M Ecanique Des Fluides
M Ecanique Des Fluides
M Ecanique Des Fluides
Yann MARCHESSE
Département de Génie Énergétique et Mécanique
École Catholique d’Arts et Métiers - Lyon
1 Définitions et rappels . . . . . . . . . . . 3
1.1 Généralités 3
1.2 Conservation de la masse 7
1.3 Bilan de quantité de mouvement 9
1.4 Théorème de Bernoulli 12
1.5 Pertes de charge 13
1.6 Mesure du débit dans les conduites 18
1.7 Exercices 22
Définitions et rappels
Le but de ce chapitre est d’une part de rappeler les deux expressions mathématiques
obtenues par application de la conservation de la masse et du bilan de quantité de mou-
vement, deux principes fondamentaux de la mécanique des fluides. Ces expressions seront
écrites sous les formes intégrales et locales. On rappellera ensuite le théorème de Bernoulli
utile à toute étude d’écoulements dans les canalisations. Enfin, le phénomène de pertes
de charge sera abordé. Toutes ces notions seront utilisées par la suite dans le document.
On attachera une importance non négligeable aux équations de conservations de masse
et de quantité de mouvement, celles-ci après quelques hypothèses avérées se déclinant en
de multiples expressions non moins utiles. Notons qu’écrire ces grands principes est une
première étape, les comprendre en est une autre. En effet, la théorie insuffisante pour
construire des machines permet au moins de s’en servir intelligemment et les transformer
si besoin est.
1.1 Généralités
Cette partie présente brièvement quelques aspects liés à la physique des écoulements.
Ceci nous permettra essentiellement de définir le concept de particule fluide basé sur
l’hypothèse d’un milieu continu. Celle-ci est très utile car le mouvemement d’un fluide
peut alors être décrit sans faire l’analyse détaillée de la dynamique des particules discrètes
qui le composent.
4 Définitions et rappels
Hypothèse de continuité : les propriétés d’un milieu, qu’il soit solide ou fluide, ne
sont pas uniformément distribuées. Cette distribution apparaı̂t d’autant moins uniforme
que l’échelle d’observation est petite. Dans le cadre de notre étude, on se place à une
échelle telle qu’un élément de volume appelé particule fluide, suffisamment petit pour
que la mesure puisse être considérée comme locale, soit suffisamment grand pour contenir
un grand nombre de molécules. La matière apparaı̂t alors comme un milieu continu.
Les quantités associées à la matière, telles que la vitesse, la pression et la température
sont considérées comme réparties sur tout le domaine d’étude. On les représente par
des fonctions continues. L’hypothèse d’un milieu continu ne permet donc pas l’étude
des écoulements à basse densité, des écoulements à travers les milieux poreux et des
phénomènes d’ondes de choc (ceux-ci se caractérisant par des discontinuités des propriétés
de l’écoulement telles que la température, la pression,...).
Homogénéité et isotropie : une spécificité du fluide est d’être un état condensé mais
désordonné de la matière. Il est alors naturel de supposer ses propriétés physiques comme
étant identiques en tout point du domaine d’étude (homogénéité) et demeurant indépendan-
tes d’un changement de direction (isotropie).
Le tenseur des contraintes rassemble tous les efforts s’exerçant sur les surfaces des parti-
cules fluides 1 . Ces contraintes sont caractérisées par des efforts normaux liés à la pression,
et tangents à la surface appelées contraintes de cisaillement.
1. À ces efforts, il faut rajouter ensuite les efforts s’appliquant sur le volume de la particule fluide (les
efforts de pesanteur par exemple).
Généralités 5
2. Afin de satisfaire certaines conditions mathématiques sur ce tenseur, celui-ci s’écrit τij =
∂u
µ ∂x∂ui
j
+ ∂xji + λ ∂u
∂xk δij . L’hypothèse de Stokes entraı̂ne la relation 3λ + 2µ = 0. Insistons sur le fait
k
qu’il s’agit d’une pure hypothèse qui est conservée car confirmée par de nombreuses expériences.
6 Définitions et rappels
Notons en premier lieu qu’un fluide au repos ne présente aucune contrainte visqueuse (i.e.
τ = 0), son champ de vitesse étant nul. D’autre part, les contraintes normales et de ci-
saillement dépendent du gradient de vitesse de l’écoulement, et non pas de la vitesse seule.
Ainsi, des couches de particules fluides ayant une vitesse relative non nulle présenteront
des échanges de quantité de mouvement entre elles (i.e. les plus rapides auront tendance
à accélérer les plus lentes, et inversement les plus lentes auront tendance à freiner les plus
rapides). Nous allons l’illustrer sur un exemple donné sur la figure 1.1. Considérons un
écoulement caractérisé par le champ de vitesse suivant :
→
−
V = u(y)−
→
x
On s’intéresse aux efforts visqueux exercés par les particules situées au-dessus d’un élément
de surface dS de vecteur normal sortant unitaire − →
n (= − →y d’après la figure). Ces efforts
s’écrivent d’après les relations précédentes :
−→
dF = τ −
→
y dS
∂v ∂u − → ∂v −
→ ∂v ∂w − →
= µ + x +2 y + + z dS
∂x ∂y ∂y ∂z ∂y
Dans la plupart des écoulements visqueux, les contraintes normales (i.e. τ11 ,
τ22 , et τ33 ) sont faibles devant les contraintes de cisaillement et sont la plupart
du temps négligées. Les contraintes normales peuvent devenir très importantes
lorsque le gradient longitudinal de la vitesse est grand, ceci est le cas dans les
ondes de choc.
− −−→
→
V + ∆V
−
→
n
−
→
y dS Figure 1.1: Mise en évidence des
−
→ −→ efforts de viscosité exercés par des
x dF particules fluides sur un domaine
−
→ −
→ caractérisé par un vecteur normal
z V
unitaire sortant à sa surface.
Conservation de la masse 7
Tenseur des contraintes : comme nous l’avons dit plus haut, on note des efforts de
pression, ainsi que des efforts liés à la viscosité du fluide. On écrira alors le tenseur des
contraintes :
∂ui ∂uj 2 ∂uk
σij = −pδij + µ + − µ δij (1.5)
∂xj ∂xi 3 ∂xk
Rappelons que le fluide newtonien est caractérisé par un taux de déformation linéaire avec
la contrainte de cisaillement (cf. relation 1.2).
La suite du document présente l’application de deux principes fondamentaux sur
des volumes de contrôle ou sur des volumes élémentaires, conduisant à des expressions
intégrales ou locales. Un volume de contrôle est de taille assez importante pour contenir
beaucoup de fluide, alors que le volume élémentaire est par définition plus petit, et n’au-
torise donc pas de bilan intégral. Il ne s’agira néanmoins que de plusieurs écritures de la
“même” équation.
Surface S Surface S
V V −
→
V
(a) (b)
Figure 1.2: Représentation d’un volume de contrôle. Dans le cas (a), le volume de
contrôle est fixe et est traversé par le fluide en mouvement ; dans le cas (b),
le volume de contrôle est en mouvement, et est alors constitué des mêmes
particules fluides.
Si maintenant, ce volume de contrôle est animé d’une vitesse identique à celle du fluide,
sa masse reste constante au cours de son mouvement. Cette observation fait appel à la
dérivée particulaire, notée D/Dt, telle que
D ∂ → −−→
−
= + V .grad (1.7)
Dt ∂t
La conservation de la masse s’écrit alors :
D
Z
ρdv = 0 (1.8)
Dt
Dt
avec l’indice t pour rappeler le fait que le volume de contrôle est en mouvement, et peut
donc voir sa forme évoluer au cours du temps.
Les relations mathématiques (1.6) et (1.8) sont des écritures intégrales du principe de
conservation de la masse. Des écritures locales peuvent être atteintes en considérant un
volume élémentaire au lieu d’un volume de contrôle.
Considérons maintenant un volume élémentaire dV de dimension dx×dy×dz (Fig. 1.3)
et fixe dans l’espace. Le bilan du débit massique sur toutes ses surfaces permet d’écrire
une première forme locale de la conservation de la masse :
∂ρ ∂
+ (ρuj ) = 0 (1.9)
∂t ∂xj
Si maintenant ce volume élémentaire suit le mouvement du fluide, la dérivée particulaire
va intervenir. Il vient :
Dρ ∂uj
+ρ =0 (1.10)
∂t ∂xj
y
x
z
dy
dz
Dρ → ∂ρ −
− → −−→ → ∂ρ
− −
→
+ ρ × div V = + V .gradρ + ρ × div V = + div ρ V
∂t ∂t ∂t
correspondant ainsi au membre de gauche de la relation (1.9).
Surface S
σ→
−
n
V × −
→ −
→
V n
−
→ Figure 1.4: Volume de contrôle en mouve-
f
ment sur lequel s’appliquent des efforts volu-
miques et surfaciques.
→
−
Les efforts volumiques par unité de masse sont notés f , tandis que les efforts sur-
faciques sont représentés par le tenseur des contraintes, σ, vu plus haut. Le Principe
Fondamental de la Dynamique appliqué au volume de contrôle en mouvement s’écrit
alors
D →
−
Z Z Z
ρ V dV = ρf dV + σ −
~ →
n dS (1.11)
Dt
Dt Dt St
et
D −−→ →
− −−→ −−→
Z Z Z
OM ∧ ρ V dV = OM ∧ ρf~dV + OM ∧ σ −
→
n dS (1.12)
Dt
Dt Dt St
10 Définitions et rappels
et
∂ −−→ − → −−→ − → −
→ → −−→ −−→ −
Z Z Z Z
OM ∧ ρ V dV + OM ∧ ρ V V .−
n dS = OM ∧ ρf~dV + OM ∧ σ →
n dS (1.14)
∂t
D S D S
−
→
W2 −
→
n2
S2
→
−
np
→
−
np
S1
−
→ −
→
W1 n1
(a) (b)
∂ 2 ui
∂ ∂ui ∂uj
µ + =µ
∂xj ∂xj ∂xi ∂xj ∂xj
∂ 2 ui
∂ui ∂ui ∂p
ρ + uj =− +µ + ρfi (1.16)
∂t ∂xj ∂xi ∂xj ∂xj
Encore une fois, il est important de comprendre que les expressions (1.11), (1.13), et
(1.16) sont des représentations différentes d’une unique équation caractérisant le bilan de
quantité de mouvement.
Ces équations expriment le fait que les variations au cours du temps de la vitesse
peuvent être créées par l’application de forces s’exerçant sur le fluide (la gravité ou la
différence de pression par exemple) mais aussi que la réponse du fluide va dépendre de deux
phénomènes de nature très différentes : (1) la friction entre des éléments de fluide voisins se
déplaçant à des vitesses différentes et (2) l’effet d’entraı̂nement du fluide par son propre
mouvement (effet d’inertie). Cet effet d’inertie aura tendance à dominer l’évolution du
fluide lorsqu’il se déplace à grande vitesse. L’importance relative de ces deux contributions
détermine le régime de l’écoulement (laminaire ou turbulent).
Les équations de Navier-Stokes sont très compliquées et difficiles à résoudre, ceci pour
plusieurs raisons : (i) il s’agit d’une équation vectorielle dans laquelle les équations scalaires
associées (une pour chaque direction) sont couplées de façon complexe entre elles ; (ii) le
terme de convection (Vj ∂Vi /∂xj ) entraine la non linéarité des équations ; (iii) le couplage
pression-vitesse renforce cette difficulté (lorsque le terme de pression devient négligeable,
la solution est atteinte).
(3) Un écoulement plan est tel qu’en chaque point, le vecteur vitesse possède une
composante constamment nulle dans une direction donnée et garde même grandeur et
même direction suivant la perpendiculaire à ce plan ;
(4) Un fluide est dit incompressible lorsque la variation de sa masse volumique est
négligeable pour une variation de température ou de pression. Ceci se traduit par une ab-
→
−
sence de déformation volumique, et div V = 0, V étant la vitesse absolue de l’écoulement.
Les gaz sont généralement considérés comme étant compressibles et les liquides incom-
pressibles. Notons tout de même que cette hypothèse n’est pas valable dans certaines
configurations (convection naturelle, ondes de choc hydrauliques). Nous verrons aussi
que pour certaines gammes de vitesses d’écoulement, les liquides ne peuvent plus être
considérés comme étant incompressibles. Finalement, la distinction compressible/incom-
pressible se rapporte plutôt au type d’écoulement considéré qu’au fluide lui-même. On ne
sera alors pas étonné de rencontrer des écoulements compressibles ou incompressibles.
1
p + ρV 2 + ρgz = Cste (1.17)
2
où p est la pression statique, représentant les efforts hydrostatiques. Au contraire, le
deuxième terme est la composante dynamique, d’où son nom : pression dynamique et
représente donc l’énergie cinétique du fluide (i.e., le mouvement).
En hydraulique, la pratique veut que cette équation soit exprimée en énergie par
unité de poids, obtenue en divisant l’expression (1.17) par ρg :
p V2
+ + z = Cste (1.18)
ρg 2g
Ces termes sont homogènes à des longueurs et définissent des hauteurs, dynamique (V 2 /2g)
et piézométriques (z + p/ρg = p∗ /ρg). L’ensemble est la charge hydraulique H du fluide,
4. Daniel Bernoulli, physicien suisse (1700-1782). Son importance en mécanique des fluides est centrée
sur son livre Hydrodynamica (1738) dans lequel il introduit le terme hydrodynamique. C’est dans ce livre
qu’il essaie de définir les relations entre la pression et la vitesse de l’écoulement. Malheureusement, son
aboutissement reste obscure, et sa formulation est très éloignée de celle que nous connaissons aujourd’hui.
Il faut attendre la contribution d’Euler pour atteindre la relation différentielle (1.17) utilisée de nos jours :
dp = −ρU dU .
Pertes de charge 13
elle représente en hauteur de fluide, l’énergie mécanique totale par unité de poids du
fluide. On peut écrire en chaque point i d’un réseau hydraulique :
Vi2 pi
Hi = z i + +
2g ρg
Hi représente l’altitude qu’atteindrait le fluide s’il était ralenti sans frottement jusqu’à une
vitesse nulle. De même s’il n’existe pas de perte dans l’écoulement alors la conservation
de l’énergie s’écrit H = Cste. Si ce n’est pas vérifé expérimentalement, il existe alors des
pertes de charge dans le réseau (cf. paragraphe suivant). Le tracé de Hi en fonction de
positions particulières dans le circuit représente la ligne de charge. Dans un écoulement,
cette dernière a une pente négative consécutivement à des pertes dans le circuit sauf si on
interpose un organe capable de fournir de l’énergie au fluide : une pompe.
D’autre part, la plupart des parois rencontrées dans l’industrie sont considérées comme
étant rugueuses et non lisses 5 . Il s’en suit des pertes de charge que l’on doit aussi prendre
en compte. Celles-ci ne peuvent être traduites par un simple facteur mais peuvent être
néanmoins estimées à partir de tables.
Les pertes de charge linéaires ∆Hl présent dans un écoulement de vitesse moyenne V
engendrées par une conduite rectiligne de longueur L et de section constante de diamètre
hydraulique D, sont caractérisées par le coefficient de pertes de charge de cette conduite,
λ, tel que :
L V2 L 8Q2
∆Hl = λ =λ 5 2 (1.19)
D 2g D π g
La valeur du coefficient de pertes de charge dépend du régime de l’écoulement, caractérisé
par le nombre de Reynolds qui est le rapport des efforts d’inertie et de viscosité :
Force d’inertie ρV 2 /D ρV D
Re = = 2
= (1.20)
Force visqueuse µV /D µ
Lorsque ce nombre croı̂t, les différents régimes suivants s’établissent successivement : (1)
un régime laminaire où λ est inversement proportionnel au nombre de Reynolds, (2) un
régime turbulent où λ est d’abord uniquement fonction du nombre de Reynolds, on parlera
de conduite lisse, (3) une deuxième phase du régime turbulent dite phase de transition,
où λ est à la fois fonction de Re et de la rugosité relative ǫ/D, avec ǫ caractérisant la “taille”
de la rugosité des parois, et (4) une phase où λ est indépendant de Re et uniquement
fonction de ǫ/D. Dans cette région, les pertes de charge sont strictement proportionnelles
au carré de la vitesse (on parle de régime de turbulence pleinement développée). La
succession de ces différentes phases peut être expliquée par la présence d’une couche
de fluide proche de la paroi dans laquelle l’écoulement voit sa vitesse passer brutalement
d’une vitesse nulle en paroi (adhérence du fluide) à la vitesse de l’écoulement. Il existe donc
dans cette couche limite, une sous-couche dans laquelle le mouvement est laminaire (sous-
couche visqueuse). Quand le nombre de Reynolds est faible, la région laminaire occupe
toute la section de la conduite. Quand le nombre de Reynolds augmente, l’écoulement
central turbulent apparaı̂t, mais la couche périphérique reste laminaire et est encore assez
épaisse pour noyer toutes les irrégularités de la surface ; l’écoulement s’effectue donc en
tuyau lisse. Puis le nombre de Reynolds croissant, l’épaisseur de la sous-couche laminaire
diminue, et les irrégularités de surface émergent. Quand elles sont en majorité émergées,
elles créent une turbulence telle qu’elles masquent complètement les effets de la viscosité
et le phénomène devient indépendant du nombre de Reynolds.
L’évolution du coefficient de pertes de charge est donnée sur le diagramme de Moody,
figure 1.6.
Faisons une pause, et regardons de plus près le rôle du nombre de Reynolds 6 . Ce nombre
5. Cette dénomination rugueuse ou lisse dépend non seulement de l’état de surface mais aussi du
profil de la vitesse proche de la paroi. En effet, pour des vitesses moyennes faibles, les aspérités seront
complètement noyées dans la sous-couche laminaire. Le régime d’écoulement sera alors considéré comme
étant hydrauliquement lisse. C’est pourquoi pour des nombres de Reynolds inférieurs à 2300, on pourra
estimer le coefficient de perte charge linéaire par l’expression : λ = 64/Re. Au contraire, pour des vitesses
moyennes importantes, la plus grande partie des aspérités est située au-delà de la sous-couche laminaire,
et l’écoulement devient hydrauliquement rugueux.
6. Osborne Reynolds, physicien anglais (1842-1912). Ces premiers travaux concernent le magnétisme et
Pertes de charge 15
compare donc les forces d’inertie aux forces de viscosité. Ce phénomène a été mis en
évidence par Osborne Reynolds à l’aide d’un dispositif composé d’une conduite principale
totalement immergée dans un bassin dont une des extrémités est reliée à ce bassin alors
que l’autre extrémité est pourvue d’une vanne initialement fermée. Une fois celle-ci ouverte
l’écoulement prend place. Un réservoir placé plus haut autorise une injection de colorant
dans l’écoulement principal mettant en évidence les structures qui se développent (Fig.
1.7). Cette expérience est une expérience fondatrice des études d’instabilités hydrodyna-
miques. Aux faibles nombres de Reynolds les forces visqueuses jouent un rôle important,
l’écoulement est dı̂t laminaire. Les filets de courant sont parallèles, ne se mélangeant pas
(photo du haut de la figure 1.8) et contournant de manière continue tous les obstacles
qu’ils rencontrent sur leur chemin. Pour un nombre de Reynolds supérieur, l’écoulement
est le siège de mouvements à grande échelle, généralement bien établis et présentant des
caractères déterministes nets (écoulement de transition) (photo du milieu de la fi-
gure 1.8). Ensuite pour des nombres de Reynolds très grands, les forces d’inertie sont
dominantes, ainsi l’état bien structuré dégénère vers un état chaotique désordonné ca-
ractéristique de l’état turbulent (photo du bas de la figure 1.8).
La transition d’un écoulement laminaire vers un écoulement fortement turbulent est
un problème très complexe. En conséquence, il n’existe pas à l’heure actuelle de modèle
théorique permettant de prédire efficacement le comportement du fluide lors de cette
phase. D’autre part, le point de transition est difficilement déterminé par l’observation.
On préfèrera alors effectuer des mesures et étudier l’évolution d’un paramètre qui dépend
du nombre de Reynolds. Dans le cas des conduites, on s’intéresse à l’évolution du coefficient
de pertes de charge en fonction du nombre de Reynolds (Fig. 1.9). Celui-ci voit ses valeurs
décroitrent tant que le nombre de Reynolds reste inférieur à une première valeur critique
(notée Rec1 ). Le coefficient de perte de charge augmente brutalement au passage de la
transition. Pour des nombres de Reynolds supérieurs à une deuxième valeur critique (notée
Rec2 ), le comportement turbulent se traduit par une nouvelle loi de décroissance différente
l’électricité. Après 1873, il se concentre principalement sur la dynamique des fluides. Il étudie entre autre
les changements de régime d’un écoulement dans une conduite. Son expérience restera célèbre et portera
son nom. En 1886, il publie “The theory of lubrication” et invente la tribologie (étude des frottements).
16 Définitions et rappels
de celle observée en laminaire. On pourra alors trouver un critère de transition, Rec tel
que
1
Rec = [Rec1 + Rec2 ] (1.21)
2
Lorsque la conduite a une section de forme non-circulaire, la section peut alors être ra-
menée à un diamètre équivalent, appelé diamètre hydraulique. Chézy a établi une relation
théorique pour des gaines de forme quelconque Dh = 4 × Surface/Périmètre.
V2
∆Hs = ξ (1.22)
2g
Pertes de charge 17
La perte de charge totale engendrée sera la somme des pertes de charge linéaires et
singulières 7 .
Les coefficients de pertes de charge sont donnés par des modèles semi-empiriques.
Une fois les pertes de charges totales du réseau estimées, on prend l’habitude de
majorer de 10% la valeur estimée.
Le Venturi
Le tube de Venturi est composé de deux parties consécutives, un convergent suivi d’un
divergent (Fig. 1.11.a). La fabrication de ce débitmètre nécessite une grande précision
Mesure du débit dans les conduites 19
et de faibles tolérances expliquant ainsi son coût élevé. Il est principalement placé dans
des canalisations sous pression. Le Venturi classique détaillé dans la norme ISO 5167-1
possède un angle au sommet de la partie convergente valant 21˚, et celui de la partie
divergente valant 7˚. Les pertes de charge par un tel débitmètre restent faibles.
(a) (b)
Figure 1.11: Représentation d’un Venturi (a) et d’un diaphragme (b) (d’après A. Dupont
[12]).
Les mesures de pression sont réalisées sur deux sections placées légèrement en amont et
en aval du convergent. Les deux prises de pression sont reliées à un manomètre différentiel
à mercure et la différence de hauteur ∆h enregistre la quantité (p1 − p2 )/(ρg). Le débit
massique est formulé de la façon suivante
p
Q = KV Sc 2ρ (p1 − p2 )
Le diaphragme
Le rotamètre
Le Rotamètre (de la société Rota) est un débitmètre constitué d’un tube vertical (Fig.
1.12.a) dont la section de passage augmente du bas vers le haut et dans lequel un organe,
appelé de façon impropre flotteur, est animé d’un mouvement de translation (et parfois de
rotation). L’altitude du flotteur est fonction de son poids propre, de l’effort d’Archimède
et de la traı̂née générée par le passage de l’écoulement autour de l’obstacle. Seul ce dernier
effort dépend de la vitesse et donc du débit de l’écoulement. Une relation entre ce débit
et l’altitude observée est alors possible.
(a) (b)
Figure 1.12: Représentation d’un rotamètre (d’après A. Dupont [12]) (a) et d’une turbine
(b) (d’après F. Kreith [19]).
Mesure du débit dans les conduites 21
La turbine
La turbine est composée d’une hélice libre de tourne autour d’un axe aligné avec la
conduite de l’écoulement (Fig. 1.12.b). La vitesse de rotation peut être mesurée par un
capteur magnétique.
Un débitmètre à effet vortex est basé sur la génération d’instabilités par un cylindre
placé dans un écoulement. La fréquence de cette génération est caractérisée par le nombre
de Strouhal St = f D/V où f est la fréquence des lâchers de tourbillons, D le diamètre du
cylindre circulaire, et V la vitesse de l’écoulement à caractériser. Le nombre de Strouhal
dépend du nombre de Reynolds de l’écoulement mais demeure constant sur la plage Re =
[300 - 100 000]. L’estimation de la vitesse d’écoulement repose donc sur la mesure de cette
fréquence réalisée la plupart du temps à partir de jauges de déformations (Fig. 1.13.a).
