Problèmes Économiques Contemporains - Support Du C
Problèmes Économiques Contemporains - Support Du C
Problèmes Économiques Contemporains - Support Du C
CONTEMPORAINS Accompagnement du
Cours (2023-2024)
L1 – Droit
Université de PARIS II
Professeur C. PONDAVEN
Ce cours est destiné à un public d’étudiants très nombreux qui débutent
leur première année de droit.
A dessein, le présent texte est rédigé en un style simple et direct.
Il requiert de nombreuses précisions que l’enseignement en amphithéâtre
s’efforcera de fournir, notamment au fil de réponses aux questions de son
auditorat.
Il se veut très synthétique, entendant se présenter comme un éclairage de
quelques grands problèmes économiques actuels, au travers d’un jeu de
notions choisies, en nombre limité.
Elles sont requises d’emblée dans la prise de notes, qu’il vous faut
apprendre : un chapitre de cours ne traite jamais, s’il est bien pensé par
l’enseignant, qu’un très petit nombre de questions-clés, avec un usage
restreint de concepts et de raisonnements adéquats, choisis pour leur
portée. Écouter ou lire un cours signifie d’abord s’efforcer d’identifier ces
questions, concepts et raisonnements, les recenser, les analyser en
profondeur, puis s’attacher à les mémoriser pour en user le plus
aisément1. Pas plus que le présent document ne se donnerait en ouvrage,
L’intelligence d’un cours ne consiste qu’en cette synthèse active sur des
bases conceptuelles, sans cesse reconduite et ses mémorisations.
La pratique fera très vite monter le niveau d’un étudiant. De la sorte, vous
disposerez d’un authentique savoir, personnalisé … original à terme, qui
sait.
Vous découvrirez sans doute assez vite, si vous procédez comme il vient
d’être recommandé, que ces travaux de synthèses réitérées amélioreront
sensiblement vos capacités de rédaction et d’expression orale : elles
vous formeront à aller à l’essentiel dans le traitement d’une question, d’où
devront procéder les développements demandés - l’art d’écrire et de
parler.
Cette expertise sera déterminante pour vos réussites universitaires,
professionnelles et au delà.
1 La typographie de ce cours souhaite vous aider : concepts essentiels mis en évidence, relations
fondamentales dégagées, séquences des raisonnements mises en exergue.
N’oubliez jamais que vous êtes venus à l’université pour acquérir des
savoirs2, les discuter, les personnaliser, puis dominer leur
présentation. Elle vous donnera, vous vous formerez !
2 En termes insistants on pourrait dire qu’il ne suffit pas de comprendre un cours, une conviction
toujours fugace ; il faut savoir – et pour cela savoir analyser et mémoriser.
INTRODUCTION
Ce cours s’attachera à la CONJONCTURE, c’est-à-dire la situation,
présente et anticipée dans la mesure du possible, d’un espace
économique.
A cette fin, le cours portera largement sur les comportements des agents
économiques et leurs rationalités de circonstance, ceux des ménages,
des entreprises, des administrations, des institutions financières, sans
oublier l’étranger que la comptabilité nationale désigne comme le reste
du monde dans la mesure où il noue avec notre pays des relations
d’échanges de biens et services, de productions internationalisées, de
négociations de titres, de transactions sur devises …
3 Les textes économiques sont beaucoup plus accessibles que les écrits des physiciens quantiques,
des spécialistes de topologie algébrique, des biologistes moléculaires ...
Concrètement, pour notre pays, il s’agissait d’attirer l’or prélevé par les
pays ibériques au NouveauMonde, qui s’était ensuite diffusé dans
l’Europe entière, en favorisant les ventes de marchandises françaises,
donc par le développement de nos EXPORTATIONS.
Ces politiques furent à ce point efficaces que l’or ramené des Amériques
se retrouva très vite hors des pays ibériques.
Par suite, ces économies furent envahies par les biens venus du reste de
l’Europe (moins chers) et se montrèrent inaptes à y exporter, ce qui les
conduisit à freiner leurs productions (trop chères). L’or ibérique gagna les
autres pays européens où il se répandit très vite.
L’Espagne et le Portugal après s’être fabuleusement enrichis par la
prédation des Amériques, se trouvèrent en marasme économique, pour de
longs siècles.
La question devait être soulevée, relative aux inconvénients d’un
excédent commercial.
7 L’extrême nord-ouest de cette région.
8 Les enclos religieux bretons, dans la province du Léon, témoignent par leur architecture et leurs
ornements de l’enrichissement de cette province avant l’erreur fiscale de Colbert.
9 Des négociants amassaient alors les grains pour en faire monter les cours, des spéculations
éhontées accentuant les difficultés d’alimentation : le « problème des farines », d’une acuité
considérable avant 1789.
