Esther Mémoire Ancien

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UNIVERSITE CATHOLIQUE DU CONGO

FACULTE DES COMMUNICATIONS SOCIALES


KINSHASA/ MONT-NGAFULA

Cinéma, sensibilisation, vulgarisation et dénonciation : analyse sémio-pragmatique du film


MAKI’LA

Mémoire présenté en vue de l’obtention du titre de licencié


(Licence LMD) en Communications socio éducative et stratégie

Par : BAVURHE AKONKWA Esther


Directeur : Prof. Léon MBEMBO

ANNEE ACADEMIQUE : 2020-2021


0. Introduction générale
0.1. Objet

L’objet de ce travail est le cinéma engagé. Nous voulons étudier la contribution du cinéma
africain dans le développement des sociétés et l’éducation des masses. Par le moyen d’une théorie
et d’une méthode, nous voulons présenter les différents processus par lequel les réalisateurs
passent pour vulgariser, sensibiliser et dénoncer des vices.

0.2. Problématique

La ville de Kinshasa1 compte environ 11 millions d’habitants 2, l’une des plus grandes capitales
d’Afrique centrale. Pourtant c’est à peu près 20 000 enfants dits « Shégué »3 qui survivraient dans
la rue entre violence, drogue et abandon. Ces enfants, de toutes tranches d’âge confondues, sont
connus pour leur violence et souvent courent derrière les voitures de musiciens et politiciens pour
mendier. Mais c’est une frange de la population à ne pas négliger car ils forment une
communauté à part entière dans la ville. Ce phénomène que l’on appelle « shégué » n’est plus
qu’un simple fait mais cela a pris une grande ampleur car lors des consultations présidentielles
organisées du 2 au 26 novembre 2020 par le Président de la République, Félix-Antoine
Tshisekedi, le porte-parole de cette petite communauté a été reçu avec sa délégation pour donner
son avis sur la façon dont les choses évoluent dans le pays. Cela nous fait comprendre que le
phénomène « shégués » que l’on appelle aussi « Kuluna » n’est plus qu’un simple fait social,
mais il devient socio-culturel à Kinshasa comme le viol l’est à l’Est du pays dans les parties
touchées par la guerre.

1
P. LEPIDI, Dans l’enfer des « shégués » : enfants de la rue à Kinshasa, dans Le monde/Afrique,,
www.lemonde.fr/Afrique, consulté le 26 mars 2021.

2
J. FLOUROT, « Kinshasa 2005. Trente ans après la publication de l’Atlas de Kinshasa », Les Cahiers d’Outre-
Mer [En ligne], 261 | Janvier-Mars 2013, mis en ligne le 01 janvier 2015,dans http://journals.openedition.org ,
consulté le 21 juin 2021.

3
Op.cit.
Comme nous l’avons déjà dit ci-haut, notre travail portera sur l’analyse du film MAKI’LA. Ce
film nous relate l’histoire des enfants vivant dans la rue. Il nous plonge dans le quotidien de cette
communauté, mais le plus intéressant est qu’il montre les problèmes majeurs qui poussent les
familles à abandonner leurs enfants dans la rue et aussi ce qui pousse les enfants eux-mêmes à
préférer la vie très mouvementée qu’offre la rue à une vie plutôt calme qu’on mènerait au sein
d’une famille.

Le cinéma est donc un excellent moyen de communiquer autour de la question et aussi d’éveiller
la conscience de la société sur ce fait.Le « cinéma »4 désigne à la fois l’ensemble des techniques
et des procédés qui permettent la projection sur un écran des images fixe ou animées , sonorisées
ou non. Par métonymie, c’est la salle où l’on projette sur un grand écran, un film ou une œuvre
vidéo. Il joue un très grand rôle aujourd’hui en ce qui concerne la sensibilisation et la
dénonciation des faits sociaux. Il est l’un des outils dont on se sert dans la communication pour
vulgariser tel ou tel autre comportement à adopter. Aujourd’hui le cinéma est vu non seulement
comme un outil de divertissement mais est aussi utilisé comme outil pour sensibiliser les masses
sur ce qui se passe dans la société. Selon Francesco Casseti 5, les films sont capables de donner
corps non seulement aux grands mythes de l’homme, mais aussi aux inquiétudes et aux
problèmes typiques de toute société. De ce qui précède nous comprenons que le cinéma engagé
présente non seulement une histoire qui pousse le téléspectateur à prendre conscience mais c’est
aussi un moyen d’évasion.

Partout dans le monde, les réalisateurs ont compris cette double importance du cinéma et l’utilise
donc pour défendre la cause des minorités dans certains cas, et dans d’autres, ils tirent la sonnette
d’alarme sur certaines injustices. Parlant de défendre les minorités, nous pouvons citer le film
américain « The hate you give (T.H.U.G) », ce film parle évoque en gros de la violence policière,
qui fait rage aux Etats-Unis et du le racisme. Il nous fait comprendre que le racisme provient de
l’éducation qui est inculquée aux enfants dès le bas âge. Il nous montre que les Nnoirs comme les
Bblancs ont des préjugés, et que c’est le plus grand problème de la société américaine car il ne
favorise pas le vivre-ensemble.. Nous comprenons comment ce film donne corps à ce grand
problème auquel les américains font face et il rejoint la logique du film que nous allons analyser
car lui aussi met en exergue ce qui pousse les enfants à rejoindre la rue. Nous pouvons également
4
F. BALLE , Dictionnaire des médias, éd. Larousse, 1998, p.43
5
F.CASSETI, Les théories du cinéma depuis 1945,Paris, 2e édition, éd. Armand Colin,2008, p.293
citer la série mexicaine « La Dona », pour appuyer cette thèse de Francesco Casseti. Cette série
dénonce la violence faite aux femmes. Elle dénonce le fait que la femme violée n’est pas
soutenue dans sa quête de justice, surtout si l’auteur du viol est bien placé dans la société. Cette
télénovelas dénonce aussi le féminicide qui fait rage dans ce pays. Ce produit du cinéma latino-
américain cherche à enrôler la communauté internationale ainsi que toutes les femmes du monde
dans son combat de tous jours. Nous pouvons aussi citer la série Turque « Fatmagul » qui raconte
une histoire presque similaire à celle de la télénovelas citée ci-haut. Cette série dénonce non
seulement les inégalités sociales qui existent dans la société tTurque mais aussi certains
stéréotypes de cette société.

