6-Partie 1 - Titre 3-2
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Art. 18 Toute partie qui, après avoir soulevé l'incompétence d'une juridiction nationale statuant en cassation
estime que cette juridiction a, dans un litige la concernant, méconnu la compétence de la Cour
commune de justice et d'arbitrage peut saisir cette dernière dans un délai de deux mois à compter de
la notification de la décision contestée.
La Cour se prononce sur sa compétence par arrêt qu'elle notifie tant aux parties qu'à la juridiction en
cause.
Si la Cour décide que cette juridiction s'est déclarée compétente à tort, la décision rendue par cette
juridiction est réputée nulle et non avenue.
II. Conditions
La recevabilité du recours en annulation exige la réunion cumulative de deux conditions, celle d'avoir
préalablement soulevé l'incompétence de la juridiction nationale de cassation devant cette dernière et
le fait pour celle-ci de s'être prononcée dans une matière relevant de la compétence de la CCJA. En
l'espèce, le recours en annulation est irrecevable dès lors que les requérantes ne prouvent pas
qu'elles ont plaidé l'incompétence de ladite Cour suprême devant elle ; il ne résulte ni de l'arrêt
attaqué, ni du mémoire ampliatif que cette question a été soulevée et discutée ; la seule pièce qui en
parle, intitulée note de plaidoirie, est datée du 12 mars 2009, date à laquelle l'arrêt attaqué a été vidé ;
aucune des pièces du dossier n'atteste que la Chambre judiciaire de la Cour suprême a été saisie
dans les délais de cette exception, ni qu'elle ait été débattue contradictoirement devant elle. En
conséquence, le recours est irrecevable pour ne pas avoir été introduit dans les conditions édictées
par l'article 18 du Traité OHADA (CCJA, Ass. plén., n° 114, 4-11-2014 : Jacqueline Casalegno, La Sté
Chanas Assurances SA, La Sté Nationale des Hydrocarbures (SNH) c/ Denis Gillot, Louis Laugier,
Ohadata J-15-205 ; CCJA, 2e ch., n° 146, 11-8-2016 : Boubakar Hann c/ Ousmane Balde et 6 autres,
Ohadata J-17-86).
Seules deux conditions sont posées à l'article 18 du traité OHADA, à savoir, d'une part, que
l'incompétence ait été soulevée avant la décision de la juridiction nationale, d'autre part, que la CCJA
ait été saisie dans le délai de deux mois à compter de la notification de la décision. Lorsque le
demandeur au pourvoi a, par écrit non contesté du 16 avril 2007, régulièrement soulevé
l'incompétence de la Cour suprême nationale, que la décision contestée a été rendue le 10 juillet 2007
et que la CCJA a été saisie dans le délai prescrit, les conditions de l'art. 18 sont remplies (CCJA, n°
029/2011, 6-12-2011 (Pourvoi n° 080/2008/PC du 21-8-2008) : K. K. c/ K. A. J., Rec. jur. CCJA n° 17,
juill.-déc. 2011, p. 157 ; Juris-Ohada, 2012, n° 1, janv.-mars, p. 42, Ohadata J-13-172).
Obs. : cette décision permet à la CCJA de clarifier une question précédemment posée, à savoir s'il est impératif de
soulever l'incompétence de la juridiction suprême nationale saisie à tort avant de saisir la CCJA. Désormais la réponse est
clairement affirmative. On peut relever au passage que dans le cas d'espèce, c'est la requérante qui a elle-même saisi la
juridiction suprême nationale incompétente, avant de saisir la CCJA - peut-être après s'être avisée. Il convient de relever
que plusieurs juridictions suprêmes nationales se sont dessaisies d'office au profit de la CCJA, sur le fondement de l'article
15 du Traité OHADA ; voir sous l'art. 15.
