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dmt pratiques et déontologie TM 18

L’observatoire EVREST, une démarche


de mise en place d’indicateurs
collectifs en santé au travail
L’évolution des conditions de travail et des problèmes de santé au travail ont conduit une équipe de
médecins du travail et de chercheurs à une réflexion sur l’opportunité d’une approche quantitative dans la
perspective d’une meilleure prise en compte des problèmes de santé au travail [1, 2]. Ainsi est né le dispositif
EVREST (Évolution et relations en santé au travail) présenté ici.

BARDOUILLET M.C. (1),


informations sur la santé au travail. Pour cette raison, BUISSET C. (2),
En résumé certains médecins du travail proposent ou participent BARDOT F. (3),
MOLINIÉ A.F. (4),
L’observatoire EVREST (Évolution et relations en santé déjà à des enquêtes qui conduisent à fournir des don- LEROYER A. (5)
au travail) a été construit par des médecins du travail et des nées chiffrées [3]. In fine, dans le cadre de ses missions
chercheurs pour évaluer globalement, dans la pratique quo- de conseiller, le médecin du travail peut parfois avoir (1) Médecin du travail,
MT71, Chalon-sur-Saône
tidienne, les problèmes de santé des salariés en lien avec besoin d’appuyer ses propositions d’actions de préven- (2) Médecin du travail,
leur travail. Ce dispositif, à visée longitudinale, est basé sur tion sur, entre autres, des indicateurs de santé et de pôle Santé Travail, Lille
(3) Médecin du travail,
un questionnaire court, complété avec le salarié au moment conditions de travail. CIHL45, Saran
des entretiens périodiques de santé au travail. C’est dans la Le dispositif EVREST (Évolution et relations en (4) Chercheur, Centre de
combinaison avec l’approche clinique des médecins que le santé au travail) se base sur l’approche clinique du pra- recherches et d’études sur
l’âge et les populations au
questionnaire prend son sens, aussi bien au niveau individuel ticien pour proposer une démarche de quantification travail (GIS CREAPT),
Centre d’études de l’em-
qu’au niveau collectif. Cet article précise les limites et les qui se prête à des allers et retours entre connaissances ploi (CEE), Noisy-le-
spécificités du dispositif EVREST. cliniques et recueil quantitatif [4, 5]. Dans cette pers- Grand
pective, le questionnaire EVREST a été construit pour (5) Maître de conférence
– praticien hospitalier,
quantifier un certain nombre d’informations recueillies département universitaire
de santé au travail, uni-
de façon habituelle à l’occasion des entretiens médi- versité Lille 2 / CHRU,
caux, afin de les restituer collectivement et de pouvoir Lille
es médecins du travail,

