Arthrose Lombaire
Arthrose Lombaire
Arthrose Lombaire
Arthrose lombaire
Arthrose lombaire :
Perspectives thérapeutiques
R. ALLAT, A. MAMECHE, C. HAOUICHAT,
Service de Rhumatologie,
CHU Djilali Bounaâma, Douéra, Alger
Résumé
L’arthrose lombaire est une pathologie à constatation Abstract
radiographique avec expressions cliniques variables.
Lumbar osteoarthritis is a pathology with radiographic
Elle se définit par trois lésions élémentaires : le pince-
findings with variable clinical expressions. It is defined
ment discal, les ostéophytes et l’ostéocondensation des by three elementary lesions: disk space narrowing,
plateaux vertébraux. La compréhension des processus osteophytes endplates and osteocondensation. Unders-
physiopathologiques de la dégénérescence discale a tanding the pathophysiological processes of disc dege-
permis le développement de stratégies de médecine ré- neration has enabled the development of regenerative
génératrice : thérapie cellulaire et ingénierie tissulaire. medicine strategies: cell therapy and tissue engineering.
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Dossier
La lombarthrose est une pathologie à constatation ra- passe par des modifications génétiques ayant pour ob-
diographique avec expressions cliniques variables. Elle jectif de réactiver les signaux d'immaturité et de pro-
peut être soit asymptomatique soit d'expression locale lifération. Elles possèdent les propriétés des cellules
(lombalgie chronique, lombalgie aiguë ou lumbago), souches embryonnaires (CSE).
soit d'expression compressive radiculaire (lomboscia- Les cellules iPS pourraient constituer un tournant dans
talgie, cruralgie) soit responsable d'un tableau de syn- la stratégie de prise en charge de la dégénérescence dis-
drome de la queue de cheval qui s'explique par un canal cale. Ces cellules se sont révélées capables de synthéti-
lombaire rétréci secondaire à une lombarthrose. ser les composants de la matrice extracellulaire d’un NP
Cette pathologie invalidante est l'une des principales natif (protéoglycanes et collagène de type II) (4).
causes de handicap dans le monde. - Les cellules souches mésenchymateuses (CSM) : La
Les traitements actuels des douleurs lombaires sont basés multipotence des cellules souches mésenchymateuses
sur des traitements conservateurs ou chirurgicaux. (CSM) en fait des candidates prometteuses pour la mé-
Les découvertes récentes relatives à la physiopathologie decine. Ce sont les plus utilisées dans le développement
ont permis de constituer de nouvelles perspectives thé- d’applications thérapeutiques en rhumatologie.
rapeutiques à visée curative telle que la médecine régé- Elles produisent de nombreux facteurs solubles direc-
nératrice : thérapie cellulaire et ingénierie tissulaire (2). tement, ou par le biais de vésicules extracellulaires qui
Espace
Vertèbres ont des propriétés (prolifération cellulaire, immuno-
intervertébral
normal lombaires suppression, angiogenèse), exploitables en médecine
normales
Disque régénérative.
intervertébral Dans ce contexte, les CSM, principalement issues du
normal
tissu adipeux ou de la moelle osseuse, constituent une
Forces perspective intéressante. Différents modèles animaux de
compressives discarthrose ont été développés avec des résultats pro-
metteurs sur le ralentissement du processus dégénératif.
Ostéophyte, dit Les premiers essais cliniques ont également montré
"bec de perroquet"
l’intérêt des CSM, autologues ou allogéniques, avec une
Racines nerveuses
comrimées par des diminution de la douleur, mais la durée du suivi était
excroissances généralement limitée et la hauteur du disque n’était pas
Disque ostéo-articulaires
dégénératif
modifiée (5).
L’essai clinique européen RESPINE, en cours, évaluera
Figure 1 : Arthrose lombaire d’après Lefebvre ostéopathe l’efficacité à 2 ans des CSM de moelle osseuse allogé-
nique versus une procédure factice. Le projet européen
Thérapie cellulaire discale RESPINE, commencé en 2019 devrait apporter la réponse.
a. Les différents types cellulaires Il est fondé sur une injection unique, au sein même du
• Les cellules du nucleus pulposus (NP) disque intravertébral du patient, de cellules souches mé-
et les chondrocytes articulaires senchymateuses (CSM), provenant de dons de moelle
osseuse. Ces CSM sont à même de produire des cellules
Le principe est donc la mise en culture de chondrocytes
appartenant au tissu squelettique comme les os et le
matures prélevés chez le receveur pour être réinjectés au
cartilage, avec l'espoir de restructurer ainsi le disque
niveau de la perte de substance cartilagineuse, l’injec-
intervertébral.
tion de ces cellules a permis de restaurer l’intensité du
Cent douze patients dont plus de 40 Français ont fait
signal en T2 à l’IRM reflétant une amélioration de l’état
l’objet d'un suivi dans neuf centres européens (quatre
d’hydratation discal. Aujourd’hui, la pertinence de l’uti-
en France, trois en Espagne, un en Italie et un en Alle-
lisation de chondrocytes est remise en question pour
magne) ; en réalisant des imageries par résonance ma-
la médecine régénératrice du DIV. Dans ce contexte,
gnétique (IRM), et en répondant à des questionnaires
l’utilisation d’autres types cellulaires a été envisagée (3).
réguliers (figure 2). Seules des personnes âgées de moins
• Les cellules souches de 60 ans, et présentant une atteinte modérée d'un seul
- Les cellules induced pluripotent stem (iPS) : ce sont des disque sont incluses dans l'essai. Les résultats sont
cellules adultes « reprogrammables, cette reprogrammation attendus fin 2020.
Donor eligibility
tests Bone marrow aspiration GMP Cell culture/ expansion
Harvest
banking
Drug Order
Filling/
Clinical injection site BM-MSC
Release
testing
Figure 2 : Le projet RESPINE porte sur le développement d’une thérapie régénérative par injection de cellules souches
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