Esther Mémoire
Esther Mémoire
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Epigraphe
La spécificité du cinéma c’est la présence d’une langue qui veut se faire art au cœur
d’un art qui veut se faire langage
Christian METZ
3
0. Introduction générale
0.1. Objet
0.2. Problématique
2
J. FLOUROT, « Kinshasa 2005. Trente ans après la publication de l’Atlas de Kinshasa », Les Cahiers d’Outre-
Mer [En ligne], 261 | Janvier-Mars 2013, mis en ligne le 01 janvier 2015, dans http://journals.openedition.org ,
consulté le 21 juin 2021.
3
Op.cit.
4
Notre travail portera sur l’analyse du film MAKI’LA. Ce film nous relate l’histoire
des enfants vivant dans la rue. Il nous plonge dans le quotidien de cette communauté, mais
le plus intéressant est qu’il montre les problèmes majeurs qui poussent les familles à
abandonner leurs enfants dans la rue et aussi ce qui pousse les enfants eux-mêmes à
préférer la vie très mouvementée qu’offre la rue à une vie plutôt calme qu’on mènerait au
sein d’une famille.
Partout dans le monde, les réalisateurs ont compris cette double importance du
cinéma et l’utilise donc pour défendre la cause des minorités dans certains cas, et dans
d’autres, ils tirent la sonnette d’alarme sur certaines injustices. Parlant de défendre les
minorités, nous pouvons citer le film américain « The hate you give (T.H.U.G) », ce film
parle évoque en gros de la violence policière, qui fait rage aux Etats-Unis et du le racisme.
Il nous fait comprendre que le racisme provient de l’éducation qui est inculquée aux
4
F. BALLE, Dictionnaire des médias, Ed. Larousse, 1998, p.43
5
F. CASS
ETI, Les théories du cinéma depuis 1945, Paris, 2e édition, Ed. Armand Colin, 2008, p.293
5
enfants dès le bas âge. Il nous montre que les Nnoirs comme les Bblancs ont des préjugés,
et que c’est le plus grand problème de la société américaine car il ne favorise pas le vivre-
ensemble. Nous comprenons comment ce film donne corps à ce grand problème auquel les
américains font face et il rejoint la logique du film que nous allons analyser car lui aussi
met en exergue ce qui pousse les enfants à rejoindre la rue. Nous pouvons également citer
la série mexicaine « La Dona », pour appuyer cette thèse de Francesco Casseti. Cette série
dénonce la violence faite aux femmes. Elle dénonce le fait que la femme violée n’est pas
soutenue dans sa quête de justice, surtout si l’auteur du viol est bien placé dans la société.
Cette télénovelas dénonce aussi le féminicide qui fait rage dans ce pays. Ce produit du
cinéma latino-américain cherche à enrôler la communauté internationale ainsi que toutes
les femmes du monde dans son combat de tous jours. Nous pouvons aussi citer la série
Turque « Fatmagul » qui raconte une histoire presque similaire à celle de la télénovelas
citée ci-haut. Cette série dénonce non seulement les inégalités sociales qui existent dans la
société tTurque mais aussi certains stéréotypes de cette société.
Le cinéma est donc un outil important lorsqu’on veut atteindre plusieurs personnes
qui peuvent porter la cause pour laquelle on se bat. Chaque société tente de produire des
films qui la peint et qui la définit le mieux. En Afrique, nous remarquons la production des
films et séries engagés dans la sensibilisation, nous pouvons citer la série Sénégalaise
« C’est la vie » qui retrace la vie d’un centre de santé, qui tente de veiller sur la santé d’une
communauté très attachée à la tradition, alors entre superstition et réalité, ce centre peut
heureusement s’appuyer sur une radio communautaire qui diffuse des émissions avec les
médecins du centre pour sensibiliser sur telle ou telle autre maladie ou épidémie. Cette
série connait un grand succès sur le continent africain car elle traite des sujets assez
importants et qui sont communs à toute l’Afrique.
Dans chaque pays d’Afrique producteurs, acteurs et réalisateurs se mobilisent pour créer
des contenus qui reflètent les valeurs de leur société. Notre pays n’est pas en reste car
chaque jour nous voyons émerger des acteurs très talentueux. Notre industrie
cinématographique, bien qu’étant encore faible, a connu des films à succès tel que : la
6
comédie musicale la vie est belle interprétée par le grand chanteur Papa Wemba, le film
Rebelle qui a eu un oscar, et bien d’autres œuvres qui ont connues des grands succès sur le
continent et dans le monde. Le film Rebelle par exemple est un film très engagé, et nous
voyons à quel point le cinéma est un grand outil de dénonciation et de sensibilisation
partout dans le monde.
0.3. Hypothèse
Pour notre travail, nous allons utiliser la théorie de l’énonciation développée par
plusieurs auteurs.
6
E. BOUILLAGET, « Les espaces de communication - Introduction à la sémio-pragmatique », Revue française des
sciences de l’information et de la communication [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 01 septembre 2012, consulté le
07 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/199 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rfsic.
7
Cette approche de Roger Odin7 considère une séparation entre l’émetteur et le récepteur, et
aussi la façon dont le sens d’un énoncé peut varier dans le processus de communication.
Ici, le message prend donc tout son sens dans l’ensemble des facteurs exercés
indépendamment qui influent sur le mode de production de sens des deux actants à savoir,
l’émetteur et le récepteur.
Ce travail a un intérêt sur trois différents plans ; sur le plan personnel, il nous
permettra d’approfondir nos connaissances en ce qui concerne l’industrie
cinématographique et aussi en sémiologie ; sur le plan scientifique, ce travail nous aide à
apporter notre pierre en ce qui concerne l’analyse du contenu cinématographique. Enfin
sur le plan social, ce travail nous permet de clarifier comment la réalisatrice a dénoncé
certains faits et comment elle a vulgarisé les nouveaux comportements à adopter.
Nous allons dans ce travail analyser le film MAKI’LA réalisé en 2018 par la
congolaise Machérie Ekwa Bahango. Nous traiterons de ce que peut apporter le cinéma
dans la lutte contre les maux qui gangrènent notre société.
Le dernier chapitre sera consacré à l’analyse du film « MAKI’LA », et nous allons ensuite
déceler et ressortir les mécanismes utilisés par la réalisatrice pour la mise en œuvre d’un
plan de dénonciation des maux Congolais dans le film.
7
Ibidem.
8
Une étude scientifique exige au chercheur une analyse axée sur les différents
concepts qui composent son étude. Les concepts étant par moment polysémiques, il faut
adapter leur signification au contexte de la recherche. ..
1.1.1. 8Dénonciation
Elle pourrait renvoyer au fait de dénoncer une injustice ou une situation jugée
insupportable dans l’idée d’une réparation ou d’un règlement9.
9
V. Voisin, « La dénonciation dans l'URSS stalinienne. De l'entre-deux-guerres à la Seconde Guerre mondiale », dans
Hypothèses, 2009/1 (12), p. 151-159. DOI: 10.3917/hyp.081.015 URL:https://www.cairn.info/revue-hypotheses-
2009-1-page-151.htm, consulté le 9 Aout 2021.
10
De ce qui précède, nous comprenons que la dénonciation est donc un acte destiné à alerter
la communauté de faits jugés ou ressentis comme répréhensibles, crimes, délits, etc. On
peut dénoncer celui qui nous nuit comme celui qui nuit à des tiers. Dans ce dernier cas, il
10
L. Boltanski, Y. Darré et M. Schiltz, « La dénonciation », in Actes de la Recherche en Sciences Sociales , 1984, pp.
3-40, https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1984_num_51_1_2212
11
L. Boltanski et alii, op.cit.
11
s'agit d'un témoignage à charge. Une dénonciation peut être calomnieuse si elle correspond
à un faux témoignage.
La dénonciation converge avec le témoignage dans la mesure où les deux concepts font
appel à la responsabilité du dénonciateur, et posent également la question d’éthique.
Notons que la dénonciation relève de la délation lorsqu’elle est faite dans le but d’obtenir
un gain ou un intérêt quelconque.
