Chapitre 1 - Phénomene Sismique
Chapitre 1 - Phénomene Sismique
Chapitre 1 - Phénomene Sismique
Constructions parasismiques
« La période de retour des séismes dans une région est en général si longue que les considérations
économiques sont plus puissantes que les amères leçons ; c'est ainsi que se renouvellent les catastrophes ».
Muto
1.1. INTRODUCTION
1.2. QU’EST-CE QU’UN SÉISME ?
1.2.1. Définition
1.2.2. Tectonique des plaques
1.2.3. Aléa sismique dans le Monde
1.2.4. Sismicité en Algérie
1.2.5. Évolution des règles parasismiques algériennes
1.2.6. Nouveaux concepts introduits dans les normes parasismiques actuelles
1.2.7. Ondes sismiques et enregistrement
1.2.7.1. Ondes de volume
1.2.7.2. Ondes de surface
1.2.7.3. Vitesse des ondes sismiques
1.2.7.4. Enregistrement des secousses sismiques
1.2.8. Caractérisation des séismes
1.3. COMMENT MESURE-T-ON LA TAILLE D'UN SEISME ?
1.3.1. Magnitude
1.3.2. Intensité
1.3.3. Accélération maximale ag
1.3.4. Déplacement maximal dg du sol
1.3.5. Durée d'un séisme
1.3.6. Accélérogramme
1.3.7. Spectres de réponse
1.3.7.1. Comment construire un spectre de réponse ?
1.3.7.2. Peut-on connaitre avec certitude l'accélérogramme d'un prochain séisme ?
1.3.7.3. Spectre de calcul Sd (T) horizontal de réponse en accélération du RPA99/2003
1.4. COMMENT SE MANISFESTE-T-IL ?
1.4.1. Effets directs
1.4.2. Effets induits
1.4.2.1. Tassement
1.4.2.2. Liquéfaction
1.4.2.3. Tsunami
1.5. QUELLES SONT LES MESURES PRISES EN ALGERIE ?
1.5.1. Peut-on prévoir un séisme ?
1.5.2. Surveillance sismique
1.6. METHODOLOGIE D’UN DIMENSIONNEMENT AUX SEISMES
1.6.1. Modélisation de la structure
1.6.1.1. Modélisation par éléments finis
1.6.1.2. Modélisation de type brochette
1.6.2. Vérification des section
1.1. INTRODUCTION
La sismologie est une science relativement jeune, mais le premier détecteur sismique a été inventé
par un savant chinois en l’an 132 de notre ère. Le premier instrument d’enregistrement des ondes
sismiques a été fabriqué par Filippo Cecchi en Italie en 1875, mais c’est en 1889 à Potsdam, qu’un
séisme survenu au Japon a été enregistré pour la première fois. Et, parallèlement la connaissance
sur le noyau terrestre s’est considérablement développée.
La théorie de la tectonique des plaques qui explique en partie les causes des tremblements de terre
a été émise en 1910 par Wegener mais n’a pu être confirmée que dans la moitié du XXe siècle.
1.2.1. Définition
Un séisme est le résultat d'une rupture des roches en profondeur le long d'une faille généralement
préexistante. Cette fracture s'accompagne d'une libération soudaine d'une grande quantité
d'énergie potentielle accumulée lentement dans les roches. Suite à la propagation des ondes
élastiques due à cette libération d’énergie, ce mouvement se traduit en surface par un
déplacement du sol plus ou moins fort selon l’intensité sismique pouvant aller jusqu’à la rupture
des roches superficielles et à l’apparition des failles.
Il se produit actuellement, en moyenne 300 000 tremblements de terre par an mais seulement 1 à
2000 sont perçu par l’homme, et sur ceux-ci, seuls 200 sont assez fort pour produire des dégâts et
20 environ peuvent être considères comme des séismes majeurs, autrement dit dévastateurs.
À partir du foyer, point où débute la fracturation, rayonnent différents types d'ondes sismiques
qui se traduisent par surface par des vibrations du sol. Les dégâts sur les bâtiments dépendent de
l'amplitude, de la durée, de la fréquence des vibrations, des caractéristiques du terrain ainsi que
de sa distance au foyer.
