MR Adil Cours Fluide Final
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Mécanique
des fluides
Professeur :
Mr.ECHCHELH ADIL
3 Fluides en équilibre 25
5 Écoulements visqueux 43
3
4 Table des matières
A Formulaire mathématique 57
D Diagramme de Moody 69
Chapitre 1
Dans ce chapitre, nous allons étudier le fluide et son écoulement indépendamment des forces respon-
sables de cet écoulement.
L’état fluide caractérise un état de la matière. Les liquides, les gaz ainsi que les plasma (gaz de parti-
cules chargées) ont les propriétés d’un fluide. Pour décrire l’état fluide adoptons deux points de vue :
Point de vue macroscopique : Un fluide est un système déformable sans forme propre.
◦ L’état liquide : les liquides sont des fluides très peu compressibles et ont donc un volume propre.
En première approximation on pourra considérer la masse volumique invariable :
Ce qui revient à considérer que la compressibilité ainsi que le coefficient de dilatation est nulle :
1 𝜕𝑉 1 𝜕ρ
𝑥𝑡 = − 𝑇= 𝑇 ≈ 0 𝑃𝑎
−1
𝑉 𝜕𝑃 µ 𝜕𝑃
1 𝜕𝑦 1 𝜕ρ
𝛼= 𝑃=− 𝑃 ≈ 0𝐾
−1
𝑉 𝜕𝑥 µ 𝜕𝑇
Bien sûr, ces grandeurs ne sont pas nulles mais faibles. On retiendra que rigoureusement α =α (T,
P) et χT = χT (P, T) mais que pour de faibles variations de pression (quelques bar) et de faibles variations
de température (100◦ C) la masse volumique est quasi constante (sauf si l’on passe par une transition
de phase).
3
6 Chapitre 1. Cinématique des fluides
Exemple : pour l’eau la compressibilité vaut χT ≈ 4, 4.10−10 Pa−1 à 20 ◦C. Cela signifie qu’il faut
augmenter la pression de 227 bars pour voir la masse volumique augmenter de 1%. Les liquides ont
1
un coefficient de dilatation très faible (α « T ). Quand on en tient compte on considère souvent
𝑇
que α ≈ constante. Par exemple le mercure α ≈ 16.10−5 K−1 à 6000 atm et à 283 K.
◦ Les gaz : à l ’inverse des liquides, les gaz sont très compressibles (𝞺 = 𝞺 (P, T)). Pour un gaz parfait,
on a :
Approximation du gaz parfait : χ T
Avant toute chose, on doit se donner une échelle de description. L’échelle macroscopique n’est pas
adaptée notamment parce que le fluide n’est pas solide (système que l’on peut décrire dans son en-
semble à l’aide du vecteur rotation et du vecteur vitesse du centre d’inertie). À l’échelle microscopique les
grandeurs varient de façon discontinue et imprévisible (cf. Physique statistique). On décide alors de
décrire le fluide à une échelle intermédiaire entre l’échelle microscopique et macroscopique : on parle
d’échelle mésoscopique.
On considère, autour d’un point M, un volume δτ, petit par rapport à l’échelle macroscopique et grand
par rapport à l’échelle microscopique. Typiquement un volume de 1 µm3 convient. Ce volume
contient un grand nombre de particules ce qui permet de définir des grandeurs moyennes qui elles
vont évoluer de façon continue. On définira alors des grandeurs moyennes locales :
◦ La masse volumique locale en M : 𝞺 (M, t)= 𝜕𝑚 , où δm est la masse de l’ensemble des particules
𝜕𝑇
dans δτ, à l’instant t.
− −→
◦ La vitesse moyenne locale en M : v (M ) =< →
−
vi > où →
−
vi est la vitesse d’une particule microscopique
dans δτ à l’instant t.
1.2. Description d’un fluide 7
a >>
Échelle mésoscopique
On donne au volume δτ le nom de particule de fluide à ne pas confondre avec les particules (molé-
cules, ions,...).
Remarques :
2. Un milieu peut être considéré continu si le libre parcours moyen λ des molécules est petit devant la
taille caractéristique L du système étudié. On définit le nombre de KNUDSEN
𝜆
𝑘𝑛 =
𝐿
«1
Lorsque Kn n’est pas petit devant 1, le modèle continu devient faux, il faut alors utiliser les
concepts de physique statistique.
Considérons une particule de fluide P, placé en M0(x0, y0, z0) à l’instant t0. Dans la description de
Lagrange, on suit le mouvement d’une particule de fluide. Par exemple, la particule de fluide dont il
est question précédemment, sera en M (x, y, z) à l’instant t. On peut déterminer la trajectoire de la
8 Chapitre 1. Cinématique des fluides
M(x 0, y 0, z 0)
instant t 0
uz uy
y
ux O
M(x,y,z) à l’instant t
x
Trajectoire
Observation expérimentale : On utilise des traceurs (colorants ou fumées) et l’on prends une photo
avec un long temps pose (cf. figure 1.2).
Les champs scalaires ( 𝞺 et P ) à l’aide d’iso-surface (iso-bares et iso-densité), et les champs vectoriels
(vitesse et accélération) à l’aide des lignes de champ.
Notion de ligne de courant : Une ligne de courant est une ligne de champ du vecteur vitesse c’est-à-
dire une courbe tangente en tout point M (x, y, z) à →
−
v (x, y, z, t) à l’instant t. L’ensemble des lignes
de courant peut évoluer au cours du temps. L’équation de la ligne de courant s’obtient en résolvant les
équations différentielles suivantes :
dx dy dz
= =
vx vy vz
Toutes les lignes de courant qui s’appuient sur une courbe C fermée constituent un tube de courant.
Lignes d’écoulement
à l’instant t
M (x 1, y 1, z 1, t)
y M (x 2, y 2, z 2, t)
x
(a) Ligne d’écoulement (effet Magnus). (b) Visualisation des lignes de courant au-
tour d’un disque
! Attention ! Une ligne de courant n’est pas forcément une trajectoire d’une particule de fluide.
Observation expérimentale : On utilise des particules réfléchissantes que l’on photographie avec un
court temps de pose. On a accès ainsi à des segments brillants qui donnent le sens de la vitesse en
différents points ce qui permet de reconstituer la carte du champ de vitesse.
En régime stationnaire, une ligne de courant est aussi une trajectoire et vice-versa !
Régime laminaire : Ouvrez lentement un robinet et remarquez, qu’à faible débit, l’écoulement semble
régulier : le fluide s’organise en filets. On peut alors décrire l’écoulement comme une superposition
de filets ou de couches glissant les uns sur les autres.
Régime turbulent : Lorsque l’on ouvre le robinet au maximum, la vitesse d’écoulement varie de
façon erratique dans l’espace et le temps. Dans ce cas, les lignes de courant s’entremêlent de façon
complexe et chaotique.
