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Cours Géo - Surfaces

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H.

BENALLAL

Courbes et Surfaces Paramétrées

Université de TLEMCEN, Faculté des Sciences


Département de Mathématiques
2019-2020
Surfaces paramétrées

H.BENALLAL

28 avril 2020

1 Rappel sur les différentielles

L’étude des surfaces paramétrées est une généralisation de celle des


arcs paramétrées. Nous nous intéressons ici aux propriétés affines
des surfaces paramétrées et nous introduisons la notion de surface
géométrique.
On rappelle dans cette partie les notions différentielles utiles pour
les surfaces.
Soit D un domaine de R2 (ouvert connexe de R2 ).
f : D −→ R3
Définition 1.0.1 Une fonction est dite de classe
(u, v) 7−→ f (u, v)
∂f ∂f
C 1 si f et ses dérivées partielles et existent et sont continues.
∂u ∂v
Définition 1.0.2 La fonction f est dite de classe C k si les dérivées
partielles jusqu’à l’ordre k existent et soient continues.
f est dite de classe C ∞ si f est de classe C k , ∀k.
2 ∂ 2f ∂ 2f
Si f est de classe C , alors: =
∂u∂v ∂v∂u
Notations: On note par:
∂f ∂f ∂ 2f ∂ 2f
fu = , fv = , fuv = , fvu = .
∂u ∂v ∂u∂v ∂v∂u

2 Représentation paramétrique des surfaces régulières

Définition 2.0.1 (Surfaces paramétrées)


Une représentation paramétrique de classe C k d’un sous ensemble
des points M dans R3 est une application de classe C k :
f : D ⊂ R2 −→ R3
(u, v) 7−→ f (u, v)

1
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

L’image M = f (D) = {f (u, v), u, v ∈ D} est appelée la surface


géométrique ou le support géométrique de la surface paramétrée.
(une surface lisse de classe au moins C 1 )

Exemple 2.0.2 La sphère S 2 (0, a) est définie par l’application


f : [0, 2π] × [− π2 , π2 ] −→ R3
f (v, u) = (a cos u cos v, a sin u cos v, a sin v)

2.1 Reparamétrisation

On peut reparamétrer les surfaces paramétrées par les difféomorphismes.


Soient f : D ⊂ R2 −→ R3 une surface paramétrée de classe C 1 et
g : X ⊂ R2 −→ D un C 1 difféomorphisme. Alors: f ◦ g : X −→ R3 est
une surface paramétrée qui a exactement le même support géométrique
de f . On dit que f ◦ g est une reparamétrisation de la surface.
Définition 2.1.1 On dit qu’une surface paramétrée est simple si et
seulement si l’application f est injective.
Définition 2.1.2 On dit qu’une surface paramétrée est cartésienne si

− → − → −
et seulement si, il existe un repère (O, i , j , k ) de R3 tel que l’on
ait:

− →
− →

∀(u, v) ∈ D : f (u, v) = O + u i + v j + h(u, v) k

2
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

Définition 2.1.3 Soit f : (u, v) 7−→ f (u, v) = (f1 (u, v), f2 (u, v), f3 (u, v))
une nappe paramétrée de R3 . La matrice jacobienne de la nappe est
la fonction matricielle
∂f1 ∂f1
 
 ∂u ∂v 
 ∂f2 ∂f2 
J : (u, v) 7−→ J(u, v) =  ∂u ∂v 

 ∂f ∂f 
3 3
∂u ∂v
Définition 2.1.4 Une surface paramétrée: f : D −→ R3 est dite
régulière au point p = f (u, v) si et seulement si la matrice jacobienne
est de rang 2. Ce-ci est équivalent à: fu ∧ fv 6= 0, ∀u, v ∈ D
Définition 2.1.5 Un sous ensemble M de R3 connexe est appelé une
surface si chaque point de M admet un voisinage qui soit régulièrement
paramétré.

2.2 Exemples

1) Le graphe d’une fonction de classe C 2


g : D ⊂ R2 −→ R3
(u, v) 7−→ g(u, v) = z

définie par: Gg = (u, v, g(u, v)) ∈ R3 , u, v ∈ D .
La paramétrisation f (u, v) = (u, v, g(u, v)) de Gg est régulière. En
effet:
fu = (1, 0, gu ), fv = (0, 1, gv ) et fu ∧fv = (−gu , −gv , 1) 6= 0 ∀u, v ∈ D

2) La représentation paramétrique:
f (u, v) = (u + v, u − v, u2 + v 2 )
est régulière: fu = (1, 1, 2u), fv = (1, −1, 2v) et fu ∧ fv = (2v +
2u, 2u − 2v, −2) 6= 0 ∀u, v ∈ R2
3) L’hélicoı̈de:
f (u, v) = (u cos v, u sin v, bv) u ≥ 0, v ∈ R, b > 0

3
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

On a: fu = (cos v, sin v, 0), fv = (−u sin v, u cos v, b) et fu ∧ fv =


(b sin v, −b cos v, u) 6= 0

4) Le tore:
f (u, v) = ((R + r cos u) cos v, (R + r cos u) sin v, b sin u)
u ≥ 0, v < 2π, R > r > 0, On a:
fu ∧ fv = −b(R + r cos u)(cos u cos v, cos u sin v, sin u) 6= 0, ∀u, v

4
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

5) La sphère unité:
f (u, v) = (sin u cos v, sin u sin v, cos u), (u, v) ∈]0, π[×]0, 2π[
On a: fu ∧ fv = (sin u)f (u, v) 6= 0, ∀u, v

3 Plan tangent à une surface régulière


3.1 Courbe tracée sur une surface de R3

Soit f (u, v) une représentation paramétrique d’une surface M de classe


C 1 . Soit
α : I ⊂ R −→ D ⊂ R2
t 7−→ α(t) = (u(t), v(t))
une courbe paramétrée régulière plane de classe C 1 . Considérons
l’image de cette courbe dans la surface M . Alors l’application f ◦ α :

5
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

I −→ R3 est une courbe paramétrée de classe C 1 , dont le support est


inclus dans le support: M = f (D).

