Gorshkov, Yakoushkova - Géologie Générale - Mir - 1967
Gorshkov, Yakoushkova - Géologie Générale - Mir - 1967
Gorshkov, Yakoushkova - Géologie Générale - Mir - 1967
ropm KOB,
a. o . HKyniOBA
OBIHAH
rEOJioriw
GÉOLOGIE GÉNÉRALE
ÉDITIONS MIR
MOSCOU 1967
CDU 551.1/4 (075.8)=40
Problèmes généraux
Définitions et divisions de la géologie
2 -9 2 7
CHAPITRE 2
L’âge de la Terre
Précambrien IV Rifain, Précambrien supérieur bleu Algues et Bactéries. Vestiges des Environ 600
(Infracambrien) Protérozoïque II Invertébrés mal conserves.
1 Le Néogène et le Paléogène sont souvent réunis sous le terme commun de Tertiaire (Tr.).
les fossiles des vertébrés du Néogène se rapprochent quant à leur
constitution des organismes actuels. L ’Anthropogène désigne la
période contemporaine au cours de laquelle s ’est produit l ’événe
ment capital de l ’évolution du monde organique, celui de l ’appari
tion de l ’homme (du grec av0Qû)jtoç — homme).
A côté de cette classification stratigrapliique internationale ou
utilise fréquemment des classifications stratigraphiques locales :
séries, suites, zones, etc., qui permettent d ’étudier la structure géolo
gique de chaque région, d ’en établir la succession des événements
géologiques, de dresser des cartes géologiques détaillées.
Nous donnons ci-dessous le tableau des subdivisions proposées par
l’Institut de recherche géologique de Léningrad en 1954 (tableau 2).
Tableau 2
Correspondance entre les échelles stratigraphiques générales et locales
Bolchoï Yam (fig. 3). A en juger par les fossiles qu’ils contiennent:
coquilles de Brachiopodes (Choristites mosquensis, fig. 4, A ), ou
squelettes de Chetetides (Chaetetes radians), etc. Ils appartiennent
au Carbonifère (C) (voir fig. 5).
Au-dessus reposent les argiles noires visqueuses avec des coquil
les de mollusques Céphalopodes: Ammonites (Cardioseras alter-
nans, Craspedites nodiger, Perisphinctes nikitini, Virgatites virga-
tus) (fig. 4, B), et Bélemnites (fig. 4, C). D’après les données re
cueillies, ce sont des argiles jurassiques (J) d ’origine marine. Quant
aux sédiments permiens (P) et triassiques (T), s ’intercalant entre le
Carbonifère et le Jurassique, ils n ’existent pas dans les environs
de Moscou.
La période suivante, celle du Crétacé, ou plutôt de son époque
inférieure (Crj), est largement représentée dans cette région par des
sables glauconifères bruns et verts à faune marine (Cr^0) et des sables
quartzeux clairs (Cra,,<) présents notamment à la base des Monts
Lénine ; l ’étage Aptien (Cr®p<) renferme quelquefois des empreintes de
plantes. Les environs de Moscou ne recèlent pas de sédiments rela-
1 Les isotopes sont les variétés d'un élément chimique qui se distinguent
par leur poids atomique (Pb206, Pb20", Pb208) et donc par certaines propriétés,
notamment la radio-activité.
32
pas 1,125 g, mais d ’autant de fois plus grand qu’un atome d ’uranium
est plus lourd qu’un atome de plomb, c’est-à-dire de 238/206
fois, d ’où
238
1,125 x 2Ô6 = 1,3.
Donc, 1,125 g de plomb se sont formés à partir de 1,3 g d ’uranium ;
la quantité initiale d ’uranium était de 10 g, alors qu’il n ’en reste
que 8,7, soit 87%. On sait que 1 g de plomb se forme à partir de
100 g d’uranium en 79 • 10® ans. Donc, notre minéral a environ un
milliard d ’années (t = 1,3 X 79 • 10® » 1 • 10® ans).
A. Holmes a proposé la formule approximative suivante :
7-220-10«Pb
U-f-0,58Pb" anSî
Géodynamique externe
CHAPITRE 3
/ £ Sf ^ 0
Ouest ç» \ ( Basse
/. \ ^ Est
^ v ''+j>resstori\ Æ lV v \ H aute.
«O \ pression X. A
— v )
y y **
S-0 N-E
Sud Sud
Fig. 8. Schéma d’un cyclone (I) et d’un anticyclone (II) dans l ’hémisphère
Nord
Processus d’altération
Coefficient
Minéral de dila tatio n
Quartz 0,000310
Orthose 0,000170
Amphibole 0,000284
Calcite 0,000200
Coefficient
Minéral de dila ta tio n
linéaire
1 v •*- \ ' v
-V . •» V*i •> > y
^3
p -H
**
7
ZOO
§ 1. Notions fondamentales
L ’activité du vent se manifeste dans diverses zones climatiquesr
mais surtout dans les zones arides, c ’est-à-dire celles où prédominent
les phénomènes suivants : 1) forte amplitude de la température diurne
conditionnant l ’intensité de la désagrégation mécanique; 2) pré
cipitations peu abondantes (moins de 200-250 mm/an), rares et
irréguilières, en général sous forme d ’averses; 3) évaporation de
5 à 15 fois plus élevée que la quantité des précipitations; 4) végé
tation rare ou totalement absente ; 5) vents fréquents et très forts
et 6) existence de matériau pouvant être déplacé par le vent. Ces
caractéristiques sont propres aux déserts et partiellement aux régions
subdésertiques qui couvrent plus de 20 % de la surface des con
tinents. Les déserts occupent des étendues particulièrement vastes
en Asie, en Afrique et en Australie; par contre, ils sont beaucoup
moins importants en Europe et en Amérique.
L ’activité du vent se manifeste aussi sur les rivages de sable
des mers, des lacs et des fleuves (dans diverses zones climatiques)
lorsque la végétation est très clairsemée ou absente. A l ’intérieur des
continents, dans les régions au climat humide, le sol est protégé
contre les variations brutales de température qui provoquent la
désagrégation mécanique, et contre le travail du vent, par une
couverture végétale continue et l ’action agglutinante de l ’eau.
L’érosion éolienne ne s ’exerce dans ce cas que sur des secteurs très
restreints.
L ’action du vent se manifeste par un ensemble de phénomènes:
déflation (ablation et dispersion), corrasion (usure par criblage),
transport et accumulation. Dans les conditions naturelles, toutes les
formes d ’action du vent sont étroitement liées, s ’exercent simul
tanément et ne représentent au fond qu’un phénomène unique et
complexe. On peut signaler seulement la forme prédominante de
l ’action du vent dans telle ou telle région.
Les régions désertiques où le rôle capital revient à la déflation
se situent dans la partie d ’où soufflent les vents dominants. Elles-
voisinent avec les espaces couverts de sable dont le modelé résulte
de l ’action simultanée de la déflation et de l ’accumulation. Enfin,.
dans les zones périphériques où le vent est freiné ou s ’adoucit,
79-
domine le processus d ’accumulation. Dans tous les cas il y a
transport des particules.
Dans les Kara-Koum, d ’après l ’explorateur B. Fédorovitch, la
déflation est la plus importante dans la partie méridionale de la
région qui porte le nom de Kara-Koum Zaoungouzskié. Puis viennent
les Kara-Koum de dépressions avec un relief de dunes complexe
dont le modelé est déterminé d ’une part par la déflation des sables
depuis les cuvettes et les autres zones déprimées et, d ’autre part,
par l ’accumulation de ceux-ci sur les élévations de terrain. Dans
la partie méridionale des Kara-Koum prédominent les processus
d ’accumulation.
Toutes les formes d ’action du vent sont réunies sous la déno
mination de « phénomènes éoliens ». On qualifie également d ’« éo
liens » les sédiments résultant de l ’accumulation éolienne, ainsi que
les formes correspondantes du relief (barkhanes, dunes, monticules
de sable, etc.).
§ 2. Déflation
On nomme déflation le balayage ou l ’enlèvement par le vent
des particules de roches (du mot latin flatus qui signifie « souffle »).
Dans les régions désertiques les filets d ’air pénètrent dans toutes
les fissures des roches dures et balaient les produits meubles de la
désagrégation (fig. 21). C’est pourquoi les fissures sont ici presque
toujours béantes, à la différence des zones tempérées où elles sont
d ’habitude remplies de matériaux relativement humides et fins.
Ces ouvertures contribuent à l'intensification de la désagrégation
mécanique et à l ’ablation par le vent de nouvelles portions de maté
riaux détritiques. L ’action commune de l'altération des roches et
du travail du vent élargit les fissures et donne aux rochers des for
mes façonnées caractéristiques : tours, colonnes, obélisques. Si le
vent use la roche en s ’attaquant à des fissures horizontales, on
observe des rochers dits « branlants ».
Sur les pentes raides constituées par des roches de différente
résistance, la désagrégation mécanique et le travail du vent ont
un caractère sélectif. Des saillies ou des corniches correspondant
aux bancs durs alternent avec des alvéoles creusées dans les roches
tendres ou mal cimentées (fig. 22, 23). Parfois, ces alvéoles de défla
tion pénètrent profondément dans la paroi abrupte de la roche
(fig. 24).
En 1906, l ’académicien V. Obroutchev découvrit au pied de la
chaîne de Kara-Arat dans la Djoungarie chinoise voisine du Kazakhs
tan oriental toute une « ville éolienne » constituée par un enche
vêtrement de formes les plus fantastiques ; cet ensemble a été dégagé
par la désagrégation aride, la déflation et la corrasion dans les grès
continentaux du Secondaire et les argiles panachées. Les noms que
leur a donnés V. Obroutchev (« Château du khan », « Tour ronde »,
« Monument », « Tour de la sorcière », « Enclume », «Sphinx »,
80
« Oiseau ») reflètent le caractère insolite de ces formes. « Nous
croyions, écrit Obroutchev, que nous nous trouvions parmi les ruines
d'une ville ancienne. Nous avions l ’impression de nous déplacer dans
des rues bordées de constructions massives de style oriental avec
des corniches et des colonnes, mais sans fenêtres. Tantôt une aiguille
pointait à plusieurs mètres au-dessus d ’un édifice; tantôt c’était
deux tours, l ’une un peu plus haute que l ’autre, surplombant un
§ 3. Transport
Dans les déserts de l ’Asie centrale soviétique ce sont les accu
mulations de sable qui prédominent. Le sable est fourni surtout
par les dépôts anciens et récents de grands fleuves allogènes comme
î ’Amou-Daria et le Syr-Daria qui prennent leurs sources dans les
montagnes du Pamir et du Tian-Chan. En traversant le désert, le
cours de ces fleuves se ralentit par suite de l ’atténuation des pentes
et des pertes d ’eau importantes par infiltration et évaporation, ce
qui provoque un remblaiement intense. L ’alluvionnement est
si rapide que le fond de ces fleuves ne cesse de s ’exhausser. Ce phé
nomène, ainsi que les variations notables du débit, provoque des
changements fréquents du cours et les fleuves se fraient des voies
nouvelles. En même temps, il se produit des migrations de déltas.
Sur de vastes étendues s ’accumulent ainsi des dépôts d ’alluvions
composés surtout de sable et de limon. ,Dans certaines zones du
désert on rencontre des sables d ’origine marine et des sables qui
proviennent d ’une longue désagrégation mécanique des roches en
place, mais leur importance paraît secondaire.
Dans les régions où la déflation prédomine, le vent transporte
les grains de poussière et les sables fins à de grandes distances et ne
laisse sur place que les débris grossiers. Les particules enlevées par
le vent sont déplacées en suspension ou bien traînées au sol. La
grandeur des grains transportés de l ’une ou l ’autre façon et la dis
tance à laquelle ils sont déplacés dépendent de la force du vent :
quand sa vitesse est de 6,5 m/s, il transporte de la poussière et du
sable fin dont les grains ont jusqu’à 0,25 mm de diamètre; quand
elle atteint 10 m/s, le diamètre des grains soulevés par le vent peut
aller jusqu’à 1 mm, à 20 m/s sont entraînés les grains d ’un diamètre
de 4 à 5 mm ; lors des ouragans même des pierres de petite taille
sont déplacées. La distance à laquelle s ’effectue le transport varie
également. Les ouragans entraînent de grandes quantités de poussière
et même de sable fin, au-delà même des limites des régions désertiques.
La poussière enlevée aux déserts de l ’Afrique est transportée
par de forts alizés à des distances dépassant 2 000 et 2 500 km et
constitue par endroits un apport notable au sein des dépôts de
l ’Atlantique. En 1863, une pluie de poussière tomba sur les Canaries
84
dont la masse globale s ’élevait à 10 000 tonnes. D ’après A. Holmes,
les dunes locales sont ici formées de sable fin apporté par le vent
d’au-delà la mer. Quand soufflent les vents du Sud, la poussière
du Sahara est entraînée jusqu’à la Méditerranée et même plus loin.
En Italie on observe parfois des « pluies de sang » constituées de
poussière rouge transportée par les vents puissants.
On a noté des cas où la poussière venant du Sahara a atteint
l’Allemagne et les autres pays de l ’Europe occidentale.
Les habitants du Sud-Est des Kara-Koum, région limitrophe
de l ’U.R.S.S., connaissent bien le pouvoir de transport du vent
« afghanetz » venant d ’Afghanistan et apportant du sable et de la
poussière. Il souffle environ 40 à 50 fois par an et ne dure en géné
ral qu’un ou deux jours, rarement plus. L ’afghanetz enlève au
territoire afghan des quantités énormes de sable et de poussière et
les transporte à travers le large Amou-Daria jusqu’aux Kara-Koum.
La quantité de sable et de poussière en suspension dans l ’air est
telle qu’on ne voit plus le Soleil, comme par temps gris. Les vitres
des fenêtres battues par le vent chargé de sable deviennent opaques
au bout d ’un temps relativement bref (deux ou trois ans).
L'afghanetz est engendré par la montée dans les couches supé
rieures de l ’atmosphère des masses d ’air froid à densité plus forte
que celles d ’air chaud des déserts. Ces masses rencontrant l ’obstacle
constitué par les hautes montagnes du Kopet-Dag, du Parapamiz
et du Pamiro-Alaï ne peuvent le franchir et une fois réfléchies des
cendent en suivant les versants. Pendant la descente à partir d ’une
altitude élevée, les masses d ’air s ’échauffent fortement et, en attei
gnant les déserts de piémont, elles deviennent très sèches et très
chaudes.
La distance à laquelle est transporté le sable dépend non seule
ment de la vitesse du vent, mais aussi de la force des courants ascen
dants. Plus les grains de sable entraînés par ces courants s ’élèvent
haut, plus ils sont transportés loin dans le sens horizontal. Le plus
souvent le sable est traîné au sol, ou bien déplacé par bonds, c’est-
à-dire qu’il monte à une certaine hauteur, se déplace quelque peu
horizontalement et retombe pour rebondir de nouveau, etc.
95
Les monticules de sable (nebka) (fig. 34). Dans les Kara-Koum
et les Kyzyl-Koum, on rencontre parfois, outre les formes déjà
décrites, des tas de sable fixés par la végétation d'une hauteur
s ’élevant à 5 m, rarement à 8 m et d'une forme indéterminée. On
n ’y distingue pas de pentes sous le vent et au vent. Parfois, ces
monticules constituent des ensembles irréguliers ou des cordons
courts entourant des dépressions fermées.
. Comme l ’ont montré les explorateurs de l ’Asie centrale (V. Dou-
bianski notamment), les monticules de sable n ’apparaissent que
lorsque les sables ont été fixés par la végétation désertique qui possè
de des propriétés spécifiques: croissance rapide en hauteur, racines
adventives multiples qui consolident la masse sablonneuse. Ces
formes sont particulièrement hautes près des buissons de tamaris.
Les dunes d'obstacles. Quand il y a peu de sable, celui-ci s ’accu
mule près des obstacles isolés, surtout près des buissons n ’ayant
pas de racinas adventives; il se forme ainsi des dunes d ’abri, dont la
hauteur dépend de l ’espèce végétale mais ne dépasse pas un mètre.
Ces formes ont été décrites par V. Obroutchev. Elles sont particu
lièrement fréquentes dans les plaines de piémont de l ’Asie centrale
96
où le sable et les poussières sont retenus par les buissons de carex et
de chardons.
Ainsi, le relief des déserts est caractérisé par des formes diverses
qui possèdent des variantes intermédiaires. Cette diversité est liée
aux régimes de vents différents qui dépendent du relief, du climat
et d ’autres facteurs (fig. 25). La plupart des complexes dunaires
proviennent de l ’action simultanée de la déflation, du transport, de
l’accumulation, du balayage du sable à partir des dépressions et de
Fig. 33. Dépressions alignées dans des champs de dunes à demi fixées
par la végétation. Kara-Koum
son dépôt sur les crêtes voisines. Parfois, les zones où le processus
de déflation domine se trouvent à une grande distance des zones
d ’accumulation. Ainsi, le long de la frontière méridionale des
Kara-Koum, surtout dans la partie ouest, c’est le phénomène d’accu
mulation qui prédomine ; dans cette région les sables des Kara-
Koum envahissent l ’ancienne plaine de remblaiement.
Le transport et l'accumulation de poussière lœssique. Comme nous
l ’avons déjà souligné, lorsque les sables subissent un remaniement
de longue durée (un million d ’années et plus) d ’énormes quantités
de poussière sont emportées hors des déserts, parfois à de très
grandes distances. En se déposant dans les mers et les lacs, cette
poussière éolienne s ’est mélangée aux sédiments marins et la
custres. Le transport de la poussière à de grandes distances
à partir du lieu de sa formation est lié non seulement à la force du
7—927 97
vent dans les couches basses, mais surtout aux puissants courants
ascendants qui soulèvent les grains de poussière à une grande hau
teur. D’après les observations de B. Fédorovitch, dans les déserts de
l ’Asie centrale la poussière monte à 3 km, même lorsque la vitesse
du vent n ’est que 5 m/s.
§ 5. Corrasion
La corrasion (du latin corradere — enlever en raclant) est le travail
d’usure (émoulage, polissage, ciselure) qui s ’exerce sur la roche nue
au moyen de grains durs portés par le vent. Lors de la déflation et
du transport le vent emporte non seulement les particules de pous
sière fines, mais également des grains de sable et même, pendant les
fortes tempêtes, de petits débris de roches. Les poussières sont
alors soulevées très haut alors que les grains de sable s ’élèvent
à 3 m, rarement 8 ou 10 m. Dans les couches basses (1,5 à 2,0 m du
sol), la concentration du sable entraîné est maximale; c’est là que
la corrasion éolienne est la plus intense; les roches subissent un
polissage et un émoulage, leur surface se couvre de stries, de sillons
et même d ’encoches.
Le criblage intensif et répété des roches au ras du sol taille celles-
ci par sapement, ce qui provoque un amenuisement de cette partie
7* 99
Fig. 36. Formes dues à la déflation et à la corrasion. A. Forme en champignon
(Manguychlak). B. Relief résiduel en grès d’Apchéron rencontré dans les Kara-
Koum
des roches par rapport aux couches supérieures. Les poteaux télé
graphiques, s’ils ne sont pas protégés, sont rapidement rongés par lè
vent, ce qui témoigne de l ’intensité du phénomène.
Le sapement des roches par le vent est aussi facilité par la désa
grégation mécanique qui détruit l ’homogénéité des roches. La
corrasion éolienne provoque la rupture des liens entre les particules
et contribue ainsi à l ’élimination rapide des produits de la désagré
gation. Ainsi, de nouvelles parties de la roche intacte sont mises-
à nu et subissent à leur tour la désagrégation et la corrasion.
Fig. 40. Parois verticales des lœss rencontrés près de la ville de Siang-
than (R.P.C.)
108
RUISSELLEMENT
Fig. 44. Schéma montrant l ’évolution d’un ravin 04) et mesures em
ployées pour lutter contre le ravinement (B)
8 -9 2 7
Le niveau de base d ’un torrent se situe au pied des montagnes
à l'endroit où celui-ci débouche dans la plaine et où dominent les
processus d ’accumulation.
xaJ ; " ; m Les observations montrent que
les torrents s ’allongent en remon
tant à partir du niveau de base ;
ce phénomène porte le nom d ’éro-
I sion remontante ou régressive.
: : Chaque année ils allongent leur
i 1 cours, gagnant des secteurs tou
: • !i U jours nouveaux des versants.
Yy!t L ’extension du lit principal s ’ac
/ v \ \ ! :V compagne du développement de
rigoles latérales pour lesquelles
le lit principal est à son tour un
niveau de base.
Un torrent typique comporte
trois parties bien distinctes :
Fig. 46. Schéma d’un torrent: 1) le bassin de réception, où
A — profil longitudinal ; B —
plan: I — bassin de réception; II — les eaux se rassemblent en sui
canal d’écoulement; I I I — cône de vant un réseau de rigoles et de
déjection sillons ;
2) le canal d ’écoulement, où
les eaux concentrées dans un lit principal se dirigent vers la zo
ne d ’épandage; c’est la partie où dominent l ’érosion et le trans
port des débris;
H au teu r m a x i
m ale au-dessus
Cours d'eau de ré tla g e Année
d ’été, m
Un courant fluvial n ’est laminaire (en filets d ’eau) que sur des
secteurs isolés en pente douce où la vitesse est très faible.
La vitesse moyenne d ’une rivière est donnée par la formule de
Ghézy : v = C Y R I, où C est le coefficient qui dépend surtout du
nappes aquifères nappes aquifères A lim entation
sans communication en communication so u te rra in e
Schéma avec la r iv iè re la) avec la riv iè re (b) m ixte ( a*b)
de l'alim entation
so u terra in e
des cours d'eau
érosion
D
T
D
Charge de fond
ACCUMULATION (REMBLAIMENT)
7 -------- »~2
Fig. 55. Schéma montrant l ’action des courants de fond transver
saux et la formation d’un lobe de sable: 1 — sens du courant;
2 — courants de fond transversaux; a — atterrissement de bordure
A B
Fig. 57. A. Déplacement progressif des méandres à mesure qu’ils
s’accroissent (Emile Haug Traité de géologie): a — phase initiale;
b — positions successives des phases postérieures. B. Schéma de la
formation d’un bras mort
J 6 Z 5 9 6 1 3 74 8
Fig. 62. Schéma montrant la structure d’une vallée de rivière de plaine
(dessin de N. Kostenko): 1 — dépôts du chenal d’écoulement; 2 — dépôts
de débordement; 3 — dépôts des nappes d’eau dormantes; 4 — dépôts
de versants; 5 — lit de la rivière; 6 — plaine inondable; 7 — bras morts
se couvrant de végétation; 8 — terrasse fluviale; 9 — cordons littoraux
TERRASSES FLUVIALES
Fig. 6-1. Allure d’une vallée fluviale: A — dans le cours supérieur; B — dans
les cours moyen et inférieur; C — au voisinage de l ’embouchure; 1 — chenal
d’écoulement; 2 — plaine inondable; 3 — terrasses fluviales; 4 — rebord
du soubassement rocheux de la vallée (dessin de N. Kostenko)
non seulement n ’est pas détruite mais peut être même fossilisée
sous une nouvelle couche alluviale accumulée dans des conditions
différentes.
L ’étude des alluvions des terrasses anciennes présente un grand
intérêt. La nature des dépôts alluviaux, le rapport entre les diffé
rents faciès, le nombre de terrasses et les variations de leur hauteur
le long de la rivière permettent de se faire une idée de l ’évolution de
la région, de reconstituer la succession et le caractère des mouvements
récents de l ’écorce terrestre, de discerner les particularités climati
ques, etc. La hauteur relative des terrasses et leur altitude absolue
au-dessus du fond de la vallée, la profondeur du creusement de la
vallée aux divers stades de son évolution révèlent l ’amplitude des
mouvements verticaux.
138
L’élude des répercussions des mouvements récents sur la mor
phologie des vallées fluviales a aussi une grande importance pratique
notamment pour la reconnaissance des séries pétrolifères, décelables
par les déformations de la surface des terrasses et par les variations
de leur hauteur. Les soulèvements récents se répercutent également
sur l ’organisation du réseau hydrographique. Dès que la pente varie
quelque peu, l ’écoulement de l ’eau se modifie. En s ’approchant de
la partie de l ’écorce terrestre qui subit un soulèvement, la rivière est
brutalement déviée ou bien se divise en deux bras. Sur le bombement
ainsi formé on voit apparaître de petites rigoles creusées par le
ruissellement des eaux de surface et dirigées radialement à partir
du centre du soulèvement; ce phénomène est facilement repérable
sur les photographies aériennes.
L’étude des alluvions a également un intérêt pratique. On peut
dire que les terrasses fluviales constituent des réserves naturelles de
minéraux utiles. On y rencontre la plupart des minerais alluviaux :
or, platine, diamants, etc. De nombreux ouvrages d ’art, ponts, bar
rages, centrales hydrauliques sont souvent édifiés sur des dépôts
alluviaux. De plus, la nature de ces derniers a plusieurs fois permis
de déceler les soulèvements récents de l ’écorce terrestre. Voilà
pourquoi il est utile de connaître les structures particulières des
terrasses fluviales.
EMBOUCHURES
Les réseaux fluviaux sont séparés entre eux par des lignes de
partage des eaux: lignes d'intersection de deux versants ou inter-
fluves séparant deux versants.
