Document Guide GMS ME VF
Document Guide GMS ME VF
Document Guide GMS ME VF
Décembre, 2020
Page 1 sur 47
SOMMAIRE
SOMMAIRE .................................................................................................................................................. 2
SIGLES ET ABBREVIATIONS .......................................................................................................................... 3
AVANT-PROPOS ...........................................................................................................................................6
INTRODUCTION ........................................................................................................................................... 7
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION ...............................................................................................................8
II. OBJECTIFS .........................................................................................................................................9
III. DEFINITIONS OPERATIONNELLES ..................................................................................................... 9
IV. ETAT DES LIEUX .............................................................................................................................. 11
IV.1. Ampleur des phénomènes ............................................................................................................................11
4.1.1. Cas de grossesses en milieu scolaire ........................................................................................................11
4.1.2. Cas de mariage d’enfants en milieu scolaire ............................................................................................. 13
IV.2. Dispositif institutionnel ................................................................................................................................. 16
IV.2.1. Les structures de l’Etat ............................................................................................................................. 16
IV.2.2. Les partenaires au développement .......................................................................................................... 19
IV.3. Dispositif juridique ........................................................................................................................................ 20
IV.3.1. Les instruments juridiques internationaux et régionaux ........................................................................... 20
IV.3. 2. Les instruments juridiques nationaux ...................................................................................................... 22
V. MECANISMES DE PREVENTION DE LA SEXUALITE PRECOCE ET DE GESTION DES CAS DE GROSSESSES
ET DE MARIAGES D’ENFANTS EN MILIEU SCOLAIRE ..................................................................................25
V.1. Les mécanismes de prévention des cas de grossesses et mariages d’enfants en milieu scolaire ......25
V.1.1. Les conditions d’intervention en milieu scolaire ........................................................................................ 25
V.1.2. Les directives/normes de délivrance des messages et approches relatives aux grossesses et mariage
d’enfants en milieu scolaire .................................................................................................................................. 25
V.1.3. Les thèmes d’intervention ..........................................................................................................................25
V.1.4. Les messages de sensibilisation en milieu scolaire .................................................................................. 26
V.1.5. L’offre de service des méthodes contraceptives au sein des établissements d’enseignement primaire,
post primaire et secondaire publics et privés au profit des élèves, du corps professoral et de l’administration est
interdite dans les conditions suivantes .................................................................................................................28
V.1.6. Les acteurs de mise en œuvre et leur rôle ................................................................................................ 28
V.2. Les mécanismes de gestion des cas de grossesses et mariages d’enfants en milieu scolaire ........... 29
V.2.1. Le signalement ...........................................................................................................................................29
V.2. 2. L’orientation des cas de grossesses/mariage d’enfants en milieu scolaire ............................................. 31
CONCLUSION .............................................................................................................................................40
BIBLIOGRAPHIE ..........................................................................................................................................41
ANNEXES ................................................................................................................................................... 42
Page 2 sur 47
SIGLES ET ABBREVIATIONS
Filles et du Genre
Page 3 sur 47
G/ME : Grossesses et mariages d’enfants
ME : Mariages d’Enfants
MS : Ministère de la Santé
Page 4 sur 47
RPE : Réseau de Protection de l’Enfant
Page 5 sur 47
AVANT-PROPOS
Ce document est un référentiel pour toute action de prévention et de gestion des phénomènes
de grossesses et de mariages d’enfants en milieu scolaire.
Ce document validé par les acteurs de l’éducation, a une portée générale pour tout acteur
désirant désormais intervenir en milieu scolaire pour contribuer à la réduction de ces
phénomènes. Pour ce faire, les services techniques centraux et déconcentrés de mon
département, ont l’obligation de le mettre à la disposition de tous les acteurs susceptibles
d’intervenir en milieu scolaire en matière de lutte contre la sexualité précoce, grossesses et
mariage d’enfant en milieu scolaire et d’en assurer le suivi.
A ce titre, j’invite les différents acteurs à s’en approprier à toute fin utile.
Page 6 sur 47
Officier de l’Ordre des Palmes Académique
INTRODUCTION
Bien que des acquis remarquables soient engrangés sur le terrain, le système actuel
d’intervention a besoin d’être coordonné pour plus d’efficience et de synergie et pour
permettre à terme un passage à l’échelle. C’est ce qui justifie l’élaboration du présent guide
d’orientation et d’harmonisation des actions de prévention de la sexualité précoce et de
gestion des grossesses et mariages d’enfants en milieu scolaire qui a connu la participation
des structures concernées.
Page 7 sur 47
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Ces dernières années, le constat de l’ampleur des grossesses précoces/non désirées fait
l’unanimité au sein des différents acteurs de la communauté éducative.
Ces constats empiriques ont été confirmés par les données collectées par le Ministère de
l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales
(MENAPLN) à travers la Direction des Etudes et des Statistiques sectorielles (DGESS). En
effet, selon l’annuaire statistique, en 2017/2018 le nombre de cas de grossesse au post-
primaire et secondaire était de 7 565. Il a évolué de 7,3% par rapport à 2016/2017(7 050).
Entre les années scolaires 2015/2016 et 2016/2017, le nombre de cas de grossesses a évolué
de 31,8% (respectivement 5351 et 7050). Au niveau du primaire 696 cas de grossesses ont
été inventoriés. Les filles de 15 à 18 ans sont les plus touchées avec (51,2%) en 2018 mais en
baisse par rapport à 2017(58, 35%). Cependant, le taux de grossesses au sein de la
population scolarisée des filles des plus de 18 ans est en nette progression atteignant 45,3%
en 2018 contre 35% en 2017 parmi les cas recensés.
Pour ce qui concerne le mariage d’enfants, les annuaires statistiques du secteur de l’Action
sociale de 2010 à 2014 indiquent que 2384 cas de mariage d’enfants ont été enregistrés et
pris en charge par les services sociaux au cours de ces cinq années. La majorité des victimes
sont en situation d’obligation scolaire c’est-à-dire qu’elles ont un âge compris entre 7 et 16 ans.
Selon les données partielles collectées par le MENAPLN à travers la DPEIEFG, 361 cas de
ME ont été recensés au primaire (entre 2005 et 2008). Entre 2013 et 2017, 414 cas ont été
recensés dont 161 cas au primaire, 251 au post primaire et 02 au secondaire.
