TF 169
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VIDAR
Une méthode-outil d’aide à la prévention
des TMS pour les petites entreprises
Dans le cadre des échanges scientifiques entre l’INRS et le National Institute for Working Life (NIWL, équivalent de
l’INRS en Suède fermé en juillet 2007), les chercheurs de l’INRS ont repris et adapté une méthode-outil de prévention des
TMS du rachis et des membres développée par le NIWL et dénommée VIDAR [1]. Le but de cet article est triple :
1) rappeler succinctement les principes d’une démarche de prévention des TMS et présenter VIDAR,
2) rapporter l’étude d’évaluation faite par les médecins du travail et les modifications de la version française de
VIDAR qui ont été réalisées à la suite,
3) présenter la version française maintenant disponible de cette méthode-outil.
passe par une démarche cohérente avec les données scienti- développés. Ainsi, un questionnaire visant à évaluer les
* Département Homme
fiques probantes et opérationnelles en entreprise. Des cher- facteurs psychosociaux [2] et un outil d’évaluation des au travail, Laboratoire
cheurs et des praticiens des conditions de travail ont fait le facteurs de risque biomécaniques de TMS du membre de biomécanique et
d'ergonomie, INRS,
constat que les méthodes disponibles étaient peu opération- supérieur dénommé OREGE ont été développés [3]. Vandœuvre les Nancy,
nelles pour les petites entreprises de moins de 20 salariés France
L’un des principaux reproches faits à ce dispositif est sa
(TPE). Les récents progrès dans le domaine des connais- ** Department of public
lourdeur. health sciences, Division
sances sur les TMS permettent de proposer de nouveaux Pourtant, est-il nécessaire de rappeler que c’est of occupational medicine,
moyens utilisables dans les TPE. La méthode-outil VIDAR dé- Karolinska Institutet,
d’abord la question de la prévention en soi des TMS 171 76 Stockholm, Suède
veloppée par les chercheurs suédois du NIWL en est un
qui est complexe ? La méthode ne vise qu’à com-
exemple. Elle a été adaptée au contexte des TPE françaises
par les spécialistes de l’INRS. Elle intègre aussi plus spécifi- prendre cette complexité qui s’exprime au niveau des
quement la dimension organisationnelle des TMS que la ver- situations de travail à risque de TMS. La compétence
sion initiale et un certain nombre d’autres modifications. en ergonomie, qui est un pré-requis pour agir, a aussi
Cette version modifiée, testée par des médecins du travail fait l’objet de critiques. Elle reste irréductiblement le
évaluateurs et largement modifiée suite à leurs observations, moyen de l’action de prévention.
est décrite dans cet article. L’amélioration continue des connaissances sur les
TMS, comme en témoignent de nombreux documents
de synthèse [4, 5], l’appropriation croissante de ce
risque professionnel par les acteurs de l’entreprise, les
partenaires sociaux et les pouvoirs publics (cf. Plan
a prévention des troubles
L
Santé Travail) ainsi que l’expérience renforcée des pré-
musculosquelettiques (TMS) venteurs ont changé le décor. Par exemple, les re-
est une priorité sanitaire cherches sur l’évaluation de l’implantation des actions
et sociale pour les pouvoirs de prévention [6, 7] apportent des moyens nouveaux
publics et les partenaires so- d’appréciation de l’efficacité ou de l’utilité des mé-
ciaux. Si la mise en place et la conduite d’une poli- thodes et des outils de prévention développés. Parallè-
tique sanitaire relèvent de leur responsabilité, il est lement, la multiplication des actions de prévention a
important que le socle de compréhension et, consécu- renforcé les motivations et les compétences des pré-
tivement, les moyens de leur prévention soient solides venteurs dans ce domaine de la prévention des risques
pour que les préventeurs et, plus largement les acteurs professionnels. Cette nouvelle situation permet de
de l’entreprise, puissent agir efficacement. Cela passe faire évoluer les méthodes et les outils en les simpli-
notamment par la mise en place de méthodes et fiant ou de mieux cibler leur utilité sans perte de perti-
d’outils appropriés aux contextes dans lesquels ils sont nence. Les spécifier à différents types d’entreprise ou Documents
pour le Médecin
mis en œuvre et aux acteurs auxquels ils sont destinés. de situation de travail sont des objectifs qu’il est pos- du Travail
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L’INRS a formalisé depuis 10 ans les principes d’une sible maintenant d’atteindre. 2e trimestre 2008
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OUTILS
MÉTHODE
Documents
pour le Médecin
du Travail
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2e trimestre 2008 Fig. 1 : Démarche de prévention des TMS.
