D 2006-1255 - Moyens Juridiques D'intervention
D 2006-1255 - Moyens Juridiques D'intervention
D 2006-1255 - Moyens Juridiques D'intervention
RAPPORT DE PRESENTATION
La délimitation claire des responsabilités des uns et des autres, la transparence qui doit
marquer l’intervention des Inspecteurs du Travail et de leurs suppléants légaux dans les
entreprises ainsi que le respect scrupuleux des droits fondamentaux des partenaires sociaux
rendent nécessaire une définition concise des moyens juridiques d’intervention mis à la
disposition de l’inspection du Travail dans le domaine de la sécurité et santé au travail.
Le présent décret a pour objet de préciser les modalités d’exercice des pouvoirs juridiques
reconnus aux Inspecteurs et Contrôleurs du Travail et de la Sécurité sociale, chargés de veiller
à l’application de l’ensemble des dispositions légales et réglementaires en vigueur en matière
de sécurité et santé au travail.
A cet effet, ils disposent de moyens juridiques d’intervention constitués par l’observation, la
mise en demeure, le référé, l’arrêt de travail et le procès-verbal, dont les modalités d’exercice
sont précisées.
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
VU la Constitution, notamment en son article 43 ;
VU le Code du travail ;
VU le Code de la Sécurité Sociale ;
VU le Code des contraventions ;
VU le décret n° 67-1360 du 9 décembre 1967, fixant les conditions et les modalités de
désignation des délégués du personnel dans les entreprises et définissant leur mission ;
VU le décret n° 81-009 du 20 janvier 1981, portant organisation et fonctionnement du
Comité de prévention des risques professionnels institué auprès de la Caisse de
sécurité sociale ;
VU le décret n° 2006-267 du 23 mars 2006, portant répartition des services de l’Etat et du
contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation
publique entre la Présidence de la République, la Primature et les ministères ;
VU l’avis du Comité Technique Consultatif national pour les questions d’Hygiène et de
Sécurité des Travailleurs en sa séance du 31 août 2000 ;
Le Conseil d’Etat entendu en sa séance du 06 décembre 2005 ;
Sur le rapport du Ministre de la Fonction publique, du Travail, de l’Emploi et des
Organisations professionnelles ;
DECRETE :
CHAPITRE PREMIER
Dispositions générales
Article premier : le présent décret a pour objet de préciser les modalités d’exercice des
pouvoirs juridiques reconnus aux Inspecteurs et Contrôleurs du Travail et de la Sécurité
sociale, pour accomplir leur mission de contrôle dans le domaine de la sécurité et santé au
travail.
CHAPITRE DEUXIEME
Des moyens juridiques d’intervention
Article 2 : Les Inspecteurs et Contrôleurs du Travail et de la Sécurité sociale sont chargés de
veiller à l’application de l’ensemble des dispositions réglementaires prises conformément au
Titre XI du Code du Travail relatif à l’hygiène et à la sécurité du travail.
Ils disposent, pour l’exercice de leurs fonctions, de moyens juridiques d’intervention constitués
par l’observation, la mise en demeure, le référé, l’arrêt de travail et le procès-verbal.
Section première
L’observation
Article 4 : Lorsqu’elle est écrite, l’observation est portée par l’agent de contrôle sur le
troisième fascicule du registre d’employeur ou sur un registre ouvert à cet effet et tenu dans
l’entreprise par le chef d’établissement.
Lorsqu’elle n’est pas rédigée sur place, elle est transmise à personne ou par voie postale au
Chef d’établissement. Elle est alors annexée au troisième fascicule du registre d’employeur ou
au registre ouvert à cet effet.
Article 5 : Le troisième fascicule du registre d’employeur ou le registre qui en tient lieu est
constamment tenu à la disposition de l’Inspecteur du Travail. Il peut, à leur demande et sur
place, être consulté par les membres du Comité d’hygiène et de sécurité ou, lorsque celui-ci
n’existe pas, par les délégués du personnel.
Il est également présenté, à leur demande et lors de leurs visites, aux agents du Service de
prévention des risques professionnels de la Caisse de sécurité sociale.
Section 2
La mise en demeure
Article 6 : La mise en demeure est une décision administrative prise par l’Inspecteur du
Travail et de la Sécurité sociale pour requérir, dans un délai déterminé, soit l’application des
dispositions légales ou réglementaires non respectées, soit la suppression d’une situation
dangereuse trouvant son origine dans le non respect de l’obligation générale de sécurité.
Paragraphe premier
La mise en conformité
Article 7 : La mise en demeure de conformité consiste à enjoindre les chefs d’établissement
de se conformer à des prescriptions réglementaires.
Article 9 : L’existence d’une situation dangereuse constituant une infraction aux dispositions
générales de la loi et du règlement relatives à la sécurité et à la santé au travail peut justifier
de mettre en demeure l’employeur de prendre toutes mesures utiles pour remédier à cette
situation.
