Texte Sartre Rédigé
Texte Sartre Rédigé
Texte Sartre Rédigé
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Dieu n’existe pas, pourquoi est-ce que pour autant tout serait permis ? C’est que
traditionnellement, la religion est ce qui nous donne des modèles d’actions, des
façons de faire, qui permettent le vivre ensemble et une vie que l’on considère
comme « bonne » ou « vertueuse ». Par exemple, le Décalogue reprend certains
commandements divins « tu ne tueras point », « tu ne convoiteras pas la femme
de ton voisin » etc, qui donnent des repères aux hommes sur la façon dont ils
doivent se comporter. L’existence de Dieu serait donc la garantie d’une vie où
tout n’est justement pas permis, ce qui semble davantage souhaitable que la
perspective inverse. Car s’il n’existe pas, comme l’affirme Sartre, nous pouvons
alors « tout faire » parce que Dieu ne sera plus là pour récompenser ou punir la
justice et l’injustice. Si nous volons par exemple, nous n’avons plus à craindre le
châtiment divin et alors rien ne ne pousserait ou ne nous obligerait à bien nous
comporter.
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L’homme serait ainsi « délaissé », donc en quelque sorte seul au monde,
sans Dieu. Car les figures divines ont aussi pour rôle de « consoler » l’homme.
La religion rassure, en répondant à des questions que l’homme ne peut résoudre
seul, ni avec les sciences ou ni parfois même avec la philosophie : pourquoi
existons nous ? Y a t’il une vie après la mort ? Que devons nous faire ? Ce qu’on
appelle des « questions existentielles », qui portent sur le sens même de nos
existences donc, sont des questions auxquelles la présence de Dieu répond. Dieu
rassure. L’homme aurait donc tendance à « s’accrocher » à Dieu, et donc à
chercher dans son existence non seulement des réponses, mais aussi des
« excuses » (l. 4 ). Car si Dieu existe, c’est qu’il a créé les Hommes et la Terre, et
donc qu’il existe une nature humaine telle que pensée par Dieu. Si nous sommes
ainsi, c’est parce que Dieu nous a créé de cette façon. Par exemple, si nous avons
tendance à faire des mauvaises actions, à « pêcher », c’est parce que Adam et Eve
ont pêché et que telle est notre nature. Voici ce que l’auteur appelle une
« excuse » : nous ne portons pas la responsabilité ni de nos existences ni de nos
vies, et les conduites que nous adoptons ne dépendent pas non plus de nous parce
que nous les tirons directement des préceptes religieux.
1 Ceci est un changement de « sous-partie » au sein d’une grande partie. Je change d’idée centrale,
donc je mets en avant un nouveau point, donc changement de paragraphe
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Dans ce premier moment du texte, Sartre met donc en avant les
conséquences de la non-existence de Dieu : tout serait permis parce que nous ne
serions, à priori, plus obligés à rien. Sans menace de punition ou promesse de
récompense nous indiquant la conduite à tenir, nous pourrions tout faire, y
compris le mal. L’homme existentialiste est donc un homme seul, face à lui
même. Mais en quoi ce constat d’une forme de solitude existentielle conduit-elle
à formuler cette thèse phare de l’existentialisme selon laquelle « l’existence
précède l’essence » ?
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d’un ensemble complexe de conditions de vie, de cadre socio-culturels, financier,
etc. Et ce qu’il nie avant tout, c’est un déterminisme lié à une nature
originellement divine, qui fige la façon dont nous pouvons vivre. Aussi, ce n’est
plus seulement pour nos actes que tout est permis, mais aussi pour ce que nous
sommes : nous pouvons êtres tout ce que nous voulons, à mesure que nous
existons, que nous choisissons, que nous grandissons. L’existence, alors, précède
l’essence, au sens où nous nous définissons nous mêmes à mesure que nous
vivons. Il s’agit là, de toute évidence, d’une condition libre, puisque nous avons
définit en introduction la liberté comme la capacité à faire des choix. Si Dieu
n’existe pas, si nous n’avons pas de nature figée et que nous ne sommes pas
déterminés par quoi que ce soit, alors, effectivement, nous sommes
fondamentalement libres.
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Nous devons aussi, si nous sommes libres, trouver en dehors de Dieu
« des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite ». Les valeurs sont les
principes qui dirigent nos actions, ce qu’on pense être bien ou mal, et les ordres
sont les consignes que nous suivons et qui sont données par une autorité
supérieure. En fin de compte, suivre les ordres de quelqu’un d’autre, même Dieu
ici, serait faire preuve d’hétéronomie, c’est-à-dire que l’on tire ailleurs qu’en
nous et qu’en notre intelligence les lois que l’on suit, un peu à la façon d’un
enfant qui suit ce que lui disent ses parents. Être libre, ce serait donc, en plus de
ne pas avoir de nature déjà fixée, ne plus tirer nos principes et nos valeurs de
quelqu’un d’autre, même si ce quelqu’un d’autre est Dieu. Néanmoins, même si
cette pensée est légitime et cohérente, au sens où l’autonomie est une condition
qui semble essentielle de la liberté, on peut aussi penser que tous les croyants ne
sont pas hétéronomes et qu’ils sont aussi capables de réfléchir à la raison pour
laquelle ils adoptent ces valeurs religieuses sans qu’ils perdent pour autant en
liberté.
2 Changement de sous partie car nouvelle idée dans le texte qui correspond à une nouvelle phrase
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à mesure de ces choix et de ses décisions. Pourquoi alors si cette liberté est
l’exercice d’un choix autonome et non déterminé, pouvons nous y être
condamnés ? N’est il pas entièrement paradoxal de lier ainsi ces deux idées ?
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n’est pas de sa faute parce qu’il n’était pas dans les bons milieux, il fait preuve,
pour Sartre, de mauvaise foi, parce qu’il lui n’a pas assez persévéré par exemple.
Se donner des excuses, c’est nier la dimension absolue de la liberté que nous
avons, c’est peut-être aussi ne pas tout à fait la comprendre. Si la responsabilité
est en effet une dimension fondamentale de la liberté, et qu’elle en découle
directement, il faut peut-être aussi questionner un peu cette idée de ne plus avoir
d’excuses. Les travaux importants de la sociologies, tels que présentés par
Bourdieu par exemple, sont postérieurs à l’ouvrage de Sartre et montrent que, de
manière inconscientes, des déterminismes pèsent sur l’individu et sur ne serait-ce
que les possibles choix qui s’offrent à lui. Par exemple, si un élève ne parvient
pas à l’ENA, ce n’est pas toujours faute de travail personnel, mais sans doute
aussi faute d’un accès qui est en dehors de ses pouvoirs. Aussi, si la
responsabilité ne peut être niée, elle est doit être nuancée par la quantité de
liberté dont un individu peut faire preuve, notamment à la lumière des derniers
travaux sociologiques.