Le Bien Être Au Travail
Le Bien Être Au Travail
Le Bien-être au travail
GRH II
Pr : Mme ASMAA FARAH
“We are embedding health & well-being at the heart of our business strategy because our
people are our greatest asset, and we recognize that a healthy, happy and committed
workforce is vital to our business success.” D’où l’importance capitale du bien-être au sein
des organisations, surtout dans le contexte actuel où les firmes cherchent plus que jamais la
performance. Celle-ci sont donc censés créée un environnement sain pour les salariés où ils
vont se sentir bien lors de l’exécution de leur travail.
Le présent travail abordera l’apparition du concept du bien-être et son évolution au fil du
temps jusqu’à sa conceptualisation, puis après, il mettra le point sur les objectifs du bien-être
au travail et la manière comment assurer et développer le bien-être au sein d’une entreprise et
enfin le dernier point à traiter c’est le fameux modèle PERMA . Pour mettre en pratique ce
qu’on a évoqué précédemment, une étude de cas a été sur l’entreprise Deloitte et aussi , afin
de prendre en considération l’effet culturel.
I. Origine et évolution du concept du bien-être au travail
Le concept du bien-être au travail trouve son origine dans certains recherches scientifiques
menés à partir de 1920, principalement celles d’Elton Mayo puisqu’il a mis en lumière
l’impact des facteurs humains à savoir la motivation et la satisfaction sur la productivité.
Durant les années 1950, Eric Trist quant à lui a remis en cause le taylorisme en considérant
qu’il faut inclure les dimensions humaines et sociales au travail.
Divers modèles ont été proposés à propos du bien-être au travail, savoir, le modèle de Warr
(1990), Daniels (2000), Danna et Griffin (1999), Cotton et Hart (2003),
Warr illustre le modèle du bien-être au travail sous forme de trois axes : heureux-mécontent,
content-inquiet, enthousiaste-déprimé.
Sur la base des travaux de Warr, Daniels maintient les axes 2 et 3 et rajoute trois axes, en effet
5 axes sont présentés au sein de ce modèle : Anxiété-Confort, Dépression-Plaisir, Ennui-
Enthousiasme, Fatigue-Vigueur, Colère-Placidité.
Comme pour Warr, l’outil de mesure est sous forme d’adjectifs, or, dans ce modèle le nombre
d’adjectifs passe de 18 à 30. Ainsi ce modèle vient pour compléter celui de Warr.
Selon Danna et Griffin, le bien-être est une combinaison des symptômes médicaux physiques
et psychologiques, des expériences de vie générales et des expériences reliées au travail. En
effet, selon cette perspective le bien-être est tributaire de la santé et de la satisfaction. Cette
approche a été critiquée vu que le bien-être et la satisfaction sont deux concept distincts qu’il
ne faut pas confondre, ainsi, le fait d’inclure les expériences de la vie générale, éloigne le
bien-être de la sphère du travail. En conséquence, cette approche traite la qualité de vie plutôt
que le bien être.
Cependant, les modèles cités précédemment intègrent des composantes négatives et positives
(bien-être et mal-être), donc ils traitent plutôt la santé psychologique au travail que celui de
bien-être au travail.
Hormis ces modèles, deux raisonnements ont mis l’accent particulièrement sur le concept du
bien-être au travail, ce sont les travaux de Robert (2007) et ceux de Dagenais-Desmarais et al
(2010).
Ce modèle est considéré comme le premier dans la littérature qu’a abordé le concept du bien-
être au travail en faisant une séparation du bien-être de la personne au travail et le bien-être du
salarié au travail.
Par ailleurs, le bien-être de la personne au travail concerne l’hygiène, la sécurité,
l’embellissement des lieux, il s’intéresse davantage aux aspects environnementaux que
confronte le salarié quotidiennement dans la firme où il opère.
Le bien-être du salarié au travail désigne la disposition du salarié des moyens et des
conditions adéquates pour faire son travail comme il le faut.
Par conséquent, pour avoir une efficacité et un rendement optimal du salarié, il est nécessaire
de prendre son bien-être en considération et cela en agissant sur les deux facteurs évoqués ci-
dessus (Aspects environnementaux et les moyens et conditions de réalisation du travail).
Cette approche est considérée comme la première à présenter des paramètres pertinents pour
améliorer le bien-être au travail et de mettre en action ce concept. Or, ce modèle reste qu’une
proposition purement théorique sans validation empirique, donc il ne peut pas être considéré
comme une base solide mais seulement une source d’inspiration.