Suivant l’approche que l’on choisit, l’accélération ne s’exprime pas de la même façon.
⃗
𝜕𝑣
Où, 𝜕𝑡
représente ce que l’on appelle la dérivée particulaire.
Ainsi, accélération suivant x s’écrit
Le premier terme est lié au caractère non permanent de l’écoulement alors que le deuxième terme est
lié à la variation spatiale de la vitesse ; on l’appelle le terme convectif.
De manière générale, quand on suit l’évolution d’une grandeur G(t) associée à une particule on accède
à sa variation temporelle par :
DG ∂G − →
→ −
Dt = ∂t + ( v . ∇)G
On cherche à exprimer la masse qui traverse une surface (S) lors d’un écoulement.
masse dm traversant cet élément de surface pendant la durée dt. Les particules situées dans le cylindre
représenté sur la figure 1.4, traversent effectivement la section du cylindre pendant la duréedt. On a
donc
dm = 𝞺 dt dS →−v.→
−
n
volume : dS.v.dt.cos()
dS
vdt
𝑑𝑚
𝑄𝑚 = ∬(𝑠) = ∬(𝑠) ρ𝑉. 𝑛𝑑𝑠
𝑑𝑡
Pour une surface fermée :
𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
𝑄𝑚 = ∮ ρ𝑣⃗ . 𝑑𝑠𝑛
⃗
(𝑠)
→
−
j = 𝞺→
−
v
1. En électricité le courant électrique (débit de charge) est le flux du vecteur densité de courant
→
−
électrique jq = ρl →
−v où ρl est la densité volumique de charge.
2. Pour tout phénomène de transport on peut définir un vecteur densité de courant qui obéit à une
relation de conservation analogue à celle que l’on va voir dans le paragraphe suivant.
Prenons un système ouvert de volume constant V, entouré par une surface fictive (S).
Soit M (t) la masse contenue dans (S) à l’instant t. Cette masse varie si le débit massique entrant est
différent du débit massique sortant ce qui modifie la masse volumique du système (S) :
𝑀(𝑡)
M (t) =
= ∭ ρ(𝑥, 𝑦,z,𝑧,t)dxdydz
µ(x, y, 𝑡)𝑑𝑥 𝑑𝑦 𝑑𝑧
(V )
(𝑣)
𝑑𝑀(𝑡) 𝜕ρ
=∭ 𝑑𝑥 𝑑𝑦 𝑑𝑧 = − ∬ ρ𝑣. 𝑑𝑆𝑛
𝑑𝑡(t)
dM ∂µ
(𝑣) 𝜕𝑡 −
→
(𝑠) →
−
= − dxdydz = µ v dS n
dt (V ) ∂t (S)
1.3. Conservation de la masse 13
Lignes de courant
Rappelons que pour un fluide incompressible, la masse volumique est constante. Cela concerne donc
les liquides ainsi que les écoulements gazeux dont la vitesse est très inférieure à la vitesse du son dans
ce gaz.
𝑑𝑖𝑣 𝑣 = 0 → ∮ 𝑣⃗ . 𝑑𝑆𝑛
⃗ =0
(𝑠)
Conséquences :
◦ Dans le cas d’un tube de courant on a le débit volumique𝑄𝑣 = ∬ 𝑣
⃗⃗ . 𝑑𝑆𝑢
⃗⃗ qui se conserve :
Qv entrant = Qv sortant
14 Chapitre 1. Cinématique des fluides
Tube de courant
u1
(S1)
v̄1 S1 = v̄2 S2
Ainsi, dans un tube de courant, le resserrement des lignes de courant provoque une augmentation
de la vitesse moyenne.
Chapitre 2
L’objectif de la dynamique est de relier l’écoulement aux actions qui lui donnent naissance. L’ap-
proche est de type mécanique : On fait un bilan des forces s’exerçant sur une particule de fluide puis
on applique les lois de la mécanique classique.
◦ Il y a les forces de contact entre particule de fluide que l’on appellera forces internes. Il s’agit de
forces de surface.
◦ Le fluide est également soumis à des forces dont l’origine est extérieure au fluide (existence d’un
champ de pesanteur, champ électrique etc...). On parlera de forces extérieures.
Pression : La force qui s’exerce sur un élément de surface dS infiniment petit, peut se décomposer
en une composant normale d𝐹 ⃗⃗⃗𝑛 − 𝑑𝐹
et tangentielle d𝑓𝑡 . Le rapport Ʈ⃗ = 𝑑𝑆 désigne la contrainte.
On admettra que :
1. Pour un fluide au repos, la contrainte est normale (sinon, ce n’est pas un fluide).
−
→
dFn = −P (M ).dS.→
−
n
Où →
−
n est un vecteur unitaire orienté vers l’extérieur (cf. schéma).
15
16 Chapitre 2. Dynamique des fluides Newtoniens
dF2
aire dS 3
dF1
aire dS 1
aire dS 2
dF3
FIG. 2.1 – Forces de pression s’exerçant sur un volume infinitésimal de fluide. Sur les trois faces, la
pression prend la même valeur.
3. La pression est un scalaire qui ne dépend pas de l’orientation de la surface ! Par exemple,
si l’on mesure la pression sur les 4 faces du tétraèdre infinitésimal, on trouve la même
valeur.
4. Unités : une analyse dimensionnelle montre que la pression est la dimension suivante :
[P] = [ML−1T −2]. Dans le Système International d’unités, la pression s’exprime en Pascal
(pa).
1Pa = 1N.m−2
Origine de la pression : La pression est le résultat des chocs moléculaires sur la surface et de
l’interaction à courte portée (interaction de Van Der Waals et liaisons H) des molécules
voisines de la surface.
◦ Cas des gaz : Si la pression est faible, on pourra considérer le gaz parfait. On aura donc,
1300 atm !
