Poly2m226 Sorb
Poly2m226 Sorb
Poly2m226 Sorb
Arnau Padrol
26 juillet 2018
Table des matières
I Combinatoire énumérative 3
1 Rappels et notation 5
1.1 Ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Relations binaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.1 Relations d’équivalence et partitions . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.2 Relations d’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4 Entiers naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.5 Cardinal d’un ensemble fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5.1 Principe de bijection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.5.2 Principe des tiroirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6 Équipotence et ensembles infinis dénombrables . . . . . . . . . . . . 14
2 Dénombrement 17
2.1 Principes de dénombrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.1 Principe d’addition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.2 Principe des bergers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.1.3 Principe de multiplication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 Comptage des applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.1 Le nombre d’applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.2 Le nombre d’injections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2.3 Le nombre de bijections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2.4 Une estimation de la fonction factorielle . . . . . . . . . . . 22
2.2.5 Surjections et partitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3 Nombres binomiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3.1 L’ensemble de parties de taille k . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3.2 Multi-ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3.3 Formule du binôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.4 Les nombres multinomiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.4.1 Une estimation de nk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.4.2 La “forme” de l’ensemble des coefficients binomiaux . . . . . 33
-1
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
3 Fonctions génératrices 39
3.1 L’anneau des séries formelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.1.1 Rappel : L’anneau des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.1.2 Séries formelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.1.3 Une justification pour la notation . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.1.4 Inverse multiplicatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.2 Théorème du binôme pour des exposants négatifs . . . . . . . . . . 43
3.3 Équations de récurrence linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.1 La suite de Fibonacci . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.2 Récurrences linéaires homogènes à coefficients constants . . . 48
II Graphes 49
4 Introduction à la théorie de graphes 51
4.1 Graphes et isomorphismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4.1.1 Isomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
4.2 Bestiaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
4.3 Degrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.3.1 Le lemme des poignées de main . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.3.2 Matrices associées à un graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.3.3 Le théorème d’Havel et Hakimi . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4.4 Théorie extrémale des graphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.4.1 Sous-graphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.4.2 Théorème de Turán . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.4.3 Graphe complémentaire et stables . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.5 Théorie de Ramsey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
0
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
7 Planarité 85
7.1 Dessiner des graphes dans le plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
7.2 Formule d’Euler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
1
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
2
Première partie
Combinatoire énumérative
3
Chapitre 1
Rappels et notation
1.1 Ensembles
Nous allons travailler avec une définition intuitive et informelle de la notion
d’ensemble. Les fondations mathématiques de la théorie des ensembles sont sub-
tiles, et une axiomatique rigoureuse ne permet pas la définition d’objets comme
l’ensemble de tous les ensembles qui donnent lieu à paradoxes (voir Zer-
melo–Fraenkel). Pour les ensembles étudiés dans ce cours, dont la plupart sont
finis, il n’y a pas de risque de paradoxe, et la notion intuitive d’ensemble est lar-
gement suffisante.
On utilise les symboles ‘{’ et ‘}’ pour présenter un ensemble. Par exemple, l’en-
semble formé des éléments a, b et c s’écrit {a, b, c}. L’ordre des éléments d’un en-
semble n’a aucune aucune importance ({a, b} = {b, a}), ni les répétitions non plus
({a, a, b} = {a, b}). On écrit {x ∈ E : P} pour dénoter l’ensemble des éléments
x de E possédant la propriété P. On utilise aussi cette notation pour construire
des nouveaux ensembles à partir d’ensembles connus. Par exemple, l’ensemble des
carrés des entiers naturels s’écrit
5
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Opérations ensemblistes
Soient A, B et E des ensembles.
• La (ré)union de A et B est l’ensemble
A ∪ B = {x : x ∈ A ou x ∈ B} .
Pour la réunion de plusieurs ensembles, on utilise aussi la notation
n
[ [ [
Ai = Ai = Ai = A1 ∪ A2 ∪ · · · ∪ An .
i=1 1≤i≤n i∈[1,n]
6
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
P(E) = {A : A ⊆ E} .
1.2 Applications
Soient E et F des ensembles. Une application de E dans F est la donnée,
pour chaque élément x de E, d’un élément f (x) de F . On formalise ceci comme
suit :
Définition 1.2. Une application (ou fonction) f de E dans F est une partie
de E × F telle que pour tout x ∈ E, l’ensemble {y ∈ F : (x, y) ∈ f } contient
exactement un élément. Si (x, y) ∈ f , on note y = f (x) ou x 7→ y et on dit que
y est l’image de x par f , et que x est un antécédent de y par f . E est appelé
l’ensemble de départ de f , et F l’ensemble d’arrivée.
Définition 1.3. On écrit f : E → F si f est une application de E dans F . Si
A ⊆ E, l’image (directe) de A par f est
f (A) = {f (x) : x ∈ A} .
f −1 (B) = {x ∈ E : f (x) ∈ B} .
• surjective si
∀y ∈ F, ∃x ∈ E, y = f (x),
c’est-à-dire, si f (E) = F ;
∀y ∈ F, ∃!x ∈ E, y = f (x).
Une application qui est injective, surjective ou bijective est appelée une injection,
surjection ou bijection, respectivement.
7
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
g◦f :E →G
x 7→ g(f (x))
8
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
• R = {(x, y) ∈ Z × Z : 2 divise x − y} ;
Définition 1.9. Soit R une relation d’équivalence sur l’ensemble E. Pour tout
x ∈ E la classe d’équivalence de x est l’ensemble R[x] = {y ∈ E : xRy}.
L’ensemble de toutes les classes d’équivalence est l’ensemble quotient de E par
R, et est noté E/R. On a E/R ⊆ P(E).
Définition 1.10. Une partition d’un ensemble E est une famille (Ai )i∈I de sous-
ensembles de E, telle que :
S
(i) les ensembles Ai recouvrent E : i∈I Ai = E ;
Proposition 1.11.
1. Si R est une relation d’équivalence sur E, alors E/R est une partition de E.
2. Pour toute partition (Ai )i∈I de E, il existe une unique relation d’équiva-
lence R telle que E/R = {Ai : i ∈ I}. En particulier, E/R détermine en-
tièrement R.
Démonstration.
2. Soit (Ai )i∈I une partition de E. On définit une relation binaire R sur E de
la manière suivante : xRy si et seulement s’il existe i ∈ I tel que x, y ∈ Ai .
C’est facile à vérifier que cette relation est réflexive, transitive et symétrique.
cqfd.
9
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
• (N, ≤) où x ≤ y si y − x ∈ N, (et de façon similaire (Z, ≤), (Q, ≤), (R, ≤)) ;
• (P(X), ⊆)
Remarque 1.14 (Propriété fondamentale des entiers naturels). Toute partie non
vide de N possède un plus petit élément.
10
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
∀n ∈ N, P(n) ⇒ P(n + 1)
On utilise souvent le même principe pour montrer qu’une propriété P(n) est
valide pour tous les entiers n ≥ k. Dans ce cas là, il faut montrer que P(k) est vraie
et que pour tout n ≥ k, P(n) ⇒ P(n + 1). (On déduit ce principe du principe de
récurrence en utilisant la propriété P 0 (n) qui est vraie si et seulement si P(n + k)
est vraie.)