A l’encontre des modèles précédents, ce modèle a été basé sur un raisonnement inductif, ce
dernier a permis de forger six composantes du bien-être au travail :
Alors, le bien-être au travail est constitué par l’ensemble de ces composantes de manière à ce
que chaque composante est attribuée à une proportion de ce dernier. Cette conception trouve
son origine dans les travaux de Ryff (1989) portants sur le bien-être général en le
décomposant en six composantes : l’acceptation de soi, les relations positives avec les autres,
l’autonomie, le contrôle de son environnement, les buts dans la vie et la croissance
personnelle.
A l’issue de ces travaux consacrés à la modélisation du concept du bien-être, cette approche a
présenté aussi un outil de mesure : l’index of psychological well-being at work.
Cette échelle de mesure est composée de 5 dimensions: l’adéquation interpersonnelle au
travail, l’épanouissement au travail, le sentiment de compétence au travail, la reconnaissance
perçue au travail et la volonté́ d’engagement au travail. Chacune de ces cinq dimensions est
composée de cinq items soit un total de 25 items.
Le score de bien-être au travail obtenu à l’aide de ce questionnaire est calculé́ en faisant la
moyenne des cotes de l’ensemble des items ou bien en faisant la moyenne des cotes pour
chaque dimension pour une analyse plus précise.
En somme, le bien-être au travail est facteur majeur à ne pas négliger lors de la gestion d’une
entreprise, puisque la quasi-totalité des travaux ont démontré l’existence d’un lien de causalité
entre le bien-être et la productivité des salariés. Cependant, toutes les recherches citées
précédemment ont été menées sur le territoire Nord-Américain, d’où la nécessité de réaliser
les mêmes travaux dans d’autres pays afin de prendre en compte l’effet culturel du bien-être
au travail et son impact sur sa constitution.
II. Définitions du bien-être au travail
Malgré que le bien-être au travail reste encore un concept flou étant donné qu’il est développé
récemment par la littérature scientifique, celle-ci présente plusieurs définitions :
Selon Bradburn (1969), si ses affects positifs l’emportent sur ses affects négatifs, la personne
peut être considérée comme étant dans une situation de bien-être au travail.
Selon Richard (2012), le bien-être au travail est « un construit à deux dimensions : une dimension
émotionnelle ou affective liée au plaisir et l’ensemble des affects positifs et une dimension cognitive liée à
la prise de conscience du sens que prend le travail pour la personne ».
Selon Biétry et Creusier (2013), l’obtention du bien-être au travail passe par l’hédonisme.
Cette approche définit la notion de bien-être subjectif, où l’individu confronté à des affects
positifs et négatifs dans le cadre de son travail, se trouve en situation de bien-être s’il arrive à
maximiser les premiers et à minimiser les seconds. La définition eudémonique du bien-être au
travail passe par le principe d’accomplissement. C’est le fait d’apporter quelque chose qui
vient de soi à son environnement, de donner du sens à son travail, et de tirer une satisfaction
de cet engagement.
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le bien-être sur le lieu de travail est
défini comme « un état d'esprit dynamique caractérisé par une harmonie satisfaisante entre d'un côté les
aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du
milieu de travail, d’autre part ».
Selon Buffet et al. (2013), le bien-être apparaît à l’intersection de deux champs : la sécurité et
la santé au travail et l’innovation pour l’environnement de travail, qui se décline en cinq
éléments : l’organisation du travail (autonomie dans le travail) ; GRH (employabilité);
relation salariale (implication) ; ergonomie (confort) ; temps professionnels (équilibre vie
privée - vie professionnelle).
Le bien-être au travail rend les salariés plus motivés et plus impliqués au travail :
Un salarié qui arrive heureux et en forme le matin va travailler plus efficacement. Savoir que
son travail est utile et reconnu par son équipe et/ou ses supérieurs est stimulant, tout comme la
perspective de passer un bon moment entre collègues à midi et/ou en fin de journée une fois le
travail accompli. Le bonheur au travail n’a que des conséquences positives.
Le bien-être des salariés les rend plus impliqués, mais aussi potentiellement plus
créatifs :
Durant les pauses, ou dans un moment de repos personnel, il n’est pas rare par exemple pour
un salarié investi dans son activité professionnelle de réfléchir à la meilleure manière de
solutionner un problème ou de songer à un nouveau projet pertinent…
De plus, les salariés intéressés par leur travail et motivés par les objectifs de leur entreprise
ont naturellement tendance à œuvrer dans une bonne ambiance interne et à savoir
collaborer. Un bon climat d’entreprise fédère les énergies et permet de gagner en productivité
et d’améliorer les résultats.
Le bien-être au travail permet de fidéliser ses salariés et d’éviter la fuite des talents hors de
l’entreprise. Une bonne méthode pour s’entourer des meilleurs.
Un salarié efficace et performant, mais que son poste ne motive plus va certainement essayer
de négocier de nouvelles fonctions ou d’obtenir une promotion plutôt que de privilégier la
recherche d’un poste dans une autre entreprise.
