgétaire et monétaire d’envergure ont été mises
en œuvre quasi-simultanément par tous les pays à l’échelle mondiale permettant ainsi
d’atténuer l’impact économique et social de cette pandémie.
Au Maroc aussi l’activité s’est fortement contractée en 2020 sous l’effet notamment de la pandémie
Covid-19. Elle devrait rebondir en 2021 tirée par les politiques de relance engagées par les autorités
mais reste néanmoins conditionnée par la poursuite de l’amélioration de la situation sanitaire
Les mesures entreprises par les autorités pour endiguer la propagation de la pandémie
Covid-19 ont engendré un arrêt soudain de l’activité particulièrement lors du strict
confinement sanitaire observé à l’échelle nationale au deuxième trimestre de 2020. Dans
ces conditions et pâtissant également d’une mauvaise campagne agricole, l’activité
économique a connu en 2020 une récession inédite avec une contraction du PIB qui serait
autour de 6,3%, recouvrant une baisse de 8,6% de la valeur ajoutée agricole et de 5,8% de
celle des activités non agricoles.
Dans de telles circonstances exceptionnelles, la riposte des autorités marocaines a été forte
et prompte sur divers plans (sanitaire, budgétaire, monétaire et financière) ce qui a permis
d’atténuer l’impact sur les agents économiques. Au plan sanitaire, le Maroc a très tôt engagé
les actions requises lui permettant d’être parmi les premiers pays à lancer sa campagne de
vaccination à grande échelle, ce qui nourrit l’espoir d’un regain de confiance et d’un retour
graduel à la normalité.
Sous l’effet de la crise sanitaire et des restrictions qui l’ont suivies, les flux du commerce
extérieur se sont soldés en 2020 par une atténuation du déficit de la balance commerciale
bénéficiant d’une baisse des importations plus importante que celle des exportations.
En effet, les importations de biens ont baissé de près de 69 milliards de dirhams d’une année
à l’autre, avec une contraction de 14%, recouvrant notamment des replis de la facture
énergétique et des importations des biens d’équipements respectivement de 34,6% et
13,7%. Parallèlement, les exportations se sont contractées de 7,6%, avec une hausse limitée
des ventes de phosphates et dérivés de 3,9% conjuguée à une baisse de celles du textile et
cuir et du secteur automobile de 18,9% et 9,9% respectivement. Pour leur part, les transferts
des MRE ont maintenu un rythme de croissance soutenu de 4,9% et les recettes IDE ont
atteint 2,5% du PIB en 2020.
Grâce à ces évolutions, l’année 2020 s’est clôturée avec un allègement du déficit du compte
courant à 1,5% du PIB contre 3,7% en 2019, tandis que les Avoirs Officiels de Réserve (AOR)
se sont hissés à 320,6 milliards de dirhams (contre 253,4 milliards en 2019) permettant ainsi
de couvrir l’équivalent de 7 mois et 13 jours d’importations de biens et services. Cette nette
progression des AOR est liée au tirage par le Maroc en avril 2020 sur la ligne de précaution
Le déficit budgétaire hors privatisation s’est aggravé en 2020 à 7,6% du PIB au lieu de 4,1%
en 2019, résultat d’un repli des recettes ordinaires (baisse notamment des rentrées fiscales)
et d’un accroissement des dépenses, notamment celles d’investissement. Dans ces
conditions, l’endettement du Trésor s’est alourdi à 76,4% du PIB après un niveau quasi-
stable autour de 65% ces dernières années.
En termes de perspectives, la situation budgétaire, bien qu’elle reste encore difficile, devrait
s’atténuer légèrement au cours des deux prochaines années. Le déficit devrait revenir, selon
les dernières prévisions de Bank Al-Maghrib, à 7,1% du PIB en 2021 puis à 6,6% en 2022.
Quant à l’endettement du Trésor, il devrait encore augmenter à 77,8% du PIB en 2021 et à
80% en 2022.
La crise Covid-19 n’a pas manqué de se répercuter sur le portefeuille du crédit bancaire qui a vu son
rythme de croissance décélérer et sa sinistralité augmenter de manière significative
La détérioration des conditions économiques s’est reflétée sur l’activité bancaire en 2020 ;
le portefeuille crédit a vu son encours ralentir à 4,4% contre 5,9% un an auparavant. En
même temps, la qualité des actifs bancaires s’est détériorée, avec une hausse de 13,9% des
créances en souffrance, s’établissant à près de 80 milliards de dirhams en 2020, soit un
additionnel de 10 milliards de dirhams. Le taux de défaut du secteur bancaire a augmenté à
8,2% au titre de 2020 contre 7,5% une année auparavant.
L’analyse par agent économique fait ressortir que la dette financière des Entreprises Non
Financières (ENF) a marqué un ralentissement, enregistrant en 2020 une croissance de
l’ordre de 1,8% après 3,9% une année auparavant, pour s’établir à 75,4% du PIB. Cette
évolution est tirée principalement par la décélération de la dette financière des entreprises
privées, notamment leur composante bancaire passant d’un accroissement de 6,1% à 3,3%.
5
Le Royaume a procédé le 7 avril 2020 au tirage LPL pour un montant équivalent à près de 3 milliards de
dollars. Le remboursement par anticipation d’une partie de ce tirage (équivalent à près de 936 millions de
dollars) avec date de valeur le 8 janvier 2021.
Quant aux entreprises publiques, leur endettement financier a ralenti d’une année à l’autre
passant de 1,9% à 0,3% sous l’effet essentiellement de la poursuite de la baisse de leur dette
extérieure.
S’agissant des créances en souffrance des ENF, leur montant global a augmenté de 11,3%
en 2020, ramenant le taux de défaut de paiement à un niveau élevé de 10,9%. Cette
situation pourrait encore se dégrader en fonction du sort final des dossiers des entreprises
ayant bénéficié du moratoire du crédit et de la sinistralité qui en découlerait.
Concernant les ménages, leur dette financière a décéléré en 2020, revenant à 2,9% après
5,1% en 2019. Elle totalise près de 370 milliards de dirhams, représentant plus d’un tiers du
portefeuille des crédits accordés par le secteur bancaire et près de 34% du PIB. Leurs
créances en souffrance se sont élevées à 35,5 milliards de dirhams, en augmentation de 21%
contre 10,4% en 2019, soit un surplus de 6,2 milliards de dirhams. Leur taux de défaut s’est
aggravé à 9,6% après 8,2% en 2019 et 7,8% en 2018.
Malgré le choc sanitaire et ses répercussions sur la rentabilité des institutions financières, le secteur
financier demeure globalement résilient
Le résultat net agrégé des banques a accusé en 2020 un net repli de 43,2% à 6,8 milliards de
dirhams, soit la baisse la plus importante observée durant les dix dernières années. Cette
contreperformance résulte notamment d’une forte augmentation du coût du risque de
l’ordre de 74,1% et d’une hausse des charges non courantes des banques suite à leur
contribution au fonds spécial Covid-19. La rentabilité moyenne des actifs (ROA) ressort ainsi
en baisse à 0,5% après 0,9% en 2019 et celle des fonds propres (ROE) à 4,8% après 9,4% une
année auparavant.
Malgré ce contexte, les banques continuent d’afficher des fonds propres supérieurs aux
minimas réglementaires bénéficiant des mesures de soutien au secteur bancaire et aux
agents économiques. Sur base sociale, le ratio de fonds propres moyen du secteur bancaire
s’est ainsi établi à 15,7% contre 15,6% une année auparavant et 14,7% en 2018. Le ratio Tier
1, pour sa part, s’est situé à 11,4% contre 11,5% et 10,9% respectivement en 2019 et 2018.
Dans ces conditions, l’exercice du macro stress de solvabilité basée sur les projections
économiques de Bank Al-Maghrib de juin 2021 continue de démontrer à cette date la
capacité des banques à faire face globalement au choc induit par la crise de la Covid-19 et à
maintenir le respect des exigences réglementaires, grâce notamment aux matelas en fonds
propres qu’elles ont constitués ces dernières années et à la mise en application par le
secteur bancaire de la recommandation de Bank Al-Maghrib de la non-distribution des
dividendes.
S’agissant du secteur des assurances, le volume des primes a atteint 45,1 milliards de
dirhams, entrainant ainsi une croissance de 1%, en décélération par rapport à 2019 (+8,6%).
Cette évolution, en temps de crise, n’a été possible que grâce à l’entrée en vigueur du
régime obligatoire de couverture des conséquences d’événements catastrophiques qui a
généré, pour le régime assurantiel, des primes émises de 476,7 millions de dirhams.
Fortement exposé au marché des actions, le secteur des assurances a durement subi la
contraction du marché boursier dans le sillage de la crise sanitaire. Ainsi, malgré la bonne
performance de la marge d’exploitation, le résultat net agrégé des entreprises d’assurances
cède 21% à 2,9 milliards de dirhams, impacté essentiellement par la chute du solde
financier. Le rendement des capitaux propres (ROE) diminue aussi de 2,3% pour s’établir à
7,3%. Enfin, le ratio des plus-values latentes se détériore en passant de 18,5% en 2019 à
13% en 2020.
Pour sa part, la marge de solvabilité a également subi une baisse, mais reste à des niveaux
largement au-dessus du seuil réglementaire. Ne couvrant à ce stade que le risque de
souscription, l’excédent de la marge devrait baisser de manière significative avec le passage
vers le régime prudentiel de solvabilité basée sur les risques qui couvre une palette plus
large de risques auxquels est exposé le secteur des assurances. Par ailleurs, les exercices de
stress tests réalisés font ressortir une bonne résilience des entreprises d’assurances aux
chocs sur le portefeuille actions et immobilier et aux conditions macroéconomiques et
techniques défavorables.
Concernant le secteur de la retraite, les principaux régimes affichent une situation financière
difficile marquée globalement par l’importance de leurs dettes implicites et par
l’épuisement de leurs réserves à divers horizons. La réforme systémique de la retraite, dont
l’étude relative à la conception technique de scénarios dans le cadre d’un système à deux
pôles (public et privé) est à un stade avancé, devait permettre d’instaurer une tarification
équilibrée mais également de résorber, dans des proportions importantes, les engagements
passés non couverts, et partant de rétablir les équilibres financiers dans le futur.
Les composantes du marché des capitaux ont, dans leur globalité, continué à évoluer favorablement en
dépit du contexte de crise sanitaire et ce, à l’exception d’une période de forte baisse sur le marché
boursier, lequel a pu récupérer graduellement une grande partie de ses pertes
L’encours de la dette privée ressort en légère hausse, atteignant 236,5 milliards de dirhams.
Le risque de crédit relatif aux émetteurs de la dette privée ayant fait appel public à l’épargne
reste limité et ce, en l’absence de défaut de remboursement des échéances de la dette.
L’endettement de ces émetteurs suit une tendance haussière mais demeure globalement
maitrisé. Réservées aux investisseurs qualifiés, les émissions obligataires par voie de
placement privé représentent 51,4% des émissions d’obligations privées contre 28,7% en
2019. Également réservées aux investisseurs qualifiés, y compris les OPCVM l’ayant prévu
dans leur politique d’investissement, l’encours des obligations subordonnées perpétuelles
au profil plus risqué, notamment de type AT1, enregistre une augmentation de 9,7%.
Le volume d’émission sur le marché boursier ressort en baisse à 3 milliards de dirhams, après
une courte phase de croissance durant les deux années précédentes. Après la baisse
importante enregistrée lors du déclenchement de la crise sanitaire en mars 2020, qui s’est
accompagnée d’une volatilité largement supérieure aux plus hauts historiques, le marché
boursier a récupéré graduellement une bonne partie de ses pertes en limitant ainsi sa
contreperformance annuelle à -7,27% contre -26,2% enregistrée le 18 mars 2020.
Concernant la valorisation globale du marché, son niveau est resté relativement élevé en
2020.
L’activité de gestion d’OPCVM s’est montrée résiliente face à la crise avec un actif net qui a
poursuivi sa progression pour atteindre 523 milliards de dirhams, grâce notamment à un
important volume de collecte nette de 44,6 milliards de dirhams. Cet actif net reste
majoritairement détenu par les institutions financières (plus des trois-quarts) et est
principalement investi en titres émis par l’Etat et en titres émis par les institutions
financières. L’activité de gestion d’OPCVM constitue, de ce fait, un canal important
d’interconnexion entre les institutions financières.
S’agissant des autres compartiments de la gestion d’actifs, ils ne constituent pas encore un
enjeu pour la stabilité financière de par leurs encours limités. En effet, l’encours des fonds
de titrisation s’élève à 9,9 milliards de dirhams tandis que les levées et les investissements
de l’activité de capital investissement ont atteint respectivement 1,35 milliard de dirhams
et 804 millions de dirhams. Pour sa part, l’activité des OPCI, qui a été lancée en juin 2019,
connait un bon démarrage avec un actif net qui a atteint 6,1 milliards de dirhams.
Avec un volume de 255 milliards de dirhams, réalisé principalement entre les OPCVM et les
banques, les opérations de prêt de titres maintiennent une tendance baissière et restent
dominées par les bons du Trésor.
Résilience confirmée des infrastructures de marchés financiers notamment celles d’importance
systémique
Sur un autre volet non moins important, la prise en compte des risques financiers liés aux
changements climatiques devient une priorité incontournable qui fait l’unanimité de
l’ensemble des autorités et organisations internationales financières. A ce sujet, Bank Al-
Maghrib a élaboré une directive en la matière qui regroupe des bonnes pratiques
permettant au secteur bancaire d’identifier les sources de ces risques, d’en assurer, de
manière progressive, la mesure, la gestion, le suivi et le contrôle. La Banque œuvre
également à la conception de stress tests climatiques sur la base de scénarii de chocs
préconisés par les institutions internationales et inspirés des expériences des banques
centrales les plus avancées en la matière.
CHAPITRE 1
DEVELOPPEMENTS MACROECONOMIQUES
S’agissant des comptes extérieurs, l’impact de la crise sanitaire a été moins important que
prévu initialement. L’année 2020 s’est ainsi soldée par un déficit du compte courant de 1,5%
du PIB, en recul de plus de 2 points de pourcentage par rapport à l’année 2019. Cet allégement
s’explique en particulier par le comportement de la balance commerciale marqué par une
baisse des importations plus prononcée que celle des exportations.
Concernant les finances publiques, le déficit budgétaire hors privatisation s’est aggravé en
2020 à 7,6% du PIB au lieu de 4,1% en 2019, résultat d’un repli des recettes ordinaires (baisse
notamment des rentrées fiscales) et d’un accroissement des dépenses, notamment celles
d’investissement. Dans ces conditions, l’endettement du Trésor s’est alourdi à 76,4% du PIB
après un niveau quasi-stable autour de 65% ces dernières années. En termes de perspectives,
la situation budgétaire, bien qu’elle reste encore difficile, devrait s’atténuer légèrement au
cours des deux prochaines années. Le déficit devrait se réduire à 7,1% du PIB en 2021 puis à
6,6% du PIB en 2022. Quant à l’encours de la dette du Trésor, il a atteint 832,4 milliards de
dirhams à fin 2020, en hausse de 85,2 milliards de dirhams ou 11,4% par rapport à fin 2019
6,0
6,4 5,8 6,4
4,7 5,3 5,1
4,0 3,6 3,4 4,2 4,2 3,6 4,0 3,1
3,0 3,5
2,2 1,9 1,5 2,4 2,0 1,8 1,7
1,3 0,9 0,3 1,3 1,4
0,6
2,0
0,0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 -3,5
-2,0 -4,9
-6,4
-8,2
-4,0 -8,9
-9,9
-11,0
-6,0
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
— Monde — Pays avancés — Pays émergents et en développement — Région MENA — Afrique Subsaharienne
Source : FMI
1,8%), le Sénégal (de 4,4% à 0,8%), le Mali (de 4,8% à -2%), la côte d’Ivoire (de 6,2% à 2,3%)
et le Gabon (de 3,9% à -1,8%). Par groupement de pays, l’accroissement du PIB a reculé de
6,5% à -0,2% dans la communauté d’Afrique de l’Est6, de 5,7% à 1,1% dans la zone de
l’UEMOA7 et de 2,1% à -3,1% dans la région CEMAC8.
Benin Burkina Faso Cameroun Côte d'Ivoire Egypte Mali Niger Sénégal Togo Tunisie
6,7 6,9 6,8 6,9 12,8
6,2 6,5
6,0 6,0
5,7 5,7
5,2 5,3 5,6
5,0
4,3 4,1 3,9 4,3 8,0
7,2 6,9
3,4 3,6 6,0 5,9 6,2 6,0
2,5 4,7 4,8 4,4
5,2 5,0 5,5 4,5
2,0 2,3 4,0 3,5 3,8
2,7 2,4
0,8 1,2 0,8 1,0
-2,0
-2,8
-8,8
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
2018
2019
2020
2021
2022
Source : FMI
Par ailleurs, la dégradation des conditions économiques dans différents pays s’est soldée
par une augmentation du niveau de chômage et ce, en dépit des différentes mesures
exceptionnelles visant à préserver l’emploi et les salaires. Les pertes d’emploi ont concerné,
en particulier, les jeunes, les femmes ainsi que les travailleurs peu qualifiés, opérant dans
les secteurs du commerce, du transport, du tourisme et de la restauration et loisirs. Au
niveau des pays avancés, le taux de chômage a bondi de 3,7% à 8,1% aux Etats-Unis, de 7,6%
à 7,9% dans la Zone Euro et de 5,7% à 9,6% au Canada. Dans les pays émergents et en
développement, les hausses les plus marquées ont concerné, entre autres, le Bahamas, le
Panama et les Philippines. Globalement, cette tendance pourrait exacerber les
vulnérabilités financières des ménages, qui ne manqueraient pas à leur tour d’affecter le
secteur bancaire et financier.
A terme, l’économie mondiale devrait enregistrer une reprise assez rapide, bénéficiant des
mesures budgétaires supplémentaires mises en œuvre par certaines grandes économies
ainsi que de la production soutenue des vaccins anti-Covid-19. Dans ce sens, le FMI table
6 Lacommunauté d’Afrique de l’Est est composée de cinq pays : Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda.
7 L'Union monétaire ouest-africaine est une zone monétaire regroupant huit pays d'Afrique de l'Ouest : le Bénin, le Burkina
Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
8 La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale est composée de six pays : le Cameroun, la République
sur un rebond de la croissance mondiale à 6% en 2021 et 4,4% en 2022. Cette reprise serait
toutefois, disparate selon les pays et entourée de plusieurs incertitudes, dont notamment
la célérité de la distribution des vaccins dans le monde, l’étendue des séquelles de la crise
selon les pays et l’ampleur du soutien budgétaire.
Forte volatilité des marchés financiers lourdement secoués par la crise sanitaire
Courant 2020, les marchés financiers ont été fortement perturbés par les effets de la
pandémie de la Covid-19. La propagation de la maladie au premier trimestre a induit un
effondrement rapide des cours boursiers, accompagné par un accroissement de leur
volatilité et un fléchissement des taux des rendements souverains. Cependant, les cours
boursiers ont rebondi, la volatilité s’est atténuée et les taux se sont globalement redressés,
à la faveur d’une réouverture de l’activité économique, des plans de relance
gouvernementaux annoncés et des politiques monétaires et prudentielles mises en place
par la plupart des pays et qui ont rassuré les investisseurs. Au total, les variations des indices
boursiers des économies avancées ont oscillé de -13,8% pour le FTSE 100, de -4,7% pour
l’EUROSTOXX 50, de 4,5% pour le NIKKEI et de 2% pour le Dow Jones Industrial.
Parallèlement, la volatilité est ressortie en hausse en 2020, passant en moyenne de 15 à 29
pour le VIX et le VSTOXX. Les indices boursiers des principaux pays émergents ont également
clôturé l’année avec des baisses, à l’exception de celui de la Chine qui a bondi de 16,9%.
Pour leur part, les taux souverains se sont orientés à la baisse sur fond d’une réduction des
taux directeurs, des perspectives d’une croissance négative et d’un engouement des
investisseurs envers les valeurs refuges. Dans la zone euro, les taux à 10 ans ont reculé de
78 points de base (pb) en Italie, de 30 pb en France, de 28 pb en Espagne et de 26 pb en
Allemagne. Quant au rendement des bons du Trésor américain, il a plongé de 125 pb. Du
côté des pays émergents et en développement, les taux souverains ont nettement régressé,
perdant 282,5 pb pour la Turquie, 69 pb pour le Brésil et 89 pb pour l’Inde, alors qu’en chine,
la baisse du taux s’est limitée à 23 pb.
30000
20
25000
20000 15
15000
10
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5
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oct-20
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mar-17
mar-20
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nov-16
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aoû-18
aoû-19
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mai-20
nov-20
sep-16
déc-17
déc-18
sep-20
jan-16
jan-17
oct-17
avr-18
fév-18
oct-18
avr-19
fév-19
oct-19
jan-20
jui-16
jui-17
jui-18
jui-19
jui-20
-5
— Etats-Unis — France — Allemagne — Espagne — Italie
— DAX 30 — DJ Industrials — CAC 40 — FTSE100 — NIKKEI225 — EURO STOXX 50 — Irlande — Chine — Inde — Turquie — Brésil
Source : Datastream
A l’instar des autres marchés financiers, les marchés de change ont également subi les
répercussions de la crise sanitaire. Ainsi, après s’être déprécié face au dollar au cours des
quatre premiers mois de l’année 2020, l’euro s’est apprécié sur le reste de l’année,
s’établissant à 1,141 dollar en moyenne en 2020. Le statut de valeur refuge auquel s’est
hissé le dollar dès l’avènement de la crise explique son appréciation au début de l’année,
néanmoins les interventions massives des différentes Banques centrales et autorités
publiques (qui ont pu rassurer les marchés) et le rebond des indices boursiers ont engendré
par la suite l’affaiblissement du dollar.
Evolutions mitigées des prix immobiliers au niveau mondial
Le secteur immobilier a été durement impacté par la crise sanitaire. L’arrêt brutal des
travaux de construction, combiné aux reports des opérations de vente par certains
propriétaires a induit un resserrement de l’offre sur le marché résidentiel, se soldant par un
accroissement des prix dans les économies avancées de 4,3% contre 1,7% une année
auparavant. Les pays ayant subi les fortes hausses des prix de l’immobilier résidentiel sont
l’Australie (4,5% contre -5,5%), le Canada (7,3% contre -0,7%) et le Luxembourg (13,5%
contre 8,2%). En revanche, la croissance des prix a ralenti au niveau des pays émergents à
1% après 1,6% en 2019, pénalisée aussi bien par la baisse de la demande que celle de l’offre
(suspension des chantiers et interruption des transactions). En particulier, les prix ont reculé
en Inde (-4,1%) et en Chine (-0,1%) et ont enregistré des augmentations notables au Pérou
(7,9%), au Thaïlande (7,6%) et en Turquie (5,4%).
7 10
5
2
0
11
09
10
12
13
14
15
16
17
18
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20
-3
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0
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c-0
c-1
c-1
c-1
c-1
c-1
c-1
c-1
c-1
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jui-
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dé
dé
dé
dé
dé
dé
dé
dé
dé
dé
dé
-5
-8
-10
Luxembourg
Etats-Unis
Thailande
Allemagne
Grèce
Autriche
Turquie
France
Suisse
Chili
Espagne
Afrique du Sud
Royaume-Uni
Italie
Pays-Bas
Hongrie
Irelande
Chine
Philippines
EAU
-13
— Economies émergentes — Economies avancées
Source : BRI
Pour sa part, l’immobilier commercial n’a pas été épargné des effets de la pandémie au vu
des importantes baisses des transactions et des prix sur ce segment. De plus, les retombées
de la crise risqueraient d’être permanentes selon les analyses du FMI, du fait que certaines
activités pourraient continuer à s’exercer virtuellement à l’avenir et que d’autres pourraient
être transférées à l’extérieur des grandes villes.
Hausse préoccupante de l’endettement public et privé
— Ménages — Entreprises non financières — Secteur non financier privé (ménages et entreprises non financières privées)
Source : BRI
La riposte des pouvoirs publics pour atténuer les contrecoups de la pandémie sur le système
de santé et l’activité économique, a lourdement affecté les finances publiques aussi bien
des pays avancés que ceux émergents et en développement. Ainsi, la majorité des pays ont
eu recours à l’emprunt sur le marché intérieur et/ou extérieur pour faire face à la baisse des
ressources (diminution des recettes fiscales) et l’accroissement notable des dépenses
(dépenses de santé, aides sociales, mesures de soutien à la liquidité en faveur des
entreprises en difficultés). Par conséquent, la dette publique rapportée au PIB a culminé
une hausse de 16,3 points de pourcentage dans les pays avancés, s’établissant en moyenne
à 120,1%. Plusieurs pays ont vu le ratio de leur dette franchir la barre des 100%, dont le
Canada (117,8% après 86,8%), Chypre (118,2% après 94%), la France (113,5% après 98,1%),
l’Espagne (117,1% après 95,5%), la Belgique (115% après 98,1%) et le Royaume-Uni (103,7%
après 85,2%). De même, le ratio moyen de la dette du groupe des pays émergents et des
économies à revenu intermédiaire a progressé de 9,7 points de pourcentage, atteignant
64,4% du PIB. Cette évolution reflète essentiellement les hausses exceptionnelles du ratio
de la dette de plus que 40 points de pourcentage dans certains pays (Seychelles, Soudan et
Venezuela).
Le maintien de stabilité financière est conditionné par la célérité de la sortie de la crise
o Une reprise économique mondiale asynchrone et divergente entre les pays et les
secteurs. Cette situation pourrait s’accompagner d’un resserrement considérable
des conditions financières des économies émergentes et pré-émergentes. Cet
environnement financier moins favorable pourrait entraîner d’importantes sorties
de capitaux, ce qui pourrait constituer un défi majeur pour de nombreuses
économies émergentes.
Encadré N°1 : Le FSB (Financial Stability Board) face à la montée des vulnérabilités financières
Le choc sanitaire de la Covid-19 a soumis la stabilité financière à l’échelle internationale à une rude
épreuve en 2020. Dès l’apparition de l’épidémie en février, les investisseurs se sont rués vers les actifs
refuges, impliquant une chute des cours boursiers et un creusement des spreads de taux. Cette
volatilité accrue sur les marchés, conjuguée aux tensions de liquidité, ont entraîné un durcissement
généralisé des conditions financières.
Certes, les différentes réformes mises en place depuis la crise financière de 2008 associées aux mesures
audacieuses prises par les différentes autorités financières en 2020, ont permis de fournir la liquidité
nécessaire aux opérateurs, rétablir la confiance et maintenir le financement de l’économie. Néanmoins,
l’ensemble des évolutions sur les marchés a mis en exergue les vulnérabilités du système financier.
En particulier, les risques émanant des entreprises non financières se sont globalement accrus. La
qualité de leurs crédits s’est détériorée en lien avec la baisse des revenus, elle-même attribuable aux
mesures d’endiguement, aux fortes réductions de la capacité d’approvisionnement et à la chute des
prix des matières premières. Ces réductions générales des bénéfices, associées à des vulnérabilités
préexistantes telles que les niveaux élevés d’endettement et l’assouplissement des normes de
souscription au cours de ces dernières années, ont poussé les agences de notation à dégrader
davantage les notations des entreprises. Même si les mesures de soutien des autorités ont permis de
réduire les difficultés des entreprises, en fournissant la liquidité aux marchés, ces interventions ne
pourraient guère résoudre les problèmes de solvabilité. Dans ce sens, les banques ont constitué des
provisions additionnelles pour faire face à d’éventuelles pertes sur le portefeuille de crédit. Ainsi, bien
que le secteur bancaire ait fait preuve d’une résilience face aux chocs induits par la crise sanitaire, la
hausse du provisionnement a réduit les résultats et pourrait à terme limiter l’octroi des crédits. De
surcroît, si les garanties gouvernementales baissent et la qualité des actifs se détériore davantage, les
banques pourraient resserrer les conditions de crédit contribuant ainsi au ralentissement économique.
Parallèlement, les vulnérabilités émanant des intermédiaires financiers non bancaires se sont
accentuées. Ces derniers, dont l’activité s’est largement développée après la crise financière de 2008,
ont subi des tensions de liquidité importantes en 2020. Certes, les interventions des Banques Centrales
ont apaisé les marchés, mais il n’en demeure pas moins que cet épisode de stress a révélé l’importance
de surveiller de près leurs vulnérabilités, vu la forte interconnexion entre ces intermédiaires et le reste
du système financier.
La montée des fragilités a permis au FSB d’évaluer l’efficacité des réformes déjà mises en place et
d’identifier les points de vigilance additionnels, sur lesquels le Conseil devrait se pencher au cours des
prochaines années. Dans ce sens, le FSB s’est engagé à :
• Fournir des analyses régulières de l’impact de la crise actuelle sur la stabilité financière ;
• Examiner si l’assouplissement des exigences réglementaires a été effectivement utilisé
par les institutions financières ;
• Améliorer la résilience des intermédiaires financiers non bancaires en réalisant une
évaluation complète des interconnexions dans le système financier mondial pour
identifier d’une manière exhaustive les vulnérabilités auxquelles font face ces
intermédiaires ;
• Continuer à faciliter les échanges d’information entre les différentes juridictions et
assurer la coordination des actions politiques au niveau international.
Tenant compte de l’impact de la crise sanitaire sur le système financier observé en 2020, le FSB a
prolongé les délais de mise en œuvre de certaines réformes internationales afin de fournir aux
entreprises et aux autorités une capacité supplémentaire de réagir face au choc de la Covid-19. Le
diagnostic de l’état d’avancement des réformes proposées par le FSB tel que rapporté dans les
différentes publications au terme de l’année 2020, fait ressortir ce qui suit :
En 2020 et à l’instar des autres pays, l’économie nationale a été affectée négativement par la crise
sanitaire marquant une rupture avec la croissance économique
8% 20%
6% 15%
4% 10%
2% 5%
0% 0%
-2% 5%
-4% 10%
-6% 15%
-8% 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 20%
Source : HCP
■ Echanges extérieurs nets ■ Investissement brut ■ Consommation finale des Administrations publiques
■ Consommation finale des ménages — PIB
Source : HCP
Ces contreperformances se sont reflétées sur le marché du travail, qui a connu une forte
détérioration en 2020. Les mesures de confinement strict de la population et les fortes
restrictions sur l’activité économique mises en place notamment au deuxième trimestre,
ont considérablement affecté le secteur de l’emploi. De surcroit, la réduction des heures
d’ouverture9 , a exacerbé les conséquences sur le commerce. Au total, 432 mille emplois ont
été abolis, dont plus de 63% au niveau de l’agriculture et 25% dans les métiers de services.
Le taux d’activité a reculé de 45,8% à 44,8% et le taux de chômage s’est aggravé de 2,7
points à 11,9% contre 9,2% un an auparavant.
Les perspectives économiques pour 2021 et 2022 demeurent encore entourées de fortes
incertitudes, en lien principalement avec l’évolution de la situation épidémiologique, le
rythme des campagnes de vaccination et l’efficacité à terme des vaccins. Toutefois, grâce à
une amélioration des conditions climatiques qui entraînerait une bonne campagne agricole
2020/2021, au maintien des mesures d’accompagnement prises par le Comité de Veille
Économique (CVE) au profit des entreprises et la conclusion d’un « Pacte pour la relance
9 Un couvre-feu a été décrété le 19 mars 2020 qui s’est traduit notamment par la réduction des heures d’ouverture des commerces
autorisés.
économique et l’emploi » par l’Etat et le secteur privé10, la reprise de l’activité est prévue à
partir de 2021, avec une croissance estimée à 5,3% et une consolidation à 3,3% en 2022.
Quant à l’inflation, elle devrait progresser de 1% en 2021 et de 1,2% en 2022.