On distingue ordinairement les lignes de partage conséquentes
et subséquentes. Les lignes de partage conséquentes sont celles qui
séparent deux bassins-versants à pentes opposées, par exemple cel
le qui sépare les fleuves du versant orienté vers le Nord (Dvina du
Nord, Pétchora) des fleuves du versant orienté vers le Sud (Volga,
Don, Dniepr). Les lignes de partage subséquentes séparent les riviè
res voisines coulant sur un même versant. Les lignes de partage ont
un tracé irrégulier en zigzag, ce qui s'explique par les variations de
l'intensité de l ’érosion régressive. Les lignes de partage se déplacent
progressivement dans un sens ou dans l ’autre. On peut dire que
l ’évolution des réseaux hydrographiques est une lutte constante pour
les lignes de partage; ce sont les cours d ’eau les plus puissants qui
triomphent. Il est rare de rencontrer deux rivières descendant en
sens opposés en suivant deux pentes symétriques. Ordinairement, les
pentes sont asymétriques et présentent des déclivités diverses, ce qui
conditionne les différences dans le rythme d'érosion. La rivière au
niveau de base le plus bas qui descend d ’un versant raide creuse celui-
ci plus énergiquement que la rivière qui suit une pente douce et dont
le niveau de base est plus élevé. Sous l ’influence de l ’érosion régres
sive la ligne de partage se déplace constamment vers la rivière à
pente douce jusqu’au moment où la rivière conquérante s’approche de
sa concurrente, détourne son cours supérieur en le décapitant et dévie
ses eaux vers son propre bassin. C’est ainsi que le réseau du Rhin
a décapité par capture les affluents du Danube. Le déplacement
des lignes de partage et le phénomène de capture s ’observent dans
les régions de montagnes à chaînes asymétriques. Ainsi, le versant
des Cordillères de l ’Amérique du Nord tourné vers l ’océan Pacifi
que est très raide, tandis que celui qui descend vers l ’Est, du côté
de l ’océan Atlantique, est au contraire en pente douce, ce qui contri
bue au succès de la lutte pour l ’aire de drainage des fleuves du bas
sin du Pacifique.
Parmi les nombreux exemples de capture on peut citer celui de
l ’Aragva par le Térek dans le Caucase.
Une représentation schématique du phénomène de capture est
donnée à la fig. 69 ; les points A et B indiquent la position des ni
veaux de base des rivières de versants opposés. Les points at, a2.
146
a3, etc., bu b2, b3, etc., donnent les positions successives des têtes
des rivières qui ont reculé sous l ’influence de l ’érosion régressive.
Le déplacement des lignes de partage ne concerne pas seulement
les lignes de partage conséquentes mais aussi les interfluves subsé
quents qui séparent les vallées fluviales de même versant, notamment
lorsque l ’aire de drainage d ’une rivière, et donc son débit, est plus
grande que celle d ’une concurrente. Cette rivière et ses affluents
plus avantagés s ’approfondissent plus vite que les cours d ’eau
voisins. Les affluents puissants qui coulent à des niveaux plus bas
peuvent s ’approcher du cours supérieur de la rivière voisine et cap
turer ses eaux (fig. 70).
Plusieurs réseaux, dont celui que nous allons examiner, témoi
gnent d ’une pareille évolution.
La rivière Pinéga, actuellement tributaire de la Dvina du Nord,
formait auparavant un seul cours d ’eau avec la rivière Kouloï qui
se jette dans le golfe de Mesen (fig. 71). La Dvina du Nord qui est
proche avait une puissance et une aire de drainage beaucoup plus
grandes. Un de ses affluents qui la rejoint près de Kholmogory,
a reculé sa tête par un creusement énergique et a atteint la Pinéga
à l’emplacement même de la ville de Pinéga. E tant donné la position
plus basse de cet affluent, les eaux de la Pinéga s’y sont engagées,
tandis que le courant inférieur de la Pinéga décapité s’est réduit
à une rivière relativement petite qui porte actuellement le nom de
Kouloï. Ainsi, un cours d ’eau puissant peut, en utilisant la progres
sion de ses tributaires, repousser de flanc les lignes de partage et
conquérir, par capture des rivières voisines, une vaste aire de draina
ge. Le processus de capture des cours d ’eau d ’un même versant est
très fréquent dans les montagnes; il aboutit à la formation d ’un
réseau hydrographique rectangulaire. Ce phénomène est particuliè
rement courant dans les régions à structures monoclinales présentant
une alternance de roches à résistance variable. Dans les régions de
plaine, les réseaux fluviaux ont, au contraire, un aspect ramifié
(dendritique, arborescent).
La capture d ’une rivière par une autre se manifeste souvent par
les caractères morphologiques suivants :
10* 147
1) existence d ’un coude bien encaissé;
2) sous-adaptation de la rivière décapitée privée de la plus gran
de partie de son aire de drainage aux dimensions de la vallée élabo
rée lorsqu’elle était plus puissante;
3) apparition d ’une vallée morte creusée par la rivière capturée
et s ’étendant de l ’endroit de la capture jusqu’à la tête du cours d ’eau
décapité (a-aK de la fig. 70).
C_____
A
D
BAUX DE FOND
Les eaux de fond ont une grande extension. Ce sont les eaux de la
première nappe aquifère perénne à partir de la surface qui reposent
sur la première couche imperméable plus ou moins étendue. Elles
s’accumulent soit dans les roches meubles, poreuses, des formations
quaternaires et antéquaternaires, soit dans les terrains durs mais
fissurés. L’absence de toit imperméable leur permet de recevoir
l’eau par toute leur surface; en d ’autres termes, la région d ’alimenta
tion des eaux de fond coïncide avec celle de leur extension.
Il faut distinguer dans les eaux de fond la surface supérieure ou
plan d ’eau et le soubassement étanche, terrain imperméable sous-
jacent à la nappe aquifère (voir fig. 74). Le terrain où s ’accumule
l’eau s’appelle couche ou nappe aquifère. L ’épaisseur d ’une nappe
aquifère est la distance entre la surface du plan d ’eau et le soubas
sement imperméable. Les eaux de fond ne subissent que l ’action
de la pression atmosphérique, elles sont donc libres. Le niveau d ’eau
atteint par les puits et les forages conserve la cote qu’il avait dans
la nappe aquifère avant l ’ouverture et ne monte pas. Une frange capil
laire borde au-dessus la nappe de fond ; dans cette frange les pores
de la roche ne sont remplis que partiellement par l ’eau qui remonte
par les capillaires.
157
MOUVEMENT DES EAUX DE FOND
Il est rare que la surface des eaux de fond soit horizontale. Ordi
nairement, elle suit de près, en l'atténuant, le relief du sol et est
manifestement inclinée vers les parties déprimées du terrain. Il en
est ainsi parce que les eaux de fond sont toujours en mouvement. Leur
écoulement s'effectue sous l ’action de la pesanteur dans la direction
des ravins, des rivières, des mers et des autres dépressions topogra
phiques où elles émergent sous forme de sources qui assurent leur
décharge ou drainage. Ces zones d ’émergence des eaux souterraines
s ’appellent zones de décharge. Les eaux de fond cheminent le long des
pores et des fissures en formant de petits
rpgj tnrr iP) filets isolés parallèles. Ce mouvement est
•...u»:.- dit laminaire. La vitesse des eaux souter-
a raines dépend de la perméabilité des ter
rains et de la pente de la surface de la
nappe aquifère. Cette dépendance est ex
primée par la formule :
Fig. 75. Eaux de fond tra
versant un bassin d’eau
souterraine ; aa — surface de où v est la vitesse du courant ; K, la cons
la nappe aquifère ; bb — ligne
de séparation entre l ’écouletante de perméabilité de la roche (coef
ment de la nappe et le bas ficient de perméabilité) ; h, la différence
sin souterrain ; 1 — sable ; de niveaux d ’eau en deux points consi
2 — sable aquifère ; 3 — dérés et l, la distance séparant ces deux
limon
points. Ordinairement, le rapport y s ’ap
pelle pente hydraulique de la surface de la nappe aquifère ou gra
dient de charge et on le désigne par la lettre i. En remplaçant dans
la formule cette grandeur on obtient v = Ki. La vitesse d ’écoule
ment des eaux de fond est relativement faible par rapport à celle
des rivières. Dans les sables fins et homogènes elle est de 1 à 5 m
par jour ; dans les sables grossiers et les graviers, de 15 à 20 m par
jour ; dans les galets et les calcaires karstifiés très fissurés elle peut
atteindre 100 m par jour et même plus.
Parfois, les eaux de fond en remplissant les creux de la couche
imperméable forment des bassins à plan d ’eau horizontal ou presque.
Souvent un écoulement d ’eau de fond se combine avec un bassin
d ’eau souterraine (fig. 75).
Régime des eaux de fond. Le régime des eaux de fond, c’est-à-
dire leur niveau, leur quantité et leur qualité, se modifie, car elles
sont très sensibles aux conditions hydrométéorologiques extérieures,
étant en liaison hydraulique la plus étroite avec les eaux superficiel
les. Dès que les conditions d ’alimentation changent, le régime des
eaux de fond est perturbé. Les facteurs essentiels sont à cet égard
les conditions climatiques, principalement le volume des précipita
tions atmosphériques. Aux années de précipitations abondantes, le
158
niveau des eaux de fond monte et il descend pendant les années de
faibles précipitations. Parfois, les variations du niveau ont un carac
tère nettement saisonnier et peuvent atteindre plusieurs mètres au
cours d'une année. Certaines couches pendant ces variations se rem
plissent d'eau et se tarissent alternativement. Ainsi, la partie super
ficielle comprise entre la surface terrestre et la base imperméable
se divise nettement en trois zones:
1) zone d'aération ou de descente continue qui se situe au-dessus du
niveau supérieur des eaux de fond et s'établit après une longue pério-
Ligne d e p a r ta g e des
eaux su p erficielles.
de fond libres que par le fait qu’elles se trouvent entre deux couches
imperméables (fig. 77). Elles s’alimentent non pas par toute la sur
face d ’extension de la couche aquifère, mais seulement par l ’af
fleurement de la nappe (a). Ordinairement, ces eaux se rencontrent
dans les régions au relief disloqué et se disposent au-dessus du niveau
de base du réseau hydrographique local. Elles ne remplissent pas
toute la couche aquifère, ne contactent pas le toit imperméable et
leur surface supérieure est libre. Souvent elles émergent en sources
sur les versants des ravins et des rivières, surtout si la base imperméa
ble est en pente. Ainsi, ces nappes captives sont des eaux courantes
dont l ’écoulement est identique à celui des eaux de fond descendantes
sollicitées par la pesanteur.
160
NAPPES CAPTIVES SOUS PRESSION OU EAUX ARTÉSIENNES
§ 5. Bassins artésiens
Les complexes géologiques d ’étendue plus ou moins grande dans
les terrains desquels sont encaissées des nappes captives jaillissantes
s ’appellent bassins artésiens. Ils renferment généralement de grandes
162
réserves d ’eau de bonne qualité largement utilisée dans les villes
en vue de l ’alimentation humaine et à des fins industrielles. Dans
plusieurs grandes villes, les nappes captives constituent une des
sources principales du ravitaillement en eau. Sur le territoire de
l ’U.R.S.S. il y a plusieurs grands bassins artésiens associés aux
affaissements en cuvette de l ’écorce terrestre, ainsi qu’aux structu
res monoclinales formées de terrains alternativement perméables et
étanches.
Le bassin artésien de Moscou est le plus connu ; son rôle est capital
pour le ravitaillement en eau des villes et villages du centre de la
§ 6. Sources
Les exutoires naturels des eaux souterraines à la surface s ’appel
lent sources. Ces sources sont généralement localisées dans les vallées
des rivières, les ravins ou les vallons qui recoupent les nappes aquifè
res. Les exutoires d ’eau souterraine se présentent dans des conditions
très variées suivant la nature lithologique des terrains aquifères
(roches poreuses ou fissurées), le degré de dénudation des versants,
la disposition des roches, etc. L’eau peut suinter librement à l ’état
diffus au contact avec une couche imperméable, parfois sur une sur
face assez grande (c’est le plus souvent le cas des roches poreuses).
Par endroits, elle sort en un filet unique assez puissant (cas des ro
ches poreuses et surtout fissurées), enfin, elle peut déborder de l ’exu
toire en formant une source jaillissante.
Si les versants d ’une vallée ou d ’un ravin sont couverts de collu-
vions, ces dernières entravent la concentration des eaux et celles-ci
se fraient un chemin sous la couche colluviale. Lorsque l ’épaisseur
de la couche superficielle est faible, celle-ci est progressivement
humectée par l ’eau souterraine. Le versant devient humide sur une
étendue assez vaste et se transforme souvent en marécage.
A chaque type d ’eau souterraine (eau de fond ou eau artésienne)
décrit plus haut correspond un exutoire particulier qui caractérise
la venue au jour des eaux. Les sources alimentées par les eaux de fond
et par la table d ’eau perchée sont dites descendantes; celles qui pro
viennent des eaux captives sont appelées ascendantes. Les exutoires
descendants correspondant à la sortie des eaux de la nappe perchée
sont parmi les plus instables. Les sources descendantes par lesquelles
émergent les eaux de fond ont au contraire un débit plus constant
bien que celui-ci et la qualité des eaux soient sujettes aux variations
saisonnières des conditions hydrométéorologiques.
164
Le débit des sources varie également dans de larges limites suivant
le régime d ’alimentation et le degré de perméabilité des terrains
aquifères. Les gros débits s ’observent dans les exutoires correspon
dant aux sables grossiers, aux graviers et aux calcaires karstifiés
très fissurés. Les sources qui émergent des cavernes et des galeries
karstiques peuvent parfois avoir un débit tel qu’elles peuvent engen
drer des ruisseaux et même de petites rivières. Ces exutoires se ren
contrent en Crimée (Iaïla), dans le Caucase, dans la région de Lénin
grad, etc.
Les sources ascendantes sont les sorties naturelles des nappes
captives. Elles se caractérisent par un régime plus ou moins stable,
c’est-à-dire présentant une pression, un débit, une composition chi
mique et une température à peu près constants. Elles sont associées
aux zones de décharge des bassins artésiens et apparaissent souvent
dans les régions à structure faillée. L’étude des sources des eaux souter
raines et de leur régime (modification du débit et de la qualité de
l ’eau) est très importante, car elle permet d ’établir le bilan hydrau
lique des eaux souterraines de chaque région. Sous ce terme on désigne
le volume d ’eau se trouvant dans un secteur déterminé et ses varia
tions quantitatives. Ce bilan hydraulique comprend un- terme positif
(apport d’eau) et un terme négatif (perte d ’eau).
L ’apport d ’eau est assuré par l ’infiltration des précipitations
atmosphériques, la condensation des vapeurs d ’eau et l ’infiltration
de l ’eau de condensation, l ’infiltration des eaux des rivières et des
bassins superficiels.
Les pertes d ’eau résultent des décharges aux sources, de l ’alimenta
tion souterraine des bassins superficiels, de l ’évaporation par les
capillaires, de l ’évaporation par transpiration des plantes, des cap
tages réalisés par l ’homme pour satisfaire ses besoins en eau.
En établissant le bilan des eaux souterraines il faut tenir compte
de tous ces éléments d ’apport et de pertes en eau.
§ 9. Le karst
Dans leur mouvement, les eaux souterraines effectuent un travail
géologique complexe. Il faut d'abord mentionner le phénomène du
karst et les glissements.
Le phénomène du karst consiste dans le lessivage des roches fis
surées et solubles par des eaux souterraines et superficielles en mou
vement, action qui aboutit à la formation de dépressions fermées
d ’aspect caractéristique à la surface et de cavernes et de galeries en
profondeur. Le mot « karst » servant d'appellation au phénomène n ’en
suggère pas le processus ; il tire son origine de la dénomination du
plateau calcaire de Karst près de Trieste, où les phénomènes mention
nés ont reçu un grand développement et où ils ont été étudiés pour la
première fois.
Parmi les roches solubles il faut citer le sel gemme, le gypse,
l ’anhydrite, les calcaires, les dolomies, les marnes qui subissent
d ’intenses processus karstiques. C’est le sel gemme (NaCl) qui est
le plus soluble, les roches carbonatées comme les calcaires et les dolo
mies l ’étant moins.
Comme on l ’a déjà indiqué plus haut, les eaux souterraines con
tiennent toujours une quantité plus ou moins grande de sels et de gaz
dissous. Donc, l ’eau qui agit sur les roches n ’est pas une eau chimi
quement pure mais une solution de sels complexe dont la concentra
tion est en perpétuelle variation. Or, la présence de sels et d ’acide
carbonique dans l ’eau accroît notablement l ’action dissolvante de
celle-ci sur les roches. Ainsi, il se dissout davantage de calcaires et de
dolomies dans de l ’eau contenant du gaz carbonique que dans de l ’eau
chimiquement pure. Par exemple, un litre d ’eau distillée dissout
11.5 mg deCaC03, mais lorsqu’elle contient jusqu’à 1 mg/1 d ’acide
carbonique, la quantité de calcite dissous passe à 50-60 mg/1.
La présence de NaCl dans les eaux souterraines élève de 2,5 à
3.5 fois la dissolubilité du gypse (suivant la teneur en NaCl), alors
qu’une addition de sulfate de magnésium réduit sa dissolubilité
à zéro, etc.
168
L’interaction des solutions naturelles complexes que forment
les eaux souterraines avec les roches fissurées et solubles donne diver
ses formes karstiques. Les roches carbonatées, calcaires et les dolo
mies sont très répandues dans de nombreux pays, alors que le gypse et
le sel gemme couvrent des surfaces beaucoup plus restreintes en for
mant souvent des lentilles isolées ou des intercalations entre des ro
ches argileuses. C’est pourquoi le phénomène du karst dans les couches
épaisses de calcaires et de dolomies est mieux étudié. La grande diver
sité du karst se manifeste dans toute son ampleur à la surface des
calcaires dénudés des régions du Sud de l ’U.R.S.S.
Les lapiés (ou rascles) sont des formes de relief karstiques qui se
développent à la surface d ’une roche soluble. Ce sont des formes en
creux très diverses qui rappellent des sillons étroits, de petites rigo-
les, des cannelures, des tranchées, des trous, etc., dont la profondeur
varie de plusieurs centimètres jusqu’à 1, rarement 2 mètres. Elles
sont disposées tantôt plus ou moins parallèlement dans le sens de la
pente qui a alors l ’allure d ’une surface travaillée par une herse géan
te, tantôt d ’une façon irrégulière avec des ramifications qui souvent
fusionnent (fig. 82). Les lapiés sont surtout le fait de l ’action dis
solvante des eaux atmosphériques qui attaquent les parois des fis-
169
sures dans les roches massives, mais aussi de l ’érosion mécanique.
En circulant dans les joints et les fissures, l ’eau dissout, corrode et
évacue les grains de calcaires, contribuant ainsi à l ’élargissement
des diaclases. C’est de cette façon que l ’eau, en pénétrant dans les
interstices les plus fins, accomplit peu à peu un travail de destruction
et les transforme en ouvertures béantes et en dépressions.
L ’ensemble de ces ciselures porte le nom de lapiés et la surface
des roches solubles qui en est couverte, est appelée champ de
lapiés.
Les ponors ou gouffres absorbants. Le phénomène karstique ne se
limite pas à la formation des lapiés, ceux-ci pouvant, au contraire,
être considérés comme les éléments les plus simples du relief karsti
que. On appelle ponors les ouvertures verticales dans lesquelles s ’en
gouffre l ’eau superficielle. Ils se forment au croisement des grandes
fissures ou à l ’endroit où celles-ci s ’élargissent, se prolongeant en
profondeur dans les massifs karstiques et offrant à l ’eau les voies les
plus faciles à la circulation. Les conduits qui s ’y forment s ’agrandis
sent très vite en profondeur et en largeur et se transforment en che
naux d ’écoulement qui collectent et évacuent l ’eau superficielle.
Les ponors isolés se rencontrent assez rarement ; le plus souvent ils
se combinent à d ’autres formes karstiques.
Les niches. Aux affleurements des roches solubles il se forme sou
vent des niches de dimensions diverses qui résultent d ’un lessivage
intense par les eaux souterraines émergeant sur une pente ainsi que
des processus d ’altération. Le développement des niches est souvent
provoqué par des plans de stratification.
Les dépressions fermées ou entonnoirs (dôlines et avens) sont les
formes karstiques les plus répandues. Elles se rencontrent en grande
quantité dans les diverses zones climatiques: sur les côtes méditer
ranéennes et celles de la mer Noire, dans les régions de Léningrad et
d ’Arkhangelsk, dans le bassin d ’Angara-Iénisséi, en Extrême-Orient
sibérien et dans l ’Oural. Ces dépressions karstiques ont des formes
diverses, tantôt ce sont de véritables puits aux parois assez raides,
tantôt des écuelles ou des soucoupes avec des pentes douces et de
faible profondeur (fig. 83). Leur diamètre dans la plupart des cas
varie de 1 à 50 m, atteignant parfois 100 m et plus. Leur profondeur
dépasse rarement 15 à 20 m. Souvent, on observe au fond de ces enton
noirs des ponors par lesquels les eaux superficielles rassemblées
dans la dépression sont entraînées en profondeur.
Dans les régions où la karstification est très poussée la multipli
cation de ces formes en entonnoir donne à la surface un aspect alvé
olé. Ainsi, certains secteurs de Iaïla en Crimée comptent jusqu’à 50
et même 80 dôlines par kilomètre carré, alors que dans le bassin houil-
ler de Kizel (versant occidental de l ’Oural) on en enregistre de 30 à
120. Les entonnoirs karstiques peuvent résulter de l ’action dissol
vante de l ’eau ou se former par approfondissement et élargissement
progressif des fractures. Le développement de ces dépressions en enton-
170
noirs peut être accéléré par l ’action érosive des eaux superficielles
et par le processus d ’altération des roches.
Les dépressions fermées peuvent également provenir d ’un effon
drement du plafond des cavités karstiques, phénomène qui est observé
assez souvent dans les contrées où les calcaires, gypses et autres roches
solubles sont recouverts d ’une couche suffisamment épaisse de roches
argilo-sableuses insolubles. Dans ces conditions, le phénomène kars
tique n ’a lieu qu’en profondeur où se développent les cavités de
CAVITÉS KARSTIQUES
VARIÉTÉS DE KARST
Versant
en place
; Partie des mouvements de masse
Entrainement de dépôts
par reptation ou creeping
Bourrelet
de refoulement
B
Allumons du fond
de la vallée
Blocs entiers
entraînés par Partie détritique du glissement
le glissement Zones des brèches
de friction
Fig. 95. Glacier Fedtchenko. Les bandes noires sur la surface du glacier
représentent les moraines médianes
B
Fig. 100. A Crevasses à la surface d’un glacier. B. Mécanisme de
la formation des crevasses à la surface d’un glacier
§ 5. Erosion glaciaire
Le travail d ’un glacier se manifeste par l ’abrasion, le transport
et le dépôt (accumulation). Les glaciers en mouvement exercent sur
la surface terrestre une action destructrice qui est d ’autant plus
importante que l ’épaisseur de la couche de glace pesant sur le lit
glaciaire sous-jacent est grande. L ’érosion est considérablement
renforcée par les débris de roche enchâssés dans les parties infé
rieures du glacier qui les entraîne dans son mouvement. La glace
contenant des débris récure, polit, strie la surface des roches en
place. Les grains de sable, le gravier et les pierres aux arêtes vives
laissent à la surface des rainures, des cannelures, des égratignures.
Ordinairement, celles-ci sont longues d ’un à plusieurs mètres et
larges de quelques centimètres ; leur profondeur varie de quelques
millimètres à des dizaines de centimètres. Parfois, les stries sont
parallèles et de même direction ; elles signalent alors le sens de
l ’écoulement de la glace. L ’apparition de stries entrecroisées indi
que que le mouvement de la glace a changé de direction.
En rencontrant sur leur chemin des rochers et des légers soulè
vements de terrain, les glaciers les aplanissent, les arrondissent,
les polissent et les couvrent de stries. Cette action est à l ’origine
d ’une forme oblongue particulière appelée a roches moutonnées ».
Dans le sens longitudinal elles sont asymétriques. La face regardant
l ’amont du glacier a une pente douce, est souvent lisse et présente
des stries, alors que la face opposée est raide et a une surface âpre.
Un ensemble de formes de ce genre produit un relief moutonné com
posé de buttes asymétriques et de cuvettes (fig. 101) qui parfois
s ’étend sur des espaces assez vastes. Ainsi, nombre d ’îles de la
région côtière de Finlande constitue un moutonnement de bosses
et de cuvettes envahi par la mer.
Les débris de roches entraînés par la glace et participant à l ’abra
sion du lit sont, eux aussi, érodés au cours du mouvement. Les
gros blocs s ’usent, leur surface s ’arrondit, se polit et se couvre de
stries et d ’égratignures. Ces débris transformés par les glaciers
s ’appellent blocs striés (fig. 102).
Si le glacier rencontre sur son chemin des rochers isolés ou des
gradins tournés vers l ’amont et constitués de roches fissurées, il
202
peutvarracher des fragments volumineux et les entraîner à de grandes
distances. Suivant la résistance différente des roches du lit les
glaciers excavent dans le fond des bassins rocheux, étirés parfois dans
le sens du mouvement.
Dans les montagnes, l ’activité de la glace et de la neige produit
des formes caractéristiques représentées par les cirques et les vallées
glaciaires (auges). Les petits cirques sont des niches en forme de
chaudron creusées aux flancs des montagnes. Ils ont donné naissance
Fig. 105. Relief en buttes et creux formé par des matériaux de la moraine
B ; EU
B
Fi g. 107. A . Drumlin. B . Coupe d’un drumlin : I — roche en place; 2 — moraine
des bosses morainiques est déterminée pour une grande part par
celle des grosses crevasses dans lesquelles s ’accumulent les débris.
Lors de la fonte de la glace dans les montagnes, les moraines
latérales et médianes se superposent sur la moraine de fond en don
nant des alignements parallèles à la vallée. Les moraines déposées
sur les bords s ’appellent moraines marginales, celles qui le sont
au milieu sont nommées longitudinales. Quelquefois, le terme
longitudinal est appliqué à ces deux types de moraines (fig. 10G).
Dans la région de glaciation continentale où les moraines marginales
et médianes sont absentes, on n ’observe pas de rides longitudinales;
210
Fig. 108. Eléments d’une moraine
14*
le relief dominant est ici la plaine de moraines et les moutonne
ments de buttes et de cuvettes avec des alignements compliqués
de moraines frontales.
Drumlin. Outre les bosses irrégulières à la topographie chaotique
qui sont dues à l ’accumulation glaciaire, il existe des formes de
structure plus régulière nommées drumlins. Ce sont des buttes
relativement basses et allongées dont le grand axe coïncide avec
le sens du mouvement de la glace. Elles sont constituées d ’argile
compacte à blocs striés recouvrant souvent un noyau rocheux poli
en saillie. Celui-ci se trouve soit au milieu du drumlin, soit à une
de ses extrémités. Dans ce dernier cas, il affleure souvent et est
alors moutonné, le drumlin formant derrière lui une traînée (fig. 107).