Considérons la courbe α1 : u ∈ I 7−→ α1 (u) = f (u, v0 ). Si α1 est


régulière , alors le vecteur α10 (u0 ) est tangent à la courbe α1 au point
α1 (u0 ).
De même si la courbe: α2 : v ∈ J 7−→ α2 (v) = f (u0 , v) est régulière,
alors le vecteur α20 (v0 ) est tangent à la courbe α2 au point α2 (v0 ). Où
I et J sont deux intervalles de R tels que: (u0 , v0 ) ∈ I × J ⊂ D. Et
α10 (u0 ) = fu (u0 , v0 ), α20 (v0 ) = fv (u0 , v0 ).
Et comme fu ∧ fv 6= 0 par hypothèse, alors les vecteurs fu et fv sont
linéairement indépendants et ils engendrent un plan.

3.2 Plan tangent à une surface

Définition 3.2.1 L’espace tangent à une surface paramétrée f : D −→


R3 au point p0 = f (u0 , v0 ) est l’espace vectoriel de dimension 2, noté

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Tp0 M , passant par p0 est engendré par les vecteurs fu (u0 , v0 ) et fv (u0 , v0 ).

Définition 3.2.2 Soit Tp0 M le plan tangent passant par le point p0 ,


fu ∧ fv
le vecteur N = s’appelle le vecteur unitaire normal.
kfu ∧ fv k
Exemple 3.2.3 L’hélicoı̈de:
f (u, v) = (u cos v, u sin v, bv) u ≥ 0, v ∈ R, b > 0
On a: fu = (cos v, sin v, 0), fv = (−u √ sin v, u cos v, b), fu ∧ fv =
(b sin v, −b cos v, u) 6= 0 et kfu ∧ fv k = b2 + u2 6= 0, d’où:
1
N=√ (b sin v, −b cos v, u)
b2 + u2

3.3 Équation du plan tangent



− → − → −
Soit (O, i , j , k ) un repère de R3 dans lequel f : D −→ R3 s’écrit:

− →
− →

(u, v) 7−→ f (u, v) = f1 (u, v) i + f2 (u, v) j + f3 (u, v) k .
p0 = f (u0 , v0 ) étant un point régulière de la surface M . Le plan

− →
− →

tangent Tp0 M est l’ensemble des points m = (x, y, z) = x i +y j +z k
de R3 tel que le système (− p− →
0 m, fu (u0 , v0 ), fv (u0 , v0 )) soit lié, admet pour
équation cartésienne:

x − f1 (u0 , v0 ) f1,u (u0 , v0 ) f1,v (u0 , v0 )

y − f2 (u0 , v0 ) f2,u (u0 , v0 ) f2,v (u0 , v0 ) = 0

z − f3 (u0 , v0 ) f3,u (u0 , v0 ) f3,v (u0 , v0 )

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Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

c-à-d: ∃a, b ∈ R tels que −


p−→
0 m = afu + bfv .

Exemple 3.3.1 Soit f : R −→ R3 telle que:


f (u, v) = (5u−3v 2 +3, −u+v 2 , 3u+4v 2 ) l’équation de l’espace tangent
à M au point m0 = f (0, 0) = (3, 0, 0). On a: fu = (5, −1, 3), fv =
(−6v, 2v, 8v). Soit m = (x, y, z) ∈ Tm0 M , ∃a, b ∈ R tel que :

m−0→
m = afu + bfv = (5a, −a, 3a) + (−6bv, 2bv, 8bv)

 x − 3 = 5a − 6bv
=⇒ y = −a + 2bv
z = 3a + 8bv


 x = 5a − 6bv + 3
=⇒ y = −a + 2bv L’équation paramétrique
z = 3a + 8bv

l’équation cartésienne:

x−3 5 0  x = 5a + 3

y
−1 0 =0
=⇒ y = −a
z 3 0

z = 3a

x = −5y + 3
=⇒ a = −y
z = −3y

=⇒ x − z = −2y + 3 =⇒ x + 2y − z − 3 = 0

4 les deux formes fondamentales


4.1 Première forme quadratique fondamentale

Soit f : (u, v) 7−→ f (u, v) une surface régulière de classe C k , k ≥ 2.


Définition 4.1.1 On appelle la différentielle de f (u, v), noté df , une
application bijective du vecteur (du, dv) associe le vecteur:df = fu du +
fv dv dans le plan tangent.
Définition 4.1.2 La première forme quadratique fondamentale Ip (
une forme bilinéaire symétrique) est la restriction de la forme quadra-
tique X 7−→ kXk2 au plant tangent à M au point p = f (u, v):
∀V, W ∈ Tp M : Ip (V, W ) = V.W

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Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

où V.W est le produit scalaire des vecteurs V, w dans R3 .


Le plan vectoriel tangent à M est engendré par les deux vecteurs: fu
et fv . Un vecteur du plan tangent est donc de la forme V = λfu + µfv
est on a:
Ip (V, V ) = λ2 kfu k2 + 2λµfu .fv + µ2 kfv k2
Elle s’exprime dans la base {fu , fv } de Tp M par:
Ip (df, df ) = df.df = (fu du + fv dv) . (fu du + fv dv)
= fu .fu du2 + 2fu .fv du.dv + fv .fv dv 2
= Edu2 + 2F du.dv + Gdv 2
En désignant par: E = fu .fu , F = fu .fv et G = fu .fv des applications
de classe C k−1 de D dans R.
Les coefficients E, F et G s’appellent coefficients de la première
forme fondamentale.
Théorème 4.1.3 La forme Tp est une forme définie positive.
Preuve
Ip = df.df = Edu2 + 2F du.dv + Gdv 2
 
 Edu + F dv
= du dv
F du + Gdv
  
 E F du
= du dv
F G dv

E F
Alors la forme Ip est définie par la matrice symétrique .
F G
Pour qu’elle soit définie positive il faut et il suffit que: E > 0 et
EG − F 2 > 0. On a bien: E = |fu |2 > 0 et
EG − F 2 = (fu .fu )(fv .fv ) − (fu .fv )2 = (fu ∧ fv )2 > 0
( On utilisera la formule : (a ∧ b)(.c ∧ d) = (a.c)(b.d) − (a.d)(b.c)).
Exemple 4.1.4 Considérons la surface définie par:
f (u, v) = (u + v, u − v, uv) : fu (u, v) = (1, 1, v) et fv (u, v) = (1, −1, u)
Les coefficients de la première forme fondamentale sont: E = fu .fu =
2 + v 2 , G = fv .fv = 2 + v 2 et F = fu .fv = uv. D’où Ip = (2 +
v 2 )du2 + 2uvdu.dv + (2 + u2 )dv 2 , cette forme est définies positive, car
E = 2 + v 2 > 0 et EG − F 2 = 2u2 + 2v 2 + 4 > 0.

