La Formation de Lunivers

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La formation de l’Univers

L’Univers a toujours fasciné l’intelligence humaine et bien des peuples ont excellé dans l’observation
des astres. L'organisation de la vie sociale et économique à travers le découpage mathématique du
temps en heures, jours, mois et années fut un fondement civilisateur. Si l’astronomie est une science
tirée de l’observation, elle n’a pas manqué de générer des superstitions avec l’astrologie ou le vœu
exaucé par une étoile filante. L’idée d’une causalité au phénomène de l’existence a lié la cosmologie
– l’explication de l’origine de l’Univers – de toutes civilisations à la croyance en une divinité créatrice
qui a généré d’innombrables mythologies relevant de la superstition. Force est d’admettre que les
philosophes grecs furent parmi les premiers à ancrer dans l’histoire une école de pensée fondée sur
la primauté de la raison. Si Socrate était resté à la tradition orale, son enseignement fut consigné à
l’écrit par son disciple Platon, lequel fut suivi par Aristote.

Les mouvements des astres conduisirent ces philosophes à supposer un centre situé par rapport à la
Terre (le géocentrisme soutenu par Aristote au 4ème siècle avant J.-C.) ou par rapport au Soleil
(l’héliocentrisme soutenu par Aristarque de Samos au 3ème siècle avant J.-C. ou Séleucos de Séleucie
au 2ème siècle avant J.-C.). Au 3ème siècle avant J.-C., Ératosthène a calculé, avec une surprenante
précision, la circonférence de la Terre en comparant les angles de l’ombre solaire entre deux lieux
différents espacés d'une distance connue. Toutefois les avancées mathématiques déployées par
l’école géocentriste de Ptolémée au 2ème siècle après J.-C. firent autorité tant en Occident qu’en
Orient. Au début du XVIe siècle, le chanoine polonais Copernic soutint que la Terre gravitait autour du
Soleil. Du vivant de Copernic, l’Eglise ne réagit point à cette polémique astronomique opposant la
conception héliocentrique à celle géocentrique. Un siècle plus tard, l’observation par la lunette
astronomique amena l’Italien Galilée à adhérer à la conception héliocentrique. Il dut se rétracter lors
de son fameux procès par l’inquisition en juin 1633. Chahutée par la Réforme, l’Eglise s’enfonçait
dans le dogmatisme. Bien que le récit biblique de la Genèse sur la création ne désigne pas un centre
de l’Univers, l’Eglise en fit une déduction interprétative à partir du fait que ce récit situe
chronologiquement la création du Soleil après celle de la Terre.

Le choc de cette controverse cosmologique opposant la Bible à l’astronomie sur la vérité


fondamentale d’une science exacte allait stimuler un intérêt scientifique en Occident sans pareil dans
les autres civilisations où religion et science ne se confrontaient pas. En Chine, trois modèles
cosmologiques se contredisaient sans susciter de conflits sociaux. En Inde au 6ème siècle, Aryabhata
proposa un modèle cosmologique heurtant la mythologie hindoue sans avoir provoqué de tensions
sociales notables. La civilisation islamique fut influencée par les traditions astronomiques indiennes
et perses jusqu’à l’introduction de la littérature grecque au début du 9ème siècle. Cette introduction a
coïncidé avec le lancement d’observatoires astronomiques à Bagdad et Damas. Au 11 ème siècle, Al-
Biruni fit un recueil universel d’astronomie en connaissance des idées d'Aryabhata ou d'Aristarque de
Samos. Al-Biruni ouvrit un thème polémique pour les écoles astronomiques musulmanes à venir sur
la rotation de la Terre. Toutefois, le modèle géocentrique n’y a jamais vraiment été contesté,
probablement du fait que le Coran évoque une orbite du Soleil (sourate 21, verset 33). En 1259,
Houlagou Khan, le mongol qui mit Bagdad à feu et à sang, fit construire un grand observatoire à
Maragha en Iran ayant accueilli le perse musulman Nasir al-Din al-Tusi, auteur de l’étude intitulée
“Zij-i ilkhani” sur le mouvement des planètes, ouvrage qui fut la référence astronomique jusqu’à
Copernic. À la différence des Grecs, l’école d’astronomie de Maragha se préoccupait de la cohérence
entre les axiomes mathématiques et les principes physiques du mouvement des planètes. Si cette
école développa une critique radicale du modèle de Ptolémée, elle conserva le principe géocentriste.
Le site de Maragha fut détruit vers 1341 et un observatoire semblable fut construit en 1428 à
Samarcande par le sultan-astronome Ulugh Beg. L’astronome ottoman Taqi al-Din construisit un
grand observatoire à Istanbul achevé en 1577. Le sultan Murad III le fit détruire trois ans plus tard au
motif d’une contrariée où l’astronomie fut mêlée à l’astrologie. Alors que l’empire ottoman
abandonna toute politique d’éducation scientifique, la civilisation musulmane détournée du
développement des sciences et de la technologie tomba en complète décadence. Une fatwa
prononcée en 1982 par le mufti d’Arabie Saoudite, Abdel-Aziz ibn Baz, opposa aux avancées
cosmologiques de l’Occident l’interprétation géocentrique de la tradition arabe du verset coranique
évoquant l’orbite du Soleil, sans qu’il n’y soit pourtant aucunement précisé que ce serait autour de la
Terre. Ce dogmatisme irrationnel a suscité de nombreuses réactions parmi les musulmans, entre la
franche moquerie des uns et les excuses embarrassées des autres…