La collecte des données sur les cas de grossesses et mariage d’enfants en milieu scolaire est
annuelle et est depuis 2017 dévolue à la DGESS/MENAPLN. Pour les responsables
d’établissement, l’identification des victimes constitue le problème majeur. Aussi, les écoles ne
disposent pas de mécanismes clairs pour la prévention et la gestion desdits phénomènes. A
cela s’ajoute, la faible synergie d’action des structures concernées à savoir le Ministère de
l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales
(MENAPLN), le Ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action
Page 8 sur 47
humanitaire (MFSNFAH), le Ministère de la Santé (MS), le Ministère de la sécurité (Msecu) et
le Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion Sociale
(MATDC), les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) et les ONG/Associations, dans le
mécanisme de collecte. Ce qui ne permet pas d’obtenir des statistiques exhaustives et de
cerner tous les contours de la problématique surtout dans son volet gestion.
Il permettra également d’identifier et d’analyser les mesures les plus appropriées pour prévenir
la sexualité précoce et gérer les cas de grossesses et de mariage d’enfants en milieu scolaire.
OBJECTIFS
OBJECTIF GENERAL :
Ce document a pour objectif général d’harmoniser les interventions des acteurs dans la
prévention de la sexualité précoce et la gestion des cas de grossesses et de mariage
d’enfants en milieu scolaire.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
DEFINITIONS OPERATIONNELLES
Sexualité : Ensemble des phénomènes sexuels ou liés au sexe, que l'on peut observer dans
le monde vivant.
Page 9 sur 47
Ensemble des diverses modalités de la satisfaction sexuelle.
Santé sexuelle : selon l’OMS c’est un état complet de bien-être physique, mental et social
dans le domaine de la sexualité.
Dans le langage courant, le terme « santé sexuelle et reproductive » est utilisé pour désigner
la santé sexuelle et la santé de la reproduction. Elle fait référence d'une manière générale à la
santé dans le domaine de la sexualité et en particulier à la santé dans le domaine de la
reproduction.
Grossesse : état d’une personne enceinte, ce qui est la conséquence normale de rapports
sexuels non protégés dans une période favorable.
Grossesse précoce : elle est dite précoce si la grossesse est le fruit d’un rapport sexuel
précoce, qui intervient avant l’âge de 18 ans, dans le contexte du Burkina Faso.
Grossesse non désirée : une grossesse non désirée est une grossesse non voulue, qui est
le résultat d'un rapport sexuel non ou mal protégé. La grossesse non désirée désigne la
grossesse « accidentelle » due à l’absence ou la défaillance d’une méthode contraceptive ou à
d’autres facteurs indépendants de la volonté d’un individu.
Mariage : selon l’article 531-1 du Code Pénal 2018, le mariage s’entend de toute forme
d’union entre un homme et une femme célébrée par un officier d’état civil ou célébrée selon
les règles coutumières ou religieuses.
Enfant : Selon la Convention relative aux droits de l’Enfant et la Charte Africaine des Droits et
du Bien-être de l’Enfant, l’enfant est un être humain âgé de moins de 18 ans.
Page 10 sur 47
Mariage d’enfants : Au sens du présent document, le mariage d’enfants est défini comme
toute union qui concerne une fille ou un garçon qui n’a pas atteint l’âge de 18 ans.
Rapt : Le rapt est le fait pour une personne d’enlever de force une femme ou une fille en vue
de lui imposer le mariage ou une union sans son consentement (art 513-2 de CP 2018).
Les cas de grossesses en milieu scolaire constituent un phénomène complexe. Si a priori elles
constituent une problématique d’actualité, deux (02) dimensions occupent toutefois une place
centrale : la précocité et la non désirabilité de la grossesse. En effet, selon les estimations de
l’organisation mondiale de la santé (OMS) chaque année, 80 millions de grossesses précoces
et/ou non désirées sont enregistrées. En Afrique, le phénomène de grossesses scolaires est
une réalité préoccupante eu égard aux statistiques disponibles même si celles-ci demeurent
parcellaires. Ainsi selon la revue Afrique éducation, en Afrique du Sud, 15 740 jeunes filles
tombent enceinte chaque année scolaire, dont certaines dès l'école primaire1. En Côte d’Ivoire,
le rapport du ministère de l’éducation nationale de 2016-2017 fait état de 4875 grossesses
enregistrées en milieu scolaire dont 404 (08,29%) au primaire2.
Au Bénin durant la même période scolaire, 2763 grossesses ont été rapportées sur 301 821
filles inscrites soit une proportion de 9,15%3. Quelle est alors la situation des cas de
grossesses dans le milieu éducatif burkinabè ?
D’entrée de jeu, il faut signaler que le phénomène de grossesses en milieu scolaire est aussi
une réalité, dont celles précoces et/ou non désirées. Selon le rapport national 2016 sur l’état
de la population du Ministère de l’économie, des finances et du développement, « Les
grossesses en milieu scolaire deviennent une préoccupation en ce sens qu’elles perturbent le
1
https://www.afriqueeducation.com/education/afrique_du_sud_les_grossesses_scolaires_plombent_la_politique_educativ
e_du_gouvernement
2 République de Côte D’Ivoire, Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation
Professionnelle, « statistiques scolaires de poche 2016-2017», 2017
3 Grossesses en milieu scolaire au Bénin: 2763 cas enregistrés au cours de l’année scolaire 2016-2017, Chimène Atrokpo, 11
septembre 2017, https://lanouvelletribune.info/2017/09/benin-grossesses-milieu-scolaire-2763-cas-enregistres/
Page 11 sur 47
cursus scolaire des filles ». Toujours selon ce rapport, entre 2012 et 2016, 6 401 cas de
grossesses ont été notifiés au Burkina Faso, soit une moyenne de 1600 grossesses par année
scolaire.
Au plan régional, on constate une tendance qui cache des disparités avec la région du Sud-
ouest qui a enregistré le plus grand nombre de cas de grossesses non désirées en milieu
scolaire (22%) au cours de la même période. Suivent les régions de la Boucle du Mouhoun
(17%) et des Cascades (14%). Ces trois régions concentrent plus de la moitié (52%) des cas
de grossesses en milieu scolaire. Les autres régions ont enregistré un taux inférieur à 10%
dont le plus faible a été rapporté au Nord (1%). (confère annexes).
Selon les ordres d’enseignement, le post primaire avec 48,48% des cas enregistrés occupe la
première place. Les statistiques suivantes confortent cette position du post-primaire. En effet,
les cas de grossesses non désirées observés sont plus fréquents en classe de 3ème (16%)
suivies par la classe de 4ème (13,2%). En outre, entre 2012 et 2016, 42% des cas de
grossesses enregistrés concernaient les élèves des classes de 5e, 4e et 3e. Pour la même
période, le secondaire a enregistré 732 cas de grossesse.
