La Guerre Contre La Chine Passe Par Riyad
La Guerre Contre La Chine Passe Par Riyad
La Guerre Contre La Chine Passe Par Riyad
Depuis 1945, les États-Unis contrôle tous les pays via une structure militaires divisée
en cinq zones [3] via l’OTAN sous commandement américain et, depuis 2001, des
partenariats de coopération militaire [4]. À cela s’ajoute les interventions de la CIA
[5], celles d’armées secrètes sous couvert de l’OTAN [6] et, last but not least, le recours
aux mercenaires divers et variés notamment les terroristes se réclamant de l’islam.
Ainsi, les frontières de la Chine sont sous le contrôle militaires des États-Unis
(marron), auquel s’ajoutent les anciennes colonies américaines (orange) et les
multiples groupes islamistes instrumentalisés (vert) sans compter les réseaux
d’espionnage dont on ne sait rien par définition [7].
La guerre n’aura pas lieu ! La guerre n’aura pas lieu frontalement ni entre les États-
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Unis et la Chine ni, sauf un possible dérapage, entre les États-Unis et la Chine via la
Corée. L’administration américaine de Donald Trump, comme celle de Barack Hussein
Obama, maintiendra la pression aux frontières, notamment en mer de Chine, et
poursuivra ses tentatives de déstabilisation au Xinjiang, après son échec au Tibet en
2008, et au Myanmar (Birmanie), mais la guerre se déroule sur le front économique.
Nous pouvons ignorer complètement les centaines d’articles, dont la matrice est
rédigée par quelques agences et qui sont ensuite copier-coller par tous les médias
payants ou gratuits, car ils n’apportent aucun élément de réflexion.
Les rares analyses se révèlent très décevantes car elles s’en tiennent à une approche
géopolitique, héritée du XIXe siècle et donc largement insuffisante [10].
1) L’Arabie saoudite est une monarchie islamique dirigée par la famille Saoud depuis
sa création en 1932. L’État est la propriété privée de la famille royale ! II s’agit d’une
famille élargie qui, jusqu’à aujourd’hui, maintenait un équilibre plus ou moins
précaire fondé sur le partage des richesses du royaume entre les principaux clans [11].
3) Depuis cette date, l’économie de l’Arabie saoudite reposent exclusivement sur les
revenus du pétrole gérés par la compagnie Saudi Aramco appartenant aux différents
membres de la famille royale. La baisse structurelle de la rente pétrolière a créé une
crise économique d’autant plus grave que les princes continuaient leur consommation
ostentatoire des produits de luxe.
4) Pour tenter de sortir de cette crise, le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud décida
d’ouvrir le capital de Saudi Aramco par une introduction en bourse prévue pour 2018.
La Chine, qui a avait déjà réalisée une joint-venture pétrolière intégrée avec le groupe
américain Exxon Mobile et l’Aramco d’Arabie saoudite en 2007 et avait signé un
nouvel accord stratégique de coopération avec Saudi Aramco en 2016, était fortement
intéressée par l’achat d’actions de la compagnie [13].
5) Les investisseurs anglo-américains l’étaient plus encore car ils craignaient par
dessus- tout le projet clairement affiché par la Chine de substituer le pétro-yuan au
pétrodollar, mais la bourse de Londres et celle de New-York ont empêché de réaliser
l’opération. Max Keiser explique pourquoi :
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L’Arabie saoudite a été récemment empêchée de se joindre à la dédollarisation par
les États-Unis […].
La motivation des Saoudiens est logique. Ils veulent spéculer sur Aramco car ils
sont profondément endettés et ils manquent de liquidité. Ils voulaient faire une
offre publique d’achat sur le marché de Londres ou des États-Unis, mais en ont été
empêché par les actions judiciaires des rescapés du 11 septembre, qui ont à juste
titre désigné les Saoudiens comme responsables.
Source : Max KEISER, US Empire of Debt will go to war to stop emergence of petro-
yuan, RT Business News, 25/10/2017 – Les États-Unis déclencheront une guerre
pour empêcher l’émergence du pétro-yuan, Chine en Question, 10/11/2017.
Traduction de Serge LEFORT [14]
Deputy Crown Prince Mohammed bin Salman said that the Kingdom of Saudi
Arabia was founded by late King Abdul Aziz and his companions without the need
for oil, pointing out that it is very dangerous to deal with Aramco company as our
constitution. He said that Aramco’s reverence by some is a very big problem and
we have a state of oil addiction in the kingdom, which disrupted the
development. He added that we will turn Aramco into a holding company and
move its operations to companies owned by it.