(a) (b)
Figure 1.13: Représentation d’un débitmètre à effet vortex (a) et d’un débitmètre à effet
Coriolis. Respectivement d’après H. Yamazaki et al. [33] et d’après D. Liu
[5].
mouvement. L’effort ainsi créé agit sur le tube donnant lieu à un déphasage du mouvement
de celui-ci. La lecture du déphasage entre deux points est utilisée pour l’estimation du
débit massique. Ce débitmètre a de nombreux avantages car il permet d’estimer plusieurs
grandeurs simultanément : le débit massique, la masse volumique, et la température du
fluide. Enfin sa précision
avec c le coefficient du tube de Pitot égal à 1 pour des tubes standards. La valeur de
ce coefficient est différente de l’unité lorsque les effets de compressibilités deviennent
importants.
Figure 1.14:
Représentation d’un
tube de Pitot (d’après Y.
Nakayama et al. [26]).
1.7 Exercices
Le niveau de difficulté des exercices suivants est évalué à partir du nombre d’étoiles (∗)
allant d’une étoile pour les exercices simples jusqu’à trois étoiles pour les exercices les plus
difficiles à résoudre.
m alimentée par un réservoir dont la surface libre est placée à une altitude h = 50 m
par rapport à cette conduite (Fig. 1.15). Le réservoir est de taille assez importante pour
négliger la vitesse de sa surface libre lorsque la conduite d’adduction est alimentée. Il
règne une pression atmosphérique sur la surface libre du réservoir ainsi qu’à l’extrémité
finale de la conduite. La conduite est caractérisée par un coefficient de pertes de charge
linéaires λ = 0, 014. Déterminez le débit traversant la conduite d’adduction, Qo .
patm.
réservoir
h
conduite
Figure 1.15: Schéma d’une
Qo patm.
conduite d’adduction.
[E2] Débit dans une conduite d’adduction pourvue d’une vanne à son
extrémité *
Une vanne est placée à l’extrémité de la conduite d’adduction de la figure 1.15. Celle-ci
génère des pertes de charge estimées par l’expression (1.22). Le coefficient de pertes de
charge singulières de la vanne vaut ξ = 0 lorsque cette dernière est totalement ouverte,
et tend vers des valeurs infinies lorsque la section de passage est de plus en plus obturée.
Déterminez le débit traversant la conduite d’adduction lorsque la vanne est caractérisée
par un coefficient de pertes de charge ξ = 1045.
cet écoulement sur la conduite dans le cas où la section de passage reste constante le long
du parcours du fluide.
→
−
np Figure 1.17: Formulation
S1 des efforts exercés par un
écoulement sur les parois d’un
canal formé par deux aubes
−
→ −
→ immobiles.
V1 n1
Proposez une formulation des efforts exercés par l’écoulement sur les parois des aubes.
Chapitre 2
Historiquement, le principe de pompage de l’eau est apparu dès lors que l’homme a su
construire des habitations artificielles pour se protéger des éléments naturels. Le besoin
en eau l’oblige alors à trouver un système de transport de cette eau, du puits ou de la
rivière à son habitat. Les Grecs et les Romains fûrent les premiers à utiliser des systèmes
(rotatifs) de pompage dont la fonction était de relever l’eau dans des aqueducs alimentant
ensuite les villes et les bains. Il faudra attendre la fin du xviiième siècle pour que les
premières pompes soient réellement construites et utilisées de façon industrielle. En effet,
avant cette date, le moulin à eau restait le principal moyen de production d’énergie et
les besoins économiques étaient satisfaits par la croissance démographique qui fournissait
une main-d’œuvre bon marché. L’explosion démographique, qui apparût dans la seconde
moitié de ce siècle, obligea l’outil de production à se mécaniser. Cette mécanisation mise
en place grâce à l’apparition de la machine à vapeur entraina le besoin en minerai situé à
des profondeurs de plus en plus importantes. Dès lors l’utilisation de pompes (à pistons)
fût obligatoire afin d’évacuer l’eau s’infiltrant dans les galeries. Il s’agit probablement là
de la première utilisation industrielle des pompes. L’un des acteurs de cette évolution
est Thomas Newcomen qui en 1712 mis au point un système utilisant la puissance de
la vapeur en puissance mécanique permettant la mise en mouvement des organes des
pompes. Ce système de pompage fût utilisé à travers l’Angleterre principalement pour
évacuer l’eau des mines. Les pompes centrifuges, dont le principe avait déjà été énoncé en
1689 par Denis Papin dans son “Acta Eruditorium”, ne furent industrialisées qu’à la fin
du XVIIIème siècle (Fig. 2.1)
Une deuxième évolution dans l’utilisation des pompes fut atteinte encore une fois pour
des besoins énergétiques. L’énergie électrique permis le développement des pompes à prin-
cipe rotatif, turbine et centrifuge, pour alimenter les alternateurs des centrales dont les
plus gros modèles furent réalisés par les Suédois. Depuis cette avancée, aucun principe
26 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
majeur n’est apparu. Seuls les matériaux utilisés et la précision d’usinage permirent aux
pompes d’évoluer vers de meilleurs rendements, de plus grands débits, et de plus hautes
pressions. Comme nous pouvons le voir, le seul fait d’utiliser un liquide pour sa consom-
mation, pour la fabrication ou pour les besoins de la fabrication d’un produit, impliquent
nécessairement l’utilisation de pompes permettant le déplacement du liquide d’un point à
un autre. Les pompes communiquent alors l’énergie nécessaire à ce déplacement. Il s’agit
là du propos de ce chapitre. Une première partie concerne l’insertion des pompes dans un
réseau hydraulique (analyse externe) alors que la deuxième permet de mieux comprendre
les mécanismes de transfert d’énergie à l’intérieur de la pompe à partir des caractéristiques
des aubes constituant la roue de la pompe.
étages s’ajoutant.
Dans le cas des pompes volumétriques, le fluide est entrainé dans un volume à tra-
vers un orifice d’admission. Ce volume est ensuite fermé, puis le fluide est comprimé et
entrainé vers l’orifice de refoulement. Le cœur humain est un bon exemple de ce type de
pompe, et beaucoup d’entre elles sont basées sur ce principe. Elles sont très utilisées dans
les circuits hydrauliques à haute pression. Celles-ci représentent la production la plus im-
portante car elles sont peu onéreuses et délivrent un débit constant. Elles sont répandues
dans toutes les industries (chimiques, métallurgiques, ou pharmaceutiques). On note des
pompes volumétriques rotatives (palettes, engrenages) et alternatives (pompe à piston).
Le fonctionnement de ces pompes ne dépend que d’un seul degré de liberté : la vitesse
de rotation. Le débit est donc fixé par la géométrie. Un débit variable est présent dans le
cas d’une pompe à pistons mais l’est aussi pour des pompes à engrenages. Le fluide étant
enfermé dans le creux entre deux dents, lorsqu’il y a engrènement, la dent agit comme
un piston et chasse le fluide. A chaque position d’engrènement correspond un point de
contact différent, d’où la fluctuation de débit. Les caractéristiques principales des pompes
volumétriques sont données dans le tableau 2.1.
Les pompes rotodynamiques constituent quant à elle un système ouvert où le fluide
28 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
Performance Avantages
Quelques 100aines de m3 /h Q fixe ∀ la pression de refoulement
Pas d’émulsion des produits pompés (bière,. . .)
Adapté pour les produits visqueux
n’est jamais enfermé dans un volume clos. Elles accroissent l’énergie du liquide par le
passage dans une roue munie d’aubes. Celles-ci entraı̂nent le liquide par rotation et la
pression est alors générée soit par action des forces centrifuges soit par conversion en
pression de l’énergie cinétique communiquée au fluide. Le fonctionnement de ces pompes
dépend de la vitesse de rotation et du débit du fluide. Le tableau 2.2 caractérise ces
pompes.
Performance Avantages
jusqu’à 105 m3 /h Plage de fonctionnement très large
Bon rendement (70 à 80 %)
Vitesse de rotation de 750 à 3000 tr/min
Inconvénients
Inadaptées aux fluides très visqueux
Production d’une pression différentielle faible
(a) (b)
Figure 2.4: Pompe centrifuge (a, vue ouverte ; b, vue de coupe (D’après Bergeron [6])).
(a) (b)
Figure 2.6: a, gravure d’Anthony Turner d’une vis d’Archimède [29] ; b, vis d’Archimède
utilisée pour pomper l’eau des polders à Kinderdijk (photo d’après M.A.
Wijngaarden - page internet wikipedia concernant Kinderdijk).
Il existe plusieurs types de pompes centrifuges que l’on peut ranger dans les trois
grandes catégories suivantes. (1) les pompes centrifuges de surface installées en surface
de la nappe dans laquelle s’opère le pompage. Elles peuvent être placées en aspiration
ou en charge. Dans le premier cas la surface libre du bassin d’alimentation est placée à
une altitude plus basse que celle de l’entrée de la pompe. Lorsque la pompe est montée
en charge, l’altitude de l’entrée de la pompe est cette fois plus basse que celle du bas-
sin. L’avantage de cette dernière configuration est l’absence d’un possible désamorçage.
L’installation en aspiration implique d’élever la pompe à un niveau tel qu’on ne risque
pas de cavitation (Cf. paragraphe 2.5.9). (2) les pompes centrifuges gyrostatiques : ce sont
des pompes dont l’axe de rotation est vertical. Elles sont très utilisées au relevage des
eaux chargées dans les stations d’épuration des eaux usées. (3) les pompes immergées
employées dans l’exploitation des forages étroits et profonds. Elles sont à axe vertical et
ne désamorcent jamais. De plus, le gel d’eau n’est pas à craindre.
Vitesse spécifique 31
Hm (m)
15
10 100
Rendement (%)
90
Puissance (kW)
H(Q) 80 - 40
70
NPSHrequis (m)
η
60 - 30
5 50
4 40 - 20
3 Puissance 30
2 20 - 10
NPSHrequis
1 10
0 -0
0 10 20 30 Q (l/s)
Figure 2.7: Exemple de courbes caractéristiques d’une pompe centrifuge à une vitesse
de rotation fixée.
s’intéressera à l’énergie par unité de masse, gH. Cette dernière est fonction du débit, de
la vitesse de rotation de l’arbre, du diamètre extérieur des aubes, des propriétés physiques
du fluide et d’autres dimensions de la pompe :
On peut dès lors construire des produits sans dimension à partir de ces variables en
choisissant les paramètres de base ρ, ω et D afin de représenter la masse, le temps et une
Vitesse spécifique 33
π4 = ρ α1 ω α2 D α3 l 1 = l1 /D
π5 = ρ α1 ω α2 D α3 l 2 = l2 /D
..
.
On peut donc écrire la relation suivante entre ces produits sans dimension
ρD2 ω l1 l2
gH Q
=f , , , , ...
(Dω)2 (D3 ω) µ D D
dit plus haut. Si une autre pompe de la même famille était étudiée, sa courbe de µ avec δ
serait confondue avec les quatre présentes sur la figure 2.9. Pour des coefficients de débit
plus importants, les valeurs atteintes pour la vitesse de rotation la plus élevée s’éloignent
de la courbe unique consécutivement à la présence d’une cavitation dans la pompe. Dans
ces conditions les similarités ne sont plus observées. Ainsi l’intérêt à utiliser les coefficients
de débit et de hauteur repose sur la manipulation d’une unique courbe, représentant alors
une famille de pompes similaires quelle que soit leur vitesse de rotation.
10 20 40 120 200
Vitesse spécifique, NS
D2
D1
On peut se faire une idée de la vitesse spécifique d’une pompe en regardant sa roue. En
effet, les roues fortement radiales ont des aubes à faible passage de liquide. La longueur
des aubes est importante (le rapport des diamètres extérieur et d’aspiration) excède deux
et peut atteindre jusqu’à cinq. Les roues héliocentrifuges ont un diamètre extérieur semi-
conique et des aubes larges. Le rapport des diamètres est voisin de l’unité. Les hélices
quant à elles ont une largeur de passage très importante pour un rapport de diamètre
égal à l’unité. Ainsi pour des rapports de diamètres diminuant et des largeurs de passage
augmentant, la vitesse spécifique croı̂t.
2.4 Similitudes
Le débit éjecté par les aubes d’une pompe étant linéaire avec la vitesse de rotation, si
on considère une pompe centrifuge, la fonction f (Q/ (D3 ω)) de la relation (2.1) devient
36 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
alors constante. En conséquence la quantité gH/ω 2 reste aussi constante. Ainsi pour
une variation de la vitesse de rotation de ω à ω ′ , un point localisé par ses coordonnées
(Q,H) sera déplacé aux nouvelles coordonnées (Q′ ,H ′ ) tout en satisfaisant les relations de
similitude : ′ 2
Q′ ω′ H′ ω
= =
Q ω H ω
Intéressons-nous à l’utilité de ces formulations et considérons pour cela la courbe
caractéristique d’une pompe tournant à une vitesse de rotation N = 1450 tr/min (Fig.
2.11). On souhaite connaı̂tre sa caractéristique pour une vitesse plus faible, N’ = 1200
tr/min. Le rapport des vitesse vaut N’/N = 0,828, et ce rapport élevé au carré vaut
(N’/N)2 = 0,685. Ainsi les relations de similitudes Q’ = 0,828×Q, et H’ = 0,685×H
permettent le tracé de la caractéristique de la pompe pour la nouvelle vitesse de rotation.
On peut pour cela choisir quelques points sur la courbe caractéristique à 1450 tr/min et
évaluer leur nouvelle position pour 1200 tr/min (Tab. 2.3). La courbe caractéristique de
la pompe à la vitesse de rotation égale à 1200 tr/min est donnée sur la figure 2.11.
Ainsi on note qu’un point, placé sur la caractéristique de la pompe obtenue à une
vitesse de rotation donnée, sera déplacé lors de la modification de la vitesse de rotation
selon une parabole d’équation Hm = α × Q2 . Ceci est illustré sur la figure 2.11 sur
laquelle les trajectoires de deux points, A et B, sont montrées, en plus des deux courbes
caractéristiques de la pompe précédente pour deux vitesses de rotation (1200 tr/min. et
1450 tr/min.). Les valeurs du paramètre α de ces deux trajectoires peuvent être évaluées
à l’aide des coordonnées des deux points à une vitesse de rotation données (i.e. αA =
Hm,A /Q2A = 0,115 m.s2 /l2 et αB = Hm,B /Q2B = 0,042 m.s2 /l2 ). Ce point abordé ici sera
très utile dans l’adaptation d’un débit dans un réseau hydraulique par modification de la
vitesse de rotation de la pompe (Cf. paragraphe 2.8.1).
Tableau 2.3: Points de la caractéristique de la pompe de la figure 2.11 pour deux vitesses
de rotation (le premier nombre représente le débit, le deuxième la hauteur
manométrique).
1450 tr/min (30 ; 38) (25 ; 72) (20 ; 100) (15 ; 122) (10 ; 138)
1200 tr/min (24,8 ; 25,7) (20,7 ; 49,2) (16,6 ; 68,5) (12,4 ; 83,5) (8,3 ; 94,2)
plusieurs pompes et alimentant des branches placées en parallèle entre elles). Dans ce
dernier exemple illustré sur la figure 2.12, deux villes sont alimentées par les réservoirs
RE et RD approvisionnés par un réseau hydraulique présentant d’une part deux bassins
(B1 et B2 ) situés respectivement aux altitudes identiques de 10 m à la surface desquels
règne une pression atmosphérique. D’autre part, deux pompes (P1 et P2 ), reliées chacune
à leur bassin respectif par leur conduite d’aspiration, peuvent être mises en parallèle au
point B à partir de deux vannes (V1 et V2 ).
La résolution de ce problème consiste à estimer graphiquement l’état de fonctionne-
ment des deux pompes (i.e. débit, charge délivrée, rendement) pour atteindre la puissance
absorbée par le système de pompage et correspondant à l’addition des puissances absorbées
par chacune des pompes.
Il n’y a pas une unique façon de résoudre ce problème. Néanmoins toutes les méthodes
possibles reposent sur le même principe : les tracés d’un système “alimentant” et du
réseau “à alimenter”. Nous verrons dans la suite du document qu’une solution est de
décomposer le réseau en parties distinctes et toutes caractérisées par une courbe sur le
graphe. Avant de proposer une résolution de cet exemple, définissons en premier lieu les
différentes courbes à tracer sur le graphe de résolution.
Une première étape dans la résolution du problème énoncé plus haut est de tracer
la courbe caractérisant le système de pompage. Lorsqu’une unique pompe est présente
dans le circuit, celle-ci se résume à la courbe de la pompe proprement dite. Par contre,
en présence de plusieurs pompes, la courbe caractéristique est obtenue par addition des
débits ou des hauteurs manométriques selon l’organisation des pompes.
38 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
Hauteur manométrique
Une pompe centrifuge accélère le fluide au moyen d’aubes en rotation. Cet effort
centrifuge s’appliquant à la masse du fluide (Fcentrifuge = mrω 2 ), la pression de refoulement
est donc proportionnelle à la masse volumique du fluide. Le fabricant ne connaissant pas
le fluide transporté, il trace alors la hauteur (i.e., énergie par unité de poids) en fonction
du débit. La charge Hm , fournie par la pompe, tracée en fonction du débit Q, constitue
la courbe caractéristique de la pompe pour une vitesse de rotation fixée (Fig. 2.14).
F est le point pour lequel le débit est nul, il est appelé point à vanne fermée ou point de
barbotage. Le fonctionnement en ce point est sans danger s’il ne se prolonge pas trop, le
risque étant l’échauffement de la pompe car le liquide n’évacue plus la chaleur. La forme
de courbe illustrée sur la figure 2.14.b est observée sur les pompes ayant une faible vitesse
spécifique.
Les associations en série ou en parallèle sont fréquentes car elles permettent de créer
une pompe fictive équivalente avec des performances modulables. Lorsque les pompes sont
Analyse externe d’une pompe centrifuge 39
60 m
RE
E
55 m
RD
10 m V2 D
C
B2
B
P2
10 m
: vanne
B1 V1
A
P1 : pompe
Figure 2.12: Exemple d’un réseau hydraulique complexe. (Pour les besoins du dessin, les
échelles et les perspectives ne sont pas respectées).
Refoulement
z 3
2
1
pompe
Aspiration
H H
F
Q Q
(a) (b)
Figure 2.14: Courbes caractéristiques d’une pompe centrifuge (a, forme classique ; b,
autre forme possible).
placées en série (Fig. 2.15), la première pompe seule aspire dans un puisard, elle refoule
dans l’aspiration de la seconde et ainsi de suite jusqu’à la dernière qui refoule au niveau
désiré. Dans ce cas, le même débit traverse toutes les pompes, mais les pressions s’ajoutent
et la caractéristique de l’ensemble des pompes correspond alors à l’addition des hauteurs
manométriques (Fig. 2.16). Lorsque les pompes sont placées cette fois-ci en parallèle (Fig.
2.15.c), les hauteurs délivrées par les pompes sont identiques et les débits s’ajoutent (Fig.
2.16).
Dans le cas simple d’un réseau pourvu d’un bassin d’alimentation et d’un réservoir à
atteindre caractérisés tous deux par des surfaces libres sur lesquelles régne une pression
atmosphérique (Fig. 2.17), la courbe du réseau est exprimée de façon générale par la
relation :
8LTot.
Hc = hgéo + λ 2 5 Q2
π gD
où hgéo représente la différence d’altitude des deux surfaces libres placées aux extrémités
du réseau, et LTot. représente la longueur équivalente totale des conduites d’aspiration et
Analyse externe d’une pompe centrifuge 41
Figure 2.15: Couplage de deux pompes en série (a, couplage en série d’une pompe im-
mergée et d’une pompe de surface ; b, couplage en série de deux pompes
de surface), d’après Duclos [11] ; c, Couplage de deux pompes en parallèle
(chaufferie ECAM).
Série
Parallèle
Réservoir
hgéo.
de refoulement (i.e. LTot. = LAsp. + LRef. ). Cette addition est évidemment possible car les
deux conduites sont traversées par le même débit. Si on considère par exemple le réseau
schématisé sur la figure 2.12, les conduites n’étant pas toutes traversées par le même
débit on ne peut pas considérer la longueur totale comme étant la somme des longueurs
de toutes les conduites. Le tracé de la courbe de réseau, plus complexe, est obtenu en
considérant les courbes des conduites de façon individuelle et de les additionner de façon
cohérente selon leur agencement.
Une pompe est dans certains cas utilisée pour élever de l’eau d’une altitude “basse” vers
une altitude plus haute. La différence d’altitude est généralement prise en compte dans le
tracé des caractéristiques des conduites débouchant sur les réservoirs à l’aide du terme hgéo
Analyse externe d’une pompe centrifuge 43
H
1
B
2
Q1 +Q2
Q1 Q2
Q2
A ∆HAB Q1
Q (a)
Q
H ∆HAC
C
∆HBC
Q1 ∆HAB
(b)
Q1 Q
H
z (m) 24
24 20
20 16
16 12
réservoir
12 8
pompe
8 4
Q
bassin Q
4 0
Figure 2.19: Prise en compte de la différence d’altitude entre le bassin d’alimentation
et le réservoir. À gauche, le réseau à alimenter ; à droite, la courbe ca-
ractéristique de la conduite débouchant sur le réservoir.
vu plus haut. Dans le cas d’un unique bassin ou lorsque plusieurs bassins dont les surfaces
libres sont toutes localisées à la même altitude sont présents, les courbes caractéristiques
des réservoirs à alimenter démarreront alors sur le graphe à une ordonnée correspondant
à la différence d’altitude des bassins et du réservoir. Prenons l’exemple illustré sur la
figure 2.19. L’eau y est pompée d’un unique bassin dont la surface libre est localisée à
une altitude de 4 m (par rapport au niveau de la mer) pour y être transportée jusqu’à un
réservoir par une conduite dont le point le plus haut est placée à une altitude de 20 m. La
pompe doit alors fournir au minimum une charge égale à la différence d’altitude, soit 16
m ici, pour vaincre les effets de la pesanteur. En plus de cela, elle doit fournir une charge
supplémentaire pour équilibrer les pertes de charge du réseau. La courbe caractéristique
est alors une parabole ascendante.
La figure 2.20 illustre le cas d’une alimentation de deux réservoirs dont les points les
plus hauts à alimenter sont égaux à 16 m pour le premier et 20 m pour le deuxième. Les
deux bassins ont tous deux des surfaces libres situées à une altitude égale à 4 m. Les
différences d’altitudes entre les surfaces libres des deux réservoirs et les bassins n’étant
pas identiques, les deux courbes caractéristiques démarreront à des ordonnées décalées,
12 m et 16 m.
Notons bien que les deux cas précédents ne considèrent que les conduites débou-
chant sur le(s) réservoir(s). Il faut d’autre part considérer les caractéristiques des autres
conduites du circuit pour compléter la résolution.
Les termes d’altitudes ayant été pris en compte par ce biais, les autres courbes ne
devront pas les considérer. La courbe caractéristique d’une conduite localisée à l’intérieur
du réseau (c’est à dire non placée aux extrémités du réseau) pourra démarrer à l’origine
du repère (Q,H) (voir plus bas).
Il convient ici dans une première étape de tracer les courbes caractéristiques de chacune
des conduites véhiculant le liquide jusqu’aux réservoirs comme il a été montré dans le
paragraphe précédent. Il reste ensuite pour l’utilisateur à retrouver la courbe résultante
Analyse externe d’une pompe centrifuge 45
H
z (m) 24
24 20
C2
20 16
16 R2 12
C1 C2 C1
R1
12 8
pompes
8 4
bassin 1 bassin 2 Q
4 0
Figure 2.20: Prise en compte de la différence d’altitude entre plusieurs bassins d’alimen-
tation dont les surfaces libres sont toutes localisées à la même altitude et
plusieurs réservoirs. À gauche, le réseau à alimenter ; à droite, les courbes
caractéristiques des conduites débouchant sur les réservoirs.
de l’ensemble de ces courbes à partir des précédentes courbes. Ceci est illustré sur la figure
2.21.a avec deux réservoirs à alimenter étant situés à des altitudes différentes, la courbe
résultante notée C1 ||C2 étant tracée en gras.
