Analyse Economique Et Evaluation Des Projets
Analyse Economique Et Evaluation Des Projets
Analyse Economique Et Evaluation Des Projets
: Dr AWONO
Dans le but de générer un maximum, de profit, les entreprises s’attachent très souvent à
entreprendre des projets qui correspondent à la finalité et à la stratégie définie par les dirigeants.
Cela implique un processus décisionnel au cours duquel le ou les promoteurs se donnent pour
objectif de retenir un ensemble de projets qui satisfait les contraintes physiques et stratégiques.
Cet ensemble de projets appelé portefeuille de projet présente une activité aussi déterminante que
complexe. Elle requiert l’analyse économique, l’évaluation et une sélection sur la base des
critères objectifs en rapport avec les cycles du projet. On a donc très souvent recourt à des outils
mathématiques extrêmement performent qui permettent d’avoir une solution optimale en un
temps raisonnable.
Le présent cours se propose dans cette perspective de mettre en avant les notions fondamentales
en analyse économique des projets(I), de présenter les outils d’évaluation économiques(II) et
enfin de présenter les outils d’évaluation financière et de sélection des projets.
Cas pratique
Dans la localité de NKOL-KAII par sa’a, un jeune entrepreneur se donne pour objectif de
produire et de commercialiser du miel sur 03 ans. Apres une étude de marché et une étude de
faisabilité technique, l’analyse économique du projet a produit les éléments suivants :
Programme des investissements :
Charges immobilisés : frais d’établissement et homologation de la ferme
Immobilisations corporelles : ruches, gants, vareuses
NB : utiliser les prix de la mercuriale de prix
Travail : estimation du coût unitaire en prenant en compte le taux de marge
III. DELECTION DES PROJETS SPECIFIQUES
Etymologiquement, un projet spécifique d’investissement peut se définir comme tout projet
de réalisation d’un nouveau moyen de production ou d’un ouvrage destiné à accroitre la capacité
ou la productivité des moyens existants. Un tel projet est donc de nature à contribuer à
l’amélioration des conditions économiques et sociales de la collectivité dans laquelle il sera
réalisé.
Le qualificatif spécifique est utilisé ici de manière à préciser que le moyen de production ou
l’ouvrage projeté constitue en soi une unité économique pouvant avoir une autonomie technique
et financière dont on ne saurait retirer une partie sans en modifier fondamentalement l’objet.
C’est le cas par exemple de création d’un nouvel instrument de production ou de transformation
(usine d’engrais, transformation ou conditionnement des produits agricoles, installations minière,
etc.), de la création d’ouvrages permettant d’accroitre certaines productions (barrages et réseaux
d’irrigations), ou de la création ou l’aménagement des voies de communication.
Pour être rationnel, les projets spécifiques devraient s’insérer dans les programmes
d’investissement. Lesquels représentent un ensemble coordonné de projets spécifiques s’étendant
dans l’espace et dans le temps et mettant en œuvre un certain nombre de techniques qui tendent à
réaliser des objectifs particuliers de développement. Aussi, ces projets spécifiques devraient
s’adosser à des plans de développement. Lesquels comprennent un ou plusieurs ensembles de
programmes et visent des objectifs généraux de développement pour tout un pays ou tout au
moins pour une localité.
Les projets spécifiques d’investissement tendent dans cette perspective vers des buts
circonscrits et précis. Le problème est alors d’évaluer l’utilité ou l’intérêt économique que
représente la réalisation du projet. Ainsi parmi les principaux critères d’évaluation économique
et financière, on peut distinguer :
La rentabilité financière du projet,
Les coûts et bénéfices collectifs
L’annualisation des investissements
La création d’une économie d’emploi
La rentabilité relative comparée aux autres projets possibles
Les effets sur la balance de payement
Toutefois avant d’exposer ces différentes méthodes, il est nécessaire de souligner pour un
bon départ que toutes les analyses reposent sur un certain nombre d’hypothèse de travail. On doit
donc partir des prévisions de base quant à l’évolution générale, sectorielle, régional, national de
l’économie et même mondial. A cet effet, parmi les hypothèses particulières à retenir, figure
celle concernant les prix des matières, des services et de la main d’œuvre. Ces éléments sont
essentiel dans le calcul des coûts et des recettes et il est nécessaire soit de supposer qu’ils
demeureront constants pendant toute la durée envisagée soit de faire des prévisions relatives à
leur évolution. Outre ces deux dernières hypothèses, un autre élément important est le choix du
taux d’intérêt à long terme : celui-ci dépend de la nature des activités auxquels les prêts sont
destinés, des risques particuliers de solvabilité que le projet peut comporter, et de la situation du
marché financier.