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4.2 Longueur et Aire


4.2.1 longueur d’un arc tracé sur une surface

Prenons une surface paramétrée: f : D ⊂ R2 −→ R3 de classe C 1 et


α : [a, b] ⊂ R −→ D une courbe paramétrée plane. Alors f ◦ α = γ est
une courbe paramétrée dont le support est inclus dans f (D).
α : t 7−→ (u(t), v(t)) 7−→ f (u(t), v(t)) = γ(t)
Le vecteur tangent à γ en α(t) = (u(t), v(t)) est γ 0 (t) = fu (u(t), v(t))u0 (t)+
fv (u(t), v(t))v 0 (t).
γ est ainsi rectifiable , sa longueur est donnée par:
Z b Z b
0
L(γ(t)) = kγ (t)kdt = kfu (u(t), v(t))u0 (t) + fv (u(t), v(t))v 0 (t)kdt
a a
Z b  21
= (u0 (t))2 kfu (u(t), v(t))k2 + (v 0 (t))2 kfv (u(t), v(t))k2 + 2u0 (t)v 0 (t)fu .fv dt
a
Z b 1
= (u0 (t))2 E(u(t), v(t)) + (v 0 (t))2 G(u(t), v(t)) + 2F (u(t), v(t))u0 (t)v 0 (t) 2 dt
a
Z b  12
0 2 0 2 0 0
= (u (t)) E(u(t), v(t)) + (v (t)) G(u(t), v(t)) + 2F (u(t), v(t))u (t)v (t) dt
a
Donc Z bq
L(γ) = Ip (γ 0 (t), γ 0 (t))dt
a

4.2.2 l’aire d’une surface

La norme du produit vectoriel est égale à la surface du parallélogramme


construit sur (→
−u ,→

v ) c-à-d: k→

u ∧→− v k = k→ −
u kk→−
v k |sin(→

u ,→
−v |.
Considérons M s = du.dv une petite surface encadrée par du et dv
du point (u, v). Soit ∆S, l’image de M s par f :
p
∆S = |df ∧ df | = |fu ∧ fv | dudv = EG − F 2 dudv
Définition 4.2.3 L’aire de la surface paramétrée M = f (D) où
3
f : D −→ R est égale à
ZZ p
Aire(M ) = F G − F 2 dudv
D

D est le domaine de la paramétrisation.

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Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

Exemple 4.2.4 Soit M la surface d’un tore


f (u, v) = ((R + r cos u) cos v, (R + r cos u) sin v, b sin u)
u ≥ 0, v < 2π, R > r > 0, On a:
fu (u, v) = −r(sin u cos v, −r sin u sin v, r cos u), fv (u, v) = (R+r cos u)(− sin v, cos v
Ainsi
E = fu .fu = r2 , F = fu .fv = 0, G = fv .fv = (R + r cos u)2 .
L’aire de cette surface est donc
Z 2π Z 2π p Z 2π Z 2π
A= EG − F 2 dudv = (r(R + r cos u))dudv
0 0 0 0
Z 2π Z 2π
= [r(Ru + r sin u)]2π
0 dv = r 2Rπdv = 2Rrπ[v]2π 2
0 = 4π rR.
0 0

4.3 Application de Gauss

Soient f : D −→ R3 une surface régulière en tout point et N (u, v) =


fu ∧ fv
le vecteur normal unitaire au point p = f (u, v) de M .
kfu ∧ fv k 
Soit S 2 = (x, y, z) ∈ R3 tel que : x2 + y 2 + z 2 = 1 la sphère unité
de R3 .
L’application N : M −→ s2 qui associe à chaque point p = f (u, v),
le vecteur unitaire normal en f (u, v) est appelée application de Gauss
de la surface:
N : p ∈ M 7−→ N (p) ∈ S 2
On montre qu’elle est de classe C ∞ . Sa différentielle dp N est une
application linéaire de Tp M dans TN (p) S 2 . Comme ces deux espaces
sont parallèles , dp N peut être interprétée comme un endomorphisme
de l’espace vectoriel Tp M .

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Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

4.4 Dérivée directionnelle

Soit F : M −→ R une fonction à valeurs réelles , p un point de M et


V un vecteur tangent à M au point p ( V ∈ Tp M ).
On donne β : ]−ε, ε[ −→ M une courbe de classe C 1 telle que
β(0) = p et β 0 (0) = V . Alors :
F ◦ β : ]−ε, ε[ −→ R
t 7−→ (F ◦ β)(t)
Définition 4.4.1 (F ◦ β)0 (t) est appelée la dérivée directionnelle de la
fonction F dans la direction du vecteur V .

d F (t + sV ) − F (t)
DV F (p) = (F ◦ β)(t) = lim
dt t=0
s7→0 s

4.5 Opérateur de forme

Soit M une surface régulière paramétrée par f : D ⊂ R2 −→ R3 et V


un vecteur tangent à M au point p ∈ M : V = afu + bfv .
Soit N (p) le vecteur unitaire normal à M au point p : c-à-d : ∀ V ∈
Tp M : V.N (p) = 0.
Soit maintenant α : I −→ M une courbe paramétrée par la longueur
d’arc (I étant un intervalle de R contenant l’origine) et telle que:
α(0) = p et α0 (0) = v ( α0 (t) = u0 (t)fu (u(t), v(t))+v 0 (t)fv (u(t)+v(t))).
Comme (N ◦ α)(t).T (t) = 0 ∀t proche de 0, où T le vecteur
tangent à α. Alors T 0 (t).(N ◦ α)(t) = −(N ◦ α)0 (t).T (t)
Au point t = 0, on a :
−T (0).(N ◦ α)0 (0) = T 0 (0).N (α(0)) = T 0 (0).N (p)
c-à-d −DV N (p).V = T 0 (0).N (p) (T (0) = α0 (0) = V ).
Proposition 4.5.1
Pour tout V ∈ Tp M , la dérivée directionnelle DV N (p) appartient à
Tp M .
De plus, l’application définie par
Sp : Tp M −→ Tp M
V 7→ Sp (V ) = −DV N (p)
est une application linéaire symétrique. c-à-d : ∀ U, V ∈ Tp (M ) :
Sp (U ).V = U.Sp (V ) . Sp est appelé l’opérateur de forme de la surface
M.