1.1.2. Le mal
Le philosophe Saint Augustin dit du mal qu’il est n’est pas nature mais volonté, et dans la
volonté il y a de la « quasi nature », le mal est une sorte d’involontaire au sein même du
volontaire. « Là est le mystère unique du péché, nous commençons le mal à partir d’un mal
déjà là dont notre naissance est le symbole impénétrable 13 », selon lui, le mal n’est pas la
nature de l’homme, mais relève plutôt de la volonté dans laquelle il y a une partie de la
nature. En d’autres termes, le mal est en partie le naturel de l’homme.
12
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/mal/48790
13
J. Natanson, « Le mal, l'inconscient, la philosophie »,in Imaginaire & Inconscient, 2007/1 (n° 19), p. 85-95. DOI :
10.3917/imin.019.0085. URL : https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2007-1-page-85.htm
12
Un récit est un développement oral ou écrit des faits vrais ou imaginaires, dans une
œuvre dramatique ou la narration d’un événement qui a eu lieu hors scène 14. Il est aussi
définit comme l’action de relater ou de rapporter quelque chose. Un récit comporte en
qualité de « discours qui assume la relation d’un événement », un acte d’énonciation à
partir duquel la narration a lieu. Le récit-texte et le récit-énonciation sont en corrélation
mais ils sont en même temps indépendants l’un de l’autre. Le texte constitue le produit
d’un acte énonciatif qui se définit comme une action au-delà de son contenu et du rapport
que celui-ci établit avec les événements rapportés. L’identification d’un niveau énonciatif
dans le récit se fonde essentiellement sur la présence d’une série de marques énonciatives à
l’intérieur du texte où s’accentue le caractère de relation discursive entre la personne qui
raconte (le narrateur) et celle qui reçoit (le narrataire)15.
Le récit c’est donc toutes les œuvres littéraires qui se distinguent par deux caractéristiques
majeures, à savoir la présence d’une histoire et d’un narrateur. Il se révèle ainsi en dernière
instance être la conséquence de la nature sémiotique des moyens d’expression mis en
œuvre dans la communication de l’histoire.
L’énonciation filmique ne peut pas être attribuée à un énonciateur, mais qu’il s’agit d’un
processus « impersonnel ». Autrement dit, le film s’énoncerait en quelque sorte lui-même.
Et toujours, certains auteurs comme Christian Metz mettent l’accent sur l’expérience du
spectateur, qui n’aurait pas l’impression que le contenu du film lui est communiqué par
une entité qui lui ressemble.
14
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%A9cit/67040
15
A. Zoppellari, « L’histoire d’un discours », dans : Écrire le cinéma. Le ciné-roman selon Alain Robbe-
Grillet : analyse de L'immortelle, sous la direction de Zoppellari Anna. Paris, Hermann, « Vertige de la langue »,
2013, p. 43-66. URL : https://www.cairn.info/ecrire-le-cinema--9782705684310-page-43.htm
13
16
L. Sungdo, « Benveniste et le paradigme de l'énonciation », in Revue des linguistes de l’Université Paris Ouest
Nanterre La défense, p. 211-218, https://journals.openedition.org/linx/1051#quotation
15
17
D. Catherine, L’héritage de Bakhtine : Journée d’études , Presses Universitaires de Bordeaux, nouvelle
édition1995, Bordeaux, p.58-59, https://books.google.cd/books?
id=tCnfqDmVHTwC&pg=PA57&lpg=PA57&dq=Enonciation+Bakhtine&source=bl&ots=rN-
Y2P6HDA&sig=ACfU3U3DYIV3zehtG1EBmjLTp0L7rG6-
NA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjw5fS6iejzAhXNyIUKHTyuBpAQ6AF6BAgIEAM#v=onepage&q=Enonciation
%20Bakhtine&f=false
18
N. Botero et alii, « L’énonciation aujourd’hui : un concept clé des sciences du langage », Communication &
langages, 2017/3 (N° 193), p. 145a-146. DOI: 10.4074/S0336150017013114. URL : https://www.cairn.info/revue-
communication-et-langages1-2017-3-page-145a.htm
19
J.C. Coquet, « Quelques repères historiques pour une analyse de l’énonciation (d’Aristote à Benveniste) », in
Littérature, 2016/3 (N° 183), p. 129-137. DOI : 10.3917/litt.183.0129. URL : https://www.cairn.info/revue-litterature-
2016-3-page-129.htm
16
La « scène englobante » : Elle renvoie au type de discours à travers lequel les
œuvres sont produites. En fonction de ce type, des normes d’écriture de réception et
de diffusion sont attendues des textes par les différents utilisateurs. En effet, il
existe, comme on le sait, plusieurs types de discours ; religieux, philosophique,
politique, etc. Parmi ces types figure la littérature qui autorise des récits fictifs et
des auteurs déclarés ou non, mentionnés sous forme de pseudonyme.
La « scène générique » : C’est la scène spécifique attachée à un genre de discours.
Une œuvre littéraire étant toujours énoncée dans un genre de discours, des attentes
génériques sont induites chez le public. « Elles se formulent aisément en termes de
circonstances d’énonciation légitimes : quels sont les participants, le lieu et le
moment requis pour l’effectuer ? Par quel circuit passe-t-il ? Quelles normes
président à sa consommation, etc.
20
D. Maingueneau, Le Discours littéraire, Paris, Armand Colin, 2004, p.191.
17
Le paratexte est ce par quoi un texte se fait livre et se propose comme tel à ses lecteurs, et
plus généralement au public21. Cette définition montre que sans le paratexte l’œuvre ne
peut pas être considérée par le lecteur comme un texte. Et il lui est difficile voire
impossible de le classer, à moins que la forme même du discours renvoie clairement à un
genre reconnu. De plus, c’est le paratexte qui assure au texte sa véritable visée
communicative, puisqu’il met plus directement auteur et lecteur en relation. Le paratexte
sollicite immédiatement le lecteur qu’il oriente, et l’aide à se repérer, sinon à classer le
livre qu’il a sous les yeux. De cette façon, l’existence d’un paratexte est nécessaire pour
tout texte.
Il existe deux types de paratexte :
ajouter ce que Genette appelle l’épitexte public à savoir les interviews, les
entretiens et les colloques, ou même l’épitexte privé, qui comprend les
correspondances, les confidences, les journaux intimes et les brouillons. Ce
paratexte est d’ordre pragmatique ; sa visée étant d’influencer le lecteur dans le sens
souhaité par l’auteur. En fonction de l’intention spéciale qu’a l’auteur de
communiquer par l’œuvre, c’est-à-dire en utilisant la « scène englobante » de la
littérature et un genre spécifique, il fait figurer dans le texte des indices paratextuels
explicites qui lui permettent d’être compris par le lecteur réel ou virtuel pour le faire
adhérer au discours qu’il est entrain de tenir.
Joseph Courtès, lui conçoit l’énonciation comme un phénomène beaucoup plus complexe
qui ne se réduit pas qu’à une simple acquisition de connaissance, elle relève donc moins de
l’activité, qui suppose la présence la présence d’un émetteur actif et d’un récepteur plutôt
passif. Pour lui, l’énonciation relève beaucoup plus de la factitivité, plus précisément de la
manipulation selon le savoir. Le but de l’énonciation est donc de faire faire ou encore de
faire croire et non de faire savoir. L’énonciateur manipule en quelque sorte l’énonciataire
afin de lui faire adhérer à ce qui lui est énoncé. L’auteur poursuit en parlant de la
manipulation énonciative qui a pour but premier de faire adhérer l’énonciataire à la façon
de voir ou au point de vue de l’énonciateur. Courtès pense l’énonciataire comme celui qui
adhère au discours de l’énonciateur. S’il rejette catégoriquement ce qui lui est énoncé, il
devient « anti-énonciataire »22 .
22
J. Courtès, Analyse sémiotique du discours : De l’énoncé à l’énonciation, Hachette, ……..
19
Signalons que c’est le narrateur et le narrataire qui paraissent plus étroitement liés,
comme par délégation, aux instances énonciatives. C'est également le cas du dialogue, à
cette différence près, toutefois, que ce sont les actants de la narration qui, au moins un
temps, se transforment en actants de l'énonciation rapportée, donnant lieu au couple
interlocuteur et interlocutaire. Les deux principaux actants de l'énonciation à savoir
l'énonciateur et l’énonciataire, ne sont pas directement accessibles à l'investigation : ce
20
sont des instances que l'on peut, au mieux, reconstruire à partir de traces laissées dans
l'énoncé. Si donc il veut se limiter, méthodologiquement, à une approche proprement
linguistique ou, plus largement, sémiotique, l'analyste se doit de rechercher, à l'intérieur
même des discours qu'il étudie, les moyens auxquels a concrètement recours la
manipulation énonciative23. L'acte d'énonciation proprement dit consistera alors, grâce à la
procédure dite de débrayage, à abandonner, à nier l'instance fondatrice de l'énonciation, et
à faire surgir, comme par contrecoup, un énoncé dont l'articulation actantielle, spatiale et
temporelle.
