Cours DROIT BUDGÉTAIRE S3 v1

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DROIT BUDGÉTAIRE S3

Introduction générale
I- LA PLURIDISCIPLINARITÉ DES FINANCES PUBLIQUES
Les finances publiques apparaissent comme une science pluridisciplinaire originale dont la définition
et les sources sont variées.

La science des finances publiques est la quatrième branche du droit public à côté du droit
constitutionnel, du droit administratif et du droit international public. Mais en réalité elle constitue
une science « carrefour » en raison de la diversité des phénomènes qu’elle appréhende.

A– les phénomènes constitutionnels


Par le contrôle du budget est affirmé le contrôle politique du Parlement.

Aujourd’hui encore, la discussion du budget au Parlement est prétexte à l’examen de l’ensemble de


la politique gouvernementale,

« Le débat budgétaire et l’instant privilégié où le parlement peut exercer la plénitude de son contrôle sur
l’action du gouvernement et sur les administrations de l’État. Les membres du gouvernement doivent
défendre leur budget et répondre aux questions qui leur sont posées, si ce débat n’existait pas, il serait bien
difficile de contraindre le gouvernement à s’expliquer sur sa politique. »

B– Les phénomènes politiques


Où mieux que le budget pour déceler les choix du gouvernement ?

Ici les choix des politiques ne peuvent être dissimulés. Quel type de dépenses jugées prioritaires ?
Éducation nationale, action sociale, Défense nationale ?

Quelle est la part des dépenses assumées par les personnes publiques et celles laissées au secteur privé
?

C– Les phénomènes économiques


Nul ne songe plus à négliger les aspects économiques des finances publiques. L’impact de
l’équilibre ou le déséquilibre budgétaire sur les conjonctures, les conséquences de prélèvement fiscal
sur l’économie etc. constituent autant de données qui infléchissent l’élaboration du budget.

D– Les phénomènes sociaux :


Le rôle des finances publiques a été souvent déterminant dans le déclenchement des révolutions.

II- ÉVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES

La politique financière est fonction de la politique économique et sociale de l'État, laquelle dépend
largement du système de gouvernement et donc du régime politique.

La conception classique des finances publiques a évolué avec le rôle et les fonctions de l'État :

–l'État gendarme auquel correspond les finances « neutre » basées sur des règles d'économie et
d'équilibre budgétaire strict et les seules dépenses de fonctionnement.

–L'État-providence auquel correspond des finances modernes, l'État interventionniste est marqué sur
l'idée de la redistribution par la dépense publique, l'équilibre financier (et non plus budgétaire), la
fiscalité générale etc.

–L'État entrepreneur : les finances publiques devenaient le principal instrument de la politique


économique et sociale.

Cependant, depuis le début des années 1980 de plus en plus de décideurs politiques optent pour un
retour « aux vertus du libéralisme ». Ainsi la tendance générale va vers le désengagement de l'État et
son retour à un rôle d'animateur et non plus d'acteur principal de l'activité économique. Les politiques
d'ajustement structurel préconisées par les institutions financières internationales sont basées
essentiellement sur la privatisation, la libéralisation de l'économie, les restrictions budgétaires, la
rationalisation des dépenses et la productivité du système fiscal.

1- DÉFINITION DES CONCEPTS


Le mot finance est apparu dans la langue française au singulier. Au 13e et XIVe siècle « fination » ET «
finantias » signifiaient paiement d’une somme d’argent.

Au singulier finance était synonyme de paiement, aujourd’hui le mot finance le plus souvent utilisé
au pluriel. Il désigne l’ensemble des opérations de recettes et de dépenses qu’effectuent les personnes
juridiques.

Pour un auteur, l’expression finances publiques désigne à la fois les dépenses et les recettes relatives
aux diverses activités publiques et la science qui s’y rapporte.

Pour un autre, la discipline des finances publiques est définie comme étant l’étude des aspects
juridiques politiques, économiques des recettes et des dépenses des budgets des collectivités publiques.
De ce fait, le droit des finances publiques a pour objet l’ensemble des activités financières des
personnes publiques.

De ce qui précède, on peut déduire que la science des finances publiques peut être définie comme
étant une science qui s’attache à l’étude des règles qui régissent la détermination des charges
publiques et des ressources et des moyens pour les satisfaire.

Toutefois cette approche classique a nettement évolué au niveau de la théorie des finances publiques.
Ainsi une conception large étend le domaine de la science des finances publiques à l’ensemble des
activités financières des collectivités publiques.

Le budget de l’État est composé de trois parties principales :

Budget général Le budget général est la principale composante du budget de l’État. Concrètement, le
budget général est le budget qui vient à l’esprit lorsque l’on pense au budget de l’État. Cependant, il
est nécessaire de réaliser qu’il ne s’agit que d’une partie du budget de l’État. Le budget de l’État est en
effet composé d’autres parties.

SEGMA servent à « retracer les seules opérations des services de l’État non dotés de la personnalité
morale résultant de leur activité de production de biens ou de prestation de services ». Deux
caractéristiques importantes sont définies par cet article :

– ils s’adressent à des services non dotés de la personnalité morale (ce ne sont pas des entités
liées à l’État) ; et

– ils s’adressent à des services poursuivant un but économique

Le Comptes spéciaux du trésor qui permettent d’attribuer directement une recette à une certaine
dépense.

Le budget est un document qui retrace l’ensemble des prévisions de recettes et de dépenses de l’Etat.
C’est un acte qui fait partie de la loi de finances de l’année.

2-Evolution des finances publiques au Maroc


Le système financier marocain avant le protectorat se fondait sur les règles de sources religieuses pour
la plupart :

- Le «bayt el-mal el-mouslimine » est la consécration de la séparation des finances privées du


sultan et les finances de la communauté.
- C’est sous le règne de Moulay Slimane (1792-1822) que fut constitué le corps des Oumanas
placé sous les ordres de l'Amin El Oumana qui remplissait le rôle d'un véritable ministre des
Finances. À cet effet, il recevait des rapports de l'Amin des rentrées, de l'Amin des sorties, et
de l'Amin des comptes.
- Le Maroc a connu son premier budget en 1913;
- La création en juillet 1912 de la direction générale des finances ;
- Dahir du 9 juin 1917 portant règlement de la comptabilité de l’Empire chérifien.
- Après l’indépendance
 La création de la banque du Maroc par le dahir du 30 juin 1959;
 L’institution du dirham comme unité monétaire nationale par un dahir du 17 octobre
1959 ;
 Les institutions financières publiques vont être consacrées constitutionnellement à partir
de 1962 ;
 Le règlement général de la comptabilité publique (en 1958 et en 1967);
 Le contrôle des engagements de dépenses de l’État (1959 et 1975);
 L’inspection générale des finances et le contrôle financier des établissements publics
(1960);
 La fiscalité (8 dahirs en 1961); une première loi organique des finances (en 1963).

LE PROGRAMME D’AJUSTEMENT STRUCTUREL:


Sur le plan strictement budgétaire :

- Une austérité budgétaire ;


- Une réforme de la nomenclature budgétaire ;
- L’amélioration du contrôle de l’exécution du budget.

Les composantes économiques et financières :

- La libération du commerce extérieur ;


- La privatisation d’un grand nombre d’entreprises publiques et semi-publiques ;
- La dévaluation de la monnaie nationale

Réforme du système fiscal:

- Une réforme fiscale intégrale par la création des impôts.

3- Les sources du droit budgétaire marocain


A- Les règles constitutionnelles du droit budgétaire : (6)
Article 39 : « Tous supportent, en proportion de leurs facultés contributives, les charges publiques que
seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente Constitution, créer et répartir ».

Article 55 : « le roi (…) signe et ratifie les traités. Toutefois, les traités de commerce ou ceux engageant
les finances de l’Etat (..) ne peuvent être ratifiés qu’après avoir été préalablement approuvés par la
loi.»

Article 75 : « Le Parlement vote la loi de finances, déposée par priorité devant la Chambre des
Représentants, dans les conditions prévues par une loi organique. Celle-ci détermine la nature des
informations, documents et données nécessaires pour enrichir les débats parlementaires sur le projet
de loi de finances… ».

Article 77 : « Le Parlement et le gouvernement veillent à la préservation de l’équilibre des finances de


l’Etat. Le gouvernement peut opposer, de manière motivée, l’irrecevabilité à toute proposition ou
amendement formulés par les membres du Parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence,
par rapport à la loi de finances, soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou
l’aggravation des charges publiques ».

Article 147 : « La Cour des Comptes est chargée d’assurer le contrôle supérieur de l’exécution des lois
de finances. Elle s’assure de la régularité des opérations de recettes et de dépenses des organismes
soumis à son contrôle en vertu de la loi et en apprécie la gestion. Elle sanctionne, le cas échéant, les
manquements aux règles qui régissent lesdites opérations ».

Article 150 : « Les Cours régionales des comptes sont chargées d’assurer le contrôle des comptes et de
la gestion des régions et des autres collectivités territoriales et de leurs groupements. Elles
sanctionnent, le cas échéant, les manquements aux règles qui régissent lesdites Opérations ».

B- Les sources à caractère législatif : (6)


Loi organique relative à la loi de finances « la loi des lois de finances » : Loi organique N°130-13 : Elle
détermine les règles de fond et de forme qui régissent l’élaboration, la présentation, le vote et
l’exécution des différentes lois de finances.

Constitution 1962 Adoption de la 1e LOF de 1963


Constitution 1970 Adoption de la 1e LOF de 1970
Constitution 1972 Adoption de la 1e LOF de 1972
Constitution 1996 Adoption de la 1e LOF de 1998
Constitution 2011 La LOF n°130-13 promulguée le 15 juin 2015

Les lois de finances : (annuelle ou rectificatives) contiennent généralement les dispositions législatives
destinées à l’application des mesures à caractère financier qu’elles prévoient.

Les lois à caractère fiscal :le code général des impôts, le code de recouvrement des créances
publiques ;

La loi no 69-00 relative au contrôle financier de l’Etat sur les entreprises publiques et autres
organismes ;

Loi n° 62-99 formant code des juridictions financières ;

La loi n° 61-99 relative à la responsabilité des ordonnateurs, des contrôleurs et des comptables publics.

III- DROIT BUDGÉTAIRE ET FINANCES PUBLIQUES


Les finances publiques peuvent recevoir deux définitions :

–l'étude des règles et des opérations relatives aux deniers publics ;

–l'ensemble des règles gouvernant les finances de l'État, des collectivités territoriales et des
établissements publics.