Il s’agit ici de conduites placées au milieu du réseau et donc éloignées des extrémités.
Elles seront alors caractérisées uniquement par un terme de pertes de charge. En effet,
même si elles sont situées à des altitudes non nulles par rapport au plan de référence, le
terme d’altitude sera pris en compte dans les caractéristiques des conduites alimentant
les réservoirs (voir plus haut). Ceci est illustré sur la figure 2.21.b avec la conduite C3
placée dans le refoulement de la pompe. La courbe caractéristique est tracée à partir de
l’origine et ne fait intervenir que ses pertes de charge. Dans ce cas précis, après avoir tracé
la courbe résultante des deux conduites desservant les réservoirs, notée C1 ||C2 , on ajoute
les pertes de charge de la conduite C3 .
réservoir 2 C2
C1
réservoir 1 C1 kC2
C2
C1
pompe
(a)
C1 kC2 + C3
réservoir 2 C2
C1
réservoir 1 C1 kC2
C2
C1
C3
pompe
(b) C3
p1
réservoir p1 − Casp.
B
p1 C p2
Casp. Casp.
A Q
figure 2.22. Dans le cas où les pertes de charge de la conduite de refoulement (BC) ne
sont plus négligeables, il est alors nécessaire de les prendre en compte. Ce cas n’a pas été
considéré sur la figure 2.22 pour des raisons de clarté de l’exposé.
Il est parfois nécessaire qu’une conduite délivre un débit imposé (dans le cas d’un
échangeur thermique par exemple). Les conduites ayant en commun ce point de jonction
sont donc placées parallèlement à la première. L’ajout de l’ensemble des pertes de charge
cédées à toutes les conduites du problème doit être effectué méthodiquement dès lors
qu’elles ne sont plus traversées par des débits identiques.
Ceci est illustré sur la figure 2.23. Une vanne de la conduite Cn est ouverte de telle
sorte que celle-ci délivre un débit Qn . La conduite C1 est alors traversée par un débit
différent de celui présent à l’aspiration de la pompe. On ne peut donc pas ajouter de
façon triviale les pertes de charge à l’aspiration avec celles de la conduite C1 . Ceci peut
être fait à partir du moment où on additionne des pertes de charge à l’aspiration au débit
Q avec des pertes de charge dans la conduite C1 au débit Q − Qn , soit Q1 . Une addition
des pertes de charge est alors possible graphiquement dès lors que l’on translate la courbe
de C1 vers les débits positifs d’une valeur égale au débit de fuite.
Définition : Lorsqu’une pompe opère dans des conditions fixes, l’énergie transmise au
liquide est équilibrée par la résistance du circuit au passage du fluide. La pompe opère alors
à un point particulier appelé point de fonctionnement, intersection de la caractéristique
de la courbe de réseau et la courbe du générateur de hauteur.
48 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
H
Réseau C1
Q1
Qn
Q1 Qn
Cn
C1 réservoir
pompe
CAsp. CAsp.
Q (a)
Q
Figure 2.23: Réseau présentant un débit de fuite imposé dans une conduite (La courbe
“Réseau” correspond aux conduites CAsp. et C1 ).
Dans la pratique, on choisit une pompe pour qu’elle fournisse un débit à une pression
donnée (que l’on convertit en hauteur). La pompe et le circuit étant caractérisés par leurs
courbes, on choisira la pompe la plus proche du point de fonctionnement souhaité. Si
celui-ci est trop éloigné des caractéristiques de notre pompe, on peut alors soit utiliser
une pompe “surdimensionnée” (i.e., délivrant un débit trop important) et introduire une
vanne dans le circuit permettant d’introduire une nouvelle perte de charge et baisser ainsi
le débit. Une autre solution est de rogner les aubes de la pompe (Cf. paragraphe 2.8.1).
Cette opération est possible sur la plupart des pompes, c’est pourquoi les constructeurs
de pompes associent non pas une courbe mais une zone de hauteur, définissant alors une
plage d’utilisation (Fig. 2.31).
z
H
Réseau
Pompe
Point de fonctionnement
Q
0
(a) (b)
H
Réservoir
Cref.
p1
Cref.
Casp.
Bassin Casp.
Q
(a) (b)
CAsp,1 CAsp,2 CR CR
10 15 100 150
H H
Casp. + Cref.
Cref. Cref.
b b
p1 p1
p1 - Casp.
Casp. Casp.
Q Q
(a) (b)
35 m
R’
30 m
20 m CR’
B2 P2 R
CAsp,2 CR
D
20 m
Figure 2.27: Schéma du
B1 réseau hydraulique du pa-
CAsp,1
P1 ragraphe 2.5.5.
H (m)
P1
40
P2
30
20
10
0 Q (l/s)
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Le but de cette application est d’une part d’estimer les caractéristiques de fonctionne-
ment des deux pompes (i.e. débit et hauteur) et d’autre part évaluer les débits traversant
les conduites alimentant les réservoirs.
CAsp,1 CAsp,2 CR CR
15,3 × Q2 23 × Q2 153 × Q2 76,5 × Q2
Les deux conduites d’aspiration sont placées en parallèle, ainsi que les deux conduites
alimentant les réservoirs. Dans ces deux cas, les débits sont additionnés pour des termes
de hauteur identiques. Les courbes “∆Hasp.,1//2 ” et “CR //CR’ ” sont ainsi tracées. Enfin,
le groupe constitué par les conduite d’aspiration et le groupe des conduites des réservoir
sont placées en série. Dans ce cas les termes des pertes de charge sont additionnés pour des
débits identiques pour obtenir la courbe “∆Hasp.,1//2 +CR //CR’ ” représentant le système
à alimenter.
Les deux pompes étant placées en parallèle, la courbe caractéristique de l’ensemble
est obtenue encore une fois par l’addition des débits pour des charges manométriques
identiques, “P1//P2”.
L’ensemble de ces courbes est tracé sur la figure 2.29. Les points de fonctionnement
des deux pompes, ainsi que les débits observés dans les conduites alimentant les réservoirs
peuvent être estimés.
Le point de fonctionnement du réseau, noté P sur la figure 2.29, obtenu par intersection
des courbes alimentant et à alimenter vaut (Q = 700 l/s ; H = 28 m). Pour estimer les
points de fonctionnement des deux pompes, il faut se déplacer à partir de ce point sur
une horizontale, les deux pompes étant placées en parallèle. Il vient alors les points de
fonctionnement (Q1 = 400 l/s ; H1 = 28 m) et (Q2 = 290 l/s ; H2 = 28 m).
54 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
L’obtention des débits traversant les conduites CR et CR’ est moins directe. En effet, on
ne doit pas partir du point de fonctionnement du réseau et se déplacer sur une horizontale
car les pertes de charge liées à l’aspiration ne seraient pas prise en compte d’une part,
et pas de façon cohérente d’autre part. La stratégie consiste alors à partir du point P,
enlever les pertes de charge de l’aspiration en se déplacçant verticalement, et une fois la
courbe ”CR //CR’ ” atteinte, on se déplace sur une droite horizontale pour retrouver les
débits des deux conduites. On trouve QR = 320 l/s et QR = 380 l/s. On vérifie, aux
erreurs graphiques près, que le débit généré par les deux pompes (i.e. Q1 + Q2 ) est à peu
près égal aux débits alimentant les conduites des réservoirs (QR + QR′ ).
Une pompe est une machine dont le rôle est de fournir de l’énergie à un fluide en vue
de son déplacement. Evidemment cette énergie n’est pas entierement restituée, consécu-
tivement à différentes pertes, affectant ainsi le rendement global de la pompe. Définissons
en premier lieu les puissances impliquées dans l’étude des pompes, ce qui nous amènera
naturellement vers les rendements.
Puissances
Les puissances impliquées dans l’étude d’une pompe sont (1) la puissance communiquée
au fluide ou puissance utile (Pu = ρgHm Q), (2) la puissance de la pompe ou puissance
hydraulique (Pp = ρgHp Q), (3) la puissance absorbée par la roue (Pr = ρgHp (Q + q)),
et (4) la puissance absorbée sur l’arbre (Pa = Cm ω) avec Cm le couple délivré par le
moteur entrainant la pompe, q le débit de fuite.
Rendements
Pu ρgHm Q
η= =
Pa Cm ω
Ce rendement est donné dans les catalogues des fabricants, et peut être affecté par
différentes pertes dans la pompe : (1) les pertes hydrauliques, fonctions du débit, (2) les
pertes par fuite s’il existe un débit de fuite q (le débit dans la roue doit être de Q + q).
Le débit de fuite augmente avec la pression et diminue avec la viscosité. (3) les pertes
mécaniques fonctions de la vitesse de rotation. On peut alors décomposer le rendement
global :
– Rendement manométrique : rapport de la puissance communiquée au fluide et
Analyse externe d’une pompe centrifuge 55
de la puissance de la pompe
Pu ρgHm Q Hm Hp − ∆Hp
ηm = = = =
Pp ρgHp Q Hp Hp
∆Hp
= 1−
Hp
Ce rendement caractérise les pertes de la charge internes à la pompe.
Pr ρgHp (Q + q)
ηméca = =
Pa Cm ω
Le rendement global peut dès lors s’écrire η = ηm × ηv × ηméca avec un rendement
caractéristique des performances internes à la pompe (ηm × ηv ), et un rendement lié
à la partie externe à la pompe (ηméca ). Pour des débits nuls, aucune puissance n’est
communiquée au fluide (Pu = 0) et pour un débit très important la puissance utile est
nulle car les pertes de charge sont trop importantes. Finalement, la courbe de rendement
a une allure en cloche. La pompe devra travailler évidemment dans des conditions pour
lesquelles le rendement est maximum, afin entre autre de baisser les coûts d’utilisation.
Ce dernier aspect est important et à ne pas négliger car les pompes consomment près de
20 % de l’énergie électrique utilisée par l’industrie [15]. Un abaissement de la puissance
consommée peut être atteint par amélioration de la pompe elle-même mais aussi par le
moteur associé.
L’avantage d’un rendement élevé est le coût de la hauteur fournie au fluide. On estime
que le gain obtenu sur une année à partir d’une augmentation du rendement de l’ordre de
3% est équivalent au prix de la pompe. Le gain monétaire n’est pas la seule raison d’une
utilisation sur un rendement élevé. Pour ce rendement, la puissance à apporter est plus
faible. Le moteur associé à la pompe est donc très peu encombrant. D’autre part, une
courbe de rendement caractérisée par un pic n’est pas forcément souhaitable dans toutes
les configurations. Prenons le cas de deux pompes caractérisées par la même courbe HQ et
des courbes de rendement différentes (Fig. 2.30). Elles fonctionnent toutes deux au débit
de fonctionnement Qf , et au même rendement. Le rendement maximum de la pompe 1,
placé à un débit inférieur, est supérieur à celui de la pompe 2. Néanmoins, la pompe
1 n’est pas forcément la pompe optimale. En effet, une pompe ne fonctionne que très
rarement sur un point de fonctionnement fixe. Si la pompe est amenée à travailler entre
les débits Qb et Qd , la pompe 1 sera inadaptée car certains rendements sont trop faibles
dans cette gamme de débit. Si maintenant la gamme de débit est située entre Qa et Qc ,
l’utilisation de cette même pompe est préférable.
56 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
H
Rendement
η1
Le débit : celui-ci est spécifié par le responsable du projet et découle des besoins simul-
tanés à assurer (besoins domestiques, appareils à alimenter, puissance calorifique d’une
installation de chauffage dont la chute de température est fixée,...). Malgré le fait que les
statistiques (Tableau 2.6) ne font apparaı̂tre que des données moyennées, il ne faut tenir
compte que des débits instantanés. Pour une utilisation domestique, on admet en général
comme débit de la pompe 1/3 de la consommation totale journalière.
ment est l’intersection de la courbe réseau avec la courbe de la pompe. Toute variation de
la hauteur présumée ou de la consigne déplace le point de fonctionnement sur la courbe
de la pompe.
Les catalogues des constructeurs : une fois les conditions de débit et de charge fixées,
ceci pour une vitesse de rotation de l’arbre-moteur, la valeur numérique de la vitesse
spécifique est estimée. Celle-ci permet de choisir la famille de pompes parmi les pompes
rotodynamiques. On peut ensuite s’intéresser aux pompes proposées par les constructeurs
dans la famille la plus adaptée. Ces derniers proposent aux clients des plages d’utilisation
de leurs pompes pour lesquelles le rendement est correct et ceci pour des vitesses de
rotation fixées. La figure 2.31 représente les plages d’utilisation d’une pompe centrifuge
fonctionnant à une vitesse de rotation égale à 1450 tr/min. Il s’agit ici d’une plage et non
pas d’une courbe car un rognage des aubes, c’est à dire une réduction du diamètre, est
toujours possible.
58 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
Il est très difficile d’estimer à l’avance les pertes de charge d’un réseau hydrau-
lique. Les points de fonctionnement sur site et par le calcul seront probable-
ment différents. La pompe risque alors de ne pas fonctionner à son rendement le
meilleur. Pour une optimisation, on peut adapter la pompe au réseau en réduisant
par exemple le diamètre de la roue à la valeur calculée après essais.
− Clapet anti-retour : il doit être installé sur la conduite de refoulement pour éviter
tout reflux de fluide en cas d’arrêt soudain du moteur. Il est aussi préférable de choisir des
types de clapet avec ressort intérieur et avec obturateur à ogive, aidant ainsi à atténuer
le phénomène de coup de bélier.
− Vanne : non seulement elle permet le démontage de la pompe sans vider l’installation
mais elle sert aussi pour le démarrage du groupe et pour le réglage de débit.
vapeur
T B
sublimation
fusion vaporisation
C
A
solide liquide gaz
liquide
solidification liquéfaction
condensation pv (T ) p
(a) (b)
Figure 2.33: (a), Nomenclature des changements de phase ; (b) Courbe de saturation.
Changements de phase
Une pompe génère une zone de dépression dans son orifice d’aspiration. Si, dans cette
zone, le liquide voit sa pression absolue diminuer d’une façon conséquente, une cavitation
peut alors avoir lieu (Fig. 2.34). La vapeur créée peut s’accumuler (dans une partie haute
de la conduite) ou être entrainée dans le corps de la pompe. La trajectoire suivie par ces
2. Cette courbe est aussi appelée courbe de saturation.
3. C’est le cas de l’eau bouillante dans une casserole.
60 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
bulles de gaz les amène vers des régions de plus forte pression (extrémités des aubages
sur une pompe centrifuge par exemple). Le fluide repasse en dessous de sa courbe de sa-
turation : les vapeurs se liquéfient. On note ainsi des implosions continues, de fréquences
élevées. Ces implosions produisent des microjets et des surpressions (onde de choc) qui
peuvent atteindre plusieurs centaines, voire milliers de bar.
Notion de NPSH
Afin d’éviter les nuisances citées plus haut, il faut qu’en tout point du circuit, la
pression absolue soit supérieure à la tension de vapeur saturante. Cette pression étant
mesurable en tout point du circuit, on est donc capable d’estimer la marge que le fluide
dispose par rapport à la cavitation, pabs −pv (T ). Cette quantité variable dans le circuit, est
appelée NPSH, pour Net Positive Suction Head (Hauteur de Charge Nette Absolue). Cette
valeur traduit l’énergie encore disponible dans le fluide, au-dessus du seuil de tension de
vapeur saturante : c’est une réserve d’énergie. À l’entrée de la pompe, cette quantité
va atteindre une valeur minimale. En ce point du circuit (et uniquement), on parle de
NPSH disponible. Cette réserve d’énergie dépend du fluide, et du type d’installation
(réseau en aspiration ou en charge, cf. figure 2.36). À l’intérieur de la pompe, l’écoulement
perd de sa charge avant de recevoir l’énergie communiquée par la roue. Cette perte de
charge po − p1 , illustrée sur la figure 2.35, n’est connue que par le fabricant de la pompe et
dépend à la fois de la vitesse de rotation et du débit. La quantité (po −p1 )/(ρg) est désignée
sous le nom de NPSH requis, dont le constructeur propose une courbe de NPSH pour
Analyse externe d’une pompe centrifuge 61
1 2 3
p3
2
p0 p2
p1 1
Figure 2.35: Évolution de la pression dans la pompe et trajectoire des particules fluide
dans la pompe (les évolutions à travers les différents organes de la pompe
ne sont pas respectées ici).
pabs − pv (T ) po − p1
− >0 ou NPSHdisponible > NPSHrequis
ρg ρg
Le respect de cette relation assure a priori l’utilisateur d’une absence de cavitation dans
le circuit. Il est néanmoins préférable de prendre une marge de l’ordre du mètre afin de
considérer à la fois les erreurs d’appréciation du point de fonctionnement mais aussi des
susceptibles variations de ce point sur place. On peut dès lors écrire :
Nous allons traiter deux cas opposés illustrés sur la figure 2.36 qui nous permettront
d’énoncer certaines conditions propices à l’absence de cavitation dans une pompe. Le
cas a considère une pompe placée à une altitude plus basse que la surface libre de l’eau
dans le réservoir. La colonne d’eau assure une pression suffisante pour éviter la présence
d’une cavitation. Le cas b est moins favorable, la pompe étant placée à une altitude
plus importante que la surface libre exposée à une pression atmosphérique. De ce fait, la
pompe doit créer une dépression importante pour générer le mouvement de fluide. Cette
dépression doit évidemment être étudiée sérieusement dans le cadre de la cavitation.
=⇒ Cas a : Pompe montée en charge : le liquide provient d’un réservoir dont la surface
est pressurisée à une pression ps = patm. + prelative et situé à une hauteur h au-dessus de
l’entrée de la pompe. On notera ∆Ha les pertes de charge dans la conduite d’aspiration, et
Ve la vitesse du liquide à l’entrée de la pompe. En négligeant le terme de hauteur associé à
62 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
patm.
−h
cas a cas b
Figure 2.36: Réseaux hydrauliques. cas a, pompe montée en charge ; cas b, pompe
montée en aspiration.
=⇒ Cas b : Pompe montée en aspiration : un liquide est prélevé d’un bassin, pour
lequel la pression à sa surface est égale à la pression atmosphérique et situé à une hauteur
h en-dessous de l’entrée de la pompe. La charge à l’aspiration s’écrit HE = patm. /ρg − h −
Ve2 /2g − ∆Ha , d’où NPSHdisp = (patm. − pv (T ))/ρg − h − Ve2 /2g − ∆Ha .
=⇒ Cas général : d’après les deux cas précédents, on peut exprimer de façon générale
le NPSH disponible :
ps − pv (T ) V2
NPSHdisp = + hgéo − e − ∆Ha (2.6)
ρg 2g
où ps est la pression à la surface du réservoir alimentant la pompe. Dans le cas d’un bassin
ouvert, cette pression est égale à la pression atmosphérique. S’il s’agit d’un réservoir fermé
pressurisé, il faut alors additionner la pression (relative) lue sur le manomètre monté sur
le réservoir à la pression atmosphérique. hgéo correspond à la différence de hauteur entre
le niveau d’alimentation et l’entrée de la pompe. La pompe fonctionnant en charge, cette
hauteur sera considérée comme positive. Dans le cas où on pompe un liquide d’un ni-
veau plus bas, la hauteur devient négative. Ve2 /2g représente la part cinétique de l’énergie
soustraite au liquide. Dans les conduites bien conçues, la vitesse de l’écoulement est de
l’ordre de 1 m/s de sorte que ce terme peut généralement être négligé (Ve2 /2g = 0, 05).
Il convient néanmoins à l’utilisateur de vérifier cette valeur numérique. ∆Ha représente
les pertes de charge dans la conduite d’aspiration. On note d’après la relation (2.6) que
le niveau de pression disponible fait intervenir quatre composantes, qui ajoutent ou au
Analyse interne d’une pompe centrifuge 63
Courbes de NPSH
Ces courbes de cavitation des pompes ne peuvent être obtenues, aujourd’hui encore
qu’exclusivement par la voie expérimentale, conformément aux recommandations et exi-
gences des normes en vigueur. On commence pour cela par réaliser un point d’essai à
NPSH suffisamment élevé pour éviter toute cavitation. Ensuite, en maintenant le débit,
les pertes de charge dans le circuit et la vitesse de rotation, on diminue progressivement
la pression de l’écoulement. On note alors plusieurs valeurs caractéristiques, basées sur
l’observation et le bruit émis par la cavitation. (1) Le NPSH de début de cavitation. Il
s’agit de l’apparition des premières poches gazeuses. Ce phénomène peut être détecté
acoustiquement, ou visuellement lorsque les machines sont prédisposées de hublots trans-
parents ; (2) il existe ensuite d’autres valeurs particulières correspondant à des phases
de développement de la cavitation. Ces valeurs correspondent la plupart du temps à des
critères propres aux constructeurs ; (3) pour des valeurs de NPSH encore plus faibles, on
observe une chute des performances de la machine. On peut dès lors donner un critère
objectif pour déterminer un NPSH. Les constructeurs considèrent que la cavitation at-
teint un degré inacceptable lorsque le rendement est atteint de 3 %. En répétant cette
opération, on peut tracer l’ensemble de la courbe NPSH à 3 % de la pompe en fonction du
débit. C’est cette courbe qui est présentée dans les catalogues de pompes (NPSH requis,
Fig. 2.7). Une machine calée à une pression inférieure verra ses performances nettement
dégradées.
1,00
Début de cavitation
η chute de caractéristique
ηMax.
0,97 NPSH à 3%
NPSHdispo.
0,94
Figure 2.37: Évolution du NPSH pendant l’augmentation de la contribution de la cavi-
tation.
Les différents paramètres sur lesquels on peut agir pour modifier cette charge seront donc
mis en évidence. Après une brève description de la région interne proche de la roue, on
s’intéressera à la cinématique de l’écoulement en présentant le triangle des vitesses. Ce
dernier est nécessaire à la mise en place de la charge d’Euler, charge délivrée par la roue
mobile.
4. Les pompes centrifuges sont généralement des pompes rapides avec des vitesses de rotation de 1500
à 3000 tr/min. Ces vitesses en Europe correspondent aux vitesses de moteurs ayant une fréquence à 50
Hz. On trouvera dans la plupart des catalogues des constructeurs des vitesses de 1450 et 2900 tr/min.
Analyse interne d’une pompe centrifuge 65
Refoulement
Diffuseur
Roue
Volute
−
→
β V
Trajectoire −
→
relative W α
Trajectoire −
→
absolue U
O O
ω
(a) (b)
Figure 2.39: Cinématique dans la roue d’une pompe centrifuge. (a), trajectoires absolue
et relatives ; (b), triangle des vitesses.
−
→ −
→
i z
−
→
j
Wm = V m
V W O
α β
U
Vu Wu
(a) (b)
Figure 2.40: Définition du triangle des vitesses (a) et des vecteurs unitaires (b).
→ −
− →
Les vitesses V et W sont décomposées en deux termes : (1) une composante projetée
→
− →
−
sur j et donc alignées avec U dite tangentielle ou orthoradiale, Vu ou Wu , mesurée
→
−
positivement dans le sens de rotation ; et (2) une composante projetée sur i dı̂te radiale
ou méridienne, Vr et Wr , ou Vm et Wm . Il faut bien comprendre que toute composante
→
−
projetée selon le vecteur U est liée au transfert d’énergie, alors que les composantes
méridiennes sont quant à elles liées au débit (massique) traversant les roues mobiles,
−
→ →
ρS2 W 2 .−
n 2 avec −→n 2 sortant radialement de la surface d’éjection S2 placée au rayon r2 .
Les différentes relations entre ces projections sont les suivantes :
( →
− −→
V r = Wr Vr = V sinα = W sinβ
−
→ −→ − → ou
V u = Wu + U Vu = V cosα = W cosβ + U
un vecteur α1 très proche de 90˚, la composante Vu1 étant donc très faible. D’autre part,
l’angle β2 est appelé angle de sortie de la roue. Sa valeur est comprise entre 130˚et 165˚.