La longueur de ces buttes varie de quelques centaines de mètres
à 1-2 km, leur largeur étant de deux à trois fois inférieure (très rare
ment 10 fois et plus) ; leur hauteur atteint plusieurs mètres. Leurs
versants sont en pentes douces. Les drumlins se groupent en essaims
et couvrent parfois d ’immenses étendues. Ils sont séparés les uns des
autres par des dépressions. Il s ’agit certainement de formations
sous-glaciaires dont la genèse s ’explique par des affleurements en
saillie des roches dures du lit. La glace qui traverse ces saillies
asymétriques se crevasse au point de la rupture de pente, se déforme
et repousse vers le bas les débris morainiques qui se déposent près
du noyau rocheux.
Les drumlins abondent surtout dans les régions de glaciation
continentale où la glace est très épaisse.
Particularités de structure des dépôts morainiques. Une moraine
est constituée des matériaux les plus divers : argiles fines, limons,
sables argileux, graviers, galets et blocs striés (fig. 108). Les dimen
sions des blocs varient de quelques centimètres à 2-3 m et plus.
La teneur en ces différents constituants est très diverse. De nombreux
facteurs interviennent: proximité du centre de glaciation, intensité
de l ’accumulation, nature des roches adjacentes au lit du glacier,
longueur du trajet parcouru par le glacier et épaisseur de celui-ci.
Les argiles ou les limons peuvent prédominer dans la moraine qui
contient alors des débris de roche plus ou moins importants, des
graviers, cailloux, blocs. Parfois, la moraine est formée d ’un mélange
de débris grossiers et de sable argileux à texture diverse.
Ainsi, les moraines glaciaires se distinguent des autres dépôts
continentaux par une composition hétérogène, une accumulation
de matériaux détritiques non triés et une absence de stratification.
Fig. 109. Un ôs
§ 8. Glaciations quaternaires
Il découle de ce qui précède que les régions ayant subi la glacia
tion ont un modelé très particulier (relief moutonné, cuvettes de
surcreusement, vallées en auge, buttes morainiques et collines de
kames, alignements de moraines terminales, ôs, etc.) ainsi qu’un
ensemble de formes d ’accumulation glaciaires et de torrents glaciai
res très caractéristique (moraines et complexes fluvio-glaciaires).
Ce sont là des documents géomorphologiques et géologiques remar
quables qui permettent d ’étudier les glaciations anciennes et leur
évolution, surtout pendant la dernière période géologique, le Quater
naire.
Dès le X IX e siècle, les savants se sont intéressés aux gros blocs
émoussés et striés qui abondent dans la partie nord-ouest de la
Plaine russe, dans le Nord de l ’Allemagne et dans d ’autres pays
européens et qui reposent à même le sol ou sont entourés d ’une argile
rouge, parfois grise. Ainsi, les blocs découverts dans la province de
Poznan (Pologne occidentale) étaient d ’une longueur et d ’une lar
geur atteignant respectivement 10 et 6 m. La plupart de ces blocs
avaient une composition différente de celle des roches constituant
les régions dans lesquelles ils furent trouvés et c ’étaient en général
des blocs de granité ou de gneiss dont la roche-mère se trouvait,
comme on l ’avait établi, en Scandinavie. Le problème de l ’origine
de ces blocs dits erratiques (du latin erraticus — vagabond) trouvés
dans les régions de plaine mentionnées plus haut, éloignées des cen
tres de glaciation actuelle suscita à l ’époque une vive discussion.
En laissant de côté les tentatives d ’explication par la mer délu
viale, l ’activité volcanique, etc., retenons seulement l ’hypothèse
de la dérive glaciaire formulée par Charles Lyell vers les années
216
1830 et admise par la plupart des auteurs pendant 40 ans. Elle
se fondait sur le fait que les calottes glaciaires actuelles commen
cent à flotter en atteignant la mer. En débouchant dans la mer
elles vêlent, c’est-à-dire émettent des icebergs qui transportent à
de grandes distances des blocs morainiques. Selon cette hypothèse,
la Scandinavie a été recouverte de glace au Quaternaire, une mer
s ’étalant sur la partie septentrionale de l ’Europe jusqu’à l ’endroit
où les icebergs ont apporté des blocs.
En poursuivant l ’étude de ces régions, on accumula des faits
réfutant l ’hypothèse de la dérive; parmi eux citons l ’existence de
blocs émoussés formés à partir des roches en place et l ’absence de
dépôts marins qui auraient dû obligatoirement se former si la mer
était venue jusque-là.
En 1871, le savant russe P. Kropotkine avança l ’idée d ’une
glaciation continentale ayant couvert toute l ’Europe septentrionale
et émit l ’hypothèse de l ’apport des blocs par les glaces de la calotte
glaciaire en mouvement. Une année plus tard, une idée identique
fut formulée par le savant suédois Otto Torell.
Actuellement, il est devenu incontestable que pendant le Quater
naire des glaces épaisses ont recouvert des espaces immenses sur
le territoire de l ’U.R.S.S., de l ’Europe occidentale et de l ’Améri
que, et qu’elles y ont laissé après leur retrait des moraines et des
formes de relief décrites plus haut. C’est pourquoi on donne souvent
au Quaternaire le nom de « période glaciaire ».
Une question importante qui reste fort discutée est celle du
nombre de glaciations. Pour y répondre on interroge ordinairement
les documents géologiques fondamentaux que sont les moraines et
leurs corrélations.
P. Kropotkine, fondateur de la théorie glaciaire en Russie, pen
sait que la Plaine russe n ’avait subi qu’une seule glaciation. Pour
tant, dès la fin du XIXe et au début du XXe siècles, on découvrit
près de Moscou, dans la région de la Dvina du Nord et ailleurs, deux
bancs morainiques séparés par des dépôts interglaciaires à faune et
flore correspondantes. Les sédiments interglaciaires sont constitués
tantôt de dépôts stratifiés d ’eau douce (lacustres, fluviatiles, etc.),
tantôt de tourbières, tantôt de sols fossilisés.
Toutes ces formations témoignent de l ’existence d ’interruptions
assez prolongées dans l ’accumulation glaciaire et donc de l ’absence
de glaciers au moment de leur dépôt. Par la suite, on découvrit
aussi un grand nombre de bancs morainiques. Tous ces faits dis
créditèrent l ’hypothèse d ’une glaciation unique.
Mais c’est surtout ces 20 ou 30 dernières années que l ’on s ’est
documenté en U.R.S.S. Les travaux d ’édification industrielle et
hydrotechnique, la construction de canaux navigables et d ’irriga
tion ont permis de découvrir sur de grandes surfaces des dépôts
glaciaires et interglaciaires ou des sédiments qui leur sont associés.
Les travaux de recherche furent menés par d ’importants groupes
217
de spécialistes appartenant aux organismes intéressés, et par des
scientifiques de nombreux Instituts de l ’Académie des Sciences,
des établissements d ’enseignement supérieur et du Ministère de la
géologie et de la conservation du sous-sol.
Ces recherches fournirent de nouveaux renseignements sur les
rapports existant entre les dépôts morainiques, les particularités
de l ’évolution de la faune et de la flore quaternaires, etc., renseigne
ments prouvant la multiplicité des glaciations dans la Plaine russe.
Des informations identiques furent obtenues dans plusieurs autres
pays. Les études paléobotaniques présentent une grande importance
pour la distinction des dépôts glaciaires. D ’après K. Markov et
M. Gritchouk « la multiplicité des expansions glaciaires et des épo
ques interglaciaires est évidente. Elle est attestée par l ’alternance
de couches de dépôts glaciaires ou de formations synchrones à flore
proglaciaire, avec des couches témoignant de l ’existence sur le même
territoire de forêts de feuillus et de forêts mixtes de conifères et
feuillus ». On a constaté aussi que le Quaternaire a connu plusieurs
périodes de froid suivies de périodes chaudes auxquelles correspon
dent les expansions glaciaires et les époques interglaciaires. Toute
fois, malgré les succès enregistrés dans l ’étude de la sédimentation
quaternaire, les savants soviétiques ne se sont pas encore mis d ’ac
cord sur le nombre de glaciations et d ’époques interglaciaires, ni
sur leur dénomination. Les divergences sont évidemment plus mar
quées lorsqu’on confronte les classifications adoptées dans divers
pays.
C’est dans les Alpes que les anciens dépôts glaciaires conservés
dans les régions de montagnes ont été les mieux étudiés. Penck et
Brückner y ont reconnu quatre glaciations et trois époques intergla
ciaires. La plus ancienne est la glaciation de Günz qui date de la
fin du Néogène, puis viennent les glaciations de Mindel, de Riss
et de .Würm. Les époques interglaciaires correspondantes sont dési
gnées par les dénominations des glaciations entre lesquelles elles
se situent : Günz-Mindel, Mindel-Riss, Riss-Würm. G. Mirtchink,
spécialiste soviétique des dépôts quaternaires, considérait que cette
classification pouvait être valable jusqu’à un certain point pour
les dépôts quaternaires de la partie européenne de l ’U.R.S.S., et
elle fut adoptée par les auteurs des ouvrages géologiques. Mais
il pensait que le Caucase avait été la seule région à subir les quatre
glaciations, la Plaine russe n ’en ayant connu que trois: celles de
Mindel, de Riss et de Würm.
L’accumulation de nouveaux faits montra que la corrélation
des vastes glaciations continentales de la Plaine russe avec les gla
ciations des Alpes, régions trop éloignées, n ’était pas suffisam
ment justifiée. Il s ’avéra même difficile d ’appliquer les schémas
alpins à la Pologne et à l ’Allemagne, pourtant assez proches. C’est
pourquoi on essaya d ’établir des classifications locales. Pour la
partie européenne de l ’U.R.S.S, O. Guérassimov et K. Markov
218
dégagèrent trois glaciations: l ’Okskien (le Likhvinien), le Dniépro-
vien (d’extension maximale) et le Valdaïen, séparés par des époques
interglaciaires. Le Dniéprovien se subdivise en deux phases : le
Dniéprovien proprement dit et le Moscovien.
Cependant, les schémas dressés en U.R.S.S., en Pologne, en
Allemagne, en Angleterre, en Hollande et dans d ’autres pays ne
permettent pas souvent d ’établir des corrélations.
En 1932, le deuxième Congrès de l ’Association internationale
pour l ’étude du Quaternaire en Europe proposa une classification
unifiée, adoptée [officiellement en U.R.S.S. pour des cartes géolo
giques. Elle divise le Quaternaire en quatre périodes (formations) :
I — Eopléistocène (Pléistocène inférieur) ;
II — Mézopléistocène (Pléistocène moyen),
III — Néopléistocène (Pléistocène supérieur),
IV — Holocène (moderne).
Les trois premières formations sont le plus souvent groupées
sous les dénominations inférieure, moyenne et supérieure. On a
convenu de grouper sous le terme d ’Eopléistocène le Gûnzien et
le Mindélien des Alpes avec leurs époques interglaciaires, ainsi
que l ’Okskien de la Plaine russe. Le Mézopléistocène groupe le
Rissien des Alpes et le Dniéprovien (d’extension maximale) de la
Plaine russe ainsi que les époques interglaciaires Mindélien-Ris-
sien et Okskien-Dniéprovien. Le Néopléistocène comprend les
dernières époques interglaciaires et expansions glaciaires. Ainsi,
dans cette chronologie de l ’Association internationale pour l ’étude
du Quaternaire en Europe il est tenu compte des trois glaciations
de la Plaine russe et de ses époques interglaciaires.
Ces dernières années, plusieurs auteurs qui se sont consacrés
à l'étude des dépôts quaternaires ont distingué dans la Plaine russe
cinq (K. Markov), six (A. Moskvitine) et même sept (S. Iakovlev)
glaciations.
Nous donnons à titre d ’exemple au tableau 8 deux classifications
des glaciations de la Plaine russe publiées en 1960.
Comme on le voit, elles sont en partie identiques notamment
quant au Pléistocène moyen. Dans les autres subdivisions il y a des
différences importantes, surtout pour le Pléistocène inférieur où
les deux spécialistes éminents des dépôts quaternaires déterminent
diversement l ’âge des glaciations. L’un considère le Bérézinien
comme plus ancien, et l ’autre, l ’Okskien. Cette divergence est
due sans doute à la mauvaise conservation des anciens dépôts morai-
niqucs et à l ’absence de coupes à successions complètes présentant
des bancs morainiques alternant avec des formations interglaciai
res. La corrélation d ’affleurements isolés, souvent très éloignés
l’un de l ’autre, conduit à une interprétation erronée. La deuxième
divergence concerne le Pléistocène supérieur. A. Moskvitine y distin
gue deux glaciations et K. Markov une seule qui, peut-être, a com
porté deux phases, c’est-à-dire qui a subi une déglaciation partielle
219
(avec conservation du glacier au centre de la glaciation et dans
les régions avoisinantes), ou simplement un recul très bref du front
du glacier.
Une autre question concernant la géologie quaternaire qui n'a
pas encore trouvé de solution définitive est celle de la limite infé
rieure du Quaternaire et de sa dénomination.
T a b le a u 8
1 On a pris l ’habitude ces dernières années d’utiliser dans les textes fran
çais traitant des actions cryergiques des termes de vocabulaire descriptif (sol
gelé, sol perpétuellement gelé, zone des sols constamment gelés, etc.), ou bien
de recourir a des emprunts étrangers (tjiile — norv., merzlota — russe, etc.),
sinon à des termes forgés (permagel, permafrost, pergélisol, etc.). Nous tâche
rons par la suite de respecter cet usage, car la traduction littérale des termes
employés par les auteurs soviétiques ne ferait qu’alourdir le texte (N.d.T.).
230
dans l’Antarctide et dans les régions de hautes montagnes, on peut
dire que près de 20 à 25% de la surface des terres sont recouverts de
sols longtemps gelés.
§ 3. Glaces enfouies
Comme on l ’a dit plus haut, la glace est partie intégrante de la
roche gélive. Pourtant, sa répartition dans la roche est variable.
1. Glaces servant de ciment. Dans une roche polyminérale la
glace est un des minéraux composants; elle cimente les grains du
squelette minéral de la roche. Il en est de même des petits culots
de glace et des minces pellicules en lentille s ’insérant entre les
strates de la roche. La glace enfouie de ce type apparaît quand gèle
un sol détrempé dont elle est partie intégrante.
2. Glaces de veines de fracture. Elles occupent les joints et les
fractures des terrains. Ces fissures existent d ’habitude au moment
de la formation de la glace et ne sont pas provoquées par le gel;
elles sont entièrement remplies de glace. Trois conditions sont néces
saires pour l ’apparition de glaces de veines de fracture: l ’existence
de fissures dérangeant la cohésion des terrains, la présence d ’eau dans
les joints, une température basse assurant le gel de l ’eau.
On trouve surtout les glaces de veines de fracture dans les roches
fissurées gelées dont les diaclases sont imbibées d ’eau.
3. Glaces de veines pérennes, très fréquentes dans les pergélisols
où elles constituent souvent des gisements importants. Ce sont des
formations très compliquées, dues à la répétition du phénomène
gel — dégel dans les fentes avec apparition de la glace à peu près au
même endroit. C’est ce qui les distingue des glaces de veines décri
tes ci-dessus. On sait que les roches soumises à des variations de
température se contractent et se dilatent alternativement. Quand
les roches se refroidissent, de fortes tensions apparaissent qui se
résolvent en fissures de gel découpant leur surface en blocs isolés,
pour la plupart de forme quadrangulaire. Ces gélivures, d ’abord
étroites (1 à 3 cm dans leur partie supérieure), se remplissent de
givre; en période chaude l ’eau superficielle y pénètre et gèle par
suite de la basse température des terrains encaissants. Ainsi, dans
chaque fissure apparaît un coin mince de glace annuel disposé ver
ticalement qui élargit la fente. La partie qui se trouve au niveau
de la couche superficielle (mollisol) dégèle en été, celle qui s ’enfonce
dans le pergélisol reste gelée (fig. 112).
Au gel suivant, de nouvelles fentes apparaissent en général
aux mêmes endroits, car la glace est plus gélive que les roches. Dans
ces fentes la glace se forme de nouveau. Ce phénomène qui recommence
chaque année conditionne l ’élargissement des fentes grâce à l ’appa
rition à l ’intérieur des coins de glace de couches verticales toujours
nouvelles. Les couches formées antérieurement sont écartées, alors
que les roches encaissantes sont comprimées et refoulées vers le haut.
231
D ’après B. Dostovalov et A. Popov (Principes de géocryolo-
gie) les conditions nécessaires à la formation de glaces de veines
pérennes sont: 1) l'apparition de fissures de gel pénétrant dans le
pergélisol au-delà du mollisol ; 2) la présence de glace dans les fen
tes; 3) l ’existence de roches suffisamment plastiques ou pouvant
être comprimées.
Les formations du type des veines pérennes se développent sur
tout là où les roches superficielles sont fortement détrempées et de
texture très fine (argiles, limons, tourbes). C’est habituellement le
cas des plaines inondables, des dépressions marécageuses, des cuvet
tes et vallons.
a b c
Dans la plupart des cas les eaux profondes sont sous pression.
Atteintes par les forages, les nappes aquifères donnent naissance
à des puits jaillissants. La profondeur des nappes aquifères varie
en fonction de l ’épaisseur du pergélisol. Au Sud, elle est relative
ment faible, au Nord, elle s’accroît fortement pour atteindre parfois
600 m. Elle dépend aussi de la composition lithologique des roches.
Le mode de gisement et les conditions d’écoulement des eaux
profondes diffèrent peu de ceux des eaux souterraines des régions
dépourvues de pergélisol. Toutefois, leur alimentation et leur
drainage présentent des traits particuliers. Elles sont surtout ali
mentées par infiltration des eaux de précipitations et des eaux super
ficielles, leur aire de décharge et d’alimentation se situant
dans les îlots dégelés du pergélisol ; sous les lacs, les cours d ’eau,
dans les zones à structure faillée et d ’autres régions semblables.
Le nombre des îlots dégelés diminue à mesure qu’on se déplace
du Sud au Nord, et c’est pourquoi dans les régions très au Nord
où le pergélisol est épais les conditions d ’alimentation des eaux
profondes deviennent précaires et les aires de décharges très réduites.
La composition chimique de ces eaux diffère, à côtés des eaux
peu minéralisées on rencontre des eaux salées. Les exutoires d ’eaux
237
minérales sont assez nombreux. L ’abondance des réserves d ’eaux
profondes et leur qualité font qu’elles sont largement utilisées
pour la satisfaction des besoins en eau.
Ainsi, la zone du pergélisol abrite plusieurs types d ’eaux souter
raines présentant des particularités spécifiques. Les pergélisols
étant traversés par de nombreux îlots dégelés, ces divers types
d ’eaux souterraines sont en communication entre elles ainsi qu’avec
les eaux superficielles.
§ 5. Phénomènes physiographiques des régions
à sols constamment gelés
L ’existence, à une profondeur relativement faible, de pergé
lisols au sein desquels on rencontre des glaces de natures diverses
k.
Fig. 116. Lac thermokarsti^ue sur la rive gauche de la Léna, formé après le
déboisement de celle-ci
Fig. 120. Buttes de tourbe dues à des poussées de gel; elles sont hautes
de 3 m et séparées par un ravin et un lac thermokarstique couvert de végétation
(rive gauche de la Léna)
S / m z ma* eu* s ?
Fig. 121. Structure d’un hydrolaccolithe:
1 — sol tourbeux; 2 — glace; 3 — sable argileux; 4 — galets avec sable
argileux; 5 — air; 6 — eau; 7 — galets
F ig . 126. E s q u is s e d u r e li e f d e fo n d d e la p a r t i e o c c id e n ta le d u P a c ifiq u e
( d ’a p r è s O u d in ts e v ). I — m a rg e d e la p la te - f o rm e c o n t i n e n t a l e ; I I — m a rg e
d e s h a u ts - f o n d s l i t t o r a u x d e l a m e r d ’O k h o ts k ; I I I — s illo n s p r o fo n d s ;
IV — a x e s d e s h a u t s re lie f s s o u s - m a rin s d e la z o n e d e t r a n s i t i o n ; ils s o n t
in d iq u é s s i c e s r e li e f s n e p o r t e n t p a s d ’île s o u si le s île s s o n t tr o p p e t ite s p o u r
ê t r e r e p r é s e n té e s à l ’é c h e lle d e la c a r te ; V — c ro u p e s o c é a n iq u e s a v e c le s c h a în e s
o u le s h a u t s r e lie f s s o u s - m a rin s q u ’e lle s p o r t e n t ; V I — h a u t s re lie f s d e la zo n e
d e t r a n s i t i o n (a rc s i n s u l a i r e s ) ; V I I — a r c s in s u l a ir e s o u s illo n s q u i le u rs s o n t
a s s o c ié s (1—19) :
1 — des Aléoutiennes; 2 — des Kouriles-Kamtchatka; 3 — aponais;
4 — de Nansen; 5 — des Philippines; 6 — de Izu-Bonin; 7 — des Mariannes;
8 — de Yap; 9 — de Pelew; 10 — de Nouvelle-Guinée; 11 — de Mélanésie
occidentale ; 12 — de Nouvelle-Bretagne ; 13 — des Salomon ; 14 — de[Mélanésie
orientale; 15 — des Nouvelles-Hébrides; 16 — de Nouvelle-Calédonie; 17 —de
Tonga; 18 — de Kermadec; 19 — de Nouvelle-Zélande; VIII — rides océani
ques (20 — 28): 20 — de Hawaii; 21 — de Marcous-Wake (médio-pacifique);
22 — de Eauripique; 23 — des Carolines; 24 — de Kapingamarangi ; 25 — des
Marshall, Ellce et Gilbert; 26 — des Tokelau-Cook; 27 — des Line; 28 — dor
sale transverse du Sud (Antarctico-Pacifique) ; 28!A — plateau du Pacifique
Nord-Ouest. Bassins de la zone de transition. En chiffres non entourés
(29—43): 29 — mer de Béring; 30 — mer d’Okhotsk; 31 — mer du Japon;
32 — mer de Chine Orientale; 33 — mer de Chine du Sud ; 34 — mer de Sulu;
35 — mer des Célèbes; 36 — mer de Banda ; 37 — mer de Céram ; 38 — bassin
de Nouvelle-Guinée; 39 — mer des Salomon ; 40 — mer de Corail; 41 — bassin
septentrional des Fiji ; 42 — bassin méridional des Fiji; 43 — bassin de Nouvelle-
Calédonie; 44 — mer de Tasmanie; bassins de la cuvette océanique (45—53);
45 — bassin du Nord-Ouest; 46 — bassins des Mariannes; 47 — bassin des
Philippines; 48 — bassin des Carolines occidentales; 49 — bassin des Carolines
orientales; 50 — bassin des Marshall; 51 — bassin central; 52 — bassin du
Sud-Ouest; 53 — bassin du Nord-Est
254
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la dorsale est bordée de la cuvette de Nansen d ’une profondeur maxi
male de 5 449 m. A l ’Est, vers le Pacifique, on trouve les cuvettes
de Makarov et de Beaufort aux profondeurs maximales de 3 951 et
3 836 m, qui sont séparées par la dorsale Mendéléev.
Les mers bordières sont en communication plus ou moins étroite
avec les océans dont elles sont ordinairement séparées par un chape
let d ’îles ou des presqu’îles. Cette libre communication entre les
eaux des mers et des océans détermine une similitude de salinité,
de température et de vie organique. Les mers bordières sont égale
ment sujettes aux marées et les courants océaniques s ’y font sentir.
D’autre part, elles sont intimement liées aux continents qui exercent
sur les mers leur influence. En guise d ’exemple de mers de ce type on
peut citer les mers de Béring, de Barentz, d ’Okhotsk, du Japon,
de Chine, des Célèbes, celle du golfe du Mexique.
D’après la forme du bassin qui les contient, N. Strakhov groupe
les mers bordières en mers de cuvette (ou de fossés) et mers plates.
Les premières sont caractéristiques des zones mobiles de l ’écorce
terrestre (géosynclinaux) et sont associées aux plissements alpins
ainsi qu’aux failles le long desquelles certains secteurs se sont affais
sées. Les mers de cuvette se caractérisent par une instabilité particu
lière du relief du fond se manifestant par des oscillations tectoniques
intenses, des tremblements de terre et, parfois, un volcanisme actif
(mers d ’Okhotsk, du Japon, de Béring, de l ’archipel de la Malaisie,
de Chine du Sud).
Les mers plates ont pour origine des abaissements lents de l ’écorce
terrestre dans la région des aires plus stables, c’est-à-dire les plates-
formes (la mer de Barentz, de Kara, etc.).
Les mers intercontinentales ou continentales s ’engagent profondé
ment dans la masse du continent en formant des bassins à demi
fermés séparés de l ’océan par un seuil sous-marin. L ’action du con
tinent est ici très sensible, c’est pourquoi les sédimentations de ces
mers présentent un grand intérêt. La communication avec l ’océan
est rendue difficile, car elle ne se réalise qu’à travers des détroits
resserrés et peu profonds. Tous ces facteurs impriment au régime de
ces mers des caractères particuliers :
1) marées à faible amplitude;
2) température uniforme (aux profondeurs au-dessous des seuils) ;
3) quelquefois régime gazeux spécifique ;
4) salinité variable.
Parmi les mers de ce type on range la mer Noire avec des profon
deurs maximales allant jusqu’à 2 200 m et dont le seuil se situe au
détroit du Bosphore (profondeur: 46 m) ; la mer Méditerranée où
la profondeur maximale atteint 4 400 m et dont le seuil se trouve
près de Gibraltar (profondeur de 320 m environ) ; la mer Baltique
avec des profondeurs de l ’ordre de 100 m (profondeur maximale 459 m
dans la fosse de Landsort), communiquant avec la mer du Nord
dar des détroits resserrés et peu profonds; la mer Blanche possédant
17-927 257
des profondeurs maximales de 300 m et un haut fond dans la partie
Nord (près du Détroit) qui limite l ’échange avec les eaux de la mer
de Barentz.
La Méditerranée, la mer Noire, la mer Rouge et la Caspienne
(mer fermée) appartiennent au groupe des mers continentales en
cuvettes, car elles sont associées aux zones tectoniques instables,
alors que les mers Baltique, Blanche, d'Azov (mer fermée) possèdent
les caractéristiques des mers plates.