Le cinéma est donc un outil important lorsqu’on veut atteindre plusieurs personnes qui peuvent
porter la cause pour laquelle on se bat. Chaque société tente de produire des films qui la peint et
qui la définit le mieux. En Afrique, nous remarquons la production des films et séries engagés
dans la sensibilisation, nous pouvons citer la série Sénégalaise « C’est la vie » qui retrace la vie
d’un centre de santé, qui tente de veiller sur la santé d’une communauté très attachée à la
tradition, alors entre superstition et réalité, ce centre peut heureusement s’appuyer sur une radio
communautaire qui diffuse des émissions avec les médecins du centre pour sensibiliser sur telle
ou telle autre maladie ou épidémie. Cette série connait un grand succès sur le continent africain
car elle traite des sujets assez importants et qui sont communs à toute l’Afrique.

Dans chaque pays d’Afrique producteurs, acteurs et réalisateurs se mobilisent créer des contenus
qui reflètent les valeurs de leur société. Notre pays n’est pas en reste car chaque jour nous voyons
émerger des acteurs très talentueux. Notre industrie cinématographique, bien qu’étant encore
faible, a connu des films à succès tel que : la comédie musicale la vie est belle interprétée par le
grand chanteur Papa Wemba, le film Rebelle qui a eu un oscar, et bien d’autres œuvres qui ont
connues des grands succès sur le continent et dans le monde. Le film Rebelle par exemple est un
film très engagé, et nous voyons à quel point le cinéma est un grand outil de dénonciation et de
sensibilisation partout dans le monde.

Le concept sensibiliser est définit dans le dictionnaire6des médias comme étant une initiation du
public, sous influence des médias à une question censée le concerner. C’est le fait de rendre
quelqu’un ou un groupe sensible à une chose pour laquelle il ne manifestait pas d’intérêt.
6
F. BALLE, IdemOp.cit., p.229
Selon Tilman7 , la sensibilisation est une solide préparation du contenu et de la forme du
message envisagé et donc, un savoir-faire spécifique.

La sensibilisation est un outil important pour le changement de comportement, elle permet


d’ouvrir les yeux de ceux dont on veut éveiller la conscience face à une situation ou un fait
déterminé. La sensibilisation c’est donc la traduction en des termes simples et en un langage
accessible d’un message qui à la base a été scientifique et qui normalement ne peut être compris
que par les spécialistes. La sensibilisation a pour finalité de changer les regards, les mentalités, et
les comportements de la population-cible vis-à-vis d’une situation. Pour qu’une sensibilisation
soit efficace, elle devra permettre de modifier certains comportements pour arriver aux attitudes
attendues.

La démarche de la sensibilisation repose sur des objectifs essentiels qui consistent à faire évoluer
une culture individuelle et collective qui est en mesure d’aboutir à une évolution du
comportement. C’est arriver à ouvrir les yeux des personnes concernées aux réalités de l’ancien
comportement afin qu’ils arrivent à voir les bénéfices qu’il y a à adopter le nouveau
comportement. Notons que le changement de comportement passera par un changement de
perception, c’est-à-dire, l’individu devra d’abord changer sa façon de percevoir un fait pour
pouvoir ensuite changer son comportement vis-à-vis de ce fait.

La vulgarisation8 est la propagation dans un public peu averti de notions scientifiques


complexes .complexes.. La vulgarisation est donc le fait de mettre à la portée de tous, des
connaissances qui vont permettre de changer la perception d’un fait et aussi changer leur
comportement par rapport à un fait donné.

La vulgarisation, c’est donc rendre commun des connaissances qui au départ n’étaient réservées
qu’aux initiés d’une discipline.

7
F. TILMAN, « Information, sensibilisation, conscientisation. Quelle communication pour l’émancipation »,
surInformation – sensibilisation – conscientisation: quelle communication pour l'émancipation ? (legrainasbl.org)
Consulté le 26 mars 2021 à 22h50, (mettre le lien au complet. Pas sûr de trouver l’article en tapant l’adresse url telle
que donnée)

8
J.Pp. TRUXILLO , Dictionnaire de la communication, Paris, éd. Armand Colin,1991, p.546
Nous retenons de ce qui précède que la sensibilisation et la vulgarisation aident à éveiller la
conscience du public sur un fait ou une situation qui serait à bannir et fait la promotion d’un
comportement qui serait à adopter. Ces deux concepts trouvent donc tout leur sens dans l’analyse
du film qui fait l’objet de notre travail. La réalisatrice de ce film a ressorti les différentes causes
qui poussent les familles à abandonner leurs enfants dans la rue, et elle a su montrer les
conséquences de ce mauvais choix sur non seulement ces enfants que l’on abandonne mais aussi
sur toute notre société.

De ce qui précède, notre question de recherche s’intéresse aux mécanismes sémio-pragmatiques


mis en œuvre par la réalisation pour sensibiliser, vulgariser et dénoncer les maux de société
congolaise dans le film « MAKI’LA ».

0.3. Hypothèse

Pour sensibiliser, la réalisatrice Machérie Ekwa Bahango a beaucoup plus mis l’accent sur les
conséquences que les mauvais choix des adultes ont eu sur l’avenir de ces enfants afin de les
orienter vers un comportement nouveau à adopter. Elle a aussi montré comment ces enfants de la
rue pourraient s’en sortir, avec beaucoup de volonté de leur part, en nourrissant leur rêve et en
travaillant pour leur réalisation.