La Terre est vivante. À l’échelle géologique, les continents s’assemblent et se disloquent, les mers
apparaissent et disparaissent. La croûte terrestre est constituée de plusieurs grandes plaques qui
évoluent les unes par rapport aux autres : certaines s’écartent, d’autres convergent, mais il y a aussi
celles qui coulissent. Environ 90 % des séismes sont localisés au voisinage des limites de ces plaques
(Fig. 1.1).
Les mouvements des plaques lithosphériques résultent du fait que ces dernières flottent sur les
zones de faibles vitesses où le royaume du magma interne est animé par des mouvements
rhizosphériques générés par des réactions thermonucléaires sous l’effet de très hautes
températures (>1800°c) et de très fortes phases de pressions (>12 kbars = 1200 MPa). Ce sont ces
mouvements qui provoquent selon le sens, les déplacements convergents ou divergents à des
vitesses très variables.
Les épicentres des séismes violents se trouvent en grande partie dans les zones de séparation des
plaques (séismes inter plaques dits tectoniques), ce qui confirme bien la théorie de la tectonique
des plaques. Cependant, un grand nombre de séismes se produit en dehors de ces limites (séismes
intra plaques). Certains d’entre eux sont dus à la répercussion des tensions entre les plaques jusqu’à
l’intérieur des continents (ils causent des déformations intracontinentales et peuvent être violents
comme c’est le cas en Chine centrale et orientale). D’autres sont des séismes d’effondrement
(écroulement des cavités) et des séismes volcaniques (déplacement du magma).
On distingue trois ceintures différentes caractérisées par la densité géographique des séismes
observés, qui sont :
1. Ceinture du Pacifique, appelée également ceinture du feu à cause de nombreux volcans qui
s’y trouvent. Elle libère à elle seule 80 % de l’énergie sismique libérée chaque année
(Amérique du Sud, côte californienne, Alaska, Japon, Formose, Philippines, Nouvelle
Zélande).
2. Ceinture transasiatique : elle libère 15 % de l’énergie sismique annuelle. Elle est raccordée
à la ceinture du pacifique en Indonésie, elle se prolonge jusqu’à la Méditerranée.
Il faut noter que l’homme peut aussi déclencher des séismes artificiels de grande ampleur au niveau
régional par :
- Les explosions nucléaires ou classiques.
- Le changement des conditions hydrauliques des sites.
- Les effondrements de terre suite aux activités humaines.
- Etc.
Néanmoins, leurs conséquences même dramatiques ne peuvent être comparées à celles des
séismes naturels.
La Figure 1.3 représente la carte de zonage sismique de l'Algérie (AFPS) élaborée après le séisme
de 2003 qui a secoué les wilayas d'Alger et de Boumerdes.
Les limites naturelles de l’Algérie sont la Mer Méditerranée au Nord (1200 km de côtes), le Maroc à
l’Ouest, la Tunisie et la Libye à l’Est, la Mauritanie et le Sahara Occidental au Sud-Ouest et finalement
le Mali et le Niger au Sud. Par sa superficie (2 381 741 km²), l’Algérie est après le Soudan, le deuxième
plus grand pays d’Afrique et du monde arabe.
- L’Atlas saharien forme une longue suite de reliefs orientés NE-SO s’étendant du Maroc à la
Tunisie.
- Le Sahara qui est un désert formé de grandes étendues de dunes, de plaines caillouteuse et
parsemé d’oasis.
L’Algérie est divisée en deux unités tectoniques majeures séparées par la faille sud-atlasique : le
Nord du pays porte l’empreinte de la tectonique alpine tandis que le Sud formé par la plate-forme
saharienne est relativement stable et la tectonique y est moins prononcée.
La tectonique est celle de la collision Afrique-Europe et l’Algérie du Nord a été victime de nombreux
séismes qui sont majoritairement des séismes en faille inverse en accord avec le mouvement
général de compression à la frontière des plaques tectoniques Eurasie et Afrique. Les cartes
sismotectoniques disponibles pour l’Algérie du Nord font état de deux types de failles : d’une part,
des failles décrochantes dont la faille de Thénia, et d’autre part des failles en compression avec des
prolongements marins probables. Ainsi, les failles bordant la Mitidja et le Sahel se poursuivent en
mer au large de la côte entre Boumerdes et Dellys.