Les finances publiques regroupent à la fois le droit budgétaire, le droit fiscal, la comptabilité
publique et la science administrative que, depuis quelques années, on commence à nommer le
management public.

Le droit budgétaire est l'ensemble des règles juridiques déterminant la structure, le contenu et
l'élaboration des budgets des personnes publiques.

La distinction Loi de finance/budget

Définir la loi de finance suppose au préalable de la distinguer de la notion voisine « budget ».

Les lois de finances déterminent le montant et l’affectation des ressources et des charges de l’Etat … »

Le « budget est l’ensemble des comptes qui décrivent pour une année civile toutes les ressources et
toutes les charges permanente de l’Etat ».

Le budget est un simple document comptable alors que la loi de finance est un document général, En
fait la loi de finance autorise ce que le budget se contente de décrire.

Évaluation des connaissances


- Quelles sont les sources du droit budgétaire marocain?
- Qu’est-ce qu’on entend par « finances publiques »?

Chapitre 1 : Les règles de la gestion budgétaire


1.Types de loi de finances
La LOF (loi organique relative à la loi de finances) définit les procédures d'élaboration et d'adoption
des lois de finances (le budget de l'État), classe les lois de finances en trois catégories de loi de finances
à savoir :

1.La loi de finances de l'année

2.La loi de finances rectificative

3.La loi de règlement de la loi de finances

1.La loi de finances de l’année (LFA)

«La loi de finances détermine, pour chaque année budgétaire, la nature, le montant et l'affectation de
l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat, ainsi que l'équilibre budgétaire et financier qui en
résulte…».

 Ainsi, la LFA prévoit et autorise , pour chaque année budgétaire, l'ensemble des ressources
et des charges de l'Etat. Elle constitue l'acte juridique par lequel le parlement autorise la
perception des recettes et l'exécution des dépenses.

La LFA comprend deux parties :

1. La 1e partie à caractère juridique, elle fixe les conditions juridiques de l’équilibre financier. Elle
autorise la perception des ressources publiques, l’émission d’emprunts, et fixe les plafonds
des grandes catégories de dépenses (fonctionnement et investissement).
2. 2e partie est analytique : elle prévoit les moyens mis à la disposition des différents ministères
(BG, SEGMA, CST).

Article 5 :
« La loi de finances de l'année est élaborée par référence à une programmation budgétaire triennale
actualisée chaque année en vue de l'adapter à l'évolution de la conjoncture financière, économique et
sociale du pays .

Cette programmation vise notamment à définir, en fonction d'hypothèses économiques et financières


réalistes et justifiées, l'évolution sur trois ans de l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat ».

Selon l’article 75 de la constitution, le parlement vote le projet de loi de finances déposé par priorité
au bureau de la chambre des représentants. Conformément à cette disposition la loi organique relative
à la loi des finances (LOF) précise la procédure d’examen et de vote du projet de loi de finances.

Ainsi, le projet de loi des finances est déposé le 20 octobre de chaque année et il est examiné et voté
dans un délai de 58 jours répartis comme suit :

- 30 jours : examen et vote par la chambre des représentants ;

- 22 jours : examen et vote par la chambre des conseillers ;

- 6 jours : deuxième lecture par la chambre des représentants.

2. La loi des finances rectificative:

La loi de finances rectificative intervient pour corriger ou compléter au cours de l’année budgétaire les
évaluations des charges et des ressources établies par la loi de finances de l’année et les adapter aux
nécessités de la conjoncture.

Article 4 :

« Seules des lois de finances rectificatives peuvent en cours d'année modifier les dispositions de la loi
de finances de l'année ».

En fonction de l’évolution de la conjoncture économique et financière, la LFR permet :

- d’augmenter ou de baisser les recettes prévues de l’état ;

- d’augmenter ou de diminuer les dépenses prévues de l’état ;

Ainsi, tout changement significatif au niveau des hypothèses qui prévalent lors de la préparation de la
loi de finances de l’année doit être matérialisée dans le cadre de loi de finance rectificative. A cet effet,
la LOF encadre le calendrier d’examen et de vote du projet de la loi des finances rectificative. Le délai
global d’examen et de vote est de 15 jours répartis comme suit :

- 8 jours : examen et vote par la chambre des représentants ;

- 4 jours : examen et vote par la chambre des conseillers ;

- 3 jours : deuxième lecture par la chambre des représentants.

Toutefois, le nombre des LFR à déposer par année n’est précisé dans aucun texte.

3. La loi de règlement de la loi de finances:

C’est un document qui retrace les réalisations à la fois des dépenses et des recettes.

Article 76 Const.

« Le gouvernement soumet annuellement au Parlement une loi de règlement de la loi de finances au


cours du deuxième exercice qui suit celui de l’exécution de ladite loi de finances.»

LOF :
Le projet de loi de règlement de la loi de finances est déposé annuellement, en priorité, sur le bureau
de la chambre des représentants, au plus tard, à la fin du premier trimestre de la deuxième année
budgétaire qui suit l’année d’exécution de la loi de finances concernées (article 65) ;

En France :

La date limite de dépôt du projet de loi de règlement en France est fixée au 1er juin de l’année
suivant celle de l’exécution du budget auquel il se rapporte (LOLF, article 46). Le projet de loi de
règlement est examiné selon les règles ordinaires, l’article 41 de la LOLF prévoyant cependant que le
projet de loi de finances de l’année ne peut être mis en discussion devant une assemblée avant le vote
en première lecture du projet de loi de règlement afférent au dernier exercice clos.

La loi de règlement :

- Constate le montant définitif des recettes consommées et des dépenses effectuées au cours
d’un même exercice ;
- Arrête le montant des ressources et des charges de trésorerie ayant concouru à l’équilibre
financier de l’année correspondante ;
- Ouvre pour chaque programme les crédits nécessaires pour régulariser les dépassements
constatés et résultats ;
- Procède à l’annulation des crédits n’ayant pas été ni consommé ni reporté ;
- C’est un moyen de contrôle a posteriori du parlement.

Le projet de loi de règlement de la loi de finances est préparé par le ministère de l’économie et des
finances, qui le transmet au chef du gouvernement. Ce dernier l’achemine directement à la Cour des
Comptes accompagnée des informations et documents susceptibles de lui permettre d’analyser les
conditions d’exécution de la loi de finances.

2.La structure du budget de l’État


Imposée par la loi organique (LOF), cette structure prévoit trois supports budgétaires différents : le
budget général (article 13–article 20 de la loi organique), les services de l’État gérés de manière
autonome (article 21–article 24) et les comptes spéciaux du Trésor (article 25–article 30).

1. Le budget général
Le budget est un document comptable qui retrace l’ensemble des prévisions de recettes et de
dépenses de l’état. C’est un acte qui fait partie de la loi des finances de l’année.

Article 13 :

« Le budget général comporte deux parties: la première partie concerne les ressources et la seconde est
relative aux charges. Les ressources du budget général comprennent les ressources visées à l'article 11
ci- dessus. Les charges du budget général comprennent les dépenses de fonctionnement , les dépenses
d'investissement et les dépenses relatives au service de la dette publique. »

Les ressources du budget général comprennent :

- impôts directs et taxes assimilées : impôts directs et taxes assimilées, impôts indirects, droit de
douane, droit d’enregistrement et de timbres ;

- produit des cessions de participations de l’état ;

- produit de monopole d’exploitation et des participations financières de l’état ;

- revenus du domaine de l’état.

1. Le budget général- A- Dépenses de fonctionnement

Les dépenses de fonctionnement sont celles qui reviennent régulièrement chaque année :
rémunération du personnel, fournitures et consommation courante…
i) les dépenses de personnel

ii) les dépenses de matériel et dépenses diverses : nécessaires au fonctionnement du service


public (carburant, le transport et déplacement, l’entretien et réparation, les locations, les
fournitures de bureau, les subventions de fonctionnement aux établissements publics et aux
SEGMA et aux collectivités territoriales)

iii) les dépenses relatives aux charges communes : les crédits chapitre de fonctionnement des
charges communes sont constitués essentiellement, des dépenses revêtant un caractère social
et afférent, notamment à la couverture des dépenses de la compensation

iv) les dépenses relatives au remboursement, dégrèvements et restitutions fiscaux, etc.

v) D’autres dépenses de fonctionnement sont prévues par l’article 14 de la loi organique


notamment les dépenses relatives à l’exécution des arrêts et décisions judiciaires prononcées à
l’encontre de l’État et les dépenses de la dette viagère.

1. Le budget général- B- Dépenses d’investissement :

Les dépenses d’investissement résultent en gros de l’exécution des plans de développement


stratégique dans les domaines économiques et sociaux et comportent aussi des programmes
pluriannuels en vue de la préservation, la reconstitution ou l’accroissement du patrimoine national.
Elles portent en général sur des projets d’envergure qui bénéficient de soutiens extérieurs.

Précision : Dans le budget d’investissement, il faut distinguer entre deux composantes :

i) les crédits de paiement : sont ceux qui sont prévus et autorisés par la loi de finances. Donc
leur paiement se fait strictement dans le cadre de l’année budgétaire.

ii) les crédits d’engagement : sont pluriannuels. C’est un aménagement principe de


l’annualité budgétaire.

1. Le budget général C- Dépenses relatives à la dette publique

Ces dépenses comprennent 2 chapitres :

i) chapitre pour les intérêts et commissions de la dette publique dans lequel sont inscrits le
remboursement au titre des intérêts de la dette amortissable (titres à long terme) et de la dette flottante
(emprunt à court terme). Ce sont tous des crédits ouverts au nom du ministère des finances en
monnaie nationale ou en monnaie étrangère ;

(*) On distingue la dette flottante de la dette consolidée. La dette flottante correspond aux emprunts à court
terme (bons du Trésor) émis par l'État, dont le montant fluctue au gré des émissions et des remboursements. La
dette consolidée correspond aux titres à long terme (assortis d'un taux d'intérêt plus élevé) contre lesquels le
Trésor propose aux créanciers d'échanger leurs titres à court terme.

ii) un chapitre pour les dépenses relatives aux amortissements de la dette publique à moyens et
longs termes : dans lequel sont inscrits les crédits nécessaires au remboursement en capital de la dette
publique d’une maturité supérieure à cinq ans.

2- Les Services de l'Etat Gérés de Manière Autonome (SEGMA) :


- Ces services sont créés par la loi de finances qui prévoit les recettes et fixe le montant maximum des
dépenses qui peuvent être imputées sur les budgets desdits services. Ce sont des services de l’État,
non dotés de la personnalité morale, ayant pour objet d’assurer certaines de leurs dépenses par des
ressources propres.