L
les verser dans les instances collectives en charge de la
comme leurs confrères des au- prévention (CHSCT…).
tres disciplines médicales, ont
été formés à la prise en charge
individuelle des personnes. Ils
ont donc tout naturellement une activité qui privilégie
la relation individuelle médecin-salarié.
Objectifs
Cependant, l’orientation de l’action médicale vers la
prévention primaire rend nécessaire une vision collec- Initialement élaboré dans une grande entreprise, le
tive des conditions de travail et de la santé des salariés dispositif EVREST a été repris et adapté afin de pou-
dans l’entreprise. Pour passer de la santé individuelle à voir être utilisé par les médecins du travail de services
une représentation collective, il est nécessaire de s’ap- interentreprises (SiST) et de services autonomes (SA)
puyer sur une description chiffrée. Mais les moyens [6]. Porté par des médecins du travail et des cher-
mis en œuvre dans les services de santé au travail cheurs, et s’appuyant sur la pratique des médecins du
(SST), notamment au travers des logiciels de métiers, travail, il s’agit d’un dispositif visant à : Documents
pour le Médecin
paraissent plus adaptés à la gestion quotidienne et à 1) d’une part, constituer une base nationale per- du Travail
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l’édification d’un rapport d’activité qu’à produire des mettant la production régulière d’indicateurs de santé 2e trimestre 2011
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et de conditions de travail (notamment par secteurs tégrer au mieux dans la consultation du médecin du
d’activité), et le suivi de l’évolution du travail et de la travail. Sa spécificité n’est pas dans l’exhaustivité et la
santé d’un échantillon de salariés ; précision des mesures, mais dans la diversité des do-
2) d’autre part, fournir aux médecins participants la maines couverts. Quatre grands thèmes sont explorés :
possibilité de recueillir et de produire des données lo- les conditions de travail, la formation, le mode de vie et
cales en fonction de leurs besoins dans le cadre d’une l’état de santé lors de l’entretien. La façon d’aborder le
entreprise, d’un secteur d’activité, d’un bassin d’emploi. travail est à la fois large par la diversité des domaines
évoqués (changement de travail en lien éventuel avec la
santé, horaires de travail et leur régularité, contraintes
de temps et pression temporelle, sens et vécu du tra-
Choix méthodologiques vail, charge physique, exposition à certains risques, for-
mation reçue ou dispensée), et très succincte,
compte-tenu du faible nombre de questions dans cha-
EVREST est un dispositif de suivi longitudinal sur le cun de ces champs. Le libellé des questions sur le tra-
travail et la santé reposant sur un questionnaire court vail reprend souvent celui utilisé dans des enquêtes
et proche d’un plan de conduite habituelle d’une nationales (SUMER, Conditions de travail, ESTEV,
consultation de santé au travail (en annexe). SVP50, Santé et itinéraire professionnel - SIP-…). Les
informations sur le travail sont déclarées par le salarié.
Les indicateurs retenus dans le domaine de la santé
portent sur l’état de santé au moment de la visite et
ORGANISATION DU DISPOSITIF
EN PLUSIEURS NIVEAUX
sont principalement fondés sur l’existence de signes et
symptômes décrits par le salarié. Ils ont été choisis soit
du fait de leur précocité d’apparition par rapport à une
Aujourd’hui, le dispositif est géré par une équipe pro- éventuelle future pathologie, soit du fait de la gêne
jet nationale, regroupant des médecins du travail, des qu’ils peuvent occasionner dans le travail.
chercheurs en santé au travail et des statisticiens, dont Le questionnaire est généralement proposé lors des
certains ont participé à la construction et à l’exploitation visites périodiques de santé au travail, mais aussi lors
de grandes enquêtes en Santé au travail (notamment de certaines visites d’embauche si celles-ci ont lieu alors
(1) Cette limite a été l’Enquête santé travail et vieillissement - ESTEV - et que le salarié est en poste depuis au moins 2 mois (1),
choisie afin de ne pren-
dre en compte que les Santé et vie professionnelle après 50 ans - SVP50). ou lors de visites de reprise qualifiées également de vi-
salariés pouvant se Cette équipe projet est notamment chargée de : sites périodiques, lorsque la reprise survient après un
prononcer sur leurs
conditions de travail.  faire évoluer le questionnaire (des variations mi- arrêt de travail court qui, d’après le médecin, ne devrait
nimes pouvant être introduites au fil du temps), pas influer sur les relations santé travail du moment.
 définir les modalités du suivi longitudinal de Le questionnaire est généralement remis au salarié
l’échantillon national, avant l’entrée dans le cabinet médical. Il remplit seul la
 fournir un outil national de saisie que tous les mé- partie consacrée au travail, les réponses étant lues et
decins participant puissent utiliser (pour l’échantillon éventuellement reprises ensuite avec le médecin. Ce
national comme pour leurs besoins spécifiques), dernier peut aussi poser lui-même les questions, mais
 apporter une aide méthodologique pour le traite- dans tous les cas c’est la réponse du salarié qui prévaut.
ment local ou régional de données pertinentes en santé La partie « état de santé actuel », en revanche, est tou-
au travail, jours instruite par le médecin du travail (ou l’infirmière)
 favoriser la mise en commun d’outils (programmes, dans un échange avec le salarié.
documents de référence…). Enfin, le questionnaire, bien que stable globalement
Cette équipe projet s’appuie sur des médecins « ré- pour permettre un suivi longitudinal, a subi quelques
férents régionaux », chargés de contribuer à constituer, modifications en 2011, notamment pour prendre en
faire vivre et structurer le réseau des médecins volon- compte certains facteurs psychosociaux, tels que les
taires dans chaque région française incluse dans le dis- conflits de valeurs et la peur de perdre son emploi [8].
positif [7]. Cette nouvelle version offre également la possibilité de
rajouter quelques questions laissées au choix du méde-
cin utilisateur. Un questionnaire réitéré incite par ail-
leurs à maintenir une attention durable sur un
QUESTIONNAIRE COURT SUR LA SANTÉ
ET LE TRAVAIL
ensemble de caractéristiques du travail.
Le suivi longitudinal est assuré dans le respect de
Documents
pour le Médecin
l’anonymat, grâce à un algorithme de hachage. L’ac-
du Travail Le questionnaire a été pensé pour suivre la conduite cord de la Commission nationale de l’informatique
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2e trimestre 2011 habituelle de l’entretien de santé au travail, afin de s’in- et des libertés (CNIL) a été obtenu pour l’ensemble
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de la procédure de recueil et de saisie des données des deux années, seule la visite la plus récente est ex-
(n° 906290). ploitée. Ainsi, les exploitations 2008-2009 ont porté sur
22 928 salariés.
La taille de cet échantillon permet d’étudier les rela-
tions entre le travail et la santé dans de nombreuses
ÉCHANTILLONNAGE
sous-populations, ciblées par exemple sur des catégo-
ries socioprofessionnelles, des secteurs d’activité, voire
La population ciblée est l’ensemble des salariés sui- quelques professions.
vis en médecine du travail. L’échantillonnage est fondé En pratique, les médecins s’insèrent souvent gra-
sur la date de naissance : sont inclus dans la base na- duellement dans le dispositif. Ils commencent en inter-
tionale tous les salariés nés en octobre des années rogeant uniquement les salariés nés en octobre des
paires, soit 1/25e des salariés. années paires. Par la suite, certains d’entre eux s’enga-
Au-delà de sa contribution à la constitution de gent dans une utilisation plus spécifique d’EVREST au