11
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
• Si f (n + 1) = m, alors l’application
f [1,n] : [1, n] → [1, m − 1]
i 7→ f (i)
est une injection de [1, n] dans [1, m − 1]. D’après l’hypothèse de récurrence
on a que n ≤ m − 1, et donc que n + 1 ≤ m.
Définition 1.18. Si E est un ensemble fini en bijection avec l’intervalle [1, n], on
dit que le cardinal de E est n, ou que le nombre d’éléments dans E est n, ce
qu’on note |E| = n. Lorsque E est vide, on posera |E| = 0.
Ce principe simple est très utile ! Il donne lieu aux preuves bijectives, une
technique que nous allons utiliser à plusieurs reprises dans la suite.
12
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Corollaire 1.20 (Principe des tiroirs). Pour des ensembles finis E et F , il existe
une injection de E dans F si et seulement si |E| ≤ |F |.
En particulier, si |E| > |F | alors il n’y a pas d’injection de E dans F , et
pour toute application f : E → F il existe au moins un élément y ∈ F tel que
|f −1 ({y})| ≥ 2.
Démonstration. Ici, les n + 1 entiers de A jouent le rôle des objets, et les tiroirs
sont les n intervalles de la forme [2i − 1, 2i] avec 1 ≤ i ≤ n. Le principe des tiroirs
certifie qu’il y a deux nombres consécutifs dans A, et deux nombres consécutifs
sont toujours premiers entre eux. cqfd.
Il y a des versions plus fortes de ce principe, que nous allons traiter dans les
exercices.
Nous finissons avec une dernière conséquence du Théorème 1.16 :
Corollaire 1.23 (Principe d’inclusion). Soit F une partie d’un ensemble fini E.
Alors |F | ≤ |E|, et |F | = |E| si et seulement si F = E.
13
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Démonstration. La restriction de l’application identité sur F , id F : F → E, est
injective, et donc |F | ≤ |E|.
Supposons que |F | = |E|. Si E 6= F , alors il existe e ∈ E tel que e ∈
/ F . Alors
F ⊆ E \ {e} et |F | ≤ |E \ {e}|. C’est facile à voir que |E \ {e}| = |E| − 1, ce qui
amène à une contradiction qui finit la preuve. cqfd.
f : N → N∗
x 7→ x + 1
est bijective.
2N est dénombrable car l’application
f : N → 2N
x 7→ 2x
14
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
est bijective.
Z est dénombrable car l’application
g:Z→N
(
2x si x ≥ 0,
x 7→
−2x + 1 si x < 0.
est bijective.
N × N est dénombrable car l’application
h : N × N → N∗
(x, y) 7→ 2x (2y + 1)
est bijective.
Nous laissons la vérification de la bijectivité de ces fonctions au lecteur. cqfd.
Proposition 1.28. Tout sous-ensemble E ⊆ N est soit fini, soit infini dénom-
brable.
Démonstration. Supposons que E ⊆ N n’est pas fini. On construit par récurrence
une fonction f : N → E. On prend f (0) = min E, f (1) = min E\{f (0)}, et de façon
récurrente f (n) = min E \ {f (0), . . . , f (n − 1)}. Notez que f est une application
bien définie car tout sous-ensemble non-vide de E a un élément minimal, et E \
{f (0), . . . , f (n − 1)} est non-vide car E est infini.
Montrons que f est une bijection. Par construction, f est injective, car si n < m,
alors f (m) ∈ E\{f (0), . . . , f (n), . . . , f (m−1)} et donc f (n) 6= f (m). Pour montrer
que f est aussi surjective, nous supposons le contraire. C’est-à-dire qu’il existe
n ∈ E \ {f (0), f (1), . . .}. Soit S = {i : f (i) > n}, qui est un ensemble non-vide
et donc a un plus petit élément k. Ceci veut dire que f (0) < · · · < f (k − 1) <
n < f (k), ce qui contredit l’élection de f (k) comme le plus petit élément de
E \ {f (0), . . . , f (k − 1)}. cqfd.
Mais il existe des cardinaux infinis plus grands. Par exemple, le Théorème de
Cantor nous montre que P(N) n’est pas dénombrable.
15
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
16
Chapitre 2
Dénombrement
h : E ∪ F → [1, n + m]
(
f (x), si x ∈ E,
x→
g(x) + n, si x ∈ F .
17
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Corollaire 2.2. Soient E1 , . . . , En des ensembles finis deux à deux disjoints. Alors,
[n X n
Ei = |Ei |.
i=1 i=1
On peut dire aussi quelque chose si les ensembles ne sont pas disjoints. Traiter
la réunion de trois ou plus ensembles pas forcement disjoints est plus compliqué,
et nous le ferons dans la Section 2.5
−1
Démonstration.PSi f : E → F est
P surjective, alors |f (y)| ≥ 1 pour tout y ∈ F ,
−1
et donc |E| = y∈F |f (y)| ≥ y∈F 1 = |F |. cqfd.
18
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
f :E×F →F
(x, y) 7→ y.
Ce résultat se visualise très bien sous la forme d’arbre de décision. Pour choisir
un élément de E1 × E2 × · · · × En , il faut d’abord choisir un élément de E1 , pour
lequel on a |E1 | options ; après, pour chaque choix, il faut choisir un élément de
E2 , pour lequel on a |E2 | options, etc.
Exemples 2.10.
19
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
φ : F(E, F ) → F n
f 7→ (f (x1 ), . . . , f (xn ))
|P(E)| = 2|E| .
Démonstration. L’application
20
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
cqfd.
21
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Lemme 2.16. Si |E| = |F | pour des ensembles finis E et F , alors les propriétés
suivantes sont équivalentes pour une application f : E → F :
(i) f est injective,
(ii) f est surjective,
(iii) f est bijective.
Une application bijective d’un ensemble fini E dans lui-même est appelée une
permutation de l’ensemble E. (L’ensemble de bijections de [1, n] das lui-même
forme un groupe très important, le groupe symétrique Sn , voir UE 2M175.)
2n−1 ≤ n! ≤ nn
car
n
Y n
Y n
Y n
Y
n! = i≤ n = nn−1 ; n! = i≥ 2 = 2n−1 .
i=2 i=2 i=2 i=2
22
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Démonstration. Suit de
√ √ √
0 ≤ ( a − b)2 = a + b − 2 ab.
cqfd.
Théorème 2.20. Pour tout n ≥ 1,
n
√
n+1
( n)n = nn/2 ≤ n! ≤ .
2
Démonstration. On considère les produits de la forme i(n+1−i). Dans ni=1 i(n+
Q
1 − i), chaque i ∈ [1, n] apparaît deux fois, et donc ce produit est égal à (n!)2 . En
prenant la racine carrée :
n
Y p
i(n + 1 − i) = n!.
i=1
cqfd.
Ces inégalités peuvent être raffinés et faites plus précises. En fait, on peut faire
une estimation asymptotique très précise, grâce à la formule de Stirling, que nous
n’allons pas démontrer.
Théorème 2.21 (Formule de Stirling).