Cependant, la condition a été tenue pour remplie lorsque, bien que l'arrêt attaqué n'ait pas fait état de
l'exception d'incompétence soulevée par le requérant au pourvoi, celui-ci avait, dans son mémoire en
réplique à l'exploit du pourvoi en cassation de la défenderesse, soulevé l'incompétence manifeste de
la juridiction suprême nationale pour connaître du litige (CCJA, 1 e ch., n° 017, 25-3-2010 : S. c/ Côte
d'Ivoire Telecom SA, Juris-Ohada, n° 3/2010, juill.-sept., p. 4, Ohadata J-11-61, J-12-54).
Il résulte de l'article 18 du traité relatif à l'OHADA qu'un arrêt d'une juridiction nationale de cassation
ne peut être annulé que si celle-ci a méconnu la compétence de la CCJA, bien que son incompétence
ait été soulevée par une partie, conformément à la procédure suivie devant cette juridiction nationale.
Le recours en annulation de la décision de la juridiction nationale de cassation doit être rejeté, dès lors
que l'exception d'incompétence n'a pas été soulevée en temps utile par un conseil régulièrement
constitué. S'agissant du recours en annulation de l'arrêt rendu par une juridiction nationale de
cassation en violation de la compétence de la CCJA, l'exception d'irrecevabilité soulevée devant la
CCJA au motif que le déclinatoire de compétence n'a pas été déposé de manière recevable devant la
juridiction nationale de cassation est irrecevable, dès lorsque le recours en annulation initié devant la
CCJA a été fait dans le délai de deux mois prévu à l'article 18 du Traité de l'OHADA (CCJA, 2 e ch. n°
137, 12-11-2015 : Etablissements GUY-NES et les GALERIES c/ Sté TOTAL CAMEROUN S.A.,
Ohadata J-16-130).
Le pourvoi exercé sur le fondement de l'article 18 du Traité en l'absence de preuve que le demandeur
a soulevé au préalable l'incompétence de la juridiction nationale de cassation au cours de l'instance
ayant abouti à l'arrêt contesté est irrecevable. Au demeurant, aucune disposition du Traité OHADA ne
permet d'anéantir, après coup, une décision d'une haute juridiction nationale par laquelle celle-ci
refuse de rabattre une décision antérieure par elle prise et où le problème de son incompétence ne
s'était pas posé et ainsi atteindre cette dernière décision pour l'annuler (CCJA, 1e ch., n° 073, 14-11-
2013 : Abdoulaye DIENG c/ Sté TRANSSENE, Rec. jur. CCJA n° 20, vol. 1, janv.-déc. 2013, p. 29-31,
Ohadata J-15-73) ; voir aussi (CCJA, Ass. plén., n° 072, 29-4-2015 : Sté Bernabé Sénégal SA c/
Société civile immobilière Dakar Invest dite SCI DAKAR INVEST, Société civile immobilière Dakar
centenaire dite SCI DAKAR CENTENAIRE, Ohadata J-16-73, précisant que les conditions
d'annulation ne sont pas remplies en l'espèce dès lors qu'il ressort de l'arrêt attaqué que la
demanderesse a sollicité auprès d'une juridiction suprême nationale, qui l'a rejeté, le sursis à statuer,
arguant de la saisine de la CCJA d'une demande en interprétation de son arrêt n° 027/2007 du 19-7-
2007).
Lorsque les défendeurs ont soulevé in limine litis l'incompétence de la juridiction suprême nationale
tout en invitant cette dernière à saisir la CCJA du dossier, que la juridiction suprême nationale s'est
néanmoins déclarée compétente et a rejeté le pourvoi sans répondre à l'exception d'incompétence
soulevée, les conditions exigées par l'article 18 du traité OHADA pour saisir la CCJA d'un recours en
annulation sont remplies et l'exception d'irrecevabilité doit être rejetée (CCJA, n° 015/2008, 24-4-2008
: K. A. J. et autres ayants droit de feu K. V. c/ 1) SGBCI, 2) C. D., 3) BICICI, Rec. jur. CCJA, n° 11,
janv.-juin 2008, p. 114, Ohadata J-09-106). S'agissant du recours en annulation de l'arrêt rendu par
une juridiction nationale de cassation en violation de la compétence de la CCJA, l'exception
d'irrecevabilité soulevée devant la CCJA au motif que le déclinatoire de compétence n'a pas été
déposé de manière recevable devant la juridiction nationale de cassation est irrecevable, dès lors que
le recours en annulation initié devant la CCJA a été fait dans le délai de deux mois prévu à l'article 18
du Traité de l'OHADA (CCJA, 3e ch., n° 141, 19-11-2015 : Sté BOURBON Offshore SURF, S.A.S c/
TATY Jean Claude, Ohadata J-16-134).
