Cours DROIT BUDGÉTAIRE S3 v1
Cours DROIT BUDGÉTAIRE S3 v1
Cours DROIT BUDGÉTAIRE S3 v1
Introduction générale
I- LA PLURIDISCIPLINARITÉ DES FINANCES PUBLIQUES
Les finances publiques apparaissent comme une science pluridisciplinaire originale dont la définition
et les sources sont variées.
La science des finances publiques est la quatrième branche du droit public à côté du droit
constitutionnel, du droit administratif et du droit international public. Mais en réalité elle constitue
une science « carrefour » en raison de la diversité des phénomènes qu’elle appréhende.
« Le débat budgétaire et l’instant privilégié où le parlement peut exercer la plénitude de son contrôle sur
l’action du gouvernement et sur les administrations de l’État. Les membres du gouvernement doivent
défendre leur budget et répondre aux questions qui leur sont posées, si ce débat n’existait pas, il serait bien
difficile de contraindre le gouvernement à s’expliquer sur sa politique. »
Ici les choix des politiques ne peuvent être dissimulés. Quel type de dépenses jugées prioritaires ?
Éducation nationale, action sociale, Défense nationale ?
Quelle est la part des dépenses assumées par les personnes publiques et celles laissées au secteur privé
?
La politique financière est fonction de la politique économique et sociale de l'État, laquelle dépend
largement du système de gouvernement et donc du régime politique.
La conception classique des finances publiques a évolué avec le rôle et les fonctions de l'État :
–l'État gendarme auquel correspond les finances « neutre » basées sur des règles d'économie et
d'équilibre budgétaire strict et les seules dépenses de fonctionnement.
–L'État-providence auquel correspond des finances modernes, l'État interventionniste est marqué sur
l'idée de la redistribution par la dépense publique, l'équilibre financier (et non plus budgétaire), la
fiscalité générale etc.
Cependant, depuis le début des années 1980 de plus en plus de décideurs politiques optent pour un
retour « aux vertus du libéralisme ». Ainsi la tendance générale va vers le désengagement de l'État et
son retour à un rôle d'animateur et non plus d'acteur principal de l'activité économique. Les politiques
d'ajustement structurel préconisées par les institutions financières internationales sont basées
essentiellement sur la privatisation, la libéralisation de l'économie, les restrictions budgétaires, la
rationalisation des dépenses et la productivité du système fiscal.
Au singulier finance était synonyme de paiement, aujourd’hui le mot finance le plus souvent utilisé
au pluriel. Il désigne l’ensemble des opérations de recettes et de dépenses qu’effectuent les personnes
juridiques.
Pour un auteur, l’expression finances publiques désigne à la fois les dépenses et les recettes relatives
aux diverses activités publiques et la science qui s’y rapporte.
Pour un autre, la discipline des finances publiques est définie comme étant l’étude des aspects
juridiques politiques, économiques des recettes et des dépenses des budgets des collectivités publiques.
De ce fait, le droit des finances publiques a pour objet l’ensemble des activités financières des
personnes publiques.
De ce qui précède, on peut déduire que la science des finances publiques peut être définie comme
étant une science qui s’attache à l’étude des règles qui régissent la détermination des charges
publiques et des ressources et des moyens pour les satisfaire.
Toutefois cette approche classique a nettement évolué au niveau de la théorie des finances publiques.
Ainsi une conception large étend le domaine de la science des finances publiques à l’ensemble des
activités financières des collectivités publiques.
Budget général Le budget général est la principale composante du budget de l’État. Concrètement, le
budget général est le budget qui vient à l’esprit lorsque l’on pense au budget de l’État. Cependant, il
est nécessaire de réaliser qu’il ne s’agit que d’une partie du budget de l’État. Le budget de l’État est en
effet composé d’autres parties.
SEGMA servent à « retracer les seules opérations des services de l’État non dotés de la personnalité
morale résultant de leur activité de production de biens ou de prestation de services ». Deux
caractéristiques importantes sont définies par cet article :
– ils s’adressent à des services non dotés de la personnalité morale (ce ne sont pas des entités
liées à l’État) ; et
Le Comptes spéciaux du trésor qui permettent d’attribuer directement une recette à une certaine
dépense.
Le budget est un document qui retrace l’ensemble des prévisions de recettes et de dépenses de l’Etat.
C’est un acte qui fait partie de la loi de finances de l’année.
Article 55 : « le roi (…) signe et ratifie les traités. Toutefois, les traités de commerce ou ceux engageant
les finances de l’Etat (..) ne peuvent être ratifiés qu’après avoir été préalablement approuvés par la
loi.»
Article 75 : « Le Parlement vote la loi de finances, déposée par priorité devant la Chambre des
Représentants, dans les conditions prévues par une loi organique. Celle-ci détermine la nature des
informations, documents et données nécessaires pour enrichir les débats parlementaires sur le projet
de loi de finances… ».
Article 147 : « La Cour des Comptes est chargée d’assurer le contrôle supérieur de l’exécution des lois
de finances. Elle s’assure de la régularité des opérations de recettes et de dépenses des organismes
soumis à son contrôle en vertu de la loi et en apprécie la gestion. Elle sanctionne, le cas échéant, les
manquements aux règles qui régissent lesdites opérations ».
Article 150 : « Les Cours régionales des comptes sont chargées d’assurer le contrôle des comptes et de
la gestion des régions et des autres collectivités territoriales et de leurs groupements. Elles
sanctionnent, le cas échéant, les manquements aux règles qui régissent lesdites Opérations ».
Les lois de finances : (annuelle ou rectificatives) contiennent généralement les dispositions législatives
destinées à l’application des mesures à caractère financier qu’elles prévoient.
Les lois à caractère fiscal :le code général des impôts, le code de recouvrement des créances
publiques ;
La loi no 69-00 relative au contrôle financier de l’Etat sur les entreprises publiques et autres
organismes ;
La loi n° 61-99 relative à la responsabilité des ordonnateurs, des contrôleurs et des comptables publics.
–l'ensemble des règles gouvernant les finances de l'État, des collectivités territoriales et des
établissements publics.
Les finances publiques regroupent à la fois le droit budgétaire, le droit fiscal, la comptabilité
publique et la science administrative que, depuis quelques années, on commence à nommer le
management public.
Le droit budgétaire est l'ensemble des règles juridiques déterminant la structure, le contenu et
l'élaboration des budgets des personnes publiques.
Les lois de finances déterminent le montant et l’affectation des ressources et des charges de l’Etat … »
Le « budget est l’ensemble des comptes qui décrivent pour une année civile toutes les ressources et
toutes les charges permanente de l’Etat ».
Le budget est un simple document comptable alors que la loi de finance est un document général, En
fait la loi de finance autorise ce que le budget se contente de décrire.