- La restructuration des services publics en SEGMA a pour objectif d’améliorer la qualité des services
publics rendus par l’État en instituant un système de tarification permettant le recouvrement d’une
partie du coût de revient de ses prestations.
Exemples de SEGMA :

 Chef du gouvernement : Royal golf DAR ESALAM


 Ministère de l’intérieur : 12 centres régionaux d’investissement
 Secrétariat d’État chargé de l’enseignement supérieur : 19 cités universitaires
 Ministère de la santé : 47 centres hospitaliers provinciaux préfectoraux régionaux– centres
nationaux de transfusion sanguine (Rabat–Casablanca)

Article 21. al 4

« Les ressources propres doivent représenter, à compter de la 3 cmc année budgétaire suivant la création
desdits services, au moins trente pour cent (30%) de l'ensemble de leurs ressources autorisées au titre
de la loi de finances de ladite année … Les services de l'Etat gérés de manière autonome qui ne
répondent pas à cette condition sont supprimés par la loi de finances suivante. »

A retenir :

- les SEGMA ne disposent pas de la personnalité morale mais jouissent d’une autonomie de gestion
leur permettant de couvrir leurs charges au moyen de leurs propres recettes. Il s’agit parfois de
services en voie de transformation en établissement public, malgré le fait que la loi organique des
finances ne le dit pas expressément ;

- Pour les services d’État gérés de manière autonome, les ministères restent les ordonnateurs
principaux des recettes et des dépenses ;

- Les responsables de SEGMA sont désignés sous ordonnateurs (par une délégation de pouvoirs
attribués par l’ordonnateur) ;

- L’excédent des recettes réalisées sur les paiements effectués doit être reporté d’année en année ;

- Une subvention d’équilibre est mise à la disposition de ses services en cas d’insuffisance des recettes
d’exploitation. Toutefois, en cas d’excédent éventuel des recettes exploitation sur les dépenses, cet
excédent peut être affecté au financement des dépenses d’investissement.

3- Les comptes spéciaux du Trésor


- Ce sont des comptes inscrits au trésor qui constituent des démembrements du budget de l'État. Ils
sont domiciliés à la trésorerie générale et destinés à la prise en charge et la gestion de certaines
opérations particulières ou provisoires. Ce sont des opérations de trésorerie que le législateur a voulu
individualiser et gérer hors du budget général en raison des modalités particulières de leur
financement.

- D’après la loi organique des finances, les comptes spéciaux du Trésor visent, conformément aux
dispositions de l’article 25 de la loi organique :

 «-soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d'un lien de cause à effet
réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent être commodément incluses dans le cadre du budget
général ;

-soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur continuité d'une
année budgétaire sur l’autre ;

-soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui se poursuivent pendant
plus d'une année ».

- Selon l’article 26 de la loi organique, les comptes spéciaux du Trésor sont créés par la loi de finances
à l'intérieur de l'une des catégories visées à l'article 27 ci-dessous. Cette loi prévoit les recettes de ces
comptes et fixe le montant maximum des dépenses qui peuvent être imputées sur ceux-ci. Toutefois,
des autorisations d'engagement par anticipation peuvent être accordées au profit des comptes
d'affectation spéciale, par la loi de finances de l'année, dans la limite d'un montant maximum qu'elle
prévoit. En cas d'urgence et de nécessité imprévue et impérieuse, de nouveaux comptes spéciaux du
Trésor peuvent être créés, en cours d'année budgétaire, par décrets, en application des dispositions de
l'article 70 de la Constitution. Les commissions parlementaires chargées des finances en sont
préalablement informées. Ces décrets doivent être soumis au Parlement pour ratification dans la plus
prochaine loi de finances.

- Selon l’article 27 de la loi organique, les comptes spéciaux du Trésor sont de l’ordre de cinq types :

1- Les comptes d’affectation spéciale: ces comptes sont alimentés soient par :

•des recettes fiscales, des taxes spéciales ou des redevances affectées à ces comptes par
dérogation au principe de non-affectation des ressources aux dépenses.

•D’autres recettes telles que les dons et les contributions de fonds Hassan II pour le
développement économique et social.

2- Les comptes de dépenses sur dotations: Ces comptes décrivent les opérations relatives à une
catégorie spéciale de dépenses dont le financement est assuré par des dotations budgétaires. Les
dotations de ce compte sont fixées par la loi de finances.

3- Les comptes d’adhésion aux organismes internationaux : Ces comptes décrivent les versements et
remboursements au titre de l’adhésion du Royaume du Maroc aux organismes internationaux
( banque mondiale, fonds monétaire international, etc.). Au débit de ce compte on trouve le montant
des souscriptions et au crédit les dotations budgétaires dessinées à l’apurement des souscriptions.

4- Les comptes de financement

Ces comptes décrivent les versements sous forme de prêts de durée supérieure à deux ans, ou
d’avances remboursables de durée inférieure ou égale à deux ans. Les principaux bénéficiaires de ces
prêts et avances sont : l’ONEE, les régies de distribution d’eau et d’électricité. Ces comptes décrivent
les versements faits par l’État sur les ressources du Trésor qui sont accordés pour des raisons d’intérêt
public à des organismes relevant de l’État.

5- Les comptes d’opérations monétaires

Ces comptes décrivent les mouvements de fonds d’origine monétaire qui sont de différentes natures :
on distingue notamment le compte retraçant les pertes et de gain de change subit par des paiements à
l’étranger résultant des opérations d’achat de vente de devises (Bank Al Maghrib).
 Le montant total des recettes réalisées par les comptes d'affectation spéciale s'élève en 2019 à 192 M
de dirhams dont 62 M de dirhams au titre des recettes propres, 21 M de dirhams au titre des
versements du budget général et 108 M de dirhams au titre du solde dégagé à la fin de l'exercice 2018.

Évaluation des connaissances

 Qu'est-ce qu'une loi de finances de l’année ?

 Qu'est-ce qu'une loi de finances rectificative ?

 Qu'est-ce qu'une loi de règlement de la loi de finance ?

 Qu'est-ce que les dépenses de fonctionnement ?

 Qu'est-ce que les dépenses d'investissement?

 Qu’est-ce qu’on entend par services de l'Etat Gérés de Manière Autonome?

 Qu’est-ce qu’on entend les comptes spéciaux du trésor?

 Quels sont les types des comptes spéciaux du trésor?


3- Les principes généraux du budget
Dans sa conception classique, l’élaboration du budget est soumise au respect de certaines règles
techniques fondamentales du droit budgétaire. Ces règles ont pour finalité la sincérité et la clarté des
comptes de l’État et par la suite la facilité des contrôles législatifs juridictionnels.

Toutefois, les dérogations atténuent considérablement leur portée réelle ;

Règle des 4 temps alternés : Préparation (exécutif), Approbation (législatif), Exécution(exécutif),


Contrôle (législatif).

1- Le principe d’annualité budgétaire


- Ce Principe Signifie que la loi de finances, en tant qu’acte de prévision et d’autorisation de
ressources et des charges de l’État est établi pour la durée d’une année (du 1er janvier au 31
décembre) ;
- « la raison qui commande la définition de l’année budgétaire sont d’ordre économique et politique :
l’année doit s’ouvrir au moment le plus favorable pour permettre l’établissement correct du budget,
c’est-à-dire pour apprécier avec le maximum de précision les dépenses et les recettes. Si l’on envisage
par exemple la situation d’un pays agricole, il est certain que le budget doit être établi au moment où
l’on connaît l’état des récoltes, parce que les charges et les ressources de l’État en dépendent
directement ».

- La règle de l’annualité budgétaire signifie que :


 La loi de finances de l’année doit être présentée avant le début de chaque année ;
 Elle est votée pour une période d’un an ;
 Elle est exécutée sur cette même période d’une année.
- Au Maroc, si l’année budgétaire a la plupart du temps coincidé avec l’année civile, il n’en a
pas toujours été ainsi. En effet, des années budgétaires distinctes des années civiles ont été
adoptées au cours des périodes ci-après :
 Entre 1913 et 1917 : 1er mai au 30 avril ;
 Entre 1931 et 1932 : 1er avril au 31 mars ;
 Entre 996 et 2000 : 1er juillet au 30 juin.

- Les justifications de la règle de l’annualité :

- Une maîtrise de la gestion ;


- Facilite le contrôle ;
- Une autorisation parlementaire annuelle (autorisation pour prélever l’impôt).

Quel système est choisi pour exécuter le budget : système de l’exercice ou le système de gestion?

- Le système de l’exercice: l’autorisation des dépenses peut être utilisée au-delà de la date
limite de l’exercice ;
- Le système de gestion: toutes les opérations relatives à l’exécution du budget s’arrêtent
impérativement à la fin de l’année budgétaire.

Le Maroc a choisi le système de gestion.

La loi organique des finances prévoit dans son Article 32 que pour :

« Pour la comptabilité budgétaire : les recettes sont prises en compte au titre de l'année
budgétaire au cours de laquelle elles sont encaissées par un comptable public ; les dépenses
sont prises en compte au titre de l'année budgétaire au cours de laquelle les ordonnances ou
mandats sont visés par les comptables assignataires ; elles doivent être payées sur les crédits
de ladite année, quelle que soit la date de la créance »

Les dérogations à la règle de l’annualité :


 Retard dans le vote de la loi de finances : Article 75 « Si, à la fin de l’année budgétaire, la loi de
finances n’est pas votée ou n’est pas promulguée en raison de sa soumission à la Cour Constitutionnelle
en application de l’article 132 de la présente Constitution, le gouvernement ouvre, par décret, les
crédits nécessaires à la marche des services publics et à l’exercice de leur mission, en fonction
des propositions budgétaires soumises à approbation … »
 Les lois de finances rectificatives : les lois de finances rectificatives permettent de modifier
les dispositions de la loi de finances de l’année : Loi de Finances rectificative n°35-20 pour
l'année budgétaire 2020.
 Les autorisations de programme : sont des prévisions pluriannuelles de dépenses
d’investissement qu’on peut engager une seule fois sous forme de crédits d’engagement.
 Loi de finances « transitoire »: au Maroc à l’occasion de la révision constitutionnelle du 15
septembre 1995 l’année budgétaire ne possédait plus avec l’année civile, mais, courez du 1er
juillet au 30 juin pour l’approcher du cycle agricole. Ce changement a été entériné par les
articles cinq et six de la loi organique des finances du 26 novembre 1998. Toutefois le retour à
l’année civile comme exercice budgétaire a été décidé en juin de l’an 2000.
 Le report des crédits: (Article 63 LOF)

« Les crédits ouverts au budget général au titre d'une année budgétaire donnée ne peuvent être reportés
sur l'année suivante. Toutefois, les crédits de paiement ouverts au titre des dépenses d'investissement
du budget général et les reliquats d'engagement, visés et non ordonnancés, sont reportés, sauf
dispositions contraires prévues par la loi de finances, dans la limite d'un plafond de trente pour cent
(30%) des crédits de paiement ouverts au titre du budget d'investissement pour chaque département
ministériel ou institution au titre de l'année budgétaire ».