1° Computation du délai
La notification de la décision contestée, au sens de l'article 18 du Traité institutif de l'OHADA, n'a pour
but que de faire courir le délai du recours en annulation ; l'accomplissement de cette formalité n'est
pas une condition de recevabilité du recours. Ainsi, si comme le prétend le défendeur au pourvoi,
aucune preuve de la notification de l'arrêt attaqué n'a été rapportée, il y a lieu de dire que le délai de
pourvoi court toujours (CCJA, 3e ch., n° 164, 13-7-2017 : BICEC SA c/ Ngou Jean).
Obs. : par ces arrêts, la CCJA semble avoir confirmé sa compétence exclusive même pour les pourvois mixtes. Il s'ensuit
que la jurisprudence antérieure de certaines juridictions nationales de cassation qui prônaient une compétence partagée
avec la CCJA doit être désormais tenue pour caduque. Voir dans les éditions antérieures du présent ouvrage (C. Sup.
Niger, civ. Arrêt n° 01-158/C, 16-8-2001 : SNAR LEYMA c/ Groupe Hima Souley, Ferdinand AHO et al. ; OHADA :
Jurisprudences nationales. Ed. Bénin Consulting Group, Cotonou (Bénin) : 2004, p. 3, 1NE2, Ohadata J-02-28 ; Cass.
com. (Burkina Faso), n° 22, 14-12-2006 : Sté LAFCHAL SARL c/ C. K. S., Ohadata J-09-01).
C'est à tort qu'une juridiction suprême nationale s'est fondée sur sa jurisprudence selon laquelle « la
juridiction nationale retient sa compétence en présence de moyens mixtes, c'est-à-dire lorsque le
pourvoi soulève, en plus des griefs relatifs à l'application des textes supranationaux, des moyens
relatifs à l'application d'un texte national » pour retenir sa compétence, alors que l'article 14 du traité
relatif à l'OHADA pose le principe de la compétence exclusive de la CCJA pour connaître du recours
en cassation contre les décisions rendues par les juridictions nationales statuant en second degré «
dans toutes les affaires soulevant des questions relatives à l'application des Actes uniformes… ».
L'invocation d'une disposition de droit interne aux côtés d'un Acte uniforme comme moyen de
cassation ne peut justifier la compétence d'une juridiction de cassation nationale sans enfreindre les
dispositions de l'article 14 du Traité, lesquelles reconnaissent à la CCJA une compétence entière dans
toutes les affaires soulevant des questions relatives à l'application d'un Acte uniforme. C'est donc à
tort que la juridiction suprême nationale s'est déclarée compétente, exposant ainsi son arrêt à la nullité
prévue par l'article 18 du traité (CCJA, 3e ch., n° 027, 13-3-2014 : Ibrahim TOURE c/ Cheickna LAH,
Ohadata J-15-118. CCJA, Ass. plén., n° 050, 23-4-2014 : ADAMAH-FOLLY Foligan Bruno c/ SODJI
Ahlin, Ohadata J-15-141).