«La loi de finances détermine, pour chaque année budgétaire, la nature, le montant et l'affectation de
l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat, ainsi que l'équilibre budgétaire et financier qui en
résulte…».
Ainsi, la LFA prévoit et autorise , pour chaque année budgétaire, l'ensemble des ressources
et des charges de l'Etat. Elle constitue l'acte juridique par lequel le parlement autorise la
perception des recettes et l'exécution des dépenses.
1. La 1e partie à caractère juridique, elle fixe les conditions juridiques de l’équilibre financier. Elle
autorise la perception des ressources publiques, l’émission d’emprunts, et fixe les plafonds
des grandes catégories de dépenses (fonctionnement et investissement).
2. 2e partie est analytique : elle prévoit les moyens mis à la disposition des différents ministères
(BG, SEGMA, CST).
Article 5 :
« La loi de finances de l'année est élaborée par référence à une programmation budgétaire triennale
actualisée chaque année en vue de l'adapter à l'évolution de la conjoncture financière, économique et
sociale du pays .
Selon l’article 75 de la constitution, le parlement vote le projet de loi de finances déposé par priorité
au bureau de la chambre des représentants. Conformément à cette disposition la loi organique relative
à la loi des finances (LOF) précise la procédure d’examen et de vote du projet de loi de finances.
Ainsi, le projet de loi des finances est déposé le 20 octobre de chaque année et il est examiné et voté
dans un délai de 58 jours répartis comme suit :
La loi de finances rectificative intervient pour corriger ou compléter au cours de l’année budgétaire les
évaluations des charges et des ressources établies par la loi de finances de l’année et les adapter aux
nécessités de la conjoncture.
Article 4 :
« Seules des lois de finances rectificatives peuvent en cours d'année modifier les dispositions de la loi
de finances de l'année ».
Ainsi, tout changement significatif au niveau des hypothèses qui prévalent lors de la préparation de la
loi de finances de l’année doit être matérialisée dans le cadre de loi de finance rectificative. A cet effet,
la LOF encadre le calendrier d’examen et de vote du projet de la loi des finances rectificative. Le délai
global d’examen et de vote est de 15 jours répartis comme suit :
Toutefois, le nombre des LFR à déposer par année n’est précisé dans aucun texte.
C’est un document qui retrace les réalisations à la fois des dépenses et des recettes.
Article 76 Const.
LOF :
Le projet de loi de règlement de la loi de finances est déposé annuellement, en priorité, sur le bureau
de la chambre des représentants, au plus tard, à la fin du premier trimestre de la deuxième année
budgétaire qui suit l’année d’exécution de la loi de finances concernées (article 65) ;
En France :
La date limite de dépôt du projet de loi de règlement en France est fixée au 1er juin de l’année
suivant celle de l’exécution du budget auquel il se rapporte (LOLF, article 46). Le projet de loi de
règlement est examiné selon les règles ordinaires, l’article 41 de la LOLF prévoyant cependant que le
projet de loi de finances de l’année ne peut être mis en discussion devant une assemblée avant le vote
en première lecture du projet de loi de règlement afférent au dernier exercice clos.
La loi de règlement :
- Constate le montant définitif des recettes consommées et des dépenses effectuées au cours
d’un même exercice ;
- Arrête le montant des ressources et des charges de trésorerie ayant concouru à l’équilibre
financier de l’année correspondante ;
- Ouvre pour chaque programme les crédits nécessaires pour régulariser les dépassements
constatés et résultats ;
- Procède à l’annulation des crédits n’ayant pas été ni consommé ni reporté ;
- C’est un moyen de contrôle a posteriori du parlement.
Le projet de loi de règlement de la loi de finances est préparé par le ministère de l’économie et des
finances, qui le transmet au chef du gouvernement. Ce dernier l’achemine directement à la Cour des
Comptes accompagnée des informations et documents susceptibles de lui permettre d’analyser les
conditions d’exécution de la loi de finances.
1. Le budget général
Le budget est un document comptable qui retrace l’ensemble des prévisions de recettes et de
dépenses de l’état. C’est un acte qui fait partie de la loi des finances de l’année.
Article 13 :
« Le budget général comporte deux parties: la première partie concerne les ressources et la seconde est
relative aux charges. Les ressources du budget général comprennent les ressources visées à l'article 11
ci- dessus. Les charges du budget général comprennent les dépenses de fonctionnement , les dépenses
d'investissement et les dépenses relatives au service de la dette publique. »
- impôts directs et taxes assimilées : impôts directs et taxes assimilées, impôts indirects, droit de
douane, droit d’enregistrement et de timbres ;
Les dépenses de fonctionnement sont celles qui reviennent régulièrement chaque année :
rémunération du personnel, fournitures et consommation courante…
i) les dépenses de personnel
iii) les dépenses relatives aux charges communes : les crédits chapitre de fonctionnement des
charges communes sont constitués essentiellement, des dépenses revêtant un caractère social
et afférent, notamment à la couverture des dépenses de la compensation
i) les crédits de paiement : sont ceux qui sont prévus et autorisés par la loi de finances. Donc
leur paiement se fait strictement dans le cadre de l’année budgétaire.
i) chapitre pour les intérêts et commissions de la dette publique dans lequel sont inscrits le
remboursement au titre des intérêts de la dette amortissable (titres à long terme) et de la dette flottante
(emprunt à court terme). Ce sont tous des crédits ouverts au nom du ministère des finances en
monnaie nationale ou en monnaie étrangère ;
(*) On distingue la dette flottante de la dette consolidée. La dette flottante correspond aux emprunts à court
terme (bons du Trésor) émis par l'État, dont le montant fluctue au gré des émissions et des remboursements. La
dette consolidée correspond aux titres à long terme (assortis d'un taux d'intérêt plus élevé) contre lesquels le
Trésor propose aux créanciers d'échanger leurs titres à court terme.
ii) un chapitre pour les dépenses relatives aux amortissements de la dette publique à moyens et
longs termes : dans lequel sont inscrits les crédits nécessaires au remboursement en capital de la dette
publique d’une maturité supérieure à cinq ans.
- La restructuration des services publics en SEGMA a pour objectif d’améliorer la qualité des services
publics rendus par l’État en instituant un système de tarification permettant le recouvrement d’une
partie du coût de revient de ses prestations.