En rapport avec l’âge des élèves, l’intervalle d’âge concerné par ces grossesses va de 11 à 26
ans. La tranche d’âge la plus concernée est celle de 15-19 ans (12,25%). Selon la classe
fréquentée, le phénomène des grossesses non désirées a été enregistré du CE2 à la
terminale4.
Les données de l’année scolaire 2016-2017 du ministère de l’éducation nationale sur les
grossesses en milieu scolaire indiquent que sur 7050 cas de grossesses enregistrés au cours
de la période, 4673 (66,28%) sont issues des classes de 5e, 4e et 3e. Cette même source
révèle une augmentation de 31,8% par rapport à l’année scolaire 2015-2016 (5351 cas) 5.
4
Burkina Faso, ministère de l’économie, des finances et du développement, rapport national 2016 sur l’état de la
population « thème : Grossesses non désirées en milieu scolaire : état des lieux et perspectives », 2017
5
DGESS/MENAPLN
Page 12 sur 47
Au Burkina Faso, les causes des grossesses en milieu scolaire sont entre autres la
vulnérabilité économique, l’absence ou la faible éducation sexuelle, la dépravation des mœurs,
l’influence des médias et la mauvaise utilisation des réseaux sociaux.
Le phénomène de grossesses en milieu scolaire entraine des conséquences néfastes sur les
plans sanitaires, psycho-social, scolaires et économiques. A titre illustratif, l’OMS estime que
les 80 millions de cas de grossesses précoces et/ou non désirées enregistrés chaque année
occasionnent 45 millions d’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG), qui ont pour
conséquence 70 000 décès, dont 97% sont enregistrés dans les pays en développement. Au
Burkina Faso, une étude réalisée par l’ISSP en 2012 estime à 25 pour 1000 femmes de 15 à
49 ans le taux de prévalence d’avortement. De même, trois grossesses sur 10 se terminent
soit par une naissance non désirée ou par un avortement provoqué.
Au regard de ces conséquences, des actions de prise en charge mais surtout de prévention
s’avèrent nécessaires.
Le mariage d’enfant défini couramment comme toute forme de mariage dans lequel l’un ou les
deux époux ont moins de 18 ans est une pratique mondiale. Dans le monde, 12 millions de
jeunes filles de moins de 18 ans sont mariées chaque année et 650 millions de filles et de
femmes actuellement en vie ont été mariées alors qu’elles étaient enfant (UNICEF, 2018)6. Ce
phénomène est plus préoccupant en Asie et en Afrique au sud du Sahara. En Afrique
subsaharienne, les zones les plus touchées sont l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Ouest
atteignant respectivement 40% et 49% de cas (Walker, 2012)7. Toujours en Afrique de l’Ouest,
on estime que 15% de filles sont mariées avant 15 ans8.
Toutefois, ces statistiques globales cachent des disparités inter-pays d’une part et régionales
à l’intérieur d’un même pays d’autre part. Au Niger, cité comme le pays ayant le plus fort taux
de mariage d’enfant au monde, 76,3 % des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans étaient
6
https://www.unicef.org/fr/recits/le-mariage-des-enfants-dans-le-monde
7 Early Marriage in Africa – Trends, Harmful Effects and Interventions », Walker (2012).
8 N. Stevanovic Fenn, J. Edmeades, H. Lantos & O. Onovo (2015.) “Child marriage, adolescent pregnancy and family
formation in West and Central Africa. Patterns, trends and drivers of change”. Dakar: Fonds des Nations Unies pour
l’Enfance (UNICEF) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre & International Center for Research on Women (ICRW).
Page 13 sur 47
mariées avant l’âge de 18 ans en 20129. Au Sénégal, 33% des filles sont mariées avant leur
18ème anniversaire dont plus de 8,5% avant 15 ans10.
Au Burkina Faso, selon les différentes enquêtes démographiques et de Santé, en 1993, 64%
des femmes âgées de 25-49 ans avaient déjà contracté une union avant 18 ans. Cette
proportion est passée à 63% en 1998, 59% en 2003 puis à 52% en 201011. Cette prévalence a
par ailleurs été confirmée par l’analyse approfondie des données de l’EDS de 201012.
Au-delà de la forte prévalence observée, on note de fortes disparités entre les différentes
régions administratives du pays. L’âge médian à la première union varie d’un minimum de
16,1 ans pour la région du Sahel à un maximum de 19,4 ans pour la région du Centre. Se
rapportant à la tranche d’âge de 15-17ans, la région du sahel enregistre la plus forte
proportion des filles mariées dont 51,3% en milieu rural, suivie de la région du Sud-Ouest avec
24,7% en milieu rural et celle de l’Est où 23,5% des filles rurales âgées de 15-17 ans étaient
mariées13.
Selon le rapport thématique de l’EMC-MDS 2015, parmi les femmes de 20-24 ans, 51,3 %
étaient en union avant 18 ans et une fille sur 9 enquêtées était en union avant l’âge de
15 ans (8,9%). L’âge médian d’entrée en première union des femmes de 20-24 ans est
estimé à 17 ans. Chez les hommes, cet âge médian à la première union est estimé à 19 ans.
entre 2005-2008, 361 cas de mariage d’enfants ont été recensés au primaire ;
dans la région du Centre 33 cas de mariage d’enfants ont été enregistrés au cours de
l’année scolaire 2015-2016 ;
dans la province du Séno 22 cas de mariages d’enfants ont été enregistrés dans un
établissement scolaire (2015-2016). Les chiffres disponibles sont sous-estimés en
raison des difficultés liées à la collecte des données et à la faible dénonciation des cas.
Les données sur les cas de garçons précocement mariés ne sont pas recueillies, alors que le
phénomène les touche également
9 Institut national de la statistique (2012), Rapport sur les principaux résultats de la quatrième Enquête Démographique et
de Santé et à Indicateurs Multiples (EDSNMICS IV) du Niger.
10 World Vision, Sénégal, « Ensemble, pour un Sénégal sans mariage d’enfants », 2016
11EDS 2010.
12Early Marriage in Africa – Trends, Harmful Effects and Interventions », Walker (2012).
13
EDS 2010
Page 14 sur 47
la persistance des normes et valeurs sociales contraires aux droits de l’enfant ; ;
la pauvreté des ménages ;
le souci de préserver la virginité de la fille et l’honneur de la famille ;
le cadre légal qui permet à une jeune fille d’être mariée à 17 ans (article 238 du Code
des personnes et de la famille).
Ouattara Nanfonhoro, Kam Oleh, Oulahi. T. Roger, « De la zone urbaine à la zone rurale: regard sur les déterminants du
14
phénomène de l’abandon scolaire favorisé par les grossesses précoces scolaires dans les établissements secondaires en
Côte d’Ivoire.», The International Journal of Social Sciences and Humanities Invention Volume 3 issue 10 2016 page no.
