Cgrelcef 07 Text12 Sene
Cgrelcef 07 Text12 Sene
Abib Sene
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal)
RÉSUMÉ
INTRODUCTION
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C’est un acte de langage à travers lequel un locuteur exprime des sentiments de
satisfaction ou d’insatisfaction. il s’agit un acte qui n’a pas de direction d’ajustement.
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Joal est le lieu de naissance de Léopold S. Senghor (09-08-1906). C’est une bourgade
fondée au seizième siècle dans la région du Sine-Saloum, actuelle région de Fatick par les
navigateurs portugais sur la petite côte du Sénégal.
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« L’Ascétisme est une doctrine morale ou philosophique axée sur l'ascèse. Un adepte de
l’Ascétisme mène une vie rude et austère, en se privant des plaisirs matériels ».
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Propos galants, délicats et recherchés qui portent une charge d’amour.
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Un exercitif est un acte de langage à travers lequel un locuteur donne un ordre.
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Un constatif est un acte de langage à travers lequel un locuteur exprime un constat.
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Village d’origine des parents de Senghor. Il porte le nom de son fondateur sereer
Djidjack Faye.
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Ce mot signifie littéralement griot. Celui qui chante les louanges de quelqu’un.
exercitifs. Il les intime cet ordre : « jeunes filles […] chantez la sève,
annoncez le printemps » (Senghor, 1990 : 111).De son angoisse,
Senghor puise la bonne volonté de célébrer le printemps qui pousse des
entrailles graciles de « l’absente », laquelle se trouve être la sève
nourricière de l’âme du poète qui loge dans l’ombre de la futaie des
grands lacs. Printemps est sa femme-mère, sa femme-amante qu’il
voudra bien identifier cette fois à travers un commissif : « […] elle
reviendrait. La Reine de Saba à l’annonce des flamboyants » (Senghor,
1990 : 111).
Riche et belle, la Reine de Saba ou « Reine de midi » (La Sainte
Bible (Nouveau testament). Luc11 : 31) est, selon qu’il est écrit, un
symbole sapiential, de pouvoir et de richesse dans l’Empire sabéen.
Senghor l’identifie à son « absente » et de ce fait, proclame sa chère
Afrique « femme prêtresse » d’amour de sagesse et de culture. La beauté
de cette Reine qui est dite être le fruit d’un métissage entre une Djinn
du nom de Umeira et du visir, Al-Himiari Bou-Schar’h 81, reste
l’incarnation de cette Afrique, cette belle « Afrique des fiers guerriers »
dont Senghor chante langoureusement « les flancs d’ombre mouchetés »
(Senghor, 1990 : 196) pour sortir de l’entre-soi et célébrer et proclamer
les louanges du métissage.
A travers un expositif articulé comme suit : « Humant le
halètement doux de ses fleurs d’ombre mouchetées » (Senghor, 1990 :
111), le chantre, fait montre d’une intensité d’investissement physique
et sentimental avant de se faire enivrer par « la râle jubilant de
l’antilope » (Senghor, 1990 : 111). Il fait entendre dans un vers à valeur
commissive 82 dépourvu d’un verbe introducteur. Il promet : « Je boirai
long longuement le sang fauve qui remonte à son cœur » (Senghor,
1990 : 111). Ce cœur qui est celui de son antilope, se trouve être sa
terre-amante. D’ailleurs, de cette-amante, le chantre s’ébranle pour
mettre sa plume poétique dans l’orbite de l’horloge afin de dire, dans le
noir de minuit, le corps sensuel et luxurieux de la femme qui se fait
découvrir dans les méandres de minuit.
81
« Légendes bibliques : La reine de Saba », mythologica.fr/biblique/saba.htm(consulté le
09-06-14 à 16h 26mn).
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Se dit d’un acte de langage à travers lequel un allocuteur prend des engagements à
travers des promesses par exemple.
Et Maimouna mon amour mon amante. Et son regard sur moi comme
une tour tata
Tu m’as visité à chaque degré parmi les six, ma Noire, à chaque printemps
solennel
Ma Belle, quand la sève chantait, dansait dans mes jambes mes reins ma
poitrine ma tête
Tu délivras une parole : que je retourne sur mes pieds vers toi, vers moi-
même ma sœur. (Senghor, 1990 : 325)
Les feux du poète s’éteignent dans l’effervescence de sa mission, de
son entreprise qui le renvoie à l’appel d’un vouloir ardent. Et comme
des « lamantins qui vont boire aux sources », (Senghor, 1990 : 160)
Senghor se donne à lire dans un spectacle lascif avec la « fille de
l’Ethiopie pays de l’opulence, l’Arabie heureuse » (Senghor, 1990 :
377).
Originaire d’un pays sahélien, le Sénégal, caractérisé par
l’alternance annuelle de d’une saison de pluies et une saison sèche,
Senghor suspend son désir et son plaisir charnel avec sa sœur,
Maimouna « à l’Octobre de l’âge » (Senghor, 1990 : 325) ; période
pendant laquelle s’effectuent les récoltes de la saison des pluies. Ce
temps d’arrêt au mois d’Octobre exprime un temps de maturité, de
moisson et donc de délivrance. De cette copulation avec celle qui est
« heureuse », jaillit une eau de vie, un corps créole, une moisson
métissée. Avec « le blanc sourire » (Senghor, 1990 : 52) ; il ouvre une
nouvelle page dans le livre sacré de l’universalité pour laisser luire
l’espoir d’un métissage à « l’Orient [où] se lève l’aube de diamant d’une
ère nouvelle » (Senghor, 1990 : 326). Puisque son « Empire est celui
d’amour », (Senghor, 1990 : 105) il fait du métissage un antidote vital
de l’ethnocide et du repli de soi.
Poète dans l’âme, L. S Senghor s’adonne à une combinaison
alchimique du langage dans son laboratoire poétique pour exprimer un
plaisir charnel aiguisé dans un texte aux sonorités sensuelles et
heureuses. Dans sa symphonie poétique, se composent les métaphores,
les allégories à travers lesquelles la femme est centrée, tantôt dans une
contemplation, tantôt dans une fusion amoureuse sensuelle qui mène « à
tous les enchantements » (Rimbaud, 1999 : 34).
CONCLUSION
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Ouvrages cités