9782710109051
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9782710109051
au lycée
Clés pour une réussite
CHEZ LE MÊME ÉDITEUR
Catalogue complet s u r d e m a n d e
Collection Pédagogies
Sylviane Gasquet
Les mathématiques
au lycée
Clés pour une réussite
ESF éditeur
17, rue Viète, 75017 Paris
D U MÊME AUTEUR
À l ' u s a g e d e s élèves :
- Dessine-moi un vecteur (avec R. Chuzeville),
IREM de Grenoble.
- Homéopathie mathématique (tome 1 : Scriptum algebricum), CRDP de
Grenoble.
ISBN 2-7101-0905-0
ISSN 1158-4580
La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une
part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et
non destinées à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes
citations dans un but d'exemple et d'illustration, «toute représentation ou reproduction
intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants
cause, est illicite » (alinéa 1er de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc
une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 1 et -swvants du Code pénal.
Pédagogies
Collection dirigée par Philippe Meirieu
DIDACTIQUE DU FRANÇAIS
De la planification à ses organisateurs cognitifs
François-Victor Tochon
L'ÉCOLE MODE D'EMPLOI
Des « méthodes actives » à la pédagogie différenciée
Philippe Meirieu
L'ÉDUCATION, SES IMAGES ET SON PROPOS
Daniel Hameline
ENSEIGNER, SCÉNARIO POUR UN MÉTIER NOUVEAU
Philippe Meirieu
L'ÉVALUATION EN QUESTIONS
Charles Delorme et le CEPEC
L'ÉVALUATION, RÈGLES DU JEU
Des intentions aux outils
Charles Hadji
INNOVER POUR RÉUSSIR
Sous la direction de Charles Hadji
LES OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
En formation initiale et en formation continue
Daniel Hameline
QUESTIONS DE SAVOIR
Introduction à une méthode de construction autonome des savoirs
Gabrielle Di Lorenzo
Table des matières
Pages
Préface, par Albert Jacquard 11
Prélude : Remerciements aux coéquipiers, élèves et professeurs . . 13
PREMIER MOUVEMENT
Chapitre 1 : Crescendo
Un paradoxe apparent : l'échec augmente mais la
réussite aussi ! 17
Chapitre 2 : Adagio
Un «Lycée en 4 ans» révèle les défauts du cursus
normal 25
Chapitre 3 : Lamento
Questions sur les « lacunes » des élèves 41
SECOND MOUVEMENT
DERNIER MOUVEMENT
Chapitre 10 : Final
Éloge de la différence, et difficultés face à la diversité 193
Crescendo
Le désarroi de l'élève...
Ils ne savent pas travailler, le niveau baisse, ils ont trop de lacunes,
ils ne savent pas lire..., disent les uns. Ils ne savent pas enseigner, ils ne
comprennent pas les difficultés des enfants, ils ont trop de vacances...,
disent les parents des « autres ».
Dans ce lamento en négatif majeur, dans ces études inachevées,
dans ces poursuites de bac, dans ces gammes didac-toniques, dans ces
préludes de réformes et ces interludes de projets, dans toute cette sym-
phonie déconcertante, une chose est sûre, c'est le grand crescendo géné-
ralisé : beaucoup plus de jeunes entrent au lycée et, partant, il y a plus
d'échecs car plus de projets interrompus. Mais il y a aussi plus de réus-
sites.
Comme pour certains films dont on dit qu'ils sont datés, marqués
par leur époque, notre vision de l'école est toujours à l'âge du devenir
des élèves qui la quittent. En effet, la réalité scolaire semble toujours
être ce qui se voit, mais on ne voit pas la même chose en période de fort
chômage ou en période de croissance économique. Lorsque tous les
jeunes trouvent un travail, la réussite de certains n'est pas perçue
comme l'échec des autres. Elle est tolérable, donc on pourra la voir.
Lorsque l'absence de tout diplôme risque de mener à un chômage de
longue durée, à une vie marginalisée, la gravité de cet échec n'autorise
plus la légitimité d'une mise en balance taux d'échec / taux de réussite.
D'une certaine façon, la réussite sera niée, même si l'école fait mieux,
parce qu'en même temps elle fait pire.
Lorsque l'élève d'antan avait son certificat d'études (et rappelons
avec insistance qu'ils étaient loin de l'avoir tous!) sans avoir imaginé un
instant qu'il pourrait entrouvrir la porte d'un lycée, il n'était ni un non-
bachelier, ni un exclu, il était au contraire un symbole de réussite puis-
qu'il avait mené son projet à bon terme. Il avait fait une fin (d'études).
Qui s'avisait alors que le nouveau certifié n'avait en fait réalisé que le
seul projet autorisé pour lui par le système scolaire en place?
Lorsque l'enfant des années cinquante entrait en sixième, pour la
moitié d'entre eux, c'était en cours complémentaire, et la scolarité s'y
terminait naturellement avec le brevet1. Dans ces temps-là, avec le certi-
ficat comme avec le brevet, on trouvait un emploi. Mais quand l'élève
du temps présent entre en sixième - et ils y entrent quasiment tous - il
intègre aussitôt un compte à rebours 6,5,4,... qui le mène normalement à
l'égalité
0 = Terminale = achevé
ce qui n'est d'ailleurs qu'une illusion s'il s'agit d'un bac général. La
prégnance des mots et la difficulté de l'emploi font que tout élève qui
n'arrive pas dans une terminale percevra son cursus comme un échec.
