Fiches de TD Réunies

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UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 1
Introduction et classifications

- Les étudiants étudiront les documents qui suivent. Sauf pour le document n° 6 (relatif à
l’interprétation des arrêts), ils devront être capables d’en exposer l’essentiel à l’oral et de les mettre en
perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Cass. 1ère Civ., 10 octobre 1995, n° 93-20300


Document n° 2. Cass. Com., 23 janvier 2007, 06-88259
Document n° 3. Cass. 1ère Civ., 20 juillet 1981, n° 80-12529
Document n° 4. Cass. 1ère Civ., 28 mars 2000, 97-21422
Document n° 5. Cass. 1ère civ., 14 mai 1996, n° 94-15826
Document n° 6. J. Voulet, « L’interprétation des arrêts de la Cour de cassation », JCP G
1970. I. 2305.

Les étudiants trouveront également ces deux décisions : Cass. Req. 23 avril 1877, S. 1878, 1, 399 ;
Cass. 1ère civ., 12 juillet 2006, n° 04-19511. Ces deux arrêts seront lus et étudiés de la même manière
que les décisions précédentes.

Par ailleurs, les étudiants liront, dans l’ouvrage de leur choix relatif à la méthodologie des exercices
juridiques, les développements consacrés au commentaire d’arrêt. Ils feront de même avec les
développements relatifs au cas pratique.

Les plus motivés liront également J.-F. WEBER, « Comprendre un arrêt de la Cour de cassation rendu
en matière civile », disponible sur le site internet de la Cour de cassation :
https://www.courdecassation.fr/toutes-les-actualites/comprendre-une-decision-de-la-cour/comprendre-
un-arret-de-la-cour-de

- Par ailleurs, les étudiants rechercheront et noteront (ou synthétiseront, si la définition trouvée est trop
longue) la définition juridique des termes suivants (si le mot est polysémique et relève de plusieurs
branches du droit, il retiendront la ou les définitions relevant du seul droit des contrats) : acte
juridique, fait juridique, contrat, convention, vente, échange, fiducie, cautionnement, assurance,
entreprise, sous-traitance, assistance (convention d’), mandat, dépôt, séquestre, bail, prêt, transaction,
jeu, pari.

Ils feront la même chose, à partir du cours, avec les termes suivants : contrat unilatéral, contrat
synallagmatique, contrat à titre onéreux, contrat à titre gratuit, contrat consensuel, contrat solennel,
contrat réel, contrat à titre gratuit, contrat à titre onéreux, contrat commutatif, contrat aléatoire, contrat
de gré à gré, contrat d’adhésion, contrat-cadre, contrat à exécution instantanée, contrat à exécution
successive, contrat d’application.

Précision : lors de la séance n° 8, un devoir sur table sera donné aux étudiants pour contrôler leurs
connaissances relativement aux définitions fondamentales du droit des contrats.

- Au regard des différentes classifications du droit des contrats, les étudiants devront qualifier les
opérations suivantes : la donation, la vente, le bail, l’assurance, le prêt d’argent conclu entre
particuliers, le mandat.

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Document n° 1. Cass. 1ère Civ., 10 octobre 1995

Sur le moyen unique pris en ses diverses branches :


Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué (Metz, 7 octobre 1993), que M. X... a gagné la somme de 1
495 777 francs en jouant la bonne combinaison du " Quinté plus " à l'occasion d'une course hippique,
qui s'est déroulée le 8 janvier 1991 à Cagnes-sur-Mer ; que M. d'Onofrio a soutenu que, de concert
avec certains de ses collègues de travail, M. X... avait l'habitude de lui confier le soin de faire valider
auprès du PMU les tickets de " Quinté ", ce qu'il pouvait faire, compte tenu de ses propres horaires de
travail, et qu'il avait été convenu qu'il recevrait 10 % des gains éventuels, que, n'ayant pu faire entrer
le ticket qui lui avait été confié par M. X... pour cette course dans la machine destinée à valider les
coupons de jeu, il avait personnellement refait un nouveau ticket en intervertissant néanmoins les
numéros choisis par M. X..., que cette initiative avait permis à celui-ci de gagner le " Quinté " dans
l'ordre, que M. X..., après la course, l'avait informé qu'il lui ferait parvenir sa quote-part, mais avait
finalement refusé d'exécuter ses engagements ; que M. d'Onofrio a, en conséquence, assigné M. X... en
paiement de la somme de 149 577,70 francs, outre les intérêts ; qu'un jugement a fait droit à sa
demande ;

Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir confirmé le jugement, alors, selon le moyen, que, d'une part,
la novation suppose l'existence d'une dette à éteindre et la création d'une dette nouvelle, que la cour
d'appel, qui a fondé la condamnation d'une partie sur la novation d'une obligation naturelle, et qui a
ainsi admis une novation en l'absence d'une obligation civile préexistante, a violé l'article 1271 du
Code civil ; alors que, d'autre part, la volonté de nover doit résulter clairement de l'acte, que la cour
d'appel qui, pour admettre l'existence d'une novation, s'est fondée sur l'interprétation d'un procès-
verbal de comparution personnelle des parties et de témoignages, a violé l'article 1273 du Code civil ;
alors, qu'en outre, la cour d'appel en justifiant la condamnation par une obligation naturelle, invoquée
dans les notes d'audience du demandeur, a violé l'article 913 du nouveau Code de procédure civile ;
alors, qu'enfin, le juge, en se fondant sur ces notes, a violé l'article 16 du nouveau Code de procédure
civile ;

Mais attendu, en premier lieu, que M. X..., ayant soutenu dans ses conclusions que son engagement
n'avait pas de conséquences civiles, le moyen est inopérant en ses deux dernières branches

Attendu, ensuite, que la transformation improprement qualifiée novation d'une obligation naturelle en
obligation civile, laquelle repose sur un engagement unilatéral d'exécuter l'obligation naturelle, n'exige
pas qu'une obligation civile ait elle-même préexisté à celle-ci

Et attendu, enfin, qu'après avoir constaté que M. X... avait tacitement renoncé à l'application de
l'article 1341 du Code civil, dont elle relève exactement que ses dispositions ne sont pas d'ordre
public, c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain d'apprécier la portée des preuves à elle soumises
que la cour d'appel a retenu, par motifs propres et adoptés, que M. X... avait entendu transformer son
obligation naturelle en obligation civile

D'où il suit que le moyen, pour partie inopérant, n'est pas fondé pour le surplus

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi.

Document n° 2. Cass. Com., 23 janvier 2007

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 12 janvier 2005), qu'à la suite d'un premier litige de contrefaçon
qui avait opposé la société de prêt à porter Créations Nelson à ses concurrentes, les sociétés Camaieu

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SA et Camaieu International, les trois sociétés ont, le 19 novembre 2001, conclu un accord
transactionnel aux termes duquel la société Camaieu International prenait notamment "l'engagement
en tant que de besoin, de ne pas copier les produits commercialisés par Créations Nelson, sous la
marque Comptoir des cotonniers ou tout autre marque qu'elle commercialise", en précisant "que
l'engagement visé au paragraphe précédent constitue un engagement exclusivement moral dont tout
éventuel manquement ne saurait être considéré comme une inexécution des termes du présent
protocole" ; qu'un autre litige de même nature étant néanmoins né quelques semaines plus tard entre
les mêmes, la société Créations Nelson a demandé judiciairement de constater que les sociétés
Camaieu SA et Camaieu International avaient contrefait ses modèles de pulls ou tee-shirts, dénommés
"Badi", "Danloux" et "Drap" et sollicité la réparation de son dommage en fondant subsidiairement son
action indemnitaire, pour le cas où la contrefaçon alléguée ne serait pas retenue, sur la violation de
l'engagement souscrit par la société Camaieu International ; qu'après avoir rejeté l'exception
d'irrecevabilité soulevée par la société Camaieu SA, la cour d'appel a dit que le produit "Mésange" des
sociétés Camaieu SA et Camaieu International constituait une contrefaçon du modèle "Drap", qu'en
revanche le produit "Danloux" n'était pas susceptible de protection en l'absence de nouveauté et
d'originalité, mais que la société Créations Nelson était néanmoins recevable, sur le fondement de
l'engagement souscrit le 19 novembre 2001, à reprocher aux sociétés Camaieu SA et Camaieu
International d'avoir commercialisé le modèle "Glace", reproduisant le modèle "Danloux", en
cherchant de surcroît à créer, par association aux contrefaçons du modèle "Drap", l'effet d'une gamme
sous forme de déclinaison de modèles ; […]

Sur le second moyen :

Attendu que les sociétés Camaieu SA et Camaieu International font encore grief à l'arrêt de les avoir
condamnées in solidum à réparer le préjudice subi par la société Créations Nelson, alors, selon le
moyen :

1°/ qu'un engagement purement moral ne peut juridiquement être sanctionné ; qu'en l'espèce, si la
société Camaieu International avait déclaré dans le protocole litigieux s'engager "à ne pas copier" les
produits commercialisés par la société Créations Nelson, il était précisé immédiatement après que
"l'engagement visé au paragraphe précédent constitue un engagement exclusivement moral dont tout
éventuel manquement ne saurait être considéré comme une inexécution des termes du présent
protocole" ; qu'en retenant que si le modèle "Danloux" n'était pas protégeable au titre du droit d'auteur,
sa reproduction au travers du modèle "Glace" de la société Camaieu International constituait une
violation de l'engagement qu'elle avait souscrit au terme du protocole litigieux de ne pas copier les
produits de la société Créations Nelson, sans avoir égard à la réserve claire et précise du protocole en
cause d'où il résultait que l'engagement litigieux était purement moral, de sorte qu'il ne pouvait
constituer la source d'une action en responsabilité civile, la cour d'appel l'a dénaturé en violation de
l'article 1134 du code civil ;

2°/ qu'en faisant produire un effet juridique à une obligation à caractère exclusivement moral, la cour
d'appel a violé l'article 1134 du code civil et les règles régissant les obligations naturelles ;

3°/ que la cour d'appel qui retient que les sociétés Camaieu SA et Camaieu International auraient
commis des actes de concurrence parasitaire en contrefaisant deux modèles de la collection de la
société Créations Nelson "Drap" et "Danloux", et ce en cherchant à créer un "effet de gamme", sous la
forme d'une déclinaison de modèles, justifiant leur condamnation au titre d'un préjudice distinct, viole
de nouveau l'article 1134 du code civil en justifiant la faute consistant en la reproduction de l'un des
modèles en cause ("Danloux") par l'engagement qu'aurait contractuellement souscrit la société
Camaieu International au terme du protocole litigieux, lequel engagement était purement moral ;

Mais attendu qu'en s'engageant, fût-ce moralement, "à ne pas copier" les produits commercialisés par
la société Créations Nelson, la société Camaieu International avait exprimé la volonté non équivoque
et délibérée de s'obliger envers la société concurrente ; que la cour d'appel, qui n'encourt aucun des
griefs du moyen, en a donc exactement déduit que cette clause avait une valeur contraignante pour
l'intéressée et qu'elle lui était juridiquement opposable ; que le moyen n'est pas fondé ;

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PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 3. Cass. 1ère Civ., 20 juillet 1981

Sur le moyen unique pris en ses deux branches :


Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que par acte sous seing prive en date du 26 février
1978, la SARL Pavillons, immobilier, terrains, ci-après dénommée société PITER, s'est reconnue
débitrice envers M. André X... et M. André Z... d'une somme de 400.000 francs prêtée par ces
derniers ; que ce prêt était destine, a concurrence de 250.000 francs, à permettre à la société PITER
d'acheter un immeuble sur lequel elle devait consentir une hypothèque de premier rang a M. André z...
et a M. André x... ; que, le même jour, ceux-ci ont remis deux chèques de, chacun, 50.000 francs à la
société PITER et deux autres chèques de, chacun, 150.000 francs, au notaire chez lequel devait avoir
lieu, le 3 mars 1978, la réalisation de l'achat de l'immeuble ; que, toutefois, M. André Z... et M. André
X..., invoquant la valeur insuffisante de l'immeuble, ne se sont pas présentés chez le notaire le 3 mars
et ont obtenu de celui-ci la restitution de leurs chèques d'un montant total de 300.000 francs ; qu'ils
ont, en outre, mis en demeure la société PITER de leur restituer les deux autres chèques, d'un montant
total de 100.000 francs, mais que celle-ci les a assignés en paiement de la totalité du prêt de 400.000
francs ; que, par arrêt confirmatif, la cour d'appel a débouté la société PITER de sa demande, l'a
condamnée à rembourser la somme de 100.000 francs à M. André y... et à M. André x... et a condamné
ces derniers a verser 5.000 francs de dommages-intérêts à la société PITER ;

Attendu que la société PITER fait grief à l'arrêt d'avoir refuse de condamner M. André Z... et M.
André X... à lui verser la somme de 300.000 francs, montant non réglé du prêt de 400.000 francs, au
motif que le contrat de prêt du 26 février 1978 n'avait pas été réalisé, faute de remise effective de cette
somme de 300.000 francs, alors que, d'une part, l'obligation du prêteur naitrait de son seul engagement
et que, d'autre part, seules les obligations de faire ou de ne pas faire se résolvant en dommages-intérêts
en cas d'inexécution de la part du débiteur, la cour d'appel aurait viole l'article 1142 du code civil en ne
condamnant M. André Z... et M. André X... qu'à des dommages-intérêts ;

Mais attendu que la cour d'appel a, d'abord, énoncé à bon droit qu'un prêt de consommation, contrat
réel, ne se réalise que par la remise de la chose prêtée à l'emprunteur lui-même ou à un tiers qui la
reçoit et la détient pour le compte de l'emprunteur ; qu'elle a ensuite constate, en ce qui concerne les
deux chèques d'un montant total de 300.000 francs remis au notaire, que celui-ci n'avait pas reçu
mandat de les recevoir et de les détenir pour le compte de la société PITER et "qu'en réalité prêteurs et
emprunteur, en attendant que la réalisation par acte authentique de la vente dans laquelle s'inséraient
leurs propres conventions, ont décidé, pour la sécurité de chacun, du dépôt des chèques entre les mains
du notaire à l'ordre desquels ils ont été établis" ; que c'est donc dans l'exercice de son pouvoir
souverain d'appréciation des éléments de preuve qui lui étaient soumis et de la commune intention des
parties qu'elle a estimé que le contrat de prêt du 26 février 1978 était "demeuré irréalisé à concurrence
de 300.000 francs" ; qu'enfin, c'est également à bon droit que la cour d'appel a considéré qu'à défaut de
réalisation du contrat de prêt, M. André Z... et M. André X... ne pouvaient être tenus qu'à des
dommages-intérêts en raison de leur manquement fautif à leur engagement de prêter des fonds ;
qu'aucun des moyens ne peut donc être accueilli ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 4. Cass. 1ère Civ., 28 mars 2000

Attendu que Daniel X... a acheté, le 21 février 1992, à la société Sanlaville, du matériel agricole qui
devait être fourni par la société Fiatgeotech, le financement du prix devant être assuré à hauteur de 700
000 francs par un prêt consenti par la société UFB Locabail ; qu'aux termes du contrat, l'UFB Locabail
s'est engagée à verser directement à la société Sanlaville le montant du prêt sur simple avis qui lui
serait fait par le vendeur de la livraison du matériel, sous condition, notamment de l'adhésion de
Daniel X... à une assurance-vie à souscrire auprès de la compagnie UAP Collectives aux droits de
laquelle se trouve la société Axa collectives, qui a repris l'instance en ses lieu et place ; que Daniel X...

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ayant fait parvenir le 31 mars 1992 à l'UFB Locabail le dossier d'adhésion à la garantie d'assurance sur
la vie, la société Sanlaville a adressé, le 22 juin suivant, à l'UFB le bon de livraison du matériel ; que
Daniel X... est, entre-temps, décédé accidentellement le 4 juin 1992 ; qu'une contestation étant née sur
la qualité du matériel livré et l'UFB Locabail ayant dénié devoir financer l'opération, les héritiers X...
ont assigné la société Sanlaville, prise en la personne de son liquidateur judiciaire et l'UFB Locabail
pour faire prononcer la résiliation de la vente et, subsidiairement, condamner l'UFB à verser à la
société Sanlaville le montant du prêt ;

Sur le premier moyen, pris en ses quatre branches :


Attendu que l'UFB Locabail fait grief à l'arrêt attaqué (Grenoble, 1er octobre 1997), d'avoir jugé que le
contrat de financement souscrit par Daniel X... l'obligeait à payer la somme convenue à ses héritiers,
alors, selon le moyen, en premier lieu, qu'il ressort de l'arrêt que l'UFB n'ayant jamais remis les fonds
faisant l'objet du contrat de prêt à Daniel X... avant la date de livraison du matériel, le contrat de prêt
ne s'était pas formé, la cour d'appel a violé l'article 1892 du Code civil ; alors, en deuxième lieu, que le
contrat de prêt était conclu intuitu personae dès lors que le prêteur s'engageait en considération des
possibilités de remboursement de l'emprunteur, de sorte qu'en condamnant néanmoins l'UFB à
exécuter le contrat de prêt initialement conclu au bénéfice de Daniel X... au profit des ayants-cause de
ce dernier, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses constatations, violant ainsi
l'article 1122 du Code civil ; alors, en troisième lieu, que l'article 6 du contrat de prêt stipulait que les
sommes restant dues par l'emprunteur deviendraient immédiatement exigibles en cas de décès de ce
dernier et l'article 10 de l'acte prévoyait qu'en cas de décès de l'emprunteur avant remboursement de
toutes les sommes dues au prêteur, il y aurait solidarité et indivisibilité entre ses héritiers, de sorte
qu'en se fondant sur ces clauses qui impliquaient que les fonds avaient été préalablement remis à
l'emprunteur avant son décès, pour caractériser une obligation de l'UFB de verser des fonds au profit
des héritiers, la cour d'appel s'est fondée sur un motif inopérant et a privé sa décision de base légale au
regard de l'article 1134 du Code civil ; et alors, en quatrième lieu, que les fonds que l'UFB s'était
engagée à verser à Daniel X... ne lui ayant jamais été remis, l'engagement de l'établissement financier
ne pouvait s'analyser qu'en une promesse de prêt dont l'inexécution, à la supposer fautive, ne pouvait
donner lieu qu'à l'allocation de dommages-intérêts, de sorte qu'en condamnant néanmoins l'UFB à
exécuter son engagement résultant de la promesse de prêt en lui imposant de verser aux ayants-droit de
Daniel X... les sommes qui y étaient visées, la cour d'appel a violé les articles 1892 et 1142 du même
Code ;

Mais attendu que le prêt consenti par un professionnel du crédit n'est pas un contrat réel ; que l'arrêt
attaqué, qui relève que la proposition de financement avait été signée par Daniel X... et que les
conditions de garanties dont elle était assortie étaient satisfaites, retient, à bon droit, que la société
UFB Locabail était, par l'effet de cet accord de volonté, obligée au paiement de la somme convenue ;
d'où il suit que le moyen qui n'est pas fondé en sa première branche, est inopérant en ses trois autres
branches ;

Et sur le second moyen pris en ses trois branches : Attendu que l'arrêt relève que le prêteur, concepteur
du financement auquel l'emprunteur était invité à adhérer, avait mis en place une " situation lacunaire "
où l'emprunteur pourrait être engagé personnellement sans être couvert, du fait du prêteur, par
l'assurance pour laquelle lui avaient été préalablement transmis tous les documents réclamés ; que par
ces motifs non critiqués, dont elle a pu déduire l'existence d'une faute de la part du prêteur, la cour
d'appel a légalement justifié sa décision ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 5. Cass. 1ère civ., 14 mai 1996, n° 94-15826

Sur le moyen unique, pris en ses trois branches :

Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que, par acte notarié du 17 octobre 1974, les époux
Z..., mariés sous le régime de la communauté universelle, ont fait donation-partage de leurs biens à
leurs enfants Françoise, épouse Fischesser, et René; que ce dernier a reçu la nue propriété d'une

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"campagne d'agrément" dite "La Brise", avec interdiction de vendre, d'aliéner ou d'hypothéquer sous
peine de révocation de la donation; qu'en dépit de cette clause d'inaliénabilité, et selon acte notarié du
26 mai 1987, M. René X... a fait à son tour donation-partage de la nue propriété de ce domaine entre
ses trois enfants ; que, par acte sous seing privé du 16 juin 1988, les époux Y... ont déclaré qu'ils
n'avaient pas d'objection à formuler au sujet de la donation consentie par leur fils René en faveur de
ses propres enfants; que cependant, le 27 mars 1991, les mêmes époux ont assigné les donataires
successifs en révocation de la donation initiale, pour violation de la clause d'inaliénabilité; que l'arrêt
infirmatif attaqué (Montpellier, 22 mars 1994) a débouté Mme veuve X... née Becha de sa demande en
révocation de la donation du 17 octobre 1994;

Attendu que celle-ci fait grief à l'arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen, d'une part, que la
renonciation à un droit ne peut résulter que d'actes manifestant sans équivoque la volonté abdicative de
son titulaire; qu'en s'abstenant de rechercher si Mme Françoise X... épouse A..., qui gérait le compte
bancaire de ses parents âgés, avait réglé avec leur accord les frais de l'acte de donation du 26 mai
1987, l'arrêt attaqué n'a pas donné de base légale à sa décision au regard de l'article 1134 du Code
civil; alors, d'autre part, que la renonciation des époux Y... à la clause d'inaliénabilité ne pouvait être
déduite de l'acte sous seing privé du 16 juin 1988, entaché de contradiction et d'équivoque; qu'en effet,
ces derniers exprimaient leur volonté de voir leur fils D... recevoir l'usufruit du bien à leur décès,
"malgré les stipulations contraires de l'acte du 26 mai 1987", et en être "le seul et unique propriétaire
de son vivant", ce qui était incompatible avec l'acte susvisé par lequel M. René X... faisait donation de
la nue propriété à ses propres enfants ; qu'il s'ensuit que la cour d'appel a violé le même texte; et alors,
enfin, que la renonciation du donateur à une clause de l'acte de donation, protectrice de ses intérêts,
doit revêtir la même forme authentique, de telle sorte qu'en décidant le contraire la juridiction du
second degré a violé l'article 931 du Code civil;

Mais attendu, d'abord, qu'ayant relevé, non seulement que les frais du second acte de donation avaient
été réglés au moyen d'un chèque tiré sur le compte des époux Y..., mais encore que c'est leur notaire
qui avait établi ce second acte, ce qui impliquait qu'ils avaient eu connaissance de la donation
consentie par leur fils René et qu'ils y avaient consenti, la cour d'appel a effectué la recherche
prétendûment omise;

Attendu, ensuite, que l'arrêt relève que les époux Y... ont exprimé en termes clairs et précis leur
renonciation à se prévaloir de la clause d'inaliénabilité, et souverainement interprété leurs explications
ultérieures ambigües comme un simple souhait adressé à leurs petits-enfants;

Attendu, enfin, que si tout acte portant donation entre vifs doit être passé devant notaire, aucun texte
n'oblige le donateur, qui entend renoncer postérieurement à une clause de cet acte, fût-elle protectrice
de ses intérêts, à utiliser la forme authentique;

Qu'il s'ensuit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses trois branches;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

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Document n° 7. J. Voulet, « L’interprétation des arrêts de la Cour de cassation », JCP G
1970. I. 2305.

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UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 2
La formation du contrat

- Lire et étudier les arrêts qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel à
l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Com., 26 novembre 2003, Manoukian, n° 00-10.243.


Document n° 2. Com., 18 janvier 2011, n° 09-14617.
Document n° 3. Cass. 3ème Civ., 28 octobre 2009, n° 08-20224
Document n° 4. Com., 10 janvier 2012, n° 10-26149.
Document n° 5. 1ère Civ., 24 mai 2005, n° 02-15188
Document n° 6. Cass. 2e civ., 15 janv. 2003, nº 01-03700
Document n° 7. Cass. ch. mixte, 26 mai 2006, nº 03-19376
Document n° 8. Cass. 3e civ., 12 avril 2018, nº 17-14187

- Les étudiants noteront (ou synthétiseront) la définition juridique des termes suivants : pourparlers,
avant-contrat, obligation de mise en garde, devoir de conseil, obligation d’information, offre,
acceptation, caducité, nullité, substitution, rétractatation, réflexion, conditions générales, conditions
particulières, accord de principe, acte réceptice, pacte de préférence, promesse unilatérale, promesse
synallagmatique, indemnité d’immobilisation.

- Exercice princpal : Résolvez le cas pratique suivant (inspiré du cas pratique donné à la colle en
2021-2022).

Jean est un retraité actif. Il a un projet d’envergure qui suppose l’acquisition, par lui, de plusieurs
biens, appartenant à des personnes distinctes (Pierre, Paul et jacques). Il vous demande de l’éclairer
sur les diverses difficultés suscitées par ces acquisitions. Pour résoudre ce cas pratique, vous vous
placerez à la date du 15 décembre 2021.

S’agissant du bien n° 1, Jean vous fait part d’un courrier postal que Pierre lui a adressé le 2 septembre.
Après de longues discussions entre les intéressés, Pierre écrivait : « Je propose de vous vendre ce bien
au prix de 10 000 €. Cette offre est valable un mois à compter de ce jour (le 2 septembre 2021) ». Jean
a répondu par courrier recommandé avec accusé de réception posté le 29 septembre « je vous confirme
acquérir le bien à ces conditions ». D’après les services postaux, le courrier a été livré au destinataire
le 1er octobre, mais Jean a reçu la veille, le 30 septembre, un courrier du vendeur indiquant :
« finalement, je ne souhaite plus vendre et vous prie de considérer comme nulle toute acquisition ».
Jean se demande si un contrat de vente a été formé.