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tages sont d’une part, l’analyse objective des traces du constat vaut pour le contexte français où les mêmes re-
travail partageables grâce à la vidéo par l’opérateur et proches sont entendus.
l’ergonome et d’autre part, la possibilité de verbaliser Les chercheurs suédois ont conçu VIDAR en pen-
son activité par l’opérateur dans un contexte facilita- sant d’abord aux utilisateurs potentiels. Dans leurs at-
teur et interactif [10]. tendus, ils rappellent que l’utilisation de méthodes
« simplistes » conduit à des évaluations erronées du
risque de TMS et de ses déterminants. Ils ont donc, dès
la conception, posé des principes d’utilisation. Ils consi-
MÉTHODE-OUTIL
dèrent que VIDAR nécessite des compétences en er-
gonomie et implique au préalable l’engagement
On peut aussi distinguer la méthode-outil de la mé- réciproque de l’opérateur et de l’utilisateur pour la
thode et des outils. La méthode-outil est l’intégration réussite de la démarche. En cela, ils rejoignent les in-
dans la méthode d’outils dédiés. C’est donc un en- tentions de ceux qui ont développé l’auto-confronta-
semble cohérent, appliqué aux objectifs énoncés, mais tion [10] et OREGE.
non modifiable. Il faut la considérer comme un tout et Les experts du laboratoire de biomécanique et
l’utiliser en conséquence. Les avantages essentiels sont d’ergonomie de l’INRS ont repris la méthode-outil VI-
la cohérence des moyens avec les objectifs assignés et DAR en la modifiant. Ces modifications sont de plu-
la facilité de prise en main. La principale limite est sieurs ordres.
qu’elle porte un prescrit que l’utilisateur doit suivre, ce La plus importante porte sur la cible. Il a été décidé
qui peut être gênant dans certaines situations ou que VIDAR devait être destinée aux entreprises de
contraignant pour certains utilisateurs. moins de 20 salariés car la prise en charge des TMS
Si la méthode et la plupart des outils ont été conçus dans ces très petites entreprises (TPE) est encore in-
pour le secteur industriel où dans le passé le risque était suffisante. Or, si OREGE, méthode proposée par
prééminent, il est nécessaire qu’ils s’adaptent à des si- l’INRS en 1999, s’avère légitime et opérationnelle dans
tuations de travail qui évoluent mais où le risque de le contexte des entreprises de taille importante, elle
TMS demeure présent. En effet, l’évolution du tissu l’est peu dans les TPE. VIDAR a donc été modifiée
économique conduit au développement du secteur des pour y inclure des critères spécifiques à ce contexte.
services (plus de 60 % des emplois sont dans ces sec- Ensuite, la diversité des situations de travail rencon-
teurs) dont les caractéristiques organisationnelles sont trées dans les TPE impose une souplesse d’usage de la
variées et souvent différentes de celles rencontrées méthode-outil. Ainsi, des modifications ont été appor-
dans l’industrie. Ainsi, les emplois tels que ceux des soi- tées en ce sens qui concernent la logique du logiciel,
gnants, d’aide à la personne, de bibliothécaire, de mu- une prise en compte adéquate des déterminants et la
sicien professionnel, d’utilisateur d’outil informatique, formalisation adaptée de certaines questions.
etc. sont des exemples de métiers exposés au risque de Le choix des utilisateurs a aussi fait l’objet d’une ré-
TMS qu’une méthode de prévention doit pouvoir ana- flexion. La richesse du réseau de médecins du travail en
lyser. France est un atout qui permet facilement d’atteindre
les TPE. C’est donc les médecins du travail qui ont été
ciblés comme utilisateurs de référence de VIDAR.