Source : Vision 2030 constitutes roadmap for kingdom’s development, economy
objectives for next 15 years, Deputy Crown Prince says, Saudi Vision 2030,
25/04/2016 [15].
En d’autres termes, le prince [Mohammed ben Salmane] peut faire tout ce qu’il
veut à quiconque, saisissant leurs biens dans et en dehors du royaume.
Rappelons-nous simplement ce qu’il contrôle désormais. Le prince dirige les trois
armées d’Arabie saoudite ; il dirige Aramco, la plus grande compagnie pétrolière
du monde ; il dirige la commission chargée de toutes les affaires économiques qui
est sur le point de lancer la plus grande privatisation que le royaume ait connue ;
et il contrôle maintenant toutes les chaînes médiatiques saoudiennes.
Source : David HEARST, Ces étranges événements qui hantent les nuits de Riyad,
Middle East Eye, 07/11/2017.
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mise en scène par Coca-Cola avec comme slogan Le changement a une saveur [16].
Source : Twitter
Traduction : J’apprécierais beaucoup que l’Arabie Saoudite fasse l’introduction en
bourse d’Aramco au New York Stock Exchange. Important pour les USA !
Tout cela serait-il arrivé sans un nouvel accord de Trump ? Il a tweeté hier qu’il
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« apprécierait beaucoup que l’Arabie saoudite procède à l’introduction en bourse
d’Aramco sur le New York Stock Exchange, important pour les États-Unis ! »
Trump a également appelé le roi Salmane, le félicitant pour tout ce qu’il a fait
depuis son arrivée au pouvoir. Cette décision est survenue après la troisième visite
de Jared Kushner au royaume cette année.
Source : David HEARST, article cité.
À Pékin, XI Jinping propose très logiquement à Donald Trump « un accord plus large
visant à ce que les deux pays partagent la responsabilité des affaires internationales »
[19]. À Riyad, Mohammed ben Salmane Al Saoud met un coup d’arrêt à toutes les
négociations antérieures pour substituer le yuan au dollar dans les achats du pétrole
saoudien. C’est la réponse de Donald Trump, homme d’affaires et président
américain, à XI Jinping, stratège et président chinois [20].
Notes et références
[1] Un siècle de guerres contre la Chine :
• Michel TIBON-CORNILLOT, Les guerres de l’opium ou l’écrasement de la
Chine, Dedefensa, 10/08/2008.
• Michel TIBON-CORNILLOT, La Chine en enfer : pillages et génocides
blancs, Dedefensa, 29/08/2008.
• Corinne AUTEY-ROUSSEL, Guerres de l’opium : le viol de la Chine par les puissances
occidentales, Entelekheia, 30/04/2017.
• Dossier documentaire Histoire Chine, Monde en Question.
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2007 [BooksGoogle – Perspectives chinoises – Texte en ligne].
L’étude réévalue la portée et le sens du renouveau de la Chine depuis une cinquantaine
d’années, en se servant de techniques quantitatives couramment utilisées dans les
pays de l’OCDE. À partir d’une approche comparative, l’auteur explique pour quelles
raisons le rôle de la Chine dans l’économie mondiale a fluctué aussi fortement au
cours du dernier millénaire. Il conclut que la Chine devrait retrouver en 2015 la place
de première économie mondiale qui lui revient naturellement et qu’elle a occupé
jusqu’en 1890.
• Dossier documentaire Économie Chine, Monde en Question.
[4] L’OTAN :
• Pays membres
• Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA)
• Partenariat avec pays non membres
• Manlio DINUCCI, Brève histoire de l’OTAN de 1991 à nos jours, Le Grand Soir,
23/10/2017.
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[7] Le contrôle militaire de la Chine :
• Bases militaires : Corée du Sud, Japon, Philippines
• Opération Enduring Freedom : Afghanistan
• Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) : Kazakhstan, Kirghizistan, Tajikistan
• Partenariat avec pays non membres : Afghanistan, Pakistan, Corée du Sud, Japon,
Mongolie
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Source : Thierry MEYSSAN, Coup de Palais à Riyad, Réseau Voltaire, 07/11/2017.
En réalité, cela ne leurre personne car, sans connaître dans le détail les éléments
précis des dossiers à charge, cette action possède en réalité une dimension
principalement politique. L’intrication entre sphère politique et économique est en
effet structurelle en Arabie saoudite et nombres d’entreprises sont détenues par des
membres de familles princières. Cela permet de saisir la signification des arrestations
opérées à l’initiative de Mohamed Ben Salman dans la perspective de son accession au
trône. C’est la volonté de marginalisation de ceux qui pourraient lui faire de l’ombre,
voire le contester, et à une concentration accélérée du pouvoir entre ses mains
auxquelles nous assistons.