L’énonciation est un acte, une opération, et, comme telle, elle est assimilable, dans
son ordre et à son niveau, à un programme narratif déterminé qui met en jeu trois actants.
Indépendamment du /faire/ qui s'identifie ici évidemment à l'acte même d'énonciation,
nous avons un sujet « énonçant » qui est l’énonciateur ; l’objet en circulation correspond à
ce qui est énoncé, à l'énoncé donc (au sens restreint, courant, du terme) ; le troisième actant
en lice est naturellement le sujet à qui s'adresse l'énoncé, qui en est le bénéficiaire nous
l'appelons énonciataire. Bien entendu, l'énonciateur et l'énonciataire n'apparaissent jamais
directement comme tels dans le cadre de l'énoncé, ces rôles n'étant jamais que logiquement
présupposés. Dans notre séquence filmée de la lutte, l'énonciateur n'est qu'une instance
énonciative virtuelle que l'on peut reconstruire à partir seulement du cadrage choisi.
Notre couple énonciateur/énonciataire est à rapprocher tout de suite de celui qui a été
proposé par R. Jakobson dans sa description des fonctions du langage, à savoir :
destinateur vs destinataire. La différence de terminologie provient tout simplement de ce
que nous avons dû recourir déjà au destinateur et au destinataire pour l'analyse de l'énoncé
énoncé, pour l'étude des formes narratives. C'est pour distinguer nettement les actants de la
communication des actants de la narration que nous faisons appel à l'énonciateur et à
l'énonciataire. Mais l'on devine aisément que, sur le plan conceptuel, la catégorisation
sémiotique avancée rejoint tout à fait la terminologie jakobsonnienne : dans le présent
contexte, ces deux couples sont entièrement homologables. C'est dire aussi par-là que, tout
23
J. Courtès, opcit
21
24
J. Courtès, ibid.
22
Cette partie va porter sur les différents éléments utilisés dans le film pour
construire la dénonciation.
se réaliser qu’en lui empruntant ses pratiques discursives validées. Ainsi, la langue
qu’utilise chaque garant romanesque tire sa substance de la réalité sociolinguistique. La
présentation de soi qu’effectue le garant se légitime par sa conformité avec un certain ethos
socialement valide pour le dispositif d’énonciation au sein duquel sont produits les
discours. Les personnages utilisent un langage qui est propre aux enfants de la rue. Ils
parlent un lingala qu’on pourrait dire « déformé ». Ils usent aussi d’un code langagier
caractérisé par la violence verbale ou, mieux, l’insolence verbale. Les mots sont emprunts
d’une violence que l’on reconnait essentiellement aux enfants de la rue. Ils utilisent des
expressions telle que : « Nako sala yo faux », « Nako barré yo ». Ces expressions
expriment une violence sans pareil et sont propres aux enfants de la rue ou « Shégué ».
On peut dire que le film étudié dans ce travail définit l’usage de la langue qui
convient, car conforme à la réalité qui est construite par son énonciation. Ce code langagier
de ce film fait partie intégrante du sens véhiculé.
Selon Maingueneau, on peut poser que tout texte écrit, même s’il la dénie, possède
une vocalité. Cependant, au lieu du terme vocalité qui ne concerne que le discours oral, il
préfère utiliser le terme « ton » qui a l’avantage d’être applicable tant à l’oral qu’à l’écrit,
pour étudier le tempérament et le propos des narrateurs ; ce qui se reflète dans leurs
manières de parler.
Dans le film Maki’la, les narrateurs et les personnages s’expriment souvent sur un
ton accusateur, et la plupart de temps expriment la colère. Pour illustrer l’accusation,
26
J.M. Gouvard, La Pragmatique. Outils pour l’analyse littéraire, Paris, A. Colin, 1998, p.52.
24
prenons la séquence du mariage entre Mbingazor (le caïd) et Maki ‘la (le personnage
principal). Le mariage est célébré par un autre Shégué qui joue le role du prêtre ; il dit dans
son homélie « …kutu to yibi pe te, ba pasteurs na bana na bango bazo lia mabonza… ».
Cette séquence montre clairement qu’il accuse tous ces responsables spirituels qui utilisent
l’argent destiné à l’offrande pour s’enrichir. Il se range aux cotés de toute la société
Congolaise qui dénonce ce mal qui va grandissant de jour en jour dans notre société.
Pour illustrer le ton de colère, prenons la séquence où Maki ‘la a été abordée par
un occultiste pour accomplir un devoir. Elle s’exprime en disant : « …Akanisaki nako zela
ye abonguama nguma po amela nga ? Ba ndoki, bazo boma bana ya batu ; nakeyi, ata
akufi, etali naga te… ». Et tout au long du film, plusieurs séquences comme celle-ci
expriment la colère des personnages ou des narrateurs.
Notons qu’un personnage peut se dédoubler selon qu’il subit les évènements et
qu’il bascule dans un sens ou dans l’autre. Nous voyons cela avec le personnage de Maki
‘la, qui au départ est très dur avec le personnage de Asha, une petite qu’elle rencontre dans
la rue et qu’elle initie au vol. Elle change d’attitude et devient protectrice avec elle
lorsqu’elle apprend son histoire et se rend compte qu’elle est en fait la sœur de Mbingazor,
son mari. Dans ce cas-ci, Maki ‘la a tantôt l’éthos de grosse dure qui fait la loi dans la rue,
tantôt celle de grande sœur protectrice, qui défend et prend soin de Asha.
27
P. Bourdieu , Ce que parler veut dire, l’économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard982,
28
D. Maingueneau, Analyser les textes de communication, Paris, Nathan, 2000, p.71.
26
littéraire et les discours sociaux. Ils confèrent au discours littéraire déployé dans le roman
de dénonciation l’efficacité lui permettant de susciter l’adhésion du public. Le film passe
donc par les Shégué dit « enfants de la rue » pour dénoncer les maux qui gangrènent toute
la société Congolaise.
Le contexte est constitué d’un ensemble de facteurs, depuis les mots voisins
jusqu'au milieu historique dans son ensemble, en passant par les traditions et conventions
sur lesquelles le locuteur s'appuie, ses usages linguistiques et culturels, etc. Le contexte
désigne à la fois les faits qui accompagnent le sens du texte et les constructions qui font
partie du sens. Sous ce rapport, le contexte qui renvoie aux mots voisins ou aux situations
historiques est une donnée, mais l'attitude du locuteur (ou narrateur) par rapport à l'énoncé
est une construction. Cet aspect renvoie à la notion de modalité, c’est-à-dire la relation que
le sujet parlant établit avec son discours.
Ces considérations nous permettent d’examiner les principaux contextes à travers lesquels
s’énonce la dénonciation :
Il réfère au contexte auquel renvoient les déictiques, celui qui contient les
individus existants dans le monde réel. Ce contexte renvoie à la circonstance qui donne
lieu à l’histoire. Dans le film qui fait l’objet de notre analyse, en l’occurrence Maki’la.
L’histoire nait de la rencontre entre Maki’la et Asha, qui va devenir par la suite sa petite
protégée. La scène commence quand Asha est au marché et fait semblant d’acheter un
pain ; lorsque la vendeuse lui sert le pain, elle prend la fuite sans payer. La vendeuse alerte
tout le monde en criant au voleur. Asha se fait poursuivre par champion et Méjé, deux
autres enfants de la rue qui travaillent au marché mais qui ont également été initiés au vol
par Maki’la. En courant, Asha trébuche et tombe devant Maki’la, qui demande aux deux
enfants qui la pourchassaient de la laisser tranquille. A partir de ce moment, la petite fille
27
n’a plus quitter Maki’la, même lorsqu’elle se faisait chasser et menacer par cette dernière,
elle ne l’a plus quitté jusqu’à ce que les deux ont commencé à habiter ensemble.