2- Le principe d'équilibre budgétaire


Définition:

- La règle de l’équilibre signifie une parfaite égalité entre les recettes et les dépenses de l’État sans
excédent ni déficit, pendant l’année budgétaire.

- Le principe d’équilibre budgétaire renvoie à la nécessité d’équilibrer les comptes de manière à éviter
la présence de déficit dans le budget de l’État.

- Toutefois, le respect de ce principe demeure un objectif théorique en raison de l’accroissement du


rôle de l’état et l’élargissement du champ de ses interventions avec l’aggravation des charges
financières publiques qui en découlent. Et ce d’autant plus que les gouvernements, pour des raisons
souvent électorales, ont toujours hésité à prendre les mesures nécessairement impopulaires pour le
renforcement des recettes, notamment les recettes fiscales, pour accompagner cet accroissement des
charges et pour réduire ces charges avec les répercussions possibles de cette réduction sur l’étendue et
la qualité des prestations publiques en faveur des populations.

- Article 77 de la constitution : «Le Parlement et le gouvernement veillent à la préservation de l’équilibre


des finances de l’Etat. ».

- ART 1er de la loi 130-13: « La loi de finances détermine, pour chaque année budgétaire, la nature, le
montant et l'affectation de l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat, ainsi que l'équilibre
budgétaire et financier qui en résulte. Elle tient compte de la conjoncture économique et sociale qui
prévaut au moment de sa préparation…»

- Conceptions traditionnelle : l'État a une intervention très limitée dans la vie économique. Dans ce
sens, le budget de l'État doit être neutre vis-à-vis de l'économie. En effet, pour les théoriciens
classiques le déficit entraîne le recours à l’emprunt et, par voie de conséquence, endettement ; ce qui
engendre l’émission monétaire et déclenche ainsi un processus inflationniste.

- Conception keynésienne: L'État a le droit voire le devoir d'intervenir dans la vie économique. Ainsi
il est obligé de réguler et relancer l'économie en temps de crise. Dans cette conception de l'équilibre
budgétaire qui n'est plus un équilibre comptable mais un équilibre économique et financier, ce n'est
pas seulement le budget qui doit être équilibré mais l'ensemble de l'économie. Dans cette optique, le
déficit n'est donc justifié que parce qu'il sert à relancer une économie en déficit.

- Pour équilibrer les comptes, le déficit peut être compensé :

- par l'emprunt

- par le recours à des réserves (devises)

- plus généralement, en puisant dans le patrimoine (privatisation)

- par des hausses d'impôts

- par une émission monétaire (BAM)

- par une réduction des dépenses publiques (caisse de compensation).

De l’équilibre budgétaire à l’équilibre des finances de l’État (la règle d’or)

- Maurice Duverger « la notion d’équilibre n’est pas absente de la pensée financière moderne. Mais à l’idée
traditionnelle d’un équilibre purement financier, elle tend à substituer celle d’un équilibre économique général »

- Ce principe a connu un recul au profit d'un principe plus global confirmé par la constitution
marocaine:

 La consécration de l’équilibre des finances de l’État comme un principe beaucoup plus large
de celui du principe de l’équilibre budgétaire ;
 L’obligation pour le Parlement et le gouvernement de veiller à l’équilibre des finances de
l’État

Ainsi la constitution de 2011 prévoit une nouvelle règle dans la gestion des finances publiques en
prévoyant la responsabilité du Parlement et du gouvernement en ce qui concerne l’équilibre des
finances de l’État.

3- Le principe de sincérité
- Le souci technique est de garantir l’exactitude des informations contenues dans la loi de finances et la
fiabilité de l’équilibre budgétaire annoncé.

- Il ne faut pas sous-estimer les dépenses et ne pas surestimer les recettes.

- Le gouvernement doit avancer des chiffres justifiables, approximatifs et avec bonne foi.

- La sincérité surtout dans les recettes !!

- Article 10 LOLF 130 « Les lois de finances présentent de façon sincère l'ensemble des ressources et des charges
de l'État. La sincérité des ressources et des charges s'apprécie compte tenu des informations disponibles au
moment de leur établissement et des prévisions qui peuvent en découler ».

- Dans le cadre de sa gestion des finances publiques, le Gouvernement n’hésitait pas à pratiquer ce que
l’on appelle« la navigation politique » en vue d’aboutir à des résultats définis a priori en ce qui
concerne par exemple le niveau du déficit ou la maîtrise des dépenses.

- Le principe de la sincérité consiste à faire prévaloir la bonne foi dans l’application des règles et
procédures en vigueur, à s’abstenir de pratiques visant à dissimuler des éléments susceptibles de
peser sur l’équilibre du budget

- Ce principe de sincérité des lois de finances permet également de moderniser la gestion budgétaire

A- Un principe évoqué par des décisions du juge constitutionnel

- Le juge constitutionnel n’a pas, jusqu’à présent, annulé de dispositions d’une loi de finances
sur le fondement de ce principe.
- La Cour Constitutionnelle a accepté, depuis le début des années 2000, même si le terme «
sincérité » n’ait pas été utilisé, ce principe permet à la cour constitutionnelle d’examiner la
validité des prévisions de recettes.

B- Un principe consacré par la loi organique

1) La sincérité du budget

- Le principe de sincérité recouvre des exigences différentes selon qu’il s’agit du budget ou des comptes.

- L’Article 10 de la loi organique dispose que les lois de finances présentent de façon sincère l’ensemble
des ressources et des charges de l’État ; leur sincérité s’apprécie compte tenu des informations
disponibles et des prévisions qui peuvent raisonnablement en découler.

- Il résulte de cette exigence que les moyens pour lesquels est sollicitée une autorisation parlementaire
doivent correspondre aux charges prévisibles et doivent être à la fois suffisants pour permettre à l’État
d’honorer ses dettes et calculés au plus juste des besoins de manière à ne pas laisser inemployés les
crédits votés, dont dépend par ailleurs le niveau de recettes soumis au vote.

2) La sincérité des comptes

- Article 31 « …Les comptes de l'État doivent être réguliers, sincères et donner une image fidèle de son
patrimoine et de sa situation financière ».

- La sincérité est ici comprise dans le sens traditionnel que lui donne la doctrine comptable.

- La sincérité de la loi de règlement s’entend de l’exactitude des comptes.

À retenir !

 Le principe de la sincérité consiste à faire prévaloir la bonne foi dans l’application des règles
et procédures de préparation du PLF en s’abstenant de pratiques visant à présenter des
prévisions tronquées concernant les charges et les ressources.
 Le souci technique de garantir l’exactitude des informations contenues dans la loi de finances
et la fiabilité de l’équilibre budgétaire annoncé.
 A la différence de la sincérité comptable, la sincérité budgétaire est récente comparé à d’autres
principes.
 Le principe de sincérité n’a pas la même portée s’il concerne les lois de règlement ou les autres
lois de finances. Pour la loi de finances de l’année, les lois de finances rectificatives, « la
sincérité se caractérise par l’absence d’intention de fausser les grandes lignes de l’équilibre
déterminé par la loi de finances. À l’inverse, « la sincérité de la loi de règlement s’entend, en
outre, comme imposant l’exactitude des comptes ». La sincérité de la loi de règlement est un
concept plus exigeant, puisqu’elle s’entend de l’exactitude des comptes. L’intensité du
contrôle de constitutionnalité des lois de règlement devrait donc s’en trouver accrue.

4- Le principe de l’unité
Consistance du principe

- Le principe de l’unité du budget répond à l’exigence de l’appareil législatif de voir l’ensemble des
recettes et des dépenses de l’Etat groupées dans un document unique de façon à lui permettre d’avoir
une vision précise et globale de la situation des finances publiques. Le principe d’unité est considéré
par la cour constitutionnelle comme une règle fondamentale du droit budgétaire.

- Ce principe vise à faciliter le contrôle parlementaire.

Fondement juridique

- Le support juridique du principe de l’unité consiste dans article 3 de la loi organique des finances qui
dispose ce qui suit : « La loi de finances prévoit, évalue, énonce et autorise, pour chaque année budgétaire,
l’ensemble des charges et ressources de l’Etat…»
- Les articles 11 et 12 de cette même loi organique se sont attachés à présenter l’énumération respective
de ces ressources et charges.

- Le principe de l’unité s’appuie également, dans une certaine mesure, sur l’article 8 de la loi organique
des finances « Il est fait recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les
dépenses, l’ensemble des recettes assurant l’exécution de l’ensemble des dépenses. Toutes les recettes et
toutes les dépenses sont imputées au budget général. »

- Ce principe signifie que l’ensemble des finances publiques fait l’objet d’une présentation sans un seul
document budgétaire décrivant toutes les charges et toutes les ressources.

Les aménagements du principe

- Les SEGMA ne constituent pas de véritables dérogations au principe d’unité au sens où le Parlement
les vote en même temps que la loi de finances dans laquelle ils figurent. L’aménagement au principe
d’unité qu’ils représentent est lié à leur présentation comptable spécifique, à côté du budget général ;

- Les comptes spéciaux

- Gestion hors budget: Certaines entreprises et établissements publics établissent leur budget propre.

5- Le principe de l'universalité (règle du produit bruit, règle de non affectation)


- Ce principe signifie l’obligation que les ressources et les charges soient comptabilisées sur un compte
unique, intitulé budget général, chacun de son côté de façon qu’il n’y ait pas de compensation entre
les recettes et dépenses.

- Règle fondamentale du droit budgétaire, l’universalité implique le rassemblement en une seule


masse de l’ensemble des recettes publiques brutes sur laquelle doit s’imputer l’ensemble des
dépenses publiques brutes ; ce principe est toutefois assorti de dérogations permettant des affectations
dans le budget général ou à côté du budget général.

Support juridique

Article 8

- Il est fait recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses,
l'ensemble des recettes assurant l'exécution de l'ensemble des dépenses.

- Toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées au budget général.