S’agissant du bien n° 2, Jean s’est vu accorder par Paul une promesse unilatérale de vente moyennant
une indemnité d’immobilisation d’un montant de 3 000 €, correspondant à 10% du prix. La promesse
était déclarée « valable un mois à compter du 1er décembre ». Une semaine plus tard, Paul déclarait se
rétracter mais souhaiter malgré tout conserver l’indemnité d’immobilisation réduite à un quart de son
montant compte tenu de la semaine écoulée. Jean se demande s’il doit « tirer un trait » sur cette
acquisition et l’indemnité d’immobilisation.

S’agissant du bien n° 3, Jean a échangé de nombreux courriers électroniques et appels téléphoniques


avec Jacques. Il connaît bien ce dernier, pour avoir déjà acquis par le passé auprès de lui pas moins de

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quatre biens. Après avoir adressé le 1er août une offre ferme et précise d’acquisition, Jean est resté
sans nouvelles de Jacques, qui paraissait néanmoins disposé à accepter l’acquisition au regard de ses
prises de position antérieures – certes, un peu vagues, mais plutôt encourageantes pour Jean. Ce
dernier se demande s’il doit considérer cette vente comme « acquise » ou s’il lui faut attendre une
réponse de Jacques, voire le relancer.

Par ailleurs, Jean craint que la cousine de Jacques ne bénéfice d’un pacte de préférence sur le bien. Il
se demande s’il risque quelque chose en cas d’acquisition par lui-même et s’il n’aurait pas intérêt à
« clarifier les choses », mais il ne sait pas trop ce qu’il peut faire. Il ne souhaite en aucun cas léser
cette cousine en acquérant le bien !

Que lui répondez-vous ?

* *
*

Document n° 1. Com., 26 novembre 2003, Manoukian, n° 00-10.243

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 29 octobre 1999), que la société Alain Manoukian a engagé avec
les consorts X... et Y... (les consorts X...),, actionnaires de la société Stuck, des négociations en vue de
la cession des actions composant le capital de cette société ; que les pourparlers entrepris au printemps
de l'année 1997 ont, à l'issue de plusieurs rencontres et de divers échanges de courriers, conduit à
l'établissement, le 24 septembre 1997, d'un projet d'accord stipulant notamment plusieurs conditions
suspensives qui devaient être réalisées avant le 10 octobre de la même année, date ultérieurement
reportée au 31 octobre ; qu'après de nouvelles discussions, la société Alain Manoukian a, le 16 octobre
1997, accepté les demandes de modification formulées par les cédants et proposé de reporter la date
limite de réalisation des conditions au 15 novembre 1997 ; que les consorts X... n'ayant formulé
aucune observation, un nouveau projet de cession leur a été adressé le 13 novembre 1997 ; que le 24
novembre, la société Alain Manoukian a appris que les consorts X... avaient, le 10 novembre, consenti
à la société Les complices une promesse de cession des actions de la société Stuck ; que la société
Alain Manoukian a demandé que les consorts X... et la société Les complices soient condamnés à
réparer le préjudice résultant de la rupture fautive des pourparlers ;

Sur le moyen unique du pourvoi formé par les consorts X..., pris en ses deux branches :

Attendu que les consorts X... font grief à l'arrêt de les avoir condamnés à payer à la société Alain
Manoukian la somme de 400 000 francs à titre de dommages-intérêts alors, selon le moyen :

1 / que la liberté contractuelle implique celle de rompre les pourparlers, liberté qui n'est limitée que
par l'abus du droit de rompre qui est une faute caractérisée par le fait de tromper la confiance du
partenaire ; que la cour d'appel, qui n'a relevé aucun élément à la charge du cédant de nature à
caractériser un tel comportement, contraire à la bonne foi contractuelle, a privé sa décision de toute
base légale au regard des articles 1382 et 1383 du Code civil ;

2 / que celui qui prend l'initiative de pourparlers en établissant une proposition d'achat de la totalité
des actions d'une société, soumise à plusieurs conditions suspensives affectées d'un délai de
réalisation, et qui ne manifeste aucune diligence pour la réalisation de ces conditions, ne saurait
imputer à faute la rupture par son partenaire des pourparlers, après l'expiration de ce délai, de sorte que
la cour d'appel, en statuant comme elle l'a fait, a violé les articles 1382 et 1383 du Code civil ;

Mais attendu, d'une part, qu'après avoir relevé, d'un côté, que les parties étaient parvenues à un projet
d'accord aplanissant la plupart des difficultés et que la société Alain Manoukian était en droit de
penser que les consorts X... étaient toujours disposés à lui céder leurs actions et, d'un autre côté, que
les actionnaires de la société Stuck avaient, à la même époque, conduit des négociations parallèles
avec la société Les complices et conclu avec cette dernière un accord dont ils n'avaient informé la

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société Alain Manoukian que quatorze jours après la signature de celui-ci, tout en continuant à lui
laisser croire que seule l'absence de l'expert-comptable de la société retardait la signature du protocole,
la cour d'appel a retenu que les consorts X... avaient ainsi rompu unilatéralement et avec mauvaise foi
des pourparlers qu'ils n'avaient jamais paru abandonner et que la société Alain Manoukian poursuivait
normalement ; qu'en l'état de ces constatations et appréciations, la cour d'appel a légalement justifié sa
décision ;

Et attendu, d'autre part, que la cour d'appel ayant relevé, par un motif non critiqué, que les parties
avaient, d'un commun accord, prorogé la date de réalisation des conditions suspensives, le moyen pris
de la circonstance que la rupture des pourparlers aurait été postérieure à cette date est inopérant ;

D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;

Sur le premier moyen du pourvoi formé par la société Alain Manoukian :

Attendu que la société Alain Manoukian fait grief à l'arrêt d'avoir limité à 400 000 francs la
condamnation à dommages-intérêts prononcée à l'encontre des consorts X... alors, selon le moyen, que
celui qui rompt brutalement des pourparlers relatifs à la cession des actions d'une société exploitant un
fonds de commerce doit indemniser la victime de cette rupture de la perte de la chance qu'avait cette
dernière d'obtenir les gains espérés tirés de l'exploitation dudit fonds de commerce en cas de
conclusion du contrat ; qu'il importe peu que les parties ne soient parvenues à aucun accord ferme et
définitif ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a constaté que les consorts X... avaient engagé leur
responsabilité délictuelle envers la société Alain Manoukian en rompant unilatéralement, brutalement
et avec mauvaise foi les pourparlers qui avaient eu lieu entre eux au sujet de la cession des actions de
la société Stuck exploitant un fonds de commerce dans le centre commercial Belle Epine ; qu'en
estimant néanmoins que le préjudice subi par la société Alain Manoukian ne pouvait correspondre, du
seul fait de l'absence d'accord ferme et définitif, à la perte de la chance qu'avait cette société d'obtenir
les gains qu'elle pouvait espérer tirer de l'exploitation du fonds de commerce et en limitant la
réparation du préjudice subi par la société Alain Manoukian aux frais occasionnés par la négociation et
aux études préalables qu'elle avait engagées, la cour d'appel a violé l'article 1382 du Code civil ;

Mais attendu que les circonstances constitutives d'une faute commise dans l'exercice du droit de
rupture unilatérale des pourparlers précontractuels ne sont pas la cause du préjudice consistant dans la
perte d'une chance de réaliser les gains que permettait d'espérer la conclusion du contrat ;

Attendu que la cour d'appel a décidé à bon droit qu'en l'absence d'accord ferme et définitif, le préjudice
subi par la société Alain Manoukian n'incluait que les frais occasionnés par la négociation et les études
préalables auxquelles elle avait fait procéder et non les gains qu'elle pouvait, en cas de conclusion du
contrat, espérer tirer de l'exploitation du fonds de commerce ni même la perte d'une chance d'obtenir
ces gains ; que le moyen n'est pas fondé ;

Et sur le second moyen du même pourvoi :

Attendu que la société Alain Manoukian fait encore grief à l'arrêt d'avoir mis hors de cause la société
Les Complices alors, selon le moyen, que le seul fait pour l'acquéreur de garantir par avance le
vendeur de toute indemnité en cas de rupture des pourparlers auxquels ce dernier aurait pu se livrer
avec un tiers antérieurement constitue une faute dont l'acquéreur doit réparation envers la victime de la
rupture des pourparlers dès lors qu'une telle garantie constitue pour le vendeur, et pour le profit de
l'acquéreur, une incitation à rompre brutalement des pourparlers, fussent-ils sur le point d'aboutir, sans
risque pour lui ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a constaté qu'aux termes de la convention de cession
liant les consorts X... à la société Les complices, celle-ci s'était engagée à garantir les vendeurs de
toute indemnité que ceux-ci seraient éventuellement amenés à verser à un tiers pour rupture abusive
des pourparlers ; qu'en considérant néanmoins que la société Les complices, dont les juges du fond ont
constaté qu'elle avait profité des manoeuvres déloyales commises par les consorts X... à l'encontre de
la société Alain Manoukian, n'avait commis aucune faute envers la société Alain Manoukian, victime
de la rupture brutale des pourparlers qu'elle avait engagés avec les consorts X..., peu important qu'il

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n'ait pas été démontré que la société Les complices avait eu connaissance de l'état d'avancement de ces
pourparlers, la cour d'appel a violé l'article 1382 du Code civil ;

Mais attendu que le simple fait de contracter, même en connaissance de cause, avec une personne
ayant engagé des pourparlers avec un tiers ne constitue pas, en lui-même et sauf s'il est dicté par
l'intention de nuire ou s'accompagne de manoeuvres frauduleuses, une faute de nature à engager la
responsabilité de son auteur ;

Attendu qu'ayant relevé que la clause de garantie insérée dans la promesse de cession ne suffisait pas à
établir que la société Les Complices avait usé de procédés déloyaux pour obtenir la cession des actions
composant le capital de la société Stuck, ni même qu'elle avait une connaissance exacte de l'état
d'avancement des négociations poursuivies entre la société Alain Manoukian et les cédants et du
manque de loyauté de ceux-ci à l'égard de celle-là, la cour d'appel a exactement décidé que cette
société n'avait pas engagé sa responsabilité à l'égard de la société Alain Manoukian, peu important
qu'elle ait en définitive profité des manoeuvres déloyales des consorts X... ; que le moyen n'est pas
fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE les pourvois ;

Document n° 2. Cass. Com., 18 janvier 2011, n° n° 09-14617

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Reims, du 1er décembre 2008), que, le 6 avril 2006, M. X..., actionnaire
de la société Le glacier Champenois (la société LGC), et M. Y... ont conclu une promesse
synallagmatique de cession d’actions moyennant 180 000 euros sous réserve de conditions
suspensives liées à la remise de certains documents par le cédant au cessionnaire, la réalisation de la
cession et le transfert de propriété devant intervenir entre les 19 et 27 avril 2006 ; que faute de
réalisation de la cession à cette dernière date, M. X... a entrepris des démarches afin de trouver un
autre cessionnaire à l’insu de Bonnet qui n’en a été informé que le 25 juillet 2006, les actions étant
finalement cédées à M. Z... pour la somme de 120 000 euros ; que, par jugement du 11 septembre
2007, le tribunal a estimé que l’acte de cession d’actions était caduc, sa non-réalisation n’étant pas
imputable à M. X... ;

Attendu que M. X... fait grief à l’arrêt de l’avoir condamné à payer à M. Y... la somme de 18 226
euros à titre de dommages-intérêts et celle de 5000 euros en application de l’article 700 du code de
procédure civile, alors, selon le moyen :
1°/ que la rupture des pourparlers n’engage la responsabilité de son auteur que si elle est fautive et
qu’elle ne repose pas sur un motif légitime, si bien qu’en reprochant à M. X... d’avoir rompu les
pourparlers, alors qu’elle avait constaté que la promesse de vente était caduque ce dont il résulte
qu’elle ne pouvait plus être réalisée et que la cessation des relations contractuelles était légitime et ne
pouvait donc être considérée comme fautive, la cour d’appel n’a pas tiré les conséquences légales de
ses constatations et a violé les articles 1382 et suivants du code civil
2°/ que les frais exposés dans le cadre des pourparlers contractuels ne peuvent, en cas de rupture de
ceux-ci, constituer un préjudice réparable que s’ils sont la conséquence de la faute commise par
l’auteur de la rupture ; qu’en l’espèce, la cour d’appel a retenu que M. X... avait commis une faute en
cédant ses parts à un tiers sans en avertir M. Y... alors que les pourparlers étaient avancés, qu’il avait
engagé des frais et pouvait raisonnablement croire que l’affaire allait être conclue à son profit,
estimant que cette faute était seule à l’origine du préjudice subi par M. Y... correspondant au montant
des frais exposés dans le cadre de la négociation de sorte qu’en statuant ainsi, alors que les frais
exposés dans le cadre de la négociation étaient imputables à la négociation et à leur rupture, qui restait
libre, et non pas au comportement de M. X..., la cour d’appel qui n’a pas caractérisé le lien de
causalité entre la faute et le préjudice a violé les articles 1382 et suivants du code civil ;

Mais attendu, d’une part, que l’arrêt relève que M. Y..., après l’arrêt des discussions avec M. X... le 25
juillet 2006, a appris à son retour de vacances que la cession avait eu lieu le 26 juillet 2006 au profit
d’un tiers selon promesse de cession d’actions sous conditions suspensives signée le 6 juin 2006 entre
M. Z... et M. X... et à la suite d’un procès-verbal d’assemblée générale extraordinaire et ordinaire de la

4
société LGC du 26 juillet 2006 ayant nécessité des convocations préalables ; qu’il relève en outre que
tandis que des discussions étaient en cours avec M. Y..., M. X... avait dès juin et juillet 2006 pris
l’initiative de céder ses parts dans la société à une autre personne sans en avertir M. Y... qui avait
engagé des frais et que les pourparlers étaient bien avancés pour s’être continués d’un commun accord
après le terme du 27 avril 2006 stipulé dans la promesse initiale ; qu’en l’état de ces constatations et
appréciations, la cour d’appel a retenu à bon droit que M. X..., qui avait rompu sans raison légitime,
brutalement et unilatéralement, les pourparlers avancés qu’il entretenait avec son partenaire qui avait
déjà, à sa connaissance, engagé des frais et qu’il avait maintenu volontairement dans une incertitude
prolongée en lui laissant croire que l’affaire allait être conclue à son profit, avait manqué aux règles de
la bonne foi dans les relations commerciales et avait ainsi engagé sa responsabilité délictuelle envers
M. Y.
Attendu, d’autre part, qu’ayant relevé que la faute commise par M. X... était seule à l’origine du
préjudice subi par M. Y..., la cour d’appel a décidé à bon droit que le préjudice subi par M. Y...
n’incluait que les frais occasionnés par la négociation qu’elle a souverainement estimés à la somme de
globale de 18 226 euros ;
D’où il suit que le moyen n’est fondé en aucune de ses branches ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 3. 3ème Civ., 28 octobre 2009, n° 08-20224

Vu l’article 1709 du code civil, ensemble l’article 1719 du même code et l’article L. 411-1 du code
rural ;

Attendu que le louage des choses est un contrat par lequel l’une des parties s’oblige à faire jouir l’autre
d’une chose pendant un certain temps, et, moyennant un certain prix que celle ci s’oblige de lui payer ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Amiens, 16 septembre 2008) que M. X..., soutenant qu’il bénéficiait
d’une promesse qu’il avait acceptée, a assigné Mme Marie Henriette Y... afin d’être reconnu titulaire
d’un bail rural portant sur des parcelles lui appartenant ;

Attendu que, pour rejeter la demande, l’arrêt retient que l’acceptation d’une offre de bail ne peut valoir
bail que si cette dernière comporte l’ensemble des éléments essentiels à la convention intervenue et
spécialement les précisions nécessaires quant à la chose en faisant l’objet, au prix et à sa date d’effet et
qu’en l’espèce le projet litigieux ne comporte aucune indication relative à cette date, de sorte qu’il n’y
a pu y avoir rencontre des consentements des parties sur celle ci ;

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel, qui a ajouté à la loi une condition tenant à la date de la prise
d’effet du bail, a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE …

Document n° 4. Com., 10 janvier 2012, n° 10-26149

Vu l’article 1382 du code civil ;

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que le 5 mai 2007, M. X... et Mme Y... ont signé un compromis de
vente portant sur l’acquisition d’un appartement au prix de 350 000 euros, sous la condition
suspensive de l’obtention d’un prêt ; que, par lettre du 4 juin 2007, la société Lyonnaise de banque (la
banque), leur a donné un "accord de principe sous les réserves d’usage" pour un prêt de 335 000 euros,
subordonnant son accord, notamment, à l’obtention par Mme Y... d’un contrat de travail à durée
indéterminée, ce dont il a été justifié le 11 juin 2007 ; que, le 23 juin 2007, la banque a notifié son
refus d’octroyer le prêt sollicité en invoquant un taux d’endettement excessif ; que M. X... et Mme Y...
ont assigné la banque en responsabilité et demandé la réparation de leurs préjudices ;

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Attendu que pour condamner la banque à payer à M. X... et Mme Y... une certaine somme, l’arrêt
retient qu’en formulant un accord de principe "sous les réserves d’usage", pour un prêt dont le
montant, la durée, le taux, les frais de dossier sont spécifiés, la banque s’est engagée à formuler une
offre conforme à ces éléments et qu’elle était tenue de poursuivre, de bonne foi, la négociation sur les
autres éléments accessoires, nécessaires à la formulation de la convention de prêt ; qu’il retient encore
que la banque n’a pas respecté cette obligation en mettant fin aux discussions au motif, fallacieux,
d’un taux d’endettement trop élevé ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’un accord de principe donné par une banque «sous les réserves
d’usage» implique nécessairement que les conditions définitives de l’octroi de son concours restent à
définir et oblige seulement celle-ci à poursuivre, de bonne foi, les négociations en cours, la cour
d’appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE …

Document n° 5. Cass. 1ère Civ., 24 mai 2005, n° 02-15188

Attendu que le préfet de la région d’Ile-de-France a notifié à M. X..., qui avait obtenu un permis de
construire sur une parcelle dont il est propriétaire, un arrêté lui enjoignant de faire réaliser
préalablement aux travaux une opération préventive de fouilles archéologiques ; que M. X... a accepté
un devis "diagnostic archéologique" établi par l’Association pour les fouilles archéologiques
nationales (AFAN), aux droits de laquelle vient l’INRAP ; que l’AFAN a informé M. X... que le
diagnostic était positif et que "la partie arrière de la parcelle nécessitait une investigation plus
approfondie, une petite fouille de sauvetage urgent devant être réalisée", ce qui a conduit le préfet à
prendre un nouvel arrêté prévoyant que l’AFAN procéderait en urgence à une opération préventive de
fouilles entre le 14 avril 1998 et le 17 avril 1998 ; que M. X... ayant refusé de régler la facture
correspondant à ces travaux au motif qu’il n’avait pas accepté le devis que lui avait adressé l’AFAN,
celle-ci l’a assigné en paiement ;

Attendu que M. X... fait grief à l’arrêt attaqué (Versailles, 1er mars 2002) d’avoir accueilli cette
demande alors, selon le pourvoi :

1 / que le silence ne vaut pas à lui seul acceptation ; que M. X..., destinataire du second devis, ne
l’avait jamais retourné ni signé et n’avait pas davantage déclaré l’accepter ; qu’en décidant cependant
que le propriétaire du terrain aurait de la sorte accepté ce second devis, la cour d’appel a violé les
articles 1101 et 1108 du Code civil ;

2 / qu’il appartient au créancier qui demande l’exécution de la convention qu’il invoque de rapporter la
preuve de l’existence de l’accord résultant de l’acceptation de son offre par l’autre partie ; qu’en
énonçant que M. X..., destinataire du second devis, ne soutenait pas valablement ne pas l’avoir
accepté, à défaut de manifestation expresse de volonté de rupture de ses relations contractuelles avec
l’AFAN, la cour d’appel a inversé la charge de la preuve en violation de l’article 1315 du Code civil ;

Mais attendu que si le silence ne vaut pas à lui seul acceptation, il n’en est pas de même lorsque les
circonstances permettent de donner à ce silence la signification d’une acceptation ; que l’arrêt relève
que le permis de construire délivré à M. X... lui imposait de ne pas mettre en péril les vestiges
archéologiques situés sur le terrain d’assiette de l’opération de construction, que l’arrêté du préfet de la
région d’Ile-de-France, pris en exécution de cette contrainte, a imposé l’opération de fouille
préventive, que cet arrêté a été signé au visa de la convention signée par l’Etat et l’AFAN et qu’ainsi
M. X..., dont la volonté est certes liée par les contraintes administratives, ne pouvait sans se priver de
l’attestation de levée de contraintes archéologiques qui lui a été délivrée le 29 avril 1998 ne pas faire
exécuter les prestations prévues par le second devis ; qu’ayant exactement déduit de ces circonstances
que le silence gardé par M. X... à la suite de la réception du devis que lui avait adressé l’AFAN avait
la signification d’une acceptation, c’est sans inverser la charge de la preuve que la cour d’appel a
ensuite énoncé que M. X... ne pouvait, à défaut de manifestation expresse de volonté, soutenir qu’il
n’avait pas accepté le second devis ;

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D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 6. Cass. 2e civ., 15 janv. 2003, nº 01-03700

Sur le moyen unique du pourvoi principal, pris en sa première branche :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Angers, 30 janvier 2001), que les époux X... ont, par acte du 1er mars
1996, promis de vendre à M. Y..., une parcelle de bois cadastrée section F numéro 576 au prix de 12
000 francs ; que, par acte sous seing privé du 15 janvier 1997, les parties ont signé une promesse
synallagmatique de vente portant sur la même parcelle et contenant un droit de préférence au profit de
M. Y... concernant une parcelle voisine cadastrée section F numéro 564 ; que les époux X... ont refusé
de réitérer la vente par acte authentique ;

Attendu que les époux X... font grief à la cour d'appel d'avoir déclaré la vente parfaite, alors, selon le
moyen, que, dans leurs conclusions, les époux X... ont fait valoir que l'acte litigieux avait été rédigé et
formalisé sans le concours d'un professionnel des transactions immobilières et qu'à défaut de toute
compétence dans cette matière, ils n'avaient bénéficié d'aucune information sur la nature de l'acte qui
leur était présenté par M. Y... ; que celui-ci avait utilisé des formules qui avaient pour but de leur
cacher qu'ils s'engageaient définitivement à vendre leur parcelle, en dépit de leur refus catégorique
antérieur ; qu'en outre, l'acte litigieux contient une seconde stipulation qui évoque la vente d'une autre
parcelle comme une opération hypothétique ; que M. Y... a ainsi couché en un seul acte deux
conventions portant sur des biens différents ayant des objets différents et requérant des formes
également différentes et ce, afin d'abuser le consentement des époux X... ; qu'en s'abstenant de
répondre à ce moyen d'où il s'évinçait que les époux X... avaient été victimes des manoeuvres
dolosives qui les avaient conduits à signer un acte dont ils n'avaient pas compris la portée, la cour
d'appel, qui s'est bornée à affirmer qu'il n'était pas démontré que des manoeuvres étaient imputables à
M. Y... a, en statuant ainsi, violé l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;

Mais attendu qu'ayant relevé que les termes "promesse" et "consentement à la vente" contenaient en
eux-mêmes la souscription d'une obligation de vendre et non un engagement hypothétique, que s'ils
visaient un événement futur, celui-ci était inéluctable et proche, et que l'acte litigieux faisait suite à
une promesse de vente non discutée, sans que les époux X... n'aient démontré qu'ils avaient fait de la
signature de l'acte authentique la condition même de leur engagement, la cour d'appel a pu déduire de
ces seuls motifs que les époux X... ne démontraient pas l'existence d'un dol, sans être tenue de
répondre à des conclusions faisant état de la présence dans la même promesse de stipulations relatives
à la vente d'une autre parcelle ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé de ce chef ;

Sur le moyen unique du pourvoi principal, pris en ses deux autres branches, ci-après annexé : […]

Mais sur le moyen unique du pourvoi incident : […] PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE,
mais seulement en ce qu'il a déclaré le pacte de préférence sans valeur, l'arrêt rendu le 30 janvier 2001,
entre les parties, par la cour d'appel d'Angers ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les
parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la
cour d'appel de Rennes.

