Emilie MALGOUYRES - Mon Plongeon Dans L'entrepreneuriat
Emilie MALGOUYRES - Mon Plongeon Dans L'entrepreneuriat
Emilie MALGOUYRES - Mon Plongeon Dans L'entrepreneuriat
Mon plongeon
dans l’entrepreneuriat
7
La découverte de l’immobilier
Je vais vous faire rêver : quelques semaines seulement
après nous être mis en couple, j’accompagnais Guillaume
pour faire des visites d’immeubles, le week-end. C’est
comme ça qu’on s’est retrouvés à visiter des immeubles
en travaux, au fin fond de la Meuse. C’est cette journée
qui m’avait le plus marquée à l’époque. Peut-être parce
que l’endroit était vraiment peu attirant, et que c’était
la première fois que je côtoyais la misère dans laquelle
certains locataires vivent.
Je me demande encore pourquoi je n’ai pas fui à ce
moment-là ! Sa passion de l’immobilier prenait de la
place, et même de plus en plus de place, puisque pour
arrêter de travailler à 40 ans, il ne fallait pas traîner sur
les investissements. Et c’est alors naturellement que
j’ai commencé à m’intéresser au sujet. Mais même si
cela éveillait ma curiosité, j’étais toujours étudiante, et
il me restait 2 années d’étude à faire. Il était toujours
question pour moi de finir mes études et d’avoir le job
de mes rêves dans une grosse boîte. Pour moi, arrêter de
travailler avant 40 ans n’était pas forcément un objectif.
Et faire de l’immobilier mon revenu principal non plus.
Malgré cela, je m’impliquais dans les investissements
de Guillaume. J’allais visiter les immeubles avec lui et
m’occupais de l’administratif (parce que Guillaume n’est
pas franchement le roi du rangement, il faut bien l’avouer).
Et ça me semblait hyper naturel de l’aider. C’était presque
un jeu à ce moment-là.
19
par semaine chez lui, donc il fallait malgré tout que cela
nous convienne à tous les deux. Il a alors commencé à
chercher un autre appartement à louer, plus grand, et dans
une ville plus sympa. Mais il venait de changer de boulot,
et n’avait pas un dossier complet à laisser aux propriétaires,
puisqu’il était encore en période d’essai pour plusieurs
mois. Et pour être honnête, Guillaume n’est pas trop du
genre à aimer monter un dossier administratif, et encore
moins quand il s’agit d’une location.
Dans cette situation, il se retrouvait, non plus
propriétaire, mais potentiel locataire, qui avait des
difficultés à trouver un logement. Et c’est là que son ego
a parlé : il ne voulait pas être obligé de « se vendre » pour
pouvoir louer un appartement, alors qu’il était lui-même
propriétaire de plusieurs appartements. Il ne voulait pas
avoir à convaincre un propriétaire sur un simple dossier.
Il a alors décidé de changer de projet et d’acheter. Eh oui,
il est plutôt impulsif… Le problème, c’est que son préavis
courait déjà depuis trois semaines.
Il a visité plusieurs appartements dans une ville qui
nous semblait finalement évidente : Bussy-Saint-Georges.
C’était une ville nouvelle, qui avait été presque entièrement
construite dans les 30 dernières années, qui disposait
d’espaces verts, où il faisait bon vivre, où la population
était plus familiale, plus rassurante. La ville possédait
également une gare du RER A, qui relie Cergy à Marne-
la-Vallée, et qui me simplifierait la vie pour faire les allers-
retours jusqu’à Cergy pendant l’année qu’il me restait. Et
cerise sur le gâteau, la gare n’était pas mal fréquentée ! Je
pouvais donc prendre le RER à n’importe quelle heure,
sans risquer quoi que ce soit.