Atlantique 16,9
Indien 17,0
Pacifique 19,1
Moyenne générale 17,4
17* 259
La température de la surface des mers et des océans est dans la
plupart des cas fonction des conditions climatiques. Les anomalies
qu’on rencontre correspondent aux courants marins qui transportent
l ’eau de température différente. La carte des isothermes, lignes
d ’égales températures (fig. 129), montre que la température de l ’eau
est maximale près des rivages équatoriaux. Ainsi, pour le Pacifique
et l ’océan Indien elle est de +28°, pour l ’Atlantique, de +27°.
Les isothermes dans les hémisphères Sud et Nord suivent habituel
lement les parallèles et ne s ’en écartent que dans des conditions
exceptionnelles, par exemple dans l ’Atlantique sous l ’influence du
0171
1000
■2000
3000
■4000
80“ 70“ 60“ 50“ 40“ 30“ 20“ 10“ 10“ 20“ 30 “ 40 “ 50 “ 60 * 70 “
tous les océans d ’un régime gazeux semblable caractérisé par une
teneur en oxygène suffisante, une déficience en anhydride carbonique
et une absence d ’hydrogène sulfuré.
Les conditions qui régnent dans les mers intercontinentales sont
toutes autres, car ces mers ne communiquent avec les océans que par
l ’intermédiaire de couloirs étroits et elles sont des bassins en voie
de dessalement. La mer Noire en est un exemple probant (fig. 133).
Son régime, la répartition des sels et des gaz ainsi que les conditions
de la sédimentation ont été étudiés et décrits par A. Arkhanguelski
et N. Strakhov. Nous avons déjà noté l ’existence dans la mer Noire
d ’une stratification verticale de la salinité. Ce phénomène affaiblit
fortement la circulation verticale. L ’eau dessalée et, par suite, plus
légère des couches supérieures ne descend presque pas en profondeur
durant le refroidissement d ’hiver et ne provoque pas par consé-
266
quent le brassage des eaux. Une couche de 175 m seulement est tou
chée par la circulation verticale, soit 15 % de la masse d'eau globale.
C’est pourquoi le régime gazeux ordinaire est ici perturbé. La teneur
en oxygène est normale jusqu’à 40-50 m, puis elle tombe sensible
ment et à 150 m atteint environ 15 % de la norme ordinaire. Le man
que d ’oxygène dans les couches profondes provoque des processus
de réduction et, notamment, la réduction des sulfures par les bacté
ries désuifurisantes avec formation d ’hydrogène sulfuré. La con
tamination par l ’hydrogène sulfuré est surtout importante près
du fond où la teneur en H 2S est de 5-6 cm3/l. Un tel régime détermine
une vie organique et une sédimentation de fond particulières. Des
conditions analogues existent dans les cuvettes profondes de la mer
Baltique, ainsi que dans certains fjords norvégiens dont le fond com
porte des sillons profonds remplis d ’eau salée recouverte d ’eau
douce.
§ 8. Vie organique des mers
La mer constitue un milieu habité par des animaux et des plantes
variés dont le développement et la répartition dépendent de nom
breux facteurs: température de l ’eau, salinité, circulation dans le
bassin, pression, pénétration de la lumière, relief du fond, etc.
Les organismes marins peuvent être subdivisés en trois grands
groupes: benthos, plancton et necton.
Le benthos est formé d ’organismes rampants ou fixes qui vivent
sur le fond surtout sur la plate-forme continentale où ils sont très
nombreux. Le benthos comprend des organismes végétaux et ani
maux. Parmi les plantes dominent les algues qui se fixent ordinaire
ment dans les zones littorales (jusqu’à des profondeurs de 40 à 50 m)
sur un faciès rocheux. C’est également là que grouillent des légions
d ’animaux benthiques (Vers, Eponges, Echinodermes, Crustacés,
Mollusques à coquille épaisse, Polypes, etc.). Cette richesse de vie est
conditionnée par celle de la nourriture végétale. Avec la profondeur
la faune du benthos devient de plus en plus pauvre, les organismes
s ’adaptent de plus en plus à la vie sur un fond vaseux (les pattes
s ’allongent, le corps s ’aplatit de manière à répartir régulièrement
la pression de son poids sur le sol, etc.).
Le plancton comprend les animaux marins unicellulaires, Forami-
n ifères et Radiolaires (bethyplancton) et les plantes, Diatomées et
autres (phytoplancton) qui tous n ’ont pas d ’organes de locomotion
et ne sont déplacés que par des courants ou des vagues agitant l ’eau
marine.
On assimile à ce groupe certains mollusques flottant passivement,
en particulier les Ptéropodes (du grec Jtxepov — aile, j i o v ç — pied).
Le plancton tant animal que végétal abonde surtout dans les couches
superficielles des mers.
Avec la profondeur, le phytoplancton se raréfie et disparaît com
plètement vers 200 m, le bethyplancton uniquement animal pouvant
267
se rencontrer à de plus grandes profondeurs. La mer des Sargasses
fournit l ’exemple d ’une énorme concentration de phytoplancton.
Le necton. On rassemble dans ce groupe tous les animaux qui se
déplacent librement. Ce sont les poissons qui constituent la partie
du necton la plus riche en espèces. Certains d ’entre eux vivent dans
les eaux littorales alors que d ’autres évoluent en haute mer.
L ’accumulation marine est pour une grande part redevable aux
organismes du benthos et du plancton.
Les grands mouvements de vagues n ’ont lieu que dans les couches
supérieures, mais ils sont aussi sensibles en profondeur. Dans les
mers continentales leur poussée se ressent jusqu’à 50-100 m, dans
les océans jusqu’à 150-200 m et même plus. Ainsi, on a vu près des
côtes écossaises des tempêtes dont les vagues ont soulevé le sable
fin d ’un fond de 400 m. Le mouvement de l ’eau au fond de la mer
influe considérablement sur l ’accumulation des dépôts qui sont
ainsi déplacés et remaniés.
269
Courants de marée. On appelle ainsi les variations périodiques
du niveau de la mer engendrées par l ’attraction combinée de la Lune
et du Soleil. Lors du courant de flot le niveau de la mer s ’élève pro
gressivement jusqu’à une hauteur maximale qu’on appelle haute
ou pleine mer. Lors du courant de jusant, l ’eau se déplace en sens
inverse jusqu’à ce que le niveau atteigne une position minimale dite
basse mer.
Quand une telle marée circule dans des détroits et des chenaux étroits
le niveau d ’eau s ’élevant à une grande hauteur et la vitesse du cou
rant s ’accélérant, elle est capable d ’éroder les berges comme le fond.
Ce fait peut sans doute expliquer l ’absence totale ou presque de maté
riaux détritiques au fond des chenaux de marée étroits à lits géné
ralement rocheux. C’est également à l ’action érosive des courants de
marée qu’on attribue dans bien des cas la forme originale en entonnoir
des embouchures de fleuves qui portent alors le nom d ’estuaires.
Les côtes plates. L ’évolution de ces côtes suit un autre cours que
celle des côtes abruptes. La mer, en utilisant l ’action des vagues
déferlantes, érode la côte et les hauts fonds attenants en déplaçant
les débris vers la rive. A cause de la faible pente de la côte plate, les
matériaux s ’accumulent dès le début près de la ligne de rivage en
formant une large plage. Par la suite, la vitesse d ’accumulation près
de la ligne de rivage peut dépasser celle de la production de débris
par les vagues déferlantes et la côte d'abrasion se transforme alors
en côte d'accumulation (voir la description de cette évolution au § 11).
Le tracé des côtes dépend dans une grande mesure de leur position
par rapport aux principales structures du continent. Ainsi, dans le
cas où le bassin marin se trouve dans une région à structure plissée,
plusieurs types de côtes sont possibles.
1. La côte longitudinale dont l'orientation coïncide avec la direc
tion des plissements ; elle se distingue par un dessin relativement
régulier sans échancrures, car l ’abrasion marine s ’y déroule dans
des conditions plus ou moins homogènes.
2. La côte transversale se disposant perpendiculairement aux
directions structurales, d ’où son allure échancrée (les roches atta
quées sont de nature différente).
là où les vagues ne peuvent plus les déplacer. Sur les fonds plus rele
vés la situation est différente, car les oscillations ne sont plus symé
triques tout en étant plus fortes. Le sable passe en suspension et des
flux brefs et rapides orientés vers la côte prennent en charge les galets
et les roulent sur le fond en contre-pente. L ’onde du reflux est quel
que peu ralentie. Malgré l ’«aide» de la pesanteur elle ne peut
entraîner les galets jusqu’à l ’emplacement qu’ils occupaient aupa
ravant, et ils sont retenus à mi-chemin. Ces oscillations ont pour
effet le déplacement des galets vers le rivage. A des profondeurs
encore plus faibles, le courant de fond devenant plus fort entraîne
également des blocs entiers qui sont aussi déplacés vers la côte.»
Ce transport transversal (par rapport à la ligne du rivage) dans
la zone des vagues déferlantes contribue à la formation d ’un remblai
ou barre puissant (fig. 143). Ainsi, la surface du fond se~transforme
petit à petit jusqu’à l ’élaboration d ’un profil d'équilibre correspon
dant aux conditions existantes ; les débris, tout en éprouvant des
mouvements, ne progressent alors plus dans le sens du rivage ou de
la mer. La modification des conditions d ’évolution, par exemple
une subsidence de l ’écorce terrestre, rompt l ’équilibre et déclenche
de nouveau le mouvement et le tri des débris jusqu’à l ’élaboration
d ’un nouveau profil.
Ce schéma du transport transversal des débris part de l ’hypothèse
que les vagues sont perpendiculaires au rivage qu’elles frappent.
Mais le plus fréquemment, elles l ’attaquent sous un certain angle.
282
Les vagues et les débris qu’elles charrient prennent alors la forme
de trajectoires régulières se recourbant en avant. Si les débris entraî
nés par les vagues sont de diverses grosseurs, le déplacement de
chaque grain diffère. On voit sur la fig. 144 qu’à mesure que la
vague se déplaçant sur la plage diminue sa puissance, ce sont les
plus gros blocs qui s ’arrêtent les premiers (au point E), puis les
galets (Z1), et seuls les grains de sable sont transportés par la vague
jusqu’au bout (D). Par retour de vague les blocs et les galets descen
dent en suivant la plus grande pente jusqu’aux points B et C, puis
sont de nouveau entraînés par la vague suivante qui reprend le
Fig. 145. Formation des flèches (7), des terrasses appuyées (//)
et des tombolos (III)
Fig. 146. Flèche littorale s’avançant dans la mer à partir d’un saillant et barres
sous-marines
gros 1000-500
Blocs émoussés moyens 500-250
petits 225-100
Gros débris (pséphites, du gros 100-50
grec $T]<poC — petite pier- Galets moyens 50-25
re) petits 25-10
g ro s 10-5
Gravier moyen 5-2,5
fins 2,5-1
gros 1-0,5
Dépôts sableux (psammites, Sables moyens 0,5-0,25
du grec — sable) 0,25-0,1
fins
Dépôts aleurotiques (aleuro- Boues de sables impalpables 0,1-0,05
lites, du grec aXevcrov — Boues de limons argileux 0,05-0,01
farine) Boues semi-plastiques < 0,01 « 7 0 % )
Dépôts argileux (pélites, du Argiles < 0,01 (>70%)
grec JteXiTop — argile)
plus large. La limite entre la zone des sables et celle des boues s'éta
blit à différentes profondeurs suivant l ’hydrodynamique de tel ou
tel bassin. Pour les mers intercontinentales (Noire, Caspienne) elle
se situe à 25-50 m. A des moindres profondeurs, les agitations des
vagues atteignent le fond, produisent des troubles et mettent en
suspension des matériaux fins. Dans les parties plus profondes du
bassin où les mouvements d ’eau sont atténués dans les couches
contiguës au fond, ces troubles commencent à se déposer. Dans
les océans la limite entre ces zones se situe à 100-150 m de pro
fondeur.
La disposition indiquée des sédiments de sable et de boue sur
la plate-forme continentale n ’est qu’approximative. En réalité,
tout est bien plus complexe. La bande sableuse comporte des taches
de boues grossières ou plus fines, et même d ’argiles, alors que dans
la zone d ’extension des boues on voit apparaître des taches et même
des bandes de sables. L ’accumulation des boues à l ’intérieur des
19* 291
bandes de sable de la plate-forme continentale correspond selon
M. Klénova et N. Strakhov à des secteurs bien définis : 1) embou
chures des grands fleuves qui assurent un apport massif de parti
cules fines dans la mer; 2) dépressions de la plate-forme continentale
d ’origine érosive ou tectonique; 3) baies isolées ou à demi isolées
de la mer. L’apparition au sein des boues de bandes et de taches
de sables plus grossiers est conditionnée soit par les courants marins
Fig. 149. Répartition de la vie organique dans les océans (I) et dans les bassins
à régime gazeux anormal (II) (d'après Strakhov):
A — plancton: a — zone superficielle la plus riche en organismes vivants;
b — zone inférieure pauvre; 1—4 — zone d’appauvrissement progressif à mesure
de l ’éloignement ae la côte; B — zone de la matière vivante raréfiée;
C — couche bathyale de concentration de la vie organique; D — zone d’une
déficience accrue en 0 2 ou même de la présence dans l'eau de PI2S
Torrents
180° 15 0 * 120° 90° 60° 30° 0° 30° 60° 90° 120° 150* 180° 150° 120° 90°
US? H »
Fig. 155. Carte montrant les divers types de sédimentation de l’Océan Mondial (établie par P. Bezroukov, A. Lissitsync
V. Pétéline et N. Skoraiakova). I. Dépôts terrigènes: 1 — dépôts terrigènes (graviers et galets, sables, farines, pélites)
2 — dépôts terrigènes apportés par les icebergs (graviers et galets, sables, farines, pélites). II. Dépôts organogène*
a) c a r b o n a té s (>30% de CaC03) : 3 — Foraminifères (sables, farines, pélites); 4 — Récifaux (blocs, gravier et galetj
sables, farines); 5 — Ptéropodes (gravier, sables, farines); b) s i l i c e u x e t s i l i c o - a r g i l e u x (>10% de Si02; 6 — Radiolaire
(farines, pélites); 7 — Diatomées (farines, pélites). III. Dépôts polygènes: 8 — argiles rouges des fonds océaniques
IV. Désignations supplémentaires: 9 — volcans actifs; 10 — matériaux détritiques disséminés par les icebergs
11 — matériaux disséminés par les volcans; 12 — matériaux disséminés par les glaciers; 13 — concrétions de mangs
nése; 1 4 — concrétions phosphatées; 15 — glauconie ; 16 — limite de l ’extension des organismes constructeurs d
récifs e t d es m an groves
Cette lagune n ’a que 0,6-0,8 m de profondeur (par endroits un peu
plus) et elle ne communique avec la mer que par une passe étroite.
Une évaporation intense élève la salinité dans sa partie méridionale
jusqu’à 120 ou 160 °/0o et plus, alors qu’au débouché de la passe
s’ouvrant dans la mer elle est normale. Deux types de sédiments
dominent dans le Sivach. Les dépôts de sable contenant des coquilles
se disposent en une bande étroite, le long du rivage. Presque tout
le reste de la lagune est recouvert de boues enrichies par les débris
organogènes locaux ou venant de la mer d ’Azov. Au printemps,
des algues filamenteuses se développent en grande quantité dans
la partie septentrionale du Sivach et, une fois mortes, elles commen
cent à se putréfier au fond de la lagune. C’est la zone des sulfobacté-
ries et des grands dégagements d ’hydrogène sulfuré. D’où l ’appa
rition dans certains secteurs d ’une couche épaisse de boue noire très
fine, huileuse et visqueuse.
Le Kourski Zaliv ou Kurisches Haff est une lagune à eau douce
qui se trouve sur la côte méridionale de la mer Baltique, à l ’embou
chure du Niémen. Sa profondeur ne dépasse pas 15 m. Les sédiments
dominants y sont des sables qui recouvrent environ 51% de sa sur
face. La partie restante est tapissée de diverses boues. La matière
organique constitue un élément important dans la composition des
boues fines. Le Kourski Zaliv est également très riche en coques
d ’Ostracodes et de Mollusques, d ’où la teneur élevée de l ’eau en
CaC03 (15-25%, parfois plus).
Le Kara-Bogaz-Gol est le meilleur exemple de lagune saline ;
il communique avec la Caspienne par une passe étroite. Les eaux
de cette mer, en pénétrant dans le Kara-Bogaz-Gol, s ’échauffent
fortement et, sous le climat torride et sec, s ’évaporent intensément.
C’est pourquoi la salinité du Kara-Bogaz-Gol est plus de 20 fois
supérieure à celle de la Caspienne. Pendant la longue période d ’hiver,
il se produit dans le Kara-Bogaz-Gol une précipitation de mirabilite
dont la plus grande partie se dissout en été. La modification des
conditions d ’alimentation de la lagune et de la concentration de sa
solution provoque la précipitation d ’autres sels. Ainsi, en 1930,
s ’amorça un dégagement d ’halite (NaCl) simultanément à celui de
la mirabilite; ce phénomène était dû à l ’abaissement du niveau
de la Caspienne et à l ’élévation qui en résulta de la concentration
des sels. D’après A. Ivanov, le Kara-Bogaz-Gol a connu trois périodes
de hausse de concentration. Des forages ont décelé sous le placage
des sels actuel une couche de boue calcairo-gypseuse. Les dépôts
sous-jacents sont représentés par une couche saline moyenne consti
tuée de sel gemme et de glaubérite sous laquelle se trouvent de nou
veau des boues qui recouvrent la couche saline inférieure de sel
gemme, de mirabilite, de glaubérite et d ’astrakhanite. L ’eau venant
de la Caspienne apporte dans le Kara-Bogaz beaucoup de plancton
qui en périssant s ’accumule dans la boue noire d ’où se dégage en
grande quantité de l ’hydrogène sulfuré.
20—927 305
Les dépôts lagunaires présentent un grand intérêt pratique.
Il s ’y forme divers sels qu’on utilise dans l ’industrie. En outre, la
concentration des micro-organismes enrichit ces lagunes en albumi
nes et en lipides qui se transforment en bitumes, témoignant ainsi
de l ’éventualité de la formation du pétrole au sein des lagunes.
E laboration
d e nouveaux
m inéraux
S u b stitu tio n
d e là m a tièrç
dans te s dépôts
(m etasom alosc)
et- form ation du cim ent "S^ ^
e t des con crétion s «>
^ D éshydratation
d es m inéraux h ydratés
e t re c rista llisa tio n
§ 1. Notions générales
On appelle lacs les dépressions de la surface terrestre remplies
d ’eau et n'ayant pas de communication directe avec la mer. L ’étude
de leur formation, des conditions physico-chimiques qui y régnent
et des organismes qui les peuplent constitue une branche spéciale
de l ’hydrologie: la limnologie (du grec Xiput] — lac, marais, et de
Xoyoç — science).
Du point de vue géologique, l ’importance des lacs est bien moin
dre que celle des mers et des cours d ’eau. Pourtant, l ’étude des lois
qui régissent leur distribution géographique, de leur position hypso-
métrique, des formes de*leurs cuvettes, de la salinité de leurs eaux,
etc., aide à la compréhension des changements et des processus
se déroulant au sein et à la surface de l ’écorce terrestre. Ainsi, la
transformation d ’un lac à écoulement en bassin fermé, d ’un lac
à eau douce en lac salé, témoigne d ’un passage d ’un climat humide
à un climat chaud et aride. De même la présence de grands lacs
très profonds à de hautes altitudes peut indiquer des mouvements
tectoniques importants, des fractures et des affaissements le long
des plans de faille de grands blocs. Mais les géologues s ’intéressent
tout particulièrement à la sédimentation actuelle dans les cuvettes
lacustres, car son étude contribue à la connaissance de l ’origine
des dépôts identiques accumulés aux époques antérieures et permet
surtout de découvrir des gîtes de minerais utiles qui, si les condi
tions sont favorables, peuvent se former au fond des lacs.
Les lacs occupent 1,8 % de la surface terrestre. Ils varient quant
à leur grandeur, des petites nappes lacustres inférieures à 1 km
carré, jusqu’aux énormes réservoirs de milliers et de dizaines de
milliers de kilomètres carrés. Leur profondeur varie de dizaines
de centimètres (0,8 m pour le lac Elton) jusqu’à 1 741 m (Baîkal).
Les plus grands d ’entre eux, telles la mer Caspienne et la mer d ’Aral,
sont par leur action géologique plus proches des mers; c’est pourquoi
on les nomme ainsi (voir chapitre 10). Le tableau 12 donne quelques
renseignements sur certains lacs d ’U.R.S.S. et d ’autres pays (d’après
B. Bogoslovski et O. Langue).*
312
Tableau 12
Surface A ltitude
(en m il moyenne Profondeur
Lacs liers de absolue maximale
km) (en m) (en m)
1 2 3 4
Profondeur moyenne
Bassin hydrologlquc de gisement des
boucs farineuses, m
Océan 75-100
mer Noire 15-25
mer Caspienne 15-20
mer d ’Aral 5-10
lac Balkhach 2-3
Dans certains lacs vit une faune abondante dont les coquilles
sont composées de CaC03. En se déposant au fond, ces coquilles se
mélangent aux associations d ’algues calcaires et forment des dépôts
meubles (craie lacustre, marne, etc.). Ces dépôts sont surtout com
muns aux lacs à eau dure dans lesquels ils recouvrent ordinairement
la zone littorale soumise à un réchauffement intense et où abondent
divers organismes précipitant la calcite. Dans les lacs à eau douce
ces sédiments n ’existent pratiquement pas (Onéga, Ladoga, Baïkal).
La sédimentation calcaire s ’observe dans les lacs de la zone des
forêts et des steppes boisées. Le rythme de cette sédimentation s ’ac
célère à mesure qu’on se déplace vers le Sud, la température s ’éle
vant et l ’évaporation de la nappe lacustre s ’accroissant. L ’élabora
tion de la calcite par voie organogène s ’accompagne alors d ’une pré
cipitation chimique importante, surtout dans les lacs salés du Sud
de l ’U.R.S.S.
Dans les lacs Baïkal et Sévan le plancton est très abondant, et
ses organismes ont des valves construites à partir de la silice (Diato
mées). Quand ils périssent, leurs tests peuvent s ’accumuler au fond
sur d ’assez grandes étendues (fig. 157).
Ainsi, sous un climat humide et semi-humide, les dépôts domi
nants sont de nature terrigène; il en est ainsi dans les grands bassins
(comme l’Onéga) de la région de l ’Ouest et du Nord-Ouest de la
partie européenne de l ’U.R.S.S. et dans des lacs des régions de mon
tagne situés en général à une grande altitude.
Dans d’autres iacs (Baïkal, Sévan), des matériaux détritiques
sont mêlés à divers dépôts organiques qui, par endroits, remplacent
les sédiments terrigènes, alors qu'ailleurs ils forment des dépôts
mixtes terrigéno-organiques. L’importance relative des différents
320
types de sédiments dans les lacs peu profonds est toute autre. Dans
nombre de sédiments dominent les composantes organiques dont la
teneur dépasse 55-60 % et s ’élève même parfois à 95-98 %. Il se forme
alors des dépôts dits sapropels (du grec aanpç — pourri, irqXûç —
boue). C’est une boue putride élaborée dans des conditions anaéro
bies dans des bassins stagnants riches en plancton. Elle est composée
§ 1. Notions générales
On appelle marais les étendues de la surface terrestre caractéri
sées par Vhumectation surabondante des parties superficielles des
sols et des roches, l'extension d'associations végétales de marais et la
formation de la tourbe. Ainsi, un des traits essentiels des marais est
l ’accumulation de la tourbe. Celle-ci forme une couche assez épaisse
contenant les racines des plantes qui n ’atteignent pas la base miné
rale sous-jacente. Les marais sont souvent différenciés des maréca
ges dont la couche de tourbe peut être percée par les racines qui
parviennent alors jusqu’à la roche. Cette distinction est plutôt
arbitraire, car les marécages possèdent les mêmes caractéristiques
générales et ne constituent que le stade primitif de l ’évolution des
marais.
On entend par tourbe un feutrage de fragments de végétaux à demi
décomposés, de couleur brune, parfois presque noire. Le degré
de décomposition des débris végétaux peut varier. La tourbe s ’accu
mule rapidement lorsque les conditions de l ’accroissement annuel
de la masse végétale s ’associent à celles de leur décomposition par
tielle. La constitution de couches épaisses de tourbe est particuliè
rement favorisée dans les parties sud des régions forestières de la
zone tempérée où la végétation est assez abondante et où ses débris
se trouvent dans un milieu très humide quand ils ne sont pas immer
gés, ce qui rend difficile l ’accès de l ’air. Dans ces conditions, le pro
cessus de décomposition est très lent, et les débris de végétaux, en
s ’accumulant, édifient des tourbières énormes. Plus au Nord, l ’humi
dité restant assez forte, l ’augmentation de la masse végétale n ’est
plus suffisante, il s ’y forme donc des marécages et des marais à cou
che de tourbe peu épaisse.
Origine des marais. Certai ns marais sont d'anciens bassins lacustres
envahis par la végétation, constituant ainsi le dernier stade de leur
évolution, d ’autres proviennent de la transformation des terres
fermes en tourbières.
La vitesse de l ’envahissement d ’un bassin par la végétation et
de sa transformation en marais dépend du relief du fond et des rives.
Le phénomène est très fréquent dans les lacs à fond plat et aux ber
ges à pente douce (fig. 159). Comme il a été dit plus haut, les lacs
326
sont le siège d ’une sédimentation très active aboutissant à la for
mation de diverses boues. Un rôle primordial est joué par le planc
ton dont les organismes microscopiques en périssant forment au
fond du bassin un dépôt meuble de sapropel.
Dans la zone littorale peu profonde des lacs croît une végétation
hygrophile dont les associations se succèdent régulièrement selon
la profondeur. Les Laîches se situent le plus près de la surface, puis
viennent les Roseaux (la Massette), à 1-2 m, les Joncs (La Jonquine),
à 2-3 m, enfin les Epis d ’eau (Potamogeton) et les Nénuphars à 4-5 m.