B. Saisie immobilière
La Cour suprême nationale qui a retenu sa compétence, sur pourvoi contre l'arrêt d'une cour d'appel
nationale, en décidant que le moyen unique de cassation invoqué par le demandeur au pourvoi tiré de
la contrariété de décisions ne soulève aucune question se rapportant à l'interprétation et à l'application
d'Actes uniformes, alors que l'arrêt attaqué a décidé entre autres qu'il n'y a pas lieu de surseoir à la
vente de l'immeuble saisi et a ordonné au tribunal de fixer conformément à la loi, une nouvelle date
pour la vente dudit immeuble, a méconnu les dispositions de l'article 18 du traité OHADA en se
déclarant à tort compétente. Sa décision est nulle et non avenue (CCJA, 1 e ch., n° 003/2013, 7-3-2013
; P n° 116/2009/PC du 16-11-2009 : Abdoulaye Diallo c/ LALLE Bi Ya Jacques, Rec. jur. CCJA n° 20,
vol. 1, janv.-déc. 2013, pp. 40-44, Ohadata J-15-03).
L'affaire sur laquelle le TPI et la cour d'appel se sont respectivement prononcés étant relative à
l'annulation de la vente aux enchères publiques d'un immeuble, à l'audience des criées du 10 mai
1999 du TPI d'Abidjan, cette procédure est régie, depuis le 10 juillet 1998, par l'AUPSRVE et donc
relève désormais de la compétence de la CCJA par application de l'article 14 al. 3 du traité OHADA.
La juridiction suprême nationale s'étant par conséquent déclarée compétente à tort pour connaître du
pourvoi en cassation exercé contre l'arrêt d'appel, sa décision est réputée nulle et non avenue en
application de l'article 18 du Traité OHADA (CCJA, n° 015/2008, 24-4-2008, précité, Ohadata J-09-
106).
Dans le même sens :
• CA Abidjan, n° 617, 8-6-2004 : CFAO c/ O. B., Actualités juridiques n° 49, 2005, p. 210, note
François Komoin ; Ohadata J-05-349, retenant que les mesures d'exécution basées sur des décisions
rendues par une juridiction suprême nationale en violation de la compétence de la CCJA sont
irrégulières car lesdites décisions sont juridiquement inexistantes ;
Obs. : voir aussi les décisions rendues en application des art. 2, 10 et 14 du Traité OHADA sous ces articles.
• CCJA, 3e ch., n° 013/2012, 8-3-2012 ; P. n° 043/2009/PC, du 29-4-2009 : Elton Oil Company c/ Papa
Mactar Sarr ; CCJA, 3e ch., n° 29, 6-12-2011 : K K c/ K A, Juris Ohada, 2012, n° 1, janv.-mars, p. 42,
Ohadata J-13-21 ; CCJA, n° 029/2011, 6-12-2011 (Pourvoi n° 080/2008/PC du 21-8-2008) : K. K. c/ K.
A. J., Rec. jur. CCJA n° 17, juill.-déc. 2011, p. 157, Ohadata J-13-172, condamnant la défenderesse
aux dépens ; CCJA, 2e ch., n° 015, 2-4-2015 ; P n° 077/2011/PC du 14-9-2011 : Sté Nigérienne de
Banque (SONIBANK) c/ Succession TAHIROU Illou représentée par Hamadou TAHIROU, Ohadata J-
16-15.
C. Injonction de payer
Sur une décision déclarant nulle et non avenue la décision d'une juridiction suprême nationale qui a
retenu sa compétence en matière d'injonction de payer malgré le déclinatoire de compétence, voir :
CCJA, Ass. Plén., n° 007, 4-2-2014 : ETAT du CAMEROUN c/ Sté Forestière HAZIM et Compagnie
SA dite SFH & Cie, Sté Camerounaise de Raffinage MAYA et Compagnie SA, Sté PLASTICS and Co.
Sarl, Sté Forestière HAZIM SCIERIE et Compagnie SA dite SFHS, Sté Forestière HAZIM SCIERIE
NGAMBE TIKAR, Sté Transport Camerounais SA dite TRANSAC, Sté Forestière Industrielle du Wouri
SA dite SFIW, Sté Industrielle du Bois du Cameroun Sarl dite IBCAM, HAZIM CHEHADE HAZIM,
Ohadata J-15-98 ; CCJA, 2e ch., n° 183, 27-7-2017 : SAMAG SA c/ GRAFICA Ivoire Sarl ; CCJA, 3e
ch., n° 214, 23-11-2017 : Omaïs Jawad c/ Entreprise Dossou, Vidjanagni Dossou Antoine.