Consistance du principe

- Le principe d’universalité tend à assurer la clarté des comptes de l’État et à permettre un contrôle
efficace du Parlement ; il a pour conséquence que les recettes et dépenses doivent figurer au budget
pour leur montant brut sans être contractées et qu’est interdite, sauf exception, l’affectation d’une
recette déterminée à la couverture d’une dépense déterminée

- De ce principe d’universalité , découlent deux règles importantes du droit budgétaire : la non-


compensation et la non-affectation.

A- La règle de non-compensation

- Cette règle consiste en l’inscription au budget de toutes les dépenses et de toutes les recettes pour leur
montant intégral : cette règle dite du « produit brut » fait obstacle à l’inscription d’un produit net, c’est-
à-dire du seul solde, après contraction des dépenses et des recettes.

- La description dans le budget de toutes les ressources et charges permanentes de l’État et l’interdiction
de compenser les unes par les autres ont pour fonction de permettre un contrôle budgétaire plus
efficace du Parlement puisqu’aucune dissimulation de dépenses n’est possible au moyen de
compensations.
B - La règle de non-affectation

- Une recette ne peut être affectée au financement d’une dépense particulière : toutes les recettes sont
globalement destinées à la couverture de l’ensemble des dépenses inscrites au budget. Il n’y a donc
aucun lien juridique et financier entre une recette fiscale perçue par l’État et une dépense budgétaire,
même si, sur le plan politique, le gouvernement peut justifier un impôt nouveau par la nécessité de
financer une action particulière.

Les dérogations au principe d’universalité

A - Les affectations dans le budget général

- Chapitre V II Des procédures comptables particulières

- Article 34 « Les fonds de concours versés par des personnes morales autres que l'Etat ou physiques pour
concourir avec ceux de l'Etat à des dépenses d'intérêt public ainsi que le produit des dons et legs, sont directement
portés en recettes, selon le cas, au budget général, aux budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome ou
aux comptes spéciaux du Trésor…Le reliquat des fonds de concours est pris en recettes au budget général. »

- Ce sont des fonds versés par des personnes physiques ou morales pour contribuer avec ceux de l’État
à des dépenses d’intérêt public. Cette procédure permet d’assurer à ceux qui souhaitent participer à une
dépense publique particulière que leurs fonds seront bien affectés à cette opération.

B - Les affectations à côté du budget général

1) Les SEGMA représentent une dérogation à la règle de non-affectation dans la mesure où ils disposent
de recettes affectées à leurs dépenses d’exploitation et à leurs dépenses d’investissement.

2) Les comptes spéciaux: Ils figurent dans la loi de finances, mais sont présentés à côté du budget
général; certains d’entre eux constituent une dérogation à la règle de non-affectation, car ils réalisent
une affectation de recettes à des dépenses, comme les comptes d’affectation spéciale.

- La majorité des comptes spéciaux du Trésor, et plus particulièrement les comptes d’affectation spéciale
reposent, pour leur financement, sur des recettes fiscales ou parafiscales ou sur un soutien direct du
budget général.

6- Le principe de spécialité ou spécialisation des crédits


- Ce principe signifie que les crédits ouverts par la loi de finances sont affectés à des dépenses bien
déterminées.

- Cette règle signifie que les crédits sont spécialisés par chapitre (ministère), lequel constitue l’unité de
vote et de contrôle du parlement. C’est-à-dire que les crédits ne sont pas examinés par masse mais par
unité.

- Ce principe procède du souci du Parlement de ne pas conférer à l’autorisation de dépenses consentie


au Gouvernement un caractère absolu, permettant à ce dernier de disposer des crédits ouverts en toute
liberté. Cette autorisation est liée à l’obligation d’affecter ces fonds à la couverture de dépenses
déterminées.

6.1- Aperçu sur la nouvelle nomenclature budgétaire :

- Avant l’arrivée de LOF130.13 les crédits ouverts par la loi de financement spécialisé par titre et par
chapitre. Les chapitres sont subdivisés en articles, régions, paragraphes et lignes

- Par exemple : cas du ministère x :

 le chapitre : le chapitre correspond aux dépenses de fonctionnement matériel et dépenses


divers d’un département ou d’une institution.
 L’article : généralement c’est une direction. Par exemple : direction des achats et des marchés,
directions de contrôle…
 le paragraphe/c’est l’activité. Par exemple : travaux de construction.
 La ligne : c’est la dépense exacte, par exemple : extension de bâtiments administratifs etc.

À partir de 1er janvier 2018, l’architecture de la nomenclature budgétaire qui encombre le projet de loi de
financement est modifiée comme suit :

1. Titre (fonctionnement/investissement/service de la dette publique)


2. Chapitre (personnel, matériel et dépenses diverses)
3. Programmes (plan de développement de secteurs commerciaux…)
4. Région (Casablanca–Settat)
5. Projet ou action (formation et perfectionnement)
6. Ligne budgétaire (frais de formation et d’accompagnement de commerçants).

- Ainsi, on parle désormais de la budgétisation par programme. En effet, « le budget programme » est
défini comme « un mode de présentation des crédits budgétaires consistants regroupait les actions
d’un même ministère par programme en rapprochant pour chacun d’eux les crédits de toute nature et
les résultats physiques ou financiers attendus, le tout étant complété par une projection indicative
portant sur plusieurs années ».

- La nouvelle loi organique a transformé en profondeur le principe de spécialité budgétaire. En effet


les crédits ne sont plus répartis par chapitre budgétaire, mais par programmes, projets et actions.

- Il s'agit de passer d'une logique de moyens à une logique de résultats. Les ministères dépensiers
doivent donc définir des politiques au moyen de projets est fixer des objectifs dans le cadre de «
programme » décliné en actions évaluées par rapport à des critères de performance.

Extrait des crédits prévisionnels du ministère X par programme


6.2- Dérogations à la règle de la spécialité

- Le virement de crédits: change la nature de dépenses prévue par la LFA. Le virement est autorisé
par décret (conjointement signé par le ministère de finances et le ministère de tutelle). Ainsi, la
possibilité donnée aux ordonnateurs de procéder à des virements de crédits entre chapitres d'un
même programme (possibilité de virer d'une dépense de fonctionnement vers les dépenses
d'investissement dans la limite de 10 % et l'inverse n'est pas possible).

- Pour les SEGMA et les comptes spéciaux du Trésor : possibilité de procéder à des virements de
crédits entre les programmes du chapitre dépense d'exploitation et les programmes du chapitre
dépense d'investissement

- Interdiction entre CST et entre SEGMA.

Évaluation des connaissances

- Qu’est-ce que le principe de l’annualité?


- Qu’est ce que le principe de l’unité budgétaire ?
- Qu’est ce que le principe de l’universalité budgétaire?
- Qu’est ce que le principe de spécialisation des crédits?
- Qu’est ce que le principe de l’équilibre?
- Qu’est ce que le principe de sincérité?
- Quelles sont les dérogations ou les aménagements pour chaque principe?
- Quelles sont les différences entre loi de finance et loi de règlement ????

Chapitre 2 L’élaboration de la loi de finances


La préparation est sous la responsabilité des autorités gouvernementales . Le ministère des Finances
(direction du budget) prépare les projets de loi de finances en prenant en considération les
orientations du conseil des ministres présidé par le Roi (article 46 de la loi organique).

I- l’importance de l’évaluation des recettes et des dépenses


A–l’évaluation des recettes
- Généralement, on utilise « l’évaluation directe » qui prend en considération plusieurs variables : les
derniers chiffres connus des rendements fiscaux, l’accroissement probable du produit national en
cours de l’année, elle tient compte des aléas économiques qui peuvent se manifester en cours de
l’exécution de la loi de finances.

B–la détermination des dépenses


- Généralement, les dépenses représentent une masse de crédit qui doit être obligatoirement transcrite
d’une année sur l’autre. Toutefois, il est nécessaire de réactualiser le montant de certaines dépenses
soit à la hausse (traitement des fonctionnaires par exemple), soit la baisse (non-reconduction d’une
dépense)

- en conséquence, les crédits d’une année N votés par le Parlement correspondraient aux crédits votés
de l’année N -1 auxquels on doit ajouter les mesures acquises (augmentation/diminution des
dépenses)

- quoi qu’il en soit, dans la pratique le processus du projet de budget se déroule en trois grandes
phases prévues par le décret d’application de la loi organique relative aux lois de finances : la phase
du cadrage macro-économique, financier et budgétaire, la phase des négociations entre la direction
du budget et les départements ministériels ou institutions et enfin la phase de l’adoption du projet de
budget.

II- Les organes chargés de l'élaboration de la loi de finances


- Le professeur JÈZE appuyer ce constat : « en temps normal, l’autorité qui prépare le budget a
ordinairement le rôle prépondérant. L’autorité qui contrôle le budget et le fixe n’a qu’un rôle secondaire ; elle ne
peut guère quel que soit son désir, bouleverser le plan financier qui lui est présenté ; elle ne peut que le retoucher
dans les parties non essentielles ».

- D’une manière générale, on peut dire que le processus d’établissement de la loi de finances se
déroule sous le sceau du parlementarisme rationalisé à armes inégales entre gouvernement et
Parlement, et consacre clairement la prééminence de l’exécutif qui se manifeste d’abord dans la phase
de préparation budgétaire et ensuite au moment de la discussion et du vote final de la loi de finances
où il dispose d’un impressionnant arsenal qui permette de surmonter le pseudo pouvoir
parlementaire.

A–Le rôle prépondérant du ministère des finances, de l'économie...


- Sous la présidence du chef de gouvernement, le conseil de gouvernement délibère sur plusieurs
questions et projets de loi (article 92 de la constitution) entre autres les projets de loi de finances avant
leur dépôt au bureau de la chambre des représentants.

- Naturellement, le ministre de l'Économie et de finances bénéficie d'un pouvoir très large en matière
de la préparation, sous l'autorité du chef du gouvernement, des projets de budget.

Article 46

Sous l'autorité du Chef du Gouvernement, le ministre chargé des finances prépare les projets de lois de finances
conformément aux orientations générales ayant fait l'objet de délibérations au Conseil des ministres
conformément à l'article 49 de la Constitution.

- La préparation du projet de budget concerne particulièrement trois directions du ministère chargé


des finances il s’agit de :

 La Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE) : Elle procède à


l’élaboration du tableau des charges et ressources du trésor destiné à donner un
aperçu global de la situation du trésor et des conditions de l’équilibre budgétaire.
 La Direction des Études et des Prévisions Financières (DEPF) : Assure le suivi des
principales tendances de la conjoncture économique nationale et internationale et
de ses perspectives d’évolution. Elle élabore chaque année son rapport économique et
financier.
 La Direction de Budget (DB) : Participe à la préparation du PLF et suit son exécution.
Elle s’assure de la conformité des demandes ministérielles à la lettre de cadrage du
chef du gouvernement et encadre la procédure d’arbitrage.