Allégement du déficit du compte courant en 2020 et forte hausse des avoirs officiels de réserve
S’agissant des comptes extérieurs, l’impact de la crise sanitaire a été moins important que
prévu initialement. L’année 2020 s’est ainsi soldée par un déficit du compte courant de 1,5%
du PIB, en recul de plus de 2 points de pourcentage par rapport à l’année 2019. Cet
allégement s’explique en particulier par la baisse significative du déficit de la balance
commerciale, se traduisant par une amélioration de 4,3 points de pourcentage du taux de
couverture de cette dernière, s’établissant à 62,2%. Du côté des exportations, le repli a
concerné principalement les secteurs d’automobile (-9,9%), d’aéronautique (-28,3%) et du
textile et cuir (-18,9%). En revanche, le secteur des « phosphates et dérivés » a vu ses ventes
augmenter de 3,9% tandis que les exportations des secteurs de « l’agriculture et
agroalimentaire » et de « Electronique et Electricité » se sont quasi-stabilisés avec une
évolution chacun de 0,3%. S’agissant des importations, la baisse a été observée en
particulier aux niveaux des produits énergétiques (-34,6%), des biens de consommation (-
15,9%) et des biens d’équipement (-13,7%). En parallèle, les recettes de voyages ont accusé
une baisse de 36,5 milliards de dirhams ou 53,7% par rapport à 2019, au moment où les
transferts des marocains résidents à l’étranger (MRE) ont marqué une résilience avec une
amélioration de 4,9% à 68,2 milliards de dirhams après 65 milliards de dirhams en 2019,
malgré la sévérité de la crise frappant les pays hôtes.
Pour leur part, les recettes des investissements directs étrangers se sont repliées à 27,5
milliards de dirhams après 34,5 milliards de dirhams un an auparavant et le flux net des
investissements directs à l’étranger des résidents a diminué de 45,6% à 4,7 milliards de
dirhams.
Dans ces conditions et suite au tirage sur la ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI
en avril 2020 pour près de l’équivalent de 3 milliards de dollars et de la forte mobilisation
de financements extérieurs par le Trésor, les avoirs officiels de réserve ont enregistré une
10 L’Etat s’engage à mobiliser 120 milliards de dirhams pour la relance économique, incluant 75 milliards de dirhams de crédits
garantis et 45 milliards de dirhams à travers le Fonds Mohammed VI pour l’investissement nouvellement créé.
hausse significative de 26,5%, pour se situer à 320,6 milliards de dirhams à fin 2020 contre
253,4 milliards de dirhams en 2019, permettant ainsi de couvrir l’équivalent de 7 mois et 13
jours d’importations de biens et services.
Source : BAM
Sur l’horizon de prévision et sous l’hypothèse des sorties prévues du Trésor à l’international,
les avoirs officiels de réserve se situeraient à 328,5 milliards de dirhams à fin 2021 et à 338,6
milliards de dirhams à fin 2022, soit l’équivalent de 7 mois et 6 jours et 7 mois et 13 jours
d’importations de biens et services, respectivement.
Sur le plan des finances publiques et en tenant compte du solde positif de 5,3 milliards de
dirhams du Fonds spécial de gestion de la pandémie de la Covid-19, l’exécution de la loi de
finances rectificative a fait ressortir un déficit budgétaire (hors privatisation) de 7,6% du PIB
en 2020 contre 4,1% en 2019. Ce creusement s’explique notamment par une chute des
recettes ordinaires de 7,6% à 253,1 milliards de dirhams (tirée principalement par le
fléchissement des recettes fiscales de 6,8% attribuable à la récession économique) et d’un
accroissement des dépenses ordinaires de 2,1% à 255,9 milliards de dirhams et de celles
d’investissement de 18,8% à 85,9 milliards.
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 En milliards de dirhams
0,00 0% 90
-10,00 80
-1%
70
-20,00
-2% 60
-30,00
-3% 50
-40,00 40
-4%
-50,00 30
-5% 20
-60,00
-6% 10
-70,00
0
-80,00 -7%
-10
-90,00 -8% -20 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Solde budgétaire hors privatisation — % du PIB ■Financement extérieur ■ Financement intérieur ■ Variation des arriérés
Dans ces conditions, le besoin de financement du Trésor s’est hissé à 67,6 milliards de
dirhams11 à fin 2020 et a été notamment couvert par le recours, d’une part, aux
financements extérieurs avec un flux net de 42,9 milliards de dirhams et, d’autre part, au
marché domestique pour un flux net de 24,7 milliards de dirhams. En conséquence, le ratio
de la dette du Trésor a augmenté à 76,4% du PIB et ce, après avoir été stabilisé autour de
65% depuis l’année 2016. Cette évolution se caractérise par une prédominante de la dette
intérieure qui représente 58,1% du PIB contre 18,3% du PIB pour la dette extérieure. Ainsi,
l’encours de la dette intérieure du Trésor s’est élevé à 632,9 milliards de dirhams à fin
décembre 2020, en hausse de 8,1% par rapport à fin 2019. Quant à la composante
extérieure, son encours a atteint l’équivalent de 199,5 milliards de dirhams, en hausse de
23,5% par rapport à fin 2019, sous l’effet d’une progression importante des tirages
extérieurs du Trésor12 pour faire face à la forte hausse de son besoin de financement.
11 Ledéficit budgétaire, hors privatisation, s’élève à 82,4 milliards de dirhams, et tenant compte d’une reconstitution du stock des
opérations en instance (14,7 milliards de dirhams), le déficit de caisse, hors privatisation, ressort ainsi à 67,6 milliards de dirhams.
12
Dont principalement l’émission de deux emprunts obligataires d’un milliard d’euros en septembre 2020 et de 3 milliards de dollars
en décembre 2020. Ces opérations ont nécessité l’autorisation de dépassement du plafond des emprunts extérieurs fixé dans la loi
de finances 2020 à 31 milliards de dirhams.
600 80%
75%
500
70%
400
65%
300 60%
55%
200
50%
100
45%
0 40%
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
■ Dette extérieure ■ Dette Intérieure — en % du PIB
Source : MEFRA
Les conditions monétaires ont été marquées par la poursuite du creusement des besoins en
liquidité bancaire pour la quatrième année consécutive en lien principalement avec la
hausse de la circulation fiduciaire. Dans ce contexte, et afin de soutenir le système bancaire
face à la crise sanitaire et préserver la stabilité du marché monétaire, la Banque a renforcé
ses interventions portant le volume moyen quotidien de ses injections à 92 milliards de
dirhams contre 76,4 milliards de dirhams en 2019 et a libéré au profit des banques
l’intégralité du compte de la réserve monétaire, induisant une injection de près de 12
milliards de dirhams de liquidité permanente.
Taux moyen des bons du trésor sur le marché secondaire Taux d'intérêt débiteurs par objet économique
4,5% 7,0%
4,0% 6,5%
3,5% 6,0%
3,0% 5,5%
2,5% 5,0%
2,0% 4,5%
1,5% 4,0%
13 26 52 2 ans 5 ans 10 ans 15 ans 20 ans T1-2019 T2-2019 T3-2019 T4-2019 T1-2020 T2-2020 T3-2020 T4-2020
semaines semaines semaines
— 2018 — 2019 — 2020 — Taux débiteur — Comptes débiteurs et crédits de trésorerie — Crédits à l'équipement
— Crédits immobiliers — Crédits à la consommation
Source : BAM
S’agissant des conditions financières, les taux d’intérêt débiteurs ont enregistré en
glissement annuel des baisses au quatrième trimestre 2020, bien que modérées, en
particulier ceux applicables aux comptes débiteurs et aux crédits de trésorerie. De même,
les taux sur le marché secondaire des bons de Trésor se sont inscrits en baisse par rapport
à l’année précédente, notamment pour les maturités longues. Dans le même sillage, le coût
de financement des banques s’est également réduit suivant principalement l’évolution
baissière des taux créditeurs et la réduction à deux reprises du taux directeur de 75 points
de base en 2020.
0,1
0,05
-0,05
-0,1
-0,15
T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4
15 15 15 15 16 16 16 16 17 17 17 17 18 18 18 18 19 19 19 19 20 20 20 20
Source : BAM
Par ailleurs, le taux d’accroissement des crédits au secteur non financier a ralenti en
clôturant l’année 2020 avec une hausse de 3,8% contre 5,5% en 2019, pâtissant d’une
conjoncture économique fortement fragilisée par la crise de la Covid 19.
Les prix des actifs immobiliers se sont inscrits en baisse de 0,8% en 2020 par rapport au
niveau de l’année précédente. Cette dépréciation de l’IPAI recouvre des replis de 1% des
prix des actifs résidentiels, de 0,4% de ceux des terrains et de 0,3% de ceux des biens à usage
professionnel. De son côté, le volume de transactions a accusé une baisse de 14,3% en 2020
après celle de 2019 (-3,6%). Ce repli a concerné l’ensemble des catégories de biens
immobiliers, en l’occurrence les actifs résidentiels (-17,3%), le foncier (-6,9%) et les biens à
usage professionnel (-3,9%). Il s’explique par l’arrêt de l’activité observée notamment en
période du confinement sanitaire au 2ème trimestre de l’année 2020.
La situation du marché de l’immobilier a retrouvé son niveau d’avant crise à partir du 3 ème
trimestre 2020. Ce retour progressif à la normale est attribuable en partie aux mesures
d’accompagnement prises par le Comité de Veille Economique en faveur des entreprises
immobilières, notamment le dispositif de soutien baptisé « Damane Relance Promotion
Immobilière » et à la réduction de 50% des droits d’enregistrement sur l’acquisition des
biens immobiliers.
6,0% 15%
10%
4,0%
5%
2,0%
0%
0,0% -5%
-2,0% -10%
-15%
-4,0%
-20%
-6,0% 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Source : BAM
En dépit de l’impact de la pandémie Covid-19, les actifs financiers détenus par les ménages
marocains ont pu poursuivre leur progression en 2020 pour atteindre 876 milliards de dirhams,
soit une hausse de 5,1% après 5,3% une année auparavant. Leur dette financière a décéléré
revenant à une croissance de 2,9% contre 5% en 2019 et 4,9% en moyenne sur les cinq
dernières années. L’encours de cette dette a totalisé 369 milliards de dirhams, représentant
plus d’un tiers du portefeuille des crédits accordés par le secteur bancaire et près de 34% du
PIB. Cette évolution recouvre une hausse des prêts alloués à l’achat de logement de 4,6% après
4,2% une année auparavant et une légère baisse des prêts à la consommation de 0,2% contre
une hausse de 6,5% en 2019.
En 2020, la solvabilité des ménages a été durement touchée par les répercussions de la crise
Covid-19 induisant globalement une détérioration de la qualité de leurs créances comme en
atteste les reports de paiement des prêts bancaires en faveur d’un bon nombre de ménages
en difficultés et l’augmentation significative de leurs créances en souffrance. Ces dernières se
sont élevées à 35,5 milliards de dirhams, en accélération de 21% d'une année à l'autre, soit la
plus forte hausse sur la dernière décennie avec un surplus de 6,2 milliards de dirhams. Le taux
de défaut qui en résulte, s’est élevé à 9,6% après 8,2% en 2019 et 7,8% en 2018.
Les résultats de l’analyse des données granulaires recueillies auprès des principaux
établissements de crédit, portant sur les nouveaux crédits accordés aux particuliers au titre de
l’année 2020, fait ressortir un niveau d’endettement moyen autour de 31% de leurs revenus,
soit un niveau quasi-similaire à celui enregistré au cours des trois dernières années.
Pour leur part, les Entreprises Non Financières (ENF) publiques et privées ont vu leur dette
financière (bancaire, obligataire et extérieure) décélérer à 2,4% en 2020, après la reprise
enregistrée en 2019 de 3,9%. Ce ralentissement a concerné davantage les entreprises privées,
dont la dette financière n’a progressé que de 3,5% contre 5% une année auparavant, sous
l’effet du repli de sa composante bancaire. Quant aux entreprises publiques, l’accroissement
de leur endettement financier a poursuivi sa tendance baissière entamée depuis 2014 et a
ralenti à 0,3% en 2020 après une progression de 1,9% en 2019.
En dépit de cette décélération de la dette financière des ENF, leur endettement rapporté au
PIB a progressé en 2020 à 74,1% contre 68,4% l’année précédente, sous l’effet de la forte
contraction du PIB induite par la crise sanitaire.
Par ailleurs, la crise n’a pas manqué de se répercuter sur la solvabilité des entreprises qui ont
vu leur encours de créances en souffrance s’accroitre à un rythme de 11,3% en 2020, portant
leur taux de défaut à 10,9% contre 10,1% en 2019. Cet impact aurait pu être encore plus sévère
en l’absence des mesures de soutien mises en place par les autorités.
Sur la base des données bilancielles de l’exercice 2019, une étude de l’endettement d’un
échantillon composé de près de 67.200 entreprises non financières publiques et privées fait
ressortir une dette globale de près de 330 milliards de dirhams, soit un taux d’endettement
moyen de 36% contre 37% en 2018. Pour celles bénéficiant de concours bancaires
(représentant moins d’un tiers de l’échantillon), le montant des dettes de financement s’élève
à fin 2019 à 298 milliards de dirhams, soit un taux d’endettement à moyen et long terme de
49% de leurs capitaux permanents contre 44% en 2018. Cette étude révèle par ailleurs que les
délais de paiements inter-entreprises se maintiennent encore à des niveaux élevés notamment
pour la TPME et pour certains secteurs d’activité, particulièrement pour les entreprises
opérant dans les secteurs « Transport et entreposage », « Industrie manufacturière » et
« Activités immobilières ».
II.1 MENAGES
Globalement, le patrimoine financier des ménages ne s’est pas détérioré en cette période de crise et
s’est même accru en 2020, avec un renforcement de leurs dépôts bancaires
800 90
7
80
700 6
70
600
5 60
500
4 50
400
40
3
300 30
200 2
20
100 1 10
0 0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 0 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Assurance vie ■ Valeurs mobilières ■ Dépôts bancaires — Evolution du patrimoine financier des ménages
Source : BAM
Le patrimoine financier des ménages s’est inscrit en très léger ralentissement en 2020, avec
une croissance de 5,1% après 5,3% un an auparavant et 5,5% en moyenne au cours des cinq
dernières années. Ce rythme demeure toutefois, soutenu en 2020 malgré le contexte de la
crise Covid-19. Parallèlement à la baisse des revenus constatée suite aux répercussions de
la crise sur l’activité économique et l’emploi, les ménages ont vu leur consommation finale
baisser, particulièrement au cours du deuxième trimestre 2020, du fait des mesures de
restrictions et de confinement sanitaire. Elle s’est ainsi repliée, à prix courant, au deuxième
et au troisième trimestres 2020 de 20,5% et 9,8% respectivement et de 4,1% sur l’ensemble
de l’année.
Compte tenu des restrictions sanitaires et de déplacements, les ménages ont accumulé des
dépôts auprès des banques qui se sont élevés globalement à 724 milliards de dirhams14 à
fin 2020, enregistrant une progression vigoureuse de 5,5% (soit un additionnel de 38
milliards de dirhams) après 4,4% en 2019 et 3,7% en 2018. Les dépôts des résidents
représentent 74% du total des dépôts des ménages, avec 534,3 milliards de dirhams, en
hausse de 6,6% comparativement à 2019, tandis la proportion des dépôts des Marocains
Résidents à l’Etranger (MRE) s’est maintenue autour de 26%, en hausse de 2,6% à 189,7
milliards de dirhams, dénotant ainsi la résilience des transferts MRE, malgré les
conséquences de la crise sanitaire sur leurs pays de résidence.
De leur côté, les dépôts en devises des particuliers résidents ont progressé de 12,8%, après
2,8% en 2019, leur part dans le total des dépôts des particuliers résidents demeure
toutefois, limitée à 1,1%.
Par catégorie, les dépôts à vue, formant la principale composante avec une part de 63%, ont
connu une accélération de 10% (totalisant 456 milliards de dirhams) contre 4,9%, alors que
les comptes d’épargne, représentant 23% des dépôts, ont nettement décéléré, leur
croissance s’étant établie à 1,9% après 4,7% en 2019, soit 166,5 milliards de dirhams. Cette
évolution reflète, par ailleurs, que les dépôts à terme se sont de nouveau contractés de
6,4%, soit un retrait de 6,5 milliards de dirhams en une année. Ces dépôts ont totalisé 94
milliards de dirhams en 2020, leur part dans le total des dépôts s’est ainsi réduite à 13% au
lieu de 14,6% en 2019 et 17,2% en 2016.
Cette évolution s’expliquerait, entre autres, par la tendance baissière des taux d’intérêt
rémunérant les dépôts à terme, observée ces dernières années, qui n’encourage pas les
particuliers à faire des placements en ces produits. En 2020, les taux moyens pondérés des
dépôts à 6 mois et 12 mois se sont établis respectivement à 2,56% et 2,87% après 2,72% et
3,01% en 2019 et 2,77% et 3,09% en 2018.
14 Ces dépôts incluent 3,8 milliards de dirhams collectés à travers les banques et fenêtres participatives contre 2,6 milliards de
dirhams en 2019.
Evolution des dépôts des ménages, en % Structure et évolution des dépôts des ménages, en %
20 100
90
15
80
70
10
60
5 50
40
0 30
20
-5
10
-10 0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
— Dépôts à vue — Dépôts à terme — Comptes d'épargne — Total des dépôts ■ Dépôts à vue ■ Dépôts à terme ■ Comptes d'épargne ■ Autres dépôts
Source : BAM
Evolution des taux moyens pondérés des dépôts (TMP), en %
Evolution des taux moyens pondérés des dépôts (TMP), en %
5,0 4
4,0
3
3,0
2
2,0
1,0 1
0,0
02011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
2011 2012 2013TMP moyen
2014 des2015
comptes 2016
et bons de2017
caisses à2018
6 mois 2019 2020
Source : BAM
Parallèlement, le montant global des placements des ménages sous forme de contrat
d’assurance vie a progressé de 9,1% en 2020 après 12,4% une année auparavant. Ce type
de placements reste attrayant en raison de ses avantages fiscaux.
14
12
10
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
La crise pandémique et ses répercussions néfastes sur le marché boursier n’ont pas été sans
impact sur les placements des ménages en valeurs mobilières. En effet, ces derniers ont
enregistré une contraction de 5% contre une progression de 7,4% une année auparavant,
pour s’établir à 57 milliards de dirhams à fin 2020. Ces placements sont majoritairement des
titres de propriété à hauteur de 97%, composés d’actions et de titres d’OPCVM. La part des
titres de créance privés a nettement reculé en 2020, revenant à 2,9% après 7,4% en 2019,
en lien avec la baisse significative des émissions en période de crise.
Source : BAM
Poursuite de la décélération de la dette des ménages en 2020, reflétant la hausse modérée des crédits
à l’habitat et le repli des crédits à la consommation
L’encours de la dette globale des ménages a augmenté de 2,9% à 369 milliards de dirhams15,
en nette décélération par rapport au niveau de progression de 5% enregistré en 2019 et
5,7% en 2018 et 4,9% en moyenne sur les cinq dernières années. Cette dette, composée des
crédits à l’habitat et de consommation accordés par les banques et les sociétés de
financement, représente plus que le tiers du portefeuille crédit de ces institutions. Son
évolution limitée en 2020 recouvre une hausse modérée des prêts immobiliers résidentiels
(4,6%) et une légère baisse des prêts à la consommation (-0,2%). En temps de crise et des
incertitudes qui y sont associées, une partie des ménages aurait tendance à reporter ses
projets d’acquisition des biens immobiliers et à limiter son endettement pour la
consommation lorsqu’il y a peu d’occasions de dépenser.
Le montant moyen16 par ménage s’est établi à 43.640 dirhams contre 43.458 dirhams en
2019 et 42.500 en 2018.
Source : BAM
A fin 2020, l’encours de la dette des ménages a représenté 34% du PIB. Ce ratio s’est situé
à un niveau élevé comparativement aux années précédentes, reflétant la
15 Dont 9,1 milliards de dirhams sous forme de financements immobiliers et automobile accordés via mourabaha, par les banques
et fenêtres participatives.
16 Selon l’enquête annuelle de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2020.
Dette financières des ménages marocains, en % du PIB Dette des méanges en % du PIB, en 2019 et 2020
40 160
38 140
36
120
34
100
32
30 80
28 60
26 40
24
20
22
20 0
Ouganda
Mexique
Indonésie
Brésil
Arménie
Maroc
Malte
Grèce
Luxembourg
États Unis
Thaïlande
Royaume-Uni
Suède
Australie
Norvège
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ 2019 ■ 2020
Les crédits distribués aux ménages résidant au Maroc ont atteint 350 milliards de dirhams,
en décélération de 5,1% en 2019 à 3,3%. Rapporté au PIB, leur montant a représenté 32,6%
contre 29,4% une année auparavant, sous l’effet principalement du repli du PIB.
Pour ce qui est des ménages Marocains Résidents à l’étranger (MRE), leur endettement
poursuit sa baisse pour s’établir à 19 milliards de dirhams environ, accusant un recul de 5,1%
dans la continuité de son rythme baissier observé depuis 2017.
Dette des ménages résidents, en % du PIB Dette des marocains résidant à l’étranger en fonction de leurs transferts, en %
35 40
35
30
30
25
25
20
20
15 15
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM et HCP Source : BAM et Office des Changes
Dans un contexte de ralentissement de la dette des ménages, les crédits immobiliers résidentiels continuent d’en
constituer la principale composante
La dette financière des ménages est composée en bonne partie (64%) de crédits destinés à
l’acquisition de biens immobiliers à usage d’habitation.
380
340
300
260
220
180
140
100
60
20
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
-20
■ Crédits à l'habitat ■ Crédits à la consommation
Source : BAM
Les prêts alloués à l’achat de logement ont enregistré une légère amélioration en 2020, avec
une croissance de 4,6% après 4,2% une année auparavant. Leur rythme de croissance
demeure toutefois faible depuis 2010, avec un encours global de 238 milliards de dirhams,
dont 8,6 milliards de dirhams correspondent aux financements Mourabaha immobilière
accordés par les banques et fenêtres participatives.
10
200
8
150
6
100
4
50 2
0 0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Les prêts encouragés par l’État, d’un montant de 43,5 milliards de dirhams, ont représenté 18,3% du
total des crédits à l’habitat en 2020. Ceux accordés dans le cadre de Damane Assakane se sont élevés
à 31 milliards de dirhams, en progression de 4,8% en 2020 après 5,5% une année auparavant. Les
crédits FOGARIM17 représentent la majorité de ces crédits, avec une part 18 qui s’est toutefois réduite
progressivement au cours des dix dernières années, passant de 89% en 2010 à 71% en 2015 puis à
64% en 2020. Ce type de crédit a été accordé en 2020 à plus que 154 000 bénéficiaires.
Pour les crédits FOGALEF19, ils ont atteint un montant de 12,5 milliards de dirhams en 2020, pour
122 289 bénéficiaires. Ce type de prêts, garantis à 100% par l’Etat, s’inscrit en baisse continue depuis
2011. Le recul enregistré en 2020 a été important, soit 11% après 5% en 2019.
■ FOGALOGE ■ FOGARIM ■ FOGALEF
Répartition des crédits garantis par l’Etat, par catégorie, selon le montant de crédit Evolution du taux des créances en souffrance, en%
100
16
14
80
12
60 10
8
40
6
4
20
2
0 0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Le taux des créances en souffrance s’est établi pour les crédits FOGARIM à 10,9% en 2020 contre 14,8%
en 2019. Cette évolution serait liée aux mesures du moratoire de crédits à la faveur notamment de
cette catégorie de clientèle. Les défauts de paiement relatifs aux crédits FOGALOGE20 et FOGALEF, se
sont établis en 2020 à 5,8% et 0,1% respectivement.
taux d’intérêts applicables aux crédits immobiliers ont également baissé au cours de l’année
2020 en lien notamment avec la baisse à deux reprises du taux directeur de Bank Al-
Maghrib.
La majorité de crédits à l’habitat continuent d’être assortis d’un taux d’intérêt fixe et leur maturité de
remboursement initiale est de plus en plus longue
Les crédits à l’habitat assortis de taux d’intérêt fixes continuent de représenter une part
prépondérante du total de ces prêts (94% en 2020 contre 95% une année auparavant), alors
que les crédits à taux d’intérêt variable n’en représentent que 6%. Parallèlement, l’analyse
par maturité initiale fait ressortir une poursuite de l’allongement des durées de
remboursement de ces crédits.
Selon l’enquête annuelle de Bank Al-Maghrib auprès des banques, les crédits à l’habitat dont
la durée de remboursement est comprise entre 20 et 30 ans constituent désormais 62%
alors qu’elle était de 50% en 2019. Ceux dont la durée se situe entre 10 et 20 ans
représentent une proportion de 30%, en retrait de 2 points de pourcentage
comparativement à l’année précédente, alors que la catégorie des crédits de durée variant
entre 5 et 10 ans ne dépasse pas 6%.
Si cette situation semble généralement plus avantageuse pour les emprunteurs (taux bas
fixe et allongement des maturités), elle expose, toutefois, les banques à un risque de taux
important et peut avoir des répercussions sur leur équilibre bilantiel et sur leur activité dans
le futur.
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Légère contraction des crédits à la consommation en 2020, notamment ceux distribués par les banques
et poursuite de l’allongement de la durée initiale de remboursement
Les crédits à la consommation se sont élevés à 131 milliards de dirhams, dont 55% sont
distribués par les banques et 45% par les sociétés de financement spécialisées.
Ils ont enregistré pour la première fois une légère baisse de 0,2%, qui recouvre une baisse
de 2,8% des crédits des banques et une décélération de ceux octroyés par les sociétés de
crédit à la consommation, dont le taux de progression est revenu à 3,3% après 7,4% en 2019.
Evolution du crédit à la consommation
En milliards de dirhams En %
140 12
120 10
100 8
80 6
60 4
40 2
20 0
0 -2
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Concernant les prêts accordés par les banques et fenêtres participatives, sous forme de
Mourabaha Automobile et Mourabaha équipement, ils ont été de l’ordre de 968 millions et
231 millions de dirhams respectivement.
Structure par tranche d'échéance des crédits à la consommation Structure des crédits à la consommation par objet, en %
100 100
90 90
80 80
70 70
60 60
50 50
40 40
30 30
20 20
10 10
0 0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ < 2 ans ■ 2- 5 ans ■ 5 -7 ans ■ > 7 ans ■ Prêts personnels ■ Equipements domestiques ■ Automobiles ■ Cartes
Source : BAM
La qualité des créances sur les ménages s’est globalement détériorée en 2020 sous l’effet principalement
des répercussions de la crise Covid-19
Les indicateurs des tensions financières comme le niveau des créances en souffrance et la
part des particuliers bénéficiant de moratoire et de reports de paiement suite au retard dans
le remboursement de leurs prêts indiquent globalement une détérioration de la qualité du
portefeuille des ménages en lien avec la dégradation de l’activité économique qui s’est
reflétée négativement sur les revenus des ménages et par conséquent sur leur capacité de
remboursement. Ainsi, l’encours des créances en souffrance des particuliers a fortement
progressé courant 2020 pour atteindre 35,5 milliards de dirhams, soit une augmentation de
21% d'une année à l'autre contre 9,7% en 2019 et 14,1% en 2018 ou un surplus de 6,2
milliards de dirhams. Le taux de défaut qui en résulte, s’est élevé à 9,6% après 8,2% en 2019
et 7,8% en 2018 et 7,3% en 2017.
Les banques et les sociétés de financement détiennent 33,7 milliards de dirhams de prêts
non performants sur les marocains résidents. Ce montant a connu une hausse importante
en 2020 de 20,9% après 9,9% enregistrée en 2019, ramenant le taux des créances en
souffrance à 9,6%. Parallèlement, les marocains résidents à l’étranger ont cumulé auprès
des banques 1,9 milliard de dirhams de créances en souffrance et leur taux de sinistralité
s’est établi à 10,1% après 7,8% en 2019.
L’accroissement des défauts de paiement des ménages auprès des banques a été de 19,2%
en 2020, pour un montant total de 28 milliards de dirhams. Cette croissance a été de l’ordre
de 23,9% pour les prêts à l’habitat et 10,2% pour les prêts à la consommation. Ainsi, les taux
de créances en souffrance de ces deux types de crédit ont été de l’ordre de 8,1% et 12,3%
respectivement. Au niveau des sociétés de crédit à la consommation, le montant des
créances en souffrance s’est établi à 7,5 milliards de dirhams, soit un taux de défaut de
12,7% contre 10,2% une année auparavant.
Evolution des créances en souffrance des ménages Taux des dettes en souffrance des ménages selon leur résidence, en %
40 12 12
35
10 10
30
8 8
25
6 6
20
4 4
15
10 2 2
0 0 0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Dettes en soufrance des ménages — Taux des dettes en souffrance des ménages — Non résidents — Résidents
Source : BAM
S’agissant du moratoire de crédit à la faveur des ménages, ils portent à fin décembre 2020
sur 469.273 dossiers ayant concerné un encours de 67,3 milliards de dirhams. Près de 69%
de ces crédits ont été complétement normalisés et 19% ont connu des impayés (ne
présentant pas encore les critères de défaut) et 6% se sont transformées en créances en
souffrance.
Partant d’un lot de données recueilli auprès des établissements de crédit*, cumulant près de 400.000
dossiers de crédit au profit des particuliers ayant renouvelé ou contracté un nouveau crédit au cours de
l’année 2020, une analyse de l’endettement financier a été effectuée, en vue de relever les caractéristiques
des bénéficiaires, selon leur catégorie socioprofessionnelle, leur groupe d’âge et leur tranche de revenu,
avec un focus sur les individus les plus endettés, ayant une charge d’endettement supérieure à 40% par
rapport à leur revenu.
Le niveau d’endettement moyen, issu de cette analyse, ressort à 31,4%, soit un niveau presque comparable
à celui calculé au cours des dernières années sur la base des données collectées.
40
30
20
10
0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Sur la base des données analysées sur les crédits Répartition des bénéficiaires* par catégorie
accordés au titre de l’année 2020, le taux socioprofessionnelle, en %
d’endettement moyen des bénéficiaires de crédit Retraité Autres
selon leur catégorie socioprofessionnelle se situe 5,5 1,2
Profession
à des niveaux différenciés. Les fonctionnaires libérale 9,3
constituent 48% des bénéficiaires, avec un taux
d’endettement moyen de l’ordre de 34,3%. Les Fonctionnaire
salariés, occupent la deuxième position, avec une 48,5
La proportion des bénéficiaires de nouveaux crédits, dont la charge d’endettement est supérieure à 40%,
s’est établie à 27,3% contre 26,9% en 2019, selon les dossiers analysés.
30
20
10
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
(**) Bénéficiaires de nouveaux crédits auprès des établissements de crédit en 2020
En 2020, les entreprises non financières ont subi globalement – quoiqu’à une ampleur
différente selon les branches d’activité – d’énormes défis en raison de la baisse quasi-
généralisée de leurs activités et revenus sous l’effet de la crise Covid-19. Ce coup dur aurait
induit pour beaucoup d’entre elles, de fortes pressions sur la gestion de leur trésorerie. Les
mesures sans précédent prises par les pouvoirs publics et la banque centrale avec l’aide des
banques ont permis d’atténuer l’ampleur de ces répercussions. Néanmoins, la viabilité
future de certaines entreprises demeure empreinte d’incertitudes du fait des zones d’ombre
qui planent encore sur l’économie post-Covid.
Décélération de la dette financière des entreprises non financières sous l’effet du ralentissement de sa
composante bancaire, conjuguée à une baisse de leur endettement extérieur
Ce ralentissement s’expliquerait par la baisse voire l’arrêt d’activité résultant des effets de
la pandémie. Il concerne à la fois la croissance de la dette financière des entreprises privées
(3,5% après 5% une année auparavant) et celle des entreprises publiques (0,3% à fin 2020
contre 1,9% en 2019). La troisième enquête menée par le HCP en janvier 2021 dans le cadre
du suivi des effets de la crise Covid-19 sur l’activité des entreprises, révèle en effet que plus
de 16% des entreprises ont été en arrêt définitif ou temporaire au terme du second
semestre de 2020.
80
60
40
20
0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
— Dette des ENF en % du PIB — Dette financière des ENF publiques en % du PIB
— Dette financière des ENF privées en % du PIB
Source : BAM
L’endettement financier des entreprises privées, constituant les deux tiers de la dette
financière globale des entreprises non financières, s’est établi à 531,4 milliards de dirhams
à fin 2020, soit 49,6% du PIB. Cette évolution s’explique essentiellement par le
ralentissement de leur dette bancaire, passant de 6,1% à 3,3% d’une année à l’autre, qui
continue de constituer leur principale source de financement (89%).
En milliards de dirhams En %
800 30%
700 25%
600
20%
500
15%
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2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Les emprunts bancaires des entreprises non financières ont ralenti à 2,8% pour s’établir à
525,4 milliards de dirhams, contre une progression de 5,4% en 2019, représentant 48,2% du
PIB, en hausse de 3,9 points de pourcentage par rapport à 2019. La part de la dette bancaire
des entreprises s’est maintenue autour de 65% de leur endettement financier global.