Obs. : même si ce n'est pas précisé, il est possible, comme c'est souvent le cas, que le bail, qui a pu se poursuivre et soit
devenu un bail à durée déterminée dont la résiliation est régie par l'AUDCG après son entrée en vigueur.
- sur la résiliation d'un bail professionnel et l'expulsion du preneur (CCJA, 3 e ch., n° 166, 18-10-2018 :
Sylla Mamadou c/ N'Golofoungo Ali Coulibaly).
Obs. : il convient de noter qu'il y a une différence entre la nullité de la décision rendue en violation de la compétence de la
CCJA et l'inexistence retenue par la cour d'appel d'Abidjan (voir ci-après Ohadata J-05-349), notamment en ce que
l'inexistence est imprescriptible. Voir aussi sous l'art. 49 de l'AUPSRVE.
F. Hypothèque judiciaire
La CCJA est compétente pour un litige relatif à l'hypothèque autorisée par le président d'un TGI et
validée par une cour d'appel ayant décidé le maintien de l'intégralité et de la conversion en
hypothèque judiciaire définitive qui sous-tend la condamnation pécuniaire. Dans ces conditions, le
contrôle de la régularité procédurale dont se prévaut la Cour Suprême nationale pour retenir sa
compétence ne saurait primer sur son obligation de s'assurer au préalable de sa compétence rationae
materiae. C'est donc à tort qu'elle s'est déclarée compétente pour examiner le pourvoi en cassation ;
sa décision attaquée est réputée nulle et non avenue en application des dispositions de l'article 18 du
Traité OHADA (CCJA, 1e ch., n° 168, 17-12-2015 : SOCIETE ELCO CONSTRUCTION c/ SOCIETE
MAISONS SANS FRONTIERES CONGO SARL dite MSF, Ohadata J-16-161).
G. Autres exemples
- Pour une saisie-attribution de créance (CCJA, Ass. plén., n° 069, 25-4-2014 : ECOBANK-BURKINA
c/ KOUTOU SOMLAWINDE DAOUDA, Ohadata J-15-160 ; CCJA, 2e ch., n° 202, 23-11-2017 :
Kouadio Konan c/ Kakou Appia, A. C. Laure épse Kakou Appia) ou sa validité (CCJA, 3 e ch., n° 139,
7-6-2018 : Kouadio Konan c/ Kacou Appia Justin et 1 autre).
Le fait de saisir la Cour suprême nationale d'un pourvoi en cassation assorti d'une requête en
surséance contre l'arrêt d'une cour d'appel ayant rejeté la défense à exécution d'une sentence
arbitrale constitue une procédure dilatoire et illégale en ce qu'elle n'a été prévue par aucun texte (T.
com. Pointe-Noire (Congo), n° 001, 9-1-2008 : ENI-CONGO S.A. c/ Ets. MIC VIDEO, Ohadata J-13-
71).
Obs. : la « surséance » équivaut au « sursis », terme davantage utilisé. L'art. 18 du traité OHADA n'a pas été
expressément visé, mais la solution est transposable, car il était question de la compétence exclusive de la CCJA
conformément aux art. 25 et 32 de l'AUA.
- Sociétés commerciales :
- Pour un litige au sujet duquel les parties ont sollicité en vain de la juridiction nationale de cassation
une décision d'incompétence ou de sursis à statuer (CCJA, Ass. plén., n° 068, 29-4-2015 : Sté
Générale France dite S.G, Sté Bayerische Hypo Und Vereinsbank AG c/ El Hadji Boubacar HANN, La
Société Hann et Compagnie SA, Ohadata J-16-189 ; CCJA, 3e ch., n° 50, 25-3-2016 : 1- TRCI SA, 2-
Joseph Désiré Biley, 3- P.T.E Ltd c/ 1- Etat de Côte d'Ivoire, 2- SAPHIC SA, Ohadata J-16-252) ;
- pour un litige relatif à l'annulation de cession d'actions dans une société anonyme (CCJA, 3 e ch., n°
015, 25-1-2018 : Sté CKG Holding c/ Sté YARA France) ;
- annulation d'une cession de droits sociaux pour vice de consentement et non-paiement du prix, ainsi
que l'opposabilité de cessions de parts sociales entre vifs (CCJA, 2 e ch., n° 249, 29-11-2018 : Diarra,
née Mariam Traore c/ Mari Diarra).