Calculons la résultante des forces de pression qui s’exerce sur un petit cube de fluide de volume
infinitésimal dτ = dxdydz. Pour le calcul on supposera dans un premier temps que la pression ne
dépend que de la variable y . Dans ce cas, la résultante des forces de pression est suivant Oy. Calculons
P(x,y,z+dz/2)
P(x,y+dy/2,z)
P(x,y−dy/2,z) M(x,y,z)
P(x,y,z−dz/2)
FIG. 2.2 – Bilan des forces de pression sur une particule de fluide dans le cas où la pression ne dépend
que de la coordonnée y.
cette composante :
𝑑𝑦 𝑑𝑦
𝐹𝑦 = 𝑑𝑥𝑑𝑧 [𝑝 (𝑥, 𝑦 − 2
, 𝑧) − 𝑝(𝑥, 𝑦 + 2
, 𝑧)]
𝑑𝑦 𝜕𝑝 𝑑𝑦 𝜕𝑝 𝜕𝑝
𝐹𝑦 = 𝑑𝑥𝑑𝑧 [𝑝(𝑥, 𝑦, 𝑧) − (𝑥, 𝑦, 𝑧) − (𝑝(𝑥, 𝑦, 𝑧) + (𝑥, 𝑦, 𝑧))] = − 𝑑Ʈ
2 𝜕𝑦 2 𝜕𝑦 𝜕𝑦
Si maintenant, nous supposons que la pression varie avec les trois coordonnées de l’espace, le bilan
des forces fait apparaître trois composantes :
→
− →
−
F = Fx →
−
u x + Fy →
−
u y + Fz →
−
u z = − ∇P dτ
Les forces de pression superficielles sont donc équivalentes à une force volu-
mique de pression
18 Chapitre 2. Dynamique des fluides Newtoniens
Remarque : la résultante des forces volumiques s’exerçant sur un volume V s’écrit formellement
⃗⃗⃗𝑝 𝑑Ʈ
𝐹 = ∭𝑓
𝑉
→
2.1.3 Notion de viscosité
Nous avons vu que la contrainte qui s’exerce sur une surface infinitésimale dans un fluide est nor-
male à la surface lorsque le fluide est au repos. Lorsqu’il y a écoulement, la contrainte possède une
composante tangentielle liée à la viscosité.
Expérience de Couette : Considérons deux cylindres coaxiaux de rayons peu différents, l’espace
annulaire étant rempli du fluide à étudier. Si le cylindre extérieur est entraîné à une vitesse
angulaire ω, on constate que le cylindre intérieur se met à tourner à la même vitesse. Pour que
le cylindre extérieur reste fixe il faut lui appliquer un couple de rappel avec un fil de torsion. Le
fil tourne alors d’un angle α proportionnel à la vitesse angulaire.
Fil de torsion
Fluide visqueux
Viscosité : La viscosité est liée aux contraintes de frottements qui apparaissent dès qu’il y a écoule-
ment. Pour un fluide dit newtonien, de viscosité η, la contrainte tangentielle qu’exerce un fluide
2.1. Bilan des forces 19
où τyx est la contrainte s’exerçant suivant la direction x le long d’une surface normale à la
direction y. Le gradient latéral de vitesse s’appelle aussi vitesse de cisaillement (cf. figure 2.4).
Profil des
vitesses Écoulement laminaire
contrainte tangentielle
contrainte normale
dv
yx=
yy= − dy
FIG. 2.4 – Notion de viscosité. Représentation des contraintes que le fluide exerce sur la surface OxOz.
Évolution avec la pression et la température : En général, la viscosité varie peu avec la pression.
Pour la température il faut distinguer les gaz et les liquides.
𝑏
◦ η∝e
𝑏
𝑡
pour les liquides. La viscosité diminue quand la température augmente. η ∝ e 𝑡
◦ η ∝ √𝑇 pour les gaz. La viscosité augmente quand la température augmente.
1Jean-Louis Marie Poiseuille est né le 22 avril 1797. Il est élève de l’école Polytechnique avant d’étudier la médecine.
Les recherches de Poiseuille concernent principalement l’application des lois physiques à la physiologie. Les plus connus
portent sur l’hémodynamique, c’est-à-dire la circulation sanguine.
Dans la lignée de ces travaux, Poiseuille dégage une loi sur l’écoulement des fluides visqueux dans des tubes capillaires. Admis
en 1842 par l’Académie de médecine, il s’éteint en 1869 à Paris.
20 Chapitre 2. Dynamique des fluides Newtoniens
Remarque : Il existe des fluides non newtoniens pour lesquels la viscosité dépend de la vitesse de
cisaillement.
Nous ne démontrerons pas la formule générale qui donne le bilan des forces visqueuses s’exerçant
sur une particule de fluide. L’expression est en général assez compliquée. Elle se simplifie dans le
cas des fluides newtoniens et incompressibles. Nous prendrons un exemple pour faire le calcul et
généraliserons le résultat.
profil des
vitesses
𝜕𝑣 𝜕𝑣 𝜕2 𝑣
𝑑𝐹 = η[𝜕𝑦 (𝑦 + 𝑑𝑦) − 𝜕𝑦 (𝑦)] 𝑑𝑥𝑑𝑦𝑑𝑧𝑢⃗𝑥 = 𝜂 𝜕𝑦2 𝑑Ʈ𝑢⃗𝑥
⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑Ʈ
= η 𝛥𝑣
⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝛥𝐴𝑥 𝑢
𝛥𝐴 ⃗ 𝑥 + 𝛥𝐴𝑦 𝑢
⃗ 𝑦 + 𝛥𝐴𝑧 𝑢
⃗𝑧
Remarque : Si le fluide n’est pas incompressible, l’expression de la force volumique de viscosité est plus
complexe.
2.2. L’équation de Navier-Stokes. 21
2.1.5 Forces extérieures
Considérons une particule de fluide de volume dτ . Cette particule subit de la part du fluide qui l’en- toure
les forces superficielles que sont les forces de pression et de viscosité. En plus de ces forces, d’autres
forces d’origine extérieure au fluide agissent sur chaque particule de fluide. Ces forces sont
proportionnelles au volume de la particule de fluide et s’écriront :
−
→ −−→
dF = fext dτ
→
−
Équation de Navier-Stokes : µ(
− −
→
On remarque qu’elle est non linéaire à cause de la présence du terme convectif ( →
−
v . ∇)→
v ; c’est ce
qui rend les problèmes de mécanique des fluides mathématiquement redoutables...
vitesses (3 composantes) −→
v (x, y, z, t). Il faut donc 4 équations ! l’équation de Navier-Stokes en
donne 3. La quatrième est donnée par l’équation de continuité div →−v = 0.
◦ le fluide est compressible (gaz en écoulement rapide) :
la masse volumique peut varier sous l’effet de la pression mais aussi sous l’effet de la chaleur.
En général le fluide possède une équation d’état locale µ(P (x, y, z, t), T (x, y, z, t)). Le problème
présente donc 6 inconnues scalaires : le champ de pression P (x, y, z, t), le champ des vitesses
(3 composantes) → −v (x, y, z, t) le champ µ(x, y, z, t) et la température T (x, y, z, t). Il faut donc 6
équations ! l’équation de Navier-Stokes en donne 3, la quatrième est donnée par l’équation de continuité
div(𝞺→−v ) + ∂t∂ 𝞺 = 0, la cinquième par l’équation d’état du fluide 𝞺(P, T ) et la cinquième par le
premier principe de la thermodynamique. Dans ce cas une bonne modélisation des transferts
thermiques est nécessaires ce qui rend le problème très ardu.
exemple : étudier une étoile ou la combustion d’une flamme nécessite ces 6 équations et surtout des
gros ordinateurs...
◦ Conclusion : on est souvent amené à approcher des solutions en négligeant des termes de l’équation
de Navier-Stokes pour se focaliser sur le phénomène essentiel.