0.4. Cadre théorique

Pour notre travail, nous allons utiliser la théorie du cinéma développée par plusieurs auteurs dont
Edgar Morin9. Pour Edgar Morin, le cinéma a cette double mission d’interpréter la réalité
humaine, non pour dresser un constat froid sans portée, mais bien pour transformer ce qui doit
l’être (d’où le cinéma comme lieu d’une activité intelligente).

9
E. MORIN, Le cinéma, un art de la complexité. Articles et inédit, in revue française de recherche sur l’histoire du
cinéma, p.176, http://journals.openedition.org/1895/6904 ;DOI : https://doi.org/10.4000/1895.6904, consulté le 7 mai
2021
L’importance du cinéma10 dans la pensée de Morin   démontre l’intérêt qu’il porte à la
compréhension de l’homme et de la société, car le medium cinéma est révélateur d’une double
action : celle de faire percevoir et de donner à voir.

Nous recourons aussi dans ce travail, à la théorie de la communication engageante 11 développée


par Fabien Girandola et Vincent-Robert Joule. Cette théorie consiste précisément à faire précéder
la diffusion d’un message persuasif de la réalisation d’un acte préparatoire. Cet acte doit d’une
part, relever de la même identification que le comportement attendu, et d’autre part, être réalisé
dans un contexte d’engagement.

0.5. Méthode et technique de recherche

Pour ce travail, nous allons utiliser la méthode sémio-pragmatique. La démarche sémio-


pragmatique de Roger Odin12 propose une approche rationalisée des modes de production de sens
en jeu dans la communication médiatisée, diffusée ou sociale. Empruntant ses outils à la
sémiologie, théorie générale des signes et des processus interprétatifs, ainsi qu’à la pragmatique,
étude du sens d’un énoncé en ce qu’il tient à la situation de discours, sa méthode se présente
comme un effort de renouvellement en la matière.

Cette approche de Roger Odin13 considère une séparation entre l’émetteur et le récepteur, et aussi
la façon dont le sens d’un énoncé peut varier dans le processus de communication. Ici, le message
prend donc tout son sens dans l’ensemble des facteurs exercés indépendamment qui influent sur
le mode de production de sens des deux actants à savoir, l’émetteur et le récepteur.
10
E.MORIN, Le cinéma. Un art de la complexité. Articles et inédits – 1952-1962, Nouveau Monde Éditions,
coll. Cinéma, Paris, 2018, 614 p. in Sociétés, 2018/3, no. 141, pp.141-143,URL :https://www.cairn.info/revue-
societes-2018-3-page-141.htm,consulté le 7 mai 2021

11
F. GIRANDOLA et V. JOULE, La communication engageante : aspects théoriques, résultats et perspectives, in
L’année psychologique, 2012/1, (vol.12),pp. 115-143,URL : https://www.cairn.info/revue-l-annee-psychologique1-
2012-1-page-115.htm , consulté le 10 mai 2021

12
E.BOUILLAGET, Les espaces de communication - Introduction à la sémio-pragmatique » Revue française des
sciences de l’information et de la communication [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 01 septembre 2012, consulté le
07 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/199 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfsic.

13
Ibidem.
0.6. Intérêt du sujet

Ce travail a un intérêt sur trois différents plans ; sur le plan personnel, il nous permettra
d’approfondir nos connaissances en ce qui concerne l’industrie cinématographique et aussi en
sémiologie ; sur le plan scientifique, ce travail nous aide à apporter notre pierre en ce qui
concerne l’analyse du contenu cinématographique. Enfin sur le plan social, ce travail nous permet
de clarifier comment la réalisatrice a sensibilisé, dénoncé certains faits et comment elle a
vulgarisé les nouveaux comportements à adopter.

0.7. Délimitation du travail

Nous allons dans ce travail analyser le film MAKI’LA réalisé en 2018 par la congolaise Machérie
Ekwa Bahango. Nous traiterons de ce que peut apporter le cinéma dans la lutte contre ce mal qui
gangrène notre société.

0.8. Subdivision du travail

Ce travail est subdivisé en trois chapitres : le premier chapitre traitera du cadre théorique. Nous
allons, pour ce travail utiliser deux théories à savoir : la théorie du Cinéma eat la théorie de la
communication engageante. La seconde section de ce chapitre portera sur la définition de nos
concepts-clés qui sont : cinéma, sensibilisation, vulgarisation, et dénonciation.

Le second chapitre va porter sur le cinéma en général, le cinéma aAfricain et plus


particulièrement le cinéma cCongolais.

Le dernier chapitre sera consacré à l’analyse sémio-pragmatique du film « MAKI’LA », et nous


allons ensuite déceler et ressortir les mécanismes utilisés par la réalisatrice pour la mise en œuvre
d’un plan de sensibilisation, de vulgarisation et de dénonciation des maux Congolais dans le
film. Cette analyse est un modèle de communication qui pose qu’il n’y a jamais transmission
d’un texte d’un émetteur à un récepteur, mais un double processus de production textuelle : l’un
dans l’espace de la réalisation et l’autre dans l’espace de la lecture .lecture.14

14
R. ODIN et J. PEQUINOT, « De la sémiologie à la sémio-pragmatique, du texte aux espaces mentaux
decommunicationde communication », Communiquer [En ligne], 20 | 2017, mis en ligne le 30 septembre 2017,
URL : http://journals.openedition.org/communiquer/2296 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communiquer.2296,
consulté le 07 juillet 2021.
Chapitre 1. Approche conceptuelle et théorique

Ce premier chapitre est divisé en trois grandes sections : la première section portera sur la
définition des concepts de base, la seconde sectio.n traitera des théories que nous allons utiliser
dans ce travail à savoir : la théorie du cinéma et la théorie de la communication engageante ; et
enfin la dernière section traitera de l’approche méthodologique.

Section 1. Approche conceptuelle

Une étude scientifique exige au chercheur une analyse axée sur les différents concepts qui
composent son étude. Les concepts étant par moment polysémiques, il faut adapter leur
signification au contexte de la recherche. ..