Une dernière étape préliminaire reste à franchir. C’est celle de sa description détaillée.
Autant que possible, l’analyse économique doit disposer d’une description touchant les aspects
non seulement d’ordre économique, mais également d’ordre technique et le cas échéant d’ordre
géographique ou démographique.
1. La rentabilité des investissements
Venons-en à l’analyse de la rentabilité financière d’un projet d’investissement. Elle est
identique à celle que doit faire tout chef d’entreprise lorsqu’il procède à une nouvelle
immobilisation : achat ou transformation d’installations ou équipements. Il faut comparer les
coûts liés à l’acquisition, la transformation des biens de production ou leur exploitation, aux
recettes que l’on pourra en retirer. Si au total les recettes sont supérieures au coût alors
l’opération est rentable. Elle ne l’es pas dans le cas contraire.
La principale difficulté dans cette analyse réside dans le fait que les dépenses et les recettes
s’étales sur de longues périodes de temps et qu’il faut rendre comparable les sommes d’argent
payées ou reçu à des éco pouvant être très distantes les unes des autres. En dehors de l’utilisation
des indices de prix, pour tenir compte des variations du pouvoir d’achat de la monnaie, 04
méthodes sont employées pour surmonter la difficulté due à l’étalement des échéances : LE
rendement annuel moyen, la valeur actuelle nette (VAN), le taux de rentabilité interne (TRI), et
le critère du temps de récupération de l’investissement en valeur actualisé ou non.
En fait, elles sont sensiblement équivalentes bien que les calculs revêtent des aspects
différents.
1.1. Méthode du rendement annuel moyen
Elle consiste à évaluer pour une année moyenne la somme des recettes produites par
l’investissement projeté et la somme des dépenses occasionnés par celui-ci (cash-flow). La
différence entre ces deux montants est divisée par le capital investi pour obtenir le taux de
rendement de celui-ci.
TRM=
∑ RECETTES−∑ DEPENSES
capital investi
L’actualisation a un taux d’intérêt i d’une somme Sk versée à une période k, se calcule par la
formule :
Sk
Valeur actuelle=
(1+i)
Il s’ensuit que le bénéfice total actualisé est donné par la formule
VAN=
Avec Rk et Dk désignant respectivement les recettes et les dépenses de l’année k.
Exemple : un investisseur envisage la production d’une unité de production des chaussures. Une
étude de marché a permis d’obtenir les informations suivantes :
Coût de l’investissement : 6000000UM
Durée projet 5 ans
Ventes : 20000 paires de chaussure la première année puis une augmentation de 10% par
ans
Prix de vente : 110UM la première année puis une augmentation de 10% par an
Coût de production : 42UM par paire
Taux d’actualisation 10%
Taux d’impôts sur les bénéfices : 35%
Pour calculer la valeur actuelle nette, il faut déterminer, pour chaque année, les recettes, les
dépenses, et les flux de trésorerie. Le tableau ci-dessous regroupe tous ces éléments
Recettes= montant des ventes= prix x quantités vendues
Dépenses= ventes x coût de production
cout d ' investissement
Amortissements= .