10 Elle menait à réduire ou supprimer les taxes sur les importations et à admettre les sorties d’or
accompagnant ces entrées de blés étrangers.
12 Cette expression correspond au latin ceteris paribus qui évoque un « contexte par ailleurs
inchangé ».
13 La vitesse de circulation de la monnaie est assez invariante (on peut comprendre,
intuitivement, qu’il s’agit du rythme auquel une pièce passe de mains en mains ou de la fréquence
d’usage des cartes bancaires et des chèques) ; on peut supposer que Y est une donnée exogène
(non influencée par des variations de M, P ou V) : on est dans le cadre « toutes choses égales
(c’est-à-dire inchangées) par ailleurs »,
(b) En Angleterre, Adam SMITH allait poser les premières bases solides
de la théorie économique avec son ouvrage majeur Recherches sur la
nature et les causes de la Richesse des Nations (1776). Ses apports
peuvent être sommairement recensés ainsi :
15 Turgot avait vivement prôné la réduction drastique des dépenses de la cour, qu’il estimait
improductives.
- les législations financières souhaitées par les banques16 et les marchés
financiers, donnant un cadre juridique à leurs activités,
- le droit du travail,
- le droit de la concurrence qui régit – au niveau des instances
européennes - la concentration des entreprises,
De nos jours l’État agit aussi massivement par des transferts de revenus,
des allocations, des subventions ... dont le principe et la nécessité ne sont
contestés par personne.
+ Une LIBERTÉ DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX : il s’agit
pour les économistes classiques ne pas les freiner par des taxes diverses.
(c) Les analyses de Smith allaient être reprises par de multiples auteurs
jusqu’au terme du 19ème siècle, tels Malthus, Ricardo …
17 Émile Zola dans son roman Au Bonheur des Dames (1883), traitant de l’essor d’un grand
magasin, destructeur des petits commerces de son environnement, témoigne des connaissances que
l’on pouvait avoir des concurrences dans les années 1880, époque de rédaction par K. Marx de son
plus grand ouvrage, Le Capital. Peut-être a-t-il été plus attentif et précis que K. Marx ?
John M. Keynes dans les années 1930 avait tiré les leçons de la grande
DÉFLATION (chute de l’activité économique et recul des prix) qui partie
d’une crise boursière aux États-Unis, occasionnant un effondrement de la
demande, s’était diffusée planétairement : constatant qu’elle perdurait,
De son côté, notre pays est en déficit budgétaire depuis le milieu des
années 1970 ; l’État relance chaque année sans que notre croissance soit
garantie et que le chômage cesse d’être une grande préoccupation.
L’endettement désormais abyssal de l’État français20 est une source
d’inquiétudes considérables, à ce point préoccupant que notre politique
budgétaire cède ses marges de manœuvre.
Le keynésianisme a beaucoup perdu en crédibilité.
20 A côté de la dette de l’État (111.6 % de notre PIB à la fin 2022), il ne faut pas oublier la dette
privée, celle des entreprises (162 % de notre PIB si l’on tient compte des dettes inter-entreprises -
les délais de paiements - la moyenne européenne étant de 105%).
Chapitre II – LA CRAINTE
CONTEMPORAINE DE STAGFLATION
Commençons par évoquer l’aspect majeur de la conjoncture actuelle, qui
peut se présenter en trois facettes22.
De leur côté, les entreprises subissent l’envol des coûts de tous les biens
qu’elles doivent acquérir pour produire24 … et elles sont obligées, comme
vous le savez, de relever leurs prix de vente, mais aussi, en contrepartie,
les rémunérations de leurs salariés - afin qu’ils ne perdent pas trop en
POUVOIR D’ACHAT - ce qui alourdit encore leurs coûts de production,
les contraignant à des hausses de prix … Cette inflation s’auto-
entretient, en s’approfondissant dans la durée !
22 On vous suggère de mémoriser ceci pour structurer les connaissances proposées au fil des
premiers chapitres de ce cours.
23 Qu’il s’agisse d’un ordinateur, d’une voiture - des biens dits « durables » - ou d’un logement -
un bien « immobilier » ...
24 Des matières premières, des biens intermédiaires, de l’énergie, des machines-outils …
● La DÉFLATION correspond
(1) à une baisse des prix,
Ainsi sur un marché le rôle du PRIX est d’ajuster les offres et les
demandes.
Une baisse du niveau général des prix fournit ainsi aux entreprises un
SIGNAL de demande déprimée, les incitant à ne pas accroître ou même à
réduire leurs capacités productives.
Il en résulte la définition logique de la DÉFLATION : baisse des prix et
du niveau de production (du taux de croissance).