2.2.3 Approximations
est un nombre sans dimension et s’appelle le nombre de Reynolds. Ce nombre joue un rôle très
important en mécanique des fluides car il permet de classifier les écoulements. On distingue deux
types d’écoulements :
− −
→ →
− −−→
𝞺 ( + (→
−
v. ∇)→
⃗
𝜕𝑣
v) = − ∇P + fext
𝜕𝑡
il s’agit de l’équation d’Euler qui est une équation différentielle du premier ordre. Si Re « 1 on
pourra négliger le terme convectif devant le terme de viscosité. On parlera d’écoulement laminaire
2.3. Conditions aux limites 23
𝜕𝑣⃗ −
→ ⃗⃗⃗⃗⃗ + −−→
𝞺 ( 𝜕𝑡 ) = − ∇P+η𝛥𝑣 fext
◦ Pour un fluide visqueux une discontinuité de vitesse tangentielle entraîne une contrainte infini. La
composante tangentielle doit donc être continu. Par exemple sur un obstacle fixe dans un fluide
visqueux, la vitesse d’écoulement sur la paroi doit être nulle.
◦ La composante tangentielle de la contrainte est continue entre deux fluides (elle est quelconque pour
une interface liquide solide)
24 Chapitre 2. Dynamique des fluides Newtoniens
Chapitre 3
Fluides en équilibre
→
−
f ext = 𝞺→
−
g
−
→ −
→
− ∇P + 𝞺→
−
g= 0
Un liquide peut, dans une première approximation, être considéré comme un fluide incompressible
=> µ ≈ Constante. Dans ce cas, l’équation précédente s’intègre sans difficulté :
25
26 Chapitre 3. Fluides en équilibre
Surface libre
isobares
Conséquences :
∆p1 = ∆p2
Applications :
◦ Mesure de pression : Par exemple le manomètre à liquide en U.
◦ le baromètre de Toricelli
Les gaz étant compressibles, il faut utiliser l’équation d’état ainsi que les principes de la thermodyna-
mique pour résoudre le problème.
Prenons l’exemple simple d’un gaz parfait dont la température est fixée. Ce modèle peut servir à traiter
l’atmosphère (modèle de l’atmosphère isotherme).
3.1. Fluide au repos dans un champ de pesanteur 27
z
P (z) = P0 exp[− ]
H
où H = RT
Mg
. La pression diminue de façon exponentielle à partir du sol.
Ce modèle grossier de l’atmosphère aux basses altitudes donne une hauteur caractéristique H ≈
8, 4km si l’on prend de l’air de masse molaire M = 29.10−3kg.mol−1 et T0 = 288K.
Traitons le cas d’un solide cubique d’arête a immergé dans un liquide (cf figure) et calculons la
résultante des forces de pression : Les forces de pression horizontales se compensent. Par contre les
forces verticales ne se compensent pas puisque la pression augmente avec la profondeur.
On obtient
Π = P2S − P1S = 𝞺gaS
3.2. Cas général 29
Applications :
Nous allons maintenant considérer le cas général d’un fluide au repos dans un champ de forces ex-
→
−
térieur de force volumique f ext . L’application de l’équation de Navier-Stokes donne, à l’équilibre
l’équation de l’hydrostatique :
Un flacon cylindrique ouvert, contient un liquide de masse volumique µ. On fait tourner le flacon
autour de son axe avec la vitesse angulaire ω. Ce liquide n’est pas en équilibre dans le référentiel du
laboratoire. Cependant, après un régime transitoire qui dépend de la viscosité du liquide, le liquide
tourne de façon solide à la même vitesse angulaire que le cylindre. Ainsi, dans le référentiel lié au
cylindre, le liquide est au repos.
Bilan des forces : Le référentiel n’étant pas galiléen, il ne faut pas oublier les forces d’inertie :
◦ La force de Coriolis est nulle car la vitesse est nulle.
−
→
◦ La force d’entraînement (ou force centrifuge) vaut f ie = µρω 2 →
−
u ρ.
◦ La force volumique de pesanteur vaut −
→
p = 𝞺→
−
g
30 Chapitre 3. Fluides en équilibre
→
− →
−
𝞺ρω 2 →
−
u ρ + 𝞺→
−
g − ∇P = 0
ce qui donne :
𝞺 ρ2 ω 2
P (ρ, z) = − 𝞺gz + C
2
⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑Ʈ
⃗ = ∭ −𝛻𝑝
𝛱 𝑣
−
→ →
− →
−
et comme à l’équilibre f ext − ∇P = 0 on obtient :
⃗ = − ∭ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝛱 𝑓 𝑑Ʈ
→ 𝑣 𝑒𝑥𝑡
Nous allons étudier les écoulements pour lesquels les forces de viscosités sont négligeables. On parle
alors de fluide non dissipatif ou parfait.
Le théorème de Bernoulli énoncé en premier par Daniel BERNOULLI1 , est une équation intégrale de
l’équation de NAVIER-STOKES qui exprime la conservation de l’énergie (cf. Annexe).
1Daniel Bernoulli (Groningue 9 février 1700 - Bâle 17 mars 1782) est un médecin, physicien et mathématicien suisse.
C’est le fi ls de Jean Bernoulli et le neveu de Jacques Bernoulli.
Il cultiva à la fois les sciences mathématiques et les sciences naturelles, enseigna les mathématiques, l’anatomie, la
botanique et la physique. Ami de Leonhard Euler, il travaille avec lui dans plusieurs domaines des mathématiques et de la
physique ( il partagea avec lui dix fois le prix annuel de l’Académie des sciences de Paris), qu’il s’en fi t une sorte de revenu. Les
différents problèmes qu’il tente de résoudre (théorie de l’élasticité, mécanisme des marées) le conduisent à s’intéresser et
développer des outils mathématiques tels que les équations différentielles ou les séries. Il collabore également avec Jean le
Rond d’Alembert dans l’étude des cordes vibrantes.
Il passe quelques années à Saint-Pétersbourg comme professeur de mathématiques mais l’essentiel de sa carrière se
déroule à l’université de Bâle où il enseigne successivement l’astronomie, la médecine et la philosophie. Il fut comme son
père, membre des Académies de Paris, de Berlin, de Londres et de Saint-Pétersbourg.
Il publie en 1738 :
◦ Son ouvrage Hydrodynamica (Strasbourg, 1738, in-4) dans lequel il expose le théorème fondamental de la mécanique
des fluides qui porte son nom : le théorème de Bernoulli.
◦ et aussi une ń Théorie sur la mesure du risque ˙z, dans laquelle le Paradoxe de Saint-Pétersbourg - né de discussions
entre lui et son frère Nicolas - fut à la base de la théorie économique et fi nancière de l’aversion au risque, la prime de risque
et l’utilité.