Il a rapidement trouvé un charmant T2, vendu par un
couple qui l’avait entièrement rénové. La chambre était
très petite, mais finalement, la pièce de vie était sympa, et
21
Club immobilier
Nous avions commencé l’investissement immobilier
depuis deux ans, et on peut dire que c’est une passion/
activité vraiment prenante. Nous avions acheté un
immeuble tous les six mois, ce qui est déjà très bien, et
savions qu’avec notre situation actuelle, il serait compliqué
de faire plus. Mais pour nous, acheter « seulement » deux
immeubles par an était frustrant, au vu de toutes les affaires
que l’on voyait sur Leboncoin.fr.
L’idée de créer une activité qui ferait du clé en main
pour les particuliers qui souhaitent investir dans les
immeubles de rapport nous est naturellement venue.
Nous ferions la même chose que pour nous, mais pour
les autres. Avec l’expérience de conducteur de travaux
de Guillaume, et notre expérience d’investisseurs, nous
pouvions arriver à faire quelque chose. C’est ainsi qu’est
née la société Club Immobilier. La première chose qui a
été créée, c’est la page Facebook. Le plus important était
de créer une communauté et de nous faire connaître, sans
rien débourser.
Nous avons en parallèle créé un site internet, sur lequel
nous présentions qui nous étions, avec des photos « avant
travaux / après travaux » de nos propres projets, et avec un
formulaire pour nous contacter. Assez rapidement, grâce
à Facebook, nous avons eu quelques contacts de premiers
clients potentiellement intéressés. Et c’est ainsi que tout a
47
Le grand plongeon
Nous voilà fin prêts à prendre notre destin en main, et
changer complètement de vie ! Alors bien sûr, les risques
étaient malgré tout limités, grâce au système français, très
bien fait pour cela : Pôle Emploi.
Guillaume, avec sa rupture conventionnelle, avait
le droit à 2 ans d’indemnités mensuelles. Quant à moi,
ayant finalement travaillé 9 mois, j’avais droit à 9 mois
d’indemnités. Pour information, lorsque vous êtes inscrit
au Pôle Emploi et que vous souhaitez créer une société,
deux possibilités s’offrent à vous : demander à recevoir un
capital qui correspond à une partie de vos droits (ARCE3),
ou bien garder le système d’allocations mensuelles. Si vous
choisissez l’ARCE, vous recevrez 45 % du montant de vos
allocations restantes à la date du début de votre activité,
versé en deux fois : le premier à la date de création de votre
société, le deuxième six mois après. L’ARCE permet d’avoir
un plus gros capital pour commencer, pour éventuellement
faire les premiers investissements et lancer la société.
Nous n’avions pas besoin de l’ARCE, nous avions
de l’argent de côté, et notre activité ne nécessitait pas
de matériel spécifique. Un ordinateur était tout ce dont
nous avions besoin pour bien commencer. Nous avons
Fonctionnement de la société
Pour que vous compreniez bien le fonctionnement
de notre société, je vais vous expliquer plus en détail la
prestation que nous proposions à nos clients à l’époque.
Le but était de faire du « clé en main », c’est-à-dire que
nous cherchions l’immeuble (avec travaux, puisque c’était
notre dada à l’époque et notre réelle valeur ajoutée),
visitions l’immeuble avec notre client, réalisions des plans,
faisions la consultation des entreprises de travaux et ensuite
le suivi de travaux.
Le client nous payait un acompte au début, pour être
sûr de son sérieux, et nous payait ensuite 5 % du montant
global de l’opération (montant d’achat et montant de
travaux) lorsque le projet arrivait au bout. Mais il ne nous
payait finalement le reste que s’il obtenait son crédit. S’il
ne l’obtenait pas, le projet tombait à l’eau et nous avions
travaillé pour rien.
Voilà comment nous avons lancé les choses. Nous
avions des choses à prouver, et cette profession n’existait
que peu à l’époque. Il nous fallait donc proposer une
prestation et un prix attractifs pour commencer à nous
faire connaître. Mais finalement cela a plutôt bien marché,
et même un peu trop bien pour un début. C’est là que nous
avons commis nos premières erreurs, que nous mettrons
beaucoup de temps à rectifier.