Evolution de la dette bancaire des entreprises non financières et son ratio par rapport au PIB
En milliards de dirhams En %
540 60
520
50
500
40
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2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Relance » et « Damane Oxygène » ont culminé22 près de 53 milliards de dirhams à fin 2020
et ont bénéficié à près de 66.200 entreprises.
Par ailleurs, la dette bancaire contractée pour des besoins de financement des biens
d’équipement (représentant 48% de la dette bancaire globale à fin 2020) ainsi que celle
destinée à financer la promotion immobilière ont marqué respectivement un recul de 2,6%
et 0,5%, après avoir connu une hausse 4,2% et 3,2% en 2019.
100%
80%
60%
40%
20%
0%
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Encadré N°4 : Mesures prises à l’échelle nationale pour soutenir les entreprises non financières face à la
crise sanitaire
L’ensemble des mesures préventives qui ont été instaurées dans le cadre de la lutte contre la pandémie
du Covid-19 ont eu une incidence positive sur la dynamique de l’économie réelle. L’activité des
entreprises non financières a été significativement affectée tant sur le volet de l’offre (baisse de la
22
Selon les données publiées par la Caisse Centrale de Garantie
capacité de production en lien avec les restrictions de confinement et interruption des chaines
d’approvisionnement…), que celui de la demande qui baisserait en raison du contexte d’incertitudes
induites par la pandémie.
Les très petites et moyennes entreprises (TPME) ont été les plus affectées par la pandémie en raison
des niveaux plus élevés de leurs vulnérabilité et d'une moindre résilience liée à leur taille.
A cet égard, Bank Al-Maghrib a été associée, dans le cadre de sa contribution aux travaux du Comité de
Veille Economique, dans la mise en place d’une série de mesures permettant de limiter le risque de
crédit, soutenir l’accès aux crédits et relancer l’activité économique, notamment au profit des
entreprises les plus touchées.
Les principales mesures qui ont été prises pour faire face à cette situation avaient pour objectif de :
▪ Réduire les charges fixes des entreprises : (i) La suspension pour les entreprises de paiement
des charges sociales ; (ii) Le report des échéances du crédit bancaire et celles de leasing au
profit des entreprises impactées par la crise ; (iii) Le report, si besoin, des échéances des
obligations fiscales pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 20 millions de
dirhams.
▪ Financer le fonds de roulement : (i) Le lancement en mars 2020 d’un nouveau produit de
garantie « Damane Oxygène » pour couvrir les prêts en faveur des entreprises principalement
les TPME dont la trésorerie s’est dégradée à cause de la baisse de leur activité ; (ii) L’octroi
d’un crédit à taux zéro pour les auto-entrepreneurs pouvant atteindre 15 mille dirhams, les
intérêts y afférents étant totalement pris en charge par le secteur des assurances (iii)
L’assouplissement des conditions d’octroi de la garantie de Damane Oxygène en faveur des
TPE, des PME et des entreprises de taille intermédiaire avec la suppression des sûretés exigées
et sa prorogation jusqu’à nouvel ordre pour les entreprises relevant des secteurs du tourisme
et de la promotion immobilière.
▪ Relancer l’activité : Mise en place d’un dispositif de garantie par l'Etat pour le financement de
la relance au taux directeur de Bank Al Maghrib majoré d’un maximum de 200 pb et un
remboursement pouvant s'étaler sur sept ans avec deux ans de différé à travers deux
mécanismes (i) Relance TPE et (ii) « Damane Relance » déployé le 15 juin notamment deux
produits spécifiques aux secteurs de tourisme « Damane Hôtellerie » et de la promotion
immobilière « Damane Promotion immobilière ».
▪ Mise en place d’un moratoire de crédit en faveur des entreprises opérant dans les secteurs
les plus touchés par les effets de la crise sanitaire.
100%
80%
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2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Le recours des entreprises non financières à la dette obligataire pour satisfaire leurs besoins
de financement a progressé de 13,9% à près de 84,3 milliards de dirhams à fin 2020, après
avoir marqué une légère décélération l’année précédente en passant de 8,7% à 7,7% entre
2018 et 2019. Toutefois, cette dette ne représente que 10% de la dette financière des
entreprises, avec une part de 65% destinée au financement des entreprises publiques.
Evolution des composantes de la dette financière des entreprises non financières
En milliards de dirhams
500 30%
450
25%
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350 20%
300 15%
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2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Le taux de défaut des entreprises non financières, correspondant à la part des créances en
souffrance dans le total de la dette bancaire globale des entreprises, a enregistré une hausse
de 83 points de base pour s’établir à 10,9%.
12
10
0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Cet accroissement de la sinistralité s’est étendu à la plupart des secteurs d’activité, mais de
manière différenciée. Les effets manifestes de la crise Covid-19 ont pesé sur certains
secteurs d’activité. Ainsi, les entreprises opérant dans le secteur du « Tourisme et
hôtellerie » ressortent, en moyenne, avec le taux de dette en souffrance le plus élevé, se
situant à 21,8%, suivi par les entreprises des secteurs de l’industrie manufacturière et du
commerce avec des taux de défaut respectifs de 15,8% et 13,4%.
Cette étude porte sur l’analyse de l’endettement d’un échantillon de près de 67.200 entreprises non
financières cumulant en 2019, un chiffre d’affaires (CA) de 453,4 milliards de dirhams et culminant une
dette financière avoisinant 330 milliards de dirhams (soit 44% de la dette globale des ENF23) et une
dette commerciale de 198,2 milliards de dirhams au terme de l’exercice 2019.
Cette étude se propose d’analyser la situation financière des entreprises de l’échantillon à travers
l’appréciation de l’évolution de leur endettement financier et commercial, sur une période de 5 années
allant de 2015 à 2019, date la plus récente des états financiers disponibles.
L’échantillon couvre les différents segments d’entreprises et les différents secteurs d’activité suivant
la répartition décrite comme suit :
AGRICULTURE, SYLVICULTURE
Autres 5% ET PÊCHE 1%
TRANSPORTS ET ENTREPOSAGE 11% COMMERCE ; RÉPARATION
PRODUCTION ET DISTRIBUTION D'AUTOMOBILES ET DE MOTOCYCLES 29%
D'ÉLECTRICITÉ, DE GAZ, DE VAPEUR ET
D'AIR CONDITIONNÉ 1%
PRODUCTION ET DISTRIBUTION
D'EAU ; ASSAINISSEMENT, GESTION
DES DÉCHETS ET DÉPOLLUTION 11%
INFORMATION ET COMMUNICATION 2%
INDUSTRIES EXTRACTIVES 1%
CONSTRUCTION 12%
TPE
88%
L’analyse détaillée de l’évolution des principaux indicateurs d’endettement financier et des délais de
paiement inter-entreprises est reprise, ci-dessous, selon la taille d’entreprises et le secteur d’activité.
Les entreprises qui ont eu recours à un endettement financier représentent moins d’un tiers de
l’échantillon global.
50%
40%
30%
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GE PME TPE Total Echantillon
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moyen et long terme, passant de 61% en 2018 à 89% à fin 2019, suivi par les secteurs de «
Activités immobilières » (62% contre 45%) et « Commerce, réparation d’automobiles et de
motocycles » (51% après 34% en 2018) enregistrant un accroissement de 17 points de
pourcentage. Cependant, les entreprises ayant réduit de façon importante leur taux
d’endettement sont celles opérant dans le secteur « Information et communication », via
une baisse de 10 points de pourcentage pour s’établir à 25% en 2019.
▪ Endettement financier à court terme :
En sus de l’endettement financier à moyen et long terme, les entreprises de l’échantillon
ont eu recours à la dette de trésorerie, pour un montant global de près de 68 milliards de
dirhams, qui a représenté globalement 9% de leur chiffre d’affaires (CA) à fin 2019 (15% en
moyenne pour les entreprises endettées). En effet, le taux d’endettement à court terme 25
a marqué un léger repli entre 2018 et 2019 pour les trois segments d’entreprises,
s’établissant ainsi respectivement à 11,7%, 7,5% et 3,5% pour la GE, PME et TPE contre des
taux respectifs de 12%, 8,2% et 3,9% en 2018 (Pour les entreprises endettées, ce ratio
s’établit respectivement à 15% pour la GE, 14% pour la PME et 12% pour la TPE).
Le graphique ci-après décrit l’évolution du taux d’endettement à court terme des entreprises
endettées de l’échantillon par taille :
15%
10%
5%
0%
GE PME TPE Total Echantillon
A l’instar du financement à moyen et long terme, les niveaux des taux d’endettement à court
terme des entreprises de l’échantillon sont positivement corrélés à la taille des entreprises.
Par secteur d’activité, le niveau de ce financement est très contrasté et reste inhérent à la
nature des secteurs. En effet, les concours de trésorerie sont considérables au niveau des
entreprises relevant du secteur « Activités immobilières » et ont représenté, en moyenne, 36%
de leur chiffre d’affaires en 2019.
25 Le taux d’endettement à court terme correspond au rapport entre la dette de trésorerie contractée par une entreprise et son
chiffre d’affaires
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■ 2015 ■ 2016 ■ 2017 ■ 2018 ■ 2019
Les entreprises opérant dans le secteur « Activités immobilières » se sont distinguées par une
hausse importante de leur dette de trésorerie, en progression de 10 points de pourcentage,
s’établissant ainsi à 36% en 2019. Tandis que la plus forte baisse de l’endettement de
trésorerie a été marquée chez les entreprises opérant dans le secteur « Construction »,
enregistrant une baisse de 9 points de pourcentage pour se situer respectivement à 18% à fin
2019.
Sur la période 2015 à 2019, les grandes entreprises (GE) ont bénéficié des niveaux
d’endettement de trésorerie les plus élevés se situant, en moyenne sur la période de l’étude,
à 15% de leur chiffre d’affaires, contre 14% pour la PME et 12% pour la TPE.
Au regard de la taille, les grandes entreprises (GE), ayant un pouvoir de négociation plus
important, continuent d’accorder les plus courts délais de paiement à leurs clients, avoisinant
95 jours de leur chiffre d’affaires à fin 2019 contre 92 jours une année auparavant.
Parallèlement, elles enregistrent les délais les plus élevés pour le règlement de leurs
fournisseurs, atteignant 133 jours d’achats en 2019, en allongement de 10 jours d’achats par
rapport à 2018.
En revanche, les délais clients des très petites entreprises (TPE) se sont établis à des niveaux
encore élevés de 152 jours de chiffre d’affaire (CA), en dépit d’une légère amélioration des
conditions de paiement de leurs clients de près de 5 jours de CA. Dans le même sens, les petites
et moyennes entreprises (PME) ont continué d’afficher des délais de règlement élevés de la
part de leur clientèle, poursuivant leur légère tendance haussière pour se situer à 108 jours
contre 107 en 2018.
160
140
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2014 2015 2016 2017 2018 2019 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2014 2015 2016 2017 2018 2019
GE PME TPE
Les délais de paiement fournisseurs d’un segment d’entreprises sont proportionnels à sa taille,
tandis que les délais de règlement clients sont négativement corrélés à la taille des entreprises.
En effet, la dette fournisseurs se situe aux niveaux les plus bas dans le compartiment de la TPE,
représentant 108 jours de leurs achats en 2019 contre 104 une année auparavant, suivi par la
PME affichant un délai de règlement fournisseurs de 120 jours, tandis que la TPE accuse les
délais fournisseurs les plus longs avec 133 jours d’achats et qui se sont allongés de 15 jours
d’une année à l’autre.
Par taille d’entreprises, la répartition des paiements ventilés par tranche de délais, met en
exergue le rapport de force en faveur des grandes entreprises dans leurs relations avec leurs
partenaires commerciaux notamment de plus petite taille.
Globalement, les grandes entreprises retardent les paiements de leurs fournisseurs,
notamment les plus petits. Ainsi, plus de deux grandes entreprises sur trois (72%) paient
globalement leurs fournisseurs en retard (au-delà du délai réglementaire maximal de 60 jours),
avec une portion de 32% d’entre elles qui règlent leurs fournisseurs dans un délai supérieur à
120 jours, soit un retard de paiement supérieur à 60 jours.
Concernant le segment de la TPE, près de deux entreprises sur trois (64%) respectent le délai
réglementaire de 60 jours pour régler leurs fournisseurs. Néanmoins, près de 22% d’entre elles
accusent un retard de paiement fournisseurs supérieur à 2 mois.
Répartition des délais de paiement par tranche et par taille d'entreprise en 2019
70
60
50
40
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GE PME TPE
Concernant les règlements clients, les retards de paiement les plus allongés sont subis par la
TPME, notamment pour les PME dont 37% enregistrent un retard de paiement dans un délai au-
delà de 120 jours, tandis que près d’une TPE sur trois (35%) accuse un retard de paiement de
plus de 2 mois.
Par secteur d’activité, la disparité des expositions aux retards de paiement est encore plus
accentuée. En effet, l’hétérogénéité des délais de paiements d’un secteur d’activité à un autre
est principalement attribuable à la nature de la clientèle (entreprises du secteur public, ou du
secteur privé, ménages) et à la structure et au poids des entreprises qui opèrent dans chacun
des secteurs (GE, PME ou TPE).
L’analyse sectorielle des délais de paiement des clients fait ressortir que les entreprises opérant
dans le secteur du « Transport et entreposage » ont subi les délais de règlement les plus longs
se situant en moyenne à 200 jours de chiffre d’affaires suivi par celles du secteur « Industrie
manufacturière » avec un délai client moyen de 180 jours de chiffres d’affaires, tandis que les
entreprises relevant du secteur « Hébergement et restauration » ont bénéficié des délais de
règlement les plus courts de la part de leurs clients à 44 jours.
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■ 2015 ■ 2016 ■ 2017 ■ 2018 ■ 2019
L’amélioration des conditions de paiement a été plus observée chez les entreprises du secteur
de « l’industrie extractive » avec une réduction des délais de paiement de leurs clients de 36
jours pour s’établir ainsi à 158 jours. A contrario, les entreprises des secteurs « Production et
distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution » et « Production et
distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné » ont subi l’allongement le plus
important des délais de règlement clients se situant à 14 jours par rapport à 2018, ramenant
ainsi leurs délais de paiement clients à 154 et 82 jours de chiffres d’affaires respectivement.
Répartition des délais de paiement clients par tranche et par secteur d'activité en 2019, en%
TRANSPORTS ET
ENTREPOSAGE 25 13 12 50
PRODUCTION ET DISTRUBUTION
D’ELECTRICITE DE GAZ, 60 13 6 21
DE VAPEUR ET D’AIR CONDITIONNE
UPRODUCTION ET DISTRIBUTION D'EAU ; 30 12 10 48
ASSAINISSEMENT, GESTION DES DÉCHES
ET DÉPOLUTION
44 10 8 37
INDUSTRIES EXTRACTIVES
INDUSTRIE 39 11 7 44
MANUFACTURIÈRE
41 9 9 40
HÉBERGEMENT ET
RESTAURATION 83 4 2 11
CONSTRUCTION
51 8 6 35
COMMERCE ;
RÉPARATION 50 9 7 34
D'AUTOMOBILES ET DE
MOTOCYCLES
54 8 6 32
AGRICULTURE,
SYLVICULTURE 59 7 4 29
ET PÊCHE
■ Pas de retard ■ Retard inférieur à 1 mois ■ Retard de 1 mois à 2 mois ■ Retard supérieur à 2 mois
Source : OMPIC, MEFRA et calculs BAM
Les entreprises du secteur « Transports et entreposage », subissent les plus importants retards
de règlement de leurs clients, avec plus de 75% des paiements dépassant le délai légal. Dans le
même sillage, les plus importants retards des encaissements clients, supérieurs à 2 mois,
impactent la moitié des entreprises appartenant au secteur « Transports et entreposage » et
touchent également les entreprises relevant du secteur « Production et distribution d’eau ;
assainissement, gestion des déchets et dépollution » à hauteur 48%. Pour sa part, le secteur
« Hébergement et restauration », ayant un avantage structurel en matière de nature de sa
clientèle, bénéficie d’une probabilité de retards de règlement très faible, avec 83% d’entreprises
ne subissant pas de retards de paiement et seulement 11% d’entreprises recevant des
règlements tardifs au-delà de 2 mois.
S’agissant des délais fournisseurs, les entreprises qui retardent le plus le règlement de leurs
fournisseurs sont celles appartenant au secteur « Industries manufacturière » en affichant un
niveau élevé de 127 jours d’achats, suivies par celles opérant dans les secteurs « Agriculture,
sylviculture et pêche » et « Commerce, réparation d’automobiles et de motocycles » avec un
délai de paiement moyen se situant à 121 jours d’achats. Cependant, les délais les plus court
des règlements fournisseurs ont été enregistrés dans les secteurs « Production et distribution
d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné » et « Hébergement et restauration »
enregistrant des niveaux respectifs de 55 et 62 jours d’achats.
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DE
En termes d’efforts engagés pour réduire les retards de règlement, les entreprises du secteur
« Industries extractives » sont celles qui ont le plus diminué leurs délais de paiement
fournisseurs, ainsi les délais fournisseurs y afférents se sont rétrécis de 22 jours d’achats à fin
2019 pour s’établir à 108 jours de chiffre d’affaires. En outre, seules les entreprises opérant dans
le secteur « Agriculture, sylviculture et pêche » ont détérioré les conditions de paiement de leurs
fournisseurs avec un allongement de leurs délais de règlement de 9 jours d’achats entre 2018
et 2019.
Répartition des délais de paiement fournisseurs par tranche et par secteur d'activité, en 2019
TRANSPORTS ET
ENTREPOSAGE 65 15 5 15
PRODUCTION ET DISTRUBUTION
D’ELECTRICITE DE GAZ,
DE VAPEUR ET D’AIR CONDITIONNE 49 14 7 30
UPRODUCTION ET DISTRIBUTION D'EAU ;
ASSAINISSEMENT, GESTION DES DÉCHES
ET DÉPOLUTION 64 9 6 21
INDUSTRIES EXTRACTIVES
INDUSTRIE 53 13 8 26
MANUFACTURIÈRE
HÉBERGEMENT ET 51 11 9 29
RESTAURATION
CONSTRUCTION
76 6 4 14
COMMERCE ;
RÉPARATION
D'AUTOMOBILES ET DE 68 8 5 18
MOTOCYCLES
AGRICULTURE, 53 10 8 29
SYLVICULTURE
ET PÊCHE
■ Pas de retard ■ Retard inférieur à 1 mois ■ Retard de 1 mois à 2 mois ■ Retard supérieur à 2 mois
APERÇU
Courant 2020, le système financier marocain a fait preuve globalement d’une résilience avérée
face aux soubresauts économiques induits par la crise sanitaire. Les secteurs bancaire,
assurantiel et du marché des capitaux et les infrastructures des marchés financiers continuent
de bien fonctionner et de soutenir la reprise économique grâce notamment aux politiques de
soutien monétaire et budgétaire menées par les autorités. Pour autant, les tensions financières
subies par un bon nombre d’entreprises non financières et de ménages constituent une source
de vulnérabilité qui pourrait peser à terme sur la stabilité du secteur financier national.
Pour ce qui est du secteur bancaire, le choc économique induit par la crise Covid-19 a impacté
fortement sa rentabilité et la qualité de ses actifs. Ainsi, le résultat net cumulé des banques
sur base sociale s’est replié en 2020 de 43,2% à 6,8 milliards de dirhams, soit la baisse la plus
importante observée courant cette dernière décennie. Cette évolution résulte notamment
d’une forte augmentation du coût du risque de l’ordre de 74,1%, totalisant 12,5 milliards de
dirhams et ramenant sa part dans le résultat brut d’exploitation à 47% après 28% une année
auparavant. Au coût élevé des risques, s’ajoutent les frais ponctuels liés aux contributions au
fonds spécial Covid-19. S’agissant de la qualité du portefeuille des crédits des banques, sa
détérioration s’est reflétée par la hausse importante de 13,9% du volume des créances en
souffrance, totalisant près de 80 milliards de dirhams et par le taux de défaut ayant augmenté
à 8,2% contre 7,5% une année auparavant.
Les banques demeurent aussi vulnérables au risque de concentration sur leurs plus grandes
contreparties et aux chocs de leur défaut. Leurs expositions brutes bilan et hors-bilan sur les
grands débiteurs ont augmenté de 1,7% en 2020, dont 38% concernent les 10 plus grands
groupes non financiers.
En termes de solvabilité, les banques ont démontré leur capacité à faire face au choc de la
crise et à maintenir le respect des exigences réglementaires. Sur base sociale, le ratio de fonds
propres moyen s’est ainsi établi à 15,7% en 2020 contre 15,6% une année auparavant et 14,7%
en 2018. Le ratio Tier 1, pour sa part, s’est situé à 11,4% contre 11,5% et 10,9% respectivement
en 2019 et 2018.
Dans ces conditions, l’exercice du macro stress de solvabilité basée sur les projections
économiques de Bank Al-Maghrib de juin 2021 continue de démontrer à cette date la capacité
des banques à faire face globalement au choc induit par la crise de la Covid-19 et à maintenir
Concernant le secteur des assurances, le volume des primes a atteint 45,1 milliards de dirhams,
entrainant ainsi une croissance de 1%, en décélération par rapport à 2019 (+8,6%). Cette
croissance, en temps de crise, n’a été possible que grâce à l’entrée en vigueur du régime
obligatoire de couverture des conséquences d’événements catastrophiques qui a généré, pour
le régime assurantiel, des primes émises de 476,7 millions de dirhams.
Fortement exposé au marché des actions, le secteur des assurances a durement subi la
contraction du marché boursier dans le sillage de la crise sanitaire. Ainsi, malgré la bonne
performance de la marge d’exploitation, le résultat net cumulé des entreprises d’assurances
cède 21% à 2,9 milliards de dirhams, impacté essentiellement par la chute du solde financier.
Le rendement des capitaux propres (ROE) diminue aussi de 2,3% pour s’établir à 7,3%. Enfin,
le ratio des plus-values latentes sur les placements se détériore, passant de 18,5% en 2019 à
13% en 2020.
Pour sa part, la marge de solvabilité a également subi une baisse, mais reste à des niveaux
largement au-dessus du seuil réglementaire. Ne couvrant à ce stade que le risque de
souscription, l’excédent de la marge devrait baisser de manière significative avec le passage
vers le régime prudentiel de solvabilité basée sur les risques qui couvre une palette plus large
de risques auxquels est exposé le secteur des assurances. Par ailleurs, les exercices de stress
tests réalisés font ressortir une bonne résilience des entreprises d’assurances aux chocs sur le
Organismes de placement
collectifs Etablissements de crédit
21% 62%
Compagnies d'assurances et
de réassurances
9%
Le secteur bancaire est toujours dominé par trois grandes banques d’importance
systémique à capital privé et majoritairement marocain. Celles-ci contribuent à hauteur de
62,9% dans le total actif, distribuent 61,5% du total des crédits et collectent 63,7% du total
des dépôts contre respectivement 63,3%, 62,2% et 64% en 2019. Elles opèrent à l’échelle
nationale via 3.406 agences et à l’étranger à travers principalement 51 filiales et 22
succursales.
Associations
de micro-crédit
Autres
Sociétés de 1% établissements 1%
crédit-bail
3%
Sociétés de
crédit à la
consommation 4%
Banques 90%
Banques
offshore
2%
Source : BAM
29
Système des Règlements Bruts du Maroc "SRBM", Sociétés Gestionnaire de la Bourse de Casablanca, Maroclear (Dépositaire
Central), Groupement pour un Système Interbancaire Marocain de Télé-compensation "GSIMT" et HPS Switch "HPSS".
30 Cette section fait ressortir les principaux indicateurs du secteur bancaire sur base sociale.
En dépit de l’ampleur de la récession économique induite par la crise Covid-19, l’activité des
banques a pu maintenir un rythme de croissance soutenu en 2020 et ce, grâce aux mesures
entreprises par l’Etat et par la Banque Centrale pour soutenir l’économie et le secteur
bancaire. Dans ce sens, le total actif du secteur bancaire s’est élevé à 1.508 milliards de
dirhams, en hausse de 5,7% après 5,8% une année auparavant. Il représente 138% du PIB
au lieu de 124% en 2019 et 122% en 2018. Ce ratio a largement augmenté, sous l’effet de la
contraction du PIB nominal en 2020. Impacté par les séquelles de la crise sanitaire, ce
dernier est revenu à un niveau comparable à celui de 2017.
Source : BAM
Les emplois des banques ont progressé à un rythme soutenu, maintenant globalement une structure
quasi-inchangée
Au terme de l’année 2020, la structure des emplois agrégés des banques demeure
caractérisée par la prédominance des crédits à la clientèle, dont le montant net des
provisions, représente une part de près de 59%, en légère baisse de 0,7 point par rapport à
2019. Ces crédits, qui ont totalisé 887 milliards de dirhams, ont connu une décélération à
4,4% après 5,9% en 2019. Ils intègrent les concours octroyés par les banques participatives
à leur clientèle pour un montant de 13,5 milliards de dirhams contre 9,1 milliards de dirhams
Les créances sur les établissements de crédit et assimilés ont sensiblement progressé de
4,9% contre 1,8% l’année précédente, pour s’établir à 196 milliards de dirhams. Leur part
dans le total emplois des banques s’est quasiment stabilisée autour de 13%. Pour ce qui est
des banques participatives, ces créances se sont établies à 1,7 milliard de dirhams en 2020
contre 1,2 milliard de dirhams en 2019.
L’encours global du portefeuille-titres des banques a augmenté de 8,7% en 2020 après 9,6%
une année auparavant. Il se situe à 335,4 milliards de dirhams, s’accaparant 22,2% des
emplois des banques. Il est constitué à hauteur de 54% de bons du Trésor, ayant pour leur
part, progressé au titre de l’année 2020 de 11,6% contre 9,5% en 2019.
En milliard de dirhams
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Créances sur les établissements de crédit et assimilés ■ Créances sur la clientèle ■ Portefeuille titres
■ Valeurs immobilisées ■ Autres actifs
Source : BAM
La structure globale des ressources des banques est demeurée, elle aussi, quasi-inchangée
comparativement aux années précédentes
A fin 2020, les dépôts collectés auprès de la clientèle continuent de constituer la principale
ressource des banques, représentant près de 67% des financements contre 11% pour les
dettes envers les établissements de crédit et assimilés, 8% pour les dettes obligataires et
10% sous forme de fonds propres. La structure de ces ressources est restée globalement
stable, marquée par une légère hausse de la part des dettes envers les établissements de
crédit et assimilés au détriment de la dette obligataire et ce, en lien avec la hausse des
apports de liquidité de Bank Al-Maghrib et la baisse des émissions sur le marché de la dette
privée sous l’effet de la crise Covid-19.
Le secteur bancaire a profité d’une bonne tenue des dépôts qui ont augmenté de près de
50 milliards de dirhams en 2020 pour s’établir à 1.008 milliards de dirhams, soit un
accroissement de l’ordre de 5,2% en 2020 contre 3% en 2019. Les dépôts auprès des
banques et fenêtres participatives ont totalisé 4 milliards de dirhams en 2020 contre 2,6
milliards de dirhams un an auparavant, essentiellement sous forme de dépôts à vue détenus
par les ménages.
Les dettes envers les établissements de crédit se sont élevées à 164 milliards de dirhams,
progressant de 16,1% après 7,3% en 2019. Elles ont représenté une part de 11% du total des
ressources contre 10% en 2020.
Pour leur part et tenant compte notamment de la non-distribution des dividendes au titre
de l’exercice 201931 ou leur conversion en capital, les fonds propres comptables des banques
ont enregistré une hausse de 6,5% (contre 10,4% en 2019) pour s’établir à 145 milliards de
dirhams en 2020. Les dettes obligataires, quant à elles, ont affiché une baisse de 1,3% en
2020 à 121 milliards de dirhams contre une hausse de 16,2% en 2019. Ce repli s’expliquerait
par les mesures de politique monétaire ayant permis de combler les besoins de liquidités
des banques et par les faibles opportunités d’émission des titres en période de crise.
31
Face à la montée des risques liés aux conséquences de la crise sanitaire, Bank Al-Maghrib a demandé aux banques de surseoir à
la distribution de dividendes au titre de 2019, une directive sur laquelle se sont alignés les banques.
En milliard de dirhams
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Dettes envers les établissements de crédit et assimilés ■ Dépôts de la clientèle ■ Dettes obligataires
■ Fonds propres ■ Résultat net ■ Autres passifs
Source : BAM
Les crédits bancaires à la clientèle sont dans l’ensemble bien diversifiés sur le plan sectoriel
32
L’indice de Herfindhal-Hirschmann (IHH) mesure la concentration d’un marché, sa valeur varie entre 0 et 1. Plus cette valeur est
élevée, plus la concentration est jugée importante.
0,145
0,140
0,135
0,130
0,125
0,120
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Les expositions brutes bilan et hors-bilan des banques sur les grands débiteurs33 ont
augmenté de 1,7% à fin 2020 après une baisse de 5,9% une année auparavant, pour totaliser
368,7 milliards de dirhams, dont 38% concernent les 10 plus grands groupes non financiers.
Les prêts et titres de créance, représentant 89% des expositions bilan et 53% du total des
crédits accordés aux entreprises, ont marqué une légère hausse de 1% après un recul de 3%
en 2019. Le niveau global de concentration s’est maintenu à 2,3 fois les fonds propres des
banques.
33
Un grand débiteur est entendu comme toute contrepartie ou groupe de contreparties liées bénéficiant d’un crédit supérieur ou
égal à 5% des fonds propres de la banque.
400
300
200
100
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
La montée des créances en souffrance dans le sillage de la crise sanitaire appelle à la vigilance, avec un
taux moyen ayant atteint 8,2% à fin 2020.
Le portefeuille des créances en souffrance détenu par les banques a enregistré une hausse
importante de 13,9%, pour atteindre près de 80 milliards de dirhams. Cette évolution est
expliquée par la détérioration des conditions économiques sous l’effet de la crise sanitaire,
ayant amplifié les difficultés de certaines entreprises et fait augmenter les impayés des
ménages fragilisés par la réduction de leur activité et la perte d’emploi (le taux de chômage
étant passé de 9,2% en 2019 à 11,9% en 2020). Ces derniers ont vu leurs créances en
souffrance bondir de 19,2% à 28 milliards de dirhams. Quant aux entreprises non
financières, leurs créances non performantes ont augmenté de 11,2%. Les secteurs
d’activité les plus sinistrés sont le secteur du commerce (+16,8%), suivi de celui de
l’hôtellerie (+9,7%), du BTP34 (+4,8%) ainsi que les industries manufacturières (+2,8%).
34
Y compris l’immobilier
Au total, le taux de sinistralité moyen du secteur bancaire s’est établi à 8,2% contre 7,5%
une année auparavant. Pour les trois banques systémiques, ce taux s’est établi en moyenne
à 7,5%, en hausse de 0,9 point de pourcentage par rapport à 2019.
12 25
20
10
15
10
8
5
6 0
-5
4 -10
-15
2
-20
0 -25
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Par catégorie, l’encours des créances compromises, représentant toujours plus 82% du total
des créances en souffrance, a largement augmenté de 13,8% à 65,1 milliards de dirhams
(après +2,1% en 2019). Les créances pré-douteuses et douteuses ont enregistré, à leur tour,
un surplus de 1,7 milliard de dirhams et 142 millions de dirhams respectivement et
détiennent des parts de 7% et 11%.
En termes de couverture et face à cette hausse de la sinistralité, les banques ont augmenté
leur niveau des provisions spécifiques de près de 13% (+7,3% en 2019), engendrant un taux
de couverture moyen de 69%. Ce taux ressort à 77% pour les créances compromises, 52%
pour les créances douteuses et 7% pour les créances pré-douteuses. Pour les trois banques
systémiques, le taux de couverture moyen se maintient à 68%.
Les banques ont également constitué des provisions à caractère général, d’un montant de
13,7 milliards de dirhams (dont 9 milliards de dirhams par les trois banques systémiques),
en hausse de 27,7% par rapport à fin 2019. Ces provisions constituent, à côté des fonds
propres prudentiels, des matelas visant à couvrir les créances sensibles et à préserver ainsi
les banques en cas de survenance d’éventuels chocs de crédit.