Les débris végétaux se déposent au fond où l ’insuffisance d ’oxygène
conditionne leur décomposition partielle. A mesure que le lac s ’en-
Fig. 159. Schéma de la succession des associations dans un bassin envahi par
la végétation :
1 — tourbe à Laîches; 2 — tourbe à Roseaux et à Scirpais; 3 — tourbe à sa-
propels; 4 — sapropélite
vase, les plantes occupent des espaces toujours nouveaux, les asso
ciations des rives progressent vers le centre tout en conservant la succes
sion initiale (V. Doktourovski). Chacune de ces espèces de plante
constitue une tourbe caractéristique qui porte son nom (tourbes de
Laîche, de Massette, etc.). Le schéma de la succession dans un tel
marais est représenté sur la fig. 159.
L ’évolution est quelque peu différente dans les lacs stagnants
à côtes abruptes voisinant avec de grandes profondeurs. Sur les
parties des nappes d ’eau abritées du vent et des agitations s’instal
lent des associations flottantes, notamment des Callas, des Coma-
rets dont les longs rhizomes s ’étirent à la surface de l ’eau et qui
donnent refuge à des mousses et à quelques autres plantes. Il se for
me ainsi de sorte de radeaux flottants. A mesure que leur épaisseur
augmente, ils s ’enfoncent davantage dans l ’eau. De leur partie
inférieure, des débris de plantes partiellement décomposés se déta
chent et se déposent au fond. L ’exhaussement du fond continuant,
celui-ci peut atteindre le radeau et le marais « mouvant » (quand
le radeau végétal recouvre toute la surface du marais) se transforme
en un marais à masse continue et compacte. S. Tiourémnov indique
que la tourbification d'un bassin s ’effectue simultanément par le
sommet et le bas à partir du fond. « Souvent, l ’envahissement d ’un
bassin par la tourbe s ’observe aussi bien des rives vers le centre
que dans d ’autres directions allant à l ’encontre l ’une de l ’autre:
de la surface vers le fond par développement en épaisseur du radeau
et du fond vers la surface par l ’exhaussement des dépôts lacustres.»
Ainsi, l ’origine et l ’évolution des marais sont en rapports très
étroits avec l ’évolution générale et la nature des bassins lacustres.
Les marais se forment sur des éléments de relief très variés lors
que les conditions de drainage favorisent une humectation sura
bondante du sol. L ’existence d ’une couche imperméable près de
la surface est un facteur agissant dans ce sens, car il entrave l ’écou
lement des eaux souterraines dont le niveau s ’élève et conditionne
la formation du marais. Sur les vastes étendues de l ’Est de l ’U.R.S.S.
cette couche imperméable est constituée par les pergélisols qui ren
dent la couche superficielle active très humide et la transforment,
en marais. Dans les plaines alluviales, les marais se forment lors
de l ’envahissement par la végétation de bras morts et d ’autres
dépressions du terrain. Des conditions favorables sont parfois créées
dans les parties déprimées en bordure de la terrasse secondaire (par
tie de la plaine alluviale la plus éloignée du lit fluvial, attenant au
rebord de la vallée ou à une ancienne terrasse; car c’est le lieu où
émergent fréquemment les eaux souterraines, où s ’accumulent les
précipitations atmosphériques s ’écoulant des versants et où l ’eau
des crues est longtemps retenue. Tout ceci contribue à rendre ces sec
teurs plus humides et créent des conditions à l ’épanouissement d ’une
végétation luxuriante dont les débris, en s ’accumulant, se recou
vrent d ’eau. Leur décomposition est dans ce cas très lente. L’aboutis
sement de cette évolution sera un marais de terrasse ou un marais
de source.
Les marais sont toujours présents dans les plaines alluviales
constituées par des deltas de grands fleuves.
Un marais peut se développer à l ’endroit des exutoires d ’eaux
souterraines. Une végétation hygrophile s ’installe sur ce secteur
très humide (Laîches, Mousses, etc.) en formant progressivement
des coussins imbibés d ’eau qui se transforment ensuite en marais.
Parfois, on trouve des marais au pied des montagnes, dans les par
ties marginales des cônes de déjection des torrents. On sait qu’en
sortant des montagnes, les torrents déposent tous les matériaux
détritiques charriés, tandis que leurs eaux se perdent en s ’infiltrant
dans leurs propres dépôts meubles. Mais dans les parties marginales
du cône, là où le niveau est plus bas, elles peuvent ressurgir et for
mer des marais. Des marais de ce genre attenant directement aux
cônes de déjection ont été observés par G. Krachéninnikov dans
les régions du canal de Ferghana, du bassin de Piandj, et ailleurs.
328
Les marais peuvent également se former sur les côtes marines
plates en s'étirant parallèlement à la mer. En général, ils en sont
séparés par un cordon littoral. Ce type de marais a été décrit par
M. Néichtadt (Kamtchatka, mer d ’Okhotsk) et par G. Krachéninni-
kov (littoral de la mer Noire en Géorgie occidentale). Suivant ces
auteurs, le rôle principal dans la formation de tels marais revicnl.
aux mouvements négatifs de l’écorce terrestre.
§ 2. Types de tourbières
Les tourbières peuvent être classées en plusieurs groupes sui
vant les conditions de leur alimentation, la nature de leur végéta
tion et la forme de leur surface.
1. Les tourbières basses occupent les dépressions de terrain et
sont caractérisées par une surface plate ou légèrement concave. En plus
des précipitations atmosphériques, elles sont alimentées par des
F i? . 161. D é p ô ts d e s m a r a is so u s c l im a t h u m id e : e x e m p le
d e s m a r a is d e la B ié lo ru s s ie ( d ’a p rè s G . B o u c h in s k i) :
/ — v i v i a n i t e ; 2 — s i d é r i t e ; 3 — h é m a ti te b r u n e ; 4 — to u r
b e ; 5 — c h a u x d e s m a r a i s ; 6 — s a b le e t a r g ile
M in e 4 0
M i n e 39
Mi n e 38
banc 11
banc 10
banc 9
du I typp
v----
P r o f i l du II ty p e
0,70
du III ty p e
§ 1. Notion de faciès
L'examen de tous les phénomènes de la dynamique externe nous
montre qu’ils conditionnent, d ’une part, une forte érosion et, d ’autre
part, une accumulation de dépôts de différentes genèses. D’après
les conditions de sédimentation, on peut distinguer à la surface
terrestre deux secteurs principaux: les océans et les mers qui sont
les aires principales de la sédimentation actuelle et les continents,
dont les parties élevées sont le siège de phénomènes d ’érosion et où
des phénomènes complexes et variés agissent dans les autres régions,
aboutissant à l ’accumulation de dépôts continentaux.
L ’accumulation des dépôts dans les bassins marins et leur trans
formation ultérieure sont très étroitement liées à l ’hydrodynamique
de chaque bassin, à l ’abondance des apports de matériaux sédimen
taires, aux conditions physico-chimiques du milieu et à la distri
bution des divers organismes vivants. Chaque zone marine a ses
caractéristiques qui déterminent la sédimentation et l ’aspect exté
rieur des dépôts formés. Il en est de même pour la sédimentation
continentale. Suivant le climat, le relief et les autres facteurs il se
forme des sédiments variés. Ainsi, dans les régions subtropicales
très chaudes où la végétation est luxuriante, on voit se former
des produits d ’altération très originaux, les latérites (éluvions) où
abondent les oxydes hydratés de fer, d ’aluminium et de silicium,
alors que dans les régions désertiques les dépôts éluviaux sont
surtout représentés par des matériaux détritiques. Les dépôts
lacustres des régions tempérées se distinguent sensiblement de ceux
des lacs de la zone aride.
Il existe donc dans la nature un rapport étroit et multilatéral
entre la sédimentation et le milieu dans lequel elle s ’opère. Quand
ce dernier se modifie, la transformation ultérieure du dépôt subit
dans une certaine mesure, elle aussi, des variations. Donc, en étudiant
un dépôt, sa composition, les principes de sa distribution spatiale
et la faune qu’il contient, on peut reconstituer les conditions de sa
formation. Or, ceci est très important lorsqu’on procède à l ’analyse
des dépôts anciens et lorsqu’on reconstitue l ’histoire de l ’évolution
de la croûte terrestre. Le géologue suisse A. Gressly a remarqué,
il y a plus de 120 ans, que les dépôts du même âge, mais formés dans
335
des lieux différents se distinguent sensiblement, c’est-à-dire que
les couches d ’une même roche sédimentaire subissent des différen
tiations régulières suivant leur répartition spatiale. Afin de distin
guer ces modifications il a introduit la notion de faciès. Actuelle
ment, on groupe sous le terme de faciès l ’ensemble des caractéristi
ques d ’un sédiment (sa nature, la faune qu’il contient, etc.) et les
conditions de sa formation.
Le faciès est devenu une des notions fondamentales de la géolo
gie, surtout après les travaux de l ’académicien D. Nalivkine. Dans
la dernière édition de son ouvrage Théorie des faciès, il écrit: « La
théorie des faciès sert d ’introduction naturelle à la paléogéographie,
science qui se fixe pour tâche de reconstituer la répartition entre
les mers et les terres, l’environnement physico-géographique et l ’as
pect de la surface terrestre dans son ensemble aux époques géolo
giques révolues. » D ’autre part, la connaissance des principes ré
gissant la formation des roches sédimentaires permet d ’établir les
règles de la distribution des minerais utiles dont le rôle est très
important pour l ’économie nationale. En guise d ’exemple de
gisements associés à des roches sédimentaires on peut citer ceux
des bassins houillers du Donetz, du Kouznetsk et d ’autres régions;
les gisements pétrolifères de Bakou, de la région de la Volga, de la
Subcaucasie, de la région de la Caspienne; les gisements de fer de
Kertch et de Lipetsk; la bauxite ouralienne, etc. L ’analyse du
faciès est la méthode essentielle de l ’étude des anciens mouvements
tectoniques, étude dont l ’importance est capitale pour la prospec
tion des minerais, surtout du pétrole et du gaz.
L’analyse du faciès des dépôts anciens doit comprendre une
étude détaillée de la composition des roches et de la faune fossile
qu’elles renferment, des lois de la distribution des faciès et des suc
cessions de faciès suivant un même niveau ou verticalement et une
application du principe d ’actualisme.
On distingue trois grands groupes de faciès:
1) marins;
2) lagunaires;
3) continentaux.
Chaque groupe peut être à son tour subdivisé en plusieurs macro-
el micro-faciès. Ainsi, les dépôts de faciès marins peuvent se sub
diviser en faciès:
1) côtier ou littoral ;
2) néritique ou sublittoral (faible profondeur) ;
3) épinéritique ou de profondeur moyenne (au-dessous de 100 m) ;
4) bathyal, de plus grande profondeur;
5) abyssal, de très grande profondeur.
Cette subdivision est basée sur les variations des agitations de
l'eau et de la composition de la vie organique suivant la profondeur.
Le faciès lagunaire peut être également subdivisé en macro-faciès :
1) d ’eau douce;
33»;
2) des lagunes salées;
3) des estuaires et des limans.
L. Roukhine range également dans ce groupe le macro-faciès
de deltas avec leur complexe de dépôts marins, lagunaires et con
tinentaux.
Les dépôts continentaux présentent une grande diversité, chaque
type reflétant les particularités des conditions dans lesquelles il est
formé. On y dégage de même des groupes de faciès et des faciès lo
caux. Leurs types génétiques principaux sont indiqués au tableau 14
(d’après E. Chantser).
On y distingue les grands groupes suivants: faciès éluvial,
colluvial (de versants), alluvial, déluvial (torrentiel), lacustre, de
marais, glaciaire et éolien. Chaque macro-faciès comporte plusieurs
faciès différents. Ainsi, le macro-faciès alluvial compte trois faciès,
faciès du lit fluvial, de la plaine alluviale et des bras morts. Le ma
cro-faciès glaciaire comprend les faciès morainique, fluvio-glaciaire
et lacustro-glaciaire.
G ro u p e e t s é r ie d e m il ie u T y p e g é n é tiq u e
S é rie é l u v ia l e S o ls é l u v ia u x
D é lu v io n
D é p ô ts d e s l i t s f lu v ia u x A llu v io n
D é p ô ts t o r r e n t i e l s
D é p ô ts l a c u s t r e s E n s e m b le d e s d é p ô ts l a c u s t r e s
D é p ô ts c h i m iq u e s (sels)
D é p ô ts o r g a n iq u e s d e s m a ra is T o u rb iè re s
D ép ô ts g la c ia ir e s D é p ô ts g la c ia ir e s (m o ra in e s )
D é p ô ts f lu v io - g la c ia ir e s
D é p ô ts la c u s t r o - g la c ia ir e s
D ép ô ts é o lie n s S a b le s é o lie n s
L œ ss é o lie n
Tantôt il y avait des transgressions ou avancées de la mer sur la terre,
tantôt des régressions ou retraits de la mer. Les déplacements de la
ligne du rivage provoquaient le décalage des faciès, phénomène qu’on
note fréquemment dans les séries géologiques. Ainsi, pendant les
transgressions la ligne côtière se déplaçait vers le continent; les
F ig . 163. D é c a la g e d e s fa c iè s d û a u d é p la c e m e n t d e la lig n e d u r iv a g e
d u r a n t la tra n s g re s s io n ( / ) , la ré g re s s io n ( I I ) e t p e n d a n t u n c y c le c o m
p l e t d e s é d im e n ta ti o n ( I I I ) ( tra n s g re s s io n e t ré g re ssio n ) :
a, b, c — fro n tiè r e s d e s f a c iè s ; 1 — 7 f ro n tiè r e s te m p o r a ir e s d e la m e r ;
A — A — lig n e d e c o u p e tr a n s v e r s a le ; 1 — g a l e ts ; 2 — s a b le s ; 3 — a r
g i l e s ; 4 — c a lc a ir e s
§ 2. Roches sédimentaires
Les roches sédimentaires constituent la partie superficielle de
l ’écorce terrestre et occupent de très vastes superficies. On a vu plus
haut qu’elles se forment dans les bassins marins et à la surface des
terres sous l ’effet de trois processus:
1) accumulation des matériaux détritiques résultant de la dé
sagrégation des roches formées antérieurement (ignées, métamorphi
ques ou sédimentaires) ;
2) précipitation chimique des substances dissoutes;
3) activité biochimique des organismes.
Sur la base de cette distinction on a longtemps classé les roches
sédimentaires en trois groupes : roches détritiques, chimiques et orga
niques. Pourtant, il existe des roches résultant de l ’action com
binée de la sédimentation organogène et de la précipitation chimique
ou biochimique à partir de solutions de certains corps composés
(quelques calcaires, roches siliceuses). D’autre part, il y a des roches
qui sont en quelque sorte intermédiaires entre les roches détritiques
et chimiques. Parmi ces roches citons, par exemple, les argiles for
mées en majeure partie de produits de précipitation à partir de solu
tions colloïdales mais qui comportent également une certaine quanti
té de fines particules détritiques. C’est pourquoi M. Chvétsov classe
les roches sédimentaires en trois groupes :
1) détritiques ;
2) argileuses;
3) chimiques et organiques.
Les roches sédimentaires possèdent plusieurs traits caractéristi
ques qui les distinguent des roches ignées et des roches métamorphi
ques. Il faut tout d ’abord mentionner leur structure stratifiée qui
s’observe dans la plupart de ces roches. L ’allure que prend cette stra
tification peut souvent nous renseigner sur les conditions de la sédi
mentation. Ainsi, une stratification horizontale témoigne d ’une accu
mulation dans des bassins calmes, tandis qu’une stratification obli
que indique ordinairement un déplacement des eaux. Un deuxième
trait distinctif des roches sédimentaires est la présence en leurs séries
de faune et de flore fossilisées qui caractérisent le milieu dans lequel
s ’est déroulée la sédimentation. La composition des roches sédimen
taires est également très typique.
Roches détritiques. Elles se différencient entre elles par la taille
et la forme des débris. On distingue :
22* 339
1) les psêphites (débris grossiers) dont plus de 50% des débris
dépassent 1 mm de diamètre ;
2) les psammites (sables) composés de grains de 1 à 0,1 mm ;
3) les farines composées surtout de grains de 0,1 à 0,01 mm.
La classification générale des roches détritiques est donnée au
tableau 15.
Tableau 15
Dénomination des roches
Calibre des
débris de Groupe de émoussées anguleuses
roches roches
(en mm) meubles cimentées meubles cimentées
1 0 0 -1 0 0 0 p s ê p h ite s b lo c s c o n g lo m é - b lo c s b r u t s
e t p lu s ( d é b r is ém o u ssés ra ts g ra v illo n s b rèc h es
g r o s s ie rs ) g a le ts
10-100 g r a v ie r a rè n e
ro u lé
1-10
1 -0 ,1 p s a m m ite s s a b le g rè s s a b le g rès
(s a b le s )
0 ,1 -0 ,0 1 f a r in e s lim o n a le u ro lite lim o n a le u ro lile
Déformations tectoniques
§ 2. Déformations élastiques
Les déformations élastiques ne peuvent être décelées dans les
roches d ’une façon aussi évidente que le sont les déformations perma
nentes; toutefois, elles sont à l ’origine de nombreux phénomènes
géologiques. Ainsi, les « coups de toit » enregistrés dans les mines
profondes sont dus à ces déformations; les parois des mines, sous
la pression des couches supérieures, se bombent vers l ’intérieur, et
des morceaux de roche sont projetés en avant avec un bruit sec e t
avec une telle force qu’ils peuvent blesser les mineurs. Les tremble
ments de terre sont également dus à des déformations élastiques engen
drées par l ’accumulation de contraintes tectoniques qui se résolvent
brutalement et presque instantanément, et donnent naissance à des
déformations permanentes se traduisant par un glissement d ’un
plan de faille sur l ’autre pouvant atteindre plusieurs mètres. Enfin,
les déformations élastiques sont à l ’origine de phénomènes se produi
sant à une toute autre échelle, tel que Yextinction roulante des cris
taux de quartz et de certains autres minéraux observés au microscope ;
si l ’on chauffe l ’échantillon, l ’effet d ’extinction roulante disparaît,
du fait de la redistribution des particules provoquée par une tempé
rature élevée.
§ 3. Déformations plastiques
C’est dans les métaux que les déformations plastiques se mani
festent avec une évidence particulière. Si l ’on soumet une tige métalli
que, de cuivre ou d ’aluminium par exemple, à un effort de traction,
elle s ’allonge sans se rompre, mais il apparaît un endroit où elle
351
devient plus mince. Cet amincissement s ’appelle striction et aboutit
à la rupture de la tige si l ’effort va en augmentant (fig. 165). Que
se passe-t-il alors dans la zone de striction? Le processus d ’amincis
sement est le suivant : la tige est en quelque sorte fragmentée en plu
sieurs disques dont l ’épaisseur et l ’orientation sont déterminées par
les particularités du réseau cristallin du métal ; chaque disque se
déplace par rapport à ses voisins en restant toutefois en contact avec
eux (fig. 165; a, avant et 5, après l ’étirement). La marche du phé
nomène est régie par les particularités du réseau cristallin de la subs
tance, car c’est lui qui conditionne la résistance, la ductilité, les
liaisons internes, l ’orientation des plans de glissement éventuels.
Or, les propriétés du réseau cristallin sont déterminées par les inter
actions et les liens mutuels entre les particules qui le constituent,
1'
Comme S = Si cos a,
, F
f i = -rr cos a.
r O
e
Fig. 170. Déformations principales des corps solides :
a — compression; b — traction; c — cisaillement ;
d — flexion ; e — torsion
déformation moins fréquente en géologie, mais on en connaît cepen
dant des exemples caractéristiques.
Le cisaillement est dû à l ’action d ’un couple. Si avant la défor
mation le corps avait la forme d ’un cube, la section se trouvant dans
le plan d ’action des forces se transforme en losange (fig. 170, c). Le
cisaillement est une déformation très importante pour la formation
des plis.
Flexion. La partie extérieure du corps est sollicitée par une force
de traction, alors que sa partie intérieure est compressée. La ligne
médiane ne subit pas de contraintes (fig. 170, d).
Torsion. Les déformations de ce type ne se rencontrent presque
pas en géologie (fig. 170, e).
L ’étude des divers types de déformations permet de comprendre
le processus de formation des dislocations tectoniques.
Mais il n ’en est pas toujours ainsi. Souvent, surtout dans les
régions de montagnes, les couches sédimentaires ont été dérangées.
Elles sont plus ou moins inclinées (fig. 171), ployées (fig. 172) ou
359
même fracturées (fig. 195, 198, 199). Dans certains cas, les terrains
présentent des couches disposées verticalement. Les ondulations
et ploiements des couches sont parfois si compliqués qu’il est dif
ficile de déceler la position d ’une couche isolée.
Ces plissements et cassures, c ’est-à-dire les modifications de la
disposition initiale des couches stratifiées, portent le nom de défor
mations ou dislocations tectoniques. Ces dislocations tectoniques peu
vent être réparties en deux groupes principaux : les dislocations par
plissements et les dislocations par cassures.
Fig. 177. Pli synclinal formé dans les dépôts du Crétacé inférieur.
Daghestan
ches monoclinales prennent une position verticale, on leur donne le
nom de couches redressées.
En considérant leur profil transversal nous pouvons distinguer
les formes de plis suivants :
Le pli droit dont le plan axial est vertical (fig. 178, a).
Le pli oblique ou déjeté dont le plan axial est incliné, mais dont
les flancs pendent en sens opposés et sous des angles différents.
Le pli déversé dont le plan axial est incliné, alors que les deux
flancs pendent dans le même sens (l’un d ’eux, celui de dessous, est
incliné au-delà de la verticale) (fig. 178, g).
Le pli couché dont le plan axial est horizontal et les flancs égale
ment très proches de l ’horizontale, l ’un d ’eux est inverse (fig. 178, h).
On distingue aussi les flexures qui sont des plis dont l’un des flancs
est vertical; les flexures sont donc une forme intermédiaire entre un
pli déjeté et un pli déversé (fig. 178, /).
Tous ces plis constituent une série s ’échelonnant du pli droit,
considéré comme la forme initiale, au pli couché qui clôt la série.
Mais dans la nature, on rencontre une plus grande diversité et les for
mes de plis mentionnées ne peuvent la couvrir. Ainsi, il existe des
365
plis en éventail (fig. 178, d), aigus (fig. 178, 6), coffré (fig. 178, c),
etc. Parfois, on dégage des plis isoclinaux dont les flancs sont paral
lèles au plan axial. Les plis en éventail, aigus et isoclinaux peuvent
également être droits, déjetés ou couchés.
1 0 1 2 3 4 5 Kin
On distingue aussi des plis ouverts et fermés. Les flancs des pre
miers se raccordent en formant un angle obtus, alors que dans les se
conds, l ’angle de raccordement est aigu.
Un pli a trois dimensions ; l ’étude en profil transversal doit donc
être complétée par celle de la vue en plan. Il convient avant tout
de distinguer sous ce rapport les plis longs et les plis courts ou dis
continus. Les plis longs sont étirés, et leur longueur est bien supé
rieure à leur largeur. Les directions des flancs voisins restent paral-
3C6
lèles sur de grandes distances. Ordinairement, les plis longs se dis
posent en faisceaux très serrés qui s ’allongent sur de grandes distan
ces. C’est le plissement parallèle ou parfait (fig. 179). Les plis anti
clinaux et synclinaux y sont de dimensions à peu près égales et leur
nombre est le même. Les plis courts ou discontinus (isolés, brachyanti-
clinaux, brachysynclinaux, dômes) se caractérisent par une lon
gueur peu différente de la largeur ; parfois, ils sont même isométriques,
comme par exemple dans le cas des dômes. Le rapport des axes d ’un
brachyanticlinal ou d ’un brachysynclinal varie de 2 : 1 à 5 : 1.
1 2 3 4 5 6 7
1 2 3 4 5 6 7
III. D IS L O C A T IO N S P A R C A S S U R E S
u-— N
la Tanghe
f
Fig. 194. Géométrie d’une faille:
a — rejet ; — rejet incliné ; a2 — rejet vertical ;
0 3 — rejet horizontal ; a4 — rejet stratigraphique ; / — lè
rwi*
Fig. 199. Faille chevauchante dans la vallée de la Duchambinka, près du
village Dinavat, chaîne de Ghissar:
1 — conglomérats du Tr2; 2 — calcaires et argiles du Tri*, 3 — calcaires
du Cr ; 4 — granités du Pz ; 5 — plan de faille (/ — /)
elles ont également été décelées en grand nombre dans les jeunes
chaînes alpines des Carpates, du Caucase, de l ’Asie centrale, etc.
Une faille chevauchante fort intéressante affecte le piémont septen
trional de la chaîne de Nan-Tchang,
mettant en contact des roches tertiaires
rouges et des galets quaternaires (voir
fig. 231).
Les failles chevauchantes sont le
type de cassure tectonique qui se ren
contre même plus fréquemment que
les failles normales. Il en résulte que
les contraintes dominantes dans l ’écor
ce terrestre sont celles de compression ;
il est nécessaire d ’en tenir compte lors
de la formulation des hypothèses géo
tectoniques. Les plus nombreuses des
failles chevauchantes enregistrées sont
celles dont le pendage se situe entre
40 et 65°, plus précisément entre 45 et Fig. 203. Cassure tectonique très
60° (fig. 202). Donc, dans l ’évolution incurvée qui dans sa partie
des dislocations tectoniques associées supérieure répond à la notion de
faille inverse, et dans sa partie
aux plissements linéaires, et c ’est dans inférieure, à celle de faille
ceux-ci que l ’on rencontre surtout les normale
failles inverses, le rôle principal re
vient aux efforts tangentiels (agissant dans le sens horizontal).
Les failles inverses à pendage très accusé (70-90°) passent ordinai
rement aux chevauchements. D ’ailleurs, ces derniers ne sont pas
obligatoirement l ’aboutissement d ’une faille inverse. Une faille
normale à pendage très accusé peut en effet modifier le sens de son
plongement et devenir morphologiquement un chevauchement
3S9
fig. 203). C’est pourquoi le mieux est de considérer comme chevau
chement une cassure abrupte dont le plan de faille est incliné dans
le sens de la lèvre soulevée.