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Le suivi de chantier
Au début de notre activité de maîtres d’œuvre, c’est
Guillaume qui se chargeait de réaliser le suivi de chantier.
Après tout, c’était son métier, donc c’était plus simple. Et
puis je n’y connaissais rien, donc j’allais me faire démolir
lors des réunions de chantier. Malgré tout, j’étais là à
chaque réunion de chantier. Ce qui m’a permis d’observer,
de comprendre et d’apprendre. Apprendre le vocabulaire,
apprendre à parler aux artisans, apprendre à rédiger un
compte-rendu de chantier… Ça a été très formateur.
Petit à petit, j’ai pris le relais sur différents chantiers,
les plus faciles à gérer, où les entreprises étaient sympas et
où tout se passait bien. Idéal pour me faire ma première
expérience. Le suivi comprend plusieurs tâches : les
réunions de chantier à animer, qui est le plus visible, mais
aussi appeler régulièrement les entreprises pour vérifier
que tout va bien et qu’il y a du monde sur le chantier,
vérifier les devis, vérifier les factures, rédiger les comptes-
rendus de chantier, rédiger des mails…
J’ai tout appris sur le tas ! Il n’y a pas plus formateur.
Et pour certains points plus techniques, concernant
l’électricité et la plomberie par exemple, j’effectuais des
recherches sur internet pour connaître les termes utilisés
et ne pas passer pour une incompétente au téléphone ou
en réunion de chantier. Plus les mois passaient, et plus je
m’occupais de cette partie « chantiers ».
74 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
CONSEIL N° 1
Personnellement, je vouvoie les entreprises. Sauf
celles avec qui j’ai l’habitude de travailler. En effet, tant
que le chantier n’est pas terminé, les problèmes ne sont
pas terminés. Donc je trouve que le tutoiement instaure
une confiance, qui n’est pas toujours méritée. Dès qu’un
problème ou une petite malfaçon survient, il est plus
compliqué de le faire comprendre à quelqu’un avec un
tutoiement. C’est comme si votre sœur était votre locataire.
Imaginez qu’elle ne paie pas son loyer un mois, il sera plus
compliqué de la rappeler à l’ordre, plutôt que si c’était une
personne que vous ne connaissiez pas vraiment.
CONSEIL N° 2
N’allez pas sur le chantier tous les jours. Ça peut paraître
bizarre pour un maître d’œuvre, mais plus souvent vous
vous rendrez sur le chantier, plus les entreprises vont être
dépendantes de vous. Elles ne vont pas se débrouiller seules
à trouver une solution, mais vous attendront pour vous
poser leur question. Les ayant mal habituées, vous serez
obligé d’y passer tous les jours. Une fois par semaine avec
appel téléphonique régulier si nécessaire sera amplement
suffisant.
78 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
CONSEIL N° 3
Connaissez parfaitement votre dossier. Il est important
que vous connaissiez vos plans, les prestations qui sont
prévues par les entreprises, les derniers échanges que
vous avez eus avec chacun… Cela vous permettra d’être
plus crédible, et d’avoir plus d’autorité. Si vous pataugez,
certaines personnes n’hésiteront pas à essayer de vous
écraser.
Le métier de maître d’œuvre n’est pas toujours facile
à appréhender. Il faut savoir prendre du recul, ce qui
est parfois compliqué. Je comprends maintenant ce que
vivait Guillaume quand il était conducteur de travaux,
je comprends pourquoi il était stressé, et pourquoi il
était parfois énervé en rentrant à la maison. Le pire, c’est
quand tu réfléchis à un chantier difficile à gérer, juste au
moment de t’endormir. Tu peux y penser plusieurs heures
d’affilée, c’est assez horrible. Ou même quand tu rêves de
ton chantier… ça arrive de moins en moins avec le temps,
mais ça m’arrive encore parfois.
Ce métier m’a quand même fait grandir, et permis de
prendre (un peu) confiance en moi. De toute façon, avoir
des responsabilités fait forcément grandir.