La suite du document se propose de formuler analytiquement la charge délivrée par
la roue. On s’attend, d’après ce qui a été dit plus haut, à noter dans cette expression
uniquement des termes de transfert d’énergie.
Le théorème de l’énergie cinétique relie l’énergie cinétique d’un système au travail des
efforts auquel il est soumis. Nous verrons plus loin que l’application de ce bilan sur un
−
→
volume de fluide sur un chemin élémentaire dl permet d’écrire l’équation de Bernoulli
en relatif. Il est très important de comprendre les raisons d’écriture de ce bilan dans un
repère relatif. En effet, travailler dans ce repère est une condition nécessaire pour observer
un écoulement permanent. Ceci n’est plus le cas dans un repère absolu non lié aux aubes
en mouvement.
Considérons donc un volume élémentaire de fluide parcourant pendant un temps dt
→
−
un chemin élémentaire dl (Fig. 2.41). Le théorème de l’énergie cinétique s’écrit dans le
repère relatif de la façon suivante :
dW 2 dp
= − − gdz + dwe + dwc
2 ρ
→
−
γ −i
→
dl −
→
U
O
r Figure 2.41: Définition du chemin
→
r + dr élémentaire dl, et de l’angle gamma
γ.
dW 2 dp
= −gdz − + rω 2 dr
2 ρ
dp dU 2
= −gdz − +
ρ 2
Il vient donc
d(W 2 − U 2 ) dp
+ dz + =0
2g ρg
L’équation de Bernoulli en mouvement relatif (fluide incompressible) est donc obtenue à
partir d’un bilan sur un filet de fluide :
W 2 − U2 p
+z+ = constante
2g ρg
Cette quantité est conservée entre l’entrée (indice 1) et la sortie (indice 2) des aubes
mobiles, en considérant d’autre part la relation W 2 − U 2 = V 2 − 2U Vu :
Le terme de gauche caractérise des transferts d’énergies cinétique (∆V 2 /2g) et d’énergie
potentielle (∆p/ρg + ∆z), lors du passage du fluide dans la roue mobile. Cette quantité
correspond donc à la charge d’Euler telle qu’elle a été définie précédemment. Par identi-
fication le terme du membre de droite est une autre forme d’écriture, plus pratique, de la
charge d’Euler :
U2 Vu2 − U1 Vu1
HE =
g
Le bilan de quantité de mouvement sera cette fois encore appliqué dans un repère
relatif, repère dans lequel l’écoulement est permanent. Dans le cas où ce bilan est appliqué
dans un repère absolu, les termes d’instationnarités difficiles à estimer dans ce cas doivent
Analyse interne d’une pompe centrifuge 69
être pris en compte (dérivée temporelle dans la relation (1.13) page 10). La charge d’Euler
traduisant la puissance communiquée au fluide (ρgQHE ) par la roue, et cette puissance
étant directement liée à la puissance absorbée par l’arbre (Cω, si on considère la puissance
mécanique totalement transférée au fluide), il nous faut donc exprimer le couple via l’effort
exercé par les aubes sur le fluide pour obtenir in fine la charge d’Euler.
Considérons le schéma de la figure 2.42, et intéressons-nous à l’effort exercé par l’aube
de gauche sur le fluide au point P. Dans le cas où les effets visqueux sont négligés, cet
effort élémentaire s’écrit
−p−→n p dS
où −
→n est la normale sortante à la paroi, et dS la surface élémentaire autour de ce point.
p
Cet effort local crée un couple élémentaire autour de l’axe de rotation
−→ −
dC = →
r ∧ (−p−
→
n p ) dS
avec ||−
→r || la distance radiale au point P. Le couple total exercé par les aubes en mouvement
sur le fluide s’écrit donc en intégrant l’expression précédente sur la surface des deux aubes
en contact avec le fluide :
→
−
Z
C = →
−
r ∧ (−p− →
n p ) dS
Sp
−
→
np
O
Nous nous plaçons dans cette démonstration dans l’hypothèse énoncée plus haut.
Toutes les particules fluides sont dès lors soumises aux mêmes efforts extérieurs quelle
que soit leur position. Les effets que pourraient avoir le voisinage des aubes sont donc
négligés. Ceux-ci ont une répercussion sur l’écoulement, et leurs conséquences sont dis-
cutées dans le paragraphe 2.6.7. Le bilan de moment de quantité de mouvement s’écrit
dans notre cas :
−−→ −
→− →− −−→ −−→ →
− −−−−→ −−−−→
Z Z Z
→
OM ∧ ρW(W. n )dS = →
−
OM ∧ σ n dS + OM ∧ ρ fv dv + M(Fe ) + M(Fc ) (2.8)
S S D
Ce bilan est appliqué sur le volume de contrôle proposé sur la figure 2.43 défini par la région
de passage des particules entre deux aubes consécutives. L’entrée et la sortie du domaine
sont caractérisées respectivement par des indices 1 et 2 ayant des normales unitaires
sortantes −
→
n1 et − →
n2 purement radiales, la paroi étant identifiée par l’indice p. Le premier
70 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
−−−−→ −−→ − −
→
Z Z
M(Fc ) = − OM ∧ →
γc dm = −2 −
→
r ∧ [−
→
ω ∧ W ]dm (2.10)
D D
−
→
W2 −
→
n2
S2
→
−
np
→
−
np
S1
−
→ −
→ Figure 2.43: Domaine de contrôle.
W1 n1
Le premier terme du membre de droite de la relation (2.8) contient le couple total
exercé par les parois sur le fluide. En effet, si on le développe, nous obtenons l’expression :
−−→
Z Z Z Z
→
−
OM ∧ σ n dS = →
− →
−
r ∧ (−pn1 ) dS + →
− →
−
r ∧ (−pnp ) dS + →
−r ∧ (−p−
→
n2 ) dS (2.11)
S S1 Sp S2
avec les termes placés aux extrémités du membre de gauche nuls car − →r colinéaires à −
→
n1 et
−
→
n2 . Le moment du débit de quantité de mouvement de la relation (2.8) s’écrit, en tenant
compte des notations de la figure 2.43 :
−−→ −
→− →− −→ −→ − −→ −→ →
Z Z Z
→
OM ∧ ρW(W. n )dS = →
− →
r ∧ ρW1 (W1 . n 1 )dS + →
−
r ∧ ρW2 (W2 .− n 2 )dS
S S1 S2
−→ −→ →
Z
+ →
−
r ∧ ρWp (Wp .−n p )dS
Sp
L’intégrale en paroi devient nulle car la vitesse est tangente à cette paroi. Les deux
−→
autres termes font apparaı̂tre la composante − →r ∧ Wi = ri Wui −→
z constante sur les surfaces
d’intégration S1 et S2 . On fait apparaı̂tre d’autre part le débit massique“dans le sens de
l’écoulement” et défini par la relation suivante :
−
→− →
Z
Qm = ρW. N dS
S
−
→ →
−
où N 1 = −−
→
n 1 et N 2 = −
→n 2 . Le moment du débit de quantité de mouvement s’écrit donc :
−−→ −
→−→→
Z
OM ∧ ρW(W.− n )dS = Qm (r2 Wu2 − r1 Wu1 ) −→
z
S
Analyse interne d’une pompe centrifuge 71
Notons d’autre part que dm = ρdV = ρA(r)dr, avec A(r) la surface de révolution située
à la distance radiale r de l’axe de rotation (Wr est normale à cette surface). L’expression
du moment de quantité de mouvement projeté selon z s’écrit finalement :
Z r2
C = Qm (r2 Wu2 − r1 Wu1 ) + 2ρω A(r)rWr dr
r1
U2 Vu2 − U1 Vu1
HE = (2.12)
g
Les parties précédentes ont formulé la charge d’Euler. On note en premier lieu que
cette charge dépend du triangle des vitesses à travers des termes de transfert d’énergie
uniquement. Il n’y a pas de composante méridienne liée uniquement au débit traversant
la pompe. Ceci est cohérent avec la définition de la charge d’Euler. D’autre part, le fluide
entre généralement dans la partie mobile radialement et sans pré-rotation. De ce fait,
la vitesse du fluide ne possède pas à l’entrée des aubes de composante orthoradiale (i.e.
Vu1 = 0). La charge d’Euler est donc simplifiée à l’expression suivante :
U2 Vu2
HE =
g
La charge d’Euler est fonction de la forme des aubes, et finalement, ces dernières sont
adaptées à un point de fonctionnement correspondant à un rendement maximum. En
dehors de ce point, il y a décollement, voire des recirculations qui font chuter le rendement.
Pour une inclinaison d’aubes donnée et à vitesse de rotation fixée, il apparaı̂t que la charge
d’Euler est une fonction linéaire décroissante du débit. La comparaison avec l’expérience
fait apparaı̂tre des différences (Fig. 2.44) dont l’origine est connue. Dans la zone 1, des
phénomènes de recirculation dans la pompe dégradent son rendement, et des pertes hy-
drauliques existent dans la zone 3.
H
Réelle
Théorique
1
sens de rotation désadapté entraı̂ne alors une mauvaise circulation du fluide générant
de fortes pertes de charge, diminuant de façon catastrophique le rendement (ce que l’on
observe lors du TP “Les pompes centrifuges”). Pour ces raisons, les pompes ayant des
aubes incurvées vers l’arrière sont généralement préférées.
−
→ −
→ −
→
W V W
β −
→
V β
−
→ −
→
U U
O O
(a) (b)
Figure 2.45: Influence du sens de rotation sur le triangle des vitesses : a, β est obtu ; b,
β est aigu. Dans les deux cas, la vitesses d’entraı̂nement est orthoradiale et
est orientée dans le sens de rotation des aubes, le vecteur relatif est tangente
à la trajectoire relative (en pointillé sur la figure). La vitesse absolue est
ensuite obtenue par composition des deux vecteurs précédents.
π
β<
2
π
β=
2
π
β>
2
Figure 2.46: Effet de
Q l’inclinaison des aubes
sur la charge d’Euler.
entre deux aubes consécutives. En réalité, il n’en est rien, car il existe plusieurs effets. (1)
Des effet d’extrados et d’intrados conduisent à une surpression le long de l’extrados et une
dépression le long de l’intrados. De ce fait, le fluide ne subit pas les mêmes effets qu’il soit
proche d’un côté ou l’autre de l’aube en mouvement, et l’écoulement ne peut plus être
considéré comme un bloc. (2) Il existe un effet du sillage car en aval de l’aube l’écoulement
est hétérogène. D’une manière simplifiée, on admet qu’il existe deux domaines, une zone
de jet débitant avec une vitesse uniforme et un angle de sortie qui est celui des aubes,
et une zone de sillage qui ne débite quasiment pas ou très peu. (3) Les effet de viscosité
entraı̂ne l’apparition d’une couche limite. Celle-ci affecte essentiellement la charge délivrée
par la pompe.
2.7.1 Constitution
Une pompe axiale est composée d’un convergent d’entrée, d’une roue à aubes mobile,
d’un redresseur et d’un diffuseur axial. Le convergent permet d’uniformiser les vitesses
moyennes à l’entrée tout en diminuant le taux de turbulence. Le redresseur est principa-
lement destiné à ramener les filets fluides suivant l’axe de la pompe en permettant une
récupération et une transformation partielle en pression de l’énergie cinétique. Différentes
coupes sont dessinées sur les figures 2.47 et 2.48.
convergent diffuseur
redresseur
entrée ω sortie
mobile
−
→
W2
−
→ −
→ −
→
U1 W1 U2
−
→ −
→ −
→ −
→
Ve V2 V3 Vs
−
→
V1
Figure 2.47: Composants d’une pompe axiale - évolution des vitesses.
Analyse interne d’une pompe axiale 75
→
−
−i −
→ → −
→ −
→ −
→
Va j W Va V
−
→ −
→
U U
ω ω
(a) (b)
Figure 2.48: Vues frontale (a) et de dessus (b) des aubes mobiles d’une pompe axiale -
définition des vitesses.
Nous supposerons dans notre cas que les particules de fluide entrant dans la partie
mobile de la pompe axiale conserveront leur distance radiale à l’axe de rotation. Ainsi
la composante radiale de la vitesse de ces particules est nulle. Il s’agit là de l’hypothèse
d’écoulement en équilibre radial traduisant l’équilibre entre les efforts centrifuges et les
efforts de pression.
L’écoulement généré par les aubes mobiles fait apparaı̂tre une vitesse d’entraı̂nement
→
− −
→
( U ), et une vitesse relative (W ), toutes deux reliées par la composition des vitesses
(relation 2.7).
Comme nous l’avons vu précédemment, il est très utile de décomposer la vitesse d’une
particule fluide en une composante débitante ou axiale (Va ), et une composante tangen-
tielle (Vu ) :
Va = V sin α = W sin β : Composante débitante ;
Vu = V cos α = U + W cos β : Composante de transfert d’énergie.
Notons d’autre part que dans le cas des pompes axiales, la composante radiale est
inexistente. Elle pourra être non-nulle dans le cas de faibles débits pour lesquels un
phénomène de recirculation existe. De ce fait, on considère en première approximation
que les filets de fluide restent à la même distance radiale le long du trajet dans la pompe.
Le débit élémentaire, exprimé par la relation dQ = Va dS = 2πVa rdr est conservé entre
l’entrée et la sortie de la roue :
La conservation du débit met en évidence le fait que la vitesse axiale est un invariant.
Si le fluide à l’entrée n’est pas animé de pré-rotation, l’évolution du triangle des vitesses
est alors donné par la figure 2.49.
−
→
V1
−→
W2
−
→ −→
V2 W1
−→ −
→ Figure 2.49: Évolution des vi-
Vu2 U tesses le long de la roue mobile.
On note bien le fait que la vitesse axiale reste constante, ainsi que la vitesse d’entraı̂nement
(si on demeure sur le cylindre de rayon constant). On remarque d’autre part que les
→
−
variations des projections sur U des vitesses absolues et relatives entre la sortie et l’entrée
sont égales,
Comme plus haut les efforts de pesanteur seront négligés. L’expression précédente devient
après développement :
→
− −
→ − → −→
→
− −
→ − → − →
→
− −
→ − → − →
r ∧ ρW W . n dS + r ∧ ρW W . n dS + r ∧ ρW W . n dS
1 1 1 1 2 2 2 2 p p p p
= →
−
r ∧ (−p1 −→
n 1 ) dS1 + −
→
r ∧ (−p2 −
→
n 2 ) dS2
→
− →
− →
− →
−
+ r ∧ (−p n p ) dS1 − r ∧ γe dm
−−→
r ∧−→
γc dm (2.15)
La contribution des termes agissant sur les surfaces de r et r + dr sont nulles. L’hypothèse
d’un fluide parfait ayant été posée, le fluide glisse le long des parois sans adhérence avec
un vecteur−vitesse perpendiculaire à la normale locale. Le troisième terme du membre de
gauche est donc nul. On introduit le débit élémentaire “dans le sens de l’écoulement”
−
→ − →
dQ = W i . N i dSi
→
− →
−
avec N = −−1
→n et N = −
1
→
n . Les produits vectoriels impliquant les efforts d’inertie
2 2
sont nuls. Enfin le troisième terme du membre de droite correspond au couple élémentaire
exercé par les aubes sur le fluide dC et orienté selon −
→
z . La relation (2.15) devient donc
−
→ −
→ →
− →
− −→
ρdQ − →r ∧ W2 − → −
r ∧ W 1 = −p1 r j dS1 + p2 r j dS2 + dC
La projection de cette équation selon →
−
z permet d’obtenir le couple élémentaire :
dC = ρdQr(Wu2 − Wu1 )
= ρdQr(Vu2 − Vu1 ) d’après la relation (2.14)
U Vu2
HE = (2.16)
g
la charge théorique délivrée (i.e., la charge d’Euler ) à un filet de fluide situé à une distance
r de l’axe de rotation. On retrouve une expression similaire à celle obtenue dans le cas des
pompes centrifuges. Ceci est logique car les deux types de pompes font parti de la même
famille des pompes rotodynamiques. Il n’est pas souhaitable cependant que la charge
délivrée par les aubes dépende de la distance radiale. En effet les gradients de pression
dans la direction radiale seraient à l’origine d’une déformation des lignes de courant et
donc de pertes hydrauliques. Pour éviter cela, la charge doit être identique quelle que
soit la distance radiale du filet de fluide. Il faut donc Vu2 = K/r, étant donné le fait que
U = rω. Les aubes sont dessinées la plupart du temps pour satisfaire cette condition.
H H
Réseau modifié
Réseau initial 3 b
Réseau
∆H b
Pompe 1
b
2 ω
ω′
Q Q
Q’o Qo
(a) (b)
Figure 2.50: Modification du point de fonctionnement à partir (a) d’un vannage sur la
conduite de refoulement, (b) d’un changement de la vitesse de rotation de
la pompe.
schématisé sur la figure 2.50.b pour lequel le point de fonctionnement initial correspond au
point 1, la pompe tournant dans ce cas à la vitesse de rotation ω. On souhaite ici adapter
la vitesse de rotation de la pompe afin que le débit de fonctionnement soit plus faible
et corresponde à celui du point 2. Pour ce débit, la charge du réseau vaut H2 , la courbe
caractéristique de la pompe, à la vitesse de rotation inférieure ω ′ , devra donc passer par
ce point (Q2 , H2 ). Notons de suite que le point 2 n’est pas obtenu à partir du point 1 par
application directe des lois de similitude (i.e. Q/ω = Cste et H/ω 2 = Cste), mais à partir
d’un autre point, ici le point 3, qu’il va falloir estimer.
La prochaine étape consiste à déterminer les caractéristiques du point 3. Pour cela,
nous allons tracer la courbe respectée par le point 2 lorsque la vitesse de rotation de
la pompe évolue. D’après les relations de similitudes précédentes, le débit et la hauteur
manométrique pour ce point-là sont reliées de la façon suivante :
H
= Constante
Q2
La constante peut être déterminée à partir du point 2, Constante = H2 /Q22 , et cette
fonction parabolique tracée. L’intersection avec la courbe de la pompe à la vitesse ω
permet l’estimation des caractéristiques du point 3 qui est donc relié au point 2 à partir
des lois de similitude. Le rapport des débits Q3 /Q2 est égal au rapport des vitesses de
rotation ω/ω ′ , et la nouvelle vitesse de rotation peut donc être estimée.
L’exercice [E17] propose une application de cette méthode.
D↓
Réseau
1b
b
2
D
D′ Figure 2.51: Modification du point de
fonctionnement à partir du rognage des
Q aubes d’une pompe.
Réseau sous-estimé
Ce cas n’est pas fréquent car les pertes de charge sont généralement surestimées dans
le calcul. Ce problème provient généralement d’une hauteur géométrique ou des pertes
de charge réelles supérieures à celles estimées. Ce dernier point peut être consécutif à un
encrassement des conduites.
On observe alors sur place un débit plus faible que celui souhaité (Fig. 2.52.a). Une
possibilité consiste alors à réduire les pertes de charge (1) si cela est possible. Si cette mo-
dification n’est pas possible, la vitesse de rotation peut être augmentée (2) pour déplacer
le point de fonctionnement vers des débits plus élevés. Si aucune de ces modifications
ne peut être apportée, le responsable de l’installation devra alors changer la pompe et
adapter ainsi le diamètre des aubes.
Réseau surestimé
Ce cas est plus fréquent que le précédent, et est lié à une hauteur géométrique ou des
pertes de charge réelles inférieures à celles estimées.
Le débit observé sur place est dans ce cas plus élevé que celui souhaité (Fig. 2.52.b).
Il y a un risque de cavitation si la pompe est placée en aspiration. Les pertes de charge
peuvent être augmentées (1) par l’utilisation d’une vanne ou d’un diaphragme. On peut
d’autre part rogner les aubes ou diminuer la vitesse de rotation (2), ces deux opérations
ayant le même effet à savoir une diminution de la charge fournie par la pompe. Le point
de fonctionnement voit alors sa valeur de débit chuter.
Adaptation des conditions de fonctionnement 81
(a) (b)
2.9 Exercices
Le niveau de difficulté des exercices suivants est évalué à partir du nombre d’étoiles (∗)
allant d’une étoile pour les exercices simples jusqu’à trois étoiles pour les exercices les plus
difficiles à résoudre.
Tableau 2.7: Points caractéristiques des pompes des exercices [E7] et [E8].
Q (l/s) 0 5 10 15 20 25 30
H (m) 120 118 110 98 80 58 30
D
B C
0m
Système de
A pompage
Figure 2.53: Schéma du réseau hydraulique de l’exercice [E10]. (Pour les besoins du
dessin, les échelles et les perspectives ne sont pas respectées. De plus les
villes V et V’ ne sont pas représentées sur la figure).
[1.] Quels seraient les points de fonctionnement de chacune de ces pompes dans les deux
hypothèses de groupement ci-dessus et quelles seraient les puissances totales absorbées par
le système de pompage dans ces mêmes hypothèses ? On prendra la pression de vapeur
saturante comme étant égale à 2260 Pa.
[2.] Ces groupements sont-ils toujours possibles dans le cas où la hauteur d’aspiration
vaut 2 m ? Qu’adviendrait-il de ces possibilités de groupement si la hauteur d’aspiration
passait à 4 m ?
Exercices 85
H (m)
120
1
100
2
80
60
η (%)
100
40 80
η2 60
NPSH requis
η1
20 10 40
5 20
NPSHr2 Q (l/s)
NPSHr1
0 0
0 100 200 300 400 500 600 700
Mercure
R On désire déterminer expérimentalement
Eau la hauteur manométrique délivrée par la
B
C
Vanne pompe centrifuge au fluide de notre étude
pour différents débits. Pour cela, on utilise
un manomètre différentiel à mercure installé
A comme le montre le schéma ci-contre. Les
conduites d’aspiration et de refoulement ont
des diamètres identiques.
[6.] Quelles sont les valeurs du débit et de la charge que devra fournir la pompe ?
Hm
(m)
20
15
10 100
90
80
70
Rendement (%)
η
60
5 50
NPSHrequis (m)
4 H(Q) 40
3 30
2 20
NPSHrequis
1 10
0
0 5 10 15 20 25 30 35 Q (l/s)
Figure 2.55: Courbes caractéristiques de la pompe de l’exercice [E12] à la vitesse de
rotation N = 1450 tr/min.
Exercices 89
Les villes V et V’ sont alimentées respectivement par les réservoirs R et R’. Ces derniers
sont approvisionnés par un réseau hydraulique présentant deux bassins (B1 et B2 ) situés à
des altitudes identiques (Fig. 2.56) à la surface desquels règne une pression atmosphérique.
La pompe P1 est reliée au bassin B1 par une conduite AB dont on ne pourra pas négliger
les pertes de charge. La pompe P2 est quant à elle immergée dans le bassin B2 et four-
nit le débit Q2 . Les courbes caractéristiques des deux pompes (Hauteur manométrique
et rendement en fonction du débit) sont rassemblées sur la figure 2.57. Les conduites de
refoulement des deux pompes (C’D et CD) sont regroupées au point D (Ces conduites
étant de longueur très courte, les pertes de charge y seront négligeables). Le débit Q est
alors transporté dans une conduite DE jusqu’au point E. Au point E, on prélève un débit
de 200 l/s pour alimenter un village (non représenté sur la figure) et l’on partage le débit
restant dans les conduites EG et EF qui vont respectivement aux réservoirs R et R’ à
la surface desquels règne une pression atmosphérique. Les caractéristiques des conduites
impliquées dans le problème sont rassemblées dans le tableau 2.14.
z = 62 m
R
G
QR z’ = 58 m
R’
z2 = 28 m F
B2 P2 QR ′
C’ Q2 Q
E
B D
z1 = 28 m C 200 l/s
Q1 P1
B1
A : pompe
Figure 2.56: Schéma du réseau hydraulique de l’exercice [E14]. (Pour les besoins du
dessin, les échelles et les perspectives ne sont pas respectées).
[1.] Déterminer les points de fonctionnement des deux pompes, et la puissance consommée
par le système de pompage.
[2.] Estimer les débits traversant les conduites EF et EG. Vérifiez-vous le relation de
conservation du débit, QR + QR′ + 200 ≈ Q1 + Q2 ?