Failles profondes. En 1945, A. Péivé souligna l ’importance des
cassures d ’un autre genre qu’il appela failles profondes. Elles se
distinguent avant tout par leurs dimensions, s ’étendant parfois sur
des centaines, voire des milliers de kilomètres, et s ’enfonçant à
l ’intérieur de la terre jusqu’à des dizaines et parfois des centaines de
kilomètres. Leur extension est aussi très continue ; malgré leur
grande longueur, elles sont souvent presque rectilignes. Une des
Terrains autochtones
Ses aoant —m onts
Fig. 210. Brèche de friction extraite d’une cassure tectonique triasique près
de la ville de Bjuk, Hongrie
39£
Fig. 212. Clivage de fracture dans les grès de la «Série de Tauride», côte
méridionale de Crimée
F ig . 2 2 1 . V u e d ’ iiu e c a r r iè r e , p rès d e P o d o ls k (r é g io n d e M o sc o u ).
C.; — c a lc a ir e s d u C r é ta c é m o y e n ; J ;, — a r g ile s d u J u r a s s iq u e s u p é r ie u r ;
A p — m o r a in e q u a te r n a ir e
•elle forma une vaste étendue d ’eau d ’une superficie à peu près
équivalente à celle atteinte au Carbonifère supérieur. Mais au lieu
des calcaires, des argiles se déposèrent, argiles noires et plastiques,
riches en faune (Bélemnites, Ammonites) et en matière organique, ou
des sables marins également noirs. Au début du Crétacé (Crlt l ’âge
Néokomski), le régime marin s ’est maintenu, marqué par la sédimen
tation des sables glauconifères ; mais dès l ’âge suivant (l’Aptien) les
conditions se modifièrent. Les sédiments, représentés par des sables
blancs quartzeux avec parfois des empreintes de plantes, doivent
être considérés comme des dépôts « littoraux-deltaïques » (B. Dan-
chine, 1947). Bref, la régression commençait. Très tôt, au Crétacé
supérieur (Cr2) s ’est établi un régime continental qui dure encore de
nos jours. La surface fut intensément affouillée par les rivières;
416
c’est pourquoi le Jurassique et le Crétacé ne se sont pas maintenus
partout. Plus tard, au Quaternaire, la région connut une glaciation
qui conditionna les dépôts morainiques (argiles à blocaux) et fluvio
glaciaires.
Dans les carrières sur la Pakhra (fig. 224) près de Podolsk (région
de Moscou) on peut voir des calcaires du Crétacé moyen, des argiles
noires du Jurassique supérieur et des moraines du Quaternaire,
séparés par des lacunes prolongées dans la sédimentation.
Les mouvements du sol qui viennent d ’être décrits peuvent être
représentés schématiquement par un diagramme qui porte le nom
Pt Cm O S D C P T J Cr T rA p
Ap- ç3S28-
Cr,
4
7ES3 5 E 3 0EE3
C
§ 3. Quelques caractéristiques
essentielles des mouvements oscillatoires du sol
Multiplicité des phases de mouvement. Le développement de
l ’écorce terrestre montre que de longues périodes évolutives de déve
loppement calme succèdent à des périodes « de crises », plus brèves
et tourmentées, lorsque l ’intensité de toutes les formes de mouvement
augmente brusquement: plissements, cassures, phénomènes magma
tiques, etc. Les périodes calmes se caractérisent, d ’autre part, par
une tendance à l ’affaissement de vastes espaces, ce qui conditionne
une sédimentation épaisse au faciès marin. Les périodes de crises,
dites d ’orogenèse, s ’accompagnent de soulèvement d ’abord des zones
mobiles, plissées, puis des aires plus stables comme les plates-formes ;
elles aboutissent à l ’arrêt de la sédimentation et la prépondérance
de processus d ’érosion. On distingue plusieurs phases de recrudescence
d ’efforts tectoniques: les phases Calédonienne, Hercynienne et Alpi
ne qui correspondent successivement au Silurien, au Permien et au
début du Trias, au Tertiaire et au Quaternaire. Quant à la durée
absolue de chaque période géologique, on peut dire que les mouve
ments de cette amplitude s ’étendent sur environ 150 000 000 d ’an
nées. Les mouvements d ’une telle durée correspondent à la formation
ou à la non-formation de systèmes ou de sous-systèmes, c’est-à-dire
de sédimentations de séries correspondantes.
Sur le fond de ces mouvements se développent des mouvements
oscillatoires de période plus courte, correspondant à la formation
(ou à la non-formation) de séries de l ’ordre de l ’étage, mouvements
dont la durée est de quelques millions d ’années et qui à leur tour
servent de fond à des mouvements correspondant aux couches strati-
graphiques de moindre épaisseur dont la durée de formation est
estimée à des centaines ou à des dizaines de milliers d ’années. Parfois,
on dégage même des périodes de quelques centaines d ’années, et
l ’on va même jusqu’à attribuer aux mouvements oscillatoires du sol
la stratification caractéristique des couches sédimentaires. Certes,
il est difficile sous ce rapport d ’isoler l ’action du facteur tectonique
de l ’ensemble des modifications de l ’environnement physico-géogra
phique, en particulier de celle du climat ; pourtant, ces mouvements
oscillatoires jouent là aussi un certain rôle. Parmi les dépôts liés aux
mouvements verticaux de faible amplitude, il faut nommer le flysch,
ensemble de dépôts le plus souvent terrigènes qui se distinguent par
une alternance régulière de certaines roches dans le sens vertical.
Ainsi, dans le Caucase du Sud-Est le flysch du Crétacé supérieur et
du Paléogène (Cr2 — Pg) est caractérisé par la succession de couches
418
de conglomérat, de grès calcaire, de calcaire détritique, de marne et
d’argile dont la série se reproduit dans le même ordre tous les 0,5
à 2 m. La série de Tauride en Crimée (T3 — J,) se distingue aussi par
la succession régulière des couches de grès et de schiste argileux dont
la couche accumulée pendant un cycle a 30 cm d ’épaisseur et qui
correspond également à la notion de flysch. L ’accumulation des
couches dont l ’épaisseur est de plusieurs kilomètres s ’est déroulée
dans des conditions de mouvements oscillatoires incessants de faible
amplitude et à courte période.*1Il
§ 4. Notions de néotectonique
L’étude des mouvements oscillatoires actuels a montré que pra
tiquement la croûte terrestre subit partout des déformations. Visi
blement, il n ’existe pas de secteurs où les mouvements oscillatoires
plus ou moins intenses ne se manifestent pas actuellement. Il a été
établi que de nos jours on peut observer non seulement des mouve
ments oscillatoires mais des plissements du sol. Ces derniers se
manifestent par des mouvements différentiels de la croûte terrestre,
par l ’accentuation des plis et le mouvement de blocs suivant les
failles, par des inclinaisons et des ploiements de la surface de la
Terre, etc.
Dans un de ses ouvrages, l ’académicien V. Obroutchev a souligné
l ’importance de ces mouvements jeunes et a proposé de les désigner
par le terme de mouvements néotectoniques. Voici la classification
de ces mouvements d ’après leur âge:
— mouvements alpins qui correspondent à la période allant du
Crétacé à nos jours ;
— mouvements récents englobant le Pliocène (c’est-à-dire la
deuxième moitié du Néogène), le Quaternaire et se poursuivant
jusqu’à nos jours (mouvements néotectoniques proprement dits) et
— mouvements actuels qui se déroulent à l ’époque actuelle, c’est-
à-dire sous nos yeux.
Divers signes sont révélateurs de mouvements récents. En voici
quelques-uns :
— Cassures tectoniques qui affectent la sédimentation quaternai
re. En guise d ’exemple on peut citer le faisceau de failles chevauchan
tes d ’âge quaternaire sur les piémonts septentrionaux de la chaîne
Nan-tchang dans la région Yumyn-Gaetaî (Chine). Le Tertiaire et
même le Mésozoïque sont en contact ici avec les galets quaternaires
datant de Ap2 (fig. 231). Un autre exemple est fourni par la faille
425
de la jFerghana méridionale dans la vallée de la Sokh, bien visible
sur les photographies aériennes (fig. 232).
— Plissements affectant les dépôts quaternaires.
— Terrasses littorales et fluviales (voir fig. 223), dont l ’existence
est à elle seule un signe d ’activité des mouvements récents, activité
d ’autant plus évidente si ces terrasses sont déformées. Elles peuvent
être plissées en formant des anticlinaux très ouverts, ou bien être
inclinées et cassées par des failles. Parfois, on découvre facilement
Tremblements de terre
1. Im m eubles e t éd ifices
Tableau 19
E c h e lle sé ism iq u e
Nature du séisme F a g * 0
440
Le tableau 19 indique l ’intensité d ’un tremblement de terre en
degrés (Z1)* les accélérations des particules du sol correspondant à
cette force en mm/s2 (a) et en [fractions de l ’accélération de la pesan
teur (g), ainsi que le déplacement maximal du pendule du séismo-
mètre (x0 en mm).
1 1 erg = 1 dyne/cm.
sible, car la résistance des roches s ’oppose alors à l ’accumulation
de l ’énergie. Le même facteur conditionne la limite inférieure de E.
Pour illustrer ces chiffres, signalons qu’un tremblement de terre
destructeur libère une énergie des millions de fois supérieure à celle
d ’une bombe atomique « standard ». Tel fut le séisme du 15 août
1950 en Assam (Inde), l'u n des plus forts tremblements de terre
observés. Depuis 1900 on n ’a enregistré aucune secousse de magnitu
de supérieure à 8,5. On peut supposer seulement que le célèbre séisme
de Lisbonne (1755) qui intéressa la moitié de l ’Europe, atteignit
la magnitude évaluée à 9 (fig. 248).
Ainsi, la magnitude qui se manifeste à la surface par des secous
ses dépend surtout de l ’énergie libérée au foyer. A chaque degré
de l ’échelle « absolue » correspond une quantité bien déterminée
d ’énergie séismique. Il est admis que lorsque la magnitude augmen
te de 0,5 fois, le séisme voit son énergie décupler, ce qui signifie que
l’énergie du séisme le plus destructeur (magnitude 8,5) est de 1017
fois supérieure à celle du séisme le plus faible (magnitude 1).
D ’autre part, il s ’avère que la magnitude des séismes est en rap
port direct avec la fréquence des secousses. Une augmentation de la
magnitude d ’une unité réduit de 10 fois le nombre des ébranlements
correspondants.
Enfin, la magnitude M et l ’intensité F exprimée en degrés de
l ’échelle empirique (pour les tremblements de terre dont les foyers
sont peu profonds) sont liées par la formule approchée :
M = 1,3 + 0,6/*.
Actuellement, certains chercheurs groupent les séismes en plu
sieurs classes : a, b, c, d et e (suivant la.magnitude).
On peut donc établir le tableau où toutes les données mention
nées plus haut sont liées par des formules (le tableau 20 ne donne
que des valeurs approximatives).Comme on le voit au tableau 20,
les séismes de magnitude évaluée à 5 sont 10 fois plus fréquents que
Tableau 20
F orce (in te n s ité ), m a g n itu d e , é n e r g ie e t fréq u en ce d es sé ism e s
442
■ceux de magnitude 6 eux-mêmes 10 fois plus fréquents que ceux de
magnitude 7, etc. Le tableau 20 montre également que la totalité
des séismes faibles libère une énergie infime par rapport à celle des
tremblements de terre dévastateurs, bien que ceux-ci soient beau
coup moins fréquents.
Ainsi, l ’énergie d ’un tremblement de terre de magnitude 8,5
étant de 102Sergs, l ’énergie séismique moyenne de la Terre est annuel
lement de 3-1026 ergs (ce qui correspond à une puissance de 10 erg/s,
c ’est-à-dire de 107 kW). L ’énergie de tous les séismes de magnitude
3 ou 3,9 vaut environ 1020 ergs, ce qui correspond à moins de 0,00001
de l ’énergie séismique de la Terre. Donc, l ’accumulation des ten
sions conditionnant les séismes dévastateurs ne dépend pas de l ’éner
gie développée par les tremblements de terre faibles. Autrement dit,
les séismes faibles ne jouent pas le rôle de « soupape de sûreté »,
bien qu’ils contribuent, dans une certaine mesure, à la détente des
tensions tectoniques.
Dans le tableau 21 on a indiqué l ’énergie de quelques derniers
séismes dévastateurs.
Tableau 21
E n erg ie de q u elq u es sé is m e s
Energie
Séisme Date (en ergs)
Nombre de secousses 36 13 23 25 34 19 7
b
Fig. 243. Détermination des paramètres dynamiques du
foyer :
a — faille chevauchante de faible pendage ; b — décro
chement (plan de faille vertical, rejet horizontal)
if
Fig. 244. Mécanisme des déplacements du sol provoqués
par un séisme
/ - •
Les ondes transversales, symbole S (secondaire), sont le fait de la
réaction du milieu à la modification de la forme. Elles ne se propa
gent donc pas dans des milieux fluides puisque les liquides et les gaz
ne s ’opposent pas à la modification de leur forme (module de cisail
lement p = 0). Les particules de matière se déplacent dans ce cas
dans le sens perpendiculaire à celui de la propagation des ondes.
450
La vitesse de propagation est alors définie par la formule :
Fig. 245. Répnrlitiun des séismes les plus dévastateurs; carte établie par N. Linden et E. Savarenski
En Crimée, la zone active intéresse le littoral méridional. Les
foyers sont associés à la zone des charriages le long de laquelle le
flanc septentrional de l'anticlinorium de Crimée a recouvert le flanc
méridional affaissé. Les ébranlements sont de faible intensité (7-8
degrés au maximum). Les isoséistes épousent la direction des édifices
Alpuchta
1/" Ai
• 2
O 3
20 0 20 40 RB
I I I I
32 33 34 33
5123
Fig. 249. Cassures tectoniques et tremblements de terre de foyers
peu profonds:
a — aire pléistoséiste du tremblement de terre de Faïzabad,
septembre 1930, Tadjikistan (d’après G. Gorchkov) ; b — épicentres
de la série des tremblements de terre qui se sont produits en juin
1934 à Parcfield, Californie (d’après D. Wilson) ;
1 — aire pléistoséiste; 2 — épicentres; 3 — cassures tectoniques
Fig. 256. Bâtiment édifié dans une zone séismique d'une intensité de
8 degrés. On distingue entre les étages les ceintures de béton armé
Magmatisme
Fig. 258. Vésuve. Cône édifié à l’intérieur du Somma lors de l'éruption de 1944
1 FrAl2(S04)4-22H20 .
2 MgAl2(S04 ) 4*22 H20 .
31* 483
F ig . 2 6 4 . V olcan H o u tia n sy . C h in e, p r o v in c e d e C han-si
Fig. 265. Volcan Houtiansy. Chine, province de Chan-si. La lave recouvre une
couche de loess
volcaniques qui couvrirent en retombant une surface de 800 000 k n r.
La masse de cendre s ’abattant dans la zone du détroit fut telle
qu’elle entrava la navigation. Les explosions produisirent des
vagues gigantesques rappelant les raz de marée observés lors de
séismes marins. La hauteur de ces vagues atteignit 35-36 m. Elles
se déplacèient à une grande vitesse, traversant l ’océan Indien,
le Pacifique et une partie de l ’Atlantique, et elles causèrent de
nombreuses victimes et des destructions sur les côtes de Java et de
Sumatra. Trois villes, plusieurs villages, le remblai du chemin de
fer le long de la côte de Java furent détruits, 40 000 personnes péri
rent.
Les volcans de Chine présentent également un grand intérêt.
Ils constituent plusieurs groupes dont les plus typiques se trouvent
près de Datung (province de Chan-si) et près de Ten-Tchoung (pro
vince de Yunan). Tous ces volcans sont éteints, mais leurs cônes
se sont bien conservés, et les coulées de lave semblent être tout
à fait récentes. Le cratère du volcan Houtiansy (groupe de Datoung)
abrite un petit monastère (fig. 264). Au pied du volcan, la coulée
de lave recouvre des accumulations de lœss et elle s’étend elle-
même sous de jeunes formations de lœss (fig. 265), ce qui prouve
qu’au moins une des éruptions s ’est produite durant la formation
du lœss, c’est-à-dire pendant le Quaternaire récent.
§ 5. Phénomènes postvolcaniques
Longtemps après l ’atténuation des manifestations volcaniques
ou même après l ’assoupissement du volcan on peut encore observer
divers phénomènes qui s ’expliquent par l ’activité persistante d ’un
foyer magmatique au sein de la zone corticale : émanations de gaz,
geysers et sources thermales, volcans de boue.
Les gaz qui accompagnent les éruptions volcaniques de tous les
types continuent à se dégager de la cheminée et des fissures apparais
sant sur les versants et au pied du volcan, même après que l ’éruption
s ’est terminée, ce sont ce qu’on appelle les fumerolles et les solfa
tares. Certains volcans poursuivent une activité solfatarique pen
dant des centaines et des milliers d ’années (Solfatara en Italie).
Un volcan s ’assoupissant définitivement dégage des gaz carboniques
froids, les mofettes.
Les sources thermales. Elles sont souvent associées à une activité
récente ou actuelle des volcans. Elles déposent parfois à la surface
des substances chimiques spécifiques. Leur température peut s’élever
à 100° (Kamtchatka). On trouve des sources thermales non seule
ment dans des régions volcaniques, mais aussi dans celles qui ont
été récemment soumises à d ’intenses mouvements tectoniques
(Pamir, Tian-Chan, certaines régions de montagnes en Chine, etc.).
Dans de nombreux cas elles correspondent aux zones tectoniques
connues, comme par exemple les failles d ’importance locale telles
que la Grande faille chevauchante du Kopet-Dag ou les alignements
hydrothermaux en Turkménie.
A une certaine profondeur il est normal de rencontrer de l ’eau
chaude, car avec la profondeur la température du sous-sol s ’accroît.
Cette augmentation est partout du même ordre : 3° par 100 m. Donc,
à 1 km de profondeur la température de l ’eau doit atteindre 30°,
489
et au quatrième kilomètre elle doit monter jusqu’à 100°. On peut
espérer qu’à l ’avenir on saura utiliser les ressources inépuisables
d ’eau chaude qui gisent au sein de la Terre.
Dans les régions volcaniques la température de l ’eau s ’accroît
en profondeur plus rapidement qu’ailleurs. En outre, les volcans
eux-mêmes, avec leurs réserves de magma se trouvant à proximité
de la surface, contribuent au réchauffement de la croûte. C’est
pourquoi dans les régions volcaniques les sources thermales abon
dent. E t même si le volcan est éteint depuis longtemps les sources
chaudes poursuivent leur activité témoignant de la présence au sein
de la croûte terrestre de foyers chauds ou même de masses en fusion.
Les geysers constituent un type de sources particulier. Ce sont
des sources intermittentes d ’eau chaude et de vapeur du type jaillis
sant ; leur nom provient de la région de Geyser en Islande où ils
ont été étudiés pour la première fois. Les geysers se rencontrent dans
les régions d ’activité volcanique récente ou actuelle: en Islande,
en Italie,, à Java, en Nouvelle-Zélande (île du Nord), dans le Yellow-
stone Park (Etats-Unis) ; il y a aussi des geysers au Tibet à une
altitude de 4 700 m. La vallée Geysernaïa au Kamtchatka compte
12 grandes sources chaudes et des dizaines de petites. La tempéra
ture de l ’eau à la sortie varie suivant la région de 80 à 100°. La
hauteur du jet atteint parfois plus de 50 m. Un des plus grands gey
sers du Yellowstone Park, le geyser « Géant », projette une colonne
d ’eau et de vapeur d ’une température de 94,8° à une hauteur de 40 m.
On connaît bien le Grand geyser d ’Islande qui envoie un jet
à 30 m pendant 10 minutes tous les 24-30 heures. Le point de sortie
est un conduit de 3 m de diamètre; il est entouré d ’un cône cons
titué de concrétions siliceuses déposées par le geyser. A la partie
supérieure du cône on trouve un bassin de 18 m de diamètre et de
2 m de profondeur qui se remplit périodiquement d ’eau chaude.
Au niveau de la surface du bassin la température de l ’eau est de
80-82°, alors qu’à 6 m de profondeur elle est de 120°.
En 1941, T. Oustinova découvrit de nombreux geysers au Kam
tchatka, dans la vallée de la Choumnaïa (au voisinage du volcan
Kikhpinytch). On a trouvé ici 22 grands geysers et une centaine
de petits. Voici la description que donne V. Vlodavetz de l ’activité
d ’une de ces sources. Le groupe de recherche venait d ’atteindre
une petite cuvette remplie d ’eau: « Un léger nuage de vapeur mon
tait de la surface d ’eau. Quelques minutes après, l ’eau commença
à s ’agiter, on vit apparaître des petites et des grosses bulles d ’air,
puis l ’eau se mit pour ainsi dire à bouillonner. De grosses gouttes
s ’élevèrent à une hauteur de 1,5 à 2 m, tandis que le nuage de vapeur
qui montait en même temps était emporté par le vent vers le Sud.
Puis les dégagements de vapeur augmentèrent et celle-ci commença
à s ’élever verticalement, entraînant des filets, des « paquets et
des gouttes » d ’eau à une hauteur d ’environ 10 m. Quant à la colonne
de vapeur, elle montait jusqu’à 15-20 m, puis suivait la direction
490
du vent. L ’éruption de l ’eau et delà vapeur se poursuivit pendant
5 minutes environ. »
Schématiquement, on peut se représenter le phénomène du
geyser de la façon suivante : un conduit en zigzags se trouvant au
sein de la Terre est rempli d ’eau surchauffée, c’est-à-dire ayant
une température qui, compte tenu des pressions dans le conduit,
est proche de l ’ébullition. Lorsque la pression de la vapeur atteint
une certaine limite, l ’eau est expulsée du conduit, la pression dimi
nue alors, provoquant immédiatement la transformation en vapeur
de grands volumes d ’eau surchauffée. La vapeur et l ’eau sont pro
jetées avec force hors du conduit et forment une colonne d ’eau
jaillissant à une hauteur de plusieurs mètres.
Les eaux chaudes des geysers contiennent en grande quantité
des substances minérales, surtout des oxydes de silicium. Ces subs
tances se déposent autour du point de sortie et forment parfois de
grands cônes. Ces concrétions minérales s ’appellent geysérites. Les
geysers recèlent une énergie thermique importante qui, dans maintes
régions, est utilisée dans des buts pratiques.
Les volcans de boue. Ce sont des collines constituées de boue,
de dimensions variées, souvent en forme de cônes dont le sommet
est un cratère. Ils sont surtout dus à la pression des gaz et des vapeurs
d’eau portés à une température élevée qui montent des profondeurs
en suivant les joints. Rencontrant des roches meubles saturées d ’eau,
les gaz les expulsent à la surface sous forme de boue. Parfois, ces
éruptions se déroulent calmement, la boue commence à bouillonner,
puis elle est expulsée par de petits jets ou bien s ’épanche sur les
versants et contribue à l ’accroissement du cône; dans d ’autres cas,
le phénomène est violent et s ’accompagne d ’explosions et de pro
jections de grandes quantités de matériaux meubles. Si la boue est
très liquide, il ne se forme pas de cône, car elle s ’étale dans toutes les
directions.
Des volcans de boue peuvent avoir aussi une origine non volca
nique, on les rencontre en particulier dans les régions de gisements
pétrolifères (presqu’île d ’Apchéron, région de Taman, etc.). Le
mécanisme du phénomène est le même, mais il est alors déclenché
par des gaz d ’origine organique et non magmatique.
§ 6. Volcans d’U.R.S.S.
L ’U.R.S.S. compte plusieurs régions volcaniques, mais les volcans
sont surtout nombreux au Kamtchatka et dans les îles Kouriles.
Dans la région de Primorié et dans le centre de la Sibérie on ren
contre des cônes isolés à activité assez récente ; enfin, on trouve
dans le Caucase un certain nombre d ’appareils volcaniques actuelle
ment éteints, mais encore actifs il y a relativement peu longtemps.
Volcans du Kamtchatka. L ’activité volcanique du Kamtchatka
a débuté au Paléozoïque et elle se poursuit jusqu’à nos jours avec
491
F ig. 2C8. C arte sc h é m a tiq u e d e s v o lc a n s du K a m tc h a tk a . M o n ta g n es:
1 — Ploskaïa ; 2 — Klutchevskaïa ; 3 — Kamen; 4 — Plosky Tolbatchik ;
5 — Bolchaïa Oudina; 6 — Kizimène; 7 — Kronotskaïa ; 8 — Ouzon:
9 — Kikhpinytch; 10 — Maly Sémiatchik; 11 — Karymskaïa; 12 — Zavarit-
ski: 13 — JoupanovskaTa ; 14 — Koriakskaïa ; 15 — Avatcha; 16 — Vilu-
tchik; 17 — Opala ; 18 — Gorélv Khrébet; 19 — Moutnovskaïa ; 20 — Ksou-
datch: 21 — Ilinskaïa; 22 — Ilchinskaïa (d’après V. Vlodavetz)
une intensité variable. Les roches d ’origine magmatique couvrent
jusqu’à 40% de la surface de la presqu’île, ce qui donne une idée
de l ’ampleur des phénomènes volcaniques. Comme le]1montre
l’étude de l ’évolution géologique du Kamtchatka, l ’activité vol
canique y était associée aux mouvements orogéniques et se déroulait
en même temps que ceux-ci. Les volcans actuels résultent d ’une
reprise intense de l ’activité volcanique en corrélation avec les
dernières phases des plissements alpins.
§ 7. Répartition géographique
des volcans
Actuellement, on connaît plus de
500 volcans plus ou moins actifs.
Il y a cependant beaucoup plus de
volcans éteints ayant gardé leur forme
conique et une structure volcanique.
La répartition géographique des vol
cans est très irrégulière (fig. 272).
De vastes territoires ne présentent
aucun signe de manifestations vol
caniques (telle la partie européenne
de l ’U.R.S.S., la Sibérie occidentale,
etc.), tandis que dans d ’autres régions
l ’activité volcanique est très intense.
Le plus grand nombre de centres
volcaniques, plus de 60%, se répartit
le long des côtes et sur les îles du
Pacifique. C’est ce qu’on appelle le
cercle de feu du Pacifique. Dans la
partie occidentale de l ’océan cette
ceinture volcanique commence par la
Fig. 271. Carte schématique des presqu’île du Kamtchatka qui pos
volcans des îles Kouriles: sède plus de cent volcans, puis se
1 — Alaid ; 2 — Pic Foussa; dirige vers le Sud en passant par les
3 — Pic Sarytchev; 4 — volcan
Milnn ; 5 — Snow (d’après V. Vlo- Kouriles, le Japon, les Philippines,
davctz) la Nouvelle-Guinée, les îles Salomon,
498
les Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-Zélande. Sur la côte américaine
du Pacifique la ceinture des volcans s ’étend de la Terre de Feu
vers le Nord en jalonnant les Andes, les plateaux entre la Sierra
Nevada et les Rocheuses, puis les chaînes du Canada et de l ’Alaska.
