Cours E.E.E.S VC 2019-2020

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REPUBLIQUE DU CONGO

UNIVERSITE MARIEN NGOUABI


FACULTE DES SCIENCES ET TECHNIQUES
DEPARTEMENT DES MASTERS

PARCOURS DES GEOSCIENCES

MASTER II GEOSCIENCES APPLIQUEES

EXPLORATION ET EXPLOITATION DES


EAUX SOUTERRAINES

RESPONSABLE DU COURS : Dr Olivier Florent ESSOULI


MAITRE-ASSISTANT CAMES

Version provisoire 2019-2020

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Chapitre 0.
INTRODUCTION GENERALE

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Chapitre 0.
INTRODUCTION GENERALE
1. GENERALITES
Les fluides souterrains sont très précieux et ont une grande importance : Eau, Gaz et Pétrole. Se
trouvant à des profondeurs plus ou moins importantes, il est toujours nécessaire de forer pour les
explorer et les exploiter.
Les profondeurs de forages existants varient de quelques dizaines de mètres pour le cas
d’exploitation des nappes superficielles, à quelques dizaines de kilomètres pour l’extraction des
réserves pétrolières (17,4 Km à Azerbaïdjan, 9 Km à Oklahoma et 3,35 Km à Hassi Messaoud).
Les premiers forages ont été des forages de pétroles réalisés en Allemagne en 1857, alors que la
première initiative qui rencontra le plus grand retentissement fut cependant celle d’Edwin L. Drake
en 1859 en Pennsylvanie pour extraire le pétrole à 23 m de profondeur.
La faisabilité de forage est une fonction directe du rapport économique ; les forages d’eau dépassent
des fois quelques kilomètres (forage d’eau à Tindouf de 1000 m en réalisation).
Au Congo, les forages les plus profonds pour l’exploitation des eaux souterraines ont été réalisés
dans les villages d’Ingah et Imvouba dans le district de Ngabé (Plateau de Mbé, département du
Pool). Ils ont atteint respectivement des profondeurs de 295 m à Ingah et 325 m à Imvouba (Figure
1).

Figure 1. Forages des villages d’Ingah et d’Imvouba (Fila, 2016).


De plus en plus, la satisfaction des besoins en eau des humains pose d’énormes problèmes, ceux-ci
n’ont pas parce que l’eau est rare, mais plutôt que sa répartition spatiale et temporelle ne cadre pas
souvent avec les besoins exprimés.

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Pour les besoins agricoles et l’élevage, l’utilisation des eaux de surface brutes demeure possible,
mais pour l’homme, l’eau de surface n’est comestible qu’après traitement. L’idéal serait donc pour
lui de disposer d’eaux souterraines en quantité et en qualité appréciable pour ses différents besoins.
Les quantités d’eau consommées par un individu sont difficilement appréciables parce que celles-ci
augmentent très rapidement avec la disponibilité de la ressource et sa facilité d’obtention.
Ce document intitulé : Exploration et Exploitation des eaux souterraines, présenté sous forme de
cours, forme un élément de base pour les élèves ingénieurs de plusieurs spécialités : Hydraulique,
Sciences de la terre, Génie civil…etc.
Le présent document est structuré en sept chapitres dont le premier est réservé aux différentes
méthodes de recherche, d’exploration et de reconnaissance des réserves en eau, en commençant
par les méthodes de cartographie et de télédétection pour arriver à exposer les différentes
méthodes géophysiques ainsi que les différentes techniques de sondages de reconnaissance.
Le deuxième chapitre est consacré aux différents techniques de forage où nous avons exposé avec
détails l’ensemble des appareils de forage : des plus anciens (forage par Battage) aux plus modernes
et plus récents (forage Rotary et MFT).
Le troisième chapitre expose sur les différents fluides utilisés dans les opérations de forage, qui
constituent des éléments primordiaux dont leur choix et leur préparation doivent être judicieux
pour éviter tout risque d’éboulement de terrain pendant la foration et perte de matériel sur le
chantier.
Dans le quatrième chapitre, nous avons abordé le programme en détail de réalisation de forage
avec, les méthodes de choix des différentes techniques, éléments et matériels à utiliser.
Le cinquième chapitre est consacré à l’équipement et le développement d’un forage : choix et mise
en place du tubage, crépinage, massif filtrant et cimentation qui constituent les procédés de base
pour assurer la bonne exploitation d’un ouvrage hydraulique.
Et dans les deux derniers chapitres : nous avons mis le point sur l’exploitation et la protection des
captages d’eau: ici sont abordés les équipements d’exhaure des forages, les essais de pompage qui
permettent de définir les caractéristiques des réserves et la relation entre l’ouvrage réalisé et
l’aquifère ainsi que les conditions optimales d’exploitation. Les caractéristiques physico-chimiques
sont analysées afin d’assurer la bonne qualité des eaux souterraines mises en exploitation et
l’origine de la minéralisation en relation avec la géologie de l’aquifère, surtout à une période ou
l’impact de la qualité de l’eau sur la santé des populations qui la consomment ne fait plus aucun
doute.
2. ETUDE DES EAUX SOUTERRAINES
2.1. Définition des eaux souterraines et aquifère
L’eau souterraine est une eau saturant un terrain, en étant en communication hydraulique continue
que ce soit par des pores, des fissures ou des chenaux (Figure 2).
Le milieu poreux dans lequel se trouve la nappe est appelé aquifère. Selon le type de porosité de
l’aquifère, on distingue deux type de nappes :
- nappe à porosité d'interstice ;
- nappe à porosité de fissures.

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Figure 1. Différents types d’aquifères
2.2. Limites physiques des eaux souterraines
2.2.1. Limite inférieure ou mur de l’aquifère
La limite inférieure de la nappe est constituée :
- soit par une couche imperméable sous-jacente à la couche aquifère ; ce cas de figure est
rencontré dans les nappes d'interstice : cette limite est alors appelée le mur imperméable de
l'aquifère ;
- soit dans le cas d'une nappe de fissures par la limite inférieure des fissures, c'est- à-dire la
limite de décompression de la roche fissurée aquifère. Dans ce cas elle correspond aussi au
mur de la nappe.
2.2.2. Limite supérieure ou toit de l’aquifère
Au niveau de la limite supérieur, on peut rencontrer deux cas possibles : la nappe d’interstices et
la nappe de fissures.
- Nappe libre (Figure 2) : lorsqu'un matériau perméable n'est recouvert par un autre qui soit
imperméable, il peut contenir une nappe dont le niveau supérieur de l'eau est en relation avec
l'atmosphère. Cette nappe est alors appelée nappe libre ; elle est limitée supérieurement par
une surface libre qui correspond à son toit. Quand cette nappe libre est très proche de la
surface du sol, pouvoir être exploitée par des puits (phréatos) peu profonds, on l'appelle
nappe phréatique. Le niveau supérieur d'une nappe libre (ou son toit) fluctue dans le temps
du fait de la recharge de la nappe pendant la saison des pluies ou de son écoulement.

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Figure 2. Schéma d’une nappe libre
- Nappe captive (Figure 3) : lorsque le matériau perméable contenant la nappe est recouvert
d'un matériau imperméable, l'eau remplit tous les vides du milieu poreux et est à une pression
supérieure à la pression atmosphérique : La nappe est dite alors captive et le niveau
imperméable supérieur constitue son toit. Quand l'horizon supérieur qui limite une nappe ne
peut pas être considéré comme imperméable mais qu'il est moins perméable que la couche
aquifère sous-jacente ; celle-ci et alors appelée nappe semi-captive. Le toit d'une nappe
captive a une position fixe dans le temps tant que la nappe reste captive.

Figure 3. Schéma d’une nappe captive


2.2.3. Limites latérales
Une nappe peut être très étendue dans ses dimensions horizontales (jusqu'à plusieurs centaines de
kilomètres pour les grandes nappes de l'Afrique de l'ouest par exemple). Ses limites d'extension
horizontale sont alors soit des niveaux imperméables soit des limites physiques (comme des cours
d'eau par exemple).

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Chapitre I.
EXPLORATION, RECONNAISSANCE ET
OUVRAGES DES EAUX SOUTERRAINES

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Chapitre I.
EXPLORATION, RECONNAISSANCE ET OUVRAGES DES
EAUX SOUTERRAINES
1. INTRODUCTION
L’exploration est l’ensemble des démarches qu’il faudrait entreprendre pour aboutir à une
exploitation optimale et rationnelle des eaux souterraines. Cette démarche doit passer par un
certain nombre de phases :
- phase 1 : Recherche documentaire,
- phase 2 : Géologie et hydrogéologie,
- phase 3 : Prospection géophysique,
- phase 4: Forages de reconnaissance et exploitation.
Les trois premières phases ont pour but principal d’aboutir à la sélection des sites présentant les
conditions les plus favorables pour la recherche d’eau souterraine. La quatrième phase est destinée
à vérifier et à tester l’aptitude hydrogéologique des sites retenus.
2. PHASE 1 : RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Tout travail de recherche d’eau souterraine se doit d’abord commencer par la recherche
documentaire. Elle constitue le travail indispensable de base parce qu’elle permet d’économiser
l’énergie et d’éviter les redites. Cette première phase consiste à recueillir, analyser, à classer et à
archiver tous les documents concernant la région étudiée, documents relatifs d’une manière
générale à la météorologie, l’hydrologie, géologie et l’hydrogéologie. Ici, on consultera les archives
des services publics à savoir les bibliothèques, les sociétés de recherche du sous-sol et les sociétés
de réalisation des grands travaux. A cette étape de la documentation, on établit les fiches
provisoires sur le même modèle que les documents définitifs.
3. PHASE 2 : GEOLOGIE ET HYDROGEOLOGIE
Au cours de cette phase, les travaux suivants sont engagés :
3.1. Analyse des données existantes
Les documents de base sont en général, les cartes géologiques (1/80000 ou 1/50000) et les cartes
topographiques (1/50000 et 1/25000). Les données les plus intéressantes sont celles fournies par
les forages d’une zone voisine par exemple. Les puits, plus nombreux que les forages, offrent moins
d’intérêt car ne captent en général que la nappe contenue dans les niveaux d’altération.
3.2. Inventaire des ressources en eau
C’est lui qui permet de déterminer et de recueillir les données de base sur les caractéristiques
hydrogéologiques et les facteurs d’écoulement souterrain. En fonction des moyens de traitement
disponibles, on déterminera le type de données (fiches, graphiques, tableaux ou cartes). Il faudrait
enfin définir un système de classement des données. L’établissement des inventaires des points
d’eau doit obéir à trois principes généraux :
● Recherche et classement méthodique de l’ensemble des données hydrologiques (eaux de
surface) et hydrogéologiques (eaux souterraines).

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● Prospec on et étude systéma que sur le terrain de tous les points d’eau, station de
mesures, ouvrages de captage.
● Recherche d’une précision maximale de la totalité des données recueillies.
L’inventaire peut cependant s’exécuter selon deux méthodes : on peut faire un inventaire
systématique, analytique et détaillé ou un inventaire synthétique et sommaire.
La deuxième méthode aboutit à des résultats d’ensemble mais il faut la considérer comme une
étude préliminaire et sommaire qui viendrait enrichir l’étude systématique et détaillée. Cette
dernière rassemble toutes les données scientifiques, techniques et précises permettant de donner
des conclusions solides et d’établir un programme d’action à long terme.
La prospection sur le terrain comporte la vérification de la documentation recueillie, l’étude
systématique de tous les points d’eau, l’étude géologique et géomorphologique. Au niveau de la
vérification, tous les documents sur les fiches provisoires doivent être vérifiés et complétés. La
préférence doit être accordée aux documents recueillis in situ. On évitera d’envoyer les
questionnaires à des collectivités locales ou à des particuliers.
L’étude des points d’eau doit porter d’abord sur un certain nombre d’éléments comme les points
d’eau naturels c’est-à-dire les cours d’eau perrains ou temporels (mares, lacs, sources, émergence
de nappes ou marécages).
En hydrogéologie, la première place doit être accordée aux sources : comme ouvrages artificiels, on
peut citer les puits, les sondages, galeries de captage, nappes colinéaires, fond de carrière,
exploitation minière, citernes, puits traditionnels, puisards, les boulis, etc... Les données doivent
être relevées avec la plus grande précision possible. En l’absence de cartes topographiques précises,
on doit faire un croquis précis et détaillé. On peut même joindre une photographie d’identification.
Les autres données de base à recueillir doivent concerner le niveau piézométrique pour lequel on
indiquera le repère à partir duquel se mesure la profondeur. Plusieurs passages peuvent permettre
de suivre le rabattement du niveau de la nappe. Le nivellement doit être précis. Tous les points
d’eau et tous les ouvrages doivent être nivelés avec des repères précis et stables. Les données
doivent également concerner le débit et le régime des ouvrages de captage qu’on estimera en
fonction des moyens d’exploitation (manuel, moteur, etc...) et aussi de la destination de l’eau pour
la consommation humaine, l’irrigation, l’alimentation du bétail et enfin la qualité de l’eau. Des
appareils portatifs doivent permettre de mesurer in-situ le pH, le degré hydrométrique, la
température, l’oxygène et le CO2 libre et on fera également des prélèvements de 1 à 2 litres pour
des analyses chimiques au laboratoire.
L’étude géomorphologique s’effectue à l’aide de bonnes cartes topographiques et de photos
aériennes. L’étude doit porter sur le réseau hydrographique dont la densité est en rapport avec
l’écoulement donc aussi avec l’infiltration et l’alimentation des nappes.
Aux réseaux denses correspondront des terrains imperméables par l’altération des schistes et des
roches basiques. Aux réseaux espacés correspondront les zones des arènes granitiques. En l’absence
d’affleurements, la densité du réseau hydrographique donne une bonne idée sur les contours des
formations géologiques. Le tracé des cours d’eau respecte souvent les fractures ou respecte les
contours des intrusions. Aussi est-il possible d’identifier les structures dites annulaires
correspondant à ces intrusions.
3.2.1. CARTOGRAPHIE
L’utilisation de la cartographie géologique et hydrogéologique permet d’avoir des informations
concernant les caractéristiques (nature et qualité) de l’aquifère et des différentes formations. Ces

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informations sont en particulier :
- l’endroit et l’étendue de l’aquifère
- le type de la nappe (libre, captive, semi captive)
- la structure de l’aquifère (fissures, failles…etc.)
- la structure des limites : toit et substratum
- la liaison et les relations avec les écoulements de surface (cours d’eau, plan d’eau…etc.).
3.2.1.1. Cartes hydrogéologiques
Les données obtenues par les études géologiques et structurales conduisent à la réalisation des
cartes et coupes hydrogéologiques. Ces coupes hydrogéologiques sont élaborées par la
superposition sur des coupes géologiques, des données de l’écoulement souterrain (la surface
piézométrique, la surface d’alimentation directe ou indirecte, le drainage et les pertes en surface et
en profondeur).
3.2.1.2. Cartes structurales
Les cartes structurales dont leur but est de présenter les formations perméables (réservoir), sont
élaborées par la synthèse des données géologiques, des conditions aux limites et des paramètres
hydrodynamiques (perméabilité, pente, vitesse, gradient hydraulique). Ce type de cartes permet
d’établir la carte isohypse (d’égale altitude), la carte isobathe (d’égale profondeur), et la carte
isopache (d’égale épaisseur de l’aquifère).
3.2.1.3. Cartes piézométriques
Les cartes piézométriques présentent en un temps donné, la distribution spatiale de la charge
hydraulique. Elles sont obtenues par les mesures des niveaux piézométriques. L’analyse de la
surface piézométrique vise le tracé des lignes de courant et l’indication sur elles le sens
d’écoulement ; dont des courbes fermées traduisent des dômes (sommets) caractérisant des
zones d’alimentation, ou bien des dépressions des zones de captage. Pour une section constante
d’écoulement, le gradient hydraulique est proportionnel au débit d’écoulement dans la nappe,
et inversement proportionnel à la perméabilité de la nappe. Pour une largeur constante de
l’aquifère, la variation du gradient hydraulique (piézométrique) est le résultat de la variation de la
perméabilité, de l’épaisseur de la nappe ou bien du débit (infiltration par exemple).
Des ruptures de la piézométrie peuvent être le résultat de présence d’accidents tectoniques.
Des accidents sont souvent associés à des alignements de sources artésiennes. L’analyse des
fluctuations temporelles de la piézométrie des nappes libres donne des informations sur la
recharge par infiltration, sur la réserve disponible, sur les niveaux et débits d’étiage des cours
d’eau.
D’autres cartes sont encore utiles : la carte topographique, la carte hydrologique, la carte
pédologique et la carte d’occupation de sol.
3.2.1.4. Photos aériennes
La photo aérienne s’effectue par stéréoscopie et on peut soit utiliser un stéréoscope de poche sur
le terrain ou soit un stéréoscope à miroir monté sur un chariot au bureau. Ce dernier appareil
augmente la précision et la rapidité de l’observation en supprimant les manipulations et des
déplacements des photos. Dans de nombreux cas, les photos aériennes servent de support pour la
cartographie, la topographie, la géomorphologie, la géologie et le relever de fractures.
La photographie aérienne peut fournie des informations qui ne peuvent pas être directement
observées sur le terrain ; certaines failles et anciens lits de rivières. Elle forme aussi un moyen
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efficace pour l’identification et l’analyse des fractures, qui constituent des lignes naturelles d’une
taille infra-kilométrique sur la photo aérienne, les traces linéaires dont la largeur dépasse l’ordre
de kilomètre sont appelées linéaments ; qui représente fréquemment des zones de grande
perméabilité. Elle indique aussi des informations essentielles pour l’implantation des forages et
puits.
L’échelle la plus courante des photos est 1/30000. L’examen consiste à repérer les linéaments et les
accidents ceci indépendamment de la nature des formations géologiques. Le point d’intersection de
plusieurs linéaments ou accidents, au moins deux le plus souvent trois, constitue un site à
reconnaître.
3.2.1.5. Télédétection
Réalisée par des images satellitaires, elle permet le traitement numérique des images pour mieux
systématiser et simplifier le traitement de l’information, et en même temps la reconstitution de
documents à des échelles différentes. Elle permet encore l’identification des structures géologiques
et des matériaux de surface, l’identification des zones humides (résurgences, affleurements de
nappes, zones de recharge), et l’obtention et la mise à jour de l’occupation de sol pour l’évaluation
de la vulnérabilité des nappes.
La nouvelle génération de satellites qui présente une bonne résolution au sol est formée par : Spot-
France, ERS-1-Europe, Landsat-TM-USA, Radarsat-Canada, J-ERS-1-Japon, IRS-1C-Inde…etc.
3.2.1.6. La photo-interprétation
Elle est suivie de l’implantation sur le terrain. Au cours de cette opération, on observe chaque fois
que le terrain le permet, l’état d’affleurement des roches, les indices de fracturation (perturbations,
filons de quartz, présence de produits de remplissage, etc...), la nature du recouvrement, les
conditions morphologiques locales. En résumé, on recherche tout renseignement et indice qui
permettront une bonne valorisation des observations faites sur les photos aériennes.
Les travaux préliminaires que nous avons vus, servent à orienter la recherche hydrogéologique
proprement dite qui dépend étroitement du contexte géologique. Dans ce dernier point de vue, on
distinguera deux types de domaines: les régions sédimentaires et les régions cristallines.
a). Les régions sédimentaires
C’est dans celles-ci que l’on peut parler des eaux souterraines dans le vrai sens du terme. Les
aquifères sont généralement constitués de couches géologiques ayant une très grande extension.
Le problème consistera ici pour l’hydrogéologue à dégager la série stratigraphique régionale, là où
sont les couches aquifères à capter. On déterminera l’épaisseur des aquifères et la profondeur à
laquelle il faudrait forer pour les exploiter. Ici s’impose une bonne connaissance de la tectonique
régionale voire locale. Les réserves étant concentrées, ici, on recherchera les zones de fractures que
dans le cas où les horizons aquifères donnent des débits inférieurs à ceux exigés. Plus donc que la
fracturation, c’est la structure d’ensemble des couches qui importe ici.
Les bassins sédimentaires sont constitués par des dépressions du socle comblées par des sédiments
qui se sont déposés par la suite au cours des différentes périodes géologiques. En Afrique, ces
couches de sédiments n'ont subi que des mouvements tectoniques faibles après leur dépôt, de ce
fait elles ont une allure pseudo horizontale (sous forme de strates déposées les unes sur les autres).
L'extension horizontale de ces couches est souvent très importante (de quelques dizaines voire
centaines de kilomètres) ; l'épaisseur des couches sédimentaires peut aussi atteindre des dizaines
voire des centaines de mètres.

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En fonction de la nature initiale de la roche mère, des conditions climatiques, du type d'altération,
du mode transport des dépôts ; les sédiments déposés ont des caractéristiques variables sur le plan
vertical. Ainsi certains niveaux peuvent être suffisamment poreux et perméables et vont ainsi
contenir des nappes. D'autres niveaux seront par contre relativement imperméables et vont
constituer des limites (écrans) des niveaux aquifères. Ainsi il y'a la possibilité d'avoir verticalement
une succession de nappes (libre éventuellement pour la premières en relation avec l'atmosphère
et captives pour les autres).
Les couches aquifères étant généralement constituées de sédiments à porosité d'interstice
s'étendant sur de grands volumes, il en résulte que (Figure 4) :
● Il y'a une bonne continuité hydraulique dans le milieu aquifère ainsi les nappes sont dites
continues ou généralisées et l'implantation des ouvrages de captage est relativement facile,
● La porosité efficace et la perméabilité des couches aquifères sont relativement bonnes,
● Les réserves en eau sont relativement importantes,
● la produc vité des nappes (débit pouvant être tirés des ouvrages de captage) peut être assez
importante.
Ces différentes caractéristiques confèrent aux nappes des bassins sédimentaires des avantages
importants.

Figure 4. Hydrogéologie des régions sédimentaires (MARGAT, 1990)


Le bassin sédimentaire du Niger (Figure 5) couvre une superficie encore plus importante et
fait partie du bassin des Iullemmeden qui s'étend au Mali et au Nigeria. Il contient de bas en haut
les unités aquifères suivantes :
● La nappe du Continental Intercalaire : il s'agit d'une nappe captive contenue dans des grés et des
sables parfois argileux. Cette nappe affleure en quelques rares endroits et est souvent recouverte
par un toit argileux. La profondeur du toit de cette nappe peut atteindre 600 m. L'épaisseur de cette
nappe peut être atteindre 500 à 700 m. Dans certaines vallées, cette nappe présente un important
phénomène d'artésianisme.
● La nappe du Con nental Terminal : il s'agit de la nappe supérieure du bassin sédimentaire du
Niger. Elle est contenue dans des faciès gréseux et sableux argileux avec des niveaux argileux
d'extension variable qui divisent cette nappe en une nappe libre et deux nappes captives sous-
jacentes. La première nappe libre est souvent captée par des puits pouvant donner des débits de
l'ordre de 5 m3/h avec des profondeurs pouvant aller de 30 à 60 m.
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● En dehors de ces deux nappes qui sont d'extension très importantes, il existe par ailleurs d'autres
nappes moins étendues dont par exemple : la nappe des grés d'Agadez, des grés de Teloua, la
nappe des formations du Plio-quaternaire (formations fluvio lacustres aux abords du lac Tchad et
de sables dunaires).

Figure 5. Le bassin sédimentaire du Niger


Le bassin sédimentaire du Congo est composé de deux sous bassins qui sont : le bassin
côtier (dans la zone de Pointe Noire) et le bassin continental (sur le long du fleuve Congo). Ces
deux bassins sont séparés par une zone de socle formée de roches sédimentaires compactes et
indurées, granitiques et métamorphiques.
Le bassin côtier comporte une série d'aquifères multicouches constituée par des sables argileux
(série superficielle formant une nappe libre) et par des sables et grés du Crétacé qui forment
une nappe captive. La nappe supérieure est captée par des puits peu profonds avec des débits
relativement faibles de l'ordre de 3 m 3/h. La nappe inférieure à des caractéristiques bien
meilleures ; sa transmissivité est de l'ordre de 2.10-3 m2 /s (Figure 6).

Figure 6. Le bassin sédimentaire du côtier de Pointe Noire (Moukolo, 1992).

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La nappe du bassin du fleuve Congo : il s'agit d'une nappe contenue dans des formations
alluvionnaires, des sables et des grés tendres. L'épaisseur de cette nappe peut par endroits
atteindre plusieurs centaines de mètres et c'est ce qui explique que cette nappe contient des
réserves en eau relativement importantes qui sont les sources de grands cours d'eau du Congo
et du Gabon. Cet aquifère est par endroit entre coupé de lentilles d'argiles.

b). Les régions cristallines


L’expression roche cristalline est souvent employée par les géologues non pétrographes pour
désigner l’ensemble des roches éruptives et métamorphiques. Nous l’acceptons comme tel en
hydrogéologie en sous entendant qu’il s’agit de formations autres que les roches sédimentaires qui
sont-elles capables de déceler des aquifères de concentrations relativement homogènes et de
grande extension. C’est au niveau de ces roches cristallines que l’on parle d’hydrogéologie des
milieux discontinus ou des milieux fissurés.
Du point de vue pétrographique, il s’agit de roches éruptives d’abord plutoniques comme les
granites, syénites, diorites, gabbros, etc, puis volcaniques ou roches d’épanchement à structure
vitreuse ou micro cristalline comme les basaltes, les trachytes, les andésites et les rhyolites. Le
second pôle c’est les roches métamorphiques impliquant le métamorphisme intense mésozonal à
catazonal (gneiss, embrechites, migmatites, anatexites et leptinites). Il y a également les roches du
métamorphisme léger épi à mésozonal (micaschistes, schistes différentiés, cipolins, quartzites).
b1). Importance des roches cristallines
Au niveau régional, nous sommes dans un contexte de craton ou on y a coutume de distinguer deux
types de domaines : un domaine de bouclier (zones du globe n’ayant pas subi de déformation
tectoniques majeures depuis le Paléozoïque), on peut même y rencontrer des secteurs ou le jeu
tectonique est encore plus ancien. On a également le domaine des plates-formes qui correspond
aux formations archéennes et du Protérozoïque inférieur et moyen (Birimien) avec leurs cortèges
magmatiques de gneiss quelque fois désignés sous le terme de stogneiss. On a aussi des formations
schisteuses volcano-sédimentaires et leurs différentes intrusions syn et post tectoniques (granites,
granodiorites, syénites, gabbros, ...). Le second domaine correspond aux grands bassins du
Protérozoïque supérieur, du Secondaire voire du Tertiaire.
Les régions occupées par les roches cristallines varient beaucoup en fonction du climat, de la
géomorphologie, elles-mêmes liées à l’ancienneté des jeux tectoniques et au paléoclimat (cas des
glaciations).
b2). Caractéristiques hydrogéologiques des formations cristallines
La première caractéristique c’est d’abord leur porosité très négligeable. Elles présentent en effet
des porosités d’interstice inférieures à 1 % même si à cela certaines roches d’épanchement font
exception (50 % de porosité dans la dolomite, les cendres 30 à 60 %, de même pour les projections
volcaniques, les tuffs, les basaltes, les phonolites dans les quelles règne une porosité de fissures de
retrait vient s’ajouter à la porosité vacuolaire).
Les roches cristallines sont donc stériles à l’état sain. L’emmagasinement de l’eau n’y est possible
que si postérieurement à leur mise en place, elles ont été soumises à des transformations d’ordre
tectonique ou météorique à même de créer une zone de fracturation et d’altération, de porosité et
de perméabilité appréciable.
Dans les régions tropicales, le profil d’altération des roches cristallines est le suivant et ceci de bas
en haut :
 La roche mère saine,

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 La frange fissurée surmontée par la zone d’altération au sens strict du terme dans laquelle la roche
est pourrie mais conserve toujours sa structure et sa texture originale,
 La zone de l’arène grenue ou prédominent le quartz et les feldspaths non altérés,
La zone des arènes argileuses ou disparaissent les feldspaths pour ne laisser subsister que le quartz,
 La zone des argiles bariolées pratiquement dépourvue de quartz et noyée par les oxydes de fer
rouges,
 au-dessus, on a le niveau des argiles à canaux qui est un horizon un peu induré et parcouru par
des canalicules dont l’origine reste encore mal connue,
 La cuirasse latéritique indurée riche en fer. Le fer proviendrait surtout d’accumulation après
lessivage et transport surtout latéraux.
L’épaisseur totale des altérites repose sur le substratum sain. Elle est fonction au plan régional du
niveau de base de l’érosion régressive des cours d’eau.
Le profil décrit plus haut peut varier d’une région à une autre mais il peut également varier d’un
faciès pétrographique à un autre. Ainsi le niveau des argiles à canaux est souvent absent même dans
les secteurs où il existe tous les autres éléments du profil.
Lorsqu’il s’agit des roches basiques comme les gabbros, dolerites, basaltes et des schistes, les
horizons argileux reposent directement sur la frange fissurée du substratum tout simplement parce
que l’absence du quartz dans ces formations fait qu’il n’existe pas d’arène dans leurs altérations.
Ceci aura des conséquences sur le choix des implantations des ouvrages. On note aussi que
l’épaisseur totale des altérites est généralement plus importante sur les schistes que sur les
granitoïdes. Il s’ensuit donc des ouvrages de captage plus profonds au niveau des premiers que des
seconds.
b3). Modes de gisement des eaux souterraines en milieux du socle cristallin
tropical
Il s’agit de répondre à la question de savoir où se trouve l’eau exploitable par les ouvrages de
captage (puits villageois ou forages) dans les régions cristallines. On peut répondre à cette question
en se fondant sur les caractères hydrogéologiques des différents horizons du profil d’altération et
des roches dont ils dérivent.
 Les caractéristiques hydrogéologiques des horizons du profil :
 Au sommet, la cuirasse latéritique souvent parcourue de canaux, est affectée de
nombreuses fissures. Elle est donc de ce fait très perméable malgré son apparence opacité;
 L’horizon des argiles à canaux qui partout où il existe se montre presqu’aussi perméable
que la cuirasse qui la surmonte;
 Les argiles bariolées, l’arène argileuse constituent une zone très poreuse 40 à 45 % de
porosité, mais elles sont pratiquement imperméables. Dans les régions occupées par les
roches basiques et les schistes, il arrive que cette bicouche isole la zone perméable sommitale
de celle sous-jacente. Dans ce cas au cours de la foration, après avoir rencontré l’eau dans les
premiers niveaux, on traverse des argiles sèches avant de retomber en profondeur dans la
zone d’eau du profil;
 La zone des arènes grenues très poreuse, également gorgée d’eau, elle constitue un horizon
boulant. Cet horizon est qualifié de fluant par les puisatiers. Il est difficile à traverser en
foration mécanique, comme dans le fonçage des puits à grand diamètre. Cet horizon renferme
15
beaucoup d’eau et c’est là qu’on retrouve l’essentiel des réserves en eau souterraine du profil.
Cependant, il est peu perméable car sa porosité utile est faible de l’ordre 5 %. Elle a une
fonction capacitive très importante pour la pérennité des ouvrages de captage;
 La frange fissurée du substratum qui présente une porosité inférieure à celle des horizons
qui la surmontent, mais qui se trouve être très perméable.
Il existe donc trois (03) horizons de bonne perméabilité dans l’ensemble du profil d’altération : la
cuirasse latéritique, l’horizon des argiles à canaux et la frange fissurée du substratum. Le profil n’est
donc hydrauliquement productif qu’à son sommet et à sa base.
 Forme d’exploitation des nappes superficielles
L’existence de la nappe superficielle constituée par la base noyée de la cuirasse latéritique et des
argiles à canaux est sous la dépendance de la géomorphologie du plan régional, la géomorphologie
externe est caractérisée par un enchainement de plusieurs niveaux de cuirasses. L’exploitation de
cette nappe superficielle se fait généralement à l’aide de puits à grand diamètre qu’on implante
après analyse de la géomorphologie locale par photo interprétation confrontée aux réalités du
terrain.
Les puits implantés dans ces zones de cuirasses noyées peuvent fournir des débits de l’ordre de 15
à 20 m3/h. Cependant, ces zones de cuirasses noyées sont très sensibles aux variations
interannuelles de précipitations, ce qui entrainerait la baisse de leur productivité en cas de périodes
de pluviométrie déficitaire.
 Fracturation et hydrogéologie du socle cristallin
L’influence des précipitations interannuelles rend la nappe superficielle précaire. Seule la nappe
profonde peut assurer aux ouvrages de captage des conditions de pérennité et de productivité
appréciables. Or l’existence et l’importance de cette nappe sont étroitement liées aux fractures qui
affectent le substratum. C’est pourquoi l’hydrogéologie du socle cristallin se ramène souvent à la
recherche et à la caractérisation des fractures (Figures 7 et 8).

Figure 7. Hydrogéologie des régions cristallines (Wyns, 2004)


16
Figure 8. Circulation dans les systèmes karstiques (Wyns, 2004)
 Origine des fractures
La fracturation des massifs cristallins trouve son origine soit dans les phénomènes magmatiques soit
dans les phénomènes tectoniques.
Les phénomènes magmatiques initiaux sont des différentiations qui accentuent les courants intra-
magmatiques puis l’ordre de cristallisation des minéraux amène des ségrégations par gravité. Au
stade pneumatolithique, la concentration des corps volatils provoque une augmentation de
dépression au toit des batholithes, ce qui va favoriser des ruptures et la mise en place des filons
pegmatitiques. Ainsi, les plutons vont s’entourer d’une auréole filonienne formée par des émissions
de fonds dans les fissures ouverte par la poussée du magma. Il est connu que ces fonds chauds et
très dissolvants laissent en se refroidissant des cristallisations décoratives ou économiquement
utiles. Le long de certains de ces filons se concentrent successivement l’étain (Sn), c’est le seul mode
de gisement de ce minerai de métal, puis le tangstène (même mode de gisement), l’or, le plomb, le
zinc, cuivre, argent, antimoine et mercure. On retrouve là un fil conducteur pour la recherche des
minerais métalliques filoniens.
Dans les roches cristallophylliennes, la foliation et la schistosité sont par essence des zones de
faiblesse. On peut donc dire que dans les massifs cristallins, il existe des zones d’hétérogénéités ou
des zones de faiblesses qui vont guider les directions des fractures. On remarque que certains
massifs sont parcourus par un réseau de fractures de forme polygonale qui est à mettre en rapport
avec les phénomènes de rétractions consécutifs au refroidissement du magma. Si le refroidissement
s’accompagne de contraintes (cas des massifs syntectoniques), les centres des étoiles vont avoir
tendance à s’aligner sur une même ligne de faiblesse.
Les fractures liées à la tectonique, dans les faits, les figures polygonales vraies ne se développent
qu’en milieu granitique homogène. Ce qui est fréquent, c’est un réseau de fractures plus ou moins
complet associable au système de contraintes faisant apparaître au niveau régional, des plis, des
failles de cisaillement et des failles de distension s’il est aisément pour un œil expérimenté de
déceler un dense réseau d’accidents sur la photo aérienne, la hiérarchisation des fractures est
difficile. En tectonique, lorsqu’il y a reprise des contraintes, les anciennes failles mêmes celles à
compression constituent des zones de faiblesse qui rejouent préférentiellement lorsque la direction
des nouvelles fractures devant apparaître est voisine de celle des anciennes.
17
 Productivité des nappes profondes des formations cristallines
Il s’agit de répondre à la question : quelles sont les facteurs aux quels sont liés la production
hydraulique des ouvrages de captage implantés dans les formations cristallines? La question se
justifie dans la mesure où un des faits les plus remarquables lorsqu’on s’intéresse à l’hydrologie des
formations cristallines c’est la probabilité des productions hydrauliques que l’on peut rencontrer
dans un secteur géologique voire dans une même fracture affectant le même faciès géologique.
Quel que soit le faciès, quel que soit l’échelle, l’anisotropie est de règle et peut être latérale ou
verticale.
4. METHODES GEOPHYSIQUES
La géophysique est la science qui étudie les phénomènes physiques dont la terre et l'univers sont le
siège. Elle est née de l’interaction de ces phénomènes physiques avec les paramètres
pétrophysiques liés à la roche ou caractéristiques des roches.
Les différents champs physiques qui assurent cette interaction sont la pesanteur, la gravitation,
l'électricité terrestre et atmosphérique, le champ magnétique (naturel de la terre et induit), le
champ électromagnétique naturel ou artificiel, la vibration (ondes vibratoires), la radioactivité et les
radiations (naturelle et artificielle), le champ thermique (énergie solaire, géothermie).
Les propriétés physiques de la roche sont la densité, la résistivité électrique, la susceptibilité
magnétique, la vitesse de propagation des ondes élastiques, la permittivité électrique ou
diélectrique.
Ainsi à chaque relation établie entre propriété physique de la roche et champ physique se construit
une méthode géophysique, nous avons par conséquent :
1- la méthode gravimétrique construite à partir de la relation «densité des roches» et «force de
gravitation».
2- La méthode magnétique construite à partir de la relation «susceptibilité magnétique» et «champ
magnétique terrestre».
3- La méthode sismique construite à partir de la relation «paramètre élastique» et «vitesse de
propagation de l’onde».
4- La méthode électromagnétique construite à partir de la relation «permittivité électrique ou
diélectrique, perméabilité magnétique» et «intensité du champ électromagnétique».
5- La méthode électrique construite à partir de la relation «résistivité» et «champ électrique».
La reconnaissance géophysique, ou prospection géophysique, met en œuvre un ensemble de
méthodes indirectes où l’on recherche, à partir d’une ou plusieurs propriétés physiques à
déterminer la structure du milieu souterrain de manière non destructive (non-invasive) et avec un
échantillonnage spatial suffisamment dense pour que les variations latérales et verticales en soient
décrites aussi complètement que le permettent la propriété et la méthode de mesure utilisées. La
résolution, c'est-à-dire le degré de finesse avec lequel le sous-sol va être décrit, est en effet variable
selon la propriété choisie et la méthode utilisée.
Les mesures peuvent être réalisées à partir de la surface, de puits ou d’excavations préexistantes.
Le plus souvent elles ne permettent pas, à elles seules, de déterminer les valeurs de paramètres
hydrogéologiques et/ou géotechniques mais sont indispensables pour placer judicieusement les
forages où seront effectuées les mesures de ces paramètres, pour interpoler entre ces localisations
et pour déceler les anomalies préjudiciables à un projet.
Certaines méthodes de grand rendement et capables de déterminer les grands traits de la structure
18
géologique (sismique réfraction, méthodes électriques et électromagnétiques en particulier) seront
mises en œuvre.
On choisit la propriété à mesurer à partir de la corrélation qu’on lui connaît avec les caractéristiques
géotechniques recherchées et de l’amplitude des contrastes qu’elle peut montrer. Toutefois, les
propriétés physiques montrant à la fois une variabilité suffisamment importante en fonction des
paramètres d’état du terrain significatifs en géotechnique (porosité, teneur en eau, argilosité…), et
donnant lieu à des méthodes de mesure réalisables à faible coût avec des appareils robustes et de
mise en œuvre facile sur le terrain, sont en nombre limité. On s’arrêtera ici à la densité, à la vitesse
de propagation des ondes de compression et aux propriétés électriques. On ne traitera pas des
propriétés magnétiques qui, quoi que d’un usage très important en prospection archéologique et
en géophysique de l’environnement sont peu utilisées en Génie Civil, ni des propriétés thermiques
qui présentent l’avantage de pouvoir être mesurées en télédétection mais sur une épaisseur
inférieure au mètre. Si une même propriété physique peut-être mesurée de plusieurs façons, le
premier choix du prospecteur reste celui de la propriété à mesurer, en fonction des caractéristiques
recherchées du terrain, la facilité d’emploi et les sensibilités des appareils disponibles intervenant
ensuite dans le choix de la méthode de mesure et de l’appareillage. Le coût de la mise en œuvre
d’une méthode reste toujours un élément déterminant dans les choix.
4.1. Les méthodes électriques
La prospection électrique permet d’étudier les variations latérales et verticales de la résistivité
apparente du sous-sol (ρa). Pour cela, on envoie dans le sol, grâce à des électrodes A et B, un courant
d’intensité I, puis on mesure la différence de potentiel ΔV, produit par l’effet d’Ohm, entre deux
électrodes de référence M et N (dispositif quadripôle).
Pour une formation donnée, la profondeur d’investigation dépend de l’écartement des électrodes
AB. On estime l’épaisseur de cette tranche de terrain comprise entre AB/2 et AB/5 : plus les
formations sont argileuses, plus elles sont conductrices, et plus l’épaisseur de terrain concerné est
faible.
4.1.1. Notion de résistivité apparente
Un courant est créé en sous-sol à l'aide d'une source de courant (batterie par exemple) et de deux
électrodes dites d'injection. Ce courant pénètre dans le sol par une électrode dite "A" et en sort par
une électrode dite "B". La répartition des lignes de courant dans le sol se fait alors en volume.
Dans un matériau homogène et dans un plan passant par A et B, on peut représenter la trace des
surfaces équipotentielles et les filets de courant de la façon suivante (les deux réseaux de courbes
étant orthogonaux).
On mesure alors la chute de potentiel de ce courant, entre deux électrodes dite de mesure, à l'aide
d'un voltmètre. Cette mesure n'intéresse qu'un volume relativement restreint, elle concerne la
chute de potentiel entre les électrodes M et N.
La résistivité déduite de cette mesure dépend de la géométrie du dispositif de mesure (constitué
des quatre électrodes A, B, M et N). On accédera alors à la résistivité apparente par l'introduction
d'un facteur dit "géométrique" tenant compte de l'écart entre électrodes constituants le système
d'injection / mesure.
La résistivité apparente obtenue est égale à la résistivité vraie du sol si celui-ci est homogène. En
fait cette résistivité est dite "apparente" car elle correspond, pour un système multicouche, à la
capacité des différentes couches concernées par le faisceau de courant à concentrer les lignes de
courant.
19
Tableau des résistivités des différentes roches
Type de sol Résistivité Résistivité du sol saturé
argile 3à5 5 à 10
sable 40 à 150 50 à 400
gravier 200 à 500 150 à 500
Schiste cristallin - 100 à 10.000
Gneiss sain 1000 à 10.000 -
Gneiss altéré sec 300 à 600 -
Gneiss altéré en eau 120 à 200 -
Granites 1000 à 10.000 100 à 50.0000
Calcaire - 100 à 10.000
4.1.2. Le Sondage électrique vertical (dispositif quadripôle)
On effectue en même station, une série de mesures, en augmentant à chaque fois la longueur de
la ligne AB qui régit la profondeur d’investigation. Les valeurs de ρa ainsi obtenues correspondent à
des tranches de sol à chaque fois plus épaisses.
Un sondage électrique est constitué par une série de mesures de résistivité apparente avec, entre
chaque mesure, un accroissement de la séparation des électrodes d'injection (ou de courant), le
centre du dispositif et sa direction demeurant constant. Plus la distance entre les électrodes de
courant est grande, plus grande que est la profondeur de pénétration des filets de courant
participant utilement à la mesure.
Un terrain constitué d'une succession, en profondeur, de couches présentant des caractéristiques
électriques différentes se traduira donc par des variations de la résistivité apparente mesurée en
surface lors de la réalisation du "sondage".
4.1.2.1. La mise en œuvre
Plusieurs types de dispositifs existent, (dispositifs Wenner et Schlumberger....), présentant des
protocoles de mesures différents quant au pas de mesure le long du profil et au rapport entre
l’écartement des électrodes d'injection et de mesure (on choisira de préférence le dispositif
Schlumberger) (Figure 9).

Figure 9. Schéma de principe du dispositif Schlumberger et volume d’investigation


20
De façon générale, on augmente progressivement la distance AB en laissant le centre O du dispositif
fixe. Pour obtenir des renseignements sur les séries de plus en plus profondes, en pratique, on est
amené à augmenter la valeur de l'intensité et de la tension du courant émis, et de temps en temps
la distance MN de façon à obtenir des valeurs de différence de potentiel supérieures à la précision
de lecture de l'appareil. A chaque valeur de résistivité mesurée est associée une valeur du facteur
géométrique caractérisant la disposition des électrodes au sol. Il est parfois intéressant de réaliser
au même point plusieurs mesures selon des directions différentes, cette opération permettant de
mettre en évidence une anisotropie des terrains ou des limites de couches, proches.
4.1.2.2. Présentation des résultats
La représentation adoptée est maintenant universelle, elle est due à l'école Schlumberger. Elle
consiste à tracer la courbe de résistivité apparente en fonction de AB/2 : Log (rho app.) =
f[log(AB/2)].
Ce choix permet en premier lieu d'avoir une bonne précision pour les faibles valeurs de résistivité
et une bonne interprétation pour les faibles profondeurs. De plus cette représentation permet
l'interprétation à l'aide de courbes théoriques.
4.1.2.3. L'interprétation des résultats
Les données du problème sont fournies par les mesures de résistivités apparentes sur un site
hétérogène. Le but de l'interprétation est alors de caractériser chacune des couches existant en
sous-sol par une résistivité vraie, c'est à dire de définir un modèle multicouche ayant des
caractéristiques électriques s'approchant au mieux de la réalité.
L'interprétation classique se fera par comparaison entre la courbe expérimentale relevée sur le
terrain et diverses courbes théoriques dont la distribution des terrains est connue et constitue un
modèle (Figure 10).

Figure 10. Interprétation d’un sondage électrique vertical bicouche


Actuellement les méthodes d'interprétation indirectes assistées par ordinateur permettent
d'ajuster la courbe de résistivité apparente, calculée à partir d'un modèle, à la courbe
expérimentale. L'ajustement des deux courbes se fait par modification successives du modèle
initialement introduit jusqu'à ce que l'écart entre la courbe calculée et la courbe expérimentale soit
21
jugé négligeable.
Lors d'une campagne il est donc particulièrement intéressant d'étalonner un sondage électrique sur
un sondage destructif de façon à "caler" au mieux le modèle électrique qui servira de base à
l'interprétation, ou à défaut de recueillir le maximum d'informations sur la géologie locale (Figure
11).

Figure 11. Exemple de sondage électrique, courbe expérimentale et modèle associé


4.1.3. Trainé électrique (dispositif quadripôle ou Wenner)
On effectue le trainé électrique pour la reconnaissance latérale d’un terrain où la profondeur
d’investigation sera constante. On déplace le long d’un profil, le même dispositif AMNB (écart
invariant) : la profondeur d’investigation reste la même, et on explore une tranche du sous-sol
d’épaisseur sensiblement constante. On peut donc déceler des hétérogénéités induisant des
variations de résistivité (changement de nature ou de faciès de roches, failles, fractures,
grottes…etc.) (Figure 12).