33
34 Chapitre 4. Théorèmes de Bernoulli - Applications
η = 0. De plus, nous supposerons que les forces volumiques extérieures dérivent d’une énergie
potentielle :
−−→ →
−
fext = − ∇ep
Par exemple, pour un fluide dans un champ de pesanteur uniforme, ep = 𝞺gz.
−
→ →
− −−→
𝞺(→
−
v . ∇)→
−
v = − ∇P + fext
− −
→ →
− 2 −→ − →
or (cf. annexe A.1.5) (→
−
v . ∇)→
v = ∇ v2 + rot →
v ∧−
v d’où l’équation :
𝑣2 −
ρ(𝛻⃗ ⃗⃗⃗⃗ 𝑣 ) = −𝛻⃗𝑝 + −𝛻⃗𝑒𝑝
⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑣
+ 𝑟𝑜𝑡
2
−
→
Multiplions l’équation par le déplacement infinitésimal dl = →
−
v .dt le long d’une ligne de
courant ; on obtient :
→ −→ →
− →
− → − v2 v2
dl.(rot −
v ∧→
−
v ) = 0 = − dl . ∇(P + 𝞺 2 + e p) = −d(P + 𝞺 2 + e p)ligne
v2
v2
Remarques :
◦ D’une ligne de courant à l’autre, c’est la valeur de la constante qui change. De plus l’utilisation
duthéorème de Bernoulli exige de connaître la forme des lignes de courant.
v2
◦ La conservation de la quantité P + 𝞺 2 + 𝞺gz exprime la conservation de l’énergie le long d’une
ligne de courant (cf. annexe) :
Formule de Torricelli :
Considérons un réservoir cylindrique rempli d’un liquide dans lequel on perce un orifice. La formule
de Torricelli relie le débit d’écoulement avec la hauteur de liquide h.
v0
On remarquera que la vitesse à la même expression que celle de la chute libre d’un point matériel dans
le champ de pesanteur. Le débit volumique d’écoulement vaut donc :
QV = sv = 𝑠√2𝑔ℎ
(formule de Toricelli)
Remarques :
◦ En pratique cette formule est applicable à condition que h soit grand devant la taille de l’orifice
36 Chapitre 4. Théorèmes de Bernoulli - Applications
◦ En pratique, le jet de sortie est contracté. La section efficace de sortie est donc plus petite que la
section de l’orifice : Si l’on veut tenir compte de ce phénomène il faut remplacer s par αs où αest
le coefficient de contraction.
Effet venturi :
Le tube de venturi est un tube horizontal qui présente un étranglement. Lors d’un écoulement station-
naire, la conservation du débit impose une augmentation de vitesse au niveau de l’étranglement et la
relation de Bernoulli impose alors une dépression au même niveau.
Conséquences :
◦ Artériosclérose
◦ Incidents maritimes par effet venturi
◦ Applications :
– La trompe à eau des chimistes.
– Le pulvérisateur
Tube de pitot :
Le tube de Pitot permet la mesure de la vitesse d’écoulement d’un gaz subsonique (v « cson). On peut
en effet le considérer incompressible dans ce cas. On pratique dans un tube un orifice de prise de
pression en A et en B. Le point A est un point d’arrêt car la vitesse est nulle (il n’y a pas d’écoulement
dans l’orifice, c’est juste une prise de pression). Loin de l’obstacle (le tube de pitot) l’écoulement est
supposé uniforme de vitesse v et de pression P0. En B la pression vaut P0 car les lois de l’hydrostatique
s’appliquent dans une direction perpendiculaire à un écoulement parallèle permanent incompressible
(cf. exercice). En A (point d’arrêt), en utilisant la relation de Bernoulli, la pression vaut
En B, PB = P0. d’où
2(𝑝𝐴 − 𝑝𝐵
𝑣=√
µ
Exemple : Une vitesse v = 10m.s−1 donne naissance à une différence de pression ∆P = 60Pa = 0, 6mbar
(l’air à une masse volumique µ ≈ 1, 2 kg.m−3 )
→ →
− −
→
∇∧−
v ≠ 0
→ 1→
− − −
Ω = 2∇ ∧ →
v
(a) Champs de vorticité montrant des cyclones in- (b) Vortex de sillage.
tenses dans un ecoulement
Montrons une propriété des fluides parfaits. Si l’on prend le rotationnel de l’équation d’Euler on
obtient, dans le cas où le champ de force extérieur dérive d’une énergie potentielle et sachant que le
38 Chapitre 4. Théorèmes de Bernoulli - Applications
−
→ →
−
ce qui implique que lorsque le fluide est, à un instant donné, irrotationnel (Ω = 0 partout) il le reste
⃗
𝜕Ω
⃗ ).
( 𝜕𝑡 = 0 Autrement dit un fluide parfait initialement sans vorticité ne peut pas devenir rotationnel.
C’est grâce à la viscosité que les tourbillons apparaissent.
Lorsque l’écoulement est irrotationnel, le champ des vitesses dérive d’un gradient (le rotationnel d’un
gradient est nul) :
− →
→ − − →
→ −
∇ ∧− v= 0⇒→ v = ∇Φ (− →r , t)
où Φ est le potentiel des vitesses.
→
−
∇f (x, y, z)
Rappel : Les surfaces de niveau d’un champ scalaire f (x, y, z) sont per-
Ainsi, à un instant t fixé, les lignes d’écoulement sont perpendiculaires aux surfaces Φ = Cte.
exemples :
ΔΦ = 0
le potentiel des vitesses obéit à l’équation de Laplace. Il y a donc une analogie possible entre un
écoulement potentiel et un problème électrostatique dans le vide : Rappelons que dans le vide, le
potentiel électrostatique obéit à l’équation de Laplace. De plus, on montre en mathématique que la
solution de l’équation de Laplace muni d’un jeu de conditions aux limites, est unique : Si on
trouve une solution compatible avec les conditions aux limites cette solution est la bonne ! (d’où la
technique des images électriques employée en électrostatique)
4.3. Théorème de Bernoulli généralisé 39
𝑣2 𝜕Φ
𝑝+ρ + 𝑒𝑝 + ρ = 𝐶(𝑡)
2 𝜕𝑥
Lorsqu’un fluide s’écoule dans un système de conduites, il traverse des machines hydrauliques avec
lesquelles il peut échanger de l’énergie :
Si l’on note P la puissance échangée avec le fluide, on a P > 0 pour les pompes et P < 0 pour les
turbines. L’énergie que reçoit 1m3 de fluide pendant 1s vaut :
𝑝(𝑗. 𝑠 −1 )
𝑤(𝑗. 𝑚−3 ) =
𝑄𝑣 (𝑚3 . 𝑠 −1 )
L’équation de Bernoulli se généralise et l’on obtient pour un écoulement 1 → 2 :
𝑣1 2 𝑝 𝑣2 2
𝑝1 + ρ + ρ𝑔𝑧1 + = 𝑝2 + ρ + ρ𝑔𝑧2
2 𝑄𝑣 2
Un fluide parfait n’existe pas. Lors d’un écoulement dans une conduite, les forces de frottement dis-
sipent une partie de l’énergie cinétique et potentielle ce qui se traduit par l’existence de « pertes de
charges » dont il s’agit de tenir compte .