L’auteur souligne bien la dimension politique de l’événement, mais ne dit rien de la
dimension économique alors qu’il précise qu’elles sont intriquées.
Source : Didier BILLION, Mohamed Ben Salman, prince tout puissant mais
responsable des échecs de Ryad sur la scène internationale, IRIS, 08/11/2017.
Si les deux personnalités n’évoquent pas la question du pétrole, c’est que l’affaire
a déjà été réglée. L’Arabie saoudite a accordé en 1933 des concessions pétrolières à
la Standard Oil of California (Socal) qui a créé la California Arabian Standard Oil
Company (Casoc). En 1936, la Socal s’est associé avec la Texaco au Moyen-Orient
pour former la Caltex. La Casoc a trouvé du pétrole en 1938 et a créé un terminal
pétrolier à Ras Tanura et une petite ville à Daran.
[…]
Ce qui était implicite en février 1945 était la concurrence anglo-américaine qu’Ibn
Saoud, en vieux roi rusé, savait attiser. Il avait laissé croire aux Américains que les
Britanniques voulaient leur reprendre les concessions pétrolières et aux
Britanniques que les Américains voulaient les chasser de la région. En fait, au
début de 1945, la question essentielle était la transformation de Dahran en base
militaire américaine, créant ainsi une présence militaire permanente et la fin du
monopole militaire britannique déjà entamé par le corridor persan.
[…]
Dans les mois qui suivent l’entrevue du Quincy, la diplomatie saoudienne continue
de jouer sur la rivalité anglo-américaine, insiste sur le danger hachémite et
marque sa préoccupation en ce qui concerne la Palestine. Elle obtient
explicitement un engagement américain de ne pas s’ingérer dans les affaires
intérieures saoudiennes en échange de la primauté accordée aux États-Unis dans
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les échanges entre l’Arabie saoudite et le monde extérieur (non arabe et non
musulman).
Source : Henry LAURENS, De quoi parlaient le président américain et le roi
saoudien en février 1945 ?, Orient XXI, 23/02/2016.
Que ce soit en Arabie saoudite ou ailleurs, Huawei coopère avec les opérateurs locaux,
à la fois sur les réseaux fixes et mobiles. En 2005, elle a signé avec Saudi Aramco un
contrat de huit ans concernant le réseau fixe. En 2013, le PDG de Huawei d’alors, Hu
Houkun, a tenu des entretiens avec Khalid G. Al-Buainain, vice-président de Saudi
Aramco, au sujet d’un système de vidéoconférence téléphonique devant être fourni
par Huawei. En 2006, STC a décerné un prix d’excellence à Huawei. En 2009, les deux
ont signé un accord de partenariat stratégique, qui a évolué en accord de coopération
stratégique en 2014, gage d’une collaboration plus étendue et plus durable.
Source : Huawei : pour une Arabie saoudite mieux connectée, Chine au présent,
04/08/2015.
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d’approfondir ses investissements dans les secteurs de la raffinerie, de la pétrochimie
avec les entreprises chinoises. La première grande raffinerie saoudienne de Yanbu est
entrée en fonction le 20 janvier 2016 avec d’importants capitaux de SINOPEC
[entreprise publique chinoise]. Ces deux compagnies ont signé un nouvel accord
stratégique de coopération pour se déployer dans les marchés mondiaux. Ainsi, la
relation pragmatique sino-saoudienne pourrait être un levier pour l’économie
saoudienne hors pétrole.
[…]
Pour financer les projets d’infrastructure, les entreprises chinoises bénéficient de la
fameuse Exim Bank (Export-Import Bank of China), qui disposerait de plus d’un tiers
des liquidités mondiales, ce qui permettrait d’investir dans les infrastructures
ferroviaires en Arabie saoudite. Cette perspective permettrait à la fois aux saoudiens
d’accompagner le plan « Vision 2030 » et aux Chinois de compléter le maillage de la
Nouvelle Route de la Soie à travers le royaume pour ouvrir d’autres voies terrestres et
maritimes aux marchandises chinoises à destination de l’Afrique dans laquelle elle est
déjà fortement implantée.
[…]
Pékin a créé un outil puissant dans la stratégie de la NRS, la Banque asiatique
d’investissement pour les infrastructures (AIIB en anglais), concurrente implicite de
la Banque mondiale. Elle compte parmi ses 57 membres l’Arabie saoudite, le Pakistan,
l’Indonésie, la Malaisie, Oman et l’Iran, pays clefs de la route de la Soie. La Chine
entend assumer le leadership mondial dans le domaine du financement des
infrastructures mais elle a besoin d’une stabilisation du Moyen-Orient pour déployer
ses investissements économiques, et l’Arabie saoudite est un acteur clef de cette
région.