Document n° 7. Cass. ch. mixte, 26 mai 2006, nº 03-19376

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Papeete, 13 février 2003), qu'un acte de donation-partage dressé le 18
décembre 1957 et contenant un pacte de préférence a attribué à Mme Adèle A... un bien immobilier

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situé à Haapiti ; qu'une parcelle dépendant de ce bien a été transmise, par donation-partage du 7 août
1985, rappelant le pacte de préférence, à M. Ruini A..., qui l'a ensuite vendue le 3 décembre 1985 à la
SCI Emeraude, par acte de M. B..., notaire ; qu'invoquant une violation du pacte de préférence stipulé
dans l'acte du 18 décembre 1957, dont elle tenait ses droits en tant qu'attributaire, Mme X... a
demandé, en 1992, sa substitution dans les droits de l'acquéreur et, subsidiairement, le paiement de
dommages-intérêts ;

Attendu que les consorts X... font grief à l'arrêt d'avoir rejeté la demande tendant à obtenir une
substitution dans les droits de la société Emeraude alors, selon le moyen :

1 / que l'obligation de faire ne se résout en dommages-intérêts que lorsque l'exécution en nature est
impossible, pour des raisons tenant à l'impossibilité de contraindre le débiteur de l'obligation à
l'exécuter matériellement ; qu'en dehors d'une telle impossibilité, la réparation doit s'entendre au
premier chef comme une réparation en nature et que, le juge ayant le pouvoir de prendre une décision
valant vente entre les parties au litige, la cour d'appel a fait de l'article 1142 du code civil, qu'elle a
ainsi violé, une fausse application ;

2 / qu'un pacte de préférence, dont les termes obligent le vendeur d'un immeuble à en proposer d'abord
la vente au bénéficiaire du pacte, s'analyse en l'octroi d'un droit de préemption, et donc en obligation
de donner, dont la violation doit entraîner l'inefficacité de la vente conclue malgré ces termes avec le
tiers, et en la substitution du bénéficiaire du pacte à l'acquéreur, dans les termes de la vente ; que cette
substitution constitue la seule exécution entière et adéquate du contrat, laquelle ne se heurte à aucune
impossibilité ; qu'en la refusant, la cour d'appel a violé les articles 1134, 1138 et 1147 du code civil ;

3 / qu'en matière immobilière, les droits accordés sur un immeuble sont applicables aux tiers dès leur
publication à la conservation des hypothèques ; qu'en subordonnant le prononcé de la vente à
l'existence d'une faute commise par l'acquéreur, condition inutile dès lors que la cour d'appel a
constaté que le pacte de préférence avait fait l'objet d'une publication régulière avant la vente
contestée, la cour d'appel a violé les articles 28, 30 et 37 du décret du 4 janvier 1955 ;

Mais attendu que, si le bénéficiaire d'un pacte de préférence est en droit d'exiger l'annulation du
contrat passé avec un tiers en méconnaissance de ses droits et d'obtenir sa substitution à l'acquéreur,
c'est à la condition que ce tiers ait eu connaissance, lorsqu'il a contracté, de l'existence du pacte de
préférence et de l'intention du bénéficiaire de s'en prévaloir ; qu'ayant retenu qu'il n'était pas démontré
que la société Emeraude savait que Mme X... avait l'intention de se prévaloir de son droit de
préférence, la cour d'appel a exactement déduit de ce seul motif, que la réalisation de la vente ne
pouvait être ordonnée au profit de la bénéficiaire du pacte ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Document n° 8. Cass. 3e civ., 12 avril 2018, nº 17-14187

Sur le moyen unique, ci-après annexé :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence,15 novembre 2016), rendu sur renvoi après cassation
(3e Civ., 9 juillet 2014, pourvois n° 13-12.470 et 13-14.606), que, le 1er février 1996, M. et Mme P...,
propriétaires de locaux dans un immeuble, et M. X... ont signé une promesse synallagmatique de vente
dont la durée était fixée à trois mois ; que, le 11 juin 1996, les vendeurs ont restitué l'acompte versé et
informé M. X... qu'ils n'envisageaient pas donner suite à la vente ; que, le 1er août 1996, M. X... et la
société civile immobilière Sainte-Catherine (la SCI), constituée pour le substituer, ont assigné les
époux P..., aujourd'hui représentés par leurs héritiers, Mme Yvonne Z..., Mme Marie D..., Mme
Suzanne O..., Mme Philomène F..., Mme Marie-Thérèse G..., Mme Bernadette H..., M. Michel F..., M.
Georges I..., Mme Michèle B..., Mme Evelyne J... en sa qualité d'administratrice légale des biens de
M. Adrien F..., M. Adrien F..., M. Gilles Z..., Mme Yvonne K... en sa qualité de curatrice de M. Gilles

8
Z..., M. Michel L..., Mme Marion L..., et Mme Katty Z..., épouse C... (les héritiers P...) en perfection
de la vente et en indemnisation de leurs préjudices ;

Attendu que M. X... et la SCI Sainte Catherine font grief à l'arrêt de rejeter ces demandes ;

Mais attendu qu'ayant souverainement retenu que les vendeurs, très âgés, avaient clairement manifesté
leur volonté de ne pas s'engager définitivement sans l'assistance et le conseil de leur propre notaire, ne
voulant conclure l'acte définitif qu'avec son concours, ce que l'acquéreur avait accepté expressément,
et que la solennité de l'acte notarié, nécessaire pour que vendeur et acheteur fussent engagés dans les
liens d'un contrat définitif, était, dans la commune intention des parties, un élément constitutif du
consentement, la cour d'appel a exactement déduit de ces seuls motifs que, faute de réitération, la
promesse de vente était caduque ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

9
UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 3
Le consentement

I. Documents à étudier

- Lire et étudier les arrêts qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel à
l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Cass. 3ème Civ., 21 mai 2008, Bull. civ. III, n° 92


Document n° 2. Cass. 1ère Civ., 22 février 1978, Poussin, Bull. civ. I, n° 74,
Document n° 3. Cass. 1ère Civ., 24 mars 1987, Fragonard, Bull. civ. I, n° 105
Document n° 4. Cass. Com., 12 juin 2012, pourvoi n° 11-19.047
Document n° 5. Cass. Com., 2 octobre 2013, pourvoi n° 12-13.302
Document n° 6. Cass. com., 22 juin 2022, n° 20-1184
Document n° 7. Cass. 1ère Civ., 3 mai 2000, Baldus, Bull. civ. I, n° 131
Document n° 8. Cass. 1ère Civ., 14 mai 2009, Bull. civ. I
Document n° 9. Cass. 1ère Civ., 28 octobre 2010, Bull. civ. I, n° 215

- Les étudiants noteront (ou synthétiseront) la définition juridique des termes suivants : capacité,
incapacité, insanité d’esprit, vice du consentement, vice déterminant, erreur, erreur sur les qualités
essentielles, erreur sur la personne, erreur de droit, erreur de fait, contrat intuitu personae, erreur
obstacle, erreur indifférente, erreur sur la valeur, erreur sur les motifs, erreur inexcuable, dol, réticence
dolosive, élément intentionnel du dol, dolus malus, dolus bonus, violence, violence par abus de l’état
de dépendance.

- Exercice principal : commentez Cass. com., 22 juin 2022, n° 20-1184 (document n° 6).

* *
*

Document n° 1. Cass. 3ème Civ., 21 mai 2008

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 26 octobre 2006) que Mme X..., par l’intermédiaire
de son notaire M. Y..., a vendu divers biens immobiliers à la société civile immobilière MJR (la SCI) ;
que soutenant qu’elle n’avait pas voulu céder le lot n° 11, elle a assigné la SCI en nullité de la vente
pour erreur sur l’identification du bien vendu ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la SCI fait grief à l’arrêt d’accueillir la demande de Mme X... alors, selon le moyen :

1°/ que l’erreur, telle que définie à l’article 1110 du code civil, est une fausse représentation de la
réalité ; que la cour d’appel, en retenant que l’erreur de Mme X... sur sa propre prestation découlait des
inexactitudes importantes relatives à la description des lots dans la promesse de vente et l’acte de
vente lui-même bien que la simple lecture des deux actes aurait permis à la venderesse de constater
que la description des lots ne correspondait pas à sa volonté, d’où il résulte qu’elle n’a pu concevoir
une fausse représentation de la réalité aussi patente, a méconnu l’article 1110 du code civil ;

1
2°/ qu’à supposer que Mme X... ait commis une erreur qui aurait vicié son consentement, l’article
1110 du code civil sanctionne de nullité l’erreur sur la substance caractérisée ; qu’en se limitant à
relever qu’il existait des inexactitudes qu’à la condition qu’elles soient importantes dans la promesse
de vente puis dans l’acte de vente lui-même, et une méprise de Mme X... quant à l’étendue des droits
qu’elle a cédés, sans vérifier les caractères de cette erreur, notamment si elle était excusable, la cour
d’appel n’a pas légalement justifié sa décision et prive son arrêt de base légale au regard du texte
susvisé ;

Mais attendu qu’ayant constaté que la promesse de vente sous seing privé établie par le notaire M.
Y..., dont les indications avaient été reproduites dans l’acte de vente du 12 août 1998, comportait une
erreur importante de contenance du lot n° 11, vendu pour 60 m² alors que sa superficie réelle était de
213 m² et ne précisait pas que ce lot faisait l’objet d’un bail commercial, et relevé que par lettre du 27
février 2002 M. Y... avait indiqué au notaire de la société MJR qu’il pensait très sincèrement que sa
cliente n’envisageait pas de vendre le lot n° 11, la cour d’appel qui a retenu que cette inexactitude et
cette omission avaient des conséquences importantes sur la définition des biens vendus et la
consistance de la vente et que Mme X... n’avait pas compris que l’un des lots énumérés dans l’acte de
vente correspondait aux locaux commerciaux loués à la société Degivry occupant le lot n° 11, a pu en
déduire, sans être tenue de procéder à une recherche sur le caractère inexcusable de l’erreur que ses
constatations rendaient inopérante, que l’erreur de Mme X... sur l’objet même de la vente, laquelle
faisait obstacle à la rencontre des consentements, devait entraîner l’annulation de la vente ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

Et attendu qu’il y ait lieu de statuer sur le second moyen qui ne serait pas de nature à permettre
l’admission du pourvoi ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 2. Cass. 1ère Civ., 22 février 1978

Sur le premier moyen :

Vu l’article 1110 du code civil ;

Attendu que, les époux z... ayant chargé Rheims, commissaire-priseur, de la vente d’un tableau
attribué par l’expert X... à "l’école des Carrache", la réunion des musées nationaux a exercé son droit
de préemption, puis a présenté le tableau comme une œuvre originale de Nicolas Poussin ;

Que les époux Z... ayant demandé la nullité de la vente pour erreur sur la qualité substantielle de la
chose vendue, la cour d’appel, estimant qu’il n’était pas prouvé que le tableau litigieux fut une œuvre
authentique de Poussin, et qu’ainsi l’erreur alléguée n’était pas établie, a débouté les époux Z... de leur
demande ;

Qu’en statuant ainsi, sans rechercher si, au moment de la vente, le consentement des vendeurs n’avait
pas été vicié par leur conviction erronée que le tableau ne pouvait pas être une œuvre de Nicolas
Poussin, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le second moyen :
CASSE ET ANNULE

Document n° 3. Cass. 1ère Civ., 24 mars 1987

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

2
Attendu que, selon les juges du fond, Jean, André Vincent, depuis lors décédé, a vendu en 1933 aux
enchères publiques, comme étant " attribué à Fragonard ", un tableau intitulé Le Verrou ; que,
l’authenticité du tableau ayant été ultérieurement reconnue, l’arrêt confirmatif attaqué a refusé
d’annuler cette vente, pour erreur, à la demande des héritiers de Jean, André Vincent ;

Attendu que ceux-ci reprochent à la cour d’appel (Paris, 12 juin 1985) de s’être déterminée au motif
essentiel que l’expression " attribué à.... " laisse planer un doute sur l’authenticité de l’oeuvre mais
n’en exclut pas la possibilité ; qu’ils soutiennent, d’une part, qu’en s’attachant seulement à déterminer
le sens objectif de la mention " attribué à.... " et en s’abstenant de rechercher quelle était la conviction
du vendeur, alors que leurs conclusions faisaient valoir qu’il était persuadé, à la suite des avis formels
des experts, que l’authenticité de l’œuvre était exclue, la cour d’appel a violé à la fois les articles 1110
du Code civil et 455 du nouveau Code de procédure civile ; qu’il est, d’autre part, prétendu qu’en
toute hypothèse, le vendeur commet une erreur quand il vend sous l’empire de la conviction que
l’authenticité est discutable, alors qu’elle est en réalité certaine et que tout aléa à ce sujet est inexistant
;

Mais attendu, en premier lieu, qu’il résulte des énonciations souveraines du jugement confirmé " qu’en
vendant ou en achetant, en 1933, une œuvre attribuée à Fragonard, les contractants ont accepté un aléa
sur l’authenticité de l’œuvre, que les héritiers de Jean-André Vincent ne rapportent pas la preuve, qui
leur incombe, que leur auteur a consenti à la vente de son tableau sous l’empire d’une conviction
erronée quant à l’auteur de celui-ci " ; que le moyen, en sa première branche, ne peut dès lors être
accueilli ;

Et attendu, en second lieu, que, ainsi accepté de part et d’autre, l’aléa sur l’authenticité de l’œuvre
avait été dans le champ contractuel ; qu’en conséquence, aucune des deux parties ne pouvait alléguer
l’erreur en cas de dissipation ultérieure de l’incertitude commune, et notamment pas le vendeur ni ses
ayants-cause en cas d’authenticité devenue certaine ; que le moyen doit donc être entièrement écarté ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 4. Cass. Com., 11 avril 2012

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Bordeaux, 7 décembre 2010), que Mme X... a souscrit le 3 juillet 2002,
pour financer l’acquisition d’équipements médicaux destinés à l’exercice de son activité d’infirmière
libérale deux contrats de crédit-bail auprès de la société BNP Paribas et deux contrats de crédit-bail
auprès de la société Lixxbail, ces quatre contrats représentant une charge totale mensuelle de 1 529,82
euros toutes taxes comprises ; que les matériels fournis par la société Formes et performances ont été
livrés à Mme X..., qui a signé un procès-verbal de réception ; que cette dernière ayant cessé de payer
les loyers à compter du mois de novembre 2003, la société Lixxbail lui a notifié la résiliation des
contrats et fait procéder à la saisie des matériels qui ont été revendus pour la somme de 0,18 euro
chacun ; que le tribunal d’instance a déclaré recevable l’opposition de Mme X... aux ordonnances
d’injonction de payer prononcées à son encontre ; que devant le tribunal de grande instance, Mme X...
a demandé l’annulation des contrats de crédit-bail, invoquant une erreur substantielle et recherché
subsidiairement la responsabilité du crédit-bailleur pour manquement à ses obligations d’information
et de conseil ;
Sur le premier moyen :
Attendu que Mme X... reproche à l’arrêt d’avoir rejeté sa demande d’annulation des contrats conclus
avec la société Lixxbail, alors, selon le moyen :
1°/ que constitue une qualité essentielle toute caractéristique du bien entrée dans le champ contractuel
qui détermine son usage ; qu’en jugeant, pour débouter Mme X... de sa demande de nullité du contrat
de crédit-bail que "Mme X... en faisant valoir que la colonne d’électrothérapie et la colonne bilan
louées à la société Fores et performances ne répondaient pas à ses besoins dans son activité
paramédicale d’infirmière en milieu rural, n’invoque aucune erreur sur les qualités substantielles de
ces matériels" sans rechercher si la destination commerciale n’était pas inhérente aux biens donnés à
bail et entrée dans le champ contractuel, la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard de
l’article 1110 du code civil ;

3
2°/ que Mme X... faisait valoir, dans ses conclusions, que le matériel donné à bail ne pouvait être
utilisé que par un médecin ; qu’en se bornant à juger pour débouter Mme X... de sa demande de nullité
du contrat de crédit-bail que l’inadéquation du matériel "à ses besoins dans son activité para-médicale
d’infirmière en milieu rural" n’était pas une qualité substantielle des biens objet du contrat litigieux,
sans répondre à ce moyen déterminant, la cour d’appel a violé l’article 455 du code de procédure civile
;
Mais attendu que l’erreur sur un motif du contrat extérieur à l’objet de celui-ci n’est pas une cause de
nullité de la convention, quand bien même ce motif aurait été déterminant, à moins qu’une stipulation
expresse ne l’ait fait entrer dans le champ contractuel en l’érigeant en condition du contrat ; qu’après
avoir énoncé que l’erreur n’est une cause de nullité du contrat que lorsqu’elle porte sur les qualités
substantielles de la chose qui en est l’objet, et que seule l’erreur excusable peut entraîner la nullité
d’une convention, l’arrêt retient que Mme X..., en faisant valoir que les équipements litigieux ne
répondaient pas à ses besoins dans son activité para-médicale d’infirmière en milieu rural, n’invoque
aucune erreur sur les qualités substantielles de ces matériels, mais se borne à constater leur
inadéquation à cette activité ; qu’ayant ainsi fait ressortir que l’erreur invoquée par le preneur ne
portait pas sur les qualités substantielles des matériels litigieux, mais sur les motifs de leur acquisition,
la cour d’appel, qui n’était pas tenue d’effectuer une recherche qui ne lui était pas demandée, a
légalement justifié sa décision; que le moyen n’est fondé en aucune de ses branches ; [...]
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 5. Cass. Com., 2 octobre 2013

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 2 décembre 2011), que la SCI Delfimmo,
propriétaire, dans un centre commercial, d’un local n° 41, précédemment occupé par la société
Sephora, l’a donné à bail par acte du 29 septembre 2010, à compter du 1er octobre 2010, à la société
Marionnaud Lafayette (la société Marionnaud) ; qu’à cette date, il est apparu que la société Sephora,
exploitant la même activité de parfumerie, cosmétiques et produits de beauté s’installait dans le local
mitoyen n° 42 ; que la société Marionnaud, invoquant l’erreur sur les qualités substantielles, a assigné
la SCI Delfimmo en nullité du bail ;

Attendu que la SCI Delfimmo fait grief à l’arrêt de prononcer la nullité du bail, alors, selon le moyen :
1°/ que l’erreur n’est cause de nullité que si elle porte sur les qualités substantielles de la chose ou de
la personne de sorte qu’elle est sans effet sur la validité du contrat lorsqu’elle n’a pour objet que les
motifs du contractant ; qu’en énonçant que l’erreur de la société locataire résultait de « la
démonstration d’un consentement donné dans la croyance, contraire à la réalité, que le bail des locaux
permettait l’exercice de son activité sans concurrence dans le centre commercial » et que « cette erreur
a porté sur une qualité substantielle de la chose louée, comprise dans le champ contractuel et exempte
d’aléa », la cour d’appel a retenu une erreur sur les motifs de la société Marionnaud et a ainsi violé
l’article 1110 du code civil ;
2°/ que l’erreur n’est cause de nullité que si elle porte sur les qualités substantielles de la chose ou de
la personne de sorte qu’elle est sans effet sur la validité du contrat lorsqu’elle n’a pour objet que la
valeur de la chose ; qu’en retenant en l’espèce que « la situation de non-concurrence » était une «
qualité substantielle » « tacitement convenue entre les deux parties » après s’être fondée sur « le
niveau des prix de négociation et de conclusion du contrat », la cour d’appel a porté une appréciation
d’ordre économique sur la rentabilité de l’opération sans nullement relever une erreur sur les qualités
substantielles de la chose ; qu’en conséquence, elle a ainsi derechef violé l’article 1110 du code civil ;
3°/ que (subsidiaire) l’erreur sur les motifs n’est concevable que lorsque les motifs erronés sont entrés
dans le champ contractuel ; que seul le motif déterminant partagé par les parties et érigé par elles au
rang de condition de l’expression de leur volonté peut être considéré comme une qualité substantielle ;
qu’en l’espèce, la SCI Delfimmo faisait valoir que Marionnaud ne pouvait pas justifier d’une mention
expresse du contrat liée à l’absence d’environnement concurrentiel ; qu’en retenant dès lors que la
situation de non-concurrence était « tacitement convenue entre les parties » quand ce motif, pour être
cause d’erreur annulable, aurait dû faire l’objet d’une stipulation expresse, la cour d’appel a encore
violé l’article 1110 du code civil ;
4°/ que (subsidiaire) l’erreur sur les qualités substantielles n’est cause de nullité de la convention que
si l’errans démontre l’absence de tout aléa ; qu’une qualité affectée d’un aléa connu lors de la

4
conclusion du contrat ne peut être tenue pour substantielle dès lors qu’en contractant néanmoins les
parties ont accepté que cette qualité puisse ne pas se rencontrer ; qu’en l’espèce, la SCI Delfimmo
faisait valoir que la condition alléguée était affectée d’un aléa lié notamment au fait que n’étant pas
propriétaire de la galerie marchande, le bailleur ne pouvait consentir aucune exclusivité; que pour
retenir que la qualité substantielle liée à un environnement commercial non concurrentiel était
exclusive de tout aléa, la cour d’appel a énoncé que l’absence de concurrence à la date de conclusion
du bail était certaine, « était-ce de fait et non juridiquement » ; qu’en statuant par un motif inopérant
impropre à exclure l’aléa affectant la condition alléguée, la cour d’appel a privé sa décision de base
légale au regard de l’article 1110 du code civil ;

Mais attendu qu’ayant retenu que la société Marionnaud justifiait de la matérialité de son erreur en
démontrant avoir conclu le bail dans la croyance erronée qu’il permettait l’exercice de son activité
sans concurrence dans le centre commercial et que la perspective d’une situation avantageuse, qui
avait été prise en compte dans la détermination du prix du bail constituait une qualité substantielle de
la chose louée, comprise dans le champ contractuel et exempte d’aléa, la cour d’appel en a justement
déduit qu’il y avait lieu de prononcer la nullité du bail ;
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 6. Cass. com., 22 juin 2022, n° 20-11846

Faits et procédure

3. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 15 mai 2018), rendu sur renvoi après cassation (Chambre commerciale,
financière et économique, 14 avril 2015, pourvoi n° 14-10.951), le 26 juin 1996, dans le cadre d'une
opération de défiscalisation qui leur avait été présentée par la société Financière du cèdre, M. [N] [P]
et [J] [P] ont acquis de la société Réalisations économiques et industrielles (la société REI) des quirats
d'un navire construit par la société Océa.

4. L'administration fiscale leur ayant refusé le bénéfice de la réduction d'impôt qu'ils escomptaient de
cette opération, au motif que le navire ne remplissait pas les conditions d'éligibilité au dispositif fiscal
concerné, M. [N] [P] et [J] [P] ont assigné les sociétés Océa, REI et Financière du cèdre en annulation
de la vente et en indemnisation.

Examen des moyens

Sur les moyens du pourvoi principal, le premier moyen, pris en sa première branche, et les deuxième
et troisième moyens du pourvoi incident, ci-après annexés

5. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par
une décision spécialement motivée sur ces moyens qui ne sont manifestement pas de nature à entraîner
la cassation.

Sur le premier moyen, pris en ses deuxième et troisième branches, du pourvoi incident, en ce qu'il
reproche à l'arrêt de rejeter la demande de M. et Mme [P] de condamnation des sociétés Financière du
cèdre et REI à leur payer la somme de 15 000 euros en réparation de leur préjudice de jouissance

6. Les motifs critiqués par le moyen n'étant pas le soutien du chef de dispositif rejetant la demande de
M. et Mme [P] de condamnation des sociétés Financière du cèdre et REI à leur payer la somme de 15
000 euros en réparation de leur préjudice de jouissance, le moyen est inopérant.

Mais sur le premier moyen, pris en sa troisième branche, du pourvoi incident, en ce qu'il fait grief à
l'arrêt de rejeter les demandes de M. et Mme [P] d'annulation de l'acte d'acquisition des quirats et de
condamnation des sociétés Financière du cèdre et REI à leur payer les sommes de 160 071,46 euros au

5
titre de la restitution des sommes investies et de 21 215,44 euros au titre des frais de souscription du
prêt bancaire et de son remboursement

Enoncé du moyen

7. Les consorts [P] font grief à l'arrêt de rejeter les demandes de M. et Mme [P] d'annulation de l'acte
d'acquisition des quirats et de condamnation des sociétés Financière du cèdre et REI à leur payer les
sommes de 160 071,46 euros au titre de la restitution des sommes investies et de 21 215,44 euros au
titre des frais de souscription du prêt bancaire et de son remboursement, alors « que l'erreur est un vice
du consentement entraînant la nullité du contrat ; qu'en ne recherchant pas, comme cela lui était
demandé dans les conclusions d'appel de M. et Mme [P], si leur consentement n'avait pas été surpris
par erreur, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision au regard de l'article 1109 du code
civil, dans sa rédaction antérieure à l'entrée en vigueur de l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février
2016. »

Réponse de la Cour

Vu les articles 1108, 1109 et 1110 du code civil, dans leur rédaction antérieure à celle issue de
l'ordonnance du 10 février 2016 :

8. Il résulte de ces textes que l'erreur qui tombe sur la substance même de la chose qui est l'objet de la
convention est une cause de nullité de celle-ci.

9. Les parties peuvent convenir, expressément ou tacitement, que le fait que le bien, objet d'une vente,
remplisse les conditions d'éligibilité à un dispositif de défiscalisation constitue une qualité
substantielle de ce bien.

10. Pour rejeter la demande d'annulation de la vente des quirats formée par M. et Mme [P], l'arrêt se
borne à énoncer que les éléments relatifs à la déduction fiscale figurent sur la plaquette de
présentation, dont il n'est pas établi qu'elle émane de la société REI et qui comporte uniquement le
logo de la société Financière du cèdre, de sorte que l'existence de manoeuvres dolosives dont la société
REI serait l'auteur ou auxquelles elle aurait participé n'est pas caractérisée.

11. En se déterminant ainsi, sans rechercher, comme elle y était invitée, si l'éligibilité des quirats au
dispositif de défiscalisation en cause ne constituait pas une qualité substantielle du bien vendu,
convenue par les parties et en considération de laquelle elles avaient contracté, de sorte que, dès lors
qu'il aurait été exclu, avant même la conclusion du contrat, que ce bien permît d'obtenir l'avantage
fiscal escompté, le consentement de M. et Mme [P] aurait été donné par erreur, la cour d'appel a privé
sa décision de base légale.