Cela a conduit à l’élaboration d’une version d’essai
VIDAR (1) de la version française de VIDAR.
(1) Dans la mythologie
nordique, VIDAR, fils
d’Odin et de la géante
Grid, est le dieu de la
vengeance et du silence.
PRINCIPES GÉNÉRAUX VALIDATION DE LA VERSION FRANÇAISE
Le NIWL a développé une méthode-outil simple, Par commodité, on appellera VIDAR la version
légère et participative d’analyse du travail, destinée à la française de la méthode-outil VIDAR, créée par les
prévention des TMS et baptisée VIDAR [1]. Cette mé- chercheurs suédois du NIWL et modifiée par les spé-
thode-outil est basée sur l’auto-confrontation. Elle as- cialistes de l’INRS.
socie un enregistrement vidéo du travail et un logiciel VIDAR se compose d’une caméra numérique, d’un
qui sert de guide à l’auto-confrontation. Forsman et al ordinateur portable, de câbles de liaison et d’un logiciel
[1] considèrent que si on dénombre de multiples mé- spécifique. Avant de diffuser VIDAR, les experts du la-
thodes ou outils de prévention des TMS, peu sont ef- boratoire ont décidé de tester la version d’essai auprès
fectivement utilisés par les préventeurs. La complexité de médecins du travail volontaires afin de s’assurer de Documents
pour le Médecin
d’usage de ces méthodes ou leur dimension chrono- leur intérêt pour cette méthode outil et de l’efficacité du Travail
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phage explique en grande partie cette situation [1]. Ce de celle-ci pour la prévention des TMS dans les TPE. 2e trimestre 2008
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Autrement dit, il s’agit de savoir si VIDAR est utile à prises (contexte d’utilisation : taille de l’entreprise, de-
ceux auxquels elle est destinée, quels sont les défauts mande, acteurs…).
de cette version d’essai, les limites, la qualité du service 씮 L’activité qui, dans le schéma de Leplat, figure le
rendu, le temps consommé et enfin, le potentiel couplage des conditions internes et externes, est repré-
d’amélioration. sentée ici par l’utilisation de VIDAR par le médecin du
travail.
À cette fin, l’Association lorraine de santé en milieu 씮 Les conséquences internes de l’activité figurent
de travail (ALSMT) située à Nancy a été contactée : celles liées à l’utilisation de VIDAR pour le médecin du
(2) Drs O. Abelé, huit médecins du travail(2) ont accepté de participer à travail (avantages, inconvénients).
S. Durand, M. Janel,
E. Louvet, G. Perrin, l’évaluation de la version française de VIDAR. 씮 Les conséquences externes de l’activité sont
A. Pichené-Houart, celles relatives à l’utilisation de VIDAR pour la préven-
E. Ravonjison,
C. Wurtz tion des TMS.
Principes de l’évaluation
U T I LI SAT I ON
PRINCIPALES OBSERVATIONS Cette situation tient à la nature même des TMS dont
ISSUES DE L’ÉTUDE D’ÉVALUATION la prévention ne se trouve pas dans des solutions toutes
faites ou préétablies. Seuls des principes de prévention
Restituer les détails de cette étude réalisée grâce aux peuvent être proposés [2, 4, 5]. Les réponses concrètes
médecins du travail n’est pas utile dans la mesure où le se construisent in situ, fondées sur le diagnostic ergo-
lecteur ne connaît pas la version de VIDAR qui a été nomique et la négociation entre les acteurs. VIDAR
évaluée. Il s’agit donc avant tout d’en rapporter l’esprit apporte les arguments sur les origines et la nature des
et la richesse. L’étude s’est déroulée sur 4 mois. facteurs de risque. Il est donc le moyen d’une préven-
tion efficace. La discussion avec les médecins évalua-
teurs sur ce sujet a donc conduit à changer le titre
Observations sur les principes initial qui était « VIDAR, une méthode-outil de pré-
de la méthode-outil VIDAR vention des TMS » et qui est devenu « VIDAR, une
méthode-outil d’aide à la prévention des TMS ».