Il s’agit du contexte dans lequel la situation a un sens, une finalité ; ce contexte est
relatif aux pratiques culturelles ritualisées, c’est-à-dire comme le dit Wittgenstein, à des «
formes de vie ». Ce contexte est constitué par les croyances des interlocuteurs, leurs
attentes et leurs intentions. Le locuteur (le narrateur), pour rendre son discours persuasif,
construit un ethos discursif, mais, pour ce faire, il lui est indispensable de s’adapter à son
public récepteur. Pour cela, il doit bien connaître ce public quant aux croyances et aux
valeurs auxquelles il croit. En somme, il doit en même temps ou au préalable se construire
une image de son public. Ce n’est qu’ainsi qu’il peut, à son tour, construire son image
propre, une image conforme interagissant avec celle de son public 29. Pour convaincre lors
d’un processus de communication, il faut choisir une posture appropriée à son âge, son
statut social et adapter son discours au public visé par la communication. Ainsi, pour
construire cette posture, il faut s’appuyer sur les stéréotypes c’est-à-dire des
représentations partagées conforment au contexte situationnel dans lequel évoluent les
interlocuteurs. Dans le film, Maki’la a dû initier Asha au vol, lui montrant que la vie dans
la rue n’est pas facile. Ce passage a permis de mieux construire l’éthos de grande sœur
protectrice dans la suite du film, lorsqu’elle a appris son histoire.
Le dialogue est donc un excellent moyen non seulement pour situer les personnages dans
le texte ou le film mais aussi fixer l’histoire qui est racontée.
Le narrateur c’est celui qui raconte l’histoire, celui qui narre. Parfois, c’est l’auteur
lui-même et d’autres fois c’est un personnage. Le narrateur est différent de l’auteur, dans la
mesure où le narrateur est interne à l’œuvre. L’auteur c’est celui qui a écrit ou réalisé
l’œuvre, alors que le narrateur, est dans le texte ou dans l’œuvre. Il fait partie de l’œuvre ,
alors que l’auteur est extérieur au texte.
Les narrateurs sont homodiégétiques, c’est-à-dire qu’ils se dédoublent. Ils sont eux-mêmes
témoins de la situation qu’ils sont entrain de raconter. Les principaux narrateurs dans notre
Maki et Asha.
30
Conclusion partielle
Dans ce chapitre, nous avons commencé par définir les trois concepts de base, ensuite nous
avons parlé de la théorie de l’énonciation, dont le but est selon Maingueneau de faire faire
ou de faire croire. Il s’agit donc de la manipulation du récepteur afin qu’il adhère aux idées
proposées par l’émetteur. Nous avons fini en parlant de la dénonciation comme théorie
énonciative. Cette dernière section a été consacrée à relever dans le film Maki ‘la les
éléments que l’auteur a utilisés pour construire une dénonciation.
31
Objet de connaissance pour les sciences sociales, le cinéma est aussi une forme de
connaissance du monde social. Dans bien des cas, un film nous « apprend quelque chose
que nous ne connaissions pas auparavant sur le monde dans lequel nous vivons »31,
cependant, le contenu des films ne nous est pas toujours inconnu, la réalité exposée peut
être un vécu du quotidien dont nous ne voyons pas souvent la gravité ou la portée. Le
cinéma est donc vu comme exprimant la vision du monde d’une partie plus ou moins
importante de la société, voire de la société toute entière. L’analyse des œuvres dans cette
optique, permettrait de mieux comprendre les sociétés qui les ont produites.
31
A. Pinto M. Philippe, « Le cinéma et le sens du réel social », dans : Aurélie Pinto éd., Sociologie du cinéma. Paris,
La Découverte, « Repères », 2021, p. 81-104. URL : https://www.cairn.info/sociologie-du-cinema--9782707144454-
page-81.htm , Consulté le 7 octobre 2021-10-05
32
Siegfried Kracauer, essayiste allemand fonde son travail sur un double postulat :
on peut considérer le cinéma comme un reflet de « la mentalité d’une nation », parce que
ses créateurs en font partie et parce que le public, en faisant le succès des films, montre
qu’il s’est reconnu de manière implicite ou explicite 32. Il s’agit ici des thèmes qui sont
exploités dans les différents films, le public s’y reconnait parce qu’ils ne sortent pas tout
droit de l’imaginaire de l’homme mais sont plutôt inspirés du quotidien du public.
32
Y. Darré, « Esquisse d'une sociologie du cinéma » in Actes de la recherche en sciences sociales, 2006/1-2 (n°
161-162), p. 122-136. DOI : 10.3917/arss.161.0122. URL : https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-
sciences-sociales-2006-1-page-122.htm , Consulté le 8 Octobre 2021-10-07
33
C. Freitas Gutfreind , « L'imaginaire cinématographique : une représentation culturelle », in Sociétés, 2006/4
(n 94), p. 111-119. DOI : 10.3917/soc.094.0111. URL : https://www.cairn.info/revue-societes-2006-4-page-111.htm
o
33
L’engagement est un contrat oral ou écrit par lequel une personne engage ses
services. C’est l’action de s’engager par une personne, une convention, une obligation en
vue d’une action précise ou d’une situation donnée. Participation active, par une option
conforme à ses convictions profondes, à la vie sociale, politique, religieuse ou
intellectuelle de son temps. C’est également une invitation (souvent pressante) à
entreprendre ou à poursuivre une action dans laquelle il y a échange, lutte, rivalité avec
l’intention d’aboutir à un résultat positif34.
De tout temps, l’Homme n’a eu de cesse d’user de ce dont il disposait pour clamer
les injustices qu’il vivait. Que ce soit à travers la musique, la peinture, la littérature, la
poésie ou le théâtre, l’art a toujours été l’un des vecteurs les plus puissants pour traduire
34
https://www.cnrtl.fr/definition/engagement
35
D. Schnapper , « L'engagement ». dans Valeurs partagées. Face au bouleversement des valeurs, la recherche d'un
nouveau consensus, éd. Dominique Reynié , Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « L'innovation
politique », 2012, p. 265-294. DOI : 10.3917/puf.reyn.2012.02.0265. URL : https://www.cairn.info/valeurs-
partagees--9782130590293-page-265.htm
34
les maux des sociétés humaines. Depuis sa création, le 7ème Art ne fait pas exception, et
sert lui aussi de média pour la cause engagée.
36
https://stardustmasterclass.com/actualites-le-cinema-engage/#:~:text=Fond%C3%A9%20sur%20la%20libert
%C3%A9%20de,spectateur%2C%20voire%20de%20le%20mobiliser.
37
Op.cit.
35
Le cinéma Congolais est engagé dans la mesure où les films qui sont produits
racontent essentiellement des réalités vécues dans notre pays. Le cinéma congolais
dénonce un certain nombre des faits que les congolais connaissent très bien.
Nous comprenons que le cinéma Congolais est à la fois un divertissement et un lieu où les
auteurs et les réalisateurs dénoncent des situations d’injustice ou des comportements qui
mènent le pays à sa ruine. Cependant les lieux ou les salles de projections des films
Congolais sont quasi-inexistants. La ville de Kinshasa comptait autrefois trois grandes
salles de cinéma, à savoir : Le Ciné Albert, qui deviendra par la suite Ciné Paradium,
ensuite Ciné Max et portera enfin le nom de Ciné Polis, qui d’ailleurs n’existe plus
aujourd’hui, fut la première plus grande salle de cinéma de la ville. La deuxième plus
grande salle fut le Ciné Palace, qui n’existe plus aussi. Ceci est une très grande contrainte
parce que les films congolais qui sont produits, ne sont pas accessibles au grand public.
Aujourd’hui la ville ne compte presque pas de salle de cinéma à part le Show buzz qui fait
38
Dictionnaire.lerobert.com
36
souvent des projections et Ciné Kin. Ces deux salles sont assez petites pour contenir
beaucoup de monde, donc elles ne résolvent pas vraiment le problème.
Le congolais a toujours été très attaché à cette pratique. Le congolais a l’habitude de faire
l’apologie de celui qui le soutient. Comme dans la musique, les noms de certaines
personnalités sont souvent cités dans le but de faire leur apologie.