1.1.1. Cinéma
15

a) Origine du cinéma

15
On attribue souvent aux frères Lumière 16 l’invention du cinéma en 1895, avec l’invention de leur
cinématographe. Mais les débuts du cinéma (le «  pré-cinéma « ) remontent bien avant, dans les
années 1820. On accorde au scientifique Fitton ainsi qu’à son thaumatrope les réels débuts du
cinéma. Ce thaumatrope était en fait un gadget qui jouait avec l’œil en formant une illusion
d’optique. Après cette invention qui n’a pas eu un très grand succès, plusieurs autres inventions
se succédèrent dont le Zootrope de william George Horner en 1834, ou le Kinétographe de
Thomas Edison en 1891. Kinétographe est considérée comme la première caméra de prise de
vue. Les films tournés n’étaient pas projetés mais regardés à traves une visionneuse baptisée
kinétoscope. Quant au cinématographe de Louis et Auguste Lumière, il permettait à la fois de
filmer puis ensuite de projeter sur un écran un film enregistré sur pellicule. Plus tard les deux
fonctions serons assurées par deux appareils différent: la caméra et le projecteur.

On considère généralement que le cinéma est né lors de la première projection publique donnée
par les frères Lumière au Salon indien du Café de Paris le 28 décembre 1895. Capable de remplir
deux fonctions fondamentales, à savoir celle de filmer et de projeter, Il supplante rapidement les
autres moyens de reproduction du mouvement utilisés jusqu'alors. Il est plus léger et plus
commode. La première séance publique de Cinéma, à Paris, présente La Sortie des usines
Lumière. Elle est suivie de l'arrivée d'un train en gare de La Ciotat et de l'Arroseur arrosé.

Dès ses débuts, le cinéma17 permet à des millions de gens à travers le monde de s’évader de la
réalité de la réalité. C’est un tapis volant qui, en un instant, transporte les spectateurs loin de leurs
soucis du quotidien.

En 1923, Ricciotto Canudo18, un critique Italien vivant à Paris publie « Le manifeste des sept
arts », où il ajoute le cinéma comme 7e art suivant la classification des arts majeurs faites par le
philosophe Allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Le philosophe a classifié les six premiers
arts majeurs selon deux critères : l’expressivité et la matérialité. Ainsi le premier des arts selon
Hegel est l’architecture, le deuxième est la sculpture, le troisième ce sont les «arts visuels»
(peinture et dessin), le quatrième la musique, le cinquième la littérature, le sixième les arts de la
scène (danse, théâtre, cirque…), et le cinéma septième art selon Canudo. A cette liste s’est
16
Juliette et Laura, histoire du cinéma, p. 1-16, http://www.ac-grenoble.fr/ecoles/v2/IMG/pdf/ , consulté le 20 Aout
2021-08-20
17
R. Bergan, Le cinéma, éd. Grund, Paris, P. 11, 2006
18
https://www.cnews.fr/divertissement/2018-04-11/pourquoi-le-cinema-est-il-appele-le-7e-art-778275
ajoutée récemment les médias comme huitième art, la bande dessinée comme neuvième art et
enfin le jeu vidéo comme dixième art.

Au fil des années, le cinéma19 sera vu comme un exutoire pour les spectateurs. On va le
surnommer « l’usine aux rêves aux Etats-Unis » car il fait rêver plus d’un. Si dès les années 1920,
ce sont les Etats-Unis qui dominent dans ce domaine, aujourd’hui tout le monde met la main à la
patte pour faire évoluer cette industrie. Le cinéma n’est donc plus qu’un simple outil de
divertissement, il est devenu un instrument important de communication partout dans le monde.

b) Définitions

Le cinéma 20est à la fois défini comme l’art de concevoir et de réaliser des films, et le procédé
d’enregistrement et de projection des photographies animées sur un écran.L’écran. L’industrie de
cet estart est appelé septième art.

Christian Metz21 conçoit le cinéma comme un art dont l’une des spécificités est la capacité à nous
livrer d’emblée le monde avec son expressivité propre, et ce, en-deçà de tout travail artistique.
L’expression naturelle du monde étant ce par quoi ce dernier, même s’il n’est pas lui-même un

19

R. Bergan, op cit, p.12


20
https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/cinema/

21
Lefebvre, Martin. "Christian Metz : entre sémiologie et esthétique." Recherches sémiotiques / Semiotic Inquiry,
volume 32, number 1-2-3, 2012, p. 247–272.https://doi.org/10.7202/1027781ar, consulté le 9 Aout 2021
signe, nous parle, nous touche, a un sens pour nous. Il renchérit en postulant que le cinéma22 n’est
rien d’autre que l’ensemble des messages que la société appelle cinéma.

Le cinéma23 est un médium qui lie les perceptions, les fantasmes, les espoirs, les frustrations et
les peurs des populations, toutes catégories confondues.

Le philosophe Français Jean-Luc Nancy24, pense le double jeu cinématographique comme


l’illusion de la vérité et la vérité de l’illusion y fait signe vers un « hors-jeu », lequel n’est autre
que la révélation de la vie elle-même dans son sérieux, sa naïveté et sa vérité nue. Cette thèse
vient compléter les définitions précédentes, en soulevant que le cinéma nous présente la vie sous
toutes ses formes, sous ses bons et ses mauvais jours.

Le cinéma est donc devenu un excellent outil de communication, qui permet de partager non
seulement les cultures entre les peuples, mais aussi de faire connaitre les différents problèmes,
difficultés, injustices auxquels certains font face. Il est donc devenu un moyen de communication
qui permet de dénoncer certaines injustices dans la société, et aussi de faire connaitre au monde
les problèmes auxquels les populations font face.