Les principales observations soulevées par les mé- 쮿 La nécessité d’une double compétence en ergo-
decins du travail évaluateurs, les commentaires qu’elles nomie et sur les questions de santé liées aux TMS
amènent et les modifications qu’elles ont entraînées pour employer VIDAR est parfois contestée. Elle est
sont présentés successivement sans ordre de priorité. pourtant irréductible comme le rappellent les créateurs
쮿 Il est reproché à VIDAR de ne pas inclure de cri- suédois de la méthode-outil. C’est la compétence de
tères d’interprétation des données recueillies, expri- l’utilisateur dans ces 2 domaines qui légitime son ex-
més en termes de présence ou absence de risque de pertise et crédibilise son diagnostic vis-à-vis des salariés
TMS. Cette situation n’est pas choisie par les créateurs et du chef d’entreprise. C’est pourquoi, utiliser VIDAR
de VIDAR (que ce soit les chercheurs du NIWL ou de est subordonné au fait que le médecin du travail pos-
l’INRS) mais elle est le résultat de l’absence de réponse sède ces compétences et a été formé à son utilisation.
à ces questions. En effet, les données scientifiques dis- 쮿 Des médecins du travail évaluateurs ont demandé
ponibles ne permettent pas encore de proposer des si VIDAR était adapté à l’évaluation des risques pro-
modèles éprouvés de prévision du risque de TMS et fessionnels (EvRP). Ce n’est pas le cas. Son utilisation
d’interprétation des données. La multifactorialité et la pour cet objectif est lourde et peu rentable. La grille de
nature différente de ces facteurs de risque rendent dif- l’OSHA (Occupational Safety & Health Administra-
ficile l’élaboration d’un tel modèle. Il convient donc de tion) est beaucoup plus indiquée pour l’EvRP [2].
considérer que cet objectif, aussi légitime soit-il, ne 쮿 D’autres médecins du travail évaluateurs se sont
peut être atteint avant longtemps. Pour autant, des interrogés sur la restriction d’utilisation de VIDAR
connaissances considérables ont été apportées sur les aux TPE en demandant ce qui empêchait de
mécanismes physiopathologiques à l’origine de ces af- l’employer dans les autres entreprises. VIDAR, conçu
fections [13] et les processus délétères sont maintenant pour des situations de travail où les effectifs sont
bien connus. Quoi qu’il en soit, l’interprétation des faibles, le process de travail simple, l’organisation faci-
données recueillies par VIDAR reste encore largement lement lisible par le salarié, repose sur 2 hypothèses : la
dépendante de l’utilisateur et de sa compétence. Le valeur de l’auto-confrontation et l’expertise du médecin
médecin du travail doit donc nécessairement fonder du travail. Ce diptyque est efficace dans le contexte des
son analyse sur la base de ses connaissances et de son TPE. En revanche, il n’est pas suffisant dans le cadre
expérience. Cependant, afin de faciliter la construction des PME et des grosses entreprises où le nombre de sa-
du diagnostic ergonomique, des aides à l’interprétation lariés, le rôle des fonctionnels (service méthode, res-
ont été ajoutées qui ne figuraient pas dans la version sources humaines, etc.), l’organisation du travail ou de
initiale de VIDAR. Ces aides s’appuient sur les mo- la production ne peuvent être étudiés avec cette mé-
dèles normatifs européens qui évaluent le risque en thode-outil. Enfin, VIDAR a été conçu pour ne pas
3 niveaux figurés par des couleurs différentes (feux tri- être consommateur de temps, que ce soit celui des sa-
colores : vert pour acceptable, jaune pour pas recom- lariés, du médecin du travail ou de l’employeur..
mandé et rouge pour à éviter). Chacune des questions 쮿 Les médecins du travail évaluateurs ont beaucoup
est interprétée en ces termes. Mais ces grilles d’inte- insisté sur la transparence de l’action ergonomique.