Les techniques du polissage du verre pour les lentilles de la lunette télescopique et l’invention du
télescope par Isaac Newton vers 1671 permirent le développement, en Occident, d’un essor exclusif
de la combinaison entre observation et raisonnement. La constante de la gravitation universelle
comprise par Newton ouvrit le champ du raisonnement à la vitesse dite de libération d’une force
attraction gravitationnelle. À l’observatoire de Paris en 1676, l’astronome danois Ole Römer
démontra que la variation constatée du laps de temps écoulé entre les éclipses de l’une des quatre
lunes de Jupiter, nommée Io, s’expliquait par le fait que la lumière n’était pas “instantanée″ mais se
déplaçait dans l’espace selon une vitesse. Dans son Traité de la lumière de 1690, l’astronome
néerlandais Christiaan Huygens évalua cette vitesse de la lumière à 212 000 kilomètres par seconde
(vitesse aujourd’hui mesurée à 299 792,458 kilomètres par seconde). Environ un siècle plus tard, le
britannique John Mitchell semble avoir été le premier à imaginer un objet céleste assez lourd, une
étoile noire, pour que sa force d’attraction ne laisse plus la lumière atteindre la vitesse de libération.
Encore un siècle plus tard en 1883, le russe Constantin Tsiolkovsky énonçait trois vitesses cosmiques,
la première (pour satelliser un objet autour de la Terre en orbite basse), la deuxième (au-delà de
laquelle un objet peut se libérer de l’attraction terrestre) et la troisième (au-delà de laquelle un objet
peut se libérer de l’attraction du système solaire). Il est aujourd’hui calculé qu’il faut une vitesse de
2.4 Kilomètre/seconde pour quitter l’attraction de la lune depuis sa surface, 5 K/s pour celle de Mars,
11.2 K/s pour celle de la Terre, 59.3 K/s pour celle de Jupiter et 617.5 K/s pour celle du Soleil.

En décembre 1725, l’astronome anglais James Bradley, directeur de l’observatoire de Greenwich,