1.1.2. Sensibilisation
a) Définition

22

C. Metz, « Langage et cinéma », coll. Langue et langage, éd. Larousse, Paris, 1971, p. 18

23
N. Beaurain et Alii, « Le cinéma populaire et ses idéologies », dans L’homme et la société numéro 154, 2004,

p. 5-8, DOI : 10.3917/lhs.154.0005. URL : https://www.cairn.info/revue-l-homme-et-la-societe-2004-4-page-5.htm,


consulté le 9 Aout 2021

24
J.-L. Nancy, L’évidence du film, Abbas Kiarostami, Bruxelles, 2001.cité par J.c. Poizat, « Penser au cinéma »
dans Le Philosophoire, 2016/2 (n° 46), p. 123-128. DOI : 10.3917/phoir.046.0123. URL :
https://www.cairn.info/rev ue-le-philosophoire-2016-2-page-123.htm
La sensibilisation25 est un terme qui désigne une étape d’un processus d’intervention au cours de
laquelle un ou plusieurs moyens seront mis à contribution afin de favoriser la réflexion et susciter
une prise de conscience par rapport au problème social ou au besoin commun et de promouvoir
des solutions alternatives ou des idées nouvelles afin de transformer une situation jugée
problématique ou de répondre à un besoin.

La sensibilisation vise à favoriser la réflexion et à promouvoir des solutions pour transformer une
situation.

  L’objectif de la sensibilisation est d’introduire des changements sur le plan individuel (modifier
les comportements, habitudes de vie) ou encore    faire prendre conscience à certaines personnes
qui sont victimes d’une injustice qu’il existe des moyens leur permettant de défendre
individuellement leurs droits.

L’action de sensibiliser c’est mobiliser les personnes directement touchées par un problème afin
qu’elles se regroupent pour améliorer ou pour changer leur situation. Cette définition va dans le
sens de notre travail dans la mesure où le film que l’on va analyser traite d’un sujet qui touche
essentiellement les Congolais et les Kinois en particulier. Le public qui est sensibilisé vit la cette
situation décrite dans le film.

b) Etapes de la sensibilisation

Pour réussir une campagne de sensibilisation26, il existe quelques étapes qui permettent
d’atteindre les objectifs fixés au préalable. Il faudrait avant tout établir les objectifs à atteindre
lors de la campagne. Définir les objectifs spécifiques permettra de connaitre tous les moyens qu’il
faudra mettre en place pour réaliser la campagne.

La seconde étape est d’identifier le public cible de la campagne. Cette étape permettra d’élaborer
une stratégie à adopter par rapport au public ciblé.

Troisièmement, il faudrait s’entretenir avec son équipe sur le sujet de la campagne. L’équipe
sensibilisatrice doit être la première à porter à cœur le fait ou encore le sujet. Par exemple, si la

25
https://www.leblocnotes.ca/node/832
26
https://www.sensibilisation-prevention.fr/comment-faire-une-campagne-de-sensibilisation-reussie
sensibilisation doit porter sur les droits des femmes, les membres de l’équipe sensibilisatrice
doivent être les premiers à reconnaitre que les femmes ont des droits à faire valoir.

Enfin, il faudrait choisir quel moyen et support de communication on veut utiliser. Par exemple,
pour une campagne qui vise à sensibiliser sur la moustiquaire. On peut faire le porte à porte dans
les quartiers, on peut concevoir un spot publicitaire à diffuser dans les médias et aussi relayer les
messages sur les réseaux sociaux. Pour une sensibilisation, il ne faut pas se concentrer sur un
moyen. Il est toujours important de choisir une stratégie qui correspond le mieux à sa cible, et si
possible les utiliser toutes. Ces étapes, une fois franchies, la campagne peut être exécutée.

1.1.3. Vulgarisation

La vulgarisation c’est rendre accessible à tous des connaissances qui, au départ n’étaient réservé
qu’à un public d’initiés.  C’est un exercice difficile, parce qu’il demande de prendre du recul par
rapport à sa discipline et de transmettre son savoir à un public qui néophyte. La vulgarisation
poursuit comme objectif d’améliorer les compétences, en acquérir de nouvelles ou à modifier des
comportements de manière à résoudre un certain nombre de problèmes.

On parle d’un ouvrage de vulgarisation 27, lorsqu’il s’adresse à un public de non-initiés qui vient y
chercher de l’information dans un domaine ou sur un point précis, qu’il s’agisse de connaissances
linguistiques ou de connaissances sur le monde. Il convient donc de lui apporter des éléments
synthétiques, souvent enrichis par des illustrations qui complètent ou « commentent » le texte,
quitte à lui proposer d’autres pistes pour enrichir ses connaissances par le biais de références
internes. Il existe néanmoins une technique28 de vulgarisation appelée « 6c de vulgarisation
scientifique. Elle ressort six étapes :

 Miser sur la clarté, il s’agit de faire attention aux mots du jargon, c’est-à-dire les mots
techniques, ceux qui sont courants entre les experts d’un domaine mais qui peuvent être
étranger aux non-initiés
27
C. Jacquet-Pfau,« La vulgarisation dans les dictionnaires et encyclopédies. Avant-propos », La linguistique, 2021/1
(Vol. 57), p. 3-1 DOI : 10.3917/ling.571.0003. URL : https://www.cairn.info/revue-la-linguistique-2021-1-page-
3.htm , consulté le 9 Aout 2021