Evolution des provisions à caractère général constituées par les banques, Taux de couverture par catégorie de créances, en %
en milliards de dirhams
15 90
80
70
10 60
50
40
5 30
20
10
0 0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Rentabilité des banques en net repli en lien essentiellement avec la forte hausse du coût du risque et
leur contribution au fonds spécial Covid-19
14 000 30%
12 000 20%
10 000 10%
0%
8 000
-10%
6 000
-20%
4 000
-30%
2 000 -40%
0 -50%
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Le produit net bancaire (PNB) cumulé du secteur bancaire est resté globalement stable
d’une année à l’autre et s’est établi à près de 49,5 milliards de dirhams, recouvrant une
baisse de la marge sur commissions (-4,7%)35, une stagnation du résultat des opérations de
marché et une hausse de la marge d’intérêt (+3,4%) portée principalement par un effet
volume. Concernant en particulier les trois banques systémiques, elles ont cumulé un PNB
de 30 milliards de dirhams, en baisse de 3% par rapport à 2019.
35
Ceci s’explique par le recul des commissions sur moyens de paiement de 0,2%, des commissions sur opérations sur titres de 4,4%,
des commissions sur opérations sur ventes de produits d’assurance de 3,6% et des autres commissions sur prestations de service
de 9,1%.
60
50
40
30
20
10
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Marge sur intérêt ■ Résultat des opérations de marché ■ Marge sur commissions
Source : BAM
Les charges générales d’exploitation ont reculé de 0,4% après une hausse de 3,9% une
année auparavant, s’établissant à 24,7 milliards de dirhams et reflétant globalement une
bonne maitrise des coûts. Cette évolution est expliquée par une baisse des charges liées aux
impôts et taxes (-4,4%) et un léger repli des charges de personnel (-0,1%) et des charges
externes (-0,5%). Ainsi, le coefficient moyen d’exploitation ressort à un niveau de 50%
contre 50,2% en 2019.
30 000
52
25 000
50
20 000
48
15 000
46
10 000
44
5 000
0 42
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Sous l’effet de la crise et avec la montée du risque de crédit, les banques ont enregistré une
hausse importante du coût de risque de 74,1% après une régression de 8,1% en 2019,
cumulant 12,5 milliards de dirhams (dont 7,7 milliards de dirhams pour les trois banques
systémiques). Cette détérioration s’explique par la hausse des dotations aux provisions pour
les créances en souffrance (+50,7%) et celle des autres dotations nettes de reprises qui ont
triplé à 3,5 milliards de dirhams, en lien avec les provisions pour risques généraux
constituées par les banques pour couvrir la hausse attendue du risque de crédit. Rapporté
au RBE, le coût du risque s’est établi à 47% contre 28,2% une année auparavant. Sa part par
rapport à l’encours des crédits est passée de 0,8% à 1,3% d’une année à l’autre.
Coût du risque des banques
En milliards de dirhams En %
14000 50
45
12000
40
10000 35
8000
30
25
6000
20
4000 15
10
2000
5
0 0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Dans ce contexte, les ratios de rentabilité des banques ont été affectés par le fort repli des
résultats. Ainsi, la rentabilité moyenne des actifs (ROA) ressort en baisse à 0,5% après 0,9%
en 2019 et celle des fonds propres (ROE) à 4,8% après 9,4% une année auparavant.
25 1,6
1,4
20
1,2
15
0,1
0,8
10 0,6
0,4
5
0,2
0 0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Malgré les effets manifestes de la crise sanitaire, les ratios moyens de solvabilité du secteur bancaire
demeurent au-delà des exigences réglementaires minimales
En dépit des impacts de la pandémie Covid-19, les fonds propres prudentiels des banques
marocaines ont marqué une hausse de 2% à fin 2020 contre 12% en 2019, totalisant un
montant de près de 158 milliards de dirhams en lien essentiellement avec la mise en réserve
des résultats positifs au titre de l’exercice 2019 et/ou la conversion des dividendes en
capital. Par composante, les fonds propres de catégorie 1 ont enregistré une timide hausse
de 0,6% et ce malgré la hausse de la sinistralité et la baisse des résultats. S’agissant des
fonds propres de catégorie 2, ils ont augmenté de 5,5% via notamment des émissions de
dettes subordonnées à durée déterminée.
Les actifs pondérés en fonction des risques, composés à hauteur de 82% du risque de crédit,
ont augmenté de 1% à fin 2020 contre 5% une année auparavant, sous l’effet conjugué de
la hausse des créances en souffrance et des crédits garantis par l’Etat peu consommateurs
de fonds propres.
Dans ces conditions, les banques ont affiché un ratio de solvabilité moyen de 15,7% contre
15,6% une année auparavant et 14,7% en 2018, soit un niveau supérieur au minimum
réglementaire de 12%. Pour sa part, le ratio Tier 1 s’est établi à 11,4% à fin 2020 contre
11,5% et 10,9% respectivement en 2019 et 2018. Pour les banques systémiques, les ratios
prudentiels moyens se sont établis respectivement à 15,4% et à 11% contre 15,2% et 11,2%
une année auparavant.
Fonds propres prudentiels des banques -base sociale (en milliards de dirhams) Ratio moyen de fonds propres des banques - base sociale, en %
180 18
160 16
140 14
120 12
100 10
80 8
60 6
40 4
20 2
0 0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Fonds propres ■ Fonds propres de catégorie 1 ■ Fonds propres ■ Ratio de fonds propres de catégorie 1
Source : BAM
Hausse de la pression sur la liquidité des banques en 2020, induite par le fort accroissement de la
circulation fiduciaire dans un contexte de crise
L’accentuation des besoins en liquidité bancaire courant l’année 2020 (passant de 64,1
milliards de dirhams en décembre 2019 à 83,4 milliards de dirhams en décembre 2020) a
été principalement tirée par l’accroissement de la circulation fiduciaire observé dans le
sillage de la crise sanitaire ayant enregistré une progression de 20,1% par rapport à 2019.
Dans ce contexte, la Banque centrale a haussé l’encours de ses interventions d’une année à
l’autre de près de 15,6 milliards de dirhams en moyenne et le recours des banques au
refinancement par les émissions de dette obligataire est demeuré élevé, malgré sa
décélération par rapport à 2019. Bank Al-Maghrib a assuré ainsi une surveillance rapprochée
de la situation de liquidité des établissements bancaires et a mis en place les mesures
nécessaires pour répondre aux besoins de liquidité des banques (Cf. Encadré 6, relatif aux
mesures prises par Bank Al-Maghrib pour faire face à l’impact de la pandémie Covid-19).
En 2020, les dépôts collectés par le secteur bancaire auprès de la clientèle ont progressé à un rythme
plus prononcé que celui des deux dernières années
Les dépôts de la clientèle ont progressé en 2020 à un rythme plus soutenu que celui observé
au cours des deux dernières années. Cette situation pourrait s’expliquer par les conditions
peu favorables de placement, une préférence pour la liquidité et l’épargne bancaire en ces
temps de crise. Néanmoins, il demeure en deçà du taux de progression moyen observé entre
2014 et 2017. Malgré leur hausse, leur part dans le total des ressources des banques s’est
de nouveau réduite, revenant à 66,8% en 2020 après 67,1% une année auparavant et 68,9%
en 2018.
En milliards de dirhams En %
1000 7
6
800
5
600 4
400 3
2
200
1
0 0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Par catégorie, les dépôts à vue ont fortement augmenté, enregistrant une hausse de 10,3%
après 5,8% l’année précédente et 6,2% en moyenne sur les cinq dernières années. La part
de cette catégorie s’est renforcée dans le total des dépôts, s’établissant à 66% après 62,8%
en 2019 et 60,6% en moyenne entre 2015 et 2019. Les comptes d’épargne ont également
affiché une évolution positive, limitée toutefois à 1,4% après 4,6% une année auparavant,
en lien avec les difficultés financières des ménages en périodes de crise, comme celle
d’aujourd’hui. Ils ont représenté une proportion de 16,8% dans le total des dépôts, avec
168,3 milliards de dirhams. Parallèlement, les dépôts à terme ont poursuivi leur contraction
globale observée depuis 2016 (à l’exception de la sensible hausse de 0,9% réalisée en 2018).
En 2020, leur repli a été de l’ordre de 12,9%, soit 21 milliards de dirhams de moins en une
année. Leur part s’est ainsi réduite à 13,8% alors qu’elle représentait plus que 22% il y a dix
années. Cette évolution s’expliquerait par la faible rémunération accordée dans un contexte
de taux d’intérêt bas. En outre, l’orientation de la clientèle vers les dépôts disponibles
immédiatement s’est encore accentuée, en lien avec la conjoncture difficile engendrée par
la crise sanitaire.
100
15
90
10 80
70
5 60
50
0
40
-5 30
20
-10 10
0
-15 Total des dépôts Dépôts à vue Dépôts à terme Comptes d'épargne 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ 2014 ■ 2015 ■ 2016 ■ 2017 ■ 2018 ■ 2019 ■ 2020 ■ Dépôts à vue ■ Dépôts à terme ■ Comptes d'épargne ■ Autres dépôts
Source : BAM
Les dépôts bancaires des particuliers résidents, qui accaparent près de 54% du total des
dépôts, ont enregistré une hausse de 6,6%, s’élevant à 534,3 milliards de dirhams, contre
5,7% une année auparavant. Parallèlement, les dépôts des marocains résidents à l’étranger
(MRE), représentant une part de près de 19%, ont enregistré une hausse de 2,6% pour
atteindre 189,7 milliards de dirhams, contre une hausse limitée de 0,9% une année
auparavant. Les dépôts collectés auprès des entreprises non financières privées se sont
accrus de 2,4% à 186 milliards de dirhams, en nette décélération par rapport à leur évolution
enregistrée en 2019 de 4%, leur part s’étant réduite légèrement à 18,7% après 19%. Par
ailleurs, les dépôts relatifs à la clientèle financière relevant principalement des OPCVM et
des compagnies d’assurances ont poursuivi leur baisse amorcée en 2018, enregistrant un
repli de 8,2% en atténuation par rapport à l’année d’avant qui était de l’ordre de 20,4%.
Evolution des dépôts des particuliers résidents et des non résidents, en % Structure des dépôts par agent économique, en%
8 100
7 90
80
6
70
5 60
4 50
3 40
30
2
20
1 10
0 0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
— Résidents — Non résidents ■ Ménages ■ Entreprises privées non financières ■ Clientèle financière ■ Autres agents
Source : BAM
Le recours au refinancement obligataire par les banques demeure élevé, malgré son recul
comparativement à l’année précédente
Sur ce total, les dettes subordonnées ont augmenté de 4,3 milliards de dirhams en une
année, soit une croissance de 9% pour s’établir à 51,9 milliards de dirhams, alors que les
titres de créances émis ont baissé de 7,9%, atteignant près de 68,9 milliards de dirhams.
Dette obligataire émise par les banques, variation en % Structure de la dette obligataire des banques, en %
30 100
20 80
10 60
0 40
-10 20
-20 0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Accentuation, au pic de la crise, du besoin en liquidité des banques accompagnée d’une hausse
importante des avances de Bank Al-Maghrib, qui se sont graduellement estompées en fin d’année
La hausse des injections de liquidité au profit des banques a été sous l’effet d’un
resserrement de la liquidité bancaire en dirhams, consécutif à l’expansion historique de la
circulation fiduciaire de 20% après 7% en 2019, atteignant ainsi 319 milliards de dirhams à
fin 2020. Parallèlement, les avoirs bancaires en devises ont augmenté en lien avec le
renforcement des réserves de change, qui se sont accrues de l’équivalent de 29,2 milliards
en moyenne après 2,9 milliards de dirhams un an auparavant.
créances émis par les Entreprises et Etablissements Publics (EEP) ou des Fonds de
Placements Collectifs en Titrisation (FPCT) et les effets représentatifs de créances sur l’Etat
(en particulier remboursement des crédits TVA) ou sur les EEP. La Banque a assoupli
également les conditions de refinancement des banques dans le cadre du programme36 de
soutien au financement des TPME, en élargissant le refinancement aux crédits de
fonctionnement en sus des crédits d’investissement.
Interventions de la banque centrale, en MMDH
120
100
80
60
40
20
0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Le niveau moyen observé du coefficient d’emploi37 s’est établi à 97%, en légère amélioration
d’un point de pourcentage par rapport à 2019, suite à une croissance des dépôts plus
importante que celle des crédits. Le coefficient d’emploi ajusté des certificats de dépôt, s’est
établi à 91% au même niveau que celui de 2019 et 2018.
Le ratio de liquidité à court terme (LCR)38 s’est fortement amélioré courant 2020, pour se
situer à 194% au terme de l’année contre 159% en 2019, niveau largement supérieur au
seuil minimum réglementaire exigible de 100%.
36
Mis en place depuis 2013
37
Rapport entre les crédits et les dépôts bancaires.
38 Ce ratio mesure la quantité d’actifs liquides de haute qualité à la disposition des banques pour couvrir les sorties
Evolution du coefficient d'emploi des banques, en % (crédits/dépôts) LCR moyen du système bancaire, en %
120 250
110
200
100
90 150
80 100
70
50
60
50 0
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : BAM
Encadré N°6 : Mesures prises par Bank Al-Maghrib pour faire face à l’impact de la pandémie Covid-19
En complément aux mesures décidées par le Comité de Veille Economique pour soutenir les entreprises et
les ménages durement touchés par la crise sanitaire, Bank Al-Maghrib (Prêts garantis par l’Etat, Moratoire
de crédit, etc.) et à l’instar des autres banques centrales à l’échelle internationale, a mobilisé une batterie
d’instruments sur le plan prudentiel et de politique monétaire.
Ces mesures, qui ont permis d’atténuer l’impact de la crise sur les agents économiques et le secteur bancaire,
ont porté principalement sur :
- La baisse à deux reprises du taux directeur le ramenant le 17 mars 2020 de 2,25 à 2% puis le 16 juin
à 1,5% entrainant une pression à la fois sur le coût des ressources et les taux débiteurs ;
- Le renforcement de la capacité de refinancement des banques pour faire face au besoin additionnel
de liquidité bancaire, notamment en début de crise, à travers l’élargissement du collatéral aux titres
négociables, aux créances sur les administrations centrales et sur les « Corporates » et aux créances
hypothécaires ;
prudentiels à hauteur de 50 points de base jusqu’à juin 2020 puis jusqu’à juin 2022. Elles ont été
également autorisées à avoir un coussin de liquidité inférieur au seuil réglementaire, jusqu’au juin
2020 ;
En dépit de la dégradation des conditions économiques, les banques marocaines devraient conserver
leur résilience
Dans le cadre de l’évaluation régulière de la résilience des banques face aux chocs
économiques, Bank Al-Maghrib a conduit un nouvel exercice de stress test macro sur la base
des données à fin 2020 des huit principales banques39. Ce test de résistance repose sur deux
scenarii macroéconomiques, un scénario central (Baseline) en ligne avec prévisions
macroéconomiques de la Banque publiées en juin, et un scénario extrême supposant la
matérialisation de chocs macroéconomiques assez sévères.
Selon ce scénario extrême, l’environnement international serait marqué par une baisse de
l’activité économique dans plusieurs pays. En particulier, la zone euro devrait enregistrer
une nouvelle contraction du PIB de 1,8% en 2021, avant de renouer avec une croissance
positive en 2022 tandis que la région d’Afrique Subsaharienne enregistrerait une croissance
faible par rapport au Baseline. Parallèlement, les marchés des matières premières pâtiraient
d’une diminution des prix du pétrole et de la poursuite du ralentissement des cours des
39
Représentant près de 80% du total actif le secteur bancaire
produits non énergétiques sur fond de la baisse de la demande et d’une offre globalement
soutenue.
Sur le plan interne, un confinement partiel devrait induire une baisse de la demande ainsi
qu’un recul de la production dans plusieurs secteurs. Notons toutefois que l’ampleur de
cette baisse de la production serait moins sévère comparativement à 2020, en raison d’une
reprise partielle de certains secteurs. Par ailleurs, l’horizon de prévision serait marqué par
une performance moyenne du secteur agricole.
Scenarii macroéconomiques
2020 2021 2022
Conditions extérieures
Baseline -6,4 4,4 3,8
Croissance zone euro (%)
Extrême -1,8 3,5
Baseline -1,9 3,4 4
Croissance Afrique subsaharienne (%)
Extrême 0,5 1,2
Baseline -33,9 35,7 7,1
Prix du pétrole (%)
Extrême -6,5 -6,1
Baseline 3,0 18,0 -2,6
Prix des matières premières hors énergie (%)
Extrême 0,3 -6,8
Conditions intérieures
Baseline -6,3 5,3 3,3
Croissance du PIB (%)
Extrême -1,0 1,2
Baseline 0,7 1,0 1,2
Inflation (%)
Extrême 0,3 0,9
Baseline 4,9 7,6 2,8
Transferts des MRE (%)
Extrême 4,7 0,0
Baseline 2,5 3,0 3,0
Recettes IDE (% PIB)
Extrême 2,3 2,3
Selon le scénario de base, le taux moyen des créances en souffrance des huit principales
banques soumises au test devrait se stabiliser autour de 8,5% en 2021 et 2022, avec des
évolutions différenciées entre les agents économiques. Parallèlement les activités bancaires
devraient se redresser sur l’horizon de prévision, améliorant ainsi leurs résultats nets,
comparativement à 2020. Dans ces conditions, le ratio moyen de fonds propres global
s’établirait à 14,8% en 2021 et 14,7% en 2022, tandis que le ratio moyen des fonds propres
de base se maintiendrait autour de 10,3%.
18 18
16 16
14 14
12 12
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
2020 2021 2022 2020 2021 2022
Sur base consolidée, le total bilan agrégé du secteur bancaire s’élève à fin 2020 à 1.924
milliards de dirhams, en hausse de 5,1% après 7,3% en 2019 et 5,6% en 2018. Les trois
groupes systémiques continuent d’en représenter près de 70% du total. Du côté des
emplois, les prêts et les créances sur la clientèle qui en constituent 60,5% (près de 62% en
2019), ont enregistré un net ralentissement avec une croissance de 2,8% contre 6,9% en
2019 et 8,1% en 2018. La deuxième importante rubrique à savoir les actifs financiers à la
juste valeur par résultat avec une part de 10,1% n’a évolué que de 3,9% après 9,2% en 2019.
Les créances en souffrance sur la clientèle totalisent 117 milliards de dirhams contre 102
milliards de dirhams, soit un taux de risque moyen de 9,5% contre 8,5% en 2019 et un taux
de couverture moyen par des provisions maintenu à 66%.
S’agissant des ressources, les dettes envers la clientèle qui en forment 65,7% ont augmenté
de 5,6% contre 5,2% une année auparavant. Les dettes envers les établissements de crédit
et assimilés avec une proportion de 10,4%, ont augmenté de 8,6% contre 2,2% en 2019.
Au plan de la capitalisation, les fonds propres consolidés du secteur ont atteint 193 milliards
de dirhams contre 192,6 milliards de dirhams dont 149 milliards de dirhams de fonds
propres de catégorie 1 (150,3 milliards de dirhams à fin 2019) induisant un ratio moyen de
solvabilité global de 13,6% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 10,5% pour
des minimas réglementaires de 12% et 9% contre respectivement 13,9% et 10,9% en 2019
et 14,7% et 10,8% en 2018.
En dépit d’une conjoncture difficile marquée par une crise sanitaire avec des impacts
importants sur l’activité économique, le secteur des assurances a pu maintenir sa croissance
avec des primes émises en affaires directes de 45,1 milliards de dirhams (+1%), en
décélération par rapport à 2019 (+8,6%). Cette croissance, en temps de crise, n’a été
possible que grâce à l’entrée en vigueur du régime obligatoire de couverture des
conséquences d’événements catastrophiques qui a généré, pour le volet assurantiel, des
primes émises de 476,7 millions de dirhams. Sans l’apport de la garantie des conséquences
des évènements catastrophiques, l’activité du secteur des assurances aurait stagné en 2020.
Evolution des primes émises des affaires directes
2020 45,1
24,7 45,1
2020 20,4 24,7 +1%
20,4
+1
44,7
2019 24,2 44,7
2019 20,5 24,2
20,5 +8,6%
2018 41,2+8,6%
23,0 41,2
2018 18,2 23,0 +6,2%
18,2
2017 38,7 +6,2%
21,8 38,7
2017 17,0 21,8
17,0 +10,9%
2016 34,9 +10,9%
20,6 34,9
2016 14,3 20,6
14,3
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0 40,0 En milliards
45,0 de dirhams
50,0
En milliards de dirhams
TOTAL Primes émises Non vie Primes émises Vie
■ TOTAL ■ Primes émises Non vie ■ Primes émises Vie
Source ACAPS
En réassurance, les primes acceptées affichent une croissance très marquée de 45,9% à 3
milliards de dirhams. A l’origine de cette nette progression, les flux d’acceptation générés
par la garantie contre les conséquences d’évènements catastrophiques (+361,3 millions de
dirhams), la hausse des acceptations des affaires facultatives marocaines (+341 millions de
dirhams) et l’augmentation des acceptations des affaires étrangères (+116 millions de
dirhams).
L’analyse par branche fait ressortir une contraction des assurances vie et capitalisation de
0,3% à 20,4 milliards de dirhams, marquant une rupture avec la croissance enregistrée ces
dix dernières années. L’épargne, principale composante de la branche, réalise des
évolutions contrastées : les supports en dirhams accusent une baisse de 1% à 16,1 milliards
de dirhams, au moment où les unités de compte continuent sur la dynamique amorcée en
2014 et progressent de 15,7% à 1,4 milliard de dirhams. Pour sa part, l’assurance décès
accuse un repli de 3,2% à 2,9 milliards de dirhams.
Avec cette contre-performance, l’assurance vie et capitalisation voit son apport dans le
chiffre d’affaires total baisser à 45,2% contre 45,8% un an auparavant.
De leur côté, les assurances non vie maintiennent une croissance de 2,2% à 24,7 milliards
de dirhams, profitant à la fois de l’apport de la nouvelle garantie contre les conséquences
d’événements catastrophiques et de la bonne performance de l’assurance « incendie et
éléments naturels ». En revanche, l’assurance automobile qui draine l’essentiel du chiffre
d’affaires non vie marque une quasi-stagnation pour s’établir à 12 milliards de dirhams.
Evolution du taux de croissance des primes des branches vie et non vie
35,4%35,4%
16,1%
18,8%
14,7% 18,8%
16,1% 12,4% 12,5%
14,7% 9,4%
7,1%
12,5%
12,4% -0,3%
6,6% 6,1% 5,6% 9,4% 5,0% 5,5% 7,1% 5,6% 5,5%
-2,1% 4,5% 4,4%
2,2%
6,6% 6,1% 5,6% 5,0% 5,5% 5,6% 2,2%
4,5% 4,4% 5,5%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
-0,3% 2020
-2,1%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Assurance Vie et capitalisation Assurance Non Vie
— Assurance Vie et capitalisation — Assurance Non Vie
Source ACAPS
2019 2020
Assurances vie et capitalisation 45,8% 45,2%
Assurances non - vie 54,2% 54,8%
Garanties contre les conséquences
- 1,1%
d’évènements catastrophiques
Automobile 26,8% 26,5%
AT & MP 5,1% 4,9%
Accidents corporels 9,9% 9,8%
Incendie 3,6% 4,3%
Assistance - crédit – caution 3,7% 3,1%
Autres 5,2% 5,2%
Total 100% 100%
Source : ACAPS
Une concentration moyenne dans l’ensemble et plus accentuée sur le marché Vie
2020 0,116
2020 0,116
2019 0,113
2019 0,113
2018 0,115
2018 0,115
0,111 0,112 0,113 0,114 0,115 0,116 0,117
0,1115 0,112 0,1125 0,113 0,1135 0,114 0,1145 0,115 0,1155 0,116 0,1165
Source : ACAPS
20202020 0,178
0,178
2019 0,176
2019 0,176
2018 0,177
2018 0,177
0,174 0,175 0,176 0,177 0,178 0,179
0,174 0,175 0,176 0,177 0,178 0,179
Source : ACAPS
Dans le détail, toutes les catégories de la branche vie et capitalisation présentent des
niveaux de concentration élevés, avec une baisse marquée de la concentration des contrats
en Unité de Compte suite à une redistribution des parts de marché entre les acteurs actifs
sur ce segment.
L’IHH en assurance non vie (hors assistance et crédit) maintient un niveau de concentration
moyen à 0,138, supérieur au niveau enregistré en 2019 (0,126). Cette évolution est
principalement due à l’augmentation de la part de marché détenue par quatre assureurs qui
passe de 63,7% en 2019 à 66,7% en 2020.
2020 0,14
2019 0,13
2018 0,13
0,118 0,12 0,122 0,124 0,126 0,128 0,13 0,132 0,134 0,136 0,138 0,14
Source : ACAPS
L’analyse par catégorie fait ressortir des niveaux de concentration disparates entre les
différentes composantes de l’assurance non vie. Le niveau est moyen pour les catégories
« Automobile », « Responsabilité civile générale », « Incendie et éléments naturels » et
« Accidents du travail et maladies professionnelles », tandis que l’assistance-crédit-caution
et les autres opérations non vie (grêle, mortalité du bétail, vol, risques climatiques) se
démarquent par des niveaux de concentration élevés. Pour l’assurance-crédit, l’année a été
marquée par une baisse du niveau de concentration, liée à une redistribution des parts de
marché entre assureurs crédit.
Evolution du niveau de concentration des catégories de l’assurance non vie
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
ls
vie
P
ile
le
es
it
tu ts
n s
cré ce
or
nc
re
éd
no ion
ra
iqu
ob
na men
ls
vie
As t
sp
et stan
po
n
ta
di
né
Cr
&
re
no
at
m
an
r
hn
sis
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si
Tr
ec
al
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as
op
Au
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sT
en
et
To
rs
cid
s
ue
ie
ho
tre
nd
Ac
sq
Au
vie
ce
Ri
In
n
No
Source : ACAPS
Rentabilité en baisse
En 2020, le résultat net agrégé des entreprises d’assurances concède 21% à 2,9 milliards de
dirhams. Cette baisse concerne aussi bien le résultat technique (-12,6%) que le résultat non-
technique (-424,5%).
S’agissant du résultat technique, la baisse est enregistrée aussi bien en assurance vie
(- 22,7%) qu’en assurance non vie (- 10,1%). Elle résulte de l’effet combiné de :
40
L’indice MASI a clôturé l’année avec une baisse de 7,27%.
En incluant les réassureurs exclusifs, le résultat net cumulé s’établit à 3,2 milliards de
dirhams, en baisse de 18,7% par rapport à 2019.
Evolution des composantes du résultat net des entreprises d’assurances
Source : ACAPS
Avec la chute marquée du résultat net et l’augmentation des capitaux propres de 5,0%, à
40,1 milliards de dirhams, le rendement moyen des fonds propres (ROE) passe de 9,6% en
2019 à 7,3% en 2020.
10,5% 10,7%
9,8% 9,9% 9,6%
9,1% 9,4% 9,4%
7,3%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : ACAPS
Amélioration de la sinistralité
Le ratio combiné non vie, qui mesure la performance technique chargements 41 compris,
cède 5,4 points pour s’établir à 96,6%.
Evolution des ratios de sinistralité non vie nets de réassurance des assureurs directs
101,9% 104,4% 102,0%
100,2% 100,7% 100,8%
96,7% 98,3% 96,6%
95,2%
70,4% 68,8%
68,4% 68,4%
64,8% 65,5% 65,6% 66,1%
62,4% 62,5%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
— S/P — Ratio combiné
Source : ACAPS
Assistance-crédit-caution
Autres opérations non vie
Transport
Risques techniques
Incendie et éléments naturels
RC générale
Automobile
AT et MP
Accidents corporels/Maladie/Maternité
0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% 160%
■ 2018 ■ 2019 ■ 2020
Source : ACAPS
41
Les chargements comprennent les frais de gestion et d’acquisition
42
Le taux de chargement est calculé en rapportant les frais de gestion et charges d’acquisition aux primes émises
Dans le détail, la baisse enregistrée résulte de l’évolution contrastée des deux supports de
l’épargne : la collecte sur les supports en dirhams se replie de 8,4% à 6,8 milliards, tandis
que celle des supports en unités de compte croît de 14,1% à 1,1 milliard de dirhams.
Evolution de la collecte nette des assureurs directs
En milliards de dirhams
7,8
8,3
7,5
6,5
9,1 9,6
5,8
7,9
4,5 7,7
3,6 5,8
2,8 3,1 2,9
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Une marge de solvabilité largement au-dessus des exigences réglementaires sous le référentiel
prudentiel actuel
522,0%
407,0% 449,0% 449,0%
406,0% 408,0% 414,7% 413,4%
407,0% 369,3%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : ACAPS
Encadré N° 7 : Pilier II du projet SBR -Démarrage de déploiement par le secteur des assurances
Le Pilier II du cadre prudentiel "Solvabilité Basée sur les Risques (SBR)" fixe aux entreprises d’assurances
et de réassurance les exigences qualitatives à respecter en matière de gouvernance et de gestion des
risques. Ce pilier structurant, qui met la gouvernance au centre de la démarche prudentielle, complète
les exigences quantitatives liées au capital de solvabilité requis et aux fonds propres (pilier I), et les
exigences en matière d’information (pilier III). Il a pour objectifs de s’assurer que :
Ce pilier est conçu autour d’un ensemble d’exigences visant la mise en place d’une gouvernance
appropriée (compétence et honorabilité, définition claire des pouvoirs et responsabilités, qualité des
données…), le déploiement de systèmes de contrôle interne et de gestion des risques performants ainsi
que la mise en valeur des fonctions clés (actuarielle, audit interne, gestion des risques et vérification
de la conformité).
Un projet d’amendement de la circulaire générale de l’Autorité intégrant ces exigences a été approuvé
par la commission de régulation, en septembre 2020, avec une perspective de déploiement sur 2 ans,
à compter de janvier 2021.
A fin 2020, les placements des entreprises d’assurances, appréciés en valeur d’inventaire,
atteignent 195,3 milliards de dirhams, en progression de 6%. En intégrant les réassureurs
exclusifs, ils s’établissent à 205,9 milliards de dirhams, en évolution de 5,6% par rapport à
2019.
Les placements affectés aux opérations d’assurances s’apprécient de 5,5% à 173,4 milliards
de dirhams, tandis que les placements libres progressent de 10,3% à 21,9 milliards de
dirhams.
Dans l’ensemble, la structure du portefeuille d’actifs est restée quasiment stable : Avec une
part de 48,5% et 94,7 milliards de dirhams d’encours, les actifs de taux demeurent le
premier instrument de placement des entreprises d’assurances, suivi des actifs actions avec
une part de 45,3% et 88,6 milliards de dirhams d’encours. Bien que la part des actions se
soit inscrite en baisse de 0,5% par rapport à 2019, l’exposition au risque actions reste à un
niveau très élevé.
Autres actifs
2,3%
■ Bons du trésor
10,5%
■ OPCVM obligataires
Source : ACAPS
En 2020, les plus-values latentes des entreprises d’assurances ont été durement impactées
par le marché financier. Leur montant est passé de 34,1 à 25,3 milliards de dirhams, soit une
baisse de 25,7%.
Dans le détail, ce sont les plus-values latentes de la poche « actions » qui ont subi la plus
forte baisse. Leur montant s’est établi à 16,1 milliards de dirhams, en recul de 34,8%, au
moment où celui des actifs de taux s’apprécie de 1,6% à 7 milliards de dirhams.
Il en résulte une détérioration du ratio des plus-values latentes sur les placements, qui passe
de 18,5% en 2019 à 13% en 2020.
21,5%
19,0%
18,5%
15,6%
14,2%
15,9%
13,3% 13,0%
11,7% 10,2%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : ACAPS
Les entreprises d’assurances demeurent résilientes face aux chocs “actions” et “immobilier”
En simulant un stress test avec des baisses de 10% et 25% des cours des actions, le taux
minimum de la marge de solvabilité se situerait respectivement à 154% et 147%. Le taux
moyen de cette marge devrait, quant à lui, se placer respectivement à 355% et 320%.
Le même choc effectué sur le risque immobilier a montré que le taux minimum de la marge
de solvabilité se situerait respectivement à 157% et 154%. Le taux moyen de cette marge
devrait s’établir respectivement à 386% et 381%.
Les résultats de ces stress tests montrent ainsi que les exigences prudentielles en matière
de solvabilité restent respectées.