➢ On sera attentif au fait que l’inflation, la montée des prix des biens
produits chez nous, correspond à une PERTE DE COMPÉTITIVITÉ
de nos productions : une inflation plus forte chez nous que chez nos
partenaires commerciaux étrangers induira un recul de nos exportations
(nos entreprises perdront des parts de marché dans les pays où elles
s’efforcent de vendre) et une progression de nos importations (nos
entreprises perdront des parts de marché sur notre territoire national).
Nous sommes tous confrontés aux prix des biens alimentaires, des
services (nos recours aux coiffeurs, aux garagistes, aux transports, aux
abonnements téléphoniques, aux divertissements …), des téléphones ou
des ordinateurs, des automobiles, des loyers, de l’immobilier … Nous
avons tous constatés qu’ils ont sensiblement augmenté au cours des
derniers mois : ce phénomène bien concret car vécu, si aisé à percevoir,
est appelé INFLATION.
Mais il importe d’en donner une mesure pour cerner son ampleur et
disposer de son suivi !
Illustration : l’évolution mesurée du prix d’un unique bien
Supposons qu’un bien coûte 100 € ; s’il s’achète 112 € un an après (il est
12 € plus cher) on dira que son prix a augmenté de 12 % : le calcul est le
suivant112−100= 12 =12 %=0.12(12100 100 pourcents, 12 pour 100).
☐ à l’ensemble de tous les biens produits par les entreprises de notre pays
: le montant de cette production est donné par le PRODUIT
INTÉRIEUR BRUT français (PIB), noté usuellement Y dans les
modèles des économistes ;
OFFRE Y + M = C + I + G + X DEMANDE
A chaque agrégat correspond le niveau moyen des prix des biens qui en
relèvent.
Sur chaque agrégat on peut alors raisonner « en volume » ou en «
valeur » : ainsi, par exemple,
+ Y désignera le VOLUME des biens produits dans notre pays : notre
PIB en volume,
+ Y ☐ PPIB désignera, par la prise en compte des prix de tous les biens
nationalement produits, la VALEUR des biens créés dans notre pays :
notre PIB en valeur.
+ C ☐ PC désignera, par la prise en compte des seuls prix des biens de
consommation, notre CONSOMMATION en valeur.
+ I ☐ PI désignera, par la prise en compte des seuls prix des biens
d’investissement, notre INVESTISSEMENT en valeur.
31 Ainsi les MÉNAGES consomment, les ENTREPRISES investissent, les ADMINISTRATIONS
dépensent … les agents économiques sont donc identifiés par leur fonctions économiques.
L’idée de CLASSES SOCIALES est étrangère à la comptabilité nationale.
32 Elle est tenue par l’INSEE. Les Comptes de la Nation sont publiés chaque année (portant sur
l’année précédente) vers les mois de mai-juin. Les médias en font largement état.
33 Il faudrait ajouter, pour être complet, la VARIATION DES STOCKS DE BIENS, prenant en
compte les produits non encore vendus.
L’impact d’une hausse des prix sur les exportations d’un pays est une
grandeur déterminante : si notre pays propose des produits dont le prix
est en augmentation, la demande étrangère en diminuera, c’est-à-dire nos
exportations. Par ailleurs, sur notre sol les produits étrangers seront plus
compétitifs, nos entreprises y perdront des parts de marché, donc nos
importations augmenteront. Au total le solde de notre commerce
extérieur se dégradera
☐ différer ses achats, soit en espérant un recul futur des prix, soit afin
d’accroître son épargne (le revenu non-consommé35) de sorte qu’il y ait
préservation de son pouvoir d’achat ? On raisonnera en sachant que
l’épargne actuelle ouvre la possibilité d’une consommation accrue
demain, le financement d’études, l’acquisition d’un logement …
L’agent peut
(1) précipiter ses dépenses de consommation pour ne pas voir se réduire
le pouvoir d’achat des 1600 € qu’il y consacre.
Dans ce cas, sa consommation immédiate sera 1600 €, son épargne
atteindra 400 € et la valeur future de celle-ci serait 380 €.
(2) ou bien différer ses consommations pour accroître son épargne afin
de maintenir le pouvoir d’achat de celle-ci.
On voit qu’ un prêt immobilier sur 20 ans aura un taux d’intérêt plus
élevé qu’un prêt immobilier sur 10 ans : d’une part, le prêteur considère
qu’un horizon plus éloigné est plus risqué pour lui (que se passera-t-il
37 De multiples simulateurs de crédits sont disponibles sur internet. Les données ci-dessus en
proviennent.
38 Dans un emprunt effectif leur prise en compte est indispensable ; ces données toutefois peuvent
quelque peu se négocier avec l’organisme prêteur (nous avons préféré ne pas les introduire dans la
simulation).