√ n n
n! ∼ 2πn .
e
C’est à dire
n!
lim √ n = 1.
n→∞ 2πn ne
23
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Observation 2.22.
n−1 n
S(n, 1) = 1, S(n, 2) = 2 − 1, S(n, n − 1) = , S(n, n) = 1.
2
24
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Cette récurrence nous permet calculer les nombres de Stirling de deuxième type
(et donc le nombre de surjections aussi).
25
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Démonstration. L’application
φ : Pk ([1, n]) → Pn−k ([1, n])
E 7→ [1, n] \ E
est une bijection, et donc
n n
= .
k n−k
cqfd.
Cette identité est très importante, car elle nous permet de calculer les coeffi-
cients binomiaux. On le fait avec le triangle de Pascal :
n n0
n n n n n n n
1 2 3 4 5 6 7
0 1
1 1 1
2 1 2 1
3 1 3 3 1
4 1 4 6 4 1
5 1 5 10 10 5 1
6 1 6 15 20 15 6 1
7 1 7 21 35 35 21 7 1
26
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
−1
• L’application
ψ : C → E telle que (x, S) 7→ x vérifie |φ (x)| = |Pk−1 (E \
n−1
{x}| = k−1 pour tout S ∈ Pk (E). D’où
n−1 n−1
|C| = |E| = n .
k−1 k−1
cqfd.
s(ai , ∗) = {(a, b) ∈ S : a = ai }
s(∗, bj ) = {(a, b) ∈ S : b = bj } .
27
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
φ((a1 , . . . , ak )) = {a1 , . . . , ak }.
n!
k! |Pk (E)| = .
(n − k)!
cqfd.
2.3.2 Multi-ensembles
Soit E un ensemble, parfois il est utile de représenter une sélection d’éléments
de E qui ne sont pas forcement distincts. C’est à dire, un sous-ensemble avec
répétition. On définit les multi-ensembles en termes d’applications, en étendant la
représentation des parties avec des fonctions caractéristiques E → {0, 1}.
Exemple 2.32. Soit E = {a, b, c, d}, la sélection avec répétition {{a, a, c, d, d, d}}
correspond au multi-ensemble donnée par l’application f définie par
a1 + · · · + an = k (2.1)
avec (a1 , . . . , an ) ∈ Nn .
28
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
◦ ◦ || ◦ | ◦ ◦◦
29
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Preuve combinatoire.
(a + b)n = (a + b)(a + b) · · · (a + b)
| {z }
n fois
cqfd.
30
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
n n n n
Observation 2.37. 1,...,1
= n! et k,n−k
= k
= n−k
.
n
Observation 2.38. Équivalemment, k1 ,k2 ,...,kr
est
Démonstration.
cqfd.
Théorème 2.39.
n n!
=
k1 , k2 , . . . , kr k1 !k2 ! · · · kr !
Démonstration. Nous montrons le résultat par récurrence sur r. Il est vrai pour
r = 1 car on récupère un coefficient binomial.
Si r > 1, on considère l’application φ qui à chaque r-uplet (A1 , A2 , . . . , Ar )
de parties de E disjointes vérifiant |Ai | = ki , assigne la kr -partie Ar . Comme
(A1 , . . . , Ar−1 ) forment un (r − 1)-uplet de parties disjointes de E \ Ar vérifiant
n−kr
|Ai | = ki , nous avons que chaque Ar distinct est l’image de k1 ,...,k r−1
r-uplets
distincts. Du lemme des bergers, on en déduit que
n n n − kr
=
k1 , k2 , . . . , kr kr k1 , k2 , . . . , kr−1
n! (n − kr )! n!
= · = .
(n − kr )!kr ! k1 !k2 ! · · · kr−1 ! k1 !k2 ! · · · kr !
cqfd.
31
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
n
2.4.1 Une estimation de k
n
Pour finir cette section, essayons de comprendre l’ordre de grandeur des nombres k
.
Une borne supérieure évidente est nk ≤ nk .
Lemme 2.41. Pour tout x ∈ R, nous avons 1 + x ≤ ex .
Théorème 2.42. Pour tout n ≥ 1 et pour tout k tel que 1 ≤ k ≤ n, nous avons
n k n en k
≤ ≤ .
k k k
Démonstration. Pour le minorant, on considère la description du coefficient bino-
mial comme produit de fractions :
k−1
n n(n − 1) · · · (n − k + 1) Y n − i
= = .
k k(k − 1) · · · 1 i=0
k − i
n−i
Pour n ≥ k > i ≥ 0 on a k−i
≥ nk , d’où
k−1
Y n − i k−1
n Y n n k
= ≥ = .
k i=0
k − i i=0
k k
32
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Si X > 0, alors on peut supprimer quelques termes de la somme pour obtenir une
inégalité
n n n 2 n
+ X+ X + ··· + X k ≤ (1 + X)n .
0 1 2 k
En divisant par X k , on obtient
(1 + X)n
1 n 1 n 1 n n
+ + + · · · + ≤ .
Xk 0 X k−1 1 X k−2 2 k Xk
cqfd.
Pour avoir plus de précision dans nos estimations, il faudrait connaître la taille
relative de k et n. Notez aussi que nous ne pouvons utiliser Stirling directement
n!
dans l’expression k!(n−k)! , car k ne tend pas forcement vers ∞.
n
On va essayer de comprendre la “forme” de l’ensemble des coefficients binomiaux
k
pour un n fixé très grand. Nous avons déjà montré la symétrie de cet ensemble
n n
respecte k = n−1
2
, k
= n−k
. En regardant le triangle de Pascal, on veut aussi
que les nombres croissent jusqu’à la moité et qu’après ils décroissent. Montrons-le.
33
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
34
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
35
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
1)
fA (x) = 1 − fA (x)
2)
fA∩B (x) = fA (x) · fB (x)
3) X
|A| = fA (x)
x∈E
Donc, on a
n n
X X XY XY
A = fA (x) = f ni=1 Ai (x) =
T fAi (x) = (1 − fAi (x))
x∈E x∈E x∈E i=1 x∈E i=1
X X Y X X
|I| |I| T
= (−1) fAi (x) = (−1) f i∈I Ai (x)
x∈E I⊆[1,n] i∈I x∈E I⊆[1,n]
X X X \
= (−1)|I| fTi∈I Ai (x) = |I|
(−1) Ai (x) .
I⊆[1,n] x∈E I⊆[1,n] i∈I
Il en découle que
X \ X \
|A| = |E| − |A| = |E| − (−1)|I| Ai (x) = (−1)|I|+1 Ai (x) ,
I⊆[1,n] i∈I I⊆[1,n],I6=∅ i∈I
T
où nous avons utilisé que E = i∈∅ Ai (x), car c’est le terme qui ce correspond à
la fonction caractéristique constante égale à 1. cqfd.
36
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Ai = f : E → F : f −1 (i) = ∅ .
La réunion des Ai est l’ensemble des applications qui ne sont pas surjectives. Pour
tout ∅ 6= I ⊆ [1, k], on pose
\
Ai = f : E → F : f −1 (I) = ∅ ,
AI =
i∈I
cqfd.