Portée et conséquences de la cassation

12. En application de l'article 131-1 du code de procédure civile, il y a lieu d'ordonner une mesure de
médiation judiciaire, à laquelle les parties représentées ont donné leur accord, et de surseoir à statuer,
jusqu'à l'issue de cette mesure, sur la question du renvoi de l'affaire devant une cour d'appel pour qu'il
soit statué sur les points restant à juger à la suite de la cassation partielle de l'arrêt attaqué.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le dernier grief du pourvoi incident, la Cour :

REJETTE le pourvoi principal ;

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il rejette les demandes de M. et Mme [P] d'annulation
de l'acte d'acquisition des quirats et de condamnation des sociétés Financière du cèdre et REI à leur
payer les sommes de 160 071,46 euros et de 21 215,44 euros au titre des frais de souscription du prêt
bancaire et de son remboursement, l'arrêt rendu le 15 mai 2018, entre les parties, par la cour d'appel de
Paris ;

6
Document n° 7. Cass. 1ère Civ., 3 mai 2000

Sur le moyen unique, pris en sa deuxième branche :

Vu l'article 1116 du Code civil ;

Attendu qu'en 1986, Mme Y... a vendu aux enchères publiques cinquante photographies de X... au prix
de 1 000 francs chacune ; qu'en 1989, elle a retrouvé l'acquéreur, M. Z..., et lui a vendu
successivement trente-cinq photographies, puis cinquante autres photographies de X..., au même prix
qu'elle avait fixé ; que l'information pénale du chef d'escroquerie, ouverte sur la plainte avec
constitution de partie civile de Mme Y..., qui avait appris que M. X... était un photographe de très
grande notoriété, a été close par une ordonnance de non-lieu ; que Mme Y... a alors assigné son
acheteur en nullité des ventes pour dol ;

Attendu que pour condamner M. Z... à payer à Mme Y... la somme de 1 915 000 francs représentant la
restitution en valeur des photographies vendues lors des ventes de gré à gré de 1989, après déduction
du prix de vente de 85 000 francs encaissé par Mme Y..., l'arrêt attaqué, après avoir relevé qu'avant de
conclure avec Mme Y... les ventes de 1989, M. Z... avait déjà vendu des photographies de X... qu'il
avait achetées aux enchères publiques à des prix sans rapport avec leur prix d'achat, retient qu'il savait
donc qu'en achetant de nouvelles photographies au prix de 1 000 francs l'unité, il contractait à un prix
dérisoire par rapport à la valeur des clichés sur le marché de l'art, manquant ainsi à l'obligation de
contracter de bonne foi qui pèse sur tout contractant et que, par sa réticence à lui faire connaître la
valeur exacte des photographies, M. Z... a incité Mme Y... à conclure une vente qu'elle n'aurait pas
envisagée dans ces conditions ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'aucune obligation d'information ne pesait sur l'acheteur, la cour
d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE …

Document n° 8. Cass. 1ère Civ., 14 mai 2009

Attendu que le 7 juillet 2004 les époux X... ont acheté à la Jardinerie de l’Oison un rat, qui, le 10
juillet 2004 a mordu Mme X... et leur fils Fabien lequel est tombé gravement malade ; que les consorts
X... ont alors assigné le vendeur en réparation du préjudice subi du fait d’un manquement à
l’obligation d’information sur les risques de maladie pouvant résulter des morsures ;
Attendu qu’il est fait grief à la juridiction de proximité (Elbeuf, 27 mars 2008) d’avoir condamné la
Jardinerie à payer des dommages et intérêts à Fabien X... et à sa mère, alors, selon le moyen :
1°/ que la contradiction de motifs équivaut à leur absence ; qu’en jugeant, d’une part, qu’il n’était pas
démontré que le rat vendu ait été malade au moment de la vente, ni que la Sarl Jardinerie de Loison ait
commis une négligence, ni qu’il ait existé un lien de causalité entre un comportement fautif de cette
société et le dommage, de sorte que la responsabilité civile de l’exposante dans la réalisation du
dommage ne pouvait être retenue, tout en énonçant, d’autre part, que la Sarl Jardinerie de Loison
aurait manqué à son obligation d’information et de conseil et causé un dommage, la juridiction de
proximité a entaché sa décision d’une contradiction de motifs, en violation de l’article 455 du code de
procédure civile ;
2°/ que l’obligation d’information et de conseil ne peut s’appliquer aux faits qui sont de la
connaissance de tous ; que selon les propres constatations du jugement attaqué, l’acheteur d’un rat est
“habituellement averti du fait qu’il s’agit d’un animal qui ne présente pas toutes les garanties
d’hygiène” ; qu’il devait nécessairement s’en déduire que le risque de morsure infectieuse, et donc
éventuellement dangereuse, de la part d’un tel rongeur réputé pour sa saleté, était de la connaissance
de tous ; qu’en jugeant néanmoins que ce risque aurait dû faire l’objet d’une obligation particulière
d’information et de conseil, la juridiction de proximité a violé l’article 1147 du code civil ;
Mais attendu que le juge de proximité qui ne s’est pas contredit et qui a constaté que l’acheteur n’avait
ni connaissance ni conscience, qu’en achetant un rat domestique il s’exposait à un risque de maladie, a

7
pu en déduire que le vendeur, en tant que professionnel, avait manqué à son obligation d’information
en ne portant pas ce risque à la connaissance de l’acheteur ;
D’où il suit que le moyen n’est fondé en aucune de ses branches ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 9. Cass. 1ère Civ., 28 octobre 2010, Bull. civ. I, n° 215

Vu les articles 1147 et 1315 du code civil ;

Attendu que M. et Mme X... ont acheté à la société Ateliers de la terre cuite (la société ATC) divers
lots de carrelage ; qu'ayant constaté la désagrégation des carreaux qui avaient été posés autour de leur
piscine, ils en ont informé la société ATC qui a procédé à un remplacement partiel du carrelage ; que
le phénomène persistant, les époux X... ont obtenu la désignation d'un expert dont le rapport a fait
apparaître que les désordres étaient liés à l'incompatibilité entre la terre cuite et le traitement de l'eau
de la piscine effectué selon le procédé de l'électrolyse au sel, puis, afin d'être indemnisés, ils ont
assigné le vendeur qui a attrait en la cause son assureur, la société Generali assurances ;

Attendu que pour rejeter la demande fondée sur l'article 1147 du code civil, la cour d'appel a énoncé
que s'il appartient au vendeur professionnel de fournir à son client toutes les informations utiles et de
le conseiller sur le choix approprié en fonction de l'usage auquel le produit est destiné, en s'informant
si nécessaire des besoins de son client, il appartient également à ce dernier d'informer son vendeur de
l'emploi qui sera fait de la marchandise commandée puis a retenu qu'il n'était pas établi que le vendeur
eût été informé par les époux X... de l'utilisation spécifique, s'agissant du pourtour d'une piscine, qu'ils
voulaient faire du carrelage acquis en 2003, de même type que celui dont ils avaient fait
précédemment l'acquisition ;

Qu'en statuant ainsi alors qu'il incombe au vendeur professionnel de prouver qu'il s'est acquitté de
l'obligation de conseil lui imposant de se renseigner sur les besoins de l'acheteur afin d'être en mesure
de l'informer quant à l'adéquation de la chose proposée à l'utilisation qui en est prévue, la cour d'appel
a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la première branche : CASSE ET ANNULE

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UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 4
Le consentement (suite)

- Lire et étudier les arrêts qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel à
l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Cass. 1ère Civ., 3 avril 2002, Bull. civ. I, n° 108


Document n° 2. Cass. 1ère Civ., 4 février 2015, n° 14-10.920

- Exercice principal : les étudiants traiteront le cas pratique suivant (proche du sujet donné à la colle en
2020-2021). Ils feront attention au fait qu’une partie du cas pratique a trait au contenu du contrat (qui
est au programme de la séance n° 5 de TD).

* *
*
Cas pratique :

Jean est passionné d’art contemporain depuis une dizaine d’année. Il apprécie en particulier les œuvres
de P. Légitimus, qui réalise des constructions en métal d’art abstrait. Sur l’invitation du père de sa
fiancée (Patrick), Jean s’est rendu en début d’année dernière dans le « village Suisse » du 15ème
arrondissement de Paris afin de visiter la boutique d’un ami de son beau-père Patrick. À la grande
surprise de Jean, l’exploitant de la boutique proposait à la vente une œuvre attribuée à P. Légitimus,
appelée le « Koendelietzsche ». Pour ne pas froisser son beau-père, auquel Jean s’apprêtait à annoncer
les fiançailles, il se résolut à proposer au marchand d’acquérir cette œuvre d’art pour le prix de 50 000
€ – somme dépassant de loin son budget. Son offre a été immédiatement acceptée et un contrat établi
en deux exemplaires originaux indiquant notamment que « le Koendelietzsche vendu est attribué à P.
Légitimus ».

Jean regrette cependant aujourd’hui cet achat. Outre que sa fiancée a changé d’avis après avoir discuté
du projet de mariage avec son père, Jean, après avoir payé le prix, s’est rendu compte que les œuvres
de P. Légitimus sont loin de valoir le prix qu’il a payé : 2000 euros auraient suffi pour ce qui
ressemble plus à un séchoir qu’une œuvre d’art. Le vendeur s’est d’ailleurs bien gardé de prévenir
Jean qu’il faisait une mauvaise affaire ! De plus, Jean a découvert en lisant un magazine d’art
contemporain qu’après le décès de P. Légitimus en octobre, sa famille a dévoilé une liste, établie de la
main de l’artiste, référençant l’ensemble de ses œuvres. Or, cette liste ne mentionne à aucun moment
le « Koendelietzsche ». Contacté par Jean, un expert de l’artiste est formel : la structure métallique
achetée n’est pas de P. Légitimus, mais, au mieux, d’un de ses élèves (D. Bourdon).

Furieux, Jean envisage de se faire rembourser ou indemniser pour cette mauvaise affaire et il vous
demande votre avis. Il estime notamment qu’il n’aurait jamais acquis cette construction métallique s’il
n’avait pas craint que Patrick ne remette en cause ses projets de mariage.

Que lui répondez-vous ?

* *
*

1
Document n° 1. Cass. 1ère Civ., 28 octobre 2010

Sur le moyen unique, pris en sa seconde branche :


Vu les articles 1147 et 1315 du code civil ;
Attendu que M. et Mme X... ont acheté à la société Ateliers de la terre cuite (la société ATC) divers
lots de carrelage ; qu'ayant constaté la désagrégation des carreaux qui avaient été posés autour de leur
piscine, ils en ont informé la société ATC qui a procédé à un remplacement partiel du carrelage ; que
le phénomène persistant, les époux X... ont obtenu la désignation d'un expert dont le rapport a fait
apparaître que les désordres étaient liés à l'incompatibilité entre la terre cuite et le traitement de l'eau
de la piscine effectué selon le procédé de l'électrolyse au sel, puis, afin d'être indemnisés, ils ont
assigné le vendeur qui a attrait en la cause son assureur, la société Generali assurances ;
Attendu que pour rejeter la demande fondée sur l'article 1147 du code civil, la cour d'appel a énoncé
que s'il appartient au vendeur professionnel de fournir à son client toutes les informations utiles et de
le conseiller sur le choix approprié en fonction de l'usage auquel le produit est destiné, en s'informant
si nécessaire des besoins de son client, il appartient également à ce dernier d'informer son vendeur de
l'emploi qui sera fait de la marchandise commandée puis a retenu qu'il n'était pas établi que le vendeur
eût été informé par les époux X... de l'utilisation spécifique, s'agissant du pourtour d'une piscine, qu'ils
voulaient faire du carrelage acquis en 2003, de même type que celui dont ils avaient fait
précédemment l'acquisition ;
Qu'en statuant ainsi alors qu'il incombe au vendeur professionnel de prouver qu'il s'est acquitté de
l'obligation de conseil lui imposant de se renseigner sur les besoins de l'acheteur afin d'être en mesure
de l'informer quant à l'adéquation de la chose proposée à l'utilisation qui en est prévue, la cour d'appel
a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la première branche : CASSE ET ANNULE

Document n° 2. Cass. Civ. 1re, 3 avril 2002

Sur le premier moyen, pris en sa première branche :


Vu l’article 1112 du Code civil ;
Attendu que Mme X... était collaboratrice puis rédactrice salariée de la société Larousse-Bordas depuis
1972 ; que selon une convention à titre onéreux en date du 21 juin 1984, elle a reconnu la propriété de
son employeur sur tous les droits d’exploitation d’un dictionnaire intitulé « Mini débutants » à la mise
au point duquel elle avait fourni dans le cadre de son contrat de travail une activité supplémentaire ;
que, devenue « directeur éditorial langue française » au terme de sa carrière poursuivie dans
l’entreprise, elle en a été licenciée en 1996 ; que, en 1997, elle a assigné la société Larousse-Bordas en
nullité de la cession sus-évoquée pour violence ayant alors vicié son consentement, interdiction de
poursuite de l’exploitation de l’ouvrage et recherche par expert des rémunérations dont elle avait été
privée ;
Attendu que, pour accueillir ces demandes, l’arrêt retient qu’en 1984, son statut salarial plaçait Mme
X... en situation de dépendance économique par rapport à la société Editions Larousse, la contraignant
d’accepter la convention sans pouvoir en réfuter ceux des termes qu’elle estimait contraires tant à ses
intérêts personnels qu’aux dispositions protectrices des droits d’auteur ; que leur refus par elle aurait
nécessairement fragilisé sa situation, eu égard au risque réel et sérieux de licenciement inhérent à
l’époque au contexte social de l’entreprise, une coupure de presse d’août 1984 révélant d’ailleurs la
perspective d’une compression de personnel en son sein, même si son employeur ne lui avait jamais
adressé de menaces précises à cet égard ; que de plus l’obligation de loyauté envers celui-ci ne lui
permettait pas, sans risque pour son emploi, de proposer son manuscrit à un éditeur concurrent ; que
cette crainte de perdre son travail, influençant son consentement, ne l’avait pas laissée discuter les
conditions de cession de ses droits d’auteur comme elle aurait pu le faire si elle n’avait pas été en
rapport de subordination avec son cocontractant, ce lien n’ayant cessé qu’avec son licenciement
ultérieur ;
Attendu, cependant, que seule l’exploitation abusive d’une situation de dépendance économique, faite
pour tirer profit de la crainte d’un mal menaçant directement les intérêts légitimes de la personne, peut
vicier de violence son consentement ; qu’en se déterminant comme elle l’a fait, sans constater, que lors
de la cession, Mme X... était elle-même menacée par le plan de licenciement et que l’employeur avait

2
exploité auprès d’elle cette circonstance pour la convaincre, la cour d’appel n’a pas donné de base
légale à sa décision ;
Par ces motifs, et sans qu’il soit besoin de statuer sur la seconde branche du premier moyen, ni sur le
second moyen :

CASSE ET ANNULE …

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UNIVERSITÉ DE POITIERS

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DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 5
Le contenu du contrat

- Lire et étudier les arrêts qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel à
l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Cass. 1ère Civ., 12 juillet 1989, Bull. civ. I, n° 293


Document n° 2. Civ. 1ère, 7 oct. 1998, n° 96-14.359
Document n° 3. Cass. 1ère Civ., 29 octobre 2014, Bull. civ. I, n° 178
Document n° 4. Cass. com., 28 févr. 1983, n° 81-14921
Document n° 5. Cass. Com., 4 novembre 2014, n° 11-14.026
Document n° 6. Cass. 1ère Civ., 20 janvier 2010, n° 08-20.459
Document n° 7. Cass. 3ème civ., 24 janvier 2019, 17-25.793 (les étudiants ne s’arrêteront pas
sur la question de la prescription, mais s’interrogeront seulement sur la qualification de nullité
relative)
Document n° 8. Com., 23 octobre 2012, Bull. civ. IV, n° 190
Document n° 9. Cass. 1ère Civ., 13 décembre 2012, Bull. civ. I, n° 260
Document n° 10. Com., 15 juin 2022, n° 20-22160

- Les étudiants noteront (ou synthétiseront) la définition juridique des termes suivants : contenu du
contrat, objet, prestation, stipulation, cause, but, motif, libéralité, contrepartie convenue, contrepartie
convenue illusoire, contrepartie convenue dérisoire, abus, prestation de service, obligation essentielle,
déséquilibre significatif, clause abusive, lésion, rescision, nullité, nullité relative, nullité absolue,
nullité partielle, caducité, résolution, inexistence, confirmation, réfection, régularisation, clause
réputée non écrite, rétroactivité, prescription.

- Les étudiants feront un plan détaillé de commencaire d’arrêt pour Cass. Com., 29 juin 2010, n° 09-
11841, mais en laissant de côté la question de la faute lourde évoquée par le troisième moyen (elle sera
examinée plus tard dans le cours)

- Par ailleurs, les étudiants liront les deux listes de clauses abusives établies par les articles R212-1 et
R 212-2 du Code de la consommation. Ils seront capables de donner en TD quelques exemples de
chaque liste et d’expliquer en quoi les clauses visées posent difficulté.

* *
*

Document n° 1. Cass. 1ère Civ., 12 juillet 1989

Attendu qu'en 1981, M. Y..., parapsychologue, a vendu à Mme X..., elle-même parapsychologue,
divers ouvrages et matériels d'occultisme pour la somme de 52 875 francs ; que la facture du 29
décembre 1982 n'ayant pas été réglée, le vendeur a obtenu une ordonnance d'injonction de payer, à
l'encontre de laquelle Mme X... a formé contredit ; que l'arrêt attaqué (Paris, 24 novembre 1987) a
débouté M. Y... de sa demande en paiement, au motif que le contrat de vente avait une cause illicite ;

Attendu que M. Y... fait grief audit arrêt d'avoir ainsi statué, alors, selon le moyen, d'une part, que la
cause du contrat ne réside pas dans l'utilisation que compte faire l'acquéreur de la chose vendue, mais

1
dans le transfert de propriété de cette chose, et qu'en prenant en compte, pour déterminer cette cause,
le prétendu mobile de l'acquéreur, la cour d'appel aurait violé les articles 1131, 1133 et 1589 du Code
civil ; et alors, d'autre part, qu'en déclarant nulle pour cause illicite la vente d'objets banals au prétexte
que ceux-ci pourraient servir à escroquer des tiers, bien qu'il soit nécessaire que le mobile illicite
déterminant soit commun aux deux parties sans qu'il y ait lieu de tenir compte de l'utilisation
personnelle que l'acquéreur entend faire à l'égard des tiers de la chose vendue, l'arrêt attaqué aurait de
nouveau violé les textes susvisés ;

Mais attendu, d'abord, que si la cause de l'obligation de l'acheteur réside bien dans le transfert de
propriété et dans la livraison de la chose vendue, en revanche la cause du contrat de vente consiste
dans le mobile déterminant, c'est-à-dire celui en l'absence duquel l'acquéreur ne se serait pas engagé ;
qu'ayant relevé qu'en l'espèce, la cause impulsive et déterminante de ce contrat était de permettre
l'exercice du métier de deviner et de pronostiquer, activité constituant la contravention prévue et punie
par l'article R. 34 du Code pénal, la cour d'appel en a exactement déduit qu'une telle cause, puisant sa
source dans une infraction pénale, revêtait un caractère illicite ;

Attendu, ensuite, que M. Y... exerçait la même profession de parapsychologue que Mme X..., qu'il
considérait comme sa disciple ; qu'il ne pouvait donc ignorer que la vente de matériel d'occultisme à
celle-ci était destinée à lui permettre d'exercer le métier de devin ; que la cour d'appel n'avait donc pas
à rechercher si M. Y... connaissait le mobile déterminant de l'engagement de Mme X..., une telle
connaissance découlant des faits de la cause ;

Qu'il s'ensuit que le moyen ne peut être retenu en aucune de ses deux branches ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 2. Cass. 1ère Civ., 29 octobre 2014

Attendu, selon l'arrêt attaqué, qu'à la suite de l'interdiction qui lui a été faite de poursuivre l'exposition
de cadavres humains « Our Body / A corps ouvert » organisée à Paris à partir du 12 février 2009, la
société Encore Events a assigné les sociétés Groupe Pont Neuf, Areas, Cameic et Liberty Syndicate,
ses assureurs, en garantie ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Encore Events fait grief à l'arrêt de prononcer la nullité du contrat d'assurance
conclu le 7 novembre 2008 pour illicéité de sa cause, alors, selon le moyen :

1°/ que les conditions de validité d'une convention s'apprécient au regard du droit applicable le jour de
sa formation ; qu'en estimant néanmoins que le contrat d'assurance conclu le 7 novembre 2008 a une
cause illicite quand l'illicéité de l'exposition « Our Body / A corps ouvert » et donc celle du contrat
d'assurance ne résultent, au regard de l'arrêt rendu par la Cour de cassation le 16 septembre 2010
(pourvoi n° 09-67.456), que de la loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 qui a créé l'article 16-1-1 du
code civil et qui est postérieure à la date de formation du contrat d'assurance litigieux, la cour d'appel a
violé les articles 2 et 1131 du code civil ;

2°/ que la loi ne dispose que pour l'avenir et n'a point d'effet rétroactif ; qu'en estimant néanmoins que
la loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008, qui ne comportait aucune disposition transitoire
relativement à l'entrée en vigueur du nouvel article 16-1-1 du code civil, pouvait être considérée
comme rétroactive, la cour d'appel a violé l'article 2 du code civil ;

Mais attendu que le principe d'ordre public, selon lequel le respect dû au corps humain ne cesse pas
avec la mort, préexistait à la loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 d'où est issu l'article 16-1-1 du
code civil ; qu'ayant relevé que le contrat d'assurance souscrit le 7 novembre 2008 par la société
Encore Events avait pour objet de garantir les conséquences de l'annulation d'une exposition utilisant
des dépouilles et organes de personnes humaines à des fins commerciales, la cour d'appel en a

2
exactement déduit que, bien qu'ayant été conclu avant l'entrée en vigueur de l'article 16-1- 1 précité, le
contrat litigieux avait une cause illicite et, partant, qu'il était nul ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ; Mais sur le second moyen : […] PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE

Document n° 3. Cass. 1ère civ., 7 oct. 1998

Attendu que, par acte sous seing privé du 17 juin 1981, M. X... a reconnu devoir à son épouse une
somme, remboursable avec un préavis de trois mois ; qu'après leur divorce, Mme X..., devenue Mme
Y..., a, par acte du 14 juin 1989, accepté que le prêt lui soit remboursé sous forme d'une augmentation
de la pension alimentaire que lui versait son ex-mari ; qu'en 1993, elle l'a assigné en remboursement
du solde du prêt ;

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt attaqué (Versailles, 23 février 1996) d'avoir annulé pour cause
illicite l'acte du 14 juin 1989 et fait droit à la demande de son ex-épouse, alors, selon le moyen, d'une
part, qu'en ne constatant pas que l'accord avait eu pour motif déterminant des déductions fiscales
illégales et en ne recherchant pas s'il n'avait pas eu pour motif déterminant de réaliser l'étalement du
remboursement du prêt dont le paiement était susceptible d'être réclamé à tout moment, la cour d'appel
a privé sa décision de base légale au regard de l'article 1131 du Code civil ; et alors, d'autre part,
qu'une convention ne peut être annulée pour cause illicite que lorsque les parties se sont engagées en
considération commune d'un motif pour elles déterminant ; qu'ayant constaté que Mme Y... déclarait à
l'administration fiscale l'intégralité des sommes reçues de M. X..., il s'en évinçait que Mme Y... ne
pouvait avoir eu pour motif déterminant de son accord la déductibilité, par M. X..., des sommes à elles
versées, en sorte que la cour d'appel, en retenant une cause illicite, a violé l'article précité ;

Mais attendu qu'un contrat peut être annulé pour cause illicite ou immorale, même lorsque l'une des
parties n'a pas eu connaissance du caractère illicite ou immoral du motif déterminant de la conclusion
du contrat ; que l'arrêt ayant retenu que l'acte du 14 juin 1989 avait une cause illicite en ce qu'il avait
pour but de permettre à M. X... de déduire des sommes non fiscalement déductibles, Mme Y... était
fondée à demander l'annulation de la convention ; qu'ainsi, la cour d'appel, qui n'avait pas à effectuer
la recherche inopérante visée à la première branche du moyen, a légalement justifié sa décision

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi.