40 Tout demandeur de crédit doit remplir de longs questionnaires livrant le montant de ses revenus
au regard de sa situation familiale, leur plus ou moins grande stabilité (emploi en CDI ou en
CDD), l’ampleur des emprunts déjà souscrits, l’importance du patrimoine … Un SCORING
(notation) de l’emprunteur est établi, déterminant son degré de risque.
Aujourd’hui les banques rejettent un pourcentage très élevé de demandes de crédits pour achats
immobiliers :
- le comportement des organismes de crédits est rationnel : il serait malsain que le secteur
bancaire se retrouve en difficultés du fait de défauts massifs des emprunteurs ; la consommation et
l’investissement (financés à crédit) seraient impactés par une situation fragile des établissements
de crédits.
- néanmoins, le marché de l’immobilier et l’activité de construction se retrouvent atones, ce qui
pèse sur la vigueur et la croissance de notre économie.
Nous sommes en présence d’un DILEMME !
Illustration :
Dans une salle de vente proposant l’acquisition d’un objet, le
commissaire-priseur annonce un prix.
I llustration :
Sur un marché à la criée (par exemple, le négoce d’une pêche) le coteur
doit placer une production. Il propose un prix et recense le volume des
demandes intéressées ; il sert cette demande à ce prix. Pour les produits
qui restent il propose un prix plus faible ...
Sur une place boursière à la criée41, le coteur doit « pricer » un titre.
Illustration :
Supposons qu’un chanteur gagne en notoriété :
- auparavant, au prix de 20 €, 1000 places de concert étaient vendues et
100 étaient placées à 50 € ;
43 Par exemple, les métaux sont des matières premières, les batteries qu’ils permettent de
fabriquer sont des produits intermédiaires et les voitures qui les intègrent sont des produits finis.
La montée de l’inflation (sur données diffusées par l’INSEE)
2023
Croissance Inflation
2024
Croissance Inflation 1.3 % 2.9 % 1.2 % 2.7 % 1.1 % 2.8 % 1.9 % 2.9 %
➢ Sur l’année 2024 cette institution de l’U.E. prévoit une montée des
prix en ZONE EURO de 2.9 %, escomptant ainsi une réduction sensible
de l’inflation.
Pour l’ensemble de l’UNION ÉCONOMIQUE (certains des pays de l’UE
n’ayant pas rejoint la zone euro) il est attendu une inflation de 3.2 %.
Sur cette même période elle anticipe une hausse des prix en FRANCE de
2.7 %, en ALLEMAGNE de 2.8 %, en ESPAGNE de 2.9 %, aux PAYS-
Là résida l’erreur !
On n’avait pas pris en compte divers facteurs acquérant une importance
inusitée :
Les salaires dans les années 1970 étaient indexés sur l’inflation : les
négociations entre patronat et syndicats obéissaient au principe d’un
rattrapage salarial de toute hausse des prix : l’inflation devait être à tout le
moins compensée par des hausses de salaires. La séquence irréfragable
inflation → hausse de salaire → hausse de l’inflation → hausse des
salaires → … condamnait notre pays à une inflation toujours plus
prononcée44.
Après l’explosion des prix au début des années 1980, ayant fini par
atteindre 14 % l’an, le Ministre de l’économie, Jacques Delors, suspendit
cette règle pesant sur les négociations salariales ; en très peu de temps,
l’inflation revint dans des zones plus supportables. Naturellement,
l’activité en souffrit.
Chapitre IV – LA CROISSANCE
Après cette première approche de l’inflation, venons-en à la croissance.
La crise financière de 2008, partie des États-Unis puis mondialisée, avait
sensiblement altéré l’activité économique. Le risque de déflation s’était
généralisé à l’échelle planétaire.
Dans notre pays, les revenus du travail (salaires) représentent les trois-
quart du revenu national, les revenus du capital (dividendes servis par
les actions, coupons servis par les obligations, revenus immobiliers …) en
constituent donc le dernier quart.
Ce partage est assez stable sur longue période.
45 Une entreprise produit en ayant recours aux productions d’autres entreprises qu’elle leur achète
- des matières premières, des machines, des logiciels … - et qui constitue ses consommations
intermédiaires. L’écart entre sa production commercialisée (le chiffre d’affaire) et ses
consommations intermédiaires constitue la valeur ajoutée de l’entreprise ; l’impôt acquitté par
l’entreprise sur sa production porte sur cette valeur ajoutée qui est donc la grandeur requise par les
services fiscaux.
Pour mesurer la production nationale, celle de l’ensemble des entreprises, en excluant
naturellement exclure les doublesemplois, il ne faut agréger que les valeurs ajoutées.