durée de l' investissement
Résultat avant impôt= recettes – dépenses – amortissements
Impôt= résultat x taux d’imposition
Résultat après impôts = résultat avant impôts – impôts
Flux de trésorerie ( Rk - Dk )= résultat après impôts + amortissements
R K−¿
VAN=∑ ¿
❑
Année 0 1 2 3 4 5
ventes 20 000,00 22 000,00 24 200,00 26 620,00 29 282,00
prix de vente 110,00 121,00 133,10 146,41 161,05
4 715
recettes 2 200 000 2 662 000 3 221 020 3 897 434 895,38
dépenses 6 000 000 840 000 924 000 1 016 400 1 118 040 1 229 844
amortissement 1 200 000 1 200 000 1 200 000 1 200 000 1 200 000
-6 000 160 538 1 004 1 579 2 286
résultat avant impot 000,00 000,00 000,00 620,00 394,20 051,38
188 351 552 800
impots 56 000,00 300,00 617,00 787,97 117,98
104 349 653 1 026 1 485
résultat après impoots 000,00 700,00 003,00 606,23 933,40
1 200 1 200 1 200 1 200 1 200
amortissement 000,00 000,00 000,00 000,00 000,00
-6 000 1 304 1 549 1 853 2 226 2 685
flux de tresorerie 000,00 000,00 700,00 003,00 606,23 933,40
-6 000
flux actualisé 000,00
VAN -6 000 000
1.3. LE TRI
Tout comme la VAN, le TRI est un critère d’analyse des investissements actualisés. En effet,
il représente le taux de rentabilité qui annule la VAN (VAN(TRI)=0) de tous les cash-flows
aboutissant de l’analyse économique et financière d’un projet. En d’autres termes, c’est le taux
qui permet à l’investisseur de récupérer le taux de l’investissement sur la durée du projet. Sa
comparaison avec la VAN présente alors les observations suivantes :
LORSQUE la VAN est positif, le TRI est plus grand que le taux d’actualisation.
Lorsque la VAN est négatif, le TRI est plus petit que le taux d’actualisation.
La directive de décision avec le TRI est alors d’approuver un projet lorsque le TRI est
supérieur au taux d’actualisation. En d’autres termes, lorsque la VAN est positive ou nul. Le rejet
d’un projet apparaissant dans le cas contraire. Du coup, pour plusieurs projets, l’investissement
dont le TRI est le plus élevé est considéré comme le plus rentable.
Pour le déterminer, il faut trouver deux taux d’actualisation T1 ET t2 tel que VAN (t1)>0
et VAN (t2) <0
On le détermine alors par interpolation linéaire en application la formule suivante :
0−VAN ( t 1)
TRI= t1 + (t2-t1) x
VAN ( t 2 )−VAN (t 1)
Le concept du tri est le plus attractif. En effet, il peut être considérer comme une mesure
de la profitabilité. Par conséquent avec l’avènement des micro-ordinateurs le TRI est le plus
utilisé comme critère de décision.la valeur du TRI appliqué comme seuil d’admissibilité est
dépendante du type de projet, du profil, des risques, de l’emplacement, etc. dans les pays en
développement par exemple, les valeurs de seuil d’admissibilité appliqués par le banques
internationales de développement se situent d’habitude (en termes réel) entre 8 et 15%.
Exemple : un investissement suppose une dépense initiale de 225000 UM. Cet
investissement permettra pendant 06 ans des flux de trésorerie respectifs de 60000 UM, 60000
UM, 55000UM, 55000UM, 45000 UM, et 75000 UM.
Déterminez la VAN pour t1=14% et t2=14,5%
En déduire la valeur du TRI
SOLUTION
AU TAUX DE 14% on a VAN(0,14)=1028,06
Au taux de 14,5% on a VAN(0,145)=-2044,41
−1028,06
Par conséquent, on a TRI= 14+ (14.5-14) x = 14,17%
−2044,81−1028,06
∑ F k =∑ ¿ ¿)>0
k=0 k=0
La décision de réalisation d’un projet est dans ce cas la définition d’un temps de
récupération maximum de référence.
NB : le temps de récupération du capital en valeur actualisé est toujours préféré au temps de
récupération du capital en valeur non actualisé.
Exemple : Une entreprise envisage un investissement qui pourra être exploité pendant 05 ans. Le
coût initial de cet investissement est de 100000UM. Les flux de trésorerie prévisionnels sont
estimés à 50000UM la première année, 40000 UM la deuxième année, 30000 la troisième année,
20000 la quatrième année et 10000 la cinquième année.