l’échantillon national, chaque médecin participant niveau d’une entreprise ou d’un secteur d’activité (fin
peut, s’il le souhaite, élargir son utilisation du dispositif 2010, ceci concernait environ 200 médecins du travail).
EVREST, seul ou avec des confrères, afin de pouvoir
produire des données pour une entreprise ou un sec-
teur professionnel. Il adapte alors l’échantillonnage en
fonction du niveau qu’il souhaite atteindre, jusqu’à
prendre l’ensemble des salariés d’une même entreprise.
Questions soulevées
EVREST peut ainsi permettre à un groupe de méde- par le dispositif
cins d’étudier les évolutions et relations travail – santé
selon des besoins qui leur sont propres.
Les choix méthodologiques du dispositif soulèvent
diverses questions, telles que les conséquences de la
participation volontaire des médecins et de l’évolution
VOLONTARIAT DES MÉDECINS
du contexte réglementaire de la santé au travail sur la
représentativité de l’échantillon et le suivi longitudinal.
Tout médecin du travail volontaire pour participer L’usage du dispositif par les médecins du travail sug-
adhère à une charte précisant les droits et devoirs des gère également des réflexions sur les pratiques profes-
participants et des organisateurs du dispositif. Le mé- sionnelles, tant au niveau des entretiens médicaux
decin s’engage en particulier à inclure (au moins) tous individuels que dans l’usage du chiffre en entreprise.
les salariés nés en octobre des années paires ; les orga-
nisateurs du dispositif s’engagent à lui fournir un outil
permettant la saisie et la récupération de l’ensemble de
REPRÉSENTATIVITÉ DE L’ÉCHANTILLON
ses données, ainsi qu’un document informatisé four-
nissant un descriptif simple de l’ensemble des données
saisies. La représentativité de l’échantillon peut constituer
une première difficulté puisque seuls des médecins vo-
lontaires participent à la démarche. En effet, l’ap-
proche retenue n’est pas de faire en sorte que le
Déploiement du dispositif maximum de médecins s’inscrive coûte que coûte,
mais de construire peu à peu des réseaux de médecins
participants, afin qu’ils s’approprient la démarche et la
Le dispositif a été mis progressivement en place de- rendent pérenne. Ainsi, pour s’inscrire dans une région,
puis 2007. Fin 2010, 1 137 médecins du travail il faut qu’il existe un médecin ayant accepté d’être ré-
s’étaient inscrits ; 175 médecins ont saisi des fiches en férent régional et qui seul peut valider une nouvelle ins-
2007, 541 en 2008, 639 en 2009 et 617 en 2010. La cription. Les régions sont à ce jour inégalement
base nationale (salariés nés en octobre d’une année représentées : 4 régions n’ont pas de médecin référent,
paire) est constituée de près de 40 000 fiches recueil- alors que d’autres régions sont très actives avec plus de
lies depuis 2007. 30 % de médecins participants. Par ailleurs, la partici-
Les exploitations descriptives sont basées sur les pation des médecins au sein d’une région peut varier
fiches de deux années, afin de limiter la surreprésenta- selon les services : les SST proches (géographiquement
tion des salariés en surveillance médicale dite « renfor- ou selon les affinités) de celui du médecin référent ré- Documents
pour le Médecin
cée », vus au moins annuellement en visite médicale gional peuvent parfois être plus vite et/ou mieux infor- du Travail
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périodique. Pour les salariés vus plusieurs fois au cours més que les autres SST. Enfin, la participation des 2e trimestre 2011
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médecins des SA est moins importante que celle des et privé par l’Institut national de la statistique et des
médecins des SiST, entraînant une sous-représentation études économiques (INSEE) (décrits par âge, sexe,
des salariés des grandes entreprises. Cependant catégorie sociale et secteur d’activité). À ce jour,
quelques grandes entreprises utilisent déjà ou mettent l’échantillon EVREST apparaît globalement convena-
en place un recueil de données très proche du dispositif blement équilibré sur quelques grandes variables et
national EVREST, mais indépendant dans son fonc- donne une représentation correcte au niveau national.
tionnement. Des échanges existent d’ores et déjà entre Il faut néanmoins être prudent dans la lecture des ré-
les médecins participant à ces divers dispositifs, notam- sultats descriptifs, notamment au niveau d’une région.
ment afin d’étudier les rapprochements possibles. La comparaison de résultats régionaux entre eux n’est
Interroger les salariés lors de la visite périodique pas souhaitable du fait des différences de structure des
peut également représenter un biais dans l’échantillon, populations de salariés enquêtés. L’utilisation des ré-
puisque seuls les salariés n’étant pas en arrêt de travail sultats descriptifs pour des comparaisons de groupes
peuvent participer. Les salariés en bonne santé ont professionnels (catégories socioprofessionnelles, sec-
donc plus de chance d’être représentés que ceux ayant teurs d’activité, etc.) semble en revanche un peu moins
un moins bon état de santé. sensible aux problèmes de représentativité.
La périodicité variable des visites systématiques
peut également introduire un biais, puisque les salariés
bénéficiant d’une surveillance médicale renforcée
SUIVI LONGITUDINAL DES SALARIÉS
(donc a priori plus exposés) sont susceptibles d’être vus
plus souvent en visite systématique.
Autre interrogation, la pénurie de médecins du tra- Le suivi longitudinal des salariés constitue une ga-
vail conduit de plus en plus souvent ces derniers à re- geure. Techniquement, ce suivi est assuré par la création
centrer leur activité sur les tâches les plus urgentes, et d’un identifiant unique au niveau national pour chaque
notamment sur les visites de reprise, à la demande et salarié. Mais ne pourront être suivis que les salariés dont
d’embauche, au détriment des visites périodiques. La le médecin du travail participe au dispositif, qui seront
démographie médicale n’étant pas en faveur d’un re- convoqués à une visite périodique et qui y viendront.
dressement rapide de cette situation, et dans l’attente L’instabilité de l’emploi, l’augmentation de la précarité
d’une réorganisation réglementaire, la réflexion sur ce et le turn-over accru diminuent la probabilité qu’un sala-
sujet devra être poursuivie pour ancrer ce dispositif rié soit vu de façon régulière dans le cadre d’une visite
dans la durée. En fonction du contexte local dans les périodique. Se rajoutent à cela, l’évolution réglemen-
services, certains médecins ont tenté d’accoler systé- taire et la démographie des médecins du travail qui
matiquement les entretiens périodiques aux entretiens conduisent à un espacement des entretiens médicaux.
de reprise. On peut cependant s’interroger sur les biais Une perspective intéressante, déjà opérationnelle
induits par ce type de pratique qui risque de conduire dans plusieurs SST, peut être de s’appuyer sur des en-
à une surreprésentation des salariés ayant des pro- tretiens infirmiers institués pour suppléer aux difficultés
blèmes de santé. À l’inverse, l’exclusion des visites de de réalisation des entretiens médicaux périodiques. La
reprise pourrait aussi conduire à surreprésenter les sa- passation du questionnaire est alors déléguée à l’infir-
lariés en bonne santé, si ceux qui ont des arrêts de tra- mier(e), après une formation à l’usage du dispositif. Les
vail fréquents ne sont vus que dans le cadre de visites expériences rapportées avec ces modalités de fonction-
de reprise. L’interrogation dans le cadre d’une consul- nement ont montré que des infirmières formées étaient
tation de reprise pose aussi le problème du décalage tout à fait à même de remplir l’ensemble du question-
temporel entre l’appréciation des conditions de travail, naire, y compris la partie « santé », dans laquelle l’exa-