Article 10 : La mise en demeure pour non respect de l’obligation générale de sécurité est
établie par l’Inspecteur du Travail et doit reposer sur :
Article 11 : L’utilisation de la mise en demeure pour non respect de l’obligation générale de
sécurité est prévue notamment dans le cas où les risques professionnels générateurs de la
situation dangereuse constatée trouvent leur origine dans les conditions d’organisation du
travail ou d’aménagement du poste de travail, l’état des surfaces de circulation, l’état de
propreté et d’ordre des lieux de travail, le stockage des matériaux et produits de fabrication.
Paragraphe 3
Dispositions communes
Article 12 : La mise en demeure est écrite. Elle indique les infractions constatées par
l’Inspecteur du Travail et fixe un délai à l’expiration duquel elles doivent cesser.
Le délai minimum de mise en conformité de quatre jours fixé par l’Inspecteur du Travail tient
compte des circonstances.
Article 13 : La mise en demeure est notifiée à l’employeur ou à son représentant. Elle est
remise contre décharge ou adressée par lettre recommandée avec accusé de réception. Le délai
d’exécution est franc. La mise en demeure doit être annexée au troisième fascicule du registre
d’employeur ou au registre qui en tient lieu.
Article 14 : La mise en demeure peut faire l’objet d’un recours gracieux. L’employeur peut
demander de ce fait sa révision par l’Inspecteur du Travail.
Le recours doit être introduit dans les deux mois suivant sa notification et, en tout état de
cause, avant l’expiration du délai fixé par la mise en demeure. Il n’est pas suspensif.
Article 15 : La mise en demeure est également susceptible de faire l’objet d’une réclamation.
La réclamation est introduite par l’employeur avant le délai d’expiration fixé par la mise en
demeure et au plus tard dans les quinze jours suivant sa notification. Elle est faite par lettre
recommandée avec accusé de réception auprès du Directeur du Travail et de la Sécurité
sociale. Elle est suspensive.
Article 16 : La décision du Directeur du Travail et de la Sécurité sociale peut faire l’objet
d’un recours hiérarchique porté devant le Ministre chargé du Travail. Le recours doit être
introduit dans les quinze jours qui suivent la notification de la décision contestée. Il n’est pas
suspensif.
Article 17 : La décision du Ministre chargé du Travail peut faire l’objet d’un recours
juridictionnel devant le Conseil d’Etat.
Section 3
Le référé
Article 18 : En cas de danger grave ou imminent présentant un risque sérieux d’atteinte à
l’intégrité physique d’un travailleur, résultant de l’inobservation des dispositions législatives
et réglementaires relatives à la sécurité et la santé au travail, l’Inspecteur du Travail et de la
Sécurité sociale saisit le juge des référés afin que celui-ci ordonne toutes mesures propres à
faire cesser ce risque.
Section 4
Arrêt de travail
Article 19 : L’Inspecteur du Travail peut procéder à l’arrêt du travail sur un chantier du
bâtiment et des travaux publics lorsqu’il existe une cause de danger grave et imminent
résultant d’un défaut ou d’une absence de protection.
L’Inspecteur du Travail est habilité, lorsque les conditions sus-mentionnées l’exigent, à prendre
toutes mesures utiles visant à soustraire immédiatement le ou les salariés de la situation
dangereuse et, concomitamment, à prescrire l’arrêt temporaire des travaux dangereux.
Article 21 : La décision de l’Inspecteur du Travail est écrite. Elle est prise sur les lieux et
mentionne :
Article 22 : L’employeur doit aviser par écrit l’Inspecteur du Travail des mesures prises pour
faire cesser la situation de danger grave et imminent. L’Inspecteur du Travail prend une
décision autorisant la reprise des travaux ou son refus s’il est constaté que les mesures prises
sont inappropriées ou insuffisantes.
Section 5
Le procès-verbal
Article 23 : Le procès-verbal a pour objet de constater les faits constitutifs d’une infraction. Il
constitue un acte de poursuites pénales engagées à l’encontre d’un employeur commettant une
infraction à la législation et à la réglementation dans le domaine de la sécurité et de la santé au
travail.
L’établissement d’un procès-verbal doit être précédé au préalable par une mise en demeure,
sauf lorsque les faits constatés présentent un danger particulièrement grave ou imminent pour
l’intégrité physique des travailleurs.
Article 24 : Aucune forme spéciale n’est imposée au procès-verbal. Toutefois celui-ci doit
contenir un certain nombre de mentions, notamment :
Article 26 : Le Ministre d’Etat, Garde des sceaux, Ministre de la Justice le Ministre de la
Fonction publique, du Travail, de l’Emploi et des Organisations professionnelles et le
Ministre du Patrimoine bâti, de l’Habitat et de la Construction sont chargés, chacun en ce qui
le concerne, de l’exécution du présent décret qui sera publié au journal officiel.
Fait à Dakar, le
Abdoulaye WADE
Par le Président de la République
Le Premier Ministre
Macky SALL