Précisons que le PIB intègre la production (marchande) des entreprises et la production (non-
marchande le plus souvent) de services par les administrations. La production d’une administration
est évaluée sur la base de ses coûts de fonctionnement (rémunérations de ses personnels,
acquisitions …).
2009 2009 2019 2019 Normes % Mds € % Mds € imposées par l’Union
Européenne Déficit public en % du PIB 7.5 % 143.8 3 % 73 3 %
Endettement public en % du PIB 77.6 % 1489 98.1 % 2380 60 %
% Mds €
Déficit public en % du PIB 4.7 % 125 - - 3 % Endettement public en %
du PIB 111.6 % 2950 112.5 % 3013.4 60 %
Depuis 2021 les anticipations d’inflation ont conduit la BCE (et les autres
banques centrales) à relever vivement les taux d’intérêt pour casser les
tendances inflationnistes.
Les incidences de cette politique monétaire sont plurielles :
- la consommation à crédit en souffre,
- les emprunts pour des travaux et des achats immobiliers, plus coûteux,
s’effondrent en entraînant un fort recul de l’activité du bâtiment
(essentielle à la croissance),
- pour la même raison l’investissement des entreprises, très largement
financé par des emprunts, est en difficulté.
L’activité économique dans notre pays est susceptible de s’étioler.
On voit que le relèvement des taux d’intérêt a pour but de casser la
demande, donc freiner l’inflation.
Néanmoins, deux observations essentielles doivent être formulées :
(1) L’inflation contemporaine ne s’expliquant nullement par un excès
de demande mais par une raréfaction de l’offre, cette politique
monétaire peut-elle être efficace ?
(2) Du fait de la hausse des taux, les emprunts lancés par l’État pour
couvrir les déficits budgétaires deviennent nettement plus coûteux,
tandis que leurs charges d’intérêt étaient insignifiantes auparavant. Or, la
charge d’intérêts des emprunts publics est intégrée aux DÉPENSES
Cette situation des comptes publics vaut à notre pays d’être évalué moins
favorablement par les AGENCES DE NOTATION (Standard&Poor’s,
Moody’s, Fitch) : l’État français est considéré comme un emprunteur
désormais non exempt de RISQUES DE DÉFAUT (il n’est plus
totalement exclu qu’il ne puisse faire face aux paiements des intérêts de
ses emprunts) ; sa note est en voie d’être dégradée.
2023
Croissance Inflation
2024
1 % 3 % 2.7 6.1 %
Néanmoins, il ne faut pas oublier que la croissance peut avoir des effets
regrettables sur l’environnement et qu’elle correspond à un prélèvement
sur les ressources non-renouvelables.
Il faut revenir sur les relations entre inflation et chômage : nous les
avons approchées dans leurs couplages ; il faut en déduire les incidences
sur l’efficacité des politiques économiques (politique budgétaire et
politique monétaire). Les débats théoriques et politiques ont été très vifs
en ces matières.
Dans les années 1950, un économiste, PHILLIPS, avait relevé sur des
graphiques de longue durée (relatifs à l’Angleterre entre 1867 et 1957)
une corrélation négative entre le chômage et la hausse des salaires : la
montée de l’une de ces grandeurs paraissait correspondre à la baisse de
l’autre.
Dans un tel cas, la politique économique n’a pas à intervenir pour faire
baisser le sous-emploi. L’analyse keynésienne ne s’applique pas.
Plus précisément, il est stipulé en droit social que le salaire versé51 doit
être au moins égal au SMIC52.
Lo = Ld ampleur du CHÔMAGE
Sur le tableau page suivante, on voit que le salaire minimum est du même
ordre en Allemagne et en France, légèrement supérieur à celui du
Royaume-Uni une économie ayant opté pour un libéralisme assez strict.
Illustration :
Par exemple, un salarié ayant reçu 50.000 € de rémunération brute sur
les deux dernières années (soit 731 jours calendaires), aura comme SJR
50.000=68.40 € le maximum de
731
(a) 57 % de 68.40, soit 0.57×68.40 €=38.99 €
(b) 40.4 % de 68.40 + 12.95 , soit 0.404×68.40 €+12.95 €=40.58 €
L’Allocation Journalière Brute sera donc 40.58 €.
Une dégressivité de l’allocation chômage est entrée en vigueur au 1er
juillet 2021 : elle concerne les demandeurs d’emploi de moins de 57 ans
et de SJR supérieur à 159.68 € par jour.
Supposons que l’on y recense 50 métiers à tisser à une date donnée, par
exemple le 1erjanvier : tel est son STOCK D’ÉQUIPEMENTS, dont on
pourra encore parler comme de son ENCOURS DE CAPITAL.