Le collège unique permet donc d'abord le projet unique, celui
d'études longues. L'ambition scolaire est désormais permise au plus
grand nombre, l'école a pris là un risque et un pari difficile. Est-ce un
leurre, puisque, au même moment, la réalisation de cette ambition n'est
pas accessible à tous, loin s'en faut?
Il est cependant important d'oser voir aussi la réussite de l'école,
ne serait-ce que pour les enseignants, et donc aussi pour leurs élèves.
Peut-on aller travailler chaque matin, être patient, dynamique, si on croit
à l'inanité de ses efforts? La prémonition de l'échec risque toujours de
mener à l'échec, aussi bien l'enseignant que l'élève qui manque de
confiance en lui.
Pour tenter d'éviter cette spirale récurrente, nous allons essayer
d'illustrer par deux petits dessins le décalage entre la demande de for-
mation émanant des jeunes et les réussites obtenues, cela afin de mieux
comprendre la différence entre ce que l'on perçoit au présent et la réalité
de deux phénomènes qui se suivent dans le temps.
La demande d'études, l'entrée en quatrième ou en seconde, vient
de subir une croissance accélérée, puis elle va nécessairement s'infléchir
puisque, de toute façon, elle ne pourrait dépasser les 100 % ! La réussite,
elle, progresse aussi (par exemple le nombre de bacheliers), mais on ne
sait pas encore ce qu'il en sera de l'avenir.
Supposons que la courbe des réussites parvienne à ressembler à
celle de la demande, quelques années d'adaptation plus tard (ce qu'il est
1. Voir le rapport Prost, Les lycées et leurs études au seuil du XXIe siècle, Ministère
de l'Éducation nationale, 1983.
convenu d'appeler le temps de réponse). Les deux courbes seraient donc
toujours à la même «distance horizontale ».
M a i s u n e t r o p f o r t e p r e s s i o n d e s m e d i a s u r le p u b l i c c o n c e r n é p a r
l ' é c o l e fait c o u r i r le r i s q u e de changer pour changer, simplement pour
2. « ...la culture, dite générale, est le moyen le plus efficace de répondre à la fois
aux exigences personnelles d'autonomie et de jugement, de recherche de soi-même et de
rencontre des autres, et aux exigences sociales d'adaptabilité, y compris professionnelle,
de sociabilité et de conscience démocratique. (...) C'est la notion, et si possible, la maî-
trise de la complexité culturelle qui définira la réussite de l'homme du siècle à venir».
François Bayrou, La décennie des mal-appris, Flammarion, 1990. Citer ce passage
n'implique pas une adhésion à tout ce qu'écrit F. Bayrou, mais une reconnaissance de la
tonicité de certaines pages!
3. N'y a-t-il pas un relent de «Impliquez-vous mes frères» dans la synthèse du rap-
port du Conseil national des programmes : « chacun doit se sentir impliqué », « les pro-
fesseurs doivent se sentir motivés par l'évolution du système pour s'y impliquer»... «la
communauté éducative tout entière doit s'impliquer ». Synthèse parue dans Le Monde de
l'Éducation, décembre 1990. Un vrai sermon pour l'école laïque!
tenter de soulager le système écrasé, pour distraire l'opinion comme on
crée une déviation pour retrouver le calme dans un village. Il faut alors
proposer vite et dans l'urgence. Amenée à participer très ponctuellement
à l'élaboration d'un de ces textes « à chaud », je m'avisais alors du privi-
lège dont je pouvais jouir depuis plusieurs années pour observer un îlot
scolaire fortement dépressurisé !
Un laboratoire d'observation
Travaillant depuis sept ans dans une section expérimentale,
j'engrangeais depuis lors des observations diverses. Dans cette section,
nouvelle en France en 1984, à l'issue de la classe de seconde les élèves
choisissent de traiter en trois ans les programmes de première et termi-
nale scientifiques. La durée d'étude est le seul paramètre important qui
soit modifié. En particulier, l'effectif des classes est comparable à celui
des classes ordinaires.
Le bilan de cette expérience nous était demandé régulièrement, mais
rien que pour voir cheminer trois promotions, il fallait déjà cinq ans... Il
ne faut pas brûler d'impatience, ni vouloir dire trop vite quand on observe
le domaine de l'éducation. D'autant plus que l'ardeur pionnière peut biai-
ser les observations du début. Il faut atteindre une vitesse de croisière, une
participation majoritaire d'enseignants extérieurs au projet initial, pour
commencer à penser durée ou invariance de certaines observations.
L'évaluation de cette expérience m'a déjà conduite à rédiger un
bilan concernant le fonctionnement de 70 lycées relativement au temps
de scolarité des élèves4 et à mettre en évidence l'existence d'un «esprit
maison » au sein de chaque lycée. Il restait donc à se centrer plus parti-
culièrement sur le fonctionnement de l'enseignement des mathématiques
en milieu collectif. Ce qui aurait pu n'être qu'un bilan d'expérience est
donc devenu peu à peu une analyse de l'enseignement des mathéma-
tiques au lycée.
T h è m e s associés : c o m p r e n d r e p a r le d e s s i n
Jeux avec des sinus : comparaison de sin 2x et de 2 sinx sur des dessins.
P r o d u i t de deux fonctions