37
Cette partie va consister à épingler quelques maux de la société congolaise qui ont été
dénoncés dans les films. Nous allons donc faire une lecture panoramique de quelques films
Congolais qui ont dénoncé le mal congolais.
femme Mopaya. Des coups tordus dans le dos de ceux qui leur font confiance, c’est
la même réalité que raconte Viva Riva. Riva est un jeune ambitieux et rêveur, qui
revient à Kinshasa après une dizaine d’années passée en Angola. Il débarque sur
une barge chargée des futs d’essence qu’il a détournés à son ex-patron, César. Cette
trahison va lui couter très chère parce que César son ex-patron, va remuer ciel et
terre pour le retrouver et en découdre avec lui. La vie est belle, film à succès qui
raconte l’histoire de Kourou, un jeune villageois venu à Kinshasa et dont le rêve
n’est autre que de devenir un grand musicien du pays, nous montre également cette
réalité. Kourou qui trahit la confiance de son patron Mvuandou. Ce dernier lui
donnait constamment l’argent afin d’acheter des cadeaux à Kabibi, sa seconde
épouse et qu’il l’aide à regagner sa confiance. Mais Kourou se faisait passer pour le
grand boss aux yeux de Kabibi jusqu’à ce qu’il gagne sa confiance et son cœur.
La corruption : Viva Riva dénonce ce mal qui est le combat des autorités du pays.
Ce film dénonce la corruption qui existe à tous les niveaux. Des policiers corrompus
aux prêtres cupides, nous avons là l’image d’une société rongée par la corruption
qui est entrée jusque dans les Eglises, un lieu où on ne pourrait pas penser le
retrouver c. On retrouve ce mal également dans la vie est belle. La même image de
société corrompue jusque dans son administration et même auprès des agents de
l’ordre.
L’infidélité : La vie est belle et les habits neufs du gouverneur nous montrent bien
cette réalité avec Mvuandou et Féli qui ne sont pas fidèle à leur femme.
La folie du pouvoir : elle a poussée Féli dans les habits neufs du gouverneur à
abandonner ceux qui étaient ses vrais amis et qui l’aimait réellement. Il a préféré
ceux qu’il venait de rencontrer à ceux qu’ils connaissaient depuis toujours, ceux
39
avec qui il a évolué et qui le connaissaient et qui pouvaient lui dire la vérité en face,
sans avoir à le flatter.
Le Moziki : La vie est belle dénonce ce regroupement des femmes comme étant un
facteur de dislocation des foyers. Les femmes qui font partie de ce genre de
regroupement deviennent parfois désobéissantes vis-à-vis de leurs maris et
développent souvent certains vices comme la cupidité, le colportage, la médisance,
etc.
La manipulation de la jeunesse : Mvuandou dans la vie est belle prend une seconde
épouse pour des fins mystiques.
La stigmatisation des villageois : On montre dans la vie est belle comment les
congolais qui habitent dans les grandes villes traitent ceux qui viennent du village.
Ceux de Kinshasa se moquaient de tous les faits et gestes de Kourou qui venait du
village.
La perte de son identité culturelle : Cette réalité est perçue dans Moseka. Le film
relate l’histoire de Moseka, une jeune congolaise qui va étudier en Belgique.
Cheveux tressés et habillée en pagne, elle est la risée de toutes celle qui s’efforcent
de ressembles aux femmes occidentales avec leurs perruques et leurs vêtements. Ce
film traite donc de la dépersonnalisation des jeunes Africains au contact de la
culture européenne.
40
Conclusion partielle
Ce chapitre a porté sur les maux congolais dénoncés au cinéma. Nous avons
commencé par évoquer le cinéma comme objet de la connaissance. Nous avons vu que
l’image du film met en relation le réel et l’imaginaire à travers un état double conscience
où le spectateur a conscience de l’illusion mais où cette conscience perçoit le dynamisme
de la réalité. Le message du film est souvent une réalité du quotidien d’une communauté.
Nous avons fini par faire une lecture panoramique des films qui dénoncent certains maux
de la société Congolaise.
41
39
L. Mbembo, Notes des cours des questions approfondies de sémiologie, Inédit, Master 2 2020-2021.
42
la science qui étudie les signes. Pour mieux la définir, nous allons parler de sa double
origine.
Les signes linguistiques sont arbitraires (l’arbitraire des mots est commun à toutes
les langues).
La langue n’est pas un organisme qui se développe par lui-même. C’est un produit
collectif des groupes linguistiques.
Différence entre langage, langue et parole ;
La langue et l’écriture sont deux systèmes de signes distincts.
La langue est synchronique et diachronique.
La vie, les sciences sont faites des signes.
43
Le langage selon F. de Saussure est une disposition avec laquelle avec laquelle nous
naissons. Cette disposition sert à permettre la langue de pouvoir s’installer dans la tête. Le
langage est donc une faculté, une prédisposition innée. La langue est un code social de
communication. La parole est l’usage personnel du code social qui est la langue.
La sémiologie étant l’étude des signes au sein de la vie sociale, le signe est donc son objet.
Le signe est une entité bifaciale composée d’un signifié et d’un signifiant. Notons que F.
de Saussure n’est pas celui qui a inventé la sémiologie mais c’est lui qui l’a formalisé en
tant que science.
L’Amérique du 18e siècle est dominée par le pragmatisme, qui est le fait de donner sens
aux choses contrairement au structuralisme qui croit que les choses ont déjà un sens.
Selon Peirce, rien n’a une signification au départ. Tout objet, tout phénomène acquiert une
signification dès qu’il entre dans un processus sémiotique, il devient un signe. Le signe
chez Peirce est triadique c.-à-d. il a trois faces (le representamen, l’interprétant, et le
référant).
o Le representamen est une chose qui représente une autre chose : son objet. Avant
d’être interprété, le representamen est une pure potentialité : un premier.
o L’interprétant, est ce que le signe représente. Le signe ne peut que représenter
l'objet, il ne peut pas le faire connaître ; il peut exprimer quelque chose à propos de
40
http://www.signosemio.com/peirce/semiotique.asp
44
l'objet, à condition que cet objet soit déjà connu de l'interprète, par expérience
collatérale (expérience formée par d'autres signes, toujours antécédents).
o Le référant, qui est un representamen à son tour et renvoie, par l'intermédiaire d'un
autre interprétant, au même objet que le premier representamen, permettant ainsi à
ce premier de renvoyer à l'objet. Il s’agit en fait de l’objet qui a été représenté.
41
R. Odin, « Le spectateur de cinéma : approche sémio-pragmatique » dans Communication. Information Médias
Théories 1992, pp. 38-58, https://www.persee.fr/doc/comin_1189-3788_1992_num_13_2_1593 , consulté le 19
Septembre 2021
45
J. Péquignot , Comment faire une enquête sémio-pragmatique ? Les publics des web-séries et leurs discours
« spontanés » , dans revue ¿ Interrogations ?, N°24. Public, non-public : questions de méthodologie, juin 2017 [en
ligne], https://www.revue-interrogations.org/De-Peirce-a-Odin-tenants-et , Consulté le 20 septembre 2021.
46
Enfin, Daniel Peraya, traitant sur l’apprentissage à distance et en présentiel, propose que
L’analyse du concept de dispositif oblige donc à repenser les rapports entre le symbolique,
la technique et le relationnel comme d’ailleurs celui de la médiatisation et de la médiation.
Aussi propose-t-il la dénomination de dispositif techno-sémio pragmatique qui du point
de vue strict de la théorie de la communication voulait rendre compte de cette triple
articulation45. Soutenant cette thèse, Linard précise une dimension essentielle, celle de la
présence de l’acteur. Le dispositif est incarné. Il intègre le sujet et ses intentions. Le
dispositif ne prend sens que s’il est vécu et expérimenté par le sujet46.
Cette méthode trouve tout son sens dans notre travail car elle nous permettra
d’analyser le film « MAKI’LA » qui constitue l’objet de notre travail, et dont l’histoire
relève d’une réalité qui est très familière au public Kinois en particulier et Congolais en
général. La production du sens par rapport à ce film va donc dépendre de l’expérience que
chaque récepteur (lecteur) a de cette réalité ou de ce fait social.
44
J. Péquignot, op cit.
45
D. Peraya et Alii , Apprendre en présence et à distance. Une définition des dispositifs hybrides ,in , Distances et
savoirs, 2006/4 (Vol. 4), p. 469-496. URL : https://www.cairn.info/revue-distances-et-savoirs-2006-4-page-469.htm,
Consulté le 21 Septembre 2021
46
Une autre scène générique c’est celle où Mado et son équipe font le « terrain » comme elle
l’appelle. La scène montre des jeunes filles, prostituées entrain de faire le trottoir. La scène
est tournée le soir, dans une grande artère de la ville, et les jeunes filles sont habillées
comme des prostituées, et deux trois voitures qui s’arrêtent pour solliciter leur service.