Supposons que 10 d’entre-eux doivent être mis hors service pour quelque
défaut de fonctionnement, quelque vétusté ou une technique périmée. On
en parlera comme d’un AMORTISSEMENT du capital : la perte de
valeur des biens d’équipement.
(b) des OBLIGATIONS peuvent être émises par une entreprise de taille
et renommée assez grandes pour lui ouvrir un accès aux marchés
obligataires : une obligation est un TITRE DE CRÉANCES, c’est-à-dire
une DETTE impliquant des paiements d’intérêt sous forme de distribution
(annuelle ou semestrielle) de coupons et un remboursement à l’échéance
inscrite sur le titre.
L’obligataire en tant que simple créancier ne détient aucun pouvoir de
gestion sur l’entreprise. Il peut revendre ses titres sur leur marché
financier, avant leur échéance, pour récupérer sa mise de fonds ; il est
Illustration :
(c) des ACTIONS peuvent être émises par une entreprise de taille et
renommée assez grandes pour lui ouvrir un accès aux marchés d’actions :
une action est un TITRE DE PROPRIÉTÉ représentatif d’une part du
capital d’une entreprise ; elle sert des dividendes à son possesseur pris
sur les profits réalisés59.
L’actionnaire en tant que propriétaire détient un pouvoir de gestion sur
l’entreprise, qu’il exerce en votant en Assemblée Générale des
actionnaires60.
57 De nos jours, en temps de difficultés économiques des entreprises, exposant à un risque de non-
remboursement des prêts et de non-paiements des intérêts, les banques se montrent réticentes à
répondre favorablement aux demandes de crédits. Elles agissent rationnellement pour éviter leur
propre mise en difficulté (qui ne seraient nullement à l’avantage de leur clientèle de déposants).
Mais l’impact économique de ces rationnements de crédits est redoutable.
58 Il s’agira de contrats à terme sur obligations ou d’options sur obligations : des titres ainsi
relatifs à d’autres titres, dénommés « dérivés ». Des produits pouvant atteindre un très haut niveau
de sophistication et de complexité d’emploi, issus de l’ingénierie financière.
Supposons qu’ un épargnant ayant acquis pour 100€ une action veuille
ultérieurement la revendre quand son cours en bourse est tombé à 95€ : il
Illustration :
Supposons qu’un investissement destiné à accroître des capacités de
production, avec un rendement annuel de 5 %, soit envisagé.
Supposons que l’entreprise n’ait accès qu’au crédit bancaire (elle serait
de trop faible dimension pour émettre sur un marché obligations ou un
marché d’actions) et qu’on ne lui propose qu’un taux d’intérêt de 6 %.
L’investissement devra être déprogrammé : il conduirait à des pertes.
60 Par exemple, il peut voter contre l’équipe managériale, s’il estime insuffisants les dividendes
versés, dans l’espoir de la faire remplacer.
61 Cette relation entre investissement et cours boursier de l’entreprise a été mise en exergue par J.
TOBIN.
On sera attentif au fait que l’inflation - la montée des prix des biens
produits chez nous - correspond à une PERTE DE COMPÉTITIVITÉ
de nos productions confrontées à celles de l’étranger : une inflation plus
forte chez nous que chez nos partenaires commerciaux étrangers induira
L’État avait dépensé sans compter en 2020 (le fameux « quoi qu’il en
coûte ») pour soutenir le revenu des ménages et les comptes des
entreprises, face au chômage partiel ainsi qu’aux fermetures de firmes et
commerces que le confinement avait induits.
Illustration :
Supposons que le revenu d’un agent augmente de 1000 €. Si la
consommation augmente alors de 800 €, le coefficient de proportionnalité
est de 0.8 : 800=0.8×1000.
Keynes envisage que cette proportion soit invariante, quel que soit le
revenu de l’agent. Cette vue est probablement outrée. Elle revient à dire
que l’épargne est inerte.
Illustration : suite
L’épargne permet aussi de faire face aux divers aléas – perte d’emploi,
dépenses imprévues … Le grand auteur (et critique de Keynes) abordant
ainsi les choix d’épargne fut M. Friedman. La réalité est plus conforme
aux analyses de M. Friedman qu’aux vues sommaires de Keynes.
On peut rapporter d’assez près les choix de consommation et d’épargne
d’un agent ayant bénéficié d’une augmentation de son revenu, à ceux
d’une collectivité à laquelle serait accordée une hausse des revenus. 66
L’idée d’une stabilité de la consommation est assez juste, si l’on entend par là qu’elle est la source
déterminante de l’activité. Néanmoins, la proportionnalité évoquée par Keynes est très discutable,
sans fondement.
Illustration : (suite, en macroéconomie)
1
1−c, le MULTIPLICATEUR KEYNÉSIEN.