Figure 12. Profil de traîné électrique


22
Le traîné électrique consiste à mesurer la résistivité apparente à l'aide d'un dispositif approprié, et
à étudier les variations latérales de cette résistivités apparente. Pour cela on choisira une longueur
de ligne AB et une disposition des électrodes MN correspondante, et cet ensemble est déplacé sur
le sol sans modification de sa géométrie. Les résultats ainsi obtenus correspondent à la résistivité
apparente du terrain à une profondeur supposée constante.
Le choix de la longueur AB est donc primordial et doit s'effectuer en fonction de la profondeur
d'investigation souhaitée et/ou de la taille des anomalies recherchées. Ainsi, si la longueur AB est
bien choisie la répartition en plan des résistivités apparentes mesurées reflète bien les variations
de niveau d'un substratum résistant, la présence de poches ou de filons conducteurs, ou les
discontinuités géologiques à fort contraste de résistivité. Ce pendant la méthode du traîné
électrique ne donnera en général que des résultats qualitatifs.
4.2. L’électromagnétisme
4.2.1. Principe
La méthode de mesure électromagnétique qui a été mise en œuvre est basée sur la détermination
de la conductivité apparente (inverse de la résistivité apparente) du sous-sol à partir du champ
induit qui se produit suite à la création d’un champ électromagnétique à la surface du sol.
Le principe de cette méthode électromagnétique, est qu’un champ magnétique primaire est créé
par un courant alternatif à l’aide d’un dipôle d’émission lequel active les masses conductrices dans
le sous-sol qui à leur tour, gênèrent un champ magnétique secondaire.
Le dipôle de réception reçoit les composantes du champ magnétique secondaire, et un câble de
référence entre les dipôles permet de faire une différenciation entre le champ primaire et
secondaire.
En fonction de la fréquence émise, de la distance entre les dipôles et de la différence entre les
champs primaire et secondaire, on détermine la conductivité du sous-sol à une profondeur donnée.
4.2.2. Cas du EM 34
C’est un appareil qui permet de lire directement la conductivité apparente des sous-sols lors des
mesures sur terrain.
Il est essentiellement constitué d’un émetteur et d’un récepteur liés par un câble de longueur
variable.
- la partie interne de l’émetteur, on a une boucle circulaire à travers laquelle circule un courant
alternatif pour servir de base à la création du champ primaire (IIp).
- le récepteur est aussi constitué par une boucle circulaire mais de dimension plus petite qui
permet d’enregistrer le champ magnétique secondaire (IIs) induit dans le sous-sol en présence
du champ (IIp).
Avec cet appareil on a deux dispositifs de mesure selon que les axes des boucles émettrice et
réceptrice sont disposés verticalement ou horizontalement (Figure 13).
A chaque station on réalise deux mesures :
• une mesure avec un dispositif vertical (dipôle vertical) quand les bobines sont en position
horizontale (Figure 14);
• une mesure avec un dispositif horizontal (dipôle horizontal) si les bobines sont en position
verticale.

23
Il est donc important lors des campagnes géophysiques par méthode EM d’avoir une idée précise
des conductivités des profondeurs ciblées, ce ci permet de choisir les fréquences et la longueur de
câble adéquates afin de couvrir les profondeurs souhaitées.

Figure 13. Dispositifs de mesures avec le EM 34

Figure 14. Schéma du dispositif dipôle vertical (boucle horizontale) (MAYER, 1991)

Il existe trois fréquences (ou longueur de câble S) d’opération avec l’EM 34 dont les caractéristiques
sont les suivantes :
Longueurs de câble du EM 34

Profondeur d’exploration (m)


Longueur du câble (m)
Dipôles horizontaux Dipôles verticaux
10 7,5 15
20 15 30
40 30 60
24
4.2.2.1. Avantages de la méthode EM 34
L’observation des profils EM, montre que la méthode EM 34 permet une bonne définition des
linéaments, caractérisés par une brusque diminution de la conductivité lue en mode dipôles
verticaux (boucle horizontale) lors du passage sur les linéaments ou failles. Cette diminution atteint
son maximum au centre du linéament ou faille (Diallo, 1994).
L’avantage de la méthode EM 34 par rapport à la géoélectrique est pertinent. En effet, les problèmes
tel que l’injection du courant dans le sou sol, la sensibilité des électrodes aux hétérogénéités de
surface ne se posent pas du fait que le contact dans le sous-sol est produit de manière inductive.
Cette méthode est relativement peu coûteuse, légère et rapide deux opérateurs sont nécessaires
pour l’exécution des mesures, l’un porte l’émetteur et l’autre le récepteur, les deux étant reliés par
un câble dont la longueur dépend de la profondeur du corps cherché.
4.2.3. Méthodes VLF (very low frequency)
Elles se basent sur la caractéristique suivant : les antennes VLF (very low frequency) sont
parcourues par un courant électrique oscillant, de fréquences comprises entre 15 et 30 kHz.
(Utilisées à des fins militaires pour les communications longes distances).
Les équations de Maxwell stipulent que tout courant électrique oscillant génère une onde
électromagnétique. Lorsque le champ électromagnétique primaire recoupe une cible conductrice,
ce conducteur crée à son tour un champ électromagnétique dit secondaire (Hs), de même
fréquence mais déphasé.
Dans la pratique, les discontinuités géologiques (terrains de nature différentes, failles, filons…etc.)
se comportent comme des cibles et créent des champs électromagnétiques secondaires.
La mesure de déphasage des deux champs se fait par deux types d’appareils : le TVLF et le Wadi.
4.2.4. Le TDEM (time domain electro magnetism)
Le TDEM utilise la propriété qu’ont les champs magnétiques variant dans le temps d’induire des
courants dans les sols conducteurs. Ces courants induits engendrent à leur tour des champs
magnétiques secondaires que l’on mesure en surface. Le TDEM se distingue du VLF par la maîtrise
de la source d’énergie (pas de dépendance d’une antenne d’émission non contrôlable), par le fait
que l’on mesure un signal induit après coupure du champ primaire, et par la possibilité de réaliser
de véritable sondage, c'est-à-dire de contrôler la profondeur d’investigation.
4.2.5. La RMP (résonance magnétique des protons)
La RMP exploite la propriété qu’ont les atomes d’hydrogène produit un champ magnétique de
relaxation lorsqu’ils sont excités à une certaine fréquence. La très grande majorité des atomes
d’hydrogène dans le sous-sol provenant des molécules d’eau. Cette méthode permet une détection
directe de l’eau souterraine, alors que les autres méthodes n’apportent que des renseignements
indirects.
Exemples d’exécution des profils électromagnétiques (Figures 15 et 16) sur le site de Djiguenni en
Mauritanie (Mahfoud, 2005).

25
Figure 15. Positionnement des travaux géophysiques au site de Djiguenni

Figure 16. Profils électromagnétiques (PEM) à Marzeika sur le site de Djiguenni

26
4.3. Méthodes sismiques
La sismique s'emploie pour designer d'une manière générale les vibrations et les secousses. C'est
une méthode géophysique, sa théorie est construite à partir des connaissances de l’élasticité, de
l'optique géométrique, de la physique vibratoire, du traitement du signal, et enfin de la géologie.
Pour connaître la constitution géologique d'une région, les géophysiciens procèdent à diverses
mesures de surface. Pour préciser en particulier les courbes de niveau des couches géologiques, ils
emploient les méthodes de la prospection sismique: Une explosion est provoquée au voisinage des
couches superficielles du terrain étudié. L'onde de choc, provoquée artificiellement se propage dans
le sous-sol. Les couches géologiques étant de densité et de nature différente, lorsque le front d'onde
franchit la frontière séparant deux couches, une partie de l'énergie transportée est réfléchie et
réfractée vers la surface du fait de la discontinuité des constantes élastiques des couches.
En surface des sismographes en enregistrent les arrivées de l'énergie libérée par l'explosion durant
les 4 ou 5 secondes qui la suivent. En pointant ces arrivées sur les sismogrammes (section temps) et
en recoupant leurs indications avec celles procurées par d'autres mesures, le géophysicien établie
des cartes en isochrones qui traduisent la position des différentes structures en terme de
profondeur.
La connaissance d’une loi de vitesse permet de convertir ces cartes en isochrone en cartes
d’isobathe (égale profondeur). On distingue deux méthodes de prospection sismique : la sismique
réflexion et la sismique réfraction. Elles ont toutes deux pour but de déterminer la profondeur et la
forme des discontinuités géologiques, qui constituent le sous-sol (Figure 17).

Figure 17. Propagation des ondes sismiques


4.3.1. La sismique réflexion
Le principe de cette méthode est simple : des ondes sismiques (élastiques) engendrées par
l'explosion de charges de quelques Kg d'explosifs, se propagent à travers les terrains sédimentaires
ou métamorphiques, se réfléchissent sur les surfaces de séparation des formations de nature
différentes, caractérisées par le paramètre vitesse de propagation de l’onde élastique.
Les ondes réfléchies sont enregistrées à la surface de la terre par une série de sismographes étalés
sur une surface appelée Nappe de géophones ou trace sismique.
27
Si l'on connait la vitesse de propagation des ondes sismiques dans les différents niveaux, la mesure
des temps de propagation permet de calculer la profondeur de ces niveaux.
4.3.2. La Sismique Réfraction
La sismique réfraction est née du principe de réfraction des ondes élastiques traversant deux milieux
caractérisés par un contraste de vitesse important.
L’onde réfractée se propage dans le cas de deux terrains superficiels, avec deux vitesses respectives :
la vitesse dans le premier terrain (V1 onde réfléchie) et la vitesse dans le second terrain (V 2 onde
réfractée). L’équation de l’onde réfractée, dite dromochronique des ondes réfractées permet de
déterminer les vitesses de propagation des ondes sismiques, ainsi que la profondeur des différentes
interfaces. L'onde sismique se réfracte sur l'interface et revient aux sismographes qui sont situés à
la surface du sol. Le temps de parcours de l'onde réfractée permet de déterminer la profondeur des
interfaces. L'acquisition et le traitement des données sismiques sont réalisés par ordinateur en
temps réel ou légèrement différé.
(1) Vitesse transversale de l’onde sismique en fonction des paramètres élastiques
(2) Equation des temps pour les ondes réfractées.
4.4. La diagraphie
La détermination de la position des crépines pour les forages profonds en zone sédimentaire se fait
en se basant dans un premier temps sur la description lithologique des formations aquifères à partir
des cuttings. Cette description peut ne pas avoir la précision requise ; en effet les déblais lavés
peuvent ne pas avoir la même configuration que les formations en place d'où ils proviennent. Ce
décalage peut s'expliquer par plusieurs raisons. Ainsi pour pallier cet inconvénient, l'identification
des couches à crépiner est complétée par l'utilisation de la diagraphie (Figure 18).

Figure 18. Logs diagraphiques des sondages NK1 et MEB3 (NKOUNGOUROU, 2007)
28
Le principe de la diagraphie est de faire circuler dans le trou de forage (souvent non tubé) une sonde
reliée à la surface du sol par un système de mesure et d'enregistrement de paramètres liés aux
caractéristiques des couches géologiques traversées.
Pour le captage des forages, les sondes souvent utilisées mesurent les paramètres suivants :
 Des paramètres liés aux caractéristiques électriques qui sont :
- la polarisation spontanée ou différence de potentiel due à des courants naturels qui se crée
dans le sol,
- la résistivité au passage d'un courant électrique des différentes couches du sol.
 Des paramètres liés à la radioactivité naturelle des couches géologiques.
Dans la pratique ces méthodes sont utilisées en même temps ; il existe par exemple des sondes qui
peuvent mesurer à la fois la polarisation spontanée, la résistivité et la radioactivité.
4.4.1. Les méthodes de diagraphie électrique
4.4.1.1. La polarisation spontanée
Le principe de la méthode consiste à mesurer entre une électrode fixe posée à la surface du sol et
une électrode mobile à l'intérieur du trou de forage, la différence de potentiel due à des courants
naturels. La mesure de cette différence de potentiel n'est possible que si le forage est rempli d'un
liquide conducteur (boue de forage en l'occurrence) en contact avec les parois du forage. La
variation de cette différence de potentiel renseigne sur la nature des différentes couches
géologiques rencontrées. Aux formations imperméables (argiles), correspondent des potentiels
positifs et aux formations poreuses et perméables correspondent à des potentiels négatifs. La
position du zéro qui délimite ces deux niveaux est choisie de manière arbitraire.
L'interprétation des résultats obtenus peut se faire qualitativement et permet dans ce cas de
mettre en évidence les bancs poreux et perméables, les bancs imperméables et ceux qui ont une
certaine teneur en argile.
L'interprétation quantitative des mesures de polarisation spontanée permet de calculer la teneur
en argile des couches qui en contiennent et la résistivité de l'eau contenue dans les formations
aquifères.
Quelques règles de base pour l'interprétation qualitative des mesures de polarisation spontanée :
 En face des bancs poreux et perméable la courbe des valeurs de polarisation spontanée montre
une forte déflexion vers la gauche et la limite des bancs est à l'inflexion de la courbe,
 Quand un banc a une grande épaisseur, la déflexion devient maximum et la courbe devient plate,
 Pour un banc mince, la courbe dessine un pic,
 La salinité de l'eau d'imbibition de la couche aquifère influence la courbe de polarisation
spontanée de la manière suivante :
- quand l'eau de la formation est plus salée que celle de la boue (cas le plus fréquent), la courbe de
polarisation spontanée est dite normale. Les valeurs positives de potentiel sont en face des argiles
et s'alignent suivant une droite dite ligne de base des argiles. Les valeurs négatives sont en face des
couches sableuses et s'alignent suivant une droite dite ligne de base des sables.
- quand l'eau de la formation est moins salée que la boue de forage, la courbe de polarisation
spontanée est dite inverse ; les valeurs positives de potentiel sont en face des couches sableuses
et les valeurs négatives en face des argiles.
29
- quand la salinité de l'eau de la formation est égale à celle de la boue, les valeurs de polarisation
spontanée ne montrent pas de différence nette entre les couches argileuses et sableuses; la courbe
est presque plate.
4.4.1.2. La résistivité
La diagraphie par la méthode de résistivité repose sur le principe suivant :
- on envoie un courant i à travers des électrodes A et B,
- on mesure une différence de potentiel créée par ce courant entre deux électrodes M et N,
- en fonction de la position des électrodes A, B, M et N on peut calculer la résistivité apparente
des différentes couches successives traversées par les électrodes de potentiel.
Selon la disposition des électrodes A, B, M, N, il existe quelques types de dispositifs de mesure de
résistivité. La plus utilisée est celle de la sonde dite normale.
En fonction de l'espacement AM, on distingue :
- la sonde dite petite normale pour un espacement AM égale à 16 pouces,
- la sonde dite grande normale pour un espacement AM égale à 64 pouces. L'interprétation
qualitative des courbes de résistivité obtenues avec des sondes normales se fait en
considérant les règles suivantes :
 La résistivité donnée par la sonde est généralement inférieure à la résistivité vraie des
couches géologiques correspondantes,
 La résistivité donnée par la sonde est fonction de la nature de la couche géologique et
de la salinité de son eau d'imbibition,
 Les limites des différentes couches correspondent au point d'inflexion de la courbe de
résistivité avec les nuances suivantes :
- l'épaisseur des couches au point d'inflexion est plus petite que l'épaisseur vraie d'une
longueur AM dans le cas des bancs épais et résistants,
- l'épaisseur au point d'inflexion est plus grande que l'épaisseur vraie d'une longueur
AM dans le cas des bancs conducteurs,
 Pour les couches minces et résistantes il y a une inversion de la courbe de résistivité ;
ce phénomène ne se produit pas pour les couches minces conductrices.
4.4.2. La diagraphie par les méthodes radioactives
La méthode la plus utilisée pour les forages est celle par laquelle on mesure la radioactivité naturelle
des couches géologiques appelée gamma ray. Cette méthode permet en particulier de mettre en
évidence les horizons argileux. La radioactivité est mesurée en unité API.

30
Tableaux récapitulatifs de l’utilisation des méthodes géophysiques

31
32
33
5. FORAGES DE RECONNAISSANCE ET LES OUVRAGES D’EAU
Les techniques de captage des eaux souterraines classiquement mises en œuvre dans les milieux
poreux et fissurés sont peu variées. Le choix de la technologie à adapter est en fonction non
seulement de l’hydrogéologie (géométrie de l’aquifère, paramètres hydrodynamiques,
potentialités) mais également de contraintes externes, comme la topographie, l’hydrographie, les
risques de salinisation et de transfert de pollution depuis la surface, l’occupation des sols, les
conditions d’exécution et les équipements. Enfin, l’ouvrage doit pouvoir être réalisé dans des
conditions économiquement supportables.
5.1. Les forages de reconnaissance
Les sondages (ou forages) de reconnaissance sont des puits de petit diamètre de l’ordre de 6
à 8 cm, dont leur réalisation et équipement est similaire à ceux des forages d’exploitation.
Les sondages de reconnaissance permettent de vérifier les hypothèses émises et apportent des
informations indispensables (investigation, mesures et essais, prélèvement d’échantillons d’eau
et de sol, observations périodiques) comme ils permettent d’effectuer des diagraphies et des
essais de pompage.
5.2. Les forages d’exploitation verticaux
Les ouvrages verticaux sont les plus utilisés et les plus adaptés pour exploiter des aquifères poreux
et relativement étendus. La majorité des aquifères fissurés sont également exploités à l’aide de
ces ouvrages.
5.2.1. Les puits villageois
Ils constituent des ouvrages de captage très répandus. Ils sont généralement réalisés à la main
et, de ce fait, ils captent les nappes peu profondes. Les diamètres de ces ouvrages sont
généralement très importants (de 1 à 3 mètres de diamètre). Ces ouvrages (Figure 19A et B) sont
souvent mal protégés de la surface et très sensibles aux fluctuations de niveau des nappes dont
ils ne captent souvent que la partie supérieure. Leur rendement est généralement faible du fait
de ce mode de captage.

Figure 19. Différents types des puits et des forages


5.2.2. Le forage
A la différence d’un puits, est un trou vertical profond, de plusieurs dizaines de mètres à plusieurs
34
centaines de mètres (Figure 19C et D) et de diamètre plus restreint. Il est creusé par un procédé
mécanique à moteur (foreuse) en terrain consolidé ou non, dans les défais très rapides. Les
forages constituent probablement le type de captage le plus répandu pour l'eau potable, ils ont
l’avantage qu’ils permettent de capter des niveaux aquifères bien précis et individualisés,
notamment les nappes captives, avec une excellente sécurité contre les pollutions de surface.
La partie non captant peut (et doit) en effet être parfaitement étanche et cimentée sur toute la
hauteur.
5.3. La pointe filtrante
C’est un ouvrage de captage peu profond (8 m maximum) réalisé généralement dans les sols
sableux. Ce type de captage est aménagé en enfonçant manuellement ou mécaniquement le
tubage dont le diamètre intérieur varie de 2,5 à 5 cm (8 cm au plus). L'extrémité inférieure
constitue la crépine par laquelle s'effectue l’aspiration de l'eau (Figure 20).

Figure 20. Schéma d’une pointe filtrante.


Les pointes filtrantes, isolées ou en batteries sont couramment employées dans le domaine des
travaux publics pour le rabattement des nappes mais peu utilisées pour l’exploitation des eaux
souterraines. Le captage par pointes filtrantes permet de répartir les prélèvements sur une plus
grande surface et de diminuer les rabattements. Sa mise en œuvre, d’un coup de revient modeste,
ne nécessite ni matériel complexe, ni main d’œuvre qualifiée.
5.4. Les ouvrages de captage d’eau horizontaux
5.4.1. Les galeries drainantes
Les galeries sont des petits tunnels creusés dans la roche de manière à traverser et donc à
drainer une nappe d’eau souterraine. Ces ouvrages sont généralement subhorizontaux et de
sections de l’ordre de 1.80 à 2 mètres de hauteur et 1 à 2 mètres de large. Les eaux souterraines
sont collectées puis canalisées par une galerie où des drains horizontaux ou subhorizontaux
complémentaires viennent parfois se brancher à la galerie (Figure 21). La longueur de ces

35
galeries est variable : de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mètres, voire plusieurs
kilomètres.

Figure 21. Galerie drainante.


Les eaux souterraines nécessitent parfois d’être collectées par d’importantes surfaces de
drains lorsque les caractéristiques de l’aquifère sont très mauvaises. C’est le cas des formations
superficielles très peu épaisses mais constamment mouillées, qui permettent néanmoins de
produire des débits intéressants si la longueur des drains est suffisante.
Les drains sont, en quelque sorte équivalents à une multitude de forages très proche les uns des
autres et reliés entre eux. Des captages par galeries drainantes sont parfois effectués dans des
formations calcaires fissurées. L’obtention de débits importants nécessite alors le creusement de
galeries souterraines dont le développement permet la collecte de toutes les arrivées d’eau,
à la manière de galeries de mine. Ces ouvrages sont toutefois très sensibles aux sécheresses. Un
abaissement, même faible du niveau de la nappe peut se traduire par une importante
diminution du débit.
Le choix de la méthode de réalisation d'une galerie dépend principalement de la nature des
terrains encaissants et de leur homogénéité. L’uniformité de la méthode de réalisation d’une
galerie sur tout le linéaire est recommandée étant donné les surcoûts et le temps nécessaire à
l’amenée de nouveaux matériels. Les méthodes d’abattage sont les suivantes :
5.4.1.1. Abattage à l’explosif (méthode traditionnelle)
C’est une technique la plus utilisée dans les terrains rocheux, en pleine ou demi section. Le plan
de tir doit être adapté pour limiter l’effet des tirs sur le terrain encaissant et assurer un découpage
soigné de la section, malgré des vitesses de creusement faibles. Cette technique à l’avantage de
permettre un suivi géologique et hydrogéologique précis. Ce dernier consiste à identifier les
venues d’eau ponctuelles au sein des structures géologiques, à surveiller l’évolution des débits à
l’intérieur du tunnel et à réaliser des analyses d’eau afin de préciser la provenance des eaux.
5.4.1.2. Abattage à attaque ponctuelle
L’abattage est assuré par différents moyens ou non (pelle mécanique) et adapté aux terrains
tendres :
* A l’aide d’un microtunnelier (galerie de diamètre inférieur à 3 m) : cette méthode
est généralement utilisée en milieu urbain pour la pose de nouvelles canalisations et pour le
36
captage d’eau souterraine. Il a l’avantage de pouvoir être entièrement commandé et dirigé de
l’extérieur depuis un poste de pilotage en surface. Le microtunnelier assure, comme les tunneliers
classiques, l’excavation du sol, le soutènement des parois du tunnel et l’évacuation des déblais.
Le microtunnelier, capable de creuser dans toutes les classes de terrain, il permet une avance
journalière des travaux de 2 à 9 m. Le microtunnelier est certainement le moyen le plus rapide
pour construire une galerie, pour autant qu'il puisse être utilisé dans des conditions optimales,
cependant il ne permet pas d’améliorer les connaissances géologiques (interprétation difficile des
déblais évacués et revêtement de la galerie au fur et à mesure du creusement) contrairement à
la méthode traditionnelle où un suivi peut être mené au cours du creusement. Par ailleurs, en cas
d‘hétérogénéité des terrains, les performances de cet outil peuvent être considérablement
diminuées. Le recours à une méthode traditionnelle peut s’avérer nécessaire en cas de difficultés
majeures.
* Par abattage mécanique: lorsque le terrain est homogène, de dureté et d’abrasivité
acceptable, il est intéressant d’utilisé l’abattage mécanique, l’avancement sera rapide. Cet intérêt
est réduit dans le cas de terrain hétérogène où l’on est amené à rencontrer des roches de
caractéristiques différentes nécessitant parfois l’emploi d’explosif pour l’abattage ou inversement
le recours à un abattage manuel. Il en résulte une immobilisation de la machine dont les
conséquences financières sont importantes, et qui peuvent être accrues par la nécessité d’un
équipement de foration mécanique pour la mise en place de l’explosif. Dans ce cas la présence
sur le chantier de ces équipements et leur utilisation discontinue pénalise fortement le procédé.
5.4.2. Le puits a drains rayonnants
Il s’agit d’un puits muni de drains tubulaires horizontaux disposés selon plusieurs directions
radiales et accroissant son rayon efficace (Figure 22).

Figure 22. Puits a drains rayonnants.


Ce sont des captages construits en général pour la production de débits importants (1000 à 3000
m 3/h par ouvrage) sur des nappes puissantes de nature alluviale. Ils sont constitués d'un cuvelage
37
de gros diamètre nécessaire au fonçage des drains et d'un ensemble de drains horizontaux
enfoncés dans la formation alluviale selon différentes techniques.
Un cuvelage vertical étanche, en béton armé, de 2 à 4 m (voire 6 m) de diamètre intérieur, est
foncé dans le sol à une profondeur variable (5 à 50 m) selon le contexte hydrogéologique. Le fond
du cuvelage est ensuite fermé par un radier en béton immergé (de 1 à 4 m d’épaisseur).
Les drains horizontaux sont foncés dans l’aquifère, depuis l’intérieur du cuvelage, à l’aide d’une
presse hydraulique. D’un diamètre de 200 ou 300 mm et d’une longueur de quelques dizaines de
mètres, les drains sont en général au nombre de deux à huit (souvent 4 ou 6).
Les avantages du puits à drains rayonnants horizontaux sont liés à des rendements hydrauliques
considérables, à une durée de vie très importante et à une possibilité de capter, sur un front de
nappe étendue, des horizons parfois peu épais, en profondeur. Enfin il faut mentionner que cette
technique d’exploitation est appliquée dans les terrains de faible perméabilité.
5.4.3. Le puits avec galeries drainantes
La combinaison de ces deux techniques permet d'augmenter le volume d'eau soutiré. Une
galerie drainante horizontale peut être creusée au fond d’un puits ou plusieurs puits peuvent être
reliés entre eux par une ou plusieurs galeries drainantes horizontales enterrées. Disposées
parallèlement au lit des rivières, elles peuvent ainsi drainer les eaux des alluvions.
5.4.4. Les tranchées drainantes
Il existe d’autres systèmes de captage tels que des tranchées drainantes de très grande longueur
(plusieurs kilomètres) qui sont conçues pour amener l'eau d'un aquifère poreux par gravité (Figure
23). L’opération consiste à creuser un puits en altitude afin de connaître la profondeur de la
nappe. Une galerie de la taille d’un homme est ensuite creusée de l’aval vers l’amont et en
pente douce afin de rejoindre la zone humide initialement découverte. A intervalle régulier, des
puits sont creusés afin d’évacuer les déblais et afin d’aérer. La galerie devient drainante dès
qu’elle rejoint la couche aquifère. Afin d’accroitre le débit, il suffit d’allonger la galerie par
d’autres galeries annexes. L’avantage de ce système est de fournir un débit en continu sans
aucun travail d’exhaure et sans évaporation, par contre en période de faible utilisation, l’eau
est gaspillée.

Figure 23. Schéma de principe de fonctionnement des tranchées drainantes.


38
5.4.5. Le forage horizontal
C’est quand à lui une technique permettant de faire passer des canalisations et des câbles sous
des obstacles (chaussées, bâtiments, cours d'eau...) sans avoir à réaliser de tranchées. Grâce au
forage horizontal les sources difficiles d'atteindre en forage classique du fait d'obstacles
géologiques (lithologies rebelles) ou de la structure de l’aquifère, deviennent accessibles.
La méthode du forage horizontal consiste à foncer dans le sol, à l’horizontal, une gaine (acier,
béton…). Un puits de départ et un puits d’arrivée doivent être aménagés à la profondeur requise.
Une tête de forage rotative (ou un marteau fond de trou) perce le sol, et des tarières évacuent les
déblais au fur et à mesure que des tubes sont poussés dans le sol (Figure 24). Ce type de forage
peut être réalisé en pente.

Figure 24. Photo montrant un forage horizontal d’une source.


5.5. LE PIEZOMETRE
C’est un dispositif (Figure 25) servant à mesurer la "hauteur piézométrique" en un point donné
d'un aquifère, en indiquant la pression en ce point. Il donne l'indication d'un niveau d'eau libre ou
d'une pression (Castany et Margat, 1977).
Il s’agit, dans tous les cas, d’un sondage équipé d’un tubage, généralement de faible diamètre,
permettant essentiellement des mesures du niveau de l’eau. Par extension, le piézomètre désigne
tout forage destiné à effectuer des mesures et des prélèvements sur une nappe.
Un piézomètre c’est un trou de forage dans lequel est installé un tubage, dont une partie est
«aveugle» (tubage plein) et une partie est «crépinée» (tubage perforé pour laisser passer les
fluides). L’espace annulaire est cimenté sur une certaine hauteur pour éviter que des produits
indésirable ne puissent s’écouler par cet espace et polluer gravement la nappe. La tête du
piézomètre est également protégée pour éviter les accidents et les risques d’introduction de
produits polluant directement dans le piézomètre.

39
Figure 25. Différents types des piézomètres.
5.6. Le puits d’observation (ou de prélèvement)
C’est un tube analogue au piézomètre (quoi que d'un diamètre plus grand) afin de réaliser des
prélèvements d'eau dans la nappe, pour en analyser la composition chimique. Cela est souvent le
cas après une pollution où la qualité de l'eau souterraine doit être surveillée, parfois durant
plusieurs années. Dans ce dernier cas, il vaut mieux parler de «tube d’observation ou de
prélèvement» pour éviter toute confusion, car de tels forages ne sont pas alors destinés à mesurer
la charge hydraulique.
5.7. Le captage des eaux des sources
5.7.1. Le captage par drain appliqué aux sources diffuses
Certaines sources ne présentent pas à proprement parler d'arrivées d'eau. Elles sortent de la terre
dans une pente sur une large surface de terrain.
Les sources par débordement ou par déversement d’aquifères constitués de roches meubles et
les sources artésiennes à travers un toit de roches meubles, donnent de telles émergences
diffuses. Leur drainage s'impose, pour collecter l'ensemble des émergences et concentrer l'eau.
Un drain est constitué de trois tranchées disposées en Y ou en T, dont les branches, appelées
ailettes (Figure 26), sont situées en amont de la queue disposée suivant la ligne de plus grande
pente du terrain. Les ailettes, disposées selon des courbes de niveau égal, interceptent les
écoulements diffus souterrains, les concentrent dans un drain déposé en leur centre, et les
conduisent via ce drain vers un tuyau collecteur central, qui empruntant la queue, débouche dans
la chambre de captage. La paroi aval des ailettes est rendue étanche et forme ainsi le barrage
pour renvoyer dans le drain toute l'eau interceptée. Pour être efficace et intercepter la totalité
des écoulements, le barrage doit reposer sur une assise imperméable de l'aquifère.
La chambre de captage (Figure 27) est un récipient dans lequel arrivent les eaux collectées par le
drainage. Elle peut être simple ou bien équipée d'un système de décantation. Ce récipient doit
être étanche aux eaux de pluie et de ruissellement et l'on doit pouvoir accéder à l'intérieur
pour le nettoyer le cas échéant et vérifier le bon fonctionnement du drain. L'accès doit
cependant en être réservé et notamment interdit aux enfants.

40
Figure 26. Captage par des drains d’une source diffuse.

Figure 27. Chambre de captage en maçonnerie.


5.7.2. Le captage par drain de sources artésiennes à travers des toits de roches
meubles ou roches compactes fissurées
Le captage de ces sources, ressemble beaucoup au captage par drain des sources diffuses
(Figure 28).
Le principe est le creusement d'une tranchée, appelée "galerie de captage", dans la direction
du "gradient maximum" de la nappe. Cette direction est donnée par l'orientation des canalicules
dans le toit de l'aquifère. La galerie de captage n'est rien d'autre qu'un drain sans ailettes.
Cependant, si l'on s'aperçoit que la galerie ne capte pas l'ensemble des arrivées de la source, on
devra entreprendre le creusement d'ailettes latérales. L'ensemble du drain dans ce cas, y compris
le collecteur, devra être équipé de tuyaux crépinés et fourrés avec du gravier.
41
Figure 28. Captage par drain de sources artésiennes.
5.7.3. Le captage des sources d’émergence et de déversement par une chambre
maçonnée
A proximité des exutoires, sources ou puits en exploitation, la nappe est déprimée. Cette
dépression correspond à un accroissement de la vitesse de l'eau dans l'aquifère et se
matérialise par une incurvation de la surface piézométrique vers l'exutoire.
Dans le cas d'une émergence, le débit dépend de la perméabilité de l'aquifère ainsi que de la
pente du gradient hydraulique. Donc, pour une source, plus on augmente le rabattement de la
nappe (en abaissant le niveau de captage) et plus on augmente le débit de la source, car on
augmente ainsi la valeur du gradient hydraulique dans la nappe. Il est donc souvent intéressant
de capter les sources à un niveau inférieur à celui de leur émergence naturelle car la productivité
de l'aquifère peut être augmentée de cette manière.
En réalisant un captage profond, on s'assure, de plus, une bonne qualité de l'eau car on
diminue les possibilités de contamination par les eaux de surface. La chambre maçonnée peut
être simple (Figure 29) ou aménagée en deux parties (Figure 30) (une partie qui contient le filtre
en gravier et en sable et une autre partie qui constitue le réservoir). Cette technique comporte
cependant un risque pour les sources alimentées par une nappe de volume limité (sources
caractérisées par de fortes variations saisonnières de débit), dans ce cas, l'augmentation du
débit de l'émergence peut aboutir à épuiser la réserve de l'aquifère avant la fin d'une période
sèche. On vérifie donc attentivement la pérennité saisonnière des petites sources localisées
avant de vouloir abaisser leur niveau de captage.
En revanche, dans le cas de sources de déversement, on a tout à gagner avec cette technique qui
permet de bien drainer et de concentrer le maximum de filets d'eau vers la chambre maçonnée
(Figure 31) où l'abaissement du point d'émergence permet l'augmentation du rayon d'influence
de l'émergence en cet endroit.

42
Figure 29. Captage des sources d’émergence par une chambre maçonnée simple.

Figure 30. Captage des sources d’émergence par une chambre maçonnée et aménagée.

Figure 31. Captage des sources de déversement par une chambre maçonnée et aménagée.

43
Chapitre 2.
LES TECHNIQUES OU APPAREILS DE
FORAGE

44
Chapitre II.
LES TECHNIQUES OU APPAREILS DE FORAGE

1. INTRODUCTION
Il existe de nombreuses méthodes de forage dont la mise en œuvre dépend de paramètres très
divers. Ce chapitre présente les techniques de forages en tant que telles avec leurs avantages et
leurs inconvénients relatifs, il précisera aussi les modalités de sélection de ces méthodes selon les
critères usuels pour le domaine de l´eau potable.
2. PRINCIPE DES APPAREILS DE FORAGE
Le schéma d’un appareil de forage est relativement simple et comprend essentiellement un outil
de percement, un organe moteur qui actionne l’outil, un procédé de maintien des parois du trou
et en surface un système de suspension et de levage de l’outil.
2.1. Outil de percement
Pour percer un trou dans une roche trois moyens mécaniques sont obtenus :
- la percussion qui agit à la manière d’un poinçon, la force vive transmise à la partie active
de l’outil et engendré habituellement par chute libre de sa masse totale. Il est également
possible de projeter à grande vitesse par l’intermédiaire d’un fluide des particules abrasives
sur la roche à percer ;
- la rotation qui agit en arrachant des particules ou des copeaux de matériaux plus ou moins
fins à la manière d’une mèche en bois ou d’une chèvre ;
- il existe un troisième procédé que l’on appelle pyrotechnie qui peut utiliser une flamme
à température plus élevée ou de manière très courante de jets dirigés d’explosifs.
2.2. Organe moteur
Selon le type d’outil, celui-ci est animé d’un mouvement soit alternatif de translation qui lui
permet de frapper sur la roche par l’action de son propre poids ou soit une rotation ; la force
motrice est fournie actuellement par des moteurs à explosion ou électrique mais au cours du
développement technique des appareils de forage divers moyens comme l’homme, le cheval
peuvent être utilisés.
2.3. Elimination des déchets d’attaque
Un problème important se pose dès le départ, c’est l’élimination à l’extérieur des déchets plus ou
moins grossiers produits par l’outil dont l’accumulation au fond du trou paralyserait rapidement
l’action.
Par ailleurs, il est indispensable de recueillir pour les étudier et déterminer la nature et l’âge des
terrains traversés ou recoupés. L’extraction des déchets de désagrégation des roches peut être
effectuée soit par des approches simples comme par exemple une cuillère spéciale ou une
soupape ; soit par une circulation hydraulique en utilisant de l’eau ou de la boue de forage. On
peut distinguer deux types de forages : les forages à secs et les forages à circulation.

45
2.4. Système de levage et de suspension de l’outil
L’outil est né du mouvement au fond du trou par un système de transmission à câble ou à tige. Il
est donc nécessaire lorsque le dispositif atteint un certain poids d’installer en surface un certain
support. En outre un système de levage est indispensable pour remonter ou descendre le matériel
dans l’ouvrage. Ce dispositif de suspension et de levage est plus ou moins complexe allant selon
la puissance et le perfectionnement du matériel du simple trépied à la tour de forage ou derrick.
2.5. Maintien des parois du trou de sonde
Dans les terrains peu consolidés, les parois du trou doivent être maintenues soit par de cylindres
en acier on parle alors de tubage ou casing ; soit par la boue de forage.
3. DIFFERENTS TYPES D’APPAREILS (OU TECHNIQUES) DE FORAGE
3.1. Techniques de forage à battage ou percussion à cadence lente
3.1.1. Principe
La méthode consiste à soulever un outil lourd (trépan) et le laisser retomber sur le terrain à
perforer en chute libre. La hauteur et la fréquence de chute varient selon la dureté des formations.
Le battage se produit par le mouvement alternatif d’un balancier actionné par un arbre à came
(ou bien un treuil : cylindre horizontal). Après certain avancement, on tire le trépan et on descend
une curette (soupape) pour extraire les déblais (cuttings). Pour avoir un bon rendement, on
travaille toujours en milieu humide en ajoutant quelque litre d’eau au fond de trou.
On va distinguer deux grands types (Figure 32) :
- Technique (ou appareil) de forage à battage à câble (procédé pennsylvanien) ;
- Technique (ou appareil) de forage à battage à tiges : à ce niveau, on peut distinguer :
 Technique (ou appareil) de forage à battage à tiges pleines (procédé canadien) ;
 Technique (ou appareil) de forage à battage à tiges creuses (le procédé Raky) avec
circulation de l’eau ou de la boue de forage.
3.1.2. Technique de forage à battage à câble (procédé pennsylvanien)
Le type d’appareil le plus simple est le dispositif qui donne à l’outil un mouvement de translation
par transmission à câble ou Pennsylvanien. L’outil constitué par une forte lame d’acier (trépan) est
soulevé mécaniquement et en tombant en chute libre, il poinçonne la roche à la manière d’une
barre à mine et brise peu à peu par ses chocs répétés.
Simultanément, une faible rotation alternée et imprimée à l’outil par la torsion du câble et les
mouvements alternatifs de translation sont donnés par un balancier à raison de 40 à 80 coups à la
minute suivant la nature du terrain.
Cet appareil travaille à sec et les débris de roches sont extraits avec des cuillères et des soupapes.
L’élément actif et essentiel de ces appareils de forage est l’outil que l’on appelle trépan ; comme il
agit par son poids, il doit être lourd et massif. C’est essentiellement une lame en biseau dérivée du
ciseau à froid dont la longueur est voisine d’un mètre et plus. Il comprend à la partie inférieure une
lame tranchante droite ou triangulaire, recouverte d’acier spécial que l’on recharge ou que l’on
redresse après usure.
L’évacuation se fait à l’aide des cuillères et des soupapes. Les soupapes en général, ce sont des
tubes de sondage.

46
Figure 32. Coupes schématiques des différents types de forage par battage.
3.1.2. Technique de forage à battage à tiges
3.1.2.1. Technique de forage à battage à tiges pleines
A la place du câble, on va avoir une tige pleine. Dans ce cas l’entraînement du trépan est effectué
par des tiges pleines formées d’éléments vissés bout à bout. C’est l’appareil à battage à tiges pleines
ou Canadien.
Les trépans sont du même type que les appareils à câble. L’extraction se fait à l’aide des cuillères et
des soupapes. Le plus ancien appareil de ce type connu a été inventé par les chinois, il y a plus de
deux mille ans, les tiges étaient en bambou et les balanciers animés par les hommes.
Des profondeurs de l’ordre de cent à mille mètres auraient été atteintes. Ce type d’appareil est d’un
emploi limité car les tiges subissent des efforts et des heurts qui détériorent rapidement. Le nombre
de coups est de l’ordre de 15 à 45 par minute.
3.1.2.2. Technique de forage à battage à tiges creuses
A défaut des appareils à tiges pleines, on utilise les appareils de forage à battage à tiges creuses par
lesquelles on peut injecter de l’eau pour faciliter l’entraînement des déchets à la surface du sol.
3.1.2.3. Problème des tubages
Les parois du trou sont maintenues par des tubes en aciers dont l’ensemble constitue des tubages
ou casing. En début de forage, on exécute ce que l’on appelle un avant puits à grand diamètre entre
18 et 20 dont la profondeur est variable en fonction de la profondeur du puits final. Dans ce cas,
on place un tube guide puis au cours de l’avancement du forage chaque fois, les tubes de diamètre
inférieur sont descendues dans le trou de sonde. Chaque assemblage de tubes de même diamètre
constitue une colonne de tubage dont les éléments sont assemblés bout à bout au fur et à mesure
de leur mise en place.
47
Le tube inférieur se termine par un sabot tranchant et facilite la pénétration. Les colonnes de tubage
peuvent avoir leur origine au niveau du sol ou être en disposition télescopique.
Parmi les deux dispositifs, en général, c’est le premier qui est le plus préféré ou le plus utilisé. Tous
les éléments du matériel de forage sont désignés par un diamètre essentiel, les normes en général
utilisées sont les pouces en anglais ; et ne correspondent pas exactement à une dimension précise
mais à une dénomination nominale. Pour programmer, il faut vérifier les dimensions.
Pour les tubages, les dimensions donnent les diamètres extérieurs. Concernant la mise en place des
tubages, il faut au minimum un jet de deux pouces entre les dimensions du trou et le diamètre de
sondage.
Les outils nécessaires à la poursuite d’un forage doivent avoir un diamètre plus petit de 2 pouces
environ. Ainsi chaque tubage, le diamètre utile du sondage subit une réduction de 4 pouces environ.
3.1.2.4. Domaine d'utilisation de la technique de battage
a). Nature du terrain
C'est une technique universelle traversant pratiquement tous les types de terrains, avec
cependant:
- une faible vitesse d'avancement dans les roches très dures,
- une vitesse plus lente que le forage par rotation en terrains tendres et non consolidés.
Le domaine de prédilection de cette méthode est donc celui de terrains cohérents, pas trop dures
(grès tendres, marnes indurés, schistes ou calcaires fracturés).
Les formations non consolidées nécessitent un tubage provisoire, éventuellement télescopé pour
tenir compte des frottements.
b). Profondeur maximum et diamètre
Cette méthode convient bien pour des forages peu profonds (moins de 100 m), mais peut être
éventuellement utilisée pour de plus grandes profondeurs ; la vitesse d'avancement est alors
sensiblement réduite.
Les diamètres de forage habituels sont compris entre 250 et 500 mm (10''et 20”), mais il existe
des machines de battage capables de forer jusqu'en 1,5 m de diamètre (puits forés au battage).
3.1.2.5. Avantages et inconvénients
a). Avantages
- La technique de forage par battage peut forer n’importe quelle formation, y compris
les crevasses et cavernes qui peuvent poser problèmes avec d’autres méthodes (rotary).
- Elle est indiqué pour les terrains durs surtout lorsque le terrain dur est en surface (ça
permet pas d’utiliser suffisamment de poids en Rotary) comme en terrains karstiques ou
fissurés (pas de risque de perte de boue).
- C´est un procédé simple et relativement peu coûteux (investissement généralement plus
faible que pour les autres procédés de foration).
- Il n´y n’a pas de fluide de forage (boues) et pas de risques de pollution de la nappe.
- Le trépan peut être rechargé, reforgé et affûté sur le chantier.
- C´est une méthode bien adaptée pour les forages de moyenne profondeur.
48
b). Inconvénients
- Vitesse d´avancement assez faible induisant un coût "suivi travaux" en proportion.
- Méthode peu adaptée dans les terrains plastiques ou boulants dans lesquels le tubage à
l´avancement est nécessaire.
- Difficultés pour équilibrer des venues d´eau artésiennes jaillissantes.
- Absence d´information sur les niveaux producteurs (qualité - production) sinon par mise en
place de dispositif de pompage en parallèle à la foration.
3.2. Technique de forage par havage
3.2.1. Principes
Le forage par havage est plus connu sous le nom de procédé Benoto, dans ce type de forage par
curage ou havage, les tubages pénètrent dans la formation sous l´effet de leur propre poids ou
sous l´action de vérins hydrauliques (Figure 33).
Au-dessous du niveau statique, l´emploi d´une soupape est recommandé. En présence d´éléments
grossiers ou de blocs, l´utilisation d´un trépan tombant en chute libre (battage par havage) permet
de briser l´obstacle. Il est également possible d´utiliser des vibreurs hydrauliques pour faciliter la
descente ou l´arrachage des tubages.

Figure 33. Photo d’un forage par havage.


3.2.2. Avantages
- Avancement rapide à faible profondeur dans des formations meubles, notamment les
sols meubles et les alluvionnaires (en absence d´éléments grossiers).
- Réalisation d´ouvrages en gros diamètre (peu répandus en eau minérale).
3.2.3. Inconvénients
- Méthode inadaptée aux terrains durs.

49
- La méthode est utilisée pour la réalisation des forages de faible profondeur (environ 30 m).
- Difficulté pour arracher les tubages de soutènement après la mise en place des crépines
et du massif filtrant.
3.3. Technique de forage par tarière
On peut également réaliser un forage par la tarière mécanique (Figure 34), lorsque les formations
sont meubles (sols meubles, sables, alluvions, etc.). Les tarières hélicoïdales continues forent
rapidement dans les argiles et les terrains non consolidés à faible profondeur (inférieur à 20 m) et
à vitesse lente.

Figure 34. Photo d’un forage par une tarière.


3.3. Technique de forage avec le carottier
3.3.1. Définition et but de la technique
Le carottage est une opération consistant à prélever au moyen d'appareils divers appelés
carottiers, un cylindre de quelques centimètres de diamètre et de longueur variable (carotte) dans
les sols, des sédiments (carotte de sédiments), des roches. Cette technique est destinée à
récupérer la formation en place sans destruction.
Dans l’hydrogéologie le forage par carottage né pas une méthode de forage proprement dit,
mais il est employé au cours des forages ordinaires (rotary, MFT, etc.) pour les buts suivants:
- Extraire des échantillons de roche en vue de définir la nature, la position, l’épaisseur et
l’étendue des couches qu’on désire exploiter (roche réservoir).
- Extraire de l’eau d’un terrain présumé d’être aquifère. En remontant au jour des
échantillons prélevés dans la roche magasin, on pourra décider d’exploiter ou non, telle ou
telle couche après examen et analyse des éléments extraits.
- Fournir des échantillons pour l’analyse au laboratoire, on détermine les propriétés de
réservoir (granulométrie, perméabilité, porosité, etc.).

50
- Dans les terrains très fissurés, caverneux ou karstiques, permet d’apprécier l’hydraulicité
de telle couche, de définir l’étage géologique de la formation et de comparer l’échantillon
avec d’autres provenant d’ouvrage exploités afin d’en tirer des conclusions utiles pour
l’équipement du forage en cours de reconnaissance.
3.3.2. Principes
Le principe des sondages carottés est de venir découper un cylindre de terrain le plus intact
possible afin de réaliser des observations et des essais représentatifs des formations en place. Le
découpage des terrains peut être fait par fonçage ou battage (carottier poinçonneur) ou par
rotation (carottier rotatif).

3.3.2.1. Carottage par fonçage ou poinçonnage


Il consiste à venir découper les terrains et faire pénétrer l’échantillon dans l’outil par
poinçonnement sans rotation. Deux méthodes sont utilisées :
- fonçage par pression : le système de forage applique une force sur le carottier afin de
s’assurer une vitesse d’enfoncement supérieure ou égale à 2 cm/s.
- fonçage par battage: l’outil est enfoncé sous l’effet de chocs générés par la tête de
forage et transmis par le train de tiges. Selon la fréquence de frappe, on distingue le battage
(< 2 Hz), la percussion (> 2 Hz).
Les carottiers utilisés ont des caractéristiques adaptées à la méthodologie de fonçage et à la nature
des terrains à prélever. On distinguera les techniques suivantes.
Le carottier à paroi mince : c’est un tube d’épaisseur fine (Figure 32) au regard de son diamètre
intérieur (indice de surface inférieur à 15 %) qui permet de prélever des matériaux fins.
Le carottier à paroi épaisse : Le schéma et le principe de fonctionnement sont analogues à celui
du carottier à paroi mince, mais en raison de l’épaisseur de la paroi du tube carottier cet outil peut
être mis en œuvre par battage et permet de prélever des sols grenus.