2868-2874 ISSN: 2349-2031
15
DGESS/MENAPLN
Page 15 sur 47
d’enfants dont la résultante est l’abandon scolaire (DGESS/MENAPLN). Le maintien des filles
à l’école constitue une stratégie privilégiée de lutte contre le mariage d’enfants et les
grossesses précoces et/ou non désirées. C’est dans cette optique que le Burkina Faso a
adopté des politiques visant à lutter contre le mariage d’enfants et les grossesses précoces
et/ou non désirées en général et particulièrement en milieu scolaire. Ces politiques sont
soutenues par des partenaires techniques et financiers du Burkina Faso pour leur
opérationnalisation.
Il existe une volonté politique du gouvernement à travers ses structures ministérielles qui
interviennent dans la chaine de prévention de la sexualité précoce et de gestion des cas de
grossesses et de mariages d’enfants. Ce sont notamment le :
Page 16 sur 47
La Direction de la Promotion de l’Education Inclusive, de l’Education des Filles et du Genre est
la Direction Technique du MENAPLN en charge des deux thématiques. Elle a pour mission la
mise en œuvre de la politique et des stratégies nationales en matière de promotion de
l’éducation inclusive, de l’Education des filles et du genre. A cet effet, conformément à ses
attributions, elle coordonne les différentes actions en faveur de l’Education Inclusive, de
l’Education des Filles et du Genre. Entre autres missions, elle développe les stratégies
favorisant l’accès, le maintien et la réussite des filles et des enfants en situation de handicap,
marginalisation et de vulnérabilité dans les structures éducatives.
La DGREIP est chargée de l’élaboration et de l’intégration des deux thématiques dans les
curricula du préscolaire, primaire, post-primaire et secondaire.
Il est l’un des principaux acteurs en matière de promotion de l’abandon du mariage d’enfants
et de lutte contre les grossesses en milieu scolaire. Les actions du ministère s’inscrivaient
dans la mise en œuvre de la Politique Nationale Genre (PNG, 2009-2019) et de la Stratégie
nationale de prévention et d’élimination du d’enfants (SNPEME, 2016-2025). Dans le cadre de
la nouvelle Stratégie Nationale Genre (SNG, 2020-2024), une attention particulière est
accordée à la protection sociale des femmes et filles en situation de détresse et aux
conséquences de l’insécurité sur la scolarité des filles dans les régions touchées. Les services
sociaux interviennent dans le domaine de la prévention, de la prise en charge intégrée des
victimes et dans l’amélioration du statut des adolescentes victimes ou à risques.
Afin de capitaliser les différentes actions, de créer une synergie d’actions entre les différents
intervenants et de fédérer les efforts, il est mis en place en 2015 une plateforme
Page 17 sur 47
multisectorielle de prévention et d’élimination du mariage d’enfants au Burkina Faso qui est un
cadre de concertation et de coordination de l’effort national d’abandon de la pratique du
mariage d’enfants.
Il lutte contre les cas de grossesses en milieu scolaire à travers la mise en place des centres
jeunes pour la prévention et la prise en charge des cas. Pour renforcer l’offre des prestations
au profit de cette cible, les agents de santé des autres formations sanitaires sont formés sur le
programme d’orientation des jeunes qui leur permet de répondre de manière efficace aux
problèmes de santé sexuelle et reproductive. Aussi, le ministère fait la promotion des services
de santé médicaux scolaires en y intégrant des activités de SRAJ. Par ailleurs, grâce à l’appui
de l’UNFPA, il suit le phénomène des cas de grossesses en milieu scolaire en collaboration
avec le MENAPLN.
Son rôle est aussi important dans la lutte contre les mariages d’enfants et les cas de
grossesses en milieu scolaire. Il intervient particulièrement dans la répression des auteurs et
des complices.
Page 18 sur 47
Il est souvent en marge de la chaine des acteurs dans la protection de l’enfant.
Son rôle est de garantir aux citoyens, la sécurité et l'exercice des droits et libertés consacrés
par les textes juridiques nationaux et internationaux. Il mène des actions en faveur de la
promotion de l’abandon des mariages d’enfants qui se résument essentiellement à : la
prévention, la conciliation et la répression. Il intervient aussi dans le règlement des litiges
concernant des cas de grossesses litigieuses (filles mineures, problèmes de paternité, etc.).
Les partenaires techniques et financiers intervenant dans la lutte contre les grossesses en
milieu scolaire et le mariage d’enfants sont entre autres :
Ils accompagnent l’Etat et les ONG dans la mise en œuvre des politiques de lutte contre les
grossesses et le mariage d’enfants en milieu scolaire.
Page 19 sur 47
D’autres structures comme Plan International Burkina Faso, Save The Children, Oxfam, SNV,
CRS, Diakonia etc. accompagnent l’Etat dans la mise en œuvre des stratégies de lutte contre
les deux phénomènes.
Leurs contributions sont très importantes, car leurs interventions vont au-delà du cadre
scolaire pour toucher le milieu communautaire.
Une analyse faite en 2018 par le groupe de plaidoyer éducation des partenaires de Diakonia
sur les interventions des partenaires sociaux de l’Etat dans la lutte contre ces phénomènes,
montre entre autres :
la contradiction dans les approches et les messages délivrés et les méthodes utilisées,
l’absence de synergie d’action entre les acteurs intervenant en milieu scolaire et d’outils
homologués pour le renforcement des capacités des jeunes,
l’insuffisance au niveau des compétences (pas d’expertise pour chaque dimension de la
SSR),
le manque d’autorisation formelle pour certaines interventions
Toutes ces insuffisances entrainent des effets non escomptés et empêchent d’avoir des
résultats probants sur le terrain.
Les instruments juridiques relatifs à la lutte contre le mariage d’enfants et les cas de
grossesses en milieu scolaire sont de deux ordres : les instruments juridiques internationaux
et les instruments nationaux.
Ils recommandent aux Etats parties, la prise de mesures appropriées en vue de protéger et
promouvoir les droits humains, notamment ceux des personnes vulnérables que sont les
femmes et les enfants. Au nombre de ces instruments, figurent :
Page 20 sur 47
la Convention sur le consentement au mariage adoptée en 1964: Il ressort de son
article 1 qu’aucun mariage ne pourra être contracté légalement sans le libre
consentement des deux parties devant être exprimé par elles en personne;
la Convention relative aux Droits de l’Enfant adoptée par l’ONU en novembre 1989 et
ratifiée le 23 juillet 1990 par le Burkina Faso. Son article 1 définit l’enfant comme tout
être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de
la législation qui lui est applicable. En son article 3, elle précise que dans toutes les
décisions qui concernent l’enfant, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une
considération primordiale.