12
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

Preuve
1) Montrons que DV N (p) ∈ Tp M .
Soit α : I = ]−ε, ε[ −→ M une courbe paramétrée par la longueur
d’arc avec α(0) = p et α0 (0) = V .
0
On a : k(N ◦ α)(t)k = 1 =⇒ (N ◦ α) (t).(N ◦ α)(t) = 0 . Donc en
d
t=0: N (α(t)) .N (α(0)) = 0. C-à-d: DV N (p).N (p) = 0. Ce
dt t=0
qui montre que Dv N (p) est orthogonal à N (p), ainsi DV N (p) ∈ Tp M .
2) Montrons la linéarité de V 7→ Dv N
on considère la courbe α passant par p et telle que α0 (0) = V + W .
d’après la définition :

d
DV +W N (p) = N (α(t)) .(V + W )
dt t=0

d d
= N (α(t)) .V + N (α(t)) .W
dt t=0 dt t=0
= DV N (p) + DW N (p)
3)Montrons que Sp est symétrique:
 
∂f ∂f
Considérons (fu , fv ) = , (p) une base du palan tangent
∂u ∂v
Tp M où f (u, v) est la paramétrisation de la surface M .
a) Montrons que Sp (fu ).fv = Sp (fv ).fu , c-à-d: Dfu N (p).fv = Dfv N (p).fu
Soit t 7→ α(t) = f (u(t), v(t)) une courbe tracée sur M telle que
α(0) = p. On a
Dα0 (0) N (p) = Du0 (0)fu +v0 (0)fv N (p) = u0 (0)Dfu N (p) + v 0 (0)Dfv N (p)
D’autre part:

d
N (u(t), v(t)) = Nu u0 (0) + Nv v 0 (0)

dt t=0

d
Et comme Dα (0) N (p) = (N ◦ α)(t) . Alors Dfu N (p) = Nu et
0
dt t=0
Dfv N (p) = Nu .
Par ailleurs , comme N est perpendiculaire au plan Tp M , alors
N.fu .N.fv = 0. En dérivant respectivement par rapport à v et u on
aura: Nv .fu + N.fvu = 0 et Nu .fv + N.fvu = 0 . Ainsi Nv .fu =
−N.fuv = Nu .fv

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Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

On en déduit
Sp (fu ).fv = −(Dfu N (p)).fv = −Nu .fv = −Nv .fu
= (−Dfv N (p)).fu = Sp (fv ).fu
b) Prenons maintenant, V, W deux vecteurs quelconques dans Tp M .
Montrons que: Sp (V ).W = Sp (W ).V
V et W sont deux combinaisons linéaires de fu et fv , c-à-d:
V = afu + bfv et W = cfu + dfv
Alors
Sp (V ).W = Sp (afu + bfv ).(cfu + dfv ) = (aSp (fu ) + bSp (fv )).(cfu + dfv )
= acSp (fu ).fu + adSp (fu ).fv + bcSp (fv ).fu + bdSp (fv ).fv
= acSp (fu ).fu + adSp (fv ).fu + bcSp (fu ).fv + bdSp (fv ).fv
= afu .(cSp (fu ) + dSp (fv )) + bfv .(cSp (fu ) + dSp (fv ))
= (afu + bfv ).(cSp (fu ) + dSp (fv )) = V.Sp (W )
Proposition 4.5.2
Si l’opérateur Sp est partout nul, alors la surface M est un sous en-
semble du plan.
Preuve
Sp : Tp M −→ Tp M
U 7→ Sp (U ) = −DU Np
Si ∀U ∈ Tp M : Sp (U ) = 0 pour tout p ∈ M . Alors Nu = Nv = 0
donc N (p) = cste et par suite M est un sous ensemble d’un plan.
Exemple 4.5.3
Soit S 2 (0, a) la sphère centrée à l’origine de rayon a. f (u, v) une
paramétrisation de la sphère S 2 (0, a).
f (u, v) = (a sin u cos v, a sin u sin v, a cos u), 0 < v ≤ 2π, 0 < u < π
fu = (a cos u cos v, a cos u sin v, −a sin u), fv = (−a sin u sin v, a sin u cos v, 0)
et
fu ∧ fv = (a cos v sin2 u, a sin v sin2 u, a cos u sin u)
= a sin u(sin u cos v, sin u sin v, cos u) = a sin uf (u, v)

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Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

le vecteur normal unitaire:


fu ∧ fv a sin uf (u, v) a sin u 1 1
N= = = . .f (u, v) = f (u, v)
kfu ∧ fv k a |sin u| kf (u, v)k a sin u a a
1
L’application de Gauss est: Np = f (u, v)
a
Soit {fu , fv } une base de Tp S 2 l’espace tangent à S 2 au point p
1 1
∀p ∈ S 2 : Sp (fu ) = −Dfu N = −Nu = − fu et Sp (fv ) = − fv
a a
et par suite ∀V ∈ Tp S 2 : V = cfu + dfv , on a
 
c d 1
Sp (V ) = cSp (fu ) + dSp (fv ) = − fu + fv = − V
a a a
1 1 1
Donc ∀ V ∈ Tp S 2 : Sp (V ) = − V = − cfu − dfv .
a a a
 
1
1 − 0 
Sp (.) = − IdTp S 2 =  a 1 
a 0 −
a
.