En 2020, la part des cessionnaires dans les provisions techniques s’élève à 9,8 milliards de
dirhams, en progression de 2,6% par rapport à 2019.
L’engagement cédé est couvert par des dépôts auprès des cédantes à hauteur de 3,4
milliards de dirhams, soit 34,3 % du total des cessions. Le reste de l’engagement étant cédé
auprès :
- des réassureurs nationaux pour un montant de 5,7 milliards de dirhams dont 3,2
milliards de dirhams au titre de la cession légale bénéficiant de la garantie de l’Etat ;
- des réassureurs étrangers pour un montant de 736 millions de dirhams dont la quasi-
totalité bénéficie d’une notation BBB et plus.
Par ailleurs, les programmes de rétrocession des réassureurs nationaux attribuent 98% des
cessions aux réassureurs disposant d’un rating d’A- et plus.
Ventilation des primes rétrocédées
par rating des rétrocessionnaires
0,4% 0,8%
98,8%
Source : ACAPS
Le risque de contrepartie vis-à-vis des assurés quant à lui, a légèrement baissé (4,8% contre
5,1% en 2019).
Il convient de rappeler que l’année 2019 a été marquée par l’entrée en vigueur de la
circulaire générale de l’Autorité qui a durci les règles de provisionnement des créances sur
les intermédiaires d’assurances et sur les assurés, lesquelles règles ont été assouplies en
2020 pour permettre aux entreprises d’assurances de surmonter les effets de la crise
sanitaire (cf. Encadré 8 ci-dessous).
Evolution du taux de créances sur assurés et intermédiaires d’assurances
12,00%
12%
9,80% 10,1%
9,8% 10,1%
10,00%
10%
8,2%
8,2%
8%8,00%
6,10%
6,1%
6%6,00% 5,1% 4,8%
5,1% 4,8%
4%4,00%
2%2,00%
00,00%
Créances
Créances sur assurés/capitaux
sur assurés/capitaux proprespropres Créances
.Créancessur intermédiaires
sur intermédiaires / Capitaux
/ Capitaux propres
propres
■ 2018 ■ 2019 ■ 2020
2018 2019 2020
Source : ACAPS
Encadré N°8 : Mesures d’assouplissement prudentielles pour surmonter les effets de la crise sanitaire
Le ratio de liquidité, appréhendé par le rapport des actifs liquides sur les passifs exigibles,
maintient un niveau confortable à 258,2%, bien qu’il soit en baisse, comparé à 2019
(272,3%).
Ratio de liquidité
280%
270%
260%
250%
240%
230%
220%
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : ACAPS
Un exercice43 de macro stress tests est réalisé avec un horizon de simulation sur deux ans
couvrant les années 2021-2022. Cet exercice se décline en un scénario de base et un
scénario extrême :
43
Cet exercice est réalisé sur un échantillon représentant plus de 86% du total actif des entreprises d’assurances.
Source : ACAPS
Source : ACAPS
266%
131%
Source : ACAPS
Encadré N°9 : Assistance du FMI pour évaluer le dispositif de surveillance macroprudentielle du secteur des
assurances
La crise de 2008 a mis en exergue la nécessité pour les autorités de régulation du système financier de
renforcer la supervision macroprudentielle, d’affiner l’analyse des déterminants du risque systémique
et de se doter d’instruments de prévention, de surveillance et d’intervention en cas de risque avéré.
L’adaptation du cadre supervision macroprudentielle est ainsi devenu un impératif pour garantir la
stabilité du système financier dans sa globalité et qui nécessite le développement d’une expertise
pointue dans le domaine.
C’est dans ce cadre que l’Autorité, avec l’appui de la DTFE, a bénéficié en 2020 d’une assistance
technique du FMI visant l’évaluation du dispositif de l’Autorité pour la surveillance macroprudentielle
du secteur des assurances. Cette mission a permis de s’imprégner des normes internationales et des
meilleures pratiques en matière de supervision macroprudentielle. Elle a également permis d’alimenter
la réflexion sur le cadre analytique (tableaux de bord des risques, scoring, stress test, …) nécessaire à
l’évaluation des risques systémiques.
Sur la base des recommandations de cette mission, l’Autorité a entamé son projet de révision du cadre
de supervision macroprudentielle du secteur de l’assurance, dans la perspective d’un déploiement en
2021.
Globalement, les réserves constituées par ces régimes se sont accrues de 1,9% par rapport
à 2019 pour se situer à 326,6 milliards de dirhams. Les réserves du régime des pensions
civiles (RPC-CMR), dont le solde global est déficitaire depuis plusieurs exercices, ont
enregistré une baisse annuelle moyenne de 2,4% sur les trois derniers exercices pour se
situer à 78,9 milliards de dirhams en 2020.
La structure des placements45 des régimes de retraite est caractérisée par une
prépondérance des titres obligataires avec une part de 66,3% du total actif. Les placements
en actions et parts sociales représentent pour la CIMR 48,6% contre 26,6% et 19,0%
respectivement pour le RCAR et le RPC-CMR. Le montant total des placements des quatre
régimes a atteint 319,5 milliards de dirhams, en hausse de 2% par rapport à l’exercice
précédent.
300
250
200
150
100
50
0
2010 2014 2018 2019 2020
Source : ACAPS
44Il s’agit du CMR-RPC, de la branche long-terme de la CNSS, de la CIMR et du régime général du RCAR.
45Hors les placements de la branche long-terme de la CNSS, constitués principalement de dépôts auprès de la Caisse de Dépôts et
de Gestion.
Evolution de la structure des placements des régimes de retraite Structure des placements par caisse
RCAR CIMR
RPC-CMR
100%
100%
80% 80%
60% 60%
40% 40%
20% 20%
0% 0%
2016 2017 2018 2019 2020 2019 2020 2019 2020 2019 2020
Source : ACAPS
Evolution des cotisations, des prestations et des soldes techniques et globaux des régimes de retraite
(en millions de dirhams)
Source : ACAPS
Les engagements importants du régime CMR-RPC, découlant des droits acquis avant sa
réforme paramétrique de 2016, continueraient à impacter la viabilité du régime qui a
enregistré une dégradation de son solde technique par rapport à 2019 sous l’effet d’une
augmentation plus importante des prestations relativement à celle des cotisations,
respectivement de 14,1% et 8,3%. Avec un solde des opérations financières de 3,5 milliards
de dirhams, en baisse de 12,5% par rapport à 2019, le déficit global s’est situé à près de 4
milliards de dirhams au lieu de 1,3 milliard une année auparavant. Cette dégradation de la
situation financière est reflétée par un niveau faible du taux de préfinancement48 du régime
qui se situe à 60,2% et l’horizon réduit d’épuisement de ses réserves prévu en 2026-2027.
La hausse des cotisations du régime général du RCAR de 13,1% par rapport à 2019 contre
une variation des prestations de 6,6%, a permis une légère amélioration du solde technique
du régime pour se situer à -2,6 milliards de dirhams contre -2,7 milliards une année
auparavant. Le solde des opérations financière a permis de résorber ce déficit et de situer
le solde global à 2,5 milliards de dirhams contre 1,7 milliard en 2019. Le régime
enregistrerait son premier déficit global en 2031-2032 alors que ses réserves s’épuiseraient
en 2054-2055. Le taux de préfinancement de 48,7% traduit cependant la sous tarification
des droits acquis dont souffre le régime.
Les cotisations de la branche retraite de la CNSS ont enregistré une baisse de 6,1% par
rapport à 2019 sous l’effet des répercussions de la crise sanitaire sur le marché de l’emploi
dans le secteur privé. Les soldes technique et global de la branche se sont dégradés de ce
fait par rapport à leurs niveaux de 2019 pour se situer respectivement à 173,0 millions et
1,8 milliard de dirhams. Malgré l’hypothèse d’un retour, dès 2022, des indicateurs de
l’emploi (évolution de l’effectif et des salaires des actifs cotisants) à leurs niveaux d’avant
crise, le manque à gagner enregistré en 2020 en termes de nouveaux cotisants et la décision
des pouvoirs publics de comptabiliser les droits à pensions sans contrepartie de cotisations
pour les bénéficiaires de l’indemnité forfaitaire pourrait occasionner pour la CNSS une
accélération de quelques années de la date d’enregistrement des déficits globaux et celle
de l’épuisement de ses réserves.
Le solde technique de la CIMR est resté pratiquement à son niveau de 2019 sous l’effet
d’une décélération des cotisations du régime par rapport aux exercices précédents
occasionnée par celle du nombre des actifs cotisants et la baisse du niveau de leurs salaires
déclarés. Cependant, l’impact de la crise sanitaire sur le régime complémentaire du secteur
privé durant l’année 2020 s’est reflété particulièrement sur ses performances financières
avec un solde financier de 2 milliards de dirhams en baisse de 39,3% par rapport à son niveau
une année auparavant. De ce fait, le solde global du régime s’est dégradé de 21,8% pour se
situer à 4,9 milliards de dirhams contre 6,2 milliards en 2019. Les projections financières
48 Somme des réserves disponibles à l’année de base et des recettes actualisées, rapportée à la somme des dépenses futures
actualisées sur l’horizon des projections et les engagements au-delà dudit.
montrent pour leur part que le solde global resterait excédentaire tout au long de la durée
des projections et que le régime continuerait à accumuler des réserves qui resteraient sur
une tendance haussière.
Evolution des réserves, du solde technique et du solde global (en milliards de dirhams)
70 CMR_RPC 0 80 CNSS 2
60 -2 70
0
-4 60
50
50 -2
-6
40
40
-8 -4
30 30
-10
-6
20 20
-12
10 -8
10
-14
0
0 -16 2021 2026 2031 2036 -10
-10
2021 2023 2025
-10 -18 -20 -12
RCAR CIMR
125 5 2 000 90
115
1 800 80
105
95 0
1 600
70
85
75 1 400
-5 60
65 1 200
55 50
45 -10 1 000
35 40
800
25
-15 30
15 600
5 20
400
-5 -20
-15 2021 2026 2031 2036 2041 2046 2051 10
200
-25
-35 -25 0 0
2021 2031 2041 2051 2061 2071
■ Réserves — Solde global (axe de droite) — Solde technique (axe de droite)
Source : ACAPS
Le régime général du RCAR est caractérisé, quant à lui, par une sous tarification des droits
acquis. Le rapport prestations/cotisations49 du régime se situe à 207% : un dirham de
cotisation génèrerait 2,1 dirhams de pension en valeurs actualisées. Le délai dont dispose le
régime avant l’épuisement de ses réserves offre plus de marges de manœuvre pour assurer
sa viabilité sur un horizon plus long et surtout pour assoir une tarification équilibrée par
rapport aux droits accordés aux affiliés.
49
Rapport calculé pour un individu représentant le profil moyen en tenant compte des particularités du régime en
termes de mortalité, évolution des salaires, revalorisation des pensions, taux technique...
Aussi et suite à la promulgation en août 2020 de la loi n°05-20 relative à la cybersécurité, les
trois régulateurs (BAM/ACAPS/AMMC) ont révisé la feuille de route précitée pour tenir
compte de l’impact des dispositions de cette loi, particulièrement en matière de
réglementation, de contrôle, de sanction vis-à-vis des établissements assujettis ainsi qu’en
matière de coordination avec la DGSSI. La préparation des prochaines étapes a été ainsi
engagée. Plusieurs réunions ont été tenues entre régulateurs, DGSSI et écosystème
financier (banques notamment) pour veiller à la coordination entre les différents
intervenants et à l’examen de l’opportunité de mise en place, d’une communauté d’échange
en matière de cybersécurité, en ligne avec les meilleures pratiques internationales.
Les Banques Centrales ont pour mandat d'assurer la stabilité monétaire et financière dans
leurs juridictions et de promouvoir un large accès à des paiements sûrs et efficaces en
Le risque d’utilisation massive par les agents économiques des « Stablecoins »50 comme le
Libra et des « crypto-actifs » tel que le Bitcoin, se traduirait par une moindre utilisation de
la monnaie souveraine nationale, ce qui limiterait le contrôle des opérations monétaires par
la banque centrale nationale.
Le Maroc n’est pas en reste face à cette évolution. A titre d’illustration, l’analyse des
volumes de transactions hebdomadaires affichés sur le site « Coin Dance » a révélé un
certain engouement pour le « Bitcoin » qui s’est reflété par une augmentation sensible des
volumes des transactions en 2020. Tenant compte de ces évolutions, Bank Al-Maghrib, à
l’instar des autres banques centrales, s’est penchée dans le cadre d’une démarche proactive
sur ces questions. Dans ce sens, un comité a été mise en place afin de définir, entre autres,
les mesures à prendre visant l’encadrement de l’utilisation des cryprotactifs/stablecoins au
Maroc. Une réflexion a été également initiée sur la question de la monnaie digitale de
banque centrale (MDBC). Une MDBC est une forme numérique de monnaie fiduciaire émise,
contrôlée et réglementée par la banque centrale d'un pays ou d'une zone monétaire. A cet
égard, les résultats d'une enquête menée à fin 2020 à ce sujet par la Banque des Règlements
Internationaux51 auprès de plus de 60 banques centrales ont fait ressortir que 86 % des
institutions interrogées effectuent des recherches à ce sujet et explorent l’intérêt, les
avantages et les inconvénients des MDBC (répercussions sur la politique monétaire, la
stabilité financière, l’intermédiation financière et le cadre juridique).
50 Les Stablecoins sont une tentative de remédier à la forte volatilité des crypto-actifs « traditionnels » en liant la valeur de la
B. RISQUES CLIMATIQUES
Dans le cadre d’une transition vers une économie verte à bas carbone, les institutions
financières pourraient faire face à une hausse des risques financiers, dont notamment le
risque de crédit, de marché et de liquidité. En effet, les efforts de transition économique
pourraient engendrer une réduction de l’activité des secteurs polluants dont ceux associés
aux énergies fossiles et induire une dépréciation des actifs carbones. Par conséquent, les
entreprises concernées subiraient une diminution des bénéficies ainsi qu’une baisse de leur
valorisation. Ces évolutions devraient se traduire, d’une part, par une augmentation des
défauts des paiement des entreprises et, d’autre part, par l’accumulation de fortes pertes
sur les marchés financiers (actions et matières premières).
Quant aux risques physiques, liés aux changements climatiques, ils se transmettent aux
institutions financières via deux principaux canaux. Premièrement, les dommages aux biens
physiques peuvent induire, outre le risque opérationnel (en lien avec les préjudices apportés
aux infrastructures des institutions financières) un risque de crédit engendré par la
dégradation de la situation financière des entreprises et des ménages qui ont également
subi les effets du choc climatique. Deuxièmement, le risque physique pourrait endommager
les infrastructures de production et les chaines de distribution. Ainsi, les entreprises
subiraient des pertes économiques et financières qui amplifieraient le risque de crédit et de
marché pour les institutions financières.
processus de gestion des risques pour tenir compte des expositions aux changements
climatiques. Dans ce sens, les différentes institutions s’attellent à :
✓ L’intégration des risques liés au climat dans l’évaluation du risque de crédit et dans
les décisions d'investissement ainsi que dans leur cadre stratégique et de
gouvernance ;
✓ La mise en place des stress tests climatiques pour identifier et évaluer les
implications potentielles sur leur activité.
Les autorités de régulation financière commencent à évaluer la manière dont les risques liés
au climat sont gérés par les établissements placés sous leur contrôle et à prendre des
mesures pour encourager ces institutions à atténuer ces risques. Certaines autorités ont, en
effet, mené des actions de sensibilisation, d’autres ont émis ou sont en train d'émettre des
recommandations qui ont pour objectif de couvrir un ensemble d'éléments de gestion des
risques climatiques (gouvernance, stratégie, analyse de scénarios).
Les exercices des stress tests peuvent également être utilisés par les autorités financières
pour quantifier les expositions des institutions financières aux risques liés au climat dans
leur juridiction. L’évaluation est basée sur un ou plusieurs scénarios communs spécifiés par
les autorités financières. À ce jour, ces exercices ont été élaborés ou sont en cours au niveau
de plusieurs banques centrales telles que la Banque d'Angleterre, la Banque de France /
ACPR et la Banque des Pays Bas (Cf. Encadré 10).
52
Réseau des Banques Centrales et des Superviseurs pour le verdissement du secteur financier.
La prise en compte des risques climatiques dans le cadre de la supervision micro et macroprudentielle
a gagné en importance au cours des dernières années. En effet, les banques centrales œuvrent de
plus en plus à étendre leurs dispositifs de gestion de risques pour couvrir ceux liés au climat, et à
mettre en place des stress tests spécifique pour quantifier l’impact sur la stabilité financière et mieux
comprendre les conséquences d’une transition disruptive sur le secteur financier.
De manière générale, la méthodologie de conduite des stress tests climatiques s’articule autour des
étapes suivantes :
- La collecte de données ;
- L’analyse du portefeuille ;
- La détermination des scénarios ;
- La conduite du stress test.
Le tableau suivant expose les expériences de la Banque des Pays-Bas, la Banque de France et la
Banque d’Angleterre en matière de stress tests climatiques. Bien que l’objectif du dispositif soit le
même pour les trois juridictions, les approches utilisées diffèrent selon la nature des risques
encourus, la disponibilité des données granulaires et les interconnexions sectorielles et financières.
Pays Résultats
Le premier exercice de stress test climatique publié par la Banque Centrale des Pays-Bas
en 2019 constitue le premier exercice du genre, et fournit un premier cadre de référence
Banque du Pays-Bas
Les résultats de cet exercice ont été publiés dans le rapport « Un test de résistance sur les
risques liés à la transition énergétique pour le système financier des Pays-Bas », ses
principales conclusions sont les suivantes :
- Les expositions des banques néerlandaises aux industries fortement carbonées sont
limitées (environ 13% de leur portefeuille d’actifs) ;
- Les pertes totales pour les institutions financières pourraient s’élever jusqu’à 3% de
la valeur de leurs actifs ;
- Le scénario le plus pénalisant pour les banques est le scénario combinant le choc
technologique et le choc réglementaire ;
- Les mécanismes de disruption technologique dans les scénarios de transition
énergétique n’affecteraient pas uniquement les industries à forte intensité de
carbone, mais aussi les autres secteurs d’activité ;
- Un cadencement lissé dans le temps des évolutions réglementaires permettrait de
réduire le risque pour le système bancaire.
Dans le cadre de groupes de travail mis en place avec les banques et les assureurs français,
la Banque de France et l’ACPR ont préparé un exercice pilote de stress test du secteur
financier, centré sur l’évaluation de l’impact des risques de transition.
En termes de résultats, il s’avère que le secteur financier français est modérément exposé
au risque de transition, Toutefois, sept secteurs sensibles concentrent une part
importante des pertes au niveau de leurs opérations de marché, à savoir :
- Industries extractives ;
Banque de France
- Cokéfaction et raffinage ;
- Industrie chimique ;
- Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques ;
- Métallurgie ;
- Services de gestion des déchets ;
- Culture et production animale, chasse et services annexes.
Aussi, et selon les résultats de l’étude, leur coût du risque pourrait se multiplier par trois
sur la période analysée. Concernant les assurances, le changement climatique impliquerait
une hausse de la sinistralité liée aux catastrophes naturelles de 2 à 5 fois pour les
départements/zones les plus affectés et les primes augmenteraient de 130 à 200 % sur 30
ans pour couvrir ces pertes.
En 2019, la Banque d’Angleterre (BoE) a effectué son premier stress test climatique en
d’ Angleterre
collaboration avec les assureurs britanniques. Le secteur des assurances a été priorisé
Banque
parce qu’il disposait davantage de données granulaires. L’objectif de cet exercice était
exploratoire, permettant à la BoE de comprendre les capacités du marché à identifier les
risques et d'aider à éclairer les choix de conception et de spécification pour le Scénario
Exploratoire Biennal (SEB)53. L’exercice a été conçu pour donner une impulsion au marché
dans l'élaboration de scénarios climatiques. Les réponses des assureurs ont mis en
évidence des insuffisances en termes de données et d’outils permettant d’évaluer les
scénarios liés au climat. Aussi, l'exercice a fourni des enseignements précieux sur la
conception, la spécification et le reporting des scénarios.
Après cette première expérience, la Banque d’Angleterre a défini les attentes vis-à-vis des
banques et des assureurs britanniques en matière de développement et d'intégration de
pratiques de gestion des risques climatiques, notamment en entreprenant une analyse
par scénario. Dans ce sens, la Banque utilisera son SEB de l’année 2021 pour réaliser un
nouvel exercice de stress test en vue d’explorer les risques financiers posés par les risques
climatiques physique et de transition.
Cet exercice fournira une évaluation complète de l’exposition du système financier
britannique aux risques liés au climat, ce qui permettra selon la BoE :
- d’identifier l’ampleur de l’ajustement qui devra être entrepris dans les décennies
à venir pour préserver la résilience du système financier ;
- d’examiner comment les institutions financières envisagent d'ajuster leurs
modèles économiques et quel pourrait être l'impact agrégé de ces ajustements
sur l'économie dans son ensemble ;
- d’identifier et combler les lacunes en matière de données et développer des
approches de gestion des risques plus adéquates.
53 Depuis 2017, la BoE réalise tous les deux ans, un stress test se basant sur un « scénario exploratoire biennal » (SEB). Son objectif
change d'un exercice à l'autre et est conçu pour explorer les risques auxquels sont confrontées les banques non couvertes par le
test annuel axé sur la solvabilité.
Les expositions des compagnies d’assurances sur les banques demeurent significatives contrairement à
celles des banques sur le secteur assurantiel
sont les plus exposées avec un actif essentiellement connecté au secteur bancaire. Leurs
expositions représentent, en effet, une part de 16% de leurs emplois, constituées de titres
(actions et/ou obligations) émis par les banques (94%) et de dépôts (6%), alors que les
expositions des banques sur le secteur des assurances ne représentent que 0,3% de leurs
emplois, composées majoritairement de prêts et de titres de participations.
Les nœuds représentent les banques et les assurances. Les flèches retracent les expositions directes entre ces institutions.
L’épaisseur d’une flèche est proportionnelle à l’importance de l’exposition.
Les stress tests confirment la vulnérabilité des compagnies d’assurances en cas de défaillances bancaires
Afin d’évaluer le risque de contagion découlant des interconnexions directes entre les
banques et les assurances, un stress test56 a été conduit, dont les résultats confirment de
nouveau que les compagnies d’assurance seraient toujours vulnérables à des défaillances
bancaires, mais pas l’inverse au vu de l’importance de leurs expositions directes vis-à-vis des
banques. En effet, l’indice de contagion57 est plus élevé chez les banques, indiquant leur
caractère systémique tandis que l’indice de vulnérabilité58 le plus important est affiché chez
les entreprises d’assurance.
1 1
0,9 0,9
0,8 0,8
0,7 0,7
0,6 0,6
0,5 0,5
0,4 0,4
0,3 0,3
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0
Secteur bancaire Secteur assurance Secteur bancaire Secteur assurance
En dépit du contexte économique fortement impacté par la crise sanitaire, l’activité des
filiales à l’étranger des trois groupes bancaire marocains a contribué positivement à
l’activité consolidée avec une part de 25% du volume total d'activité du secteur. La
contribution de ces filiales au RNPG (Résultat Net Part du Groupe) est passée de 29% à fin
2019 à 42% à fin 2020, au détriment de celle du Maroc qui est passée de 71% à 58% à fin
56 Il est réalisé sur la base des expositions bilatérales brutes de treize institutions financières marocaines recouvrant huit banques
(91% du total actif). Et cinq compagnies d’assurance (68% du total actif). Le scénario retenu est basé sur plusieurs simulations
mesurant chacune l’impact du défaut de paiement d’une contrepartie emprunteuse sur le reste des institutions prêteuses (effets
dominos).
57 L’indice de contagion mesure les pertes en pourcentage des fonds propres des autres institutions dues à la
2020. Le produit net bancaire agrégé qu’elles dégagent s’est accru de 8% pour totaliser un
montant de 20,3 milliards de dirhams, soit 36% du PNB consolidé des trois groupes. Les
dépôts collectés par ces filiales se sont établis à 236,6 milliards de dirhams, en hausse de
8% par rapport à une année auparavant, représentant ainsi 26% du total des dépôts.
S’agissant des crédits distribués, leur part a baissé d’un point de pourcentage à 22%.
45 42
40
34 34 36
35
30 29
30 26 26
24 25 25 24
25 21 23 22
20
15
10
5
0
Total actif Crédits distribués Dépôts collectés Produit net Résultat net-Part
bancaire du Groupe
■ Déc.18 ■ Déc.119 ■ Déc.120
Source : BAM
L’impact du risque de contagion transfrontalière sur la solvabilité des trois banques reste limité
Les expositions des trois groupes bancaires vis-à-vis de leurs filiales implantées en Afrique
représentent 0,6% de leurs actifs à fin 2020. La répartition des engagements sur l’Afrique
montre que l’exposition est concentrée sur l’Ile Maurice avec une part de 27%, suivi du
Sénégal (16%), Burkina Faso (14%), Mali (13%) et la Côte d’ivoire (10%).
35
Part dans le total des expositions, en %
Ile Maurice
30
25
Sénégal
20 Burkina Faso
15 Côte d'Ivoire
Togo
10
Mali
5
Niger
0
0 5 10 15 20 25
Part dans le total des actifs des filiales africaines, en %
Les résultats du stress test59, réalisé sur la base des expositions60 des trois groupes
bancaires implantés en Afrique, confirment la résilience de ces banques avec des ratios de
solvabilité supérieurs aux minimas réglementaires. Ceci s’explique par les faibles
expositions sur l’Afrique en lien avec les restrictions de la réglementation de change
marocaine ainsi que la déduction des participations au capital des fonds propres
prudentiels des banques marocaines selon la réglementation prudentielle en vigueur.
59 Le stress test est réalisé sur base sociale et permet d’évaluer l’impact de défaut des filiales établies en Afrique sur leurs maisons
mères.
60 Englobe les expositions directes et indirectes via les banques offshores et les filiales en Europe, au bilan et hors bilan.
Selon l’article 21 de cette loi, constitue un conglomérat financier, tout groupe remplissant
les trois conditions suivantes :
1. Être placé sous contrôle unique ou influence notable d’une entité du groupe ayant
son siège social ou activité principale au Maroc ;
2. Deux au moins des entités du groupe doivent appartenir au secteur bancaire et/ou
au secteur de l’assurance et/ou au secteur du marché des capitaux ;
3. Les activités financières exercées par le groupe doivent être significatives.
Compte tenu de la taille, de la complexité et des interconnexions entre les différentes
entités financières et non financières des conglomérats financiers, les risques y associés ont
une dimension systémique et pourraient menacer la stabilité du secteur financier.
Conformément aux normes du « Joint Forum », ces risques sont résumés dans les points
suivants :
▪ Risque lié à un double/multiple emploi des fonds propres : ce type de risque
intervient lorsque le même capital est détenu/utilisé par deux ou plusieurs entités
du conglomérat financier ;
61
Le Joint Forum est un groupe international réunissant les représentants de la réglementation financière issus des secteurs de la
banque (Comité de Bale), de l'assurance (IAIS) et des valeurs mobilières (IOSCO). Il a édicté les principes de supervision des
conglomérats financiers en 1999 et les actualisé en 2012 pour tenir compte notamment des enseignements de la crise financière de
2008.
Actions engagées par les autorités financières pour la surveillance de ces risques
Les dispositions de la loi bancaire (article 21) stipulent que « sans préjudice des dispositions
applicables aux entités réglementées appartenant aux secteurs des établissements de crédit,
de l’assurance et du marché des capitaux, les organismes qui contrôlent les conglomérats
financiers sont tenus d’établir, sur une base individuelle et consolidée ou sous-consolidée,
les états de synthèse relatifs à la clôture de chaque exercice, de les publier, de disposer d’un
mode de gouvernance, d’un système de contrôle interne et de gestion des risques, de
communiquer aux autorités concernées tous documents et renseignements nécessaires à
l’accomplissement de leur mission et de désigner deux commissaires aux comptes.
Les modalités d’application des dispositions de cet article sont fixées par circulaire conjointe
des autorités de supervision du secteur financier, après avis du Comité de Coordination et de
Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS) ».
Dans ce cadre, un projet de circulaire a été préparé par un groupe de travail composé des
représentants des trois régulateurs (BAM, ACAPS et AMMC) en s’inspirant des normes Joint
Forum et des expériences internationales des pays62 qui disposent d’un cadre de
réglementation des conglomérats financiers.
62
Pays de l’union européenne, Australie, Canada, États-Unis, Japon, Indonésie, Inde, Colombie, Afrique de Sud.
Pour sa part et conformément à son nouveau Statut (loi 47-10 publié au bulletin officiel
en juillet 2019), Bank Al-Maghrib contribue à la stabilité financière notamment dans le
cadre du CCSRS. Les autres régulateurs (ACAPS et AMMC) ont engagé un chantier
d’amendement de leurs textes fondateurs pour y inscrire également la mission de
contribution à la stabilité financière.
➢ Le CCSRS dispose d’une combinaison de pouvoirs contraignants et semi-contraignants
lui permettant de s'acquitter convenablement de son mandat de surveillance
macroprudentielle. En effet, la loi bancaire confère au CCSRS des pouvoirs
contraignants pour « l’identification des institutions financières d’importance
systémique ». Le Comité dispose aussi, conformément au décret fixant sa composition
et ses modalités de fonctionnement, de pouvoirs « semi-contraignants » lorsqu’il s’agit
d’émettre des recommandations à ses membres et au secteur financier dans son
ensemble.
Il est largement admis que la définition de la stratégie macroprudentielle se fait dans le but
de lier l'objectif ultime de la stabilité financière aux objectifs intermédiaires et aux
instruments macroprudentiels.
Les objectifs intermédiaires pris ensemble devraient couvrir les risques pesant sur la stabilité
financière pour éviter « les angles morts » en matière de politique macroprudentielle.
L’analyse du benchmark révèle un large consensus sur les principaux facteurs de risques qui
peuvent conduire à une accumulation des vulnérabilités dans un système financier.
Toutefois, les autorités nationales peuvent se fixer d’autres objectifs plus spécifiques
lorsqu’elles considèrent que le système financier s’expose à d’autres sources de risques.
63
selon le principe « Comply or Explain »
De nombreux travaux ont montré que les périodes de forte croissance du crédit précédent
généralement les crises financières systémiques et qu’elles en sont l’un des signaux d'alerte
précoce les plus fiables.
Les travaux menés par la Banque montrent qu’au Maroc, deux épisodes similaires ont eu
lieu durant les périodes 1994-2000 et 2005-2010, et bien qu’ils n’aient pas débouché sur
des crises systémiques, ils ont été suivis par des périodes de ralentissement net de la
production du crédit et une augmentation des créances en souffrance.
Une croissance excessive non justifiée par le développement économique alimente
généralement des tensions sur les marchés des actifs financiers et immobiliers en
provoquant une montée des taux d’endettement à des niveaux alarmants. Il importe ainsi
de suivre l’évolution des prix des actifs et en particulier immobiliers, l’exposition sectorielle
des banques, les niveaux d’endettement des agents économiques et les autres conditions
d’octroi du crédit.
Cycles du crédit 1990-2018
20
15
10
5
0
-5
-10
-15
-20
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2017
2016
2018
— HP* — CR**
(*) Cycle du crédit mesuré par Hodrick-Prescott (lambda = 390)
(**) Cycle du crédit mesuré par le filtre Christiano Fitzerald (Cycle de 8 à 20 ans)
ii. Atténuer et prévenir une transformation excessive de maturité et de liquidité (en dirham et en
devises)
Le recours excessif à des sources de financement volatiles, à court terme et/ou en devises
étrangères, crée des asymétries de maturité et de devises. Il en découle généralement un
accroissement des engagements à refinancer à court terme ce qui accroît la demande de
liquidité du marché.
Au Maroc, les épisodes de tensions sur la liquidité sont généralement la conséquence d’un
durcissement des conditions monétaires lié à une baisse des réserves de change, une
croissance marquée de la circulation fiduciaire et, dans une moindre mesure, à la
détérioration des déficits publics. La réponse de la banque centrale a été d’accroître les
injections de liquidité, d’étendre les garanties éligibles et de réduire les réserves obligatoires
des banques.
iii. Atténuer et prévenir une concentration excessive des expositions directes et indirectes des acteurs
financiers
L'économie marocaine, bien qu’elle soit l’une des plus diversifiées de la région et que
d’importantes avancées aient été enregistrées récemment dans ce domaine, reste
néanmoins encore une économie concentrée. Cette concentration se manifeste par la
prédominance de certains secteurs et de leur structure oligopolistique/monopolistique.