Tous ces dispositifs ont été mis en place pour que le spectateur puisse mieux interpréter
cette scène. Cette scène va de 01 :01 :47 à 01 :04 :30.
Il y a également la sequence où champion voit Maki et lui annonce qu’il a été retenu
comme joueur à Ujana. La sequence va de 54 :20 à 55 :16 et elle est tournée devant le
terrain de foot de Ujana. Champion Porte le maillot de l’équipe national de football, pour
mieux fixer la scène.
3.2.3. Scénographie
49
3.3.1.1. Dénonciation par l’élaboration d’un « exemplum » ou d’un exemple par analogie
L’« exemplum » (traduction latine du grec paradeigma), qui est la persuasion par induction
ou par analogie, est un terme emprunté à Aristote. C’est une modélisation présentée au
lecteur ou aux personnages de roman (qui peuvent en particulier être des narrataires) et par
laquelle injonction est faite de rejeter ou d’adopter telle ou telle conduite d’un héros donné.
Claude Bremond47 le définit comme étant un récit bref donné comme véridique et destiné
à être inséré dans un discours (en général un sermon) pour convaincre un auditoire par une
leçon salutaire.
On pourrait dire que c’est une énonciation servant à exemplifier, mieux un procédé
d’amplification par l‟exemple destiné à mieux frapper l’imagination, en focalisant
l’attention du lecteur sur un fait. Elle tend à le persuader de la verité de ce qui est dit par
l’exhibition d’exemples, de modèles de comportement, d’un héros ou d’un antihéros à
imiter ou à rejeter. On peut distinguer deux types d’« exemplum »: « historique » et « fictif
». L’« exemplum historique » consiste à utiliser un exemple tiré de l‟histoire ou de la
mythologie. Il doit être offert à l’auditoire ou au lecteur sous la forme d’une comparaison
ou d’une allusion, dont on tire des conclusions relatives au présent. Par contre, l’ «
exemplum fictif » est inventé par l’auteur. Dans tous les cas, l’« exemplum » permet de
faire tirer des conclusions générales.
47
C. Bremond, Logique du récit, Paris, Seuil, 2001.
51
Dans notre corpus, ce type d’exemplum apparait dans le film de notre corpus comme une
narration, c’est en effet une reflexion que fait Maki, le narrateur principal alors qu’elle
échappe des griffes de l’occultiste.
Pour notre corpus, exemplum que nous allons utilisé relève des croyances ancrées dans le
chef des congolais et des Kinois particulier. Nous tirons cet exemple de la sequence citée
au point precedent. Il s’agit de la sequence où l’occultiste demande à Maki de l’aider à
accomplir ses rituels. Cet exemplum vient appuyer le fait que les occultistes utilisent les
filles, très souvent les jeunes filles pour des sacrifices. Et dans le cas de Maki de c’était
plus facile, parce qu’elle était en situation de faiblesse étant donné que c’est un enfant de la
rue, et se prostitue en plus. Elle était en quelque sorte vulnerable de par sa position
d’enfant de la rue.
Le film de notre corpus relève bien ce type d’exemplum qui bien qu’imaginaire, relève
d’une réalité bien connue dans notre pays, celle de deux peuples d’un même coin qui ne
s’entend pas. On pourrait même parler de tribalisme, si on prend l’idée selon laquelle deux
provinces du même pays ou encore un peuple qui ne veut pas d’un autre issu du même
pays. Cet exemplum nous est exposé à la séquence allant de 8 :32 à 10 :59, c’est la
séquence où Zola, la copine de Maki vient la présenter auprès de la proxénète du quartier :
« …. bana oyo ya zone rouge oyo to yokanaka na bango te wana…. ?? » « …. Na lingaka
52
bana ya zone rouge te… ». Cette scène, bien que fictive, vient montrer l’inimitié qui peut
exister entre deux peuples issus du même pays et parfois d’une même province.
En définitive, l’illocution par l’« exemplum fictif » est fondée sur une esthétique de la
représentation permettant de façonner des modèles et des anti-modèles. Elle se signale au
lecteur comme porteuse d’un enseignement qui tend à lui faire adopter une certaine
attitude ou positive ou négative vis-à-vis des faits qui lui sont racontés.
L’auteur doit fournir les informations dont le lecteur a besoin pour bien interpréter la
fiction conformément à une intentionnalité avouée ou non de l’auteur. Une certaine
redondance dans l'information est inévitable, mais ses modalités sont très variables. Nous
renvoyons ici à la maxime de quantité de Grice48. On peut aussi parler d’isotopie, c’est-à-
dire, selon Greimas49, « un ensemble de catégories sémantiques qui rend possible la lecture
uniforme », ce qui donne la possibilité de façonner un état d’esprit particulier découlant de
la manipulation fictionnelle. Ils fonctionnent comme un surplus de communication, un
discours où la « signification est excessivement nommée » dans le but illocutoire de
modifier l’attitude des acteurs-récepteurs, en assurant une bonne réception du message. Il
s’agit là des informations qui vont aider le lecteur à mieux se situer dans le texte, et ainsi à
mieux le déchiffrer.
48
Grice (H.P), « Logique et conversation », Communication 30, 1979, pp. 57-72.
49
Greimas (A. J.), Du Sens : essai sémiotique, Paris, Ed. du Seuil, 1970, p.188
53
Considérant le texte comme une entreprise d’information du lecteur, selon une optique
communicationnelle, cet aspect informationnel peut être analysé au moyen d’une des lois
du discours développées par Grice : la maxime de quantité, rebaptisée « lois d’exhaustivité
» et « loi d’anti-exhaustivité » par Kerbat Orecchioni.
Cette dernière loi n'a pas de correspondance explicite chez Grice où elle est en quelque
sorte contenue dans la maxime de quantité. Les « activateurs de connaissances
encyclopédiques » conditionnent non seulement l’informativité elle-même, mais aussi la
quantité d’informations à fournir ou à ne pas fournir. Les auteurs des romans de notre
50
Aristote, Rhétorique, 1356a, 14.
51
Kerbrat-Orecchioni (C.), L’Implicite, Paris, Armand Colin, 1986.
52
Opcit. p. 207.
54
corpus usent beaucoup de cette maxime et fournissent les informations utiles à la lecture
des textes. Cette loi exige que le narrateur donne, sur le thème dont il parle, les
renseignements « les plus forts qu'il possède 53 » et qui sont « susceptibles d'intéresser le
destinataire ».
Il faut que le texte fournisse toutes les informations nécessaires, mais aussi qu'il n'en
donne pas plus qu'il ne faut ; c’est ce qu'indiquait implicitement Ducrot par l'expression «
les renseignements les plus forts » 54
et « susceptibles d'intéresser le destinataire ». Ainsi,
se trouvent tout à la fois formulées « la loi d’exhaustivité » et son contraire, la loi d’« anti-
exhaustivité. »
3.4.2. Des indices activateurs d’un état d’esprit subversif : fonction constructiviste du
langage
Conclusion partielle
Ce dernier chapitre a porté sur la scénographie de la dénonciation dans le film. Nous avons
commencé par faire un bref rappel méthodologique en suite nous avons traité des
différentes scènes d’énonciation, puis nous avons sur les indices de dénonciation dans le
film.
56
Conclusion générale
L’énonciation est un phénomène beaucoup plus complexe qui ne se réduit pas qu’à
une simple acquisition de connaissance, elle relève donc moins de l’activité, qui suppose la
présence la présence d’un émetteur actif et d’un récepteur plutôt passif. Pour lui,
l’énonciation relève beaucoup plus de la factitivité, plus précisément de la manipulation
selon le savoir. Le but de l’énonciation est donc de faire faire ou encore de faire croire et
non de faire savoir. Il s’agit donc là de faire adhérer l’interlocutaire à ce qu’on énonce.
La seconde section a porté sur le cadre théorique. Cette théorie nous a servi dans ce travail
dans le but où elle relève beaucoup plus de la factitivité, plus précisément de la
58
manipulation selon le savoir. Son est donc de faire faire ou encore de faire croire et non de
faire savoir.