4.6 Deuxième forme fondamentale

La deuxième forme fondamentale mesure en quelque sorte l’écart que


fait une courbe tracée sur la surface avec la plan tangent au point
f (u0 (t), v0 (t))
On munit l’espace vectoriel Tp M du produit
n oscalaire induit par
celui de R3 qu’on notera h, ip . La collection h, ip varie de façon
p∈M
différentiable en fonction de p; c’est précisément ce qu’on appelle la
métrique riemannienne induite sur M .
Définition 4.6.1
Soit p un point de la surface M . La forme bilinéaire symétrique IIp :
Tp M × Tp M −→ R définie par: ∀V, W ∈ Tp M : IIp (V, W ) = Sp (V ).W
est dite la deuxième forme fondamentale de la surface M en p.
Dans la base {fu , fv } de Tp M , on note par:
l = IIp (fu , fu ) = −(Dfu N ).fu = fuu .N
m = IIp (fu , fv ) = −(Dfu N ).fv = fuv .N = fvu .N

15
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

q = IIp (fv , fv ) = −(Dfv N ).fv = fvv .N


De plus, si V = afu + bfv et W = cfu + dfv . Alors
IIp (V, W ) = IIp (afu + bfv , cfu + dfv )
= acIIp (fu , fu ) + bdIIp (fv , fv ) + bcIIp (fv , fu ) + adIIp (fu , fv )
 
lc + dm
= acl + (ad + bc) + bdq = (a b)
cm + dq
   
l m c
= (a b)
m q (f ,f ) d
u v
 
l m
D’où la matrice associée à IIp : .
m q
l, m et q sont appelés les coefficients de la deuxième forme fonda-
mentale.

4.7 Courbure normale

Soit M une surface de classe ≥ 2 paramétrée par f (u, v) contenant le


point p = f (u0 , v0 ). Soit Tp M le plan tangent à la surface M au point
p et N la normale unitaire à Tp M au point p.
Considérons la courbe γ : I −→ M paramétrée par la longueur
de l’arc ( I étant un intervalle de R contenant l’origine ) donné par:
γ(t) = f (u(t), v(t)) et p = γ(0). La courbure de γ au point p est:
k = kT 0 (t)k.
Notons n et N les vecteurs normaux en p respectivement à la courbe

16
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

γ et à la surface M , θ l’angle entre n et N .

Définition 4.7.1
On appelle courbure normale de γ en p le scalaire:
kn = k.N = k(cos θ).n
On montre en fait que: kn (p) = IIp (γ 0 (0)).
On a
IIp (γ 0 (0)) = Sp (γ 0 (0)).γ 0 (0)
= −Dγ 0 (0) N (p).γ 0 (0) = −(N ◦ γ)0 (0).γ 0 (0)
Comme N (t) est orthogonal à γ 0 (t), la relation N (t).γ 0 (t) = 0 implique
que: N 0 (t).γ 0 (t) = −N (t).γ 00 (t)
Par conséquent
IIp (γ 0 (0)) = N (0).γ 00 (0) = N (0).T 0 (0) = N (0).k
On obtient : IIp (γ 0 (0)) = kn (p) .
Exemple 4.7.2
Pour une sphère S 2 de rayon a , dans les coordonnées sphériques :
f (u, v) = (a sin u cos v, a sin u sin v, a cos u), 0 < v ≤ 2π, 0 < u < π
fu = (a cos u cos v, a cos u sin v, −a sin u), fv = (−a sin u sin v, a sin u cos v, 0)
1
et N = f (u, v).
a

17
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

A chaque point p sur cette sphère on peut faire passer un cercle de


rayon a, considéré comme l’équateur de S 2 . Au point p les vecteurs
1
n et N coı̈ncident, donc la courbure du cercle k = est égale à la
a
courbure normale de la surface kn . Ou encore, comme θ = 0, alors
1 1 1
cos θ = 1 et kn = k.N = 2 f (u, v). D’où |kn | = 2 .a = .
a a a
4.8 Courbures principales de la surfaces

Comme la différentielle DN (p) de l’application de Gauss est symétrique,


c-à-d l’opérateur Sp est symétrique donc diagonalisable.
Il existe une base notée {e1 , e2 } de Tp M telle que Sp (e1 ) = k1 e1 et
Sp (e2 ) = k2 e2 . En plus les nombres k1 et k2 ( on suppose k1 ≥ k2 )
sont les valeurs propres de la matrice de Sp (.).
Définition 4.8.1 La courbure normale maximale k1 et la courbure
normale minimale k2 ( les valeurs propres k1 et k2 ) sont appelées
courbures principales de M au point p. Les directions des vecteurs e1
et e2 sont appelées directions principales de M au point p.
Définition 4.8.2 Le déterminant K de l’opérateur Sp : K = k1 k2 est
appelée courbure de Gauss de M en p. La moitié H de la trace de Sp :
k1 + k2
H= est appelée courbure moyenne de M en p.
2
Exemple 4.8.3
1) dans la cas d’un plan affine l’application de Gauss est constante,
donc de dérivée nulle, ainsi k1 = k2 = K = H

2) Dans le cas de la sphère S 2 : On rappelle que la sphère S 2 est définie


par l’équation: x2 +y 2 +z 2 = 1. Et donc le champ de vecteur normal est
donné au point p = (x, y, z) sur la courbe γ tracée sur S 2 par N (p) =
(−x(t), −y(t), −z(t)). par suite :DN (p) = (−x0 (t), −y 0 (t), −z 0 (t)).

18
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

Donc DV N (p) = −V pour tout V ∈ Tp S 2


( On a déjà montrer que Sp = −DN = −IdTp s2 , donc −k1 = −k2 =
−H = K = 1 ).

4.9 Calculs explicites de K en fonction des deux formes fondamentales

Soient l, m et q les coefficients de la seconde forme fondamentale dans


la base {fu, fv } : l = fuu .N, m = fuv .N, q = fvv .N .
a c
Notons la matrice de l’opérateur Sp relativement à la base
b d
{fu , fv }. C-à-d Sp (fu ) = afu + bfv , Sp (fv ) = cfu + dfv .
En faisant le produit scalaire de ces deux égalités par fu puis fv , on
obtient quatre égalités:
Sp (fu ).fu = afu .fu + bfv .fu = l = aE + bF
Sp (fu ).fv = afu .fv + bfv .fv = m = aF + bG
Sp (fv ).fu = cfu .fu + dfv .fu = m = cE + dF
Sp (fv ).fv = cfu .fv + dfv .fv = q = cF + dG
Ces égalités peuvent s’écrire matriciellement sous la forme:
       
l m E F a c a b E F
= =
m q F G b d c d F G
Ce qui donne
   −1  
a c E F l m
= = Ip−1 .IIp
b d F G m q
la courbure de Gauss est le det Sp :
1 lq − m2
K= det(Ip−1 .IIp ) = . det IIp =
det Ip EG − F 2
1
La courbure moyenne H = traceSp , or
2
    