Cette configuration se traduit sur le plan financier par une augmentation du risque de
concentration sur de grandes contreparties.
64 Circulaire n° 26/G/2006 relative au calcul des exigences en fonds propres selon l’approche standard pour la couverture des risques
d’octroi du crédit, le ratio de division des risques, les ajustements sectoriels des
pondérations des actifs par le risque.
Atténuer et prévenir une Fonds propres Coussin de fonds propres contracyclique global ou
expansion excessive du crédit sectoriel, niveau de pondération des actifs pour le risque
et de l’endettement sectoriel.
Conditions d’octrois Limiter les ratios loan-to value (LTV), loan to income ou
du crédit debt-service-to-income.
Atténuer et prévenir une Liquidité Ratio de liquidité à court terme (LCR), Ratio structurel de
transformation excessive de liquidité à long terme (NSFR) et limite sur les positions de
maturité et liquidité change.
Limiter la concentration des Conditions d’octrois Ratio de division des risques par contrepartie par banque
expositions du crédit ou pour le système, niveau de pondération des actifs pour
le risque sectoriel, limite à l’exposition sectorielle.
65
Les instruments évoqués recouvrent aussi bien ceux pour lesquels les soubassements règlementaires sont disponibles que ceux
dont les conditions de mise en œuvre au niveau national sont priorisées ou prévues
Limiter l’impact systémique Fonds propres Surcharge en fonds propres pour les établissements
d’incitations inappropriées d’importance systémique
afin de réduire l’aléa moral
B. Instruments macroprudentiels
La crise sanitaire a eu de lourdes répercussions sur les économies du monde. Les effets de
la crise se sont ressentis au niveau de tous les secteurs et les perspectives demeurent
entourées d’incertitudes, avec une augmentation des risques pesant sur la stabilité
financière. Le rôle des autorités financières s’avère ainsi primordial pour renforcer la
résilience du secteur financier.
Au niveau national, plusieurs mesures ont été engagées par les régulateurs du secteur
financier, en s’appuyant sur leur dispositif macroprudentiel.
Au niveau national, depuis l’introduction de cet instrument en juin 201666, son niveau est
maintenu fixe à 0%. En effet, l’écart du ratio du crédit au secteur privé sur PIB par rapport à
66
Circulaire sur les fonds propres n°01/W/2016 du 10 juin 2016.
Fortement impacté par l’état d’urgence sanitaire lié à la pandémie Covid-19, le secteur de
l’immobilier a enregistré un repli d’activité significatif durant le deuxième trimestre de
l’année 2020. La production des crédits à l’habitat a ainsi accusé une forte baisse de plus de
50% entre le premier et le deuxième trimètre de 2020 (du fait notamment du confinement
sanitaire) avant de revenir progressivement au niveau d’avant crise au 3ème et 4ème trimestre
202068. Ainsi en 2020, la production crédits à l’habitat a poursuivi sa tendance baissière,
entamée depuis 2017, enregistrant une contraction de 4,4% pour s’établir à 25,1 milliards
de dirhams.
Nonobstant cette baisse de production, le ratio moyen LTV s’est globalement stabilisé
durant les trois premiers trimestres de l’année 2020 entre 85% et 86%, avant d’augmenter
à 88% au 4ème trimestre 2020.
8 89%
7 88%
6 87%
5 86%
4 85%
3 84%
2 83%
1 82%
0 81%
juin-19 sept-19 déc-19 mars-20 juin-20 sept-20 déc-20
67
Cet indicateur constitue le principal facteur orientant l’activation du coussin contracyclique
68
Il convient de signaler que les avantages fiscaux sur les droits d’enregistrement de l’achat de biens immobiliers (loi de Finances
rectificative 2020) ont favorisé l’augmentation des transactions immobilières.
La structure de la production par tranche de LTV n’a pas connu, dans le contexte de la crise
sanitaire, de changement significatif au cours des cinq derniers trimestres. La part des prêts
assortis d’un ratio LTV entre 90% et 100% représente environ la moitié de la production
trimestrielle. Celle relative à un ratio supérieur à 100% (sur-financement) se situe entre 10%
et 12%.
9% 9% 8%
10% 9%
9% 9%
8% 10% 8%
■ LTV > 100% ■ 90% < LTV ≤100% ■ 80% < LTV
Source : Banques, calcul BAM
Par ailleurs, il est à noter que l’exercice d’identification des banques d’importance
systémique et de calcul de leur score de systémicité ainsi que les travaux de calibrage de la
surcharge en fonds propres à leur appliquer sont effectués sur une base semestrielle.
Également, des études d’impact de la mise en œuvre de cette mesure macroprudentielle
ont été réalisées sur les niveaux des fonds propres des banques concernées, tant sur base
sociale que consolidée.
69
“Basel Committee coordinates policy and supervisory response to Covid-19”
70
“COVIDCovid-19 pandemic: Financial stability implications and policy measures taken” et “COVIDCovid-19 Pandemic: Financial
Stability Implications and Policy Measures Taken”
En dépit du choc économique sans précédent auquel a été soumis le secteur financier courant 2020, la
stabilité financière a été globalement préservée, comme en atteste le maintien de l’ISF à un niveau
modéré (0,43 contre 0,42 en 2019) **. Les évolutions diffèrent, en revanche, d’une catégorie de risques
(sous-indice) à une autre.
Concernant les conditions économiques, bien qu’elles soient pénalisées par la forte contraction du PIB
et le creusement du déficit budgétaire, elles ont bénéficié d’une réduction du déficit courant, une
hausse des réserves de change et une détente des pressions inflationnistes.
Notons toutefois que la dégradation de l’activité économique a exacerbé les vulnérabilités des agents
non financiers, comme en atteste l’accroissement notable de la dette du Trésor et des entreprises non
financières. Parallèlement, les marchés financiers ont subi une montée des risques imputable à la
contreperformance du marché boursier au cours des premiers mois de l’année.
Pour leur part les institutions financières ont subi une baisse de leurs résultats, concomitamment aux
tensions sur les marchés financiers et au repli de l’activité, néanmoins elles ont maintenu leur
résilience, tel que cela ressort des niveaux des fonds propres sur base sociale largement au-dessus du
seuil réglementaire.
**l’historique fait l’objet d’une actualisation régulière en raison de l’utilisation des méthodes de lissage des séries statistiques.
Encadré N°12 : Mesures prises par les banques centrales en lien avec l’impact de la pandémie Covid-19
Pour faire face à la crise sanitaire et limiter son impact sur le secteur bancaire, les banques centrales à
travers le monde ont engagé plusieurs mesures, classées en deux catégories :
- La première concerne la continuité des activités à la fois des institutions financières (banques,
infrastructures de marchés, etc.) en vue de s’assurer de l’adéquation de leur PCA*, et des autorités de
régulation pour veiller, en particulier, à la continuité des activités de surveillance durant la période de
crise.
- La deuxième catégorie porte sur les réponses apportées en matière d’accommodation des politiques
monétaire et financière, permettant notamment :
▪ Le soutien au crédit : outre les décisions de baisse des taux directeurs, les mesures concernent
la mise en place de systèmes de garantie de prêt, restructuration des conditions de prêt (avec
flexibilité de provisionnement suite au report des échéances), libération de coussins de fonds
propres contracycliques, assouplissement des règles LTV pour les crédits immobiliers, et
encouragement à utiliser d’autres coussins de fonds propres (coussin de conservation par
exemple) et de liquidité ;
▪ La fourniture de liquidités, comprenant les mesures prises par les autorités pour assurer le
refinancement des banques en monnaie nationale, ainsi que par des mécanismes donnant accès
aux devises.
Concernant cette deuxième catégorie de mesures, le Comité de Bâle a recommandé aux banques de
s’appuyer sur leurs matelas significativement élevés de liquidités et de fonds propres antérieurement
constitués pour absorber le choc de la crise et remplir leur mission de soutien à l’économie. En
conséquence, le risque que l’offre de crédit soit limitée par les exigences réglementaires s’en trouvera
réduit. Le Comité a également revu en date du 27 mars 2020 le calendrier de mise en œuvre des normes
baloises, en reportant d’un an au 1er janvier 2023 :
CHAPITRE 4
MARCHES DE CAPITAUX, INFRASTRUCTURES DE MARCHE
ET MONNAIE FIDUCIAIRE
APERÇU
L’année 2020 a été marquée par une poursuite du creusement des besoins de la liquidité
bancaire de près de 10,2 milliards de dirhams, clôturant ainsi l’année 2020 avec un déficit de
liquidité de 85,7 milliards de dirhams en moyenne quotidienne. Dans ce contexte, Bank Al-
Maghrib a mené une politique monétaire accommodante, en augmentant l’encours quotidien
moyen de de ses injections à 92 milliards en 2020 au lieu de 76,4 milliards de dirhams en 2019.
Elle a également procédé à deux réductions du taux directeur de 2,25% à 2% en mars puis à
1,50% en juin 2020, à l’élargissement du collatéral en contrepartie des refinancements
accordés aux banques et à la libération intégrale de leurs réserves obligatoires, permettant
ainsi de répondre à l’enjeu de liquidité et d’assurer le bon fonctionnement du marché
monétaire.
En dépit de la hausse significative des émissions des bons du Trésor, suite à l’augmentation du
déficit budgétaire, la détente des taux s’est poursuivie sur les marchés obligataires primaire et
secondaire. Si la volatilité des taux des bons du Trésor sur le marché secondaire est restée
globalement limitée, il n’en demeure pas moins que des périodes de fortes tensions ont été
enregistrées.
L’encours de la dette privée ressort en légère hausse atteignant 236,5 milliards de dirhams et
ce, malgré la baisse du volume des émissions après trois années de croissance continue. Le
risque de crédit relatif aux émetteurs de dette privée ayant fait appel public à l’épargne reste
limité et ce, en l’absence de défaut de remboursement des échéances de la dette. En outre,
l’endettement des émetteurs non-financiers de dette privée, ayant fait appel public à
l’épargne, suit une tendance haussière mais demeure globalement maitrisé. Réservées aux
investisseurs qualifiés, les émissions obligataires par voie de placement privé représentent
51,4% des émissions d’obligations privées contre 28,7% en 2019. Également réservées aux
investisseurs qualifiés, y compris les OPCVM l’ayant prévu dans leur politique d’investissement,
l’encours des obligations subordonnées perpétuelles au profil plus risqué, notamment de type
AT1, ressort en augmentation de 9,7%.
Le volume d’émission sur le marché boursier ressort en forte baisse à 3 milliards de dirhams,
après une courte phase de croissance durant les deux années précédentes. Après la baisse
importante enregistrée lors du déclenchement de la crise sanitaire en mars 2020, qui s’est
accompagnée d’une volatilité largement supérieure aux plus haut historiques, le marché
boursier a récupéré graduellement une bonne partie de ses pertes en limitant ainsi sa
L’activité de la gestion d’OPCVM s’est montrée résiliente face à la crise avec un actif net qui a
poursuivi sa progression pour atteindre 523 milliards de dirhams, grâce à un important volume
de collecte nette, soit 44,6 milliards de dirhams. Ladite collecte étant principalement orientée
vers les OPCVM « Obligataires » et « Monétaires ». L’activité de gestion d’OPCVM reste
concentrée au niveau des filiales d’Institutions financières et constitue un canal important
d’interconnexion entre les institutions financières. Par ailleurs, la concentration élevée du
passif des OPCVM, ajoutée à la faible liquidité inhérente à certaines catégories d’actifs, restent
les principales zones de vulnérabilités de cette activité. S’agissant des autres compartiments
de la gestion d’actifs, qui ne constituent pas encore un enjeu pour la stabilité financière, les
fonds de titrisation ont connu une quasi-stagnation de leur encours global à 9,9 milliards de
dirhams après sept années de hausses continues, tandis que l’activité de capital
investissement affiche des levées et des investissements respectivement de 1,35 milliard de
dirhams et 804 millions de dirhams. Quant à l’activité des OPCI, elle enregistre un bon
démarrage avec un actif net qui a atteint 6,09 milliards de dirhams depuis son lancement en
juin 2019.
Avec un volume de 255 milliards de dirhams, les opérations de prêt de titres maintiennent une
tendance baissière et restent dominées par les BDT, avec une augmentation de la durée
moyenne des prêts. Les OPCVM et les banques demeurent les principaux intervenants sur ce
marché.
18000
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
janv.-14 janv.-15 janv.-16 janv.-17 janv.-18 janv.-19 janv.-20
Source : BAM
0,5
0,4
0,4
0,3
0,3
0,2
0,2
0,1
0,1
0,0
janv.-15
avr.-15
juil.-15
oct.-15
janv.-16
avr.-16
juil.-16
oct.-16
janv.-17
avr.-17
juil.-17
oct.-17
janv.-18
avr.-18
juil.-18
oct.-18
janv.-19
avr.-19
juil.-19
oct.-19
janv.-20
avr.-20
juil.-20
oct.-20
Source : BAM
0,90
0,80
0,70
0,60
0,50
0,40
0,30
0,20
0,10
0,00
oct.-15
oct.-16
oct.-17
oct.-18
oct.-19
janv.-20
avr.-20
juil.-20
oct.-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
avr.-15
avr.-16
avr.-17
avr.-18
avr.-19
juil.-15
juil.-16
juil.-17
juil.-18
juil.-19
Source : BAM
Pour sa part, le marché de la pension livrée se situe dans la catégorie des marchés
modérément concentrés, avec un indice IHH qui s’est stabilisé à 0,08 en 2020, du fait de son
élargissement à d’autres opérateurs financiers, notamment les OPCVM.
0,50
0,40
0,30
0,20
0,10
0,00
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
avr.-15
avr.-16
avr.-17
juil.-15
oct.-15
juil.-16
oct.-16
juil.-17
oct.-17
avr.-18
juil.-18
oct.-18
avr.-19
juil.-19
oct.-19
avr.-20
juil.-20
oct.-20
Source : BAM
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
juil.-15
juil.-16
juil.-17
juil.-18
juil.-19
juil.-20
oct.-15
oct.-16
oct.-17
oct.-18
oct.-19
oct.-20
avr.-15
avr.-16
avr.-17
avr.-18
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avr.-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
Source : BAM
71
Mesure prise et annoncée par Bank Al-Maghrib le 29 mars 2020.
juil.-16
juil.-17
juil.-18
juil.-19
juil.-20
oct.-15
oct.-16
oct.-17
oct.-18
oct.-19
oct.-20
avr.-15
avr.-16
avr.-17
avr.-18
avr.-19
avr.-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
Source : BAM
400
350
300
250
200
150
100
50
-
juil.-15
juil.-16
juil.-17
juil.-18
juil.-19
juil.-20
oct.-15
oct.-16
oct.-17
oct.-18
oct.-19
oct.-20
avr.-15
avr.-16
avr.-17
avr.-18
avr.-19
avr.-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
Source : BAM
3,00%
2,50%
2,00%
1,50%
1,00%
janv.-16
avr.-16
juil.-16
oct.-16
janv.-17
avr.-17
juil.-17
oct.-17
janv.-18
avr.-18
juil.-18
oct.-18
janv.-19
avr.-19
juil.-19
oct.-19
janv.-20
avr.-20
juil.-20
oct.-20
Source : BAM
Par ailleurs, les écarts entre les taux d’intérêt maximums et minimums observés au cours
d’une même journée sur le marché monétaire continuent de se résorber, passant de 8 à 1
point de base entre 2019 et 2020, traduisant une nette amélioration de l’efficience de la
formation des prix sur ce compartiment. En parallèle, les écarts de taux entre les
financements sur le marché collatéralisé et le marché en blanc se sont élevés à 11 points de
base en 2020, contre 7 points de base un an auparavant, et ce, compte tenu de la volatilité
observée sur ce compartiment suite à la baisse du taux directeur.
TMP au jour le jour sur le marché de la pension et sur le marché interbancaire en blanc
4,25%
3,75%
3,25%
2,75%
2,25%
1,75%
1,25%
oct.-15
oct.-16
oct.-17
oct.-18
oct.-19
oct.-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
avr.-15
avr.-16
avr.-17
avr.-18
avr.-19
avr.-20
juil.-15
juil.-16
juil.-17
juil.-18
juil.-19
juil.-20
— TMP REPO JJ — TMP JJ
Source : BAM
Hausse significative des émissions des bons du Trésor, suite à l’augmentation du déficit budgétaire.
Le marché des bons du Trésor constitue la première alternative de placements pour les
investisseurs, en lien notamment avec la sécurité qu’il offre et le manque d’opportunités
alternatives de placement.
Ce marché a connu un certain dynamisme en 2020, lié en grande partie au creusement du
déficit budgétaire dans le contexte de la crise sanitaire, avec un encours atteignant près de
607,9 milliards de dirhams à fin 2020, en progression de 10% d’une année à l’autre.
Les émissions des bons du Trésor se sont établies en 2020 à 154 milliards de dirhams,
marquant une rupture avec la tendance globalement baissière, observée depuis 2014.
177
149 154
125
110 115
107 103 101
Dans le sillage de la hausse des émissions, l’encours des bons du Trésor a atteint 601
milliards de dirhams à fin 2020, contre 557 milliards de dirhams à fin 2019, soit une
augmentation de 7,82%.
60 90%
80%
50
70%
40 60%
50%
30
40%
20 30%
20%
10
10%
0 0%
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Poursuite de la détente sur les rendements obligataires de la courbe obligataire primaire, avec une
baisse plus marquée sur le compartiment long terme.
Les taux moyens pondérés (TMP) des adjudications des bons du Trésor ont poursuivi en
2020 leur tendance globalement baissière avec des variations plus importantes, en
comparaison avec l’année précédente. En effet, le financement du Trésor s’est effectué dans
des conditions plus avantageuses dans un contexte marqué par l’engouement des
investisseurs pour les BDT. Ainsi, la baisse a atteint 32 points de base pour les maturités
courte et moyenne avec un BDT à 52 semaines établi à 1,99% et un BDT à 5 ans ressorti à
2,28%. S’agissant de la maturité longue, ce repli a été plus important s’établissant à -50
points de base pour le BDT à 15 ans (2,89%).
Malgré le dynamisme qu’a connu le marché primaire des Bons du Trésor en 2020, le marché
secondaire des BDT reflète toujours un manque de profondeur, en conséquence le taux de
rotation en moyenne quotidienne a reculé à 0,27% en 2020 contre 0,33% en 2019.
3,0%
2,5%
2,0%
1,5%
1,0%
0,5%
0,0%
oct.-15
oct.-16
oct.-17
oct.-18
oct.-19
oct.-20
avr.-15
avr.-16
avr.-17
avr.-18
avr.-19
avr.-20
juil.-15
juil.-16
juil.-17
juil.-18
juil.-19
juil.-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
Source : BAM
Dans le même sillage, l’écart entre les taux des Bons du Trésor à 2 et 10 ans a baissé au cours
de l’année 2020, s’établissant en moyenne à 48 points de base en 2020 contre 59 points de
base en 2019. En effet, la courbe des taux a connu un mouvement vers le bas en raison de
la baisse des rendements sur l’ensemble des maturités. Ainsi, les taux des BDT à 10 ans ont
enregistré en moyenne une baisse de 42 points de base en 2020 pour s’établir en moyenne
à 2,59%, tandis que les taux à 2 ans ont marqué un recul à 2,16%.
4,00%
3,50%
3,00%
2,50%
2,00%
1,50%
oct.-15
oct.-16
oct.-17
oct.-18
oct.-19
oct.-20
avr.-15
avr.-16
avr.-17
avr.-18
avr.-19
avr.-20
juil.-15
juil.-16
juil.-17
juil.-18
juil.-19
juil.-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
— Courbe des taux (Ténors) : 2 ans — Courbe des taux (Ténors) : 10 ans
Source : BAM
Dans ce contexte, l’écart-type des taux des BDT à 2 et 10 ans s’est accentué et s’est établi
respectivement à 7,4% et 7,3% à fin 2020 contre 2,4% et 5% un an auparavant, reflétant
l’accroissement de l’incertitude des investisseurs sur les deux maturités.
En outre, l’écart de rendement entre les taux à 2 ans et 10 ans s’est contracté à 48 points
de base en 2020, soit 11 points de base de moins qu’en 2019, traduisant un net
resserrement du spread 2-10 ans.
120,0 0,35%
0,30%
100,0
0,25%
80,0
0,20%
60,0
0,15%
40,0 0,10%
20,0 0,05%
- 0,00%
sept.-15
sept.-16
sept.-17
sept.-18
sept.-19
sept.-20
mai-15
mai-16
mai-17
mai-18
mai-19
mai-20
janv.-15
janv.-16
janv.-17
janv.-18
janv.-19
janv.-20
— Ecart des taux des BDT 10ans - 2ans (en pb) — Ecartype (Tx BDT à 10 ans) — Ecartype (Tx BDT à 2 ans)
Source : BAM
Baisse des émissions de dette privée, en particulier celles du secteur financier et ce, après trois années
de croissance.
En dépit d’un contexte de taux d’intérêts historiquement bas, les émissions de la dette
privée enregistrent une baisse de 13,82% en passant de 86,8 milliards de dirhams en 2019
à 74,8 milliards de dirhams en 2020 et ce, après trois années de croissance successives.
Cette évolution est liée principalement à la baisse des émissions des certificats de dépôt.
Elles représentent près de 43% des émissions de dette privée et se sont établis à environ
32,1 milliards de dirhams en 2020 contre 49,4 milliards de dirhams un an auparavant, soit
une baisse de 35%. De même, les Bons des sociétés de financement affichent un recul de
près de 1,8 milliard de dirhams par rapport à 2019, soit -18,6%.
Evolution des émissions de la dette privée par catégorie de titres (en milliards de dirhams)
60
50
40
30
20
10
0
CD Obligations BSF BT
Les émissions de dette privée en 2020 restent dominées par les TCN, en dépit de la baisse
de leur part qui s’est établi à 58,69% contre 71,94% en 2019 et 64,12% en 2018. Par
compartiment, les certificats de dépôts ne représentent plus que 42,91% de l’ensemble des
émissions de la dette privée, contre plus de la moitié en 2019 et 2018, soit respectivement
56,89% et 52,71%. Les bons des sociétés de financement (BSF) et les billets de trésorerie
(BT) représentent respectivement 10,56% et 5,21% contre 11,23% et 3,82% en 2019. Quant
aux obligations, leur part a augmenté pour ressortir à près de 42% alors qu’elle représentait
seulement 28,06% du volume d’émission de la dette privée en 2019 et 35,88% en 2018.
Les établissements de crédit restent les principaux émetteurs de dette privée, même si leur
part dans l’ensemble des émissions a baissé passant de 80,3% en 2019 à 63% en 2020. En
effet, les banques ont émis sur le marché des montants importants s’élevant à près de 39
milliards de dirhams, que ce soit sous forme de certificats de dépôt ou d’obligations, ce qui
représente 52,3% des émissions de dette privée effectuées en 2020. Pour leur part, les
sociétés de financement ont réalisé des émissions s’établissant à 11,7 milliards de dirhams,
soit près de 15,7% du total des émissions de dette privée.
2,1% 11,4%
13,3%
9,8%
11,9%
2019 2020
Les entreprises publiques, quant à elles, représentent 11,4% des émissions, lesquelles visent
principalement à financer d’importants projets d’infrastructures très capitalistiques dans le
cadre de la mise en œuvre des stratégies sectorielles du Gouvernement. Les entreprises des
autres secteurs confondus (Holdings, Immobilier et autres) représentent un peu plus du
quart des émissions de dette privée en 2020.
La contribution de la dette privée dans le financement de l’économie ressort en baisse en
passant de 29% en 2019 à 12% en 2020 et ce, malgré la baisse du montant global de
financement de l’économie qui s’est établi à 52,5 milliards de dirhams en 2020 contre
100,96 milliards de dirhams en 2019. Ce recul s’explique par une augmentation très limitée
de l’encours de la dette privée en 2020, soit 6 milliards de dirhams. Cette situation intervient
sous l’effet conjugué d’une baisse du volume des émissions de la dette privée qui passe de
86,8 milliards de dirhams en 2019 à près de 75 milliards de dirhams en 2020, ainsi que de la
hausse des remboursements qui se sont élevés à 68,6 milliards de dirhams en 2020 contre
52,83 milliards de dirhams en 2019.
30 30%
20%
20
10%
10
0%
0
-10%
-10 -20%
-20 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 -30%
■ Variation encours dette privée en milliards de Dhs — % Variation encours Dette privée/ Total financement de l'économie
L’encours de la dette privée ressort en légère hausse atteignant 236,5 milliards de dirhams.
L’encours de la dette privée s’est établi à 236,5 milliards de dirhams à la fin de l’année 2020
contre 230 milliards de dirhams à la fin de l’année 2019, soit une hausse de 2,3%. Cette
évolution provient de la hausse enregistrée sur les gisements « obligataire » et « billets de
trésorerie », conjuguée à une baisse relevée sur les compartiments « certificats de dépôts »
et « bons de sociétés de financement ». Il convient de préciser que le gisement obligataire
affiche un encours en hausse de 13,2 milliards de dirhams, alors que l’encours des certificats
de dépôts s’est établi en baisse de 7,1 milliards de dirhams. Les établissements de crédit
restent les principaux émetteurs de dette privée avec près des deux tiers de l’encours global.
Ventilation de l’encours par secteur Evolution de l’encours de la dette privée (en MMAD)
entreprises
publiques 150
22,5%
100
50
0
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
sociétés de
financement 11,9% ■ Obligations ■ CD ■ BSF ■ BT
Réservées aux investisseurs qualifiés, les émissions obligataires par voie de placement privé
représentent plus de la moitié des émissions d’obligations privées.
L’année 2020 a connu une hausse notable des émissions obligataires par voie de placement
privé (PP) avec un nombre d’opérations qui a presque doublé passant de 9 en 2019 à 17 en
2020. Le volume de ces opérations a suivi la même tendance pour ressortir à 15,9 milliards
de dirhams en 2020 contre 7 milliards de dirhams en 2019. La part de ces opérations dans
le volume global d’émission d’obligations privées s’est établie à 51,4% en 2020 contre 28,7%
en 2019. Pour rappel, ce type d’émission ne bénéficie pas de la protection du régime de
l’appel public à l’épargne (APE). Toutefois, il reste réservé à un nombre limité d’investisseurs
qualifiés, à savoir un maximum de vingt investisseurs par émission.
19 170
20 000 17 470
14 570
15 000
8 570
10 000 7 500
0 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Pour rappel, les émissions de type 3 (AT1) sont apparues sur le marché marocain en 2016.
Elles permettent de répondre d’une part, au besoin d’un meilleur rendement pour les
investisseurs et d’autre part, au besoin des émetteurs de renforcer leurs structures
financières. En effet, les investisseurs dans ce type d’obligations perçoivent une
rémunération plus élevée que pour une obligation ordinaire. Néanmoins, tel que présenté
dans l’encadré ci-après, ces titres hybrides présentent un profil de risque plus élevé.
En considération de ce qui précède, l’AMMC réserve la possibilité de souscription à ces instruments, ainsi
que leur négociation sur le marché secondaire, aux investisseurs qualifiés. Concernant en particulier les
OPCVM, qui sont les principaux souscripteurs à ces émissions, l’AMMC exige que seuls les OPCVM dont la
stratégie d’investissement autorise explicitement ce genre d’instruments puissent y souscrire.
Depuis quelques années, un type particulier d’obligations a commencé à émerger sur le marché
marocain. Il s’agit d’obligations subordonnées ayant des caractéristiques particulières leur permettant
d’être considérées comme des quasi-fonds propres par les régulateurs prudentiels ou agences de
notation.
Ces instruments présentent des caractéristiques hybrides entre titres de dette et titres de capital. A ce
jour, il existe au Maroc trois types d’obligations subordonnées perpétuelles :
- Type 1 : Emissions obligataires subordonnées perpétuelles assorties d’une clause de
remboursement anticipé à partir de la 10ème année, après accord de Bank Al-Maghrib et
avec un préavis minimum de 5 ans, ainsi que d’une clause permettant à l’émetteur de
différer les paiements des intérêts lorsque sa situation financière l’exige.
- Type 2 : Emissions d’obligations subordonnées perpétuelles, avec option de
remboursement à partir de la dixième année, et sous certaines autres conditions. Les
conditions de ces émissions prévoient aussi que l’émetteur peut, à sa discrétion, différer le
paiement d’un ou plusieurs coupons. Dans ce dernier cas, l’émetteur ne peut pas distribuer
de dividendes ou rémunérer des titres de même rang.
- Type 3 : Emissions obligataires du type AT1 réalisées par des établissements de crédit pour
le renforcement de leurs fonds propres réglementaires. En effet, le traitement prudentiel
de ces instruments les qualifie comme fonds propres additionnels de catégorie 1
(conformément aux dispositions de la circulaire n° 14/G/2013 de Bank Al-Maghrib du 13
août 2013 relative au calcul des fonds propres réglementaires des établissements de crédit)
grâce à leurs clauses dont les principales sont :
- Une maturité perpétuelle, avec la possibilité d’un remboursement après accord
de Bank Al-Maghrib et préavis minimum de cinq ans ;
- L’émetteur peut décider, à sa discrétion et après accord préalable de Bank Al-
Maghrib, d'annuler (en totalité ou en partie) le paiement du montant des intérêts
pour une période indéterminée et sur une base non cumulative et ce, en vue de
faire face à ses obligations (notamment suite à une demande de Bank Al-
Maghrib) ;
- La valeur nominale des titres est dépréciée lorsque le ratio Common Equity Tier1
(CET 1), tel que défini par Bank Al-Maghrib, devient inférieur à un certain niveau
(6%) des risques pondérés, sur base individuelle ou consolidée. La dépréciation
des titres permet à l’émetteur de reconstituer ses fonds propres de base jusqu’à
l‘atteinte du seuil précité ;
Ce risque concerne les instruments de type 3 (AT1), qui doivent être dépréciés dès lors que le ratio CET1
de l’émetteur descend en deçà de 6%. Les émetteurs de ces instruments se sont engagés à publier leurs
ratios prudentiels historiques et prévisionnels pour tenir le marché informé de leur évolution. Les
niveaux affichés par les établissements de crédit émetteurs de ces instruments sont conformes aux
exigences réglementaires, et ne font pas apparaitre de risque d’activation du mécanisme de dépréciation
des titres.
Les clauses prévues par les instruments précités octroient à l’émetteur la discrétion pour différer ou
annuler un ou plusieurs coupons. En cas d’activation, ce dispositif impacterait aussi les autres catégories
titres en limitant les capacités de distribution de l’émetteur à leur profit. Toutefois, il convient de
souligner que les émetteurs de ces instruments sont soumis à plusieurs dispositifs de transparence
améliorant la protection des intérêts des obligataires, notamment :
Les émissions obligataires perpétuelles sont des instruments complexes, dont la valeur dépend de
plusieurs facteurs tels que :
Ainsi, la valorisation de ce type de titres peut devenir difficile et des écarts de valorisation pourraient
être observés. Ce risque peut être réduit à travers une communication adéquate de la part des
émetteurs.
Comme leurs noms l’indiquent, ces obligations sont subordonnées aux obligations ordinaires en cas de
défaut, c’est-à-dire que leur remboursement n’intervient qu’après le remboursement intégral des
obligations ordinaire, mais avant le remboursement des actions. Par conséquent, les chances de
récupérer ces créances en cas de défaut sont plus faibles.
Un endettement qui reste maitrisé par les émetteurs non-financiers de dette privée, en dépit d’une
légère augmentation dans le sillage d’un contexte de crise.
En dépit du contexte de crise, la situation du risque de crédit relatif à la dette privée ressort
globalement maîtrisée en 2020 dans la mesure où aucun évènement de défaut de paiement
n’a été enregistré au cours de l’année. Concernant les deux émetteurs appartenant à un
même groupe immobilier ayant connu des difficultés en 2014, ils poursuivent la réalisation
d’un programme de restructuration qui a permis notamment de réduire de manière
significative leurs dettes bancaire et privée.
En outre, l’endettement net global des sociétés non-financières émettrices de dette privée,
ayant fait appel public à l’épargne, s’élève à 185,8 milliards de dirhams au terme de l’année
2020, en augmentation de 5,4% comparativement à l’exercice précédent. Leur gearing
global ressort en hausse à 99% en 2020 contre 92% en 2019. Il reste néanmoins, à un niveau
maîtrisé dans la mesure où les capitaux propres couvrent la totalité des dettes.