37
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
38
Chapitre 3
Fonctions génératrices
P Pk
k
• le produit de P et Q est le polynôme (P Q)(X) = k≥0 i=0 i k−i X
p q
Notez qu’ici, implicitement, on est en train de traiter les coefficients d’un po-
lynôme comme une suite infinie dont tous les termes, sauf un nombre fini, sont 0.
On dit qu’une telle suite infinie est à support fini.
L’anneau des polynômes est donc une structure algébrique sur l’ensemble de
suites à support fini. Nous allons étendre cette structure à l’ensemble de toutes les
suites.
39
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
f (i) = ai . Nous allons représenter une suite (an )n∈N comme les coefficients d’une
série formelle infinie de la forme
X
A(X) = a0 + a1 X + a2 X 2 + a3 X 3 + · · · = an X n
n≥0
Remarque 3.2. On pense aux séries formelles comme une notation alternative
pour l’ensemble des suites. En particulier, la variable X ne prend pas de valeur.
C’est un “marque-page” qui sert tout simplement à étiqueter les positions des
coefficients.
De la même façon que les séries formelles généralisent les polynômes, les séries
entières généralisent les fonctions polynomiales. Ces deux concepts sont fortement
liés, et à cause de ça plusieurs résultats que vous connaissez sur les séries entières
sont aussi vrais pour les séries formelles. Ils sont néanmoins deux concepts différents
qui ne faut pas confondre. Les séries formelles sont un objet purement algébrique.
En particulier, on ne se posera aucun problème de convergence.
40
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Démonstration.
41
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
1 = (a0 + a1 X + a2 X 2 + · · · )(b0 + b1 X + b2 X 2 + · · · )
= (a0 b0 ) + (a0 b1 + a1 b0 )X + (a0 b2 + a1 b1 + a2 b0 )X 2 + · · · .
⇐= Supposons que a0 est inversible. On définit de façon récursive une série for-
melle B(X) = b0 + b1 X + b2 X 2 + · · · qui vérifie les équations imposées par
le fait d’être l’inverse de A(X) :
(
a0 b 0 = 1
Pn
k=0 ak bn−k = 0 pour n ≥ 1
Démonstration.
42
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
1 = (1 − αX)(1 + αX + α2 X 2 + α3 X 3 + · · · ).
En effet,
X X X
(1 − αX)( αn X n ) = ( αn X n ) − αX( αn X n )
n≥0 n≥0 n≥0
X X X X
=( αn X n ) − ( αn+1 X n+1 ) = ( αn X n ) − ( αn X n )
n≥0 n≥0 n≥0 n≥1
X X
=1+( αn X n ) − ( αn X n ) = 1
n≥1 n≥1
cqfd.
En particulier,
qui vaut 0 si k = 0.
43
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Notez que c’est une généralisation des coefficients binomiaux de la Section 2.3,
qu’on récupère quand r ∈ N.
Voici quelques exemples de coefficients binomiaux généralisés :
• Pour r = −1,
−1 (−1)(−2) · · · (−k)
= = (−1)k .
k k(k − 1) · · · 1
• Pour r = −2
−2 (−2)(−3) · · · (−k)(−k − 1) (k + 1)!
= = (−1)k = (−1)k (k + 1).
k k(k − 1) · · · 1 k!
• Pour r = −m avec m ∈ N
−m (−m)(−m − 1) · · · (−m − k + 1) k m+k−1
= = (−1)
k k(k − 1) · · · 1 k
m
= (−1)k .
k
• Pour r = − 12
k
−1/2 (−1/2)(−3/2) · · · (−(2k − 1)/2) −1 (2k − 1)(2k − 3) · · · 1
= =
k k(k − 1) · · · 1 2 k(k − 1) · · · 1
k k
−1 1 2k(2k − 1)(2k − 2) · · · 1 (∗) −1 1 (2k)!
= =
2 2k(2k − 2) · · · 2 k(k − 1) · · · 1 2 2k k! k!
k
−1 2k
= .
4 k
X r
r
(1 + X) = X k.
k≥0
k
44
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
−m
X −m k k X m + k − 1 k k X m
k
(1−αX) = (−1) α X = α X = αk X k .
k≥0
k k≥0
k k≥0
k
Démonstration. En effet,
X
(1 − αX)−1 = 1 + αX + α2 X 2 + · · · = αn X n ,
n∈N
et donc
m
−m 1
(1 − αX) = = (1 + αX + α2 X 2 + · · · ) · · · (1 + αX + α2 X 2 + · · · )
1 − αX | {z }
m fois
X X X X
= α x1 α x2 · · · α xm X k = αk X k
k≥0 x1 ,x2 ,...,xm ∈N k≥0 x1 ,x2 ,...,xm ∈N
x1 +x2 +···+xm =k x1 +x2 +···+xm =k
X X
= 1 αk X k
k≥0 x1 ,x2 ,...,xm ∈N
x1 +x2 +···+xm =k
P
Mais le coefficient x1 ,x2 ,...,xm ∈N 1 est le nombre de solutions de l’équation
x1 +x2 +···+xm =k
x1 + x2 + · · · + xm = k
dont tous les xi ∈ N. Nous avons vu que ceci est le nombre de multi-ensembles de
m m+k−1
taille k d’un ensemble de cardinal m. C’est à dire k = k
. cqfd.
45
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Nous allons calculer une formule explicite pour fn à partir de sa série génératrice
X
F (X) = f0 + f1 X + f2 X 2 + · · · = fn X n .
n∈N
46
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
√ √
Les racines de 1 − X − X 2 sont λ = − 1+√2 5 et µ = − 1−2 5 . (On remarque que
λ = −ϕ = 1−ϕ1
et µ = ϕ − 1 = ϕ1 , où ϕ = 1+2 5 est le nombre d’or.)
Du Théorème de décomposition en éléments simples, on sait qu’il existent a, b ∈
C tels que
X a b
2
= + .
1−X −X X −λ X −µ
C’est plus convenable de diviser les dénominateurs par λ et µ, respectivement, et
travailler avec les constantes A = −a
λ
et B = −b
µ
et avec les coefficients ϕ0 = 1−ϕ =
1
λ
et ϕ = µ1 :
−a −b
X λ µ A B A B
2
= X
+ X
= X
+ X
= 0
+ .
1−X −X 1− λ 1− µ
1− λ 1− µ 1 − ϕ X 1 − ϕX
−1 √1 .
dont la solution est A = √
5
et B = 5
D’où,
√ √ 1 1
X 5 5
F (X) = = −
1 − X − X2 1 − ϕX 1 − ϕ0 X
1 X n n 1 X 0n n X 1
=√ ϕ X −√ ϕ X = √ (ϕn − ϕ0n )X n
5 n∈N 5 n∈N n∈N
5
et donc
√ !n √ !n !
1 1 1+ 5 1− 5
fn = √ (ϕn − ϕ0n ) = √ − .
5 5 2 2
47
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
où ai ∈ C.