Exemples de SEGMA :
Article 21. al 4
« Les ressources propres doivent représenter, à compter de la 3 cmc année budgétaire suivant la création
desdits services, au moins trente pour cent (30%) de l'ensemble de leurs ressources autorisées au titre
de la loi de finances de ladite année … Les services de l'Etat gérés de manière autonome qui ne
répondent pas à cette condition sont supprimés par la loi de finances suivante. »
A retenir :
- les SEGMA ne disposent pas de la personnalité morale mais jouissent d’une autonomie de gestion
leur permettant de couvrir leurs charges au moyen de leurs propres recettes. Il s’agit parfois de
services en voie de transformation en établissement public, malgré le fait que la loi organique des
finances ne le dit pas expressément ;
- Pour les services d’État gérés de manière autonome, les ministères restent les ordonnateurs
principaux des recettes et des dépenses ;
- Les responsables de SEGMA sont désignés sous ordonnateurs (par une délégation de pouvoirs
attribués par l’ordonnateur) ;
- L’excédent des recettes réalisées sur les paiements effectués doit être reporté d’année en année ;
- Une subvention d’équilibre est mise à la disposition de ses services en cas d’insuffisance des recettes
d’exploitation. Toutefois, en cas d’excédent éventuel des recettes exploitation sur les dépenses, cet
excédent peut être affecté au financement des dépenses d’investissement.
- D’après la loi organique des finances, les comptes spéciaux du Trésor visent, conformément aux
dispositions de l’article 25 de la loi organique :
«-soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d'un lien de cause à effet
réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent être commodément incluses dans le cadre du budget
général ;
-soit de décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur continuité d'une
année budgétaire sur l’autre ;
-soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui se poursuivent pendant
plus d'une année ».
- Selon l’article 26 de la loi organique, les comptes spéciaux du Trésor sont créés par la loi de finances
à l'intérieur de l'une des catégories visées à l'article 27 ci-dessous. Cette loi prévoit les recettes de ces
comptes et fixe le montant maximum des dépenses qui peuvent être imputées sur ceux-ci. Toutefois,
des autorisations d'engagement par anticipation peuvent être accordées au profit des comptes
d'affectation spéciale, par la loi de finances de l'année, dans la limite d'un montant maximum qu'elle
prévoit. En cas d'urgence et de nécessité imprévue et impérieuse, de nouveaux comptes spéciaux du
Trésor peuvent être créés, en cours d'année budgétaire, par décrets, en application des dispositions de
l'article 70 de la Constitution. Les commissions parlementaires chargées des finances en sont
préalablement informées. Ces décrets doivent être soumis au Parlement pour ratification dans la plus
prochaine loi de finances.
- Selon l’article 27 de la loi organique, les comptes spéciaux du Trésor sont de l’ordre de cinq types :
1- Les comptes d’affectation spéciale: ces comptes sont alimentés soient par :
•des recettes fiscales, des taxes spéciales ou des redevances affectées à ces comptes par
dérogation au principe de non-affectation des ressources aux dépenses.
•D’autres recettes telles que les dons et les contributions de fonds Hassan II pour le
développement économique et social.
2- Les comptes de dépenses sur dotations: Ces comptes décrivent les opérations relatives à une
catégorie spéciale de dépenses dont le financement est assuré par des dotations budgétaires. Les
dotations de ce compte sont fixées par la loi de finances.
3- Les comptes d’adhésion aux organismes internationaux : Ces comptes décrivent les versements et
remboursements au titre de l’adhésion du Royaume du Maroc aux organismes internationaux
( banque mondiale, fonds monétaire international, etc.). Au débit de ce compte on trouve le montant
des souscriptions et au crédit les dotations budgétaires dessinées à l’apurement des souscriptions.
Ces comptes décrivent les versements sous forme de prêts de durée supérieure à deux ans, ou
d’avances remboursables de durée inférieure ou égale à deux ans. Les principaux bénéficiaires de ces
prêts et avances sont : l’ONEE, les régies de distribution d’eau et d’électricité. Ces comptes décrivent
les versements faits par l’État sur les ressources du Trésor qui sont accordés pour des raisons d’intérêt
public à des organismes relevant de l’État.
Ces comptes décrivent les mouvements de fonds d’origine monétaire qui sont de différentes natures :
on distingue notamment le compte retraçant les pertes et de gain de change subit par des paiements à
l’étranger résultant des opérations d’achat de vente de devises (Bank Al Maghrib).
Le montant total des recettes réalisées par les comptes d'affectation spéciale s'élève en 2019 à 192 M
de dirhams dont 62 M de dirhams au titre des recettes propres, 21 M de dirhams au titre des
versements du budget général et 108 M de dirhams au titre du solde dégagé à la fin de l'exercice 2018.
Quel système est choisi pour exécuter le budget : système de l’exercice ou le système de gestion?
- Le système de l’exercice: l’autorisation des dépenses peut être utilisée au-delà de la date
limite de l’exercice ;
- Le système de gestion: toutes les opérations relatives à l’exécution du budget s’arrêtent
impérativement à la fin de l’année budgétaire.
La loi organique des finances prévoit dans son Article 32 que pour :
« Pour la comptabilité budgétaire : les recettes sont prises en compte au titre de l'année
budgétaire au cours de laquelle elles sont encaissées par un comptable public ; les dépenses
sont prises en compte au titre de l'année budgétaire au cours de laquelle les ordonnances ou
mandats sont visés par les comptables assignataires ; elles doivent être payées sur les crédits
de ladite année, quelle que soit la date de la créance »
« Les crédits ouverts au budget général au titre d'une année budgétaire donnée ne peuvent être reportés
sur l'année suivante. Toutefois, les crédits de paiement ouverts au titre des dépenses d'investissement
du budget général et les reliquats d'engagement, visés et non ordonnancés, sont reportés, sauf
dispositions contraires prévues par la loi de finances, dans la limite d'un plafond de trente pour cent
(30%) des crédits de paiement ouverts au titre du budget d'investissement pour chaque département
ministériel ou institution au titre de l'année budgétaire ».
- La règle de l’équilibre signifie une parfaite égalité entre les recettes et les dépenses de l’État sans
excédent ni déficit, pendant l’année budgétaire.
- Le principe d’équilibre budgétaire renvoie à la nécessité d’équilibrer les comptes de manière à éviter
la présence de déficit dans le budget de l’État.
- ART 1er de la loi 130-13: « La loi de finances détermine, pour chaque année budgétaire, la nature, le
montant et l'affectation de l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat, ainsi que l'équilibre
budgétaire et financier qui en résulte. Elle tient compte de la conjoncture économique et sociale qui
prévaut au moment de sa préparation…»
- Conceptions traditionnelle : l'État a une intervention très limitée dans la vie économique. Dans ce
sens, le budget de l'État doit être neutre vis-à-vis de l'économie. En effet, pour les théoriciens
classiques le déficit entraîne le recours à l’emprunt et, par voie de conséquence, endettement ; ce qui
engendre l’émission monétaire et déclenche ainsi un processus inflationniste.