P 1 = P2
Or, expérimentalement, on observe qu’il faut imposer une pression plus importante en entrée pour
entretenir le régime permanent. En effet, les forces de viscosité résistent à l’écoulement. Il faut donc
40 Chapitre 4. Théorèmes de Bernoulli - Applications
pompe sens de
l’écoulement
FIG. 4.4 – schéma d’un écoulement stationnaire possible avec une pompe.
imposer une surpression ∆Pf que l’on appelle perte de charge en pression et qui est due à l’existence
de forces de frottements (viscosité)
1. Les pertes charges en longueur droite dites pertes de charge régulières : Ce sont donc les pertes
dues aux frottements le long du trajet. On verra dans le chapitre suivant une relation entre la perte
en pression et le débit. On notera ∆Pr la perte de charge régulière.
2. Les pertes singulières : dans un circuit, la présence de coudes, de robinets, de vannes, de mo-
difications brutales de sections produit des pertes de charge dites singulières. On notera ∆Ps la
perte de charge singulière.
En conclusion, pour diminuer l’ensemble des pertes de charge dans une canalisation, afin de diminuer
les coûts de fonctionnement dus aux pompes, il faut, quand c’est possible :
Lorsque l’on veut tenir compte des pertes de charge et de l’échange d’énergie avec des machines
hydrauliques on doit modifier l’équation de Bernoulli et l’écrire sous la forme :
𝑣1 2 𝑝 𝑣2 2
𝑝1 + ρ + ρ𝑔𝑧1 + = 𝑝2 + ρ + ρ𝑔𝑧2 + 𝛥𝑝𝑓
2 𝑄𝑣 2
Remarque : Dans les problèmes de conduites, on utilise souvent l’approximation des écoulement
unidimensionnels, approximation qui revient à confondre la vitesse avec la vitesse moyenne sur
une section droite de la conduite. Cette approximation produite des erreurs sur l’expression de
l’énergie cinétique. On utilise alors un coefficient correctif pour exprimer l’énergie cinétique
volumique : 1
𝑒𝑐 = 𝛽ρ𝑣̅ 2
2
Écoulements visqueux
5.1.1 Présentation
On s’intéresse à l’écoulement stationnaire d’un fluide visqueux incompressible dans un long tube
cylindrique de rayon R et de longueur L » R. Le tube est horizontal (orienté suivant Oz) et l’écoule-
ment est assuré grâce à l’existence d’une différence de pression ∆P entre l’entrée du tube et la sortie
du tube. On supposera de plus que l’écoulement est laminaire (Re < 2000)
L
v()
v()
FIG. 5.1 – Écoulement de poiseuille. Le champ de vitesse n’est pas uniforme dans le tuyau.
Invariances du problème : le problème est invariant vis à vis d’une rotation d’axe Oz, le problème
43
44 Chapitre 5. Écoulements visqueux
est donc indépendant de l’angle ϕ (angle du système cylindrique). Le champ de vitesse ne dépend
donc que de la distance à l’axe et de la cote z. La force de pression étant suivant Oz, on suppose que
l’écoulement est laminaire et parallèle à Oz :
→
− →
−
v = vz (ρ, z) k
Enfin, on sait (cf. exercice 1 du chapitre précédent) que les lois de l’hydrostatique peuvent s’appliquer
dans une direction perpendiculaire à l’écoulement. Or si l’on considère un tuyau de petite section on
pourra négliger 𝞺gR devant P1 ou P2 de telle sorte que l’on peut affirmer que la pression ne dépend
pas de ρ. Ceci revient à négliger la pesanteur.
5.1.2 Loi de Poiseuille
→
− →
−
v = vz (ρ) k
∂P
∂ρ =0
∂P
ρ∂ϕ =0
𝑑𝑝 1 𝑑 𝑑𝑣𝑧
=𝜂 (𝜌 )
𝑑𝑧 𝜌 𝑑𝜌 𝑑𝜌
Ainsi, la pression ne dépend que de z. Le terme de gauche de la dernière équation dépend dez alors
que le terme de droite dépend de ρ : ces deux termes sont donc constants et la pression varie
linéairement avec z. Ainsi on a 𝑑𝑝 𝛥𝑝 1 𝑑 𝑑𝑣𝑧
=𝐾= =𝜂 (𝜌 )
𝑑𝑧 𝐿 𝜌 𝑑𝜌 𝑑𝜌
5.1. Écoulement de poiseuille. 45
∆P 2
vz (ρ) = (ρ − R2)
4ηL
On obtient un profil de vitesse parabolique. La vitesse est maximale sur l’axe et nulle sur les
parois.
La formule de poiseuille relie le débit volumique avec la différence de pression imposée. Cal-
culons le débit volumique : 𝑅 π𝑅4 𝛥𝑝
𝑄 = ∬ 𝑣 𝑑𝑆 𝑛⃗ = ∫0 𝑣𝑧 (𝜌)2π𝜌𝑑𝜌 = (formule de poiseuille)
8𝜂 𝐿
Application : mesure de la viscosité : Dans un large réservoir, on place un liquide de masse vo-
lumique µ. On fixe au fond du récipient un long tube fin horizontal (longueur L rayon R) : les
forces de viscosités sont prépondérantes ici, l’écoulement est très lent (goutte à goutte). La
mesure du débit permet de calculer la viscosité η.
◦ En appliquant Bernoulli dans le réservoir (les forces de viscosité n’interviennent pas là) on obtient
.∆P = 𝞺gh − 12 𝞺v2 ≈ 𝞺gh.