79
La constitution
du patrimoine immobilier
Nous avons mis en stand-by l’investissement immobilier
pendant au moins un an et demi. Depuis que nous avions
quitté nos emplois, nous n’avions plus de salaire, et donc
aller voir les banques était compliqué. À vrai dire nous
n’avons même pas essayé d’aller proposer un projet à un
banquier pour tâter le terrain. Nous étions persuadés que
nous allions perdre notre temps.
Pour les entrepreneurs, on entend souvent dire qu’il faut
trois bilans afin de pouvoir obtenir un prêt immobilier. Le
temps que le banquier voit que la société tourne, et que les
chiffres sont stables, voire en croissance. Eh bien, cette idée
était bien ancrée dans nos têtes. C’est ainsi que pendant un
an et demi, nous ne sommes pas retournés voir un banquier.
Nous touchions le chômage, vivions avec des revenus
fonciers, et avions une société qui peinait à décoller. Pas
vraiment une solution idéale pour un banquier. Au bout
d’un an et demi à parler, vivre immobilier chaque jour, et
surtout à aider nos clients à investir, cela nous démangeait
de reprendre pour notre propre compte. À ce moment-là,
nous étions déjà propriétaires de plusieurs immeubles, que
nous devions gérer.
Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est le statut de
Loueur Meublé Non Professionnel, je vous propose de vous
rendre à la fin du livre.
86 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
IMMEUBLE 1
En avril 2013, Guillaume a acheté en nom propre
son premier immeuble. Six appartements type 2 dans un
village d’à peine 300 habitants. Tous les logements étaient
loués au moment de l’achat, pour un prix de 150 000 euros.
Avec le recul, je ne pense pas que Guillaume le referait
(bien qu’il n’ait aucun regret). Pourtant les appartements
se louent plutôt bien, mais c’était un projet assez risqué.
Et la rentabilité n’était pas forcément en adéquation avec
le risque pris. Les appartements étaient loués pour un total
de 1 500 euros par mois. Donc c’était un projet viable au
niveau des chiffres.
Pour la gestion de cet immeuble, qui se trouve à 7 h de
route de chez nous, c’est Guillaume qui gère. Nous avons
le nom d’un artisan qui touche un petit peu à tous les
travaux, surtout pour des petits problèmes que pourraient
rencontrer les locataires. Alors dès qu’il y a un souci,
Guillaume le contacte et celui-ci passe chez le locataire,
règle le problème et nous envoie sa facture. Rien de bien
compliqué.
4 appartements sont loués en location nue, 2 sont en
location meublée. Eh oui, le meublé fonctionne aussi
dans des petits villages. Alors ce n’est pas des étudiants
qui en profitent, mais la plupart du temps des personnes
qui viennent de divorcer, ou encore des personnes qui
viennent de sortir de prison (véridique…). Le fait d’installer
une cuisine équipée, et de meubler ces appartements a
permis de les louer plus cher, 90 euros de plus par mois,
par appartement. Et puis cela permettait aussi de déclarer
deux logements en LMNP7, et donc de diminuer l’impact
fiscal, cet immeuble ayant été acheté en nom propre.
RÉSIDENCE PRINCIPALE 1
La première résidence principale a été achetée en
décembre 2013, comme je l’ai expliqué plus tôt. Après
trois années, cet appartement de 38 m2 a été revendu.
Bon, ça n’a pas été l’affaire du siècle, c’est certain, puisque
Guillaume a perdu de l’argent sur cette opération. Comme
quoi, pour faire un bon investissement immobilier, il faut
mettre de côté son ego et ses émotions. L’appartement
avait été acheté 170 000 euros frais de notaire inclus, et
a été revendu 153 500 euros net vendeur. Donc les frais
de notaire sont passés à la trappe. Réfléchissez bien avant
d’investir dans votre résidence principale, surtout si elle se
situe en région parisienne.
Les prix étaient accessibles à l’époque, et vous avez peut-
être fait une plus-value depuis, mais acheter aujourd’hui
est devenu compliqué à cause du prix au m2, et faire
une plus-value intéressante est beaucoup plus compliqué
qu’auparavant.