Dans la partie septentrionale du Pacifique se trouvent les nombreux
volcans des îles Aléoutiennes dont l ’archipel s ’étend de l ’Alaska
au Kamtchatka, bouclant ainsi, si l ’on peut dire, le cercle de feu du
Pacifique. Plusieurs volcans apparaissent au milieu du Pacifique.
mais qui s ’en distinguent par des dimensions plus réduites. D ’après
R. Daly, les affleurements de massifs d ’injection ne dépassent pas
100 km2.
Les laccolites se consolident à une faible profondeur de la surface
de la Terre (voir fig. 273). Elles ont la forme d ’un gâteau, sont
bombées à la partie supérieure et plus ou moins planes à la partie
inférieure. Les dimensions des laccolites sont relativement petites
et leur diamètre varie entre 100 m et quelques kilomètres. Une
502
laccolite se dispose entre les roches encaissantes sans les traverser.
Lors de son intrusion, elle déforme mécaniquement les couches,
soulève les roches sus-jacentes affectant une disposition en dôme
et crée ainsi un creux que le magme emplit. Une laccolite se ramifie
parfois en filons qui percent les roches encaissantes dans diverses
directions et qui s ’appellent apophyses. Des ramifications de ce
genre sont également caractéristiques des batholites et des massifs
d ’intrusion. Les laccolites peuvent exister soit en formations iso
lées, soit en groupes. Les laccolites du Caucase du Nord (fig. 275),
SSO nue
mont Bechtau
Olivine -----
Pyroxènes
Amphiboles
Biotite
Plagioclases
Orthoclase
Quartz
Séricito
Epidotc
Kaolin
Chlorite
Limonite
0+Ht0
516
Groupes principaux des roches effuslves (d’après E. Kouznétsov, 1956)
Groupes principaux des ruches magmatiques (d'après P. Gruclic, schéma)
Les roches magmatiques se distinguent non seulement par leur
structure, mais aussi par leur composition minéralogique et chimique.
Elles contiennent habituellement des minéraux, tel que le quartz
et divers silicates, en premier lieu des feldspaths, puis des pyroxènes,
des amphiboles, des micas, de l ’olivine, etc. Mais le rapport entre
le quartz, le feldspath et les éléments noirs (minéraux ferro-ma-
gnésiens du groupe des silicates) varie fortement, déterminant la
diversité des roches magmatiques et servant ainsi de base à la classi
fication minéralogique. La teneur en silice (Si02) est un indice
important de la composition chimique des roches magmatiques
et elle sert également à établir une classification chimique. Suivant
leur teneur en silice, les roches magmatiques sont classées en roches
acides, neutres, basiques et ultra-basiques.
On nomme roches acides celles dont la teneur en silice SiO?
(quartz ou composés de silice) est de 65 à 75% ; neutres, de 52 à 65% ;
basiques, de 40 à 52 %, et ultra-basiques, quand cette teneur est
inférieure à 40%. Les minéraux types des roches acides sont le quartz
et les feldspaths potassiques et sodiques; ceux des roches basiques,
les minéraux mélanocrates comme l ’augite, l ’amphibole, l ’olivine,
ainsi que les plagioclases neutres et basiques. Sur la base de la com
position minéralogique et de la structure on peut établir une classi
fication des principales roches magmatiques (tableaux 25 et 26).
Comme on le voit, la composition chimique (ainsi que minéralo
gique) est un critère important pour la classification des roches
magmatiques. Les conditions physico-chimiques de formation des
roches (leur faciès) qui déterminent la structure et la texture sont
également essentielles.
Le tableau 27 donne la répartition des roches de différentes com
positions sur le territoire de l ’U.R:S.S.
Tableau. 27
Répartition moyenne des roches intrusives
et effu sives sur le territoire de l ’U.R.S.S. (en ?o)
ROCHES ACIDES
Granités. Les granités sont composés essentiellement de quartz,
de feldspaths, de feldspaths potassiques et de plagioclases acides
avec une addition de silicates mélanocrates, de mica, d ’amphibole
et d ’augite en moindres proportions. La structure est holocristalli-
ne, équigrenue ou porphyrique. Les cristaux sont de beaux spéci
mens et parfois sont relativement gros (fig. 281, A). La teinte est
claire, celle des feldspaths. La mise en place des granités s ’effectue
en gros massifs (batholites). Ces roches trouvent une large applica
tion dans le bâtiment. Ces roches sont les plus communes des forma
tions magmatiques, elles apparaissent en de vastes affleurements
en Carélie, en Ukraine, dans l ’Oural, au Kazakhstan, au Tian-Chan,
dans le bassin d ’Aladan et d ’Anabara, dans la Transbaïkalie et en
d ’autres lieux.
Granulophyres (granité porphyroïde). La composition est la
même que celle des granités. Ils se forment à partir des magmas qui
se sont solidifiés plus près de la surface ; c’est pourquoi ils ont une
structure porphyrique ; au milieu des grains fins de quartz on distin
gue de gros cristaux de feldspath.
Porphyres liparitiques. De même composition, également, mais
les cristaux de feldspath sont plus gros ; structure porphyrique ;
teintes rougeâtres, brunes, etc.
Rhyolites (liparites). Ce sont des roches effusives de composition
granitique formées par solidification des laves acides. Elles se carac
térisent essentiellement par une structure porphyrique (felsitique)
et des pâtes vitreuses (obsidiennes liparitiques). Les obsidiennes
à aspect écailleux s ’appellent perlites. Quand la masse vitreuse con
tient des bulles et des cavités remplies de gaz n ’ayant pas pu se déga
ger, il se forme des ponces dont le poids spécifique est inférieur à 1.
ROCHES NEUTRES
Diorites (faciès intrusif). Composition minéralogique : feld
spath (plagioclase neutre) et amphibole en quantités à peu près éga
les, ainsi que de l ’augite. Certaines variétés contiennent du quartz
(diorite quartzifère). Structure holocristalline, à grains moyens.
Teinte grise avec un point de vert ; des transitions sont connues
des diorites aux granités, d ’une part, et aux gabbros, de l ’autre.
Porphyres dioritiques, de composition identique aux diorites,
mais de structure porphyrique.
521
Andésites. La composition se rapproche des diorites, mais leur
faciès étant effusif, elles possèdent une structure cryptocristalline
qui devient parfois porphyrique avec apparition de grains de miné
raux noirs et de plagioclase. De teintes grises et noires elles sont
largement répandues, surtout en Arménie et au Kamtchatka. Elles
forment des dômes, des coulées et des nappes.
Syénites (faciès intrusif). Roches constituées essentiellement
de feidspaths potassiques, de plagioclases neutres et d'amphibole.
L ’augite y est fréquente, mais on note l'absence de quartz.
Porphyres syénitiques. D’une composition proche des syénites,
ils comportent des gros grains porphyriques de feidspaths ou de miné
raux mélanocrates.
Trachytes. Laves de composition syénitique ; parfois on décou
vre dans la masse cryptocristalline des cristaux isolés de sanidine
de dimensions plus grandes. Leur teinte est claire.
ROCHES BASIQUES
ROCHES ULTRA-BASIQUES
Leurs représentants principaux sont les dunites, les péridotites
et les pyroxénites, composés presque totalement d ’olivine, de pyro-
522
xène et d ’autres éléments colorés. Ces roches n ’ont pas de feldspaths
ou bien en contiennent une quantité infime.
Dunite. Composée presque entièrement d ’olivine, rarement
additionnée de chromite et de magnétite. Oe couleur vert clair
jusqu’au vert foncé, presque noire, son poids spécifique est d ’envi
ron 2,7 ; avec la modification des conditions physico-chimiques
elle se transforme en ophiolite (serpentine), de poids spécifi
que supérieur à 3,0. Les dunites abondent dans l ’Oural où des gise
ments de platine leur sont associés.
Péridotite. Composée surtout d ’olivine, mais comporte aussi
du pyroxène (hypersthène ou diopside). Elle est noire avec une
teinte verte. Les péridotites portent ordinairement des signes d ’al
tération résultant de la serpentisation.
Kimberlite est une roche proche de la péridotite; elle est
constituée par une brèche quelque peu modifiée comprenant de la
serpentine, de l’olivine et du mica. En Afrique du Sud et en Yakoutie
elle remplit les cheminées (pipes) associées aux gisements diaman
tifères.
Pyroxénite. Composée surtout d ’augite et comprenant de l ’oli-
vine en quantité infime. Oe couleur noire. Le nickel qui entre dans
sa composition se dégage pendant la serpentisation.
Bien qu’elles ne soient pas très abondantes, les roches ultra-
basiques jouent un rôle très important, car des gisements de métaux
rares leurs sont associés (platine, amiante, magnétite, diamants,
minerais de nickel, de cobalt, de chrome, de tungstène).
C H A P I T R E 1 8
Métamorphisme
§ 2. Roches métamorphiques
Les roches métamorphiques se forment au sein de la croûte ter
restre à partir des roches magmatiques et sédimentaires par leur
transformation profonde dans des conditions de températures et de
pressions élevées, et sous l ’influence de solutions chaudes et de maté
riaux gazeux. Cette transformation s’accompagne d ’une recristalli
sation complexe des minéraux et des roches, de substitutions, de
désagrégations de structures anciennes et de l ’apparition de struc
tures nouvelles, etc. Les roches métamorphiques peuvent également
subir des transformations si elles se trouvent dans des conditions
thermodynamiques correspondantes.
Structure. La recristallisation de la roche initiale à la phase soli
de produit des structures secondaires caractéristiques que l ’on quali
fie de blastiques (du grec pXaatapi — pousse). Lorsque la recristalli
sation de la matière initiale est totale, les roches acquièrent une
structure cristalloblastique.
Il existe des roches métamorphiques qui se distinguent par une
recristallisation incomplète avec traces de la structure ancienne.
Pour désigner cette structure nouvelle on emploie le préfixe blasto :
structure blastogranitique, blastoporphyritique, etc.
Texture. Les roches métamorphiques peuvent avoir un aspect
schisteux, rubané, œillé, compact, etc. (suivant l ’arrangement des
matériaux constituants).
Dans une disposition schisteuse les grains de minéraux se présen
tent sous la forme de lamelles allongées parallèles.
La texture rubanée résulte d’une alternance de couches paral
lèles plus ou moins minces de compositions minéralogiques diffé
rentes, couches qui se distinguent souvent par la couleur.
La texture œillée se caractérise par la présence de formations en
« œillets », sphériques ou allongées, noyées dans la masse de la roche
à grain fin.
530
Les formations compactes ne présentent généralement pas trace
de schistosité, quant aux roches métamorphiques, elles sont alors
de consistance homogène.
La schistosité est propre à divers schistes métamorphisés ; l ’as
pect rubané ou œillé se rencontre surtout dans les gneiss, la texture
compacte dans les marbres, les quartzites, les coméennes.
La composition minéralogique des roches métamorphiques res
semble beaucoup à celle des roches magmatiques ou sédimentaires
ayant subi une métamorphisation. On y trouve en général des quartz,
des feldspaths, des pyroxènes, des amphiboles, des micas, etc. Mais
de nouveaux minéraux peuvent apparaître simultanément, ou bien
la quantité des minéraux secondaires peut augmenter: famille des
grenats, wollastonite, disthène, andalousite, sillimanite, cordiérite,
chlorites, diopside, trémolite, épidote, etc.
La composition chimique dépend des roches initiales d ’une part
et de la nature du métamorphisme d ’autre part. Pour avoir une idée
des transformations chimiques qui se déroulent lors de la métamor
phisation d ’une roche, on a proposé la méthode de calcul des coeffi
cients qui dépendent du nombre atomique de l ’élément considéré
et de ses liaisons avec les atomes d ’oxygène. En guise d ’illustration,
indiquons les chiffres exprimant la teneur en éléments principaux de
la dunite en tant que roche initiale et de la serpentine, produit de la
métamorphisation de la dunite (tableau 28 dû à T. Barth, tiré de
l ’ouvrage de E. Kouznétsov, 1956).
Tableau 28
C om paraison de la co m p o sitio n c h im iq u e de la d u n ite
et de la s e r p e n tin e
§ 1. Procédés d’étude
Les trous de forage les plus profonds ne s ’enfoncent au sein de la
Terre qu’à une distance qui ne dépasse pas 5 km. Ce n ’est qu’excep-
tionnellement que les puits de mine atteignent 2 km de profondeur.
Ainsi, ce n ’est qu’à peine 0,1% du volume de la Terre qui, dans le
meilleur des cas, est accessible à l ’exploration. Pour le moment, les
tentatives de sondages plus profonds ont été vaines. C’est pourquoi il
a fallu rechercher des méthodes indirectes permettant d ’apprécier la
composition et la structure des zones internes du Globe. Plusieurs
procédés ont été proposés : méthodes séismique, gravimétrique, géodé-
sique, astrophysique, magnéto-tellurique, etc. Chacune d ’elles
n ’étudie qu’un aspect du problème. Dans l ’ensemble, on obtient de
multiples renseignements, mais ils ne permettent pas encore d ’éta
blir définitivement ne serait-ce que les traits essentiels de la structure
et de la composition du Globe.
Examinons plus en détail la méthode séismique.
Comme il a été dit au chapitre 16, lé foyer d ’un tremblement de ter
re émet des ondes élastiques qui se propagent dans toutes les direc
tions à une certaine vitesse et atteignent la surface par des voies
diverses. Les ondes longitudinales P (primaires), ondes de condensation
e t de dépression, se propagent à la vitesse de 5 à 8 km/s ; les ondes
transversales S (secondaires), qui provoquent une oscillation transver
sale des particules du sol par rapport au front de l ’onde, se déplacent
à une vitesse de 3 à 5 km/s ; les ondes superficielles L ont la propa
gation la plus lente, 3 à 4 km /s. Examinons comment se déplacent
les ondes longitudinales (P), par exemple.
Soit un point O (fig. 284 foyer du séisme au sein d ’une couche
de roches dans lesquelles les ondes P se propagent à la vitesse V\.
Sous cette couche, à une profondeur h, se trouve une autre couche
pour laquelle la vitesse des ondes élastiques est F 2; soit V2 > F,.
Le point K x où est placé le premier séismographe est d ’abord
atteint par les ondes P, qui ont parcouru la droite OKu puis par les
ondes P 2 qui ont suivi le trajet OABKl dont une partie passe par la
couche inférieure où leur vitesse est plus grande (V2).O n peut trouver
à une distance plus grande de l ’épicentre un point K z qui sera atteint
534
en même temps par les deux ondes Pi et P 2; Ie trajet OKz est plus
court que OACK2, mais, par contre, sur ce dernier trajet les ondes
se déplacent pendant un certain temps à une vitesse plus grande
(AC est parcouru à la vitesse F 2). Enfin, le point K z sera d ’abord
atteint par les ondes P 2 ayant traversé la couche inférieure en suivant
le trajet OADK3j puis par les ondes P u qui se sont déplacées direc
tement le long de OKz ; ce dernier trajet est plus court, mais la vites
se des ondes Pi est faible (Fj). Si aux trois points K if K z, K z sont
placés des séismographes, nous obtiendrons les trois enregistrements
représentés sur la fig. 284. Si l ’on connaît les grandeurs F, et F 2 et
Vz A -~ B ~ ~ C — - D
Fig. 284. Schéma de la propagation des ondes
séismiques dans un milieu à deux couches
Vitesse de propa
gation des ondes Epaisseur de la coucbe, km
longitudinales,
km/s
D ensité, D ensité,
Roche g/cm» Roche g/cm3
VP = V K+ ? "
2
JO
1 ,0 2 ,6 3,6
0,9 3,8 4,3 4,1
0,8 5,0 4,7 4,5
0,7 6 ,2 5,1 4,8
0 ,6 7,4 5,4 5,1
— — — 5,3
0,55 — — 9,9
0,5 8,6 10,1 10,4
0,4 9,4 10,8 11,2
0,3 10,1 11,4 11,8
0 ,2 10,7 11,9 12,2
0,1 11,0 12,1 12,4
0 ,0 11,2 12,2 12,5
0 982
33 985 0 ,0 0 9 -1 0 1 2
400 997 0 ,1 3 6 - 1 0 1 2
800 999 0 ,3 0 0 -1 0 1 2
1200 991 0 ,4 9 -1 0 1 2
1800 985 0 ,7 8 -1 0 1 2
2900 1037 1 ,3 7 -1 0 1 2
4000 762 2 ,3 9 -1 0 1 2
5000 452 3 ,1 2 -1 0 1 2
6000 126 3 ,4 8 -1 0 1 2
6370 0 3 ,5 1 -1 0 1 2
546
au rayon de la Terre ou à une fraction de ce rayon. C’est justement
la pression exercée par le poids des roches sus-jacentes sur un plan
unitaire (1 cm2) à l ’intérieur du globe. Les calculs donnent les
chiffres suivants: à la base de la croûte terrestre, c’est-à-dire à la
limite inférieure du Sial (50 km de la surface), 13 000 atm, soit
environ 13 t/cm 2; au niveau du noyau, près de 1,4 millions d ’atmo
sphères; au centre, plus de 3 millions d ’atmosphères (fig. 291).
Le tableau 33 donne les chiffres caractérisant l ’intensité de la
pesanteur (en cm/s2) et la pression (en dynes par cm2).
D'après D’après
D'après A. Fers- A. Vino-
Eléments F. Clark, mnn, gradov,
1920 1933 1950
554
moins claire. Si nos hypothèses sur la composition et la profondeur
des couches constituant la croûte (granitique et basaltique) sont
exactes, on peut avancer des chiffres de la composition chimique qui
correspondent à l ’ensemble de la croûte terrestre (Sial) (tableau 36).
Le pourcentage des éléments non nommés et indiqués dans le
tableau sous l ’appellation « divers » est inférieur à 1%. Les chiffres
obtenus par divers auteurs à des périodes différentes varient peu ;
visiblement, les renseignements fournis paraissent justes.
Il est beaucoup plus difficile d ’établir la composition chimique
du globe dans son ensemble. Quelles sont les considérations sur les
quelles il faut se baser pour de tels calculs?
Comme nous l ’avons déjà dit, il faut partir des renseignements
sur la répartition des densités à l ’intérieur de la Terre qui peuvent
être considérés comme suffisamment sûrs. La densité moyenne de
la Terre (5,517) est calculée avec une grande précision et son augmen
tation en profondeur ne fait pas de doute. Rappelons que la densité
du noyau est supérieure à 10. Fait curieux à signaler: la densité
moyenne des autres planètes du système solaire, également calculée
avec une précision suffisante, se distingue sensiblement de celle
de la Terre ; ainsi, elle est de 4,86 pour Vénus, de 3,96 pour Mars,
de 3,80 pour Mercure, de 3,33 pour la Lune (d’après B. Lévine).
Ces chiffres témoignent de la diversité de la structure des planètes
et peut-être même de leur composition.
Un autre problème est celui des météorites, ces corps errant dans
l ’espace et tombant sur la Terre en très grande quantité. Chaque
année la Terre reçoit des dizaines de milliers de tonnes de matière
constituée par les météorites ; antérieurement, aux premières époques
de l ’existence de la Terre, il devait y en avoir beaucoup plus. Jusqu’à
ces derniers temps on considérait que les météorites, de même que
les astéroïdes (petites planètes), étaient les débris d ’une planète
ayant éclaté dont l ’orbite se situait quelque part entre la Terre et
Mars. Récemment, une autre idée a été formulée qui est à la base
de l ’hypothèse d ’Otto Schmidt: les planètes sont le résultat de
condensations de météorites ou de poussières microscopiques ayant
formé la nébuleuse primitive. Or, de toute évidence, il y a entre
les planètes (la Terre y compris) et les météorites des rapports de
parenté, et la composition des météorites ne doit pas se distinguer
sensiblement de celle des planètes. L’académicien A. Fersman avait
justement signalé cette particularité dès 1932 : « Le rôle des météo
rites est capital pour la solution des problèmes géochimiques;
ce n ’est qu’à présent que nous commençons à comprendre toute
l ’importance de leur étude approfondie et réfléchie pour l ’établisse
ment non seulement de la composition de la Terre, mais aussi pour
le dégagement des principes régissant les écarts dans la composition
de la croûte par rapport à l ’ensemble de la Terre, connaissance
indispensable pour l ’inventaire exact du volume global des élé
ments constituant la croûte terrestre qui nous est accessible .»
555
Aussi on saisit toute l ’importance que revêt l ’analyse minutieuse
des météorites pour la détermination de la composition du globe
terrestre.
600 météorites tombées en différents endroits à des époques diverses
ont été étudiées jusqu’à présent. 50 d ’entre elles sont métalliques,
les autres étant pierreuses. Les météorites métalliques contiennent
91 % de fer natif, 8 % de nickel et 1 % de phosphore et de cobalt.
Les météorites pierreuses par leur composition rappellent beaucoup
les roches ultra-basiques du type des péridotites ; elles contiennent
surtout de l ’olivine et des minéraux apparentés. On pourrait croire
qu’il est facile, en partant de ces données, de calculer la composition
chimique moyenne des météorites, mais en pratique on se heurte
à certaines difficultés.
L ’analyse de l ’ensemble des météorites recueillies et la confronta
tion des résultats obtenus permettent de conclure que le fer prédomine
dans la composition des météorites. Ainsi, O. Farrington a obtenu,
en 1911, les chiffres suivants (en % du poids) : fer — 72,1 ; oxygène —
10,1 ; nickel — 6,5; silicium — 5,2; magnésium — 3,8; autres
éléments — moins de 1% chacun. 38 ans plus tard, H. Brown
a établi: fer — 45,7; oxygène — 24,6; silicium — 12,3; magné
sium — 9,5 ; nickel — 3,5.
Ces calculs ne tiennent pas compte du fait qu’il n ’est pas sûr
que la composition chimique des météorites ramassées et analysées
corresponde à leur composition primitive. En premier lieu, en
tombant sur la Terre les météorites sont exposées à des actions
Tableau 37
C om p osition c h im iq u e 'm o y e n n e d es
m é té o r ite s (en % du poids)
D’après
D’après B. I.évlnc
Eléments A. Fcrsm an, e t S. Koz-
1932 lovskaîa,
19b5
O xygène 3 4 ,0 3 4 ,6
Fer 2 6 ,8 2 5 ,6
S ilic iu m 1 7 ,4 1 7 ,8
M a g n é s iu m 1 2 ,8 1 3 ,9
Sou f re 2 ,7 2 ,0
N ic k e l 1 ,6 1 ,4
C a lc iu m 1 ,5 1 ,6
A lu m in iu m 1 ,3 1 ,4
D iv e r s 1 ,9 1 ,7
T o ta l 1 0 0 ,0 1 0 0 ,0
556
dynamiques puissantes du fait de l ’atmosphère, une partie de leur
matière se consumant et se désagrégeant sans laisser de trace. Cela
concerne surtout les corps pierreux et meubles. Les météorites
métalliques sont plus résistantes, elles traversent l ’atmosphère plus
facilement et atteignent la surface de la Terre. De plus, les météorites
métalliques, dont la composition et l ’aspect extérieur se distinguent
sensiblement des roches de la croûte terrestre, sont plus facilement
découvertes que les météorites pierreuses qui ressemblent beaucoup
aux roches communes. Si l ’on introduit dans les calculs des corrections
découlant de ces remarques, la composition moyenne des météorites
se modifie. Les collaborateurs de l ’Institut de la Physique de la
Terre, B. Lévine et S. Kozlovskaïa, ont procédé récemment (1955)
à la révision de toutes les données et ont obtenu des chiffres nouveaux
très proches de ceux indiqués par A. Fersman en 1932 (tableau 37).
Pour les résultats du tableau 38 caractérisant la composition
de la Terre, les auteurs se sont appuyés dans leurs calculs sur l ’iden
tité de la matière de la Terre et celle des météorites, ainsi que sur les
données fournies par l ’analyse de ces derniers. Les divergences entre
les chiffres obtenus par divers auteurs s ’expliquent par les consi
dérations déjà signalées. Nous donnons les chiffres établis par plu
sieurs savants (tableau 38); cette liste n ’inclut évidemment pas
toutes les recherches de ce genre.
Tableau 38
C om p osition ch im iq u e du g lo b e terrestre (en % du poids)
559
Bien plus, cette transition de phase, ayant lieu sous la forme
d ’un bond dû au caractère physique du phénomène, permet d ’ex
pliquer correctement la discontinuité de premier ordre entre la
couche intermédiaire (manteau) et le noyau, discontinuité caracté
risée par des modifications brusques des propriétés de la matière
(densité, vitesse des ondes élastiques).
Il est difficile d ’expliquer la modification par bonds de la den
sité à la limite du noyau par le seul changement de composition,
car un simple déplacement ou une différenciation de la matière
par gravité «devrait, comme l ’écrivait V. Lodotchnikov, se mani
fester par une modification continue de la composition et non sous
la forme de bonds ». « Bien que cette modification, soulignait-il
plus loin, ait un caractère continu, elle ne l ’a que jusqu’à un certain
point durant le passage d ’une phase à une autre; quelle que
soit la nature de cette transition, qu’il s ’agisse du passage d ’un
état cristallin à un autre ou d ’un état cristallin à un état amorphe,
ou enfin de la transition d ’une phase connue de la matière à une
phase nouvelle qui nous est inconnue, toutes ces modifications ne
doivent se dérouler que par bonds, d ’une façon discrète, comme c’est
le cas des transitions isolées ou simultanées de la matière d ’une
phase à une autre observées à la surface terrestre.»
Ainsi, l ’hypothèse de la transition de phase peut expliquer
la modification de la densité ainsi que l ’existence d ’une discon
tinuité bien nette marquant le passage au noyau. Le problème de
la limite de la graine peut être résolu de la même façon.
D ’autres considérations permettent également de mettre en
doute l ’existence d ’un noyau de fer.