- Suspension d'une exécution entamée (CCJA, 3e ch., n° 218, 22-11-2018 : Afriland First Bank c/ Dje
Amoin, Marie Laurence c/ Entreprise Assureurs Conseils Services, Bamba Ahmed Karamoko sur les
vois d'exécution en général, CCJA, 3e ch., n° 157, 27-10-2016 : Daouda Keita c/ Moussa Kante,
Abdoulaye Kante, Ohadata J-17-97 ; CCJA, 2e ch., n° 146, 11-8-2016 : Boubakar Hann c/ Ousmane
Balde et 6 autres, Ohadata J-17-86 ; CCJA, 1e ch., n° 218, 23-11-2017 : Union Provinciale des
Producteurs Semenciers du Bazèga c/ Union Régionale des Producteurs Semenciers du Centre Sud),
dans le cadre d'une saisie immobilière (CCJA, 1 e ch., n° 170, 27-7-2017 : Sani Al Hadj Ousmane c/
Sté Générale Tchad ; CCJA, 1e ch., n° 190, 25-10-2018 : Sté SOGAD BTP c/ ORABANK GABON,
indiquant que le sursis prévu à l'article 16 du Traité n'était pas applicable en l'espèce) ;
- Compétence du juge de l'exécution (CCJA, 2e ch., n° 131, 18-5-2017 : 1) Sté Armement Safmarine
Container lines NV, 2) Sté Maersk Line Agency Cameroun SA c/ Sté des Etablissements Momkam) ;
- Sûretés : La juridiction nationale de cassation qui a statué sur un pourvoi dans une affaire soulevant
manifestement des questions relatives à l'application d'un Acte uniforme (en l'espèce l'AUS) malgré le
déclinatoire de sa compétence a méconnu la compétence de la CCJA et exposé sa décision à
l'annulation conformément aux dispositions de l'article 18 du Traité relatif à l'OHADA, même si les
moyens de cassation [présentés devant la juridiction nationale de cassation] sont « tirés de l'omission
de statuer et du défaut de base légale » (CCJA, 3e ch., n° 050, 1-3-2018 : Sté GTA-C2A/IARDT c/ Sté
Afriland First Bank, SGI Togo SA, Sté SITEL).
Obs. : la solution principale posée par cet arrêt n'est pas nouvelle. Cependant, c'est la première fois que la CCJA précise
que l'omission de statuer et le défaut de base légale peuvent également donner lieu à l'annulation d'une décision rendue
par une juridiction suprême nationale au mépris de sa compétence. En effet, certains plaideurs qui portent encore des
affaires soulevant des questions relatives à un Acte uniforme ou un texte de l'OHADA devant une juridiction nationale de
cassation essaient de justifier leur stratégie procédurale en invoquant des moyens qui seraient fondés sur des questions
en dehors des Actes uniformes, telles que des dispositions de droit interne (Code de procédure civile dans la plupart des
cas). La CCJA a pourtant une position claire et constante qui consiste à retenir sa compétence exclusive même en cas de
pourvois mixtes, le critère essentiel étant une affaire soulevant des questions relatives à l'application d'un Acte uniforme ou
autre texte de l'OHADA. A part la question principale du litige, qui relevait de l'AUS, la position de la CCJA est justifiée en
l'espèce dès lors que l'omission de statuer et le défaut de base légale, qui sont prévus par l'article 28 bis du Règlement de
procédure de la CCJA relativement aux moyens de cassation devant la CCJA, constituent indiscutablement aussi des «
questions relatives à l'application d'un texte de l'OHADA » (en l'occurrence le Règlement de procédure de la CCJA) ; la
compétence exclusive de la CCJA était donc justifiée.