qui peuvent être éloignées dans le temps par rapport à men clinique est très limité. Toute nouvelle information
la date de l’entretien, et celle de la santé du salarié, qui dans le domaine de la santé repérée par l’infirmier(e)
se fait au moment de la visite. Le médecin du travail sera portée à l’attention du médecin du travail qui su-
doit faire preuve de discernement pour savoir si cette pervise la bonne utilisation du questionnaire (ce qui
visite de reprise est propice au questionnaire, dans des n’est d’ailleurs pas spécifique à l’usage d’EVREST).
conditions similaires à celles d’un entretien périodique. À ce jour, le recul est encore insuffisant pour per-
Lors de la production annuelle des résultats descrip- mettre de chiffrer quelle fraction de salariés pourra être
tifs, l’échantillon national EVREST est décrit et com- suivie. Il est néanmoins prévisible qu’un biais de sélec-
paré, sur quelques caractéristiques, aux échantillons tion devra être pris en compte dans les analyses longi-
issus des données de l’Unédic - salariés du secteur privé tudinales : le fait que certains salariés ne seront pas
Documents
pour le Médecin
(décrits par sexe et secteur d’activité) - ou de l’exploita- revus en raison de problèmes de santé (on pourra tou-
du Travail tion des déclarations automatisées des données so- tefois s’intéresser à la santé initiale et aux conditions de
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2e trimestre 2011 ciales unifiées (DADS) des salariés des secteurs public travail des salariés non revus).
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De plus, la participation des médecins du travail re- decin et aux attentes des différents partenaires sur le
posant sur le volontariat, il est important que leur inté- sujet [9]. Se lancer dans un « EVREST en entreprise »
rêt pour EVREST se maintienne au fil du temps, ce qui sera d’autant plus intéressant que le médecin du travail
sera d’autant plus le cas qu’ils développeront des usages connaît bien cette entreprise, ce qui demande du temps
spécifiques du dispositif, seuls ou de façon coordonnée mais permet aussi de situer les résultats dans le contexte
avec des collègues (pour des entreprises, des secteurs, de l’histoire et de la culture de l’entreprise et d’articuler
ou des métiers par exemple). les résultats chiffrés avec des arguments cliniques bien
étayés. Les résultats chiffrés et leur mise en perspective
peuvent devenir un support de discussion avec l’ensem-
ble des partenaires, conduisant à proposer des pistes de
USAGE DU DISPOSITIF
PAR LE MÉDECIN DU TRAVAIL
réflexion et d’action en vue de l’amélioration des condi-
tions de travail. Utiliser cet outil suppose de pouvoir
s’appuyer sur une bonne maîtrise du dispositif, une
Le questionnaire EVREST ne constitue, en aucun cas, bonne connaissance des enjeux de santé au travail dans
un modèle ou un guide de la consultation. Lorsqu’il est l’entreprise et sur un solide diagnostic clinique des rela-
utilisé, il peut toutefois bousculer un peu la pratique du tions santé-travail, c’est-à-dire entre les processus mis à
médecin. Questionner de façon systématique modifie ce l’œuvre dans le travail et les effets sanitaires. Si ces
qui est dit dans la forme et dans le contenu de l’entretien. conditions ne sont pas réunies, l’usage du questionnaire
Le recours au questionnaire incite à rediscuter, avec le sa- peut s’avérer décevant, voire périlleux pour le médecin
larié, les questions centrées sur le travail, à s’assurer de du travail, s’il ne peut apporter un éclairage explicatif à
leur compréhension, à repréciser voire à décrypter les ré- ses présentations chiffrées. Ainsi, il ne suffit pas de dire
ponses. Les surprises, les discordances avec ce que le mé- qu’un nombre important de salariés sont perturbés par
decin pouvait penser, et les enrichissements nés de la des interruptions fréquentes de leur activité si cet état
discussion avec le salarié peuvent amener à porter un re- de fait ne peut être rapporté au contexte de réalisation
gard différent sur une situation de travail que le médecin du travail comme, par exemple, qu’un objectif quantita-
croyait bien connaître. Ainsi, cet outil peut aussi faciliter tif de production est imposé sans indication claire sur
l’échange avec certains salariés qui s’expriment peu habi- les moyens pour y parvenir, ou que des tâches simulta-
tuellement ; on entend peut-être ainsi mieux les silen- nées sont prescrites alors qu’elles sont perçues par les
cieux, les discrets qui n’osent pas ou ne savent pas dire ce salariés comme contradictoires. Cette connaissance
qu’ils vivent ou ce qu’ils ressentent au travail [12]. fine est indispensable pour argumenter une démarche
Le médecin du travail peut aussi se saisir du ques- de prévention.
tionnaire comme une occasion de rediscuter des expo-
sitions professionnelles, et peut-être de faire une
information sur certaines expositions mal connues ou
banalisées par le salarié, leurs répercussions possibles
sur la santé et les moyens de prévention. À l’inverse, le
Dispositif original
signalement d’un risque par le salarié peut parfois per-
mettre au médecin de découvrir un aspect de l’activité Même si la représentativité de l’échantillon et la
qu’il ne connaissait pas. Si une exposition est notée par mise en place du suivi longitudinal doivent être inter-
le salarié, c’est qu’elle représente une gêne pour lui ou rogées, le dispositif présente cependant de nombreux
qu’elle l’interroge sur sa situation de travail. Elle est atouts : dispositif « léger », généraliste et exploratoire à
d’autant plus importante à explorer. la fois du travail et de la santé, il peut permettre de for-
Sur le volet santé du questionnaire, la notion de muler des hypothèses à partir d’informations qui n’exis-
« gêne dans le travail » peut aussi servir à discuter des ca- tent pas par ailleurs. Il présente également la
ractéristiques de l’organisation du travail qui mettent particularité de proposer un suivi durable des évolu-
en difficulté les salariés ayant des troubles de santé. tions du travail et de la santé, comme outil de compré-
Cette question permet de mieux appréhender l’impact hension des liens santé – travail, sans déterminer à
des problèmes de santé sur le travail (ou l’inverse) et l’avance le sens de ces relations [10].
d’anticiper les éventuelles difficultés à venir. Le dispositif EVREST se distingue des enquêtes
Au-delà de l’interrogation systématique des salariés « classiques » en santé au travail par :
nés en octobre des années paires, le médecin peut éga- - son mode de création,
lement s’investir dans un usage spécifique du dispositif, - l’évaluation de la santé par les salariés eux-mêmes,
notamment à l’échelle d’une entreprise. L’intérêt d’un - la combinaison avec l’approche qualitative des mé- Documents
pour le Médecin
tel investissement est essentiellement lié au contexte decins, du Travail
N° 126
spécifique de l’entreprise, à la place qu’y occupe le mé- - un ancrage régional et un travail en réseau. 2e trimestre 2011
217
PAR SON MODE DE CRÉATION ristiques du travail et de son organisation (contraintes
temporelles, entraide, marges de manœuvre…).
Interroger le salarié sur ses plaintes et sur la « gêne
La création de ce dispositif émane des réflexions dans le travail » en lien avec sa santé est également in-
d’un groupe de médecins du travail associé à des cher- téressant dans une perspective longitudinale, dans la
cheurs, ayant l’expérience à la fois de la pratique médi- mesure où les plaintes et/ou les gênes dans le travail
cale et de l’approche épidémiologique dans le domaine peuvent être des signes précurseurs d’une dégradation
de la santé au travail. Début 2009, un groupement d’in- ultérieure de la santé en relation avec le travail et d’une
térêt scientifique (GIS) a été constitué associant plu- éventuelle désinsertion professionnelle [11].
sieurs organismes s’intéressant à l’amélioration des