Mais il y a aussi d'autres administrations qui interviennent activement parmi lesquels :

 La direction générale des Impôts est chargée d'étudier et d'élaborer les projets de loi et les
mesures relatives aux dispositions fiscales à inclure dans les projets de loi des finances.
 L’Administration de la douane et des impôts indirects (ADII) est chargée de proposer les
projets de loi et les mesures relatives aux droits de douane, qui peuvent être inclus dans le
projet de loi des finances.
 La Direction des établissements publics et de la privatisation (DEPP) se charge de
l’établissement des prévisions de recettes et de dépenses découlant de l’activité des
établissements et entreprises publics, ainsi que des opérations éventuelles de privatisation.

B–Le rôle du chef du gouvernement


Article 92 de la constitution:

« Sous la présidence du Chef du Gouvernement, le Conseil du gouvernement délibère sur les questions et textes
suivants :

- la politique générale de l’État avant sa présentation en Conseil des ministres ;

- les politiques publiques ;

- les politiques sectorielles… »

Article 46 LOLF

Sous l'autorité du Chef du Gouvernement, le ministre chargé des finances prépare les projets de lois de finances
conformément aux orientations générales ayant fait l'objet de délibérations au Conseil des ministres
conformément à l'article 49 de la Constitution.

- Le chef du gouvernement préside le conseil du gouvernement, sous son autorité, le gouvernement


assure l’exécution des lois, définit les lignes directrices de la politique économique et sociale du
gouvernement à l’occasion de la présentation de son programme politique devant le Parlement, dans
le cas de désaccord entre la direction du budget et les ministères l’arbitrage du chef de
gouvernement peut être sollicité, etc.
III Processus d’élaboration du projet de loi des finances

A– La phase de programmation: Avant le 15 juillet de l’année N-1


1- Avant le 15 mars

- Article 2 du Décret n° 2-15-426 (15 juillet 2015) relatif à l’élaboration et à l’exécution des lois de
finances.

- « Pour l’application des articles 5 et 69 (3 ème paragraphe) de la loi organique précitée n° 13013, la loi de
finances de l’année est élaborée par référence à une programmation budgétaire triennale actualisée chaque année.

- Le Chef du gouvernement invite, chaque année, au plus tard le 15 mars, par circulaire, les ordonnateurs à
établir leurs propositions de programmations budgétaires triennales assorties des objectifs et des indicateurs de
performance.

- Lesdites propositions sont examinées, avant le 15 mai, en commissions de programmation et de performance


regroupant les représentants des services du ministère chargé des finances et ceux des départements ministériels
ou institutions concernés. »

- Cette circulaire est envoyée à chaque département ministériel ou institution et consiste à :

1.Expliquer les orientations globales retenues par le gouvernement.

- L’élaboration du PLF de l’année s’appuie sur un cadre de référence qui détermine les orientations et
les objectifs de la politique budgétaire ou de la stratégie budgétaire à adopter pour année donnée , par
exemple :

*Le Cadre de référence de la LF 2021 :

- Les discours de sa Majesté le Roi :• La Fête du Trône • L’anniversaire de la Révolution du


Roi et du Peuple • L’ouverture de l’année législative du parlement

- Des engagements contenus dans le programme du gouvernement


Les orientations générales de la LF 2021

2.Énoncer les directives générales que les ministres doivent prendre en compte pour l’élaboration de
leur programmation budgétaire triennale : priorités sociales, recherche de l’économie, maîtrise de la
masse salariale, etc.

3.Inciter chaque département ministériel, sur la base des directives du chef de gouvernement, à
effectuer des propositions annuelles des crédits par chapitre, programme, projet/action.

4. Inviter chaque ministre à inscrire, au plus tard le 15 avril, sa programmation budgétaire triennale
(PBT) portant sur tous les supports budgétaires (budget général, les services d’État gérés de manière
autonome, les comptes spéciaux du Trésor).

- La PBT impose ainsi une nouvelle organisation dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance
financière du pays. Elle s’inscrit dans le cadre de la transition budgétaire d’une logique de moyens à
une autre logique axée sur les résultats.

- En outre, la PBT détermine l’évolution de l’ensemble des ressources et des charges du budget
général (BGE), des budgets des services de l’Etat gérés de manière autonome (SEGMA) et des comptes
spéciaux du Trésor (CST) sur un horizon de trois ans.
2- Avant le 15 avril.

- Avant le 15 avril, les départements ministériels et institutions transmettent, au ministère chargé des
finances, les propositions de programmations budgétaires triennales se rapportant à leurs budgets,
aux budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome qui leur sont rattachés et aux comptes
d'affectation spéciale dont ils sont ordonnateurs.

3- Avant le 15 mai

- Avant le 15 mai, lesdites propositions sont examinées en commissions de programmation et de


performance(regroupant les départements ministériels concernées et les services de la Direction du
Budget) et devant aboutir à l’établissement de la première version de la Programmation budgétaire
triennale agrégée (PBTA) et la programmation budgétaire triennale globale (PBTG).

- Et en application de l’article 47 de la Loi organique des Finances, la programmation budgétaire


triennale globale est présentée aux commissions des Finances du Parlement avant le 31 juillet de
l’année.

- Ces documents serviront à la préparation du projet de loi de finances après la vérification de la


soutenabilité des propositions ministérielles par rapport à la contrainte budgétaire.

PBT agrégée  (BG) : correspond aux projections budgétaires triennales déclinées par départements
ministériels et présentées par chapitre et nature de dépense.
La PBTG fixe les montants globaux de dépenses par grandes masses (personnel, matériel et dépenses
diverses, investissement et dette) :

La PBTG fixe les montants globaux de dépenses par grandes masses (personnel, matériel et dépenses
diverses, investissement et dette)

4- Avant le 15 juillet

- Avant le 15 juillet, le ministre chargé des finances expose, en Conseil du gouvernement, l'état
d'avancement de l'exécution de la loi de finances en cours et présente la programmation triennale des
ressources et des charges de l'Etat ainsi que les grandes lignes du projet de loi de finances de l'année
suivante;
B– La phase de consultation : juillet de l’année N-1

Avant le 31 juillet

- Avant le 31 juillet, le ministre chargé des finances expose devant les commissions des finances du
Parlement, le cadre général de préparation du projet de loi de finances de l'année suivante. Cet exposé
comporte aussi l'évolution de l'économie nationale, l'état d'avancement de l'exécution de la loi de finances
en cours à la date du 30 juin, les données relatives à la politique économique et financière et la
programmation budgétaire triennale globale.

- L’article 47 de la LOF prévoit que la programmation budgétaire triennale globale est présentée aux
commissions des Finances du Parlement avant le 31 juillet de l’année.

L’exposé du Ministre des finances au parlement comporte :

- L'évolution de l'économie nationale ;


- L'état d'avancement de l'exécution de la loi de finances en cours à la date du 30 juin;
- Les données relatives à la politique économique et financière ;
- La programmation budgétaire triennale globale.
NB: Ledit exposé donne lieu à un débat sans vote

- Invitation, par circulaire du Chef du gouvernement, des ordonnateurs à établir leurs propositions de
recettes et de dépenses pour l'année budgétaire suivante;

C– La phase « d'élaboration et arbitrage » : septembre/octobre de l’année N-1


Septembre-début octobre: Centralisation et examen des propositions des départements ministériels en
particulier en ce qui concerne les recettes, les dépenses, les projets de performance dans le cadre des
commissions budgétaires et montage du projet de loi de finances et des documents qui l'accompagnent;

Début octobre : Suivi de l'adoption des orientations générales du projet de loi de finances de l'année au
conseil des ministres et ensuite au conseil du gouvernement ;

Au plus tard le 20 octobre de l'année budgétaire en cours : dépôt du projet de loi de finances de l'année
au bureau de la chambre des représentants ;
- C’est une phase purement technique entre les représentants des ministères et les représentants de la
direction du budget dans le cadre des commissions budgétaires . Ces négociations portent
essentiellement sur l’évaluation des objectifs et des indicateurs de performance contenus dans les
programmes présentés par les départements ministériels ou institutions.

- Les discussions aboutissent à l’élaboration des morasses budgétaires de chaque ministère. En cas de
désaccord le chef du gouvernement peut jouer le rôle d’arbitre.

- Les morasses budgétaires sont des documents annexes au projet de la loi de finances. Ces documents
sont adressés au Parlement pour examen. Les morasses budgétaires retracent le détail des dépenses
des supports budgétaires : budget général, des services d’État et les comptes spéciaux du Trésor.

- Rappel : la morasse budgétaire relatives aux budgets d’investissement est répartie par crédit de
paiement et crédits d’engagement.

- Une fois les enveloppes budgétaires sont fixées, le projet de budget se met à l’approbation du conseil
du gouvernement qu’il adopte, souvent dans plusieurs séances. Il est aussi soumis à l’approbation du
conseil des ministres avant d’être déposé aux deux chambres du Parlement pour examen et vote.
Évaluation des connaissances

- Quelles sont les principales phases d’élaboration du projet de la loi de finances?


- Quels sont les principaux intervenants dans le processus d’élaboration du projet de la loi de
finances?
- En quoi consiste la phase de consultation dans le processus d’élaboration du projet de loi des
finances?
- En quoi consiste la phase « d'élaboration et arbitrage » dans le processus d’élaboration du
projet de loi des finances?
- En quoi consiste la phase de programmation dans le processus d’élaboration du projet de loi
des finances?
Chapitre 3: Le vote/adoption de la loi des finances.
I- Dépôt du PLF au Parlement
- Le mécanisme des "quatre temps alternés" de règle l’alternance des interventions de l’exécutif
et du Parlement dans le processus décisionnel budgétaire.
- L’exécutif prépare d’abord un projet de budget (premier temps) ;
- Ce projet de budget est ensuite débattu, amendé le cas échéant, et adopté par le Parlement
(deuxième temps) ;
- Le budget adopté est mis en œuvre par l’exécutif (troisième temps) ;
- Le Parlement contrôle à posteriori cette mise en œuvre (quatrième temps).