51
Figure 35. Carottier à paroi mince avec/et sans étui.
Le carottier à piston stationnaire : Il s’agit d’un carottier à paroi mince associé à un système de
piston qui permet de prélever des sols très mous (Figure 36). Le verrouillage du piston
commandé depuis la surface par un câble, bloque l’entrée du carottier jusqu’à la cote de début de
forage (descente), permet la pénétration de l’échantillon durant la phase de fonçage et assure
l’étanchéité pour éviter la chute de la carotte lors de la remontée.
Le carottage vibratoire haut fréquence : Le carottage vibratoire utilise une tête de forage
munie d’un moteur hydraulique qui entraîne deux masses dans des sens de rotation opposés et
génère ainsi, sur le train de tiges, une force «sinusoïdale». La fréquence de vibration peut
varier de façon à optimiser la pénétration de l’outil dans le sol (généralement fréquence comprise
entre 50 et 120 Hertz). Un système de double tubage permet de remonter le tube échantillonneur
en fin de passe en laissant un tubage en place. Les carottes prélevées peuvent être extraites par
vibration, elles sont alors recueillies dans un film plastique maintenu à la sortie du tube ou
conditionnées dans une gaine équipant le tube intérieur. Cette technique est particulièrement
adaptée pour le prélèvement de sols graveleux non consolidés.

Figure 36. Etapes du prélèvement d’échantillons avec un carottier à piston stationnaire.

52
3.3.2.2. Carottage rotatif
Il est constitué d’un tube cylindrique à l’extrémité duquel se trouve un outil appelé couronne
(Figure 37).

Figure 37. Principe de fonctionnement des carottiers rotatifs.


L’ensemble est mis en rotation et en appui par la tête de forage via le train de tige. La couronne,
munie d’éléments d’abrasion (carbure de tungstène, diamants synthétiques, …), découpe le
terrain qui entre à l’intérieur du tube du carottier. En fin de passe, à la remontée de l’ensemble,
un extracteur rompt le contact entre la carotte et le terrain en place puis maintien la carotte à
l’intérieur du tube du carottier. Selon la nature des terrains à prélever et la qualité des échantillons
recherchés, différents carottiers rotatifs seront mis en œuvre (Figure 38) :
Le carottier simple : le système se limite à un tube carottier muni d’une couronne. Lors du
forage, le fluide de forage passe le long de l’échantillon qui peut également être en contact avec
le tube du carottier en rotation, de telle sorte que la qualité de l’échantillon est limitée et ne
permet qu’une caractérisation de la nature des sols. Cette technique est couramment pratiquée
en carottage de chaussée.
Le carottier double : le système comporte un tube extérieur entraîné en rotation portant la
couronne et un tube intérieur monté sur pivot en partie haute qui ne tourne pas et emmagasine
l’échantillon. Le fluide de forage circule entre le tube extérieur et le tube intérieur. À l’exception
des sols mous, les prélèvements réalisés par cette méthode permettent de caractériser la nature
et partiellement l’état des sols (à l’exception des caractéristiques mécaniques). Cette méthode est
la plus couramment appliquée en hydrogéologie.
Le carottier triple : ce carottier ajoute au carottier double un étui amovible qui recueille
l’échantillon et permet l’extraction d’une carotte directement conditionnée. À l’exception des sols
mous et fins, cet outil assure le meilleur type de prélèvement et autorise la caractérisation de la
nature et de l’état des sols. L'échantillon n'est jamais en contact avec le fluide de forage et
directement protégé par une gaine en PVC. Cette gaine peut être fendue ou non, translucide ou
non.

53
Le carottier à trousse dépassant : Il s’agit d’un carottier double dont le tube intérieur est
muni d’une trousse coupante qui se prolonge en dehors de la couronne fixée sur le tube extérieur.
Ce système permet le prélèvement d’échantillon de meilleure qualité car découpé par la trousse
coupante « fine » ; la couronne ne venant que supprimer les frottements avec le sol en place. Ce
procédé est également connu sous l’appellation «carottier Mazier».
Le carottier à câble : la particularité de ce système ne réside pas dans le mode de découpage de
l’échantillon, mais dans la liaison entre le carottier et la machine. Les tiges reliant la machine à
l’outil sont remplacées par un tubage de section constante depuis la surface jusqu’au fond. Ce
tubage est entraîné en rotation et en pression, son extrémité inférieure portant une couronne.
Dans ce tubage, on descend un carottier, qui se verrouille lorsqu’il atteint sa place en bas du tubage
sur des épaulements prévus à cet effet. Lorsque la passe de carottage est achevée, le carottier est
déverrouillé à l'aide d’un système repêcheur (l’overshot). L’ensemble repêcheur-carottier-carotte
est remonté à l’aide d’un treuil. Outre le gain de temps, le maintien du tubage en place assure
la stabilité du forage.

Figure 38. Coupes schématiques des différents types de carottiers rotatifs.


3.3.2.3. Avantages
- Observations géologiques de qualité optimale.
- Couplé à un dispositif d´orientation de la carotte, l´échantillon recueilli en zones
fracturées permet une analyse des directions de fracturation.
54
3.3.2.4. Inconvénients
- Leur réalisation est longue et coûteuse.
- Diamètre réduit.
- Pourcentage de récupération des formations est fonction de la nature des terrains (faible
en structure non consolidée).
3.3.2.5. Les couronnes de carottages
Ce sont les outils de carottage, actuellement elle existe deux types de couronnes :
- Les couronne avec diamant naturels (Figure 39A): suivant la dimension des pierres de
diamants, ces couronnes s’adaptent à toutes les formations, les grosses pierres sont utilisées
dans les formations tendres et les petites dans les formations dures. Les diamants sont
montés sur le corps matrice de la couronne du trépan qui est condensé en corps d’outils en
acier. La fonction du corps matrice de la couronne du trépan sur la surface du trépan à
diamant est de tenir le diamant en une position étroite tout au long de la durée de vie du
trépan. Le carbure tungstène inséré peut être fournit sur les voies navigables là où il y’a
de l’érosion de la matrice dans les formations de type abrasives.
- Les couronnes à diamants synthétiques (PDC) (Figure 39B): Le trépan de forage PDC
("trépan à diamant compact polycristallin) est principalement composé du corps en acier
et feuille composée de diamant de polycristallin. Le trépan à diamant polycristallin est
constitué d’une tête conçue de matrice de fonte à laquelle le PDC a été inséré. La surface de
l’élément de coupe en forme de disque est constituée de poudres de diamants synthétiques
très fins feutrés ensemble par un processus de haute pression et haute température. Cette
couche de diamant est supportée par un goujon de carbure tungstène qui est soudé
directement dans la matrice du trépan par un processus spécial. Le trépan PDC est idéal pour
être utilisé sur les forages de haute tension à une vitesse de rotation relativement basse. Le
trépan PDC a été utilisé dans les formations douces à moyenne de dureté 3 à 6.

Figure 39. Les couronnes de carottages.

55
3.4. Technique de forage rotary en circulation directe
3.4.1. Principe
Le technique de forage rotary utilise un outil (trépan) monté au bout d´une ligne de sonde
(tiges vissées les unes aux autres), animé d´un mouvement de rotation de vitesse variable et
d´un mouvement de translation verticale sous l´effet d´une partie du poids de la ligne de sonde
ou d´une pression hydraulique. Le mouvement de rotation est imprimé au train de tiges et à l´outil
par un moteur situé sur la machine de forage en tête de puits (Figure 40).

Figure 40. Schéma simplifié d’une installation de forage rotary.


56
Les tiges sont creuses et permettent l´injection de boue au fond du forage. Les outils utilisés en
rotation sont des trépans de plusieurs types en fonction de la dureté des terrains rencontrés (outils
à lames, outils à pastilles, molettes ou tricône, outils diamantés ou à carbures métalliques). Au-
dessus du trépan, on peut placer une ou plusieurs masses-tiges très lourdes qui accentuent la
pression verticale sur l´outil et favorisent la pénétration et la rectitude du trou. Le forage rotary
nécessite l´emploi d´un fluide de forage préparé sur le chantier. Dans le cas de la circulation
directe, le fluide est injecté en continu sous pression dans les tiges creuses de la ligne de
sonde, il sort par les évents de l´outils et remonte à la surface dans l´espace annulaire (entre les
tiges et les parois du trou).
3.4.2. Avantages
- Le forage rotary peut forer n’importe quelle formation à (l’exception des formations
caverneuses), à condition de choisir l’outil adéquat pour chaque terrain.
- La profondeur du forage peut être très importante (plus que 2000 m).
- Vitesse d’avancement importante (jusqu’à 100 m/jour en 8 ½ = 216 mm en terrain tendre).
- Bon contrôle des venues d’eaux artésiennes jaillissantes.
- Le forage n´est pas perturbé par les terrains peu stables ou plastiques, sous réserve
de l´utilisation d´un fluide de forage adapté.
- Cette technique permet un bon contrôle des paramètres de forage (poids de l´outil,
vitesse de rotation, qualité et débit d´injection de la boue) en fonction des terrains à
traverser.
- Le forage au rotary entraîne une consolidation des parois en terrains meubles par dépôt
d´un cake.
57
3.4.3. Inconvénients
- Nécessité d´un fluide de forage qui ne permet pas d´observation directe de la qualité
des eaux des formations traversées.
- Difficulté de forer dans les terrains caverneux à cause de la perte de circulation de la boue.
- Colmatage possible des formations aquifères par utilisation de certaines boues (bentonite).
- Difficulté d´observation des cuttings (la présence de tamis vibrants en circuit retour diminue
sensiblement cet inconvénient).
- nécessitant des temps de développement importants
3.4.4. Paramètres de forage
Pour avoir le meilleur rendement d’un atelier de forage rotary, il convient d’être très vigilant sur
les trois paramètres suivants :
3.4.4.1. Le poids sur l’outil
L’avancement s’accroîtra en fonction du poids sur l’outil (qui s’augmente en s’avançant par le
montage au fur et à mesure de tiges), mais on est limité dans cette voie par l’usure rapide des
lames et des dents et surtout par détérioration rapide des roulements des outils à molettes. Le
contrôle du poids sur l’outil s’opère par le dynamomètre qui mesure la tension du brin (file) mort
du câble, il donne le poids de tout ce qui est suspendu au crochet.
3.4.4.2. La vitesse de rotation
La plus part des appareils rotary sont munis d’un indicateur donnant la vitesse de rotation de la
table (table de rotation). Dans les terrains durs, la vitesse de rotation sera faible ; elle sera plus
élevée lorsque les terrains seront tendres.
Cette vitesse qui se calcule en fonction de la vitesse des moteurs et le rapport des transmissions,
devra être vérifiée par un appareil de contrôle.
3.4.4.3. Le débit des pompes (à boue, à air)
La vitesse de remontée des cuttings doit se situer autour de 60 m/min au minimum. Le choix de la
puissance de la pompe et de son moteur sera conditionné par le volume total de boue à mettre
en œuvre pour la plus grande profondeur du forage, en tenant compte des pertes de charge, de
la viscosité de la boue et de dimensions des tiges.
3.5. Appareils de forage avec circulation inverse
3.5.1. Principe
Cette méthode de foration diffère des méthodes précédentes par une circulation du fluide (boue,
eau ou air), elle descendre dans l´espace annulaire (entre la formation et les tiges) et la remontée
des cuttings se fait à l´intérieur du train de tiges. Il existe également des tiges à double parois qui
assurent l´injection et la remontée du fluide par l´intermédiaire des seules tiges.
La technique de forage à la rotation avec circulation du fluide à partir de l'intérieur du train de tige
(circulation directe) devient difficile quand le diamètre du forage est grand (à partir de 24 pouces).
Le coût des pompes devant faire circuler la boue devient exorbitant et leur rendement assez faible.
Pour pallier ces inconvénients, on utilise la circulation inverse pour laquelle le fluide de circulation
est introduit dans l'espace annulaire entre le tubage et le forage et la remontée des déblais se fait
par les tiges de forage qui ont un diamètre de 150 à 200 mm. Deux techniques peuvent être
58
utilisées pour faire remonter les déblais :
- L’aspiration du fluide et des déblais par une pompe centrifuge spéciale (possibilité de
passage de graviers et galets),
- L’utilisation d'air comprimé.
Les outils, les tiges, la tête d'injection, le dispositif de pompage sont conçus pour laisser les graviers,
galets et déblais de taille centimétrique.
La circulation inverse permet d'obtenir une grande vitesse de remontée indépendante du diamètre
du forage et, par conséquent, un bon nettoyage du trou même pour des grands volumes de déblais.
C'est une technique de forage en grand diamètre et à profondeur relativement faible.

3.5.2. Avantages
- Une information géologique plus précise et quasi instantanée. Les cuttings recueillis en surface
proviennent du seul fond du trou sans mélange avec des cuttings provenant éventuellement de
l´érosion du trou au cours de la remontée.
- Une information géologique continue. La traversée de zones fissurées, fracturées ou
caverneuses, se traduit assez souvent par des pertes partielles (ou totales) de fluide de circulation
(air ou eau ou boue) dans les techniques de forage à circulation directe. La remontée des cuttings
par le train de tiges diminue fortement les risques de pertes de fluide et de cuttings ainsi que les
éventuels colmatages ou contamination des aquifères traversés.
- Meilleure individualisation des arrivées successives de fluide en cours de foration. Seul le niveau
en cours de foration est testé au moment du passage de l´outil, les mélanges avec des niveaux
supérieurs sont très réduits.
59
3.5.3. Inconvénients
- Présence d´un fluide de forage et de risque de colmatage (la même que circulation directe).
- la reconnaissance de niveaux producteurs au moment de sa foration, nécessite un contrôle
continu et des prises de décision adéquates pour caractériser les différents niveaux (arrêt de
forage et circulation ou pompage dès observation particulière).
- Il existe un risque d´occulter des informations importantes sur un niveau producteur
d´épaisseur réduite par passage trop rapide.
3.6. Techniques de forage rotary des puits profonds
Ce sont donc des appareils à rotation rapide et à injection de boue sous forte pression. C’est un
dispositif le plus fréquemment utilisé de nos jours et son emploi se généralise aux recherches
géologiques, de pétrole, d’eau souterraine et de substances minérales. Il est caractérisé par une
grande vitesse de rotation de l’outil, quelques dizaines à 200 tours par minute selon les terrains :
85 à 200 tours par minute pour les roches meubles, 40 à 50 tours par minutes pour les roches
dures.
La charge sur l’outil au fond du trou est importante qui peut être de plusieurs tonnes et elle
provient essentiellement du poids des tiges auxquelles on ajoute au-dessus du trépan ce que l’on
appelle masse-tige. Cette pression est adaptée aux besoins du travail par la traction du treuil.
3.6.1. Fonctions d’un appareil de forage rotary
Dans le forage rotary, le système de rotation comprend habituellement une tête d'injection,
une tige d'entraînement qui passe à travers une table de rotation et qui est reliée à une colonne
de forage (en) (ou train de tiges) et en bout de colonne un outil de forage creusant le sol. La tige
d'entraînement, et de fait la colonne de forage, et l'outil de forage, tous subissent une rotation via
la table de rotation et une section angulaire de la colonne qui se trouve au niveau de la table, ou
bien si la table n'est pas le moyen de rotation de la machine de forage, via la tête d'injection qui
sert également à l'entraînement de la colonne (top drive). La garniture peut être définie par
«l'ensemble des matériels tubulaires descendus dans le puits, à l'exception des cuvelages».
Les installations de forage employées pour le forage rotary des puits profonds (comme le cas des
forages captant la nappe du continental intercalaire dans la région du Sahara septentrional où
la profondeur de forage dépasse 1200 m) représentent un ensemble de différentes machines,
mécanismes et bâtiments (Figure 41), semblables aux machines de forages pétrolières.
Au cours de forage rotary d’un puits profond, on réalise les opérations suivantes:
- Descente de la colonne des tiges de forage dans le puits.
- Montée de la colonne des tiges pour remplacer un outil de forage usé.
- Rotation d’un outil de forage.
- Préparation et injection de la boue de forage dans le puits afin de remonter les déblais
de terrain découpés.
- Rallongement de la colonne des tiges de forage par la mesure de l’augmentation de
la profondeur du puits.
- Descente des colonnes des tubages.
- Cimentation des formations superficielles et les couches qui présentent des problèmes
pendant le forage.
60
L’appareil de forage assure ces fonctions par deux catégories d’équipements:
- Les équipements de surface: cette catégorie est répartie en plusieurs groupes mettant
en œuvre l’outil de forage et assurant la sécurité du puits.
- Les équipements de fond: c'est l'ensemble des outils de forage et garniture qui travaillent
au-dessous de la surface.

Figure 41. Les composants d’un appareil de forage rotary.


3.6.2. Les équipements de surface
3.6.2.1. Les équipements de levage
Pour soulever la garniture de forage (ensemble tiges-tiges lourdes-masse-tiges), il faut utiliser
une grue de grande capacité, car la garniture de forage peut atteindre un poids supérieur à
150 tonnes ou plus. La grue permet de contrôlée le poids sur l’outil (WOB), les changements
d’outils (manœuvres de garnitures), la descente des colonnes de tubages (casing) et les levées
et descentes du mât. Cette grue est constituée :
a). Le mât de forage
C’est le « trépied » qui supporte le palan (Figure 42). Il a remplacé la tour pour la rapidité de
son montage et démontage. A son sommet est placé le moufle fixe. Une passerelle d’accrochage
est placée à son milieu ; elle sert de lieu de travail pour l’accrocheur, qui accroche ou décroche
les «longueurs» de tiges lors de la remontée ou la descente de l’outil dans le puits. Une autre
passerelle de hauteur ajustable, placée plus bas, sert à guider le tubage pour le visser et le
descendre dans le puits. Un plancher de travail est aménagé aux pieds du mât. Il sert d’aire de
61
travail pour l’équipe. Une cabine [dog house] est aménagée sur ce plancher pour permettre aux
ouvriers de se reposer. Le plancher est surélevé de quelques mètres au-dessus du sol, pour
permettre l’introduction des éléments de la tête de puits et des obturateurs, reposant sur une
substructure robuste, formée de caissons en treillis de fer soudés. Un plan incliné est conçu pour
faire remonter les tiges sur le plancher pour les descendre dans le puits. L’ensemble est posé sur
une plate-forme en béton armé, préalablement aménagée sur le sol.

Figure 42. Le mât de forage.


b). Le mouflage
Le mouflage est l’enroulement du câble de forage entre les poulies des moufles fixe et mobile en
plusieurs brins (jusqu’à 14 brins). Le mouflage permet de démultiplier le poids de la garniture de
forage et diminuer la vitesse de son déplacement. En négligeant les frottements, la charge au
crochet est divisée par le nombre de brin.
c). Le moufle fixe [crown block]
Le moufle fixe est formé d’un certain nombre de poulies et placé au sommet du mât, il
possède une poulie de plus que le moufle mobile (Figure 43).

Figure 43. Le moufle fixe.


62
d). Le moufle mobile [travelling block]
Le moufle mobile est formé également d’un certain nombre de poulies par lesquelles passe le
câble de forage (Figure 44), il se déplace sur une certaine hauteur entre le plancher de travail et le
moufle fixe. Il comporte à sa partie inférieure un crochet [hook] qui sert à la suspension de la
garniture pendant le forage. Des bras sont accrochés de part et d’autre de ce crochet servant
à supporter l’élévateur, utilisé pour la manœuvre de la garniture.

Figure 44. Le moufle mobile.


e). Le treuil [Draw works]
Le treuil de forage (Figure 45) est l’organe principal de la sonde; par sa capacité il caractérise le rig
(sonde de forage) en indiquant la profondeur de forage que peut atteindre l’appareil de forage. Le
treuil regroupe un ensemble d’éléments mécaniques et assure plusieurs fonctions :
- Les manœuvres de remontée et de descente (levage) du train de sonde.
- L’entraînement de la table de rotation dans le cas de top drive.
- les vissages et dévissages du train de sonde ainsi que les opérations de curage.

Figure 45. Le treuil.

63
f). Le câble de forage
Le câble de forage relie le treuil au moufle mobile, est l'organe de transmission du travail qui
permet aux charges d'être déplacées à la verticale dans les deux sens. Un câble est constitué de
plusieurs torons disposés en spirale autour d’une âme, chaque toron est lui-même constitué de
plusieurs fils calibrés, également disposés en hélice sur plusieurs couches.
h). Le crochet de forage
Se trouve suspendu directement au moufle mobile. Un système de roulement à billes permet la
rotation du crochet autour de son axe sans entrainer celle du moufle mobile. Cette rotation est
néanmoins limitée en partie par un système de verrouillage.
Un ressort puissant permet à chaque opération de dévissage des éléments de train de sonde un
dégagement vers le haut de la partie supérieure, ce qui évite la détérioration de filetage.
3.6.2.2. Les équipements de rotation
Pour faire tourner l’outil, on visse au sommet des tiges, de forme cylindrique, une autre tige de
section carrée ou hexagonale, appelée tige d’entraînement, et on l’introduit dans la table de
rotation [rotary table]. Alors la fonction de rotation est assurée par :
a). La table de rotation
En cours de forage, elle transmet le mouvement de rotation à la garniture de forage, par
l'intermédiaire de fourrures et de la tige d'entraînement, et, en cours de manœuvre, supporte
le poids de la garniture de forage, par l'intermédiaire de coins de retenue.
b). Le carré d'entraînement et les fourrures
Le mouvement de rotation est transmis par la table à la tige d'entraînement par le biais d’un carré
d'entraînement (Figure 46) rendu solidaire en rotation de la table par l'intermédiaire d'une
fourrure principale. Pendant les manœuvres, des fourrures intermédiaires sont mises en place à
l'intérieur de fourrure principale pour pouvoir caler la garniture de forage.
c). La tige d'entraînement
Elle assure la liaison entre la garniture de forage et la tête d'injection et communique le
mouvement de rotation de la table à la garniture de forage par l'intermédiaire du carré
d'entraînement.

Figure 46. Equipements d’entrainement de la garniture de forage.


64
d). Le top drive
Le top drive (Figure 47) est une tête d’injection motorisée qui, en plus de l’injection, assure la
rotation de la garniture de forage. Ainsi, on n’a besoin ni de la tige d’entraînement ni de la table
de rotation pour faire tourner la garniture, c’est le top drive qui s’en charge. En plus, pendant le
forage, au lieu de faire les ajouts simple par simple, on peut les faire longueur par longueur.

Figure 47. Le top drive.


3.6.2.3. Les équipements de pompage
La fonction pompage assure l’acheminement du fluide de forage depuis l’aspiration de la pompe
jusqu’au retour aux bassins. La boue [mud] est fabriquée dans des bassins de grande capacité. Elle
est ensuite aspirée par des pompes [mud pumps] et refoulée dans les tiges creuses. Elle descend
le long de la garniture de forage [drilling string], sort par les orifices de l’outil, remonte dans
l’espace annulaire entre la garniture de forage et le puits jusqu’en surface. Là, elle est recueillie
dans un tube vertical (tube fontaine), puis acheminée par un autre horizontal (goulotte) vers
des tamis vibrants, pour être débarrassée des déblais [cuttings], avant d’être réinjectée dans le
puits [well].
La boue, une fois refoulée doit suivre le chemin suivant (Figure 48) :
- la conduite de refoulement : juste à la sortie de la pompe, achemine la boue de la
pompe jusqu’au plancher de travail.
- le manifold de plancher : placé sur le plancher de travail, il comporte plusieurs vannes pour
diriger la boue dans plusieurs directions.
- la colonne montante [stand pipe] : c’est une conduite connectée au manifold de plancher
et monte tout au long du mât.
- le flexible d’injection [kelly hose] : qui raccorde la colonne montante au sommet des tiges.
65
- le col de cygne [goose neck] : point de connexion du flexible d’injection à la tête d’injection.
- la tête d’injection [swivell] : La tête d’injection représente le mécanisme qui relie la partie
mobile d’une installation de forage à la partie fixe. En effet la tête d’injection qui est
suspendue d’un côté au crochet de levage et de l’autre côté vissé à la tige carrée, elle sert :
 De palier de roulement à l’ensemble du train de tige pendant le forage.
 Elle assure le passage de la boue de forage venant d’une conduite fixe (Flexible
d’injection) dans une conduite animée d’un mouvement de rotation (train de
sonde).
- Une tête d’injection comprend une partie mobile reposant par l’intermédiaire d’un
roulement à bille principal sur une partie fixe.
L'étanchéité dans ce point est assurée par une garniture spéciale. Il est prévu aussi sur la partie
inférieure de la tête d’injection et pour empêcher l’huile de s’échapper des presse-étoupes.

Figure 48. Circuit de la boue.


3.6.2.4. Les équipements de puissance
a). Les sources d’énergie
Pratiquement dans tous les cas, un moteur Diesel fournit la puissance nécessaire aux forages
(Figure 49). La puissance est alors délivrée soit par électricité, soit mécaniquement. Dans le cas

66
de forages profonds, des générateurs électriques alimentés par un moteur Diesel sont le plus
souvent utilisés. L'option «électrique» a de nombreux avantages dont, entre autres, la réduction
du bruit et une organisation du chantier plus simple.
b). Les systèmes de transmissions de puissance
b1). Transmission mécanique
Plusieurs moteurs diesel travaillent en parallèle grâce à leur interconnexion par un système de
chaînes, d’embrayage...
b2). Transmission électrique
Les appareils de forage utilisent le système pour la consommation d'énergie électrique qui est
fournie par le moteur diesel et les génératrices, l'avènement des thyristors SCR a pour rôle le
développement du système AC/DC.

Figure 49. Moteur Diesel.


3.6.2.5. Les équipements de sécurité
Au forage des puits aux gisements où l'on suppose la présence d'une pression élevée des couches,
afin d'éviter une éruption de gaz et d'huile, la tête de puits est munie de dispositifs d'étanchéité
de sécurité appelés obturateurs de sécurité (B.O.P) (Figure 50).

Figure 50. Obturateurs de sécurité (B.O.P).


67
3.6.3. Les équipements de fond
C'est l'ensemble des outils de forage et garniture qui travaillent au-dessous de la surface. La
garniture de forage (Figure 51) est un arbre de forage creux, constituée des tiges, des tiges
lourdes et des masse-tiges. Leurs principales fonctions est:
- Entraîner l’outil en rotation.
- Appliquer un certain effort sur l’outil.
- Apporter l’énergie hydraulique nécessaire à l'évacuation des déblais,
- Canaliser la boue de forage jusqu’au fond de trou.
3.6.3.1. Les tiges

Figure 50. Les composants de la garniture de forage.


a). Rôles des tiges
Les tiges de forage permettent la transmission de la rotation de la table à l’outil et le passage
du fluide de forage jusqu’à ce dernier.
b). Caractéristiques des tiges
Le diamètre nominal : C’est le diamètre extérieur du corps de la tige, exprimé en pouces.
Le grade : détermine la qualité de l'acier et donne la résistance de la tige à la traction et la
torsion. Lorsqu'une tige subit un effort de traction, elle s'allonge; si on ne dépasse pas une
certaine valeur et si on relâche la force, la tige revient à sa position initiale : on dit que l'acier a
travaillé dans le domaine élastique. Ces grades sont : A, B, C, D et E, correspondent à des
valeurs suivantes des limites élastiques en kg/mm2 : 20, 28, 32, 39 et 53.

68
La gamme : caractérise la longueur des tiges. Il existe 3 gammes de longueur de tige :
- gamme 1 : 5,50 m à 6,70 m (18' à 22'),
- gamme 2 : 8,25 m à 9,15 m (27' à 30'),
- gamme 3 : 11,60 m à 13,70 m (38' à 45').
Le poids nominal :exprimé en livres par pied, il indique le poids du corps de la tige sans les tool-
joints.
Fabrication : les tiges de forage sont des tubes d'acier au carbone étirés sans soudure.
Tableau des caractéristiques des tiges.

Diamètre nominale Diamètre Diamètre Section acier Diamètre d'outil à


extérieur [pouce] extérieur intérieur [millimètres employer [pouce]
[millimètre] [millimètre] carres]

2 3/8 60.3 46.1 1170 Jusqu’à 4

2 7/8 73.2 57.2 1630 4à6

3½ 88.9 70.2 2320 6 à 8 1/2


4½ 114.3 97.2 2850 8 1/2 à 12 1/8
6 5/8 168.3 146.3 5400 Plus à 12 1/8
c). Les tool-joints
Ce sont des joints qui assurent la liaison entre les tiges. Ils sont soudés et/ou vissés au corps de
tiges. Ils sont caractérisés par leur diamètre extérieur, leur filetage et le diamètre nominal de leur
filetage. Ils peuvent être rechargés extérieurement pour être protégés contre l'usure excessive.
d). Recommandations pour l’utilisation des tiges
Un certain nombre de ruptures des tiges pourrait être évité par l'application de certains contrôles
et précautions :
- utiliser un poids de masse-tiges suffisant pour éviter que les tiges ne travaillent en
compression.
- utiliser des tiges droites, surtout au-dessus des masse-tiges.
- nettoyer et graisser soigneusement les filetages et les portées planes d'étanchéité.
- placer les tool-joints à débloquer à une hauteur correcte au-dessus de la table de rotation
pour éviter de tordre la tige au-dessus des cales.
- au cours des manœuvres, éviter le choc du bas du filetage mâle contre la portée de la
tool- joint femelle.
- ne pas déplacer une tige stockée dans le mât en tapant sur la portée du tool-joint mâle.
- mettre systématiquement des protecteurs de filetage pour le transport et le stockage.
- éliminer les tiges dont les tool-joints ont atteint la cote d'alerte.

69
- ne pas tirer sur les tiges au-delà de la limite élastique en utilisant un coefficient de sécurité
qui tient compte de l'état des tiges.
- les filetages des tool-joints doivent être nettoyés intérieurement et extérieurement au
moyen du jet d'eau.
Tous les membres de l’équipe doivent inspecter les tiges durant la remontée, pour détecter
une éventuelle anomalie. Cette opération exige que les tiges soient propres, ce qui nécessite leur
nettoyage durant la remontée.
3.6.3.2. Les tiges lourdes
a). Rôles des tiges lourdes
Les tiges lourdes ont une flexibilité plus grande que celle des masses tiges et plus petite que celle
des tiges normales. Les tiges lourdes sont fréquemment utilisées comme intermédiaires entre les
masse-tiges et les tiges. Il y a ce niveau une variation de section occasionnant des contraintes plus
élevées (flexion plus grande, vibrations). On utilise donc avantageusement une, deux ou trois
longueurs de tiges lourdes, entre les masse-tiges et les tiges, chaque fois que les conditions de
forage sont difficiles.
b). Formes
Les diamètres extérieurs des tool-joints sont surdimensionnés par rapport à ceux des tool-joints
des tiges. Elles comportent en plus un renflement central dont le diamètre est généralement égal
à celui des tool-joints diminué de 3/4 à 1". Comme pour les tiges, l'épaulement du tool-joint
femelle est carré ou conique à 18°. Le diamètre intérieur est généralement intermédiaire entre le
diamètre des tool-joints des tiges et celui des masse-tiges.
c). Fabrication
L'acier utilisé est le même que celui des masse-tiges et des tool-joints. La partie centrale peut être
un acier à plus bas carbone traité pour obtenir une résistance comparable à celle des masse-tiges.
3.6.3.3. Les masse-tiges
a). Rôles
Les masse-tiges sont des tubes à parois très épaisses dont le rôle principal consiste à faire du poids
et à permettre aux tiges supérieures de ne pas travailler en compression. Les masse-tiges
permettent de :
- mettre du poids sur l'outil pour éviter de faire travailler les tiges de forage en compression.
- Le poids utilisable des masse-tiges ne devra pas excéder 80 % de poids total dans la boue.
- jouer le rôle du plomb du fil à plomb pour forer un trou aussi droit et vertical que possible.
- canaliser la boue de forage jusqu’au fond de trou.

b). Caractéristiques
Une masse-tige est caractérisée par :
- ses diamètres extérieur et intérieur, le diamètre intérieur est normalisé par l'API en
fonction du diamètre extérieur.

70
- les filetages ; les filetages des masse-tiges sont coniques pour plus, de résistance, des
facilités et rapidité de vissage ou de dévissage.
Tableau des caractéristiques des masse-tiges.

Appellation Diamètre extérieur Diamètre intérieur Poids approximatif


normalisée [pouce] [pouce] [Kg/m]
2 1/8R 3 1/8 1 33

3 1/2IF 43/4 2 3/8 64

41/2IF 6 1/8 3¼ 97

5 9/16IF 7 3/8 3¾ 144

6 3/8R 7 3/4 3½ 180

8 3/8R 10 1/4 4¼ 320

3.6.3.4. Les stabilisateurs


On appelle forage vertical, par opposition au forage dirigé, tout forage implanté à la verticale
de son objectif, la déviation maximale admissible étant limitée pour atteindre la cible. C'est le cas
de la plupart des forages d'exploration. Un outil n'a pas normalement tendance à forer
verticalement. Afin de limiter et de contrôler la déviation d'un puits, on intègre dans la garniture
de forage des stabilisateurs dont on choisit le nombre, le dimensionnement et la position pour
répondre au mieux aux problèmes posés.
3.6.3.5. Les outils de forage rotary
a). Le rôle de l’outil dans le forage
L’objectif prioritaire des foreurs est la réalisation d'un trou, conformément au programme qui
leur a été fourni, au meilleur coût possible. Le trou devait bien évidemment servir à quelque
chose ; mise en production d'un réservoir aquifère, test d'un horizon inconnu, etc.
Le coût d’un forage dans la grande partie est proportionnel au temps passé au forage, ce dernier
est lié aux travaux d'avancement, les facteurs les plus importants qui conditionnent l'avancement
sont: la nature de la roche, sa forabilité, son abrasivité, le type d'outil utilisé pour détruire la
roche, le poids sur l'outil ainsi que la vitesse de rotation, les caractéristiques et le débit de
circulation du fluide utilisé pour nettoyer le front de taille et en fin l’utilisation des techniques
nouvelles (l'emploi des turbines, moteurs de fond, etc.).
Alors le rôle de l’outil de forage est la destruction de la roche et la réalisation d’un trou dans le
plus court temps possible.
b). Historique sur l’évolution technologique des outils
Les outils de forage ont évolué au cours du temps pour répondre aux problèmes techniques du
forage qui deviennent de plus en plus complexes. Toutes ces évolutions ont eu pour but
d’augmenter la vitesse d'avancement et la durée de vie des outils, et donc de réduire le coût du
forage. Les évolutions actuelles consistent à utiliser de plus en plus le diamant sur les outils à

71
molettes pour éviter la perte de diamètre. On cite quelques dates importantes dans l'évolution
technologique des outils :
1909: introduction des premiers outils à molettes (bicônes), surtout utilisés dans les formations
indurées.
1930: introduction de la première couronne diamantée pour le carottage pétrolier.
1933: introduction des premiers outils tricônes à dents fraisées offrant une meilleure adaptation
au type de formation (offset et dents longues pour les formations tendres, dents courtes et
molettes sans offset pour les terrains durs).
1948: apparition des outils à duses.
1951: Introduction du premier outil tricône à picots de carbure de tungstène.
1953: introduction des outils diamant à pierres naturelles serties, leur durée de vie et leurs
performances à la turbine compensent leur coût élevé dans les terrains moyens à durs situés à
grande profondeur. Ils sont concurrencés par les outils à pastille de carbure de tungstène dans les
années 70. Ces derniers sont bien adaptés aux terrains moyennement durs et abrasifs pour des
profondeurs intermédiaires.
1959: introduction de joints d’étanchéité et de système de lubrification interne des roulements.
1976: introduction des outils à diamants synthétiques polycristallins (Stratapax).
1979: introduction des outils à paliers lisses.
1981: introduction des outils à diamants synthétiques polycristallins thermostables (TSP).
c). Classification des outils
c1). Outils à lames [drag bits]
C'est l’outil du type double-lame (fishtail) qui a régné sur les champs de pétrole depuis l'époque
des premiers forages pétroliers aux Etats Unis jusqu'en 1920. Durant ce temps, chaque forgeron
était un inventeur de son propre outil.
L’outil à lame n'a pas été complètement relégué au musée des antiquités pétrolières, après
l’apparition des outils à molettes car le fishtail est modifié en amenant le canal du fluide le long
de la lame de l'outil jusqu'à un orifice (jet bit), ils sont toujours utilisables dans le domaine
de forage hydraulique et même dans les forages pétroliers de faible profondeur, comme sur la
côte du Mexique et dans les formations non consolidées du Venezuela.
Les outils à lame travaillent, en rotation, comme une fraise dans un métal, ils font des
«copeaux» dans le terrain. Ils sont employés dans les formations sédimentaires compactes, à
structure fine et de dureté de vie élevée. Les avantages de ce type d’outil c’est la vitesse
d’avancement intéressante, leur cout peu élevé, il n’a pas besoin d'un poids trop élevé pour forer,
la possibilité de reforger et affuter les tranchants qui sont les seuls à offrir. Bien que des foreurs
n’aiment pas les employer parce que ces outils ne conviennent pas dans tous les terrains et
provoquent des vibrations importantes qui se répercutent jusqu’à la machine.
Les outils à lame sont fabriqués par assemblage de deux ou de plusieurs lames de métal dur par
soudeur au corps de l'outil. On distingue au moins quatre types (MABILLOT, 1997) (Figure 52) :
- Outil à deux lames ; on appelle aussi outil de queue de poisson (fishtail).
- Outil à Trois lames (three wings) ; possède trois lames.

72
- Outil à lame pilote ; possède plusieurs étages de diamètres différents.
- Outil à plusieurs lames.

Figure 52. Les Outils à lames.


b). Les outils à molettes [roller bits]
Les outils à molettes (Figure 53) ont été introduits dans le forage rotary par HUGUES en 1909, ils
en constituent aujourd'hui l'outil de base. Le tricône (outil à 3 molettes) est le plus utilisé. Les
outils à molettes sont constitués de trois cônes tournant de façon indépendante et montés sur
trois bras réunis entre eux par soudure constituant le corps de l’outil (GRONDIN, 2004).
Un tricône est constitué de 3 bras forgés, usinés avec leurs tourillons, qui subissent ensuite un
traitement thermique et sont assemblés par soudure. Les molettes [cône], usinées et traitées
thermiquement à part, sont montées sur les tourillons après la mise en place des galets avec
leur cage. Elles sont maintenues sur les tourillons par une rangé de billes, glissés par un canal percé
dans le bras, qui sera bouché et soudé une fois toutes les billes s o n t en place, ou par une
bague à ressort. Les dents [teeth] peuvent être usinées directement dans la molette ou des
pastilles en carbure de tungstène serties dans des trous percés sur la molette. Dans l'outil à
molettes classique appelé "conventionnel", le jet de boue est dirigé de l'intérieur de l'outil sur les
molettes au moyen d'évents percés dans le fond de l'outil. Les molettes sont lubrifiées, refroidies,
nettoyées, mais les déblais de forage ne sont pas remontés immédiatement dès leur formation,
d'où le "rebroyage" des déblais. Les évents de l'outil conventionnel ont été remplacés en 1948 par
des duses interchangeables placées sur les côtés de l'outil (outil à jet), entre les molettes. Le jet de
boue est dirigé directement sur le fond du trou et, si le débit est suffisant, il se crée une turbulence
qui refoule instantanément les déblais dans l'espace annulaire. Les dents des outils attaquent le
terrain vierge de tout déblai.
Les outils à molettes travaillent par compression produisant la pénétration de la dent ou du picot
dans la formation et l’éclatement de la roche induisent des fractures et en suite l’arrachage du
copeau de terrain se fait par ripage de la molette sur elle-même.
La taille ou l’épaisseur des différents constituants de l’outil dépendent du type de formation à
forer ; les outils pour formations tendres, qui nécessitent peu de poids, ont des roulements
plus petits, des cônes moins épais et des jambes de plus faible section que les outils pour
formations dures. Ceci laisse plus de place pour des éléments de coupe longs et minces. Les outils
73
pour formations dures, qui travaillent avec des poids plus importants, ont des éléments de coupe
plus trapus et plus courts, des roulements plus gros et des corps plus solides.
Les outils à dents acier sont utilisés en début de trou, dans les formations tendres, avec de grandes
vitesses de rotation, ainsi que dans les zones où l’épaisseur des couches rend les outils à
picots non économiques. Les outils pour formations tendres sont conçus avec des dents
longues, largement espacées, de façon à favoriser la pénétration dans le terrain et l’arrachement
de fragments plus importants. Les outils pour formations moyennes et mi-dures présentent des
dents plus rapprochées. La dent a également des angles légèrement plus grands pour supporter la
charge nécessaire pour vaincre la résistance de la formation. Les formations dures ont de fortes
résistances à la compression et sont habituellement très abrasives. Les outils conçus pour forer
ces formations sont munis de dents solides et peu espacées ainsi que des cônes de molette épais
de manière à supporter des poids importants.
L’outil à picots (insert bit) de carbure de tungstène a permis d’améliorer les performances de
forage dans les formations dures, là où les outils à dents ne pouvaient forer que quelques mètres
avec une vitesse d’avancement faible. Les picots de carbure de tungstène [carbide bits] et les
paliers de friction ont permis d’appliquer des poids de plus en plus importants sur l’outil et
d’augmenter la durée de vie des outils dans les formations dures et abrasives composées de silice
ou de quartzite. Grâce aux progrès de la métallurgie, différentes formes de picots sont
actuellement disponibles, ce qui permet d’utiliser ce type d’outil pratiquement dans tous les types
de terrain.

Figure 53. Les outils à molettes.


c). Les outils à diamant (outils à éléments de coupe fixes)
Les outils à diamant ne possèdent pas de pièces tournantes, ce sont des outils monobloc. Des
diamants naturels et de synthèse sont utilisés pour leur fabrication. Les outils à diamant naturel
travaillent à la façon d’une lime tandis que les outils à diamants synthétiques travaillent à la façon
d’un rabot. Ils sont rarement utilisés en forage hydraulique et réservés pour les forages pétroliers
à cause de leurs prix élevés, ce pendant leur utilisation dans les forages profonds (forage de
continental intercalaire CI) est très intéressant. L'utilisation du diamant s'est étendue au forage
pétrolier vers 1930 (carottage). Le diamant (carbone cristallisé) est le matériau le plus dur que l'on
connaisse parmi les minéraux. Sa résistance à l'écrasement est de l'ordre de 80.000 bar (carbure
de tungstène : 50.000 bar et acier C45 : 15.000 bar). Pour les outils de forage, la taille des
74
pierres se mesure en nombre de pierres par carat et varie généralement entre 1 et 15 pierres au
carat (1 carat = 0,2 gramme). Les fabricants des outils utilisent deux catégories de diamants ; les
diamants naturels et les diamants synthétiques.
Les diamants naturels : Les diamants naturels (Figure 54) proviennent de mines et les pierres
employées pour la fabrication des outils de forage industriels de très bonne qualité. Des
pierres de différentes structure et forme sont utilisées qui permettent de forés dans tous les
terrains.

Figure 54. Les outils à diamant naturels.


Les diamants synthétiques : En 1971, General Electric a réussi à faire la synthèse du diamant en
laboratoire à partir d'un mélange de graphite, de nickel et de cobalt soumis à des conditions de
pression et de température très élevées (100 000 bar et 1 500 °C). A la fin des années 80, on
assiste à l’apparition des matériaux polycristallins artificiels (les diamants obtenus par synthèse
sont monocristallins et minuscules, dans un deuxième temps, ils sont agglomérés pour former
un ensemble polycristallin) pour aboutir à une véritable révolution dans le domaine des forages.
Les outils de diamants synthétiques (Figure 55) les plus utilisés sont PDC (Polycristalline
Diamond Compact), ce sont des diamants synthétique de basse température, dont le plus
connu est le Stratapax de General Electric, les outils PDC représentaient 2 % de part de marché
en 1982. En 1990, cette part a progressé jusqu’à atteindre 60 % en 2010. En 2020, les outils PDC
représenteront plus de 80 % de part de marché grâce aux nouveaux progrès réalisés sur la
performance des matériaux diamantés (Yahiaoui, 2013). La raison de cette évolution rapide de
l’utilisation sur les chantiers des outils à taillants PDC s’explique par leur mode d’excavation
beaucoup plus efficace que celui des tricônes et aux améliorations apportées aux taillants afin
de supporter les conditions thermomécaniques rencontrées lors de forages profonds. Les outils
PDC comportent des taillants formés d’un cylindre en carbure de tungstène-cobalt surmonté
d’une partie en diamant polycristallin. Les taillants PDC sont brasés, côté carbure cémenté,
sur la tête de forage. Ils permettent d’obtenir des vitesses d’avance plus importantes.
Cependant, les outils tricônes ont toujours un intérêt économique pour la réalisation de puits
de faibles profondeurs mais aussi pour le forage de terrains durs. Le coût engendré par l’usure
d’un outil a un impact important sur les frais d’exploitation d’un puits. L’usure des outils conduit
directement à la chute des vitesses d’avancement et donc à la rentabilité du chantier qui
dépend des performances d’excavation.

75
Figure 55. Outil à diamant synthétiques.
3.6.9. Maintien des parois du trou de sonde
L’utilisation de la boue de forage permet d’éviter la multiplication des tubages. La boue de forage
est essentielle pour la suspension des produits colloïdaux : argiles, bentonite… dans l’eau avec des
densités courantes comprises entre 1,1 et 1,2. Ainsi, supposons la paroi du trou de sonde formée de
roches meubles perméables, sous l’effet de la pression de la colonne du liquide dans le sondage qui
est toujours supérieure à celle des eaux souterraines, le filtrat de la boue pénètre dans le terrain. Au
niveau de la paroi elle est filtrée et abandonne ses matières colloïdales en suspension, les quelles se
déposent, cimentent les grains de la roche et constituent une sorte de revêtement continu : le cake.
Il forme ainsi un manchon qui maintient les parois du trou de sonde et évite la pose de tube.
3.6.10. Domaine d'application
L’appareil de forage au rotary à la boue, conçu pour forer sans tubage dans les terrains meubles
ou peu consolidés, est la seule méthode permettant de réaliser des forages à moyenne ou grande
profondeur dans les bassins sédimentaires récents, constitués de roches variées, généralement
tendres et peu cohérentes.
Son domaine de prédilection est celui des roches de dureté faible à moyenne. Au-delà d'une
certaine dureté de la roche, son rendement diminue fortement, de sorte que le forage à la rotation
convient mal aux roches dures ou très dures (des zones de socle par exemple). Il n'y a pas de limite
technique à la profondeur qui peut être atteinte mais une limite de prix de revient.
En Afrique de l'Ouest, par exemple, il existe des forages d'eau dont la profondeur dépasse 1000 m
mais le plus souvent, la profondeur des ouvrages se situe entre 100 et 500 m.
La pratique du forage au rotary à la boue, surtout quand il s'agit de profondeurs importantes, ne
peut s'improviser et réclame beaucoup de savoir-faire. Le contrôle de la qualité de la boue,
l'adaptation des paramètres de forage à la dureté du terrain, les cimentations, le positionnement
des crépines au droit des couches aquifères, la mise en place du massif filtrant, le nettoyage du
forage et son développement, sans compter les instrumentations parfois nécessaires, sont autant
d'opérations qui réclament une grande technicité.
Le procédé est relativement lent, compte tenu de toutes les opérations annexes au forage
proprement dit et les risques sont plus grands que sur les forages peu profonds. Le maintien en
circulation de la boue (à la bentonite) exige un travail continu à 2 ou 3 postes. Enfin, la diversité et
la complexité du matériel et des opérations demande un appui constant de la base.
76
La consommation d'eau est importante et il faut prévoir des moyens d'approvisionnement lourds
pour acheminer sur les chantiers les fournitures nécessaires (eau, bentonite, ciment, fuel, etc.). Il
en résulte que cette méthode est onéreuse.
En ce qui concerne, les avantages des appareils rotary, on peut citer :
- la vitesse d’avancement est élevée dans les terrains tendres et moyens, plusieurs centaines
de mètres par jour, par exemple 1200 en treize heures de travail ;
- il est courant de forer plusieurs mètres (dizaines) par jour ;
- c’est le seul procédé possible pour l’exécution des sondages profonds de plus de 800 mètres
et des puits en nappe captive dans les terrains ébouleux.
- par le maintien du trou, le tubage est supprimé ou toutefois dans les terrains de mauvaise
tenue les réductions de diamètre sont peu fréquentes. C’est pourquoi, il est pratiquement
le seul procédé permettant d’atteindre avec certitude de la profondeur prévue. C’est
également le seul matériel qui permet un programme technique de diamètre adapté à
l’équipement du puits d’exploitation et surtout les opérations de développement avec mise
en place de massifs filtrants.
3.7. Techniques de forage au marteau fond de trou (MFT)
3.7.1. Principe et description du matériel au marteau fond-de-trou
Cette technique de forage utilise la percussion assortie d´une poussée sur l´outil qui se trouve lui-
même en rotation (Figure 56). L´énergie utilisée pour actionner cet outillage est l´air comprimé à
haute pression (10-25 bars). C´est un procédé très intéressant en recherche hydrogéologique et
principalement en terrains durs (calcaire et grés). Un marteau pneumatique équipé de taillant
(Figure 57) est fixé à la base d´un train de tiges et animé en percussion par envoi d´air comprimé
dans la ligne de sonde, d´où le nom de "marteau fond de trou".