Illustration : (suite, en macroéconomie)
Toutes les simplifications qui ont été relevées à l’encontre des hypothèses
keynésiennes ne sont à traiter qu’en commodités d’atteinte de ces
conclusions. Elles sont néanmoins bien fâcheuses !
- la relance par les dépenses publiques peut être inflationniste ; elle aurait
des effets désastreux sur notre commerce extérieur ;
1
1−cne serait pas un paramètre invariant, se trouvant plutôt soumis à la
conjoncture ; il ne restituerait pas (aveuglément) les effets de relance et la
prévision en matière de politique économique serait sujette à caution ;
69 Nous ne vivons pas autre chose de nos jours, en dépit des promesses de non-augmentation des
impôts. 70 Nous sommes exactement dans ce cas, un endettement public ravageur.
Dans les cités grecques ou à Rome, le problème était d’émettre des pièces
d’or ou d’argent selon les besoins de monnaie des échanges. La contrainte
était de disposer des quantités de métaux précieux requises (leur pénurie
fut assez constante).
Il vous est interdit dans notre pays d’utiliser une autre monnaie que l’euro
pour un paiement dans un magasin … Il en va de même aux États-Unis
avec le dollar …
Dans une boutique française on paye en euros et on rend la monnaie en
euros.
On détient de la monnaie
(1) à des fins de transaction : elle facilite grandement les échanges,
Bilan de la banque B1
ACTIF PASSIF
- Mais si le chèque est au profit d’un client B d’une autre banque B2,
celle-ci présentera une créance d’un même montant à sa consœur B1. Elle
devra être réglée, le jour même, en monnaie centrale, le moyen de
paiements qu’utilisent les banques pour régler leurs dettes mutuelles.
Désormais celle-ci circulera dans l’économie, au fil des chèques tirés par
le bénéficiaire du crédit, participant aux transactions qu’elle stimulera …
75 Une banque réescompte des titres de crédit en les plaçant à la banque centrale, en garantie
d’emprunts en monnaie centrale (une mise en pension). Elle en récupère la disponibilité quand elle
rembourse ces emprunts.
Les vues précédentes doivent être replacées dans les cadre nationaux
concrets d’organisation des systèmes bancaires : par exemple, le
réescompte n’est plus utilisé dans notre pays (puis en zone euro) depuis
les années 1980.
De 2008 (début de la grande crise financière, dont les effets n’étaient pas
encore estompés dans notre pays au début de la crise du covid) à 2021 ces
taux n’ont cessé de baisser, le taux de dépôt devenant même négatif entre
2015 et 2022, signe d’une politique monétaire accommodante ; le
durcissement de celle-ci, en réaction à l’inflation galopante, est net par la
suite.
La montée des prix post-covid a mené la BCE (et les autres grandes
banques centrale) a durcir sa politique monétaire, avec des conséquences
très prononcées sur les crédits immobiliers (en forts rationnements
aujourd’hui).
79 La Réserve Fédérale de New York, la Réserve Fédérale de San Francisco, la Réserve Fédérale
de Saint-Louis …
Cette politique monétaire aux modalités inusitées jusqu’alors, dite NON-
CONVENTIONNELLE et appelée QUANTITATIVE EASING Q.E.
(facilité quantitative) a sauvé le système bancaire américain. Les autres
banques centrales ont progressivement repris une telle initiative.
Les banques centrales ont racheté aux banques leurs crédits immobiliers
douteux, puis les titres de la dette grecque, débarrassant de ces créances
les bilans de leurs banques de second rang, qui se sont trouvés assainis.
Les taux d’intérêt étant extrêmement faibles, les banques ont considéré
que leurs prises de risques n’étaient pas correctement compensées
Crédits à la clientèle
Titres détenus
Immobilisations
Total de l’ACTIF
Total du PASSIF
Le solde net des prêts/emprunts de monnaie centrale détermine le solde
du Compte de Réserves auprès de la banque centrale.
LE BILAN D’UNE BANQUE CENTRALE :
Total de l’ACTIF
PASSIF
Billets en circulation
Réserves des banques auprès de la B.C.
● notre dette publique atteignait 111.6 % de notre PIB à la fin 2022, sous
forme de lancements d’emprunts d’État en
- Bons du Trésor à Taux fixes (BTF) d’échéances inférieures à un an,
- Obligations Assimilables du Trésor (OAT80) d’échéances à moyen et
long terme,
Par ailleurs, les titres de dettes peuvent être souscrits (c’est-à-dire acquis)
- par des nationaux disposant de capacités de financement (nos
ménages avec épargne, nos institutions financières)
- par des étrangers (dette extérieure auprès de fonds souverains81, de
81 Ils disposent de capitaux détenus par des États, issus par exemple de négoces pétroliers et
gaziers, qu’ils ont charge d’investir en actions et obligations sur les grandes places boursières, en
acquisitions d’entreprises ou de biens de prestige ...