IMMEUBLE 2
Le deuxième bien locatif acheté était un immeuble de
5 lots : 3 studios, 1 T3 et un commerce, dans une ville de
4 500 habitants. Contrairement au premier immeuble, tous
les logements étaient vides et nécessitaient des travaux de
rafraîchissement. Seul le commerce était loué, il s’agissait
du secrétariat d’une société qui travaillait dans le bois. Le
local commercial nécessiterait des travaux lors du départ
du locataire. À notre demande, l’agence immobilière qui
s’occupait de la vente de cet immeuble a fait passer un
artisan local pour chiffrer les travaux. L’immeuble a été
acheté 67 000 euros, pour un montant de travaux identique.
Les travaux se sont très bien déroulés, l’artisan, auto-
entrepreneur, avait respecté le budget, ce qui est assez rare
dans le bâtiment.
88 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
RÉSIDENCE PRINCIPALE 2
IMMEUBLE 6
Il s’agit du projet situé dans la Meuse, dont je vous ai
expliqué toutes les galères un peu plus tôt dans ce livre.
Notre huitième projet immobilier a été notre Résidence
principale située dans la Marne. Il y a beaucoup de
questions concernant la résidence principale.
« Faut-il acheter sa résidence principale avant un investissement
locatif ? »
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette
question. Cela dépend du prix de votre RP8. Si vous habitez
en région parisienne, au vu des prix, acheter sa RP ne sera
pas une bonne opération, puisque votre taux d’endettement
sera trop élevé et convaincre un banquier de vous prêter
pour un investissement locatif par la suite sera compliqué.
Au contraire, si vous habitez à la campagne, dans un
lieu où l’immobilier n’est pas très cher, être propriétaire
de votre RP pourrait vous aider. Notre déménagement
à la campagne a également été motivé par cela. Nous
serions propriétaires de notre résidence principale, ce qui
représente un avantage dans notre dossier bancaire, tout en
ayant des mensualités vraiment faibles, donc sans dégrader
notre profil. Pour vous donner une idée, nous remboursons
au total entre 450 et 500 euros par mois, pour un montant
total emprunté de 90 000 euros.
Les projets dont je viens de parler sont nos projets les
plus anciens. Ce sont les premiers investissements que l’on a
réalisés, et surtout nos premiers achats avant que l’on quitte
notre emploi salarié. Et cette période d’achat d’immeubles
tous les six mois s’est arrêtée quand nous avons changé de
8 Résidence principale
96 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
vie. À force d’aider tous les jours nos clients à acheter des
immeubles, et n’ayant pas acheté depuis un an et demi, ça
commençait à nous manquer un peu.
Alors, notre premier bilan dans les mains, nous avons
pris rendez-vous avec un banquier. Et là, c’est la révélation !
Tout simplement parce que le banquier trouve que notre
dossier n’est pas nul du tout, et qu’emprunter pour un
nouvel immeuble est tout à fait envisageable. C’est à ce
moment-là qu’on a décidé d’accélérer, et de nous rattraper
sur l’année à venir.
Nous avons alors, en début d’année 2018, organisé des
journées de visites, voire des semaines de visites, pendant
lesquelles nous visitions 4 à 5 immeubles par jour, pendant
plusieurs jours consécutifs, tout en faisant un circuit sur les
routes de France. Nous avions analysé tous les projets avant
de les visiter, et tous étaient intéressants, c’est-à-dire qu’ils
présentaient tous une rentabilité nette de taxe foncière et
de frais de notaire comprise entre 9 % et 11 %.
Le calcul utilisé pour déterminer la rentabilité est le
suivant :
Chacun a son propre calcul de rentabilité, certains
calculent une rentabilité « nette nette », en incluant
les charges, certains prennent en compte une vacance
locative d’un mois de loyer par an… Le plus important
est de toujours utiliser le même calcul, pour avoir des
données comparables. Les visites consistaient à vérifier les
hypothèses et les informations prises lors de l’analyse du
bien, mais si cela correspondait, alors il n’y avait aucune
raison de ne pas faire d’offre. C’est pour cela que beaucoup
d’offres ont été faites lors de ces journées de visite.