H (m)
100
90
P1
80
P2
70
60
50
40
30 80
Rendement (%)
η1
20 70
η2
10 60
0 Q (l/s)
0 200 400 600 800 1000 1200 1400
Cet exercice reprend les données de l’exercice [E14]. La conduite DE est cette fois pourvue
d’une vanne permettant la régulation du débit alimentant les deux réservoirs. Il existe une
relation entre la section de passage de l’eau à travers cette vanne et le coefficient de pertes
de charge ξ. On ne s’intéressera pas ici à cette relation. Les pertes de charge générées par
la vanne sont formulées par la relation ∆Hv = ξ × V 2 /2g. La valeur de ξ est égale à 0
lorsque la vanne est totalement ouverte et tend vers une valeur infinie pour une section
de passage de plus en plus faible. Le débit alimentant le réservoir R’ doit être réduit à
QR′ = 400 l/s. Estimez la valeur du coefficient de pertes de charge singulières ξ associé à
l’état d’ouverture de la vanne permettant de satisfaire ce débit.
H (m)
160
140
120
100
80
60
40
20
0
0 5 10 15 20 25 30 35 Q (l/s)
On doit fournir, pour une autre application, un débit Q2 =15 m3 /min pour une hauteur
H2 =100 m. Pour réaliser cela, quelle pompe de la même famille peut-on prendre : Diamètre
(D2 ) et vitesse (ω2 ) ?
la pompe est de 1460 tours par minute. Quel type de pompe devrait-on utiliser ?
94 Principe de fonctionnement des pompes centrifuges
Chapitre 3
Dans les systèmes hydrauliques en charge, les changements brusques de régime (arrêt
ou démarrage d’une pompe pour les stations d’épuration par exemple) entraı̂nent d’im-
portantes variations de pression, appelées coups de bélier. Les contraintes générées sur
le matériel dépassent dans la plupart des cas celles observées dans le régime statique ou
permanent. Il devient dès lors très important d’analyser les différents régimes transitoires
afin de mettre en place des mesures de protection adaptées. L’expérience montre que
ce phénomène est très complexe, avec pour conséquence une absence de solution analy-
tique. Nous verrons dans la suite de l’étude que dans le cas d’un écoulement dans une
conduite pourvue d’une vanne, il existe deux comportements différents (élastique et in-
compressible). Les deux existent simultanément, mais un des deux comportement reste
prépondérant selon le temps caractéristique de la variation du régime permanent. Il est
très important aussi de bien noter de suite qu’il n’y a pas de déplacement de matière (ou
très peu), mais plutôt un mouvement du fluide autour d’un valeur moyenne. Afin d’expo-
ser cette partie de façon graduelle, nous verrons les approches suivantes : (1) l’écoulement
incompressible dans une conduite de section constante (coup de bélier de masse), (2)
l’écoulement compressible dans une conduite de section constante, et (3) l’écoulement
compressible dans une conduite de section variable (coup de bélier d’ondes).
Les liquides sont généralement considérés comme étant incompressibles mais ici on
tiendra compte de leur légère compressibilité (la variation relative de leur masse volumique
restant faible).
∂ 2 ui
∂ui ∂ui ∂p
ρ + uj =− +µ + ρfi
∂t ∂xj ∂xi ∂xj ∂xj
Nous considérerons dans la suite l’écoulement aligné selon un axe x horizontal. Les
équations selon les deux autres directions seront donc ignorées dans les résolutions sui-
vantes. D’autre part les efforts volumiques de pesanteur sont alignés selon l’axe z et orienté
dans le sens négatif de ce dernier (i.e. fz = −gz). Enfin les efforts de viscosité étant sup-
posés négligeables ici, la composante selon x du bilan de quantité de mouvement se résume
à l’équation d’Euler :
∂u ∂u ∂p ∂
ρ +u = − − ρ (gz)
∂t ∂x ∂x ∂x
∂p∗
= −
∂x
avec p∗ = p + ρgz. Si on ne considère que des écoulements à l’horizontal, le terme de
pression se simplifie et on obtient :
∂u ∂u ∂p
ρ +u =− (3.1)
∂t ∂x ∂x
Maintenant que les équations “générales” sont posées, intéressons-nous à différentes confi-
gurations pratiques. Nous procéderons dans la suite par étape en traitant en premier
lieu le cas simple d’un écoulement incompressible lors de l’ouverture d’une vanne dans
une conduite de section strictement constante. Ensuite, nous examinerons l’influence de
la compressibilité du fluide et introduirons alors le concept d’onde. Pour terminer, la
conduite sera considérée comme étant élastique et capable de se déformer sous l’influence
des variations de pression.
98 Phénomènes transitoires dans les conduites
h
Figure 3.1: Ins-
L
tallation avec une
patm. conduite à la base
u
d’un réservoir.
A B C
Dans le convergent AB, la variation de vitesse dans la direction de la conduite est
très importante consécutivement à l’évolution rapide de la section de passage du liquide
(i.e. uB >> uA ). De ce fait le terme instationnaire (∂u/∂t) de l’équation (3.1) devient
négligeable devant le terme de convection (∂u/∂x). Cette équation devient alors :
∂u ∂p
ρu =−
∂x ∂x
L’intégration spatiale le long du convergent de cette expression, en tenant compte d’une
vitesse en entrée de convergent négligeable devant celle observée en sortie de convergent,
donne :
2
u2B = (pA − pB ) (3.2)
ρ
La conduite BC quant à elle est caractérisée par une section constante, le bilan de masse
(??) devient alors ∂u/∂x = 0 La vitesse u ne dépend que du temps et non plus de la
position dans cette conduite (on peut enlever l’indice B). L’équation d’Euler (3.1) est
simplifiée à
∂u ∂p
ρ =−
∂t ∂x
Coup de bélier de masse 99
u p
2gh
∂u
La surpression au niveau de la vanne vaut alors : ∆p = −ρL
∂t
On remarquera que le terme temporel est négatif consécutivement à la décélération de
l’écoulement, générant alors une augmentation de la pression dans la conduite (i.e. ∆p >
0). On note aussi que l’évaluation de la variation de pression est fortement liée à l’esti-
mation de l’évolution temporelle de la vitesse. Cette dernière est généralement obtenue
à l’aide de la connaissance des pertes de charge à l’origine du changment du point de
fonctionnement.
Application numérique : Soit une conduite de longueur 1 km dans laquelle de l’eau circule
à une vitesse égale à 2 m/s, la vanne est fermée en 4 secondes. La formule précédente
prédit ∆p = 5 bar. La présence de telles pressions pose d’énormes problèmes du point de
vue du matériel. Il existe des systèmes limitant cette surpression. La cheminée d’équilibre,
une de ces possibilités, est décrite dans la section suivante.
patm. patm.
zr
zc
réservoir cheminée
h
L
u
E S
(a) (b)
Rappelons que la surpression créée par la fermeture de la vanne est caractérisée par un
soulèvement de la surface libre dans la cheminée, et ensuite des oscillations de celle-ci. On
cherche alors à mettre en place une équation différentielle de cette hauteur, ayant pour
solution un terme sinusoı̈dal. La relation (3.3) correspond presque à ce que l’on recherche,
mis à part le fait que la vitesse intervienne. Afin de faire apparaı̂tre le terme h, utilisons
la conservation du débit massique de la conduite vers la cheminée :
∂zc ∂h
ρsu = ρSc = ρSc
∂t ∂t
∂u Sc ∂ 2 h
=
∂t s ∂t2
∂ 2h sg ∂ 2h
+ h=0 ou + Ω2 h(t) = 0 (3.4)
∂t2 Sc L ∂t 2
le niveau
p de l’eau dans la cheminée laisse donc apparaı̂tre des oscillations de pulsation
Ω = sg/Sc L. La solution de cette équation est de la forme h(t) = A × sin(Ωt + Φ). Les
paramètres A et Φ sont déterminés à l’aide de conditions à l’instant initial. Les niveaux
des deux réservoirs sont égaux (h(0)
= 0), d’où Φ = 0. D’autre part, le débit est transmis
∂h p
à la cheminée, soit suo = S , entraı̂nant ainsi A = suo /SΩ = uo sL/Sc g. Après
∂t t=0
p
résolution, la solution devient h(t) = uo sL/Sc g × sin Ωt et le maximum de surpression
est alors associé à un maximum de dénivelé, soit :
s
sL
∆pMax ≡ ρghMax = ρg uo .
Sc g
Si l’on reste dans le cas de la conduite précédente avec en plus une cheminée de
diamètre trois fois plus grand que celui de la conduite (i.e., Sc = 9s), il vient :
r
1000
∆pMax = 1000 × 9, 81 × × 2 = 66030 Pa = 0, 66 bar
9 × 9, 81
au lieu des 5 bar dans le cas d’une conduite sans cheminée. Ce système est largement
utilisé dans le cas d’alimentation de turbine afin d’amortir les brusques variations dans la
manœuvre du distributeur de la turbine.
Coup de bélier d’ondes 103
Ces résultats ne sont valables que pour des temps de fermeture ou d’ouverture
lents. L’application de ces lois dans le cas d’ouverture plus courte indiquerait
des surpressions beaucoup plus grandes que celles observées. En effet, si les va-
riations de pression sont suffisamment rapides et importantes, l’eau devient un
fluide compressible susceptible de propager des ondes à grande vitesse. Le reste
du chapitre s’intéresse aux effets de cette compressibilité.
1 dV
χ=− (3.5)
V dp
104 Phénomènes transitoires dans les conduites
2 ∂p 1
c = = (3.7)
∂ρ ρχ
Cette expression met en évidence des célérités différentes dans l’air, l’eau ou l’acier
(Tableau 3.1).
Le prochain paragraphe se propose d’inspecter la propagation d’une onde issue d’une
perturbation locale, mais toujours en considérant la conduite pourvue d’une section cons-
tante (n’allons pas trop vite).
3.5.2 Propagation d’une onde plane dans une conduite circulaire indé-
formable
L’objectif de cette partie est d’atteindre les solutions d’onde de pression se propageant
dans la conduite suite à une variation subite des conditions de fonctionnement. Le passage
de l’onde agite le fluide à une certaine vitesse, u, qui sera supposée être négligeable devant
la célérité de l’onde.
Lorsqu’on ferme une vanne, la compressibilité du fluide entraı̂ne un écrasement de la
première tranche contre cette dernière : (ABCD) devient (A’B’CD) sur la figure 3.4. La
pression de la première tranche augmente avec la diminution de son volume. Une fois
celle-ci arrêtée, la deuxième tranche subit la même décélération, et la même compression.
Cette compression est véhiculée de proche en proche et ne s’apparente plus alors à un
mouvement en bloc mais plutôt à la propagation d’une onde dont on va estimer la célérité 3 .
3. Dans ce cas, on parlera de la célérité au lieu de la vitesse de l’onde, la dénomination de vitesse étant
associée à un déplacement de matière.
Coup de bélier d’ondes 105
B C B B’ C
p p + dp Figure 3.4: Écrasement d’un
volume de fluide lors de la fer-
A D A A’ D meture d’une vanne.
Reprenons notre tranche précédente de longueur dx (Fig. ??). Le paragraphe 3.3 nous
a permis de mettre en place les équations générales qui gouvernent le mouvement des
particules. Dans le cas de fluide compressible, les équations de continuité et d’Euler de-
viennent respectivement (en tenant compte du fait que la section reste constante) :
∂ρ ∂u ∂ρ ∂u ∂u ∂p
+ρ +u =0 et ρ +u + =0
∂t ∂x ∂x ∂t ∂x ∂x
On supposera que les termes de convection sont négligeables devant les autres termes :
∂ρ ∂ρ ∂u ∂u
u ≪ u ≪
∂x ∂t ∂x ∂t
Ceci est légitime à partir de l’instant où la vanne est fermée, le déplacement des particules
est très inférieur à la variation des paramètres au passage de l’onde. Il reste alors :
∂ρ ∂u
+ρ =0 (3.8)
∂t ∂x
∂u ∂p
ρ + =0 (3.9)
∂t ∂x
Les équations (3.8) et (3.9) font apparaı̂tre trois paramètres, ρ, u et p. On peut en éliminer
un à l’aide de la relation (3.7) :
∂ρ ∂ρ ∂p 1 ∂p
= × = 2
∂t ∂p ∂t c ∂t
∂ 2p 1 ∂ 2p
− =0 (3.11)
∂x2 c2 ∂t2
On remarquera que la dérivée de la masse volumique a été négligée, en effet cette étude
s’intéresse à des fluides faiblement compressibles. On pourra aussi vérifier que u satisfait
à la même équation :
∂ 2u 1 ∂ 2u
− =0 (3.12)
∂x2 c2 ∂t2
106 Phénomènes transitoires dans les conduites
Nous reconnaissons ici l’équation de propagation d’une onde. Cette relation intervient
aussi dans les études concernant les cordes vibrantes, les ondes acoustiques, le rayonnement
électromagnétique, etc. Il s’agit dans tous les cas d’une équation différentielle du second
ordre du paramètre étudié φ :
∂ 2φ 1 ∂ 2φ
− =0
∂x2 c2 ∂t2
La solution contient deux termes, F (t − x/c) et f (t + x/c) . Le premier terme caractérise
une onde qui se propage vers les x positifs, c’est à dire dans le sens de l’écoulement
permanent (onde progressive) ; le deuxième une onde se propageant dans le sens inverse
à l’écoulement (onde régressive).
La vitesse d’agitation des particules fluides u et la pression p ont donc des solutions
équivalentes :
x
x
p − po = F t − +f t+ (3.13)
c c
1 h x x i
u − uo = F t− −f t+ (3.14)
ρc c c
où les indices indiquent des conditions initiales. Les fonctions F et f doivent être ho-
mogènes à une pression. Ces expressions, appelée dans la littérature Formules d’Al-
lievi 4 , peuvent être vérifiées par la satisfaction des équations (3.9) et (3.10). C’est à
partir de ces équations que la méthode graphique de Bergeron a été introduite (§ 3.8).
Les fonctions F et f représentant des ondes de pression se propageant sans déforma-
tion respectivement dans les sens positif et négatif, à une abscisse x dans la conduite, la
pression p − po est la superposition de ces deux ondes.
Les variations de pression et de vitesse vont donc se propager dans la conduite à la
vitesse c, il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’un mouvement de matière mais
du déplacement d’une information. L’exemple même est celui d’une vague (l’information)
qui se déplace et la bouée (matière) à la surface de la mer qui oscille en hauteur sans se
déplacer.
3.5.3 Propagation d’une onde plane dans une conduite cylindrique élas-
tique
La conduite est cette fois assimilée à un cylindre déformable de faible épaisseur e
devant son diamètre interne D. On supposera néanmoins que la section du tube reste
circulaire au cours de sa déformation. Celle-ci n’empêche pas la propagation d’ondes de
surpression et de dépression toujours régies par une équation de la forme :
∂ 2p 1 ∂ 2p
− =0
∂x2 a2 ∂t2
4. Lorenzo Allievi (1856-1941), ingénieur italien ayant travaillé sur les problèmes transitoires dans les
centrales hydroélectriques.
Coup de bélier d’ondes 107
Prenons le temps d’examiner les expressions (3.7) et (3.15), expressions des célérités d’une
onde dans une conduite de section strictement constante et dans une conduite élastique.
Tout se passe comme si le coefficient de compressibilité était augmenté dans le deuxième
cas par D/eE, de ce fait la célérité de l’onde dans la conduite est inférieure à celle de
cette même onde dans le même milieu libre. De plus, l’influence de la déformation de la
conduite n’est appréciable que pour les fluides pratiquement incompressibles, pour lesquels
χ et D/eE sont à peu près du même ordre de grandeur. Elle est négligeable pour les gaz.
Application numérique : χ = 0, 5.10−9 m2 /N, ρ = 103 kg/m3 , e=2 mm, D=200 mm,
E = 2, 0 × 1011 N/m2 :
célérité (m/s)
Section constante Section variable
1414 1000
patm.
réservoir
ho
conduite
Figure 3.5: Schéma pour la
uo patm. description du coup de bélier.
A B
L’onde réflechie, reste une onde de dépression se propageant à la célérité a vers le bassin
(Fig. 3.6.e) l’onde de pression conserve son signe lors d’une réflexion sur la
vanne.
# À t = 4τ , le cycle est fini, l’onde progressive atteint la vanne. Un nouveau cycle prend
place.
4L
T = (3.16)
a
L’ensemble de ce qui vient d’être dit est résumé sur la figure 3.7. Pour connaı̂tre les
conditions de pression et de vitesse dans la canalisation au point P d’abscisse x à l’instant
t, il faut se souvenir que celles-ci correspondent à la superposition d’ondes progressive et
régressive. La première est partie du réservoir à l’instant t − x/a avec une vitesse +a,
et la deuxième de la vanne à l’instant t + (L − x)/a avec une vitesse −a. La résolution
de ce problème passe par l’écriture des deux équations d’onde et de leur condition limite
respective. On pourra pour cela utiliser la méthode de Bergeron, introduite au paragraphe
3.8 (p. 114).
a
∆h ∆h
ho ho
u=0 u=0
uo
0<t<τ (a) (b) t=τ
−∆h
a
ho ho
−uo
u=0
−uo
τ < t < 2τ (c) (d) t = 2τ
−∆h
−a
ho ho
u=0 u=0
−uo
2τ < t < 3τ (e) (f ) t = 3τ
a
∆h
ho ho
uo
u=0
uo
3τ < t < 4τ (g) (h) t = 4τ
Figure 3.6: Coup de bélier lors d’une fermeture instantanée de la vanne située à
l’extrémité de la conduite.
Considérations pratiques 111
t t
L
(V,5 )
c
L
Q = Qo h = h o (V,4 )
c
L aQo
(V,3 ) Q = 0 h = ho −
c gS
L
Q = −Qo h = ho (V,2 )
c
L aQo
(R, ) Q = 0 h = ho +
c gS
(V,0)
Q = Qo h = h o
L
(R,− ) Q = Qo h = h o
c Régime permanent
réservoir vanne
Figure 3.7: Descriptif du comportement des ondes au cours du coup de bélier (notation :
h = p/(ρg).)
p
po + ρauo
t
2τ 6τ
4τ
Figure 3.8: Comportement de
po − ρauo la pression au cours du coup de
bélier.
R2
R1
Figure 3.9: Section d’un volant d’iner-
tie. −
→
z
L’amortissement généré par ces volants dépend fortement de leurs dimensions, sachant
qu’elles sont restreintes par la place dont dispose le système de pompage. Dans le cas du
volant illustré sur la figure 3.9, le moment d’inertie de ce volume de révolution par rapport
Moyens de protection des conduites 113
à l’axe de rotation O−
→
z vaut
R22 + R12
I=m
2
De ce fait, au moment de l’arrêt brusque du moteur, le volant d’inertie a accumulé une
énergie cinétique égale à 1/2×Iω 2 . D’après le théorème de l’énergie cinétique, la variation
de l’énergie cinétique est égale à la somme des travaux des efforts extérieurs, soit ici Cωdt
pendant le temps dt. Par conséquence, d’après ce théorème :
1 2
d Iω = Cωdt
2
En développant, et en passant aux différences finies, cette relation s’écrit finalement :
C
∆ω = ∆t (3.18)
I
Ainsi, à partir de la vitesse angulaire au moment de la disjonction, il est possible d’esti-
mer les vitesses successives (ω − ∆ω) à des temps consécutifs (t + ∆t), et les nouvelles
caractéristiques de la pompe en fonction de ces nouvelles vitesses de rotation. On choisit
généralement la valeur de ∆t égale au temps d’un aller-retour de l’onde entre la pompe
et le réservoir, soit ∆t = 2L/a.
L’exercice [E26] propose une résolution détaillée de cette application. Il est néanmoins
nécessaire de maitriser la technique de résolution basée sur les relayeurs de Bergeron,
détaillée au paragraphe 3.8, pour résoudre cette application.
du circuit dont on souhaite une protection face à des surpressions trop importantes (Fig.
3.11.a). Lorsqu’une surpression assez grande est créée, lors d’une variation du régime de
l’écoulement, un débit est possible par la soupape. Généralement, le système est dimen-
sionné de telle sorte que la pression nécessaire pour ouvrir le système correspond à une
valeur 5% plus élevée que la pression normale de fonctionnement. Ce système doit être
très réactif, et l’ouverture la plus rapide possible.
Air
Singularité
Refoulement
(a) (b)
p∗ − patm. p∗ patm.
h= ou =h+
ρg ρg ρg
De même, le débit est plus utilisé en hydraulique en lieu et place de la vitesse dans les
conduites. Les formules d’Allievi deviennent alors :
1 h x x i S h x x i
h−ho = F t− +f t+ et Q−Qo = F t− −f t+
ρg a a ρa a a
Si notre imagination est assez vaste pour pouvoir considérer un observateur se déplaçant
dans le sens des x positifs à la vitesse a (Fig. 3.12), son déplacement vaut :
x
x = at + Cste ou t− = Cste
a
x
Dans ce cas, F t − = Cste, entrainant donc la relation importante
a
a
h+ Q = Cste (3.19)
gS
Ici la constante représente les conditions de départ du coureur et peut s’exprimer sous
la forme hinit. + aQinit. /gS, avec hinit. et Qinit. les conditions de hauteur et de débit au
moment du départ du relayeur considéré. Si notre imagination a résisté jusqu’ici, il nous
sera facile de considérer cette fois-ci un autre observateur se déplaçant en sens inverse
(Fig. 3.12), mais toujours à la vitesse a, son déplacement vaut :
x
x = −at + Cste ou t+ = Cste
a
116 Phénomènes transitoires dans les conduites
x
Dans ce cas, f t + = Cste, entrainant donc une deuxième relation tout aussi impor-
a
tante
a
h− Q = Cste (3.20)
gS
Nous voyons donc que pour un observateur se déplaçant à une vitesse a (quel que soit le
sens), la charge et le débit volumique sont reliés linéairement.
a a
h− Q = Cste h+ Q = Cste
gS gS
Figure 3.12:
Représentation et orien-
tation des relayeurs de
Qo x
Bergeron.
h a a
− +
gS gS
Un état d’ouverture d’une vanne impose aussi une condition constante : une évolution des
pertes de charge avec le débit si elle est partiellement fermée, et un débit nul si elle est
totalement fermée. Concernant ce dernier point, ceci reste vrai tant qu’il n’y a pas de
cavitation observée. En effet, si une cavitation est présente en ce point, celle-ci imposera
une hauteur de cavitation (Cf. paragraphe 3.8.7). Enfin, dans le cas d’une pompe ayant une
vitesse décroissante, consécutivement à l’utilisation d’un volant d’inertie, celle-ci impose
une hauteur et un débit dont les valeurs sont évaluées par la caractéristique de la pompe
à la vitesse de rotation observée par le relayeur à son arrivée.
Tous ces cas sont traités par la suite. L’application du paragraphe 3.8.4 traite du cas
d’un réservoir et d’une vanne totalement fermée en absence de cavitation. Le paragraphe
3.8.5 propose de résoudre graphiquement ce même cas avec cette fois une vanne dont la
fermeture est progressive (le type est donc variable ici pour une des deux extrémités).
Concernant ce type de condition, l’arrêt progressif d’une pompe par l’intermédiaire d’un
volant d’inertie cette fois est appliqué dans l’exercice [E26].
avant la vanne : A, R et V :
hA = hR = hV ≡ ho
h
patm. A ho
réservoir
ho
conduite
R Qo V patm. Qo Q
d’où Q = −Qo d’après l’équation transportée par le relayeur. Nous obtenons ainsi le point
(Q, h) = (−Qo , ho ). À cet instant, un quatrième relayeur part du réservoir pour la vanne,
a a
et transportant l’équation h + Q = ho − Qo , étant données ses conditions initiales.
gs gs
# À l’instant t = 4τ , le relayeur 4 arrive sur la vanne pour laquelle le débit est nul. La
a
pression alors h = ho − Qo , le deuxième relayeur a bien travaillé. Nous obtenons ainsi le
gs
aQo
point (Q, ∆h) = (0, − ). À partir de cet instant, le quatrième va s’empresser d’inverser
gs
la surpression, on retrouve alors les conditions du premier relayeur. Un cycle complet a
été effectué sur la vanne. Le dernier relayeur quant à lui, partant de la vanne pour se
diriger vers le réservoir lui permettra d’observer la condition (Qo , 0). Lorsqu’il inversera
la tendance, un cycle complet sera alors effectué à l’embouchure du réservoir. Le relai est
fini.