conditions de travail et à la santé au travail (Agence na-
tionale pour l’amélioration des conditions de travail -
PAR LA COMBINAISON AVEC L’APPROCHE
ANACT -, Agence nationale de sécurité sanitaire de QUALITATIVE DES MÉDECINS
l'alimentation, de l'environnement et du travail -
ANSES -, Centre interservices de santé et de médecine
du travail en entreprises - CISME -, Centre d’études de L’utilisation du questionnaire suppose de ne pas s’en
l’emploi (au titre du programme du GIS CREAPT) - tenir aux résultats du questionnaire. C’est dans la com-
CEE -, European Aeronautic Defence and Space company binaison avec l’approche qualitative des médecins que
- EADS -, Institut de santé au travail du Nord de la cet outil prend son sens, aussi bien au niveau individuel
France - ISTNF -, Université Lille 2 de Droit et Santé). qu’au niveau collectif puisqu’il incite à retourner vers
La création de ce GIS permet une meilleure lisibilité l’expérience clinique des médecins du travail. La briè-
du dispositif et en assure les financements ; un Conseil veté du questionnaire laisse du temps pour s’attarder
scientifique apporte son éclairage et un appui dans les sur des réponses apparaissant surprenantes pour le mé-
réflexions. decin et pour rechercher une explication « qualitative »
éclairant ce qu’il « mesure ». Cette situation n’est pas
exceptionnelle et le médecin du travail peut s’en saisir
pour enrichir sa compréhension des enjeux de santé au
PAR L’ÉVALUATION DE LA SANTÉ
DES SALARIÉS PAR EUX-MÊMES
travail et, par là, ses interventions, processus que ne
permettrait pas un recueil par un enquêteur extérieur.
Au niveau individuel, l’approfondissement avec les sa-
EVREST s’intéresse à la santé telle qu’elle est perçue lariés de certaines de leurs réponses permet de mieux
par les salariés, et privilégie une entrée par les troubles comprendre leur travail et la façon dont ils le vivent, et
(fatigue, troubles du sommeil, douleurs articulaires, de les aider ainsi à faire le lien avec les problèmes de
etc.). santé éventuellement évoqués. Au niveau collectif, lors
Investiguer des pathologies nécessite de faire réfé- de la présentation de résultats dans une entreprise ou
rence à un cadre nosologique précis et à un recueil d’in- un secteur d’activité, ce sont les explications apportées
formation souvent complexe (utilisation de par les salariés, associées à la connaissance du contexte
questionnaires validés, examen clinique standardisé…), de l’entreprise, des situations de travail et de leur évo-
ce qui n’était pas souhaité dans le cadre de ce dispositif lution, qui permettront d’expliquer, de « traduire » les
qui se veut suffisamment léger pour pouvoir s’intégrer à chiffres, afin de favoriser la compréhension des indica-
une pratique quotidienne. teurs présentés et de nourrir le débat sur le travail. Seul
De plus, nombre de pathologies avérées (et notam- ce travail d’association du quantitatif et du qualitatif
ment celles liées au travail) conduisent à l’exclusion de sera à même de fournir des pistes de réflexion pour
l’emploi, tandis que les troubles de santé relevant de améliorer les conditions de travail, ce que ne peuvent
l’infra pathologique peuvent, sous certaines conditions, guère apporter des chiffres bruts.
être compatibles avec un maintien de l’activité profes-
sionnelle. Par ailleurs, s’intéresser à des signes précoces
est pertinent pour alimenter une réflexion sur la pré-
PAR UN ANCRAGE RÉGIONAL
vention, notamment dans des contextes particuliers ET UN TRAVAIL EN RÉSEAU
d’entreprises ou de branches d’activité.
Il est apparu qu’il ne suffisait pas de s’intéresser à
l’état de santé (même perçu par le salarié) pour en dé- Il existe un ancrage régional fort de ce dispositif. En
duire les difficultés qu’il peut générer dans la réalisation effet, celui-ci ne fonctionne qu’avec des médecins réfé-
Documents
pour le Médecin
de l’activité de travail. C’est pourquoi a été introduite rents régionaux qui permettent à l’ensemble des méde-
du Travail la notion de gêne dans le travail, qui renvoie à la fois à cins de la région de participer. Cette structuration se
N° 126
2e trimestre 2011 des caractéristiques de santé mais aussi à des caracté- retrouve aussi dans l’organisation informatique de la
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base de données, qui permet de gérer les accès aux médecins du travail pour leurs exploitations statistiques
bases régionales de façon séparée. Cette approche of- particulières (en entreprise). Ces référents statistiques
fre une certaine autonomie aux régions pour exploiter se réunissent, eux aussi, deux fois par an, afin de déve-
leurs propres données. lopper une culture commune (culture sur les liens en-
Grâce à l’engagement des médecins dans le recueil de tre santé et travail et sur le dispositif EVREST) et
données pour chaque salarié né en octobre des années d’échanger sur leurs expériences de terrain.
paires (qui permet de constituer une base nationale), cha-
cun d’eux a ensuite la possibilité de se référer à des résul-
tats descriptifs par métier ou secteur d’activité (au niveau
national ou régional) permettant de situer l’entreprise ou
la branche d’activité dans un cadre plus global.
Conclusion
Le travail en réseau permet aux médecins référents
régionaux de se retrouver deux fois par an avec l’équipe En mettant en évidence au niveau collectif, par des
projet, afin d’échanger sur les éléments facilitateurs et indicateurs, des informations qui restaient le plus sou-
les difficultés rencontrées dans les différentes régions et vent uniquement perçues dans le cadre de la consulta-
d’engager des réflexions sur l’usage des dispositifs quan- tion individuelle, le médecin du travail apporte des
titatifs en santé au travail. Des informations sont par ail- éléments supplémentaires pour mettre en débat des
leurs échangées dans l’intervalle séparant ces réunions, questions de santé au travail, et contribuer ainsi à des
entre l’équipe projet et les médecins référents régio- transformations au niveau d’une entreprise ou d’une
naux, notamment sous forme d’une « lettre mensuelle ». branche professionnelle.
Le réseau, dans certaines régions, s’est ouvert à une Des médecins, peu à l’aise avec l’approche quantita-
collaboration avec d’autres partenaires institutionnels : tive, trouvent dans EVREST un outil relativement fa-
les Observatoires régionaux de santé (ORS), les Direc- cile à utiliser, rendant visible leur activité, mais aussi, et
tions régionales des entreprises, de la consommation, peut-être surtout, un réseau de médecins du travail,
de la concurrence, du travail, de l'emploi (DI- dans leur service, dans leur région, avec lesquels ils
RECCTE)… Par ailleurs, des médecins volontaires pourront échanger sur leur pratique du dispositif et
peuvent s’associer pour un travail en commun sur des être accompagnés si nécessaire.
thématiques de leur choix (travaux réalisés par des ré-
seaux de médecins du travail sur un secteur d’activité
tel que les aides à domicile ou les ripeurs…). Remerciements aux contributeurs du projet : les
D’autres formes de réseaux se sont constitués, par autres membres de l’Équipe projet nationale EVREST
exemple sous forme de rencontres permettant à des mé- [C. Archambault (EADS, La Courneuve), L. Boitel,
decins utilisant EVREST dans le cadre d’entreprises F. Jabot (ALSMT, Nancy), F. Jacquet (CISME, Paris),
d’échanger sur les modalités de présentation des résultats, C. Mardon (CEE-CREAPT, Noisy-le-Grand), M. Murcia
et la façon d’y intégrer leurs connaissances qualitatives. (APST Centre, Tours), J.L. Pommier (Direccte Poitou-
Enfin, des référents statistiques sont peu à peu im- Charentes), P. Rumèbe (SIMT 77, Meaux), S. Volkoff
pliqués dans les traitements de données au niveau ré- (CEE-CREAPT, Noisy-le-Grand)], ainsi que l’ensem-
gional. Si besoin, ils apportent leur concours aux ble des médecins référents régionaux EVREST.