- En matière d'adoption de lois de finances, les dispositions pertinentes se trouvent dans quatre
documents :

- La constitution
- La loi organique relative à la loi de finances
- Le décret 1–15–62 du 15 juillet 2015 relatif à l'élaboration et à l'exécution des lois de finances
- Les règlements intérieurs de la Chambre des Représentants et de la Chambre des Conseillers.

- Le Parlement est néanmoins informé du cadre général de préparation du projet de loi de finances. En
effet avant le 31 juillet, le ministre expose aux commissions des finances des deux chambres, qui
peuvent tenir une réunion commune à cette occasion le cadre général de préparation du projet de loi
de finances de l'année suivante. Cet exposé présente l'évolution de l'économie nationale; L'état
d'avancement de l'exécution de la loi de finances en cours ainsi que le cadre général de préparation du
projet de loi de finances de l'année suivante. Cet exposé donne lieu un débat sans vote.

- Au mois d'octobre de chaque année, les orientations générales du projet de loi de finances sont
présentées devant le conseil des ministres présidés par le Roi (article 49 de la constitution), puis le
conseil du gouvernement présidé par le chef du gouvernement adopte le projet de loi de finances
(constitution article 92)

- Le projet de loi de finances de l’année est déposé sur le bureau de la chambre des représentants au
plus tard le 20 octobre de l’année budgétaire en cours, accompagné de 13 documents suivant l’art 48
LOLF :
(1) note de présentation de la loi de finances comportant des données concernant les
investissements du budget général ainsi que les impacts financiers et économiques des
dispositions fiscales et douanières proposées ;

(2) rapport économique et financier ; ce rapport présente une analyse de l’économie nationale
et internationale ;

(3) rapport sur les établissements et entreprises publics ; Il traite des performances des
établissements et entreprises publiques à travers la présentation du portefeuille public et
l’examen des indicateurs financiers, économiques de ces organismes Il présente l’importance
de ces organismes dans l’économie nationale en termes de création d’emploi, de valeur
ajoutée, d’investissement public ;

(4) rapport sur les services de l'Etat gérés de manière autonome ; présente l’évolution du
nombre des SEGMA et dresse un bilan des réalisations financières ;

(5) Rapport sur les comptes spéciaux du Trésor ; Il présente notamment l'évolution du nombre
des comptes spéciaux, le bilan budgétaire et comptables ainsi que les principales actions
réalisées dans le cadre des comptes d’affectation spéciales ;

(6) Rapport sur les dépenses fiscales ; Il fournit une présentation des dérogations fiscales et
donne une appréciation de leurs coûts budgétaires évalués et analysés suivant plusieurs
critères (objectifs, bénéficiaires etc.)

(7) Rapport sur la dette publique ; dresse les données relatives à la dette publique et
notamment l’évolution de la dette et ses différentes composantes, et la stratégie du
financement du trésor (financement extérieur et intérieur)

(8) Rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l'aspect genre ; Il analyse les
efforts consentis et à poursuivre par les différents ministères pour assurer une jouissance
effective par les femmes et les hommes de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux,
culturels et environnementaux, conformément aux engagements internationaux du Maroc

(9) Rapport sur les ressources humaines ; présente l’évolution des effectifs du personnel de
l’Etat ainsi que des dépenses de ces effectifs

(10) Rapport sur la compensation ; Il présente notamment l'évolution des charges de


compensation, la répartition des subventions et les prévisions de la situation de la
compensation au titre de l'année considérée. Ces crédits de compensation sont dessinés d'une
part, à soutenir les prix à la consommation du gaz butane, de la farine nationale, du blé tendre
et du sucre, et d'autre part, à financer les mesures d'accompagnement, y compris l'appui à
l'Office national de l'électricité et l'eau potable

(11) Note sur les dépenses relatives aux charges communes ; Ce documents met l’accent sur le
rôle du budget des charges communes en tant qu’outil d’appui aux politiques sociales

(12) Rapport sur le foncier public mobilisé pour l'investissement ; il montre l’effort de
mobilisation du foncier domanial pour la promotion de l’investissement et la réalisation des
équipements publics

(13) Note sur la répartition régionale de l'investissement. Elle présente l’effort régional en
matière d’investissement réalisé.

II- L'examen du projet de loi de finances par le Parlement :


- Le projet déposé en priorité sur le bureau de la chambre des représentants avant le 20 octobre de
l'année en cours (article 48)

- Le ministre des finances déclenche la procédure d’examen du projet de loi de finances par une
allocution exposant les grandes orientations économiques et financières du pays et les choix adoptés
par le gouvernement à la lumière du contexte national et international.
- Alors que l'article 84 de la constitution prévoit que l'examen d'un projet de loi s'achève lorsque les
deux chambres du parlement sont parvenues à l'adoption d'un texte identique, l'examen du projet de
loi de finances est inséré dans des délais strictement fixés à l'article 49 de la loi organique et la
chambre des représentants statue en dernier ressort.

- Le projet de loi doit être adopté dans un délai global de 58 jours qui se répartit comme suit :

 30 jours pour la première lecture par la chambre des représentants a compté du dépôt du
projet de loi ;
 22 jours pour la première lecture par la chambre des conseillers à compter de sa saisine;
 Six jours pour l'examen par la chambre des représentants des amendements votés par la
chambre des conseillers et pour l'adoption en dernier ressort du projet de loi de finances.

- L'article 75 de la constitution repris et complété par l'article 50 de la loi organique précise ce qu'il
advient si, au 31 décembre, la loi de finances de l'année n'est pas votée ou n'est pas promulguée en
raison de sa soumission à la cour constitutionnelle. Dans ce cas, le gouvernement ouvre, par décret, les
crédits nécessaires à la marche des services publics et à l'exercice de leur mission, en fonction des
propositions budgétaires soumises à approbation.

- Dans ce cas, les recettes continueront à être perçues conformément aux dispositions législatives et
réglementaires en vigueur les concernant à l'exception, toutefois, des recettes dont la suppression est
proposée dans le projet de loi de finances et en tenant compte du nouveau taux proposé, lorsqu'une
diminution est proposée dans le projet.

A- L'examen par la chambre des représentants (30 jours)


- Le Gouvernement présente le projet de loi de finances lors d'une séance conjointe des deux
chambres. L'examen du projet de loi de finances commence, en application de l'article 68 de la
constitution, de l'article 156 du règlement intérieur de la Chambre des Représentants et de l'article 214 du
règlement intérieur de la Chambre des Conseillers, par une séance publique conjointe au cours de
laquelle le Gouvernement présente le projet aux deux assemblées.

- L'examen du projet de loi de finances mobilise l'ensemble des commissions de la Chambre des
Représentants . Le projet de loi de finances est renvoyé à la commission des finances et du
développement économique qui examine l'ensemble du projet (Art. 48). Parallèlement aux travaux de
la commission des finances, les autres commissions permanentes, à l'exception de la commission de
contrôle des finances publiques, procède à l'examen des projets de budget sectoriel des départements
ministériels qui relèvent de leurs compétences (article 158 du règlement intérieur).

- Les travaux de la commission des finances et du développement économique : Le déroulement des


travaux de la commission des finances est décrit à l'article 157 du règlement intérieur, qui indique
trois phases successives :

 L’audition du ministre des finances ;


 La discussion générale sur le projet et la politique
 La discussion article par article du projet et des propositions d'amendements pour une
durée qui ne doit pas dépasser cinq jours
 Une réunion est consacrée exclusivement pour examiner et voter les amendements
NB: Le ministre chargé des finances assiste à l'ensemble des travaux de la
commission
- L'examen en séance publique : Les modalités de discussion du projet de loi de finances en séance
publique sont décrites aux articles 160 et 161 du règlement intérieur, qui présentent quelques
particularités par rapport à la procédure législative normale.

- La discussion commence par l'examen de la première partie du projet de loi de finances, telle
qu'elle a été amendée et adoptée par la commission. Après la présentation déjà faite par le ministre des
finances devant les membres des deux chambres, la discussion en séance plénière commence par la
présentation du rapport de la commission des finances et du développement économique suivie d'un
débat général, des discussions article par article, puis d'un examen des amendements.

- Chaque amendement et chaque article (amendé) fait l'objet d'un vote. Les évaluations de recettes
font l'objet de plusieurs votes : un vote ensemble pour le budget général et les budgets des SEGMA
et un vote par catégories pour les comptes spéciaux du Trésor soit sept votes au total (article 54 de la
loi organique).

- La discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances ne peut intervenir que si la


première partie a été adoptée, le rejet de celle-ci valant rejet du projet de loi de finances dans son
ensemble(article 52).

- Dès que la première partie est adoptée en séance publique, la commission des finances se réunit
pour adopter la seconde partie, tandis que toutes les commissions se réunissent pour adopter les
budgets sectoriels qui relèvent de leurs compétences.

- En séance publique, la discussion de la deuxième partie débute par une présentation des ministres
concernés puis par les interventions des rapporteurs des commissions sectorielles, suivi de discussion
générale.

- Les dépenses du budget général font l'objet d'un vote par titre et, à l'intérieur d'un même titre, par
chapitre;

- Celle des SEGMA d’un vote d’ensemble par département ministériels ou institutions auxquels ils
sont rattachés.

- Celles des comptes spéciaux du Trésor sont votées par catégorie de comptes spéciaux (article 55 de
la loi organique).

B-L'examen par la chambre des conseillers (22 Jours)

- Lorsque le projet de loi de finances est voté par la chambre des représentants (ou à l'expiration du
délai prévu 30 jours), le Gouvernement saisit par la suite la Chambre des conseillers du texte adopté
ou du texte qu'il a initialement présenté à la commission des finances ou modifié, le cas échéant, par
les amendements votés par la Chambre des représentants et acceptés par le Gouvernement (Art.49)

- Dès son dépôt sur le bureau de la chambre des conseillers, le projet de loi de finances est renvoyé à la
commission des finances, de la planification et du développement économique. Comme à la
chambre des représentants, les autres commissions examinent les budgets sectoriels et ministériels qui
relèvent de leurs compétences.

C- Adoption en deuxième lecture par la chambre des représentants (6 jours)


- En cas de rejet du projet de loi de finances par la chambre des conseillers, la chambre des
représentants est saisie pour examen, dans le cadre de la deuxième lecture (6 Jours), du texte rejeté
par la chambre des conseillers (article 52 de la loi organique).
- Si celle-ci a modifié le projet de loi de finances, la commission des finances de la chambre des
représentants examine le projet de loi de finances en une seule séance. Les débats et les amendements
ne peuvent porter que sur les articles pour lesquels les deux chambres ne sont pas parvenues à
s'accorder sur un texte identique (article 159 du règlement intérieur).