Les étapes à suivre sont :
P (X) X γij
= P 0 (X) +
Q(X) 1≤i≤k
(1 − αXi )j
1≤j≤mk
48
Deuxième partie
Graphes
49
Chapitre 4
G = ({a, b, c, d}, {{a, b}, {b, c}, {c, d}, {d, a}})
a a c
b d
c d b
Observation 4.2. Ce qu’on appelle ‘graphe’ ici est d’habitude appelé ‘graphe
simple non-orienté’ pour le distinguer d’autres notions voisines. En effet, il existent
autres notions de graphe qui admettent des boucles et des arêtes multiples (parfois
appelés des multigraphes), où les arêtes sont orientés, où valuées . . . Sauf si cela
51
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Question 4.3. Quel est le nombre de graphes distincts sur un ensemble fixé de n
sommets S ?
Solution. Un graphe sur l’ensemble de sommets S est déterminé par son ensemble
d’arêtes, qui est une partie de P2 (S). Le nombre de graphes est donc le nombre de
parties de P2 (S) :
n
|P(P (S))| = 2|P2 (S)| = 2( 2 ) .
2
c c c c
a b a b a b a b
c c c c
a b a b a b a b
4.1.1 Isomorphisme
Définition 4.4. Deux graphes G = (S, A) et G0 = (S 0 , A0 ) sont dits isomorphes
s’il existe une bijection ϕ : S → S 0 , dite isomorphisme, telle que pour toute paire
de sommets {x, y} ∈ P2 (S) on a
52
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Solution. Ceci est une question beaucoup plus difficile 1 . On peut quand même
trouver des estimations raisonnables assez facilement.
Soit Gn l’ensemble des graphes dont les sommets sont [1, n], et soit
π : Gn → G/ ∼
=
Donc, pour les grandes valeurs de n, les logarithmes des deux fonctions se com-
portent “à peu près comme” la fonction 21 n2 .
1. En fait, le problème de décider si deux graphes sont isomorphes est très important et très
difficile. C’est un sujet de recherche actuel : en 2015, le mathématicien hongrois László Babai a
annoncé un nouveau algorithme pour résoudre ce problème qui fait largement descendre la borne
de complexité de ce problème qui joue un rôle fondamental en théorie de la complexité. C’est un
des résultats récents les plus importants en algorithmique.
53
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
4.2 Bestiaire
Nous allons donner des exemples de (classes d’isomorphismes de) graphes na-
turels, que l’on rencontre souvent.
S2 S3 S4 S5
K2 K3 K4 K5
P1 P2 P3 P4
C3 C4 C5 C6
54
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
010 011
110 111
100 101
000 001
Q1 Q2 Q3
4.3 Degrés
Soit G un graphe. Le voisinage d’un sommet x ∈ S(G) est l’ensemble des
sommets qui lui sont adjacents. Le degré d’un sommet x ∈ S(G), noté d(x), est
le cardinal de son voisinage :
d(x) = |{y ∈ S \ {x} : {x, y} ∈ A}| .
Le degré minimum, respectivement maximum, du graphe G est défini comme
δ(G) = min d(s)
s∈S
55
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
respectivement
∆(G) = max d(s).
s∈S
Si ces deux nombres sont égaux, c’est-à-dire si tous les sommets ont le même
degré k, on dit que le graphe est k-régulier.
C’est-à-dire, le nombre d’arêtes d’un graphe est égal à la demi-somme des degrés
de ses sommets.
Démonstration. On utilise la technique du double décompte. Notons B l’ensemble
des couples (s, a) ∈ S × A tels que s ∈ a. Comme chaque arête a deux bouts, on a
X X
|B| = |{s ∈ S : s ∈ a}| = 2 = 2|A|.
a∈A a∈A
En conséquence,
Corollaire 4.7. Tout graphe possède un nombre pair de sommets de degré impair.
Démonstration. Il suffit de remarquer que l’ensemble S des sommets est la réunion
disjointe de l’ensemble I des sommets qui sont de degré impair et de l’ensemble P
des sommets qui sont de degré pair. D’après le lemme des poignées de mains, on a
X X X
d(s) = d(s) + d(s) = 2|A|
s∈S s∈P s∈I
P
On en déduit donc que s∈I d(s), qui est une somme de nombres impairs, doit
être pair. Ceci entraîne que |I| est pair. cqfd.
56
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Matrice d’incidence
La matrice d’incidence de G est la matrice M de taille n × m définie par
(
1 si si est une des deux extrémités distinctes de aj ,
mi,j =
0 si si n’est pas une extrémité de aj .
Exemple :
s3
a1 a2 a3 a4 a5 a6
a2 a5 s1 1 1 0 0 0 0
a6 s2
1 0 1 1 0 0
s1 a4 s5 M = s3
0 1 0 1 1 0
s4 s4 0 0 1 0 1 1
a1 a3 s5 0 0 0 0 0 1
s2
Notez que la somme des éléments de la colonne d’indice j vaut 2. La somme
des éléments de la ligne i est, par définition, le degré de si . Ceci nous fournit un
preuve alternative du lemme des poignées de mains :
Démonstration alternative du Théorème 4.6. Le nombre suivant est égal à la somme
de tous les éléments de la matrice d’incidence M :
n n m
! m n
! m
X X X X X X X
d(s) = d(si ) = mij = mij = 2 = 2|A|.
s∈S i=1 i=1 j=1 j=1 i=1 j=1
cqfd.
Matrice d’adjacence
La matrice d’adjacence AG du graphe G est une matrice n × n définie par
(
1 si {si , sj } ∈ A,
aij =
0 sinon.
On voit que cette matrice est symétrique. La somme des éléments d’une ligne
(ou colonne) est le degré du sommet correspondant.
Pour le graphe précédent, la matrice d’adjacence est :
s1 s2 s3 s4 s5
s1 0 1 1 0 0
s2
1 0 1 1 0
M = s3
1 1 0 1 0
s4 0 1 1 0 1
s5 0 0 0 1 0
57
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
est appelée la suite des degrés de G (en général on ne tiendra pas compte de
l’ordre et, par convention, on écrira les termes en ordre croissant).
Deux graphes isomorphes ont toujours la même suite de degrés, mais la réci-
proque n’est pas vraie. Par exemple,
Une suite d’entiers naturels (d1 , . . . , dn ) ∈ [0, n − 1]n est dite graphique si elle
est la suite de degrés d’un graphe G.
Démonstration.
⇐= Supposons que (d01 , . . . , d0n−1 ) est une suite graphique, et soit G0 = (S 0 , A0 ),
avec V = {s01 , . . . , s0n−1 }, un graphe tel que deg(s0i ) = d0i . Alors le graphe G =
(S, A), obtenu en ajoutant un nouveau sommet sn à G comme suit
S = S 0 ∪ {sn },
A = A0 ∪ {{si , sn } : n − dn ≤ i ≤ n − 1} ,
58
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
59
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
On en déduit qu’il existe un graphe dont la suite de degrés est (1, 1, 1, 2, 2, 3, 4, 5, 5).
De plus, l’idée utilisée pour démontrer l’implication ( ⇐= ) dans la preuve du théo-
rème nous fournit une stratégie pour construire un tel graphe :
y
y
y
y
y
y
60
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
n2
1
m≤ 1− .
r−1 2
Nous pouvons donc supposer que G contient une (r−1)-clique, c’est-à-dire qu’il
existe une partie V de S de cardinal r − 1 telle que tous les éléments de V sont
voisins entre eux. Notons W = S \ V . On sépare les arêtes de G en trois parties
AV V , AW W et AV W .