Points à retenir
EVREST est un observatoire qui fournit, dans la durée, des données
concernant la perception qu’ont les salariés de leurs conditions de
travail et de leur santé.
Le dispositif est basé sur un questionnaire intentionnellement
court, proche de la conduite habituelle d’un entretien santé-travail,
rempli conjointement par les salariés et leur médecin du travail.
Le questionnaire EVREST ne prend son sens qu’en lien avec l’ap-
proche clinique du médecin du travail, que ce soit au niveau indivi-
duel ou collectif.
Par la mise en place de réseaux de médecins utilisateurs, EVREST
facilite la mise en débat des liens santé - travail à l’échelle des entre- Documents
prises, de secteurs d’activité, de métiers… pour le Médecin
du Travail
N° 126
2e trimestre 2011
B i b l i og ra p h i e e t a n n e xe p a ge s s u i v a n t e s  219
Bibliographie

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de travail. 2ème édition. Collection Repères et les chiffres de la santé au travail : res- quantitatif en santé au travail dans une entre-
301. Paris : Éditions La Découverte ; 2007 : sources, tensions et pièges. Collection Le prise. Intérêts, limites et obstacles d'une
121 p. travail en débats, série Entreprise, travail, démarche d'objectivation des liens entre
[2] VOLKOFF S - L’intensité du travail « dis- emploi. Collection Travail et activité santé et travail. Mémoire Master
perse » les problèmes de santé. In: DE TERSSAC humaine. Toulouse : Octarès Éditions ; Organisation, Ressources Humaines,
G, SAINT-MARTIN C ET THÉBAULT C (Éds) - La 2005 : 244 p. Communication et Emploi. Université de
précarité : une relation entre travail, organisa- [6] ARCHAMBAULT C, DOPPLER F, Marne-la-Vallée, 2006
tion et santé. Collection Le travail en débats. TESSOULIN-STOCKER C, BEAUGRAND M ET AL. - (http://evrest.istnf.fr/_admin/Repertoire/fckedi-
Série Maison des Sciences de l'Homme et de Observatoire EVREST, outil de veille et de tor/file/Docs_PDF/MemoireMasterMGilles.pdf).
la Société de Toulouse. 6.Toulouse : Octarès suivi de la santé des salariés au travail dans le [10] COUTROT T, ROUXEL C, BAHU M,
Éditions ; 2008 : 29-40, 226 p. secteur aéronautique. Arch Mal Prof. 2006 ; HERBET JB ET AL. - Parcours professionnels et
[3] COUTROT T, MOLINIÉ AF - Des grandes 67 (2) : 333-34. état de santé. Prem Inf. Prem Synth. 2010 ; 001 :
enquêtes vers les indicateurs de santé en [7] LEROYER A, MOLINIÉ AF, BUISSET C, 1-10.
entreprise : les « grandes enquêtes » en ARCHAMBAULT C ET AL. - Mise en place d’un [11] SAUREL-CUBIZOLLES M-J, BARDOT F,
santé-travail et les médecins du travail. Arch observatoire par questionnaire en Santé au BERNERON B, FROMET M ET AL. - État de santé
Mal Prof. 2006 ; 67 (2) : 323-27. Travail : le dispositif EVREST. Santé Publique. perçu et perte d’emploi. In:Travail, santé, vieil-
[4] VOLKOFF S, MOLINIÉ AF - Quantifier 2008 ; 20 (HS) : 49-56. lissement. Relations et évolutions. Colloque.
sans broyer ? Les statistiques en santé au tra- [8] Indicateurs provisoires de facteurs de Paris, 18-19 novembre 1999. Collection
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Clot Y, Lhuilier D (Éds) - Travail et santé. DARES/DREES. Ministère du Travail, de 2001 : 53-66, 244 p.
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88, 254 p. 2.pdf). 239 p.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site Internet d’information :