Figure 56. Schéma simplifié d’une installation de forage fond de trou (MFT)
77
Figure 57. Schémas de principe de fonctionnement de marteau fond de trou (MFT).
Il convient de noter que le forage avec MFT à l´air est parfois couplé à l´emploi de mousse de
forage (injectée dans le circuit d´air) pour favoriser la tenue des parois et/ou la remontée des
cuttings. S´agissant d´un contexte "eau minérale", le choix d´une mousse "inerte" doit être une
préoccupation pour l´opération. Cet ensemble est alimenté en air comprimé (haute pression) à
travers une tête d'injection et un flexible. Ce système assure ainsi des mouvements verticaux et
78
une légère rotation du train de tiges et du marteau. La roche en contact du taillant est de ce fait
broyée en petits morceaux.

79
Le fluide de circulation utilisé est l'air, qui, détendu à son passage dans le marteau, acquiert une
grande vitesse et remonte dans l'espace annulaire (entre les tiges et les parois du forage) en
entraînant les déblais. Le débit d'air doit permettre d'une part le fonctionnement correct du
marteau, d'autre part une vitesse de remontée dans l'espace annulaire supérieure à 15m/s pour
assurer l'évacuation des déblais.

 En basse pression (10,5 bars), ces deux fonctions exigent un débit de 15 à 20 m3/mn,
 En haute pression (17,5 bars), qui est le système en voie de généralisation (plus grande vitesse
d'avancement), c'est le fonctionnement du marteau qui le plus exigeant en débit (20 à 30 m3/h).
La cadence de percussion du marteau varie selon la pression d'air de 1200 à 1600 tours par minute.
Dans un granite de dureté moyenne, la vitesse d'avancement se situe entre 10 et 20 m/h.
La tête de rotation en tête du train de tiges est rétractable pour assurer le montage et le
démontage des tiges. Elle a par ailleurs pour fonction :
- d'assurer l'alimentation en air comprimé entrant dans les tiges par un flexible ;
- de maintenir une poussée sur l'outil (0,5 à 2T selon les types de marteau, les
diamètres et les terrains) ;
- d'assurer la rotation du train de tiges (15 à 30 tours/mn).

80
3.7.2. Domaine d'utilisation
C'est la méthode la plus adaptée aux forages de petit diamètre (100 à 220 mm) en zone de socle,
étant entendu qu'un dispositif complémentaire (généralement le rotary à l'air ou à la boue) doit
lui être associé pour la traversée des couches superficielles.

3.7.3. Avantages
- Avancement rapide et profondeur d´investigations pouvant dépasser les 300 m de
profondeur (en fonction du diamètre et de la puissance du compresseur d´air).
- Bonne observation des cuttings (coupe géologique) et des zones productrices (suivi
foration).
- Fluide de forage (air) bien adapté au forage d´eau en général de par l´absence de produit
polluants (pas d´interférence entre l’eau de l’aquifère et des boues de forage).

81
3.7.4. Inconvénients
- Procédé peu adapté dans les terrains non consolidés (sables) ou plastiques (argiles). Ce qui
nécessite l'emploi de mousse injectée dans le circuit d'air pour favoriser la tenue des parois
et/ou la remontée des cuttings.
- Le fluide "air" peut perturber en foration les observations relatives à la qualité du fluide
d´un niveau producteur par oxydation d´éléments ou en occultant des venues de gaz. La
confirmation de la qualité du fluide (eau et gaz) d´un niveau producteur doit fréquemment
être réalisée par pompage associé.
- L’interprétation délicate du niveau de production d´un horizon reconnu (débit) par mesure
en soufflage (air lift) à l´aide de l´équipement de foration. Les données obtenues en foration
MFT, quant aux débits des horizons traversés, doivent être prises en compte avec réserve. Il
convient de considérer que les débits obtenus en fonction à l´air sont toujours optimistes.
- Risque de formation de bouchons de cuttings, nécessitant de fréquents nettoyages du trou
par soufflage. Ce phénomène n´existe pas lorsque l´ouvrage est totalement sec ou lorsque
le débit des niveaux producteurs est suffisant pour permettre un bon nettoyage par
circulation.
- Nécessité d´utilisation de compresseurs très puissants voire de suppresseurs en cas de
foration sous des hauteurs d´eau importantes.
- Mauvaise identification de chaque niveau producteur en cours de foration, le fluide recueilli
en tête d´ouvrage intégrant l´ensemble des horizons traversés.
3.8. Technique de forage au marteau fond de trou avec tubage d´avancement
3.8.1. Principe
Cette technique est appelé forage ODEX, elle est identique à la technique MFT "classique"
exposée ci-avant, cette méthode concerne la mise en place d´un tubage des parois du trou au fur
et à mesure de sa foration. Elle met en œuvre un taillant pilote avec aléseur excentrique qui
permet de forer des trous d´un diamètre légèrement supérieur au diamètre extérieur des tubes.
Le tubage est ainsi enfoncé progressivement à la suite de l´aléseur sous l´effet de son propre
poids et de l´énergie de percussion du marteau. Les tubes sont solidarisés entre eux soit par
soudure, soit par filetage. Le taillant excentrique se déploie par rotation dans le sens des aiguilles
d´une montre, une rotation en sens inverse en fin de foration permet son repli et la remontée de
la garniture. Comme en foration au marteau fond de trou classique, l´évacuation des cuttings
est là aussi assurée par la remontée de l´air, ici entre tiges et tube. La circulation de l’air sera
directe ou à circulation inverse (Figure 59).
3.8.2. Avantages
- Possibilité d´utiliser une foration d’air dans un contexte géologique peu stable.
- Bonne observation des cuttings et zones productrices.
- Meilleure individualisation des niveaux producteurs au moment de la foration, sans
mélange avec des niveaux supérieurs partiellement obturés par le tubage mis en place.
3.8.3. Inconvénients
- Les mêmes inconvénients que ceux de MFT classique à l´exception de la foration dans les
terrains non consolidés.

82
Figure 59. Schémas principe de forage MFT à circulation directe et inverse.
83
3.9. Techniques de forage manuel
Pour forer à travers tous ces différents types de formations (sols), de nombreuses techniques
de forage manuel ont été développées et sont utilisées de par le monde. Dans tous les cas, la
technique de forage doit (a) casser ou couper la formation, (b) dégager les matériaux coupés (le
sol) du trou, et (c) si nécessaire, fournir un support aux parois du trou, pour éviter qu’il ne
s’effondre pendant le forage (Figure 60).

Figure 60. Présentation de déférentes techniques de forage manuel.

84
Voici une brève présentation des principales techniques:
3.9.1. Le forage à la tarière
Le forage à la tarière consiste à un ensemble d’allonges en acier qui est tourné par une poignée.
Différents types de tarières peuvent être fixées à l’extrémité des allonges. Les tarières sont
tournées dans le sol jusqu’à ce qu’elles se remplissent et sont ensuite sorties du trou pour être
vidées. Le modèle des tarières varie en fonction du type de formation (type de sol) à forer.
Généralement au-dessus du niveau statique, le trou du forage reste ouvert sans avoir besoin d’être
soutenu. Une fois dans la nappe, un pré-tubage temporaire peut être utilisé pour empêcher
l’effondrement des parois du trou du forage. Le fonçage se poursuit à l’intérieur de ce pré-tubage
à l’aide d’une tarière de mise en eau jusqu’à ce que la profondeur désirée soit atteinte. Puis, le
tubage permanent est installé et le pré-tubage temporaire remonté à la surface. Le forage à la
tarière peut être utilisé jusqu’à une profondeur d’environ 15 à 25 mètres, cela dépend de la
géologie.
Avantage : facile à utiliser au-dessus du niveau de la nappe. Equipements bons marchés.
Inconvénient : il est parfois très difficile d’enlever le pré-tubage temporaire.
Application géologique : sables, limons & argiles tendres.
3.9.2. Le forage à la boue
Le forage à la boue (ou forage rotatif à boue lorsqu’un mouvement de rotation de l’outil de
fonçage est actionné) utilise la circulation de l’eau pour faire remonter à la surface du sol les
matériaux forés. Le train de tiges de forage est actionné de haut en bas. Pendant la descente des
tiges, le choc créé par le trépan fixé au bout du train de tiges ameubli/fragmente les matériaux du
sol et pendant le mouvement de remontée, l’extrémité du train de tiges est obturée avec la main
(effet de soupape), créant ainsi une aspiration de l’eau et des débris qu’elle contient jusqu’à la
surface. Au cours du mouvement de descente suivant, la main est retirée du train de tiges et l’eau
gicle dans le bassin préalablement creusé à côté du forage.
Dans ce bassin de décantation, les débris se séparent de l’eau pour se déposer au fond du
bassin alors que l’excédent d’eau redescend à nouveau dans le trou. La pression de l’eau sur les
parois du forage évite l’effondrement de ces dernières. Le forage à boue (avec ou sans rotation)
peut être utilisé jusqu’à une profondeur d’environ 35 mètres.
Avantage : simple utilisation et pas besoin de pré-tubage.
Inconvénient : le niveau d’eau dans le trou doit être maintenu tout au long de l’opération
de fonçage. Le niveau de la nappe n’est pas connu avec précision pendant le forage.
Application géologique : sable, limons, argiles, argiles dures et des formations légèrement
consolidées (latérite altérée).
3.9.3. Le lançage à l’eau
Le lançage à l’eau est également basé sur la circulation et la pression de l’eau. A la différence
du forage à boue, l’eau est désormais injectée à l’intérieur du train de tiges et la boue (eau et
débris) remonte le long des parois du forage. Afin d’obtenir une pression d’eau suffisante, on
utilise une motopompe. On peut laisser l’extrémité inférieure du tuyau de forage simplement
ouverte, ou on peut y rajouter un outil de fonçage (trépan). On peut également faire tourner
totalement ou partiellement le train de tiges.
Un fluide de forage (additif) peut être mélangé à l’eau pour éviter l’effondrement des parois du
85
trou et la perte incontrôlée de l’eau par infiltration. La technique du lançage à l’eau (avec rotation)
peut être utilisée jusqu’à une profondeur d’environ 35-45 mètres.
Avantage : très rapide dans le sable.
Inconvénient : nécessite beaucoup d’eau à la fois. Le niveau de la nappe d’eau n’est pas connu
avec précision pendant le forage.
Application géologique : limitée aux sables et fines couches d’argile tendre.
3.9.4. Le forage à la percussion
Le forage à la percussion utilise un lourd trépan (ou cuiller) attaché à une corde ou un câble,
lequel est descendu dans le trou du forage ou à l’intérieur d’un pré-tubage. Un trépied (ou chèvre)
est en général utilisé pour suspendre l’équipement. En actionnant la corde ou le câble de haut en
bas, le trépan ameublie et fragmente le sol ou la roche consolidée dans le trou de forage, dont
les débris sont ensuite extraits grâce à la cuiller.
Comme pour le forage à la tarière, un pré-tubage en métal ou PVC peut être utilisé pour éviter
l’effondrement du trou. Une fois le tubage définitif (tuyaux et crépines en PVC) installé, le pré-
tubage doit être enlevé. Le forage à percussion est généralement utilisé jusqu’à une profondeur
de 25 mètres.
Avantage : permet de forer dans les formations dures.
Inconvénient : l’équipement peut être très lourd et relativement cher. Cette méthode est lente en
comparaison aux autres méthodes.
Application géologique : sables, limons, argiles dures, calcaire tendre, latérite, les couches
contenant des graviers et des petits cailloux.
4. CHOIX D'UNE METHODE DE FORATION
Le mode de foration à retenir pour la réalisation d'un ouvrage dépend de nombreux paramètres à
prendre en compte au moment de la conception de l'ouvrage. Dans le cas des forages de l’AEP,
l'objectif est de capter une ressource très définie en termes de qualité. Ceci oblige à choisir un
mode de foration qui permet de bien isoler les horizons "parasites" en réalisant des cimentations
adéquates. D'autre part, la foration ne devra pas altérer le niveau producteur que l'on souhaite
capter.
4.1. Nature géologique des terrains traverses
Il convient d'apprécier la stabilité des formations concernées (roches meubles, roches dures), la
présence de discontinuités (fractures, cavité).
• Pour des terrains alluvionnaires peu stables, on choisira la méthode de foration MFT avec tubage
à l'avancement. Dans des cas particuliers, on pourra utiliser la foration rotary boue (moins
recommandée).
• Pour des terrains consolidés, on choisira une foration MFT avec possibilité de tuber s'il existe des
cavités par exemple.
4.2. Profondeur finale de l'ouvrage
Selon la profondeur objective, il convient de réaliser des forations en diamètre suffisant pour
permettre la mise en place d'éventuels tubages qui permettent de poursuivre le forage après
soutènement des zones instables.

86
Les méthodes de battage et havage ainsi que celles avec tubage à l'avancement (MFT) sont
limitées en profondeur, elles pourront être utilisées pour faire les avant-trous.
En terrain durs, pour des forages de profondeurs moyennes, on travaillera au MFT.
En terrain présentant des risques d'instabilité, et à fortes profondeurs, on peut être amené à
choisir une foration au rotary à la boue. Cependant, on ne privilégiera pas cette méthode compte
tenu d'une part de la difficulté d'identifier les niveaux producteurs présentant la qualité
d'eau requise et d'autre part, des éventuelles interférences entre le fluide utilisé en foration
(boues) et les eaux de l'aquifère.
4.3. Nature de l'ouvrage à réaliser (reconnaissance ou exploitation)
En phase de reconnaissance, l'objectif prioritaire sera l'acquisition de données sur la géologie et
les niveaux producteurs. On privilégiera dans ce cas les possibilités offertes quant à la qualité du
suivi de la foration (foration à l'air).
Pour la réalisation d'un forage d'exploitation l'accent sera mis sur le captage d'un niveau
producteur déterminé qu'il convient d'exploiter à un débit donné et de protéger de façon la
plus efficace vis-à-vis de son environnement. Le diamètre de l'ouvrage sera défini en tenant
compte des contraintes d'exploitation de l'ouvrage (diamètre des groupes de pompage,
instrumentation). Le choix de la méthode de foration sera fait pour obtenir un trou parfaitement
calibré dans lequel les tubages (crépinés et pleins) pourront être positionnés au mieux avec mise
en place optimum des graviers face aux crépines et/ou des cimentations derrière les tubages pleins
de protection.
4.4. Qualité des fluides des réservoirs
Dans certains cas particuliers (artésianisme jaillissant, gaz sous pression), la qualité du fluide du
réservoir peut induire des précautions spécifiques (contrôle des pressions par la boue, système
anti-éruptifs type BOP). La foration au rotary à la boue pourra être privilégiée dans certains cas
où le risque d'éruption est grand. Cette technique permet en effet, par augmentation de la
densité de la boue, de contenir les effets de pressions.
4.5. Environnement du chantier
Selon le lieu de réalisation de l'ouvrage (milieu urbain ou zone inhabitée) et la place disponible
pour réaliser la plate-forme de forage, le matériel à utiliser pourrait être sélectionné selon leur
encombrement, leur niveau sonore.

87
Chapitre III.
LES FLUIDES DE FORAGE (OU BOUES DE
FORAGE)

88
Chapitre III.
LES FLUIDES DE FORAGE (BOUES DE FORAGE)
1. DEFINITION DU FLUIDE DE FORAGE
Le fluide de forage est un système composé de différents constituants liquides (eau, huile)
et/ou gazeux (air ou gaz naturel) contenant en suspension d'autres additifs minéraux et organiques
(argiles, polymères, tensioactifs, déblais, ciments, …). Le fluide de forage était déjà présenté
en 1933 lors du premier Congrès Mondial du Pétrole.
2. LA BOUE DE FORAGE
2.1. Rôles de la boue de forage
Les boues de forage doivent avoir les propriétés permettant d'optimiser les fonctions suivantes:
a). Nettoyage du puits: La boue doit débarrasser le trou des particules de formation forées
qui se présentent sous forme de débris de roche "cuttings" ou "déblais".
b). Maintien des déblais [cuttings] en suspension: La boue doit non seulement débarrasser le
puits des déblais de forage durant les périodes de circulation, mais elle doit également les
maintenir en suspension pendant les arrêts de circulation.
c). Sédimentation des déblais fins en surface: Alors que la boue doit permettre le maintien en
suspension des déblais dans le puits durant les arrêts de circulation, ce même fluide doit laisser
sédimenter les déblais fins en surface; bien qu'apparemment ces deux aptitudes semblent
contradictoires, elles ne sont pas incompatibles.
d). Refroidissement et lubrification de l'outil et du train de sonde: Du fait de son passage en
surface, la boue en circulation se trouve à une température inférieure à celle des formations ce
qui lui permet de réduire efficacement l'échauffement de la garniture de forage et de l'outil. Cet
échauffement est dû à la transformation d'une partie de l'énergie mécanique en énergie
calorifique.
e). Prévention du cavage et des resserrements des parois du puits: La boue doit posséder des
caractéristiques physiques et chimiques telles que le trou conserve un diamètre voisin du diamètre
nominal de l'outil. Le cavage est causé par des éboulements, par la dissolution du sel, par la
dispersion des argiles, par une érosion due à la circulation de la boue au droit des formations
fragiles .etc.
f). Dépôt d'un cake imperméable: la filtration dans les formations perméables d'une partie de la
phase liquide de la boue crée un film sur les parois du sondage, ce film est appelé cake. Le dépôt
du cake permet de consolider et de réduire la perméabilité des parois du puits.
g). Prévention des venues des fluides: afin d'éviter le débit dans le sondage des fluides contenus
dans les réservoirs rencontrés en cours de forage, la boue doit exercer une pression hydrostatique
suffisante pour équilibrer les pressions de gisement. La pression hydrostatique souhaitée est
maintenue en ajustant la densité entre des valeurs maximum et minimum.
h). Augmentation de la vitesse d'avancement: Au même titre que le poids sur l'outil, la vitesse
de rotation et le débit du fluide, le choix du type et les caractéristiques de la boue conditionnent
les vitesses d'avancement instantanées, la durée de vie des outils, le temps de manœuvre, en un
mot, les performances du forage. Un filtrat élevé augmente la vitesse d'avancement. Les très
faibles viscosités sont aussi un facteur favorable à la pénétration des outils.
89
j). Entraînement de l'outil: Dans le cas du turboforage la boue entraîne la turbine en rotation.
Cette fonction, l'amenant à passer à travers une série d'évents et à mettre en mouvement les
aubages, implique certaines caractéristiques et rend impossible ou très délicat l'utilisation de
certains produits (comatants).
k). Diminution du poids apparent du matériel de sondage: Bien que ce soit beaucoup plus une
conséquence qu'une fonction, la présence d'un fluide d'une certaine densité dans le puits permet
de diminuer le poids apparent du matériel de sondage, garniture de forage et tubages ceci permet
de réduire la puissance exigée au levage.
i). Apport de renseignements sur le sondage: la boue permet d'obtenir des renseignements
permanents sur l'évolution des formations et fluides rencontrés. Ils sont obtenus par :
- les cuttings remontés par la circulation de boue.
- l'évolution des caractéristiques physiques et/ou chimiques de la boue.
- la détection des gaz ou autres fluides mélangés à la boue.
Remarque : Malgré les rôles très importants de la boue de forage mais il faut signaler quelques
risques liés à son l’utilisation sur les gisements, les employeurs, l’appareillage et l’environnement.
Parmi ces risques on note :
Contamination des formations productrices : La présence de la boue au droit des formations
poreuses et perméables exerçant une pression hydrostatique supérieure à la pression de
gisement peut nuire à la future mise en production.
Corrosion et usure du matériel : La boue peut accélérer l'usure du matériel de sondage, par
une action mécanique, si elle contient des matériaux abrasifs. Elle peut aussi être corrosive
par une action électrolytique due à un déséquilibre chimique.
Toxicité et sécurité : La boue de forage ne devra pas présenter de danger pour la santé du
personnel. Elle ne devra pas non plus créer de risques d'incendie, tout particulièrement dans le
cas d'utilisation de boues à base d'huile.
Pollution de l’environnement : La boue de forage contient des produit pollueur, qui dégrade
l’environnement si elle est rejeté directement dans la nature, elle peut menacer les formes
vivants (la végétation, les animaux, etc.) et pollué les nappes phréatiques et les cours d’eau.
2.2. Circuit de la boue dans le forage
Le fluide de forage comme un fluide en circulation continue durant toute la durée du forage, aussi
bien dans le sondage qu’en surface. Dans la circulation directe la boue est préparée dans des bacs
à boues, il est refoulé de la pompe à boue, par tuyauterie rigide et par le flexible, jusqu'à la tête
d’injection située au sommet de la ligne de sonde, il est injecté à l’intérieur des tiges jusqu’à l’outil
d’où il remonte dans l’annulaire, chargé des déblais formés au front de taille (Figure 61). A la sortie
du puits, il subit différents traitements, tamisage, dilution, ajout de produits, de façon à éliminer
les déblais transportés et à réajuster ses caractéristiques physico-chimiques à leurs valeurs
initiales. Il est ensuite réutilisé.
Dans la circulation inverse, le fluide se refoule dans l’espace annulaire, et le mélange fluide-
cuttings remonte dans le train de tige en entrant par les trous se trouvant au fond du trépan.

90
Figure 61. Circuit de la boue dans le forage : a. circulation directe, b. circulation inverse.
2.3. Propriétés physico-chimiques la boue de forage
2.3.1. Densité
La densité est un paramètre important des boues de forage. Elle doit être suffisamment élevée
pour contrebalancer la pression exercée par les venues d’eau, d’huile et de gaz et par conséquent
les éruptions. Cependant elle ne doit pas dépasser la limite de résistance des parois du puits
(formations traversées) pour ne pas les fracturer et ne pas risquer une perte de boue au cours de
la circulation. Pour l'alourdissement de la boue, la baryte a été utilisée dès 1922. La pression
exercée par la boue sur les parois du puits, est donnée par l’expression suivante :

P = d*h/10 avec P : Pression de la formation (kg/cm 2), h : Profondeur de la couche traversée


(m) et d : Densité de la boue.
2.3.2. Viscosité
C’est la résistance d’un fluide à l’écoulement uniforme. La vitesse de remontée des déblais peut
être considérée comme la différence entre la vitesse de fluide de forage dans annulaire et la
vitesse de sédimentation des particules, cette vitesse de sédimentation est en fonction de la taille,
de la forme, de la masse des particules, de la rhéologie de fluide et particulièrement de sa
viscosité.
2.3.3. Filtrat
C’est ce qui passe à travers d’un filtre ; en majeure partie il s’agit de l’eau libre (si la boue est bien
préparé suivant les caractéristiques de terrain), si le filtrat est trop grand les éboulements des
parois sont redouté, si le filtrat est mince elle risque de masqué exagérément les venues des
fluides.
2.3.4. Cake
C’est ce qui est retenu par le filtre (terrain), il joue en sens inverse de filtrat (trop faible, il ne
tient pas suffisamment les parois, trop épais, risque de colmaté les couches réservoirs). Le cake
est le produit de filtration de la boue dans les milieux poreux, il est de faible épaisseur et formé

91
sur les parois du trou foré. Ce cake doit être de perméabilité faible et doit être facilement enlevé
avant la cimentation.
2.3.5. Teneur en sable
La boue à tendance de se charger exagérément des éléments inertes, surtout siliceux. Ils sont
dangereux pour les pompes à boue, le flexible et les orifices de l’outil. Normalement la teneur en
sable dans la boue ne dépasse pas 1 %, mais elle peut atteindre des valeurs très élevé
lorsqu’en fore des terrains sableuse.
2.3.6. pH
Le contrôle de l’acidité et de l’alcalinité de la boue est important. Il révèle la contamination par le
ciment ou par l’eau de la couche aquifère.

2.3.7. Le calcium Ca++


La mesure de la concentration des ions de calcium dans la boue de forage, présente un intérêt
majeur, puisqu’elles influent sur le rendement de certains additifs (CMC, tanin). Il y a plusieurs
origines de calcium ; le ciment foré au fond de puits, les formations calcaires, les formations
de gypse et anhydrite, les eaux calciques, etc.

2.3.8. Le chlorure Cl-


La concentration de chlorure dans la boue de forage influence sur le rendement de certains
additifs (CMC, bentonite, tanin). L’origine du chlore peut être : les formations évaporitiques, les
eaux salées, etc.
2.4. Les produits à boue
Historiquement, les fluides de forage ont évolué d'un simple mélange d'eau et d'argile appelé
"boue" vers des systèmes de plus en plus complexes composés d'eau ou huile avec une
multitude d'additifs répondant aux caractéristiques requises et aux problèmes rencontrés. Il est
possible de classer grossièrement ces composants en 20 catégories (Tableau suivant).
Tableau des Principaux additifs utilisés dans les fluides de forage.

2.4.1. Colloïdes argileux (produits viscosifiants)


Les bentonites : les bentonites sont des argiles sodiques du type montmorillonite qui présentent
la propriété de gonfler dans l'eau douce en absorbant une grande quantité d'eau. Les bentonites

92
sont employées pour augmenter la viscosité et les gels des boues douces et diminuer le filtrat. En
milieu salé (> 35 g/L de NaCl), les bentonites sont inefficaces et ne servent alors que de support
colloïdal.
Les attapulgites : Les attapulgites sont des argiles du type Sépiolite qui présentent la propriété
de se disperser et de rester en suspension en milieu salé. Cette propriété est employée pour
augmenter la viscosité et les gels des boues salées (> 35 g/L de NaCl). Cependant, ces argiles ne
présentent aucune capacité à réduire le filtrat.
2.4.2. Colloïdes organiques (produits réducteur de filtrat)
L’amidon: Les amidons pour boues de forage sont extraits de pommes de terre, de la gomme de
guar, du riz, du maïs et du blé. Ils sont traités spécialement pour gonfler rapidement même
dans l'eau froide et non alcaline. L'amidon est ajouté dans les boues douces ou salées pour réduire
le filtrat, leur emploi exige cependant que l'une des trois conditions ; pH >12, présence
antiferment et une salinité supérieure à 250 g/L. Un bon amidon doit réduire le filtrat sans trop
augmenter la viscosité de la boue et il doit résister à une température de 150 °C.
Les Carboxyméthylcelluloses (CMC) et les celluloses polyanioniques (PAC)
La carboxyméthylcellulose (CMC) a été employée depuis 1947 dans divers fluides de forage à base
d’eau comme réducteur de filtrat ou comme viscosifiant. Elles sont classées en trois catégories
; basse viscosité, moyenne viscosité et haute viscosité. Le rendement d'une CMC diminue lorsque
la salinité augmente et on lui préfère l'amidon pour contrôler le filtrat des boues salées saturées.
Cependant, les CMC possèdent encore un bon rendement en milieu salé saturé sous réserve
de maintenir la concentration en calcium au-dessous de 500 mg/L. Dans ce cas-là, la boue
possédera des viscosités plus basses qu'avec l'amidon. Les CMC et l’amidon se dégradent lorsque
la température atteint 150 °C, certaines peuvent résister jusqu'à 180 °C.
Les celluloses polyanioniques (PAC) sont employées principalement comme réducteurs de filtrat
pour les boues à base d'eau douce et d'eau de mer, mais agissent également en tant que
viscosifiants dans ces systèmes. Les deux catégories de PAC disponibles diffèrent par leur viscosité
mais donnent le même degré de réduction de filtrat. Le PAC résiste à des températures d'environ
150 °C et n'est pas soumise à la dégradation bactérienne.
2.4.3. Les produits fluidifiants
Les tanins : Les plus utilisés sont les tanins de Québracho (extraits de l'écorce d'un arbre poussant
en Argentine) et les tanins de châtaigniers. Le pH d'un tanin non traité, en solution aqueuse, est
de 4 environ. L'effet fluidifiant est fonction du pH de la boue, ce qui nécessite d'employer ce
produit couplé avec de la soude (dose d'emploi : 2 à 8 g/L). Les tanins deviennent très vite
inefficaces lorsque la concentration en calcium atteint 300 mg/L, ou lorsque la concentration en
NaCl atteint 20 g/L ou lorsque la température atteint 150 °C.
Les lignosulfonates (FCL) et Les lignines (LC) : Les lignosulfonates sont extraits de la pâte à
papier de conifères par traitement de la pulpe à l'aide d'un acide sulfurique d’un métal lourd.
Actuellement, les plus utilisés sont les lignosulfonates de ferrochrome (Fe, Cr) qui fonctionnent
pratiquement dans toutes les boues à base d'eau. Ces produits possèdent la particularité de se
comporter comme un fluidifiant entre 2 à 8 g/L et comme inhibiteur de gonflement des
argiles lorsque la doses est entre 12 à 30 g/L. Une boue traitée à l'aide des lignosulfonates de
ferrochrome résiste à des hautes concentrations en calcium et en Na CI et à des températures
jusqu’au 190 °C. Il est cependant nécessaire de travailler avec des valeurs de pH supérieures à 9.

93
Les lignines sont extraites du bois, c'est à partir des lignines que l'on obtient un lignosulfonate par
traitement à l'acide sulfurique. Ils s'emploient pour accroissent les propriétés de (FCL) lorsque la
température est élevée (supérieure à 200 °C).
2.4.4. Les additifs minéraux
La soude caustique (NaOH) : la soude est employée pour augmenter le pH (contrôleur d’alcalinité)
et accroître le rendement des produits organiques et argiles.
Le carbonate de soude (Na2C03) : le carbonate de soude est employé pour accroître le rendement
des argiles et précipiter le calcium.
Le bicarbonate de soude (NaHC03) : le bicarbonate de soude est employé lors de reforage de
ciment pour précipiter la chaux libérée par le ciment.
Le gypse (CaSO4) : le gypse ou plâtre de Paris est employé pour confectionner les boues au gypse
qui empêchent le gonflement des argiles forées, ce qui permet de travailler avec des viscosités
plus faibles.
La chaux éteinte Ca(OH)2 : la chaux éteinte est employée pour confectionner les "boues à la chaux"
et débicarbonater les boues contaminées par le gaz carbonique (C02).
Le sel de l’halite (NaCl) : le chlorure de sodium est employé pour confectionner des boues salées
saturées, lorsque l'on doit forer dans des zones salifères.
Le sel de sylvite (KCl): le chlorure de potassium est utilisé souvent dans la formulation des boues
de forage comme un inhibiteur de gonflement d’argile.
2.4.5. Les alourdissant
La barytine ou sulfate de baryum (BaS04) : C'est l'alourdissant (d = 4,2) le plus couramment utilisé.
Elle ne doit pas contenir d'abrasif et sa granulométrie doit être telle qu'elle ne sédimente pas
ni n'augmente pas trop la viscosité de la boue. A l'aide de la baryte on peut alourdir une boue
jusqu'à une densité de 2,50.
La galène ou sulfure de plomb (PbS) : Cet alourdissant (d = 7) est employé pour obtenir des
densités de boue supérieure à 2,5, on alourdit d'abord la boue à l'aide de baryte qui sert comme
d'alourdissant primaire (jusqu’au 2,5), puis on poursuit l'alourdissement à l'aide de galène jusqu'à
la densité désirée. On utilise cette procédure pour réduire l’usure de la garniture et l’outil
par la galène.
Les oxydes de fer : comme l’hématite et la magnétite, ils sont peu utilisés à cause de leur forte
abrasivité.
* L’opération d’alourdissement : si la tenue du puits l'exige on peut être amené à augmenter la
densité de la boue en circulation. La quantité de baryte à utiliser est déterminée comme suit :
X = [(Df - Di)/ (Da - Df)] x Da
X = tonnes d'alourdissant à ajouter par m3 de boue à alourdir
Df = densité finale souhaitée
Di = densité initiale de la boue à alourdir
Da = densité de l'alourdissant

94
Avant d'alourdir une boue il est nécessaire de connaître le tonnage d'alourdissant nécessaire par
m3 de boues à alourdir, en utilisant la formule ci-dessus, ainsi que le volume résultant de
l'alourdissement du volume à alourdir. Il est évident que l'addition d'un alourdissant dans la boue
crée une augmentation sensible du volume qu'il ne faut pas négliger car des surprises désagréables
telles que débordement des bassins sont à redouter. On pourra déterminer cette
augmentation à l'aide de la formule :

Augmentation de volume en m3 = Tonne d'alourdissant / Densité de l'alourdissant.


Exemple :

Volume en circulation puits + bac V = 150 m3


Densité initiale Di = 1,30
Densité finale Df = 1,40
Densité de la baryte est de 4,3 environ.
Tonnage de baryte à ajouter dans le circuit sur un ou plusieurs cycles
X = [(1,40 - 1,30) / 4,3 – 1,40] x 4,3 x 150 = 22,240
tonnes
Avant d'entreprendre le "barytage", il est nécessaire de s'assurer qu'il y a suffisamment
de place dans les bassins pour supporter l'augmentation de volume due à la baryte :

Soit : volume de baryte = (22,240) / 4,3 = 5 m3 environ.


Remarques
a). Lorsque les ajouts de baryte se font par sacs il y a toujours lieu de majorer la quantité théorique
d'au moins 10 % correspondant aux pertes de produits en cours d'alourdissement, où à la
mauvaise qualité du contenu de certains sacs.
b). L'addition de baryte provoquant toujours une hausse de viscosité du fait de l'augmentation
même de la teneur en solides ; il est recommandé de fluidifier la boue si nécessaire avant
d'entreprendre l'alourdissement.
2.4.6. Les colmatant
Les produits colmatant naturels ou synthétiques sont des produits utilisés pour stopper la perte
de boue partielle ou totale. Les colmatant sont en nombres considérables :
Colmatant granulaires : les colmatant granulaires colmate en profondeur les fissures. Ils ont une
grande résistance mécanique aux pressions différentielles, on emploie des produits durs et calibrés
(les coquilles de noix, les noyaux d'abricots, cerise, olive. etc.).
Colmatant fibreux : leur but est de "tisser une trame" autour des colmatant granulaires, ils
ont une faible résistance mécanique (les fibres de bois, de cannes à sucres et de celluloses).
Colmatant lamellaires : ils forment un colmatage surtout superficiel, ils sont utilisés pour parfaire
le colmatage réalisé par les colmatant granulaires et fibreux (déchets de cellophane et mica).
Colmatant gonflants : ils permettent d'obtenir très vite un fluide à très haute viscosité (les
gommes, qui à l'aide d'un catalyseur, fournissent une gèle extrêmement visqueuse).
Colmatant à "prise" : injectés liquides, ils deviennent au bout d'un certain temps rigides (le
ciment, le plâtre, etc).
95
2.4.7. Les produits organiques spéciaux
Parmi les additifs organiques spéciaux on peut trouver des anti-ferments comme les dérivés
phénoliques ; des anti-mousses comme le stéarate d'alumine, les alcools supérieurs et les
tensioactifs ; des agents de décoincement comme les tensio-actifs cationiques qui se fixent sur
les parties métalliques et les roches formant un film lubrifiant et hydrophobe ; des anti-frictions
comme le graphite poudre ; des extrême-pressions comme les anti-grippants, déposent un film
lubrifiant à l'amorce du grippage des roulements de l'outil empêchant le phénomène de se
produire ; des anticorrosion comme les chromate de soude, le bichromate de potassium et les
dérivés d'amines grasses. Et des anti-bourrants et accélérateurs de vitesse d'avancement, qui
sont des additifs, empêchent les argiles forées de "coller" sur le métal des outils, ce qui évite
bourrage" et permet d'appliquer des poids plus élevés sur un outil forant dans les argiles et les
marnes.
2.5. Différents types des boues
On classe habituellement les fluides en fonction de la phase continue et de la phase qui y est
dispersée, on distingue : boue à base d'eau, boue à base d'huile. Les forages hydrauliques
utilisent dans la plus part du temps des boues à base d’eau, pour objectif de réduire les effets
négatifs des boues à base d’huile sur les gisements aquifères et l’environnement. On peut citer
plusieurs types de boues ainsi que leur composition qui changent suivant les auteurs.
2.5.1. Boues bentonitiques
2.5.1.1. Boue naturelle
C’est une boue de départ, utilisée pour le forage rapide des terrains de surface, elle varie
largement d’une région à l’autre. Souvent les couches superficielles sont composées de terre
végétale et de sables non consolidés. La situation est idéale quand l’eau de préparation est douce
et les couches superficielles forment de la boue. La boue doit maintenir en place les parois du trou,
empêcher la formation de caves et l’affouillement, elle doit avoir une consistance suffisante pour
transporter les débris et les graviers à travers cette partie de forage rapide. Parfois l’eau de
préparation doit être traitée au carbonate de soude et à la chaux, et les formations de surface (la
terre végétale utilisée) subissent un tamisage. Il arrive aussi que la boue de départ soit
approvisionnée à partir d’un autre puits, ce qui constitue la solution la plus économique.
2.5.1.2. Boue bentonitique
C’est une boue de démarrage, donc en gros diamètre, avec des avancements rapides et des pertes
en surface importantes, imposant de grosses fabrications journalières. Les constituent de base est
la bentonite, avec l’addition de la soude caustique (NaOH) pour accroitre le rendement des argiles.
Avec l’avancement de forage l'argile forée s'ajoute à la bentonite, lorsque le pourcentage de celle-
ci devient trop élevé, certaines caractéristiques de la boue augmentent de façon excessive,
notamment les gels, la yield-value et l'épaisseur du cake. Dans la plupart des cas, la boue peut être
rétablie par dessablage et dilution. Cependant, occasionnellement, des traitements
supplémentaires pourront être faits avec des phosphates, de la CMC, du tanin ou du FCL.
Ceci ne constitue pas à proprement parler de nouveaux types de boues puisque ce sont des
traitements strictement curatifs, s'appliquant sur une argile déjà dispersée.
De plus, ce genre de traitement est limité dans le temps en efficacité et en rentabilité et permet
surtout d'atteindre la cote de conversion en un type de boue plus élaboré.
Fabrication : Eau1000 L / Soude 2 à 4 kg / Bentonite 50 à 80 kg.
96
Conditionnement de la boue : La boue à bentonite contamine facilement (matière solide, argiles
de formation forée, etc.), plusieurs remèdes sont possibles pour corriger les propriétés de la boue
par ajout des produits à boue (Tableau 2).
2.5.1.3. Boue bentonitique au FCL/LC
C’est une boue obtenue par ajout de FCL à une boue bentonitique, FCL est employé pour
réduire le filtrat et inhibité le gonflement des argiles à concentration élevé. Lorsque la température
de formation est supérieure à 200 °C (forage thermale) en ajoute les lignines (LC) pour renforcer
l’action des FCL.
Fabrication : bentonite : 100 kg/FCL : 20-40 kg/soude : 2-4 kg/CMC : 0-5 kg/LC : 10-
20kg/antimousse : 0,1% - 0,3 %.
Tableau du conditionnement de la boue bentonitique (Mabillot, 1971)
Appareils de
Caractéristique Conséquences et interprétations remèdes
mesure
Trop forte :
-risque de perte de boue.
Dilution par l’eau en
-cake trop épais.
contrôlant les autres
Densité Balance Trop faible :
caractéristiques.
(moyenne de 1,2) BAROID -cake trop mince
Brasser
-risque de dégradation des parois
-éboulement et éruption si énergiquement.
artésianisme.
Trop forte :
- difficulté de pompage
Viscosité Viscosimètre - risque de coincement pendant les Emploi de
(moyenne de 40 à MARSCH, arrêts de circulation. pyrophosphate, de
45 secondes Viscosimètre Trop faible : tanins, de lignites, de
MARSCH) STORMER - - risque de perte de boue et de ligno-sulfates
coincement par séparation des
éléments constitutifs de la boue.
Trop grand = cake trop mince
- risque d’éboulement et de perte
Filtrat 5 à 10 cm3 Ajouter Amidon,
Filtre-presse de boue
Cake fécule ou CMC.
BAROID Trop faible = cake trop épais
5 mm maximum Mixer, brasser.
- risque d’aveuglement des venues
d’eau
Employer les
Teneur en sable Tamis BAROID Risque d’usure des pompes à boue. dessableurs à
cyclones.

pH > 11 : contamination par le Employer les


Papiers ciment ou par l’eau de la formation polyphosphates
pH : 7 à 9,5
colorimétriques pH < 7 : excès d’acidité, risque de acides si pH > 11
floculation Ou neutre si pH < 7

97
2.5.1.4. Boue bentonitique au gypse
La boue au gypse est utilisé pour foré les horizons de gypse, anhydrite et horizons faiblement
salifères.
Fabrication: bentonite 50-70 kg / soude 3-4 kg / CMC 5-10 kg /FCL 12-15 kg / gypse 10-20 kg.
2.5.1.5. Boue bentonitique aux extraits tannins
C’est une boue utilisé pour foré dans les formations à gypse, anhydrite, argiles, elle est utilisable
lorsque : [Ca++] inférieure 300 mg/L, [Cl-] inférieure 20 g/L et la température inférieure à 150
°C
Fabrication: bentonite 40-60 kg/ tannin 2-4 kg /soude 0,5-1 kg /CMC1-5 kg/1000 L eau.
f. Boue salée saturée : on emploi pour forer les horizons salifères, et les zones argileuses peu
ou moyennement dispersante. Dans cette boue on utilise comme colloïde argileux l’attapulgite au
lieu de bentonite.
Fabrication: sel 300 kg/ Attapulgite 50 kg/ Amidon 30-40 kg / chaux 0-10 kg.
2.5.1.6. Boue salée saturée aux amincissements organiques
On emploi pour forer dans les zones salifère et les zones argileuse, mais il faut signaler l’effet
corrosive de la boue salée saturée sur la garniture (il faut ajouter les anticorrosives dans la boue).
Fabrication : sel 350 kg / Attapulgite 50 kg/ soude 4-6 kg/FCL 30-45 kg/ LC 10-15 kg/ amidon 20-
30 kg / eau 1000 L.
2.5.1.7. Boue à l’huile émulsionnée
Il s’agit d’émulsion d’huile dans l’eau suivant les pourcentages relatifs. On obtient en ajoutant à la
boue classique (eau plus bentonite) de 5 à 25 % de gasoil et un émulsifiant organique. Cette boue
lubrifie et protège toute les parties métalliques. Elle provoque une sensible amélioration de
l’avancement et un allongement de la durée de vie des outils de forage. Elle est caractérisée par
des filtrats plus faibles et moins pénétrants dans les couches aquifères, ce qui est important
pour la détection et l’exploitation des nappes à faible pression (diminue le risque de pollution de
la nappe).
Domaines d’utilisation : Le forage des terrains gypseux ou salés, de l’anhydrite ou des argiles
gonflantes s’effectue plus efficacement avec ce type de boues.
2.5.2. Boue à base de l'huile
Dans les terrains ayant la propriété, en s’hydratant, d’augmenter considérablement de volume (les
argiles gonflants), à tel point que l’outil risque de se bloquer au fond du trou, ce qui peut
occasionner de grosses pertes de temps pour tenter de le dégager par des instrumentations
délicates. Dans ce cas, il est conseillé d’utilisé une boue à base de huile ou boue à émulsionnée.
2.5.2.1. Boue à huile
La boue à huile est utilisée pour le forage des zones difficiles avec des boues à base d’eau (les
argiles gonflantes, problème de coincements…).
Composition courante : Huile de base : 95 % à 98 % du volume, on utilise le diesel à de l’huile
brute très asphaltique / Eau : 2 % à 5 % / Agents fluidifiants / Agents de neutralisation de l'eau

98
/ Agent plastifiants pour contrôler la filtration et la viscosité (asphalte soufflé, argile organophile…)
/ Agents émulsionnants et stabilisants /Alourdissant : (CaCO3, BaSO4, Galène).
Les avantages : ce type de boues donne un cake très mince, forage à densité proche de 1,
réduction des frottements de la garniture sur les parois du puits, augmentation de la durée de
vie des outils à molettes, meilleure récupération du carottage sur lesquelles il est possible de
mieux approcher la valeur de la teneur et de la nature de l'eau interstitielle, moindres dommages
à la formation.
Inconvénients : Sensibilité à l'eau et à certains bruts, risque de sédimentation des
alourdissements. Manipulation salissante, risque d'incendie, détérioration des caoutchoucs non
spécifiques aux hydrocarbures, difficultés pour déceler la présence d'huile dans les déblais.
2.5.2.2. Boue à émulsion inverse
Elle est constituée d'une phase continue huile et d'une phase dispersée aqueuse d'au moins 50 %
du volume. Cette boue présente à peu près les mêmes avantages que la boue à l'huile, puisque
l'eau s'y trouve sous forme d'émulsion et n'entre pas en contact, en principe, avec l'argile. Leurs
caractéristiques sont les mêmes que les boues à l'huile mais permet de pallier certains
inconvénients de celles-ci.
Domaines d’utilisation : les mêmes que les boues à l'huile; grandes épaisseurs de sels ou
d'anhydrite, problèmes de forage haute température, problèmes de déviation.
2.5.3. Boue polymère
C’est une substance formée par l’union bout à bout de deux molécules ou plus de la même
qualité de chaîne dans un autre composant d’éléments et de proportions analogues, mais à plus
haut poids moléculaire et à propriétés physiques différentes. Les polymères peuvent être utilisés
directement en tant que boue ou comme additif aux boues bentonitiques, et sont subdivisés
en polymères naturels et polymères artificiels (synthétiques).
2.5.3.1. Polymères naturels
Il s’agit d’un produit organique obtenu à partir de gommes de Guar. La boue polymère permet
pour le même poids de matière, de produire un gel 10 fois plus qu’une boue bentonitique, à la
même viscosité (60 s au cône de Marshe). Parmi les polymères naturels on cite : le Revert,
permettant avec un dosage de 8 kg/m 3 d’eau à 20 °C, de donner une viscosité de 30 secondes
(Marsh) au bout de 5 jours ; alors qu’à une température 38 °C, on obtient la même viscosité
au bout de 2 jours.
2.5.3.2. Polymères synthétiques (artificiels)
Les polymères synthétiques peuvent être utilisés avec des boues bentonitiques ou avec d’autres
polymères. Elles ne sont pas biodégradables généralement, et leur destruction nécessite une
action chimique pour réduire leur viscosité à celle de l’eau (lavage). Les solvants utilisés pour la
destruction (broken down) doivent être choisis pour ne pas bloquer la formation aquifère, le
massif filtrant et les crépines, et qu’ils ne provoquent pas la pollution de la nappe.
2.5.3.3. Polymères synthétiques biodégradables
Ils ne sont valables que si leur durée de vie est plus longue que les polymères naturels, et lorsqu’ils
peuvent être éliminés avant que le processus de dégradation ne soit amorcé (pour éviter la
prolifération «développement» des bactéries). Ils doivent être aussi ; non toxiques et non

99
polluants : parmi les produis qui répondent à ces critères, on cite : l’AQUA GS, et le D 800 ou AQUA
J (Johnson).
Avantages : Les boues polymères possèdent les avantages suivants :
- forage avec une pression réduite au fond du trou.
- frottements réduits (usure minimum)
- les carottes et échantillons ne sont pas masqués par le fluide.
- pertes contrôlées de fluide sans nécessité d’avoir un cake épais.
- la boue au Revert : les opérations de lavage et de développement des forages se trouvent
de ce fait grandement facilitées, rapides et efficace, pas de risque de colmatage des
couches aquifères et en plus 1 kg de Revert donne la même viscosité que 9 kg de bentonite.
La boue au Revert possibilité d’utiliser de l’eau salée pour préparer la boue.
Inconvénients:
* pour les polymères naturels :
- la prolifération (développement) des bactéries dans un temps très court (3 à 15 jours
suivant les produits)
- élimination des bactéries parfois difficile dans le filtre et
gravier.
- les bactéricides utilisés sont parfois toxiques.
* pour polymères artificiels :
- risque d’instabilité des parois.
- risque de colmatage des parois.
- le lavage des polymères se fait par action chimique, ce qui provoque parfois le risque
de pollution de l’aquifère.
2.6. Contamination et traitement mécanique de la boue de forage
2.6.1. Contamination de la boue de forage
L'équilibre réalisé entre le filtrat et l'argile dispersée dans la boue, et les parois peut être
perturbée par des contaminants rencontrés dans le puits soit sous forme gazeuse (C02 et H2S)
ou solide (le gypse, les sels, les argiles et le ciment) ou en solution (eau).
Au cours de forage, la boue se charge de plus en plus des argiles et des éléments fins. La boue
contaminée serait rapidement inutilisable. Si on la laisse en circuit, elle forme une masse compacte
au fond bloquant complètement l’outil. La présence des éléments fins de dimensions inférieures
à 70 µm provoque la coagulation de la boue (transformation de la substance organique liquide en
une masse plus ou moins solide), ce qui provoque l’augmentation de sa viscosité. La présence
de certains sels de terrains (gypse) favorise la floculation de la boue (formation de flocs). On note
aussi que une teneur élevée en solides augmente la densité de la boue, modifie ses
caractéristiques physiques et la rendre abrasive. Ceci favorise les pertes, le colmatage des
formations productrices et de nombreux ennuis en forage.