Le séisme dévastateur (7,1 sur l’échelle de Richter) qui a secoué la région d’El Asnam (anciennement
Orléans ville et désormais appelée Chlef) en date du 10 octobre 1980 a fait plus de 5000 morts. La
même ville a été sévèrement frappée par un séisme de magnitude 6,4 qui a fait environ 1000 morts.
D'autre part, la région Ouest d’Alger jusqu’à Cherchell a connu de nombreux séismes destructeurs
par le passé notamment ceux de 1365, 1716, 1722. Aux alentours immédiats, on peut citer les
séismes de Cherchell (1735 et 1847), Hadjout (1756), Koléa (1802) et Mitidja (1867). À 80 km au
Sud-Est d’Alger, le séisme de 1910, a atteint une magnitude de 6,4 sur l’échelle ouverte de Richeter.
Plus récemment, plusieurs séismes de magnitude comprise entre 5 et 6 se sont produits à l’Ouest
d’Alger dans les régions de Cherchell, Tipaza et Médéa respectivement en 1988, 1989 (70 morts et
150 000 sans-abris), 1990 et 1996. Tous ces séismes ont été largement ressentis à Alger.
À l'Est d'Alger, les cartes de sismicité historique et instrumentale montrent une zone de faible à
moyenne sismicité s'étendant au-delà de Tizi Ouzou, à toute la Kabylie.
Les premières règles de conception et de calcul parasismiques sont apparues en Algérie après le
séisme d’Orléans Ville en 1954 : ce sont les AS 55 (Sismicité en Algérie 1955). Il s’agissait d’assurer
la résistance des ouvrages vis-à-vis des charges sismiques prises égales à un certain pourcentage du
poids propre. Ce pourcentage était estimé à environ 20 %.
Pour le dimensionnement des ouvrages en Algérie, on utilisait jusqu’à 1978, le règlement français
(PS 69). L’Algérie dans son ensemble était assimilée à la région II du territoire français.
Au fil du temps, le retour d’expériences a permis de recueillir un bon nombre d’informations qu’il
convenait d’intégrer dans les règles de conception et calcul parasismiques. Aussi, après le séisme
qui a secoué la région d’El-Asnam (ex-Orléans Ville, Chlef d’aujourd’hui) en 1980, il est apparu que
le règlement français PS 69 n’était pas suffisant pour l’Algérie.
La nécessité d’un règlement parasismique algérien tenant compte des caractéristiques géologiques
et géographiques réelles de chaque région devient impérative. C’est ainsi que le CTC (Organisme de
Contrôle Technique de la Construction) en collaboration avec les experts de l’Université de Stanford
(USA) publia en 1979, une ébauche de ce qui allait devenir en 1981, les règles parasismiques
algériennes RPA 81.
Le comportement réel d’une structure soumise à une agression sismique est fortement non linéaire
et donc très complexe. Durant le séisme, la structure est en général sollicitée au-delà du domaine
élastique de manière dynamique ou cyclique. Même en faisant abstraction de l’incertitude
importante entachant la sollicitation elle-même, le comportement sismique structural réel est
soumis à une telle variabilité que les méthodes de dimensionnement traditionnelles doivent être
appliquées qu’avec prudence. En particulier, des précautions sont nécessaires pour pouvoir
bénéficier pleinement de l’effet favorable de la plastification de la structure.
À cet effet, une méthode de dimensionnement moderne a été développée. Il s’agit de la méthode
de dimensionnement en capacité. Effet, au lieu de se focaliser sur les sollicitations dont la
détermination reste très incertaine, le dimensionnement en capacité se base sur la capacité de la
structure à supporter favorablement les sollicitations d'origine sismique par la dissipation sous
forme de déformations plastiques. Et, ce qui fait la force de ce dimensionnement, c'est que son
principe de base est simple : le concepteur impose à la structure comment elle doit se comporter,
autrement dit, là où elle doit se plastifier et là où elle doit rester dans le domaine élastique-linéaire.