Sachez que quand vous faites une offre d’achat, surtout
avec une négociation, il y a énormément de risques pour
que le projet tombe à l’eau : le vendeur choisit un autre
97
Astuce n° 1
LOUER UNE PARTIE DE SA RP
L’avantage de notre grande maison à la campagne,
c’est la présence d’une pièce de 30 min 2 s, avec une entrée
indépendante, qui joue parfaitement le rôle de bureau
de notre société. Société que nous avons domiciliée chez
nous, et à laquelle nous louons cette pièce, pour un loyer
égal à nos mensualités. Cela nous permet de ne pas sortir
d’argent directement, mais d’utiliser les revenus de notre
société pour rembourser notre prêt immobilier. Et nous
100 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
Astuce n° 2
LES INDEMNITÉS KILOMÉTRIQUES
En plus de cela, nous utilisons le système des frais
kilométriques. Le principe des frais kilométriques est
assez simple. Vous achetez une voiture à votre nom, pour
vos déplacements professionnels, vous payez l’essence,
l’assurance et l’entretien, et pour chaque kilomètre
parcouru, vous pourrez sortir du compte de votre société
quelques centimes, en fonction de la puissance de votre
voiture, sans être imposé.
Par exemple, Guillaume et moi avons acheté une
voiture présentant une puissance de 6 CV. Nous l’utilisons
pour nos déplacements professionnels et notons tous les
kilomètres parcourus. Cela demande d’être un minimum
rigoureux, mais rien de sorcier. Et vous multipliez le
nombre de kilomètres parcourus par 0,381 euro (montant
qui diffère en fonction du nombre de chevaux fiscaux et en
fonction des années), ce qui vous donne le montant de vos
indemnités kilométriques. Vous pouvez sortir cette somme
de votre société et vous la reversez directement, sans être
imposé dessus. Cela vous permet de vous rembourser des
sommes engagées comme l’assurance, l’essence, l’entretien
et l’achat du véhicule. Mais le fait de ne pas avoir payé cette
101
Astuce n° 3
LA ZRR
Aujourd’hui, notre société possède son siège social dans
une ZRR9. Nous ne l’avons pas fait exprès, et ne l’avons
appris qu’un an après avoir créé notre société. Les ZRR
sont des zones rurales en perte de dynamisme. C’est pour
cela qu’il y a des avantages fiscaux et des avantages à
l’embauche, pour favoriser l’emploi dans la zone.
Les avantages fiscaux sont énormes, car ils représentent
une exonération totale d’impôts sur les bénéfices durant
5 ans, puis sur les trois années suivantes, une exonération
qui passe de 75 % à 50 % puis à 25 %. Malgré tout, il faut
Astuce n° 4
LA HOLDING
Une holding est une société mère, qui chapeaute
plusieurs sociétés filles. Le principal intérêt est de pouvoir
faire circuler de l’argent entre les sociétés, sans subir trop
d’imposition. En effet, lorsque vous avez une société, elle
paie des impôts en fonction de ses bénéfices. Et lorsque
vous souhaitez vous reverser de l’argent en fin d’année, car
vous avez fait des bénéfices, si vous vous faites un virement
du compte de votre société à votre compte personnel (que
l’on peut appeler versement de dividendes), vous serez
alors imposé.
103
Astuce n° 5
SYSTÈME D’OBJECTIF-RÉCOMPENSE
Au bout de deux années de travail sans grand résultat,
il nous a fallu réagir. Et nous avons remarqué que les
rentrées d’argent étaient beaucoup trop instables. L’année
précédente, nous n’avions rien facturé pendant 3 mois ! Ce
qui est absolument énorme. Pour gagner plus, nous avons
alors décidé de nous fixer des objectifs : tous les mois, un
objectif de chiffre d’affaires mensuel est à atteindre. Et
cet objectif augmente périodiquement, puisque le but est
d’être en croissance.
