Alerte Sur Un Tueur Silencieux Aflatoxine

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Réseau National des Chambres d'Agriculture du Niger

Alerte :
L’aflatoxine un
tueur silencieux au
Niger
Basso Adamou, Haougui Adamou, Mme Bibata Ali, Bizo Mahamadou, Mme Hama Salamatou,
Alejandro Ortega-Beltran, Titilayo Falade (mai 2021)

Qu’est-ce que l’aflatoxine ?


Les aflatoxines sont des substances toxiques produites par plusieurs espèces de champignons du
genre Aspergillus qui infectent diverses cultures, comme le maïs, le sorgho et les arachides (voir
photo ci-dessous). Les espèces d’Aspergillus impliquées sont : Aspergillus flavus, A. parasiticus, A.
aflatoxiformans et A. tamarii

Graines d’arachide attaquées Epi de maïs attaqué Panicule de sorgho attaquée

Quelles sont les types d’aflatoxine ?


On distingue plusieurs types d'aflatoxines : les aflatoxines B1, B2, G1 et G2 qui se retrouvent dans
les aliments et les aflatoxines M1 et M2, qui sont des dérivés des aflatoxines B1 et B2,
respectivement et qui peuvent être détectées dans le lait maternel.

Quelles sont les conséquences de la consommation des aliments contaminés ?


La consommation d’aflatoxines peut causer de graves maladies, voire la mort, tant chez les humains
que chez les animaux (photo ci-dessous).

Poulets en bonne santé nourris avec des aliments Poulets nourris avec des aliments
de bonne qualité et sans aflatoxines contaminés aux aflatoxines

1
Chez l'homme, les aflatoxines altèrent la conversion alimentaire, détruisent le système immunitaire,
provoquent des retards de croissance, des déficiences physiques et mentales chez les enfants. On
estime que les aflatoxines sont responsables de 5 à 30 % des cancers du foie dans le monde, les taux
les plus élevés se situant en Afrique (30 %).

Quelles sont les quantités admises ou tolérées ?


Les aflatoxines sont extrêmement dangereuses même à des concentrations infimes. Dans la plupart
des pays, les normes stipulent que les cultures contenant plus de 20 parties par milliard (ppb) sont
dangereuses pour la consommation humaine. Dans certains pays, les limites sont fixées à 10 ppb,
alors que d'autres ont revu ces limites à 4 ppb, en particulier en Europe.
En rappel, un (1) ppb équivaut à 0,000000001kg dans 1kg, soit l’équivalent d’une (1) goutte d'eau
dans une piscine olympique.

Quelle est la situation qui prévaut au Niger ?


• De la présence des espèces toxigènes ?
Des collectes d’échantillons de maïs, de sorgho et d’arachide (418 échantillons, toutes espèces
confondues) montrent que l’aflatoxine est présente dans toutes ces cultures et dans toutes les
régions.
Il ressort que 100% des échantillons sont contaminés et qu’Aspergillus flavus est l’espèce la plus
prépondérante avec des taux de prévalence de 93,5 à 100%. Des quatre espèces d’Aspergillus
responsables de la sécrétion d’aflatoxine, seule l’espèce tamarii est absente (Tableaux 1, 2 et 3).
Notons toutefois que la présence de A aflatoiformans est inquiétante car cette espèce produit les
deux types d’aflatoxine.
Tableau 1 : Fréquence des espèces d’Aspergillus dans les échantillons de maïs en fonction des régions

A flavus A aflatoxiformans A parasiticus A tamarii


Dosso 99,8 0 0 0,2
Maradi 99,4 0,2 0 0,4
Zinder 99,5 0,3 0 0,2
Tillabéry 100 0 0 0
Tableau 2 : Fréquence des espèces d’Aspergillus dans les échantillons d’arachide en fonction des régions

A flavus A aflatoxiformans A, parasiticus A, tamarii


Dosso 93,5 6,5 0 0
Maradi 99,8 0 0 0,2
Zinder 99,8 0,2 0 0
Tillabéry 100 0 0 0
Tableau 3 : Fréquence des espèces d’Aspergillus dans les échantillons de sorgho en fonction des régions

A flavus A aflatoxiformans A, parasiticus A, tamarii


Dosso 100 0 0 0
Maradi 99,7 0,3 0 0
Zinder 100 0 0 0
Tillabéry 99,8 0 0 0,2
Niamey 100 0 0 0

2
• Des niveaux de concentration d’aflatoxine dans les cultures de l’arachide, du maïs et du
sorgho ?

Il ressort (figure 1) des concentrations inquiétantes. Pour le maïs, cette concentration va de 10 à


65 fois la dose tolérée, pour l’arachide elle va de 9 à 70 fois la dose tolérée et pour le sorgho, qui
semble être le moins contaminé, la concentration fait 3 à 22 fois la dose admise.

Prévalence de l'aflatoxine dans les échantillons de maïs, arachide et


sorgho dans les régions de Dosso, Maradi, Tillabéry et Zinder
800
COncentration aflatoxine

700
600
500
400
300
200
100
0
Dosso Maradi Zinder Tillabéry
Maïs 658,86 99,45 276,14 210,59
Arachide 627,48 343,9 702,65 89,89
Sorgho 28,43 35,27 223,55 79,39
Maïs Arachide Sorgho

Que faudrait-il faire ?


Le constat est amer, l’aflatoxine est présente partout au Niger et sur plusieurs cultures. Elle
constitue un véritable problème de santé publique.
Pour réduire la contamination par les aflatoxines, il est important de contrôler la propagation des
champignons producteurs d'aflatoxines aux stades vulnérables du développement des cultures.
Certaines souches d'A. flavus produisent des niveaux variables d'aflatoxines (parfois très élevés)
tandis que d'autres souches n’en produisent pas du tout (souches atoxigènes).
Les souches atoxigènes peuvent être utilisées comme agents de biocontrôle pour remplacer les
souches productrices de toxines. C’est à ce titre qu’Aflasafe, un produit de biocontrôle a été mis au
point. L'utilisation de produits Aflasafe permet de limiter de façon constante et efficace la teneur
en aflatoxines dans les cultures à des niveaux sécuritaires, et parfois de rendre les cultures exemptes
d'aflatoxines. Aflasafe s’applique aux cultures après semis, environ 2 à 3 semaines avant la floraison.
Lorsqu'il est correctement appliqué en association avec certaines bonnes pratiques agronomiques,
les souches Aflasafe s'associent à la culture et empêchent l’installation des souches de champignons
toxigènes offrant ainsi une protection permanente et de facto, la réduction de la teneur en
aflatoxines.

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