Document n° 4. Cass. com., 28 févr. 1983, n° 81-14921

SUR LE MOYEN UNIQUE : VU L'ARTICLE 1129 ALINEA 1ER DU CODE CIVIL ;

ATTENDU QU'EN VERTU DE CE TEXTE IL FAUT, POUR LA VALIDITE DU CONTRAT, QUE


L'OBLIGATION AIT POUR OBJET UNE CHOSE AU MOINS DETERMINEE QUANT A SON
ESPECE ;

ATTENDU QUE, POUR CONDAMNER LA SOCIETE MANUFACTURE DE GIVONNE A


PAYER A LA SOCIETE CALBERSON INTERNATIONAL UNE SOMME DONT ELLE SE
RECONNAISSAIT DEBITRICE, LE JUGEMENT ATTAQUE A DECIDE QUE CETTE SOMME
SERAIT DEPOSEE AU GREFFE ET N'EN SERAIT DECONSIGNEE QU'APRES QUE LE
CREANCIER EUT SATISFAIT A UNE OBLIGATION QU'IL AURAIT SOUSCRITE DE FAIRE
UN GESTE AU PROFIT D'UN TIERS QUI AVAIT RENDU SERVICE AUX PARTIES ;

ATTENDU QU'EN DONNANT EFFET A UNE OBLIGATION DONT L'OBJET N'EST NI


DETERMINE, NI DETERMINABLE, LE TRIBUNAL A VIOLE LE TEXTE SUSVISE ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE

Document n° 5. Cass. Com., 4 novembre 2014

3
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 17 février 2011), que la société Camargo, filiale de la société
Française de gastronomie (la société FdG), spécialisée dans la distribution de produits alimentaires, a
conclu, en qualité de fournisseur, un contrat d'approvisionnement exclusif en chair d'escargot avec la
société Larzul, fabricant ; qu'il était stipulé que le prix serait fixé par le tarif en vigueur au jour de
l'enregistrement de la commande et définitivement pour chaque année civile selon une variation ne
pouvant excéder 3 % par rapport à l'année précédente ; que, se plaignant de manquements répétés de la
société Camargo à ses obligations contractuelles, la société Larzul l'a fait assigner en réparation de son
préjudice ; que la société FdG est intervenue volontairement à l'instance en appel ;
Sur le second moyen :

Attendu que la société FdG et la société Camargo font grief à l'arrêt d'avoir constaté des manquements
sérieux et répétés de cette dernière dans l'exécution du contrat d'approvisionnement exclusif et
condamné en conséquence la société Camargo à payer une provision à la société Larzul alors, selon le
moyen, qu'il résulte des constatations mêmes de l'arrêt que les prix pratiqués par la société Camargo à
l'égard de la société Larzul ne pouvaient varier, chaque année civile, que dans une fourchette de plus
ou moins 3 %, ce dont il s'évince que la société Camargo n'avait pas le pouvoir de fixer
discrétionnairement et unilatéralement ses prix qui demeuraient étroitement encadrés par la convention
des parties ; qu'en estimant néanmoins que la société Camargo avait pu se rendre coupable, à l'égard
de la société Larzul, d'un abus dans l'exercice d'un droit de fixer unilatéralement ses prix, la cour
d'appel, qui ne tire pas les conséquences de ses propres constatations, viole l'article 1134, alinéa 1er et
alinéa 3 du code civil ;

Mais attendu qu'après avoir relevé que l'article 3 du contrat, qui permettait à la société Camargo de
fixer unilatéralement le prix de vente des marchandises vendues, moyennant une évolution, chaque
année civile, comprise dans une fourchette de plus ou moins 3 % stipulait à sa charge, en contrepartie,
l'obligation de faire ses meilleurs efforts pour déterminer les prix de manière à permettre à la société
Larzul de faire face à la concurrence, l'arrêt constate que la société Camargo vendait à la société
Larzul les chairs d'escargot à un prix moyen 25 % plus cher qu'à ses autres clients, que son taux de
marge brute moyen était de 29 % sur les ventes à la société Larzul quand il était de 10 % sur les ventes
aux autres clients et qu'elle a consenti à cette dernière une diminution importante du prix de vente à
l'occasion du renouvellement du contrat, démontrant le caractère excessif des prix habituellement
pratiqués ; qu'en l'état de ces motifs, dont il ressort que les prix unilatéralement fixés par la société
Camargo, excessifs dès l'origine, ne permettaient pas à la société Larzul de faire face à la concurrence,
la cour d'appel a pu retenir que la société Camargo avait abusé de son droit de fixer unilatéralement le
prix des marchandises ; que le moyen n'est pas fondé ;

Et attendu que le premier moyen n'est pas de nature à permettre l'admission du pourvoi ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi …

Document n° 6. Cass. 1ère Civ., 20 janvier 2010

Vu l'article 1131 du code civil ;

Attendu que missionné par la SCP Gardel-Bourge, titulaire d'un office notarial au Perreux-sur-Marne,
le cabinet généalogique Aubrun, Delcros, Delabre (le généalogiste) a recherché les héritiers éventuels
de Robert X..., décédé le 6 juin 2003 ; qu'il a retrouvé Mme Suzanne X..., veuve Y..., sœur du défunt,
laquelle a signé, le 25 juin 2003, un contrat de révélation de succession puis s'est opposée au
règlement des honoraires contractuellement prévus au motif qu'elle avait conservé des liens avec son
frère et que le contrat était dépourvu de cause ;

Attendu que pour infirmer le jugement et la condamner à payer au généalogiste une certaine somme en
rémunération de ses honoraires, l'arrêt retient que Mme Y..., à laquelle il incombait de prouver
l'absence de cause du contrat, ne démontrait pas qu'elle avait eu connaissance du décès de son frère
avant l'intervention du généalogiste ;

4
Qu'en statuant ainsi, alors que l'absence de cause du contrat litigieux n'était pas liée à la connaissance
qu'aurait eue Mme Y... du décès de son frère avant l'intervention du généalogiste et qu'il résulte des
pièces versées aux débats et non critiquées par l'arrêt, que l'existence de la succession devait
normalement parvenir à la connaissance de Mme Y... sans l'intervention du généalogiste lequel ne lui
avait rendu aucun service de sorte que la convention litigieuse était sans cause, la cour d'appel a violé
le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE …

Document n° 7. Com., 23 octobre 2012

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Chambéry, 21 juin 2011), qu'en 1995, M. X... a été nommé directeur
général et président du conseil d'administration de la société Mécasonic ; qu'en 2005, la société
Mécasonic a conclu avec la société PGCD, dont le gérant et associé unique est M. X..., une convention
de prestations de service ; qu'en 2007, M. X... ayant été démis de ses fonctions de directeur général de
la société Mécasonic et le contrat conclu avec la société PGCD ayant été résilié, cette dernière et M.
X... ont assigné la société Mécasonic et demandé le paiement à la société PGCD de l'indemnité
contractuelle de résiliation du contrat ; que la société Mécasonic a ensuite fait l'objet d'une procédure
de redressement judiciaire, M. Y... étant désigné mandataire judiciaire, et M. Z... commissaire à
l'exécution du plan de continuation ;

Attendu que M. X... et la société PGCD font grief à l'arrêt de rejeter la demande de la société PGCD
en paiement par la société Mécasonic de l'indemnité contractuelle de résiliation au titre de la
convention de prestation de service du 9 novembre 2005 alors, selon le moyen :
1°/ que dans les contrats synallagmatiques, l'obligation d'une partie trouve sa cause dans l'obligation
de l'autre, qui en constitue la contrepartie ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a constaté qu'aux termes de
la convention du 9 novembre 2005, la société Mécasonic mettait à la charge de la société PGCD
différentes prestations consistant dans la création et le développement de filiales à l'étranger,
l'organisation et/ ou la participation à des salons professionnels, la définition de stratégie de vente dans
les différents pays visés et la recherche de nouveaux clients à l'étranger ; qu'en prononçant l'annulation
de cette convention pour absence de cause, aux motifs inopérants qu'elle constituait une véritable
délégation à la société PGCD d'une partie des attributions de M. X... en qualité de directeur général de
la société Mécasonic et faisait double emploi avec les fonctions de ce dernier, quand il résultait de ses
propres constatations que le contrat litigieux mettait à la charge de la société PGCD des obligations
déterminées dont la société Mécasonic était en droit de demander l'exécution, de sorte que la
convention litigieuse comportait des contreparties réciproques et réelles, la cour d'appel a violé l'article
1131 du code civil ;
2°/ que la société PGCD faisait valoir que la convention du 9 novembre 2005 avait été conclue pour
décharger M. X... d'une partie de ses attributions au sein de la société Mécasonic et que sa
rémunération avait été corrélativement réduite de 40 %, de sorte que les obligations mises à la charge
de la société PGCD ne faisaient pas double emploi avec celles de M. X..., qui ne les assumait plus, et
avait vu de ce fait même sa rémunération sensiblement réduite ; qu'en prononçant néanmoins
l'annulation pour défaut de cause de la convention litigieuse, en retenant qu'elle constituait une
délégation à la société PGCD des fonctions de M. X... en tant que directeur général de la société
Mécasonic et que les prestations mises à la charge de la société PGCD faisaient double emploi avec
les obligations de M. X..., sans rechercher, comme elle y était expressément invitée, si celui-ci n'avait
pas cessé d'assumer ces obligations qui avaient été transférées à la société PGCD, la cour d'appel a
privé sa décision de base légale au regard de l'article 1131 du code civil ;

Mais attendu qu'après avoir relevé qu'aux termes de la convention litigieuse, la société Mécasonic
avait confié à la société PGCD les prestations de création et développement de filiales à l'étranger,
d'organisation et (ou) de participation à des salons professionnels, de définition des stratégies de vente
dans les différents pays visés et de recherche de nouveaux clients à l'étranger, l'arrêt retient qu'une
telle convention constitue une délégation à la société unipersonnelle dont M. X... est le gérant d'une
partie des fonctions de décision, de stratégie et de représentation incombant normalement à ce dernier

5
en sa qualité de directeur général de la société Mécasonic et qu'elle fait double emploi, à titre onéreux
pour cette société, avec lesdites fonctions sociales ; qu'ayant ainsi fait ressortir que les obligations
stipulées à la charge de la société Mécasonic étaient dépourvues de contrepartie réelle, la cour d'appel
en a exactement déduit, sans avoir à faire la recherche dès lors inopérante visée à la seconde branche,
que la convention litigieuse était dépourvue de cause et devait en conséquence être annulée ; que le
moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 8. Cass. 3ème civ., 24 janvier 2019, 17-25.793 (les étudiants ne s’arrêteront
pas sur la question de la prescription, mais s’interrogeront seulement sur la qualification
de nullité relative)

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 15 juin 2017), que, par acte sous seing privé du 26
novembre 2004 réitéré par acte authentique du 5 janvier 2006, M. et Mme Z... ont concédé à Mme X...
et à tous futurs propriétaires de sa parcelle un droit de passage sur la voie coupant leur propriété,
moyennant le versement d'une indemnité ; que, par acte du 8 mars 2013, soutenant avoir découvert,
par un jugement d'un tribunal administratif du 3 novembre 2011, que la servitude était pré-existante à
la convention, Mme X... a assigné M. et Mme Z... en nullité, pour défaut d'objet, de l'acte du 26
novembre 2004 et en remboursement du montant de l'indemnité et des frais d'acte notarié ;

Sur le premier moyen, après avis donné aux parties en application de l'article 1015 du code de
procédure civile :

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt de déclarer irrecevable comme prescrite son action en nullité
de l'acte du 26 novembre 2004 et de rejeter en conséquence ses demandes en restitution des sommes
versées et en paiement de dommages-intérêts, alors, selon le moyen :

1°/ que la prescription trentenaire de l'action en nullité pour défaut d'objet, qui courait à compter de
l'acte, a été réduite à cinq ans par la loi n° 2008-561 du 17 juin 2008 et qu'en cas de réduction de la
durée du délai de prescription, le nouveau délai court à compter du jour de l'entrée en vigueur de la loi
nouvelle, sans que la durée totale puisse excéder la durée prévue par la loi antérieure ; que la cour
d'appel a constaté que l'action en nullité de l'acte conclu le 26 novembre 2004 avait été introduite, pour
défaut d'objet, par un acte du 8 mars 2013 ; qu'en jugeant cette action prescrite, lorsque le nouveau
délai de cinq ans avait commencé à courir le 19 juin 2008, la cour d'appel a violé l'article 2262 du code
civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de la loi n° 2008-561 du 17 juin 2008, et l'article 26 de
cette même loi ;

2°/ que, subsidiairement, les actions personnelles et mobilières se prescrivent par cinq ans à compter
du jour où le titulaire d'un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer ;
qu'en décidant que le délai de prescription avait commencé à courir au jour de l'acte, pour cette raison
que la nullité du protocole litigieux n'était pas fondée sur un vice du consentement mais sur un défaut
d'objet de la convention, et en refusant de reporter le point de départ de ce délai au jour où la
demanderesse avait eu connaissance d'une servitude préexistante, qui seule lui avait permis d'exercer
l'action en nullité pour défaut d'objet, la cour d'appel a violé l'article 2224 du code civil ;

Mais attendu que la nullité d'un acte pour défaut d'objet, laquelle ne tend qu'à la protection des intérêts
privés des parties, relève du régime des nullités relatives ; que, sous l'empire de l'article 1304 du code
civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de l'ordonnance du 10 février 2016, le point de départ
du délai de prescription d'une action en nullité d'un contrat pour défaut d'objet se situait au jour de
l'acte ; que la loi du 17 juin 2008 portant réforme de la prescription en matière civile n'a pas eu pour
effet de modifier le point de départ du délai de la prescription extinctive ayant commencé à courir
antérieurement à son entrée en vigueur ; que la cour d'appel a relevé que l'acte argué de nullité pour
défaut d'objet avait été conclu le 26 novembre 2004 ; qu'il en résulte que l'action en nullité de l'acte
introduite le 8 mars 2013, soit au-delà du délai quinquennal de la prescription extinctive ayant

6
commencé à courir le 26 novembre 2004, était prescrite ; que, par ces motifs de pur droit, substitués à
ceux critiqués, l'arrêt se trouve légalement justifié ;

Sur le second moyen :

Attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement motivée sur ce moyen qui n'est
manifestement pas de nature à entraîner la cassation ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 9. Cass. 1ère Civ., 13 décembre 2012

Attendu, selon le jugement attaqué, que, selon contrat du 8 juillet 2008, Mme X... s'est inscrite auprès
de la société VBOS Ecole Pigier (la société) à une formation de BTS Coiffure et esthétique pour
l'année 2008-2009, s'acquittant immédiatement d'une partie du prix forfaitaire de la scolarité ; que
Mme X... ayant, à la fin du mois de septembre 2008, décidé d'arrêter de suivre les cours qui ne
répondaient pas à ses attentes, la société a sollicité le paiement du solde du prix ; que Mme X... a
vainement opposé un défaut d'information imputable à la société et le caractère abusif de la clause lui
imposant le règlement de l'intégralité du forfait ;

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu les articles L. 111-1 du code de la consommation dans sa rédaction applicable et 1315 du code
civil ;

Attendu qu'il résulte du premier de ces textes que tout professionnel vendeur de biens ou prestataire de
services doit, avant la conclusion du contrat, mettre le consommateur en mesure de connaître les
caractéristiques essentielles du bien ou du service ; qu'en vertu du second, celui qui se prétend libéré
d'une obligation doit justifier le fait qui a produit l'extinction de celle-ci ;

Attendu que, pour condamner Mme X... à payer à la société le solde du forfait, le jugement retient
qu'aucun élément sérieux ne vient accréditer l'hypothèse d'une absence d'information par la société,
alléguée par Mme X... assistée lors de la signature du contrat par deux personnes, dont le directeur de
l'Hôtel de France à Perpignan selon les déclarations, non contestées, de M. Z..., gérant de la société, et
le témoignage de Mme A..., directrice pédagogique ;

Qu'en statuant ainsi, alors qu'il incombait à la société de justifier qu'elle avait fait connaître à Mme
X..., avant la conclusion du contrat, les caractéristiques essentielles de l'enseignement dispensé, la
juridiction de proximité a violé les textes susvisés ;

Et sur le moyen unique, pris en sa seconde branche :

Vu l'article L. 132-1 du code de la consommation ;

Attendu que, pour statuer comme il le fait, le jugement énonce que Mme X... , qui a certifié avoir pris
connaissance dans son intégralité du bulletin d'inscription qu'elle a signé, est liée par les conditions,
qu'elle a acceptées expressément, stipulées au verso de ce document, en particulier les dispositions n°
4, 5 et 6 en vertu desquelles elle ne peut, en cas de résiliation avant le 31 décembre, prétendre, sauf cas
de force majeure, à être dispensée de payer les deux-tiers du prix de la première année, qu'il ressort de
ces dispositions que l'école ne disposait pas de prérogatives créant un déséquilibre dans l'économie du
contrat au détriment de l'élève et qui seraient ainsi constitutives de clauses abusives et que l'école
entend légitimement se prémunir contre les ruptures intempestives de contrat, qui pourraient
compromettre, outre son devenir au plan financier, son organisation quant aux effectifs d'élèves en
préjudiciant à ceux qui n'auraient pu obtenir une inscription du fait du quota atteint ;

7
Qu'en statuant ainsi, alors qu'est abusive en ce qu'elle crée, au détriment de l'élève, un déséquilibre
significatif entre les droits et obligations des parties, la stipulation contractuelle qui fait du prix total de
la scolarité un forfait intégralement acquis à l'école dès la signature du contrat et qui, sans réserver le
cas d'une résiliation pour un motif légitime et impérieux, ne permet une dispense partielle du
règlement de la formation qu'en cas de force majeure, la juridiction de proximité a violé le texte
susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE

Document n° 10. Com., 15 juin 2022, n° 20-22160

Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 16 novembre 2020), aux termes d'un contrat conclu 19 novembre 2012
avec la société Fuchs lubrifiant France (la société Fuchs), la société Back to Bike s'est engagée à
acheter chaque année, pendant cinq ans, une certaine quantité de lubrifiants lui ouvrant droit à des
remises, la société Fuchs lui consentant une avance sur celles-ci d'un montant de 30 000 euros,
amortissable en cinq annuités de 6 833 euros chacune.

2. Le même jour, M. et Mme [M] se sont rendus cautions solidaires des engagements de la société
Back to Bike envers la société Fuchs.

3. La société Back to Bike ayant été mise en liquidation judiciaire le 11 septembre 2017, la société
Fuchs a assigné les cautions en paiement de la somme restant due au titre de l'avance sur remises .

Examen des moyens […] Et sur le deuxième moyen, pris en sa deuxième branche

Enoncé du moyen

12. La société Fuchs fait le même grief à l'arrêt, alors « que, sanctionnée pénalement et sur le plan
disciplinaire, la seule méconnaissance des dispositions de l'article L. 511-5 du code monétaire
financier n'est pas de nature à entraîner la nullité des contrats conclus ; qu'en se fondant, pour
prononcer la nullité du volet relatif au prêt du contrat passé le 19 novembre 2012 avec la société Back
to Bike et débouter la société Fuchs de l'ensemble de ses demandes dirigées contre les cautions, sur
l'interdiction pour toute personne autre qu'un établissement de crédit d'effectuer des opérations de
banque à titre habituel, la cour d'appel a violé l'article L. 511-5 du code monétaire et financier. »

Réponse de la Cour

Vu l'article L. 511-5 du code monétaire et financier, dans sa rédaction antérieure à celle issue de
l'ordonnance n° 2013-544 du 27 juin 2013 :

13. Aux termes de ce texte, il est interdit à toute personne autre qu'un établissement de crédit
d'effectuer des opérations de banque à titre habituel. Le seul fait qu'une opération de crédit ait été
conclue en méconnaissance de cette interdiction n'est pas de nature à en entraîner l'annulation.

14. Pour prononcer l'annulation du volet relatif au prêt du contrat du 19 novembre 2012, l'arrêt retient
que ces stipulations constituent une opération de crédit et que la société Fuchs a précisé pratiquer
habituellement ce type d'opérations auprès de sa clientèle, cependant qu'en application de l'article L.
511-5 du code monétaire et financier, seuls les établissements de crédit sont autorisés à effectuer de
telles opérations à titre habituel.

15. En statuant ainsi, la cour d'appel a violé le texte susvisé.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs, la Cour : CASSE ET
ANNULE…

8
UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 6
Les effets du contrat entre les parties

- Lire et étudier les arrêts qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel à
l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Cass. Com., 10 juillet 2007, Bull. civ. IV, n° 188


Document n° 2. Cass. com., 13 sept. 2016, n°14-26.713
Document n° 3. Civ., 6 mars 1876, De Galliffet c/ Commune de Pelissanne (affaire du Canal
de Craponne), GAJ civ., 13ème éd., n° 165
Document n° 4. Cass. 1ère Civ., 15 mars 1988, Bull. civ. I, n° 80
Document n° 5. Cass. 3e civ., 18 janv. 1995, n° 92-17702
Document n° 6. Cass. 3e civ., 12 févr. 2013, n° 11-22453
Document n° 7. Cass. ch mixte, 17 mai 2013, n° 11-22.768

Les étudiants liront dans un ouvrage de méthodologie les développements consacrés au commentaire
de texte.

- Les étudiants noteront (ou synthétiseront) la définition juridique des termes suivants : force
obligatoire, forçage du contrat, imprévision, changement de circonstances, renégociation, révision,
effet translatif, transfert solo consensu, clause de réserve de propriété, choses fongibles, théorie des
risques, mise en demeure, impossibilité d’exécuter, terme, terme extinctif, contrat à durée déterminée,
contrat à durée indéterminée, contrat perpétuel, renouvellement, tacite reconduction, ensemble
contractuel, location financière, crédit-bail, restitutions, mutuus dissensus, résiliation.

- Exercice principal : les étudiants commenteront l’article 1195 du Code civil :


« Si un changement de circonstances imprévisible lors de la conclusion du contrat rend l’exécution
excessivement onéreuse pour une partie qui n’avait pas accepté d’en assumer le risque, celle-ci peut
demander une renégociation du contrat à son cocontractant. Elle continue à exécuter ses obligations
durant la renégociation.
En cas de refus ou d’échec de la renégociation, les parties peuvent convenir de la résolution du contrat,
à la date et aux conditions qu’elles déterminent, ou demander d’un commun accord au juge de
procéder à son adaptation. A défaut d’accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la demande
d’une partie, réviser le contrat ou y mettre fin, à la date et aux conditions qu’il fixe ».