• AV V est l’ensemble des arêtes qui ont les deux extrémités dans V . Comme
G[V ] est un (r − 1)-clique,
r−1 (r − 1)(r − 2)
|AV V | = = .
2 2
61
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
• AW W est l’ensemble des arêtes qui ont les deux extrémités dans W . Comme
G ne contient pas de r-clique, il en est de même pour G[W ], qui est un graphe
d’ordre n − (r − 1) < n. L’hypothèse de récurrence s’applique alors, et donc
(n − r + 1)2 r − 2 (n − r + 1)2
1
|AW W | ≤ 1 − = .
r−1 2 r−1 2
• AV V est l’ensemble des arêtes qui ont une extrémité dans V et l’autre dans W .
Comme G ne contient pas de Kr , et G[V ] ∼ = Kr−1 , chaque sommet dans W
a au plus (r − 2) voisins dans V , car sinon ce sommet avec V formerait un
r-clique. On a donc
|AV W | ≤ (r − 2)(n − r + 1).
Pour finir
|A| = |AV V | + |AW W | + |AV W |
r − 2 (n − r + 1)2
(r − 1)(r − 2)
≤ + + (r − 2)(n − r + 1)
2 r−1 2
1 r−2
(r − 1)2 + (n − r + 1)2 + 2(r − 1)(n − r + 1)
=
2 r−1
1 r−2
(r − 1)2 + n2 − 2n(r − 1) + (r − 1)2 + 2(r − 1)n − 2(r − 1)2
=
2 r−1
2
1 r−2 2 1 n
= n = 1− . cqfd.
2 r−1 r−1 2
On remarque que si n = k(r − 1) est un multiple de r − 1, on peut construire
un graphe d’ordre n sans r-clique de la façon suivante : on répartit les sommets
en r − 1 groupes de k éléments et deux sommets quelconques sont voisins si et
seulement s’ils n’appartiennent pas au même groupe. Voici l’exemple pour r = 5
et k = 3 :
62
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Il est clair que ce graphe ne contient pas de r-clique puisque d’après le principe
des tiroirs toute partie de S de cardinal r contient deux sommets de(r−1)(r−2)
même groupe,
r−1
donc non voisins. Comptons les arêtes du graphe. Il y a 2 = 2
paires
2
de groupes et k arêtes entre éléments de chaque paire de groupes. On a donc
2
(r − 1)(r − 2) 2 1 n
|A| = k = 1−
2 r−1 2
n2
α(G) ≥ .
2m + n
63
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
À priori, R(s, t) pourrait être ∞, mais nous verrons dans le Théorème 4.19
qu’il s’agit bien d’un nombre fini.
• R(1, t) = 1.
• R(2, t) = t.
Démonstration.
cqfd.
64
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
• Si |V | ≥ R(s − 1, t) alors soit G[V ] contient St (et alors G aussi), soit G[V ]
contient Ks−1 ; et alors G[V ∪ u] contient Ks .
• Si |W | ≥ R(s, t − 1) alors soit G[W ] contient Ks (et alors G aussi), soit G[W ]
contient St−1 ; et alors G[V ∪ u] contient St . cqfd.
On connaît très peu de valeurs exactes de R(s, t). Par exemple, on sait que
R(3, 3) = 6 et R(4, 4) = 18, mais R(5, 5) n’est pas encore connu (on sait qu’il est
entre 43 et 48).
65
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
66
Chapitre 5
(s0 , s1 , . . . , sk )
de sommets distincts de G tels que {si , si+1 } est une arête de G pour tout
0 ≤ i ≤ k − 1.
(s0 , s1 , . . . , sk )
(s0 , s1 , . . . , sk−1 , sk )
67
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
(s0 , s1 , . . . , sk )
Lemme 5.3. S’il existe dans G un parcours γ reliant deux sommets x et y, alors
il existe dans G une chaîne reliant x et y (dont les sommets et arêtes sont dans γ).
5.1.1 Connexité
Un graphe est dit connexe si pour toute paire de sommets x et y de G, il
existe un parcours reliant x à y. (On obtient une définition si on remplace parcours
par chaîne, grâce au Lemme 5.3.)
Soit G = (S, A) un graphe, on considère la relation binaire ‘être relié à’ définie
sur S en posant x est relié à y si et seulement s’il existe un parcours reliant x et y.
(Encore grâce au Lemme 5.3, on peut remplacer parcours par chaîne dans cette
définition.)
Théorème 5.4. La relation ‘être relié à’ est une relation d’équivalence sur S.
Démonstration.
68
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Les classes d’équivalence de cette relation d’équivalence sont dites les com-
posantes connexes de G. Un graphe est donc connexe s’il possède une seule
composante connexe.
Théorème 5.5. Un graphe G = (S, A) est connexe si et seulement si pour toute
partition de S en deux parties non vides U et V , il existe une arête a ∈ A dont
une extrémité est dans U et l’autre dans V .
Démonstration.
=⇒ : Soit G connexe et soient U et V une partition de S en deux parties
non-vides. Soient x ∈ U et y ∈ V . Comme G est connexe, il existe une chaîne
(x = s0 , . . . , sk = y) d’origine x et extrémité y. L’ensemble I = {i ∈ [0, k]; si ∈ V }
n’est pas vide puisque sk = t ∈ V , et ne contient pas 0 puisque s0 = s ∈ U . Il
admet donc un plus petit élément r > 0. On a que sr−1 6∈ V , et donc sr−1 ∈ U et
sr ∈ V . L’arête {sr−1 , sr } a une extrémité dans U et une autre dans V .
⇐= : Supposons que pour toute partition de S en deux parties non vides U
et V , il existe une arête a ∈ A dont une extrémité est dans U et l’autre dans V .
Considérons deux sommets s et t de S. Notons U la composante connexe de s,
et V son complémentaire. Si t ∈ U alors s et t sont reliés. Supposons que t ∈ V
pour chercher une contradiction. Ni U ni V ne sont alors pas vides. On applique
l’hypothèse sur G : il existe une arête e = u, v, avec u dans U et v ∈ V . Mais
alors u et v sont dans la même composante connexe, et v ∈ U , ce qui est une
contradiction. cqfd.
5.2 Distance
Définition 5.6. Soit G = (S, A) un graphe connexe. On définit la distance entre
deux sommets s, t ∈ S, notée dG (s, t), comme étant la longueur de la chaîne la
plus courte existant de s à t.
Si G n’est pas connexe, on étend la définition en posant dG (s, t) = ∞. Mais
dans ce cas là, la fonction n’est pas une distance (une fonction f : E ×E → R+ avec
séparation (dG (s, t) = 0 ⇐⇒ s = t), symétrie (dG (s, t) = dG (t, s)) et inégalité
triangulaire (dG (s, t) ≤ dG (s, x) + dG (x, t)∀s, x, t ∈ S)).