Son Article 5 stipule que : « Les Etats parties respectent la responsabilité, le droit et le
devoir qu’ont les parents ou, le cas échéant, les membres de la famille élargie ou de la
communauté, comme prévu par la coutume locale, les tuteurs ou autres personnes
légalement responsables de l’enfant, de donner à celui-ci, d’une manière qui
corresponde au développement de ses capacités, l’orientation et les conseils
appropriés à l’exercice des droits que lui reconnaît la présente Convention ».
Son article 16prévoit que nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales
dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes
illégales à son honneur et à sa réputation. L’enfant a droit à la protection de la loi contre
de telles immixtions ou de telles atteintes.
Le rôle rempli par les médias dans l’éducation de l’enfant est reconnu par l’Article 17:
« Les Etats parties reconnaissent l’importance de la fonction remplie par les médias et
veillent à ce que l’enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de
sources nationales et internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir
son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale ».
la déclaration et le Programme d’Action de Vienne sur les droits de l’homme adoptés en
1993 qui stipulent en son article 18 que : « Les droits fondamentaux des femmes et des
fillettes font inaliénablement, intégralement et indissociablement partie des droits
universels de la personne. »
la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des
femmes (CEDEF), adoptée le 18 novembre 1979 et ratifiée le 28 novembre 1984 par le
Burkina Faso. L’alinéa 2 de l’article 16 stipule que : « les fiançailles et les mariages
d’enfants n’auront pas d’effets juridiques et, toutes les mesures nécessaires, y compris
des dispositions législatives, seront prises afin de fixer un âge minimal pour le
mariage… »;
la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant, adoptée en 1990 et ratifiée le
8 juin 1992 par le Burkina Faso qui stipule en son article 21.2 que : «les mariages
d’enfants et la promesse de jeunes filles et garçons en mariage sont interdits, et des
mesures effectives, y compris des lois, sont prises pour spécifier que l’âge minimal
requis pour le mariage est de 18 ans et pour rendre obligatoire l’enregistrement de tous
les mariages dans un registre officiel» ;
le protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP),
relatif aux droits de la femme en Afrique adopté à Maputo en juillet 2003, et ratifié le19
mai 2005 par le Burkina Faso, qui prévoit en son article 6 :
aucun mariage n’est conclu sans le plein et libre consentement des deux ;
l’âge minimal de mariage pour la fille est de 18 ans ;
Page 21 sur 47
4.4. 2. Les instruments juridiques nationaux
En plus des textes juridiques, le Burkina Faso dispose de document de politiques qui orientent
les actions de lutte contre les grossesses et les mariages d’enfants en milieu scolaire.
Page 23 sur 47
La Stratégie nationale de prévention et d’élimination du mariage d’enfants de 2016 –
2025 : C’est un document programmatique qui oriente et canalise toutes les
interventions du domaine de la promotion de l’abandon du mariage d’enfants au
Burkina Faso. Elle a pour vision de «faire du Burkina Faso, à l’horizon 2025, un pays où
le mariage d’enfants sous toutes ses formes est éliminé » et se fixe comme objectif
principal d’accélérer l’élimination du mariage d’enfants sous toutes ses formes au
Burkina Faso d’ici à 2025.
Le Plan national d’accélération de la Planification familiale (PNAPF) 2017-2020 : Il a été
adopté pour favoriser l’accélération de la transition démographique au Burkina Faso. Un
des objectifs est l’amélioration de la santé et du bien-être de la population en fournissant
une PF axée sur les droits ainsi que des informations et des services de haute qualité.
La Stratégie nationale d’accélération de l’éducation des filles (SNAEF 2012-2021) : Elle
a pour vision de contribuer à la mise en place d’un système éducatif débarrassé de
toutes formes d’inégalités et d’iniquités de genre, assurant aux filles comme aux
garçons les conditions essentielles pour leur accès, leur maintien et leur réussite
scolaires et socioprofessionnelles et a pour objectif général de contribuer à la
réalisation de l’EPT d’ici à 2021 en réduisant les disparités de genre par la création des
conditions favorables à l’accélération de l’éducation des filles en termes d’accès, de
maintien et de réussite dans les trois ordres d’enseignement, y compris l’éducation non
formelle et la formation professionnelle.
La Stratégie nationale de promotion et de protection de la jeune fille au Burkina Faso
(2016-2026) dont la vision est : « une jeune fille jouissant effectivement de ses droits,
autonome et épanouie au plan social, économique et politique, qui participe pleinement
au développement du Burkina Faso » et a pour objectif général de contribuer à
l’épanouissement et à la pleine participation de la jeune fille au développement du
Burkina Faso.
Page 24 sur 47
MECANISMES DE PREVENTION DE LA SEXUALITE PRECOCE ET DE
GESTION DES CAS DE GROSSESSES ET DE MARIAGES D’ENFANTS EN
MILIEU SCOLAIRE
NB : pour ce qui concerne les ministères, les conditions suivantes sont suffisantes :
l’offre de service et l’autorisation d’intervention.