* *
*

Document n° 1. Cass. Com., 10 juillet 2007

Vu l'article 1134, alinéas 1 et 3, du code civil ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que par acte du 18 décembre 2000, MM. X..., Y... et Z..., actionnaires de
la société Les Maréchaux, qui exploite notamment une discothèque, ont cédé leur participation à M.
A..., déjà titulaire d'un certain nombre de titres et qui exerçait les fonctions de président du conseil
d'administration de cette société ; qu'il était stipulé qu'un complément de prix serait dû sous certaines
conditions qui se sont réalisées ; qu'il était encore stipulé que chacun des cédants garantissait le

1
cessionnaire, au prorata de la participation cédée, notamment contre toute augmentation du passif
résultant d'événements à caractère fiscal dont le fait générateur serait antérieur à la cession ; que la
société ayant fait l'objet d'un redressement fiscal au titre de l'exercice 2000 et MM. X..., Y... et Z...
ayant demandé que M. A... soit condamné à leur payer le complément de prix, ce dernier a
reconventionnellement demandé que les cédants soient condamnés à lui payer une certaine somme au
titre de la garantie de passif ;

Attendu que pour rejeter la demande de M. A..., l'arrêt retient que celui-ci ne peut, sans manquer à la
bonne foi, se prétendre créancier à l'égard des cédants dès lors que, dirigeant et principal actionnaire
de la société Les Maréchaux, il aurait dû se montrer particulièrement attentif à la mise en place d'un
contrôle des comptes présentant toutes les garanties de fiabilité, qu'il ne pouvait ignorer que des
irrégularités comptables sont pratiquées de façon courante dans les établissements exploitant une
discothèque et qu'il a ainsi délibérément exposé la société aux risques, qui se sont réalisés, de mise en
oeuvre des pratiques irrégulières à l'origine du redressement fiscal invoqué au titre de la garantie de
passif ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors que si la règle selon laquelle les conventions doivent être exécutées
de bonne foi permet au juge de sanctionner l'usage déloyal d'une prérogative contractuelle, elle ne
l'autorise pas à porter atteinte à la substance même des droits et obligations légalement convenus entre
les parties, la cour d'appel a violé, par fausse application, le second des textes susvisés et, par refus
d'application, le premier de ces textes ;

PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE

Document n° 2. Cass. com., 13 sept. 2016, n°14-26.713

Statuant tant sur le pourvoi principal formé par la société Véolia eau que sur le pourvoi incident relevé
par la société BNP Paribas immobilier promotion résidentiel :

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la société Union de gestion et d'investissements fonciers (la société
UGIF) est propriétaire, dans un ensemble immobilier soumis au régime de la copropriété, d'un lot
donné à bail à la banque Société générale, le paiement de la consommation d'eau étant mis à la charge
du preneur ; que pour la fourniture en eau de ce lot, la société UGIF a souscrit un contrat
d'abonnement auprès de la Compagnie générale des eaux, aux droits de laquelle vient la société Véolia
eau - Compagnie générale des eaux SCOA (la société Véolia) ; qu'aux termes de ce contrat, la société
Véolia devait effectuer un relevé de consommation par an, en mai, la facture générale correspondante
étant établie en juillet suivant ; qu'en pratique, la facture était envoyée au syndic de la copropriété, la
société Meunier Méditerranée, aux droits de laquelle vient la BNP Paribas immobilier promotion
résidentiel (la société BNP), à charge pour cette dernière de transmettre la facture à la société UGIF ;
qu'à la suite d'une surconsommation d'eau constatée au titre des années 2003 et 2004, la Société
générale a refusé de payer à la société UGIF les factures d'eau correspondantes ; que la société UGIF
l'a assignée en paiement de ces factures, ainsi que le syndic et la société Véolia, estimant que ceux-ci
avaient commis une faute ayant contribué à cette surconsommation ;

Sur le moyen unique du pourvoi principal, pris en sa première branche :

Vu les articles 1134 et 1147 du code civil ;

Attendu que, pour condamner la société Véolia à payer à la société UGIF la somme de 20 910,80
euros à titre de dommages-intérêts, correspondant à sa part de responsabilité dans le dommage, l'arrêt
retient, d'abord, que la société Véolia, seule technicienne de l'eau, des installations d'eau et des
consommations, a bénéficié de la fuite en partie privative, facturée sans remise, ensuite, que cette
société a soutenu, sans en justifier, avoir émis un avertissement de surconsommation et, enfin, que sa
bonne foi dans l'exécution du contrat ne peut être retenue, la seule émission d'une facture d'eau étant
insuffisante à attirer l'attention de son abonnée sur l'anomalie de fonctionnement, aux conséquences
d'une exceptionnelle gravité, qu'elle avait constatée ; que l'arrêt en déduit que le moyen tiré de l'article

2
19 du règlement de l'eau applicable est inopérant et que, postérieurement au relevé de compteur
effectué au mois de mai 2013, la société Véolia a manqué à son devoir de loyauté dans l'exécution du
contrat et à son obligation d'information et de conseil envers son abonnée, participant ainsi à
l'aggravation du dommage subi par celle-ci et engageant sa responsabilité contractuelle ;

Qu'en statuant ainsi, alors qu'aucune disposition légale, ni stipulation contractuelle n'imposait au
fournisseur d'eau d'informer son abonné de l'existence d'une consommation anormale, la cour d'appel a
violé les textes susvisés ;

Et sur le moyen unique du pourvoi incident, pris en sa seconde branche : […] PAR CES MOTIFS et
sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs : CASSE ET ANNULE

Document n° 3. Document 6 : Civ., 6 mars 1876

Vu l'article 1134 du Code civil ;

Attendu que la disposition de cet article n'étant que la reproduction des anciens principes constamment
suivis en matière d'obligations conventionnelles, la circonstance que les contrats dont l'exécution
donne lieu au litige sont antérieurs à la promulgation du Code civil ne saurait être, dans l'espèce, un
obstacle à l'application dudit article ;
Attendu que la règle qu'il consacre est générale, absolue et régit les contrats dont l'exécution s'étend à
des époques successives de même qu'à ceux de toute autre nature ;
Que, dans aucun cas, il n'appartient aux tribunaux, quelque équitable que puisse apparaître leur
décision, de prendre en considération le temps et les circonstances pour modifier les conventions des
parties et substituer des clauses nouvelles à celles qui ont été librement acceptées par les contractants ;
Qu'en décidant le contraire et en élevant à 30 centimes de 1834 à 1874, puis à 60 centimes à partir de
1874, la redevance d'arrosage, fixée à 3 sols par les conventions de 1560 et 1567, sous prétexte que
cette redevance n'était plus en rapport avec les frais d'entretien du canal de Craponne, l'arrêt attaqué a
formellement violé l'article 1134 ci-dessus visé ;

Par ces motifs, casse, dans la disposition relative à l'augmentation du prix de la redevance d'arrosage,
l'arrêt rendu entre les parties par la Cour d'appel d'Aix le 31 décembre ;

Document n° 4. Cass. 1ère Civ., 15 mars 1988

Attendu, selon les énonciations des juges du fond, qu'en 1973, l'office public communal d'habitations à
loyer modéré (OPHLM) de Vannes a fait installer dans une chaufferie, par la société Percevault anti-
pollutions, un dispositif de traitement des fumées ; qu'il a souscrit, avec la même société, un contrat
d'entretien ; que, le 19 décembre 1979, M. X..., se plaignant de désordres causés à son pavillon par les
fumées émanées de la chaufferie, a assigné en réparation de son dommage l'OPHLM, lequel a appelé
en garantie la société Percevault ; que l'arrêt attaqué (Rennes, 26 mars 1986) a condamné, d'une part,
l'OPHLM à payer des dommages-intérêts à M. X... et, d'autre part, la société Percevault, pour
manquement à son devoir de conseil, à garantir partiellement l'office des condamnations prononcées
contre lui ;

Attendu que la société Percevault anti-pollutions reproche à la cour d'appel d'avoir accueilli la
demande en garantie alors que, selon le moyen, d'une part, l'objet du contrat d'entretien est le maintien
du matériel en bon état de fonctionnement de sorte que ne peut être mise à la charge de la personne qui
procède à l'entretien, sans violer les articles 1134, 1137 et 1147 du Code civil, l'obligation d'aviser
l'utilisateur des modifications apportées à la réglementation relative à l'usage du matériel ; alors,
d'autre part, qu'en exigeant de la société Percevault, seulement chargée de l'entretien d'un épurateur,
qu'elle signale à son client les modifications de la réglementation en matière de hauteur des
cheminées, domaine en lequel elle n'avait pas à intervenir, la cour d'appel a derechef violé les mêmes
textes ; et alors, enfin, qu'à supposer la société Percevault, tenue d'aviser l'OPHLM de la modification
de la réglementation en matière de hauteur de cheminée, il incombait à celui-ci d'établir, et à la Cour
d'appel de constater, que l'exécution de cette prétendue obligation de conseil aurait permis de

3
supprimer ou de réduire à un degré normal les troubles de voisinage subis par M. X..., de sorte que
l'arrêt manque de base légale au regard des articles 1137 et 1147 du Code civil ;
Mais attendu, aux termes de l'article 1135 du Code civil, que les conventions obligent non seulement à
ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les suites que l'équité, l'usage ou la loi donnent à l'obligation
d'après sa nature ; qu'un contrat d'entretien d'une installation soumise à réglementation oblige à
informer le client des modifications intervenues dans celle-ci de manière à lui permettre de les
respecter ; qu'après avoir énoncé que l'application à la chaufferie de l'OPHLM des normes imposées
par l'arrêté du 20 juin 1975 aurait exigé non seulement une plus grande hauteur des cheminées, mais
aussi une installation de traitement assurant une vitesse d'éjection des gaz neuf fois supérieure, la cour
d'appel a pu déduire de cette constatation que la société Percevault avait manqué à son obligation de
renseignements ; qu'en se référant, par motifs adoptés, aux conclusions du rapport d'expertise d'où il
résultait que les troubles dont se plaignait M. X... étaient provoqués par les fumées de la chaufferie de
l'OPHLM, la cour d'appel a caractérisé la relation de cause à effet entre le préjudice subi et la faute
retenue à l'encontre de la société Percevault ;

Qu'il s'ensuit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 5. Cass. 3e civ., 18 janv. 1995, n° 92-17702

Sur le moyen unique :

Vu les articles 1709 et 1737 du Code civil ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rennes, 13 mars 1992), que, suivant acte authentique en date du 27
novembre 1981, Mme X... a donné un immeuble à bail aux époux Y... à compter du 1er janvier 1982
et jusqu'au décès des preneurs ; qu'elle a donné congé à chacun des époux pour le 24 juin 1989 ;

Attendu que, pour déclarer les congés valables et ordonner l'expulsion des époux Y..., l'arrêt retient
que la durée du bail n'est pas fixe et déterminable à l'avance, puisqu'elle dépend d'un événement
inconnu et imprévisible, à savoir le décès des preneurs, que cet événement constitue un terme
contractuel dont l'échéance est incertaine et qu'il ne peut donc être considéré que le contrat de location
comportait une durée déterminée ;

Qu'en statuant ainsi, alors que le bail, dont le terme est fixé par un événement certain, même si la date
de sa réalisation est inconnue, est conclu pour une durée déterminée, la cour d'appel a violé les textes
susvisés ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE

Document n° 6. Cass. 3e civ., 12 févr. 2013, n° 11-22453

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 22 juin 2011), que M. X... a, en qualité de gérant, consenti
une promesse de vente portant sur un bien immobilier appartenant à la société civile immobilière
(SCI) Mimosa III, à la société d'avocats Poulain de Saint-Père, à laquelle s'est substituée la SCI Saint-
Lazare 75-7 ; que M. Y..., associé de la SCI Mimosa III s'est opposé à la réalisation de la vente ;

Sur le deuxième et le troisième moyens du pourvoi n° G 11-22. 453, réunis ci-après annexé :

Attendu qu'ayant souverainement retenu, par une interprétation exclusive de dénaturation des statuts
de la SCI Mimosa III que leur ambiguïté rendait nécessaire, que la vente n'était pas contraire à ces
statuts qui visent en leur article 3, l'activité de marchand de biens à titre accessoire et toutes opérations
se rattachant directement ou indirectement à cet objet, la cour d'appel, qui a retenu à bon droit que la
caducité de la promesse de vente résultant du dépassement du délai dans lequel était prévue sa

4
réitération par acte notarié ne pouvait être invoquée par M. Y... qui n'a pas qualité pour ce faire, en a
exactement déduit que M. Y... ne pouvait s'opposer à la vente ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ; […]

Mais sur le cinquième moyen du pourvoi n° G 11-22. 453 : [cassation partielle]

Document n° 7. Cass. ch mixte, 17 mai 2013, n° 11-22.768

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 6 avril 2011), que deux conventions de partenariat ont été signées,
les 25 novembre 2004 et 8 avril 2005, entre la société Bar le Paris et la société Media vitrine, aux
termes desquelles la seconde s'est engagée, d'une part, à installer chez la première un "réseau global de
communication interactive", par la mise en place d'un ensemble informatique et vidéo "avec un
contenu interactif pour les clients et un contenu en diffusion médiatique", contenant notamment des
spots publicitaires dont la commercialisation devait assurer l'équilibre financier de l'ensemble, d'autre
part, à lui verser une redevance de 900 euros hors taxes par mois, pendant une durée de quarante-huit
mois, la société Bar le Paris s'obligeant à garantir à la société Media vitrine l'exclusivité de
l'exploitation du partenariat publicitaire, que, les 29 décembre 2004 et 4 janvier 2005, la société
Leaseo, qui avait acquis de la société Cybervitrine le matériel nécessaire, a consenti à la société Bar le
Paris la location de ce matériel, avec effet au 1er janvier 2005, pour une durée identique et moyennant
le paiement d'un loyer mensuel de 1 000 euros hors taxes, que, le 5 janvier 2005, la société Leaseo a
cédé le matériel à la société Siemens lease services, qui a apposé sa signature sur le contrat de location
en qualité de bailleur substitué, que le système n'a jamais fonctionné de manière satisfaisante, que la
société Siemens lease services a mis en demeure la société Bar le Paris de lui régler les loyers
impayés, puis lui a notifié la résiliation du contrat faute de règlement des arriérés s'élevant à 10 166,60
euros et l'a assignée en paiement, que la société Bar le Paris a appelé en intervention forcée la société
Cybervitrine et la société Techni-force, anciennement dénommée la société Media vitrine, que la
société Techni-force et la société Cybervitrine ont été mises en liquidation judiciaire ;

Attendu que la société Siemens lease services fait grief à l'arrêt de prononcer, avec effet au 17 janvier
2007, la résiliation du contrat de partenariat, aux torts exclusifs de la société Media vitrine, ainsi que la
résiliation du contrat de location, de condamner la société Bar le Paris à lui payer la somme de 3 588
euros, outre intérêts, et de rejeter le surplus de ses demandes, alors, selon le moyen, qu'hormis le cas
où la loi le prévoit, il n'existe d'indivisibilité entre deux contrats juridiquement distincts que si les
parties contractantes l'ont stipulée ; qu'en énonçant, à partir des éléments qu'elle énumère, que le
contrat de location des 29 décembre 2004 et 4 janvier 2005 est indivisible du contrat de partenariat des
25 novembre 2004 et 8 avril 2005, quand elle constate qu'une clause du contrat de location stipule qu'il
est « indépendant » du contrat de prestation de services (partenariat), la cour d'appel, qui refuse
expressément d'appliquer cette clause et qui, par conséquent, ampute la convention qui la stipule de
partie de son contenu, a violé les articles 1134, 1217 et 1218 du code civil, ensemble le principe de la
force obligatoire des conventions ;

Mais attendu que les contrats concomitants ou successifs qui s'inscrivent dans une opération incluant
une location financière, sont interdépendants ; que sont réputées non écrites les clauses des contrats
inconciliables avec cette interdépendance ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

5
UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 7
Les effets du contrat (suite)

- Lire et étudier les documents qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel
à l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

- Les étudiants rendront à leur chargé de TD avant le début de la séance une fiche d’arrêt relative à
Cass. Ass. Plén., 13 janvier 2020, n° 17-19.963.

Document n° 1. Cass. 1ère civ., 15 février 2000, n° 97-20.179


Document n° 2. Cass. 3e civ., 13 nov. 1974, n° 73-12220
Document n° 3. Ass. Plén. 6 octobre 2006, n° 05-13.255
Document n° 4. Civ. 3e, 18 mai 2017, n° 16-11.203
Document n° 5. Art. 1234 de la Proposition de loi portant réforme de la responsabilité civile
enregistré à la Présidence du Sénat le 29 juillet 2020
Document n° 6. Cass. Ass. plén., 7 févr. 1986, n° 83-14631
Document n° 7. Cass. Ass. plén., 12 juill. 1991, n° 90-13602
Document n° 8. Cass. 1ère civ., 22 février 1983, 81-16.061

- Les étudiants noteront (ou synthétiseront) la définition juridique des termes suivants : effet relatif,
tiers, partie, ayant-cause, ayant-cause universel, ayant-cause à titre universel, ayant-cause à titre
particulier, chaîne de contrat, chaîne de contrat homogène, chaîne de contrat hétérogène, action
directe, stipulation pour autrui, stipulation de contrat pour autrui, porte-fort, porte fort d’exécution,
porte-fort de ratification, opposabilité, fichier immobilier, publicité foncière, simulation, contre-lettre,
interposition de personne.

- Exercice princpal : les étudiants résoudront par écrit le cas pratique figurant à la page suivante.

* *
*

1
Cas pratique

1/ La société Technorapid a une activité de maintenance informatique et axe toute sa communication


sur la rapidité de ses interventions : 3h « top chrono » pour réparer ou changer le matériel
informatique, en panne, de ses clients. Elle a passé un contrat avec la société Recrutout pour un
montant de 2000 € par mois. La société Recrutout a conclu ce contrat en décembre 2019 compte tenu
de l’importance de son parc informatique et de son besoin de faire en permanence face aux
commandes de ses clients par voie informatique.

L’été dernier, une dizaine d’ordinateurs de la société Recrutout sont tombés en panne en même temps,
à cause d’une forte chaleur. Contrairement à ses engagements, la société Technorapid n’est intervenue
qu’au bout de 24h, et le matériel n’a été remplacé que le jour d’après, soit près de 48h après le
signalement du problème par la société Recrutout. Cette lenteur a empêché cette dernière d’accomplir
une mission pour un client, causant à celui-ci un préjudice de 40 000 euros.

Aujourd’hui, le client ainsi que la société Recrutout demandent réparation de leurs préjudices
respectifs à la société Technorapid, qui propose de verser à l’un et à l’autre la somme de 4 000 € en
application d’une clause du contrat conclu avec la société Recrutout indiquant qu’« en cas de
responsabilité, le client ne pourra prétendre à une indemnisation supérieure au prix payé par lui pour
deux mois de services ». Le dirigeant de la société Recrutout et celui du client sont très embêtés par ce
refus et se demandent ce qu’ils peuvent faire et quels sont les moyens de droit dont ils disposent au
regard du droit civil pour ne pas subir les effets de cette clause.

2/ Par ailleurs, la société Recrutout, qui entend continuer à travailler avec la société Technorapid à
l’avenir, a reçu de cette dernière une lettre lui indiquant qu’en raison de la hausse des pièces utilisées
pour la maintenance, celle-ci ne peut continuer à se contenter des 2 000 € prévus au contrat et qu’il
faudrait augmenter la rémunération prévue à 2 500 €. Le dirigeant de la société Recrutout se demande
si cette lettre est fondée juridiquement et si la société doit se plier aux demandes de la société
Technorapid.

Que lui répondez-vous ?

* *
*

Document n° 1. Cass. 1ère civ., 15 février 2000, n° 97-20.179

Donne défaut contre M. Du X..., la société Garnero carrosserie industrielle, le liquidateur judiciaire de
la société Loca Transit et le liquidateur judiciaire de la société CTTP ;

Attendu qu'en 1990, la société CTTP a assuré, par l'intermédiaire de M. Du X..., courtier, auprès de la
compagnie Cornhill France, un véhicule semi-remorque que lui avait donné en location la société Loca
Transit ; que ce véhicule a été endommagé lors d'un accident survenu en avril 1991, puis réparé par la
société Garnero carrosserie industrielle, le montant de la facture de réparations établie au nom de la
société CTTP, étant de 151 239,49 francs toutes taxes comprises ; qu'après avoir imputé sur le montant
de l'indemnité de sinistre, dont elle s'estimait redevable, celui de la dette de primes que restait lui
devoir la société CTTP, la compagnie Cornhill France a remis à M. Du X... un chèque de 51 096,70
francs ; que, par la suite, la société Locam, soutenant que le véhicule assuré lui appartenait, qu'elle
l'avait donné en location, en 1990, à la société Loca Transit, laquelle l'avait ensuite sous-loué à la
société CTTP, et faisant valoir qu'en 1992, la société Garnero l'avait informée qu'elle détenait ce
véhicule sur lequel elle entendait exercer un droit de rétention, sa facture de réparation étant demeurée
impayée, a assigné M. Du X..., la compagnie Cornhill France et la société Garnero aux fins d'obtenir la
restitution du véhicule et la condamnation des deux premiers à régler, soit entre ses mains, soit entre
les mains de la société Garnero le montant de la facture ; que l'arrêt attaqué a condamné, d'une part, la
compagnie Cornhill France à payer à la société Locam, compte tenu d'une franchise, une somme de
148 239,49 francs en principal, ainsi que 100 000 francs à titre de dommages-intérêts, pour résistance
2
abusive, et, d'autre part, M. Du X... à garantir cette compagnie, à hauteur de 51 096,70 francs ; qu'il a,
en outre, condamné la société Locam à payer à la société Garnero une somme de 151 239,49 francs en
principal et ordonné la restitution du véhicule retenu par celle-ci dès le paiement de ladite somme ;

Sur le premier moyen, pris en sa première branche du pourvoi principal formé par la compagnie
Cornhill France : […] Et sur la deuxième branche de ce moyen : […] Et sur le moyen unique du
pourvoi incident formé par la société Locam :

Vu l'article 1165 du Code civil ;

Attendu que les conventions n'ont d'effet qu'entre les parties contractantes ;

Attendu que pour condamner la société Locam à payer à la société Garnero une somme de 151 239,49
francs, l'arrêt attaqué relève que le seul document autorisant le paiement direct des travaux a été établi
en juillet 1991, par la société Loca Transit qui, étant locataire principal et non pas propriétaire du
véhicule, n'avait pas qualité pour donner une telle autorisation ; qu'il retient que, dans ces conditions,
la société Garnero ne pouvait se voir payer sa facture que par la société Locam ;

Attendu qu'en se déterminant ainsi, alors que la société Locam n'avait pas commandé les travaux de
réparation réalisés par la société Garnero, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer ni sur la troisième branche du premier moyen, ni
sur les deuxième, troisième et le quatrième moyens pris en leurs diverses branches du pourvoi
principal : CASSE ET ANNULE

Document n° 2. Cass. 3e civ., 13 nov. 1974, n° 73-12220

Sur le moyen unique : attendu que gourdain, architecte, qui a ete condamné in solidum avec
l'entrepreneur et le promoteur, a réparer le préjudice subi par la societe civile des résidences martel,
maître de l'ouvrage, à la suite de la construction d'un important ensemble immobilier, fait grief à l'arret
attaque d'avoir compris dans les dommages-interêts alloués une somme destinée à compenser le
dommage occasionné par le retard survenu dans la construction, somme qui a été fixée, en retenant le
préjudice réellement subi par le maitre de X..., alors, selon le moyen, que, d'une part, l'existence dans
le contrat passé entre l'entrepreneur et la societe des résidences martel, d'une clause pénale au cas de
retard dans la construction, est exclusive de toute réparation déterminée en fonction du préjudice
réellement subi et que, d'autre part, l'architecte étant condamne in solidum avec l'entrepreneur
beneficiaire de la clause de pénalite de retard, ne pouvait être condamné au paiement d'une somme
autre que celle convenue entre son codébiteur in solidum et le contractant de celui-ci ;

Mais attendu que gourdain, condamné in solidum, ne saurait être admis a réclamer l'application d'une
clause penale existant dans un contrat conclu par l'entrepreneur et qui lui est étranger ;

Que le moyen ne peut donc etre accueilli ;

Par ces motifs : rejette le pourvoi forme contre l'arret rendu le 8 janvier 1973 par la cour d'appel d'aix-
en-provence.

Document n° 3. Ass. Plén. 6 octobre 2006, n° 05-13.255

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 19 janvier 2005), que les consorts X... ont donné à bail un
immeuble commercial à la société Myr'Ho qui a confié la gérance de son fonds de commerce à la
société Boot shop ; qu'imputant aux bailleurs un défaut d'entretien des locaux, cette dernière les a
assignés en référé pour obtenir la remise en état des lieux et le paiement d'une indemnité
provisionnelle en réparation d'un préjudice d'exploitation ;

Sur le premier moyen :

3
Attendu que les consorts X... font grief à l'arrêt d'avoir accueilli la demande de la société Boot shop,
locataire-gérante, alors, selon le moyen, "que si l'effet relatif des contrats n'interdit pas aux tiers
d'invoquer la situation de fait créée par les conventions auxquelles ils n'ont pas été parties, dès lors que
cette situation de fait leur cause un préjudice de nature à fonder une action en responsabilité
délictuelle, encore faut-il, dans ce cas, que le tiers établisse l'existence d'une faute délictuelle
envisagée en elle-même indépendamment de tout point de vue contractuel ; qu'en l'espèce, il est
constant que la société Myr'Ho, preneur, a donné les locaux commerciaux en gérance à la société Boot
shop sans en informer le bailleur ; qu'en affirmant que la demande extra-contractuelle de Boot shop à
l'encontre du bailleur était recevable, sans autrement caractériser la faute délictuelle invoquée par ce
dernier, la cour d'appel a entaché sa décision d'un manque de base légale au regard de l'article 1382 du
code civil" ;

Mais attendu que le tiers à un contrat peut invoquer, sur le fondement de la responsabilité délictuelle,
un manquement contractuel dès lors que ce manquement lui a causé un dommage ; qu'ayant relevé, par
motifs propres et adoptés, que les accès à l'immeuble loué n'étaient pas entretenus, que le portail
d'entrée était condamné, que le monte-charge ne fonctionnait pas et qu'il en résultait une impossibilité
d'utiliser normalement les locaux loués, la cour d'appel, qui a ainsi caractérisé le dommage causé par
les manquements des bailleurs au locataire-gérant du fonds de commerce exploité dans les locaux
loués, a légalement justifié sa décision ;

Et attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer sur les 2ème et 3ème moyens, dont aucun ne serait de nature à
permettre l'admission du pourvoi ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Document n° 4. Civ. 3e, 18 mai 2017, n° 16-11.203

Sur le premier moyen :

Vu l'article 1382, devenu 1240, du code civil ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 12 novembre 2015), que la copropriété clinique
Axium est composée notamment du lot n° 7 situé dans le bâtiment A, propriété de la SCI Hydraxium
et donné à bail à la société Axium Kinésithérapie, du lot n° 1 situé dans le bâtiment B et d'autres lots
n° 2 à n° 6, situés au sous-sol du bâtiment A, propriété de la société Holding d'Aix-en-Provence et
donnés à bail à la société Sorevie Gam ; qu'en 2004, la société Sorevie Gam et le syndicat des
copropriétaires ont fait réaliser, dans le bâtiment A, des travaux de chauffage, climatisation et
traitement de l'eau, par le groupement constitué par la société Dalkia France et la société Faure
ingénierie, des études étant confiées à la société G2E ; qu'une première instance a opposé la société
Sorevie Gam aux sociétés Dalkia France, Faure ingénierie et G2E ; qu'en 2007, invoquant une
importante condensation dans les locaux du lot n° 7, la SCI Hydraxium et sa locataire, la société
Axium Kinésithérapie, ont, après expertise, assigné en indemnisation le syndicat des copropriétaires et
la société Holding d'Aix-en-Provence qui a appelé en garantie les sociétés Dalkia France et G2E ;

Attendu que, pour déclarer la société Dalkia France responsable de la condensation anormale dans le
lot n° 7, rejeter ses appels en garantie et la condamner à paiement, l'arrêt retient qu'il résulte de la
convention du 5 avril 2004 que la société Faure ingénierie et la société Dalkia France se sont engagées
solidairement à l'égard de la société Sorevie Gam à livrer un ouvrage conforme aux prévisions
contractuelles et exempt de vices, qu'en manquant à cette obligation, la société Dalkia France a
commis une faute à l'origine de la condensation anormale et que cette faute engage sa responsabilité
délictuelle à l'égard de la SCI Hydraxium et de la société Axium Kinésithérapie ;

Qu'en statuant ainsi, par des motifs qui, tirés du seul manquement à une obligation contractuelle de
résultat de livrer un ouvrage conforme et exempt de vices, sont impropres à caractériser une faute
délictuelle, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen : CASSE ET ANNULE
4
Document n° 5. Art. 1234 de la Proposition de loi portant réforme de la responsabilité
civile enregistré à la Présidence du Sénat le 29 juillet 2020

« Lorsque l’inexécution du contrat cause un dommage à un tiers, celui-ci ne peut demander réparation
de ses conséquences au débiteur que sur le fondement de la responsabilité extracontractuelle, à charge
pour lui de rapporter la preuve de l’un des faits générateurs mentionnés à la section 2 du chapitre II du
présent sous-titre.