◦ La loi de poiseuille donne
πR4 𝞺gh πR4 𝞺gh
Q= ⇒η=
8η L 8Q L
−3
◦ exemple : pour une huile : 𝞺 = 860 kg.m , h = 0, 3 m, R = 2mm, L = 0, 15 m et on mesure un
débit Q = 53 mL/min. D’où
π ∗ (2.10−3)4860 ∗ 9.8 ∗ 0, 3
η= = 0, 12 P a.s
8 ∗ (53.10−6 /60) ∗ 0.15
46 Chapitre 5. Écoulements visqueux
Utilisons le résultat de Poiseuille pour exprimer la perte de charge en faisant intervenir le diamètre D,
la longueur L, la vitesse moyenne ainsi que la masse volumique et le nombre de Reynolds :
8ηL ηL ηL
∆P = Q = 8v̄ = 32v̄
πR4 R2 D2
Or le nombre de Reynolds de cet écoulement laminaire s’écrit :
𝞺v̄D 𝞺v̄D
Re = ⇒η=
η Re
d’où finalement : 64 1 2 𝐿
𝛥𝑝𝑟 = ρ𝑣
𝑅𝑒 2 𝐷
De manière générale, une analyse dimensionnelle montre que l’on peut écrire la perte de charge régu-
lière sous la forme : 1 𝐿
𝛥𝑝𝑟 = 𝑓(𝑅𝑒 ) ρ𝑣 2
2 𝐷
où f est le coefficient de perte de charge régulière. Ce coefficient est sans dimension et dépend du
régime d’écoulement ainsi que de la nature du matériaux utilisé (notamment de sa rugosité relative
E
D ).Le diagramme de Moody (fourni en annexe) donne ce coefficient de perte de charge régulière f
en fonction du nombre de Reynolds et du coefficient de rugosité relative E/D.
De la même manière, on peut exprimer les pertes de charges singulières comme suit :
1 2
𝛥𝑝𝑠 = 𝜉 ρ𝑣𝑖𝑛𝑐
2
où ξ est le coefficient de perte de charge singulière et vinc est la vitesse moyenne incidente du fluide
arrivant sur l’obstacle. ξdépend de la forme de l’obstacle.
Remarque : Dans l’expression du nombre de Reynolds pour une conduite non circulaire, il est
4∗𝑎𝑖𝑟𝑒
d’usage d’utiliser le diamètre hydraulique DH = 𝑝é𝑟𝑖𝑚é𝑡𝑟𝑒.
La force de traînée est la force de frottement que produit l’écoulement d’un fluide autour d’un obstacle.
Lorsque cette force est dans le sens de l’écoulement on parle de force de traînée ; Lorsqu’elle est
perpendiculaire on parle de force de portance. Il s’agit ici de trouver les paramètres pertinents qui
interviennent dans l’expression de la force de traînée.
5.2. Force de traînée sur un obstacle 47
Considérons par exemple, une sphère en mouvement uniforme dans un fluide. Il faut tout d’abord
préciser que la viscosité est essentielle pour justifier l’existence d’une force de frottement. Si le fluide
est parfait il n’y a pas de traînée car les couches de fluide glissent sur l’obstacle. Les paramètres
pertinents sont donc η, v la vitesse de l’obstacle, d le diamètre de l’obstacle, µ la masse volumique du
fluide. On définit le nombre de Reynolds Re = µvd η
. Il y a donc 4 variables indépendantes qui sont v ,
d, µ et Re. La force de traînée est donc fonction de ces quatre variables : F (v, d, 𝞺, R e )
F peut se mettre sous la forme
F = f (Re)𝞺αdβvγ
De manière générale, pour un obstacle quelconque, on écrira la force de traînée sous la forme :
1
F = 𝞺v2sCx (R e)
2
où s est la surface frontale (surface projetée suivant la trajectoire du fluide sur un plan perpendiculaire
à cette trajectoire) et Cx le coefficient de traînée (sans dimension) qui dépend du nombre de Reynolds
, de la forme de l’obstacle et de sa rugosité (par exemple une balle de golf a un Cx plus petit que celui
d’une balle lisse de même diamètre).
Calculer la fonction Cx (Re) n’est pas simple surtout lorsque Re est grand. Expérimentalement on
observe que la fonction Cx (Re) est grossièrement décroissante et qu’elle est quasi-constante pour
Re > 106 (pour une voiture roulant à 100 km/h Re ≈ 107). Le problème a été résolu dans le cas de la
sphère lorsque Re < 1.
Stokes a résolu le problème de la sphère dans le cas où l’écoulement est essentiellement gouverné par
la viscosité c’est à dire pour Re petit. Il obtient :
→
−
F = −6πηr →
−
v (formule de Stokes)
Attention, cette loi ne s’applique que pour les petites vitesses et des petites sphères ! !
Application en géologie :
décantation de l’argile : si vous mélangez de l’argile constitué de grains que l’on considérera sphé-
riques dans l’eau et que vous laissez reposer : les grains vont décanter c’est à dire sédimenter au fond
du récipient. Le temps de décantation donne un renseignement sur la taille des grains. En effet
48 Chapitre 5. Écoulements visqueux
les grains tombent à une vitesse constante pour laquelle la poids apparent (poids moins la poussée
d’Archimède) compense la force de traînée :
4
6πηrv = =3 𝜋𝑟 3 (ρ𝑠 − ρ𝑙 )𝑔
2
d’où 𝑣= (ρ𝑠 − ρ𝑙 )𝑟 2
9𝜂
Décrivons quelques expériences qui ne peuvent pas s’interpréter avec les lois que l’on connaît jus-
qu’ici.
Exp 1 : Déposons une goutte de liquide sur un support plan. D’après les lois de l’hydrostatique, la
surface libre devrait être une surface plane. Or, en général, le liquide adopte la forme décrite sur
la figure 6.1 .
Exp 2 : Plongeons des tubes cylindriques de petit diamètre dans un liquide. On remarque une ascen-
sion , dite ascension capillaire, d’autant plus importante que le tube est fin (cf. figure 6.2). Là
aussi le phénomène est en contradiction avec la loi de l’hydrostatique.
49
50 Chapitre 6. Phénomènes de tension de surface
Tubes capillaires
ascension capillaire
Exp 3 : Posons délicatement une aiguille métallique à la surface de l’eau. Si elle est suffisamment
fine, elle flotte sur l’eau ce qui est en contradiction avec le principe d’Archimède (cf. figure 6.3).
Exp 4 : Formons des films d’eau savonneuse s’appuyant sur un contour (cf. figure 6.4). Les films
semblent produire une surface qui a la propriété de posséder une aire minimale. Cette propriété
ne découle pas des lois jusqu’ici rencontrées.
FIG. 6.4 – Film de savon s’appuyant sur deux cercles métalliques pour former une caténoïde.
Toutes ces expériences montrent qu’il y a une propriété des liquides qui a été omis jusqu’ici. En fait
cette propriété ne concerne que l’interface entre deux fluides ou entre un fluide et un solide mais
6.1. Notion de tension superficielle 51
n’intervient pas au sein d’un fluide. Il s’agit de la tension superficielle ou tension de surface.