http://EVREST.istnf.fr

Par ailleurs, le questionnaire EVREST fera l’objet d’une fiche « Risques


psychosociaux : outils d’évaluation » publiée dans un prochain numéro de la revue.

Documents
pour le Médecin
du Travail
N° 126
2e trimestre 2011
220
EVREST 2011
Date du jour : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Nom du médecin_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ SST _ _ _ _ _ _ _ _ _ Saisie 

À NOTER : il est possible de saisir dans la même base de données, en plus des informations recueillies par le questionnaire EVREST, 10 informations
complémentaires, laissées à l’appréciation de chaque médecin du travail dans le cadre d’une utilisation d’EVREST dans une entreprise ou un secteur
d’activité

Nom _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Prénom _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sexe : F  M 

Date naissance __/__/____ Dép. naissance _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Salarié _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ PCS-ESE _ _ _ _ _ _ _ _

Entreprise _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ NAF2008 _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Nb salariés _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Atelier (facultatif) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Champ libre (facultatif) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

CONDITIONS DE TRAVAIL ______________________________________________


1  Depuis 1 an, avez-vous changé de travail ? Oui1  Non0 
Si oui, était-ce pour raison médicale ? Oui1  Non0 

2  Travaillez-vous à temps plein ? Oui1  Non0 

3  Habituellement, travaillez-vous en journée normale ? Oui1  Non0 


Avez-vous régulièrement :
- Des coupures de plus de 2 heures Oui1  Non0 
- Des horaires décalés (tôt le matin, tard le soir) Oui1  Non0 
- Des horaires irréguliers ou alternés Oui1  Non0 
- Du travail de nuit (entre 0 h et 5 h) Oui1  Non0 
Faîtes-vous régulièrement des déplacements professionnels
de plus de 24 h ? Oui1  Non0 