Et cela a tout changé pour nous ! Quand tu es le 28 du
mois, et qu’il te manque plusieurs milliers d’euros, tu vas
tout faire pour essayer de trouver une méthode pour gagner
de l’argent : en général, cela entraîne une promotion sur
l’une de nos formations. Nous faisons vraiment en sorte de
réussir cet objectif.
105
Astuce n° 6
PARTIR EN VOYAGE
AUX FRAIS DE LA SOCIÉTÉ
Il y a de nombreux frais que l’on peut faire passer en
dépenses professionnelles sur une société. Et ces voyages
que nous nous « offrons » sont également financés par notre
société. Et cela se justifie facilement. D’une part, nous
n’arrêtons pas de travailler en voyage, nous diminuons
simplement le temps de travail. Mais cela ne nous empêche
pas d’être présents sur les réseaux sociaux, de répondre
aux mails, de faire des vidéos YouTube… Et puis, cela sert
véritablement à notre business.
Nous partageons beaucoup de choses sur les réseaux
sociaux, et il faut montrer aux personnes qui nous suivent
que le travail paie, que l’investissement immobilier permet
de vivre la vie qu’on aimerait vivre ! Attention, notre but
n’est pas de faire rêver les gens, loin de là, en leur faisant
106 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
La grande difficulté de
l’entrepreneuriat
Il n’est pas évident de travailler à son domicile. La
société rembourse le crédit, certes, mais cela signifie que
nos bureaux sont situés directement chez nous. Et cela
n’aide pas beaucoup à faire des coupures entre vie privée
et vie professionnelle.
Lorsque l’on travaille dans des bureaux à l’extérieur
de chez soi, il est plus facile de faire la distinction entre
les deux. Une fois qu’on est au bureau, on est là pour
bosser. Mais quand on rentre chez soi, c’est fini, le travail
est derrière nous. Quand les deux espaces sont séparés
par une simple porte, et que vous détenez votre propre
société, vous pourriez travailler jour et nuit, dans le même
lieu. Puisque vous vous créez votre travail, il y a toujours
quelque chose à faire, quelque chose à améliorer. Si vous
ne travaillez pas, vous ne gagnez pas d’argent. Et là arrive
le sentiment de culpabilité, ce sentiment de ne pas faire
assez, ou en tout cas d’être en train de perdre du temps à
faire des choses peu intéressantes, alors que vous pourriez
être en train d’améliorer votre site, vos offres, d’avancer
sur l’administratif, de répondre à des mails… bref ! Pas
évident de couper !
Et je crois que Guillaume y arrive encore moins bien
que moi. Pour me vider l’esprit, et m’obliger à couper avec
le travail, j’utilise le sport. J’ai toujours été assez sportive, et
108 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
une petite retraite. Alors oui, elle n’a pas rempli tous ses
trimestres, oui elle s’est arrêtée quelques années pour
pouvoir élever ses quatre enfants, mais son travail est si mal
reconnu par la société ! Et je pense que c’est ce manque de
reconnaissance qui l’a touchée. Heureusement mon père
est là, avec une bien meilleure retraite, mais j’imagine si
ma mère se retrouvait seule… ce serait compliqué. Alors je
ne veux pas être victime de cela, être obligée de travailler
X trimestres, et si je choisis d’arrêter 3 trimestres de perdre
une somme conséquente.
D’ailleurs, seulement quelques jours après avoir pris sa
retraite, mon père a été victime d’un AVC. Il se rendait
à son pot de départ, pour revoir tous ses collègues une
dernière fois, quand il a fait un malaise. Seules ses fonctions
motrices ont été touchées, il avait donc toute sa tête, mais
n’arrivait plus à se tenir debout, ni même à se tenir assis.
C’est dans ces moments-là que tu te dis que tout peut
basculer, en un claquement de doigts.