100
2.6.2. Traitement mécaniques de la boue de forage
Le traitement mécanique de boue inclus plusieurs étapes, dans les forages de surface il peut être
limité seulement par le passage dans le tamis vibrant et les bassins de décantation, mais pour les
forages profonds comme les forages de continentale intercalaire dans la région de Sahara
septentrional où la nappe se trouve à une profondeur qui dépasse le 1000 m, l’emploi de tous les
appareils de traitement mécanique de la boue est nécessaire. Dans les figures 62 et 63,
nous présentons le schéma type d'installation des appareils de séparation mécaniques des solides
et les domaines de séparation de chaque appareil.

Figure 62. Schéma type d'installation des appareils de séparation mécaniques des solides.

Figure 63. Schéma des domaines de séparation des installations.


Tamisage: le tamisage est le premier traitement mécanique d'élimination des solides ; dès la sortie
de la goulotte, la boue passe dans un "mud box" pour régulariser le débit, puis sur des toiles
rectangulaires plus ou moins inclinées et soumises à des vibrations. La toile est définie par les
dimensions de sa maille (carrée ou rectangulaire), exprimée en mesh (200 mesh = 74 microns). Les
vibrateurs à double étage (quelquefois triples) possèdent des toiles superposées de maillage
décroissant. Le maillage des tamis doit être adapté au débit de forage, à la vitesse d'avancement,
à la nature des terrains forés, au type de boue, etc.

101
Les tamis vibrants ou vibrateurs (Figure 64a) sont des appareils robustes et d'une excellente
fiabilité à condition de respecter les règles de mises en place, d’utilisation et de maintenance
(contrôle de l'horizontalité et de l'inclinaison des toiles, contrôle et réglage du système de
vibration, nettoyage fréquent des toiles surtout en début de forage, etc.

Décantation: En général, la décantation n'est effectuée que dans un petit bassin de 4 à 5 m 3,


appelé "sablière" et situé sous les vibrateurs ou juste en aval de ceux-ci, ce bassin ne doit pas être
équipé de moyens de brassage, ni de ligne d'aspiration. Il est par contre muni d'un dispositif de
vidange rapide afin de faciliter son évacuation et son nettoyage. Pendant les phases de démarrage,
cette sablière est nettoyée au moins à chaque manœuvre et même à chaque ajout de tige lors
d'avancement très rapide dans les sables par exemple. Un bon usage de la sablière permet de
soulager les appareils d'élimination des solides, placés en aval.

Figure 64. Les appareils de séparation mécaniques des solides.


Dégazage : S’il y a une venue de gaz, un dégazeur peut être établi à la sortie du puits. La boue
gazée est passée dans un dégazeur installé en parallèle sur le circuit. La boue est injectée dans
une enceinte où elle est en général soumise à un vide partiel. La boue se dégaze par
ruissellement sur des chicanes et retourne dans le circuit. Le bassin de rejet de la boue dégazée
doit être distinct du bassin d'aspiration, un retour vers ce dernier bassin doit être prévu en partie
haute, pour permettre un nouveau dégazage de la boue insuffisamment dégazée. Il est dangereux
de recycler dans le trou de la boue encore partiellement gazée, parce que elle conduite à une
chute de la pression exercée par la boue ce qu’il peut causer l’invasion de puits par les fluide de
formation (gaz ou eau ou huile).
Hydro cyclonage: La boue chargée en solides forés est injectée tangentiellement dans la
partie haute d'un cyclone à corps conique ou cylindro-conique (Figure 64. b, c, d, f), dans ce corps,
par l’effet centrifuge, il y a séparation partielle des solides qui se rassemblent et éjectés à la
sortie basse du cyclone, La boue épurée et allégée se retrouve par contre dans l'axe du corps et
102
sort à la partie haute et récupérée dans les bassins, alors que l'effluent lourd chargé en solides
est éjecté au bourbier. Habituellement on distingue :
- le déssableur : cyclones de 8" à 12", qui éliminent les "sables"(particules > 74 microns).
- le désilteur : cyclones de 4"(séparation théorique de l'ordre de 20 microns).
- le CLAYJECTOR : cyclones de 2"(séparant en principe jusqu'à 10 microns).
Traitements particuliers d'élimination des solides
Mud-cleaner: La perte de boue avec l'effluent lourd des désilteurs est jugée excessive. Cet effluent
lourd est donc récupéré sur un tamis vibrant à toile fine (150 à 200 mesh) : les solides sont éliminés
au bourbier et la boue épurée sous vibrateurs est remise en circuit. En général, le Mud-cleaner
(Figure 61e) est un appareil indépendant monté en parallèle sur le circuit et comporte sa pompe
d'alimentation, sa batterie de cônes 4" et son tamis vibrant. Ce système n'est rentable que dans le
cas de boue chère et/ou polluante.
Centrifugeuse: La centrifugeuse (Figure 64g) semi-continues à axe vertical et à bol de grand
diamètre sont les appareils qui donnent le meilleur pouvoir séparateur et la plus grande capacité
de traitement (10 à 15 m3/h de boue). Le principal inconvénient est qu'elles nécessitent la
présence d'un opérateur au moins à temps partiel, si on veut tirer le rendement maximum, elles
ont été utilisées avec une excellente rentabilité pour récupérer la boue perdue avec les effluents
lourds dessableurs-désilteurs. Cet effluent est rassemblé dans un petit bac où il décante, la boue
surnageant est centrifugée et la boue propre est renvoyée dans le circuit.
Les centrifugeuses continues à axe horizontal ont un pouvoir séparateur assez moyen et une
capacité de traitement réduite (2 à 5 m3/h), elles travaillent en parallèle sur le circuit, en
continu, sans surveillance particulière. La maintenance est difficile et coûteuse. Ces appareils sont
cependant beaucoup plus utilisés que ceux à axe vertical, car leur fonctionnement en continu en
facilite l'utilisation sur chantier.
3. FORAGE A L’AIR COMPRIME
L’air est le fluide de forage qui possède la plus basse densité et le prix de revient le moins élevé,
mais le forage à l’air qui a commencé en 1940, devient difficile lors de venues importantes d’eau.
Il apporte une solution à des problèmes compliqués parfois impossibles à résoudre avec les
méthodes de forage à la boue conventionnelle. Il est recommandé dans le cas des pertes totales
répétées de la boue lors de la circulation ainsi que dans le forage des couches productrices sous
faible pression.
3.1. Air comprimé pour forage au rotary
Pour évacuer efficacement les cuttings, on utilise une grande vitesse de remontée de l’air : de 915
à 1520 m/min, ce qui permet d’avoir un forage bien dégagé et propre. En cours de forage, le
volume d’air sera ajusté pour maintenir une vitesse annulaire nécessaire à la bonne remontée
des cuttings. En effet, la vitesse annulaire peut être altérée s’il se produit une érosion des parois
(provoquant l’augmentation de volume du trou), on devra alors faire face à cette demande
supplémentaire d’air pour maintenir la vitesse de remontée nécessaire. En présence de venues
d’eau dans le forage, une boue se forme, par le mélange d’eau avec cuttings, ce qui réduire
l’espace annulaire, et augmente la pression engendrant la fracture des formations tendres.
Une bonne méthode pour vérifier que le circuit d’air soit suffisant pour f a i r e remonter
les cuttings, consiste à contrôler le temps nécessaire de remontée de cuttings; ce temps ne

103
devrait pas excéder 6 à 7 secondes pour 30 m de trou. Si l’on utilise de l’air humide, ce temps sera
à majorer de 30 à 40 %.
3.2. Air comprimé pour marteau fond de trou
L’air a deux fonctions distinctes, faire fonctionner le marteau et remonter les cutting à la surface.
Les paramètres essentiels à contrôler sont ; le débit d’air minimal pour le fonctionnement du
marteau (quelques litres par secondes) et surtout celui disponible pour créer un flux d’air d’une
vitesse suffisante permettant de faire remonter les cutting de tailles moyennes (quelques
millimètres).
La plus part des marteaux fond de trou peuvent travailler à des pressions comprises entre 4 et 18
bars, en plus la pression de l’air comprimé est élevée avec un marteau fond de trou, moins on
aura de risques de coincement.
Le choix de la puissance du compresseur dépend de la consommation d’air comprimé estimée
pendant le forage et pendant le soufflage.
4. FORAGE A LA MOUSSE
Les mousses sont des dispersions d’un volume de gaz (relativement) important dans un volume de
liquide relativement faible. La solution moussante est souvent accompagnée de polymères à poids
moléculaires élevés ou quelque fois par de la bentonite pour améliorer les qualités visqueuses de
la mousse, pour augmenter sa densité, pour réduire la vitesse de remontés des cuttings et pour
améliorer la stabilité des parois.
La mousse est un composé gazeux (air) et liquide (eau + produits), où chaque élément agit
différemment sous l’effet de la pression et de la température. Les produits moussants se dosent
à de 0,2 jusqu’à 2 % du poids d’eau utilisé. Certains fluides moussants consistent en :
- un produit moussant préstabilisé aux polymères, insensible aux sels, qui peut s’utiliser
avec de l’eau douce, dure, saumâtre ou salée.
- un stabilisant viscosifiant ou mélange de polymères en complément du produit moussant.
- un fluidifiant liquide ou solution de polymères particulièrement utile dans les formations
gonflantes.
- Ce type des fluides de forage sont utilisés dans un forage rotary lorsque :
 elles sont utilisées comme fluides de forage dans les terrains traversés sont fracturés,
 l’emploi de la boue est difficile (endroit urbain hostile, nature de terrains
défavorable).
 l’alimentation en eau est insuffisante.
 ils sont aussi utilisés dans un forage à l’air lorsque :
 lorsque le forage à l’air est impossible parce que la pression nécessaire ne peut
être fournie sur le chantier.
 les parois de forage sont excessivement érosives par des grandes vitesses
d’évacuation des cuttings.
 l’évacuation des cuttings est rendue difficile par la présence de venues d’eau
(dans le cas où la venue d’eau est forte, il faut utiliser impérativement le forage
à la boue).
 présence de formation gonflante (argile, marne).

104
Chapitre IV.
REALISATION DES FORAGES

105
Chapitre IV.
REALISATION DES FORAGES
1. INTRODUCTION
Le sondage (ou le forage) est un ouvrage de reconnaissance constitué par un trou circulaire de
faible diamètre généralement vertical, creusé dans le sous-sol à l’aide des moyens mécaniques
appropriés. Il est généralement fait pour des travaux de reconnaissances géologiques, de
prospection pour l’eau et de substances utiles.
Il diffère du puits villageois (ou traditionnel) par ces dimensions qui sont plus petites. Par ailleurs
le puits est un ouvrage d’exploitation de l’eau, de recherche minière et de matières premières
énergétiques comme le charbon.
La profondeur des sondages peut atteindre plusieurs milliers de mètres et la force motrice mise
en œuvre couvre une gamme très large de procédés depuis le travail à la main jusqu’à des
moteurs pouvant avoir des milliers de chevaux de puissance : 500 à 1400 pour les rotaries
modernes.
Les eaux souterraines sont captées par puits, forages ou par l'aménagement d'une source. Le choix
entre ces différents ouvrages obéit à des critères techniques et socio-économiques. Ainsi,
l'aménagement d'une source d'eau est souvent la solution la moins onéreuse (en investissement
et en fonctionnement) mais elle n'est possible que dans certaines conditions (régions de relief avec
une pluviométrie relativement importante).
Dans le cas où on doit utiliser un puits ou un forage, le choix entre ces deux types d'ouvrages est
plus complexe. Il doit entre autre prendre en compte :
- les conditions hydrogéologiques : l'exploitation des nappes profondes par puits est difficile
et économiquement non justifiée ;
- l'importance des besoins à satisfaire qui peut justifier le choix de la nappe qui a les capacités
souhaitées et donc le type d'ouvrage approprié pour cette nappe ;
- la capacité des populations à prendre en charge l'ouvrage et ses équipements : les
possibilités de participation des populations à l'investissement et au fonctionnement sont
plus importantes pour un puits que pour un forage ;
- les contraintes et exigences en matière d'hygiène et de salubrité : un forage offre plus de
garantie par rapport aux conditions d'hygiène et de salubrité ;
- les conditions d'accès pour les besoins d'entretien et de maintenance de l'ouvrage et des
équipements d'exhaure éventuels ;
- les budgets disponibles pour la réalisation et l'exploitation.
2. INSTALLATION DU CHANTIER DE FORAGE
2.1. Le maitre de l’ouvrage
En matière de forages d'eau, il faut que le maitre d'œuvre présente une parfaite connaissance
des techniques de foration, d'équipement et de complétion ainsi que des précautions à prendre
pour éviter la dégradation aussi bien quantitative que qualitative des ressources en eau et des
méthodes à appliquer pour mener à bonne fin les interventions des entreprises dans tous ces
domaines.
106
Le maitre d'œuvre devra en cours de chantier procéder aux réajustements imposés par les
imprévus et en suivre l'exécution.
Les capacités qui lui sont demandées sont très spécifiques. Elles dépendent à la fois de
connaissances théoriques et pratiques qui lui permettent en fonction des matériels employés et
des méthodes de travail d'apprécier objectivement par exemple :
 La dureté et la tenue d'un terrain,
 Les causes d'altération d'un fluide de circulation,
 Les difficultés de prélèvements et de remontée d'échantillons,
 Les risques de rupture sur un train de tiges ou une colonne de tubes,
 Les pertes de boue ou les causes de colmatage,
 Les conditions d'une bonne cimentation, d'un bon gravillonnage, etc.
Une méconnaissance de ces problèmes ne peut qu'accroître les risques d'échecs en cours de
travaux. En raison de sa formation, de ses connaissances et de la documentation dont il
dispose, l'hydrogéologue est mieux placé que quiconque pour établir l'architecture de l'ouvrage
en prenant en compte :
 La nature et la géométrie des aquifères,
 Les horizons à capter ou à étancher,
 Les procédés de captage et d'essais de nappes,
 Les répercussions des prélèvements sur les ouvrages existants,
 Les conditions d'exploitation liées aux caractéristiques des aquifères, et aux possibilités de
renouvellement de la ressource en eau,
 Les risques de pollution provenant d'eaux superficielles ou souterraines,
 Les dangers de mettre en communication inconsidérément différents niveaux aquifères et
les moyens d'y remédier, etc.
La coupe géologique permettra de fonder le programme des travaux. Après avoir précisé
l'objectif de l'opération, localisé son emplacement ainsi que les caractéristiques du sous-sol au
droit de l'ouvrage projeté, les spécifications techniques porteront sur les différentes opérations
(foration, prélèvements d'échantillons, tubages, crépines, cimentation, développement, essais,
etc..), préciseront les moyens à employer, la capacité des engins de chantier, etc.
L'auteur du projet veillera à interdire l'utilisation de matériels périmés ou de modes d'exécution
inadaptés. Il apportera toutes précisions concernant le profil du forage et le plan de tubage :
- longueurs et diamètres des différentes parties du forage,
- longueurs et diamètres des colonnes de tubes,
- pompes correspondant aux débits et pressions du fluide de circulation,
- vitesses d'avancement prévisibles, etc.
1.2. L’organisation du chantier de forage
L’organisation du chantier de forage doit permettre au foreur d’intervenir rapidement en cas de
problème (Figure 65). Les précautions à prendre doivent conduire à déterminer :

107
- un périmètre de sécurité autour du chantier.
- un accès pour les véhicules.
- un approvisionnement en eau (citernes).
- un accès facile pour le remplissage des fosses.
- un endroit sec pour la rédaction (bureau).
- une zone de déblais (cuttings).
- un terrain aplani pour faciliter le calage de la machine.
- l’emplacement et le creusage des fosses à boue.
- le positionnement du compresseur de façon à ce qu’il ne reçoive pas la poussière de forage.
- l’installation de toutes les unités de pompage, de pression hydraulique et des moteurs
sur un plan horizontal.
- l’outil de mesure de la pression hydraulique doit être protégé du soleil.

Syscal Pro switch Préparation de la boue de forage

Crépines (PVC) Atelier de forage

Figure 65. Organisation du chantier


108
2. CHOIX DE LA TECHNIQUE DE FORAGE
Le choix d’une technique de forage se fait sur :
- la nature de terrain, sa teneur en eau,
- l’avancement de l’outil de forage, la quantité d’eau à utiliser, l’endroit du forage… etc.
- l'autorisation d'occuper les lieux, de forer et d'exploiter,
- les contraintes résultant s'il y a lieu de l'établissement des périmètres de protection,
- les possibilités d'accès et le voisinage,
- la facilité d'assurer l'approvisionnement en eau du chantier, d'évacuer les déblais et
les eaux de pompage,
- Les installations existantes (canalisations souterraines, égouts, câbles) dont la présence
constituerait une gêne au déploiement du matériel et à l'exécution de l'ouvrage seront
soigneusement repérées,
- profondeur du forage
- diamètre de départ de tubage, diamètres intermédiaires et diamètre finale.
Pour la réalisation d'un ouvrage on peut utiliser plusieurs méthodes de forage, l’essentiel c’est
d’atteindre l'objectif de capter une ressource très définie en terme de qualité et de quantité. Ceci
oblige à choisir une méthode de foration qui permet de bien isoler les horizons "parasites" en
réalisant des cimentations adéquates. D'autre part, la foration ne devra pas altérer le niveau
producteur que l'on souhaite capter. En fait, chaque matériel possède des qualités et des défauts
qui fixeront le choix :
2.1. Forages par percussion
Le battage avec des trépans lourds de formes diverses, faciles à entretenir en état de marche
par recharge et affûtage sur le chantier, peut encore être appliquée avec succès pour traverser en
grand diamètre des terrains fissurés ou très durs à frais réduits ; avec les tiges, il est à la fois
possible de forer "à sec" ou avec circulation de boue pour remonter les déblais en dehors des
horizons aquifères fissurés.
Le battage au câble, encore dénommé forage à sec, est une des plus anciennes méthodes,
d'exécution lente, mais requérant peu de puissance, n'employant pas de fluide de circulation,
évitant donc de colmater le terrain et obtenant ainsi la meilleure productivité.
Méconnu, ce matériel mériterait d'être réhabilité en raison des avantages qu'il procure pour
l'exécution des forages d'eau de profondeur moyenne. Les terrains plastiques limitent son emploi,
ainsi que les terrains boulants qui nécessitent des tubages de soutènement.
2.2. Forage par rotation (rotary)
Ce mode de forage est le plus couramment employé en travaux profonds. L'avancement
s'effectue par la double action du poids appliqué à l'outil et du mouvement tournant auquel
cet outil est soumis.
Il présente l'inconvénient de nécessiter l'emploi d'un fluide de circulation qui provoque le
colmatage des petites fissures dans les terrains à faible pression d'eau.

109
En circulation directe, le fluide est injecté par l'intérieur des tiges et à travers les outils; les déblais
remontent entre les tiges et la paroi forée. En circulation inverse, la boue est pompée dans
l'espace annulaire pour faire remonter le fluide et les déblais à l'intérieur du train de tiges.
Cette seconde méthode est utilisée en grand diamètre pour nettoyer le fond au forage sans
avoir à développer une puissance trop importante.
Au-delà de certaine profondeur, le rotary à l’air comprimé est à éviter car il est difficile à maîtriser
(mauvaise remontée du cuttings). Dans les terrains sédimentaires peu consolidés, le rotary à la
boue est la plus adéquat.
2.3. Forage par marteau "fond de trou"
Ce procédé allie en fait les techniques par percussion et par rotation. L'air provenant d'un
compresseur est injecté sous forte pression à travers le train de tiges pour commander à son
extrémité un marteau pneumatique muni d'un taillant. Ce procédé est employé surtout pour foré
des terrains fissurés ou durs.
Un tel mode de forage est limité par l'impossibilité d'employer le marteau pneumatique en terrain
plastique, la nécessité d'une bonne tenue des parois, ce qui élimine les terrains présentant un
risque d’érosion, la difficulté de guider l'outil pour assurer un avancement linéaire et la puissance
du compresseur dont dépend la profondeur qui peut être atteinte.
Le marteau fond de trou permet une grande vitesse d'avancement, en terrain dur, à petit diamètre
et jusqu'à une profondeur usuelle de l'ordre de 150 m.
3. TUBAGES
3.1. Tube plein
La qualité du tubage est essentielle à la durée de l'ouvrage. Le débit d'exploitation et la
profondeur définissent les dimensions de la foration et permettent de choisir le plan de
montage des colonnes. Le choix de la pompe correspondant au débit à extraire fixera le diamètre
du tubage (il pourra varier de 5" à 16" et plus). Un jeu est à maintenir :
- entre l'intérieur du tube et la pompe (de l'ordre du 1/2" sur le pourtour),
- entre le forage et le tubage, notamment s'il y a lieu de réserver un vide de cimentation
(d'au moins 1" sur le pourtour). Pour tenir compte de la surépaisseur des manchons, on
augmentera d'autant le diamètre du trou à prévoir.
Pour chaque colonne à placer, les tubes devront répondre aux calculs de résistance du projet, en
fonction de caractéristiques géométriques (épaisseur, donc diamètre extérieur et poids) et
mécaniques, résistances à la traction et à l'écrasement, (déterminant les qualités d'acier à retenir).
Les choix porteront sur des dimensions courantes, faciles à approvisionner. Les forages d'eau sont
équipés couramment de tubes en tôles noires, roulées et soudées, assemblés par manchons
soudés, parfois bitumés. Ces tubes sont soudés directement entre eux ou raccordés par manchons
soudés.
Ces modes de fabrication et d'assemblage, les moins coûteux, sont cependant à déconseiller en
raison des inconvénients résultant de mauvais assemblages ou de soudures défaillantes, difficultés
de guidage à la pose, ainsi que d'une moindre résistance à la corrosion. Il est préférable
d'éviter les soudures et d'utiliser la technique des tubes étirés à chaud et filetés dans la masse,
assemblés par manchons filetés.

110
Le tubage de réalisation de forage peut se faire suivant trois formes (Figure 66) : tubages
complets, tubages télescopiques et tubages en colonnes perdues.

Figure 66. Différents types de tubages.


 Les tubes en acier étiré sans soudure, assemblés par manchons filetés, sont commercialisés par
longueurs variant de 4 à 10 m.
 L'utilisation de grandes longueurs est plus économique mais nécessite des matériels de transport,
de manutention et de pose adaptés.
 Ces tubes étant filetés extérieurement, leur protection est à assurer pour conserver le
filetage en bon état. Leur mise en place utilise des produits de blocages et d'étanchéité des
filetages.
 Le tubage représente une part importante de la dépense de construction d'un forage d'eau.
Une augmentation de son épaisseur accroît l'investissement mais améliore considérablement la
sécurité de pose et la durée d'utilisation.
 Le choix du tubage résultera des caractéristiques du matériel proposé (fatigue à la pression et
à la traction, résistance à l'écrasement dont l'insuffisance est la cause de détérioration de forages
d'eau). Le commerce propose toutes les qualités d'aciers ainsi que de matériaux spéciaux et, pour
un même diamètre, les tubes peuvent être livrés en différentes épaisseurs.
 Les tubes, crépines et raccords utilisés en forage d'eau ne sont pas normalisés : la résistance à
l'écrasement est rarement indiquée et une gamme trop grande de produits provoque des pertes
résultant du mauvais emploi des stocks.
 Le choix doit en être fait avec discernement. Le directeur des travaux vérifiera les caractéristiques
de l'équipement proposé, notamment en ce qui concerne la pression d'écrasement, donc
l'épaisseur de tubage à adopter.
 Pour diminuer l'effort de traction sur le tube de tête pendant le montage, on utilise la technique
qui consiste à faire flotter la colonne au cours de la pose par obturation du fond.
 Des tubes répondant aux normes API (de l'American Petroleum Institut) sont fabriqués et
commercialisés en France. Ils apportent toutes garanties dans les conditions d'emploi indiquées
par le constructeur.
 Les tubes en chlorure de polyvinyle (PVC) et en fibres de verre deviennent d'un emploi courant
mais des précautions sont à prendre pour ne pas dépasser leurs seuils de résistance.

111
 Afin d'éviter l'attente de tubes supplémentaires, il est d'usage d'augmenter de 15 % les longueurs
à prévoir. Il en résulte des frais de reprises et d'immobilisation qui pourraient être en grande
partie évités par de meilleures études préalables.
 Pour des travaux à grande profondeur, le maitre d'ouvrage peut envisager que les tubages soient
directement approvisionnés par ses soins. Il devra alors tenir compte de toutes les pièces spéciales
nécessaires ainsi que de la longueur unitaire des tubes correspondant à la capacité de la machine
de forage qui sera employée sur le chantier.
3.2. Les Crépines
Ce sont des tubes perforés placés à la suite du tubage plein pour capter l'eau dans son site tout
en maintenant en place le terrain aquifère, directement ou par l'intermédiaire d'un massif
filtrant. Leur emploi ne s'impose pas en terrains durs, fracturés ou fissurés mais de bonne tenue.
La forme et la dimension de leurs ouvertures doivent être choisies en fonction de la
granulométrie du terrain aquifère et de la qualité chimique des eaux dans le but de faciliter le
développement et d'éviter le colmatage. Les parties crépinées sont alors adaptées aux
caractéristiques de chaque aquifère, cependant en peut évoquer les remarques suivants :
- Les crépines sont des pièces de précision. Elles ne doivent comporter ni bavures ni
irrégularités qui risquent de déclencher ou accélérer les processus de corrosion et
d'incrustation.
- Une confection sur le chantier n'ayant pas les qualités requises est à éviter.
- Les crépines doivent avoir une résistance à l'écrasement qui empêche leur détérioration
tant à la mise en place qu'en cours d'utilisation. Elles seront soumises aux mêmes modes de
calcul que les tubages.
- Leur conception et leurs caractéristiques peuvent être précisées à l'étude du projet,
notamment en ce qui concerne le rapport de la surface des ouvertures à la surface totale de
la colonne captant. Dans tous les cas, ces indications doivent figurer au contrat passé avec
l'entreprise.
- Différents matériaux peuvent être employés (acier, inox, fibres de verre, matières
plastiques).
- Le choix portera sur un matériau adapté à la composition chimique des terrains traversés
et de l'eau captée.
- Le fournisseur devra préciser le type de perforation proposé et le mode d'exécution.
- Les normes de résistance seront indiquées par le constructeur. Un choix judicieux de la
crépine retiendra: une matière inerte (synthétique) ou un acier spécial en cas de risques de
corrosion, des fentes transversales et des nervures longitudinales.
- Le débit obtenu est en rapport avec la longueur crépinée, mais sans être proportionnelle à
elle.
- Les crépines seront à placer au droit des horizons de bonne perméabilité dont les
auscultations par diagraphies auront permis de déceler l'emplacement.
- Le mode de pose de la crépine (conditions d'obturation de l'annulaire supérieur
notamment) doit être agréé par le directeur des travaux.
- Pour retenir un sable très fin, il est possible d'utiliser une crépine double constituée
par deux crépines emboitées, l'espace annulaire étant rempli d'un gravier filtre.
112
- Le captage par un même ouvrage de deux aquifères superposés, séparés par un substratum
imperméable, est à déconseiller si les pressions sont différentes sur les deux aquifères. En
dehors des périodes de pompage, l'invasion d'un aquifère par l'autre serait difficile à éviter
si les pressions sont à l'équilibre.
- L'exploitation peut en être faite simultanément, même si la lithologie est différente.
4. CONTROLE DE LA RECTITUDE ET DE LA VERTICALITE
Le forage doit être rectiligne pour :
- faciliter le tubage: la mise en place d’une colonne rigide de tubes dans un trou
coudé n’est pas possible.
- un bon fonctionnement de la pompe: dans un trou rectiligne mais incliné, le
fonctionnement de la pompe risque d’être compromis par l’augmentation des pertes de
charge linéaires, tandis que dans un trou coudé les pertes de charge singulières se
multiplient.
On mesure la verticalité par les appareils suivants : l’inclinomètre thermique, l’inclinomètre
mécanique et l’inclinomètre optique. On reconnaît qu’une déviation de 0,25 % est insignifiante,
mais à partir de 0,5 % elle commence d’être sérieuse.
5. LES FOSSES A BOUE
Le forage par rotation exige un fluide de circulation dont les caractéristiques doivent être
adaptées à la nature des terrains traversés, aux venues ou pertes susceptibles de se produire, à
la nécessité d'améliorer la tenue des parois. Avant toute exécution, l'entrepreneur devra préciser
la technique à employer ainsi que le fluide de circulation prévu aux différentes phases du
programme de forage.
La boue de forage est habituellement obtenue en mélangeant à l'eau et une argile spéciale (la
bentonite). Le foreur établit les caractéristiques, viscosité et densité, aux valeurs qui conviennent
le mieux à la remontée des déblais de forage, au refroidissement et à la lubrification des outils, à
la bonne tenue des parois, à la protection du milieu aquifère. Il ajoutera du tanin pour réduire la
viscosité, de la barytine pour accroître la densité, etc. La composition du fluide peut être ainsi
modifiée à volonté à l'aide de différents additifs (huiles, chaux, amidon, chlorures de sodium et
autres), en quantités variables, pour faciliter certains passages difficiles (en terrains argileux,
gypseux, salés, etc..).
Les fosses à boue constituent une réserve de fluide de forage et permettent son recyclage par
décantation. Elles se forment d’une fosse de décantation, d’une fosse de pompage et de
canaux.
Le premier canal doit être assez long pour que la fosse soit en dehors du trottoir du futur point
d’eau pour éviter le tassement différentiel sous la dalle (de largeur =2 m) et d’une section de 0,2
x 0,2 m.
L’axe du second canal doit être décalé de celui du premier pour favoriser la décantation. Sa
section est de 0,2 x 0,2 m.
Les fosses et les canaux sont régulièrement curés et nettoyés des sédiments déposés en cours
de forage.
Le dimensionnement des fosses à boue se fait en fonction de la profondeur du forage à
réaliser.
113
Une méthode approximative de dimensionnement est avancée par Drouart et Vouillamoz :
 le volume total des fosses = 3 x volume du forage.
 la fosse de décantation :
- largeur (m) = [volume du forage (en litre) x 0,57]1/3.
- longueur (m) = 1,25 x largeur
- profondeur (m) = 0,85 x largeur
 la fosse de pompage :
- largeur = [volume du forage (en litre) x 0,57] 1/3.
- longueur = 2,5 x largeurs
- profondeur = 0,85 x largeur.

EXERCICE :
Dimensionner les fosses à boue pour un forage de profondeur 100 m et de diamètre 6" (15
cm).
SOLUTION :

1- volume total des fosses Vt = 3 * volume du forage = 3*π*0,15/4 * 100 = 5,3 m3.
2

2- la fosse de décantation :
Longueur = 1,25*10,02 = 12,52 m
Profondeur = 0,85*10,02 = 8,52 m.
3- la fosse de pompage :
Longueur = 2,5 * 10,02 = 25,05 m profondeur = 0,85 * 10,02 = 8,52 m.
6. PRELEVEMENT DES ECHANTILLONS
Selon le mode de foration employé, il est plus ou moins facile de procéder à l'examen des
éléments d'extraction et de les analyser.
Le prélèvement relève de deux techniques :

114
- soit prise directe d'échantillons provenant des cuttings, débris de forage,
- soit recours à un outil destiné à cet usage, le carottier.
6.1. Les cuttings
L’échantillonnage et l’analyse de cuttings permet l’établissement de la courbe granulométrique
pour définir les caractéristiques des crépines et du gravier additionnel.
Le forage à la boue permet de fournir à la surface des échantillons broyés ou non du terrain
rencontré par l’outil au fond du trou. S’il s’agit de forage au rotary, ces échantillons contiennent
une forte portion de la boue de circulation.
Pour le forage au battage, il procure un échantillonnage nettement plus représentatif de la
formation. L’échantillonnage en forage par battage nécessite des interruptions de l’avancement,
la sortie du trépan et l’extraction à la cuillère du sol de fond, tandis qu’au rotary ; ces
interruptions ne sont pas nécessaires.
Généralement : on prend un échantillon dès que l’on rencontre une formation aquifère, et à
chaque fois qu’il y a changement de formation. Autrement, on prend un échantillon tous les deux
mètres.

6.2. Le carottage
Il s’agit de découper dans la formation, un cylindre appelé carotte, de le détacher de la masse et
de le remonter à la surface avec grande précaution, en évitant de le modifier ou de l’altérer au
contact des parois. L'examen des carottes permet d'apprécier la granulométrie, la cimentation des
grains, la porosité, la fissuration, la nature, la position, l’épaisseur et l’étendue des couches.
Le carottage est une opération coûteuse en raison du temps d'exécution que nécessite sa mise en
œuvre. Les examens effectués sur les cuttings sont de règle et les prises d'échantillons au carottier
sont limitées aux emplacements judicieusement choisis, notamment pour le calage des
diagraphies.
115
La prise d'une carotte peut être imposée par la nécessité de reconnaître la cause de pertes de
boue. C’est une manœuvre délicate à effectuer par le foreur à un moment où il maîtrise mal
l'injection du fluide.
Les quantités prélevées doivent être suffisantes pour exécuter les essais en laboratoire. Pour cela,
le diamètre de l'échantillon ne peut être inférieur à 50 mm. Une fiche technique est établie
à chaque prélèvement effectué.

116
6.3. Mesures sur les échantillons
6.3.1. Mesure de la perméabilité
Les différents procédés de mesure de la perméabilité sont :
- les procédés de mesure au laboratoire : par utilisation de perméamètre à charge
constante où variable.
- les procédés in situ (méthode de Lugeon qui consiste à injecter de l’eau sous une pression
constante et on mesure le volume d’eau introduite en une minute).
- utilisation des formules empiriques (formule de Hazen, formule de Slichter) à travers la
courbe granulométrique.
- calcul de la perméabilité d’après la détermination de la transmissivité (par essais de
pompage).
6.3.2. Etablissement de courbe granulométrique
L’échantillon prélevé de forage permet d’établir une courbe granulométrique, cette dernière
utilisée pour dimensionner la crépine (slot de crépine) et le calcule de perméabilité
approximative à l’aide des formules empiriques.

117
Chapitre V.
EQUIPEMENT ET DEVELOPPEMENT DES FORAGES

118
Chapitre V.
EQUIPEMENT ET DEVELOPPEMENT DES FORAGES
1. INTRODUCTION
Le forage d’eau est destiné à permettre l’extraction de l’eau contenue dans une formation
aquifère. C’est pourquoi, quelle que soit la méthode de forage retenue, l’équipement comporte
toujours une colonne d’exploitation maintenant le terrain dans la partie supérieure non aquifère
proprement dit. En cas de défaillance, les conséquences sont souvent importantes et coûteuses.

En effet, un forage mal conçu peut entraîner notamment :


- une productivité trop faible.
- une durée de vie limitée.
- une eau de mauvaise qualité, ensablement, turbidité.
- un colmatage accéléré.
- des coûts de maintenance élevés.
En optimisant la conception d’un ouvrage de captage, au regard du contexte géologique et
hydrogéologique, et des besoins d’exploitation, il est possible de réduire fortement ces effets

119
négatifs. L’exploitation doit se faire dans les meilleures conditions possibles, tant du point de vue
qualitatif :
- Pas pollution de l’eau au droit de l’ouvrage.
- Pas d’entrainement des éléments solides
Que de point de vue qualitatif :
- Obtention de plus forte débit compatible avec les caractéristiques de l’aquifère.
- Recherche de plus fort débit spécifique possible (débit par unité de rabattement).
Trois éléments essentiels constituent l’équipement de forage d’exploitation :
- Le tube plein.
- La crépine ou le tube perforé.
- Le massif filtrant.
2. DESCRIPTION DES DIFFERENTES PARTIES DE L'EQUIPEMENT D'UN FORAGE
De bas en haut, la colonne de captage comprend :
 un tubage plein (ou aveugle) avec fond servant de piège à sable ou décanteur,
 des crépines ou tubages perforés, qui sont la partie captante du forage et sont placées (de
manière continue ou parfois discontinues) en face des venues d'eau de l'aquifère,
 un tube d'exhaure : tube acier (casing) ou tube PVC plein relié aux crépines et les surmontant,
 Si le tube d'exhaure est long (plusieurs dizaines de mètres), il est conseillé d'utiliser des centreurs
(aciers ou bois) pour s'assurer de la bonne position au centre du trou de l'équipement,
 la chambre de pompage : c'est un équipement facultatif, mais généralement nécessaire pour
permettre l'installation d'une pompe immergée d'un diamètre ne passant pas dans le tube
d'exhaure.
La chambre de pompage est un tube acier (casing) ou un tube en PVC surmontant le tube
d'exhaure (étanchéité avec cimentation) et descendant de quelques mètres au-dessous du niveau
de rabattement maximal prévisible.
Ce n'est qu'à l'issue de ces différentes phases que le forage est prêt à être exploité.
2.1. Le tube plein
2.1.1. Définition du tube plein
C’est un tube aveugle (non perforé), il peut être de l’acier ou en PVC, on distingue plusieurs types
de tubes mise en place pendant l’exécution d’un forage:
Tube guide ou cuvelage : est dans presque tous les cas nécessaire et peut être défini comme le
tube qui isole tout le puits des terrains encaissants et qui durant les opérations contient le fluide
de forage.
Tubages intermédiaires : ils sont facultatifs et peut être défini comme «le tubage installé dans un
puits après l'installation et à l'intérieur du tubage de surface et dans lequel les opérations de
forage ultérieures peuvent être effectuées à l'intérieur du puits».

120
Tubage de production : on appelle aussi tube plein, celui qui isole l'encaissant du système
d'exploitation (pompe et tiges). Ce tubage est cimenté dans l'encaissant (terrains imperméables),
du moins dans la partie basse du forage si un tubage intermédiaire est utilisé.
2.1.2. Le choix de tubes pleins
Ils doivent être conçus pour résister mécaniquement aux pressions qui lui seront appliquées une
fois mis en place dans le forage (efforts de traction, efforts d’écrasement, efforts d’éclatement et
efforts de flambage). Son diamètre est plutôt fonction du débit d’exploitation (diamètre de la
pompe) (Tableau suivant), et son épaisseur est en fonction de la profondeur d’installation et de la
méthode de cimentation le cas échéant. La nature des tubes est principalement fonction de la
qualité des eaux captées. A partir d’une analyse chimique représentative, il est possible
d’optimiser la qualité des matériaux utilisés. D’autres paramètres peuvent intervenir dans le choix
des équipements, comme le délai d’approvisionnement ou le coût.
La qualité de l’étanchéité de ces colonnes de tube cimentées est souvent recherchée pour la
protection des nappes captées. Il est important dans ce cas de prévoir des matériaux adaptés. Si
des tubes en inox sont utilisés, la qualité de ces derniers devra donc être optimisée. Dans ce cas,
deux points importants devront être abordés :
- les zones thermiquement affectées par les soudures ont une résistance face à la corrosion
détériorée. Il est possible de recréer la couche de protection par un traitement de décapage
passivation ;
- pour limiter les effets négatifs des soudures réalisées sur chantier (pour les opérations
d’assemblage) la mise en œuvre de soudures avec les gaz inerte est indispensable.
Tableau de correspondance débit, diamètre de la pompe, diamètre du forage.

Il existe deux matériaux principaux de tubage plein :


- PVC (plastique)
- Acier, avec notamment :
• Acier noir
• Acier noir galvanisé
• Acier revêtu d’un film plastique
• Acier au chrome aluminium
• Acier inoxydable
Les caractéristiques des tubages les plus courants sont les suivantes :
- Longueur des éléments : 3 à 6 m.
121
- Epaisseur : 2à 11mm (acier), 4 à 16 mm (PVC).
- Diamètre : 100 à 2500 mm (acier), 60 à 315 mm (PVC).
- Raccordement : manchon soudé, embouts filetés (acier), filetage (PVC).
2.1.3. Mise en place du tubage
Avant d’effectuer l’opération de la mise en place de tubages pleins, il y a quelques règles de base
doivent être respectées :
- Prévoir de laisser au moins un pouce (25,4 mm) de jeu entre la pompe et diamètre
intérieure du tubage. Celui-ci sera donc 5 cm environ plus grande que diamètre intérieure
de la pompe.
- Prévoir de laisser du jeu entre les parois nues du trou et le tubage plein, notamment
en prévision de cimentation de l’espace annulaire.
Pendant l’opération de forage les risques d’effondrement pouvant être importants, le tubage
est mis en place le plus rapidement possible. Le trou de forage ne doit pas rester longtemps sans
protection au risque de perdre le forage (effondrement du trou). Le plan de tubage (longueur et
position des tubes pleins et des tubes crépinés) est établi en fonction de la coupe géologique du
forage ou sont notées les différentes "couches" de terrain et les venues d’eau. Des essais de
diagraphie (résistivité électrique, gamma ray, neutron) peuvent être effectués avant l’équipement
pour améliorer le plan de captage, spécialement dans les formations sédimentaires (forage
rotary) où il est parfois difficile d’identifier les horizons argileux.
Les crépines sont placées en face des niveaux aquifères ou des venues d’eau. Par ailleurs, le
plan respectera les points suivants :
- Le tubage ne descend pas toujours jusqu’au fond du forage (dépôts des cutting en
suspension dans la boue lors de l’arrêt de la circulation ou parfois effondrement), il faut donc
en tenir compte en réduisant la longueur du tubage de 0,5 à 1 mètres par rapport à la
profondeur réelle forée.
- Le dernier tube doit dépasser d'environ 0,5 mètres au-dessus de la surface du sol.
- Les longueurs de tube pouvant varier avec le filetage, il est conseillé de mesurer chaque
longueur de tube pour établir un plan précis avec un captage correcte de l’aquifère.
- Le tubage doit descendre librement sous son propre poids dans le trou. Si le forage n'est
pas vertical (fréquent au-delà de 20 mètres), il est fréquent que les frottements le long
du tube bloquent la mise en place du tubage. Ceci peut être résolu en appuyant légèrement
sur le tubage pour qu’il descende. Dans le cas contraire, il faut le remonter et réaléser le
trou.
- Une méthode alternative consiste à descendre le tube sans bouchon de fond pour
qu’il puisse riper le long des parois.
- Il sera recommandé de boucher le fond du forage en faisant descendre du ciment depuis la
surface.
2.2. La crépine
2.2.1. Le rôles de la crépine
La crépine constituée l’élément principal de l’équipement d’un ouvrage d’exploitation d’eau. Elle
est placées à la suite du tubage plein, face à une partie ou à la totalité de la formation aquifère,
122
les crépines doivent permettre la production maximale d’eau claire sans sable, résister à la
corrosion due à des eaux agressives, résister à la pression d’écrasement exercée par la formation
aquifère en cours d’exploitation, avoir une longévité maximale et induire des pertes de charge
minimales.
2.2.2. Les différents types des crépines
Elles sont déterminées suivant la forme et le pourcentage de vides pour allier résistance et
vitesse de l’eau dans les ouvertures. Un grand pourcentage de vides permet une faible vitesse de
circulation donc une plus grande sensibilité aux phénomènes d’incrustation, d’érosion et de
corrosion. Une vitesse de l’eau trop importante au travers de la crépine entraîne des pertes de
charge. La vitesse de l’eau au travers des ouvertures de la crépine dépend du débit de pompage,
du diamètre de la crépine et de son coefficient d’ouverture. On rencontre plusieurs types de
crépines industrielles :
2.2.2.1. Les crépines en acier (Figure 67)
- Crépines à trous ronds : utilisé en terrains durs, sa densité de perforation est de 10 %.
- Crépine à trous oblongs : avec des fentes rectangulaires verticales, de largeur au moins
égale à l’épaisseur de la tôle, longueur standard 3 cm, sa densité de perforation varie de
10 % à 20 %.
- Crépine à prussiennes, avec des perforations rectangulaires horizontales, formant
souvent, de bonne résistance mécanique, mais de faible pourcentage de perforation.
- Crépine à nervures repoussées, réalisé à plat puis roulé et soudé, de bonne résistance
mécanique du fait du faible enlèvement de métal, de pourcentage de vide variant de 3
à 27 %.
- Crépine à fente continue (type Johnson), l’ouverture est horizontale continue sur toute la
longueur de la crépine, obtenue par enroulement en hélice d’un « fil enveloppe profile »
soudé sur des génératrices métallique verticales. Les avantages principaux de telle crépine
sont ; la régularité et la précision des ouvertures, les faibles risques de colmatage et le
coefficient d’ouverture le plus élevé par rapport aux autres crépines.

Type Johnson Trous oblongs nervures repoussées Tours ronds

Figure 67. Les types des crépines en acier.