Cet état d’esprit rejaillit sur l’image de marque de l’entreprise et peut l’aider à recruter des
profils intéressants. Pour les jeunes, l’ambiance et le bien-être au travail sont devenus souvent
plus importants que le salaire et les responsabilités.
Pour synthétiser l'approche de la psychologie positive dans une théorie, Seligman a défini
cinq éléments. Chaque élément est intrinsèquement motivant et contribue au bien-être, et
chacun doit être poursuivi pour son propre bien et mesuré de manière indépendante.
Voici un aperçu des cinq éléments qui composent également l'acronyme PERMA.
Les émotions positives sont un indicateur primordial d'un individu florissant et heureusement,
elles peuvent être cultivées ou apprises. Les exemples incluent la joie, l'amour, la
compassion, l'épanouissement, l'espoir, l'intérêt, l'amusement et la gratitude.
Il est important de noter que l'émotion positive est plus nuancée que le simple fait de se sentir
heureux ou d'afficher un grand sourire. Par exemple, une personne peut se sentir heureuse
après avoir accepté son passé torturé tout en regardant vers l'avenir avec un espoir renouvelé.
Fiançailles (E)
La plupart des gens se sont perdus dans un bon livre ou un bon film et ont perdu toute notion
du temps. L'engagement est très similaire au concept de flux du psychologue Mihaly
Csikszentmihalyi, où l'individu vit dans le moment présent en se concentrant entièrement sur
une tâche moyennement difficile.
L'engagement peut être encouragé par l'individu participant à des activités qu'il aime ou
restant dans le moment présent en utilisant une technique telle que la pleine conscience.
La psychologie positive suggère également de passer du temps dans la nature et d'identifier
ses propres forces de caractère.
Les êtres humains ont un désir naturel de se connecter avec les autres et de faire partie d'une
tribu, d'un groupe, organisation, école ou cercle. En fait, il a été démontré que les liens
sociaux jouent un rôle dans la prévention du déclin cognitif et l'amélioration de la santé
physique. Le bien-être peut également être accru par le renforcement ou le maintien de
relations intimes. Cela peut impliquer des actions simples comme partager de bonnes
nouvelles ou réagir avec enthousiasme à la présence des autres.
Signification (M)
Accomplissement (A)
Les salariés heureux sont 13% plus productifs que ceux qui ne sont pas heureux (Étude
Oxford Business School et British Telecoms).
Il y en a plusieurs niveaux de lecture pour définir le bien-être au travail et ils constituent
chacun des leviers de productivité et de motivation.
Conclusion
Il a été montré après une analyse critique que le bien-être est concept proche mais distinct
d’autre concept comme la qualité́ de vie, la santé psychologique ou la satisfaction et qu’ils ne
doivent pas être employés de manière interchangeable. De plus l’usage de multiples
qualificatifs tel que « bien-être subjectif » ou « encore bien-être psychologique » complique
considérablement le travail d’unification des connaissances. L’un des points central de cette
communication est de montrer que le bien-être au travail est bien un construit à part entière et
non une spécification du bien-être général et que l’utilisation sans précaution des échelles de
mesure du construit général (Berkman, 1971 ; Ryff, 1989) pour estimer le construit spécifique
est sujette à caution même s’il existe probablement une part de variance commune (Diener,
1989). En ce sens, sa mesure implique de questionner directement le ressenti des salariés et
donc de passer par une procédure auto-déclarative relative aux interactions avec
l’environnement professionnel. Une échelle prétendant le mesurer ne saurait donc ignorer a
priori les dimensions managériales et organisationnelles mais aussi les différents statuts de
l’individu : personne et salarié (Page, 2005 ; Robert, 2007). A partir de ces constats, une
définition du bien-être au travail peut à présent être posée : il s’agit d’un état psychologique
positif, plaisant, et multidimensionnel qui écarte par définition les aspects négatifs de la santé
mentale (Seligman, Steen, Park, & Peterson, 2005). Il apparait important de souligner, au vue
de cette définition, que la fusion de plusieurs échelles mesurant par exemple la satisfaction,
l’implication ou encore la justice organisationnelle (Kooji et al, 2013) ne peut plus être
considérée comme une mesure fiable du bien-être des salariés. Il appartient donc dorénavant
aux chercheurs de prendre toutes les précautions quant aux choix de leurs outils de mesure du
bien-être au travail.
Bibliographie
Diener E. (1984), “Subjective well-being”. Psychological Bulletin, Vol 95, n°3, p 542-
575
Keyes C L M. (1998), “Social well-being”, Social Psychology Quarterly, Vol 61, p 121-
140
Warr P. (1990), “The measurement of well-being and other aspects of mental health”.
Journal of Occupational Psychology, Vol 63, p 193-210.