En d'autres termes, le concepteur choisit les endroits où les déformations plastiques doivent se
concentrer (rotules plastiques) en cas de séisme.
Une onde (unda mot latin signifiant eau constante ou flot) est un phénomène résultant de la
propagation dans un milieu d’une succession de perturbations de courte durée transmises avec
transfert d’énergie mais sans transfert de matière.
Les propriétés élastiques des roches et des sols permettent à l’énergie libérée au foyer du séisme
de se propager dans toutes les directions sous forme d’ondes.
2. Les ondes transversales appelées aussi ondes secondaires ou ondes s car elles atteignent la
surface de la Terre en deuxième position. Ce sont des ondes de cisaillement
perpendiculaires à la direction de propagation, et qui ne se propagent que dans les milieux
solides.
Où,
k : module d’incompressibilité
n : module de rigidité
ρ : masse volumique
- Des sismographes (les plus récents) qui mesurent les déformations du sol et les enregistrent
sur papier photographique ou sur bande magnétique. Ces derniers permettent de rejouer
l’enregistrement avec éventuellement le filtrage ou amplification.
Masse
Masse
Mouvement du cadre
Mouvement du cadre
a) Sismographe vertical b) Sismographe horizontal
Figure 1.6: Sismographe classique
Par ailleurs, il faut souligner le fait que sur un autre site situé à égale distance de l’épicentre,
l’enregistrement d’un même séisme sera différent étant donné que l’amplitude et la fréquence de
ces ondes sont inégalement modifiées en fonction des caractéristiques physiques, mécaniques et
géométriques des milieux traversés entre le foyer et les stations d’enregistrement.
Ondes P Ondes S
Temps en seconde
Les sismogrammes fournissent également la durée des séismes qui ne dépasse pas, en général, 60
sec bien que des séismes de quelques minutes ont déjà été enregistrés dans le passé.
Les sismogrammes permettent également de localiser les épicentres des séismes en exploitant la
différence de temps d’arrivée à au moins trois stations suffisamment éloignées de l’épicentre afin
que les ondes P aient le temps de se séparer des ondes S. Cette localisation est très facile pour les
séismes superficiels (90 % des cas) car la distance épicentrale est à peu près égale à la distance
focale. Pour les séismes profonds, il y a lieu de calculer d’abord la profondeur du foyer avant de
localiser l’épicentre.
Les êtres humains sont capables de percevoir les accélérations de 0,05 g et commencent à perdre
l’équilibre à 0,1g, accélération à partir de laquelle les constructions de conception irrationnelle
peuvent subir des dommages.
- Le foyer (hypocentre)
Il correspond au point de départ du séisme, c'est-à-dire la région de la faille d'où partent les ondes
sismiques. Il peut se trouver à plusieurs kilomètres sous la surface (jusqu’à près de 700 km) et à
plusieurs centaines de kilomètres de la zone donnée. Les séismes superficiels se produisent
généralement dans les quinze premiers kilomètres de la croûte terrestre.
- L’épicentre
C’est le point de la surface du sol le plus proche du foyer. Il est défini par ses coordonnées latitude
et longitude.
- L’intensité
L'intensité est définie par l'importance des effets provoqués par un séisme en un point donné sur
les hommes et sur les constructions. En général, elle diminue quand on s'éloigne de l'épicentre (Fig
1.8).
Un séisme principal est souvent suivi d'un cortège de séismes de moindre magnitude et plus diffus
(pouvant néanmoins être destructeurs) à proximité ou au foyer même de ce séisme qu'on appelle
répliques. Ces répliques diminuent généralement en fréquence et en magnitude avec le temps.
Certaines peuvent se produire jusqu'à près d'un an après un très fort séisme.
Parfois, quelques semaines à quelques secondes avant un séisme dévastateur, des séismes de
moindre magnitude peuvent se produire à proximité du foyer. Ils sont appelés séismes
précurseurs.