rprétation ne sont que des repères et le médecin du tra- Bien évidemment, il faut, au préalable, obtenir l’accord
vail utilisateur de VIDAR reste responsable de son de l’employeur pour l’intervention et celui du salarié
évaluation. pour l’auto-confrontation. Plus encore, la taille de
쮿 Il est aussi demandé que VIDAR propose des so- l’entreprise doit inciter le médecin lorsqu’il mène son
lutions ou des pistes de prévention. Cela ne peut être intervention avec VIDAR à sensibiliser à son étude er-
réalisé tant les solutions sont dépendantes du contexte gonomique les autres salariés et le responsable de Documents
pour le Médecin
et ne peuvent être que le résultat d’une négociation l’entreprise. Par son statut et ses missions, le médecin du Travail
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entre l’employeur de la TPE et le médecin du travail. du travail, conseiller de l’employeur, connaît les salariés 2e trimestre 2008
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grâce à la visite médicale périodique et est le seul pré- la vidéo enregistrée afin de s’assurer de sa représentati-
venteur effectivement présent dans les TPE, la régle- vité.
mentation sur le tiers temps définissant le cadre de sa 씮 Si le temps est compté, le logiciel doit permettre
légitimité. C’est un expert précieux pour les salariés et de travailler sur une partie de l’activité de travail du sa-
un vecteur de la prévention. larié. La gestion des fichiers permet de réaliser une
쮿 L’évaluation des facteurs psycho-sociaux a fait nouvelle analyse d’une autre partie de l’activité de ce
débat. La première version française de VIDAR se ba- salarié.
sait sur un choix des experts de l’INRS de 7 questions 씮 La logique du logiciel a été améliorée pour la
considérées comme essentielles tirées du questionnaire rendre plus fluide et plus interactive.
de Karasek [14]. Cette version simplifiée a été criti- 씮 C’est le médecin qui aide le salarié dans la com-
quée par les médecins du travail évaluateurs. Après dis- préhension des objectifs et des questions présentées
cussion, il a été décidé d’utiliser le questionnaire de dans le logiciel.
Karasek dans sa version en 26 questions, validée par I. 씮 Une aide en ligne a été demandée afin de per-
Niedhammer et coll. [15] et de proposer une aide à mettre au médecin de maîtriser rapidement le logiciel
l’interprétation en se fondant sur les résultats d’études VIDAR, notamment se repérer dans sa chronologie.
épidémiologiques. Les 26 questions abordent 3 dimen- 씮 Certaines figures ou questions seront impri-
sions : l’exigence psychologique (9 items), la latitude mables afin que le médecin du travail puisse les expli-
décisionnelle (9 items) et le soutien social au travail (8 quer plus facilement.
items). Les réponses sont présentées à l’aide d’une 씮 L’évaluation de la répétitivité a soulevé de nom-
échelle de type Likert [15] : « pas du tout d’accord », breuses questions. En conséquence, des modifications
« pas d’accord », « d’accord », « tout à fait d’accord ». nombreuses ont été apportées pour en améliorer la
A partir des réponses, des scores sont ensuite pertinence et la clarté.
construits [15] qui permettent d’interpréter les ré- 씮 Les grilles de présentation des résultats ont aussi
ponses des personnes interrogées. Le questionnaire de fait l’objet de critiques qui ont conduit les chercheurs
Karasek est habituellement utilisé dans le cadre de l’INRS à revoir leur conception.
d’études épidémiologiques. L’interprétation à un ni-
veau individuel des scores qui en sont issus doit donc D’autres questions ont été posées concernant les
être effectuée avec la plus grande prudence, en les modalités de recueil du film (comment filmer les situa-
considérant comme des indicateurs de la présence po- tions de travail, où mettre la caméra, quelle durée,
tentielle de facteurs de risque psychosociaux, à préciser etc.). Des publications proposent des conseils dans ce
lors de l’entretien avec le salarié. Les réponses au ques- domaine [16].
tionnaire de Karasek ne peuvent en aucun cas être res-
tituées à l’entreprise. Elles constituent un élément de
compréhension du contexte à intégrer dans une syn- Fonctionnement du logiciel
thèse globale que le médecin doit absolument conduire
en y intégrant les informations qu’il a obtenues au ca- En ce qui concerne le fonctionnement du logiciel,
binet médical lors de la visite périodique. peu de problèmes ont été rencontrés par les médecins
évaluateurs et sa robustesse a été confirmée.
dans celui de la méthodologie ergonomique. Ainsi, le médecin du travail présente au chef d’entreprise et au
questionnaire de Karasek [14], le questionnaire Nor- salarié son diagnostic, leur remet son rapport et discute
dique (cf. “Le questionnaire de type nordique : intérêt des pistes de prévention : c’est la troisième et dernière
dans la surveillance des pathologies d’hypersollicitation étape. Ce déroulé est donc équivalent à celui de la mé-
du membre supérieur”, DMT n° 112, 2007, pp. 509- thode de prévention proposée par l’INRS, seules les
517) qui fait consensus et est validé par de nombreuses modalités changent.