Crépine MUNIPAK de Johnson : Capter un aquifère sableux, fin et moyennement profond à
profond s’avère souvent complexe. C’est pourquoi, la société Johnson a mis au point un kit
complet d’équipement de captage, nommé ‘’MUNIPAK’’ (Figure 68). Il s’agit de doubles crépines à
123
fil enroulé, emboîtées l’une dans l’autre, et comprenant un massif filtrant intégré entre les deux
crépines. Le filtre est composé de billes libres de céramiques, sphériques et lisses.
Les avantages sont multiples :
• rapidité et facilité d’installation.
• 100 % de filtration sur toute la hauteur captée et diamètre de forage réduit.
• possibilité de développement, nettoyage, réhabilitation plus important.
• peu de pertes de charge additionnelles.
• développement bactérien réduit.
• mise œuvre dans les forages déviés ou drains horizontaux, ou rechemisage.

Figure 68. La crépine MUNIPAK de Johnson.


2.2.2.2. Les crépines de forage en PVC
Elles sont fabriquées depuis plusieurs dizaines d'années, elles sont réalisées à partir de tubes
pleins sur lesquelles sont usinées des fentes perpendiculairement à l’axe du tube. Cette disposition
est la meilleure pour obtenir un écoulement optimum à travers les fentes. Plusieurs largeurs de
fente sont disponibles au marché (0.5 - 0.6, 0.75 - 0.8 et 1 mm). On trouve deux catégories des
Tubes et crépines en PVC :
- Tubes et crépines à paroi normale pour profondeurs de puits faibles et moyennes.
- Tubes et crépines à paroi épaisse (ou renforcée) pour forages plus profonds.
Vu leur faible poids, les crépines et tubes pleins en PVC sont faciles à manier et à transporter
(Figure 69).

Figure 69. Les types des crépines en PVC.

124
Le fait que le PVC résiste parfaitement aux attaques chimiques des eaux souterraines et aux acides
généralement utilisés pour le développement des forages et leur entretien, a pour conséquence
que les puits ont une plus longue longévité et que les crépines et tubes pleins, n'altèrent pas la
composition de l'eau et ne dégagent aucun élément organique ou toxique. Mais l’utilisation des
crépines et des tubes en PVC dans les forages profondes (plus de 500 m) est déconseillée à cause
des conditions extrêmes de pression et température.
2.2.3. Paramètres de crépinage
2.2.3.1. Ouverture des fentes de crépines
Elle doit être en principe, inférieure à la plus fine granulométrie du gravier de filtre. Sa
détermination est en fonction de la courbe granulométrique de la formation. La forme et la
répartition des ouvertures de crépines sont plus ou moins aussi importantes que la détermination
de l’ouverture elle-même, puisqu’elles conduisent à un coefficient d’ouverture le plus élevé que
possible pour obtenir le meilleur rendement d’exploitation du forage.
2.2.3.2. Coefficient d’ouverture des crépines
Pour les crépines JOHNSON le coefficient d’ouverture est égal à : Co = e * 100/(e+h)
Où e : étant la dimension de la fente unique hélicoïdales (intervalle entre deux spires) ; h : étant la
largeur du fil enveloppe (base du triangle de la section).
2.2.3.3. Vitesse de pénétration de l’eau dans la crépine
Le coefficient d’ouverture doit être tel qui permet d’avoir une vitesse d’entrée de l’eau de l’ordre
de 3 cm/s afin de réduire l’érosion, la corrosion, l’incrustation et la perte de charge. Certains
recommandent des vitesses entre 3 et 7,5 cm/s. Pour des formations silteuses, la vitesse correcte
est de 2 cm/s. Tandis que beaucoup de chercheurs recommandent des vitesses en relation avec la
transmissivité de la nappe, et se situent entre 1 et 3 cm/s selon le tableau suivant (Tableau
ci-dessous) (selon U.S. Environmental Protection Agency).
Relation entre la transmissivité et la vitesse maximale d’entrée dans la crépine.

2.2.3.4. La relation débit - diamètre - coefficients d’ouverture


La relation débit- diamètre- coefficient d’ouverture est donnée par :
Q = p * D * Co * 0,03 * 3600 → Q = 340 * D * Co
Où Q : débit en m3/heure
D : diamètre extérieur de la crépine en m.
Co : coefficient d’ouverture en nombre décimal.
Sur la valeur obtenue de débit, et par expérience, on doit appliquer un coefficient réducteur de
0,5 à 0,75 pour l’ajustée contre les conditions non idéales (possibilité d’incrustation, température

125
et viscosité de l’eau, perte de boue, grains de sable mal placés sur le massif filtrant obturant
partiellement des fentes).
2.2.3.5. Diamètres de tubes et crépines
Le choix des diamètres d’une colonne de tubage (crépine), est souvent conditionné par
l’encombrement de la pompe, et celui-ci est en fonction de débit. Il est recommandé de laisser un
pouce (2,54 cm) de jeu entre pompe et tubage. Compte tenu des dimensions des groupes
électropompes à moteur immergé, on donne le tableau suivant (selon Mabillot) :
Relation entre diamètre de tube et crépine.

2.2.4. Choix de la crépine


Les crépines sont définies pour laisser passer l’eau, tout en retenant les particules constituant
l’aquifère. Pour obtenir cette combinaison, parfois complexe, l’ensemble des paramètres
physiques de l’aquifère doivent être pris en compte.
Tableau représentant le choix des crépines et des massifs filtrants pour diverses conditions.

126
La crépine est choisie en fonction de la profondeur, du type de terrain (roche consolidée ou roche
friable) ou de la granulométrie des sables du niveau aquifère capté et la qualité de l’eau de
l’aquifère (Tableau ci-dessous), préalablement déterminée. Comme les tubages, les crépines en
acier peuvent être vissées ou soudées. Les crépines en PVC sont vissées et/ou collées. Lorsque les
tubages et les crépines sont en acier, on doit veiller à ce que les éléments en contact soient
constitués d'acier de composition identique pour minimiser la corrosion résultant de l’effet de pile.
Pour rester optimale, la productivité d’un forage doit être suivie tout au long de son exploitation
afin de diagnostiquer et contrôler les effets du vieillissement. De ce fait, au cours de sa vie, un
forage fera l’objet d’une ou plusieurs opérations de nettoyage/réhabilitation.
2.2.5. Longueur et position des crépines
La longueur et la position de crépine est en fonction de la pression de l’eau dans la nappe et selon
la nature et la granulométrie du terrain. Quatre cas peuvent se présenter :
2.2.5.1. Nappe artésienne en terrain homogène (non stratifié)
On crépinera 70 % à 80 % de l’épaisseur aquifère, on commençant toujours de la base de
formation (Figure 70). Si la couche aquifère est très épaisse, il est recommandé, par raison
d’économie et de résistance mécanique, de fractionner la crépine en tronçons d’égale longueurs,
séparés par des morceaux de tube plein de même diamètre.

Figure 70. Crépinage en terrain homogène dans une nappe artésienne


2.2.5.2. Nappe artésienne en terrain hétérogène (stratifié)
On crépinera à 70 % à 80 % la couche la plus perméable. On détermine la couche la plus
perméable par l’un des méthodes suivantes : analyse des échantillons de ces diverses couches
(courbes granulométriques), ou examen visuel des cutting.
2.2.5.3. Nappe libre en terrain homogène
Pour une nappe ayant une épaisseur inférieure à 45 m, on crépinera seulement le tiers inférieur
(au plus, la moitié) de l’épaisseur de la nappe (Figure 71). En outre, il est rappelé qu’il est préférable
de ne pas rabattre le niveau au pompage au-dessous du sommet de la partie crépinée. Pour une

127
nappe à épaisseur plus grande, on peut crépiner jusqu’à 80 % de son épaisseur pour obtenir une
capacité spécifique plus importante.

Figure 71. Cas de crépinage en terrain homogène dans une nappe libre.
3.5.4. Nappe libre en terrain hétérogène (couche multiples)
On crépinera la couche la plus perméable (70 % à 80 %), si cette couche est mince, il faudrait aussi
crépiner d’autres couches, mais avec des ouvertures différentes. Quatre cas peuvent se présenter
(Figure 72) :

Figure 72. Quatre cas de crépinage en terrain hétérogène dans une nappe libre.
A-Sables fin surmontant une épaisse couche de gros sable ou gravier : on crépinera seulement
70 % à 80 % de sable grossier (ou gravier).

128
B- Forte couche de sable fin surmontant une mince couche de gros sable ou de gravier :
crépiner toute la couche grossier et environ la moitié de la couche de sable fin mais avec des
ouvertures différentes.
C-Sable grossier surmontant une couche d’égale épaisseur de sable fin : on crépinera toute la
couche de sable fin et la moitié au moins de la sable grossier, avec des ouvertures différents.
D-Sable fin, en sandwich entre deux couches de matériaux grossier : on crépinera les deux
couches inférieures et le tiers ou la moitié de la couche supérieure, avec des ouvertures
différents.
2.2.6. Ouverture (slot) des crépines
2.2.6.1. Captage de l’aquifère sans massif de filtrant (auto-développement)
L'auto-développement consiste à éliminer par pompage 30 à 50 % des éléments fins de la
formation de façon à constituer un filtre autour des crépines, il nécessite donc une formation
hétérogène dont les éléments les plus fins restent malgré tout dans une certaine limite. Allen
HAZEN autorise l'auto-développement d'une formation aquifère sableuse si sa courbe
granulométrique répond aux deux conditions suivantes: d10 supérieur ou égale à 0.25 mm et
d60/d10 supérieur ou égale à 2. L'auto-développement a souvent donné de bons résultats,
mais ce mode de captage est actuellement peu utilisé en forage d'eau en raison de la durée du
développement qu'il nécessite et de l'incertitude des analyses granulométriques (problème de
la représentativité des échantillons prélevés).
L'ouverture des crépines dépend de la granulométrie des terrains en place. On choisira en général
une ouverture comprise entre le d 50 % et le d 30 % de la formation.
2.2.6.2. Captage de l’aquifère de sable fin sans massif filtrant
Le massif de gravier est nécessaire lorsque la courbe granulométrique présente 2
caractéristiques : d10 < 0,25 mm et 1 < Cu < 5. Si on capte l’aquifère sans massif de gravier
la dimension des ouvertures de crépines est définie par l’analyse des courbes
granulométriques des terrains pendant le forage de reconnaissance.
a). dans une formation homogène composée de sable fin uniforme, l’ouverture doit être telle
que la crépine retienne, pendent le développement 40 % des sables (l’ouverture de la crépine
gros est donnée par la valeur de l’abscisse correspondant à l’ordonnée choisie «40 %»). Lorsque
l’eau est corrosive en peut aller jusqu’au 50 %.
b). dans une formation hétérogène stratifiée (plusieurs couches) : l’ouverture variera afin d’être
en rapport avec le terrain qui lui face selon la règle précédent, appliquée à chacune des
couches (la crépine retienne, pendent le développement 40 % à 50 % des terrains). Cependant,
l’on observera deux règles suivantes :
*Si les matériaux fins se situés au-dessus des gros, il convient de prolonger d’au moins 60 cm vers
le bas la section de crépine de matériaux fin (Figure 73).
*Si les matériaux fins se situés au-dessous des gros, l’ouverture choisir pour les éléments grossiers,
ne doit pas être supérieure au double de celle adaptée aux matériaux fins (s’il y a lieu on
intercale entre les deux morceaux un tronçon intermédiaire de coté de matériaux).

129
Figure 73. Crépine mixte «mauvais montage».
2.2.6.3. Captage de formations compactes
La mise en place de la crépine dans les aquifères fissurés est rare pour éviter les problèmes de
colmatage par les oxydations métalliques (fer, manganèse). S’il y a lieu en utilise des crépines avec
un coefficient d’ouverture élevés pour ne pas dérangé l’écoulement de l’eau vers l’ouvrage. La
crépine dans ce cas stabilise la formation surtout lorsqu’elle est fracturée.
2.2.7. Pose de crépine
Au moment de la mise en place de la crépine, Il faut veiller à ce que le matériel approvisionné
corresponde bien aux spécifications choisies et calculées et ne soit pas endommagé au cours
des transports et stockages, les cotes prévues de pied et de tête de crépine soient
respectées, l'assemblage par collage, vissage ou soudage soit fait dans les règles de l'art (couple
de rotation et technique de soudure appropriée) et l'ensemble soit nettoyé (décapé et passive
pour les aciers inox) et désinfecté avant d'être mis en place.
La crépine est placée face au niveau producteur. Elle doit être équipée de centreurs pour assurer
une répartition correcte du massif filtrant. Elle ne doit pas être dénoyée. Il est déconseillé d'y
insérer la pompe. En pied de crépine est fixé un tube à sédiment constitué d'un élément de
tubage d'environ un mètre et de même diamètre que cette dernière. La base doit être fermée
par un «bouchon de fond».
Par ailleurs, il faut éviter l’entraînement des sables ou des fines pour limiter les risques
d’abrasion. La solution réside en partie dans le dimensionnement de la crépine et du massif
filtrant en acceptant le compromis entre le débit maximum que l'on souhaite exploiter et la
présence de fines.
Dans le forage avant la mise en place de la crépine, il sera utile de racler les parois du forage à
l’aide d’outils aléseurs ou les gratteurs (hérisson…) (Figure 74) travaillant au-dessous de la colonne
de soutènement. Cette opération doit être rapide juste avant la mise en place de la crépine pour
éviter l’éboulement de forage. On peut aussi traiter le cake, au moyen d’acide (fluorhydrique ou

130
chlorhydrique 15 %), ou par l’emploi de sels de soude (pyrophosphate, hexamétaphosphate.etc.).
Après l’élimination de cake, la pose de crépine sera facile et son fonctionnement plus efficace.

Figure 74. Les gratteurs.


Méthode de mise en place de la crépine dans l’ouvrage de captage dans leur majorité sont de
l'un des trois types suivants :
- Ouvrage à équipement monolithique (1 seul diamètre) (Figure 75). Les crépines sont alors
descendues au bout des tubages pleins. L'assemblage des tubages pleins et des crépines se fait
soit alors par filetage, par soudage ou collage.

Figure 75. Etapes de réalisation d’un ouvrage à équipement monolithique.


- Ouvrage télescopé à crépine de diamètre inférieur à celui du tubage d'occultation des niveaux
supérieurs (Figure 76). Dans cette cas la mise en place de la crépine se faite après le tubage pleins
et la cimentation des parties supérieur non exploité, et la poursuivi du forage jusqu’au mur de la
couche aquifère. Dans ce cas la crépine est posée en fond de trou est à proscrire dans la mesure
du possible car ceci peut être la cause de by-pass par circulation dans l'annulaire. Au sommet de

131
la crépine on ajoute un tube plein télescopé dans la tube cimenté, l’espace entre les deux tubes
est remplit de gravier additionnel, on l’appelle tube de réserve.

Figure 76. Etapes de réalisation d’un ouvrage télescopique.


- Ouvrage à colonne perdue à crépine de diamètre inférieur à celui du tubage d'occultation des
niveaux supérieurs. Dans cette cas la mise en place de la crépine se faite par un cône de
suspension. Ce dernier est un dispositif d’attache à baïonnette pour la mise en place et
éventuellement l’extraction de la crépine, il dispose de quatre fenêtres pour la mise en place
du gravier additionnel dans l’espace annulaire et un cercle extérieur qui viendra se poser sur la
rondelle de suspension insérée dans le tubage. Cette pièce permet de réaliser la meilleure solution
de pose d’une crépine.
Le sabot de décantation : Le sabot se trouve à la terminaison de la crépine. Il est censé créer une
zone morte du point de vue de la circulation en cas de pompage ou d'injection. Il permet la
sédimentation de particules, et la mise à l'écart de la circulation des objets qui tomberaient dans
le forage.
2.3. Le massif filtrant (gravier additionnel)
2.3.1. Rôles de massif filtrant
Ce sont des matériaux meubles formés d’éléments calibré (graviers, granulats), disposé dans
l’espace annulaire entre la crépine et les parois de puits (Figure 77) pour empêcher l’érosion
souterraine et prévenir le colmatage et la réduction conséquente de l’efficacité de puits.
Par ailleurs, il faut savoir qu’un massif filtrant de granulométrie surdimensionnée dans une
formation sableuse fine, peut provoquer un ensablement de l’ouvrage. Par contre, un massif
filtrant de granulométrie trop fine peut conduire à une exploitation partielle de la nappe et rendre
difficile l’élimination de la boue de forage.

132
Figure 77. Emplacement du massif filtrant dans le forage.
2.3.2. Caractéristiques et mise en place de massif filtrant
Le massif filtrant doit être constitué d’un gravier siliceux, roulé, propre, calibré et homogène. Il
doit être chimiquement stable, il ne doit pas être calcaire, ni concassé, avoir une forte porosité
d’interstice et un faible coefficient d’uniformité.
Lorsque l’aquifère est adapté à la formation d’un massif filtrant naturel si les grains sont grossiers
et mal gradués, comme c’est souvent le cas du gravier alluvial (une situation relativement rare).
Pour un forage réalisé dans une formation instable ou dans une formation bien graduée, et avec
une forte proportion de fines particules (ce qui apparaîtrait dans l’analyse granulométrique), il
faudra un massif filtrant artificiel autour des crépines. Dans l’idéal, un massif filtrant artificiel
devrait être composé de gravillons de quartz propres, arrondis fournis en sacs. En général, des
grains de la taille de petits pois sont adéquats. Le sable de rivière grossier bien arrondi est
souvent idéal.
La pratique habituelle consiste à former un espace annulaire de 2 à 5 pouces (5 à 13 cm) de
largeur pour le massif filtrant. La colonne de tubes/crépines doit être au milieu du trou. La plupart
des forages ne sont pas parfaitement droits, et le tubage sera donc presque inévitablement en
contact avec la paroi en certains endroits, à moins d’être bien centré. Pour y parvenir, il faut utiliser
des centreurs ou d’autres options acceptables.
Avant d’introduire le massif filtrant dans l’espace annulaire, ce qui doit être fait en douceur et sans
précipitation, il faut calculer le volume de l’espace annulaire. Là encore, il faut un relevé précis des
changements de diamètre du forage. Lorsqu’un massif filtrant est versé dans un forage où le
niveau de l’eau est élevé, cela provoque généralement un déplacement de l’eau, qui monte et
déborde. Ce débordement s’arrêtera brusquement quand la crépine sera recouverte de gravier.
On continuant de verser du gravier jusqu’à ce que nous soyons certains que le haut du massif est
largement plus haut que l’extrémité supérieure de la crépine. Volume de l’espace annulaire
entre le diamètre du forage D et le diamètre de la colonne de tubage/crépine d (D et d étant
tous les deux exprimés en pouces), longueur h (en mètres) est V = 0.8h (D2-d2) en Litres.
Des massifs filtrants peu épais (moins de 50 mm ou 2" d’épaisseur) peuvent être installés pour
stabiliser la formation, mais uniquement en présence d’un aquifère consolidé fracturé ou
légèrement altéré. Il convient en outre de relever que les massifs filtrants de plus de 150 mm
(6") d’épaisseur compliqueront le développement du forage, en particulier s’il faut enlever la
couche de boue de forage qui s’est formée.
133
2.3.3. Slot (diamètre) de gravier additionnel
2.3.3.1. Captage des formations grossières et des terrains compacts
Dans ce cas le gravier additionnel jouera le rôle de stabilisateur de la formation et préviendra les
éboulements ou les déformations de la colonne de captage, la granulométrie du gravier
additionnel sera, alors juste un peu plus forte que la moyenne de celle du terrain, et l’ouverture
de la crépine ne change pas avec la mise en place de gravier filtrant (à l’inverse du terrain fin
ou l’ouverture de la crépine change avec l’ajoute de gravier additionnel). Dans les terrains
compacts la mise en place d’un massif filtrant est rare pour éviter les problèmes de colmatage par
les oxydations métalliques (fer, manganèse).
2.3.3.2. Captage des formations du sable fin
Le massif de gravier est nécessaire lorsque la courbe granulométrique (Figure 78) de formation
aquifère présente deux caractéristiques: d90 < 0,25 mm et 1 < Cu < 5.

Figure 78. Calcul de la granulométrie du gravier additionnel.


Remarque. Lorsque vous déterminer le diamètre de gravier additionnel ou du slot de la
crépine, il faut distinguer entre la courbe granulométrique cumulative Américain «Figure 74 et
la courbe granulométrique cumulative française». Mais il est facile de passer de l’une à l’autre
par l’inversion des pourcentages (exemple : d10 = d90, d60 = d40).
Le rôle du gravier filtre, dont l'épaisseur autour de la crépine sera comprise entre 50 et 130
mm, est d'accroître la perméabilité de la formation aquifère et de retenir les éléments fins qui
pourraient être entraînés par la vitesse de l'eau et pénétrer à l'intérieur de l'ouvrage. Le gravier
filtre doit stabiliser le terrain tout en facilitant la percolation de l'eau.
La courbe granulométrique du gravier de diamètre D sera comprise entre D0 et D100, elle est
fonction de la courbe granulométrique de la formation aquifère.
Les dimensions des ouvertures des crépines sont liées à la granulométrie du gravier filtre, on
fixe généralement e = D90.

134
a). Détermination de D en fonction de d :
- dans les formations multigranulométriques les conditions d'après TERZAGHI sont les
suivantes: 1). D15/d85< 4 2). D15/d15 > 4 3). D40/D90 ≤ 2.
La dernière règle correspond au coefficient d'uniformité Cu du gravier qui sera
monogranulométrique.
La dimension d’ouvertures de crépines est liée à la granulométrie du gravier filtré : e = D85
- dans les formations multigranulométriques : JOHNSON USA préconise :
D100 = 7d90 CU = D0/D100 = 2
Exemple d'application de la règle de JOHNSON USA :
d90 = 0,03 mm D100 = 7 x 0,03 = 0,21 mm
D0 = 2 x 0,21 = 0,4 mm
Soit un gravier filtre de 0,2 à 0,4 mm de diamètre.
La dimension d’ouvertures de crépines est liée à la granulométrie du gravier filtré :
e = D100 = 7d90 = 0,21 mm
 dans les formations multigranulométriques : JOHSON France : D70 = 4d70 formations
monogranulométriques
D70 = 6d70 formations hétérogènes avec Cu (D40/D90) ≤ 2,5.
La dimension d’ouvertures de crépine est liée à la granulométrie du gravier filtré : e= D90
(Calculer à partir de la courbe granulométrique)
 Il existe d'autres règles notamment celle de TRUELSEN qui indique 3 cas :
a) Cu = d60/d10 <3 le gravier devra laisser passer 75 à 85 % de la formation, soit : d75.
b) 3 < Cu < 5 le gravier devra laisser passer 90 à 95 % de la formation, soit : d90.
c) Cu > 5 danger d'éboulements des gros éléments après élimination des fins. On recherchera une
formation de Cu au plus égal à 5 avec d'autres échantillons.
b). Exemple de calcul du massif de gravier par la méthode graphique
Dans le cas de l'exemple de la figure 74 choisi la formation est définie par la courbe (de gauche) :
on multiplie la valeur de l'abscisse à 70 % par un nombre compris entre 4 et 6 si le matériau est
très uniforme et par 6 dans le cas contraire. CU= 30/9 = 3,3, alors on multiplier d70 par 6 nous
obtenons le point A, premier point de la courbe cherchée. Pour le deuxième point, nous
faisons appel à la notion de coefficient d'uniformité U de gravier additionnel qui représente le
quotient de l'abscisse à 40 % par l'abscisse à 90 %. L'expérience montre que U varie de 2 à 2,5
pour un gravier additionnel (prenons 2,5) :
Nous avons donc : le coefficient d'uniformité gravier additionnel U = CF/ BE = 2,5. Pour trouver E
et F, nous prolongeons l'axe des Y jusqu'au point défini comme suit :
BD = BC/ (U-1) = BC / (2,5 - 1) = BC / 1,5
La droite DA que nous traçons, coupe les abscisses à 90 % et 40 % respectivement aux points E et
F cherchés. Les points limitent le segment de droite EF passant par A, qui constitue la portion

135
caractéristique de la courbe granulométrique du gravier additionnel (filtre) à utiliser. F = 1.65 mm
et E = 0.65 mm.
Nous interprétons ce tronçon de courbe comme suit : le gravier à utiliser doit être tel que 10 % de
son poids soit constitué d'éléments plus fins que 0,65 mm environ (D90), et 40 % d'éléments plus
gros que 1,65 mm environ (D40), avec une tolérance de l'ordre de ± 8 % en poids pour chacune de
ces deux données. Il est en effet pratiquement impossible de reconstituer la courbe complète
d'un matériau, il faut donc nous limiter à ce tronçon de courbe.
c). La pratique consiste :
- Passer le gravier à travers un tamis de 1,65 mm et écarter tout le gravier qui ne passe pas.
- Passer le gravier à travers un tamis de 0,65 mm et écarter tout le gravier qui passe à travers.
 Prendre 50 % de chacune des deux portions de gravier. Bien mélanger les 2 tas et les injecter
à l’intérieur de l’espace annulaire.
 Commander une crépine dont les ouvertures sont 0,65 mm.
d). Conclusion: sans gravier additionnel l’ouverture de la crépine est d40 % égale 0.30 mm,
mais avec le gravier additionnel l’ouverture de la crépine est D90 % sur la droite AD égale 0,65
mm. Alors introduction du massif filtrant permet de doublé le diamètre des ouvertures de la
crépine ce qui amène au doublement de débit de forage (ou de réduire la vitesse de l’eau).
2.3.4. Analyse granulométrique
2.3.4.1. Définition de granulométrie
La granulométrie est l'étude de la distribution statistique des tailles d’une collection d’éléments
finis d’une roche meuble (sable, gravier. etc.).
2.3.4.2. But de l'essai
L'analyse granulométrique permet de déterminer la grosseur et les pourcentages pondéraux
respectifs des différentes familles de grains constituant les échantillons. Elle s'applique à aux
formations géologiques meubles de dimension de grains inférieure ou égale à 63 mm.
Selon Castany (1982) l’analyse granulométrique est une opération importante. Elle permet :
- d’accéder aux caractéristiques des vides par celles des grains.
- de classer quantitativement les roches meubles et de dresser des cartes, trame de la
distribution spatiale des paramètres hydrodynamiques.
- de calculer les paramètres granulométriques.
- de procéder à l’équipement technique des puits et sondages : calcul de l’ouverture
des parties captantes (crépines), calibrage du gravier des massifs filtrants.
2.3.4.3. Matériel nécessaire
Des tamis (Figure 79) dont les ouvertures carrées, de dimension normalisée, sont réalisés soit à
partir d'un maillage métallique, soit par perçage d'une tôle. Les passoires, qui comportent des
trous ronds percés dans une tôle, ne sont plus utilisées actuellement. Pour un travail d'essai
aux résultats reproductibles, il est conseillé d'utiliser une machine à tamiser électrique qui
comprime un mouvement vibratoire horizontal, ainsi que des secousses verticales, à la colonne de
tamis. La dimension nominale de tamis est donnée par l'ouverture de la maille, c'est-à-dire par la

136
grandeur de l'ouverture carrée. Ces dimensions sont telles qu'elles se suivent dans une
progression géométrique de raison , depuis le tamis 0,08 mm jusqu'au tamis 80 mm. Pour
des ouvertures inférieures à 0,08 mm, l'analyse granulométrique n'est pas adaptée et l'on peut
procéder par sédimentométrie. L'existence antérieure de passoires (trous ronds) a conduit à une
double classification de tamis et des passoires, tout en conservant pour chaque famille d'appareil
la même progression géométrique des ouvertures.

Figure 79. Tamiseuse électrique.


2.3.4.4. Principe de l’essai
Un échantillon représentatif du matériau à analyser est déposé sur le tamis supérieur, et
l'ensemble des tamis est soumis à des secousses conduisant à la répartition des particules le long
de la colonne de tamisage. Ces secousses peuvent être provoquées manuellement ou grâce
à une machine à tamiser. Chaque tamis divise les particules qui lui sont appliquées en deux
fractions : un refus, correspondant aux particules retenues sur le tamis, et un tamisat (ou
"passant"), correspondant aux particules appliquées au tamis inférieur. A l'issue de l'agitation,
les refus de chaque tamis sont recueillis et pesés avec soin.
2.3.4.5. Construction de la courbe granulométrique cumulative
Le refus du tamis immédiatement inférieur est pesé avec le refus précédent. Soit R 2 la masse
du deuxième refus. Cette opération est poursuivie pour tous les tamis pris dans l'ordre des
ouvertures décroissantes. Ceci permet de connaître la masse des refus cumulés Rn aux différents
niveaux de la colonne de tamis. Le tamisat présent sur le fond de la colonne du tamis est
également pesé.
137
La somme des refus cumulés mesurés sur les différents tamis et du tamisat sur le fond (fillers) doit
coïncider avec le poids de l'échantillon introduit en tête de colonne. La perte éventuelle de
matériaux pendant l'opération de tamisage ne doit pas excéder plus de 2 % du poids total de
l'échantillon de départ.
Les résultats peuvent être présentés selon l'exemple suivant :
Tableau des calculs des pourcentages cumulés.

Les pourcentages des refus cumulés, ou ceux des tamisats cumulés, sont représentés sous la forme
d'une courbe granulométrie en portant les ouvertures des tamis en abscisse, sur une échelle
logarithmique, et les pourcentages en ordonnée, sur une échelle arithmétique. La courbe est
tracée de manière continue et ne peut pas passer rigoureusement par tous les points (Figure 80).

Figure 80. Courbe granulométrique cumulative.


138
2.3.4.6. Interprétation des courbes granulométriques et classification des terrains
Les formations aquifères peuvent être homogènes (monogranulométriques), comme les cas
des courbes 1, 2 et 3 de la figure 81, ou hétérogènes (multigranulométriques), comme les cas
des courbes 4 et 5 de la figure 81.
Plus la granulométrie du sédiment est uniforme, plus la pente de la courbe est forte. A la
limite l'uniformité parfaite correspondrait à une ligne verticale. Une uniformité identique se
traduit par des courbes de même forme quel que soit le diamètre moyen des grains. La
distance horizontale séparant les courbes est égale au logarithme du rapport des diamètres
moyens des grains.
Un échantillon pourrait se caractériser par un calibre moyen de 50 %, exemple échantillon n° 3 :
calibre 50 % = 4,8 mm (abscisse correspondant à l'ordonnée y = 50 % sur la figure 81).
La courbe granulométrique permet de calculer deux paramètres granulométriques principaux :
- Le diamètre caractéristique (dx), en mm, correspondant à un pourcentage en poids
cumulés, choisi en ordonnées. Le plus utilisé est le diamètre efficace, d10, obtenu par la
valeur 10 % des poids cumulés (diamètre pour lequel sur la courbe cumulative il y a 10 %,
en poids du sédiment, de grains inférieurs à ce diamètre et 90 % sont retenus). D’autres
diamètres caractéristiques peuvent être calculés comme le diamètre d60.
- Le coefficient d’uniformité (CU), sans dimension, est calculé par l’expression ci-dessous :
CU = d60 /d10. On dit qu’un matériau est uniforme, si son coefficient d'uniformité est
inférieur à 2 ou 2,5 selon les auteurs.

Figure 81. Courbes granulométriques types.


2.3.4.7. Emploi et signification des paramètres granulométriques
Le diamètre efficace représente conventionnellement le diamètre moyen, représentatif des
grains d’un échantillon de roche meuble, de granulométrie variée. Il permet leur identification
par une donnée numérique plus précise que l’interprétation globale. Il exprime le poids de la
139
phase granulométrique, égal à 10 % du poids total de l’échantillon, inférieur à ce diamètre. La
valeur d10 a été fixée conventionnellement par des études en laboratoire, en considérant que
les grains fins, entrainés par l’eau en mouvement, obstruent les pores réduisant ainsi leurs
dimensions.
De même dans les captages ils provoquent leur colmatage et leur ensablement. Par convention,
si le coefficient d’uniformité est compris entre 1 et 2, la granulométrie est dite uniforme. S’il est
supérieur à 2 elle est variée.
2.4. La cimentation
2.4.1. Les buts de cimentation
Cette méthode consiste à remplir, par mélange à base de ciment, tout ou partie de la hauteur
de l’espace annulaire entre un tubage et les parois du trou. La cimentation est utilisée pour les
buts suivants :
- Colmater une cavité ou des grosses fissures qui engendrent de fortes pertes de boue lors
de forage.
- La préservation de la qualité des eaux souterraines.
- Supprimer des problèmes liés à la géologie des terrains forer (les argiles, les
évaporites, terrains meubles, etc.).
- Rendre étanche l’espace annulaire et empêcher la pollution par les eaux de surface,
des eaux souterraines mises en exploitation.
- Fixer les colonnes de tubage au terrain et protéger ainsi contre les attaques corrosives
de certaines eaux.
- Isoler l’aquifère à exploiter, des autres aquifères (cas des aquifères superposés).
- La longévité de l’installation.
2.4.2. Préparation du laitier de ciment
Cette opération consiste à remplir avec un mélange eau + ciment (laitier de ciment) l'espace
annulaire au-dessus du massif de gravier jusqu'à la surface du sol. Le dosage est d'environ 50 Litres
d'eau pour 100 kg de ciment, ce qui donne 75 Litres de laitier. Si vous disposez de bentonite,
utiliser le mélange suivant : 75 Litres d'eau, 4 kg de bentonite et 100 kg de ciment; ce mélange
évitera à l'eau de filtrer hors du ciment, mais le temps de prise sera légèrement supérieur.
Le ciment de PORTLAND lent convient pour les ouvrages profonds, sa durée de pompage est de
l’ordre de 4 à 5 heures. Le ciment courant employé en construction, peut être pompé pendant
près 2 heures seulement, alors que le ciment rapide n’est pratiquement pas employé, on ne peut
plus le pomper après 40 minutes.
La préparation du mélange s’effectue avec un mixer et une table de service pour recevoir et
ouvrir les secs de ciment et un deuxième jet pour compléter le brassage du mélange.
2.4.3. Les méthodes de cimentation
Il existe plusieurs méthodes de cimentation :
2.4.3.1. Cimentation par les tiges
Le tubage à cimenter est muni d’un sabot destructible équipé d’une balle plastique (de la
grosseur d’une balle de tennis) faisant office de valve.
140
Le ciment injecté sous pression par les tiges pénètre dans l’espace annulaire par l’orifice du sabot
qui est obturé par la balle dès l’arrêt de l’injection (Figure 82).

Figure 82. Dispositif de cimentation par les tiges (BRGM).


5.3.2. Cimentation par le tube ancré
A la base du tubage à cimenter des fenêtres ont été préalablement percées pour permettre la
circulation de la boue puis du ciment. Le volume théorique de ciment est introduit dans
l’ouvrage et remonte dans l’espace annulaire sous la pression d’un joint séparateur poussé par un
volume d’eau ou de boue et qui vient obturer les fenêtres de pied de tubage lorsque la cimentation
est terminée (Figure 83).

Figure 83. Cimentation par tube ancré (BRGM).


141
5.3.3. Cimentation par le tube suspendu
Sous l’effet d’une chasse d’eau ou de boue, un bouchon destructible (joint séparateur) pousse
dans l’espace annulaire le volume de ciment théorique introduit dans le tubage (cf. figure 83).
Dans les ouvrages à équipement monolithique (1 seul diamètre), les crépines sont descendues au
bout des tubages pleins et la cimentation intervient à la fin de forage lorsque le tubage, le massif
de gravier et un joint étanche de sobranite ont été mis en place (Figure 84). Dans ce cas, la
cimentation par canne est la seule méthode permettant une injection sous pression.

Figure 84. Cimentation par canne (schéma n°2) (BRGM).


Remarque. Les trois premières méthodes de cimentation s’appliquent uniquement pour les
forages en gros diamètres et relativement profonds. La quatrième est utilisée pour les forages de
moins de 50 m.
3. DEVELOPPEMENT D’UN FORAGE
Le développement d’un forage consiste, entre autres, à améliorer la perméabilité de la formation
aquifère située autour de la crépine et à stabiliser cette formation. Il consiste à éliminer les
éléments fins qui colmatent naturellement le terrain et la boue de forage utilisée lors de la
foration et à agrandir les fissures dans les roches massives fissurées. Il faut savoir que la mise
en production immédiate d’un forage sans développement aurait des conséquences fâcheuses :
- Elle ne permettrait pas de d’obtenir le débit optimal pouvant être fourni par l’aquifère.
- Elle entrainerait très certainement d’importantes venues de sables (risques de dommages
à la crépine et à la pompe, de colmatage, de tassement du massif de gravier).
Développement est donc destiné à parfaire le nettoyage du trou, de la crépine et de massif de
gravier et à améliorer les caractéristiques hydrodynamiques de l’aquifère autour de la crépine,
dans le but d’augmenter le débit exploitable et de produire une eau propre. La perméabilité du
terrain près de crépine est ainsi améliorée, notamment par élimination dans cette zone du
maximum d’éléments fins et par restriction et stabilisation du massif de gravier.
La dernière phase de l’équipement d’un forage est la mise en place de la crépine et éventuellement
du gravier additionnel. Une fois la mise en place terminée, on pourra mettre en service l’ouvrage.

142
Le développement d’un forage consiste, entre autres, à améliorer la perméabilité de la formation
aquifère située autour de la crépine et à stabiliser cette formation. Il faut savoir que la mise en
production immédiate d’un forage sans développement aurait des conséquences fâcheuses :
- elle ne permettrait pas d’obtenir le débit optimal pouvant être fourni par l’aquifère ;
- elle entrainerait très certainement d’importantes venues de sables (risques de dommage
à la crépine et à la pompe, de colmatage, de tassement du massif de gravier).
Le développement est donc destiné à parfaire le nettoyage du trou, de la crépine et du massif de
gravier et à améliorer les caractéristiques hydrodynamiques de l’aquifère autour de la crépine,
dans le but d’augmenter le débit exploitable et de produire une eau propre. La perméabilité du
terrain près de la crépine est ainsi améliorée, notamment par élimination dans cette zone du
maximum d’éléments fins et par restriction et stabilisation du massif de gravier.
3.1. ZONE SENSIBLE
C’est la crépine, elle-même et le terrain adjacent qui constituent la zone sensible. Toute l’eau qui
sort d’un forage passe par la crépine. Le choix de la crépine est essentiel.
D’autre part toute l’eau de la formation converge vers la crépine donc le conditionnement du
terrain naturel ou artificiel qui la touche et qui lui livre l’eau est une opération vitale pour
l’aquifère.
Les terrains situés dans la zone sensible autour de la crépine auront été débarrassés de ses
éléments fins indésirables, il se trouvera stabiliser et c’est lui qui jouera en profondeur le rôle d’un
filtre progressif et efficace.
Le développement aura une fonction de la stabilisation de la formation.
Le développement est une opération importante et profitable, il a pour but d’améliorer la
perméabilité du terrain adjacent à la crépine ce qui permet d’améliorer la capacité spécifique,
d’éliminer de la zone critique, les éléments fins indésirables et de stabiliser la formation aquifère.
Certains terrains cependant, n’ont pas besoin d’être développés, il s’agit essentiellement des
formations calcaires fissurés ou karstiques. Il en est de même pour les terrains alluvionnaires
uniformes composés exclusivement des éléments grossiers sans inclusion d’éléments sableux.
Le développement ne peut s’effectuer qu’après la mise en place de la crépine et qu’à travers elle.
3.2. L’AUTO-DEVELOPPEMENT
Une formation aquifère non-uniforme, mise en production par un forage, se développe
automatiquement en pompage. Pour un débit donné, le rabattement est maximum dans le forage
et décroit au fur et à mesure qu’on s’en éloigne. Dans une zone très éloignée, le rabattement est
nul et l’eau qui s’y trouve n’est pas «appelée» vers le forage, sa vitesse est nulle, elle reste dans
le terrain à l’état statique.
La position de cette zone varie selon les terrains, le rechargement de la nappe, les obstacles
naturels étanches, etc., mais, toutes choses égales, elle est fonction du temps et du débit de
pompage. Parce que, pendant le pompage, le niveau est plus bas dans le forage qu’en tout
autre point de la formation qui l’entoure, l’eau se déplace dans la zone dépressionnaire et se
dirige vers le forage, pour remplacer celle qui est retirée par pompe.
Représentons-nous, schématiquement, deux zones cylindriques coaxiales (Figure 85), leur axe
commun étant, précisément, le forage mis en production par pompage, comme le montre la
figure ci-contre.
143
Figure 85. Relation distance vitesse au voisinage de forage.
Le gradient hydraulique varie directement comme la vitesse du flux et, inversement, comme la
perméabilité. En relisant la définition du gradient hydraulique, on observera que si l’on accroit la
perméabilité, on réduira le gradient et, par voie de conséquence, le rabattement correspondant
pour un débit donné, et, cela, d’autant plus qu’on est plus près du forage.
Le cylindre intérieur a pour rayon R et le cylindre extérieur 2R, le débit de pompage étant Q, la
vitesse d’écoulement en chaque point du cylindre de rayon 2R étant V, pour le cylindre de rayon
R la vitesse de l’eau est V. Alors la vitesse de l’eau mise en mouvement par pompage décroit au
fur et à mesure qu’on s’éloigne du forage. Cela est conforme simple raisonnement logique et à
la loi de DARCY (Q = VS).
Un corps solide, soumis à un courant d’eau, est d’autant plus entrainé que ce courant est plus
rapide et que, d’autre part, sa propre masse et ses dimensions de surface sont plus réduites. Ainsi,
puisque la vitesse du courant souterrain décroit en partant du forage, le classement des matériaux
s’établira, tout naturellement, sous l’influence de l’ouvrage où la vitesse est nulle.
Les éléments fins qui se trouvaient dans la zone adjacente à la crépine, et dont la granulométrie
était inférieure à la dimension de l’ouverture de cette crépine, ont pénétré dans le forage,
aspirés avec l’eau par la pompe, de sorte que, dans cette zone adjacente, il ne restera plus,
pratiquement, que de matériaux plus gros. Dans le terrain au voisinage de forage, le calibre,
l’uniformité et la perméabilité sont décroissantes’ en sens inverse du courant.
On pourrait donc penser qu’un terrain aquifère alimentant un forage se développerait tout
seul, tout au long de sa mise en production mais :
- L’opération est très lente.
- L’opération est destructrice sur le matériel de pompage.
- L’opération est sans effet sur les points de sable.
3.3. Les ponts de sables
Certains matériaux, même très fins, s’arrangent les uns contre les autres et formeront des voûtes,
renforcées par les courant uniforme et d’autant plus solides qu’elles seront consolidées par autres
matériaux plus grossiers qui viendront s’y ajouter.
144
Ces points aboutirent vite au colmatage de la formation et se traduiraient soit par une
augmentation de vitesse dans les voies restées libres avec risque d’érosion consécutive, soit par
freinage important du flux et une réduction massive de la capacité spécifique de l’ouvrage.
Seul, un développement provoqué, bien conduit, et un flux alterné peuvent disloquer les
points de sable (Figure 86), modifier les arrangements des particules et ouvrir la formation au
libre passage du courant.

Figure 86. Effet du courant sur les ponts de sable.


3.4. Les méthodes de développement de puits
On ne peut pas parler d'une méthode unique pour un type de forage, une combinaison de
techniques peut être nécessaire. Il n'y a pas de règle générale, le choix est plus guidé par l'expertise
technique, l'expérience acquise sur l'aquifère, le suivi du forage et les objectifs fixés de réussite
de l'ouvrage. Une méthode de développement non maîtrisée ou utilisée dans un contexte qui ne
convient pas peut se révéler dommageable pour l'ouvrage et éventuellement pour la ressource.
Par exemple, le surpompage peut créer une compaction des sédiments fins entraînant une
réduction de la perméabilité ; une acidification mal menée peut aboutir à la formation de gel sur
les crépines ; et certaines fracturations peuvent créer des communications inopportunes. S'il
s'avère qu'il y a un dépôt de sable au cours du développement, celui-ci sera enlevé par
l'entrepreneur avant les essais de réception provisoire.
La productivité des ouvrages peut être considérablement améliorée par différents procédés de
développement : surpompage, pompage alterné, pistonnage, développement pneumatique,
lavage aux jets d’eau sous pression ou, développement chimique (acides et polyphosphates),
développement à l’émulseur… Leur mise en œuvre suppose une parfaite maîtrise technique.
3.4.1. Développement par surpompage
C’est la méthode la plus simple, elle est couramment utilisée, mais ce n’est pas la plus efficace. Le
procédé consiste à mettre, provisoirement, le forage en production par un pompage à un régime
supérieur à celui fixé pour l’exploitation. Son avantage réside surtout dans le fait qu’il permet
d’obtenir une production régulière plutôt que dans celui d’un développement absolu, même si ce
surpompage a apparemment, débarrassé la zone critique de la formation du sable fin qu’elle
contenait. Un forage qui aura été surpompé à un débit de 100 m3/h ne produira généralement
pas de sable si on se borne à ne l’exploiter qu’à raison de 80 m3/h. Cela ne saurait signifier que
l’ouvrage a été convenablement développé, car, d’abord, rien ne prouve qu’il n’aurait pas
débité plus de 100 m3/L, s’il avait été traité par l’un des autre procédés, d’autres part, si
pour une raison quelconque, le débit était, même pour un temps très court, porté à 20 m 3/h, le
forage produirait du sable. En fait, le surpompage constitue un moyen de nettoyer le forage en
provoquant un début de développement.
145
L’inconvénient de cette méthode, qu’elle est sans effet sur les ponts de sable qui ne peuvent être
rompus que par un flux alterné. Enfin, le procédé entraine une détérioration rapide de la pompe
utilisée.
3.4.2. Développement par pompage alterne
Comme dans le procèdent, on met le forage en production par pompage et on provoque, à
plusieurs reprises, des arrêts brusques de la pompe.
On crée ainsi des variations brutales de pression qui ont pour effet de développer la formation.
On emploie de préférence une pompe centrifuge classique à axe vertical, sans clapet de pied,
mais l’on doit prévoir une assez grande fatigue du matériel utilisé.
3.4.2.1. Premier procédé
On utilise la pompe à sa capacité maximum jusqu’à obtenir le plus grand rabattement possible du
niveau de l’eau. On arrête alors la pompe et toute l’eau de la colonne d’aspiration retombe
dans le forage pendant que le niveau remonte à sa cote de départ. On recommence l’opération
autant de fois que nécessaire.
3.4.2.2. Deuxième procédé
Même précédemment, mais dès qu’on a obtenu le rabattement maximum et arrête la pompe,
au lieu d’attendre que le niveau remonte à sa cote de départ, on recommence le pompage
presque aussitôt. Cela a pour effet d’agiter fortement l’eau au fond de la crépine.
Il faut cependant prendre garde de ne pas remettre la pompe en marche avant son arrêt
complet pour ne pas risquer une rupture de l’arbre.
3.4.2.3. Troisième procédé
Sans chercher à obtenir le rabattement maximum, on pompe jusqu’à ce que l’eau se déverse à la
surface ; on arrête pompe, ce qui libère toute la colonne d’eau, et on recommence.
Il s’en suit de brefs et puissants chocs de pression sur la couche productrice, à une fréquence
beaucoup plus grande que dans les autres procédés.
3.4.3. Développement par pistonnage (air lift)
3.4.3.1. Principe de méthode
Cette méthode exercée à l’aide d’un piston actionné verticalement dans les deux sens à l’intérieur
d’un forage tubé et crépiné.
Dans son mouvement de remontée, le piston crée une dépression, au-dessous de lui, qui attire
l’eau et le sable fin de la formation vers la crépine. Ce sable traverse la crépine et s’accumule à
l’intérieur. On l’extrait ensuite par cuillérage. On peut prévenir, sous la crépine, un tronçon de tube
plein de même diamètre, précisément pour recevoir le sable introduit par la course ascendante
du piston.
Dans son mouvement de descente, le piston comprime la nappe, refoule, loin dans le terrain, les
fines particules qui n’ont pas été entrainées par opération précédente. Ils restent en ces points
éloignés la vitesse de l’eau ne sera pas suffisante pour les en chasser.
Le classement des matériaux de la formation, tout autour et au voisinage immédiat de la crépine,
s’opère progressivement dans cette zone sensible. Les plus gros touchent la crépine et les plus

146
fins en demeurent les plus éloignés, mais chacun finit par rester à sa place et les ponts de sable
ne peuvent se produire à cause de l’alternance du flux.
3.4.3.2. Mode opératoire
- Descendre le piston dans le forage jusqu’à ce qu’il touche l’eau.
- Commencer à pistonner doucement, puis augmenter la cadence et la course, mais sans
laisser le câble mollir.
- Continuer ainsi pendant quelques minutes : le foreur sentira à la tension du câble et au bruit de
l’outil que le sable a pénétré dans la crépine.
- Sortir alors le piston et descendre une cuiller à clapet ou une pompe à sable.
- Noter la cote du niveau du sable et l’extraire
- Recommencer à pistonner, puis à curer et comparer les niveaux et les volumes de sable
extraits aux divers cycles d’égale durée.
- Continuer ainsi jusqu’à ce qu’aucune venues de sable ne se produise.
- L’opération peut durer de quelque heure à plusieurs semaines.
3.4.4. Développement pneumatique
Cette méthode (Figure 87) est la plus efficace si elle est bien adaptée et bien conduite. Elle
présente l’avantage de n’entrainer aucune détérioration du matériel employé. Elle permet de
combiner l’action de flux et de reflux provoquée par de grands volumes d’air introduit dans
l’ouvrage avec celle de mise en production par air lift (éjecteur ou émulseur). Ils existent deux
méthodes de son utilisation pour développement :

Figure 87. Procédure de développement pneumatique (air lift).