72 Le gearing, ou ratio d’endettement net est le rapport entre l’endettement net et les capitaux propres de l’entreprise.
73 Par appel public à l’épargne (hors placement privé).
72 Le gearing, ou ratio d’endettement net est le rapport entre l’endettement net et les capitaux propres de l’entreprise.
73
Par appel public à l’épargne (hors placement privé).
B. MARCHÉ BOURSIER
Baisse du volume d’émission sur le marché boursier, après une courte phase de croissance durant les
deux années précédentes.
Les levées de capitaux en actions sur le marché boursier en 2020 se sont élevées à 3 milliards
de dirhams, en baisse de près de 70% par rapport à l’année 2019 et ce, après les hausses de
200% et 129% enregistrées respectivement en 2018 et 2019.
Evolution des émissions sur le Marché Boursier (en millions de dirhams)
10 000
9 000
8 000
7 000
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Seule une introduction en bourse d’un montant de 600 millions de dirhams a été réalisée
en 2020. La majorité des levées ont été effectuées par les émetteurs déjà côtés, sous forme
d’augmentation de capital, dont 62,7% en numéraire, 37% par conversion des dividendes et
0,3% par apport en nature.
Date de Volume de
Nombre de titres
Sociétés l'augmentation Type Prix à l'émission l’émission en
émis
de capital MDH
Conversion des
SALAFIN 01/10/2020 dividendes en 179 045 542 97,05
actions
Conversion des
BANK OF AFRICA
30/09/2020 dividendes en 5 786 188 137 792,7
GROUPE BMCE
actions
DOUJA PROMOTION
23/01/2020 En numéraire 79 994 136 10 799,94
GROUPE ADDOHA
Après la chute importante enregistrée lors du déclenchement de la crise sanitaire en mars 2020, le
marché boursier a récupéré graduellement une bonne partie de ses pertes.
Après la trajectoire haussière empruntée par l’indice MASI au cours du deuxième semestre
2019 atteignant une valeur de 12171,90 à la fin de l’année, soit une performance annuelle
de 7,11%, le marché boursier a continué sur la même tendance haussière durant le mois de
janvier 2020 où il a atteint une valeur maximale de 12600,45 le 24 janvier. Sur fond
d’incertitudes liées à la pandémie Covid-19, le MASI a ensuite connu une chute importante
avec une valeur de 8 987,89 points enregistrée le 18 mars 2020, soit un repli de 26,2% par
rapport à fin 2019. S’en est suivi une phase de reprise graduelle vers une valeur du MASI à
11 287,38 à la fin de l’année 2020, soit une contreperformance annuelle de 7,27%.
Pour sa part, le volume sur le marché central a atteint une moyenne quotidienne de 132
millions de dirhams, en hausse de 4% par rapport à l’année 2019.
12 000,00
11 000,00
10 000,00
500 000 000
9 000,00
8 000,00
7 000,00
6 000,00 0
02/01/20 30/01/20 27/02/20 26/03/20 23/04/20 21/05/20 18/06/20 16/07/20 13/08/20 10/09/20 08/10/20 05/11/20 03/12/20 31/12/20
La valorisation globale du marché demeure relativement élevée en 2020 en dépit de la baisse des
cours.
74
Ratio de valorisation calculé sur la base de la capitalisation boursière quotidienne divisée par la masse bénéficiaire totale des
entreprises cotées réalisée dans la même année.
40
36
32
28
24
20
16
12
31/12/13 31/12/14 31/12/15 31/12/16 31/12/17 31/12/18 31/12/19 31/12/20
— PER 2020 calculé sur la base du Résultat net 2020 — PER 2020 calculé sur la base du Résultat net 2019
— PER 2020 calculé sur la base du Résultat net moyen des 5 dernières années
Recalculé en gardant la masse bénéficiaire de l’année 2019 d’une part et sur la base de la
masse bénéficiaire moyenne des cinq dernières années (2016-2020), le PER global de la
Bourse de Casablanca en 2020 demeure relativement élevé. Il s’élève au 31 décembre 2020
respectivement à 18,3x et 19,7x, avec des moyennes annuelles de 17,1x et 18,4x en 2020
contre 18,32x en 2019.
Le contexte actuel de taux d’intérêts historiquement bas est un facteur qui peut contribuer
à ce niveau de valorisation et ce, en poussant les investisseurs à rechercher des instruments
financiers avec de meilleurs rendements, mais plus volatiles, telles que les actions.
75
Historique depuis l’année 2002.
12400 50,0%
40,0%
11400
30,0%
10400
20,0%
9400
10,0%
8400 0,0%
— Moyenne mobile simple à 20j du MASI — Bande supérieure* — Bande inférieure** — Volatilité annualisée à 20j
Comparée aux années précédentes, la volatilité du MASI est en nette augmentation en 2020
avec une valeur moyenne de 15,12%, soit le double des années 2018 et 2019, où la valeur
moyenne s’établissait respectivement à 7,508% et 7,653%.
13000 60,0%
50,0%
12000
40,0%
11000
30,0%
10000
20,0%
9000 10,0%
8000 0,0%
03/01/11
08/03/11
11/05/11
14/07/11
16/09/11
19/11/11
22/01/12
26/03/12
29/05/12
01/08/12
04/10/12
07/12/12
09/02/13
14/04/13
17/06/13
20/08/13
23/10/13
26/12/13
28/02/14
03/05/14
06/07/14
08/09/14
11/11/14
14/01/15
19/03/15
22/05/15
25/07/15
27/09/15
30/11/15
02/02/16
06/04/16
09/06/16
12/08/16
15/10/16
18/12/16
20/02/17
25/04/17
28/06/17
31/08/17
03/11/17
06/01/18
11/03/18
14/05/18
17/07/18
19/09/18
22/11/18
25/01/19
30/03/19
02/06/19
05/08/19
08/10/19
11/12/19
13/02/20
17/04/20
20/06/20
23/08/20
26/10/20
29/12/20
— Moyenne mobile simple à 20j du MASI — Bande supérieure* — Bande inférieure** — Volatilité annualisée à 20j du MASI**
76 *Moyenne mobile simple à 20j du MASI majorée par le double de l’écart-type standard de l’indice
**Moyenne mobile simple à 20j du MASI minorée par le double de l’écart-type standard de l’indice
77 Idem 4
Après des baisses importantes en mars 2020 accompagnées de fortes volatilités, seuls 9 indices
sectorielles sur 24 ont fini l’année avec une performance positive.
Les indices des principaux secteurs en termes de capitalisation dans le marché boursier ont
subi des baisses importantes en mars et avril 2020 suite au déclenchement de la crise
sanitaire. En effet, comparé à la fin de l’année 2019, l’indice du secteur des Mines a connu
la plus forte baisse, soit 41,5%. Il est suivi par celui du Bâtiment et matériaux de construction
et des Banques avec des replis respectifs de 33% et 32%. Les secteurs des assurances et du
Pétrole & Gaz ont été le moins impactés avec des baisses de leurs indices respectivement
de 19,5% et 18%.
Evolution sectorielle des principaux secteurs en 2020 sur une base de 100
120
115
110
105
100
95
90
85
80
75
70
65
60
55
50
02/01/20 30/01/20 27/02/20 26/03/20 23/04/20 21/05/20 18/06/20 16/07/20 13/08/20 10/09/20 08/10/20 05/11/20 03/12/20 31/12/20
Sur l’ensemble de l’année, neuf secteurs d’activité sur vingt-quatre ont enregistré une
performance positive en 2020, contre dix-sept en 2019. Parmi les évolutions positives, trois
secteurs affichent des hausses significatives. Il s’agit du secteur des Logiciels et Services
informatiques qui se démarque avec une performance de 52,33%, du secteur de l’Industrie
pharmaceutique qui affiche une performance de 17,47% et enfin du secteur des Mines qui
enregistre une performance de 14,03%.
A l’inverse, les indices des autres secteurs s’inscrivent en forte baisse en 2020. En effet,
après avoir progressé en 2019, quinze secteurs ont enregistré une contreperformance,
notamment le secteur des Banques qui passe de 5,56% en 2019 à -14,54% en 2020, le
secteur de l’Agroalimentaire qui affiche -3,96% en 2020 contre 20,61% en 2019 et le secteur
des Sociétés de financement qui a atteint -22,20% en 2020 contre 0,85% un an auparavant.
En outre, la baisse s’est accentuée pour certains secteurs comme le secteur du Transport
qui affiche -20,33% en 2020 après -3,58% en 2019, le secteur des Loisirs & Hôtels qui a
atteint -32,94% en 2020 après -1,68% en 2019 et le secteur de la Sylviculture & Papier qui
affiche -31,8% en 2020 après -4,31% un an auparavant. La contreperformance du secteur
de l’Immobilier s’est aggravée davantage en 2020, en atteignant -44,11% après -36,19% en
2019.
Palmarès des performances sectorielles en 2019 Palmarès des performances sectorielles en 2020
Palmarès des performances sectorielles en 201935,06% Palmarès des performances sectorielles en 2020
Logiciels & Services informatiques Logiciels & Services informatiques 52,33%
26,75% Logiciels & Industrie
Services informatiques
pharmaceutique 17,47% 52,33%
Pétrole & Gaz
Logiciels & Services informatiques 35,06%
26,22% Industrie pharmaceutique Mines 17,47%
14,03%
Service de transport
Pétrole & Gaz 26,75%
23,98% Mines 14,03%
Distributeurs
Service de transport 26,22% Distributeurs 9,84%
20,61% Distributeurs 9,84%
Distributeurs
Agroalimentaire 23,98% Sociétés de portefeuilles - holdings 1,75%
12,56% Sociétés de portefeuilles - holdings 1,75%
Agroalimentaire
Chimie 20,61% Services de transport 1,45%
Services de transport 1,45%
Chimie
télécommunications 8,13% 12,56% Pétrole
Pétrole& Gaz& Gaz 0,72%
0,72%
télécommunications 8,13%
sociétés de portefeuilles - holdings 8,00% Equipements électroniques
Equipements électroniques 0,30%
0,30%
sociétés de portefeuilles - holdings 8,00%
Mines 7,98% Assurances
Assurances 0,21%
0,21%
Mines 7,98%
Boissons 6,80% Electricité -1,51%
-1,51%
Boissons 6,80% Electricité
5,56% Chimie -2,45%
-2,45%
Banques
Banques 5,56% Chimie
Ingénieries et biens d'équipement… -2,79%
-2,79%
Electricité
Electricité 4,38%4,38% Ingénieries et biens d'équipement industriels
Agroalimentaire -3,96%
Batiment
Batiment 1,60%1,60% Agroalimentaire
-3,96%
Télécommunications -5,23%
sociétés de placement immobilier
sociétés de placement immobilier 1,37%
1,37% -5,23%
Télécommunications
Bâtiment -8,41%
Equipements électroniques 1,24% -8,41%
Equipements électroniques 1,24% Sociétés de placementBâtiment immobilier -8,43%
sociétés de financement & autres activités… 0,85%
sociétés de financement & autres activités financières 0,85% Banques -8,43%
-14,54%
Assurances 0,32% Sociétés de placement immobilier
LoisirsAssurances
et hotels -1,68% 0,32% Services aux collectivités -16,14%
-14,54%
Banques
Loisirs et hotels
Industrie pharmaceutique -3,03%
-1,68% Boissons -16,61%
-16,14%
Services aux collectivités
Transport -3,58% Transport -20,33%
-16,61%
Industrie pharmaceutique -3,03% Boissons
SylvicultureTransport
& Papier -4,31% Sociétés de financement & autres… -22,20%
-3,58% -20,33%
Transport
Sylviculture & Papier -31,80%
Services aux collectivités
Sylviculture & Papier -9,92% -22,20%
-4,31% Loisirs
Sociétés de financement & autres activités et hotels -32,94%
financières
Participation et promotion immobilière -36,19%
Services aux collectivités -9,92% Participation et promotion -31,80%
ingénieries et biens d'équipement industriels -57,83% Sylvicultureimmobilière
& Papier -44,11%
Participation et promotion immobilière -36,19% -32,94%
Loisirs et hotels
ingénieries et biens d'équipement industriels -57,83% -44,11%
Participation et promotion immobilière
Cette baisse quasi-généralisée des principaux indices sectoriels a été accompagnée d’une
forte volatilité au cours du premier semestre de l’année. Elle a atteint des pics très élevés
notamment 64,3% pour le secteur des Banques et 62% pour le secteur du Bâtiment et
matériaux de construction et ce, entre mars et avril 2020. A partir du deuxième semestre,
la volatilité de la majorité des secteurs a baissé, évoluant ainsi dans une fourchette entre
4,23% et 34,75%, avec des niveaux toujours élevés pour le secteur des Bâtiments et celui
des Mines.
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
02/01/20 30/01/20 27/02/20 26/03/20 23/04/20 21/05/20 18/06/20 16/07/20 13/08/20 10/09/20 08/10/20 05/11/20 03/12/20 31/12/20
Une liquidité qui enregistre une légère baisse en 2020 après une nette amélioration en 2019
La liquidité78 du marché boursier évolue depuis 2011 en dents de scie dans un intervalle bas
entre 11% et 7%. Elle a été de 8,8% en 2020 contre 9,7% en 2019. Cette faiblesse structurelle
de la liquidité est une conséquence d’un facteur flottant limité ainsi que d’une typologie
d’investisseurs dominés par les « Institutionnels » dont l’horizon d’investissement est
globalement à moyen et long terme.
Evolution de la liquidité du marché boursier
15%
14,4%
11,1% 10,4%
10% 9,7%
10,7%
8,8%
9,6% 9,5%
9,0%
8,3% 8,5%
7,6%
5%
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : Bourse de Casablanca
78
Le ratio de liquidité est une moyenne mobile du volume mensuel non doublé des marchés central et de blocs sur la capitalisation
fin de mois, calculée sur une année glissante.
Afin de répondre aux attentes des investisseurs intéressés par des valeurs liquides, la Bourse
de Casablanca a lancé en décembre 2020 un nouvel indice compact, le MSI20 « Morocco
Stock Index 20 ». Cet indice comporte les 20 premières valeurs en termes de capitalisation
flottante et de liquidité.
Le secteur des sociétés de bourse dispose globalement d’une bonne assise financière malgré une
diminution du chiffre d’affaires consolidé en 2020.
Les revenus des sociétés de bourse ont diminué en 2020 après une nette amélioration
enregistrée en 2019. En effet, le chiffre d’affaires consolidé des intermédiaires boursiers
s’est établi à 210,4 millions de dirhams en 2020 contre 372,2 millions de dirhams en 2019
et 188 millions de dirhams en 2018. En dépit d’une légère amélioration de 6% du volume
transactionnel sur le marché central, ce recul de près de 43,5% s’explique par :
- La réduction de 41% des transactions sur le marché de blocs ;
- La baisse de 76% du volume d’opérations d’augmentations de capital ;
- La baisse de 49% du volume des opérations d’apports de titres.
Cette situation a impacté négativement la profitabilité opérationnelle des sociétés de
bourse. En effet, leur résultat net consolidé a atteint 28,7 millions de dirhams en 2020 contre
77 millions de dirhams en 2019, soit une baisse de 62,7%.
Evolution des indicateurs financiers des sociétés de bourse
en 2011 et 2020 (en MMAD)
680,0
611,0
584,0 570,0 569,7
556,0 546,0 548,0
512,0 499,3
372,2
317,0
251,0 245,5
197,0 210,4
172,0 173,0 185,0 188,0
168,0
77,0
57,0 45,0 51,0
28,0 14,0 22,0 28,7
-9,0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Onze sociétés de bourse sur dix-sept ont enregistré des résultats nets positifs en 2020. La
faiblesse des résultats de quelques sociétés de bourse, principalement les indépendantes,
induit un risque faible sur leur situation financière avec des impacts limités en cas de
défaillance et ce, compte tenu des différents mécanismes d’atténuation des risques.
En termes de structure financière, les sociétés de bourse jouissent dans l’ensemble d’une
bonne assise financière avec des fonds propres consolidés de 499,3 millions de dirhams en
2020, en baisse par rapport à 2019 où les fonds propres s’élevaient à 548 millions de
dirhams.
Il est à noter, toutefois, que le secteur de l’intermédiation boursière reste concentré avec
30% des sociétés de bourse réalisant près de 60% de parts de marché. Lesdites sociétés sont
toutes des filiales d’établissements bancaires.
Encadré N°13 : Dispositif réglementaire et de garantie du marché boursier
Le dispositif réglementaire et de garantie sécurisant le fonctionnement du marché repose sur les règles et mesures
suivantes :
▪ Des règles prudentielles applicables aux sociétés de bourse ;
o Les fonds propres des sociétés de bourse ne peuvent être inférieurs au montant minimum de
leur capital social ; Le montant du capital social des sociétés de bourse ne peut être inférieur à
:
▪ 1.500.000 DH pour celles ayant pour objet exclusif l'exécution de transactions sur les
valeurs mobilières pour le compte de la clientèle, le conseil et le démarchage de la
clientèle pour l'acquisition ou l'aliénation de valeurs mobilières ;
▪ 5.000.000 DH pour celles qui, outre les opérations ci-dessus, réalisent :
• Les opérations pour compte propre ;
• La garde des titres ;
• La gestion de portefeuille de valeurs mobilières en vertu d'un mandat ;
• La participation au placement de titres émis par des personnes morales
faisant appel public à l'épargne.
o Les soldes créditeurs des comptes de la clientèle doivent en permanence être représentés à
l'actif de la société de bourse par des emplois en actifs liquides.
o La valeur totale des positions nettes prises par les sociétés de bourse en compte propre sur les
différentes valeurs émises par un même émetteur doit être en permanence inférieure à 40%
des fonds propres nets desdites sociétés de bourse. Toutefois, cette règle ne s'applique pas
aux valeurs émises ou garanties par l'Etat.
o La valeur totale des positions nettes d'un même client doit être en permanence inférieure à
une proportion de 10 fois les fonds propres nets des sociétés de bourse.
o Les sociétés de bourse doivent respecter en permanence un ratio de couverture des risques,
ledit ratio étant défini comme étant un rapport entre, d'une part, les risques encourus par les
sociétés de bourse sur les positions nettes prises pour compte propre et pour le compte de
leurs clients, et, d'autre part, leurs fonds propres nets. Le ratio de couverture des risques doit
être en permanence inférieur à 100%.
▪ Une procédure de garantie de bonne fin des opérations de bourse gérée par la bourse de Casablanca et
basée sur des appels de marges en fonction des volumes de transactions de chaque société de bourse ;
• Une ségrégation entre les avoirs de la clientèle et les avoirs propres du teneur de comptes au niveau du
Dépositaire central Maroclear.
▪ Un fonds de garantie mis en place dans l’objectif d’indemniser la clientèle des sociétés de bourse mises
en liquidation. Il est alimenté par les cotisations semestrielles des sociétés de bourse teneurs de
comptes. Le montant desdites cotisations est déterminé en pourcentage du volume des titres et espèces
conservés par chacune de ces sociétés. Le montant de ce fonds a atteint à fin décembre 2020 52,4
millions de dirhams contre 49,9 millions de dirhams à fin 2019, 47,4 millions de dirhams à fin 2018, 44,8
millions de dirhams à fin 2017 et 42 millions de dirhams à fin 2016.
Conformément aux dispositions de l’article 89 de la loi 19-14 relative à la Bourse des valeurs, aux sociétés de
bourse et aux conseillers en investissement financier, l’intervention du fonds de garantie est subordonnée à la
constatation par l’AMMC de la mise en liquidation d’une société de bourse. A ce jour, l’AMMC n’a constaté aucune
situation de défaillance et n’a pas eu à activer le fonds de garantie.
Résilience de l’activité de la gestion d’OPCVM face à la crise avec un actif net qui poursuit sa
progression pour atteindre 523 milliards de dirhams
600 000
550 000
500 000
450 000
400 000
350 000
300 000
250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Concernant la dynamique de création des fonds, 138 OPCVM ont été créés au cours des sept
dernières années dont près de la moitié sont des fonds obligataires avec 68 fonds créés,
suivis des fonds diversifiés et monétaires avec respectivement 41 et 18 fonds créés. Les
fonds actions arrivent en dernier avec 11 fonds créés durant la période allant de 2014 à
2020.
En dépit du contexte de crise, la dynamique de création des fonds s’est poursuivie en 2020
avec 28 fonds créés. Une tendance vers les fonds obligataires a été observée. En effet, sur
un total de 28 fonds créés, presque les deux tiers, soit 18 fonds concernent la catégorie
« Obligataires ». Le reste concerne la catégorie « Diversifiés » avec 4 fonds créés et 6 fonds
répartis à parts égales entre la classe « Monétaires » et la classe « Actions ».
Au 31 décembre 2020, 35% des OPCVM, soit 176 sont des fonds obligataires à moyen et
long terme (OMLT). En effet, ces derniers correspondent au profil d’investissement des
institutionnels, qui sont les principaux investisseurs en OPCVM.
Répartition du nombre et de l’actif net des fonds par catégorie d’OPCVM (2020)
1%
0,7% 7,1%
35% 19% 5,9%
13,8%
20%
13,8%
12%
13%
58,7%
■ Actions ■ Diversifiés ■ Monétaire ■ Obligations CT ■ Obligations MLT ■ Contractuel
Sources : Sociétés de gestion d’OPCVM et Calculs AMMC
Cette prédominance est reflétée également au niveau des actifs sous gestion. En effet, la
catégorie « OMLT » affiche à fin 2020, un actif net de 307,4 milliards de dirhams, soit 58,7%
de l’actif net total.
La collecte nette des OPCVM en 2020 est au plus haut depuis 2012, avec un pic à 44,6 milliards de
dirhams. Cette collecte est orientée principalement vers les OPCVM « obligataires » et OPCVM
« Monétaires » qui s’accaparent 96% des souscriptions.
En 2020, les actifs nets sous gestion ont progressé de 52,6 milliards de dirhams par rapport
à 2019, portés principalement par l’évolution importante de la collecte nette ressortie à plus
de 44 milliards de dirhams. Quant à l’effet valorisation, il n’a contribué qu’à hauteur de 8
milliards de dirhams à l’évolution de l’actif net.
Suite à une année 2019 marquée par une recherche de rendement de la part des
investisseurs, l’année 2020 s’est caractérisée par une aversion au risque dans un contexte
économique incertain et face à l’émergence de nombreux facteurs de risques. Ainsi,
l’analyse de la collecte par catégories d’OPCVM fait ressortir une nette orientation des
investisseurs en faveur des catégories présentant moins de risques, en l’occurrence les
OPCVM monétaires et obligataires. En effet, l’année 2020 relève un regain d’intérêt pour
les catégories « OCT » et « Monétaires » qui affichent respectivement des souscriptions
nettes de 7,9 et 12 milliards de dirhams contre des rachats nets respectifs de 4,8 et 2,7
Les autres catégories, en dépit d’un profil de risque plus élevé, ont pu tout de même
bénéficier de la bonne dynamique de collecte observée en 2020. Dans ce sillage, les
catégories « Actions » et « Diversifiés » affichent, chacune, une souscription nette à hauteur
de 1,6 milliard, tandis que la catégorie « Contractuelle » affiche de son côté une souscription
nette de 1,1 milliard de dirhams.
20 000
15 000
10 000
5 000
-5 000
-10 000
-15 000
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Recul des performances pour la quasi-totalité des catégories, avec un net repli pour les fonds
« Actions » et « Diversifiés »
L’analyse des indices de performances réalisés par les différentes catégories d’OPCVM en
2020 fait ressortir les tendances suivantes :
• Les fonds actions et les fonds diversifiés ont été fortement impactés par les
contreperformances de la Bourse de Casablanca. En effet, la catégorie « Actions »
passe d’une performance positive de +12,78% en 2019 à une contreperformance de
40
30
20
10
-10
-20
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Quoiqu’en légère augmentation, la volatilité de l’actif net des OPCVM reste globalement limitée en
2020.
L’actif net global des OPCVM reste globalement stable en 2020 en dépit d’une légère
augmentation de la volatilité à 10 semaines annualisées, qui est passée d’une moyenne
annuelle de 10,10% en 2019 à 11,47% en 2020. Elle a évolué à l’intérieur d’une fourchette
entre 7,45% et 15,26% en 2020 contre 4,93% et 17,94% en 2019. Les actifs nets des
catégories d’OPCVM « Monétaires » et « OCT » restent les plus volatiles en 2020 avec des
maximums respectivement de 36,67% et de 34,75%. Ces niveaux élevés de volatilité
s’expliquent par l’horizon d’investissement à court terme de ces catégories d’OPCVM qui
engendre des fluctuations des actifs nets avec des amplitudes plus prononcées.
50%
45%
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
04/01/19
29/01/19
23/02/19
20/03/19
14/04/19
09/05/19
03/06/19
28/06/19
23/07/19
17/08/19
11/09/19
06/10/19
31/10/19
25/11/19
20/12/19
14/01/20
04/03/20
29/03/20
23/04/20
18/05/20
12/06/20
07/07/20
01/08/20
26/08/20
20/09/20
15/10/20
09/11/20
04/12/20
29/12/20
— V.A Actions — V.A Diversifiés — V.A Monétaire — V.A OCT — V.A OMLT — V.A Global
Hausse sensible du poids de la dette souveraine dans l’actif global des OPCVM.
Les allocations d’actifs dans les portefeuilles des OPCVM ont connu de variations assez
importantes en 2020. En effet, les obligations émises ou garanties par l’Etat qui sont en
majorité constituées des BDT, ont consolidé leur position comme premier choix
d’investissement des OPCVM. Ainsi, la part des BDT s’est établie en hausse, passant de
46,6% à fin 2019 à 49,3% à fin 2020. Il en est de même pour les titres d’OPCVM dont la part
ressort à 5,1% à fin 2020 contre 4,1% à fin 2019. Ces augmentations surviennent au
détriment de la dette privée et des actions cotées. En effet, la part de la dette privée est
passée de 27,8% en 2019 à 26,7% en 2020. Quant à la part des actions, elle s’est établie à
7,8% en 2020 contre 8,7% en 2019.
0
Actions Dette souveraine Dette privée Titres Autres éléments
d'OPCVM d'actif
La hausse observée en 2019 du nombre des investisseurs dans les OPCVM s’est
poursuivie en 2020 mais à un rythme inférieur. En effet, le nombre de porteurs de
parts d’OPCVM s’est établi à 20.443 en 2020 contre 19.972 en 2019 et 18.949 en
2018. Cette augmentation provient d’une évolution contrastée selon les catégories
avec des hausses concernant la catégorie des personnes morales résidentes ainsi que
la catégorie des personnes physiques résidentes, soit respectivement + 4% et + 2%.
Tandis que le nombre de personnes physiques et morales non résidentes s’est établi
en baisse en 1%.
28150
25173
23100
25 000
22937
19 972 20 443
18111 18 775 18 949
20 000 18006
15 000
10 000
5 000
0
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Personnes physiques résidentes ■ Personnes morales résidentes
■ Personnes physiques et morales non résidentes — Nombre total de porteurs de parts ou d’actions
La forte interconnexion entre l’activité de gestion des OPCVM et les secteurs bancaires et des
assurances peut favoriser la transmission des risques en cas de crise.
En se basant sur des données reçues dans le cadre des reportings réglementaires, il apparait
clairement que les entreprises financières occupent une place prépondérante dans le
secteur de la gestion collective. En effet, l’encours global des avoirs détenus par ces
dernières ne cesse d’augmenter passant ainsi de 328 milliards de dirhams en 2018 à 350
milliards de dirhams en 2019 pour atteindre un montant de 405 milliards de dirhams en
2020, soit plus des trois quarts de l’actif net total des OPCVM (77,4%).
Dans le détail, les compagnies d’assurances et les caisses de retraite restent les principaux
investisseurs en OPCVM avec un encours global de 239 milliards de dirhams, soit 45,8% de
l’actif net global. Cette catégorie d’investisseur, ayant un horizon d’investissement à long
terme s’oriente plus vers les OPCVM obligataires avec un encours de 179 milliards de
dirhams, soit 74,7% des montants investis, et plus précisément les OPCVM à moyen et long
terme (70% des montants investis). Les banques viennent en deuxième position avec un
encours global de 96 milliards de dirhams, soit 18,3% de l’actif net global, orienté
principalement vers les OPCVM obligataires à moyen et long terme (73,4% de l’encours
détenu).
Avec 15,9% des encours gérés par les OPCVM, les entreprises non financières restent
également des investisseurs importants en dépit de la baisse des montants investis qui
passent de 85,1 milliards de dirhams en 2019 à 82,9 milliards de dirhams en 2020. Cette
situation pourrait s’expliquer par la nature même de ces investisseurs, qui sont sensibles à
l’environnement économique et qui utilisent généralement les OPCVM pour des
investissements à court terme dans les fonds monétaires ou obligataires à court terme à des
fins d’optimisation de trésorerie.
Répartition de l’actif net des OCPVM par type d’investisseur (en millions de dirhams)
350 000
300 000
EF : Entreprises financières
ENF : Entreprises non-financières
250 000 PPR : Personnes physiques résidentes
ETR : Personnes physiques et morales étrangères
200 000
150 000
100 000
50 000
0
EF 2020 EF 2019 ENF 2020 ENF 2019 PPR 2020 PPR 2019 Etr 2020 Etr 2019
L’analyse détaillée de l’exposition des secteurs des banques et des assurances à celui de la
gestion d’actifs met en exergue l’existence d’une forte interconnexion entre d’une part, les
institutions financières et les marchés monétaire, obligataire et boursier et, d’autre part,
entre les institutions financières elles-mêmes. En effet, les institutions financières
détiennent 77,4% de l’actif global des OPCVM, lequel est investi à hauteur de 26,7% dans la
dette privée. Or, la dette privée est elle-même émise par les institutions financières à
hauteur de 63%. Ladite interconnexion est exacerbée également par les opérations réalisées
sur les marchés des repos et des prêts de titres entre les OPCVM et les institutions
financières.
A travers cette interconnexion, les risques peuvent aisément se propager au sein du système
financier, en particulier en cas de survenance de crise systémique.
Les agrégats financiers consolidés des sociétés de gestion évoluent favorablement profitant
de la bonne dynamique du secteur. En effet, le chiffre d’affaires consolidé des sociétés de
gestion au titre de l’année 2020 s’est établi à 1,42 milliard de dirhams contre 1,36 milliard
de dirhams un an auparavant, soit une hausse de 4,4%. Impacté par une hausse des charges
plus importante que celle des produits, le résultat net consolidé du secteur s’est établi en
légère baisse de 2% en 2020 contre une hausse de 11,2% en 2019. Dans ce sillage, les ratios
de rentabilité reculent avec une marge bénéficiaire qui ressort à 31,59% en 2020 contre
32,34% en 2019 ainsi qu’un Return On Equity (ROE) qui passe de 58,01% en 2019 à 56,81%
en 2020.
Sur le plan individuel, il convient de préciser qu’une seule société de gestion affiche un
résultat d’exploitation ainsi qu’un résultat net négatif.
Au niveau de la structure bilancielle, le secteur consolide son assise financière, avec un ratio
« Fonds propres/Total bilan » qui ressort à 51,99 % en 2020 contre 51,55% en 2019.
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
L’activité de gestion d’OPCVM reste concentrée au niveau des sociétés de gestion filiales d’institutions
financières.
La concentration de la gestion des OPCVM reste élevée avec une part de 75% du chiffre
d’affaires global réalisé par les cinq premières sociétés de gestion sur les dix-huit en activité.
Cependant, 83,4% de l’actif net global est géré par des sociétés de gestion, filiales
d’institutions financières qui jouissent d’une bonne solidité financière et disposent de
moyens organisationnels importants.
Part en Répartition des parts de marché des principales SDG
Catégorie de SDG Nombre Actif net au 31/12/2020
%
Autres SDG
SDG filiales de 25%
7 337 550 237 510,83 64,5%
banques SDG 1
25%
SDG filiale de la CDG 1 75 126 210 992,34 14,4%
SDG filiale de
compagnie 1 23 611 854 597,79 4,5%
d'assurances SDG 5
8%
Autres SDG 9 86 906 253 405,36 16,6% SDG 2
SDG 4 15%
Total 18 523 194 556 506,32 100% 13%
SDG 3
14%
La forte concentration du passif des OPCVM, conjuguée à une faible liquidité inhérente à certaines
catégories d’actifs, restent les principales zones de vulnérabilité du secteur.