1 G −F l m 1 Gl − F m Gm − F q
Sp = =
EG − F 2 −F E m q EG − F 2 Em − F l Eq − F m
Gl − 2F m + Eq
D’où H = .
2(EG − F 2 )

19
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

Remarque 4.9.1
Il est facile de calculer les courbures principales qui
√ sont racines du
polynôme X 2 − 2HX + K. On trouve Ki = H ± H 2 − K, et on a
1
bien H 2 − K = (k1 − k2 )2 > 0.
4
k1 + k2
(   2
=H k1 = 2H − k2 k2 − 2Hk2 + K = 0
2 =⇒ 2 =⇒
k .k =K 2k2 H − k2 = K k12 − 2Hk1 + K = 0
1 2
On définie ainsi le polynôme X 2 − 2HX + K = 0.
Exemple 4.9.2  Nappe d’Enneper 
1 3 2 1 3 2 2 2
Soit f (u, v) = u − u + uv , v − v + vu , u − v la paramétrisation
3 3
de la surface d’Enneper (1Figure 1).
1. Déterminons le vecteur unitaire normal en chaque point: Soit
p = f (u, v) un point de la surface, le plan tangent au point p
est engendré par {fu , fv } où fu = (1 − (u2 − v 2 ), 2uv, 2u) et fv =
(2uv, 1 + (u2 − v 2 ), −2v) donc
fu ∧ fv = (1 + u2 + v 2 )(−2u, 2v, 1 − u2 − v 2 )
de norme kfu ∧ fv k = (1 + u2 + v 2 )2
On obtient, le vecteur normal
fu ∧ fv 1 2 2

N (u, v) = = −2u, 2v, 1 − u − v
kfu ∧ fv k 1 + u2 + v 2
2. Calculons, en un point p de la surface, la deuxième forme fonda-
mentale:
La deuxième forme  fondamentale  IIp 2estdéfinie par la matrice
∂ 2f

l m ∂ f
symétrique . Où l = N, 2 , m = N, et
m q ∂u ∂u∂v
∂ 2f
 
q = N, 2
∂v
On calcule
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
= (−2u, 2v, 2) , = (2v, 2u, 0) , = (2u, −2v, −2)
∂u2 ∂u∂v ∂v 2
1 2 2

Or N = −2u, 2v, 1 − u − v , donc l = 2, m =
1 + u2 + v 2  
2 0
0 et q = −2 c-à-d IIp = .
0 −2

20
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

3. Montrons que la surface d’Enneper est de courbure moyenne nulle


en chaque point
Rappelons Les dérivées premières du paramétrage:
fu = (1 − (u2 − v 2 ), 2uv, 2u) et fv = (2uv, 1 + (u2 − v 2 ), −2v)
D’où l’on tire les coefficients de la première forme fondamen-
2
tale Ip : E = hfu , fu i = 1 + u2 + v 2 , F = hfu , fv i = 0, G =
2
hfv , fv i = 1 + u2 + v 2
Et maintenant, l’opérateur de forme Sp a pour matrice B = Ip−1 IIp .
Or
1
!
0
 
2 2 2 1 2 0
Ip−1 = (1+u +v ) 1 , d’où B =
0 2 2
(1+u +v )
2 (1 + u2 + v 2 )2 0 −2
2
Par conséquent, les courbures principales sont: k1 =
(1 + u2 + v 2 )2
−2
et k2 = , ce-ci implique que la courbure moyenne
(1 +u2 + v 2 )2 
1
H est nulle H = − (k1 + k2 ) = 0 .
2
4. Le calcul de la courbure de Gauss K est immédiat
det IIp −4
K = det B = = .
det Ip (1 + u2 + v 2 )4

Proposition 4.9.3 Soient e1 et e2 deux vecteurs unitaires dans les


directions principales en un point p de courbures principales corre-
spondantes k1 et k2 . Supposons que V = (cos θ)e1 + (sin θ)e2 pour
θ ∈ [0, 2π[, alors:
IIp (V, V ) = k1 cos2 θ + k2 sin2 θ
Preuve
On a: Sp (ei ) = ki ei pour i = 1, 2. Alors:
IIp (V, V ) = Sp (V ).V = Sp ((cos θ)e1 + (sin θ)e2 ).((cos θ)e1 + (sin θ)e2 )
= (k1 (cos θ)e1 + k2 (sin θ)e2 ).((cos θ)e1 + (sin θ)e2 ) = k1 cos2 θ + k2 sin2 θ

21
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

Figure 1: Surface d’Enneper

4.10 Interprétation géométrique

Fixons un point p de M .
Pour tout vecteur V ∈ Tp M , IIp (V ) est la courbure de la surface
au point p dans la direction V . en particulier, k1 est la courbure de la
surface M dans la direction e1 et k2 est la courbure de la surface M
dans la direction e2 .
Pour tout point de toute surface régulière de classe C 2 , la direction
dans laquelle la surface est la plus courbée et la direction dans laquelle
la surface est la moins courbée sont orthogonales .
Il est clair que l’allure de la surface au voisinage du point p dépens
du signe de k1 et de k2 :
1) Si k1 et k2 ont une valeur commune k (k1 = k2 = k ): c’est le
cas où on peut représenter Sp et IIp par une matrice de la forme kId2 ,
c-à-d le cas où il existe k ∈ R tel que IIp = kIp , égalité qui s’écrit:
(l = kE) et (m = kF ) et (q = kG).
la surface représente localement une forme soit sphérique soit plane
( cas de k1 = k2 = 0).
2) Si K = 0 (k1 = 0 ou k2 = 0), p est un point parabolique (un
cylindrique).
3) Si K = k1 k2 > 0, p est un point elliptique .

22
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

4) Si K = k1 k2 < 0, p est un point hyperbolique.