- Conception keynésienne: L'État a le droit voire le devoir d'intervenir dans la vie économique. Ainsi
il est obligé de réguler et relancer l'économie en temps de crise. Dans cette conception de l'équilibre
budgétaire qui n'est plus un équilibre comptable mais un équilibre économique et financier, ce n'est
pas seulement le budget qui doit être équilibré mais l'ensemble de l'économie. Dans cette optique, le
déficit n'est donc justifié que parce qu'il sert à relancer une économie en déficit.
- par l'emprunt
- Maurice Duverger « la notion d’équilibre n’est pas absente de la pensée financière moderne. Mais à l’idée
traditionnelle d’un équilibre purement financier, elle tend à substituer celle d’un équilibre économique général »
- Ce principe a connu un recul au profit d'un principe plus global confirmé par la constitution
marocaine:
La consécration de l’équilibre des finances de l’État comme un principe beaucoup plus large
de celui du principe de l’équilibre budgétaire ;
L’obligation pour le Parlement et le gouvernement de veiller à l’équilibre des finances de
l’État
Ainsi la constitution de 2011 prévoit une nouvelle règle dans la gestion des finances publiques en
prévoyant la responsabilité du Parlement et du gouvernement en ce qui concerne l’équilibre des
finances de l’État.
3- Le principe de sincérité
- Le souci technique est de garantir l’exactitude des informations contenues dans la loi de finances et la
fiabilité de l’équilibre budgétaire annoncé.
- Le gouvernement doit avancer des chiffres justifiables, approximatifs et avec bonne foi.
- Article 10 LOLF 130 « Les lois de finances présentent de façon sincère l'ensemble des ressources et des charges
de l'État. La sincérité des ressources et des charges s'apprécie compte tenu des informations disponibles au
moment de leur établissement et des prévisions qui peuvent en découler ».
- Dans le cadre de sa gestion des finances publiques, le Gouvernement n’hésitait pas à pratiquer ce que
l’on appelle« la navigation politique » en vue d’aboutir à des résultats définis a priori en ce qui
concerne par exemple le niveau du déficit ou la maîtrise des dépenses.
- Le principe de la sincérité consiste à faire prévaloir la bonne foi dans l’application des règles et
procédures en vigueur, à s’abstenir de pratiques visant à dissimuler des éléments susceptibles de
peser sur l’équilibre du budget
- Ce principe de sincérité des lois de finances permet également de moderniser la gestion budgétaire
- Le juge constitutionnel n’a pas, jusqu’à présent, annulé de dispositions d’une loi de finances
sur le fondement de ce principe.
- La Cour Constitutionnelle a accepté, depuis le début des années 2000, même si le terme «
sincérité » n’ait pas été utilisé, ce principe permet à la cour constitutionnelle d’examiner la
validité des prévisions de recettes.
1) La sincérité du budget
- Le principe de sincérité recouvre des exigences différentes selon qu’il s’agit du budget ou des comptes.
- L’Article 10 de la loi organique dispose que les lois de finances présentent de façon sincère l’ensemble
des ressources et des charges de l’État ; leur sincérité s’apprécie compte tenu des informations
disponibles et des prévisions qui peuvent raisonnablement en découler.
- Il résulte de cette exigence que les moyens pour lesquels est sollicitée une autorisation parlementaire
doivent correspondre aux charges prévisibles et doivent être à la fois suffisants pour permettre à l’État
d’honorer ses dettes et calculés au plus juste des besoins de manière à ne pas laisser inemployés les
crédits votés, dont dépend par ailleurs le niveau de recettes soumis au vote.
- Article 31 « …Les comptes de l'État doivent être réguliers, sincères et donner une image fidèle de son
patrimoine et de sa situation financière ».
- La sincérité est ici comprise dans le sens traditionnel que lui donne la doctrine comptable.
À retenir !
Le principe de la sincérité consiste à faire prévaloir la bonne foi dans l’application des règles
et procédures de préparation du PLF en s’abstenant de pratiques visant à présenter des
prévisions tronquées concernant les charges et les ressources.
Le souci technique de garantir l’exactitude des informations contenues dans la loi de finances
et la fiabilité de l’équilibre budgétaire annoncé.
A la différence de la sincérité comptable, la sincérité budgétaire est récente comparé à d’autres
principes.
Le principe de sincérité n’a pas la même portée s’il concerne les lois de règlement ou les autres
lois de finances. Pour la loi de finances de l’année, les lois de finances rectificatives, « la
sincérité se caractérise par l’absence d’intention de fausser les grandes lignes de l’équilibre
déterminé par la loi de finances. À l’inverse, « la sincérité de la loi de règlement s’entend, en
outre, comme imposant l’exactitude des comptes ». La sincérité de la loi de règlement est un
concept plus exigeant, puisqu’elle s’entend de l’exactitude des comptes. L’intensité du
contrôle de constitutionnalité des lois de règlement devrait donc s’en trouver accrue.
4- Le principe de l’unité
Consistance du principe
- Le principe de l’unité du budget répond à l’exigence de l’appareil législatif de voir l’ensemble des
recettes et des dépenses de l’Etat groupées dans un document unique de façon à lui permettre d’avoir
une vision précise et globale de la situation des finances publiques. Le principe d’unité est considéré
par la cour constitutionnelle comme une règle fondamentale du droit budgétaire.
Fondement juridique
- Le support juridique du principe de l’unité consiste dans article 3 de la loi organique des finances qui
dispose ce qui suit : « La loi de finances prévoit, évalue, énonce et autorise, pour chaque année budgétaire,
l’ensemble des charges et ressources de l’Etat…»
- Les articles 11 et 12 de cette même loi organique se sont attachés à présenter l’énumération respective
de ces ressources et charges.
- Le principe de l’unité s’appuie également, dans une certaine mesure, sur l’article 8 de la loi organique
des finances « Il est fait recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les
dépenses, l’ensemble des recettes assurant l’exécution de l’ensemble des dépenses. Toutes les recettes et
toutes les dépenses sont imputées au budget général. »
- Ce principe signifie que l’ensemble des finances publiques fait l’objet d’une présentation sans un seul
document budgétaire décrivant toutes les charges et toutes les ressources.
- Les SEGMA ne constituent pas de véritables dérogations au principe d’unité au sens où le Parlement
les vote en même temps que la loi de finances dans laquelle ils figurent. L’aménagement au principe
d’unité qu’ils représentent est lié à leur présentation comptable spécifique, à côté du budget général ;
- Gestion hors budget: Certaines entreprises et établissements publics établissent leur budget propre.
Support juridique
Article 8
- Il est fait recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses,
l'ensemble des recettes assurant l'exécution de l'ensemble des dépenses.
- Toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées au budget général.