28
https://agentmajeur.fr/vulgarisation-scientifique-astuces/
 Créer une connexion avec le public, les émotions jouent une part très importante dans
les décisions, les réactions. Il est intéressant de les utiliser en communication pour créer
une connexion avec le public. En essayant par exemple de le surprendre en racontant des
anecdotes, en l’épatant, voire même en lui faisant peur. Quand vous souhaitez qu’une
décision soit prise dans un domaine lié à la santé ou à la sécurité, la peur constitue un
ressort de choix
 Replacer le travail dans son contexte, le travail s’intègre à un contexte qu’il convient
d’éclaircir : enjeux scientifiques, sociaux, économiques, voire culturels. Il convient aussi
d’expliquer l’apport de ce savoir qui est vulgarisé non seulement sur le quotidien mais
aussi sur un long terme.
 Être concret, lorsqu’on vulgarise sur un sujet, il faut au maximum éviter d’être
abstrait. Pour rester concret, il faut apporter des échantillons, des maquettes ou réaliser
des démonstrations. Les échantillons à faire passer dans le public sont utiles si l’auditoire
n’est pas trop important. 
 Mettre de la couleur à vos propos, pour vulgariser, il est précieux de s’appuyer sur des
images, au sens propre comme au sens figuré. Au sens propre, les images ne se limitent
pas à des photos. Il existe de nombreux moyens de montrer ce sur quoi vous travaillez :
graphiques, vidéos, schémas et les graphiques doivent être simplifiés. L’illustration,
analogies, métaphores sont également des excellents moyens qui permettent à votre
auditoire de visualiser dans son esprit ce que vous dites, et donc de colorer vos propos.
 Faire la conversation, Bien qu’il ne soit pas spécialiste, le public adore participer,
donner son avis. D’où l’intérêt d’engager la conversation, de prendre le temps pour des
séances de questions réponses. Lors d’une présentation ou d’un atelier avec un groupe
réduit de personnes, vous pouvez donner la parole à chacun d’entre eux
On notera aussi qu'il n'y a véritablement vulgarisation 29 que si le progrès est mis à la portée de
tous et qu'en conséquence, lorsqu'on ne vise qu'à toucher un nombre limité de personne (dans une
région ou dans une catégorie considérée), il ne s'agit alors que d'une action technique.

1.1.4. Dénonciation

La dénonciation c’est le fait de dénoncer quelqu’un ou quelque, une situation, dans le cadre du
présent travail, à la justice ou à une opinion publique.

 Elle renvoie plutôt au fait de dénoncer30 une injustice ou une situation jugée insupportable, dans
l’idée d’une réparation ou d’un règlement. 

Sensibilisation, vulgarisation et dénonciation dans le cinéma

Le cinéma est, au-delà de sa dimension esthétique, peut donner lieu à une situation de
sensibilisation, de vulgarisation ou de dénonciation. Regarder un film, que ce soit en salle, ou sur
un écran, est une activité pratiquée par presque tout le monde, souvent dans un cadre de loisir
mais cette activité ludique peut être utilisée dans une perspective éducative. Aujourd’hui avec
l’évolution de la technologie, nous apportons les films partout, que ce sur nos portables, nos
tablettes ou sur nos ordinateurs portables, nous avons à tout moment la capacité de regarder un
film, une série, etc. Et parlant de télévision, c’est tout le monde aujourd’hui qui a une télévision
avec des chaines câblées,, et de ce fait le cinéma est à la portée de tous.

D’où, plusieurs passent par le cinéma pour sensibiliser autour d’un comportement à adopter ou à
bannir au sein d’une société, ou encore pour vulgariser autour d’un sujet. Le cinéma est un grand

29
H. Canonge, La vulgarisation, :Économie rurale ,  p. 207-212 in  L'économie agricole française 1938 - 1958 ,
Année 1959  39-40, https://www.persee.fr/doc/ecoru_0013-0559_1959_num_39_1_1662, consulté le 2021-08-21

30
V. Voisin,« La dénonciation dans l'URSS stalinienne. De l'entre-deux-guerres à la Seconde Guerre
mondiale »,dans Hypothèses, 2009/1 (12), p. 151-159. DOI: 10.3917/hyp.081.015
URL:https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2009-1-page-151.htm, consulté le 9 Aout 2021.
moyen pour non seulement faire connaitre une culture, mais aussi pour faire passer une idéologie.
Donc si il faut sensibiliser ou vulgariser ou encore dénoncer un comportement, le cinéma est une
belle stratégie, car elle atteint un grand nombre, et il peut continuer à faire effet meme après un
bon moment.

Section 2. Approche théorique

1.2.1. Théorie du cinéma

L’objet de la théorie du cinéma31 est la construction théorique de la construction effectuée dans


l’espace social (une construction au carré en quelque sorte).On ne saurait s’étonner de se
retrouver devant plusieurs objets « cinéma », car il y a différentes façons d’envisager la relation
entre le cinéma et l’espace social.

1.2.2. Théorie de la communication engageante

31
R. Odin, « Présentation. »Dans Cinémas, volume 17, numéro 2-3, printemps 2007, p. 9–32
https://doi.org/10.7202/016748ar consulté le 2021-08-21
 L’engagement est définit comme le « lien existant entre un individu et ses actes »32. Dans la
revue internationale de psychologie, Vincent Joule et Beauvois postulent que l’engagement
correspond , dans une situation donnée, aux conditions dans lesquelles la réalisation d’un acte ne
peut être imputable qu’à celui qui l’a réalisé. Les théories de l’engagement en général visent à
faire faire quelque chose à quelqu’un dans un processus de changement. C’est une approche qui
se propose donc d’agir directement sur le comportement. La théorie de l’engagement33 représente
tout un champ théorique qui s’est intéressé aux moyens d’obtenir de la part des individus des
comportements par l’intermédiaire d’actes préparatoires, engageants pour celui qui les réalise. Ce
courant inverse le postulat de départ qui vise à informer pour changer les attitudes et ensuite les
comportements, en proposant d’agir directement sur les comportements par l’intermédiaire de ces
actes engageants, lesquels prédisposent les individus à retenir et comprendre les messages de
sensibilisation proposés à la suite de ces actes préparatoires.

Cette théorie est née suite à suite à une étude menée par Fabien Girandola 34 et Vincent Joule sur
l’efficacité des messages persuasifs. Les résultats ont démontrés que les campagnes de persuasion
sont efficaces lorsqu’il s’agit de modifier les savoirs, les connaissances et les croyances et de
provoquer des prises de conscience. L’effet sur les intentions comportementales et les
comportements est cependant faible.