4.11 Etude d’un exemple: nappe de révolution

Définition 4.11.1
Une surface géométrique orienté M de classe C k (k ≥ 1), est
dite surface de révolution si et seulement si , on peut lui associer un

− → − → −
repère orthonormal direct (O, i , j , k ) de R3 , tel que M admette un


représentant de la forme (I ×R, f ) avec: f (u, v) = O +g(u) cos v i +

− →

g(u) sin v j + h(u) k , I est un intervalle ouvert de R et où g et h sont
des applications de classe C k de I dans R, g ne prenant que des valeurs
positives: f (u, v) = (g(u) cos v, g(u) sin v, h(u)).
1) la régularité
On a fu (u, v) = (g 0 (u) cos v, g 0 (u) sin v, h0 (u)) et fv (u, v) =
(−g(u) sin v, g(u) cos v, 0) = g(u)(sin v, cos v, 0).
0
D’où fu ∧ fv = (−hp (u)g(u) cos v, −h0 (u)g(u) sin v, g 0 (u)g(u)) de
norme kfu ∧ fv k = g(u) h02 (u) + g 02 (u), (g(u) > 0, ∀u ∈ I). Donc
(g 0 , h0 ) ne prend pas la valeur (0, 0), et par suite la surface M est
régulière (kfu ∧ fv k > 0). On déduit
!
0 0 0
h (u) h (u) g (u)
N= −p cos v, − p sin v, p
h02 (u) + g 02 (u) h02 (u) + g 02 (u) h02 (u) + g 02 (u)
2) les formes fondamentales

23
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

On a: E = fu .fu = g 02 + h02 ; F = fu .fv = 0; G = fv .fv = g 2 . D’où


la première forme fondamentale:
Ip = (fu du + fv dv).(fu du + fv dv) = (g 02 + h02 )du2 + g 2 dv 2
On calcule en suite fuu = (g 00 (u) cos v, g 00 (u) sin v, h00 (u)), fuv =
(−g 0 (u) sin v, g 0 (u) cos v, 0), fvv = (−g(u) cos v, −g(u) sin v, 0), d’où
g 0 h00 − g 00 h0 gh0
l = fuu .N = p , m = fuv .N = 0, q = p
h02 (u) + g 02 (u) g 02 + h02
et la seconde forme fondamentale
p
IIp = g 02 + h02 (g 0 h00 − g 00 h0 )du2 + gh0 dv 2


3) Les courbures
Notons ku et kv les courbures principales de directions principales
fu et fv . Un calcul simple donne
∂N h0 h0
Sp (fv ) = − =p (− sin v, cos v, 0) = p .fv
∂v g 02 + h02 g g 02 + h02
h0
et donc kv = p .
g g 02 + h02
La courbure de Gauss
lq − m2 lq gh0 (g 0 h00 − g 00 h0 )
K= = = 2 02
EG − F 2 EG g (g + h02 )2
h0 g 0 h00 − g 00 h0 g 0 h00 − g 00 h0
= p .p = kv . p
g g 02 + h02 (g 02 + h02 )3 (g 02 + h02 )3
g 0 h00 − g 00 h0
D’où ku = p .
(g 02 + h02 )3
Finalement la courbure moyenne
!
0 0 00 00 0
1 1 h gh −g h
H = (ku + kv ) = p +p
2 2 g 02 + h02 (g 02 + h02 )3
  23
1 1
h0 g 02 + h03 + gg 0 h00 − gg 00 h0

=
2 g 02 + h02
.

24
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

5 Equation de Codazzi et Gauss


5.1 Symboles de Christoffel

Soit f : D ⊂ R2 −→ R3 une surface régulière. p = f (u, v) un point de


M.
Considérons la base {fu , fv , Np } de R3 . Il existent des fonctions :
Γuuu , Γvuu , Γuuv = Γuvu , Γvuv = Γvvu , Γuvv et Γvvv , telles que:
fuu = Γuuu fu + Γvuu fv + lNp
fuv = Γuuv fu + Γvuv fv + mNp
fvv = Γuvv fu + Γvvv fv + pNp
Le fait que fuv = fvu implique que Γ.uv = Γ.vu . Les fonctions Γ... sont
appelées symboles de Christoffel.
Exemple 5.1.1
Calculer les symboles de Christoffel de la sphère:
f (u, v) = (sin u cos v, sin u sin v, cos v), 0 < u < π, 0 < v < 2π.
fu (u, v) = (cos u cos v, cos u sin v, − sin u) et fv (u, v) = (− sin u sin v, sin u cos v, 0).
Par suite fu ∧fv = sin v.f (u, v) et kfu ∧ fv k = sin u. D’où N (p) =
f (u, v).
On calcule en suite
fuu = (− sin u cos v, − sin u sin v, cosu) = −f (u, v) = −N (p)
fvv = (− sin u cos v, sinu sin v, 0), fuv = (− cos u sin v, cos u cos v, 0)
Calculons les Γ... : on a fuu = −N (p), donc Γuuu = Γvuu = 0.
D’autre part: fuv = (− cot u sin u sin v, cot u sin u cos v, 0) = cot u.fv .
Donc Γuuv = 0 et Γvuv = cot u.
Maintenant : fvv = Γuvv fu + Γvvv fv + qN (p). En faisant le produit
scalaire avec fu puis fv , on obtient
fvv .fu = Γuvv = − sin u cos u =⇒ Γuvv = − sin u cos u
fvv .fv = Γvvv = sin2 u sin v cos v − sin2 u sin v cos v = 0 =⇒ Γvvv = 0
Conclusion: Γuuu = Γvuu = Γuuv = Γvvv = 0, Γvuv = cot u, Γuvv =
− sin u cos u.