observa l’étoile Eltanin. Le développement des outils de mesures télescopiques permit de constater
que la position apparente de cette étoile ne se déplaçait pas dans le sens prévu. Ce phénomène
optique dit de « l'aberration de la lumière » mit en évidence une explication stellaire expérimentale
de la révolution de la Terre autour du Soleil. Le discrédit de l’interprétation ecclésiastique sur le récit
biblique de la Genèse amena l’élite scientifique occidentale à revenir sur l’idée antique que la
matière, n’ayant pu apparaître du néant, a toujours existé dans un Univers en « état stationnaire » et
infini de toute éternité. Mais en 1854, un jeune mathématicien allemand, Bernhard Riemann, exposa
l’idée d’une possible expansion de l’Univers représenté par une sphère à trois dimensions. En 1912,
un astronome américain, Vesto Slipher, découvrit la curiosité d’une douzaine de nébuleuses qui
s’éloignaient de la Terre à des vitesses fulgurantes. En 1916, l’astrophysicien allemand Karl
Schwarzschild résolut les équations gravitationnelles de la relativité générale avancée par Albert
Einstein. La solution ouvrait la configuration d’une singularité gravitationnelle, prémices de la théorie
des trous noirs. En 1920, le musée national d'histoire naturelle des États-Unis ouvrit un grand débat
sur la nature galactique ou extragalactique des « nébuleuses » découverte par Slipher, auquel
participa Harlow Shapley qui fut le premier astrophysicien à conclure que le Soleil gravitait autour du
centre de notre galaxie nommée « Voie Lactée ». Shapley évalua l’orbite du Soleil à 50 000 années-
lumière du centre galactique (distance aujourd’hui calculée à environ 25 600 années-lumière dans
notre galaxie en forme de disque d’un diamètre de 100 000 années-lumière pour une épaisseur de
1 000 années-lumière). Entre 1922 et 1923, le mathématicien russe, Alexander Friedmann énonça
que l’Univers connut un « commencement » en augmentant de rayon, ce qui fut dénigré par Albert
Einstein convaincu de état stationnaire de l’Univers. À partir du grand télescope de l’observatoire du
mont Wilson, les astronomes américains Edwin Hubble et Milton Humason annoncèrent, en 1925,
leur découverte que l’Univers n’est pas composé d’une seule galaxie mais d’innombrables autres.
Rebondissant sur la curiosité découverte par Slipher, les observations de Hubble et Humason
confirmèrent, en 1929, que les galaxies se déplacent les unes par rapports aux autres dans l’Univers à
des vitesses vertigineuses. Cette constatation irréfutable amena Albert Einstein à réviser sa
conception cosmologique. En 1932, l’astronome néerlandais Jan Oort exposa la structure en spirale
de la Voie lactée et estima la période de rotation de notre Galaxie à un plus de 200 millions d'années.

Les recherches de l’ingénieur-physicien américain Karl Jansky sur les ondes-radio identifièrent trois
types de parasites : les deux premiers relatifs aux orages voisins ou éloignés et le troisième lié à un
sifflement faible mais régulier, la source radio compacte Sagittarius A* provenant de la constellation
du Sagittaire au centre de notre galaxie. Cette découverte, rendue publique dans un article du New
York Times du 5 mai 1933, donna naissance à la radioastronomie avec divers catalogues
astronomiques de « sources radio ». Comme toutes les ondes électromagnétiques, les ondes radio se
propagent dans l'espace vide à la vitesse de la lumière avec une atténuation progressive de la
puissance transportée.

Le jeune physicien indien Subrahmanyan Chandrasekhar démontra que la fin d’une étoile résulte
d’une augmentation critique de sa masse au-delà de laquelle la gravité se trouve contrée par la
pression de dégénérescence des électrons. Il calcula alors une limite maximale qu’un objet peut
atteindre avant son effondrement (qui correspondra plus tard au trou noir). Cette démonstration fut
rejetée en 1935 par le courant scientifique dominant jugeant sa conclusion trop absurde pour être
raisonnable. En 1939, Einstein a publié un article dont l’essentiel consistait à dénoncer que cette
« singularité de Schwarzschild » n'existe pas pour la simple raison que la matière ne peut pas être
arbitrairement concentrée. A partir de 1948, des physiciens s’orientèrent sur la nucléosynthèse et les
grandes courbes de la formation des éléments légers aux premiers instants de l’Univers. L’explication
de l’astrophysicien américain Ralph Alpher que l’hydrogène et l’hélium, constituant 99,99% de la
matière, n’ont pu être formés que durant les cinq premières minutes de la formation de l’Univers fut
publiée dans un article du Washington Post du 14 avril 1948 sous le titre « Le monde a commencé en
5 minutes ». Toutefois, la communauté scientifique y restait hostile et se fut sous la moquerie de
l’astronome anglais Fred Hoyle, lors d’une émission à la BBC du 28 mars 1949, que la théorie de
l’expansion de l’Univers portée par les trois astrophysiciens Gamow, Alpher et Herman se retrouva
sarcastiquement nommée « Big Bang ». Le physicien américain Edward Mills Purcell détecta les
émissions radio de l'hydrogène galactique ayant permis de fournir, en 1951, une première « image »
de la Voie lactée avec, en son centre, une barre d'étoiles de laquelle partent quatre bras majeurs
dont celui nommé Orion, que les mesures tirées de la mission Gaia évaluent à environ 26.000
années-lumière de longueur, comprend notre système solaire.