La troisième section a porté sur la dénonciation comme théorie énonciative. Cette partie a
porté sur les différents éléments mis en place pour construire la dénonciation dans le film.
Ces éléments sont : La langue, la vocalité : le ton de la dénonciation, les personnages, la
scénographie de la dénonciation, les principaux contextes, ainsi que les narrateurs.
Le second chapitre s’intitule Les maux de la société dans le cinéma. Il s’est agi de
parler des différents maux exploités dans différents films congolais. Nous avons fait une
lecture de plusieurs films congolais bien connu.
Découpage technique
s’assoit puis se
couche.
4 4 :58-7 :1 Panoramiqu Normal -Plan Un garage de Maki à sa copine qui
4 e d’ensemble voiture l’accompagnait : Zela nga
horizontale -Plan abandonnées. wana
-Travelling américain Deux jeunes filles Maki qui demande à l’un
-Zoom -Plan qui marchent des garçons qui fumaient :
rapproché Dans le garage. Mbingazor aza wapi ?
Gros plan Des jeunes Le garçon : Ye wana
garçons entrain de likolo
fumer Maki : Jonathan, Jonathan
yo, ozo mona nga te ?
Mbingazor : Na pekisa yo
benga nga na Kombo ya
mabé wana te, Olingi
nini ?
Maki : Na linga nini ?
Pesa nga Mbongo tss,
banda tongo , obimi
otikeli nga eloko te, ozo
tuna nga soki na lingi
63
nini ?
Maki à l’un des garçons :
yo etali yo te
Mbingazor : omoni
ndenge to fandi te ?
Maki : Ndenge bo fandi
etali nga na nini ? Pesa
nga mbongo
Mbingazor : Na yebisi yo
naza na mbongo te
Maki : Omoni yo, ndenge
oza wana, oa mobali ya
tina te penza,oyebi kaka
ko mela masanga na
bangi, oa mobali ya tina te
penza
Mbingazor : Obengi nga
mobali ya tina te ?
Maki : Hein eza yo,
mobali ya tina te
Mbingazor : Omoni
64
Maki : tina te
Un garçon qui fumait : ata
abengi ndumba to molaso,
ye moko aza elastique.
Maki à son amie qui
l’accompagnait :
Tokende.
5 7 :22-8 :3 Panoramiqu Normal Gros plan Maki et sa copine Sa copine : Sikoyo oko ---- ------
2 e Plan entrain de fumer kende epa mbingazor te
Travelling rapproché oko kende wapi
épaule Maki : naza na esika na
nga, mais naza faut na
luka musala , naza na
besoin ya mbongo.
Sa copine : zala calme,
Mbingazor aza mobali
n’o, akopes’o mbongo
Maki : Yo oyebi
Mbingazor tein aza lokuta
moko . Depuis to balana
apesaka nga ata eloko te ;
66
wapi ?
La copine de Maki :
Avandaka kuna coté ya
zone rouge.
Ya Mado : Bana oyo ya se
ya zone rouge wana ? oyo
to yokana te na bango
wana ?
La copine de Maki : Ya
Mado, ye azalaka bien,
alukelaka batu makambu
te.
Ya Mado à Maki :
Otanga ?
Ya Mado : Suzy, suzy ehh
Batu ya rouge mususu
baye awa, ban aya se
kuna, ban aya rouge.
Suzy : Mado nao
comprendre yo tein, na
yebi te ba problèmes nini
69
o mi lukelaka. Kaka ba
zone rouge oyo bazo sala
trois jours bazoya te,
olingi obakisa mususu.
Ndenge kaka to yokanaka
na bango te yo olingi
okotisa lisusu oyo ? , soki
ba problèmes mususu
aye ?
Ya Mado : Soki ba oyo
misusu baza te, oyo akoti
kaka mbala moko ;Zwa ye
kaka.
Suzy à Maki : Landa nga
oya ko koma kombo.
Suzy : Atia adresse,
numéro, signature. Soki
asali lokola baninga naye
nako bengana ye. A
signer eeeh
Suzy : Adresse, numéro,
70
-------
73
74
Maki et sa copine
devant le portail
11 :00-11 Zoom Plan
entrain de parler
7 :31 Normal rapproché
Klaxons
des
voitures
75
---
76
--------
Plan moyen
11 :31-12 Travelling Plan
8 :20 Normal
d’ensemble
Plan
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
12 16 :25-17 : Travelling Normal Plan Des jeunes L’un des garçons à l’autre : Oko --- ---
22 Zoom rapproché garçons entrain kufa, eza championat te
poitrine de fumer dans Le garçon : Imbécile, ozo luka nini
Plan une sorte de coin awa.
d’ensemble ou de restaurant Nani ango aye na mwana oyo awa,
de fortune avec bo yebi bien que mère a muluba
Maki. alingaka te bana ba kota awa, hein
Un autrre garçon nao tuna, kitisa nanu makolo
entre furieux dans L’un des garçons qui fumaient :
la pièce avec la tika limba na nga , na sombi na
petite qui fille qui mbongo na anga.
suivait Maki, il la Le garçon furieux : ozo beta nga ?
bouscule et elle nao bakisa
tombe en Maki : Tika ye, aye na nga
s’asseyant sur Le garçon furieux à Maki : Eza te
l’un des bancs qui po nayebani na mobali na yo nde
était vide. Faché, oyaka awa, ezala mbala ya suka.
il prend toutes les Maki : Kolakisaka nga musapi te,
bouteilles keba
d’alcool qui Le garçon : oko sala nga eloko te.
étaient sur la table L’un des gaçons qui fumaient :
L’un des garçons Maki eza pona petite nde obeti nga
qui fumaient mbata ?
commence à Le garçon furieux : Bo bima avant
brutaliser la petite na beta bino.
fille. Maki et la
petite fille s’en
92
vont de cet
endroit
13 17 :22-18 : Travelling Normal Plan Maki et la petite Maki : Luka esika na yo ya ko lala --- ---
17 Zoom Plongé rapproché fille, le soir dans
épaule un garage
Plan abandonné. Maki
d’ensemble monte à l’arrière
Gros plan d’une pick-up qui
était dans le
garage et
s’allonge, elle se
lève un moment
pour voir la petite
fille qui s’était
couchée par terre
sur un carton
14 18 :17-20 : Travelling Normal Plan Maki et la petite Maki à la petite fille : Omoni yaya Klaxons ---
58 Zoom Plongé d’ensemble fille le matin dans wana ? kende ko zuela nga sac na des
Plan une rue. Elles ye voitures.
américain traversent la rue La petite fille : je ne saurais pas Voix des
Plan pour s’arrêter à Maki : Yo, nga nao loba na yo ozo petits
rapproché coté d’une voiture boya ? Omoni vie ya nzela eza ba enfants
apparemment jeux ?OKo sala nionso nako loba entrain de
abimée. Maki sort na yo osala, soki te ko landa nga jouer.
une cigarette pour lisusu te
fumer. La petitefille : Yaya, yaya
Maki s’en va et la Maki : Olingi nini ? Naza yaya na
93
elle en profite
pour répondre à la
dame. Elle se
déplace vers la
dame. La petite
fille en profite
pour rentrer dans
la boutique et
vole le porte-
monnaie de la
vendeuse. Elle
sort en courant et
rejoint Maki là
elle l’attendait,
elles s’enfuient
ensemble
15 20 :58-22 : Travelling Normal Plan Un garçon entrain Le garçon : Yaya, yo ofandi Klaxons ---
20 Zoom Contre d’ensemble de boire awa,muasi na yo ozo luka deouis des
plongé Plan apparemment de lobi, aye kuna na nganda azo sala voitures
rapproché l’alcool en ba désard na petit momie na ye ya
épaule marchant dans la sika.
rue. Il rentre dans Mbingazor : Momie nini ?
un restaurant où Le garçon : Maki tss
Mbingazor est Mbingazor : Omoni Maki ?
entrain de manger Le garçon : Ah na moni Maki, azo
et boire. sala ba désard na petit momie naye.
95
Maki : Zua
Sa copine : ozo pesa nga ango boyé
ndenge nini ?
Maki : Yo pe limwa.