« Toutefois, le tiers ayant un intérêt légitime à la bonne exécution d’un contrat et ne disposant
d’aucune autre action en réparation pour le préjudice subi du fait de sa mauvaise exécution, peut
également invoquer, sur le fondement de la responsabilité contractuelle, un manquement contractuel
dès lors que celui-ci lui a causé un dommage. Les conditions et limites de la responsabilité qui
s’appliquent dans les relations entre les contractants lui sont opposables. » ;

Document n° 6. Cass. ass. plén., 7 févr. 1986, n° 83-14631

Sur le moyen unique :

Attendu que la Société de Produits Céramiques de l'Anjou - dite P.C.A. -, fournisseur des briques
ayant servi au montage des cloisons de l'ensemble immobilier construit par la S.C.I. Asnières
Normandie, fait grief à l'arrêt attaqué de l'avoir déclarée responsable pour partie des fissurations
apparues dans les cloisons, et condamnée à payer au syndicat de la copropriété partie du coût des
réparations, alors, selon le moyen que, d'une part, la faute prétendue du vendeur de matériaux ne
pouvant s'apprécier qu'au regard des stipulations contractuelles imposées par l'entrepreneur, la société
E.S.C.A., l'arrêt, en déclarant que ces stipulations étaient indifférentes, a violé les articles 1147 et 1382
du Code civil ; alors, d'autre part, que, statuant sur le fondement de la responsabilité quasi-délictuelle,
l'arrêt ne pouvait faire état de la présomption de connaissance pesant sur le vendeur professionnel,
mais devait rechercher si le fabricant connaissait effectivement la destination des matériaux vendus, en
l'espèce, la fabrication de cloisons ne reposant pas sur une semelle adéquate et donc soumises à des
déformations, et dont seule cette utilisation avait entraîné le défaut ; alors, en outre, qu'en se fondant,
pour déclarer des briques non conformes, sur les normes définies et imposées postérieurement à
l'époque de la construction sans rechercher si ces briques n'étaient pas conformes aux normes
imposées lors de leur livraison, l'arrêt n'a pas caractérisé la faute du vendeur ; alors, encore, que l'arrêt
a délaissé les conclusions indiquant que la fragilité des briques était due non pas à leur manque de
qualité mais à un défaut d'utilisation de la part de l'entrepreneur, omettant ainsi d'examiner une cause
d'exonération constituée par la faute d'un tiers ; alors, enfin, que faute d'avoir recherché si les fissures
des briques ne provenaient pas seulement de l'absence de semelle résiliante, cause majeure reconnue
des désordres, et non pas d'un défaut allégué des matériaux, l'arrêt n'a pas caractérisé, autrement que
par une simple affirmation, le lien de causalité entre le prétendu défaut de conformité des briques et le
dommage invoqué ;

Mais attendu que le maître de l'ouvrage comme le sous-acquéreur, jouit de tous les droits et actions
attachés à la chose qui appartenait à son auteur ; qu'il dispose donc à cet effet contre le fabricant d'une
action contractuelle directe fondée sur la non-conformité de la chose livrée ; que, dès lors, en relevant
que la société P.C.A. avait livré des briques non conformes au contrat, en raison de leur mauvaise
fabrication, la Cour d'appel, qui a caractérisé un manquement contractuel dont la S.C.I. Asnières
Normandie, maître de l'ouvrage, pouvait lui demander réparation dans le délai de droit commun, a, par
ce seul motif, légalement justifié sa décision ; qu'en aucune de ses cinq branches, le moyen ne peut
donc être accueilli ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 7. Cass. ass. plén., 12 juill. 1991, n° 90-13602

Sur le moyen unique :


5
Vu l'article 1165 du Code civil ;

Attendu que les conventions n'ont d'effet qu'entre les parties contractantes ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que plus de 10 années après la réception de l'immeuble d'habitation, dont
il avait confié la construction à M. X..., entrepreneur principal, et dans lequel, en qualité de sous-
traitant, M. Z... avait exécuté divers travaux de plomberie qui se sont révélés défectueux, M. Y... les a
assignés, l'un et l'autre, en réparation du préjudice subi ;

Attendu que, pour déclarer irrecevables les demandes formées contre le sous-traitant, l'arrêt retient
que, dans le cas où le débiteur d'une obligation contractuelle a chargé une autre personne de
l'exécution de cette obligation, le créancier ne dispose contre cette dernière que d'une action
nécessairement contractuelle, dans la limite de ses droits et de l'engagement du débiteur substitué ;
qu'il en déduit que M. Z... peut opposer à M. Y... tous les moyens de défense tirés du contrat de
construction conclu entre ce dernier et l'entrepreneur principal, ainsi que des dispositions légales qui le
régissent, en particulier la forclusion décennale ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors que le sous-traitant n'est pas contractuellement lié au maître de
l'ouvrage, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE mais seulement en ce qu'il a déclaré irrecevable la
demande dirigée contre M. Z..., l'arrêt rendu le 16 janvier 1990, entre les parties, par la cour d'appel de
Nancy ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Reims

Document n° 8. Cass. 1ère civ., 22 février 1983, 81-16.061

SUR LE PREMIER MOYEN, PRIS EN SES QUATRE BRANCHES : ATTENDU, SELON LES
ENONCIATIONS DES JUGES DU FOND, QUE M HENRI E... X... EST DECEDE LE 9 FEVRIER
1972, LAISSANT POUR LUI SUCCEDER MME IRENE D..., SA VEUVE COMMUNE EN BIENS,
INSTITUEE PAR LUI LEGATAIRE UNIVERSELLE, ET SES QUATRE ENFANTS, MME
DENISE X..., VEUVE C..., MME JEANNE X..., EPOUSE B..., MME IRENE X..., EPOUSE Y..., ET
M HENRI X... ;

QUE CE DERNIER AVAIT, PAR ACTE DES 7 ET 11 AVRIL 1967, ACQUIS, AVEC SA MERE,
UNE PROPRIETE A LENLOUACQ, MAIS QUE, DANS UNE LETTRE DU 1ER MARS 1967,
MME D..., QUI EST INTERVENUE A L'ACTE D'ACQUISITION POUR UN CINQUIEME,
AVAIT PAR AVANCE INDIQUE QUE L'ACHAT ETAIT FAIT EN TOTALITE PAR SON FILS ;

ATTENDU QUE M HENRI X... FAIT GRIEF A L'ARRET ATTAQUE D'AVOIR DECIDE QUE
SES SOEURS ETAIENT FONDEES A SE PREVALOIR DE L'ACTE APPARENT DES 7 ET 11
AVRIL 1967 QUI FAISAIT DU CINQUIEME INDIVIS DE CE BIEN UN ACQUET DE
COMMUNAUTE, AU DOUBLE MOTIF QUE LA CONTRE-LETTRE DU 1ER MARS 1967
N'ETAIT PAS OPPOSABLE A M HENRI, SEBASTIEN X..., DEMEURE ETRANGER A L'ACTE
INTERVENU ENTRE SA FEMME ET SON FILS, PAS PLUS QU'AUX COHERITIERS DE
CELUI-CI, ET QUE CETTE CONTRE-LETTRE EXCLUAIT PAR SES TERMES MEMES TOUTE
REPRESENTATION DU MARI PAR SA FEMME AUSSI BIEN EN VERTU D'UN MANDAT
TACITE QUE D'UNE GESTION D'AFFAIRES, ALORS, SELON LE POURVOI, D'UNE PART,
QUE L'EPOUSE COMMUNE EN BIENS N'EST PAS UN TIERS AU REGARD DE L'ACTE
SECRET PASSE PAR SON CONJOINT, SAUF LE CAS DE FRAUDE AUX DROITS DE CELUI-
CI ;

QU'EN L'ESPECE, LA CONTRE-LETTRE DU 1ER MARS 1967 SIGNEE PAR L'EPOUSE


COMMUNE EN BIENS ETAIT OPPOSABLE AU MARI DES LORS QU'IL EST ETABLI
QU'AUCUN DE SES DROITS N'AVAIT ETE LESE ;

6
QUE, D'AUTRE PART, AU CAS DE CONFLIT ENTRE LES TIERS QUANT A L'ACTE QUI
DOIT RECEVOIR APPLICATION, L'ACTE APPARENT NE PEUT PREVALOIR QUE S'IL A
ETE DE NATURE A PROVOQUER SUR L'ESPRIT DU TIERS QUI L'INVOQUE UNE ERREUR
INVINCIBLE ;

QU'EN LA CAUSE, DEUX DES SOEURS DE M X... AYANT DECLARE RENONCER A TOUT
DROIT SUR LA PROPRIETE DE LENCOUACQ, IL EXISTAIT UN DESACCORD ENTRE LES
AYANTS CAUSE DE M Z..., SEBASTIEN X... SUR L'ACTE, APPARENT OU SIMULE, QUI
DEVAIT PREVALOIR, DE SORTE QU'EN DONNANT LA PREFERENCE A L'ACTE
APPARENT SANS RECHERCHER S'IL AVAIT ETE DE NATURE A PROVOQUER SUR
L'ESPRIT DU SEUL AYANT DROIT QUI L'INVOQUAIT UNE ERREUR INVINCIBLE, LA
COUR D'APPEL N'A PAS DONNE DE BASE LEGALE A SA DECISION ;

QU'IL EST AUSSI SOUTENU QU'A TORT LA COUR D'APPEL A REFUSE DE RETENIR LA
GESTION D'AFFAIRES SOUS LE PRETEXTE QUE CELUI DONT LES AFFAIRES ETAIENT
GEREES N'ETAIT PAS INFORME DE CETTE GESTION, ALORSQU'IL RESULTE DES
TERMES MEMES DE L'ARTICLE 1372 DU CODE CIVIL QUE LA GESTION D'AFFAIRES
PEUT INTERVENIR A L'INSU DU MAITRE DE A... ;

QU'ENFIN, EN S'ABSTENANT D'EXAMINER SI MME IRENE X... AIT VOULU GERER LES
AFFAIRES DE SON MARI EN CHERCHANT A SAUVEGARDER LA TRANQUILITE DE
CELUI-CI, COMME ELLE L'INDIQUAIT DANS SA LETTRE DU 1ER MARS 1967 A SON FILS,
LA JURIDICTION DU SECOND DEGRE A ENCORE PRIVE SA DECISION DE BASE LEGALE
AU REGARD DE L'ARTICLE 219, ALINEA 2, DU CODE CIVIL ;

MAIS ATTENDU, D'ABORD, QUE SI LES CONTRE-LETTRES PASSEES PAR UN


REPRESENTANT SONT OPPOSABLES A LA PERSONNE REPRESENTEE, M HENRI,
SEBASTIEN X... NE PEUT ETRE CONSIDERE EN L'ESPECE COMME AYANT ETE
REPRESENTE PAR SA FEMME COMMUNE EN BIENS DU SEUL FAIT QU'ELLE AVAIT
REDIGE ET SIGNE L'ACTE DU 1ER MARS 1967 QUI PORTAIT ABANDON PAR AVANCE ET
SANS CONTRE-PARTIE DES DROITS QUE L'ACTE D'ACQUISITION DES 7 ET 11 AVRIL
1967 DEVAIT CONFERER A LA COMMUNAUTE CONJUGALE ;

ATTENDU, ENSUITE, QUE NON SEULEMENT IL N'Y AVAIT PAS DESACCORD ENTRE LES
COHERITIERS DE M Z... BORDE QUANT A L'ACTE QUI DEVAIT RECEVOIR APPLICATION
PUISQUE TOUS ONT CONCLU A L'INOPPOSABILITE DE LA CONTRE-LETTRE, MAIS
ENCORE QUE, MEME AU CAS DE CONFLIT SUR CE POINT, L'ARTICLE 1321 DU CODE
CIVIL NE PERMETTRAIT PAS A CERTAINS DES HERITIERS DE L'OPPOSER AUX AUTRES,
- CE QUI SERAIT LEUR NUIRE -, DES LORS, DU MOINS, QUE CEUX-CI SONT DE BONNE
FOI ;

ATTENDU, ENFIN, QUE PAR UNE APPRECIATION SOUVERAINE DE L'ENSEMBLE DES


ELEMENTS DE LA CAUSE, LA JURIDICTION DU SECOND DEGRE A ESTIME QU'AUCUNE
PREUVE DE LA GESTION D'AFFAIRES N'ETAIT FOURNIE ;

QUE L'ARGUMENT TIRE DES TERMES DE LA CONTRE-LETTRE DU 1ER MARS 1967


EXPRIMANT LE DESIR CHEZ MME MARIE X... DE SAUVEGARDER LA TRANQUILITE DE
SON CONJOINT EST NOUVEAU ET QUE, MELANGE DE FAIT ET DE DROIT, IL EST
IRRECEVABLE ;

QU'EN AUCUNE DE SES BRANCHES, LE MOYEN NE PEUT DONC ETRE ACCUEILLI ;

[…] CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI

7
UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 8
L’inexécution du contrat (1/2)

- Lire et étudier les documents qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel
à l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Cass. 3ème Civ., 3 décembre 2003, Bull. civ. III, n° 221
Document n° 2. Cass. 1ère Civ., 14 octobre 2010, Bull. civ. I, n° 197
Document n° 3. Cass. 1ère Civ., 14 janvier 2016, n°14-28.227
Document n° 4. Cass. 1ère Civ., 11 juin 2002, Bull. civ. I, n° 166
Document n° 5. Cass. 1ère Civ., 25 janvier 2005, Bull. civ. I, n° 46.
Document n° 6. Cass. 1ère Civ., 3 février 2011, n° 09-72.325.
Document n° 7. Cass. Ass. plén., 14 avril 2006, Bull. ass. plén., n° 5
Document n° 8. Cass. Civ. 1re, 23 juin 2011, Bull. civ. I, n° 123
Document n° 9. Cass. Ch. Mixte, 22 avril 2005, Bull. n° 4

- Les étudiants noteront (ou synthétiseront) la définition juridique des termes suivants : responsabilité
civile, responsabilité contractuelle, responsabilité délictuelle, délit, quasi-délit, obligation de moyens,
obligation de résultat, obligation de moyens renforcée, obligation de résultat atténuée, clause limitative
de responsabilité, clause exonératoire de responsabilité, clause pénale, lien de causalité, préjudice,
dommage, dommage prévisible, faute lourde, faute dolosive, force majeure, cas fortuit, cause
étrangère, mise en demeure, intérêts moratoires, intérêt légal, intérêt conventionnel, exécution forcée,
exécution forcée en nature, impossibilité d’exécution, exception d’inexécution, exception pour
inexécution future, réduction du prix, résolution judiciaire, résolution unilatérale, clause résolutoire,
résiliation pour inexécution, clause de non-concurrence.

- Pour le reste, il n’y a pas d’exercice supplémentaire car les étudiants se prépareront pour une
interrogation de définition qui aura lieu durant la séance de travaux dirigés. Elle portera sur toutes
les définitions des fiches de TD 1 à 8 (y compris la fiche n° 8).

* *
*

Document n° 1. Cass. 3ème Civ., 3 décembre 2003

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Caen, 30 mai 2002), que la société Precom, preneuse à bail depuis le 1er
janvier 1986 de locaux à usage commercial appartenant à la société civile immobilière (SCI) Place
Saint-Jean, a restitué les lieux loués le 31 décembre 1997 ; que par acte du 6 janvier 2000, la SCI
Place Saint-Jean l'a assignée en paiement d'une certaine somme en réparation de son préjudice
résultant du manquement du preneur à son obligation de restituer les lieux dans un état d'entretien
permettant une relocation immédiate et aisée ;

Attendu que la SCI Place Saint-Jean fait grief à l'arrêt de la débouter de ses demandes, alors, selon le
moyen, que "l'indemnisation du bailleur en raison de l'inexécution par le preneur des réparations
locatives prévues par le bail n'est subordonnée ni à l'exécution des réparations ni même à la
justification d'un préjudice ; que, dès lors, en refusant de faire droit à la demande d'indemnisation
présentée par la SCI Place St-Jean du fait de la restitution des lieux par le preneur dans un état

1
lamentable, au prétexte que cette société, qui ne produisait qu'un devis estimatif, ne prétendait ni avoir
réalisé des travaux ni avoir dû consentir un nouveau bail à des conditions défavorables et que la
preuve d'un préjudice ne serait donc pas rapportée, circonstances qui n'étaient pourtant pas de nature à
priver la bailleresse de son droit à indemnisation des conséquences du manquement de son locataire à
son obligation d'entretien, la cour d'appel a violé les articles 1147 et 1732 du Code civil " ;

Mais attendu que des dommages-intérêts ne peuvent être alloués que si le juge, au moment où il statue,
constate qu'il est résulté un préjudice de la faute contractuelle ; que la cour d'appel, ayant relevé que la
SCI Place Saint-Jean avait donné à bail les locaux à une société Pat Nat Coiffure en les déspécialisant
et que l'installation dans les locaux d'un salon de coiffure avait nécessité un réaménagement spécifique
complet par le nouveau preneur, que le bailleur ne prétendait ni avoir réalisé des travaux ou contribué
à l'aménagement du nouveau preneur ni dû consentir un bail à des conditions plus défavorables que si
l'état des lieux avait été différent, en a exactement déduit que sa demande de dommages-intérêts devait
être rejetée ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Document n° 2. Cass. 1ère Civ., 14 octobre 2010

Vu les articles 1145 et 1147 du code civil ;

Attendu que pour débouter la société Teamco Systems Innovation Europ BV de sa demande en
dommages-intérêts contractuels, formée contre la société Thalès Alcatel Alenia Space France l'arrêt
retient qu'elle ne justifie d'aucun préjudice ;

Qu'en statuant ainsi, alors que la société Temco systems innovation Europe BV établi que la société
Thalès Alcatel Alenia Space France, à laquelle elle avait concédé l'utilisation d'un logiciel, avait
méconnu l'interdiction d'en transférer la version 11, 5 MVS / XA et RACF sur une unité autre que
celle spécifiée, et que celui qui contrevient à une obligation contractuelle de ne pas faire doit des
dommages-intérêts par le seul fait de la contravention, la cour d'appel a refusé d'appliquer et par suite
violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE

Document n° 3. Cass. 1ère Civ., 14 janvier 2016

Sur le premier moyen, pris en sa première branche :

Vu les articles 1147 et 1150 du code civil ;

Attendu que l'obligation de ponctualité à laquelle s'engage un transporteur ferroviaire constitue une
obligation de résultat dont il ne peut s'exonérer que par la preuve d'une cause étrangère ne pouvant lui
être imputée ; que la méconnaissance de cette obligation est réparée à concurrence du préjudice
strictement prévisible lors de la conclusion du contrat et qui constitue une suite immédiate et directe
du retard dans l'exécution de celui-ci ;

Attendu, selon le jugement attaqué, que M. X... a acheté deux billets de train pour effectuer, le 16 juin
2013, le trajet Marseille-Istres en première classe et, le lendemain, le voyage d'Istres à Nîmes avec
correspondance à Miramas ; que, contraint de voyager en seconde classe dans le premier train et de se
rendre en taxi à Nîmes en raison d'un retard de plus de trente minutes du second train, M. X... a
réclamé à la Société nationale des chemins de fer français (la SNCF) l'indemnisation de ses
préjudices ;

2
Attendu que, pour rejeter ses demandes, à l'exception du remboursement du coût du siège de première
classe et du billet de train inutilisé, le jugement retient que M. X... n'établit ni la réalité ni la
consistance d'une faute imputable au transporteur dont la responsabilité n'est pas engagée ;

Qu'en statuant ainsi, la juridiction de proximité a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs du pourvoi : CASSE ET
ANNULE

Document n° 4. Cass. Civ. 1re, 11 juin 2002

Attendu que Mlle X..., usager d'un télésiège, après en avoir relevé le garde-corps conformément aux
indications portées sur les panneaux disposés à une trentaine de mètres de l'aire de débarquement, est
tombée sur le sol douze mètres avant celle-ci ; qu'elle a été grièvement blessée ;

Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué (Nîmes, 2 novembre 1999), statuant sur renvoi après
cassation (1re chambre, 10 mars 1998, n° 110), de déclarer la Régie municipale des sports et loisirs (la
Régie) entièrement responsable de l'accident, alors, selon le moyen :

1° que le fait sus-décrit du passager fixerait nécessairement le commencement des opérations de


débarquement, de sorte que l'obligation de sécurité du transporteur ne serait plus que de moyens, et,
qu'en la disant encore de résultat à ce moment, il violerait l'article 1147 du Code civil ;

2° qu'en se prononçant par des motifs tirés de ce que la victime avait relevé le garde-corps mais n'avait
pourtant joué aucun rôle actif au moment de sa chute, il statuerait ainsi par des motifs contradictoires
et violerait l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;

Mais attendu que la cour d'appel a constaté que l'accident n'était pas survenu au cours du
débarquement, exactement défini comme le moment où l'usager doit quitter le siège sur lequel il est
installé, mais à l'occasion d'une phase préliminaire ; qu'elle en a déduit, à bon droit et sans
contradiction, que la Régie restait tenue d'une obligation de résultat à laquelle elle a défailli ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi …

Document n° 5. Cass. Civ. 1re, 25 janvier 2005

Attendu que le 3 janvier 1996 et dans le sud du Maroc, lors d'une étape du rallye automobile et
motocycliste Grenade-Dakar, un camion d'assistance qui, conformément aux instructions reçues des
organisateurs, avait momentanément quitté la piste balisée pour contourner un affaissement de terrain
dû à une nappe d'eau souterraine, a sauté sur un engin explosif ; que Laurent X..., conducteur, a été tué
; que les consorts Y..., Z..., X..., ses ayants droit, M. A..., passager sauf, et la société Team Georges
Groine, propriétaire du véhicule détruit ont assigné en réparation la société Thierry Sabine
Organisation (ci-après TSO), organisatrice de l'épreuve, la compagnie Groupe Azur son assureur, et
cité la Caisse primaire d'assurance maladie du Puy-de-Dôme en déclaration de jugement commun ;
qu'ils ont été déboutés ;

Attendu que les demandeurs font grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Versailles, 5 avril 2002) de n'avoir
pas recherché si l'organisateur, tenu d'une obligation de moyens, avait balisé et sécurisé la déviation
conseillée, et de s'être inexactement fondé sur l'acceptation des risques par les participants, privant
ainsi sa décision de base légale au regard de l'article 1147 du Code civil ;

Mais attendu que la cour d'appel, après avoir exactement énoncé que, tenu d'une obligation de moyens,
l'organisateur d'une compétition à risques élevés et connus doit néanmoins prévenir ceux-ci dans toute
la mesure du possible, a relevé que la société TSO avait fait procéder à la reconnaissance du trajet de
façon à assurer la sécurité des participants et que la présence de l'engin explosif à proximité de la piste
avait été fortuite, rien ne permettant d'en supposer l'existence et de conduire à une recherche

3
systématique préalable ; qu'elle a ainsi légalement justifié sa décision de dire non rapportée la preuve
d'un manquement de la part de la société TSO à l'obligation dont elle était tenue ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Document n° 6. Cass. 1ère Civ., 3 février 2011

Attendu que la jeune Nina X... a été blessée, alors qu'elle effectuait, en compagnie de son père, une
descente en toboggan aquatique dans un parc d'attractions, en percutant le jeune Benoît Y..., âgé de
huit ans, qui se trouvait dans le bassin d'arrivée du toboggan ; que les consorts X...- Z..., agissant en
qualité de représentants légaux de leur fille mineure, ont recherché la responsabilité des époux Y... et
de la société Le Paradou, exploitant du parc d'attractions ;

Attendu que la société Le Paradou fait grief à l'arrêt infirmatif (Pau, 14 septembre 2009) de l'avoir
condamnée à indemniser Nina X... de l'intégralité du préjudice subi du fait de son accident survenu le
18 août 2005, alors, selon le moyen :

1°/ que les juges du fond ne peuvent dénaturer les éléments qui sont soumis à leur appréciation ; que la
cour d'appel, qui a jugé " que le point de choc n'a pu être localisé avec certitude, en l'absence de
témoignage direct ", au mépris des attestations émanant tant du père de la victime, présent lors du
drame, que de l'un des parents de l'auteur du dommage, dont il résultait sans ambiguïté que la collision
litigieuse avait eu lieu dans le bassin d'arrivée, a violé l'article 1134 du code civil ;

2°/ que la nature et la portée de la responsabilité de l'exploitant d'un toboggan aquatique se détermine
au regard du lieu de collision établi ; que les juges du fond, qui ont affirmé qu'il n'était pas possible de
connaître le lieu de la collision, lequel lieu pouvait seul déterminer la nature de la responsabilité de
l'exploitant du toboggan, et, partant, le régime de responsabilité applicable, mais qui, nonobstant, ont
mis à la charge de l'exploitant une obligation de résultat, ont entaché leur décision d'un défaut de base
légale au regard de l'article 1147 du code civil ;

3°/ que l'exploitant d'un toboggan n'est tenu que d'une obligation de moyens dans le bassin d'arrivée ;
que la cour d'appel, qui a déclaré la société exploitante du toboggan responsable du préjudice subi par
la victime aux motifs qu'elle était tenue d'une obligation de résultat " dans le bassin d'arrivée ", a violé
l'article 1147 du code civil ;