Il se produit actuellement en moyenne 300 000 tremblements de terre par an, mais seulement 1 à
2000 sont perçus par l’homme, et sur ceux-ci 200 sont assez forts pour produire des dégâts et 20
environ peuvent être considérés comme des séismes majeurs, autrement dit dévastateurs.
Les séismes majeurs ne semblent pas plus nombreux qu’au début de l’époque historique : les
chroniques chinoises, vieilles de 2500 ans nous renseignent là-dessus.
Il faut noter que les chinois disposaient déjà de sismographes sommaires dès le deuxième siècle
de notre ère.
Les traces que laissera un séisme destructeur seront très variables, en particulier dans la mémoire
de l’homme (Photos 1.1 et 1.2). De plus, dans une zone habitée les dégâts sont variables selon les
modes de construction, selon l’importance des effets secondaires (incendies, par exemple) et
même, en ce qui concerne les pertes humaines, suivant qu’il s’agisse du jour ou de nuit.
Il n’en reste pas moins que les traces visuelles laissées par un séisme constituent une source
importante de connaissances. De nombreuses méthodes d’évaluation ont été proposées. Celles-ci
ont donné naissance à différentes échelles d’intensités se traduisant par des descriptions de plus
en plus détaillées.
La force d'un séisme peut être caractérisée par les grandeurs suivantes :
1.3.1. Magnitude
La magnitude M (échelle de Richter) mesure l'énergie libérée au foyer par le mécanisme sismique
initial : il n’y a donc qu’une valeur par séisme (Tab.1.1). Cette échelle qui comprend 9 degrés est
basée sur le logarithme décimal de l’amplitude maximale mesurée en micron d’un sismographe
standard de période courte (0,8 seconde) à 100 km de l’épicentre. Comme telle, cette grandeur
n'est pas utilisable par l'ingénieur qui s'intéresse à un mouvement en surface dans une zone
géographique donnée.
1.3.2. Intensité
Il existe plusieurs dizaines d’échelles d’intensité établies selon les besoins spécifiques des pays en
zones sismiques. La première fut établie par Farel-Rossi avec 10 degrés, améliorée à 12 degrés par
Concaris en 1902, corrigée et modifiée par Mercalli en 1956. Elle fut précisée par M.S.K en 1964,
ensuite corrigée, modifiée et adaptée une nouvelle fois en 1998 par EMS (European Microseismic
Scale) et appliquée à partir de Janvier 2000. La plus utilisée actuellement est celle de Medvedev,
Sponheuer et Karnik (Tab. 1.1).
L'énergie libérée par le séisme, c'est Les effets des séismes sur le milieu environnant, en
la magnitude : elle mesure l'énergie surface, c'est l’intensité : elle est définie par l'importance
dégagée au point de rupture de des effets provoqués par un séisme en un point donné
l'écorce terrestre. sur les hommes et sur les constructions. En général, elle
diminue quand on s'éloigne de l'épicentre.
L'accélération maximale ag du sol ou accélération de pointe PGA (Peak Ground Acceleration) est
un paramètre important pour évaluer les effets du séisme en un endroit donné. Elle varie de 0 à
0,6g. À titre d'exemple, 0,4g à 0,6g en zone fortement sismique comme le Japon, la Turquie ou
l’Algérie ; 0 à 0,1g en zone faiblement sismique comme la France.
L'amplitude de l'accélération maximale du sol permet de se faire une idée sur la résultante de la
force F appliquée à une construction de masse m : F = mag si la construction est indéformable et
suit le mouvement du sol (en général F > mag).
Ce paramètre permet d'évaluer les effets d'un séisme à un endroit précis en donnant un ordre de
grandeur du déplacement relatif du centre de gravité de la structure par rapport à sa base. Il est
de quelques centimètres en zone de faibles sismicités, et peut atteindre un mètre en zone
fortement sismique.
1.3.6. Accélérogramme
Remarque
La première donnée qui permet de caractériser le mouvement d’un point du sol pendant une
secousse sismique est fournie par les accélérogrammes (enregistrement).
- La durée, c’est-à-dire, le temps qui s’écoule entre le premier et le dernier pic au-dessus
d’un certain niveau où l’amplitude des accélérations est sensiblement plus élevée.