25
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

5.2 Le calcul des symboles de Christoffel

p = f (u, v) un point de la surface M ,{fu , fv } une base de l’espace


tangent Tp M au point p et {fu , fv , N (p)} une base de R3 , donc
fuu = Γuuu fu + Γvuu fv + lNp
fuv = Γuuv fu + Γvuv fv + mNp
fvv = Γuvv fu + Γvvv fv + pNp
En faisant le produit scalaire de ces trois égalités par fu puis fv , on
obtient
fuu .fu = Γuuu E + Γvuu F et fuu .fv = Γuuu F + Γvuu G
fuv .fu = Γuuv E + Γvuv F et fuv .fv = Γuuv F + Γvuv G
fvv .fu = Γuvv E + Γvvv F et fvv .fv = Γuvv F + Γvvv G
D’autre part
1 1 1 1
fuu .fu = (fu .fu )u = Eu , fuv .fu = (fu .fu )v = Ev
2 2 2 2
1 1 1 1
fuv .fv = (fv .fv )u = Gu , fvv .fv = (fv .fv )v = Gu
2 2 2 2
1 1
fuu .fv = (fu .fv )u −fu .fuv = Fu − Ev , fvv .fu = (fv .fu )v −fv .fuv = Fv − Gu
2 2
D’où
1
 u
Γuu E + Γvuu F = 2 Eu
Γuuu F + Γvuu G = Fu − 21 Ev
Γuv E + Γvuv F = 12 Ev
 u

Γuuv F + Γvuv G = 12 Gu
Γvv E + Γvvv F = Fv − 12 Gu
 u
1
Γuvv F + Γvvv G = 2 Gv
Ce qui donne
1
  u   
E F Γuu 2 E u
=
F G Γvuu Fu − 21 Ev
  u   1 
E F Γuv E v
= 12
F G Γvuv 2 Gu
Fv − 12 Gu
  u   
E F Γvv
= 1
F G Γvvv 2 Gv

26
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

On peut donc calculer les symboles de Christoffel en déterminant la


première forme fondamentale.
Exemple 5.2.1 La sphère unité
f (u, v) = (sin u cos v, sin u sin v, cos v), 0 < u < π, 0 < v < 2π.
fu (u, v) = (cos u cos v, cos u sin v, − sin u) et fv (u, v) = (− sin u sin v, sin u cos v, 0).
On a
(E = fu .fu = 1 =⇒ Eu = Ev = 0), (F = fu .fv = 0 =⇒ Fu = Fv = 0)
G = fv .fv = sin2 u =⇒ Gv = 0, Gu = sin 2u
La matrice de la première forme fondamentale
!

1 0
 1 0
−1
Ip = =⇒ I = 1
0 sin2 u p
0
sin2 u
D’où !   

Γuuu
 0 1 0 0
= 1 =
Γvuu0 0 0
sin2 u
!
 u 
Γuv 1 0 0
 
0

= 1 =
Γvuv 0 2
cos u sin u cot u
sin u
!
 u 
Γvv 1 0 − sin u cos u
 
− sin u cos u

= 1 =
Γvvv 0 0 0
sin2 u

5.3 Equations de Codazzi et équations de Gauss

La matrice de l’opérateur de forme Sp dans la base {fu , fv } est donnée


par:
   −1    
a c E F l m 1 lG − mF mG − qF
= =
b d F G m q EG − F 2 mE − lF qE − mF
Notons que les coefficients a, b, c, d sont les composantes des dérivées
Nu et Nv dans la base {fu , fv }:
Nu = Dfu N = −Sp (fu ) = −(afu +bfv ), Nv = Dfv N = −Sp (fv ) = −(cfu +dfv )
Dérivons maintenant les équations suivantes
fuu = Γuuu fu + Γvuu fv + lNp

27
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

fuv = Γuuv fu + Γvuv fv + mNp


fvv = Γuvv fu + Γvvv fv + pNp
On obtient
fuuv = (Γuuu )v fu + Γuuu fuv + (Γvuu )v fv + Γvuu fvv + lv N + lNv
= (Γuuu )v fu + Γuuu (Γuuv fu + Γvuv fv + mN ) + (Γvuu )v fv
+Γvuu (Γuvv fu + Γvvv fv + qN ) + lv N − l(cfu + dfv )
= ((Γuuu )v + Γuuu Γuuv + Γvuu Γuvv − cl)fu + (Γuuu Γvuv + (Γvuu )v + Γvuu Γvvv − dl)fv
+(lv + mΓuuu + qΓvuu )N
De même
fuvu = (Γuuv )u fu + Γuuv fuu + (Γvuv )u fv + Γvuv fvv + mu N + lNu
= ((Γuuv )u +Γuuv Γuuu +Γvuv Γuvu −am)fu +(Γuuv Γvuu +(Γvuv )u +Γvuv Γvuv −bm)fv
+(mu + mΓvuv + lΓuuv )N
Et comme fuuv = fuvu et en comparant ces deux dernières équations,
on obtient:
(fu ) : (Γuuu )v + Γuuu Γuuv + Γvuu Γuvv − cl = (Γuuv )u + Γuuv Γuuu + Γvuv Γuvu − am
(fv ) : Γuuu Γvuv + (Γvuu )v + Γvuu Γvvv − dl = Γuuv Γvuu + (Γvuv )u + Γvuv Γvuv − bm
(N ) : lv + mΓuuu + qΓvuu = mu + mΓvuv + lΓuuv
De même: fuvv = fvvu , on trouve
(fu ) : (Γuuv )v + Γuuv Γuuv + Γvuv Γuvv − cm = (Γuvv )u + Γuvv Γuuu + Γvvv Γuvu − aq
(fv ) : Γvuv Γuuv + (Γvuv )v − md = (Γvvv )u + Γuvv Γvuu − bq
(N ) : qu + lΓuvv + mΓvvv = mv + mΓuuv + qΓvuv
Les deux équations obtenues pour la composante normale, nous donne
les équations de Codazzi:
lv − mu = lΓuuv + m(Γvuv − Γuuu ) − qΓvuu
mv − qu = lΓuvv + m(Γvvv − Γuuv ) − qΓvuv
lq − m2
En utilisant le fait que K = , on aura les équations de Gauss:
EG − F 2
(fv ) : ld − mb = Γuuu Γvuv + (Γvuu )v + Γvuu Γvvv − Γuuv Γvuu − (Γvuv )u + (Γvuv )2

28
Courbes et Surfaces Paramétrées H.BENALLAL

Or
1 1
ld−mb = 2
(l(qE−mF )−m(mE−lF )) = 2
E(lq−m2 ) = EK
EG − F EG − F
Donc
EK = Γuuu Γvuv + (Γvuu )v + Γvuu Γvvv − Γuuv Γvuu − (Γvuv )u + (Γvuv )2
De la même manière on obtient le reste des équations
F K = (Γvuv )v − (Γvvv )u + Γuuv Γvuv − Γvuu Γuvv
GK = (Γuvv )u − (Γuuv )v + Γvvv Γuuv + Γuvv Γvuu − Γvuv Γuvv − (Γuuv )2

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