Audit Introduction Audit Des Décès Maternels
Audit Introduction Audit Des Décès Maternels
Audit Introduction Audit Des Décès Maternels
Malgré un recul important de la mortalité maternelle dans le monde (on estime qu’entre
1990 et 2015, cette dernière a diminué de 44%), d’importantes disparités continuent de
persister entre les pays. Ainsi, l’OMS estime que, de nos jours, 830 femmes environ dans le
monde meurent quotidiennement de complications liées à la grossesse ou à
l’accouchement. 99% de ces décès maternels surviennent dans des pays en développement
dont plus de la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud [1].
Plus de 75 % de ces décès maternels sont attribués à quatre causes : hémorragies, infections,
hypertension artérielle et avortements pratiqués dans de mauvaises conditions sanitaires
[1]. La majeure partie de ces décès sont évitables car il existe des solutions médicales
permettant de prévenir ou prendre en charge ces complications.
En 2015, alors que le ratio de mortalité était de 12 pour 100 000 dans les pays
développés, il s’élevait à 239 pour 100 000 naissances dans les pays en développement
[1].
En Algérie, malgré les efforts consentis, depuis l’indépendance du pays par l’Etat en matière
de santé publique et plus particulièrement en santé maternelle - instauration de la gratuité
des soins dans les structures de santé publique en 1974, principe
intégré dans la Constitution de 1976, mise en œuvre du programme national
d’espacement des naissances en 1983, création de centres de PMI en 1984, programme de
lutte contre la mortalité et la morbidité maternelle et périnatale (MMMP) 1984, programme
de périnatalité en 1988… - la mortalité maternelle reste préoccupante.
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Dès 1994, un système d’enregistrement des décès maternels et périnatals est mis en place
mais ce système ne permet de recenser que les décès survenus en maternité et dans les
unités de néonatologie, sous estimant ainsi ces indicateurs. Un décès maternel est défini
comme le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours
après sa terminaison, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause
déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle,
ni fortuite.
L’enquête nationale exhaustive sur la mortalité maternelle, menée en 1999, par l’Institut
National de Santé Publique au niveau de l’ensemble des communes du pays, permet
d’estimer le taux de mortalité maternelle à 117,4 décès maternels pour 100.000 naissances
vivantes.
L’analyse des données de cette enquête par wilaya de résidence révèle d’importantes
disparités entre le nord et le sud.
Plus des deux tiers des décès sont survenus dans les 42 jours suivant l’accouchement,
souvent dans les 48 premières heures. Les causes de décès sont dominées par les causes
obstétricales (hémorragies génitales) et les complications de l’HTA gravidique (éclampsie et
pré éclampsie).
La restitution des résultats de cette enquête en janvier 2001 donne lieu à des
recommandations essentiellement axées sur :
L’organisation des soins ainsi que leur hiérarchisation sont ainsi revues. Les femmes
porteuses d’une grossesse à risque sont désormais orientées vers une structure de
référence qui détermine le lieu d’accouchement en fonction du niveau de risque. Cette
organisation en réseau reste cependant, le plus souvent théorique, les femmes enceintes
continuant de choisir le lieu du suivi de leur grossesse ainsi que le lieu de leur
accouchement.
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Toutes ces actions combinées permettent cependant une diminution du taux de mortalité
maternelle : 70,3 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes en 2012. Ce taux est
obtenu par extrapolations à partir de l’évolution démographique et du recensement des
décès maternels au niveau des structures de santé par wilaya.
En effet, les statistiques de mortalité dites « de routine » même lorsqu’elles sont de qualité,
présentent des limites : d’une part, elles sont à l’origine d’une sous estimation du nombre de
décès, d’autre part, elles sont fréquemment associées à des erreurs de classification de la
cause, et ne permettent pas d’appréhender les circonstances ayant conduit à la mort.
Cet audit permet d’identifier la cause de décès, les circonstances y ayant conduit et les
mesures à prendre pour réduire ces décès aux causes non évitables. L’audit des décès
maternels permet une analyse systématique des procédures utilisées, du respect des
normes de soins établies, du défaut d’accessibilité aux soins et du retard dans l’accès aux
soins.
Il s’agit d’un travail mené en collaboration avec tous les maillons de la chaine patient-
soignant : médecin, sage-femme, infirmier…
L’objectif est de comprendre pourquoi un décès est survenu afin de permettre la mise en
place de procédures qui permettront d’éviter la survenue d’un nouveau décès.
Cet audit des décès maternels a été mis en place, en Algérie, par arrêté ministériel N° 89 du
4 juillet 2013 instituant la déclaration obligatoire de tout décès maternel et s’appuie sur un
ensemble de décisions du Ministère de la santé.
Les structures impliquées dans l’Audit des décès maternels sont représentées par la
Direction de la Prévention Générale et la Direction de la Population du Ministère de la Santé,
l’Institut National de Santé Publique et les Directions de la Santé et de la Population. Un
comité d’experts, composé d’obstétriciens, de réanimateurs, de sages-femmes et
d’épidémiologistes, a été mis en place par le Ministère de la Santé pour assurer ce travail
d’Audit. Il est coordonné par le département d’information sanitaire de l’Institut National de
Santé Publique.
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Ce comité a également pour rôle de proposer des actions et de formuler des
recommandations visant à améliorer les pratiques cliniques. Une fois par an, il élabore un
rapport d’audit des décès maternels et en assure une large rétro information.
A la suite de l’analyse des décès maternels de 2015, des recommandations ont été élaborées
par le comité d’experts1 pour la prise en charge des parturientes présentant une hémorragie
de la délivrance ou une éclampsie, qui sont une des principales causes de décès maternels.
Ces conduites à tenir sont joints à ce document.
1: Dr Abrouk S., Pr Afri Y., Dr Ait Mouheb T., Pr Allouda D., Pr Bendaoud H., Pr Benmouhoub N., Dr
Boughoufalah A., Pr Chafi B., Pr Cherfi N., Pr Dammène-Debbih, Pr Djenaoui T., Dr Djeraba M., Dr Hannoun D.,
Dr Kaouadji N., Dr Lekouaghet M., Pr Madaci F., Pr Oukid, Pr Sellahi A., Pr Tayebi Y., Pr Toudji A., Mme Zagmiri.
Référence :