Consistance du principe
- Le principe d’universalité tend à assurer la clarté des comptes de l’État et à permettre un contrôle
efficace du Parlement ; il a pour conséquence que les recettes et dépenses doivent figurer au budget
pour leur montant brut sans être contractées et qu’est interdite, sauf exception, l’affectation d’une
recette déterminée à la couverture d’une dépense déterminée
A- La règle de non-compensation
- Cette règle consiste en l’inscription au budget de toutes les dépenses et de toutes les recettes pour leur
montant intégral : cette règle dite du « produit brut » fait obstacle à l’inscription d’un produit net, c’est-
à-dire du seul solde, après contraction des dépenses et des recettes.
- La description dans le budget de toutes les ressources et charges permanentes de l’État et l’interdiction
de compenser les unes par les autres ont pour fonction de permettre un contrôle budgétaire plus
efficace du Parlement puisqu’aucune dissimulation de dépenses n’est possible au moyen de
compensations.
B - La règle de non-affectation
- Une recette ne peut être affectée au financement d’une dépense particulière : toutes les recettes sont
globalement destinées à la couverture de l’ensemble des dépenses inscrites au budget. Il n’y a donc
aucun lien juridique et financier entre une recette fiscale perçue par l’État et une dépense budgétaire,
même si, sur le plan politique, le gouvernement peut justifier un impôt nouveau par la nécessité de
financer une action particulière.
- Article 34 « Les fonds de concours versés par des personnes morales autres que l'Etat ou physiques pour
concourir avec ceux de l'Etat à des dépenses d'intérêt public ainsi que le produit des dons et legs, sont directement
portés en recettes, selon le cas, au budget général, aux budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome ou
aux comptes spéciaux du Trésor…Le reliquat des fonds de concours est pris en recettes au budget général. »
- Ce sont des fonds versés par des personnes physiques ou morales pour contribuer avec ceux de l’État
à des dépenses d’intérêt public. Cette procédure permet d’assurer à ceux qui souhaitent participer à une
dépense publique particulière que leurs fonds seront bien affectés à cette opération.
1) Les SEGMA représentent une dérogation à la règle de non-affectation dans la mesure où ils disposent
de recettes affectées à leurs dépenses d’exploitation et à leurs dépenses d’investissement.
2) Les comptes spéciaux: Ils figurent dans la loi de finances, mais sont présentés à côté du budget
général; certains d’entre eux constituent une dérogation à la règle de non-affectation, car ils réalisent
une affectation de recettes à des dépenses, comme les comptes d’affectation spéciale.
- La majorité des comptes spéciaux du Trésor, et plus particulièrement les comptes d’affectation spéciale
reposent, pour leur financement, sur des recettes fiscales ou parafiscales ou sur un soutien direct du
budget général.
- Cette règle signifie que les crédits sont spécialisés par chapitre (ministère), lequel constitue l’unité de
vote et de contrôle du parlement. C’est-à-dire que les crédits ne sont pas examinés par masse mais par
unité.
- Avant l’arrivée de LOF130.13 les crédits ouverts par la loi de financement spécialisé par titre et par
chapitre. Les chapitres sont subdivisés en articles, régions, paragraphes et lignes
À partir de 1er janvier 2018, l’architecture de la nomenclature budgétaire qui encombre le projet de loi de
financement est modifiée comme suit :
- Ainsi, on parle désormais de la budgétisation par programme. En effet, « le budget programme » est
défini comme « un mode de présentation des crédits budgétaires consistants regroupait les actions
d’un même ministère par programme en rapprochant pour chacun d’eux les crédits de toute nature et
les résultats physiques ou financiers attendus, le tout étant complété par une projection indicative
portant sur plusieurs années ».
- Il s'agit de passer d'une logique de moyens à une logique de résultats. Les ministères dépensiers
doivent donc définir des politiques au moyen de projets est fixer des objectifs dans le cadre de «
programme » décliné en actions évaluées par rapport à des critères de performance.
- Le virement de crédits: change la nature de dépenses prévue par la LFA. Le virement est autorisé
par décret (conjointement signé par le ministère de finances et le ministère de tutelle). Ainsi, la
possibilité donnée aux ordonnateurs de procéder à des virements de crédits entre chapitres d'un
même programme (possibilité de virer d'une dépense de fonctionnement vers les dépenses
d'investissement dans la limite de 10 % et l'inverse n'est pas possible).
- Pour les SEGMA et les comptes spéciaux du Trésor : possibilité de procéder à des virements de
crédits entre les programmes du chapitre dépense d'exploitation et les programmes du chapitre
dépense d'investissement
- en conséquence, les crédits d’une année N votés par le Parlement correspondraient aux crédits votés
de l’année N -1 auxquels on doit ajouter les mesures acquises (augmentation/diminution des
dépenses)
- quoi qu’il en soit, dans la pratique le processus du projet de budget se déroule en trois grandes
phases prévues par le décret d’application de la loi organique relative aux lois de finances : la phase
du cadrage macro-économique, financier et budgétaire, la phase des négociations entre la direction
du budget et les départements ministériels ou institutions et enfin la phase de l’adoption du projet de
budget.
- D’une manière générale, on peut dire que le processus d’établissement de la loi de finances se
déroule sous le sceau du parlementarisme rationalisé à armes inégales entre gouvernement et
Parlement, et consacre clairement la prééminence de l’exécutif qui se manifeste d’abord dans la phase
de préparation budgétaire et ensuite au moment de la discussion et du vote final de la loi de finances
où il dispose d’un impressionnant arsenal qui permette de surmonter le pseudo pouvoir
parlementaire.
- Naturellement, le ministre de l'Économie et de finances bénéficie d'un pouvoir très large en matière
de la préparation, sous l'autorité du chef du gouvernement, des projets de budget.
Article 46
Sous l'autorité du Chef du Gouvernement, le ministre chargé des finances prépare les projets de lois de finances
conformément aux orientations générales ayant fait l'objet de délibérations au Conseil des ministres
conformément à l'article 49 de la Constitution.
La direction générale des Impôts est chargée d'étudier et d'élaborer les projets de loi et les
mesures relatives aux dispositions fiscales à inclure dans les projets de loi des finances.
L’Administration de la douane et des impôts indirects (ADII) est chargée de proposer les
projets de loi et les mesures relatives aux droits de douane, qui peuvent être inclus dans le
projet de loi des finances.
La Direction des établissements publics et de la privatisation (DEPP) se charge de
l’établissement des prévisions de recettes et de dépenses découlant de l’activité des
établissements et entreprises publics, ainsi que des opérations éventuelles de privatisation.
« Sous la présidence du Chef du Gouvernement, le Conseil du gouvernement délibère sur les questions et textes
suivants :
Article 46 LOLF
Sous l'autorité du Chef du Gouvernement, le ministre chargé des finances prépare les projets de lois de finances
conformément aux orientations générales ayant fait l'objet de délibérations au Conseil des ministres
conformément à l'article 49 de la Constitution.