La persuasion et l’engagement sont des approches bien distinctes, mais elles ont cependant un
même objectif qui est l’influence sur autrui. La communication engageante est donc le cumul de
ces deux approches. Prenant en compte les apports de l’engagement, ces auteurs postulent qu’un
message persuasif a plus de chance d’être entendu, et donc de déboucher sur les effets attendus,

32

L. Rubens et alii , « Persuader, engager, ou les deux ? Promouvoir la volonté d'agir pour l'environnement » in
Revue internationale de psychologie sociale, 2011/4 (Tome 24), p. 103-118. URL : https://www.cairn.info/revue-
internationale-de-psychologie-sociale-2011-4-page-103.htm

33
R. Patrux , « Sensibiliser pour un engagement plus fort de nos concitoyens en faveur de l'environnement », Pour,
2014/3 (N° 223), p. 109-121. DOI : 10.3917/pour.223.0109. URL : https://www.cairn.info/revue-pour-2014-3-page-
109.htm

34
L. Rubens, et alii, op.cit.
s’il est précédé par un ou plusieurs actes préparatoires engageants consistants avec le
comportement-cible. La communication engageante a ainsi pour objectif de cumuler les bénéfices
de l’engagement et de la persuasion afin d’optimiser leurs effets dans les campagnes
d’information et de sensibilisation. L’enjeu pratique de la communication engageante est
d’amener les individus à effectuer un acte préparatoire engageant avant de les exposer à des
arguments persuasifs. Une étude menée en France sur le tri des déchets pour la protection de
l’environnement a démontré que les individus exposés à une communication engageante
modifient à la fois leurs attitudes, leurs intentions comportementales et leurs comportements, et
ceci plus que dans la situation de persuasion seule 

Section 3. Approche méthodologique

Le cadre méthodologique, permet au chercheur de se trouver un ensemble des moyens


techniques, lui servant d’issu pour aboutir au résultat escompté de son étude. La méthode sémio-
pragmatique est l’approche que nous avons choisie pour notre étude.

1.3.1. Historique de l’approche


Nous ne pouvons parler de l’approche sémio-pragmatique sans pour autant définir la sémiologie
car ces deux concepts sont très liés. La sémiologie35 est définit comme étant la science qui étudie
les signes. Pour mieux la définir, nous allons parler de sa doble origine.

1.3.1.1. Origine Francophone

Ferdinand de Saussure est le représentant de ce courant. Il définit la sémiologie comme étant la


science qui étudie la vie des signes au sein de la société. La notion de sémiologie est une notion
qui se trouve dans le cours de linguistique générale attribué à F. de Saussure à l’université de
Genève. La grammaire comparée est le domaine qu’étudiait F. de Saussure dans la linguistique.
Le courant de pensée dominant à cette époque est le « structuralisme ». Ce courant conçoit le
comportement et les pratiques comme étant les conséquences d’une structure inconsciente ou
invisible. Ce courant est issu des sciences humaines et sociales de la fin du 19 e et du début du
20e siècle, il conçoit que l’homme est un être conditionné. Ces conditions peuvent être visibles ou
invisibles. L linguistique de cette époque est aussi structuraliste, c.-à-d. qu’elle conçoit les
langues comme étant des systèmes structurés par des processus inconscient.

F. de Saussure assurera le cours de linguistique générale pendant trois années et y développera


des notions dont il avait peur du risque de susciter des malentendus. Voici les idées développées
dans le cours de linguistique générale :

 Les signes linguistiques sont arbitraires (l’arbitraire des mots est commun à toutes les
langues).
 La langue n’est pas un organisme qui se développe par lui-même. C’est un produit
collectif des groupes linguistiques.
 Différence entre langage, langue et parole ;
 La langue et l’écriture sont deux systèmes de signes distincts.
 La langue est synchronique et diachronique.
 La vie, les sciences sont faits des signes.

Le langage selon F. de Saussure est une disposition avec laquelle avec laquelle nous naissons.
Cette disposition sert à permettre la langue de pouvoir s’installer dans la tête. Le langage est donc

35
L. Mbembo, Notes des cours des questions approfondies de sémiologie, Inédit, Master 2 2020-2021.
une faculté, une prédisposition innée. La langue est un code social de communication. La parole
est l’usage personnel du code social qui est la langue.

La sémiologie étant l’étude des signes au sein de la vie sociale, le signe est donc son objet. Le
signe est une entité bifaciale composée d’un signifié et d’un signifiant. Notons que F. de Saussure
n’est pas celui qui a inventé la sémiologie mais c’est lui qui l’a formalisé en tant que science.

1.3.1.2. Origine Américaine36

Charles Sanders Peirce est le représentant de ce courant. Philosophe Américain, il définit le signe
comme tout objet, tout phénomène dès qu’il entre dans un processus sémiotique. Contrairement
à Saussure, Peirce ne définit pas du tout le signe comme la plus petite unité significative. Toute
chose, tout phénomène, aussi complexe soit-il, peut être considéré comme signe dès qu’il entre
dans un processus sémiotique.37

L’Amérique du 18e siècle est dominée par le pragmatisme, qui est le fait de donner sens aux
choses contrairement au structuralisme qui croit que les choses ont déjà un sens. Selon Peirce,
rien n’a une signification au départ. Tout objet, tout phénomène acquiert une signification dès
qu’il entre dans un processus sémiotique, il devient un signe. Le signe chez Peirce est triadique
c.-à-d. il a trois faces (le representamen, l’interprétant, et le référant).

o Le representamen est une chose qui représente une autre chose : son objet. Avant d’être
interprété, le representamen est une pure potentialité : un premier.
o L’interprétant, est ce que le signe représente. Le signe ne peut que représenter l'objet, il ne
peut pas le faire connaître ; il peut exprimer quelque chose à propos de l'objet, à condition
que cet objet soit déjà connu de l'interprète, par expérience collatérale (expérience formée
par d'autres signes, toujours antécédents).
o Le référant, qui est un representamen à son tour et renvoie, par l'intermédiaire d'un autre
interprétant, au même objet que le premier representamen, permettant ainsi à ce premier
de renvoyer à l'objet. Il s’agit en fait de l’objet qui a été représenté.