Article 50
« Conformément à l'article 75 de la Constitution, si au 31 décembre, la loi de finances de l'année n'est pas votée
ou n'est pas promulguée en raison de sa soumission à la Cour Constitutionnelle[en cas de désaccord
sur les amendements], le gouvernement ouvre, par décret, les crédits nécessaires à la marche des services
publics et à l'exercice de leur mission…les recettes continuent à être perçues conformément aux dispositions
législatives et réglementaires en vigueur les concernant à l'exception, toutefois, des recettes dont la suppression
est proposée dans le projet de loi de finances. Quant à celles pour lesquelles ledit projet prévoit une diminution
de taux, elles seront perçues au nouveau taux proposé. »
D- L'exercice du droit d'amendement en matière de loi de finances
- Le droit d'amendement est un droit que la constitution reconnaît à tous les membres des deux
chambres du parlement (article 83 de la constitution). Avec le dépôt de propositions de loi, il
constitue la manifestation principale du droit d'initiative est l'activité parlementaire. C’est le droit de
proposer des modifications à un texte (projet ou proposition de loi)
- Le droit d'amendement des parlementaires est encadré par l'article 77 de la constitution reprit est
précisé par l'article 56 de la loi organique et l'article 162 du règlement intérieur.

- Afin de préserver « l'équilibre des finances de l'État », Le gouvernement peut opposer, de manière
motivée, l’irrecevabilité à des amendements ayant pour objet soit une diminution de ressources
publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique. Cette irrecevabilité peut être
soulevée aussi bien au stade de la commission que de la séance publique. L'intervention du
gouvernement, qui doit justifier son initiative, met fin immédiatement à la discussion de
l'amendement concerné.

Ces règles ont pour conséquence que :

- En matière de recettes, un amendement parlementaire ne peut conduire à la limitation du


produit d'un impôt ou d'une taxe, que ce soit par la modification de son taux, de son assiette
ou des personnes qui y sont assujetties ;
- En matière de dépenses, un amendement parlementaire ne peut augmenter les crédits
ouverts au niveau d'un chapitre ; il ne peut que proposer une réduction de ceux-ci

III- La portée de l'autorisation parlementaire :


- Dans le cadre de l'exécution du budget, le gouvernement et son administration sont soumis à trois
principes : le caractère limitatif des crédits, le principe de l'annualité et le principe de spécialité.

*Le caractère limitatif des crédits : est posée par l'article 58 de la loi organique. Il signifie que « les
dépenses ne peuvent être engagées, ordonnancés et payés que dans la limite des crédits ouverts ». Ce
principe connaît deux exceptions :

 Certains crédits ont un caractère évaluatif, c'est-à-dire que les dépenses peuvent s'imputer
au-delà des dotations inscrites dans la loi de finances. La loi organique ne confère le caractère
évaluatif qu'à deux catégories de dépenses : la dette publique et la dette viagère ; les
remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux. Les dépassements éventuels sont
constatés et autorisés à titre de régularisation par la loi de règlement.
 En cas de « nécessité impérieuse et imprévue d'intérêt national », Des crédits
supplémentaires peuvent être ouverts par décret en cours de l'année conformément à l'article
70 de la constitution (article 60 de la loi organique). Les commissions parlementaires chargées
des finances en sont préalablement informées. Ces crédits supplémentaires sont ratifiés par la
loi de règlement (loi organique, article 64).

*En vertu du principe d'annualité, les crédits ouverts au budget général au titre d'une année
budgétaire donnée ne peuvent être reportés sur l'année suivante (article 63 de la loi organique).
Cependant, ce principe connaît une exception concernant les crédits de paiement ouvert au titre des
dépenses d'investissement du budget général et qui n'aurait pas fait l'objet d'un ordonnancement en
fin d'exercice : ils peuvent être reportés dans la limite d'un plafond de 30 % des crédits ouverts par la
loi de finances (article 63). Ce plafond peut être réduit par la loi de finances.

*En vertu du principe de spécialité, les crédits ouverts par la loi de finances sont affectés à la
couverture de dépenses déterminées. L'unité de spécialité budgétaire, c'est-à-dire le niveau de
l'autorisation de dépenses que le Parlement donne au gouvernement, est le chapitre (article 45). Le
gouvernement ne peut donc effectuer des virements de crédits entre chapitre.

- Cependant, la nouvelle structure budgétaire en programme augmente les marges de manœuvre des
gestionnaires de crédits.

- La fongibilité des crédits permet à l'ordonnateur gestionnaire de crédits de modifier les affectations
prévues initialement afin de les adapter à l’évolution de ses besoins. C’est le contraire de la
spécialisation des crédits qui consiste à détailler l’autorisation budgétaire afin que chaque crédit ait
une affectation définitive. La LOLF permet de modifier la destination des crédits au sein d’un même
programme

- L'article 45 limite la fongibilité au chapitre et autorise des virements de crédits à l'intérieur d'un
même programme ou entre programmes à l'intérieur d'un même chapitre. Les modalités de mise en
œuvre de cette fongibilité sont prévues à l'article 23 du décret du 15 juillet 2015 relatif à l'élaboration et
à l'exécution des lois de finances :

•Le gestionnaire pourra modifier les dotations des projets ou actions d'un même programme
et d'une même région ;

•En revanche le gestionnaire devra recueillir l'accord du ministre des Finances pour
autoriser des virements de crédits entre programmes d'un même chapitre (dans la limite de 10
% des crédits de programmes concernés) ou pour autoriser les virements de crédits entre
régions d'un même programme.

IV- Les autres types de lois de finances


A- Les lois de finances rectificatives (15 jours)
- Seules des lois de finances rectificatives peuvent en cours de l'année modifier les dispositions de la
loi de finances de l'année (article quatre). Le dépôt d'un projet de loi de finances rectificatives relève
de la seule initiative du gouvernement et peut donc intervenir n'importe quand au cours de l'année
budgétaire.

- Les lois de finances rectificatives sont présentées et votées dans les mêmes formes que la loi de
finances de l'année sous réserve de délai d'examen particulier (article 57). Ces délais sont précisés à
l'article 51 de la loi organique. Le délai global d'examen laissé au Parlement et de 15 jours à compter
du dépôt (au lieu de 58 jours pour le projet de loi de finances de l'année), délai qui se décompose
comme suit :

- 8 jours pour la première lecture par la chambre des représentants à compter du dépôt du
projet de loi ;
- 4 jours pour la première lecture par la chambre des conseillers à compter de sa saisine;
- 3 jours pour l'examen par la chambre des représentants des amendements votés par la
chambre des conseillers et pour l'adoption en dernier ressort du projet de loi de finances
rectificatives.

B- Les lois de règlement


- Les lois de règlement font l'objet d'un titre entier (titre IV) au sein de la loi organique. Leur
importance a été accrue par la loi organique, puisque la logique de performance et de
responsabilisation des gestionnaires suppose que la reddition des comptes d'un exercice soit le
moment privilégié du contrôle de l'atteinte des objectifs présentés dans la loi de finances de
l'année.
- La loi de règlement arrête le montant définitif d'un exercice :

 Aux termes de l'article 64 de la loi organique, la loi de règlement constate et arrête le montant
définitif des recettes encaissées, des dépenses dont les ordonnancements sont visés, se
rapportant à une même année budgétaire, et arrête le compte de résultat de l'année.

- Le cas échéant, elle :

 Ratifie les crédits supplémentaires ouverts en cours de l'année par décret « en cas de nécessité
impérieuse et imprévue d'intérêt national », après information préalable des commissions des
finances des deux chambres (article 60) ;
 Constate et autorise, à titre de régularisation, les dépassements des crédits ouverts et ouvre les
crédits nécessaires pour les régulariser tout en donnant les justificatifs nécessaires ;
 Et constate l'annulation des crédits n'ayant pas été consommés

1- Le dépôt du projet de loi de règlement est soumis à un délai

- En application de l'article 76 de la constitution, le projet de loi de règlement est déposé


annuellement, en priorité, sur le bureau de la chambre des représentants, au plus tard, à la fin
du premier trimestre du deuxième exercice qui suit celui de l'exécution de la loi de finances
concernées, soit avant le 30 mars de l'année N+2 (article 65 de la loi organique).

2- La liste de ces documents annexés


- Le projet de loi de règlement de la loi de finances est accompagné: Article 66

1) du compte général de l'Etat appuyé du bilan et des autres états financiers ainsi que d'une
évaluation des engagements hors bilan;

2) d'une annexe relative aux crédits supplémentaires ouverts, accompagnée de tous les
justificatifs nécessaires, le cas échéant;

3) du rapport annuel de performance élaboré par le ministère chargé des finances. Ce rapport
constitue la synthèse et la consolidation des rapports de performance élaborés par les
départements ministériels et institutions;

4) du rapport sur les ressources affectées aux collectivités territoriales ;

5) et du rapport d'audit de performance. il est élaboré par l'inspection générale des finances
aura pour objet d'apporter, entre autres, une appréciation des programmes des objectifs et des
indicateurs ainsi qu'un examen des capacités des gestionnaires

3- du projet de loi de règlement relève de la commission de contrôle des finances publiques


de la chambre des représentants
- Outre ses compétences en matière de contrôle des finances publiques dans le cadre du
programme annuel de contrôle établi par la chambre (règlement intérieur article 218 à 221), la
commission de contrôle des finances publiques est chargée de l'examen du projet de loi de
règlement, examen au cours duquel elle procède à l'audition du ministre chargé des finances.

4- Le projet de loi de règlement est examiné selon la procédure législative ordinaire :


- L’examen du projet de loi de règlement n'est encadré par aucun délai impératif comme la loi
organique le prévoit pour le projet de loi de finances de l'année où les projets de loi de
finances rectificatives. Conformément à l'article 84 de la constitution, son examen s'achève
lorsque les deux chambres du Parlement sont parvenues à l'adoption d'un texte identique.
- Évaluation des connaissances
- Quelles sont les étapes de l’adoption de la loi de finances de l’année par le parlement? ( en 5/6,
lignes max)
- Qu’est-ce qu’on entend par le mécanisme des « quatre temps alternés »?
- Qu’est-ce qu’on entend par le caractère limitatif des crédits? Ce principe a-t-il des limites ?
- Quelles sont les étapes de l’adoption de la loi de finances rectificative par le parlement?
- Quelles sont les étapes de l’adoption de la loi de règlement de la loi de finances par le
parlement?
- Qu’est-ce qu’on entend par le droit d'amendement en matière de loi de finances?

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