études épidémiologiques [17], l’évaluation de L’observation lors de la visite médicale périodique
l’intensité de la douleur [18], OREGE [3], l’évaluation par le médecin du travail d’un problème de TMS chez
du stress au moyen d’une question unique [19] sont un salarié d’une TPE déclenchera, le plus souvent, une
autant d’outils reconnus et validés inclus dans VIDAR. démarche de prévention. Mais le médecin pourra aussi
Par ailleurs, l’auto-confrontation avec le salarié autour intervenir pour tout autre motif, en particulier une de-
de la vidéo a montré combien elle était un instrument mande de l’employeur.
efficace d’analyse de l’activité [10]. Un investissement
spécifique a aussi été engagé pour aider le médecin du
travail dans la construction de son diagnostic ergono-
DESCRIPTION DE LA VERSION FRANÇAISE
mique et l’élaboration de pistes d’actions au moyen de DE VIDAR
documents récapitulatifs interactifs. Enfin, un effort a
été fait dans l’ergonomie du logiciel VIDAR afin d’en
faciliter l’appropriation par les utilisateurs. La structure fonctionnelle de la version française de
La durée d’une intervention sur les TMS avec VI- VIDAR est présentée à la figure 3. Il convient d’emblée
DAR est de l’ordre de 8 heures et se déroule en 3 de noter que VIDAR ne doit pas être réduit au logiciel.
étapes. La première étape correspond à la rencontre En fait, le terme VIDAR désigne les 3 étapes de la mé-
avec le chef d’entreprise et la visite de la TPE. La se- thode-outil dont le logiciel. Le respect du déroulé de la
conde étape correspond à la réalisation de l’étude pro- méthode-outil est essentiel. Le logiciel, conçu comme
prement dite. Enfin, quelques jours plus tard le un guide composé de questions ouvertes ou fermées,
1ère étape
Négociation et repérage des situations de travail
2e étape
Phase A) Entretien, observations, enregistrement vidéo de l’activité de travail
du salarié, validation de la vidéo
Phase B) Visionnage complet de la vidéo avec le salarié
3e étape
Finalisation du diagnostic et rédaction d’un rapport par le médecin du travail.
Puis élaboration d’un projet de prévention avec la TPE Documents
pour le Médecin
du Travail
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Fig. 3 : Algorithme de la méthode-outil VIDAR et de son logiciel. 2e trimestre 2008
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vise à comprendre le travail du salarié et à mettre en registrement vidéo (phase A). Le médecin du travail
(3) Sous le terme cause, évidence des causes(3) de TMS. C’est le salarié filmé qui doit préparer, au mieux, le choix des situations de tra-
il faut inclure les
facteurs de risque répond aux questions (il s’agit d’une auto-confronta- vail à filmer. Il convient donc qu’il prenne connaissance
de TMS, leurs tion) en présence du médecin du travail qui joue un du fonctionnement de la TPE, de son type d’activité,
déterminants et
leurs relations rôle d’investigateur. La confrontation des représenta- de la nature des risques professionnels. Cette phase
tions de ces deux acteurs est indispensable à la fiabilité doit le conduire à sélectionner les situations de travail
des résultats produits, le médecin du travail gardant le à filmer. Elle se base sur des entretiens avec
rôle d’expert et de validant. l’employeur, les salariés et sur des observations des si-
tuations de travail. A partir de ces informations, le mé-
decin du travail va choisir les activités qui seront
Première étape : négociation et retenues pour l’enregistrement vidéo. La durée de cet
repérage des situations de travail enregistrement ne doit pas dépasser 10 à 15 minutes.