Les données récentes sur la composition moyenne des météorites
(tableau 37) montrent que le fer ne constitue que 15% de la masse
globale des météorites recueillies, et ne dépasse jamais 23% (calculs
de P. Tchirvinski, 1949; de B. Lévine et A. Starkova, 1955). Or, si
le noyau était en fer, cette fraction devrait dépasser 1/3. Ainsi,
la proportion du fer dans les météorites ne confirme pas l ’hypothèse
d ’un noyau de fer de volume et de masse connus avec certitude.
Il est également difficile d ’expliquer la zonation de la Terre
et la concentration du fer dans le noyau par le phénomène de dif
férenciation par densité. Supposons que la quantité de fer soit suf
fisante ; or pour s ’accumuler et pénétrer au centre de la Terre le fer
doit suivre une certaine voie. On ne peut alors imaginer qu’un
seul processus: la différenciation de la matière par densité, c’est-
à-dire le déplacement vers le bas des inclusions lourdes de fer sous
l ’action de la gravité, le fer se frayant un chemin à travers la masse
de la matière en général pierreuse. On connaît la viscosité de l ’en
veloppe externe qui est de 1022 de poises *. Comme l ’a montré le
1 Poise — unité de viscosité (coefficient de frottement intérieur, g/cm/s).
La viscosité q est inversement proportionnelle à la fluidité <p, c’est-à-dire que
tj = 1 : cp; la viscosité de l ’eau à 20°C est de 0,01 poise.
560
physicien soviétique E. Lustikh (1948), pour une telle viscosité
les inclusions lourdes s ’enfoncent très lentement; une inclusion
de fer d ’un mètre de diamètre par exemple s ’enfoncera à raison
de 5 cm par milliard d ’années, c ’est-à-dire qu’elle restera prati
quement immobile. Dans ces conditions, le temps nécessaire
à l ’accumulation du fer dans le noyau est tellement démesuré que
même l ’histoire géologique n ’en dispose pas.
On a dit quelquefois que les propriétés du champ magnétique
observées à la surface de la Terre ne pouvaient être expliquées que
par le ferromagnétisme du noyau de 1er. Pourtant, on a établi par
la suite que la température des profondeurs du globe dépassait le
point de Curie, c’est-à-dire qu’elle atteignait une limite à laquelle
le fer perd ses propriétés magnétiques. A. Kalachnikov, qui procéda
récemment à des recherches dans ce domaine (1955), a abouti à la
conclusion qu’une certaine surface isothermique divise la Terre
en deux parties, l ’une ferromagnétique d ’une épaisseur de 30 à
50 km, l ’autre paramagnétique, ne comptant pas de particules de
matière aimantées. Quant au champ magnétique principal de la
Terre, il doit son origine, selon cet auteur, non pas aux propriétés
magnétiques du noyau mais à la circulation de charges électriques
à l ’intérieur du globe.
Signalons enfin que l ’hypothèse d ’un noyau de fer n ’explique
pas comment fer et nickel n'ont pas été oxydés par un agent aussi
actif et abondant que l ’oxygène (V. Magnitski). Indiquons égale
ment que la théorie de la transition de phase explique bien Y absence
de noyaux denses à l ’intérieur de Mars, de Mercure, de la Lune, la
masse de ces corps célestes étant insuffisante pour que la pression
interne atteigne le point « critique » nécessaire. Il n ’y a que Vénus,
aux dimensions et à la masse voisines de celle de la Terre, qui possède
un noyau dense.
Ainsi, après la longue prédominance de l ’hypothèse d ’un noyau
de ferro-nickel, on discute maintenant d ’autres conceptions suivant
lesquelles la matière du noyau n ’aurait que les propriétés des métaux ;
ce fait autorise même de l ’appeler métallique, mais il n ’est pas seule
ment composé de fer dont la proportion ne dépasse pas celle qu’on
rencontre dans le manteau (couche intermédiaire) ou la couche
péridotique.
Laquelle de ces deux hypothèses doit être adoptée aujourd’hui?
La composition des enveloppes se modifie-t-elle en profondeur de
telle sorte qu’il ne reste rien que du fer dans le noyau, ou ne se
modifie-t-elle pas, la matière des minéraux passant à une phase
nouvelle sous l ’action d ’une pression géostatique élevée en changeant
radicalement de propriétés ? On peut répondre comme l ’a fait Mag
nitski en 1953: «...actuellement, nous devons considérer que les
deux conceptions ont le droit d ’être considérées comme hypothèses
de travail ». Toutefois, nous croyons qu’aujourd’hui l ’ensemble
des connaissances doit nous inciter à accepter plutôt la seconde.
3G—927
C H A P I T R E 2 0
Zone
p lissée i * C uuette
rlQ tC -fo rm e nn& nnîmtP
\ C m \ 0 \ s \ D \ c \ P \ T \ j \Cr\Tr\Ap
Fig. 296. Tectonogramme de la chaîne Salaîrski (J),
de l’Oural (2) et du Caucase (2)
l/« 37-927
Index des matières
Kamo 215
Halile 325 Kaolin 60, 61, 67, 342
Harpolite 501 Kaolinite 341
Haute eau (période des crues) 117 Karst 168
Hauteur du pli 361 Karst « argileux » 178
Hawaiien 475 Karst de la zone tempérée humide ou
Hélium 32 couvert 178
Hexacoralliaires 27 Karst de la zone méditerranéenne ou
Holocène 219 nu 178
Homme 28 Kouroum (v. coulée de pierre)
Horizon d ’accumulation humique 72
Horizon éluvial (de lessivage) 72
Horizon illuvial 72 Laccolitcs 502, 515
Horst 384 Lacs à autoprécipitation 329
Houille (v. charbon de terre) Lacs de barrage (dus à un éboulement
Houilles paraliques (v. bassin liouiller ou à un glissement) 315
paralique) Lacs de deltas 314
Houilles limniques (v. bassin houiller Lacs d'effondrements (karstiques) 314
limnique) Lacs d ’origine volcanique (v. cuvettes
Humidité absolue de l ’air 42 d ’origine volcanique)
Humidité relative de l'air 42 Lacs glaciaires (v. cuvettes d ’érosion
Humification 71 et de dépôts glaciaires)
Humus 71 Lacs résultant d ’une activité éolien
Hydratation 59 ne 315
Hydrogéologie 9, 150 Lacs natronés 322
HydroïaccoFithe 245 Lacs sulfatés 323
Hydrologie 9 Lacs thermokarstiques 239
Hydrolyse 60 Lagune 287
Hydromicas (v. micas hydratés) Lambeaux (v. terrains exotiques)
584
Langue glaciaire (v. coulée glaciaire)Marmites de géants 124
Lapiés (rascle) 169 Marne 342
Lapilli 488 Massif d ’injection (stock) 502
Largeur (du pli) 361 Matériaux pyroclastiqucs 304
Latente 67, 335 Matières humiques 71
Latéritisation 62 Méandre (boucle) 130, 131
Latitude (géograph.) 13 Mécanisme du déclenchement de
Lave 487 l ’ébranlement 447
Lave de tufs agglomérés (brècho Méduse 24
à tufs) 489 Méridien 13
Lave en blocs 487 Méridien d ’origine 13
Lave ridée 487 Mers bordièros 254, 257
Lentille de glace souterraine 245 Mers épicontincntalcs 258
Lessivage 168 Mers intercontinentales ou continen
Lèvre inférieure (mur de la faille) 381 tales 257
Lèvre supérieure (toit de la faille) 381
Merzlota (v. sol perpétuellement gelé)
Ligne de direction (direction) 361 Mésopléistocèno (Pleistocène moyen)
Ligne des neiges orographique 190 219, 220
Ligne ou limites des neiges 188, 189 Mésozoïque (série groupière) 20, 26
Ligne de partage des eaux 146 Mésozone (métam.) 529
Ligne de suture 26 Métamorphisme 9, 524, 525
Lignites 345 Métamorphisme hydrothermal (v. alté
Liman 138, 285 ration hydrothermale)
Limite de fluage 354 Métasomatose (substitution) 309, 526
Limnologie 9, 312 Météorites 555, 560
Limonite 58, 331 Méthode de l ’argon 33
Liparite (v. Rhyolite) Méthode du radiocarbone 33
Liquation 508 Méthode du rubidium-strontium 33
Lit de la rivière 130 Méthode de détermination de l ’âge des
Lithosphère 7 roches par calcul de la teneur en
Lœss 105 sel 30
Lœss éolien 337 Méthode de l ’analyse des épaisseurs
Loi de Ilooke 350 423
Longitude (géograph.) 13 Méthode gravimétrique (étude de la
Longueur de l ’arc méridien 14 structure terrestre) 536
Longueur de l ’arc d ’un degré 15 Méthode paléontologique 19
Longueur de l ’équateur 15 Méthode séismique 429
Lopolite 501, 515 Méthodes d ’étude des mouvements
Loupe de glissement (corps d ’éboule- récents 429
ment) 181 Micas 532
Lycopodinées 28 Micas hydratés (hydromicas) 61
Lydienne 343 Micaschiste 532
Lys de mer (v. Crinoïdes) Microcristalline (structure) 516
Migration du pétrole 310
Migration des méandres 130
Maar 473 Millibar 44
Madage mécanique 353 Mindcl (v. glaciation de Mindel)
Magma 487, 506 Minerais alluviaux (v. placers allu
Magmatisme 9, 35, 470, 500 viaux)
Magnitude des tremblements de terre Minerai des dépôts lacustres 322
441 — 443 Minerai des marais 330
Malaspina (glacier) 199 Minéral 7, 509
Mammifères 28 Minéralogie 8
Manteau (v. Barysphère) Minéralisation de l ’eau 166
Manteau de débris superficiel (régo- Mirabilite 323, 324
lite) 69 Miroir de faille 396
Marbre 533 Moderne (Holocène) 219
Marée (courant de) 270 Module de Young 350
Mari (v. champs de tertres) Mofette 485
■585
Mollisol (v. couche active) Néotectonique 425
Mollusques bivalves 27 Névé (neige grenue) 191
Monoclinale (structure) 363 Niche d ’arrachement ou de départ 181
Montagnes-blocs (structure) 568 Niche (cavité karstique) 170
Montmorillonite 62, 67, 341 Niveau de base 112
Moraine 206 Niveau piézométrique 161
Moraine déposée 207 Nodule (v. concrétion, rognon)
Moraine de fond (argile à blocaux) 207 Nomenclature de Stille 378
Moraine de poussée 225 Noyau de la Terre 542, 553, 558
Moraine frontale (v. moraine termi Noyau de percement (plis diapir) 375
nale) Noyau (du pli) 360
Moraine inférieure (ou de fond) 207 Noyau intérieur (graine) 543
Moraine interne 207 Nunatak 196
Moraine (superficielle) latérale 206 Nummulites 28
Moraine (superficielle) médiane 206,
207
Moraine mouvante 206 Obsidienne 516
Moraine terminale (moraine frontale) Océan Indien 253
208 Océan mondial 252
Moscovien (v. glaciation Moscovienne) Océanographie 9
Mourré 115 Oiseaux 27
Mousson 45 Ombre séismique 542, 543
Moutonnement confus de buttes et de Onde longitudinale (P) 450
cuvettes 224 Onde superficielle (L) 451
Mouvements actuels 425 Onde transversale (S) 450
Mouvements alpins (v. plissements Ondulation d ’axe 367
alpins) Oolite 322, 342, 343
Mouvements de masses du glissement Opale (géysérite) 60, 61
180, 181 Ordovicien (période) 24
Mouvements de subsidence 137, 141 Ordovicien (système) 24
Mouvements épéirogéniques (mouve Organismes constructeurs 294
ments d ’ensemble) 408 Orogenèse (v. mouvements orogé
Mouvement laminaire des liquides niques, plissements) 565
119, 158 Orthocères 26
Mouvements oscillatoires 35, 408 Orthose 60
Mouvements orogéniques 565 Os 213, 214
Mouvements récents 425 Ostracodes 26
Mouvement turbulent des liquides 119 Oxydation 58
Mur de la faille (v. lèvre inférieure) Oxygène 7
Mylonite 391, 528
Paléogéographie 336
Nappes (champ de lave) 476, 515 Paléomagnétisme 538
Nappe captive non artésienne (v. eaux Paléontologie 19
captives non artésiennes) Paléozoïque (ère) 20
Nappe captive sous pression (v. eau Paléozoïque (groupe) 20
artésienne) Paramètres dynamiques du foyer
Nappe de glissement 393 (séisme) 449
Nappe suspendue (v. table d ’eau per- Partie basse (zone la plus déprimée)
cnée) de la plaine inondable contiguë
Narzan 167 à une ancienne terrasse 132
Nautiloïdes 26 Partie centrale (de la plaine inondable)
Nautilus 27 131
Necton 268 Pegmatile 510
Neige grenue (v. névé) Péléen (type de volcan) 474
Néogène (période) 20 Pélitcs 291
Néogène (système) 20, 21 Pendage (plongement) 361
Néopléistocène (Pléistocène supé Pendage centripète (centroclinal) 367
rieur) 219, 220 Pendage périclinal 367
586
Pénéplaine 426 Pli oblique 365
Pergelisol (v. sol perpétuellement Pli court ou discontinu 367
gelé) Pli diapir 375
Péridotite 523 Pli d ’entrainement 371
Période (chronologie géologique) 20 Plis en échelons (ou à relais) 367
Période moderne du quaternaire Pli fermé 366
(v. Moderne) Plis isoclinaux 366, 371
Perlites 516 Plis longs 366
Permafrostologie (v. géocryologie) 230Plis sinueux (tracés en S) 367
Permien (période) 26 Plissements (orogenèse) 562, 565
Permien (système) 22 Plissement dysharmonique 371
Pesanteur 11, 13, 15, 544, 546 Plomb 32, 33
Petites cuvettes (de tassement super Podzols 73, 74
ficiel) 239 Poids atomique 33
Pétrographie 8 Poljé (grande dépression fermée) 172,
Pétrole (hydrocarbure) 309, 310, 345 178
Phacolile 503, 515 Polygone de pierre 247
Phase hydrothermale (minéralogie) 510 Polyèdre 162
Phase hypergénique (minéralogie) 510 Ponor 170
Phase magmatique (minéral.) 510 Ponce (pierre) 516
Phase métallique 559 Porosité (des roches) 151
Phase orogénique 378 Porphyre dioritique 521
Phase pneumatolytique (minéral.) 510 Porphyre syénitique 516, 522
Phyllaaes (phyllites) 531 Potamologie 9
Piany liess («forêt ivre», v. arbres Potassium 33
penchants) 183 Potentiel d ’oxydo-réduction (poten
Pied de l ’éboulement 181 tiel rédox) 59
Pipe (diatrème) 473 Poupée de lœss 105
Pour mille (symbole °/00) 262
Placera alluviaux (minerais alluviaux)
Poussée de gel 242
Plage 273 Poussière éolienne 97
Plaine deltaïque 140 Pouzzolanes 489
Plaine inondable (plaine alluviale) Précipitations atmosphériques 47
128, 129, 131 Pression (vecteur de) 395
Plan axial (du pli) 360 Pression à l ’intérieur de la Terre 546
Plan d'eau (ou surface de la nappe Pression hydrodynamique 184
aquifère) 157 Pression géostatique 544
Plan de faille 381 Pression hydrostatique 161, 162
Plan de stratification 357 Pression uniformément répartie 354
Plancher (soubassement) de la couche Prévision des tremblements de terre
358 464
Plancton 267 Principe des contraintes de glisse
Plate-forme 564 ment ou de cisaillement 356
Plate-forme d ’abrasion 273 Primaire (v. Paléozoïque)
Plate-forme continentale 258, 288 Procédé du calcul des volumes 423
Pléistocène 219, 220 Procédé magnétique 538
Pléistocène supérieur (v. néopléisto- Processus mécaniques (v. désagrégation
cène) physique)
Pli 360 Productus 26
Pli aigu 366 Produits d ’altération des roches 66
Pli anticlinal (v. anticlinal) Profil d ’équilibre (v. profil régula
Pli à relais (v. plis en échelons) risé)
Pli coffré 366 Profil d ’équilibre (du fleuve) 122
Pli couché 365, 391 Profil d ’équilibre (du fond marin) 282
Pli déversé 365 Profil régularisé (profil d ’équilibre)
Pli droit 365 122
Pli ouvert 366 Profondeur focale du séisme (pro
Pli en éventail 366 fondeur du foyer) 445
Pli de fond 568 Protérozoïque (Algonkien) 20
587
Psammites (dépôts sableux) 291 Riss (expansion glaciaire) 218
Pséphites (gros débris) 291 Roche-mère 72
Pseudomorpnose 309 Roches 7
Psylophytales 28 Roches acides (chim.) 518, 519, 521
Ptéropodes 300 Roches argileuses 341
Pyroxénite 523 Roches basiques (chim.) 518, 520, 522
Roches congelées 229
Quartzite 533 Roches de perméabilité moyenne 150
Quaternaire (période, v. Antropogène) Roches détritiques 339, 340
Quaternaire (système, v. Antropogène) Roches gélives 229
Roches hétérogènes 51
Roches homogènes 51
Racines (du charriage) 391 Roches imperméables (ou réfractaires
Radiolaires 302 à l ’eau) 150
Rapides 122 Roches leucocrates 520
Ravins 109, 111 Roches longtemps gelées (mnogoletné-
Ravinement (érosion) 109 merzlotnyé porody) 230
Rayons cosmiques 33 Roches magmatiques 514, 515
Raz de marée (vague de fond, tsuna Roches mélanocrates 520
mi) 455 Roches métamorphiques (crystallo-
Récif 294 phyliennes) 530
Récif-barrière 294 Roches moutonnées 202
Récif corallien 293 Roches organiques ou organogènes 342
Récif frangeant (côtier) 294 Roches perméables 150
Réfraction (phénomène de) 281 Roches plutoniques (do profondeur)
Régime des eaux souterraines (eaux 516
de fond) 158 Roches sédimentaires 339
Régime des glaciers 199 Roches siliceuses 343
Régime du fleuve 115 Roches ultra-basiques 520, 522, 540
Règle de Leuchs 385 Rognon 343
Régression ou retrait de la mer 338, 416 Rognon de silex (v. concrétion siliceu
Rejet ou déplacement (de la faille) se)
381 Ruissellement 109
Rejet horizontal 381
Rejet incliné 381
Rejet stratigraphique 381 Sable volcanique 489
Rejet vertical 381 Sables 340
Relief moutonné 202 Sables éoliens 104, 337
Remblai (barre) 287 Sables oligominéraux 340
Répartition (géographique) des Sables polyminéraux 340
séismes 451 Salinité des eaux 166
Replat rocheux 242 Sandres 213
Replats (ou banquettes) de soliflu- Sapropcl 321
xion 241 Sapropélites 322, 344
Reptation (v. creeping) Saumure (solution saturée) 166, 322
Reptiles 20, 27 Schéma de l ’évolution du monde ani
Réseau fluvial (v. système fluvial) mal et végétal 25
Réseau hydrographique (chevelu flu Schiste 532
vial) 148 Schiste charbonneux 345
Réseaux de polygones à bourrelets 249 Schistosité 527
Rcsurgence (v. engouffrement périodi Schistosité cristallophylienne 527
que des rivières) Schistosité lenticulaire 527
Rhyolile (liparite) 521 Schistosité linéaire 527
Rides éoliennes 91 Secondaire (v. Mésozoïque)
Rigole 109 Schistosité planaire 527
Rill-marks 289 Sédimentation dans les lagunes 304,
Rimaye (v. crevasse latérale du bassin 305
do névé) Sédiments abyssaux (sédiments des
Ripple-marks 289, 290 parties profondes de l ’océan) 288
588
Sédiments chimiques 288, 296 Sources thermales 489
Sédiments de la plate-forme continen Sous-système (groupe) 20
tale (ou néritiques) 288, 290 Sphère 14
Sédiments du talus continental Sphéroïde 12, 13, 14
(v. dépôts bathyaux) Stratification oblique 134, 135
Sédiments littoraux 288 Stratification rubanée 324
Sédiments néritiques (v. sédiments Stratosphère 41
de la plate-forme continentale) Strato-volcan 474
Sédiments organiques (organogènes Strombolien (type de volcans) 475
288 Structure blastique 530
Seiche 318 Structure cristalloblastique 530
Séisme (v. tremblement de terre) Structure holocristalline (équigrenuo)
Séisme marin 455 516
Séismicité régionale 467 Structure minéralogique 516, 519
Séismogramme 436 Structure porphyrique ou porphyroïde
Séismographe 436 516
Séismologie 9 Structure rubanée (v. stratification
Séismologie régionale 467 rubanée)
Séismometre 440 Structures en nappes 391
Sel gemme 344 Style « germanique » (v. germanique)
Sels 115 Sublimation 191
Série transgressive 338 Submersion (ingression) 281
Séricitisation 527 Substitution (v. métasomatose)
Serpentine 531 Surcreusement glaciaire 205
Serpentinisation 527 Surface à alvéoles en nid d ’abeilles 102
Sial 540 Surface d ’abrasion 426
Sidérite 307 Surface d ’arrachement (banquette) 181
Sigmoïde (v. plis tracés en S) Surface d ’érosion 426
Silicification (enrichissement en Surface de glissement 180, 181
quartz) 527 Surface (ou niveau) de la nappe aqui
Sillons de grandes profondeurs fère (v. plan d ’eau)
(v. fosses profondes) Surface libre des eaux de fond 157
Sills (v. filons-couches) Surface de la Terre 15
Silurien (période) 28 Syénite 522
Silurien (système) 26 Synclinal (pli synclinal) 363
Siphon 177 Synclinal faillé 384
Sol perpétuellement gelé 229 Synclinorium 368
Sol à gel saisonnier 229 Synéclise 368
Sols 70 Syngénétique (liant) 308
Sols bruns 73, 76 Système (stratigraph.) 20
Sols châtains 73, 76 Système fluvial (réseau) 145
Sols gris des steppes désertiques et des Système de fissuration 54
déserts 77
Sols gris forestiers 75
Sols jaunes 78 Table d ’eau perchée (verhovodka) 156
Sols noirs (tchernozioms) des steppes Tabulés 26
à Graminées 75 Takyr 88, 107
Sols podzoliques bruns sous végéta Talcschiste 532
tion herbacée 73, 74 Talik (îlot dégelé dans la zone des
Sols polygonaux 247, 249 persélisols) 234
Sols rouges 73, 77 Talus continental 258
Soluflixion 240 Tchernozioms (v. sols noirs des steppes
Soude 323 à Graminées)
Soulèvements récents 413 Tectonite 528
Source 164 Tectonique 9
Source sous-marine 178 Tectonogramme 565
Sources ascendantes 164 Température de la Terre 35, 547, 549
Sources descendantes 164 « Temple de Sérapis » 408
Sources minérales 167 Temps 48
589
Terrains exotiques (lambeaux) 391 Ultra-vulcanien (v. Bandaïsanais)
Terrasse fluviale 136, 426 Unité organique des phénomènes
Terrasse fossilisée 138 externes et internes 37
Terrasse littorale 410, 426 Uranium (él.) 32, 33
Terrasses à fond rocheux 136 Uvalas (v. grande dépression fermée)
Terrasses d ’accumulation 136
Terrasses d ’érosion 136, 137 Valdaïen (expansion glaciaire) 220
Tertiaire (période) 20 Vallée en auge 128
Tertiaire (système) 20 Vallée en gorge (canon) 126
Tetracoralliaires 26, 27 Vallée en V 126
Tertres (bougry-mogilniki) 244 Vallée glaciaire (auge) 204
Texture (des roches) 516 Vallée suspendue 2Ô5
Texture amygdaloïde (v. amygdaloïde) Vallées des rivières 126
Texture compacte 516 Vallums de moraines frontales 208
Texture en boules (orbiculaire) 516 Végétation autotrophe 65, 329
Texture fluidale 516 Végétation mésotrophe 330
Texture poreuse 516 Verhovodka (v. table d'eau perchée)
Texture rubanée 516 Vernis du désert 62
Texture scorieuse 516 Verrou 205
Théorie asténolite (v. asténolite) Vers 42
Théorie de la condensation (des Vitesse de propagation des ondes
eaux souterraines) 154, 155 élastiques (P et S) 539, 542
Théorie de l'oscillation (de F. Haar- Virgation 367
mann) 572 Vitesse angulaire 11, 12, 16
Thermokarst 238 Vivianite 331
Thorium 32 Volcan 471
Tillites 225 Volcan adventif (ou parasite) 471
Tjale (v. sol perpétuellement gelé) Volcan de boue 491
Toit 358 Volcan stratifié 474
Toit de la faille (v. lèvre supérieure) Volcans linéaires 471
Tombolo 287 Volcanisme 470
Torrent (cours d ’eau irréguliers) 112 Volume de la Terre 13
Torsion 357 Vulcanologie 9
Tourbe 326, 344 Vulcanien (étno-vésuvien) 474
Tourbières basses 329
Tourbières hautes 329 Würm (expansion glaciaire) 218
Tourbières intermédiaires 330
Trachyte 522 Xénolite 508
Transformations chimiques au sein Xionosphère 190
du Globe 35
Transgression 338, 416 Yardang 101
Transition de phase 559
Translation (glissement) 352 Zone abyssale 288
Trass 489 Zone d ’aération ou de descente conti
Tremblement de terre (séisme) 432 nue (v. aération)
Trias (période) 22 Zone bathyale 288
Trias (système) 20, 26, 27 Zone d'altération 69
Trièdre 102 Zone des basaltes 539
Trilobites 24, 28 Zone de propagation des ondes séismi
Troposphère 41 ques 443
Tsunami (v. raz de marée) Zone de granités 539
Tuf volcanique 489 Zone gelée de la lithosphère (cryoli-
Type bandaïsanais (v. Bandaïsanais) thozone) 230
Type génétique de dépôts continen Zone littorale 289
taux 337 Zone néritique (plate-forme conti
Type hawaiien (v. Hawaiien) nentale) 288
Type péléen (v. péléen) Zone plissée 564
Type strombolien (v. strombolien)
Type vulcanien (v. vulcanien)
Table des matières
P R E M IÈ R E P A R T IE
PROBLÈM ES G ÉN ÉR A U X
D E U X IÈ M E P A R T IE
G É O D Y N A M IQ U E E X T E R N E
T R O IS IÈ M E P A R T IE
P R O C E S S U S D E D Y N A M IQ U E IN T E R N E