Notons que nous retrouvons une période de 4L/a que ce soit au niveau de la vanne
mais aussi à l’embouchure du réservoir. Nous retrouvons d’autre part les mêmes estima-
tions de surpression que celle prédı̂te par les formulations d’Allievi. Les résultats obtenus
à partir des relayeurs de Bergeron sont rassemblés sur la figure 3.15.
Notons tout de même que tracer les droites caractéristiques des relayeurs est une
première étape, et non une fin en soi. En effet, il est plus important dans une deuxième
étape de fournir les renseignemments de débits et de hauteurs aux extrémités pour des
temps caractéristiques du problème. C’est là le but de la méthode de Bergeron. Pour cela,
on simplifie en plus généralement l’écriture temporelle, c’est à dire qu’un temps noté t = 1
équivaut au temps t = L/a. De même, on renseigne sur l’épure de Bergeron les extrémités
considérées. Ainsi la notation ]−∞, 1]R signifie que pour des instants antérieurs à t = L/a,
le débit vaut Qo et la surpression à l’embouchure du réservoir est nulle d’après la figure
3.15.
On note donc une surpression égale à aQo /gS sur la vanne entre les temps 0 et L/a,
comme il est indiqué sur la figure 3.6 obtenue à partir des solutions d’Allievi.
Insistons sur le fait que tout ce qui vient d’être dit dans ce chapitre est basé sur les
hypothèses de réversibilité complète du phénomène : absence de perte de charge, élasticité
parfaite de la conduite, et écoulement monophasique 5 .
h
aQo
]0, 2]V ho +
gS
aQo
pente = −
gS
] − ∞, 0]V
]1, 3]R ho ] − ∞, 1]R
−Qo Qo
aQo
pente = +
gS
aQo
]2, 4]V ho −
gS
O Q
au passage de cette vanne subit une variation de pression, ∆p (i.e., pertes de charges).
Nous supposerons qu’à partir de l’instant t = 0, la vanne se ferme suivant la loi de ferme-
ture suivante :
2
Q
∆p = 640 ρg (3.21)
t
1−
T
avec g l’accélération de pesanteur, t le temps en seconde, T le temps de fermeture de
la vanne égal à 4,1 s. Les chutes de pression pour des temps négatifs sont identiques à
celle pour t = 0, la vanne étant pour ces temps-là partiellement fermée. Ainsi, on peut
représenter pour un instant t, la courbe caractéristique de la vanne par une parabole.
Dès le début de fermeture de la vanne, l’écoulement permanent est perturbé et des
ondes de pression partent alors de façon continue de la vanne (avec pour célérité a =
1177 m/s). On utilisera alors la théorie de coup de bélier d’ondes.
Le réservoir est de grande taille, on peut donc considérer son niveau comme étant constant,
les pertes de charge seront négligées dans la conduite BC.
Méthode graphique de Bergeron 121
patm. Abc
Tableau 3.2: Courbes caractéristiques de la vanne pour des temps multiples d’un aller-
retour de la première onde générée.
Instant Caractéristique
0 ∆H = 640 × Q2
2τ ∆H = 1372 × Q2
4τ ∆H = 4782 × Q2
6τ ∆H = 268 960 × Q2
Au-delà Q = 0
La méthode graphique de Bergeron consiste à faire partir des relayeurs des extrémités
de la conduite BD. L’orientation de l’axe des droites est de B vers C étant donnée l’orien-
tation de l’écoulement permanent. La constante des relations portées par les relayeurs
sera déterminée par les conditions de l’extrémité de départ. Les conditions imposées par
122 Phénomènes transitoires dans les conduites
h (m)
280
260
t = 2τ
t = 4τ
240
t=0
220
t = 6τ
200
180
Réservoir
160
140
120
100
80
60
40
20
Q (m3 /s)
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Figure 3.17: Évolution de la caractéristique de la vanne en fonction de temps particuliers,
et tracé de la condition imposée par le réservoir.
Méthode graphique de Bergeron 123
l’extrémité d’arrivée seront soit une hauteur (pour le réservoir), soit une valeur de perte
de charge et de débit (pour la vanne).
h (m)
280
260
t = 2τ
t = 4τ
240
t = 6τ t=0
220
6V
4V 2V
200
180
160
7R 5R 3R
0V
1R
140
8V
120
100
80
60
40
20
Q (m3 /s)
−0.1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Figure 3.18: État de la pression et du débit lors d’une fermeture progressive d’une vanne.
126 Phénomènes transitoires dans les conduites
Une pompe est utilisée pour alimenter un réservoir dont la surface libre est à une
altitude égale à 80 m par rapport au plan de référence à partir d’une conduite dont les
propriétés sont données dans le tableau 3.4. La pompe fonctionne à une vitesse de rotation
égale à 1450 tr/min avant la disjonction du moteur (Fig. 3.19). Afin de limiter les effets
des coups de bélier après la disjonction du moteur, un volant d’inertie en acier est fixé sur
l’arbre mobile de la pompe. Ses caractéristiques sont les suivantes : ρ = 7800 kg/m3 , R1
= 0,18 m, R2 = 0,25 m, L = 0,2 m.
La solution de cette application est résumée dans le tableau 3.5. Toutes les lignes de
ce tableau ont pour but d’estimer la décroissance de la vitesse de rotation de l’arbre-
moteur, ∆ω. On recommence ensuite une nouvelle ligne à partir d’une nouvelle valeur
ω − ∆ω. On effectue un calcul tous les deux fois ∆t (en prenant pour unité de temps
L/a). L’application de la relation (3.18), et des données numériques du problème, permet
d’écrire la décroissance de la vitesse de rotation de l’arbre-moteur :
∆ω = 0, 194 × C
Ainsi, pendant le régime établi (i.e. ωo = 151,8 rad/s), le point de fonctionnement entraı̂ne
une valeur de couple Co = 137,5 N.m de l’arbre-moteur. Étant donnée l’inertie du volant,
après un aller-retour de l’onde, et donc du relayeur de Bergeron, la décroissance de la
vitesse de rotation du moteur vaut ∆ω = 26,8 rad/s. La nouvelle vitesse de rotation, ω2
= 125,1 rad/s, permet de tracer la nouvelle courbe caractéristique du moteur.
Le relayeur quittant le réservoir se déplace sur une droite de pente positive égale à
a/gS = 6× 103 m/(m3 /s) = 60 m/(10 l/s). Une fois arrivé au niveau de la pompe, il
observe les conditions qu’elle lui impose (Q2 = 20,5 l/s ; H2 = 53 m ; η2 = 0,93). Pour ce
rendement, le couple de l’arbre-moteur vaut C2 = 91,6 N.m. Pendant ce temps, un autre
relayeur a quitté la pompe pour se diriger vers le réservoir imposant sa hauteur d’eau,
il note alors les conditions (Q = 16,0 l/s ; H = 80 m). La suite de la résolution consiste
à faire partir les relayeurs des différentes extrêmités imposant leur condition (hauteur et
débit pour la pompe, et hauteur pour le réservoir). Celle-ci est donnée sur la figure 3.20.
On observe pendant la décélération de l’arbre-moteur plusieurs dépressions (Tab. 3.6),
mais néanmoins plus faibles que dans le cas d’un clapet anti-retour placé juste en aval
de la pompe et se fermant de façon instantanée. La valeur de cette dépression peut être
estimée par intersection de la droite du premier relayeur (1R) se dirigeant cette fois vers
la caractéristique du clapet fermé (i.e. Q = 0).
Méthode graphique de Bergeron 127
H (m)
160
140
120
100
80
60 1,0
40 0,8
η
20 0,6
0 0,4
0 10 20 30 Q (l/s)
a pV (T )
ho − Qo < − 10, 33 (3.22)
gS ρg
Ce signe devient positif si on considère le cas d’une alimentation d’un réservoir par une
pompe pour lequel l’axe des relayeurs est alors orienté de la pompe vers le réservoir. Dans
les deux cas de figure, le volume de la poche gazeuse croı̂t du point de changement de
régime et remonte vers le réservoir.
À la fin de cette période (i.e. t = 4τ ), le débit augmente et le volume de la poche
gazeuse diminue jusqu’à se résorber. Ceci est atteint à un temps τo (Fig. 3.21.b) qui peut
être estimé à partir de l’évolution de volume de la poche en fonction du temps. Celle-ci
montre une croissance du volume, puis une décroissance jusqu’à une valeur nulle au temps
τo . À cet instant, une surpression apparaı̂t au niveau de la vanne. Un nouveau cycle est
né sans que de cavitation apparaisse cette fois.
h h
a a
ho + Qo [0, 2[V ho + Qo
gS gS
[τo , τo + 2[V
O Q O Q
(a) (b)
Figure 3.21: Tracé de l’épure de Bergeron en présence de cavitation lors d’une ferme-
ture rapide d’une vanne. a, intersection de la droite d’un relayeur avec les
conditions de cavitation ; b, épure finale (Flèches en trait normal, premier
cycle ; flèches en trait gras, deuxième cycle).
a
h = ho − (Q − Qo ). Lorsqu’il arrive sur la vanne, à l’instant t = 2l/a, la pression vaut
gS
d’après la relation précédente :
2L a 2L
h = ho − Q − Qo
a gS a
2LQo
Après simplification, on peut écrire la valeur de la surpression, ∆h = h − ho = . On
gStf
obtient alors la formule de Michaud :
2ρLuo
∆p =
tf
Rappelons-nous cependant que cette formule est basée sur une fermeture linéaire de la
vanne, ce qui n’est pas le cas dans la pratique. La formule de Michaud conserve uniquement
un intérêt théorique.
3.9 Exercices
Le niveau de difficulté des exercices suivants est évalué à partir du nombre d’étoiles (∗)
allant d’une étoile pour les exercices simples jusqu’à trois étoiles pour les exercices les plus
difficiles à résoudre.
[1.] Quel type de variation de pression (i.e. surpression ou dépression) apparaı̂t au niveau
Exercices 131
[3.] Estimer cette même variation de pression dans le cas d’une fermeture du clapet sur
une durée tf = 3,0 s.
Le réservoir est de grande taille, on peut donc considérer son niveau comme étant constant,
les pertes de charge seront négligées dans la conduite BC. L’accélération de pesanteur et
la pression atmosphérique valent respectivement g = 9,81 m/s2 et patm. = 101 000 Pa.
[2.] On notera τ le temps nécessaire à une onde pour faire un aller-retour dans la conduite
132 Phénomènes transitoires dans les conduites
BC. Déterminer et tracer sur le graphe de la page 133 les courbes caractéristiques de la
vanne aux temps consécutifs t = [0, τ , 2τ , 3τ , 4τ , ...[.
V2
∆Hv = ξ
2g
où le coefficient ξ est relié à la section de passage de l’eau à travers cette vanne. Ainsi on
peut représenter les courbes caractéristiques successives de la vanne, qui sont fonctions
de son ouverture, par des paraboles. La valeur de ξ est égale à 0 lorsque la vanne est
totalement ouverte et tend vers une valeur infinie pour une section de passage de plus en
plus faible. Dans le cas d’une marche normale, ce coefficient ξ vaut 1209.
On négligera les pertes de charge dans la conduite BC ; l’accélération de pesanteur et
la pression atmosphérique valent respectivement g = 9,81 m/s2 et patm. = 101 000 Pa.
[1.] Déterminez le point de fonctionnement (Qo , ho ) dans le cas d’une marche normale.
Exercices 133
h (m)
280
260
240
220
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
Q (m3 /s)
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Figure 3.23: Graphe de l’exercice [22].
134 Phénomènes transitoires dans les conduites
patm. A
bc z2
Vanne Figure 3.24: Données
ho = 100 m
géométrique et numérique
de la conduite d’adduction
L = 3 030 m gravitaire de l’exercice 1 (A,
patm. point de la surface libre ; B, point localisé
au début de la conduite ; C, point amont à
bc
B V C bc bc
D z1 la vanne ; D, point aval à la vanne).
D=1m
[2.] Montrer que la compressibilité de l’eau doit être prise en compte dans le problème.
[4.] Estimer le temps d’établissement du régime permanent du débit égal à 0,6 m3 /s.
Les pertes de charge générées par la conduite principale sont négligées pour des raisons
de simplification.
[2.] Déterminez la vitesse de rotation atteinte par la pompe après le premier dysfonction-
nement, et tracez la courbe caractéristique de la pompe à cette vitesse.
[4.] Quelle est l’amplitude maximale de variation de pression au niveau de la pompe après
ce dysfonctionnement ?
Partie 2 : dysfonctionnement 2
[5.] Déterminez graphiquement le temps d’établissement nécessaire pour atteindre le
régime après le deuxième dysfonctionnenemt.
[6.] Quelle est l’amplitude maximale de variation de pression au niveau de la pompe après
ce deuxième dysfonctionnement ?
patm.
réservoir
50 m
Figure 3.25: Schéma pour
conduite
l’étude du démarrage de la
Pompe
pompe (Exercice [E25]).
H (m)
160
140
120
100
80
60
40
20
0
0 10 20 30 Q (l/s)
tout moyen de protection. On supposera alors la fermeture instantanée d’un clapet anti-
retour placé en aval de la pompe à la disjonction du moteur d’entrainement.
[2.] À partir des deux premiers relayeurs de Bergeron, estimez sur le clapet la première
variation de pression par rapport à celle du régime permanent lors de la première demi-
période. On basera cette résolution sur l’utilisation des relations portées par les relayeurs,
et non pas sur une méthode graphique.
R2
e
R1 négligeable
Figure 3.27: Section du volant d’inertie de
l’exercice [E26]. −
→
z
Pour la résolution des questions ci-dessous, il n’est pas obligatoire d’écrire les relations
de chaque relayeur. On pourra utiliser une approche purement graphique.
[7.] Continuez la démarche proposée plus haut, et estimer les conditions observées par
les relayeurs suivants aux extrémités de la conduite, sachant que la pompe est totalement
arrêtée après un temps égal à 4,7 s.
[8.] Estimez les amplitudes des variations de pression par rapport à celle du régime per-
manent observées tant que la pompe est en rotation.
H (m)
160
140
120
100
80
60 1,0
40 0,8
η
20 0,6
0 0,4
0 10 20 30 Q (l/s)
Introduction à l’aérodynamique
µ R a
π1 = ≡ Re π2 = π3 = ≡M
ρLV ρL2 V 2 V
R
D’après les propriétés de la variationnelle ϕ(π1 , π2 , π3 ) = 0, entraı̂nant = f(Re,
ρL2 V 2
M). Rappelons que cette analyse a été effectuée pour une incidence donnée. Si celle-ci est
amenée à varier, la résultante sera aussi changée. On aura finalement en introduisant un
coefficient C :
R
= C(Re, M, i) (4.1)
ρL2 V 2
avec C dépendant des nombres de Reynolds et de Mach, ainsi que de l’incidence. Nous
verrons plus loin que ce coefficient dépend aussi et surtout de la forme de l’obstacle. On
remarque qu’au dénominateur, la dimension de longueur est à la puissance 2 : on choisira
donc une surface de référence S au lieu d’une longueur L. Une discussion quant au choix
de cette surface sera ménée au paragraphe 4.5 (p. 159). On écrira alors
1
R = CρSV 2 (4.2)
2
La présence du coefficient 1/2 permet de mettre en évidence la pression dynamique,
1/2ρV 2 .
On définit un système d’axes orthonormés (− →x, −
→
z ) de telle sorte que −→x soit aligné
→
−
selon l’écoulement et z perpendiculaire à l’écoulement. La décomposition de la résultante
des efforts dans ce système d’axes donne respectivement la traı̂née T et la portance P (Fig.
4.1). On peut dès lors exprimer ces deux efforts identiquement à la relation (4.2) :
1
T = Cx ρSV 2 (4.3)
2
1
P = Cz ρSV 2 (4.4)
2
−
→
P −
→
R
−
→
V −
→
T
−
→
z
Figure 4.1: Efforts
aérodynamiques s’exerçant −
→
x
sur un obstacle.
Le fait d’écrire les efforts de traı̂née et de portance sous cette forme permet d’autre
part d’isoler les termes pour lesquels on connait bien l’influence (ρ, S et V ). Par contre
ceux qui ont une influence plus subtile (inclinaison, l’état de surface, . . .) sont inclus
Origine de la portance 143
dans les coefficients mis en place. Ces coefficients, Cx et Cz , sont appelés respectivement
coefficients de traı̂née et de portance, avec
On se propose de regarder dans les paragraphes suivants les origines des deux efforts.
Dépression
p∞
A
V
Surpression
(a) (b)
Figure 4.3: Efforts de pression sur l’intrados et l’extrados. a, principe ; b, mesures ef-
fectuées par le Laboratoire d’Études Aérodynamiques (Poitiers) sur une aile
inclinée.
La traı̂née, appelée aussi force de résistance à l’avancement, est plus complexe car
elle a pour origine plusieurs sources. Sur une aile d’avion, retenons en tout cas qu’elle
est présente consécutivement à une répartition inhomogène de la pression pariétale, à
la présence d’un fluide réel, et à la dimension finie d’une aile. Tous ces aspects seront
développés dans la suite du document.
Considérons pour l’instant la section droite d’un profil. Les efforts appliqués par
l’écoulement en tout point M sur une surface élémentaire dS sont connus à partir du
tenseur des contraintes σ = −pI + τ avec pI le tenseur des contraintes associé à la pres-
sion et τ le tenseur des contraintes visqueuses. Chacun de ces deux termes génèreront un
effort de résistance. On appellera résistance (ou traı̂née) de pression la composante
dans la direction de la vitesse de la résultante des forces de pression, et résistance (ou
traı̂née) de frottement la composante dans la même direction de la résultante des forces
de cisaillement. La somme de ces deux résistances est la résistance totale.
Origine des forces de résistance (traı̂née) 145
Néanmoins, il ne faut pas poser de suite qu’il est préférable d’avoir un écoulement lami-
naire dans la couche limite. La traı̂née de frottement n’est pas la seule traı̂née présente,
et la traı̂née de pression qui dépend fortement de la forme de l’obstacle dans l’écoulement
peut elle devenir très importante, même dans le cas laminaire.
−
→
n
−
→
u
−→
dF
Couche limite
dS
Figure 4.4: Efforts de
viscosité pariétaux.
Laminaire
Figure 4.5: Profils
de vitesses pour des
Turbulent écoulements laminaire et
turbulent dans la couche
u limite.
2. Notons que le terme de couche limite est artificiellement introduit. La transition de la région proche
de la paroi vers l’écoulement externe n’est pas brutale mais prend place de façon continue. Le terme
“limite” n’est donc a priori pas adapté.
146 Introduction à l’aérodynamique
attaché
décollé
s
(a) (b)
légérement dirigée vers l’avant, diminuant alors la traı̂née de l’aile. Plus récemment, un
passionné d’aviation, Christian Hugues [23], a conçu un dispositif appelé minix (Fig. 4.9).
Ce dernier en forme de cylindre à fente hélicoı̈dale “fluidifie” l’écoulement ayant pour une
conséquence à la fois une diminution de la traı̂née proche de 8% pour les écoulements
incompressibles et une augmentation de la portance proche de 5,5%.
Cette traı̂née porte mal son nom, car même si elle est bien induite par la portance
(c’est le prix à payer pour avoir de la portance), elle ne réagit pas comme une traı̂née au
sens 1/2CρV 2 . Plus une aile porte, plus la traı̂née induite est importante. Si une aile ne
porte pas, comme cela peut être le cas lors d’une chute libre, celle-ci n’existe pas.
Considérons un corps d’envergure assez importante par rapport à ses dimensions trans-
versales pour pouvoir considérer un écoulement bidimensionnel. Lorsque le nombre de
Reynolds est important, la surface se recouvre d’une couche limite. Deux cas sont alors
envisageables : (1) la couche limite enveloppe totalement le corps sans se décoller, la
résistance de traı̂née de pression devient généralement négligeable et la résistance totale
est pratiquement la résistance de frottement. L’estimation des efforts de traı̂née peut être
envisagée dès lors que l’évolution de la couche limite est parfaitement connue ; (2) la couche
limite fait apparaı̂tre un décollement, le sillage devient alors important. La résistance to-
tale est très importante, et la résistance de frottement devient négligeable devant celle de
pression. Cette résistance de pression (en présence de décollement) est appelée Traı̂née
de forme.
4. Ludwig Prandtl, mécanicien allemand (1875 - 1953). Prandtl est le père fondateur de
l’aérodynamique moderne en lui donnant de nombreuses théories. Il fût d’autre part le professeur de
Theodore Von Karman (1881 - 1963) célèbre chercheur hongrois en aéronautique et de Paul Richard
Heinrich Blasius (1873 - 1970) mécanicien allemand qui donna une première application à la présence de
la couche limite sur une plaque plane (cf. paragraphe 4.4.5 page 152).
148 Introduction à l’aérodynamique
(a) (b)
Figure 4.8: a, ailette marginale en bout d’aile d’un A380 (Airbus S.A.S. 2008 - Photo exm company
/ H. Goussé) ;
b, ailette marginale testée en soufflerie (d’après Whitcomb [31]).
Fluide libre
Ue
La couche limite prend naissance dès le point d’arrêt pour ensuite s’épaissir. L’écou-
lement interne à la couche limite est laminaire, puis après une zone de transition peut
devenir turbulent. On note que le développement de la couche limite est différent selon le
type d’écoulement. La turbulence génère une épaisseur plus importante, avec en plus une
tension pariétale plus importante liée à la contribution des fluctuations de vitesses. L’effort
de frottement devient alors plus grand. Nous verrons néanmoins qu’il est préférable d’avoir
une couche limite turbulente.
Une définition qualitative vient d’être donnée, or on définit souvent l’épaisseur de
couche limite δ comme étant la distance à la paroi à laquelle u est très voisin de la vitesse
de l’écoulement extérieur Ue , plus précisemment :
u(y = δ) = 0, 99 × Ue
La couche limite est donc la région de l’écoulement proche d’une paroi caractérisée par
des vitesses au moins inférieures à 1% de celle de l’écoulement général.
Cette frontière demeure néanmoins très difficile à estimer expérimentalement car le gra-
dient de vitesse y est très faible. De plus, elle est fluctuante dans le temps consécutivement
à des effets d’intermittence et non pas statique.
L’objectif de cette partie est l’écriture des équations simplifiées de Navier-Stokes. Pour
cela, quelques hypothèses sont posées en premier lieu : (i) le nombre de Reynolds basé
sur une longueur caractéristique de l’obstacle et sur les propriétés de l’écoulement général
est suffisamment important pour que les phénomènes visqueux soient concentrés dans
une couche limite peu épaisse au voisinage immédiat de la paroi ; (ii) l’obstacle est de
forme régulière en ce sens que les rayons de courbure principaux de la paroi doivent être
partout très grands par rapport à l’épaisseur de la couche limite ; (iii) l’écoulement dans
150 Introduction à l’aérodynamique
∂p
=0 (4.9)
∂y
La relation (4.9) tend à dire que la pression est constante le long de l’épaisseur de la
couche limite. De ce fait, la pression qui est appliquée sur cette couche par l’écoulement
Étude simple de la couche limite 151
∂ 2u ∂ 2u
1 dp dp
0=− +ν ou =µ (4.10)
ρ dx ∂y 2 y=0 dx ∂y 2 y=0
La figure 4.11 propose des formes de profil de vitesse pour différents signes du gradient
de pression, dp/dx. On note que dans la région caractérisée par dp/dx > 0, il existe une
zone de retour de l’écoulement (appelée zone de recirculation). On dit alors qu’en ce point,
la couche limite se sépare ou “décolle”. La tangente au profil de vitesse y est normale à
la surface de la paroi, (∂u/∂y)y=0 = 0. La contrainte pariétale, τp , devient donc nulle en
ce point :
∂u
τp = µ =0 (Décollement).