- Article 2 du Décret n° 2-15-426 (15 juillet 2015) relatif à l’élaboration et à l’exécution des lois de
finances.
- « Pour l’application des articles 5 et 69 (3 ème paragraphe) de la loi organique précitée n° 13013, la loi de
finances de l’année est élaborée par référence à une programmation budgétaire triennale actualisée chaque année.
- Le Chef du gouvernement invite, chaque année, au plus tard le 15 mars, par circulaire, les ordonnateurs à
établir leurs propositions de programmations budgétaires triennales assorties des objectifs et des indicateurs de
performance.
- L’élaboration du PLF de l’année s’appuie sur un cadre de référence qui détermine les orientations et
les objectifs de la politique budgétaire ou de la stratégie budgétaire à adopter pour année donnée , par
exemple :
2.Énoncer les directives générales que les ministres doivent prendre en compte pour l’élaboration de
leur programmation budgétaire triennale : priorités sociales, recherche de l’économie, maîtrise de la
masse salariale, etc.
3.Inciter chaque département ministériel, sur la base des directives du chef de gouvernement, à
effectuer des propositions annuelles des crédits par chapitre, programme, projet/action.
4. Inviter chaque ministre à inscrire, au plus tard le 15 avril, sa programmation budgétaire triennale
(PBT) portant sur tous les supports budgétaires (budget général, les services d’État gérés de manière
autonome, les comptes spéciaux du Trésor).
- La PBT impose ainsi une nouvelle organisation dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance
financière du pays. Elle s’inscrit dans le cadre de la transition budgétaire d’une logique de moyens à
une autre logique axée sur les résultats.
- En outre, la PBT détermine l’évolution de l’ensemble des ressources et des charges du budget
général (BGE), des budgets des services de l’Etat gérés de manière autonome (SEGMA) et des comptes
spéciaux du Trésor (CST) sur un horizon de trois ans.
2- Avant le 15 avril.
- Avant le 15 avril, les départements ministériels et institutions transmettent, au ministère chargé des
finances, les propositions de programmations budgétaires triennales se rapportant à leurs budgets,
aux budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome qui leur sont rattachés et aux comptes
d'affectation spéciale dont ils sont ordonnateurs.
3- Avant le 15 mai
PBT agrégée (BG) : correspond aux projections budgétaires triennales déclinées par départements
ministériels et présentées par chapitre et nature de dépense.
La PBTG fixe les montants globaux de dépenses par grandes masses (personnel, matériel et dépenses
diverses, investissement et dette) :
La PBTG fixe les montants globaux de dépenses par grandes masses (personnel, matériel et dépenses
diverses, investissement et dette)
4- Avant le 15 juillet
- Avant le 15 juillet, le ministre chargé des finances expose, en Conseil du gouvernement, l'état
d'avancement de l'exécution de la loi de finances en cours et présente la programmation triennale des
ressources et des charges de l'Etat ainsi que les grandes lignes du projet de loi de finances de l'année
suivante;
B– La phase de consultation : juillet de l’année N-1
Avant le 31 juillet
- Avant le 31 juillet, le ministre chargé des finances expose devant les commissions des finances du
Parlement, le cadre général de préparation du projet de loi de finances de l'année suivante. Cet exposé
comporte aussi l'évolution de l'économie nationale, l'état d'avancement de l'exécution de la loi de finances
en cours à la date du 30 juin, les données relatives à la politique économique et financière et la
programmation budgétaire triennale globale.
- L’article 47 de la LOF prévoit que la programmation budgétaire triennale globale est présentée aux
commissions des Finances du Parlement avant le 31 juillet de l’année.
- Invitation, par circulaire du Chef du gouvernement, des ordonnateurs à établir leurs propositions de
recettes et de dépenses pour l'année budgétaire suivante;
Début octobre : Suivi de l'adoption des orientations générales du projet de loi de finances de l'année au
conseil des ministres et ensuite au conseil du gouvernement ;
Au plus tard le 20 octobre de l'année budgétaire en cours : dépôt du projet de loi de finances de l'année
au bureau de la chambre des représentants ;
- C’est une phase purement technique entre les représentants des ministères et les représentants de la
direction du budget dans le cadre des commissions budgétaires . Ces négociations portent
essentiellement sur l’évaluation des objectifs et des indicateurs de performance contenus dans les
programmes présentés par les départements ministériels ou institutions.
- Les discussions aboutissent à l’élaboration des morasses budgétaires de chaque ministère. En cas de
désaccord le chef du gouvernement peut jouer le rôle d’arbitre.
- Les morasses budgétaires sont des documents annexes au projet de la loi de finances. Ces documents
sont adressés au Parlement pour examen. Les morasses budgétaires retracent le détail des dépenses
des supports budgétaires : budget général, des services d’État et les comptes spéciaux du Trésor.
- Rappel : la morasse budgétaire relatives aux budgets d’investissement est répartie par crédit de
paiement et crédits d’engagement.
- Une fois les enveloppes budgétaires sont fixées, le projet de budget se met à l’approbation du conseil
du gouvernement qu’il adopte, souvent dans plusieurs séances. Il est aussi soumis à l’approbation du
conseil des ministres avant d’être déposé aux deux chambres du Parlement pour examen et vote.
Évaluation des connaissances
- En matière d'adoption de lois de finances, les dispositions pertinentes se trouvent dans quatre
documents :
- La constitution
- La loi organique relative à la loi de finances
- Le décret 1–15–62 du 15 juillet 2015 relatif à l'élaboration et à l'exécution des lois de finances
- Les règlements intérieurs de la Chambre des Représentants et de la Chambre des Conseillers.
- Le Parlement est néanmoins informé du cadre général de préparation du projet de loi de finances. En
effet avant le 31 juillet, le ministre expose aux commissions des finances des deux chambres, qui
peuvent tenir une réunion commune à cette occasion le cadre général de préparation du projet de loi
de finances de l'année suivante. Cet exposé présente l'évolution de l'économie nationale; L'état
d'avancement de l'exécution de la loi de finances en cours ainsi que le cadre général de préparation du
projet de loi de finances de l'année suivante. Cet exposé donne lieu un débat sans vote.