En 1963, l’astronome néerlandais Maarten Schmidt identifia, depuis le télescope de l'observatoire


Paloma, un objet en lumière visible dont le spectre expose un important décalage sur le rouge,
correspondant à une source radio baptisée 3C 273 (le 273e objet du 3e catalogue de Cambridge
recensant les sources radio). Cet objet d’une luminosité prodigieuse situé dans une lointaine galaxie
à plus de 2 milliards d’années-lumière fut nommé « quasi-stellar radio source », que l’astrophysicien
d'origine chinoise Hong-Yee Chiu simplifia par « quasar ». En son article du 18 janvier 1964 dans The
Sciences News Letters, la journaliste américaine Ann Ewing utilisa le terme « black hole » (trou noir)
pour désigner le champ gravitationnel produit par l’effondrement d’une étoile sur elle-même.

En cette année 1964, les recherches des ingénieurs radioastronomes Wilson et Penzias sur des
parasites brouillant les émissions radio d’un satellite aboutirent à la découverte d’un rayonnement
électromagnétique – celui-là même qui provoque la “neige” à l’écran des vieux postes de télévision
en noir et blanc – provenant de toutes les directions, une sorte de souffle thermique uniforme à 2,7
degrés Kelvin (au dessus du zéro absolu) d’un fond diffus cosmologique, ou « rayonnement fossile »
de photons primordiaux, constituant une preuve de l’origine expansive de l’Univers citée par les
travaux de Gamow et Alpher. L’annonce de cette découverte fit la une du New York times du 21 mai
1965 sous le titre « Des signaux confirment que l’Univers est né d’un Big Bang ».

Le quasar identifié par Schmidt fut scruté en 1968 par des observations à haute résolution dans
l’infrarouge, puis en radio-interférométrie dès 1974. Les astrophysiciens britanniques Martin Rees et
Donald Lynden-Bell expliquèrent une telle puissance sur l’idée d’un trou noir supermassif au centre
d’une galaxie. A partir du télescope de l'université de Toronto en 1971, l’astronome américain Tomas
Bolton identifia une étoile en orbite autour d'une source de rayons X – système présumé binaire
situé à 6 000 années-lumière de la terre et nommé Cygnus X-1 par les astronomes Louise Webster et
Paul Murdin – comme l’un des trous noirs de notre galaxie ; identification corroborée peu après par
les observations du satellite Uhuru. Les trous noirs sont réputés être stellaires quand ils ont la masse
de quelques soleils, ou supermassifs, quand ils ont une masse de plusieurs millions voire milliards de
soleils. Dans le courant des années 1990, l'idée que les galaxies ont pour centre un trou noir
supermassif, une sorte de vortex qui génère les mouvements observables les plus puissants dont la
singularité quitte le champ connu des lois de la physique, s'est imposée et les progrès technologiques
d’affinage de l’imagerie télescopique ont permis d’établir que les quasars sont bien les noyaux actifs
des galaxies. Les instruments d'interférométrie du “Very Long Baseline Array” (USA, 1993) et le “Very
Long Telescope” (Chili, 1998) auquel s’est combiné “GRAVITY” (France, 2016) observent le
mouvement orbital des étoiles au centre de la Voie Lactée. Les observations d’une étoile nommée
“S2”, dont l’orbite bouclée en 16 ans autour de Sagittarius A* dessine au fil du temps une parfaite
rosace aux pétales elliptiques. Ces observations confortaient la solution de Schwarzschild sur la
présence d’un trou noir supermassif au cœur de notre galaxie, mais sans encore pouvoir établir la
présence de la ligne rouge de ce que les astrophysiciens appellent l'horizon des événements, au-delà
de laquelle tout, y compris la lumière, est irrémédiablement avalé par le trou noir. En 2003, des
chercheurs de la Nasa découvraient que les ondes émises par le trou noir au centre de l’amas de
galaxies de Persée, situé à quelque 250 millions d'années-lumière de la Terre, donnent naissance à
des ondulations dans le gaz chaud qui l’entoure. Si le vide de l’espace empêche la propagation du
son, tel n’est pas le cas dans un amas de galaxies entouré de gaz. Cependant les sons qui en résultent
sont inaudibles à l’oreille humaine car environ 57 octaves en dessous du do médian.