1. Près de l'épicentre
Temps
Ondes Ondes de
secondaires surface
Accélération
2. Loin de l'épicentre
Temps
Ondes de
surface
Les spectres de réponse, courbes permettant d'évaluer la réponse d'une construction à un séisme
passé ou futur, constituent la caractérisation des séismes la plus couramment utilisée par les
ingénieurs de construction. Ces courbes, sous-produits des accélérogrammes, permettent un
calcul simple des efforts internes dans une structure soumise aux séismes. On distingue trois types
de spectre :
- Spectre de calcul
Il représente l’enveloppe de l’ensemble des spectres correspondant à plusieurs accélérogrammes
enregistrés dans des sites comparables du point de vue la nature du sol.
Pour concevoir un tel spectre, on considère la structure la plus simple qui peut s’apparenter à un
bâtiment : c’est une console verticale, de raideur k, supportant une masse concentrée m à un
mh3
niveau h au-dessus du sol. Ce système a une seule période de vibration naturelle T0 (T0 = 2π√ 3EI ).
Un séisme impose au point A' de l'encastrement un déplacement dg(t). Les déplacements dg(t)
sont considérés dans un repère absolu (Fig. 1.10).
Pour connaitre l'effet du séisme sur la console, on utilise les déplacements u(t) par rapport à A'
afin de calculer les différentes grandeurs liées à la déformation de la console. Soit :
- La raideur de la console k est :
k = 3EI/H3 (1.6)
T0 = 2π/ω (1.7)
k 3EI
ω = √m = √mH3 (1.8)
Si u(t) est le déplacement de la masse m par rapport à sa position d'équilibre, donc u'(t) et u''(t)
sont respectivement sa vitesse et son accélération.
Sachant que :
- d(t) = u(t) + dg(t)
- d''(t) = u''(t) + dg''(t)
Il vient :
m u''(t) + c u'(t) + k u(t) = - m d''g(t) (1.9)
On peut donc, à chaque instant t, connaitre la valeur du déplacement relatif u(t) de la masse par
rapport à l'encastrement A'.
Il est possible de déterminer la force F(t) qui provoque un déplacement u(t) égal à celui engendré
par dg(t). En choisissant la valeur maximale F max de F(t) et en utilisant l’équation fondamentale :
Fmax = masse x accélération (deuxième loi de Newton), on crée une pseudo-accélération β(T0) ou
accélération spectrale :
β(T0)= Fmax/m (1.10)
En faisant varier les paramètres caractérisant la console de référence (m1, m2, ..., k1, k2, …, donc T1,
T2, ...), on peut définir un ensemble de paires de valeurs [Ti, β(Ti)].
L'ensemble de ces points [Ti, β(Ti)] constitue ce qu'on appelle le spectre de réponse élastique en
accélération (ou plus précisément en pseudo-accélération) correspondant à un accélérogramme de
la zone étudiée, et qui est traduit par la Figure 1.11.
β(T0)
Fmax = m β(T0)
ag
0 T0 Ti (s)
Figure 1.11: Construction d’un spectre de réponse élastique en accélération
Connaissant cette courbe ou spectre, tout concepteur de projet peut directement évaluer la
déformée maximale et les sollicitations dans une console de masse m et de raideur k, comme ce
qui suit :
mh3
1. Calculer T0 : T0 = 2π√ 3EI
Remarque
Dans la démonstration précédente, l’amplitude du déplacement u(t) de la masse par rapport à la
base A’ est influencée par l’amortissement du système : si l’amortissement est nul, u peut devenir
infini.
L’amortissement attribué à un matériau travaillant dans le domaine élastique est faible, de l’ordre
de 1% de l’amortissement dit critique, c’est-à-dire un amortissement tel que, si la console
précédente est écartée de u de sa position d’équilibre, elle y revient sans osciller.
Dans les ossatures, il existe plusieurs sources d’amortissement : frottements entre structures
principales et secondaires, frottements dans les assemblages, etc. Dans le cadre d’un projet
parasismique, les différentes évaluations de ces effets ont conduit à attribuer à l’amortissement
structurel des ossatures, une valeur standard égale à 5% de l’amortissement critique.