Les thèmes des activités péri et parascolaires organisés à l’intention des élèves des
établissements d’enseignement post primaire et secondaire publics et privés sont choisis à
partir d’un thème général retenu pour l’année scolaire. Il s’agit entre autres de :
Page 25 sur 47
Les violences de genre en milieu scolaire (harcèlement sexuel, proposition de notes
contre les rapports sexuels, les attouchements non désirés des parties intimes des
filles/garçons, le viol, dire non franchement…)
La sexualité précoce (facteurs, causes et conséquences, stratégies de lutte)
Le mariage d’enfant (causes et conséquences, stratégie de lutte)
Le dialogue parent-enfant sur la sexualité (pourquoi, quand et comment parler de
sexualité à son enfant)
La division sexuelle du travail (poids des charges domestiques sur la jeune fille)
La gestion hygiénique des menstrues (description, gestion, perception, fabrication de
serviette)
Les méthodes contraceptives (description, limites, normes légales de distribution et
d’utilisation)
Les infections sexuellement transmissibles (description, causes, conséquences et
solutions)
L’impact des réseaux sociaux sur la sexualité des adolescents et jeunes
L’impact de la consommation des stupéfiants (drogue, alcool, tabac) sur la sexualité
(causes, conséquences et solutions)
Les besoins psycho-affectifs des adolescents et jeunes (fille et garçons) (les
changements liés à l’adolescence, le choix des fréquentations, l’affirmation de soi et
l’autorité parentale)
L’importance de la scolarisation des filles
Les mutilations génitales féminines (causes, conséquences, lutte)
Les compétences de vie courante (connaissance de soi, estime de soi, confiance en soi,
valeurs et leurs influences de notre comportement, la pression des pairs, la pensée
critique, la prise de décision et la résolution des problèmes)
La crise de l’adolescence (description, causes, conséquences et gestion)
La sexualité transactionnelle en milieu scolaire (sexe contre cadeaux)
L’impact de l’habillement sur le comportement sexuel des adolescents et jeunes
L’épineuse question du consentement (comment exprimer le consentement et le non
consentement)
Abstinent(e) et fière
Abstinent (e) pour ne pas gâcher mon avenir
Abstinent(e) par conviction
Abstinent(e) pour ne pas gâcher mon avenir
Aimer c’est attendre la fin de mes études
Celui qui aime ne viole pas
Chaque fille a des qualités qui la rendent exceptionnelle
Chaque fille est unique, importante et son corps vaut plus que des cadeaux ;
Choisis des amis avec qui tu partages les mêmes valeurs, c’est donné une garantie à
ton succès ;
Page 26 sur 47
Coucher avec un garçon contre un cadeau, c’est dévaloriser mon corps
Dire non au cadeau contre sexe
Evitez les rapports sexuels précoces car cela comporte des risques de maladies ;
Evitez les rapports sexuels précoces car cela pourrait compromettre votre avenir
Fuis les situations et occasions de tomber dans la précocité sexuelle
Il n’est jamais tard pour s’abstenir
Il y’a plus d’avantage à s’abstenir
J’ai le droit de dire non au sexe
Je m’abstiens parce que c’est ma vie !
Je m’engage dans la lutte contre les grossesses précoces en milieu scolaire. Et toi ?
Je suis abstinente, respecte mes choix, si tu m’aimes ;
Je suis responsable, je n’accepterai ni argent ni de cadeaux ;
Je suis responsable, je ne donne pas mon numéro
Je suis responsable, je refuse les notes sexuellement attribuées
Je suis vigilante, je suis abstinente
L’abstinence est un moyen d’avoir un avenir radieux ;
L’abstinence est mon mot de passe
L’abstinence évite à 100% les IST ;
L’abstinence permet de se concentrer sur ses études et d’éviter les perturbations liées
au retard du cycle menstruel ;
L’abstinence réduit la pauvreté des élèves (ils ne sont pas obligés d’acheter des
contraceptifs)
L’enseignement de la SSR, gage de la prise de responsabilité des jeunes.
L’homme qui aime une fille ne lui fait pas de fausses promesses. Il se rend chez ses
parents pour leur demander sa main ;
La méthode contraceptive n’est pas pour la jeune fille mais pour la femme mariée.
La promesse de mariage n’est pas une raison suffisante pour avoir des rapports
sexuels avec un homme ;
La sexualité transactionnelle ne permet pas d’atteindre les buts visés dans la vie ;
Le corps n’a pas de prix donc ne peut être échangé
Le corps ne peut pas être échangé contre un cadeau parce qu’il est précieux
Le VIH, les IST, les GND : abstinence ou préservatif !
Le VIH, les IST, les GND, … la solution c’est l’abstinence !!!
Les études avant de se marier ;
Les inconvénients de la sexualité transactionnelle dépassent le gain.
Les rapports sexuels précoces ont des conséquences négatives sur le corps, les
études et la vie
Les rapports sexuels sont faits pour le mariage
Ma priorité, ce sont mes études, pas de sexe
Mon avenir passe avant le sexe
Ne jamais envier la situation de quelqu’un
Non aux cadeaux empoisonnés des hommes
Non, c’est non ! Pas de sexualité précoce
Pour une santé sexuelle et reproductive saine et contre les IST, le VIH et le Sida en
milieu scolaire, je m’engage !
Page 27 sur 47
Pour réussir, l’abstinence est mon mot de passe
Pour réussir, l’abstinence est mon secret
Pour une sexualité responsable, je m’engage
Promouvoir la santé sexuelle et reproductive des jeunes scolaires pour réduire les
grossesses !
Réussir à l’école garantit un meilleur avenir que la sexualité précoce
Réussir à l’école peut permettre d’avoir un meilleur avenir
S’abstenir c’est garder sa dignité et préserver son avenir ;
S’apprécier tel qu’on est
Se marier vierge fait ma fierté et celle de mes parents
Sexy mais pas prête pour le sexe
Stop ! mon corps n’est pas en vente
Une santé sexuelle et reproductive saine contribue au bien-être et à la réussite scolaire !
Une santé sexuelle et reproductive saine pour le bien-être et la réussite scolaire !
Une sexualité responsable contribue à préserver la jeunesse scolaire du VIH, des IST,
du Sida et des grossesses précoces !
Zéro grossesse durant mon cursus scolaire
Mon abstinence est une valeur, j’en suis fière.
La mise en œuvre de cette stratégie requiert la contribution des acteurs concernés à travers
un partenariat dynamique. Les partenaires sont les pouvoirs publics, les collectivités
territoriales, les organisations non-gouvernementales, les associations, les responsables
coutumiers et religieux ainsi que les partenaires techniques et financiers.
Page 28 sur 47
Les collectivités territoriales
Ils ont un rôle d’appui technique et financier dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets
et programmes en lien avec la prévention et la gestion des cas de grossesses et de mariage
d’enfants en milieu scolaire.
Elles diffusent des informations en matière de SSR en faveur des jeunes via notamment les
campagnes médiatiques, les programmes d’éducation par les pairs, les programmes de
promotion de la jeunesse et les structures de santé communautaires. Ces programmes sont
mis en œuvre généralement au sein du système scolaire.
Dans un souci d’harmoniser leurs interventions avec la vision et les objectifs du MENAPLN,
tous les acteurs concernés doivent se référer au présent document dans l’élaboration et la
mise en œuvre de leurs projets et programmes en lien avec les phénomènes de grossesses et
mariage d’enfants en milieu scolaire.
La gestion des cas de G/ME en milieu scolaire passe par le signalement, l’orientation, la
coordination des actions et la collecte des données.
5.4.1. Le signalement
Dans son sens commun le signalement désigne l’action de faire connaitre, en attirant
l’attention afin de dénoncer un fait. En matière de protection de l’enfant, il répond à l’idée
d’intervenir rapidement pour apporter à l’enfant et/ou à sa famille l’aide nécessaire.