∂y y=0
En appliquant l’incompressibilité de l’écoulement, il vient
Z y
∂u
v=− dy (4.11)
0 ∂x
si le gradient de vitesse est positif, d’après cette relation la composante de vitesse trans-
versale est négative. Le fluide est ramené vers la paroi. L’accélération du fluide tend alors
152 Introduction à l’aérodynamique
à amincir la couche limite. En revanche, une décélération entrainera une composante v po-
sitive. Le fluide est de ce fait poussé vers l’extérieur de la couche limite 5 . Une décélération
du fluide à l’extérieur entraı̂ne un gradient de pression positif
∂p ∂U
= −U (4.12)
∂x ∂x
Ce gradient de pression adverse étant valable aussi dans la couche limite (d’après l’ex-
pression 4.9), s’il est suffisamment important, il peut renverser l’écoulement et provoquer
un décollement de la couche limite.
4.4.5 Couche limite laminaire sur une plaque plane : solution de Blasius
Ce paragraphe propose une application simple effectuée par Blasius 6 [7] des équations
précédentes. Considérons pour cela un écoulement laminaire bidimensionnel, dont les pro-
5. Cet effet se rajoute à l’épaississement de la couche limite provoqué par la diffusion de quantité de
mouvement consécutive à la viscosité.
6. Paul Richard Heinrich Blasius (1873-1970), mécanicien allemand. La relation (4.17) a été introduite
par Blasius lors de son travail de thèse en 1908. Il fut un des élèves de Prandtl, et cette rélation représente
la première application de la théorie de la couche limite énoncé par Prandtl en 1904.
Étude simple de la couche limite 153
priétés physiques sont considérées comme étant constantes, au-dessus d’une plaque plane à
une incidence nulle. On aura donc ρ = Cste, µ = Cste, dp/dx = 0. Les relations précédentes
deviennent :
∂u ∂v
+ =0 (4.13)
∂x ∂y
∂u ∂u ∂ 2u
u +v =ν 2 (4.14)
∂x ∂y ∂y
∂p
=0 (4.15)
∂y
L’expérience montre une évolution du profil des vitesses u(y) le long de l’obstacle
(i.e., en fonction de x). On peut cependant écrire de façon identique ces profils enpfaisant
intervenir une nouvelle variable η qui fait intervenir les deux autres x et y, η = y U/νx.
η les profils de vitesse
u = u(η)
sont identiques
quelle que soit la position x
f ′ = u/U y
y
les profils de vitesse
u = u(y)
Figure 4.12: Profils de
sont différents
selon la position x vitesse physiques et trans-
formés.
Dans ce cas, le profil de vitesse u(η) reste inchangé (Fig. 4.12). On définit alors une
fonction de courant ψ uniquement fonction de la nouvelle variable :
√ Ux
ψ(x, y) = νxU f (η) = √ f (η)
Rex
et vérifiant u = ∂ψ/∂y et v = −∂ψ/∂x. Les calculs permettent d’écrire les expressions
des vitesses en fonction de ψ , et de ses dérivées :
r
1 Uν
u = U f ′ (η) et v= (ηf ′ − f ) (4.16)
2 x
La dérivée première de la fonction f (η) permet ainsi d’écrire la composante selon x de la
vitesse. Les relations (4.16) sont introduites dans l’équation (4.14), et après simplification,
on obtient :
2f ′′′ + f f ′′ = 0 (4.17)
Cette équation est appelée équation de Blasius. Remarquons comme il est surprenant
à partir de cette méthode transformant les variables de départ (x et y) d’obtenir une
équation différentielle très simple dont les solutions sont données dans le tableau 4.1 et
sur la figure 4.13.
154 Introduction à l’aérodynamique
η f f ′ = u/U f ′′ η f f ′ = u/U f ′′
0 0 0 0,33206 2,6 1,07252 0,77246 0,20646
0,2 0,00664 0,06641 0,33199 3,0 1,39682 0,84605 0,16136
0,4 0,02656 0,13277 0,33147 4,0 2,30576 0,95552 0,06424
0,6 0,05974 0,19894 0,33008 5,0 3,28329 0,99155 0,01591
0,8 0,10611 0,26471 0,32739 6,0 4,27964 0,99898 0,00240
1,0 0,16557 0,32979 0,32301 7,0 5,27926 0,99992 0,00022
1,4 0,32298 0,45627 0,30787 8,0 6,27923 1,00000 0,00001
1,8 0,52952 0,57477 0,28293 8,8 7,07923 1,00000 0,00000
2,2 0,78120 0,68132 0,24835
Tableau 4.1: Solutions de l’équation de Blasius
η
9
8
7
6
5
4
3
Figure 4.13: Profil de 2
vitesse pour une plaque 1
plane ; solution de Bla- f ′ (η) = u/U
0
sius. 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
ρU 2 τ0 (x) 0, 664
τ0 (x) = 0, 332 √ et cf (x) = 1 2
=√ (4.18)
Rex 2
ρU Rex
Cette expression, appelée loi de Blasius, est applicable pour des couches limites laminaires,
c’est à dire pour des nombres de Reynolds inférieurs au Reynolds critique Rec = 3, 2×105 .
Étude simple de la couche limite 155
(1) La traı̂née que présente une plaque plane sans inclinaison n’est donc due
qu’au seul frottement visqueux, et constitue par conséquent la limite inférieure
en matière de traı̂née parasite, en deçà de laquelle il n’est guère possible de des-
cendre. Néanmoins, ce niveau inférieur n’est pas vraiment fixé. Il est plus ou
moins bas selon que la couche limite est laminaire ou turbulente. (2) Les for-
mules quantitatives établies dans ce qui précède ne concernent évidemment que
l’écoulement autour d’une plaque plane. (3) La solution obtenue pour la couche
limite sur une plaque plane n’est pas satisfaisante au bord d’attaque de la plaque.
En effet, dans cette région, l’approximation de la couche limite n’est plus valable.
Pour analyser cette zone, il faut utiliser les équations de Navier-Stokes dans leur
formulation complète.
Figure 4.19:
Évolution du co-
efficient de traı̂née de
ballons de football
sans rotation et à
très grande vitesse
(d’après Barber [4]).
158 Introduction à l’aérodynamique
Notons à partir de l’équation 4.19 que dans ce type d’écoulement l’épaisseur de la couche
−1/5
limite varie proportionnellement à Rex , alors qu’en écoulement laminaire celle-ci varie
−1/2
évolue comme Rex . Ainsi l’épaisseur augmente plus rapidement lorsque l’abscisse cur-
viligne croı̂t (δ ∝ x4/5 en turbulent, et δ ∝ x1/2 en laminaire). De ce fait, les coefficients de
frottement sont différents. Dans le cas d’un écoulement turbulent sur une plaque plane,
celui-ci vaut :
0, 074
cf = (4.20)
Re1/5
x
expression à comparer avec la relation 4.18. Il apparaı̂t donc que les frottements visqueux
sont plus importants lorsque la couche limite devient turbulente.
Modélisation de la turbulence
Les expressions des coefficients de frottement vus plus haut sont basées sur des confi-
gurations simples d’écoulement (plaque plane). Dans des cas de formes d’obstacles plus
complexes, celles-ci sont inutilisables. Les codes de calculs numériques, permettant alors
d’obtenir des solutions quelle que soit la configuration, impliquent les équations de conser-
vation de la masse, le bilan de quantité de mouvement, et l’équation d’énergie (dans le cas
d’écoulements compressibles). Ces calculs sont effectués à l’aide de techniques numériques
(différences finies, éléments finis, volumes finis,. . .) dont il ne sera pas discuté ici.
Elles sont basées aussi pour certaines sur une modélisation de la turbulence. Dans ce
type d’approche, les effets de la turbulence sont simplement impliqués par l’addition d’un
terme, la viscosité turbulente µT , à la viscosité “moléculaire” µ. Le bilan de quantité de
mouvement selon x s’écrit alors :
∂ 2u
∂u ∂u ∂p
ρ u +v =− + (µ + µT ) 2 (4.21)
∂x ∂y ∂x ∂y
où les différents paramètres de vitesse et pression sont des valeurs moyennes (la turbulence
est mis de côté pour ne s’intéresser qu’à l’écoulement moyen). La difficulté réside ici
dans l’estimation de la valeur locale de la viscosité turbulente à partir des propriétés
de l’écoulement. Il faut en effet que ce paramètre représente au mieux les particularités
de la turbulence en chacun des points de calculs. Il existe pour celà plusieurs types de
Coefficients sans dimension 159
modèles : algébriques pour les plus simples, et avec une ou deux équations supplémentaires
représentant le transport de l’énergie cinétique turbulente et du taux de dissipation pour
les plus complexes. Le plus connu à ce jour est le modèle kǫ qui donne des résultats
satisfaisants pour des écoulements en absence de recirculation.
Figure 4.20:
Schématisation des 4
efforts s’exerçant sur un
avion.
Notons d’autre part que ces coefficients font intervenir une surface de référence ca-
ractérisant au mieux l’obstacle. On note principalement trois types de surface de référence :
– Le maı̂tre couple (ou surface frontale) : elle est généralement considérée pour des
corps non aérodynamiques (sphère, cylindre,. . .) ;
– La projection sur un plan selon l’écoulement (i.e., surface vue de haut) : elle est
utilisée pour des corps minces tels que les ailes d’avion ;
– La surface mouillée : elle correspond à la surface en contact avec le fluide. Cette
référence est souvent utilisée pour les bateaux.
160 Introduction à l’aérodynamique
La surface de référence doit rester constante lorsque l’obstacle voit son inclinaison
varier. Elle représente de façon intrinsèque l’obstacle, quelle que soit la configuration.
Les clichés d’Étienne-Jules Marey 7 illustrent très bien ce propos (Fig. 4.21). Les maı̂tres-
couples du prisme dans les deux cas sont identiques, mais le sillage est plus étendu dans
la deuxième configuration. La traı̂née sera donc plus importante. On utilisera dans cet
exemple la surface mouillée pour les raisons évoquées plus haut dans ce paragraphe.
Notons à cette occasion, le rôle crucial des arrêtes vives dans l’aérodynamisme des
corps.
Dans le domaine de l’automobile, la quantité SCx est plus utilisée que le coefficient
de traı̂née, celui-ci désignant la qualité d’un véhicule indépendamment de sa taille. En
divisant ce paramètre par la surface frontale du véhicule (comprise entre 1,75 m2 et 2,25
m2 ), on obtient le Cx (de l’ordre de 0,28 et 0,40 pour les véhicules actuels).
une rangée de tourbillons est formée ayant un comportement laminaire. Pour des valeurs
comprises entre Re = 150 et Re = 300, ces tourbillons se détachent différemment et
commencent à se comporter de façon turbulente bien que la couche limite sur ce cylindre
reste laminaire. Dans la région sous-critique, 300 ≤ Re ≤ 3,5 × 105 , la couche limite
laminaire se sépare à 80 degré du point d’arrêt, et la production de tourbillons est cette
fois bien définie et périodique. Dans le régime de transition, 1,5 × 105 ≤ Re ≤ 3,5 × 106 ,
la couche limite du cylindre est turbulente et décolle à une valeur plus en aval, 140 degré.
Ce régime, appelé crise de la traı̂née, est caractérisé par une chute de la traı̂née. Dans le
régime supercritique, Re ≥ 3,5 × 106 , la génération périodique de tourbillons reprend.
Les lâchers d’instabilités par l’obstacle sont caractérisés par le nombre de Strouhal,
fD
St = ,
U
où U est la vitesse amont au cylindre, D son diamètre, et f le nombre d’instabilités
générées par une même région du cylindre (i.e. supérieure ou inférieure) pendant une
seconde. Ce nombre correspond donc à la fréquence adimensionnelle des lâchers de tour-
billon par le solide. Les efforts aérodynamiques sont sensibles à ces instationnarités et sont
caractérisés à leur tour par des valeurs périodiques. Ainsi la portance évolue autour d’une
valeur nulle avec une fréquence identique à celle des lâchers de tourbillons d’une même
rangée. La traı̂née est sensible quant à elle à chaque tourbillon généré, et donc au double
de la fréquence précédente. Le nombre de Strouhal dépend du régime d’écoulement (Fig.
162 Introduction à l’aérodynamique
4.23), mais aussi de la forme de l’obstacle. Ainsi le nombre de Strouhal pour des formes
prismatiques est affecté par les dimensions relatives de l’obstacle, les formes des coins et
est compris dans la gamme 0,1 < St < 0,2 (Fig. 4.24). Pour des obstacles arrondis, cette
gamme devient 0,2 < St < 0,3 (Fig. 4.25).
Figure 4.23:
Évolution du nombre
de Strouhal avec le
nombre de Reynolds
pour un cylindre
circulaire. La région
hachurée a été
définie à partir de
plusieurs résultats
expérimentaux
(d’après Leinhard
[21]).
Lorsque l’angle d’attaque d’une aile change, on note une variation de la répartition de
la pression autour du profil. On tracera alors le coefficient de pression, déterminé à l’aide
la pression de référence p∞ (celle de l’écoulement amont), et de la pression dynamique de
1
l’écoulement ρV∞2 , tel que
2
p − p∞
cp = 1 2
2
ρV∞
Ce coefficient est négatif le long de l’extrados, et positif le long de l’intrados, caractérisant
ainsi les effets d’aspiration et de poussée. On observe d’autre part sur la figure 4.26 que le
Coefficients sans dimension 163
Figure 4.25: Nombre de Strouhal pour des obstacles fermés (d’après Bachmann [14]).
164 Introduction à l’aérodynamique
fait d’incliner le profil augmente la dépression sur l’extrados. Cependant, cette évolution
est rompue pour une inclinaison trop importante de l’aile.
Étude globale
Les variations des deux coefficients vis à vis de l’angle d’attaque sont données sur
la figure 4.27.a. On note que le coefficient de portance croı̂t de façon linéaire avec α
jusqu’à une valeur (appelée angle de décrochage) pour laquelle l’avion voit sa portance
terriblement chuter. Ceci est consécutif au décollement de la couche limite, étant donnée
la forte réduction de la vitesse proche du profil. Le coefficient de traı̂née fait apparaı̂tre
quant à lui un minimum. On voit donc que pour des angles différents la portance est
maximale et la traı̂née minimale. Il convient alors de trouver un compromis sur la valeur
de l’angle, qui donnera à l’aile sa meilleure efficacité.
cp
1 Abscisse curviligne (m)
0
0.2 0.4 0.6 0.8
−1
−2 Intrados
−3 Extrados
−4
−5 (a)
−6
−8
(b)
Figure 4.26: Coefficient de pression le long du profil d’aile. (a), répartition sur les deux
surfaces ; (b), influence de l’angle d’attaque sur le coefficient de pression le
long de l’extrados. Résultats numériques obtenus à partir du code de calculs
Fluent - le profil est caractérisé par une corde d’un mètre et l’écoulement
par une vitesse de 119,7 m/s (M = 0,4, T = −50˚C).
Portance 1/2ρU 2 Cz Cz
= = (4.22)
Traı̂née 1/2ρU 2 Cx Cx
Coefficients sans dimension 165
P/T = Cz /Cx
Cz
Cx
Cx,Max
i i
(a) (b)
Figure 4.27: Influence de l’angle d’attaque sur les coefficients de traı̂née et de portance
(a), et sur la finesse (b).
que l’on cherchera ainsi à faire tendre vers un maximum. Ce rapport est appelé finesse et
nous lui donnerons un autre sens physique plus loin. On peut dès lors tracer la finesse en
fonction de l’angle d’attaque (Fig. 4.27.b) et se rendre compte de la présence d’un angle
(unique) pour lequel l’aile est la plus efficace.
4.5.3 Polaire
Une représentation, souvent utilisée pour caractériser une aile, est celle du coefficient
de portance en fonction du coefficient de traı̂née : polaire d’une aile (Fig. 4.28). Celle-
ci est graduée en incidence, la branche inférieure correspondant aux angles d’incidence
faibles.
Cz
iMax
i1
M
id
d
M1 Mm
io Mo Cx
Figure 4.28: Exemple typique d’une
polaire.
Les principaux points caractéristiques d’une polaire sont (i) Mo le point de portance
nulle, (ii) M1 le point de finesse maximale (pente maximale pour i dans l’intervalle [io ;
im ]), (iii) le point de portance maximale, (iv) Md le point de décrochage. On peut remar-
quer qu’il existe un lien entre l’angle de finesse maximale et une consommation minimale.
En vol, à altitude et vitesse constantes, le poids est équilibré par la portance et la pro-
pulsion équilibre la traı̂née :
1
Cz ρV 2 S = mg (4.23)
2
166 Introduction à l’aérodynamique
1
Cx ρV 2 S = Fp (4.24)
2
avec Fp la force de propulsion. Le rapport des deux équations précédentes donnent
Cz mg mg
=f = ou Fp = (4.25)
Cx Fp f
D’après la relation (4.25), la force de propulsion, pour un poids donné, est minimale pour
une finesse maximale. En ce point, la consommation est la plus faible.
On peut effectuer un raisonnement similaire pour connaı̂tre la configuration d’une
vitesse maximale, ceci pour une force de propulsion donnée. D’après la relation (4.24), on
peut écrire
s s
2Fp 2Fp
V = d’où VMax = (4.26)
ρSCx ρSCx,min.
Coefficients de traı̂née
On note de prime abord que le Cx est fortement lié à la taille du sillage, ce qui confirme
les propos précédents (cf. page 155).
La plaque plane placée perpendiculairement à l’écoulement génère le coefficient de
traı̂née le plus important (Cx = 2). Cette configuration est en effet la plus défavorable à
l’avancement des corps.
La figure (b) montre le cas d’un cylindre, avec pour coefficient Cx = 1,2 beaucoup
plus faible que le cas précédent. Cependant, celui-ci peut être très fortement diminué en
travaillant le profil en aval de l’obstacle. Cx = 0,12 pour le cas (c).
Considérons les cas (b) et (d) présentant les mêmes valeur de Cx . Le dernier cas
considère un cylindre de diamètre d/10 entrainant donc un nombre Reynolds dix fois
moins important (on considère les autres paramètres inchangés). L’expérience montre que
Cx ne varie pas pour des nombres de Reynolds compris dans l’intervalle [104 , 105 ] ; d’autre
part la forme est conservée, le coefficient de traı̂née reste donc identique dans les deux
cas. Cependant la traı̂née dans le deuxième cas est dix fois moins élevée que le cas (b) car
la surface de référence est dix fois moins grande.
Une autre comparaison est illustrée sur les cas (c) et (d). Nous comparons ici un large
corps profilé avec un cylindre de diamètre faible. Pour le corps profilé, la traı̂née vaut :
1 1
T = ρU 2 SCx = 0, 12( ρU 2 d)
2 2
Estimations des efforts aérodynamiques 167
La figure 4.29 illustre à sa droite la part des traı̂nées de frottement et de pression sur
la traı̂née totale. On remarque que la traı̂née de pression est la plus importante dans le cas
de la plaque plane, alors que la traı̂née de frottement domine pour l’obstacle profilé. On
apportera alors grand soin à l’état de surface sur une aile d’avion profilé, afin qu’un défaut
ne vienne augmenter le faible frottement consécutivement à un décollement prématuré.
de cette date jusqu’aux années 1930, les souffleries étaient dimensionnées pour reproduire
des écoulements ayant des vitesses de l’ordre de 400 km/h. De telles souffleries sont tou-
jours d’actualité et ont été complétées par des vitesses plus importantes (supersoniques,
hypersoniques,. . .).
La soufflerie utilise le principe de réciprocité, à savoir que si les conditions aux limites
sont respectées et l’écoulement stable, les efforts aérodynamiques de cet écoulement sur
un obstacle immobile sont identiques à ceux agissant sur un corps se déplaçant dans un
fluide immobile. On notera cependant une différence sur les différents efforts, liée à des
taux de turbulence souvent différents dans les deux cas et difficilement maitrisables en
soufflerie.
Description
Une soufflerie est un large venturi dans lequel l’écoulement est généré par un ventila-
teur associé à un moteur. Les pales du ventilateur sont identiques à celles d’un avion à
propulsion à hélices. La soufflerie peut être ouverte (type Eiffel, Fig. 4.31.a), ou fermée
(type Götingen, Fig. 4.31.b).
En aérodynamique, pour que les mesures soient fiables, il est indispensable que les
dimensions du flux d’air que délivre la soufferie soient très supérieures à celles de l’objet à
tester. En cas contraire, se crée un effet de “bouchon” qui induit des erreurs de mesures.
À veines d’essais identiques, la soufflerie Eiffel est plus petite que la soufflerie Götingen,
et de ce fait plus simple et moins chère. Cependant, la deuxième permet de faire varier
les conditions expérimentales (pression, gaz,. . .), et reste moins consommatrice.
Dans le cas de tests effectués sur des véhicules, les nouvelles soufferies présentent un
sol défilant et permettant ainsi de reproduire le mouvement de la route par rapport au
véhicule. Dans les souffleries classiques, plus anciennes, le flux d’air est freiné au niveau
Estimations des efforts aérodynamiques 169
Ventilateur
V 1 , p1 , S 1 V 2 , p2 , S 2
Ventilateur
Modèle réduit
V 1 , p1 , S 1 V 2 , p2 , S 2 Diffuseur
Modèle réduit
Veine d’essais
Chambre de tranquilisation Diffuseur Veine d’essais
Chambre de tranquilisation
(a) (b)
Figure 4.31: Souffleries ouverte type Eiffel (a) et fermée type Götingen (b).
du sol, ce qui n’est pas le cas dans la réalité. Seul ce dispositif est capacle de restituer de
manière réaliste les écoulements d’air sous le plancher et sous le capot, et ainsi de prendre
en compte leur impact réel sur l’aérodynamique globale.
Mesures de la vitesse
La vitesse moyenne de l’écoulement dans la veine d’essais est estimée soit à partir de
tubes de Pitot, soit à partir de la variation de pression mesurée entre les sections A1 et
A2 : s
2(p1 − p2 )
V2 =
ρ[1 − (A2 /A1 )2 ]
Si on désire d’autre part mesurer des vitesses locales (près des parois par exemple),
d’autres moyens de mesure, intrusifs ou non, sont disponibles.
Broches
y
x
z
3-5 mm
Diamètre : 30 µm
Figure 4.32: Schéma
d’un fil chaud et ordres
50-300 µm
Diamètre : 0,625 µm
−
→ de grandeur des compo-
V santes principales.
(a) (b)
La vitesse est ensuite estimée par le produit de l’interfrange par la fréquence du signal
du récepteur. La difficulté réside ici dans la mesure d’une fréquence élevée (de l’ordre du
MégaHertz) sur un temps très courts (0,1 seconde à peu près).
Les frottements pariétaux peuvent être mesurés soit à l’aide d’un élément flottant
inséré sur la surface à étudier (Fig. 4.37.a), soit en utilisant des tubes (de Preston), ou à
partir de la théorie du coin d’huile (Fig. 4.37.b).
172 Introduction à l’aérodynamique
Interféromètre
u
x
u
−→ −
→ y= µx
dF = σ dS τp t Coin d’huile
(a) (b)
Figure 4.37: (a), mesure directe de la force de frottement à l’aide d’un élément flottant
(balance de frottement) ; (b) mesure de la forme d’un film d’huile déposé
sur la paroi (d’après la théorie de la lubrification, coin d’huile).
le code de calcul et sont très proches de celles mesurées sur un banc expérimental dans
des conditions similaires (Fig. 4.38.b). Les résultats obtenus via l’approche numérique est
utile dans la compréhension de l’écoulement d’une part et permet d’autre part de mettre
en place des moyens de réduction de pertes.
(a) (b)
Figure 4.38: a, lignes de courant de l’écoulement dans la région des dents ; b, pertes
aérodynamiques estimées expérimentalement et numériquement à partir de
différentes modélisations - Dp = 150 mm, m = 5 mm, b = 24 mm. (d’après
Marchesse et al. [22]).
4.7 Exercices
Le niveau de difficulté des exercices suivants est évalué à partir du nombre d’étoiles (∗)
allant d’une étoile pour les exercices simples jusqu’à trois étoiles pour les exercices les plus
difficiles à résoudre.