- Au mois d'octobre de chaque année, les orientations générales du projet de loi de finances sont
présentées devant le conseil des ministres présidés par le Roi (article 49 de la constitution), puis le
conseil du gouvernement présidé par le chef du gouvernement adopte le projet de loi de finances
(constitution article 92)
- Le projet de loi de finances de l’année est déposé sur le bureau de la chambre des représentants au
plus tard le 20 octobre de l’année budgétaire en cours, accompagné de 13 documents suivant l’art 48
LOLF :
(1) note de présentation de la loi de finances comportant des données concernant les
investissements du budget général ainsi que les impacts financiers et économiques des
dispositions fiscales et douanières proposées ;
(2) rapport économique et financier ; ce rapport présente une analyse de l’économie nationale
et internationale ;
(3) rapport sur les établissements et entreprises publics ; Il traite des performances des
établissements et entreprises publiques à travers la présentation du portefeuille public et
l’examen des indicateurs financiers, économiques de ces organismes Il présente l’importance
de ces organismes dans l’économie nationale en termes de création d’emploi, de valeur
ajoutée, d’investissement public ;
(4) rapport sur les services de l'Etat gérés de manière autonome ; présente l’évolution du
nombre des SEGMA et dresse un bilan des réalisations financières ;
(5) Rapport sur les comptes spéciaux du Trésor ; Il présente notamment l'évolution du nombre
des comptes spéciaux, le bilan budgétaire et comptables ainsi que les principales actions
réalisées dans le cadre des comptes d’affectation spéciales ;
(6) Rapport sur les dépenses fiscales ; Il fournit une présentation des dérogations fiscales et
donne une appréciation de leurs coûts budgétaires évalués et analysés suivant plusieurs
critères (objectifs, bénéficiaires etc.)
(7) Rapport sur la dette publique ; dresse les données relatives à la dette publique et
notamment l’évolution de la dette et ses différentes composantes, et la stratégie du
financement du trésor (financement extérieur et intérieur)
(8) Rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l'aspect genre ; Il analyse les
efforts consentis et à poursuivre par les différents ministères pour assurer une jouissance
effective par les femmes et les hommes de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux,
culturels et environnementaux, conformément aux engagements internationaux du Maroc
(9) Rapport sur les ressources humaines ; présente l’évolution des effectifs du personnel de
l’Etat ainsi que des dépenses de ces effectifs
(11) Note sur les dépenses relatives aux charges communes ; Ce documents met l’accent sur le
rôle du budget des charges communes en tant qu’outil d’appui aux politiques sociales
(12) Rapport sur le foncier public mobilisé pour l'investissement ; il montre l’effort de
mobilisation du foncier domanial pour la promotion de l’investissement et la réalisation des
équipements publics
(13) Note sur la répartition régionale de l'investissement. Elle présente l’effort régional en
matière d’investissement réalisé.
- Le ministre des finances déclenche la procédure d’examen du projet de loi de finances par une
allocution exposant les grandes orientations économiques et financières du pays et les choix adoptés
par le gouvernement à la lumière du contexte national et international.
- Alors que l'article 84 de la constitution prévoit que l'examen d'un projet de loi s'achève lorsque les
deux chambres du parlement sont parvenues à l'adoption d'un texte identique, l'examen du projet de
loi de finances est inséré dans des délais strictement fixés à l'article 49 de la loi organique et la
chambre des représentants statue en dernier ressort.
- Le projet de loi doit être adopté dans un délai global de 58 jours qui se répartit comme suit :
30 jours pour la première lecture par la chambre des représentants a compté du dépôt du
projet de loi ;
22 jours pour la première lecture par la chambre des conseillers à compter de sa saisine;
Six jours pour l'examen par la chambre des représentants des amendements votés par la
chambre des conseillers et pour l'adoption en dernier ressort du projet de loi de finances.
- L'article 75 de la constitution repris et complété par l'article 50 de la loi organique précise ce qu'il
advient si, au 31 décembre, la loi de finances de l'année n'est pas votée ou n'est pas promulguée en
raison de sa soumission à la cour constitutionnelle. Dans ce cas, le gouvernement ouvre, par décret, les
crédits nécessaires à la marche des services publics et à l'exercice de leur mission, en fonction des
propositions budgétaires soumises à approbation.
- Dans ce cas, les recettes continueront à être perçues conformément aux dispositions législatives et
réglementaires en vigueur les concernant à l'exception, toutefois, des recettes dont la suppression est
proposée dans le projet de loi de finances et en tenant compte du nouveau taux proposé, lorsqu'une
diminution est proposée dans le projet.
- L'examen du projet de loi de finances mobilise l'ensemble des commissions de la Chambre des
Représentants . Le projet de loi de finances est renvoyé à la commission des finances et du
développement économique qui examine l'ensemble du projet (Art. 48). Parallèlement aux travaux de
la commission des finances, les autres commissions permanentes, à l'exception de la commission de
contrôle des finances publiques, procède à l'examen des projets de budget sectoriel des départements
ministériels qui relèvent de leurs compétences (article 158 du règlement intérieur).
- La discussion commence par l'examen de la première partie du projet de loi de finances, telle
qu'elle a été amendée et adoptée par la commission. Après la présentation déjà faite par le ministre des
finances devant les membres des deux chambres, la discussion en séance plénière commence par la
présentation du rapport de la commission des finances et du développement économique suivie d'un
débat général, des discussions article par article, puis d'un examen des amendements.
- Chaque amendement et chaque article (amendé) fait l'objet d'un vote. Les évaluations de recettes
font l'objet de plusieurs votes : un vote ensemble pour le budget général et les budgets des SEGMA
et un vote par catégories pour les comptes spéciaux du Trésor soit sept votes au total (article 54 de la
loi organique).
- Dès que la première partie est adoptée en séance publique, la commission des finances se réunit
pour adopter la seconde partie, tandis que toutes les commissions se réunissent pour adopter les
budgets sectoriels qui relèvent de leurs compétences.
- En séance publique, la discussion de la deuxième partie débute par une présentation des ministres
concernés puis par les interventions des rapporteurs des commissions sectorielles, suivi de discussion
générale.
- Les dépenses du budget général font l'objet d'un vote par titre et, à l'intérieur d'un même titre, par
chapitre;
- Celle des SEGMA d’un vote d’ensemble par département ministériels ou institutions auxquels ils
sont rattachés.
- Celles des comptes spéciaux du Trésor sont votées par catégorie de comptes spéciaux (article 55 de
la loi organique).
- Lorsque le projet de loi de finances est voté par la chambre des représentants (ou à l'expiration du
délai prévu 30 jours), le Gouvernement saisit par la suite la Chambre des conseillers du texte adopté
ou du texte qu'il a initialement présenté à la commission des finances ou modifié, le cas échéant, par
les amendements votés par la Chambre des représentants et acceptés par le Gouvernement (Art.49)
- Dès son dépôt sur le bureau de la chambre des conseillers, le projet de loi de finances est renvoyé à la
commission des finances, de la planification et du développement économique. Comme à la
chambre des représentants, les autres commissions examinent les budgets sectoriels et ministériels qui
relèvent de leurs compétences.