4°/ que l'exploitant d'un toboggan n'étant tenu que d'une obligation de moyens dans le bassin d'arrivée,
il incombe à la victime d'établir la faute de ce dernier ; que la cour d'appel, qui a retenu la
responsabilité de l'exploitant aux motifs qu'il n'était pas établi que l'auteur du dommage se serait
attardé dans le bassin, sans constater que la victime établissait une faute de la société exploitante du
toboggan, a renversé la charge de la preuve, en violation de l'article 1315 du code civil ;

Mais attendu qu'ayant exactement énoncé, eu égard à l'impossibilité pour les utilisateurs de maîtriser
leur trajectoire, que l'accident s'étant produit durant la descente en toboggan, l'obligation contractuelle
de sécurité de l'exploitant du parc d'attractions s'analysait en une obligation de résultat, la cour d'appel,
qui a, en outre, relevé qu'il n'était pas établi que l'enfant Benoît eût stationné anormalement dans le
bassin d'arrivée, ni que sa présence à cet endroit eût été imprévisible pour l'exploitant, a, par ces
motifs, légalement justifié sa décision ;

Et attendu que les griefs des cinquième et sixième branches ne sont pas de nature à permettre
l'admission du pourvoi ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi …

Document n° 7. Cass. Ass. plén., 14 avril 2006

4
Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué (Douai, 12 novembre 2001), que M. X... a commandé à M.
Y... une machine spécialement conçue pour les besoins de son activité professionnelle ; qu'en raison
de l'état de santé de ce dernier, les parties sont convenues d'une nouvelle date de livraison qui n'a pas
été respectée ; que les examens médicaux qu'il a subis ont révélé l'existence d'un cancer des suites
duquel il est décédé quelques mois plus tard sans que la machine ait été livrée ; que M. X... a fait
assigner les consorts Y..., héritiers du défunt, en résolution du contrat et en paiement de dommages-
intérêts ;

Sur le premier moyen :

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté sa demande de dommages-intérêts alors, selon le
moyen :

1) qu'en estimant que la maladie dont a souffert M. Michel Z... avait un caractère imprévisible, pour en
déduire qu'elle serait constitutive d'un cas de force majeure, après avoir constaté qu'au 7 janvier 1998,
date à laquelle M. Michel Y... a fait à son cocontractant la proposition qui fut acceptée de fixer la date
de livraison de la commande à la fin du mois de février 1998, M. Michel Y... savait souffrir, depuis
plusieurs mois, d'une infection du poignet droit justifiant une incapacité temporaire totale de travail et
se soumettait à de nombreux examens médicaux, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales
de ses propres constatations et violé, en conséquence, l'article 1148 du code civil ;

2) qu'un événement n'est pas constitutif de force majeure pour le débiteur lorsque ce dernier n'a pas
pris toutes les mesures que la prévisibilité de l'événement rendait nécessaires pour en éviter la
survenance et les effets ; qu'en reconnaissant à la maladie dont a souffert M. Michel Y... le caractère
d'un cas de force majeure, quand elle avait constaté que, loin d'informer son cocontractant qu'il ne
serait pas en mesure de livrer la machine commandée avant de longs mois, ce qui aurait permis à M.
Philippe X... de prendre toutes les dispositions nécessaires pour pallier le défaut de livraison à la date
convenue de la machine commandée, M. Michel Y... avait fait, le 7 janvier 1998, à son cocontractant
la proposition qui fut acceptée de fixer la date de livraison de la commande à la fin du mois de février
1998, soit à une date qu'il ne pouvait prévisiblement pas respecter, compte tenu de l'infection au
poignet droit justifiant une incapacité temporaire totale de travail, dont il savait souffrir depuis
plusieurs mois, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations et
violé, en conséquence, l'article 1148 du code civil ;

Mais attendu qu'il n'y a lieu à aucuns dommages-intérêts lorsque, par suite d'une force majeure ou d'un
cas fortuit, le débiteur a été empêché de donner ou de faire ce à quoi il était obligé, ou a fait ce qui lui
était interdit ; qu'il en est ainsi lorsque le débiteur a été empêché d'exécuter par la maladie, dès lors que
cet événement, présentant un caractère imprévisible lors de la conclusion du contrat et irrésistible dans
son exécution, est constitutif d'un cas de force majeure ; qu'ayant retenu, par motifs propres et adoptés,
que seul Michel Y... était en mesure de réaliser la machine et qu'il s'en était trouvé empêché par son
incapacité temporaire partielle puis par la maladie ayant entraîné son décès, que l'incapacité physique
résultant de l'infection et de la maladie grave survenues après la conclusion du contrat présentait un
caractère imprévisible et que la chronologie des faits ainsi que les attestations relatant la dégradation
brutale de son état de santé faisaient la preuve d'une maladie irrésistible, la cour d'appel a décidé à bon
droit que ces circonstances étaient constitutives d'un cas de force majeure ;

D'où il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ; […]

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 8. Cass. Civ. 1re, 23 juin 2011

Attendu qu'Eric X..., passager d'un train, ayant été mortellement blessé de plusieurs coups de couteau
par M. Y..., sa mère Mme Z... a assigné ce dernier ainsi que la SNCF en réparation de son préjudice
moral ;

5
Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué (Grenoble, 5 janvier 2010) d'avoir rejeté sa demande dirigée
contre la SNCF alors, selon le moyen :

1°/ que le transporteur ferroviaire, tenu envers les voyageurs d'une obligation de sécurité de résultat de
les conduire sains et saufs à destination, ne peut s'exonérer de sa responsabilité qu'en apportant la
preuve d'un cas de force majeure, à savoir de circonstances imprévisibles et irrésistibles ; que les
agressions de voyageurs dans un train sont prévisibles ; qu'ainsi, la cour d'appel ne pouvait décider que
l'agression mortelle de Eric X... dans le train Grenoble-Lyon par un voyageur, au demeurant démuni
de titre de transport, était imprévisible, au motif inopérant du trouble de comportement de l'agresseur,
sans violer l'article 1148 du code civil ;

2°/ que d'autre part, l'agression de Eric X... étant survenue au moment de la coupe du monde de
football de 1998 dans une région où se déroulaient des matches, l'afflux de population et de supporters
qui devaient alors emprunter les transports imposait à la SNCF de prendre des mesures
exceptionnelles de précaution, notamment en renforçant son personnel de contrôle et de surveillance ;
qu'il résulte des propres constatations de la cour d'appel que la SNCF n'avait pris aucune mesure
particulière pour la protection des voyageurs lors du parcours ferroviaire vers Saint-Etienne où devait
se dérouler un match de football et que l'agresseur, anglais, monté dans le train sans titre de transport
n'avait pas été contrôlé ; qu'ainsi faute de déduire de ces constatations qu'en l'absence de toute preuve
ou allégation de quelconques mesures de prévention, il y avait lieu d'écarter l'existence d'un cas de
force majeure faute d'irrésistibilité de l'agression, la cour d'appel a derechef violé l'article 1148 du
code civil ;

Mais attendu qu'après avoir constaté que M. Y... s'était soudainement approché d'Éric X... et l'avait
poignardé sans avoir fait précéder son geste de la moindre parole ou de la manifestation d'une
agitation anormale, la cour d'appel a estimé qu'un tel geste, en raison de son caractère irrationnel, n'eût
pu être empêché ni par un contrôle à bord du train des titres de transport, faute pour les contrôleurs
d'être investis du pouvoir d'exclure du train un voyageur dépourvu de titre de transport, ni par la
présence permanente d'un contrôleur dans la voiture, non plus que par une quelconque autre mesure à
bord du train ; qu'elle en a déduit à bon droit que l'agression commise par M. Y... présentait pour la
SNCF un caractère imprévisible et irrésistible ; que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Document n° 9. Cass. Ch. Mixte, 22 avril 2005

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 7 février 2003), que le 31 décembre 1998, la société Dubosc
et Landowski (société Dubosc) a confié à la société Chronopost un pli destiné à la ville de Vendôme,
contenant son dossier de candidature à un concours d'architectes ; que le dossier qui aurait dû parvenir
au jury avant le 4 janvier 1999, a été livré le lendemain ; que la société Dubosc, dont la candidature n'a
pu de ce fait être examinée, a assigné la société Chronopost en réparation de son préjudice ; que cette
dernière a invoqué la clause limitative d'indemnité pour retard figurant au contrat-type annexé au
décret du 4 mai 1988 ;

Attendu que la société Dubosc fait grief à l'arrêt d'avoir condamné la société Chronopost à lui payer
seulement la somme de 22,11 euros, alors, selon le moyen, "que l'arrêt relève que l'obligation de
célérité, ainsi que l'obligation de fiabilité, qui en est le complément nécessaire, s'analysent en des
obligations essentielles résultant de la convention conclue entre la société Dubosc et la société
Chronopost ; que l'inexécution d'une obligation essentielle par le débiteur suffit à constituer la faute
lourde et à priver d'effet la clause limitative de responsabilité dont le débiteur fautif ne peut se
prévaloir pour s'exonérer de la réparation du préjudice qui en résulte pour le créancier ; qu'en décidant
que faute d'établir des faits précis caractérisant la faute lourde du débiteur, le créancier ne peut
prétendre qu'à l'indemnisation du prix du transport, la cour d'appel a violé les articles 1131, 1134,
1147 et 1315 du Code civil, 8, alinéa 2, de !a loi du 30 décembre 1982, 1 et 15 du contrat messagerie
établi par le décret du 4 mai 1988" ;

6
Mais attendu qu'il résulte de l'article 1150 du Code civil et du décret du 4 mai 1988 portant
approbation du contrat-type pour le transport public terrestre de marchandises applicable aux envois
de moins de trois tonnes pour lesquels il n'existe pas de contrat-type spécifique que, si une clause
limitant le montant de la réparation est réputée non écrite en cas de manquement du transporteur à une
obligation essentielle du contrat, seule une faute lourde, caractérisée par une négligence d'une extrême
gravité confinant au dol et dénotant l'inaptitude du débiteur de l'obligation à l'accomplissement de sa
mission contractuelle, peut mettre en échec la limitation d'indemnisation prévue au contrat-type établi
annexé au décret ; Qu'ayant énoncé à bon droit que la clause limitant la responsabilité de la société
Chronopost en cas de retard qui contredisait la portée de l'engagement pris étant réputée non écrite, les
dispositions précitées étaient applicables à la cause, et constaté que la société Dubosc ne prouvait
aucun fait précis permettant de caractériser l'existence d'une faute lourde imputable à la société
Chronopost, une telle faute ne pouvant résulter du seul retard de livraison, la cour d'appel en a
exactement déduit qu'il convenait de limiter l'indemnisation de la société Dubosc au coût du transport ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

7
UNIVERSITÉ DE POITIERS

Année universitaire 2022-2023

TRAVAUX DIRIGÉS – LICENCE 2


DROIT DES OBLIGATIONS I
Cours de Monsieur Lionel Andreu

Fiche n° 9
L’inexécution du contrat (2/2)

Attention :

- Lire et étudier les documents qui suivent. Les étudiants devront être capables d’en exposer l’essentiel
à l’oral et de les mettre en perspective avec les questions étudiées en cours.

Document n° 1. Cass. 3ème Civ., 22 mars 1983, Bull civ. III, n° 84.
Document n° 2. Cass. 3ème Civ., 6 mai 2009, pourvoi n° 08-13.824
Document n° 3. Cass. 3ème Civ., 3 novembre 2011, Bull. civ. III, n° 178
Document n° 4. Cass. 1ère Civ., 31 janvier 1995, Bull. civ. I, n° 57

- Exercice principal : résolvez le cas pratique suivant (inspiré d’une partie du sujet de colle de
rattapage donné en 2021-2022).

La semaine dernière, Martine Fort a convenu avec monsieur Martin, agriculteur en Charente,
de l’acquisition : 1/ d’un vélo dont il est propriétaire, pour le prix de 200 euros ; 2/ de vingt
kilos de fraises, en vue de faire un dessert pour l’anniversaire de sa sœur, pour un montant de
50 euros ; 3/ de trente bouteilles de « pétillant de pomme », pour la même occasion.

Revenue aujourd’hui chez monsieur Martin, elle a appris que celui-ci avait été victime d’un
incendie de son local de vente, dans lequel le vélo, ainsi que plusieurs barquettes de fraises,
ont péri. Il a indiqué à Martine que le vélo et les fraises étaient sa propriété à elle et qu’il
n’avait dès lors pas l’obligation de lui livrer ces biens qui ont disparu dans l’incendie.

Martine vous demande de l’éclairer sur ce point. Elle est particulièrement sceptique et ne
comprend en tout cas pas pourquoi monsieur Martin ne retourne pas chercher d’autres fraises
de sa production pour les lui remettre.

Quant aux « pétillants », qui n’ont aucunement subi l’incendie, Martine comprend que
monsieur Martin n’a tout simplement pas envie d’exécuter ses obligations. Elle vous demande
sur ce dernier point de lui présenter brièvement les différentes sanctions de l’inexécution à sa
disposition pour réagir.

Que lui répondez-vous ?

* *
*

Document n° 1. Cass. 3ème Civ., 22 mars 1983

Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué (paris, 4 juillet 1980) que la société Transon Isore a été
déclarée adjudicataire, le 10 juin 1977, d'un immeuble saisi sur Mme X... ; que le cahier des charges

1
lui imposait de payer ou consigner le prix dans les quatre mois de l'adjudication ; qu'après sommation
infructueuse de justifier du paiement ou de la consignation, Mme X... a, le 26 juin 1978, formé contre
la société Transon Isore une action en résolution de la vente, par application des dispositions de
l'article 1654 du code civil ;

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt, qui retient que le manquement de l'adjudicataire ne présentait
pas une gravité suffisante pour justifier la résolution, d'avoir fondé sa décision sur la consignation du
prix et des intérêts, effectuée le 6 septembre 1978, et sur les inconvénients que la résolution
présenterait pour le créancier poursuivant, oblige d'engager une nouvelle poursuite de saisie
immobilière, alors, selon le moyen, que, d'une part, c'était au jour de l'assignation qu'il fallait se placer
pour apprécier le bien-fondé de la demande en résolution, et non à une date postérieure, qu'il est
constant que le 26 juin 1978, date de l'assignation, l'acquéreur n'avait pas versé le prix de l'immeuble,
prix qui ne sera consigné que le 6 septembre 1978 ; qu'en tenant néanmoins compte d'une consignation
de prix postérieure à l'assignation pour faire échec à la demande en résolution, la cour d'appel a violé
l'article 1184 du code civil, et alors que, d'autre part, et en tout état de cause, les juges du fond, pour
rejeter une demande en résolution d'une vente, ne peuvent se fonder que sur des considérations qui
relèvent, soit du débiteur, soit du créancier, qu'en retenant essentiellement les intérêts de tiers -
fussent-ils créanciers du vendeur - pour débouter ledit vendeur de sa demande en résolution, la cour
d'appel a derechef violé l'article 1184 du code civil ;

Mais attendu que les juges du fond, saisis d'une demande en résolution judiciaire de vente, disposent
d'un pouvoir souverain pour apprécier si les manquements établis à la charge de l'acquéreur sont
suffisamment graves pour justifier cette mesure ; que la cour d'appel était dès lors en droit de tenir
compte, dans l'exercice de ce pouvoir, de toutes les circonstances de la cause intervenues jusqu'au jour
de sa décision ; d'ou il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 2. Cass. 3ème Civ., 6 mai 2009

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Montpellier, 20 mars 2007), que la commune de Leucate a vendu le 11
février 1998, à la société civile immobilière Berchel (la SCI) ayant pour associés M. X..., gérant et sa
nièce Mme X..., une parcelle de terrain à bâtir formant le lot n° 2 du lotissement communal Les Salins
autorisé par arrêté du 4 décembre 1996 ; que l'acte de vente contenait une clause selon laquelle la
commune imposait aux acquéreurs l'obligation de réaliser la construction dans un délai de cinq ans
faute de quoi la vente serait révoquée et le prix payé à l'achat remboursé mais sans réévaluation et
déduction faite d'une somme de 10 % à titre d'indemnité ; que les acquéreurs n'ayant pas rempli cette
obligation, la commune les a assignés en résolution de la vente ;

Attendu que la SCI fait grief à l'arrêt de constater la résolution de la vente, alors, selon le moyen :

1°/ que la clause résolutoire ne peut produire effet lorsque l'inexécution du débiteur est due à un cas de
force majeure ; qu'en refusant de vérifier , comme il le lui était demandé, si les circonstances
invoquées par la SCI Berchel pour justifier le retard de la construction, parmi lesquelles les crises
cardiaques, la congestion cérébrale et le décès de son gérant entre 2000 et 2002 et les maladies
invalidantes de son successeur diagnostiquées après la conclusion du contrat en 1998, n'étaient pas
constitutives d'un cas de force majeure au motif que "la commune de Leucate peut, à supposer même
que l'inexécution résulterait de la force majeure, prétendre à la résolution de cette vente par l'effet
même de la clause résolutoire" , la cour d'appel a violé les articles 1134 et 1184 du code civil ;

2°/ que sauf dispense expresse et non équivoque, une clause résolutoire ne peut être acquise au
créancier sans la délivrance préalable d'une mise en demeure restée sans effet ; qu'en jugeant que "la
commune de Leucate peut prétendre à la résolution de cette vente par l'effet même de la clause
résolutoire sans que puisse utilement lui être opposée l'absence de mise en demeure préalable", après
avoir relevé que la clause invoquée stipulait uniquement que "la commune impose aux acquéreurs des
lots l'obligation de réaliser la construction dans un délai de cinq ans faute de quoi la vente serait

2
révoquée et le prix payé à l'achat remboursé non réévalué", sans faire aucune allusion à une résolution
de plein droit, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, violant
ainsi les articles 1134 et 1184 du code civil ;

3°/ que seule la clause stipulant expressément une résolution de plein droit peut priver le juge de la
faculté d'accorder un délai au débiteur ; qu'en jugeant que la SCI Berchel ne peut "solliciter l'octroi
d'un délai en présence d'une clause résolutoire expresse dont la commune a d'ailleurs constaté
l'acquisition par lettre recommandée avec avis de réception en date du 25 février 2003", après avoir
relevé que la clause invoquée stipulait uniquement que "la commune impose aux acquéreurs des lots
l'obligation de réaliser la construction dans un délai de cinq ans faute de quoi la vente serait révoquée
et le prix payé à l'achat remboursé non réévalué", sans faire aucune allusion à une résolution de plein
droit, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, violant ainsi les
articles 1134 et 1184 du code civil ;

4°/ qu'en jugeant également, pour refuser d'accorder un délai à la SCI, que l'arrêté autorisant le
lotissement en date du 4 décembre 1996 est, en application de l'article L. 315-2-1 du code de
l'urbanisme, devenu caduc le 4 décembre 2006, sans constater pour autant que la SCI Berchel serait
dans l'impossibilité d'obtenir le permis de construire qu'elle demandait, la cour d'appel a statué par un
motif inopérant, privant sa décision de base légale au regard de l'article 1184, alinéa 3, du code civil ;

Mais attendu qu'ayant énoncé à bon droit qu'il résulte de l'article 1184 du code civil que la résolution
d'un contrat synallagmatique peut être prononcée en cas d'inexécution par l'une des parties de ses
obligations, quel que soit le motif qui a empêché cette partie de remplir ses engagements, alors même
que cet empêchement résulterait de la force majeure, et constaté que la SCI n'avait pas exécuté
l'obligation contractuelle de construire dans le délai de cinq ans à peine de révocation de la vente, et
que l'arrêté autorisant le lotissement était devenu caduc le 4 décembre 2006 en application de l'article
L. 315-2-1 du code de l'urbanisme, la cour d'appel, qui n'a pas constaté l'acquisition d'une clause
résolutoire de plein droit, et qui n'était pas tenue de répondre à une simple allégation non assortie d'une
offre de preuve sur la possibilité pour la SCI d'obtenir un permis de construire, a pu en déduire,
abstraction faite d'un motif erroné mais surabondant relatif à la possibilité de solliciter l'octroi d'un
délai, que la commune pouvait prétendre à la résolution de la vente sans que l'absence de mise en
demeure préalable puisse lui être opposée ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 3. Cass. 3ème Civ., 3 novembre 2011

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Bastia, 8 septembre 2010), que, par acte du 1er septembre 1986, Mme
X... a vendu un bien immobilier à son frère, décédé peu après, et à son épouse, née Michelle Y... ; que
l'acte stipulait que le prix avait été payé directement au vendeur en dehors de la comptabilité du
notaire ainsi que le reconnaissait le vendeur qui en donnait quittance entière et définitive " avec
désistement de tous droits de privilège et action résolutoire " ; que, soutenant que le prix n'avait pas été
payé, Mme X... a assigné les 12 décembre 2005 et 24 mai 2006 en résolution de la vente Mme Y...,
veuve X..., usufruitière, et ses deux enfants, Mme Nathalie X... et M. Anthony X..., nus-propriétaires
(les consorts Y...-X...) ;

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt de déclarer ses demandes irrecevables, alors, selon le moyen :

1°/ que les parties ne peuvent pas renoncer par avance au droit de demander la résolution judiciaire du
contrat lorsqu'une telle renonciation porte sur une obligation essentielle du contrat ; qu'en estimant que
la demande de résolution du contrat formée par la venderesse, Mme X..., était irrecevable en
contemplation de la clause de renonciation à la résolution du contrat pour défaut de paiement du prix
contenue dans l'acte de vente du 1er septembre 1986, quand cette clause de renonciation portait

3
pourtant sur une obligation essentielle du contrat et ne pouvait produire effet, la cour d'appel a violé
l'article 1184 du code civil, par refus d'application ;

2°/ que, subsidiairement, la mise en œuvre de la clause de renonciation à la résolution est subordonnée
à la bonne foi du débiteur qui l'invoque ; qu'en considérant que la demande de résolution du contrat
formée par la venderesse, Mme X..., était irrecevable en contemplation de la clause de renonciation à
la résolution du contrat pour défaut de paiement du prix contenue dans l'acte de vente du 1er
septembre 1986, sans rechercher si cette clause était invoquée de bonne foi par les consorts X...- Y...
qui s'étaient volontairement soustraits au paiement du prix, la cour d'appel a violé les articles 1184 et
1134, alinéa 3, du code civil ;

Mais attendu, d'une part, qu'ayant retenu à bon droit que l'article 1184 du code civil n'est pas d'ordre
public et qu'un contractant peut renoncer par avance au droit de demander la résolution judiciaire du
contrat et relevé que la clause de renonciation, rédigée de manière claire, précise, non ambiguë et
compréhensible pour un profane, était non équivoque, la cour d'appel en a exactement déduit que la
demande était irrecevable ;

Attendu, d'autre part, que Mme X... n'ayant pas soutenu dans ses conclusions que les consorts Y...-X...
invoquaient la clause de renonciation de mauvaise foi, le moyen est nouveau, mélangé de fait et de
droit ;

D'où il suit que le moyen, pour partie irrecevable, n'est pas fondé pour le surplus ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document n° 4. Cass. 1ère Civ., 31 janvier 1995

Vu l'article 1134, aliéna 3, du Code civil ;

Attendu qu'aux termes de ce texte, les conventions doivent être exécutées de bonne foi ; qu'une clause
résolutoire n'est pas acquise, si elle a été mise en œuvre de mauvaise foi par le créancier ;

Attendu que, par acte notarié du 3 février 1975, les époux X... ont acquis une maison d'habitation, à
l'aide d'un prêt de 200 000 francs que leur a consenti dans le même acte la Banque hypothécaire
européenne (la banque) ; que le remboursement devait s'effectuer sur 15 ans ; qu'en octobre 1983, M.
X..., qui venait de perdre son emploi, a obtenu un délai jusqu'au 1er février 1984 pour s'acquitter des
termes de novembre 1983, décembre 1983 et janvier 1984 ; qu'à l'expiration de ce délai, il n'a pu régler
novembre et décembre 1983 ; que, par lettre du 24 janvier 1984, la banque a avisé ses emprunteurs
qu'elle se trouvait dans l'obligation d'exiger le remboursement anticipé et intégral de sa créance ;
qu'elle n'a cependant pas mis immédiatement sa menace à exécution ; que, finalement, les époux X...
ont réglé le principal du solde de leur prêt ; que, le 2 juillet 1990, l'établissement financier leur a fait
commandement de payer la somme de 91 434 francs, représentant selon lui des intérêts et des
pénalités de retard ;

Attendu que, pour déclarer fondée la procédure de saisie immobilière initiée par ce commandement,
tout en prescrivant une expertise pour déterminer le montant exact de la créance invoquée par la
banque, l'arrêt attaqué se borne à énoncer que la totalité de l'arriéré n'a pas été apuré à la date du 1er
février 1984, de telle sorte que l'établissement financier était fondé à se prévaloir de la clause
résolutoire ;

Attendu qu'en statuant ainsi, sans rechercher, comme elle y était invitée, si la banque était créancier de
bonne foi, alors, d'une part, que les époux X... avaient remboursé le montant principal de leur prêt, et
alors, d'autre part, que l'établissement financier avait attendu le 2 juillet 1990 pour délivrer
commandement aux fins de saisie immobilière, bien que sa créance fût exigible selon lui depuis le 1er
février 1984, la cour d'appel a privé sa décision de base légale ;

4
PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE

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