Le petit garçon : Maki, zua eloko
na uti ko iba
20 29 :40-42 : Travelling Normal Plan Maki rentre dans Maki : Ozo kende wapi ? Les voix Endena(P
16 Zoom Plongé rapproché le garage où elle Asha : J’avais eu peur. Il y a trop des apa
Contre Plan vit. Elle trouve de moustique ici. personnes Wemba)
plongé d’ensemble Asha qui voulait Maki : Oa liboma ? Oko lia ? présentes Weke
Plan sortir. Maki entre Maki : Nakoma Shégué na age ya dans le Weke( Be
américain et dépose le colis 13ans , ba parent na nga , ba hangard lly
Gros plan qu’elle portait. bomaka bango na zamba. Ba tika Bruit de Ilunga)
Elle lui tend un nga moko na bibembe na bango. la nuit
vêtement qu’elle Nayebi kutu ndenge na longwa
lui acheté. kuna te. Na mona pasi,ata mutu
Les deux se moko te pona ko sunga nga. Nde
mettent à apprêter na yina mokili, na koma ko yoka
la nourriture, posa yako boma mutu tout nao
Maki raconte son mona. Ti to kutani na Mbingazor,
histoire. Elle se Mbingazor, aza penza vrai tschor,
plonge dans ses jamais kutu mutu akoka ye, yen de
pensées. Le alakisa nga nionso, ko yiba, ko
hangard où vit boma, kindumba, nionso tout ya
Mbingazor le jour mabé. Ti toyé ko balana.
de son mariage Mbingazor : Bo Sali rapide.
101
Mbingazor : Ministre
Maki : Bunda , lakisa que oza
mobali.
Maki : Betala nga nanu, lisolo ya
famille na yo
Maki à Asha : ndenge to yiba, nini
to yiba te ? To yiba na ba églises,
ba boutiques, yo, oko banga.
Ndenge to yiba, Nzambe a limbisa
biso.
Madame la français, raconte
d’abord l’histoire de toi.
Asha : moi je viens de
Lubumbashi,là-bas , je vivais avec
ma tante parce que ma mère est
morte en me donnant la vie. Mon
père lui il s’était suicidé après tout
ça. J’ai aussi un frère mais je ne
l’ai jamais connu, il était déjà dans
la rue quand j’étais encore bébé. Il
est surement mort lui aussi, je suis
seule, je ne sais rien de lui. Je suis
venu ici pour les vacances avec le
mari de ma tante. Je croyais qu’il
m’aimait bien, mais quand on est
arrivé ici, il a voulu me violer, il
était bizzare, alors je me suis
105
enfuie.
Maki : sikoyo, soki tantine n’o
wana , ako luk’o te ?
Asha : Elle ne me croira jamais,
elle est comme envoutée, elle va
me tuer. Bonne nuit.
Maki : hum bino bana français
hein,lobi
Asha : tu fais quoi ?
Maki : Olali te ?
Asha : Non
Maki : sala ndeti nga , lala
Asha : et après ?
Maki : Lala kaka, sala ndeti olali
lokolo ya mbongo ébélé, ba
millions. Kanisa nionso tout okoki
ko somba nango
Asha : je vais acheter des barbies,
Maki : Barbie nini ?
Asha: poupée
Maki : oko somba at aya munene
ndeti yo
Asha : des voitures
Maki : Ata usine mobimba
Asha : J’aurais une maison de rêve
comme barbie, et je vivrais
heureuse comme une vraie barbie.
106
21 42 :16-42 : Travelling Normal Plan Maki entrain de Maki : Lamuka, wapi Mbingazor Son de la ---
58 d’ensemble marcher dans une Le jeune garçon : nako beta yo musique
Plan rue le soir. Elle Maki : Mbingazor aza wapi ? qui joue
américain arrive à un Le jeune garçon : ah longwa dans un
endroit et Maki : Zoba bar
interpelle l’ami Le jeune garçon : eeeeeh
de mbingazor qui
était mi-assis mi-
allongé.
22 42 :58-44 : Travelling Normal Plan Mbingazor entre Mbingazor : Yo kanga, kanga yo. Les cris ---
107
23 50 :22-52 : Travelling Normal Plan Maki entrain de La jeune fille : oke wapi, osiliki Klaxons ---
43 rapproché marcher dans la boyé des
Plan rue le soir. Elle Maki : olingi nini ? voitures.
d’ensemble entend une jeune La jeune fille : nazalaki kuna, na
111
24 52 :43-54 : Travelling Normal Plan Asha s’enfuit de Asha : Je peux appeler ? --- ---
20 Zoom général la maison de Le monsieur : longwa wana,olingi
Plan Mbingazor. Elle oyiba. Tu veux appeler qui ?
rapproché marche dans la Le monsieur : yaka awa
rue entrain de Tia numéro
pleurer, et s’arrete Asha : Allo tantine
devant une cabine Le monsieur : zela nau e sonner
et s’adresse au La dame répond au téléphone :
monsieur de la Allo, ni nani ku téléphone (un
cabine. homme intervient : Myriam ni nani
Asha finit ku téléphone ? ni patia téléphone ;
d’appeler et se Allo ni nani ? Imbécile, ni nani
repart s’allonger anaita bibi yangu sa iyi ?.
en pleurant Le monsieur de la cabine : obengi
quelque part dans tein
la rue. Asha : Merci, je veux plus parler.
Le monsieur : eza ba jeux na bino
ya ba kuluna.
25 54 :20-55 : Travelling Normal Plan Maki entrain de Champion : Maki, Maki La voix ---
114
16 Zoom d’ensemble marcher dans la Maki, nga na komi obeta na Ujana de la fille
Plan rue et se fait hein. Nakomi joueur ya Ujana. Oke qui se
rapproché aborder par wapi ooh ? dispute
Plan champion. Maki : nao luka Asha avec le
américain Champion : Asha nde nani ? motard
Un motard et une Maki : mwana oyo obetaki ozo
jeune fille entrain yeba ye lisusu te ?
de se disputer. Champion : te , depuis to beta ye
na monaka na nga ye lisusu te
Maki, Maki, nalingaki n ayebisa yo
kaka otika Mbingazor, ako bomisa
yo.
Maki : Tshiummmm
Champion : Maki, Méjé pe akomi
oteka na Gambela
26 55 :16-56 : Travelling Normal Plan Maki entre dans Maki : Okendaki wapi ? --- ---
56 Zoom Plongé d’ensemble le garage où elle Asha : me promener
Contre Plan vit et pendant Maki : banda butu ti tongo ?
plongé. rapproché qu’elle fouillait le Asha : et alors quoi ? J’ai envie de
Gros plan porte-monnaie me promener aussi
qui était dans la Maki : Awa oza malamu te ?
voiture, elle voit Ozalaki wapi ? nao tuna yo ? oko
Asha loba te ? Okomi ko yiba ? Moyibi,
zua pe na oyo
Asha : j’ai aussi des problèmes, tu
ne comprends rien toi
27 56 :56-58 : Travelling Normal Plan Une avenue et des Le pasteur : To bandaki na prière, --- ---
115
28 58 :04-59 : Zoom Normal Plan Asha dans le Asha : Délice, Sophie, Divin --- ---
34 Travelling rapproche pick-up entrain
Plan d’essayer de jouer
épaule au chauffeur. Elle
Gros plan se mat ensuite à
fouiller dans le
sac d Maki et
prend son couteau
29 59 :34-01 : Travelling Normal Plan Maki devant le Asha : Maki, pourquoi tu ne me --- ---
01 :37 Zoom Contre rapproché garage entrain de laisses plus venir avec toi ? Je te
plongé Plan fumer. Asha sort parle, pourquoi tu ne me laisse plus
d’ensemble de l’intérieur et se venir avec toi ? Je veux aussi faire
met à lui parler, et ce que tu fais, c’est pour ça que je
lui menace avec t’ai suivi, je veux arriver à me
le couteau. défendre.
Maki : Olingi nini ?
Asha : faire ce que tu fais
Maki : Lobaka malembe, heure
moko na yokaka yo te
Asha : t’es nulle, tu ne sais rien toi,
117
Maki demande
pardon à Asha et
se tue.
34 01 :14 :53- Travelling Contre Travelling Asha entrain de ---- Bruit de Soki
Zoom plongé marcher dans une la pelle et okeyi(Jo
Normal sorte de foret. du sable Nny
Elle s’arrête Ekwa)
devant le
tombeau où est
enterré Maki et
Mbingazor.
123
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