147
3.4.4.1. La méthode à forage ouvert
La figure 87A montre le montage à réaliser. L’opération consiste à alterner les phases de pompage
à l’air-lift et de soufflage brusque. Cette dernière phase est réalisée en descendant le tube d’air à
l’intérieur de la crépine. Pour faciliter la manœuvre, le robinet d’air doit être du type «à boisseau»,
à ouverture et fermeture rapides « au quart de tour ». On procède ainsi :
- Descendre le pied du tube d’eau à 0,60 m environ du sabot de la crépine.
- Descendre ensuite le tube d’air de façon que sa base soit à environ 0,30 m au-dessus de
celle du tube d’eau.
- Fermer l’air et laisser la pression s’écouler l’eau pulsée par l’air-lift, jusqu’à ce qu’elle ne
contienne plus de sable.
- Fermer l’air et laisser la pression monter au maximum au compresseur.
- Pendant ce temps, descendre le sabot du tube d’air à environ 0,30 m au-dessous du sabot
du tube d’eau, soit 0,60 m plus bas que précédemment, et à 0,30 m du fond de la crépine.
- Ouvrir brusquement, le robinet d’air. L’eau sera violement projetée au-dehors par le tube
d’eau et par le casing, mais pendant un temps très court.
- Remonter ensuite le tube à sa première position, ce qui provoque un violent reversement
de flux dans le tube d’eau et une grande turbulence dans la formation autour de la crépine.
L’eau éjectée par air-lift s’écoule, très trouble, par le tube d’eau.
- Quand l’eau est redevenue claire, remonter le tube d’eau 0,60 m à 1 m et recommencer les
opérations précédentes pour traiter la formation au nouveau niveau du sabot du tube d’eau,
et ainsi de suite, sur toute la hauteur de la crépine.
- Il sera alors nécessaire de redescendre le tube d’eau à sa première position afin de sortir,
par air-lift, le sable qui s’est déposé tout au fond de la crépine.
- Lorsque l’eau, extraite à ce dernier stade, sort claire, sans sable, on peut considérer que
l’opération est terminer.
3.4.4.2. La méthode à forage fermé
La figure 83B montre le montage à réaliser. Le casing est hermétiquement fermé par un joint
plein qui traverse le tube d’eau et qui comporte une ouverture raccordée à un robinet de
décharge. Un robinet à 3 voies à boisseau permet d’opérer les manœuvres indiquées ci-dessous.
Le procédé nécessite quelques précautions, car il peut entrainer un ébranlement du tubage en
place, une détérioration de la cimentation et des éboulements dans la zone de production. Les
opérations à réaliser sont les suivant :
- Manœuvre le robinet 3 voies pour envoyer l’air dans la crépine, le robinet de la décharge
étant ouvert.
- Laisser couler, comme la méthode à forage ouvert, jusqu’à ce que l’eau éjectée sorte claire.
- Laisser l’eau remonter à son niveau statique dans le forage, ce qu’on peut vérifier en
écoutant l’air sortir par le robinet de décharge.
- Fermer le robinet de décharge et manœuvre le robinet 3 voies pour envoyer l’air, par le
tube supportant le robinet de décharge, à l’intérieur du forage, sous le couvercle du
casing. L’eau sera refoulée, hors du tube d’eau, au niveau du sol, ainsi que, à travers la
crépine, dans la formation adjacente, en brisant les ponts de sable ou de gravier.
148
- Lorsque le niveau de l’eau dans le forage aura été rabattu jusqu’à sabot du tube d’eau, l’air
sortira, par tube, à la surface. A ce moment, ouvrir le robinet de décharge et laisser l’eau
remonter à son niveau statique, le robinet d’air étant fermé.
- Manœuvrer le robinet 3 voies et provoquer à nouveau, par air-lift, le pompage du forage.
- Répéter ces opérations jusqu’à ce que le forage ne produise plus de sable.
- Il est alors rarement nécessaire de nettoyer le forage, car la grande vitesse de l’eau
provoque généralement l’expulsion des sables fins.
Il n’en serait pas de même s’il s’agissait de sables grossiers ou graviers qui auraient pu
pénétrer à travers une crépine trop ouverte ou de construction peu soignée, dans ce cas, il faudrait
extraire à la soupape les matériaux qui s’y trouveraient.
On remarque que, dans ce procédé, le tube d’eau et le tube d’air restent fixes, ce qui n’était
pas le cas dans la méthode à forage ouvert.
3.4.5. Développement par lavage au jet sous pression
Le lavage au jet sous pression est une bonne méthode de développement. C’est aussi la plus
simple et la moins couteuse. Un outil à jet, très facile à construire, une pompe à haute
pression, la tuyauterie, rigide ou souple, la robinetterie et la cuverie correspondantes constituent
tout l’équipement (Figure 88).

Figure 84. Principe de développement par lavage au jet sous pression.


Les puissants jets d’eau ou de solution chimique sont projetés, à travers la crépine, dans la
formation, ou dans le massif de gravier additionnel qui l’entoure.
Par la lente rotation de cet outil, combinée avec un mouvement vertical de va-et-vient, la
surface entière de la crépine est soumise à l’action vigoureuse des jets. La turbulence ainsi criée
déplace le sable fin, le limon ou l’argile, qui pénètrent dans la crépine, au-dessus et au-
dessous du point où l’on opère. Ces éléments peuvent être retirés, soit par pompage (pompe ou
émulseur), soit par cuillère.
L’outil à jet comprend deux ou quatre buses horizontales de 6 à 12 mm d’ouverture ; il est
monté à la base d’une colonne rigide de tube de 2 pouces, de la ligne de sonde, ou, même,
d’un flexible de refoulement.

149
Pour que l’énergie du jet soit utilisée au maximum sur la formation et ne soit pas perdue à
l’intérieur de la crépine, il est bon que l’extrémité de chaque buse ne soit pas distante de plus de
20mm de la crépine.
L’efficacité du procédé dépend beaucoup de la pression du jet. Les meilleurs résultats ont été
obtenus avec des pressions de 50 à 70 kg/cm2, cependant, on peut déjà commencer à opérer
avec des pressions de 7 à 8 kg/cm2, surtout si on a pu éliminer le cake de la formation avant la
pose de la crépine.
On comprend bien, aussi, que la forme des fentes de la crépine et son mode de construction jouent
un rôle considérable dans l’opération de lavage au jet (Figure 89). En effet, la crépine se trouve
placée entre le jet et le terrain à développer. Selon le mode de construction, elle peut constituer
un obstacle ou, au contraire, améliorer l’action du jet.

Figure 89. Influence du type d’ouverture de la crépine sur l’efficacité du développement au jet.
3.4.6. Développement chimique
Ce moyen est utilisé pour les terrains aquifères renfermant des éléments que le produit employé
permet d'éliminer en les solubilisant:
A l'acide, injecté par gravité ou mieux sous pression en y adjoignant un inhibiteur de corrosion
pour protéger les tiges et les tubes, et parfois des agents mouillants pour faciliter l'attaque. La
pénétration dans le terrain est améliorée par une succession d'injections à l'acide et à l'eau sous
pression.
L'acide chlorhydrique permet d'agrandir les passages d'eau en terrain calcaire. Son action est très
rapide. Elle peut être répétée en fonction des améliorations constatées. Pompage et injections
alternés permettent d'éliminer les impuretés formées d'oxydes de fer ou d'alumine dont les
précipités risqueraient de colmater les fissures. Ces impuretés sont maintenues en dissolution en
amenant le pH à de faibles valeurs par adjonction d'acide citrique ou lactique (10 g par Litre).
La première injection est faite en volume correspondant à celui du forage : les passages sont
augmentés en volume pour tenir compte de l'effet de dissolution auquel est soumis le terrain.

150
L'acidification a une action rapide et il est inutile de laisser la solution en place; il est
préférable d'effectuer un pompage de nettoyage et de renouveler l'opération. Les produits
sortants ont à présenter un état acidifiant résiduel aussi faible que possible.
Cependant, des précautions doivent être prises en cas de rejet des produits de nettoyage dans
un cours d'eau afin d'éviter des dommages à la faune piscicole. Elles consistent à réduire les
teneurs en chlorures par un étalement des temps de pompage ou à injecter une solution de soude
dans la conduite d'exhaure pour régler le pH sur celui de la rivière.
Aux polyphosphates : Agissant sur les échanges sodium-calcium, ils provoquent la défloculation
des argiles, ensuite éliminées par pompage. Ils ne sont à employer que dans des terrains peu
colmatés par des éléments argileux. Ils donnent de très mauvais résultats dans les terrains
nettement argileux. Leur mise en œuvre s'effectue par des pistonnages successifs pour obtenir un
effet mécanique qui déstabilise le dépôt argileux.
Différents produits provenant de sels de soude (pyrophosphates tétrasodiques
hexamétophosphates de sodium, etc..) peuvent être utilisés. Leur limite d'emploi est fixée par la
température qui doit rester inférieure à 60-70 °C. Leur action varie avec le pH. Les échantillons
du terrain aquifère seront analysés pour consulter les fournisseurs et fixer un choix. A doses
faibles, les solutions de polyphosphates permettent de dissoudre le dépôt formé sur la paroi
du forage par le fluide de circulation. Les techniques de développement peuvent faire succéder de
courts pompages de débit supérieur au débit d'exploitation (de 20 à 30 %), des circulations d'air
comprimé et des injections intermittentes de polyphosphates afin de défloculer les argiles. En cas
d'acidification des précautions sont à prendre. Les polyphosphates placés dans un milieu acide
tendraient à effectuer une réversion en orthophosphates agissant comme un floculant pour les
argiles.
3.5. Contrôle de la fin du développement
L’un des deux buts de développement est d’empêcher les venues de sable ; on peut penser que
l’opération sera achevée lorsque l’eau extraite de l’ouvrage ne contiendra plus d’éléments fins
indésirables et sortira claire. Pourtant, cet indice n’est pas toujours suffisant pour juger de la
terminaison de développement. En effet, une formation peut forte bien avoir été débarrassée
de son sable, sans que, pour autant, l’arrangement de ses éléments constitutifs restés en place,
leur classement, soit optimum.
Le rappel du deuxième but du développement permet de bien situer le problème ; il s’agit par
cette opération d’améliorer la capacité spécifique de l’ouvrage en augmentant la perméabilité de
la zone sensible du forage, celle qui entoure la crépine.
Par conséquent, les mesures de perméabilité effectuées sur le forage lui-même permettront de
juger d’efficacité de développement et renseigneront sur le moment où celui-ci sera achevé. Il
y a plusieurs méthodes pour mesurer la perméabilité (LUGEON, LEFRANC-MANDEL et BRILLANT).
Une méthode simple capable de fournir le renseignement cherché, il s’agit de tracer les
courbes donnant le temps mis par la descente du niveau de l’eau (après pistonnage) depuis
une cote de référence, bord du tubage, par exemple. Jusqu’au niveau statique. Les courbes
sont tracées après plusieurs périodes de développement (Figure 90), elles doivent descendre de
plus en plus si le développement s’effectue normalement.
Lorsque les courbes se superposent, le développement est terminé, la perméabilité ayant atteint
son maximum.

151
Figure 90. Contrôle de développement par essai d’absorption (d’après Mabillot, 1971)

152
Chapitre VI.
EXPLOITATION ET PROTECTION DE
CAPTAGE D’EAU

153
Chapitre VI.
EXPLOITATION ET PROTECTION DE CAPTAGE D’EAU
1. CONSTRUCTION DE L’AVANT-PUITS
Une fois le nettoyage du forage terminé, la dernière tâche consiste à construire un avant-puits,
qui permet de protéger le forage contre la contamination de surface. Les deux derniers mètres
de l’espace annulaire au minimum (en principe la section qui était protégée par le tube guide
durant le forage) devraient être nettoyés et élargis, éventuellement en carré, autour du tubage
définitif. En dessous, l’espace annulaire du forage au-dessus du massif filtrant devra être
remblayé par un bouchon composé de gravier ordinaire, de gravillons, de granulés de bentonite,
ou simplement de déblais du forage.
Le nouveau trou réalisé pour l’avant-puits peut ensuite être rempli de ciment jusqu’au niveau du
sol, ou de préférence légèrement au-dessus (Figure 91). Pour les forages où le niveau statique de
l’eau est élevé, et qui sont couverts par une couche superficielle perméable, on ne peut pas faire
grand-chose d’autre que de prendre soin à ne pas renverser d’eau usée autour du trou.

Figure 91. Différents type d’avant-puits.


154
2. ESSAIS DE POMPAGE
2.1. Généralités
Les expérimentations par pompage à débit constant sur les puits et forages s’effectuent par les
essais de débit (les pompages d’essai) qui consiste à mesurer l’accroissement du rabattement des
niveaux piézométriques en relation avec le temps de pompage et leur remontée après arrêt de
pompage.
Les interprétations sont données par résolution graphique des équations de l’hydrodynamique
souterraine en régime transitoire (non permanent).
Les essais de pompage sont des tests portant sur les modifications hydrodynamiques du complexe
formé de l’ouvrage d’exploitation (forage, puits) et le milieu aquifère enregistrées après
provocation par pompage à un débit donné.

155
2.2. Objectifs des essais de pompage
Dans le but d’installer un ouvrage (forage) pour l’exploitation d’une nappe, il fallait répondre à
certaines questions :
- Quelle est la quantité d’eau qui peut être pompée ?
- A quel rythme ?
- Quelle pompe immergée va-t-on choisir ?
- A quelle profondeur l’installer ?
Les essais de pompage ont comme objectifs :
a). la détermination des différentes caractéristiques hydrodynamiques de la nappe aquifère :
- la perméabilité K
- la transmissivité T
- l’étendue de la nappe : le rayon d’action (Ra) (rayon d’influence)
- le coefficient d’emmagasinement (S)
b). le réglage optimal d’exploitation d’un forage pour éviter la surexploitation et l’assèchement de
la nappe, à travers :
- la détermination du débit spécifique, du rabattement spécifique, la productivité de l’ouvrage, le
débit maximum admissible et le rabattement maximum admissible.
- la détermination des durées et des périodes de pompage.
- la détermination de la position optimale pour l’emplacement de la pompe. Et ce par l’étude de
l’évolution des rabattements en fonction des débits.
c). la détermination des différentes réserves d’eau dans la nappe (réserve exploitable, réserve
renouvelable, réserve non renouvelable).
2.3. Types d’essais de pompage
On distingue deux types d’essai :
- l’essai de nappe (aquifère test) : qui permet d’obtenir la transmissivité, le coefficient de
perméabilité, le coefficient d’emmagasinement et le rayon d’action.
Ce type d’essais s’effectue avec le pompage de longue durée.
- l’essai de puits (well test) : permettant de déterminer les caractéristiques de l’ouvrage et de son
environnement immédiat pour déterminer si l’ouvrage répond aux besoins des usagers, de définir
ces limites d’exploitations, et la possibilité d’envisager des réhabilitations pendant l’exploitation
(remplacement de la pompe par exemple). Il permet également d’établir le programme
d’équipement de l’ouvrage (tubage, crépine, massif filtrant).
Ce type d’essais s’effectue avec le pompage par paliers de débits de courtes durées.
2.3.1. Essai de pompage par paliers de débit
L’entreprise de forage réalisera un pompage par paliers de débits croissants : au minimum 3 paliers
d’une heure chacun, avec mesures et enregistrement des débits et de la profondeur du niveau
dynamique.

156
Afin de permettre l’interprétation la plus juste, il est préférable de ne pas enchainer les paliers de
débits, mais de les séparer d’un arrêt de pompage jusqu’à un retour au niveau statique initial, ou
sur une durée égale à celle du palier de pompage (1 heure).
Pour un débit d’exploitation envisage supérieur à 20 m3/h, il est préférable de mettre en œuvre
des paliers d’une durée de 2 heures.
Par exemple : Si le débit de purge a été mesuré à un débit de Q Litres par seconde, il peut être
conseillé d’effectuer un essai de pompage par paliers de la manière suivante :
 pomper d’abord le forage pendant une heure à un débit de Q/4 Litres par (palier 1, débit
q1) et on attend la remontée de niveau une heure,
 puis pendant une autre heure à Q/2 Litres par seconde (palier 2, débit q2) et on attend la
remontée de niveau une heure,
 Puis pendant une troisième heure à 3Q/4 Litre par seconde (palier 3, débit q3) et on attend
la remontée de niveau une heure,
 Enfin, pendant une quatrième heure à Q litre par seconde (palier 4, débit q4) devrait
légèrement sur-pomper le forage. Ce test doit être interrompu si le rabattement s’approche
de l’orifice d’aspiration.
 Les résultats d’un essai par palier peuvent être analysés de différentes façons, dont
certaines sont très complexes, mais la méthode la plus utilisée est celle de Dross (2011).

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159
2.3.1.1. Courbe caractéristique de forage
Les quatre couples débit-rabattement obtenus, ont permis d’établir la courbe caractéristique
(Figure 88) qui représente la ‘fiche santé ’ du forage. Elle est caractérisée par son équation qui est
de la forme : s = BQ + CQ2
Avec : Q : représente le débit de pompage par m3/h.S : représente le rabattement mesuré à un
temps t en m. B et C : des constants représentent les pertes de charge.
La courbe caractéristique montre une pente régulière dans sa partie initiale et une partie
terminale qui s'incurve.

160
Figure 92. La courbe caractéristique de forage.
2.3.1.2. Détermination du débit critique
La différence entre la droite [s = BQ] et l’axe des x donne pour chaque débit la valeur des pertes
de charge linéaire. Et la différence entre la droite et la courbe [s = BQ + CQ2] donne pour chaque
débit, la valeur du terme CQ2, c’est-à-dire la valeur des pertes de charge quadratique. Lorsque
le débit augment les pertes de charge quadratique augment d’une façon considérable. Le débit
critique est en relation avec le graphe [s = f(Q)] à partir de l’augmentation de la pente du courbe
[s = BQ + CQ2] et on peut estimer qu’il est atteint quand les pertes de charge linéaire égalent les
pertes de charge quadratiques.
A ce débit la vitesse de circulation de l’eau dans les crépines attient sa valeur critique et
l’écoulement devient turbulent. Ce régime turbulent augmente de façon considérable, les
pertes de charge quadratiques diminuant par la même le rendement de l’ouvrage. En outre, il peut
provoquer un entrainement de particules fines du terrain et un colmatage de la partie captant. On
peut utiliser deux méthodes pour calculer le débit critique :
a). La première méthode (Figure 93)

A partir de l’augmentation de la pente du courbe [s = BQ + CQ2]. Au débit 63 m3/h la courbe


subit une augmentation de la pente causée par une augmentation du rabattement.

Figure 93. Détermination du débit critique (méthode 1)


161
b). La deuxième méthode (Figure 94)
C’est Par l’extrapolation de la courbe, on peut estimer que le débit critique atteint quand les
pertes de charge linéaire égalent les pertes de charge quadratiques.
Au débit 63 m3/h les pertes de charge linéaire égale les pertes de charge quadratique.
D’après les graphs, on peut estimer que le débit critique est de l’ordre de 63 m 3/h et que lui
correspond un rabattement théorique de 23,17 m.

Figure 94. Détermination du débit critique (méthode 2)

162
163
2.1.3. Calcul des pertes de charge
D’après l’équation de Jacob : s = BQ + CQ2
On devise cette équation par Q, on obtient l’équation suivante : s/Q = B + CQ
La courbe (Figure 95) est une ligne droite qu’est de l’équation suivante : s/Q = B + CQ
qui est l’équation d’une ligne droite Avec: s/Q : représente le rabattement spécifique
en h/m2. Le rabattement spécifique, permet obtenir quatre couples débit-rabattement
spécifique (Tableau ci-dessous) qui nous permettent de tracer la courbe des pertes de
charge.
Tableau des calculs des rabattements spécifiques de forage.

Figure 95. La droite des pertes de charge dans le forage.


164
Avec : B : représente le coefficient de perte de charge linéaire (c’est le point de l’intersection de la
droite avec l’axe des y). C : représente le coefficient de perte de charge quadratique (c’est la
pente de la droite).
D’après le graphe les coefficients de perte de charge est : B = 1.85.10-1 h/m2 = 6.66.102 s/m2
C = 2.9.10-3 h2 /m5 = 3.76.10-4 s2 /m5
Alors l’équation de courbe caractéristique s’écrit : s= 1,85.10-1Q + 2.9.10-3Q2
avec : Q : en m3 /h et s en m.
Ou bien : S = 6.66.102 Q + 3.76.104 Q2
avec : Q en m3/s et s en m.
La valeur du coefficient C, exprimée en mine/ms, reflète la condition du puits pompe. Une valeur
de C inferieure a 0,5 mine/ms indique un puits correctement conçu et bien développe. Une valeur
de C comprise entre 0,5 et 1,0 min2/m5 indique un puits soft assez mal conçu soft légèrement
colmate ou détériore. Une valeur de C comprise entre 1,0 et 4,0 min 2/m5 indique un puits soit
très mal conçu soit sévèrement colmate ou détériore. Une valeur de C supérieure à 4,0 min2/m5
indique un puits extrêmement mal conçu ou Si sévèrement colmate ou détériore qu'il sera difficile
de le restaurer.

Dans le cas de notre forage la valeur du coefficient C = 0.174 min2/m5 qui indique un puits
correctement conçu et bien développe.
A partir de l’équation s = f(Q) il est possible d’établir la répartition théorique des pertes de charge
en fonction des débits (Tableau ci-dessous).

165
Tableau des calculs des pertes de charge dans le forage en fonction de débit pompé.

2.3.1.4. Détermination du débit d’exploitation autorisé


La courbe caractéristique montre un écoulement turbulent permanent aux débits supérieurs à 63
m3/h. De plus les pertes de charge quadratiques s’accroissent de façon considérable à ce débit. En
conclusion, le débit d’exploitation autorisé est inférieur à 63 m3/h. Le débit d'exploitation sera fixé
à 10 % en dessous de ce débit critique. Alors le débit d’exploitation maximal autorisé sera 56.7
m 3/h, qui correspond à un rabattement théorique de 19,8 m.
2.2. Essai de pompage à débit constant
Une fois que ce test a permis d’estimer le débit de production, il faudrait le confirmer en pompant
à un débit constant pendant au moins 24 heures (pour les forages à haut débit, le pompage
durera 48 heures), la durée la plus communément admise est de 72 heures. C’est ce qu’on
appelle un test à débit constant. Le rabattement devrait être mesuré à intervalles réguliers tout
au long du test. À la fin du test, dès que la pompe est arrêtée, le niveau de l’eau devrait être
surveillé à mesure qu’il remonte (jusqu’au niveau statique de l’eau). Si le niveau de pompage se
stabilise à un niveau sans danger au-dessus des crépines et de l’orifice d’aspiration, cela signifie
que ce débit de production est approprié.
De nombreuses publications traitent de l’analyse des données des essais de pompage et de
leur applicabilité à la modélisation d’aquifères. Même si un programme de forage particulier
ne requiert pas ce type d’analyses, les données du terrain devraient être considérées comme
une ressource précieuse et conservées, car elles pourraient être utiles à l’avenir.
Par exemple, si un des forages connaît une baisse de rendement et doit être réhabilité, les
résultats d’un essai de pompage effectué après la réhabilitation pourraient alors être
comparés avec le premier essai afin d’évaluer le degré de détérioration permanente.

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3. EQUIPEMENT D'EXHAURE DANS LE FORAGE
L’équipement de l'ouvrage doit permettre d'extraire l'eau de la nappe que l'on souhaite exploiter
tout en préservant cette eau des pollutions depuis la surface ou par les eaux d'autres nappes.
Pour ne pas aborder l'ensemble des équipements, je les regroupe dans deux catégories : tête de
forage et équipements nécessaires au pompage.
3.1. La tête de forage
A la fin des essais de pompage, le responsable devrait confirmer la profondeur totale du forage
et le niveau dynamique de l’eau à l’aide d’une sonde piézométrique pour déterminer les conditions
de la mise en place de la pompe. Enfin, c’est l’équipement de la tête de forage qu’il faut réalisée.
Elle a pour objectifs :
- Empêcher les eaux de surface, de ruissellement ou d’inondation, éventuellement polluées le
long de la face extérieure du tubage ou de pénétrer à l’intérieur du forage et d’entrer ainsi en
contact avec la nappe
- Empêcher l’introduction d’Object divers ou de substances dans le forage
- Contenir les éventuels phénomènes d’artésianisme
- Adapter le type de protection retenue de manière à ce qu’elle soit compatible avec la
liaison entre le forage et l’installation de la pompe à chaleur.
La tête de forage présente les caractéristiques suivantes :
3.1.1. Hauteur au-dessus de sol
- La tête du forage située à l’extérieur ou dans une chambre de comptage s’élève au moins à 0,50
m au-dessus du terrain naturel (Figure 96A) ou du fond de la chambre de comptage dans lequel
elle débouche.

171
- La tête du forage située dans un local s’élève au moins à 0,20 m au-dessus du fond du local dans
lequel elle débouche
- La tête est cimentée sur 1 m de profondeur à partir du sol (niveau du terrain naturel)
- En zone inondable la tête est rendue étanche ou située dans un local lui-même étanche
(Figure 96 B, C).

Figure 96. Schémas des têtes de forage en terrain naturel (A) et inondable (B et C).
172
3.1.2. Dalle
- Le tubage de forage doit être correctement étanché, cimenté et scellé dans une margelle
bétonnée (dalla de propreté étanche).
- Dimension de la dalle : une surface minimale de 3 m2 et une hauteur de 0,30 m au-dessus du
niveau du terrain naturel (conçue de manière à éloigner les eaux de la tête du forage).
- Elle doit être sans fissure et permettre par ses pentes d’évacuation de l’eau de pluie vers
l’extérieur.
3.1.3. Capot de fermeture
- Un capot constitué d’un bouchon étanche est obligatoire.
- Une ouverture doit être prévue pour le passage du guide sonde et munie d’un bouchon
vissé.
- La tête du forage doit disposer de protection verrouillage contre l’introduction des objets ou
substances, avec ouverture impossible sans une clé ou un outil spécial.
3.2. Les équipements nécessaires au pompage
Les équipements de forage (Figure 97) comprennent :

Figure 97. Schéma d’un forage correctement aménagé.


173
• la pompe, généralement immergée dans le forage, et toujours équipée d’un clapet antiretour,
• la colonne de refoulement,
• les câbles d’alimentation de la pompe,
• un capot permettant le passage de la colonne, des câbles et du tube guide-sonde ; les
passages doivent garantir l’étanchéité,
• un compteur totalisant les volumes prélevés.
4. NETTOYAGE ET DESINFECTION
Dans le cadre d'un forage AEP pour lequel la ressource ne peut être traitée avant distribution, la
plus grande attention sera prise pour éviter toute rétro pollution par la surface. Cela passe par
un nettoyage et une désinfection des matériaux introduits dans l'ouvrage à demeure ou en
provisoire et des mesures d'hygiène renforcées de la part des intervenants sur site.
- Les produits mis en œuvre doivent présenter une compatibilité alimentaire sans rémanence
d'action à long terme. Leur sélection tiendra compte de la physico-chimie des eaux. On peut
préconiser du chlore industriel, pour ces opérations, le temps de contact ira de 30 minutes à 2
heures.
- La quantité de chlore nécessaire dépend du volume d'eau contenu dans le forage. Il faut
incorporer 1 litre de solution chlorée à 0,2 % par 100 Litres d'eau du puits (ou 1 Litre de solution
à 0,27 % de HTH à 65 % de pureté). L'eau du puits doit être mélangée avec la solution chlorée et
reposer au moins 30 minutes.

174
- Le volume de solution chlorée doit être calculé en fonction des paramètres dimensionnels du
puits
- Les produits de désinfection sont généralement des produits dangereux à amenés concentrés sur
sites, les opérations de dilution, d'injection et de gestion des rejets nécessitent des précautions
d'usage (communication des fiches produits, procédures préalables, matériel et vêtements de
sécurité). On se réfèrera à la fiche technique sur la Fabrication de solutions chlorées.
- Il faut faire des contrôles avant et après l'emploi du produit, ces contrôles doivent comporter des
mesures terrains de concentration des produits, ainsi que des prélèvements et mesures sur l'eau
(physico-chimiques et bactériologiques).
5. SUIVI ET RAPPORT DE FORAGE
A la fin des travaux les informations essentielles seront reprises sur le rapport de forage, qu’il soit
sec ou en eau. La rédaction de ce document est de la responsabilité de l’hydrogéologue,
responsable de la campagne ou de l’entreprise de forage. Ces rapports sont une source
d’information précieuse pour le projet, mais aussi pour constituer une banque du sous-sol. Ils
doivent donc être centralisés au niveau du projet mais également remis aux autorités locales
compétentes qui peuvent dans certains cas préconiser une forme standard pour tous les
intervenants travaillant sur une zone. Ces rapports sont archivés par forage, dans lesquels se
trouvent également toutes les informations techniques sur ce point d’eau :
- Déroulement général du chantier : dates des différentes opérations, difficultés et anomalies
rencontrées.
- Nombre de forages effectivement réalisés en indiquant pour chacun d’eux s’ils sont
conservés, leur localisation précise sur fond de carte IGN au 1/25000, les références
cadastrales de la parcelle sur laquelle ils sont implantés.

175
- Coordonnées géographiques (en Lambert II étendu), cote NGF de la tête du forage.
- Pour tout forage, coupe géologique avec indication du ou des niveaux des nappes
rencontrées et coupe technique de l'installation précisant les caractéristiques des
équipements: diamètres et nature des cuvelages ou tubages, conditions de réalisation
(méthode et matériaux utilisés lors de la foration, volume des cimentations, profondeurs
atteintes, développement effectués...).
- Modalités d'équipement des ouvrages conservés.
- Compte rendu des travaux de comblement des ouvrages abandonnés.
- Résultat des pompages d'essais, interprétation et évaluation de l'incidence de ces
pompages sur la ressource en eau souterraine et sur les ouvrages voisins.
- Résultats d’analyses d'eau le cas échéant.
- Informations relatives aux sondages de reconnaissance pour un forage destiné à l’AEP.
6. PROTECTION DES CAPTAGES D’EAU SOUTERRAINE
Des périmètres de protection sont instaurés autour des captages publics d'eau destinée à la
consommation humaine. Ils correspondent à un zonage établi autour des points de captage d’eau
potable (Figure 98). Ils constituent le moyen privilégié pour prévenir et diminuer toute cause de
pollution locale, ponctuelle et accidentelle qui peut altérer la qualité des eaux prélevées. Les
interdictions, prescriptions et recommandations sont proposées en conséquence:

6.1. Périmètre de protection immédiat (PPI)


Ce périmètre correspond au site de captage. Il est acquis en pleine propriété par le maître
d’ouvrage. Autant que possible, ce périmètre doit être clôturé par un grillage infranchissable, muni
d’un portail fermant à clés. Son rôle est d’empêcher la détérioration des installations et le
déversement de substances polluantes à proximité du lieu de prélèvement. Hormis les opérations
d’entretien, aucune activité n’est permise. Le périmètre et ses abords doivent être déboisés, les
176
racines des arbres pouvant détériorer la maçonnerie des galeries de captage doit être enlevées. Ils
doivent être entretenu, débroussaillé et tondu mécaniquement ou thermiquement sans apport de
pesticides. Les débris végétaux ne doivent en aucun cas stationner dans ce périmètre.
6.2. Périmètre de protection rapproche (PPR)
Ce périmètre est défini comme la zone de fort rabattement de la nappe. Dans ce PPR, toutes
nouvelles recherches d’eau par un privé ou une collectivité est interdite De nombreuses servitudes
ou règlementation sont mises en place en fonction de l’environnement du captage. Toute activité
pouvant modifier les écoulements ou dégrader la qualité de l’eau (extraction de matériaux du
sous-sol, implantation d’installations classées, d’assainissement non collectif, d’activités
provoquant des rejets ou stockages de lisiers, fumiers ou boues) sont strictement prohibées.
D’autres activités seront adaptées ou réglementées selon l’avis de l’Hydrogéologue Agréé.
De même, les prairies et les cultures recevront exclusivement des épandages d’engrais organiques
et chimiques selon des plans d’épandages raisonnés. Les cultures intensives grosses
consommatrices d’engrais et de phytosanitaires, laissant un sol nu en hiver, seront exclue du
périmètre de protection rapprochée et si possible remplacées par de la prairie naturelle.
L’occupation des sols dans les zones forestières et pastorales ne sera pas modifiée.

177
6.3. Périmètre de protection éloigné (PPE)
Ce périmètre n’est pas obligatoire. Elle est rendue nécessaire lorsque la réglementation générale
est jugée insuffisante et que certaines activités présentant des risques sanitaires doivent être
encadrées pour réduire leur impact. Il a pour vocation de renforcer la protection de la ressource
en permettant une gestion de l’espace dans laquelle coexistent aménagement du territoire et
protection de l’eau. Aucune interdiction ne peut être promulguée dans ce périmètre, néanmoins,
diverses activités agricoles, industrielles ou urbaines vont y être réglementées selon l’avis de
l’Hydrogéologue Agrée.
Ce périmètre correspond à la zone d’alimentation du captage mais peut s’étendre à l’ensemble du
bassin versant.

178
Figure 98. Délimitation des périmètres de protection de captage d’eau.

179
180
Chapitre VII.
CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES
EAUX SOUTERRAINES

181
Chapitre VII.
CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES EAUX
SOUTERRAINES
1. INTRODUCTION
La qualité d'une eau est définie par des paramètres physiques, chimiques et biologiques, mais
également par son usage. Ainsi, une eau impropre à la consommation peut être adaptée à
l'irrigation ou à la pisciculture.
La question de la qualité de l'eau se pose essentiellement en termes de consommation humaine
et d'irrigation.
2. PRELEVEMENT DES SOLUTIONS ET LEUR CONDITIONNEMENT : LES MESURES DE
TERRAIN
Aucune étude hydrochimique sérieuse ne peut reposer sur des données chimiques non fiables ou
de mauvaise qualité.
La question de l'acquisition des données est donc essentielle, tant du point de la stratégie
(fréquence, densité spatiale, représentativité dans la rivière,…) que de la précision de la mesure
elle-même.
2.1. La mesure des paramètres fugaces sur le terrain
Un certain nombre de paramètres doivent impérativement être mesurés sur le terrain. Ainsi, la
température d'un échantillon va évoluer après le prélèvement et l'information sera perdue. Il faut
donc la mesurer rapidement après la collecte de l'échantillon, ou simultanément sur une fraction
aliquote. De même les paramètres tels que pH, eH, teneur en chlorophylle, oxygène ou CO 2
dissous,… doivent être mesurés sur place. La mesure de la conductivité électrique, bien que
pouvant attendre l'arrivée au laboratoire est utile pour mieux gérer la stratégie de prélèvement
(voir plus haut) au même titre que toute autre mesure de terrain pouvant être utilisée de la sorte.
Lorsque la pression partielle équilibrante en CO 2 de l'échantillon est sensiblement différente de
celle de l'air, un processus de rééquilibrage s'opère rapidement. Ainsi, il convient de :
- mesurer le pH aussi rapidement que possible ;
- éviter d'agiter la solution même lors de son prélèvement ou de son acheminement vers le
flacon de mesure ;
2.2. Conditionnement des échantillons
Il n'existe pas un mode unique de conditionnement des échantillons, et pouvant servir pour tout
type d'analyse. Selon les paramètres étudiés, différents modes de conditionnement des
échantillons et de flacons seront utilisés.
2.2.1. Choix du flaconnage: nature des matériaux, des fermetures et du lavage des
flacons
Les flacons les plus utilisés sont le verre, le polyéthylène et le téflon.

182
Pour l'étude d'éléments traces, les flacons les plus adaptés sont ceux conçus en téflon. Les flacons
doivent être lavés à l'acide soigneusement et rincés tout aussi méticuleusement.
Ne pas oublier que la meilleure eau pour se rincer est l'eau que l'on prélève, en hydrologie il ne
faut pas se priver.
2.2.2. Conditionnement des solutions
Il n'existe pas de méthode universelle de conditionnement des échantillons. Selon les paramètres
auxquels on s'intéresse, la méthode de conservation variera. Habituellement, lorsque l'on étudie
un nombre important de paramètres, il faudra séparer l'échantillon prélevé en plusieurs fractions
aliquotes qui seront conditionnés chacun de manière différente. Ceci conduit à une multiplication
des flacons, du poids, du travail et de la préparation.
La filtration est souvent très utile car elle retire les phases solides pouvant interagir ultérieurement
avec la solution, mais aussi les germes pouvant attaquer les composés organiques ou azotés. La
pratique montre qu'un flacon filtré même microfiltration, et stocké au frais et à l’abri de la lumière
est capable de garder plus d'un jour sa teneur en nitrate sans altération des valeurs. Ceci montre
l'importance de la filtration qui sera pratiquée sur place, dès l'obtention de l'échantillon, avec un
papier sans cendre.
La congélation est un moyen drastique pour bloquer l'activité biologique. Cette méthode de
conservation ne doit être employée qu'avec discernement car les effets sur la composition
chimique en éléments majeurs est importante. En effet, différents minéraux précipitent lors du
processus de congélation. Ces minéraux ne seront pas solubilisés lors de la décongélation et la
composition chimique de la solution sera très affectée. Ce processus s'apparente à une
évaporation ou une déshydratation car lors de la congélation, l'eau qui congèle est quasi
dépourvue d'éléments dissous qui migrent et se concentrent dans l'eau encore liquide. Par
ailleurs, la modification des constantes de solubilité avec la température accentue cette altération
des caractéristiques de l'eau.
Le stockage à l'abri de la lumière et au frais, quelle que soit la technique retenue pour le
conditionnement, on aura tout intérêt à stocker les échantillons à l'abri de la lumière et à la
fraîcheur. L'activité photosynthétique liée à l'exposition à la lumière peut modifier sa teneur en
nitrates et le COD.
Enfin, dans le cadre d'une démarche de qualité, il faudra prêter une attention particulière à la
traçabilité des flacons avec :
- le double étiquetage, bandeau adhésif sur le verre des flacons pour isotopes, inscription
de la référence sur le coté des flacons en polyéthylène mais aussi sur le bouchon moins
sensible au frottement avec les autres flacons durant le transport ;
- inscription de plusieurs indications différentes (référence, heure, débit,..) au cas où l'une
d'elle serait partiellement effacée, les autres permettraient de lever toute ambiguïté ;
- la double sauvegarde de l'information de terrain (photocopie des cahiers de terrain, copie
des fichiers informatiques d'acquisition terrain,…) dès que possible.
3. GEOCHIMIE DES EAUX SOUTERRAINES
L'eau de pluie est légèrement acide du fait de sa teneur en CO 2 dissous. Au cours de son infiltration
dans le sol et le sous-sol, elle se charge en ions et acquiert des propriétés physiques et chimiques
qui caractérisent l'eau de la nappe qu'elle forme. Les eaux souterraines sont plus ou moins
minéralisées en fonction :
* de la nature des roches traversées et des minéraux rencontrés au cours de l'infiltration ;
183
* du temps de contact de l'eau avec les minéraux, donc de la vitesse de percolation de l'eau
dans le sous-sol ;
* du temps de renouvellement de l'eau de la nappe par l'eau d'infiltration.
On voit l'importance des minéraux solubles des roches et de la perméabilité de l'aquifère dans la
minéralisation de l'eau.
Dans l'aquifère, il s'établit un équilibre entre la composition chimique de l'eau et celle des roches:
l'eau prend une minéralisation qui demeure stable dans le temps et sert à caractériser un faciès
hydrochimique.
* Dans les terrains cristallins (granitiques), sableux et gréseux c'est à dire riche en minéraux
siliceux et silicatés - les eaux sont douces: elles sont peu minéralisées mais acides et
agressives pour les conduites: c'est le cas des eaux des réservoirs sableux de l'Albien et de
l'Oligocène dans l'Oise.
* Dans les réservoirs calcaires, les eaux sont dures, moyennement à fortement minéralisées
en sels de calcium et magnésium; elles entartrent les conduites. C'est le cas des eaux de la
nappe de la craie. Dans les réseaux karstiques, l'eau peut se charger de particules argileuses
en suspension au cours des fortes pluies.
* Au contact du gypse, fréquent dans les terrains tertiaires du Bassin de Paris, l'eau se charge
en sulfate de calcium et devient dure (séléniteuse) et impropre à la consommation.
* En bordure de mer, les aquifères peuvent être en contact avec l'eau de mer: échange au
niveau du biseau salée, contamination de l'eau d'infiltration par les embruns salés. L'eau de
la nappe devient plus ou moins saumâtre. L'invasion de la nappe d'eau douce par l'eau salée
est accélérée par les pompages et le rabattement de la nappe (cas de la nappe de la plaine
du Sous au Maroc).
* L'eau des nappes alluviales a une qualité qui dépend de celle de la nappe qui
l'approvisionne et de celle de la rivière.
3.1. Analyses physico-chimiques
Les paramètres à analyser sont choisis en fonction de l'objectif recherché.
3.1.1. La température
La température de l'eau est un paramètre de confort pour les usagers (voir normes). Elle permet
également de corriger les paramètres d'analyse dont les valeurs sont liées à la température
(conductivité notamment). De plus, en mettant en évidence des contrastes de température de
l'eau sur un milieu, il est possible d'obtenir des indications sur l'origine et l'écoulement de l'eau.
La température doit être mesurée in situ. Les appareils de mesure de la conductivité ou du pH
possèdent généralement un thermomètre intégré.
3.1.2. Conductivité électrique
La conductivité mesure la capacité de l'eau à conduire le courant entre deux électrodes. La plupart
des matières dissoutes dans l'eau se trouvent sous forme d'ions chargés électriquement. La
mesure de la conductivité permet donc d'apprécier la quantité de sels dissous dans l'eau.
La conductivité est également fonction de la température de l'eau, elle est plus importante lorsque
la température augmente. Les résultats doivent donc être présentés pour une conductivité
équivalente à 20 ou 25°C. Ce paramètre doit impérativement être mesuré sur le terrain.

184
La procédure est facile, et permet d'obtenir une information très utile pour caractériser l'eau (CE
à 25°C) :
Comme la température, des contrastes de conductivité mesurés sur un milieu permettent de
mettre en évidence des pollutions, des zones de mélange ou d'infiltration.
CE = 0.005 S/cm eau déminéralisée
10 < CE < 80 S/cm eau de pluie
30 < CE < 100 S/cm eau peu minéralisée, domaine granitique
300 < CE < 500 S/cm eau moyennement minéralisée, domaine des
roches carbonatées (karst)
500 < CE < 1000 S/cm eau très minéralisée, saumâtre ou saline
CE > 30000 S/cm eau de mer
3.1.3. pH
Le pH (potentiel Hydrogène) mesure la concentration en ions H+ de l'eau. Il traduit ainsi la balance
entre acide et base sur une échelle de 0 à 14, 7 étant le pH de neutralité. Ce paramètre conditionne
un grand nombre d'équilibres physico-chimiques, et dépend de facteurs multiples, dont la
température et l'origine de l'eau.
Le pH doit être impérativement mesuré sur le terrain, à l'aide d'un pH-mètre ou par colorimétrie
(bandelettes peu précis).
Le pouvoir tampon de l'eau
Dans la nature, le pH de l'eau est dominé par l'équilibre des carbonates.
Un ajout d'acide ou de base faibles dans une eau bicarbonatée déplace l'équilibre dans le sens
opposé, et n'entraine donc pas de grand changement de pH. C'est ce qu'on appelle le pouvoir
tampon de l'eau (maximum pour 7,5 < pH < 8,5) et qui explique que la majorité des eaux de surface
ont un pH compris entre 7 et 8.
3.1.4. Turbidité
Elle permet de préciser les informations visuelles de la couleur de l'eau. La turbidité est causée par
les particules en suspension dans l'eau (débris organiques, argiles, organismes microscopiques...).
Les désagréments causés par une turbidité auprès des usagers est relative: certaines populations
habituées à consommer une eau très colorée n'apprécient pas les qualités d'une eau très claire.
Cependant, une turbidité forte peut permettre à des micro-organismes de se fixer sur les particules
en suspension: la qualité bactériologique d'une eau turbide est donc suspecte.
3.2.5. Ions majeurs
La minéralisation de la plupart des eaux est dominée par 8 ions, appelés couramment les majeurs.
On distingue les cations: Calcium, Magnésium, Sodium et Potassium, et les anions: Chlorure,
Sulfate, Nitrate, et bicarbonate. Les indications présentées dans ce paragraphe sont utiles pour
interpréter les résultats d'analyses courantes.
Calcium et magnésium
Le calcium Ca2+ et le magnésium Mg2+ sont présents dans les roches cristallines et les roches
sédimentaires. Ils sont très solubles et sont donc largement représentés dans la plupart des eaux.
Sodium et potassium
Le cation sodium (Na+) est très abondant sur la terre. On le retrouve dans les roches cristallines et
les roches sédimentaires (sables, argiles, évaporites). La roche Halite (évaporite NaCl) est le sel de
185
cuisine. Il est très soluble dans l'eau. Le sodium est par contre généralement peu présent dans les
roches carbonatées. Notons que les argiles peuvent êtres saturées en ion Na +, par le processus
d'échange de bases.
Le potassium (K+) est assez abondants sur terre, mais peut fréquent dans les eaux. En effet, il est
facilement adsorbé et recombiné dans les sols (sur les argiles notamment). Les sources principales
de potassium sont les roches cristallines (mais dans des minéraux moins altérables que ceux qui
contiennent du sodium), les évaporites (sylvinite KCl) et les argiles.
Sulfates
Les origines des sulfates dans les eaux sont variées. D'une façon générale, la présence de sulfate
dans des eaux naturelles "non polluées" invoque la présence de gypse ou de pyrite.
Chlorures
L'ion Cl- est présent en petite quantité sur la terre. La source principale de chlorure dans les eaux
est due à la dissolution de roches sédimentaires qui se sont déposées en milieu marin et qui n'ont
pas été complètement lessivées, et à la présence d'évaporites. L'invasion d'eau de mer (où le Cl -
est très présent), ainsi que les phénomènes d'évaporation dans les bassins endoréiques sont
également des sources de chlorures possibles. Le rôle des roches cristallines dans la minéralisation
en chlorures est faible. L'apport par les précipitations est d'autant plus important que la distance
à la mer est faible.
Nitrates et composés azotés
L'apport de nitrates dans le sol, puis dans les eaux, est donc fortement lié à la quantité de matières
organiques présente et aux conditions de milieu. Les actions anthropiques sont donc importantes:
utilisation d'engrais azotés et de lisier. De même, les rejets de stations d'épuration ou plus
simplement de latrines et fosses septiques représentent un apport en matières organiques
susceptibles de produire des nitrates.
3.2.6. Alcalinité
L'alcalinité correspond à l'ensemble des anions d'acides faibles susceptibles d'agir avec H+. Dans la
pratique et pour des systèmes dominés par les relations des carbonates dont le pH varie de 7 à 9,
l'alcalinité peut être assimilée aux bicarbonates HCO 3-).
3.2.7. Autres éléments dissous
Le Fer
La présence de fer dans les eaux souterraines est d'origine multiple: le fer sous forme de pyrite
(FeS) est couramment associé aux roches sédimentaires déposées en milieu réducteur (marnes,
argiles) et aux roches métamorphique. Le fer se trouve à de fortes concentrations dans les eaux
des cuirasses d'altération de socle. Les concentrations suivantes dans les eaux souterraines sont
rapportées par l'ACF.
Le fluor
D'après TRAVY, Les sources principales de fluor dans les eaux souterraines sont l'apatite présente
dans les bassins phosphatés (8 < fluorine < 5 mg/l au Sénégal), et la fluorine présente dans les
roches magmatiques alcalines et dans des filons (0.3 < fluorine < 0.5 mg/L). Les zones de
thermalisme sont également fréquemment concernées.