1.3.7.2. Peut-on connaitre pour un site donné avec certitude l'accélérogramme d'un
prochain séisme ?
Le spectre de réponse construit précédemment correspond à un accélérogramme donné, donc ne
peut à lui seul représenter la sismicité du site. Le spectre de réponse retenu par les codes
parasismiques correspond au tracé moyen de plusieurs spectres de réponse associés à différents
Accélération (m/s2)
ξ=5%
B C
A
D E
0 TB TC TD Période T(s)
- L'accélération est constante et maximale pour les périodes comprises entre TB et TC (ordre
de grandeur 0,25 s et 0,8 s). Quand T est comprise entre TB et TC, la réponse dynamique des
structures modérément flexibles entraine une amplification des accélérations par rapport à
l'accélération du sol. La pseudo-accélération est 2,5 fois plus grande que l'accélération du
sol, ceci favorise un aspect résonance dans la réponse de la structure.
- Entre les périodes TC et TD, la vitesse relative est constante, ce qui signifie que
l'accélération décroit de 1/T.
- Au-delà de TD, le déplacement relatif est constant, ce qui signifie que l'accélération décroit
de 1/T2.
À partir de ce constat, on en conclut que les effets d'un séisme sur une structure dépendent de sa
rigidité : une structure plus rigidité (période propre très faible) subit des forces plus élevées
qu'une structure flexible. Néanmoins, cette grande flexibilité est synonyme d'un effet P-∆
important.
Le spectre de calcul Sa (T) en accélération (horizontale) du RPA 99/2003 est représenté par les
facteurs suivants :
T Q
1,25 A [1 + T (2,5η - 1)] → 0 ≤ T ≤ T1
1 R
Q
2,5 η (1,25 A) → T1 ≤ T ≤ T2
R
Sa(T)/g
Q T2
2,5 η (1,25 A) ( ) ( )2/3 → T2 ≤ T ≤ 3,0 s
R T
Q T2 3
2,5 η (1,25 A) ( ) ( )2/3 ( )5/3 → T > 3,0 s
R T T
Où,
Sa(T)/g : spectre de réponse de calcul du RPA99/2003
Q : facteur de qualité
C'est l'ensemble des déformations résultant du passage des ondes sismiques. Deux situations
peuvent se présenter :
- Si le sol est rocheux, homogène, ces effets ne dépendent que de l'énergie du séisme et de
la distance épicentrale: on parle d'effet au rocher horizontal.
- Si le sol meuble, les secousses sismiques peuvent être amplifiées , le facteur d’amplification
peut 10. Cette particularité explique le fait qu’il puisse y avoir des dégâts plus importants
loin d’un épicentre qu’à sa proximité. Ce fut le cas à Mexico City en 1985 et à San Francisco
en 1989.
Les mouvements de terrain provoqués par le passage d'un séisme, comme les glissements (Photos
1.3 et 1.4), l'éboulement, la dislocation, le tassement, l'effondrement, la liquéfaction (Photos 1.5 et
1.6), sont appelés effets induits (Fig. 1.13). À cela, il convient d'y ajouter le tsunami, phénomène
qui se produit lorsque la rupture de la roche a lieu au fond de la mer.
Bâtiments parasismiques
Eboulement rocheux Décrochement de bancs rocheux Jeu de faille Glissement de terrain Liquéfaction
1.4.2.2. Liquéfaction
La liquéfaction est un phénomène qui ne se produit que sous sollicitations sismiques et concerne
certaines formations géologiques comme les sables, les limons ou sables vaseux, parfois des vases
saturées et peu compactées. Ceci peut rendre instable les constructions reposant sur ce type de
sol (Photos 1.7 et 1.8).
Les Photos 1.7 et 1.8 représentent la liquéfaction du sol aux abords d’Oued Isser (Boumerdes,
Algérie 2003).
Pour expliquer ce phénomène il faut partir de la résistance d'un sol au cisaillement. Celle-ci est
donnée par la relation :
τR = (σ - μ) tgɸ (1.11)
Où,
ɸ : angle de frottement interne
(σ - μ) : pression effective
σ : pression déjaugée
- Un sable fin à moyen, de densité plus élevée, à grains arrondis (faible cohésion) et saturé
d'eau.