Page 29 sur 47
Le signalement est un devoir légal important dans le dispositif de prévention et surtout de prise
en charge des cas de grossesses et de mariage d’enfants (G/ME). Il est donc judicieux que
toute personne qui en a connaissance signale ces cas auprès de l’autorité la plus proche
conformément à l’Article 533-41 du Code pénal 201-025 AN: « Toute personne qui, dans
l’exercice de sa profession ou à toute autre occasion, a connaissance de cas de vente
d’enfants, de prostitution des enfants ou de pornographie enfantine, a l’obligation d’en informer
l’autorité judiciaire ou administrative compétente, sous peine de poursuites judiciaires pour
complicité ».Cette même obligation est consacrée à l’art, 99 de la loi 015-2014 portant
protection de l’enfant en conflit avec la loi et ou en danger.
Les mécanismes de signalement sont des systèmes qui permettent aux victimes/témoins et à
leurs défenseurs de signaler des délits ou des infractions.
Page 30 sur 47
le système de signalement par les référents : il s’agit d’un mécanisme par lequel des
personnes formées pour la circonstance, sont saisies par les victimes ou toute autre
personne ayant connaissance des cas de G/ME. Ces personnes peuvent être des
enseignants ou des encadreurs des clubs Deen kan, des agents de la vie scolaire, des
points focaux, des parents d’élèves, des élèves. Le référent doit être quelqu’un(e) en
qui les élèves ont entièrement confiance.
Les mécanismes de signalement doivent être accessibles à tous les élèves. Ils doivent
tenir compte des obstacles particuliers que les élèves, à besoins spécifiques (élèves
handicapés), peuvent rencontrer dans le processus de signalement de la violence de genre
en milieu scolaire. Les signalements par un référent et par la boîte anonyme doivent être
privilégiés en milieu scolaire.
Les élèves victimes de G/ME en milieu scolaire ont besoin de nombreuses formes de soutien.
Pour cela, un système d’orientation efficace doit être mis en place à travers les réseaux afin
qu’elles bénéficient de l’aide adéquate des services de santé, des services psychosociaux,
des services juridiques et judiciaires. L’orientation vers ces services se fait à l’aide d’une fiche
de référence/liaison qui donne l’identité de la victime et le motif de la référence.
Les référents des établissements doivent connaître les réseaux et les procédures de
signalement et d’orientation disponibles dans leur communauté.
En particulier, tous les référents des établissements doivent connaître les textes qui protègent
les élèves victimes de G/ME en milieu scolaire, de même que les organismes et services
locaux qui interviennent dans la prise en charge.
Page 31 sur 47
Le dispositif de prise en charge est-il approprié ?
Le service d’assistance est-il officiel ?
Dispose-t-il d’un système d’archivage régulier et efficace ?
La structure de prise en charge est-elle crédible ? (Par exemple sa décision a-t-elle une
valeur morale, juridique ?)
Le circuit d’orientation de la gestion des cas de grossesse et de mariage en milieu scolaire est
le suivant :
Lorsqu’un cas de grossesse en milieu scolaire est signalé, le chef d’établissement enregistre
le cas dans les outils de collecte de données mis à sa disposition et en collaboration avec les
parents oriente la victime vers les services sanitaires et sociaux et veille à son maintien à
l’école.
Une fois l’action sociale saisie, il lui appartient de traiter le dossier de la victime selon ses
procédures. Si le recours juridictionnel s’avère nécessaire, le service de l’action social par le
biais de référencement transmet le dossier à la police, la gendarmerie ou à la justice.
Page 32 sur 47
Page 33 sur 47
Le circuit de l’orientation en cas de grossesse et de mariage d’enfants en milieu scolaire
CHEF D’ETABLISSEMENT
-Enregistrement
-Soutien de la victime
-Rapportage du cas
- Orientation
SERVICE DE SANTE SERVICE DE L’ACTION SOCIALE ONG et associations accompagnent l’action sociale
-Enregistrement dans le soutien et l’assistance sociale
-Enregistrement
POLICE/GENDARMERIE/COLLECTIVITES
TERRITORIALES
-Enregistrement
-Enquête-Orientation
JUSTICE
-Enregistrement
-Enquête
-Poursuite Page 34 sur 47
-Jugement
5.5.2.2. Mariage d’enfants en milieu scolaire
Si le mariage est effectif, le chef d’établissement saisit soit les services de l’action sociale, soit
les OPJ.
Page 35 sur 47
CAS DE MARIAGE D’ENFANTS EN
MILIEU SCOLAIRE
Actio
Chef Action Chef d’établissement
déve
d’établissement/ sociale/Partenaires au
- Enregistrement - Enre
Agent de la vie développement
-Référencement à -Prise
scolaire - Enregistrement l’action sociale
-Réfé
-Référencement :
- Enregistrement - Dissuasion genda
police, gendarmerie,
- Dissuasion - Orientation préfecture
- Orientation - Prise en charge - Maintien
- Maintien
Police/Gendarmerie/Collectivit
Police/Gendarmerie/Collectivité - Enregistrement
territoriale
- Engagement de la procédure judiciaire
- Enregistrement
- Dissuasion
Justice :
- Enregistrement
- Enquête
- Poursuite
- Jugement
LEGENDE :
Page 36 sur 47
La coordination entre les parties prenantes
La coordination avec les parties prenantes ne donne pas la prétention de créer une structure
supplémentaire au dispositif institutionnel existant. La mise en œuvre consistera à faire le
plaidoyer auprès des autorités administratives, coutumières et religieuses, afin de saisir les
opportunités locales de rencontres pour des échanges sur des cas de grossesses et de
mariage d’enfants en milieu scolaire.
Au sein du MENAPLN, il y a : la cellule de veille des établissements au sein des clubs Deen
kan, les cadres de concertation ordinaire des structures déconcentrées du MENAPLN et le
mécanisme de collecte des données.
La lutte contre les G/ME en milieu scolaire passe par une synergie d’actions des acteurs
directs concernés par les problématiques. A cet effet, une cellule de veille sera mise en place
au sein des clubs Deen kan des établissements. La cellule de veille est une structure
regroupant les acteurs directs du système éducatif d’un établissement donné. La cellule aura
pour missions de prévenir, de détecter et de signaler au sein de l’établissement tout cas relatif
aux problématiques des G/ME. Les responsables d’établissement, à l’aide de registre
fourniront les informations relatives aux cas enregistrés dans leurs établissements. A l’issue
de cette étape, ils feront une première analyse des tendances et transmettront les données au
chef d’établissement qui exploitera les cadres de coordination extérieurs pour une gestion
judicieuse et adaptée au contexte juridico-social. A cet effet, il pourrait toucher le cadre de
concertation régional, provincial ou communal et/ou le Réseau de protection de l’enfant (RPE)
communal/provincial pour disposition urgente à prendre.