Article 50
« Conformément à l'article 75 de la Constitution, si au 31 décembre, la loi de finances de l'année n'est pas votée
ou n'est pas promulguée en raison de sa soumission à la Cour Constitutionnelle[en cas de désaccord
sur les amendements], le gouvernement ouvre, par décret, les crédits nécessaires à la marche des services
publics et à l'exercice de leur mission…les recettes continuent à être perçues conformément aux dispositions
législatives et réglementaires en vigueur les concernant à l'exception, toutefois, des recettes dont la suppression
est proposée dans le projet de loi de finances. Quant à celles pour lesquelles ledit projet prévoit une diminution
de taux, elles seront perçues au nouveau taux proposé. »
D- L'exercice du droit d'amendement en matière de loi de finances
- Le droit d'amendement est un droit que la constitution reconnaît à tous les membres des deux
chambres du parlement (article 83 de la constitution). Avec le dépôt de propositions de loi, il
constitue la manifestation principale du droit d'initiative est l'activité parlementaire. C’est le droit de
proposer des modifications à un texte (projet ou proposition de loi)
- Le droit d'amendement des parlementaires est encadré par l'article 77 de la constitution reprit est
précisé par l'article 56 de la loi organique et l'article 162 du règlement intérieur.
- Afin de préserver « l'équilibre des finances de l'État », Le gouvernement peut opposer, de manière
motivée, l’irrecevabilité à des amendements ayant pour objet soit une diminution de ressources
publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique. Cette irrecevabilité peut être
soulevée aussi bien au stade de la commission que de la séance publique. L'intervention du
gouvernement, qui doit justifier son initiative, met fin immédiatement à la discussion de
l'amendement concerné.
*Le caractère limitatif des crédits : est posée par l'article 58 de la loi organique. Il signifie que « les
dépenses ne peuvent être engagées, ordonnancés et payés que dans la limite des crédits ouverts ». Ce
principe connaît deux exceptions :
Certains crédits ont un caractère évaluatif, c'est-à-dire que les dépenses peuvent s'imputer
au-delà des dotations inscrites dans la loi de finances. La loi organique ne confère le caractère
évaluatif qu'à deux catégories de dépenses : la dette publique et la dette viagère ; les
remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux. Les dépassements éventuels sont
constatés et autorisés à titre de régularisation par la loi de règlement.
En cas de « nécessité impérieuse et imprévue d'intérêt national », Des crédits
supplémentaires peuvent être ouverts par décret en cours de l'année conformément à l'article
70 de la constitution (article 60 de la loi organique). Les commissions parlementaires chargées
des finances en sont préalablement informées. Ces crédits supplémentaires sont ratifiés par la
loi de règlement (loi organique, article 64).
*En vertu du principe d'annualité, les crédits ouverts au budget général au titre d'une année
budgétaire donnée ne peuvent être reportés sur l'année suivante (article 63 de la loi organique).
Cependant, ce principe connaît une exception concernant les crédits de paiement ouvert au titre des
dépenses d'investissement du budget général et qui n'aurait pas fait l'objet d'un ordonnancement en
fin d'exercice : ils peuvent être reportés dans la limite d'un plafond de 30 % des crédits ouverts par la
loi de finances (article 63). Ce plafond peut être réduit par la loi de finances.
*En vertu du principe de spécialité, les crédits ouverts par la loi de finances sont affectés à la
couverture de dépenses déterminées. L'unité de spécialité budgétaire, c'est-à-dire le niveau de
l'autorisation de dépenses que le Parlement donne au gouvernement, est le chapitre (article 45). Le
gouvernement ne peut donc effectuer des virements de crédits entre chapitre.
- Cependant, la nouvelle structure budgétaire en programme augmente les marges de manœuvre des
gestionnaires de crédits.
- La fongibilité des crédits permet à l'ordonnateur gestionnaire de crédits de modifier les affectations
prévues initialement afin de les adapter à l’évolution de ses besoins. C’est le contraire de la
spécialisation des crédits qui consiste à détailler l’autorisation budgétaire afin que chaque crédit ait
une affectation définitive. La LOLF permet de modifier la destination des crédits au sein d’un même
programme
- L'article 45 limite la fongibilité au chapitre et autorise des virements de crédits à l'intérieur d'un
même programme ou entre programmes à l'intérieur d'un même chapitre. Les modalités de mise en
œuvre de cette fongibilité sont prévues à l'article 23 du décret du 15 juillet 2015 relatif à l'élaboration et
à l'exécution des lois de finances :
•Le gestionnaire pourra modifier les dotations des projets ou actions d'un même programme
et d'une même région ;
•En revanche le gestionnaire devra recueillir l'accord du ministre des Finances pour
autoriser des virements de crédits entre programmes d'un même chapitre (dans la limite de 10
% des crédits de programmes concernés) ou pour autoriser les virements de crédits entre
régions d'un même programme.
- Les lois de finances rectificatives sont présentées et votées dans les mêmes formes que la loi de
finances de l'année sous réserve de délai d'examen particulier (article 57). Ces délais sont précisés à
l'article 51 de la loi organique. Le délai global d'examen laissé au Parlement et de 15 jours à compter
du dépôt (au lieu de 58 jours pour le projet de loi de finances de l'année), délai qui se décompose
comme suit :
- 8 jours pour la première lecture par la chambre des représentants à compter du dépôt du
projet de loi ;
- 4 jours pour la première lecture par la chambre des conseillers à compter de sa saisine;
- 3 jours pour l'examen par la chambre des représentants des amendements votés par la
chambre des conseillers et pour l'adoption en dernier ressort du projet de loi de finances
rectificatives.
Aux termes de l'article 64 de la loi organique, la loi de règlement constate et arrête le montant
définitif des recettes encaissées, des dépenses dont les ordonnancements sont visés, se
rapportant à une même année budgétaire, et arrête le compte de résultat de l'année.
Ratifie les crédits supplémentaires ouverts en cours de l'année par décret « en cas de nécessité
impérieuse et imprévue d'intérêt national », après information préalable des commissions des
finances des deux chambres (article 60) ;
Constate et autorise, à titre de régularisation, les dépassements des crédits ouverts et ouvre les
crédits nécessaires pour les régulariser tout en donnant les justificatifs nécessaires ;
Et constate l'annulation des crédits n'ayant pas été consommés
1) du compte général de l'Etat appuyé du bilan et des autres états financiers ainsi que d'une
évaluation des engagements hors bilan;
2) d'une annexe relative aux crédits supplémentaires ouverts, accompagnée de tous les
justificatifs nécessaires, le cas échéant;
3) du rapport annuel de performance élaboré par le ministère chargé des finances. Ce rapport
constitue la synthèse et la consolidation des rapports de performance élaborés par les
départements ministériels et institutions;
5) et du rapport d'audit de performance. il est élaboré par l'inspection générale des finances
aura pour objet d'apporter, entre autres, une appréciation des programmes des objectifs et des
indicateurs ainsi qu'un examen des capacités des gestionnaires