Les vidéos doivent permettre l’identification de la
La première étape doit durer moins de 2 heures. La tâche en englobant les membres supérieurs et le tronc
mise en œuvre de VIDAR découle d’une volonté du avec des plans successifs permettant de visionner le
médecin du travail et du dirigeant de la TPE de côté droit et le côté gauche pour l’évaluation des pos-
s’engager dans la prévention des TMS. Au cours de tures et des actions (cf. conseils dans l’étude de St Vin-
l’entretien, le médecin va informer l’employeur sur cent et coll. [16]). A l’issue de cet enregistrement, une
toutes les dimensions et les enjeux posés par cette ac- présentation rapide de la vidéo au salarié est conseillée
tion de prévention des TMS pour sa TPE. Par exemple, afin de s’assurer de sa pertinence. Le montage vidéo du
il est conseillé de le sensibiliser à la richesse d’une ap- film n’est pas souhaitable car il est d’un intérêt très li-
proche ergonomique, de lui présenter le questionnaire mité et est très chronophage. Il est conseillé de limiter
de Karasek (facilement imprimable). Ainsi, à l’issue de la durée d’enregistrement des tâches impliquant des
cet entretien, dès lors que son accord est obtenu, il sera mouvements répétitifs sur quelques cycles de travail.
possible pour le médecin du travail de conduire l’action En revanche, l’ensemble des sous-tâches ainsi que leur
de prévention dans les meilleures conditions chronologie seront filmés ainsi que tout élément pa-
d’efficacité. Dans cette phase préliminaire, il est im- raissant anormal ou ponctuel (signes de dysfonction-
portant que le médecin du travail apporte des informa- nement). En effet, un fait qui paraît minime pour le
tions sur les TMS et leurs mécanismes d’apparition à médecin du travail lors de l’enregistrement vidéo peut
l’employeur afin qu’il comprenne ce que l’on cherche à avoir une incidence importante et insoupçonnable a
évaluer et comment la démarche va s’organiser. priori sur la manière de travailler des salariés.
Au final, une lettre pourrait être envoyée à
l’employeur dans laquelle le médecin formulera une Les phases B à G nécessitent l’utilisation du logiciel VI-
proposition d’intervention et éventuellement y adjoin- DAR. Elles se déroulent en dehors du poste de travail pour
dra de la documentation sur les TMS. Le salarié parti- garantir au salarié la confidentialité et la qualité des don-
cipant doit être volontaire et informé des objectifs et du nées recueillies.
déroulement de l’étude de poste au moyen, par 쮿 Visionnage avec le salarié de la vidéo enregistrée
exemple, de la remise de documentation. Ceci est par- (phase B). Au cours de cette phase, le médecin du tra-
ticulièrement important pour les facteurs psychoso- vail et le salarié regardent la vidéo enregistrée afin de se
ciaux et le stress pour lesquels le lien avec les TMS n’est l’approprier. Cela leur permet aussi de repérer la ou les
pas forcément connu des acteurs de l’entreprise. actions qui seront à évaluer. Il est conseillé de se limi-
Cette première étape est donc essentielle car elle ter à 5 actions tout au plus. Si cela s’avérait trop limi-
permet de poser les repères et de créer un climat de tant, le médecin pourrait conduire son étude en
confiance indispensable à la qualité des données re- 2 temps et revenir dans l’entreprise après que les trans-
cueillies. Au cours de cette étape, le médecin apprécie formations relatives aux 5 actions retenues dans le pre-
aussi la culture de prévention de l’entreprise. mier temps soient effectives, à la satisfaction de tous.