A. Décision non rendue par une juridiction nationale de cassation et/ ou ne relevant pas de la
législation OHADA
Obs. : il est déjà arrivé que la CCJA « casse » la décision d'une juridiction nationale de cassation au lieu de la déclarer «
nulle et non avenue » (CCJA, 2e ch., n° 017, 27-2-2014 : SORO TCHOHONA et KOUAME KAN BLAISE c/ Collège IRIS II
et ZOHE Raymonde, Ohadata J-15-108). En effet, même si les deux procédures ont un résultat équivalent, elles sont
différentes, la cassation régie par l'art. 14 du Traité concernant en principe les décisions rendues par les juridictions de
fond ou en dernier ressort et le « recours en annulation » concernant les décisions rendues par les juridictions nationales
suprêmes ou de cassation selon l'art. 18 du Traité. Les parties sont donc encouragées à préciser le type de recours
qu'elles introduisent dans chaque cas. En ce qui la concerne, il serait souhaitable que la cour demeure constante en
n'utilisant pas invariablement, comme ce fut le cas en l'espèce, la cassation et l'annulation.
B. Incompétence de la CCJA pour une décision rendue par une autre juridiction communautaire
Le seul cas d'annulation par la CCJA d'une décision rendue par une juridiction nationale suprême ou
de cassation est celui de l'article 18 du Traité OHADA, qui ne concerne que les affaires portées à tort
devant les juridictions nationales de cassation et n'est en aucun cas applicable à celles jugées par les
juridictions communautaires, telles que la Cour de justice de la CEMAC en l'espèce. La CCJA est
donc incompétente (CCJA, 2e ch., n° 106, 30-12-2013 : Abel KOMENGUE-MALENZAPA c/ ECOBANK
CENTRAFRIQUE, Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), Rec. jur. CCJA n° 20, vol. 1, janv.-
déc. 2013, p. 78-80, Ohadata J-15-79).
Obs. : il convient de noter cependant que l'autorité de chose jugée n'a été reconnue en l'espèce qu'en l'absence d'une
saisine de la CCJA alors que le recours devant la juridiction nationale de cassation était pendant contre l'arrêt attaqué ; en
cas de saisine de la CCJA, la décision à intervenir de la juridiction nationale de cassation ne peut avoir l'autorité de chose
jugée en raison de la suspension de la procédure imposée par l'art. 18 du Traité. Sur ce point, voir sous les art. 16 et 20 :
CCJA, Ass. plén., n° 067, 29-4-2015 ; P n° 064/2007/PC du 16-7-2007 : 1) Sté Générale de Banques en Guinée dite
S.G.B.G, 2) Sté Générale France, 3) Sté Bayerische Hypo Und Vereinsbank AG c/ 1) El Hadj Boubacar Hann, 2) Sté Hann
et Compagnie, Ohadata J-16-67.
Est irrecevable d'office, pour autorité de la chose jugée, le pourvoi formé concurremment devant la
CCJA et une juridiction suprême nationale en cassation d'un même arrêt, dès lors que statuant par
arrêt contradictoire, la juridiction nationale a cassé et annulé la décision attaquée puis renvoyé les
parties, pour être fait droit, devant une cour d'appel, la cause ayant été ainsi tranchée à la demande
des parties, sans qu'elles aient soulevé l'incompétence de la juridiction suprême nationale (CCJA, 3 e
ch., n° 233, 14-12-2017 : Sté CHANAS Assurances c/ Louis Laughier, Jacqueline Casalegno ; CCJA,
2e ch., n° 043, 23-3-2017 : Sté Zhang Lotus Limited Sarl c/ NSIA Banque Côte d'Ivoire (Anciennement
BIAO Côte d'Ivoire, Ohadata J-17-190).
Code Ohada - Partie I TRAITE, REGLEMENTS ET DECISIONS - Titre III LE CONTENTIEUX RELATIF A
L'INTERPRETATION ET A L'APPLICATION DES ACTES UNIFORMES
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