La tension superficielle a pour origine l’anisotropie des forces d’interaction moléculaire. En effet,
considérons une interface (S) séparant deux fluides non miscibles F1 et F2(liquide-vapeur ou liquide
-liquide). Au sein d’un fluide, les molécules subissent des interactions attractives à courte portée
(Van der Waals et éventuellement liaisons Hydrogènes). Appelons E1 l’énergie d’interaction entre
Interaction :
Fluide 1/interface
Fluide 2
Fluide 2/interface
Fluide 1
Interface 1−2
(S)
FIG. 6.5 – Interaction avec son environnement, d’une particule de fluide appartenant au fluide 1 et
située à l’interface (S).
une molécule de F1 et une autre molécule de F1 et E12 l’énergie d’interaction entre deux particules
différentes situées à l’interface. Si N est le nombre de molécule et NS le nombre de molécule à
l’interface, l’énergie du liquide F1 vaut
E1 = (N − Ns )ϵ1 + Ns ϵ12 = N ϵ1 + ES
où ES = NS (ϵ12 − ϵ1 ) représente l’énergie de l’interface. Cette énergie est liée à l’anisotropie des
forces d’interaction moléculaire. Le terme E12−E1 est positif sinon il y a miscibilité (les molécules de F1
n’ont pas d’affinité avec celle F2 et préfèrent être entourées de molécules identiques => ϵ12 > ϵ1).Enfin
le nombre de molécules à l’interface augmente avec la surface. Ainsi l’énergie inter-faciale est
proportionnelle à la surface
ES = γS
où γ est par définition la tension superficielle. Cette grandeur positive caractérise l’interface et s’ex-
prime en J/m2 .
Conséquences :
52 Chapitre 6. Phénomènes de tension de surface
◦ augmenter la surface d’un liquide coûte de l’énergie : Ainsi un liquide adoptera une forme
qui minimise la surface compte tenu des contraintes ; si les seules forces sont les forces de
tensions superficielles alors on montre que pour un volume donné la surface qui minimise
l’énergie est une sphère. Par exemple une goutte d’huile dans un liquide de masse volumique
identique sera sphérique.
◦ on montre aussi que deux gouttes sphériques auront intérêt à former une goutte plus grosse.
Ainsi quand on agite énergiquement un mélange eau-huile on obtient une émulsion de petites
gouttes d’huile dans l’eau. Cette émulsion est instable : les petites gouttes coalescent (on
parle du phénomène de coalescence) et l’on obtient après un certain temps de l’huile avec de
l’eau au dessous.
Considérons un film de liquide sur un cadre rectangulaire dont un des coté est mobile. Le liquide
cherchant à minimiser sa surface, il faut exercer une force sur la tige mobile pour maintenir la surface
constante. Appliquons la méthodes des travaux virtuels pour calculer la force qu’exerce le fluide. Pourun
déplacement quasi-statique dx on a :
δW = −f dx = −dES = −γ2ldx
où le facteur 2 provient du fait qu’il s’agit d’une lame double (deux interfaces liquide-gaz), et où l
désigne la longueur de la tige. On obtient ainsi :
f
γ=
2l
La tension superficielle est donc une force par unité de longueur. On peut donc exprimer γ en N.m−1.
De façon général, si l’on considère une interface entre deux fluides et que l’on
isole un élément de surface délimité par un contour (C), chaque portion dl du
circuit (C) sera soumis à une force df perpendiculaire à dl et tangent à
l’interface telle que
df = γdl
Mesure : une méthode souvent employée pour les liquides est la méthode par arrachement. On plonge
un anneau lisse dans le liquide à étudier et l’on soulève l’anneau. On soulève ainsi un film qui
6.1. Notion de tension superficielle 53
s’appuie sur l’anneau. On mesure la force qu’exerce l’interface à l’aide d’un dynamomètre.
Cette force est maximale quand le poids et la force de tension superficielles sont parallèles. Elle
dynamometre
anneau
liquide
boy
vaut :
F = mg + 2π(r1 + r2)γ ≈ 2πr(r2 − r1)hµg + 4πrγ
si r1 ≈ r2 = r.
Ordre de grandeur : à température ordinaire, pour les liquides, la tension superficielle vaut quelques
mJ/m2 (cf.tableau)
◦ la température ; γ diminue quand la température augmente. En général on utilise une loi phénomé-
nologique linéaire
γ = γ0(1 + aθ)
avec a < 0.
◦ la présence de tensions actifs : la tension superficielle diminue fortement en présence de tensio-
actifs.
54 Chapitre 6. Phénomènes de tension de surface
Un petit contour circulaire pris dans la surface libre plane d’un liquide en équilibre est soumis à des
forces de tension superficielle situées dans son plan et dont la résultante est nulle. Par contre, pour une
surface sphérique, les forces exercées sur ce même contour ont une résultante orientée vers l’intérieur
de la sphère ; il faut donc une surpression ∆P pour que l’équilibre existe. On voit immédiatement que plus
la courbure est importante et plus ∆P sera grand.
f2
dx
Pint Pext
dy
la loi :
∆P = 2γ( +
∆P = γ( +
Applications : Dans la loi de Laplace, R1 et R2 sont les rayons de courbures principaux. dans le cas
d’une sphère ces deux rayons sont égaux aux rayon de la sphère. Ainsi pour une bulle de savon
sphérique la différence de pression entre l’intérieur et l’extérieur vaut
4γ
∆P = Pint − Pext =
R
et pour une pour une bulle de gaz dans un liquide
2𝛾
∆𝑝 =
𝑅
Ainsi la pression est plus importante dans les petites bulles.C’est ce qui explique le phénomène
de mûrissement d’une mousse : dans une mousse (mousse de bière par exemple) le gaz contenu
dans les petites bulles traversent la membrane liquide (diffusion des gaz à travers les mem-
branes) pour se diriger dans les zones de moins grande pression, c’est-à-dire, dans les grosses
bulles. Les petites bulles se vident donc dans les grosses, la mousse s’enrichit en grosses bulles.
Surface minimale : quand on trempe une structure métallique dans une eau de savon, on ob-
tient une surface minimale (l’interface va chercher a minimiser l’énergie superficielle) qui a la
propriété suivante : si la surface est ouverte, ∆P = 0 et donc
1 1
+ =0
R1 R2
On dit que la courbure moyenne est nulle. Dans la plupart des cas on obtient des lames planes
qui forment une surface minimale (R1, R2 → ∞). On peut aussi obtenir des lames avec deux
rayons de courbures opposées (exemple de la caténoïde observée sur la figure 6.4)
Description : quand on plonge un capillaire propre (tube étroit de rayon r) dans de l’eau, on observe
l’ascension d’une colonne d’eau dans le capillaire malgré la pesanteur (cf. schéma 6.2). Cette
ascension est d’autant plus importante que le rayon est petit.
On peut utiliser le théorème de Laplace pour démonter la loi de Jurin (cf. annexe) :
2𝛾 cos 𝜃 1
ℎ=
µ𝑔 𝑟
Exemple : pour l’eau dans un tube de verre propre l’angle de raccordement vaut 0 (l’eau mouille le
tube). Si r = 0, 01 mm on obtient
2𝛾 1
ℎ = ρ𝑔 𝑟 = 1,5𝑚k
56 Chapitre 6. Phénomènes de tension de surface