Théorème 5.7. Soit G = (S, A) un graphe, et AG sa matrice d’adjacence. Pour
tout k ∈ N le nombre de parcours de longueur k reliant si à sj est égal au coefficient
(AkG )ij de la puissance k-ième de AG .
69
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
cqfd.
On définit la distance dµ (s, t) entre deux sommets d’un graphe valué comme le
minimum des valuations des chaînes d’origine s et extrémité t, si une telle chaîne
existe, et ∞ s’il n’en existe pas.
Observation 5.10. Si on pose µ(a) = 1 pour toute a ∈ A, alors dµ (s, t) = dG (s, t).
70
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
s4 4 s3
1 1
s7 2
s8
6 1 2 2
8 s5 1 s6 6
s1 1 s2
Nous les représentons dans le tableau suivant, où chaque ligne est une nouvelle
itération de l’algorithme, et nous montrons les valeurs de V et des entrées de C.
A coté de chaque entrée de C, entre parenthèses, nous montrons les entrés de T .
71
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
∞ ∞ 6 ∞ 6 3 6 3 6 3
∞ ∞ ∞ ∞ ∞ ∞ ∞ 4 6 4
∞ ∞ 8 ∞ 8 7 8 7 8 6
0 ∞ 0 1 0 1 0 1 0 1
6 3 6 3 6 3 6 3
6 4 6 4 6 4 6 4
8 6 7 6 7 6 7 6
0 1 0 1 0 1 0 1
Avec ce dessin, il suffit de suivre les flèches pour trouver le chemin à moindre
coût qui amène au coin en bas à gauche.
72
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Des trois graphes suivants, le premier est eulérien, le second est semi-eulérien
sans être eulérien, et le troisième n’est pas semi-eulérien.
73
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
est un parcours sans arêtes répétées plus long que γ. Ce qui contredit le choix de γ.
Supposons enfin qu’il existe un sommet s non visité par γ. Comme G est
connexe, il existe une arête e incidente à s, et cette arête n’est pas visitée par γ,
ce qui est impossible comme on vient de le voir. cqfd.
Démonstration.
=⇒ Supposons γ est un parcours semi-eulérien de G. Alors G est connexe, car
tous les sommets sont relies à travers de γ. De plus, comme on a vu dans la preuve
précédente, tous les sommets qui ne sont pas une extrémité ont forcement degré
pair. Comme le nombre de sommets de degré impair est pair, ce nombre doit valoir
0 ou 2.
⇐= Si G n’a pas de sommets de degré impair, alors G est eulérien et donc semi-
eulérien. Si G a deux sommets de degré impair u et v, on ajoute un nouveau
sommet s au graphe et les arêtes {u, s} et {u, t}. Le graphe G0 qu’on obtient est
bien connexe et à tous le sommets de degré pair. Il est donc eulérien et a un tour
eulérien γ. Les arêtes {u, s} et {u, t} sont forcement consécutives dans le tour. En
les retirant de γ, on obtient un parcours semi-eulérien de G. cqfd.
5.4 Arbres
Définition 5.13. Une forêt est un graphe acyclique, qui ne contient pas de
cycle. Un arbre est un graphe connexe acyclique.
74
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Lemme 5.14. Si G = (S, A) est une forêt, et si A n’est pas vide, alors il y a au
moins deux feuilles dans G.
Démonstration. Soit
γ = (v0 , v1 , . . . , vk )
une chaîne de longueur maximale. Comme A n’est pas vide, alors k > 0. On va
montrer que v0 et vk sont des feuilles.
En effet, si u 6= v1 était un autre voisin de v0 :
75
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
(ii) Pour tout couple (u, v) de sommets, il existe une chaîne simple d’origine u
et extrémité v et une seule.
(v) G est connexe, et pour toute arête e ∈ A, G \ e = (S, A \ e) n’est pas connexe
(G est connexe minimal).
Démonstration.
(i) =⇒ (ii) L’existence d’un chemin est impliquée par la connexité, et l’unicité est im-
pliquée par l’acyclicité, grâce au Lemme 5.16.
(i) ⇐= (ii) L’existence d’un chemin implique la connexité, et l’unicité implique l’acycli-
cité, car dans il y a deux chaînes distinctes reliant toute paire de sommets
d’un cycle.
(i) ⇐= (iii) Il faut montrer l’acyclicité. Si G avait un cycle, alors on pourrait supprimer
une arête e du cycle sans changer la connexité du graphe (car on peut rem-
placer toute apparition de cette arête dans un parcours par l’autre partie du
cycle). Après avoir effectué cette opération avec tous les cycles, nous arrivons
à un graphe acyclique et connexe, et donc un arbre, à moins de n − 1 arêtes,
ce qui contredit le Lemme 5.15.
(i) ⇐= (iv) Si G n’était pas connexe, alors l’ajout d’une arête entre deux composantes
connexes distinctes ne crée pas de cycle (s’il y avait un cycle, ces deux
sommets seraient déjà dans la même composante connexe avant l’ajout de
l’arête). On pourrait ajouter des arêtes jusqu’à on ait un graphe connexe et
acyclique avec plus de n − 1 arêtes, ce qui contredit le Lemme 5.15.
76
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
(i) =⇒ (v) G est connexe par définition. S’il y avait une arête e telle que G \ e est
toujours connexe, alors il y aurait une chaîne γ joignant les deux extrémités
de e. La concaténation de cette chaîne avec e est un cycle. Contradiction.
(i) ⇐= (v) G est connexe par définition. G n’a pas de cycle, car sinon on pourrait suppri-
mer une arête du cycle et le graphe resterait connexe (car on peut remplacer
toute apparition de cette arête dans un parcours par l’autre partie du cycle).
(i) =⇒ (vi) G est acyclique par définition. Soient u, v deux sommets qui ne sont pas
adjacents. Comme G est connexe, il existe une chaîne γ qui les relie. L’ajout
de l’arête (u, v) crée un cycle.
(i) ⇐= (v) G est acyclique par définition. Montrons qu’il est connexe. Soient, u, v ∈ S.
S’ils sont adjacents ils sont reliés par une chaîne. S’ils ne le sont pas, soit
G0 = G ∪ {u, v}. G0 contient un cycle γ, qui doit utiliser l’arête {u, v} car G
est acyclique. Alors γ \ {u, v} est un parcours qui relie u et v.
cqfd.
(ii) Pour tout vecteur x ∈ E, il existe une famille (λi )1≤i≤m de scalaires telle que
Xm
λi bi = x et une seule.
i=1
(vi) B est libre et quelle que soit la valeur de bm+1 , la famille (bi )1≤i≤m+1 ne l’est
pas (B est libre maximale).
77
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
78
Chapitre 6
6.1 Colorations
Définition 6.1. Une application f : S → C de l’ensemble des sommets d’un
graphe G = (S, A) est une coloration du graphe si f (u) 6= f (v) pour toute
arête {u, v} ∈ A. On appelle couleur du sommet s l’élément f (s) de C et la
condition s’exprime sous la forme “Si deux sommets sont voisins, ils sont de couleurs
différentes”.
On dit que G est k-coloriable s’il existe une coloration de G utilisant au plus k
couleurs. Le nombre chromatique χ(G) du graphe G est le plus petit entier k
pour lequel il est k-coloriable.