[1.] Proposez une expression de l’effort élémentaire dT exercé par les frottements visqueux
sur une surface élémentaire dS de longueur L et bornée par les distances radiales r et r+dr.
[2.] Déterminez ensuite le couple de frottement généré par la présence des quatre couches
limites.
[3.] Estimer la puissance à fournir par le moteur pour maintenir le système à une vitesse
176 Introduction à l’aérodynamique
de rotation constante et égale à 100 tr/min, pour des pales de dimensions Ri = 100 mm,
Re = 400 mm, et L = 50 mm.
[1.] À partir d’une analyse dimensionnelle, donner les nombres sans dimension qui inter-
viennent dans cette étude. On choisira les paramètres de base D, ρ, et ω. On notera Cm
le produit sans dimension faisant apparaı̂tre le couple.
On propose le modèle Cm = απ1β π2γ . . . , où π1 , π2 ,. . .sont les produits sans dimension
trouvés dans la question précédente, mis à part Cm . Des valeurs de couples ont été es-
timées pour deux vitesses de rotation différentes, à partir du disque et de l’huile de l’étude.
Les résultats sont donnés dans le tableau ci-dessous.
ω C
(tr/min) (N.m)
500 1,84.10−3
1000 3,69.10−3
[2.] Déterminer la valeur des coefficients intervenant dans l’expression du couple adimen-
sionné.
[3.] Pour effectuer cette étude, on réalise une maquette à l’échelle 1/10. Cette maquette
est placée dans une soufflerie pressurisée où la température de l’air est de 20˚C. Dans
quelle situation de vitesse et de pression doit-on utiliser cette soufflerie pour avoir une
simulitude parfaite ?
Exercices 177
[4.] Quel sera alors le rapport entre les efforts mesurés sur la maquette et ceux attendus
sur le prototype ?
Remarques :
– La viscosité dynamique de l’air est indépendante de la pression et varie
enfonction
0,76
−5 T
de la température, exprimée en Kelvin, selon la loi : µ = 1, 753.10 .
273
– La masse volumique de l’air dans les conditions du prototype vaut ρ = 0,5 kg/m3 ;
– Les valeurs de la constante des gaz, et du rapport des chaleurs spécifiques valent :
r = 287,06 J/kg.K et γ=1,4.
[E31] Choix d’un banc d’essais pour l’étude des efforts dynamiques
d’un écoulement sur un pantograhe de TGV **
L’apport d’énergie nécessaire à la traction d’un tgv est d’origine électrique. Cette tech-
nique est de moindre coût d’exploitation et d’entretien, et elle permet la réalisation de
machines très puissantes. Le courant, véhiculé par une ligne suspendue appelée caténaire
(Fig. 4.40), est capté par le tgv à l’aide d’un archet porté par le pantographe, qui appuie
et glisse sur le fil de contact.
Dans les conditions normales de fonctionnement, le TGV roule à une vitesse de croisière
proche de 280 km/h. Le pantographe est alors situé dans une région au sein de laquelle
l’écoulement d’air est très complexe et génère une traı̂née, notée T, sur celui-ci. Du point
de vue aérodynamique, le pantographe peut être assimilé en première approximation à un
cylindre de section circulaire de diamètre réel D = 15 cm, dont l’axe de révolution
est vertical et perpendiculaire à l’écoulement. L’évolution du coefficient de traı̂née pour
un cylindre placé dans un écoulement est rappelé sur la figure 4.41. On admettra une
évolution du coefficient de traı̂née du pantographe identique à ce graphe.
Le but de l’exercice est de choisir un banc d’essais adapté pour reproduire l’effort de
traı̂née sur le pantographe. On dispose pour cela de deux maquettes du tgv entier, de
tailles différentes et équipées d’un pantographe. La première, réalisée à l’échelle 1/5ème
est destinée à une soufflerie (air), et la deuxième plus petite (échelle 1/7ème ) pour des
essais dans un tunnel hydrodynamique (eau). Les performances des deux bancs d’essais
sont rassemblées dans le tableau 4.2.
[1.] Les effets de compressibilité sont négligeables pour des nombres de Mach de l’écoule-
ment, M=V/c, inférieurs à 0,3. Ces effets sont-ils présents sur le prototype ?
[2.] Quel est le banc d’essais susceptible de reproduire le plus fidèlement les seuls efforts
dynamiques impliqués dans notre étude ? Proposez alors une vitesse de l’écoulement du
fluide autour de la maquette générée par le banc d’essais. On pourra utiliser les propriétés
de l’air données dans le tableau 4.2 pour l’estimation du nombre de Reynolds.
[3.] On veut maintenant reproduire sur maquette, un écoulement similaire à celui observé
autour du pantographe lorsque le tgv circule en ville, c’est à dire à une vitesse de 75 km/h.
Montrez que l’on peut effectuer des mesures sur les deux bancs d’essais sans qu’elles soient
perturbées par des effets de compressibilité. Donnez les gammes de vitesses acceptables
dans les deux cas.
178 Introduction à l’aérodynamique
Figure 4.40:
Schématisation d’un
TGV avec emplace-
ment du pantographe
et de la caténaire.
Tableau 4.2: Performances des deux bancs d’essais proposés pour cette étude (Propriétés
des fluides utilisés et vitesse maximale accessible).
On considère un profil, de corde c, incliné d’un angle i, et dont le bord d’attaque (point
A) est immergé à une distance h de la surface de l’eau (Fig. 4.42.b). L’écoulement amont
est caractérisé par une pression statique p∞ et une vitesse V∞ .
L’eau est caractérisée par sa masse volumique ρ, sa viscosité dynamique µ et sa pression
de vapeur saturante pv (T ). L’aile est immergée à une profondeur telle que l’état de la
surface libre n’a aucune influence sur la traı̂née.
(a) (b)
Figure 4.42: Configuration de l’aile immergée inclinée. (a), représentation en trois dimen-
sions et définition du profil, de la corde et de l’envergure ; (b), paramètres
de l’étude à deux dimensions.
[1.] Donner l’ensemble des paramètres globaux qui interviennent dans la traı̂née par unité
d’envergure du profil en présence de la cavitation. On pourra pour cela répondre à deux
questions indépendantes :
1. Quels sont les paramètres globaux qui interviennent dans la traı̂née sans cavitation ?
10. On rappelle que la cavitation correspond au changement phase de vaporisation (liquide ⇒ gaz)
obtenu lorsque la pression absolue d’un liquide passe sous la pression de vapeur saturante, pv (T ), ceci à
température constante.
180 Introduction à l’aérodynamique
2. Quels sont les paramètres globaux qui interviennent dans la cavitation seule ?
[2.] Quels sont les deux paramètres que l’on peut regrouper pour mettre en évidence la
réserve d’énergie potentielle de l’écoulement par rapport à la cavitation (on obtiendra un
paramètre similaire à celui intervenant dans le nombre d’Euler) ?
[3.] Proposer les produits sans dimension caractérisant la traı̂née en présence de cavi-
tation. On notera σV le produit sans dimension faisant intervenir la pression de vapeur
saturante. Comme le veut la tradition en aérodynamique, on rajoutera dans les produits
sans dimension concernés le facteur 1/2 pour faire apparaı̂tre la pression dynamique de
1
l’écoulement, ρV∞2 .
2
[4.] Interpréter chacun des produits sans dimension obtenus.
[5.] Former un produit sans dimension, noté cp , à partir de la différence de pression p−p∞
et de la pression dynamique de l’écoulement amont.
On dispose d’un tunnel hydrodynamique composé d’un circuit fermé d’eau douce. Les
expériences relatives au phénomène de cavitation sont menées dans une veine d’essai carrée
où peuvent être montés différents profils. À partir du pupitre de commande, l’opérateur
peut modifier les paramètres de pression (de 30 à 3000 mbar) et de vitesse de l’écoulement
(jusqu’à 12 m/s) dans la veine.
On désire reproduire, dans le tunnel, les phénomènes de cavitation ayant lieu sur un
prototype se déplaçant dans l’eau de mer. Ce dernier est composé d’ailes de longueur L
= 1 m et d’envergure l = 3 m, immergées à 1 m sous la surface de l’eau, et il se déplace
à une vitesse de croisière de 60 km/h. Pour cela, on dispose d’une aile de profil identique
à l’échelle 1/10ème de l’original.
[9.] À l’aide d’une balance, on mesure dans le tunnel un effort de traı̂née par unité
d’envergure égal à 576,0 N/m. Quel serait alors l’effort de traı̂née sur l’aile entière du
Exercices 181
prototpype ?
[1.] En utilisant les hypothèses ci-dessus, écrire les équations de Navier-Stokes simplifiées
(on utilisera le fait que l’épaisseur de la couche limite reste très faible devant les autres
grandeurs pour considérer le fait que les gradients de vitesse selon y sont prépondérants
devant les autres) ;
[2.] Donner un ordre de grandeur de V , qui pour l’instant demeure inconnu, et ensuite
des termes du membre de gauche de Navier-Stokes ;
182 Introduction à l’aérodynamique
Nous allons adopter, cette fois-ci, une stratégie mathématique afin de donner une expres-
sion plus fine de l’épaisseur de la couche limite. Considérons pour cela respectivement un
paramètre sans dimension et une fonction de courant 11 :
√
r
U Ux
η=y ψ(x, y) = νxU f (η) = √ f (η)
νx Rex
[6.] En reportant ces résultats dans l’équation de Navier-Stokes de la question [1.], obtenez
l’équation en f dite, de Blasius :
2f ′′′ + f f ′′ = 0
[7.] À partir des solutions de l’équation de Blasius, proposez une formulation δ/x.
[8.] À partir des résultats de la partie précédente, en déduire l’expression des contraintes
pariétales locales, notée τ0 ;
[9.] Donner alors l’expression de l’effort de traı̂née T , d’une plaque totalement immergée
en fonction de sa surface, de la masse volumique et la vitesse du fluide, et du nombre de
Reynolds ;
[11.] Une plaque plane carrée de côté L= 1 m se trouve placée dans un écoulement d’air
à vitesse U = 5 m/s. La viscosité de l’air est de 1,76.10−5 kg/m.s à la température de
20˚C, et sa masse volumique ρ = 1,205 kg/m3 . Déterminer l’épaisseur de la couche limite
en bout de plaque, et calculer l’effort de traı̂née induite par cette plaque.
11. On rappelle qu’une fonction de courant ψ est définie telle que u = ∂ψ/∂y et v = −∂ψ/∂x
Bibliographie sommaire
– Les Pompes
⋄ Know and Understand Centrifugal Pumps
L. Bachus & A. Custodio, Ed. Elsevier
⋄ Techniques de l’Ingénieur
⋄ Les pompes centrifuges - Conceptions, règles d’utilisation
Encyclopédie des sciences et des techniques industrielles, Section techniques mo-
dernes. Édition Nathan.
⋄ Machine à fluide - Principe et fonctionnement
M. Pluviose, Ed. Ellipse
⋄ Pompes, ventilateurs, compresseurs
A. de Kováts et G. Desmur, Ed. Dunod
⋄ Les pompes centrifuges
M. Chicha, Les presses de l’Université de Montréal
⋄ Machines hydrauliques
L. Bergeron, Dunod
⋄ Mémento Technique
lmt, Division Électro-Hydraulique
⋄ Les pompes centrifuges - Conceptions, règles d’utilisation
Pompes Guinard/Nathan
⋄ Hydraulique urbaine - Tome II
A. Dupont, Eyrolles Editeur-Paris
⋄ Fluid Mechanics and Thermodynamics of Turbomachinery
S.L. Dixon, Edition Butterworth Heinemann.
[20] W. Lederle. Engine and Pump Factory. Freiburg, Company catalogue, 1900. 26
[21] J. Lienhard. Synopsis of Lift, Drag, and Vortex Frequency Data for Rigid Circular
Cylinders. Washington State University, College of Engineering Bulletin No. 300,
1966. 160, 161, 162
[22] Y. Marchesse, C. Changenet, F. Ville, and P. Velex. Investigation on CFD
simulation for predicting windage power losses in spur gears. ASME Journal of
Mechanical Design, 133(2) :7 pages, 2011. 174
[23] Y. Moulin. Christian hugues, minix - dispositif de réduction de vortex et de traı̂née
induite, http ://www.minix.fr, 2016. 147, 148
[24] Y. Moulin. Yoann moulin, photographe, http ://www.yoannmoulin.fr, 2016. 113
[25] Y. Nakayama. Visualised Flow. Pergamon Press, Oxford, 1988. 156
[26] Y. Nakayama and R. F. Boucher. Introduction to fluid mechanics. Butterworth-
Heinemann, 1999. 22
[27] J.L.M. Poiseuille. Recherches expérimentales sur le mouvement des liquides dans
les tubes de très petits diamètres. Comptes Rendus, 11 :961–967, 1840. 17
[28] E. Portier. Étude de l’écoulement au travers de diffuseurs équipés de vannes de
guidage ; analyse des performances et application au contrôle des débits pulsés. Thèse
de l’Université de Poitiers, 2000. 171
[29] A. Turner. Leçons de Physique expérimentale de l’abbé Nollet (livre III, leçon IX).
30
[30] M. Van Dyke. An album of fluid motion. Parabolic Press, Stanford, California.,
1982. 16
[31] R. Whitcomb. A design approach and selected wind-tunnel results at high subsonic
speeds for winglets wing-tip mounted winglets. Nasa Technical Note (TN D-8260),
1976. 148
[32] C. Wieselberger. A sphere drag. Zeitschrift fur Mechanisch, 5 :140–144, 1914.
143
[33] H. Yamazaki. . Journal of Instrumentation and Control, 10 :173, 1971. 21
Chapitre A
Annexes
−Archimède (287-212 avant JC), mathématicien grec, mit en évidence le fait que
tout corps immergé ou plongé dans un liquide est soumis à une force ascendante propor-
tionnelle à la masse du volume de liquide déplacé. Il s’agit là de la base de l’hydrostatique,
qui après lui, n’évoluera pas de façon significative jusqu’au 18ème siècle. . .
−Leonard de Vinci (1452-1519) reste célèbre pour son génie de l’observation au pro-
fit de conceptions de machines. Ces observations vont du jet, des vagues, des tourbillons,
jusqu’au vol d’oiseaux. En particulier, de Vinci formula correctement le principe de conti-
nuité : la vitesse d’un écoulement varie inversement avec la section de passage du liquide.
−2000 ans après Archimède, la deuxième contribution majeure à l’hydrostatique vient de
l’ingénieur allemand Simon Stevin (1548-1620). Ce dernier montre que l’effort exercé
par un liquide sur la surface d’un corps immobile est égale au poids de la colonne de
liquide s’étendant de l’obstacle à la surface libre.
−Alors que de Vinci jouait de l’observation, Galilée (1564-1642) y ajouta l’expéri-
mentation. Il travailla entre autres sur la cohésion et nota qu’une chute d’eau se casse
dès lors que le poids de celle-ci est trop importante. D’autre part, il mis en évidence une
longueur maximale de conduite d’aspiration d’une pompe à ne pas dépasser pour ne pas
créer de “vide”. Mais surtout, alors que de Vinci travaillait seul, Galilé rassembla autour
de lui une école de pensée. Son jeune collègue Evangelista Torricelli (1608-1647) mit
d’ailleurs en application les travaux de son mentor sur les trajectoires d’un jet liquide. Il
reste célèbre surtout pour ses travaux concernant les baromètres (le premier fut construit
en 1643-44).
−À la même époque, le savant français Blaise Pascal (1623-1662) finalisa le principe
188 Annexes
V2
Nombre de Froude, Fr =
gl
le nombre de Froude caractérise le rapport entre les forces d’inertie et les forces volumiques
associées au champ de pesanteur. Ce nombre intervient dans les études d’écoulements à
surface libre.
ρV l
Nombre de Reynolds, Re =
µ
Le nombre de Reynolds compare les forces d’inertie aux forces de viscosité. Dans les
écoulements laminaires (Reynolds faible) les forces de viscosité sont prépondérantes. Pour
les écoulements turbulents (Reynolds important), les efforts d’inertie dominent.
V
Nombre de Mach, M =
c
Le carré du nombre de Mach est proportionnel au rapport de l’énergie cinétique par unité
de masse du gaz sur son énergie interne par unité de masse. Ce nombre intervient dans
les écoulements compressibles.
ν µcp
Nombre de Prandtl, Pr = =
α k
Le nombre de Prandtl compare les transferts de quantité de mouvement, associées aux
forces visqueuses, aux transferts de chaleur par conduction.
hl
Nombre de Nusselt, Nu =
k
Le nombre de Nusselt compare les transferts de chaleur convectif et conductif vers une
paroi.
ν µ
Nombre de Schmidt, Sc = =
D ρD
Le nombre de Schmidt compare les transferts de quantité de mouvement, associés aux
forces visqueuses, aux transferts de masse associés à la diffusion moléculaire.
p − pv (T )
Nombre de Cavitation, σv = 1
2
ρV 2
Ce nombre compare la différence entre la pression statique et la pression de vapeur satu-
rante à l’énergie cinétique du fluide. Lorsque ce nombre prend des valeurs faibles, le fluide
se rapproche des conditions qui conduisent à la cavitation.
p − po
Nombre d’Euler, Eu =
ρV 2
Ce nombre compare les forces de pression à l’énergie cinétique du fluide par unité de
volume.
∆p
Coefficient de pression, cp = 1
2
ρV 2
Ce coefficient compare une différence de pression à l’énergie cinétique par unité de volume.
Principaux nombres sans dimensions 191
τo
Coefficient de frottement local, cf = 1
2
ρV 2
Ce coefficient compare la contrainte pariétale (frottement par unité de surface) à l’énergie
cinétique par unité de volume.
P
Coefficient de portance, Cz (ou CL ) = 1
2
ρV 2 A
Ce coefficient compare l’effort de portance P à une force hydrodynamique de référence
1
2
ρV 2 A.
T
Coefficient de traı̂née, Cx (ou CD ) = 1
2
ρV 2 A
Ce coefficient compare l’effort de traı̂née T à une force hydrodynamique de référence
1
2
ρV 2 A.
L V2
Coefficient de pertes de charge, λ tel que ∆H = λ
D 2g
Ce coefficient caractérise les pertes de charge dans une conduite de diamètre D et de
longueur L d’un écoulement de vitesse moyenne V .
192 Annexes
Longueur
pouce in = 0,0254 m
pied ft = 0,305 m
Énergie
calorie cal = 4,18 J
Force
dyne dyn = 105 N
kilogramme-force kgf = 9,80665 N
pound-force lbf = 4,44822 N
Pression
atmosphère atm = 101 325 Pa
atm = 76 cm Hg
bar bar = 105 Pa
Dyne/cm2 Dyne/cm2 = 0,1 Pa
pounds per square inch psi = 6894,757 Pa
Puissance
cheval vapeur ch = 735,499 W
Viscosité dynamique
poise P = 0,1 Pa.s
poiseuille Pl = 1 Pa.s
Viscosité cinématique
centi stokes cSt 10−6 m2 .s−1
194 Annexes
Chapitre B
− Exercices du chapitre 1 −
− Exercices du chapitre 2 −
1. Pompes en parallèle :
– Points de fonctionnement des deux pompes :
(Q1 = 315 l/s ; H1 = 77 m ; η1 = 0,8) et (Q2 = 165 l/s ; H2 = 77 m ; η2 = 0,76) ;
– Puissance absorbée par la station de pompage : P ≈ 461 kW.
2. Pompes en série
– Points de fonctionnement des deux pompes :
(Q1 = 480 l/s ; H1 = 35 m ; η1 = 0,48) et (Q2 = 480 l/s ; H2 = 40 m ; η2 = 0,52) ;
– Puissance absorbée par la station de pompage : P ≈ 705 kW.
Étude de la cavitation :
Pour une hauteur d’aspiration de 3 m et en négligeant les pertes de charge dans la
conduite d’aspiration, le NPSH disponible vaut 7 m. Lorsque les pompes sont disposées
en parallèle, il n’y a pas de cavitation. Par contre, lorsqu’elles sont disposées en série, il
peut y avoir de la cavitation sur la pompe 2 si elle est installée en première position.
Pour une hauteur d’aspiration de 4,5 m, le NPSH disponible descend à 5,5 m ; le
montage des pompes en parallèle ne fait pas apparaı̂tre de cavitation, alors que celui
avec les pompes en série présente de la cavitation quelle que soit la pompe choisie pour
première position.
− Exercices du chapitre 3 −
2. 2L/a > tf ;
3. Le temps d’établissement vaut environ 30 secondes ;
4. La surpression maximale vaut 3,5 bar, et la dépression maximale − 2,4 bar.
Partie 2
1. Le temps d’établissement vaut environ 5,44 s ;
2. La surpression maximale 2,7 bar.
Chapitre C
Traduction anglais-français
A
Absolute velocity Vitesse absolue
Adverse pressure gradient Gradient de pression adverse
Airflow Écoulement d’air
Angular velocity Vitesse angulaire
Area Surface
B
Blade Aube
Body force Effort de volume
Bore diameter Diamètre interne
Boundary layer Couche limite
Boundary layer thickness Épaisseur de couche limite
Buyancy force Poussée d’Archimède
C
Cavitation Cavitation
Centrifugal force Effort centrifuge
200 Traduction de termes techniques anglais
D
Delivery pipe Conduite de refoulement
Density Masse volumique
Diffuser Diffuseur
Dimensional analysis Analyse dimensionnelle
Discharge Débit
Downstream Aval
Drag Traı̂née
Duct Conduite
Dynamic pressure Pression dynamique
E
Eddy viscosity Viscosité turbulente
Efficiency Rendement
Equation of state Équation d’état
F
Fan Ventilateur
Flow Écoulement
Flowmeter Débitmètre
Flow rate Débit volumique
Fluid Fluide
Forced convection Convection forcée
Free convection Convection naturelle
Free stream Écoulement infini (non-confiné)
Fully developped Régime établi
Friction drag Traı̂née de frottement visqueux
G
Gravitational acceleration Accélération de pesanteur
Grid Maillage
201
I
Impeller Rotor
Incidence angle Angle d’incidence
Incoming flow Écoulement entrant
Inlet Entrée
Inviscid fluid Fluide parfait
Isothermal Isotherme
Isotropic turbulence turbulence isotrope
K
Kinetic energy Énergie cinétique
L
Laminar Laminaire
Lift Portance
Liquid Liquide
M
Mass Masse
Mass flow rate Débit massique
Material derivative Dérivée particulaire
Material domain Domaine matériel
Mesh Maillage
Momentum Quantité de mouvement
Momentum equation Bilan de quantité de mouvement
Motion Mouvement
Multi-stage pump Pompe cellulaire
N
Newtonian fluid Fluide Newtownien
No-slip condition Condition d’adhérence
Nozzle Tuyère
Numerical prediction Estimation numérique
O
202 Traduction de termes techniques anglais
P
Particle Particule
Peripheral velocity Vitesse orthoradiale
Pressure Pression
Pressure coefficient Coefficient de pression
Pressure drag Traı̂née de pression
Power Puissance
Pump Pompe
R
Rate of dissipation Taux de dissipation
Reciprocating pump Pompe alternative
Relative velocity Vitesse relative
Reverse flow Recirculation
Rotameter Rotamètre
S
Separation Décollement
Shaft Arbre (tournant)
Skin friction coefficient Coefficient de frottement
Specific heat Chaleur spécifique
Specific speed Vitesse spécifique
Stagnation point Point d’arrêt
Steady Stationnaire
Streamlines Lignes de courant
Sublayer Sous-couche
Suction Aspiration
Sudden contraction or expansion Contraction ou élargissement brusque
T
Test section Veine d’essais
Time rate of change Dérivée par rapport au temps
Torque Couple
Transient Instationnaire
Transition Transition
Turbomachine Turbomachine
Turbulent flow Écoulement turbulent
U
Universal gas constant Constante universelle des gaz
203
V
Valve Clapet
Vapour pressure Pression de vapeur saturante
Velocity Vitesse
Volute casing Volute
Vortex, vortices Tourbillon(s)
W
Wake Sillage
Wall shear stress Contrainte pariétale
Water hammer effect Coup de bélier
Wind tunnel Soufflerie
Wing Aile