Un niveau de concentration élevée est également à relever au niveau du passif des OPCVM.
En effet, les dix premiers porteurs de parts détiennent 47% de l’actif sous gestion. Cette
situation peut mettre les gestionnaires en difficulté en cas de demandes de rachats massives
émanant des porteurs de parts importants et ce, dans la mesure où la liquidité de certaines
catégories d’actifs reste faible, en particulier, celle de la dette privée. Les liquidités du
marché secondaire des BDT et du marché boursier étant également limitées. En cas de
survenance de crises, lesdites difficultés risquent d’être amplifiées.
60 70%
50 60%
50%
40
40%
30
30%
20
20%
10 10%
0 0%
Cl t 10
Cl t 11
Cl t 12
Cl t 13
Cl t 14
Cl t 15
Cl t 16
Cl t 17
Cl t 18
Cl t 19
Cl t 20
Cl t 21
Cl t 22
Cl 23
Cl t 24
5
Cl t 1
Cl t 2
Cl t 3
Cl t 4
Cl t 5
Cl t 6
Cl 7
Cl t 8
Cl t 9
t2
t
t
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
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ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
ien
Cl
Encadré N°15 : Encadrement des risques auxquels sont soumis les OPCVM
De par les actifs qui les constituent, les OPCVM sont principalement soumis à des risques de marché, de crédit, de
contrepartie, de liquidité, d’endettement et de valorisation. Le dispositif réglementaire qui encadre les risques des
OPCVM repose sur ce qui suit :
Quasi-stagnation de l’encours des fonds de titrisation après 7 ans de hausses continues et ce, dans le
sillage du recul du volume des émissions.
L’évolution du secteur de la titrisation met en exergue la baisse du volume des émissions
des fonds communs de placement en titrisation (FPCT) sur le marché marocain. Elles se sont
établies à 888 millions de dirhams en 2020 contre 3,36 milliards de dirhams en 2019 et 4,34
milliards en 2018. Deux fonds ont été autorisés en 2020 et portent sur la titrisation d’actifs
immobiliers.
Liste des autorisations de FPCT en 2020
Source : AMMC
A fin 2020, le total actif (encours global) des FPCT s’élève à 9,91 milliards de dirhams contre
9,75 milliards de dirhams en 2019 et 7,83 milliards de dirhams en 2018.
Evolution du total actif ( encours global) des FPCT (en millions de dirhams)
12 000
9 754 9 909
10 000
7 831
8 000
6 481
6 000
4 424 4 736
4 319
4 000 3 220
2 259
2 000
0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Evoluant en dents de scie, l’activité de capital investissement affiche une légère croissance des
investissements en 2020 et ce, malgré un contexte de crise.
Dans un contexte de crise sanitaire, l’activité du capital investissement (private equity) s’est
montrée résiliente au vu de l’évolution des montants levés et des investissements réalisés
en 2020.
1478 1492
1318 1350
946 969
916
666
481 481
50
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
En effet, les montants levés par les investisseurs en capital se sont établis à près de 1,35
milliard de dirhams en 2020, en légère baisse de 9,5% par rapport à l’année 2019 où les
montants levés avaient progressé de 54%. Les fonds transrégionaux s’accaparent 58% des
levées en 2020 et 73% depuis 2012.
Répartition des montants levés selon le type de fonds (en millions de dirhams)
4022
3732
2422 2624
234
Le cumul des montants levés à fin 2020 s’élève à 21,7 milliards de dirhams dont 16,2
milliards de dirhams pour le capital investissement et 5,5 milliards de dirhams pour les fonds
d’infrastructures.
A fin 2020, le nombre de fonds d’investissement ayant opté pour la forme d’OPCC79 est resté
le même comparé à l’année 2019, soit huit fonds. En revanche, l’actif net total s’est établi
en hausse de 13,6%, passant de 928,16 millions de dirhams en 2019 à 1,05 milliard de
dirhams en 2020. Il est à rappeler, par ailleurs, qu’en optant pour le statut d’OPCC, les fonds
d’investissement sont tenus de respecter des limites fixées par la réglementation y afférente
sous la supervision de l’AMMC.
79
Organisme de placement commun en capital.
services et de transport viennent en deuxième position avec 27% des entreprises investies.
Le secteur des technologies et le secteur primaire sont faiblement investis avec des parts
respectives de 5% et 1% des entreprises investies.
13%
15%
14%
12%
■ Secteur primaire ■ Industrie automobile ■ TIC ■ Santé ■ Industrie agroalimentaire
■ Distribution et négoce ■ Construction BTP ■ Autres industries ■ Services et transport
Par ailleurs, il a été constaté en 2020, une hausse notable des investissements dans les
entreprises en phase de transmission, dont la part passe de 1% en 2019 à 13% en 2020.
5% 7% 5% 7%
1% 1% 1%
2%
1%
16% 13%
23%
93%
75% 79%
71%
Sur le plan des montants investis en 2020, ils se sont établis en hausse de 5% par rapport à
l’année précédente. Ainsi, ils passent de 765 millions de dirhams en 2019 à 804 millions de
dirhams en 2020. Les montants investis ont évolué en dents de scie durant les dix dernières
années avec un pic historique atteint en 2018 à près de 1,2 milliard de dirhams et un plus
bas de 305 millions de dirhams enregistré en 2012.
2020 804
2019 765
2018 1198
2017 343
2016 798
2015 511
2014 685
2013 718
2012 305
2011 381
Concernant les désinvestissements, 10 actes ont été enregistrés en 2020, pour un montant
global de 220 millions de DH, contre 796 millions de DH en 2019, soit une baisse de 72,4%.
A fin 2020, les fonds ont investi depuis leurs créations un cumul de 9,3 milliards de dirhams
dans plus de 210 entreprises et ont réalisé 132 actes de désinvestissements pour un
montant global de 5 milliards de dirhams, soit un encours de 4,3 milliards de dirhams. Ce
niveau d’encours ne revêt pas un caractère systémique.
Mode de sortie en valeur Evolution des désinvestissements (en MDHs)
3%
22% 968
796
448
30% 360
314
30% 220
182 205
81 99
15%
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ IPO ■ Industriels ■ Management ■ Marché secondaire ■ Payback
Sur le plan de la rentabilité, le secteur du capital investissement affiche à fin 2020 un TRI
brut moyen de 13% ainsi qu’un multiple global de 2 fois, pour une durée moyenne
d’investissement de 6,3 années. Par stade, le TRI brut et le multiple s’établissent
respectivement à 17% et 1,8 fois dans la transmission, 13% et 2,3 fois dans le
développement et 2% et 1,2 fois dans l’amorçage/risque.
2.0X
13%
17% 2.3 X
13% 1.8 X
1.2 X
2%
sociétés de gestion ont ainsi été agréées et le nombre d’OPCI créé a atteint à la fin de l’année
sept fonds dont l’actif net global est de 6,1 milliards de dirhams.
6 094
3 477
S1 2020 S2 2020
Evolution du volume des opérations de prêt (en milliards de dirhams) Evolution de l’ecours de prêt de titres (en milliards de dirhams)
180 167 40 38 37
160 152 35
35
140 31
30
30 27 28 28
113 117
120 110 25 25 26
24 24
95 98 25
100 90
83 79
76 75 76 20
80 71 70 69
65
58 58 15
60 50 51 50
43 46
40 10
20 5
0 0
T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 déc.-19 janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20 juil.-20 août-20 sept.-20 oct.-20 nov.-20 déc.-20
2015 2015 2015 2015 2016 2016 2016 2016 2017 2017 2017 2017 2018 2018 2018 2018 2019 2019 2019 2019 2020 2020 2020 2020
des titres de dette privée a quasiment stagné en passant de 10,72% en 2019 à 10,21% en
2020.
Ventilation des opérations de prêt par catégorie de titres en 2020
BT 1,41%
BSF 0,79%
BDT 89,43%
…avec une augmentation de la durée moyenne des prêts sauf pour les BSF.
La durée moyenne des prêts de titres a augmenté pour la majorité des catégories de titres,
et varie entre 3 et 5 semaines en fonction du type d’instrument financier. En effet, la durée
moyenne des prêts passe de 2,1 semaines en 2019 à 3 semaines en 2020 pour les BDT. La
plus forte augmentation concerne la durée moyenne des prêts des BT qui a atteint quatre
semaines en 2020 contre une semaine en 2019.
A l’inverse, la durée moyenne des prêts des BSF a baissé en passant de 5,9 semaines en 2019
à 4 semaines en 2020. Notons que les obligations privées n’ont pas fait l’objet d’opérations
en 2019 et en 2020.
24,0
15,0
12,0
10,0 9,0
8,0
6,1
4,8 5,0 6,0 5,9
4,0 3,0
3,0 1,6 3,9 4,0 4,0 4,0 4,0
3,0 0,0 3,0 2,0 2,4
2,1 2,0
1,0
0,0 0,0
Les OPCVM et les banques demeurent les principaux intervenants sur le marché…
Les prêteurs restent majoritairement les OPCVM en dépit de la légère baisse de leur part
qui passe de 88,18% en 2019 à 86,58% en 2020. Ils sont suivis par les Banques dont la part
reste presque au même niveau, soit 10,85% en 2020 contre 11,06% en 2019.
Coté emprunteurs, les banques demeurent en première position en 2020 en dépit de la
légère baisse de leur part à 60,46% contre 61,5% en 2019. En deuxième position, les Sociétés
Non Financières représentent 19,87% du volume des emprunts en 2020 contre 8,8 % en
2019. En effet, les Sociétés Non Financières (sociétés de gestion privée et sociétés
immobilières) sont devenues actives sur le marché de prêt de titres en tant qu’emprunteurs
à partir du mois d'août 2019. La part des sociétés d’assurances et de réassurances a
également augmenté à 6,14% en 2020 contre 5,08% en 2019, de même que celle des
OPCVM qui a atteint 4,74% en 2020 contre 2,86% en 2019. Les autres catégories
d’emprunteurs ont affiché une baisse de leurs parts, à savoir :
- Les sociétés de gestion qui passent de 1,92% en 2019 à 1,10% en 2020 ;
- Les « autres auxiliaires financiers » qui passent de 15,5% en 2019 à 4,41% en 2020.
Ventilation des prêteurs, par catégories d’agents économiques Ventilation des emprunteurs, par catégorie d’agents économiques
Banques 60,46%
Sociétés de gestion
1,10%
Sociétés d'assurance
OPCVM 86,58% et de réassurance
6,14%
OPCVM 4,74%
Etablissements de
crédit assimilés 2,97%
Compagnies
financières 0,10%
…avec une prédominance des prêts sans collatéral impliquant les OPCVM comme prêteurs.
La majorité des opérations de prêt de titres est réalisée sans collatéral généralement entre
banques et OPCVM gérés par les sociétés de gestion appartenant à un même groupe. En
effet, pendant l’année 2020, 82% du volume total de prêt de titres est conclu sans collatéral.
Cependant, les prêts de titres sans collatéral demeurent réglementairement limités à 10%
de l’actif net de chaque fonds. A noter qu’une augmentation des opérations garanties par
d’autres titres a été relevée pendant la période s’étalant de mars 2020 à juin 2020, et qui
correspond à la période de crise liée à la pandémie Covid-19.
E. INVESTISSEURS
Après une tendance haussière qui a débuté en 2018, le nombre de comptes titres a
légèrement baissé en 2020. Il s’est établi à 146.111 à fin décembre 2020 contre 160.549 une
année auparavant, soit une baisse de 9%. La baisse concerne principalement la catégorie
des personnes physiques résidentes, qui est passée de 137.453 comptes titres à fin 2019 à
122.200 à fin 2020, soit une baisse de 11,10%, et s’explique par l’assainissement, par une
banque de la place, des statistiques des personnes physiques résidentes.
204 222
200 000
174 018
160 585 160 549
120 659 141 270 136 028 146 482 146 111
150 000
120 480 125 689
106 674 103 800
100 000
50 000
0
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ Personnes physiques résidentes ■ Personnes morales résidentes ■ Personnes physiques non résidentes
■ Personnes morales non résidentes — Nombre total de comptes-titres
Prédominance continue des OPCVM et des personnes morales résidentes dans les transactions
boursières sur le marché central.
En 2020, les OPCVM et les personnes morales marocaines restent les principaux animateurs
du marché boursier, avec une part cumulée de 73%, en léger recul par rapport à 2019 où la
part avait atteint 76%. Le poids en termes de volume de transactions des OPCVM a
légèrement augmenté en passant de 36% en 2019 à 37% en 2020 et celui des personnes
morales marocaines a baissé à 36% en 2020 contre 40% en 2019.
Les personnes physiques marocaines ont été plus actives sur le marché boursier dans la
mesure où leur part est passée de 7% en 2019 à 12% en 2020. Quant aux personnes
physiques étrangères, leur part reste très limitée à hauteur de 0,78% en 2020 contre 0,75%
un an auparavant.
Les parts des personnes morales étrangères et des clients des réseaux bancaires ont
légèrement baissé respectivement de 13% et 3% en 2019 à 12% et 2% en 2020.
100% 3% 2%
6% 0,75% 0,78%
4%
13% 12%
15% 7%
80% 12%
40%
36%
31%
60%
40%
30%
36% 37%
20%
14%
0%
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
■ OPCVM ■ Personnes morales étrangères ■ Personnes morales marocaines
■ Personnes physiques marocaines ■ Personnes physiques étrangères ■ Réseau Bancaire
Source : Sociétés de Bourse et Calculs AMMC
Les OPCVM et les personnes physiques marocaines restent quasiment les seuls positionnés à l’achat à
la fin de l’année 2020.
Sur l’année 2020, les OPCVM ont cumulé sur le marché boursier une position nette
acheteuse de 1,07 milliard de dirhams et ce, après une position nette acheteuse de 3,1
milliards de dirhams en 2019. Toutefois, cette position a varié tout au long de l’année en
fonction de l’évolution du marché, en passant d’une position nette acheteuse de 847
millions de dirhams à la fin du premier trimestre à une position nette vendeuse de 43
millions de dirhams à la fin du troisième trimestre.
Profitant de la baisse des cours, les personnes physiques marocaines sont passées d’une
position nette vendeuse de 109 millions de dirhams à la fin du premier trimestre à une
position nette acheteuse de 390 millions de dirhams à la fin du troisième trimestre avant de
finir l’année avec une position nette acheteuse de 281 millions de dirhams. Une tendance
similaire, mais de moindre importance, a été relevée au niveau personnes physiques
étrangères qui sont passées d’une position nette vendeuse de 9 millions de dirhams à la fin
du premier trimestre à une position nette acheteuse de 10 millions de dirhams à la fin du
troisième trimestre avant de finir l’année avec une position nette acheteuse de 7 millions
de dirhams.
2,46%
12,79% 38,58% 11,94%
0,79%
0,77%
35,31%
36,02%
13,50%
36,01%
10,18%
3105
1078
281
7
-106 -63 -5
-805 -747 -268
-1385
-1094
OPCVM PME PMM PPE PPM RES OPCVM PME PMM PPE PPM RES
Par ailleurs, les personnes morales étrangères ont enregistré en 2020 une position vendeuse
nette de 1,09 milliard de dirhams et ce, après une position vendeuse nette de 805 millions
de dirhams en 2019. Il en est de même pour la clientèle du réseau bancaire avec des
positions nettes vendeuses en 2019 et 2020 respectivement de 1,39 milliard de dirhams et
268 millions de dirhams.
Pour leur part, les personnes morales marocaines ont enregistré en fin 2020 une position
globalement vendeuse de 5 millions de dirhams et ce, en passant par une position nette
acheteuse de 634 millions de dirhams en fin septembre 2020.
Poursuite de la tendance baissière de la part du flottant en bourse détenu par les non-résidents.
15%
14,2%
13,7% 13,8%
14%
12,7%
13% 12,5%
12,2%
12% 11,33%
12,1%
11,7%
11% 11,37%
10%
9,37%
9%
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Il convient de rappeler que cette tendance baissière avait commencé avec l’entrée en
vigueur en novembre 2013 de la requalification des valeurs cotées à la Bourse de Casablanca
par l’Index MSCI (Morgan Stanley Country Index) de la catégorie « pays émergents » à celle
de « pays frontières ». Ce déclassement avait été motivé par la faiblesse de la liquidité.
La valeur des avoirs conservés par Maroclear s’est élevée à fin 2020 à 1.951,46 milliards de
dirhams, en progression de 3,71% par rapport à 2019. Cette hausse résulte principalement
de l’augmentation de 43 milliards de dirhams de l’encours des BDT, suivie des
augmentations de l’encours de la dette privée ainsi que de l’actif net des OPCVM
respectivement de 5 et 31 milliards de dirhams. Concernant la capitalisation boursière, elle
a connu une baisse de près de 15 milliards de dirhams mais reste toujours la première
composante avec une part de près de 32% des avoirs conservés.
Evolution du volume des avoirs conservés Répartition du volume des avoirs conservés par catégorie de titres
OPCI OPCC
2 000 90% Obligations et 0,25% 0,02%
1 800 TCN 12,60%
80% Actions
31,93%
1 600 70%
1 400
60%
1 200 OPCVM
50%
1 000 24,42%
40%
800
30%
600
400 20%
200 10%
BDT
- 0%
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 30,78%
■ Volume des avoirs conservés (en milliards de Dhs) — Part des flux Maroclear/flux financiers globaux
Source : Maroclear
avec une baisse plus marquée au niveau de la filière Bourse, soit – 37,5%. La filière de gré à
gré qui s’accapare 99% des flux affiche, quant à elle, une baisse de 17,5%.
Moyenne quotidienne des flux dénoués par Maroclear (en millions de dirhams)
800 70 000
700
60 000
600
50 000
500
40 000
400
30 000
300
20 000
200
100 10 000
- -
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Source : Maroclear
Le Dépositaire central affiche une bonne maîtrise de ses risques opérationnels, avec des incidents
ressortis en baisse de 71% 2020.
Le nombre d’incidents déclarés par le Dépositaire central en 2020 ressort en net recul. En
effet, deux incidents ont été enregistrés en 2020 contre 7 en 2019 et 4 en 2018. Les incidents
relevés ont toujours une criticité modérée.
Ventilation des incidents par processus
Criticité Nature de l’incident 2017 2018 2019 2020
Gestion des opérations 10 1 2 -
Télécom - 1 - -
Systèmes - - - 2
Source : Maroclear
Dans le cadre du renforcement de son dispositif de gestion des risques, Maroclear a réalisé
plusieurs actions en 2020, dont notamment :
• L’audit de surveillance du Système de Management de la Sécurité de l’Information
de MAROCLEAR « SMSI » conformément à la norme ISO 27 001 ;
• La réalisation de la première étape de l’audit de certification du Système de
Management de la Continuité d’Activité « SMCA » conformément à la norme ISO
22 301.
Le taux de suspens des transactions boursières demeure très faible et suit une tendance baissière.
Les statistiques relatives aux suspens des transactions boursières montrent que le risque de
contrepartie de l’activité boursière reste très maitrisé, comme en témoigne le taux de
suspens relevé en 2020. En effet, ce dernier s’est établi à 0,08% en termes de nombre
d’opérations, contre 0,26% en 2019. En termes de volume, le taux de suspens est resté
quasiment stable pour s’établir à 0,30% en 2020 contre 0,31% en 2019.
0,36%
0,33%
Taux de suspens
0,26%
en nombre
0,08%
0,44%
0,52%
Taux de suspens
0,31%
en volume
0,30%
Un nombre d’incidents au niveau de la Bourse de Casablanca qui reste très limité et sans gravité et ce,
en dépit d’une légère hausse.
L’année 2020 a enregistré une légère hausse dans la survenance des incidents opérationnels
des plateformes techniques de la Bourse des valeurs avec 6 incidents contre 2 seulement
en 2019. Il est cependant à préciser que l’impact de ces incidents sur le bon fonctionnement
du marché varie entre faible et modéré.
Ventilation des incidents par processus
Criticité Nature de l’incident 2017 2018 2019 2020
Plateforme de cotation 2 - -
Statistiques et indices - 1 - 1
Faible
Télécom - - - 1
Système de compensation - - - 1
Plateforme de cotation 4 1 1 1
Modérée Système 1 1 - -
Télécom 3 1 1 2
Mesures prises par Maroclear et la bourse de Casablanca dans le cadre de la gestion de la crise
sanitaire
La Bourse de Casablanca et Maroclear ont mis en œuvre une série de mesures visant à
assurer un fonctionnement optimal du marché durant la crise sanitaire, à savoir :
• L’activation de la cellule de crise et le veille continue de la situation
épidémiologique ;
• L’anticipation sur le dispositif de gestion des aspects opérationnels, techniques et
de communication pour garantir la continuité d’activité.
La coordination et suivi avec les prestataires critiques et les partenaires pour tenir compte
de leur degré de préparation afin d’anticiper les éventuels impacts sur les activités.
En termes de mesures qui concernent la place financière, les entreprises de marché ont
aménagé les horaires de négociation et de dénouement en adoptant, pendant la durée du
24 mars à fin juin, les horaires prévus habituellement pour le mois de Ramadan, soit de
10h00 à 13h30 au lieu de 09h30 à 15h40 en temps normal.
Le Comité sur les Paiements et les Infrastructures de Marché (CPMI) et le Comité Technique
de l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs relevant respectivement de la
Banque des Règlements Internationaux (BRI) et de l’Organisation Internationale des
Commissions de Valeurs (OICV) se sont conjointement attelés, en avril 2012, à réviser et
renforcer les principes en place relatifs aux Infrastructures de Marchés Financiers (IMFs).
Certains principes ont pour objet la promotion de la transparence et de l’équité, c’est
notamment le cas des principes 18, 23 et 24.
En effet, selon le principe 23 de la BRI, portant sur la communication des règles, procédures
clés et données de marché, une IMF devrait entre autres, compléter régulièrement le Cadre
d’information pour les infrastructures de marchés financiers établi par le CPMI/OICV et
rendre publiques les mesures qu’elle prend pour appliquer ce cadre.
A cet égard, Bank Al-Maghrib à travers les différentes missions d’évaluation sur place qu’elle
mène, a recommandé aux IMFs de compléter et de publier ce cadre d’information.
Ainsi, au titre de l’année 2020, Bank Al Maghrib a accompagné les IMFs dans leurs premiers
exercices d’élaboration dudit cadre, lequel sera soumis à une mise à jour tous les deux ans.
Cette communication d’informations documentées sur les IMFs, a pour objectif principal
l’amélioration de la transparence globale de l'IMF et de ses cadres de gouvernance vis-à-vis
d’un large public comprenant les autorités, les participants actuels et potentiels de l'IMF et
le grand public.
couvertes, même dans les conditions les plus extrêmes du marché. Il est important
également de développer un plan de fermeture ordonnée et un plan de redressement
listant tous les scénarios où la CCP manquerait à ses obligations.
Les conclusions dudit rapport ont été présentées à l’ensemble des parties prenantes lors du
Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques de Décembre 2020.
Par ailleurs, vu l’importance du dispositif de gestion des risques pour assurer la stabilité
financière, il est prévu de diligenter une seconde mission portant sur le redressement et la
résolution de la CCP afin d’aboutir à un régime adapté au contexte marocain.
Dans le cadre des missions d’évaluation de leur conformité aux Principes pour les
Infrastructures de Marchés Financiers (IMFs) du CPMI/IOSCO80, notre Institut a
recommandé à ces infrastructures de conduire régulièrement des stress tests afin de
déterminer le montant des liquidités nécessaire pour couvrir leurs obligations de paiement
et vérifier à intervalles réguliers si le niveau de ces liquidités est suffisant. Ces tests devront
permettre également de s’assurer que les sûretés et les autres ressources financières qui
garantissent les expositions d’une IMF aux risques de crédit et de liquidité soient suffisantes
pour couvrir l’intégralité des pertes de crédit qui en résultent. Bank Al-Maghrib a mené ses
propres exercices de stress tests du SRBM, à l’aide d’une solution logicielle de la Banque
Centrale de Finlande81 au cours des mois de novembre et décembre 2020 afin de mesurer
la résilience de ce système de paiement d’importance systémique et ce, à travers un
ensemble de scénarii extrêmes mais plausibles.
Le stress test menés au niveau du SRBM a permis d’identifier les problématiques de liquidité
qui pourrait survenir au niveau du système suite à la défaillance financière ou opérationnelle
d’un participant systémique. Il a permis également d’identifier les problèmes potentiels qui
peuvent être résolus par le comportement dynamique des participants et de
Bank Al-Maghrib.
80
CPMI-IOSCO (2012). Principe 7 des PFMI sur le risque de liquidité.
81
BoF-PSS2 qui est un logiciel informatique développé avec le sponsor de la BOE, la BOC et la FED, sous licence multi-utilisateurs
gratuite, avec une interface utilisateur graphique moderne et conviviale, doté d’une base de données pour plus de robustesse et de
fiabilité. Cet outil est utilisé par les banques centrales et les institutions académiques à travers le monde pour répondre aux nouvelles
exigences de la BRI, notamment les principes édictés par le CPMI/IOSCO pour les IMFs en 2012 et le CBSB pour la gestion des
liquidités intra-journalières en 2013.
Les cybermenaces constituent plus que jamais un enjeu de résilience de premier plan pour
le système financier en général, et les infrastructures de marchés financiers en particulier.
Les travaux de renforcement de la cyber-résilience se poursuivent en prenant en
considération notamment les éléments ci-après :
• La sécurisation des systèmes d’information est complexe, dans un contexte
d’augmentation du cyber-risque, qui rend nécessaire la capacité à réagir de façon
optimale en cas d’incident avéré. En effet, les moyens dont disposent les
organisations malveillantes sont de plus en plus importants et les canaux utilisés
pour accéder au système d’information se sont multipliés.
• La prise en compte de l’interdépendance opérationnelle croissante entre les
différents acteurs financiers et du recours à des fournisseurs tiers qui sont, pour
certains d’entre eux, devenus critiques à l’égard du secteur financier dans son
ensemble et plus particulièrement des infrastructures de marché. Cela se traduit par
une prise de conscience que la défaillance du maillon le plus faible peut avoir des
impacts sur l’ensemble du secteur financier.
L’objectif est de s’assurer que l’ensemble des acteurs dispose d’un niveau de protection
adapté aux menaces, couvrant tous les domaines de la cybersécurité, de l’identification des
risques au plan de la reprise d’activité, en passant par la détection des incidents et la
réalisation de tests d’intrusions.
Le cyber‑risque est une source importante de risque opérationnel, qui fait l’objet d’une
attention de plus en plus grande des régulateurs compte tenu des conséquences
potentielles sur la robustesse des infrastructures technologiques. A cet égard, une
directive82 du CPMI‑IOSCO a été publiée en juin 2016 qui dicte un certain nombre de
préconisations pour la cyber-résilience des IMFs. La Banque Centrale Européenne a lancé
une consultation en 2018 pour détailler davantage les orientations de la BRI sur la cyber-
résilience des IMFs et en décembre 2018, elle a publié la version finale de sa méthodologie
CROE qui a été endossée par la Banque Mondiale en janvier 2020. Celle-ci définit trois
niveaux d’attente83 qui fournissent aux surveillants et aux IMFs un référentiel permettant
d’évaluer leur niveau actuel de cyber-résilience, de mesurer leur progression et d’établir les
axes prioritaires d’amélioration. Après plusieurs travaux préparatoires pilotés par Bank Al-
Maghrib, la première auto-évaluation de la maturité de la cyber-résilience des IMFs au
niveau national a été finalisée en septembre 2020.
Parallèlement, et avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi 05-20 relative à la cybersécurité,
Bank Al-Maghrib a organisé des réunions avec la DGSSI et les IMFs pour examiner le plan
d’actions à mettre en place dans le cadre de la mise en conformité avec le nouveau dispositif
légal sur la cybersécurité.
Dans le cadre des travaux sur la stabilité financière, l’outil RIBAT (Risk Based Assessment
Tool) a été utilisé pour l’évaluation du pilier « Résilience des infrastructures des marchés
financiers ».
Au titre de l’exercice 2020, la notation du pilier « résilience des IMFs » ressort à 1,65, soit
un niveau quasiment stable par rapport à celui enregistré en 2019. Cette stagnation a
concerné tous les domaines d’évaluation de la résilience des IMFs, hormis le domaine risque
opérationnel qui a connu une légère dégradation de 0,4 due notamment au résultat de
l’auto-évaluation du niveau de cyber-résilience de chaque IMF selon la méthodologie CROE.
Néanmoins, cela correspond toujours à un niveau faible de risque sur la stabilité financière.
Organisation
3,0
2,5
2,0
1,5
Accès et transparence 1,0 Gestion des risques
0,5
0,0
1 2 3 4 5
Très faible Faible Moyen Elevé Critique
Plusieurs actions sont prévues en 2021 pour renforcer la résilience des IMFs dont les
principales se présentent comme suit :
▪ Suivi de la publication des IMFs du Cadre d’information pour les infrastructures de
marchés financiers établi par le CPMI/IOSCO afin d’améliorer leur transparence
globale et renforcer leur communication publique (2ème trimestre 2021) ;
▪ Transmission du rapport de l’auto-évaluation CROE aux IMFs pour la mise en place
d’un plan d’action pour améliorer leur cyber-résilience. L’objectif est d’atteindre, de
manière progressive à horizon 2022, un score cible de 90% au niveau de chacun des
domaines, en priorisant dès le 1er semestre de l’année 2021, le domaine ‘Réponse
et redressement’. Cela permettra de donner une assurance raisonnable quant à la
bonne maitrise des risques de cybersécurité ;
▪ Affinement des résultats du stress testing du SRBM en y intégrant le comportement
dynamique d’une banque lors d’une crise de liquidité et élargissement du périmètre
pour y inclure le scénario d’une défaillance opérationnelle d’un système exogène
(Maroclear et GSIMT).
350 5,5
330
310
5
290
270
250 4,5
230
210
4
190
170
150 3,5
2016 2017 2018 2019 2020
— Valeur totale (en milliards de dirhams) Echelle à gauche — Nombre de coupures (en milliards d'unités) Echelle à droite
Source : BAM
Encadré N°17 : L’effet de la crise Covid-19 sur la demande du cash au niveau mondial
Enfin, cette crise a été aussi pour certaines Banques Centrales l’occasion d’accélérer leur projet
de monnaies numériques ou de repenser leur position. Toutefois, elles ont souvent insisté dans
leur communication sur le fait que ces initiatives ne remettent pas en cause leur volonté
d’assurer aux citoyens un choix diversifié de moyens de paiement accessibles, sécurisés et
efficients. En d’autres termes, les paiements numériques ne sont pas mis en place pour
remplacer totalement le billet de banque, puisque le cash continuera encore de représenter,
dans les perceptions des citoyens, le moyen de paiement qui assure le mieux la fonction de
réserve de valeur et l’anonymat. En outre, il demeure accessible aux couches sociales
vulnérables, non bancarisées, ou celles ne maîtrisant pas les outils numériques ou tout
simplement n’y croient pas.
15 14 15
13 12 12
11 11 10 10 10
9 8 8
7 6 5 6 5 4 5 5
4 5 4
3
1 1
donné ses directives aux banques pour assurer, en continu, l’alimentation des GAB et
accordé aux Centre Privés de TRI l’autorisation d’effectuer le comptage et authentification
des billets sans recours au tri qualitatif. Ces derniers ont été aussi invités à définir un plan
de continuité d’activité et de rotation de leurs effectifs afin de pouvoir servir la place en cas
de dégradation rapide de la situation sanitaire.
En parallèle, et après les retraits exceptionnels enregistrés au cours de la troisième semaine
de mars, la Banque a procédé à l’actualisation de ses prévisions pour les besoins du marché
en cash et activé le recours à son stock PCA, mis en place dans le cadre de son plan de
continuité d’activité afin de pouvoir répondre à d’éventuelles hausses imprévues du cash
émanant notamment de chocs exogènes. En outre, Bank AL Maghrib a entamé la mise en
œuvre d’un programme de production supplémentaire pour assurer un stock de sécurité
confortable.
CA Chiffre d’Affaires
GE Grande Entreprise
BAM -- AMMC
BAM - ACAPS 234
ACAPS - AMMC 236
Liste des abréviations RAPPORT SUR LA STABILITÉ FINANCIÈRE - EXERCICE 2020
VC Valeurs cotées