Memotec 42

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Memotec n°42 RÉVISION 0

Modifications des caractéristiques DATE : 12/09/2007


physico-chimiques et biologiques de l’eau potable
www.gls.fr PAGE 1
dans les réseaux de distribution
PROBLÉMATIQUES LIÉES AU STOCKAGE ET AU TRANSPORT DE
L’EAU
Au cours du séjour de l’eau potable dans les réservoirs et réseaux de distribution il
peut être constaté une évolution des valeurs d’un ou plusieurs paramètres la
caractérisant (paramètres organoleptiques, physiques, chimiques, bactériologiques),
pouvant conduire à un non respect des exigences qualitatives réglementaires et à la
dégradation du taux de satisfaction des utilisateurs (figure 1).
Figure 1 (D’après Lévi)
RÉGLEMENTATION
Les limites et références de qualité des eaux destinées à la consommation humaine sont définies dans le Code de la Santé
Publique (voir Memotec n°12), et doivent être respectées tant par les producteurs que par les distributeurs jusqu’aux robinets des
utilisateurs. Il est à remarquer que la réglementation accepte une évolution des valeurs de certains paramètres entre la sortie des
usines de traitement et les points de prélèvement, comme c’est le cas pour :
o la turbidité dont la référence de qualité est de 2 NFU aux robinets d’utilisation, alors que la limite de qualité est fixée
à 1 NFU en sortie d’usines ;
o la teneur en germes aérobies revivifiables à 22 et 37°C qui peut varier dans un rapport de 10 par rapport à la valeur
habituelle.
CARACTÉRISTIQUES DE L’EAU EN SORTIE D’USINE INFLUENÇANT LA DÉGRADATION DE SA QUALITÉ
DANS LES RÉSEAUX
Équilibre calco-carbonique
Cet équilibre dépend de plusieurs paramètres (sels dissous totaux, TAC, THcalcique, pH, température). L’eau peut être :
o agressive, ce qui entraîne l’attaque des ciments et mortiers (paroi des réservoirs, revêtement des conduites), la corrosion des
conduites et des équipements métalliques, ainsi que la dissolution de métaux.
Conséquences : Augmentation de la turbidité et des dépôts, coloration de l’eau (par les oxydes ferriques) augmentation de
la teneur en éléments toxiques (cas du plomb).
o incrustante, ce qui favorise le développement de couches de tartre.
Conséquences : En plus de restreindre les sections des conduites, risques de dégradation des qualités bactériologiques, les
strates de calcaire constituant des zones propices aux proliférations bactériennes.
Turbidité
La turbidité de l’eau en sortie d’usine peut être affectée par des fuites permanentes au niveau des filtres ou périodiques après leur
lavage ou par une post-floculation, le coagulant continuant à agir après la mise en eau.
Conséquences : Ralentissement de l’action biocide des désinfectants, les bactéries étant protégées par les colloïdes.

Ammonium
L’ammonium résiduel réagit avec le chlore de désinfection pour former des chloramines.
Conséquences :
o diminution de l’efficacité du désinfectant entraînant la nécessité d’un surdosage au-delà du break-point ;
o développement de goûts et d’odeurs désagréables.
Paramètres biologiques – Matières organiques
En sortie d’usines de production d’eau potable il subsiste toujours une certaine quantité de
micro-organismes car l’eau produite n’est pas stérile. Ils vont nécessairement créer un biofilm sur
les parois des conduites, mais qu’il convient de limiter afin de ne pas affecter la qualité de l’eau. En
plus de la mise en œuvre de traitements limitant au maximum la mise en distribution de micro-
organismes, il est nécessaire de maîtriser les paramètres pouvant provoquer leur prolifération. En
premier lieu on doit limiter l’apport de matières nutritives constituées essentiellement par des
matières organiques biodégradables (figure 2).

Figure 2 (Source : FNDAE)

Conséquences :
o accroissement de la consommation en chlore, conduisant à une disparition du chlore résiduel nécessaire à maintenir en
conduite ;
o formation de sous-produits organochlores sapides et/ou toxiques ;
o augmentation des risques de reviviscience bactérienne et en particulier de bactéries pathogènes blessées lors de la
désinfection ;
o développement possible de bactéries dénitrifiantes entraînant la formation de nitrites (risques de dépassement de la limite
de qualité, soit 0,5 mg⋅L-1).
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Modifications des caractéristiques DATE : 12/09/2007