1.4.2.3. Tsunami
Lorsque le mouvement relatif des bords de la faille est de type coulissage vertical et qu'il a lieu au
fond de la mer, il entraine soit une aspiration d'eau (si le fond descend d'un côté de la faille, l'autre
côté restant fixe), soit à une poussée appliquée à l'eau (si le fond monte d'un côté de la faille,
l'autre côté restant fixe). Ce phénomène provoque une formation d'onde à la surface de l'eau
(vague). Cette vague se propage depuis la zone épicentrale sur des centaines de kilomètres. Pour
des séismes majeurs, cette vague peut atteindre une hauteur de 10 mètres. Le tsunami est l'effet
du déferlement de cette vague sur la côte entrainant avec elle destruction de constructions, de
bateaux, etc.
La prévision des séismes est encore très hasardeuse même si beaucoup de pays dispose d’un
réseau d’observation et d’un service sismologique bien doté, mais on s’attend à de grands progrès
dans les années à venir.
Actuellement, l'homme est capable, dans une certaine mesure, d'identifier les principales zones
où peuvent survenir des séismes. Par contre, la prédiction ou la prévision d'un séisme à court
terme n'est pas opérationnelle sur le plan scientifique. En effet, il s'agit d'évaluer trois éléments :
- La localisation : où exactement va se déclencher un séisme ?
La méthode la plus prometteuse pour la prévision des séismes est basée sur l’étude des lacunes.
La prédiction temporelle des séismes est basée sur l’utilisation combinée des méthodes suivantes :
- Exploitation des archives pour évaluer le rythme des périodes calmes et des périodes
actives.
- Séismes précurseurs : un fort séisme est souvent précédé d’une recrudescence de l’activité
sismique.
- Mesures magnétiques.
- Émanations gazeuses (radon dans les régions granitiques) libérées par la formation de
microfissures dans le sol.
- Comportement animal.
Certes, on ne sait pas prédire un séisme, mais on sait surveiller pour mieux connaitre. L'activité
sismique en Algérie est sous haute surveillance. Le réseau national de surveillance sismique
enregistre en continu (24h/24) et localise pratiquement en temps réel les séismes algériens.
Après le séisme de 2003 qui a ébranlé la Wilaya d'Alger et ses environs, le CRAAG s'est doté de
quelques 60 nouvelles stations sismologiques venant s'ajouter aux stations déjà existantes
(environ une centaine) réparties sur tout le territoire national. Ce sont des stations numériques
faisant appel aux récentes technologies, basées sur des connexions par satellites, permettent ainsi
d'obtenir des images en temps réel sur les dégâts possibles et les zones touchées.
Remarque
L’annexe A1 regroupe les principales consignes concernant le comportement face à un séisme.
- Modélisation de la structure.
Modéliser une structure, c’est établir un modèle de calcul à partir de la structure. Ce modèle
permet de déterminer les modes propres de vibration et les efforts engendrés par l’action
sismique. Deux types de modèles sont envisageables :
- Modélisation par éléments finis.
Ces masses comportent : la masse de la structure, la masse des charges permanentes et une
fraction des charges d’exploitation et des équipements.
mn
V
Figure 1.14: Modélisation type brochette
Pour les bâtiments réguliers au sens du règlement parasismique algérien RPA99/2003, on peut
effectuer le calcul de la réponse de la structure en utilisant une méthode simplifiée. Cette
méthode repose sur une estimation de la déformée du mode propre fondamental d’un modèle
brochette. De cette façon, on peut alors, connaissant la masse de chacun des planchers, convertir
les forces d’inertie dues au séisme en une superposition d’efforts statiques appliqués aux
planchers de la structure.
Les calculs de vérification des éléments de la structure sont présentés aux chapitres III, IV et V. En
général, pour une structure en zone sismique, les vérifications portent principalement sur
l’ensemble des éléments dits principaux, autrement dit, les éléments qui interviennent dans la
résistance de la structure au séisme.