L’Event Horizon Telescope, un réseau de radiotélescopes terrestres, a publié en avril 2019 les
premières images d’un trou noir de la galaxie Messier 87 (M87) située près du centre de l'amas de la
Vierge à près de 55 millions d’années lumière. Ce trou noir supermassif d’environ six milliards de
masses solaire est mille fois plus massif que celui de Sagittarius A* en étant environ mille fois plus
éloigné de la Terre. Au mois de juillet 2019, le satellite russe Spektr-RG est lancé dans la course aux
observations des trous noirs. Le “Large Sky Area Multi-Object Fibre Spectroscopic Telescope” de
Chine a découvert un autre trou noir dans notre galaxie, nommé LB-1, ayant fait l’objet d’un article
en novembre 2019. En février 2020, les observations du télescope spatial Chandra de la NASA ont
identifié la présence d’un trou noir supermassif gigantesque dans l’amas de galaxies Ophiuchus, à
390 millions années-lumière. Le 9 novembre 2021, une équipe de chercheurs de l'Académie des
sciences de Nianjing, en Chine, a publié un article dans Nature sur le phénomène observable dans le
spectre gamma : si les abords du trou noir supermassif Sagittarius A* émettent des rayonnements
cosmiques en grande quantité et à haute vitesse, ce type de rayonnements, répartis en une véritable
« mer » (ainsi appelée par l'étude) au travers de la galaxie, semblent empêchés de pénétrer ce centre
galactique par une mystérieuse « barrière » invisible. Trois ans après la première photo d’un trou
noir situé dans la galaxie de la Vierge en 2019, le réseau international de télescopes terrestres
« Event Horizon Telescope » a dévoilé, jeudi 12 mai 2022, une image du trou noir supermassif
Sagittarius A*, 4 millions de fois plus lourd que notre Soleil sur 6 millions de kilomètres de diamètre,
au cœur de la Galaxie où se situe la Terre. La relation entre une galaxie et son centre composé d’un
trou noir supermassif pose la question de savoir si c’est la galaxie qui se forme autour du trou noir
ou, à l’inverse, si c’est le trou noir qui se forme au cœur de la galaxie ; le type de questions sur ce qui
est venu en premier entre l’œuf ou la poule…

Lors de la conférence de presse de la Société Américaine de Physique du 23 avril 1992, le physicien


George Smoot annonça que le satellite COBE avait photographié, en détectant des écarts infimes de
température, le rayonnement fossile de photons primordiaux estimé à près de 14 milliards d’années.
Ces détails lumineux datant de la naissance de notre Univers amenèrent le physicien américain à
ajouter : « It is like looking at God », remarque qui allait alimenter la polémique passionnelle de la
cosmologie contemporaine. En 1998, l’analyse de supernovas confirma un mouvement expansif de
l’Univers qui semble subir un phénomène d’accélération d’environ 70 km par seconde tous les 3,26
millions d’années. Toutefois la méthode de calcul basée sur le fond diffus cosmologique produit un
résultat divergent quant à la vitesse d’expansion de l’univers. Dans un article du 10 avril 2020, le
physicien suisse Lucas Lombriser a avancé qu’une fluctuation dans la densité moyenne de matière
permet de concilier la valeur de la constante de Hubble avec celle obtenue par le fond diffus
cosmologique. Les satellites WMAP, lancé en 2001, et PLANCK, lancé en 2009, ont détaillés la carte
du rayonnement fossile, avec l’observation de mystérieux « courants noirs » qui composeraient la
majeure partie de l’Univers. En cours d’achèvement, l'Observatoire Vera-C.-Rubin au sommet du
Cerro Pachón au Chili promet des performances pour les recherches sur la matière et l’énergie noire.