Page 37 sur 47
- Au niveau provincial/régional, il dispose chacun des mêmes cadres de rencontre. Il
s’agit du conseil de direction et de la rencontre hebdomadaire du service de la
Promotion de l’éducation inclusive, de l’éducation des filles et du genre.
Ces cadres de concertation du niveau déconcentré auront pour tâche de consolider les
données collectées et de suivre la gestion des cas relatifs aux grossesses et aux mariages
d’enfants.
Il a été conçu des outils de collecte de données permettant de rapporter les informations
suivant les trois (03) niveaux d’organisation du système éducatif : local, provincial/régional et
central.
Une fiche de collecte de donnée a été élaborée par la Direction de la Promotion de l’Education
Inclusive, de l’Education des Filles et du Genre (DPEIEFG) et mise à la disposition des
établissements. Cette fiche permet l’enregistrement individuel des cas de grossesse et de
mariage d’enfant en milieu scolaire. A la fin du trimestre, un rapport qui fait une première
analyse des tendances est élaboré et transmis au niveau CEB/provincial /régional au plus tard
cinq (05) jours après la fin du trimestre, objet du rapport.
Il sera procédé à une compilation des résultats du niveau local. Cette phase permettra aux
acteurs provinciaux de disposer de la cartographie des zones à risque et de développer des
initiatives pour accompagner les établissements à fort taux de prévalence de grossesses et de
mariage d’enfants. Il dispose d’un délai de 10 jours à compter de la fin du trimestre pour
transmettre les données consolidées au niveau régional.
Il sera procédé à une compilation des résultats du niveau provincial. Les acteurs régionaux
feront une analyse des données afin de définir des interventions dans les établissements à fort
taux de prévalence de grossesses et de mariage d’enfants. Le niveau régional transmettra le
rapport consolidé dans les 15 jours qui suivent la fin du trimestre.
Page 38 sur 47
6.2.4.Le niveau central
Afin de faciliter les actions de prévention et de prise en charge des cas de G/ME, une
passerelle sera créée entre les structures éducatives et les Réseaux de protection de l’enfant
existants dans les communes et les provinces.
Les RPE jouent un rôle important dans la protection de l’enfant au Burkina Faso. Ils sont en
général composés des différents acteurs du système de protection de l’enfant, à savoir les
structures déconcentrées de l’Etat (action sociale, justice, éducation, etc.), les collectivités
territoriales et les organisations de la société civile ainsi que les acteurs communautaires. Ils
mènent plusieurs types d’action sur le terrain :
Page 39 sur 47
- définition et mise en œuvre d’actions de plaidoyers auprès des partenaires et des
personnes ressources des différentes localités,
- sensibilisation des populations sur les thématiques liées à la protection de l’enfant au
moyen de conférences dans les lycées et collèges, de théâtres fora ou de
sensibilisation de masse.
CONCLUSION
L’accès des filles à l’éducation constitue un droit fondamental en vertu duquel l’égalité des
sexes dans l’éducation doit être garantie. Pourtant, le simple fait de garantir l'accès à l'école
n'est pas suffisant pour s'assurer que les filles la fréquenteront effectivement. L'environnement
scolaire dans lequel elles évoluent, plus particulièrement la survenue de grossesses et/ou de
mariage d’enfants, peut être un frein à leur accès, maintien et réussite scolaires.
La lutte contre les grossesses et mariage d’enfants en milieu scolaire nécessitent donc une
mobilisation politique et sociale forte. L’évaluation de ces phénomènes, doit être renforcée,
afin d’intensifier les campagnes de sensibilisation et de plaidoyer, indispensables à tout
changement de comportement. Cette ambition de changement requiert également de prendre
les dispositions pour que l’environnement scolaire garantisse la sécurité de l’enfant.
Ceci implique l’engagement de toutes les parties prenantes à les intégrer dans tout cadre de
dialogue et de concertation pouvant être organisé. Le guide d'harmonisation et de coordination
pour la prévention de la sexualité précoce et la gestion des cas de grossesses et de mariage
d’enfants en milieu scolaire, s’inscrit dans cette dynamique. Il procure aux responsables des
établissements d’enseignement des dispositions qui permettent de sécuriser la fille scolarisée
dans sa volonté de poursuivre sereinement sa scolarité.
A cet effet, les acteurs de l’éducation et leurs partenaires disposent d’un document
d’orientation permettant de prévenir et de gérer les phénomènes de grossesses et de mariage
d’enfants qui inhibent les performances du système éducatif au Burkina Faso.
Page 40 sur 47
BIBLIOGRAPHIE
Page 41 sur 47
ANNEXES
Sahel (04)
7. Yagha Déjà existant Tdh
SCI
8. Oudalan Déjà existant
DRC
Page 42 sur 47
13. Tapoa Déjà existant CCFC
Hauts Bassins
20. Kénédougou Déjà existant SCI
(03)
Page 43 sur 47
ANNEXE 2 : LISTE DES RESEAUX LOCAUX DE PROTECTION DE L’ENFANCE/Niveau
Communes
1.Bilanga GIZ/FE
2.Bogandé GIZ/FE
Gnagna (04)
3.Manni GIZ/FE
4.Pièla GIZ/FE
7. Yamba GIZ/FE
8. Kantcharit GIZ/FE
Tapoa (2)
9. Tansarga GIZ/FE
Page 44 sur 47
15. Ouéssa GIZ/FE
Année scolaire
Régions
2012-2013 2013-2014 2014-2015 2015-2016 TOTAL
Boucle du
218 186 305 347 1056
Mouhoun
Cascades 289 291 193 146 919
Centre 168 84 252
Centre-Est 171 199 142 12 524
Centre-Nord 38 17 26 27 108
Centre-Ouest 112 10 6 452 580
Centre-Sud 16 73 126 - 215
Est 221 44 47 112 424
Page 45 sur 47
Hauts-Bassins 20 38 12 176 246
Nord 7 14 65 - 86
Plateau Central 163 99 83 - 345
Sahel 77 84 14 94 269
Sud-Ouest 403 349 358 267 1 377
2012-2013 1 4 15 63 83
2013-2014 2 10 31 49 92
2014-2015 3 6 4 70 83
2015-2016 2 10 15 12 39
2015-2016 114 254 309 380 1057 115 76 81 272 349 1 678
TOTAL 391 786 808 974 2 959 286 232 214 732 2 413 6 104
16
ND= Non déclaré concerne les cas de grossesses recensés dont la classe n’a pas été précisée.
Page 46 sur 47
ANNEXE 6 : Age médian à la première union par région administrative
Page 47 sur 47