쮿 Recueil d’informations sur le salarié et évalua-
tion des problèmes de santé de l’appareil locomoteur
Seconde étape : observations, (phase C). Le médecin complète des informations re-
enregistrement vidéo, auto-confrontation latives à l’entreprise et au salarié étudié. Ensuite, il éva-
lue les problèmes de santé, gêne, inconfort, plaintes,
La seconde étape dure moins de 4 heures. Elle se douleurs de l’appareil locomoteur à l’aide du question-
découpe en 7 phases (de A à G) dont la chronologie est naire Nordique. Les termes sont nombreux pour quali-
Documents
pour le Médecin
la suivante : fier l’état de santé du salarié. C’est à dessein car il ne
du Travail 쮿 Entretien avec le salarié, observations de son s’agit en aucun cas de bâtir un diagnostic médical (ce
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2e trimestre 2008 activité de travail, repérage des activités à filmer, en- n’est ni le moment, ni le lieu) mais de tenter sans a priori
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de cerner les atteintes fonctionnelles pour pouvoir les étape est itérative jusqu’à ce que toutes les actions que
mettre, le cas échéant, en relation avec le travail. le salarié décide d’analyser l’aient été.
쮿 Évaluation de la répétitivité (Phase D). 쮿 Recherche des déterminants (phase F). Cette
L’évaluation de la répétitivité porte sur l’ensemble de phase est capitale. Elle consiste à partir de la descrip-
l’activité de travail du salarié. Cette évaluation vise à tion des facteurs de risque biomécaniques de TMS
apprécier séparément la répétitivité des gestes et des par le salarié, à rechercher les déterminants ou les
postures de travail. Elle se fonde sur des échelles vi- conditions d’exécution du travail qui en sont à l’or-
suelles analogiques issues d’OREGE et largement vali- igine. Les déterminants sont classés en 4 catégories :
dées dans la littérature [3]. les contraintes liées à la gestuelle, celles liées aux ou-
쮿 Sélection des actions posant un problème de tils et matériels utilisés, celles liées à l’environnement
santé et évaluation des postures et des efforts (phase de travail (procédés de travail, température des lo-
E). Cette phase vise à rechercher et à analyser les ac- caux, vibrations) et celles liées à l’organisation du tra-
tions potentiellement à risque de TMS au moyen de vail. Dans cette phase, le médecin doit aider le salarié
l’auto-confrontation avec la vidéo. Le médecin du tra- à rechercher dans ces 4 catégories les raisons de ses
vail et le salarié cherchent à mettre en évidence sur la sollicitations au-delà des facteurs immédiats. Il est
vidéo les « actions posant un problème de santé » au donc nécessaire de cerner les liens entre l’activité vi-
cours du travail. Une fois cette action repérée par une sible de l’opérateur et les raisons qui le conduisent à
image qui représente « l’action posant problème », ils agir. Il s’agit concrètement de rechercher avec lui le
vont ensemble évaluer la posture de travail du salarié et pourquoi de son activité de travail, sans exclusive au-
l’intensité des efforts du tronc et des membres. Cette cune. La figure 4 peut servir de guide dans cette ex-
Organisation technique
C
établissement, ensemble choix technologiques,
N
O
O
N
UNITÉ OPÉRATIONNELLE méso TECHNIQUES
I
DE PRODUCTION ET MÉTHODES
T
TÂCHE RÉELLE
C
N
X
fonction
T
E
POSTE
Incapacité DE
E
TRAVAIL
âge, état
E
de santé, déficience
D
T
INDIVIDU PROFESSION
C
I
E
O
S
Documents
Organisation humaine pour le Médecin
du Travail
N° 114
Fig. 4 : Schéma de l’organisation technique et humaine de l’entreprise [20]. 2e trimestre 2008
229
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pour le Médecin
du Travail
N° 114
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Points à retenir
La prévention des TMS passe forcément par une
étape de diagnostic ergonomique
Dans les TPE, l’organisation du travail est facile-
ment observable et autorise des simplifications
méthodologiques
Une méthode-outil dénommée VIDAR organise
le diagnostic ergonomique sur la base de l’auto
confrontation avec le salarié
La simplicité et le faible coût de la méthode- Le logiciel VIDAR sera disponible
outil VIDAR permettent de la mettre en œuvre sur demande à l'INRS à compter
avec un minimum de formation de l’utilisateur du mois de septembre 2008.
Une information spécifique
Le médecin du travail est l’utilisateur visé par les
sera donnée dans le prochain
auteurs de cette méthode-outil en raison de sa
numéro de la revue DMT.
situation de préventeur privilégié dans les TPE et
de garant des informations confidentielles qu'il
peut être amené à recueillir via VIDAR
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