Des étoiles meurent dans une explosion qui diffuse matière et rayonnements cosmiques dont
l’accumulation va donner naissance à de nouvelles étoiles. La masse de la nouvelle étoile va
déterminer sa durée de vie sur la capacité de combustion qui transforme la matière en éléments de
plus en plus lourds par des réactions nucléaires de fusion, jusqu’au fer qui est le plus lourd et au-delà
avec le trou noir. Il est établi que l’Univers est né avec une trentaine de constantes universelles (lois
de la physique) imbriquant énergie, force et mouvement selon des valeurs mathématiques précises
qui déterminent simultanément la formation des atomes et des galaxies. Une infime variation dans
l’une de ces constantes physiques et ce serait la rupture de l’une des interactions fondamentales
constitutive de la matière. Si la force nucléaire forte était plus forte de seulement 2% (par rapport
aux autres forces), tout l’hydrogène aurait été converti en hélium. Si elle était moins forte de 5%,
l’hélium n’aurait pas pu se former et il n’y aurait que de l’hydrogène. Si la force nucléaire faible était
un peu plus forte, les supernovas ne se produiraient pas et les éléments lourds n’auraient pas pu se
former. Si les forces électromagnétiques étaient plus fortes, toutes les étoiles seraient des naines
rouges et il n’y aurait pas de planète. Si elles étaient un peu plus faibles, toutes les étoiles se
consumeraient sur une courte durée. Le carbone (12C) s’est formé de justesse dans la nucléosynthèse
primaire et si la charge de l’électron était différente, même d’un faible pourcentage, il n’y aurait pas
de chimie telle que nous la connaissons (Edwin M. McMillan, 1993). Un subtil équilibre entre des
forces contraires comme l’attraction de la gravité et la force centrifuge trace l’orbite de la lune
autour de la Terre, de la Terre autour du Soleil ou de celui-ci autour du centre de la galaxie… Enfin
selon l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, les données actuelles établissent que l'univers ne contient
pas assez de matière pour générer un « Big Crunch » permettant se soutenir l’idée d’un univers
cyclique sur un phénomène de yoyo entre Big Bang et Big Crunch.

Les constatations du mouvement des galaxies, du rayonnement fossile et de la quantité d’hélium


répartie dans l’Univers conduisent le raisonnement à admettre une expansion de l’Univers à partir
d’une phase dense et chaude. Mais l’observation ne saurait dépasser cette phase dite « mur de
Planck (du nom du physicien Max Planck) » avant laquelle les quatre interactions fondamentales
(électromagnétisme, interaction faible, interaction forte et gravitation) étaient unifiées, de même
qu’elle ne peut percer la surface du Soleil pour chercher à percevoir son noyau. Toutefois à partir du
raisonnement, les physiciens Stephen Hawking et Roger Penrose étayèrent, dans les années 1970, la
théorie d’une « Singularité Initiale » à l’origine l’Univers. Pour caricaturer, si la singularité au cœur du
trou noir absorbe la matière pour la concentrer jusqu’à la faire disparaître, il apparait plausible
d’imaginer la possibilité d’une inversion de ce phénomène sur l’idée d’un « point de volume nul » à
l’origine de l’Univers qui aurait soudainement « fait jaillir » la source d’une densité et d’une chaleur
ayant provoqué l’explosion à la violence indescriptible, dite du Big Bang, en projetant un espace avec
toute la matière et le temps qu’il contient. Mais la formation d’un tel point initial au-delà du temps et
de l’espace dépasse l’entendement humain et donc tout questionnement au sujet de la dynamique
cosmique. Ce n’est assurément pas rien mais bien quelque chose qui a déclenché l’étincelle de notre
réalité matérielle sur quoi trois explications contemporaines se confrontent : la première lie cette
singularité à un acte de création, la seconde avance l’idée de la transition d’un état physique à un
autre et la troisième évoque le jeu de probabilité d’une infinité de combinaisons dans un multivers.
En l’absence de toute possibilité de vérification scientifique, cette question de l’origine – au cœur du
premier mystère étourdissant de l’existence plutôt que du néant – relève encore et toujours du seul
champ de la croyance qui attribue à l’explication cosmologique un présupposé idéologique. Investir
cette présupposition, laquelle découle au fond de la foi à l’état pur, d’une autorité scientifique
procède soit de la confusion entre ce qui est subjectif (évidence) ou objectif (preuve), ou soit de la
malhonnêteté intellectuelle.
L’être humain qui scrute l’Univers en devient un centre, pourtant il est soumis à de multiples
mouvements constants : La surface équatoriale de la Terre tourne sur l’axe terrestre à la vitesse
d’environ 1 600 km/h; notre planète tourne autour du Soleil entre 105 000 et 110 000 km/h selon la
proximité du Soleil (révolution elliptique), soit une moyenne de 30 km par seconde ; le Soleil orbite
autour du centre de la Voie Lactée à environ 800 000 km/h, soit 220 km/s. Notre galaxie est en orbite
dans un amas de plus de 60 galaxies, nommé « Groupe local », d’un diamètre d’environ 10 millions
d'années-lumière, lequel gravite lui-même dans le superamas de la Vierge de plus de 100 millions
d'années-lumière de diamètre, dont le nom est tiré de l'amas de la Vierge situé en son centre.
Finalement, ce superamas de la Vierge navigue à environ 2,3 millions de km/h, soit 630 km/s dans un
Univers en expansion encore plus rapide.

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