4  Contrainte de temps
a) En raison de la charge de travail, vous arrive-t-il de :
Jamais0 Rarement1 Assez souvent2 Très souvent3
- Dépasser vos horaires normaux    
- Sauter ou écourter un repas,
ne pas prendre de pause    
- Traiter trop vite une opération
qui demanderait davantage de soin    
b) Pouvez-vous coter les difficultés liées à la pression temporelle (devoir se dépêcher, faire tout très vite…)

Pas difficile 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Très difficile (Entourer un chiffre)

c) Devez-vous fréquemment abandonner une tâche


que vous êtes en train de faire pour une autre non prévue ? Oui1  Non0 
Si oui, diriez-vous que cette interruption d’activité :
Documents
- perturbe votre travail Oui1  Non0  pour le Médecin
du Travail
- est un aspect positif de votre travail Oui1  Non0  N° 126
2e trimestre 2011
 221
5  Appréciations sur le travail
Diriez-vous que votre travail présente les caractéristiques suivantes ?
Non, Plutôt Plutôt Oui,
pas du tout0 non1 oui2 tout à fait3
- Il vous permet d’apprendre des choses    
- Il est varié    
- Vous pouvez choisir vous-même la façon de procéder    
- Vous avez des possibilités suffisantes d’entraide, de coopération    
- Vous avez les moyens de faire un travail de bonne qualité    
- Vous avez le sentiment que, dans l’ensemble, votre travail est
reconnu par votre entourage professionnel    
- Vous devez faire des choses que vous désapprouvez    
- Vous travaillez avec la peur de perdre votre emploi    

6  Charge physique du poste de travail


Votre poste de travail présente-t-il les caractéristiques suivantes ?
Non Oui Oui Si oui, est-ce difficile
jamais0 parfois1 souvent2 ou pénible ?
- Postures contraignantes    Oui1  Non0 
- Effort, port de charges lourdes    Oui1  Non0 
- Gestes répétitifs    Oui1  Non0 
- Importants déplacements à pied    Oui1  Non0 
- Station debout prolongée    Oui1  Non0 

7  Êtes-vous exposé à :
Oui1 Non0 Oui1 Non0 Oui1 Non0
- Produits
chimiques   - Bruit > 80 dB   - Intempéries  
- Poussières, - Pression
fumées   - Contrainte visuelle   psychologique  
- Rayonnements - Conduite routière
ionisants   prolongée   - Agent biologique  

- Vibrations   - Chaleur intense   - Contact avec le


public (usagers,
patients, clients,  
- Gêne sonore   - Froid intense   élèves…)

- Autres : __________________________________________________________________  

FORMATION ___________________________________________________________________

1  Depuis 1 an, avez-vous eu une formation ? Oui1  Non0 


Si oui, était-ce : - en rapport avec votre travail actuel Oui1  Non0 
- en rapport avec un futur poste Oui1  Non0 
- une formation d’intérêt général Oui1  Non0 
2  Depuis 1 an, avez-vous eu un rôle de formateur, de tuteur ? Oui1  Non0 

MODE DE VIE __________________________________________________________________

1  Faites-vous de façon régulière (au moins 1 fois/semaine)


une activité sportive : Oui1  Non0 

2  Consommation usuelle :
- Tabac 0 Non fumeur 1 Ancien fumeur 2 Moins de 5 cig 3 5 à 15 cig. 4 > 15 cig.
Documents - Café 0 Pas de café 1 1 à 4 tasses 2 Plus de 4 tasses
pour le Médecin
du Travail
N° 126 3  Avez-vous des trajets domicile/travail longs ou pénibles ? Oui1  Non0 
2e trimestre 2011
222
ÉTAT DE SANTÉ ACTUEL (à remplir par le médecin ou l’infirmière) _______________________

Dernier entretien systématique (ou d’embauche) il y a : année(s) (0 si jamais d’entretien ou entretien < 1 an)

Poids : _ _ _ kg Plaintes ou Est-ce une gêne Traitement (Colonne libre,


Taille : _ _ _ cm signes cliniques dans le travail ? ou autre soin facultatif)
Cardio respiratoire
RAS  - appareil respiratoire Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
RAS  - appareil cardio- Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
vasculaire
RAS  - HTA Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 

Neuro-psychique
RAS  - fatigue, lassitude Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
RAS  - anxiété, nervosité, Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
irritabilité
RAS  - troubles du sommeil Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 

RAS  Digestif Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 

Ostéo-articulaire
RAS  - épaule Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
RAS  - coude Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
RAS  - poignet / main Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
RAS  - membres inférieurs
Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
RAS  - vertèbres cervicales
Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
RAS  - vertèbres
dorso-lombaires Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 

RAS  Dermatologie Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 

Troubles
RAS  Oui1  Non0  Oui1  Non0  Oui1  Non0 
de l’audition

QUESTIONNAIRE COMPLÉMENTAIRE AU QUESTIONNAIRE EVREST (facultatif)


Pour utiliser ces champs libres :
- poser les questions que vous avez établies impérativement APRES avoir rempli, avec le salarié, le questionnaire Evrest dans
son intégralité (poser les questions au début ou au milieu du questionnaire est susceptible d’en modifier les réponses
- prévoir dès le départ le codage que vous allez utiliser (et le noter soigneusement), personne ne pourra vous dire à quoi
correspondront les données saisies dans cette partie du questionnaire
(Q1) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q2) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q3) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q4) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q5) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q6) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q7) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q8) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I

(Q9) _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
__________________________________________________________________________________ I _ I _ I
Documents
(Q10)_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ pour le Médecin
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