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dans les réseaux de distribution
FACTEURS FAVORISANT L’ALTÉRATION DE LA QUALITÉ DANS LES RÉSERVOIRS ET LES CONDUITES
Facteurs favorisant le développement des biofilms
o Augmentation de la température de l’eau.
o Vitesses d’écoulement faibles (< 0,1 m⋅s-1).
o Temps de séjour longs dans les parties du réseau à faible consommation ou surdimensionnées.
o Matériaux des conduites favorisant l’adhésion bactérienne.
o Apports de matières organiques.
Autres causes d’altération de la qualité
o Au niveau des réservoirs :
 introduction d’eau de pluie après ruissellement et entraînement de matières par lessivage des couvertures présentant des
défauts d’étanchéité. Conséquences : Contamination microbiologique, augmentation de la turbidité.
 pénétration d’insectes, d’oiseaux, … par des orifices mal protégés (édicules de ventilation) ou non étanches (trappes
d’accès). Conséquences : Apports de matières organiques, contamination microbiologique.
 stagnation de l’eau dans certaines zones (zones mortes) du fait d’une mauvaise circulation entre l’entrée et la sortie.
Conséquences : Altération générale de la qualité de l’eau.
 exposition à la lumière du jour favorisant le développement d’algues. Conséquences : Apport de matières organiques.
 accumulation des dépôts suite à la non observation des consignes d’entretien (vidanges et nettoyages périodiques non
effectués). Conséquences : Contaminations organoleptiques et microbiologiques.
o Au niveau des réseaux :
 mauvais choix des matériaux ou des revêtements entraînant des relargages et des corrosions, favorisant l’adhésion des
micro-organismes. Conséquences : Pollutions toxiques et organoleptiques, coloration de l’eau.
 présence de zones à faible vitesse d’écoulement ou à long temps de séjour du fait d’un mauvais dimensionnement et de
la non mise en place de remèdes. Conséquences : Altération générale de la qualité de l’eau.
 vieillissement des conduites entraînant un contact avec l’environnement extérieur du fait de cassures, d’augmentation
de la porosité. Conséquences : Pollutions microbiologiques.
 retours d’eau lors de la mise en dépression ou de la vidange des conduites, mise en pression du réseau intérieur
provoquant l’introduction de substances indésirables. Conséquences : Pollutions toxiques, microbiologiques,
organoleptiques.
o lors des interventions sur les réservoirs et les conduites si les procédures de remise en exploitation ne sont pas respectées,
en particulier en ce qui concerne la désinfection avant remise en exploitation. - Conséquences : Contamination
microbiologique.
MESURES POUR LIMITER LES RISQUES DE DÉGRADATION DE LA QUALITÉ DE L’EAU
L’eau mise en distribution doit satisfaire à certaines exigences afin de limiter les risques d’altération de ses qualités lors de son
stockage et de son transport avant d’aboutir aux robinets des consommateurs.
o Elle doit être légèrement incrustante afin de permettre la formation d’une couche protectrice de carbonate de calcium. Elle
ne doit donc jamais présenter un caractère agressif vis-à-vis de cette couche, ni être corrosive vis-à-vis des métaux (voir
Memotec n°17). Pour des eaux très incrustantes il sera envisagé un adoucissement partiel par décarbonatation (voir
Memotec n°6).
o Sa turbidité doit être améliorée le plus possible et tendre vers 0,2 NFU au point de mise en distribution. Pour cela il peut
être fait appel à des techniques séparatives membranaires, comme l’ultrafiltration (voir Memotec n°31). De plus les
procédures de lavage et de remise en production doivent éliminer les risques de fuite de matières dans le réseau. Pour cela il
doit être effectué une mise à l’égout des premières eaux produites après un lavage, ou laisser à l’arrêt pendant un certain
temps un filtre qui vient d’être lavé (période de maturation).
o La teneur en ammonium doit être la plus réduite possible et tendre vers 0,1 mg⋅L-1 (référence de qualité) grâce à la mise en
œuvre d’une filtration biologique (voir Memotec n°11).
o Il doit être mis en œuvre tous les moyens permettant d’abattre les teneurs en micro-organismes et en matières organiques
biodégradables afin de limiter au maximum la formation de biofilms. Une technique efficace consiste en une intégration
suivie d’une filtration biologique sur charbon actif en grains (voir Memotec n°25). Ce procédé élimine l’inconvénient de
l’oxydation pratiquée seule, qui transforme une partie du COD réfractaire en COD biodégradable et donc en éléments
nutritifs pour les micro-organismes.
o Installation de postes de rechloration à envisager pour des réseaux très étendus.
CONCLUSION
Les techniques de traitement permettent aujourd’hui de mettre en distribution une eau de très bonne qualité, surtout avec
l’utilisation du couple ozone-CAG et de techniques séparatives faisant appel à des membranes (ultrafiltration avec ou sans
injection de CAP), techniques qui doivent favoriser la conservation de la qualité de l’eau lors de sa distribution. Par contre des
progrès restent à faire quant à la connaissance des phénomènes favorisant la bio-adhésion des bactéries sur les parois des
conduites et le développement des biofilms. Cela passe notamment par l’étude de l’aptitude des matériaux à promouvoir ces
phénomènes biologiques.

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