82 Des banques d’affaires, des fonds de pensions, des institutions financières … , disposant de
capitaux confiés, constituent des portefeuilles de titres et les gèrent au mieux. Leurs états
financiers sont publiés, ils doivent respecter le droit financier international, ils sont surveillés par
des régulateurs (notamment, la U.S. Securities and Exchange Commission SEC aux États-Unis,
l’Autorité des Marchés Financiers AMF en France, la Banque des Règlements Internationaux).
83 Ils sont détenteurs de capitaux confiés par quelques grandes fortunes, qu’ils ont charge
d’investir à leur guise, par recherche des rendements les plus élevés, en toute discrétion, sans
publication de leurs comptes financiers, selon des stratégies jamais dévoilées pour demeurer
efficaces - un univers opaque, dont on n’a aucune connaissance des portefeuilles et des prises de
risques.
Rapportée au PIB, elle est en légère baisse depuis 2020, mais toujours
nettement au-dessus du palier de 100% franchi en 2020 avec la pandémie
du covid : 112,5% au 31 mars 2023 (contre 116,6% au 31 décembre
2022).
En zone euro, seuls quatre pays présentent à la fin 2022 un rapport Dette
publique/PIB supérieur à celui de notre pays, il s’agit de la Grèce, l'Italie,
le Portugal et l'Espagne.
Le montant en milliards d’euros de notre dette est plus élevé que ceux de
l'Italie et de l'Allemagne.
(1) quand l’État est en déficit budgétaire : ses dépenses excédant ses
recettes il se trouve dans l’obligation d’emprunter ; il devra alors payer
chaque année les intérêts afférents à cette dette, qui figureront au titre de
ses dépenses89 : plus l’endettement augmente, plus les dépenses publiques
s’alourdissent, le déficit s’en trouvera approfondi !
91 On parle encore de Collectif Budgétaire : des aménagements d’une Loi de Finance initiale (le
Budget de l’État, tel que voté par le Parlement) requis avant le terme de l’exercice budgétaire pour
faire face à des évolutions inattendues des recettes ou des obligations de dépenses nouvelles, sur
lesquels le Parlement est à nouveau appelé à se prononcer.
(
Dette Publiqueannée t+1)= 1+i×(Dette Publiqueannée t)=(Dette Publiqueannée t
année t+1 + année t Dette/PIB ne bouge pas ;
PIB 1 c PIB PIB
année t
(
Dette Publiqueannée t+1)=1+i×(Dette Publiqueannée t(2) si i < c : PIBannée t+1 1+c
PIBannée t )<(Dette Publiqueannée t
PIB
année t
Dette/PIB diminue ;
(3) si
i>c
:
(
Dette Publiqueannée t+1)= 1+i×(Dette Publiqueannée t
PIB
année t
+
1
1
+
c
PIB
année t
)
>
(
Dette Publiqueannée t
Tous les grands pays sont concernés par l’explosion de leurs dettes
publiques.
La progression des dettes publiques depuis 2018
En guise de conclusion
Vous venez de disposer d’éléments de réflexion, en accompagnement du
cours, qui devraient vous être utiles au fil de vos études, puis
professionnellement, enfin dans votre vie citoyenne.
Ils ont été discernés pour leur utilité supposée et présentés sous des soucis
permanents de simplicité et de concision.
Vous tirerez parti de ces développements au fil de vos cours ultérieurs
spécialisés en Finances Publiques, Droit des Entreprises, Droit de la
Concurrence, Droit Financier ...
La lecture de la presse - plus généralement, la compréhension des propos
économiques des médias pourrait vous en devenir plus aisée. Elle vous
permettra de mieux tirer profit des chapitres de ce cours.
INTRODUCTION........................................................................................
.................................................4
Chapitre I – HISTOIRE ET ACTUALITÉ DE LA PENSÉE
ÉCONOMIQUE............................................5
I.1 – La pensée économique du 16ème au 19ème
siècles.........................................................................5
I.1.1 – La théorie économique
MERCANTILISTE.............................................................................6
I.1.2 – La théorie économique
CLASSIQUE.......................................................................................9
I.2 – La pensée économique NÉO-
CLASSIQUE...................................................................................11
I.3 - La pensée économique
KEYNÉSIENNE........................................................................................1
2
I.4 - Les préoccupations
contemporaines.............................................................................................
...12
Chapitre II – LA CRAINTE CONTEMPORAINE DE
STAGFLATION...................................................14
II.1 – L’analyse
conceptuelle..................................................................................................