Pendant les deux dernières années de sa carrière, mon
père parlait de sa retraite à venir. Il attendait tellement ce
moment, ce moment où il arrêterait d’être stressé, où il
arrêterait de passer plusieurs semaines en déplacement
professionnel à l’autre bout du monde, où il quitterait enfin
la région parisienne… Et voilà que tout a failli basculer.
Il aurait pu attendre ce moment pendant 40 ans, pour
finalement vivre la retraite paisible à laquelle il aspirait,
seulement quelques jours. Il a finalement repris du poil de
la bête, mais s’est retrouvé à réapprendre à marcher à l’âge
de 62 ans…
Cette période a également été très dure pour ma
mère. Elle qui rêvait aussi de sa retraite paisible, mais qui
finalement, aurait pu se retrouver seule, avec sa maigre
retraite. Ça a été dur à réaliser, mais finalement, ça m’a
confortée dans mon mode de pensée. Travailler 40 ou 45
113
Et vous,
comment vous voyez-vous
dans 10 ans ?
Annexes
119
LE DÉFICIT FONCIER
Année 1 :
• Revenus fonciers : 24 000 euros
• Charges : 3800 euros
• Travaux : 40 000 euros
=> 24 000 - 3 800 - 40 000 = - 19 800
Vous serez donc en déficit de 19 800 euros.
Votre revenu imposable sera donc égal à 0, et vous
ne paierez pas d’impôts sur vos revenus fonciers. Mais
la première année, vous pouvez imputer une partie de
120 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat
Année 2 :
• Revenus fonciers : 24 000 euros
• Charges : 3 800 euros
• Travaux : 0
• Déficit : 9 100 euros
=> 24 000 - 3 800 - 9 100 = 11 100
Vous n’êtes plus en situation de déficit foncier.
Votre revenu foncier imposable sera donc de
11 100 euros, vous paierez donc des impôts sur cette
somme. Vous ne pouvez pas imputer quoi que ce soit la
deuxième année sur vos revenus globaux. Vous paierez
donc des impôts sur 30 000 euros, auxquels seront ajoutés
les 11 100 euros de revenus fonciers. Votre déficit sera
donc totalement absorbé. Le déficit foncier est donc le fait
d’avoir des charges plus élevées sur les loyers, et donc de ne
pas payer d’impôts.
121
TAXE PARKING
L’AMIANTE
ans.
Il s’agit d’une niche fiscale qui permet d’amortir le prix
du bien, et tous les types de travaux, tout en ne dépréciant
pas la valeur comptable du bien, avantage considérable
lors de la revente et du calcul de la taxe sur la plus-value.
Exemple :
J’achète un bien pour un montant de 100 000 euros :
20 000 euros correspondent à l’achat du terrain,
80 000 euros à l’achat du bâti. Je vais donc pouvoir amortir
80 000 euros sur une durée de 25 ans en moyenne (les
durées d’amortissement ne sont pas fixées, mais pour un
bâti, il faut une durée d’amortissement de minimum 20
ans).
Je fais 10 000 euros de travaux de peinture, amortis
sur 5 ans. J’ai un montant total de charges amortissables
de 2 500 euros par an, pendant 5 ans. Mes revenus tirés
de cette location meublée sont de 12 000 euros par an. Je
déclare ces revenus au réel, ce qui donne :
Montant imposable :
12 000 - 2 500 - (80 000/25) - (10 000/5) = 4 300 €
Vous ajouterez ce revenu imposable à l’ensemble de vos
revenus globaux, et ils seront imposés à hauteur de votre
Tranche Marginale d’Imposition, à laquelle s’ajoutent les
prélèvements sociaux d’un montant forfaitaire de 17,2 %.
Plus-value
Je revends ce bien 120 000 euros au bout de 10 ans. Le
prix d’acquisition du bien pris en compte dans le calcul
de la taxe sur la plus-value sera donc 80 000 euros, prix
d’acquisition réelle, malgré l’amortissement réalisé. Ce qui
réduit considérablement le montant de cette taxe.
EAN 9782956959106
Imprimé par CPI France
130 Mon plongeon dans l’entrepreneuriat