Il distingue per ailleurs trois types de signes :

36
L. Mbembo, Ibidem
37
http://www.signosemio.com/peirce/semiotique.asp
 L’indice, est un signe dont le representamen (signifiant) entretient un rapport de
contigüité et de continuité physique avec son objet. La contigüité et la continuité sont les
deux conditions à réunir pour qu’il y ait indice.
 L’icône, c’est un signe dont le representamen entretient un rapport de ressemblance avec
son objet.
 Le symbole, c’est un signe dont le representamen entretient un rapport conventionné avec
son objet.

Contrairement à la sémiologie chez F. de Saussure dont l’objet est le signe, l’objet de la


sémiotique chez Ch. S. Peirce est la signification (semiosis). La semiosis est le processus par
lequel on comprend un signe. Ici, la signification se crée avec les éléments en présence. Si on
déplace un élément le sens change. Les choses évoluent, le sens né de la situation.

1.3.2. Analyse sémio-pragmatique

La méthode sémio-pragmatique est une approche du cinéma proposée par Roger Odin, qui aborde
l’objet cinéma selon le bagage du spectateur et l’expérience qu’il a du film. L'un des objectifs de
l'approche sémio-pragmatique du cinéma est de proposer un cadre théorique susceptible d'aider à
comprendre le fonctionnement des différents actants du champ cinématographique38.

La sémio-pragmatique est un modèle de (non-)communication qui pose qu’il n’y a jamais


transmission d’un texte d’un émetteur à un récepteur, mais un double processus de production
textuelle : l’un dans l’espace de la réalisation et l’autre dans l’espace de la lecture39

La sémio-pragmatique propose de remplacer les notions de réception et d’interprétation par celle


de lecture : du contact avec l’objet symbolique intentionnel ne résulte ni une réception du sens, ni

38
R. Odin, Le spectateur de cinéma : approche sémio-pragmatique dans Communication. Information Médias
Théories   1992,  pp. 38-58, https://www.persee.fr/doc/comin_1189-3788_1992_num_13_2_1593 , consulté le 19
Septembre 2021
39

R . Odin et J. Péquignot,  De la sémiologie à la sémio-pragmatique, du texte aux espaces mentaux de


communication in, Communiquer [En ligne], 20 | 2017, mis en ligne le 30 septembre 2017, URL :
http://journals.openedition.org/communiquer/2296 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communiquer.2296 , consulté le
20 septembre 2021.
une interprétation du sens, mais une ‘production de sens’ déterminée avant tout par des
paramètres exogènes au texte. En d’autres termes, il faut toujours prendre en considération le
texte non pas en tant qu’existant comme tel avant d’être lu (donc construit), mais en tant qu’il
contient des paramètres déjà lus et déjà construits dans d’autres textes et donc débouchant en une
expérience vécue par le public40. Ce paragraphe explique comment la production du sens peut
être tributaire à certaines contraintes externes tel que : la connaissance d'une langue,
d'évènements historiques, mais surtout des institutions. Il s'agit en quelque sorte de types de films
qui entraînent avec eux un certain type de lecture, une certaine manière d'être abordés. Nous
pouvons prendre l’exemple d’un film muet proposé à un public habitué au film parlant, pourrait
être vu comme une erreur ; parce que le public connait ou a l’habitude du film parlant. Cet
exemple vient appuyer cette thèse selon laquelle la production du sens peut être contrainte à
quelques réalités extérieures. Il convient de souligner que les processus de production de sens
sont  aussi socio-historiquement formés, normés. Leurs évolutions, éventuelles apparitions ou
disparitions, sont donc tout autant soumises aux faisceaux de détermination, aux cadres sociaux
qui déterminent les relations aux domaines d’expérience et aux objets du monde. Il apparaît de
tout ce qui précède que le modèle sémio-pragmatique appelle de façon évidente, nécessaire, la
perspective sociologique pour pouvoir fonctionner, s’incarner en tant que modèle explicatif. 41. A
ce niveau encore, l’auteur rappelle que la production du sens est soumise à l’expérience que le
lecteur a du texte.

Enfin, Daniel Peraya, traitant sur l’apprentissage à distance et en présentiel, propose que
L’analyse du concept de dispositif oblige donc à repenser les rapports entre le symbolique, le
technique et le relationnel comme d’ailleurs celui de la médiatisation et de la médiation. Aussi
propose-t-il la dénomination de dispositif techno-sémio pragmatique qui du point de vue strict de
la théorie de la communication voulait rendre compte de cette triple articulation 42. Soutenant cette
40

J. Péquignot ,  Comment faire une enquête sémio-pragmatique ? Les publics des web-séries et leurs discours
« spontanés » , dans revue ¿ Interrogations ?, N°24. Public, non-public : questions de méthodologie, juin 2017 [en
ligne], https://www.revue-interrogations.org/De-Peirce-a-Odin-tenants-et  , Consulté le 20 septembre 2021.
41

J. Péquignot, op cit.
42

D.  Peraya et Alii ,  Apprendre en présence et à distance. Une définition des dispositifs hybrides ,in , Distances et
savoirs, 2006/4 (Vol. 4), p. 469-496. URL : https://www.cairn.info/revue-distances-et-savoirs-2006-4-page-469.htm,
thèse, Linard précise une dimension essentielle, celle de la présence de l’acteur. Le dispositif est
incarné. Il intègre le sujet et ses intentions. Le dispositif ne prend sens que s’il est vécu et
expérimenté par le sujet43.

Cette méthode trouve tout son sens dans notre travail car elle nous permettra d’analyser le film
« MAKI’LA » qui constitue l’objet de notre travail, et dont l’histoire relève une réalité qui est
très familière au public Kinois en particulier et Congolais en général. La production du sens
par rapport à ce film va donc dépendre de l’expérience que chaque récepteur (lecteur) a de cette
réalité ou de ce fait social.

Conclusion partielle

Consulté le 21 Septembre 2021


43

D.  Peraya et Alii , op cit

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