Source : Brahim KAS, L’Arabie saoudite et la Nouvelle Route de la Soie : vers un rôle
accru ?, IRIS, 10/02/2017.
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combattre, a déclaré Keiser.
[…]
Bravo à la Chine pour ce projet d’autant qu’elle est un gros acheteur potentiel de la
privation [prévue pour 2018] de la compagnie Aramco appartenant à l’État saoudien, a
déclaré Keiser, en référence aux ventes anticipées d’actions de la compagnie Saudi
Aramco.
« Cela a du sens, du point de vue géopolitique, car la Chine, la Russie et les Saoudiens
cherchent à échapper au dollar américain, à l’hégémonie du dollar américain ».
L’Arabie saoudite a été récemment empêchée de se joindre à la dédollarisation par les
États-Unis, qui, l’année dernière, ont permis aux survivants et aux proches des
victimes de l’attentat du 11 septembre de poursuivre le royaume pour son rôle
présumé dans les actes terroristes, a déclaré Keiser.
Source : Max KEISER, US Empire of Debt will go to war to stop emergence of petro-
yuan, RT Business News, 25/10/2017 – Les États-Unis déclencheront une guerre pour
empêcher l’émergence du pétro-yuan, Chine en Question, 10/11/2017.
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for oil, pointing out that it is very dangerous to deal with Aramco company as our
constitution. He said that Aramco’s reverence by some is a very big problem and
we have a state of oil addiction in the kingdom, which disrupted the development.
He added that we will turn Aramco into a holding company and move its
operations to companies owned by it.
Deputy Crown Prince explained that high risks would have occurred if there had
not been a move to offer Aramco for public subscription, saying that the
investment fund will not manage Aramco and there will be a board of directors to
manage it. He pointed out that we have three strong points on which nobody
competes with us: they are our Arab and Islamic depth, our investment strength
and our geographical location.
Source : Vision 2030 constitutes roadmap for kingdom’s development, economy
objectives for next 15 years, Deputy Crown Prince says, Saudi Vision 2030,
25/04/2016.
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Source : La nouvelle publicité Coca-Cola en Arabie saoudite fait le buzz,
Strat’Marques, 07/11/2017.
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superpuissances. »
Source : Xi Jinping proposerait à Trump de « diriger à deux » ?, Sputnik, 08/11/2017.
Si ce n’était pas encore évident pour tout le monde, cela doit sûrement l’être à
présent. La capitale de l’insécurité au Moyen- Orient est Riyad, et les initiatives
d’un prince âgé de 32 ans, en quête d’un pouvoir absolu, sont capables de
déstabiliser les pays voisins et de destituer leurs Premiers ministres. Pire, ce
prince semble être encouragé par un président américain qui ne sait pas ce qu’il
fait.
Des dirigeants plus sages à Washington D.C., comme le secrétaire d’État Rex
Tillerson ou le secrétaire à la Défense James Mattis, doivent s’arracher les cheveux
– ou ce qu’il en reste. Cela ne m’étonnerait pas d’apprendre que Tillerson en a
assez d’essayer d’éteindre les incendies que son président et son entourage
immédiat continuent à déclencher.
Source : David HEARST, article cité.
Donald Trump sait parfaitement ce qu’il fait puisque Jared Kushner, son gendre et son
conseiller, avait préparé le terrain depuis plusieurs mois. Mais, comme d’habitude, il a
trop parlé et surtout trop vite en tweetant samedi qu’il « apprécierait beaucoup que
l’Arabie saoudite procède à l’introduction en bourse d’Aramco sur le New York Stock
Exchange, important pour les États-Unis ! »
XI Jinping, lui, est un stratège qui a une vision à très long terme. Ainsi, il a lancé le
programme de développement de la Chine pour les 33 ans à venir ! avec un échéancier
en trois étapes :
– Une société modérément prospère pour 2020 ;
– Un pays relativement modernisé en 2035 ;
– Une nation socialiste riche et puissante en 2050.
Lire : Pepe ESCOBAR, Xi’s road map to the Chinese Dream, Asia Times, 21/10/2017 –
La feuille de route de Xi pour le grand Rêve chinois, Entelekheia, 26/10/2017.
Voir : Laurent BOUIT, Chine, à la conquête de l’Ouest, Chine en Question, 25/10/2017.
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MADDISON, Arabie saoudite, Économie chinoise, États-Unis, Barack Obama, Chine,
Donald Trump, Petro-Yuan, USA/Chine, XI Jinping
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