186
Aluminium
La question de l'aluminium se pose essentiellement après traitement de l'eau avec un composé
d'aluminium (coagulant). Même si aucun risque sanitaire n'a pu être prouvé, on évoque le rôle
aggravant de l'aluminium dans la maladie d'Alzheimer.
3.2. Analyse bactériologique
L'analyse bactériologique permet de mettre en évidence la pollution fécale de l'eau. Elle permet
également de contrôler l'efficacité des mesures de protection ou de traitement.
L'analyse bactériologique est un outil complémentaire de l'enquête sanitaire: elle n'est que la
photographie de la qualité de l'eau au moment du prélèvement: elle n'a donc pas valeur dans le
temps et demande à être interprétée au regard de l'enquête sanitaire.
Les coliformes totaux ne sont pas tous d'origine fécale. Ils ne sont donc pas indicateurs d'une
pollution fécale. Leur recherche est cependant utile pour contrôler la qualité d'une eau après
traitement.
3.3. Vérification de la cohérence des données
Des systèmes de vérification de la cohérence des données hydrochimiques, plus ou moins
sophistiqués ont été proposés par quelques auteurs. Les possibilités de vérification concernent
surtout trois aspects : Ces mêmes principes sont particulièrement utiles car, le cas échéant, ils
permettent de "corriger" les analyses ou bien de compléter les données manquantes.
3.3.1. Vérification de la balance ionique
Les solutions sont électriquement équilibrées et donc la somme des charges positives est égale à
la somme des charges négatives. La balance électrique doit être correcte : la somme des charges
cationiques et la somme des charges anionique. L'écart relatif sert de critère principal pour
l'évaluation de la qualité des résultats de l'analyse.
- La balance ionique doit être équilibrée. On admet généralement une erreur de 5% comme
acceptable. La balance ionique s'appuie sur le principe que la somme des anions majeurs et la
somme des cations majeurs sont équivalentes (concentrations exprimées en méq/l):
Cl- + SO42- + NO3- + HCO3- = Ca2+ + Mg2+ + N+ + K+
L'erreur relative sur la balance en % est donnée par: [(cations - anions) / (cations + anions)] x 100.

3.4. Eléments d’interprétation (Diagrammes)


La caractérisation des eaux souterraines concerne essentiellement l'analyses des paramètres de
bases (pH, température et conductivité), des majeurs et d'éventuels éléments traces.
 La conductivité, la température et le pH permettent de définir les traits majeurs de l'eau (voir
les paramètres physico-chimiques). De plus, il est intéressant de rechercher des contrastes dans
ces paramètres en fonction de différents points de mesures. Cela permet facilement de mettre
en évidence des zones d'alimentation, de pollution ou de géologie différente.
 Les ions majeurs permettent d'affiner cette approche. L'analyse peut se faire à partir des
indications mentionnées dans le paragraphe "Indicateurs de qualité". Elle peut être complétée
avec les indices présentés dans le tableau suivant (concentrations en mg/L):

187
Cl- > SO42- > HCO3- marque de l'eau de mer (intrusion saline)
Cl- / Na+ = 18
Ca2+ / Mg2+ > 2 présence de gypse (CaSO4) ou de calcite (CaCO3)
Ca2+ / Mg2+ = 1 présence de dolomie (CaMgCO3)
Ca2+ / Mg2+ < 1 marque de l'eau de mer (intrusion saline) ou échange de
bases
K+/Na+ = 1 terrain cristallin
Les résultats d'analyses physico-chimiques sont présentés sous forme de diagrammes qui
autorisent une interprétation aisée.

Le diagramme de Piper permet une représentation des anions et des cations sur deux triangles
spécifiques dont les côtés témoignent des teneurs relatives en chacun des ions majeurs par
rapport au total de ces ions (cations pour le triangle de gauche et anions pour le triangle de droite.
La position relative d’un résultat analytique sur chacun de ces deux triangles permet de préciser
en premier lieu la dominance anionique et cationique.
188
A ces deux triangles, est associé un losange sur lequel est reportée l’intersection des deux lignes
issues des points sur chaque triangle. Ce point d’intersection représente l’analyse globale de
l’échantillon, sa position relative permet de préciser la famille chimique de l’eau concernée.
- Le problème majeur pour ce type de représentation vient du fait que les analyses sont
représentées sous forme de pourcentage, ainsi l’effet de dilution (variation de la concentration
absolue) n’est pas immédiatement perceptible. Il convient d’être prudent dans la comparaison des
qualités des physico-chimiques de deux échantillons distincts.
Le diagramme de Piper est utilisé pour définir le faciès type des eaux. Il permet de présenter sur
un même schéma un grand nombre d'analyses qui peuvent être comparées visuellement de façon
simple. Les unités de mesure utilisées dans le diagramme Piper sont les % de méq/L.

Diagramme de Piper - faciès types


- un avantage du diagramme de piper est qu’il permet de représenter sur un même graphique de
nombreuses analyses chimiques autorisant des regroupements par famille représentant des faciès
similaires. Ce point peut s’avérer particulièrement interessant dans le cadre du suivi de la qualité
d’une eau naturelle dans le temps, pour lequel on dispose de plusieurs analyses physico-
chimiques, ou dans le cadre d’études régionales de comparaison de divers points.
- un diagramme de Piper est également interessant pour juger de l’importance relative des
précipitations ou dissolution d’éléments majeurs entre deux analyses (voire un nombre supérieur).
Le simple déplacement de position d’un ion parallèlement au côté d’un triangle, traduit un
enrichissement ou un appauvrissement relatif de l’eau naturelle pour l’élément concerné. Par
exemple, la comparaison sur un même gisement d’eaux minérales en provenance de deux forages,
l’un profond, l’autre superficiel et pour lesquels on noterait des teneurs en sulfates supérieures
sur le forage le plus superficiel, pourrait traduire des dissolutions (SO 42-) lors du transit des eaux
depuis la profondeur vers la surface.

189
Le diagramme de Schoeller - Berkaloff est une représentation graphique semi-logarithmique. Sur
l’axe des abscisses sont représentés les différents ions. Pour chacun de ces ions (ou des
groupements Na + K et CO32- + HCO3-) la teneur réelle en mg/L est reportée sur l’axe des ordonnées.
Les points obtenus sont reliés par des droites. L’allure du graphique obtenu permet de visualiser
le faciès de l’eau naturelle concernée.

Présentation des résultats d'analyses physico-chimiques


- Le diagramme utilisé permet une lecture directe des concentrations en mg/L des différents ions
majeurs, sans conversion en pourcentage relatif (Cf. diagramme de Piper). En outre, les deux axes
des ordonnées, situés à droite et à gauche du graphique, permettent une conversion directe en
milliéquivalent. Ces deux modes de représentation facilitent à la fois la construction des
graphiques et la lecture des données.
- Le diagramme de Schoeller Berkaloff permet la représentation de plusieurs analyses sur le même
graphique. Il y a superposition des droites obtenues si les concentrations sont identiques et
décalage relatif des droites les unes au-dessus des autres.
- Toute droite réunissant deux éléments A et B d’une même eau et parallèle à une autre droite
réunissant les mêmes éléments A’ et B’ d’une autre eau, indique un même rapport des éléments :
A/B = A’/B’. Ces graphiques permettent également, d’après l’inclinaison des traits, de voir les

190
rapports des éléments entre eux et en particulier des rapports souvent considérés comme
caractéristiques ou d’importance marquée : Na+/Ca2+, SO42-/Cl-…
- Un inconvénient du diagramme de Schoeller Berkaloff réside dans le fait que la comparaison de
deux eaux peut amener à considérer que les faciès physico-chimiques sont similaires alors que les
écarts de concentrations relatives en un ou plusieurs éléments sont significatifs.
Diagramme de Chadha (1999)
Le diagramme de Chadha (1999) a été construit dans le but de classer les eaux souterraines et
d’identifier les différents processus intervenant dans la minéralisation des eaux souterraines. Ce
diagramme diffère des diagrammes de Piper et de Durov étendu par le fait que les triangles
équilatéraux sont éliminés et que la forme du principal domaine d’étude est différente. En outre,
le diagramme de Chadha peut être construit à l’aide de la plupart des tableurs. Ce diagramme est
construit à partir de la différence en pourcentage des milliéquivalents entre les alcalino-terreux
(Ca2+ + Mg2+) et les alcalins (Na+ + K+), exprimés comme des teneurs en pourcentage réactionnel,
sur l’axe des X, et de la différence en pourcentage des milliéquivalents entre les anions d’acides
faibles (HCO3- + CO32-) et les anions d’acides forts (Cl- + SO42-), exprimés aussi comme des teneurs
en réaction en pourcentage, sur l’axe des Y. Les différences en pourcentage des milliéquivalents
des coordonnées X et Y. Les différences en pourcentage des milliéquivalents des coordonnées X et
Y sont par la suite étendues dans les principaux sous-domaines d’étude du diagramme de Chadha,
qui définit le caractère de l’ensemble des eaux.
Le nouveau diagramme présente tous les avantages du domaine central du diagramme de Piper
et permet d’identifier les différents processus hydrogéochimiques comme les réactions d’échange
de base cationique (Na+/Ca2+ ou Na+/Mg2+), la pollution, le mélange des eaux naturelles, la
réduction des sulfates et l’intrusion saline. Les huit sous domaines du diagramme proposé par
Chadha (1999) sont définis ainsi :
 sous domaine 1, où les ions alcalino-terreux dominent les métaux alcalins ;
 sous domaine 2, où les métaux alcalins dominent les alcalino-terreux ;
 sous domaine 3, où les anions d’acides faibles dominent les anions d’acides forts ;
 sous domaine 4, où les anions d’acides forts dominent sur les anions d’acides faibles ;
 sous domaine 5, où les alcalino-terreux et les anions d’acides faibles dominent à la fois les
métaux alcalins et les anions d’acides forts. Dans ce sous domaine, les eaux ont une dureté
temporaire et les points représentent des eaux de type bicarbonaté calcique et magnésien
où le processus responsable de la minéralisation est la recharge ;
 sous domaine 6, où les alcalino-terreux dominent les métaux alcalins et les anions d’acides
forts dominent les anions d’acides faibles. Dans ce sous domaine, les eaux ont une dureté
permanente et ne favorisent pas le dépôt de résidus de carbonates de sodium en cas
d’irrigation. Ces eaux qui sont de type chloruré calcique et magnésien résultent soit de la
pollution, soit des processus d’échange inverse de base ;
 sous domaine 7, où les métaux alcalins dominent les alcalino-terreux et les anions d’acides
forts dominent les anions d’acides faibles. Dans ce sous domaine, les eaux créent
généralement des problèmes de salinité aussi bien pour l’irrigation que pour la boisson, et
sont généralement chloruré sodique ou sulfaté sodique résultant des phénomènes
d’intrusion saline ;

191
 sous domaine 8, où les métaux alcalins dominent les alcalino-terreux et les anions d’acides
faibles dominent les anions d’acides forts. Ce type d’eau provoque un dépôt de carbonate de
sodium pour l’irrigation et cause des problèmes d’écumage. Le faciès des eaux est du type
bicarbonaté sodique et le processus de minéralisation est l’échange de base cationique.

Classification et processus de minéralisation des eaux souterraines du Continental Terminal de


la région de Mbour par le diagramme de Chadha (KAMA, 2006).

192
4. QUALITE DES EAUX SOUTERRAINES
4.1. NORMES DE POTABILITE DES EAUX
L'eau destinée à la consommation humaine doit respecter un certain nombre de paramètres qui
définissent sa potabilité et qui ont été définis dans le décret du 3 janvier 1989. Les eaux minérales
naturelles font l'objet d'une autre réglementation publiée dans le décret du 6 juin 1989. Chaque
paramètre ne doit pas dépasser une valeur limite qui est égale généralement à la 'concentration
maximale admissible' de la directive européenne correspondante. En revanche, la réglementation
française ne reprend pas la notion de 'niveau guide' qui correspond à un niveau de qualité à
atteindre. Ces dispositions réglementaires sont reprises dans le code de la santé publique. Elles
ont été récemment modifiées par le Décret du 2 décembre 2001 relatif aux eaux destinées à la
consommation humaine. Ce décret précise que les limites et références de qualité doivent être
respectées à la sortie du robinet du consommateur. Les nouveaux paramètres sont applicables à
compter du 25 décembre 2003, sauf pour les bromates, la turbidité et le plomb.
4.1.1. Paramètres organoleptiques
L'eau ne doit pas présenter de coloration, de trouble, d'odeur et de saveur. Ces paramètres sont
les seuls directement accessibles au consommateur.
4.2. Paramètres physico-chimiques en relation avec la structure naturelle de l'eau
La température ne doit pas dépasser 25 °C, le pH doit être compris entre 6,5 et 9,50 la teneur en
chlorures, sulfates, magnésium, sodium, potassium et aluminium doit être inférieure à des valeurs
déterminées (par exemple > 250 mg/L de sulfates). Le résidu sec à 180 °C doit être inférieur à 1,5
g/L.
4.2.1. Paramètres concernant les substances indésirables
Des valeurs limites sont fixées pour les nitrates, les nitrites, l'ammoniaque, l'azote Kjeldahl, pour
l'H2S, les hydrocarbures, les phénols. De plus, des valeurs limites sont arrêtées pour Fe, Mn, Cu,
Zn, Ag et le Phosphore. La teneur en Fluor ne doit pas dépasser 1,5 mg/l pour une température de
l'aire géographique comprise entre 8 °C et 12 °C; cette valeur diminue avec l'augmentation de la
température.
4.2.2. Paramètres concernant les substances toxiques
Les valeurs limites sont définies pour des toxiques minéraux (arsenic, métaux lourds) et organiques
(cyanures, Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques, benzo-pyrènes...).
4.2.3. Pesticides et produits apparentés
Cette rubrique a été ajoutée par le décret du 10 avril 1990. Elle mentionne les insecticides
organochlorés persistants, organophosphorées et carbamates, les herbicides, les fongicides, les
P.C.B. et P.C.T. Des valeurs limites sont établies pour chaque catégorie. La teneur totale de
l'ensemble de ces substances ne doit pas dépasser 0,5 µg/L.
4.2.4. Paramètres microbiologiques
Ce sont les germes indicateurs d'une pollution fécale (coliformes, streptocoques), certains germes
pathogènes (salmonelles, staphylocoques, bactériophages fécaux, entérovirus) et des bactéries
sulfito-réductrices dont la présence indique une mauvaise filtration. La méthodologie à suivre pour
leur dénombrement est indiquée.

193
En outre, les eaux adoucies ou déminéralisées livrées à la consommation humaine doivent
satisfaire à une valeur minimale de dureté et d'alcalinité. Le décret précise également les modalités
du contrôle sanitaire, en particulier sa fréquence en fonction de la population desservie. Les eaux
minérales ne sont contrôlées que du point de vue microbiologique puisque les paramètres
physico-chimiques sont très variables et souvent en dehors des valeurs maximales admises pour
les eaux dites potables.
▪ Qualité microbiologique de l'eau de boisson
Paramètres Valeurs guide OMS Interprétation
Coliformes thermotolérants 0/100 ml  indicateurs de pollution fécale
Streptocoques fécaux pas de norme  indicateurs de pollution fécale.
0/100 ml dans
 indicateur d'efficacité de traitement (désinfection)
Coliformes totaux 95 % des échantillons
 ne sont pas indicateurs d'une pollution fécale
d'eaux traitées

Substances chimiques dont la présence dans l'eau de boisson revêt une importance sanitaire
Paramètres Valeurs guide OMS Interprétation

 Origines: roches, rejets industriels (sidérurgie)


Arsenic (As) 0.01 mg/l
 Santé: effet cancérigène prouvé (cancers cutanés)
 Origine: roches, engrais, aliments (poisson, thé), pollution
Fluorures (F) 1,5 mg/l industrielle (fabrication d'Aluminium)
 Santé: fluorose dentaire et du squelette
 Origine: roches (souvent associé au Fer)
0,5 mg/l  Santé: effet toxique sur le système nerveux si
Manganèse (Mn)
(valeur provisoire) C>20mg/jour. Problème de turbidité et de goût si C>0,3
mg/l.
3 mg/l  Origine: matières organiques.
Nitrites 5 (NO2-)
(valeur provisoire)  Santé: méthémoglobinémie du nourrisson.
 Origine: matières organiques, lessivage des sols, engrais,
eaux résiduaires.
Nitrates (NO3-) 50 mg/l  Santé: méthémoglobinémie du nourrisson (les nitrates
réduits en nitrites dans l'intestin se fixent sur
l'hémoglobine et diminuent le transfert d'oxygène)
Chlore  Origine: produit de désinfection de l'eau
5 mg/l
(Cl2)  Santé: pas de problème prouvé.

Substances et paramètres de l'eau de boisson qui peuvent donner lieu à des plaintes des
utilisateurs
Paramètres physiques (organoleptiques)
Paramètres Valeurs guide OMS Interprétation
5 NTU
 Origine: matières en suspension, colloïdes, matières dissoutes.
Turbidité 1 NTU pour la
 Paramètre important dans le traitement de l'eau.
désinfection
Température acceptable
 Origine: matières en solutions dans l'eau
Conductivité pas de norme
 Santé: pas de problème direct.
Paramètres Valeurs guide OMS
Couleur 15 UCV
Goût et odeur acceptables

194
Substances inorganiques
Paramètres Valeurs guide Interprétation
 Origine: coagulants utilisés dans le traitement de l'eau,
industrie
Aluminium (Al) 0,2 mg/l
 Santé: pas de problème prouvé. Problème de coloration si
C>valeur guide.
 Origine: matières organiques azotées (déjection, eaux usées,
Ammoniaque (NH4+)5 1,5 mg/l végétaux...)
 Santé: pas de problème. Problème de goût et d'odeur si C>VG.
Sulfure d'hydrogène  Origine: roche, matière organique en anaérobie.
0,05 mg/l
(H2S)  Santé: pas de problème par voie orale, mortel par inhalation.
Chlorure (Cl-) 250 mg/l  Origine: voir paragraphe suivant.

Sodium (Na+) pas de norme  Santé: pas de problème. Goût lorsque CCl- > 200-250 mg/l

 Origine: Dureté = concentration en Calcium et Magnésium


Dureté (Ca + Mg) pas de norme
 Santé: pas de problème. Goût et entartrage si C> 200 mg/l
 Origine: matière organique (1 à 2 g/per/jour dans les sels),
Phosphate
pas de norme lessive et engrais.
(PO4-)
 Santé: pas de problème.
 Origine: engrais.
Potassium (K+) pas de norme
 Santé: pas de problème.
 Origine: roches, industrie.
Sulfates (SO42-) 250 mg/l  Santé: effet purgatif, irritation gastro-intestinale. Si C>250 mg/l,
problème de goût et eau agressive pour le béton.
 Origine: roche, coagulants (Sulfate d'Al.)
Fer (Fe) 0,3 mg/l  Santé: pas de problème. Besoins nutritionnels: de 10 à 50
mg/jour/personne. Problème de goût et de couleur.
 Permet de mettre en évidence les matières organiques
Oxydabilité pas de norme
facilement oxydables.
 Origine: oxygène de l'air.
Oxygène dissous (O2) pas de norme
 Santé: pas de problème.
 Origine: ion Hydrogène
pH pas de norme  Santé: pas de problème. Paramètre important pour le
traitement et "paramètre caractéristique" de base.

Autres éléments non cités par l'OMS

Paramètres Valeurs guide France Valeurs maxi. France Interprétation

 Origine: roches
Calcium (Ca2+) 100 mg/l
 Santé: pas de problème direct.
Magnésium (Mg2+) 30 mg/l 50 mg/l

Les valeurs de concentrations en calcium et magnésium sont tirées de la norme française. L'OMS
ne cite pas ces paramètres explicitement, mais en tient compte dans la mesure de la dureté.
Diagramme de Richards (River Side) : Les eaux destinées à l'irrigation doivent répondre à certains
critères de qualité pour minimiser les risques de salinisation des terrains. Deux méthodes
simplifiées permettent d'estimer l'aptitude de l'eau à l'irrigation, en fonction du type de sol. Le
diagramme de Riverside repose sur le croisement de deux critères.

195
● Conductivité
Le premier est la conductivité électrique (CE ou EC pour les anglo-saxons) ou la charge totale
dissoute (CTD ou TDS pour les anglo-saxons). Ce critère vise à quantifier la charge en sel de la
solution et par voie de conséquence le risque de salinisation (i.e. d'accumulation de sel dans les
sols). Les eaux sont classées de C1 à C5 selon le risque croissant de salinisation.
Le tableau ci-dessous présente des classes d'aptitude de l'eau à l'irrigation, modifié d'après
UNITED STATE SALINITY LABORATORY, 1955.
Possibilités d’utilisation d’une eau en fonction de sa minéralisation totale (USSL, 1955)

Conductivité en Minéralisation
Classe Observations
S/cm à 25°C totale en g/L

Les eaux de faible minéralisation peuvent être utilisées pour


l’irrigation de la plupart des cultures sur la plupart des sols.
Sans crainte qu’un problème, dû à la minéralisation des eaux,
C1 0 < CE < 250 0,2
se pose. Un lessivage du sol est nécessite, mais celui-ci existe
dans les conditions normales d’irrigation sauf dans le cas de sol
à perméabilité extrêmement faible.

Les eaux de minéralisation "moyenne" peuvent être utilisées si


le sol subit un lessivage modéré. Les plantes ayant une
C2 250 < CE < 750 0,2 à 0,5
tolérance moyenne au sel peuvent être irriguées sans contrôle
particulier.

Les eaux salées ne peuvent être utilisées sur des sols


insuffisamment drainés. L’évolution de la salinité doit
C3 750 < CE < 2250 0,5 à 1,5 cependant être contrôlée même si le drainage est suffisant. Les
eaux ne peuvent servir qu’à l’irrigation de plantes tolérantes
aux sels.
Eaux fortement minéralisées : leur utilisation n’est pas
souhaitable en agriculture. Cependant, elles peuvent être
utilisées sous certaines conditions : sol très perméable,
C4 2250 < CE < 5000 1,5 à 3
drainage suffisant, irrigation importante pour éviter un
lessivage trop grand. Ces eaux ne peuvent convenir qu’à des
plantes tolérant très bien le sel.
Eaux très fortement minéralisées : leur utilisation est
déconseillée en agriculture. Ces eaux sont uniquement
C5 5000 < CE< 20000 3 à 14 acceptables pour irriguer des plantes très tolérantes aux sels
dans des terrains très perméables, avec un drainage et un
lessivage conséquents.

● Capacité d’absorption du sodium (SAR)


Le SAR (Sodium Absorption Ratio) ou capacité d'absorption du sodium permet d'appréhender les
risques de salinisation en sel NaCl induit par l'irrigation, tel que :

(Concentrations en méq/L). On définit différentes classes d'eau en fonction de leur SAR (S1 à S4).
Le diagramme de River-Side est construit en croisant le SAR calculé et la conductivité mesurée. Les
points expérimentaux sont reportés dans le diagramme, et l'indice croisé CnSn est obtenu. Le
196
tableau ci-dessous indique l'aptitude des eaux à l'irrigation en fonction de cet indice croisé, modifié
d'après US DEPARTMENT OF AGRICULTURE, 1994.
Le SAR (Sodium Adsorption Ratio) de l'eau ou bien le taux de sodium échangeable induit par l'eau
dans le sol (Na/T ou ESP pour les anglo-saxons). Ce second critère permet d'évaluer le risque de
sodisation du sol par l'eau d'irrigation. Les eaux sont classées de S 1 à S4 selon le risque croissant
de sodisation.
POSSIBILITE D’UTILISATION D’UNE EAU EN FONCTION DU SAR (USDA, 1994).

CLASSE OBSERVATIONS
LES EAUX DE CETTE CLASSE PEUVENT ETRE UTILISEES A PEU PRES SANS DANGER SUR LA PLUPART DES SOLS.
CEPENDANT, LES PLANTES PARTICULIEREMENT SENSIBLES AU SODIUM, TELLES CERTAINES ESPECES DE
S1
FRUITS A NOYAU, ARBRES ET AVOCATS PEUVENT DANGEREUSEMENT ACCUMULER DU SODIUM DANS
LEURS FEUILLES.
L’IRRIGATION AVEC DES EAUX DE CE TYPE PEUT ETRE UN PEU PROBLEMATIQUE SUR DES SOLS A TEXTURE
FINE A FORTE CAPACITE D’ECHANGE D’IONS (ARGILEUX), A MOINS QU’ILS NE SOIENT GYPSIFERES. CES
S2
EAUX PEUVENT ETRE UTILISEES SANS PROBLEME SUR DES SOLS GROSSIERS (SABLEUX) OU ORGANIQUES, A
BONNE PERMEABILITE.
L’UTILISATION DE CES EAUX EST PROBLEMATIQUE SUR LA PLUPART DES SOLS ET NECESSITE UNE
PREPARATION SPECIALE DES SOLS : BON DRAINAGE, BON LESSIVAGE ADDITION DE MATIERE ORGANIQUES.
S3 LE RISQUE D’ECHANGE CATIONIQUE EST LIMITE AVEC DES SOLS GYPSIFERES. DES AMENDEMENTS
CHIMIQUES PEUVENT ETRE NECESSAIRES POUR REMPLACER LE SODIUM ECHANGEABLE, SOUS RESERVE DE
NE PAS ETRE UTILISES AVEC DES EAUX TRES SALEES.

LES EAUX A FORT TAUX D’ABSORPTION DU SODIUM SONT GENERALEMENT DECONSEILLEES POUR
S4 L’IRRIGATION, SAUF SI L’EAU EST MOYENNEMENT MINERALISEE, ET SUR DES SOLS OU LA PRESENCE DU
CALCIUM, L’ADDITION DU GYPSE OU D’AUTRES AMENDEMENTS EN REND L’UTILISATION POSSIBLE.

Ce diagramme a été proposé par Richards, chercheur à l'USDA de Riverside en Californie, en 1956
! Il a été très utilisé et l'est encore de nos jours.
Ce diagramme est très utile et fiable pour caractériser une eau. Cependant, il est dangereux d'y
recourir pour estimer un risque de salinisation ou de sodisation. Je déconseille donc cet usage. En
effet, le diagramme ne peut prendre en compte l'évolution des caractéristiques de l'eau lorsque
sa minéralité augmente dans les sols des zones arides auxquels il est destiné. Lorsque les eaux se
concentrent, elles précipitent des minéraux, la calcite étant l'un des plus importants et des plus
précoces à précipiter. Il en résulte une sur estimation de la charge saline et une sous-estimation
du rapport Na/Ca. Il sous-estime le risque de salinisation et sous-estime le risque de sodisation.
Ce diagramme donne une vision statique des caractéristiques de l'eau mais ne permet pas
d'anticiper sur le devenir de l'eau.
Pour illustrer cette carence, deux échantillons d'eau d'irrigation ont été représentés dans ce
diagramme. Ces eaux sont toutes deux faiblement concentrées et figurent dans la classe C1S1,
c'est-à-dire risque faible de salinisation et de sodisation. Elles présenteraient les mêmes
caractéristiques.
Lorsqu'elles se concentrent dans les sols, les caractéristiques évoluent de manières très
différentes. L'eau du Mexique dont l'alcalinité résiduelle calcite est négative, évolue vers un faciès
salin neutre peu sodique. L'eau du fleuve Niger évolue vers des caractéristiques alcalines et

197
présentent un risque important de sodisation. Le diagramme de Riverside ne permet pas de
prévoir cette différence de comportement.
Diagnostic d’aptitude des eaux à l’irrigation (U.S. Department of agriculture (USDA, 1994))

Classes d’aptitude
Qualité Observations
à l’irrigation

A utiliser pour l’irrigation de toutes les plantes et tout type


Excellente C1-S1
de sols.

C1-S2 A utiliser avec précaution dans les sols lourds mal drainés
Bonne
C2-S1 et pour les plantes sensibles (arbres fruitiers)

C2-S2
Bonne à A utiliser avec précaution ? Nécessité de drainage avec
C1-S3
moyenne doses de lessivage et/ou apport de gypse.
C3-S1

C1-S4
C2-S3 Exclure les plantes sensibles et les sols lourds. Utilisable
Moyenne à
aves beaucoup de précautions dans les sols légers et bien
médiocre C3-S2 drainés avec doses de lessivages et/ou apport de gypse.
C4-S1

C2-S4 A n’utiliser, avec beaucoup de précaution, que dans des


sols légers et bien drainés et pour des plantes résistantes.
Médiocre C4-S2
Risques élevés. Lessivages et apports de gypse
C3-S3 indispensables.

C3-S4
Mauvaise A n’utiliser que dans des circonstances exceptionnelles.
C4-S3

Très C4-S4
Eau déconseillée pour l’irrigation.
mauvaise C5-S4

198
Diagramme de Wilcox (1954)
 Pourcentage de sodium (% Na)
Il est basé sur la concentration totale des sels dissous et le pourcentage de sodium par rapport aux
autres sels dans l’eau (WILCOX, 1955). WILCOX préconise aussi de tenir compte de la conductivité,
c’est-à-dire de la salinité de l’eau, du danger d’alcalinisation des sols et des concentrations des
éléments nocifs pour les plantes, notamment le bore. En effet, les teneurs très élevées en sels,
sodium et bore sont nuisibles aux plantes. Pour cette raison, WILCOX propose 5 classes d’eau pour
l’agriculture en fonction des 3 éléments que sont: la conductivité, le % Na et le bore.
Le pourcentage de sodium est calculé par la formule suivante :
[ ]
% Na = 100 ×
[ ]
Dans cette formule, les concentrations de Ca2+, Mg2+, Na+ et K+ sont exprimées en méq/L.
Les pourcentages de sodium convenu pour l’eau de l’irrigation est défini comme suit :
% Na < 20, la qualité de l’eau est excellent pour l’irrigation ;
20 < % Na < 40, cette eau est bonne pour l’irrigation ;
199
40 < % Na < 60, cette eau est admissible pour l’irrigation ;
60 < % Na < 80, cette eau est mauvaise pour l’irrigation ;
% Na > 80, eau très mauvaise pour l’irrigation.

- Critères pour évaluer la qualité de l’eau d’irrigation


Il existe plusieurs critères de contrôle de qualité des eaux destinée à une activité agricole. Dans le
cas de notre étude, nous allons utiliser 10 paramètres de qualité citée ci-dessous. Ces méthodes
décrivent le pouvoir alcalinisant des eaux. Elles sont utilisées en combinaison afin d'évaluer le
risque potentiel de salinisation des sols. Pour contrôler les effets négatifs des eaux d’irrigation sur
les sols et les plantes.
 Résidu Sec (RS) et Pression Osmotique (π)
L’effet primordial de la salinité totale est de réduire la croissance des cultures et leur production
(N’DIAYE et al., 2010 ; ROUABHIA et DJABRI, 2010). Elle est généralement exprimée par la
minéralisation globale ou par la conductivité électrique (CE). Cette dernière est liée au résidu sec
(RS) et à la pression osmotique (π) par les équations 1 et 2 utilisées par (ROUABHIA et DJABRI,
2010).
RS (mg/L) = 0,7×CE (μS/cm) (1)
200
π (atm) = 0,00036×CE (2)
 Pourcentage d’échange de sodium (ESP)
La concentration du sodium dans les eaux d’irrigation a une influence sur la perméabilité et
l’infiltration des sols. La présence de Na+ a des effets néfastes sur la structure des sols par
défloculation de l’argile. Le pourcentage d’échange de sodium (ESP) est calculé par la relation
suivante (ROUABHIA et DJABRI, 2010) :
[ ( ) ]
ESP = 100 ×
[ ( ) ]
Où a = 0,0126 et b = 0,01475.
 La salinité potentielle
(DONEEN, 1962), a signalé que la convenance de l’eau pour l’irrigation n’est pas dépendante sur
les concentrations des sels solubles. Les sels solubles sont précipités dans le sol et sont accumulé
avec chaque eau d’irrigation consécutive, alors que les concentrations élevées des sels solubles
rehaussent la salinité du sol. La salinité potentielle selon (DONEEN, 1962) est définie par la
concentration du chlorure plus la moitié de la concentration des sulfates. Son expression s’écrit:
SP = CL + SO (méq/L).
La présence des chlorures définissent la haute salinité.
 Ratio ou coefficient de Kelly (RK)
Le coefficient de Kelly est donné par l’expression suivante:
[ ]
RK = [ ]

Na+, Ca2+, Mg2+ sont exprimées en méq/L. La qualité de l'eau est bonne pour l'irrigation, lorsque
le ratio de Kelly est inférieur à 1.
 Indice de perméabilité
L’indice de perméabilité est un paramètre vital pour évaluer la qualité de l’eau d’irrigation par
rapport au sol pour l’amélioration de l’agriculture (THILAGAVATHI et al., 2012 ; THIVYA et al.,
2013a).
L’indice de perméabilité dans un échantillon d’eau souterraine mesure la concentration totale des
ions Na+ et HCO3- par rapport à la concentration totale des cations selon (DONEEN, 1964). Sur la
base des valeurs, l’indice de perméabilité de l’eau d’irrigation peut être regroupé en trois classes :
Classe I: IP<25% et Classe II: 25 % < IP < 75 %, la classification dans le diagramme d’indice de
perméabilité indique que l’eau est bonne et modérée pour l’irrigation;
Classe III: IP > 75 %, l’eau n’est pas de bonne qualité pour l’irrigation;
Les concentrations des ions sont en méq/L. L’indice de perméabilité est déterminé par la relation
suivante :

Na + HCO
% IP = 100 ×
(Ca + Mg + Na )
 Les risques du magnésium

201
Les risques du magnésium en agriculture ont été développés par (PILIWAL, 1972). Le Ca 2+ et Mg2+
maintient un état d’équilibre dans la plupart des eaux souterraines (HEM, 1985).
Pendant l’équilibre, la quantité du Mg2+ dans l’eau souterraine affecte la qualité du sol de façon
défavorable (KUMAR et al., 2007). La limite maximale de MH=50, la valeur maximum du risque de
magnésium est considérée nuisible pour l’irrigation. Le risque du magnésium est défini par la
relation suivante :

Magnésium hazard (MH) = 100 ×

 Carbonate de sodium résiduel (RSC)


Ce concept a été inspiré du diagramme de Riverside et des travaux de EATON (1950). Il permet de
déterminer la nature de l’alcalinité résiduelle (à dominances sulfatées ou chlorurées) par addition
des sulfates (GOUAIDIAL et al., 2013). En effet, l’alcalinité résiduelle devient positive suite à
l’addition des sulfates relatifs à la précipitation du gypse, c’est la voie saline neutre a dominances
sulfatées ; lorsque l’alcalinité résiduelle devient négative même par addition des sulfates, on parle
de la voie saline neutre à dominance chloruré (MARLET et JOB, 2006).
La détermination du RSC se fait selon la relation suivante :
RSC = (CO3-+HCO3-) – (Ca2++ Mg2+)
5. Equilibre calco-carbonique
Les caractéristiques physico-chimiques des eaux souterraines jouent un rôle important dans le
choix du matériel d’équipement des forages. C’est ainsi que la mesure de certains paramètres tels
que le pH d’équilibre, le CO2 libre, peut nous aider à choisir le matériel adéquat pour l’équipement
des ouvrages de captage. Le principal paramètre est le carbonate de calcium (CaCO3) dont
l’équilibre dans l’eau est soumis à des interactions avec le dioxyde de carbone (CO 2) suivant les
réactions ci-dessous (Tardat-Henry, 1984) :
D’après les réactions ci-dessous, les bicarbonates et les carbonates ne peuvent exister en solution
qu’en présence d’une certaine quantité de gaz carbonique libre, suffisante pour maintenir cet
équilibre : c’est le gaz carbonique équilibrant. Si le CO2 libre est supérieur au CO2 équilibrant, l’eau
est agressive et peut attaquer les conduites. Si le CO 2 est partiellement éliminé (variation de la
température, de la pression, dégazage) la concentration en CO 2 peut devenir inférieur à celle du
CO2 équilibrant : l’équilibre est alors rompu, le bicarbonate se décompose en donnant du
carbonate et si la concentration en celui-ci atteint la valeur du produit de solubilité, il va précipiter :
l’eau est incrustante ou entartante.

202
5.1. Détermination du pH d’équilibre ou de saturation des eaux
Le pH d’équilibre d’une solution est le pH que la solution devrait avoir à l’équilibre avec la même
composition chimique. Une eau en équilibre sur le plan calco-carbonique est une eau exactement
saturée en CaCO3 ; au contact de CaCO3, cette eau n’aura donc pas tendance à en dissoudre qu’elle
203
n’en a déposé. Elle contient la quantité de CO2 nécessaire et juste suffisante pour maintenir en
solution le Ca2+ qu’elle contient sous forme de bicarbonate, ce que l’on exprime en général par
l’équilibre (Bontoux, 1983).
Ca(HCO3)2 CaCO3 + CO2 + H20
Expression qui résume sous forme simplifiée les équations fondamentales du système.
Le pH d’équilibre est obtenu par la formule simplifiée de Bakalowicz (1980) :
pHéq = pK2 - pKCa - Log [HCO3-] - [Ca2+]
On peut également déterminer graphiquement le pH d’équilibre et le CO 2 libre en reportant les
résultats des analyses chimiques sur le diagramme de Schoeller et Berkaloff.
Le pH d’équilibre est l’intersection entre la droite joignant les deux points représentant la
concentration en Ca et en carbonates et bicarbonates.
Le gaz carbonique joue un rôle essentiel dans l'équilibre des bicarbonates de calcium en
solution dans l'eau, selon l’équation :

Ca2+ + 2HCO3- ↔ CaCO3 + CO2 + H2O


La réaction précédente montre que le départ d'une certaine quantité de CO2 déplace l'équilibre
et conduit à la formation de carbonate de calcium très peu soluble. Les travaux de nombreux
auteurs (HOOVER, LANGELIER, LARSON & DUSWELL, etc...) ont permis d'établir que d'autres
facteurs jouent un rôle important, tels que la teneur en calcium, l'alcalinité, le pH, la totalité
des sels dissous et la température. Il suffit donc que l'un ou plusieurs de ces éléments subissent
une modification quelconque pour que l'équilibre physico-chimique de l'eau varie, avec comme
conséquence une augmentation de ses tendances à l'incrustation ou l'agressivité.
Afin d'étudier, et surtout de prévoir le comportement d'une eau donnée, on a introduit la
notion théorique du pH d'équilibre ou pH de saturation, appelé pHs, valeur de pH correspondant
à un équilibre physico-chimique parfait des bicarbonates de calcium en solution, et donc à la
disparition de toute tendance incrustante ou agressive.
Le pHs est généralement déterminé à l'aide de la formule établie par LANGELIER (1948) :
pHs = (pK'2 - pK's) + pCa = pAlc
où :
K'2 = Constante dérivée de K2, deuxième constante de dissociation du gaz carbonique
K'S = Constante dérivée de ks, produit d'activité du carbonate de calcium
pCa = Cologarithme de la concentration molaire en ion calcium
pAlc = Cologarithme de l'alcalinité totale (TAC) exprimée en équivalent gramme/Litre.
Comme on le voit, le calcul du pHs d'une eau dépend de sa teneur en bicarbonates (pAlc), en
sels de calcium (pCa) ainsi que du paramètre (pK'2 - pK's) qui varie avec la salinité totale, la force
ionique et la température. De nombreux abaques, diagrammes permettent un calcul rapide du
pHs à partir de cette formule.
Cependant, la formule de LANGELIER a été modifiée et simplifiée par LARSON et BUSWELL comme
suit :
pHs = 9,3 + A + B - (C + D) ISL = pH réel - pHs
204
où :
A = Facteur de T.D.S (totalité des sels dissous) B = Facteur de température
C = facteur de dureté du calcium exprimé en °f
D = Facteur d'alcalinité totale (au méthylorange) TAC exprimé en °f.
Ainsi, directement à partir d'une analyse de l'eau, les tables suivantes permettent le calcul du pH
de saturation.
Une fois le pH d'équilibre calculé, la comparaison entre ce dernier et le pH réel de l'eau permet
d'établir un index dit de saturation :
ISL = pH réel - pHs
Cette différence algébrique permet d'estimer le degré de saturation d'une eau en carbonate de
calcium. Ainsi l'indice de stabilité, ou indice de stabilité de LANGELIER indique :
La différence pH (pH mesuré - pHéq) permet d’apprécier l’implication de la qualité chimique de
l’eau dans la destruction prématurée des crépines et des pompes.

Mais cet indice stabilité ne donne qu'une indication relative et ne permet pas de savoir si le degré
de saturation est suffisant pour donner un dépôt appréciable ou former seulement un film de
protection. De plus, dans le cas d'eaux peu minéralisées, à faible teneur en bicarbonates de
calcium, l'utilisation de l'indice de stabilité de LANGELIER est sujette à caution.
C'est pourquoi, afin d'obtenir des indications plus précises et fiables, on utilise de plus en plus
une notation différente, appelée indice de stabilité de RYZNAR :
ISR = 2 pHs - pH réel
Cet indice de stabilité permet non seulement de différencier une eau entartrante d'une eau
agressive ou d'une eau stable, mais aussi d'évaluer l'importance de l'entartrage ou de l'agressivité
comme le montre le tableau suivant :

205
Indice de stabilité de Larson
La corrosivité́ des eaux vis-à -vis des métaux ferreux est un élément essentiel pour tous les
gestionnaires de réseaux de canalisations car elle conditionne la durée de vie de ces réseaux et
conduit aussi àla dégradation de la qualité́ des eaux distribuées. Bien qu’elle soit souvent associée
à la corrosion uniforme, elle doit toujours ê tre prise en considération, comme il sera montré,
mê me si généralement la corrosion est localisée.
Mais pour beaucoup de spé́cialistes de l’eau, la corrosivité́ reste bien souvent liée à l’équilibre
calco carbonique : l’eau est agressive, donc elle est corrosive. Cette association agressivité́–
corrosivité́ a d’ailleurs été longtemps entretenue par les termes de la réglementation sanitaire.
Larson fut l’un des premiers à s’intéresser à l’effet de certains ions présents dans l’eau sur la
vitesse de corrosion (Larson and Skold, 1957, 1958) et a proposé l’indice suivant :

Où les concentrations sont exprimées dans des unités cohérentes (milliéquivalents par exemple).
Larson considère que la corrosivité d’une eau est faible si I Lar est inférieur à 0,5 ; entre 0,5 et 1, la
corrosivité est notable ; au-delà de 1, la corrosivité est forte.
Les concentrations des ions chlorures et sulfates qui accélèrent la corrosion, sont au numérateur et
les ions hydrogénocarbonate figurent au dénominateur. Toutefois, la corrélation entre cet indice
et la vitesse de corrosion n’étant pas très fiable, il est resté peu utilisé. D’autres auteurs (Imran et
al., 2005) ont proposé́ un indice de Larson modifié, prenant en compte notamment l’effet de la
température et de la vitesse de l’eau, mais cet indice modifié ne peut ê tre généralisé à tous les
cas de figures.
En effet, pour évaluer l’importance du rôle de chacun de ces paramètres sur la corrosivité́, il
convient de prendre en compte les réactions chimiques dans lesquelles ils interviennent.
5.2. Indices d’échange de base (IEB)
Le mécanisme de minéralisation des eaux a été étudié à l’aide du calcul de l’indice d’échange de
base (IEB). Les substances échangeuses d’ions sont appelées permutolites (SCHOELLER, 1962).
Parmi ces permutolites, on distingue les minéraux argileux (kaolinite, halloysite, montmorillonite),
les minéraux zéolitiques, les hydroxydes ferriques, les substances organiques (l’humus). L’IEB
désigne le rapport entre ions échangés et ions de même nature primitivement existant dans la
solution. On peut définir deux cas :
206
- échange des alcalins (Na+, K+) de l’eau contre les alcalino-terreux (Ca2+, Mg2+) des
permutolites. Ce premier cas permet de définir un IEB positif:
[Cl] − [(Na + +K)]
IEB =
[Cl]
- échange des alcalino-terreux de l’eau contre les alcalins des permutolites. Dans ce
deuxième cas, IEB est négatif et s’écrit de la manière suivante :
[Cl] − [(Na + K)]
IEB =
[( 4 + + 3)]
Dans les cas où l’IEB est nulle, cela signifie qu’il ne s’est produit aucun échange entre l’eau et
l’encaissant, soit à cause du temps de séjour trop court de l’eau dans l’aquifère, soit parce que
l’eau et ou les permutolites ont saturé leur capacité d’échange de base. Il y a équilibre entre la
nappe.
5.3. Indicateur du temps de séjour des eaux
L’hydrochronologie par analogie avec la géochronologie, est la science qui permet de déterminer
les âges de l’eau. Le temps de séjour des eaux est directement relié aux facteurs causant la
dégradation de la qualité de l’eau ; la décroissance du chlore et la croissance bactérienne en sont
les exemples les plus courants. Le temps de séjour des eaux à une influence sur la qualité de l’eau.
Il réside dans le fait qu’il est directement lié à la plupart des paramètres biologiques, chimiques et
hydrauliques régissant l’évolution de la qualité de l’eau. Il est un paramètre fiable, dans la mesure
où il est évalué avec une précision suffisante.
Il existe plusieurs méthodes de datation des eaux souterraines, parmi lesquelles on peut citer :
- La méthode de datation des eaux par le carbone 14 qui consiste à évaluer le temps de séjour
moyen des eaux souterraines jusqu’à 30 mille ans par l’activité résiduelle en carbone 14 du
carbone minéral total dissout (CMTD). Ce principe de calcul des âges radiocarbones est fondé
sur la relation de décroissance radioactive ;
- La méthode des calculs des indicateurs du temps de séjour des eaux : la difficulté ou le
manque des données isotopiques incite a utilisé une méthode de calcul de l’indice de temps
de séjour, on définit l’indice i par la relation suivante :
×( + )
=
( )
Si l’IST est plus grand, le temps de séjour des eaux est lent.
VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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