Proposition 6.3.
• χ(Pn ) = 2 pour n ≥ 1,
(
2 si n ≥ 4 est pair
• χ(Cn ) = ,
3 si n ≥ 3 est impair.
• χ(Qd ) = 2 pour d ≥ 1,
• χ(Petersen) = 3,
79
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
• χ(Kn1 ,...,nk ) = k.
La preuve de cette proposition sera faite en exercice.
À chaque numérotation [1, n] → S des sommets, on fait naturellement cor-
respondre une coloration par des entiers naturels non nuls grâce à l’algorithme
glouton :
Algorithme 2 : Algorithme glouton
Données : Un graphe G = (S, A)
Résultat : Une coloration de f : S → N de G.
pour i ← 0 à n faire
colorier le sommet i avec la première couleur parmi {1, 2, 3 . . .} qui n’est
pas déjà utilisée par un voisin du sommet i
fin
Ainsi, le sommet s1 est colorié avec la couleur 1, le sommet s2 est colorié avec
la couleur 2 s’il est voisin de s1 et avec la couleur 1 sinon, etc.
Dans la figure suivante, nous avons appliqué cet algorithme deux fois au même
graphe, mais avec des numérotations différentes des sommets. Entre parenthèses les
numéros des couleurs sont indiqués. On voit que la première numérotation utilise
4 couleurs en tout alors que la deuxième en utilise 5. On peut montrer qu’il existe
toujours une numérotation des sommets telle que l’algorithme glouton utilise χ(G)
couleurs, mais cela n’a rien d’évident (nous le ferons en exercice).
χ(G) ≤ ∆(G) + 1,
80
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
6.2 Couplages
Définition 6.6. Un couplage d’un graphe G = (S, A) est un ensemble M ⊆ A
d’arêtes tel que deux d’entre elles n’ont pas d’extrémité en commun. Un sommet
est dit saturé s’il est extrémité d’une arête de M , et X ⊆ S est saturé si tous
ses sommets le sont. Un couplage est dit parfait si S est saturé.
Exemples 6.7. Considérons le graphe biparti complet Kn,n avec classes de bipar-
tition X = {x1 , . . . , xn } et Y = {y1 , . . . , yn }. Un couplage parfait de Kn,n définit
une bijection entre X et Y . Il y a donc n! couplages parfaits de Kn,n .
1. Nous acceptons que les parties X et Y soient vides, et donc un graphe sans arêtes est
biparti selon cette définition.
81
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Pour les graphes complets, l’existence d’un couplage parfait dépend de la parité
de son ordre. K2n+1 n’admet pas de couplage parfait, car le nombre de sommets
est impair. K2n admet (2n − 1)(2n − 3) · · · 3 · 1 couplages parfaits.
Définition 6.8. Un couplage est dit maximal si on ne peut pas lui ajouter d’arête,
et maximum s’il a le plus grand nombre possible d’arêtes.
Exemple 6.9.
Voici trois graphes avec des couplages :
82
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
|N (U )| ≥ |U |
pour tout U ⊂ X.
Démonstration.
=⇒ Pour tout U ⊂ X, les voisins dans M des sommets de U sont des sommets
différents de N (U ). D’où |S| ≤ |N (S)|.
⇐= Par contraposée. Supposons que M est un couplage maximum qui ne sature
pas X, alors nous allons construire un ensemble U tel que |N (U )| < |U |.
Soit s ∈ X un sommet qui n’est pas saturé, et soient
• V l’ensemble de sommets de Y qui sont reliés à s par une chaîne alternée, et
Corollaire 6.12. Pour k > 0, tout graphe biparti k-régulier contient un couplage
parfait.
Démonstration. Soit G = (S, A) un graphe biparti k-régulier de bipartition (X, Y ).
En comptant les arêtes par leur extrémité dans X ou par leur extrémité dans Y
on retrouve |A| = k|X| = k|Y |. D’où |X| = |Y |.
Soit maintenant U ⊂ X et soit T l’ensemble des arêtes incidentes a un sommet
de U . Alors |T | = k|U |. Ces arêtes font partie des k|N (U )| arêtes incidentes à
N (U ). D’où
k|U | ≤ k|N (U )| =⇒ |U | ≤ |N (U )|.
83
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
84
Chapitre 7
Planarité
Définition 7.1 (informelle). Un dessin d’un graphe G dans le plan tel que le
dessin de deux arêtes distinctes sont d’intersection vide sauf aux extrémités est
appelé un dessin plan. Un graphe est planaire s’il admet un dessin plan.
Théorème 7.2. Toute courbe de Jordan α divise son complémentaire en deux par-
ties connexes : l’intérieur d’α et l’extérieur d’α. Et α constitue le bord de ces deux
parties : tout arc joignant un point interne et un point externe doit intersecter α.
Nous allons faire une présentation informelle sans preuves rigoureuses. Com-
mençons avec une preuve informelle du fait que K5 et K3,3 ne sont pas planaires.
85
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
La raison pour laquelle on présente ces deux exemples c’est que, dans un cer-
tain sens, ils sont la seule obstruction pour être planaire. Le graphe obtenu par
subdivision de l’arête {u, v} du graphe G = (S, A) est le graphe G0 = (S 0 , A0 )
avec S 0 = S ∪ {x} et A0 = A ∪ {u, x} ∪ {x, v} \ {u, v}. G0 est une subdivision de
G s’il est obtenu par des subdivisions d’arêtes successives.
Théorème 7.4 (Kuratowski). Un graphe G est planaire si et seulement s’il ne
contient pas de sous-graphe isomorphe à une subdivision de K3,3 ou K5 .
86
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
s − a + f = s − (s − 1) + 1 = 2.
2. Sinon, G contient une arête e dans un cycle. Alors G \ e est connexe et vérifie
l’hypothèse de récurrence car on peut enlever l’arc qui correspond à e au
dessin plan de G pour obtenir un dessin plan de G \ e. Dans le dessin initial,
e était incidente à deux faces F1 et F2 , qui deviennent une seule après avoir
enlevé l’arête e. Donc, f 0 est le nombre de faces du dessin de G \ e, on a
f 0 = f − 1. Et le nombre de sommets et arêtes de G \ e sont s0 = s et
a0 = a − 1.
On obtient donc de l’hypothèse de récurrence
2 = s0 − a0 + f 0 = s − (a − 1) + (f − 1) = s − a + f.
cqfd.
cqfd.
87
2M226 Combinatoire et Graphes 2017–18
Donc,
12
δ ≤6− < 6.
n
cqfd.
Corollaire 7.10 (Théorème des 6-couleurs). Tout graphe planaire est 6-coloriable.
Le Théorème des 5-couleurs, est un peu plus compliqué mais faisable. Par
contre, le Théorème des 4-couleurs est un résultat très important, qui est resté
ouvert pendant long temps. Quand en 1976 Appel et Haken l’ont démontré, une
forte controverse c’est crée, car la preuve relie en un ordinateur qui vérifie plus de
1500 cas particuliers.
Théorème 7.11 (Théorème des 4-couleurs). Tout graphe planaire est 4-coloriable.
88
Bibliographie
89