Déterminer la durée de retour sur investissement en valeur non actualisé et actualisé au taux de
10%.
Solution :
Année flux non actualisé cumul de flux non actualisé flux actualisé cumul de flux actualisé
0 -100,000 -100,000 -100,000 -100,000
1 50,000 -50,000 45,454.545 ###
2 40,000 -10,000 33,057.851 ###
3 30,000 20,000 22,539.444 1,051.841
4 20,000 40,000 13,660.269 14,712.110
5 10,000 50,000 6,209.213 20,921.323
2 ans +10000/30000*12 de manière non actualisé= 2ans 4mois
1.5. analyse des coûts et des bénéfices collectifs (projet sociaux)
Sur le plan de l’intérêt collectif, l’évaluation économique d’un projet ne doit pas se limiter à
l’étude de sa rentabilité financière. Ici les dépenses et les recettes se mesurent en termes de
dépenses total de la collectivité et aussi en revenu de celles-ci. En d’autres termes, en éléments
constituants du revenu national (ou régional) ou mieux, en éléments constituant du produit
national ou régional brut. Il s’agit en fait des valeurs ajoutées au sens de la comptabilité
nationale. Cette comptabilité constitue le cadre conceptuel dans lequel doit se situer toutes
évaluations sur le plan de l’intérêt collectif, de même que la comptabilité d’entreprise est le cadre
dans lequel se situe l’évaluation de la rentabilité privé d’un projet. Il y aura lieu de prendre en
considération les dépenses et les revenus directs. Autrement dit, ceux qui sont liés directement à
la réalisation et à l’exploitation de l’opération projeté. De même qu’également, les dépenses et
les revenus indirects et induis.
Les dépenses directes comprennent :
LES dépenses d’investissement, c’est-à-dire le coût proprement dit du projet et les
dépenses d’entretien et d’exploitation souvent appeler dépenses associées ;
Les dépenses et les revenus indirects, qui sont ceux qui ont trait à des activités rendus
possibles par la réalisation du projet en cause ; et les effets induis qui sont ceux causés
par l’accroissement du revenu national ou régional dus à la réalisation du projet. A titre
d’exemple, si le projet étudié est celui d’un barrage et de l’aménagement d’une zone à
irriguer, des dépenses directes comprennent celles de la construction et de l’entretien du
barrage, d’une centrale hydro-électrique, du réseau de distribution de l’électricité, et du
réseau de canaux d’irrigation. Les revenus directs sont constitués par la valeur de
l’énergie électrique produite et le montant de redevance payé par les utilisateurs de l’eau
distribué par les canaux. Les dépenses indirectes sont constituées par les aménagements
réalisés dans les exploitations agricoles intéressés par l’irrigation, et par exemple, par
l’installation d’une usine d’engrais utilisant le courant produit par la centrale. Elle
pourrait également être constituée de l’accroissement des valeurs ajoutées de
l’exploitation agricole. Les revenus induis seront pour leur part, ceux qui proviendront
des dépenses réalisées dans le département du fait de l’accroissement des revenus dont
bénéficient les agriculteurs, les exploitants de la centrale électrique, du réseau d’irrigation
et de l’usine d’engrais. Ces dépenses tendent à accroitre les revenus de toute une série de
producteurs et de commerçants lesquels à leurs tour provoqueront d’autres effets induits.
Dès lors, comme dans le cas de l’évaluation de la rentabilité financière d’un projet,
l’analyse des coûts et bénéfices collectifs peut se faire soit par la méthode du rendement
annuel soit par celle d’actualisation. La méthode rendement annuel conduit ici à établir le
revenu annuelmoyen produit
rapport R= ou encore R=
capital investi
accroissement du produit national brut
capital investi
1
Son inverse qui représente l’intensité du capital du projet renseigne sur le capital
R
nécessaire pour produire un accroissement de revenu égal à une unité.
En revanche, la méthode d’actualisation elle conduit à déterminer le bénéfice total
actualisé (∑ revenus actualisé−∑ dépensesactualisée ¿ ¿ , ainsi que le rapport rentre ce
bénéfice et les investissements.
benefices total actualisé
R=
somme des investissements actualisés
Il faut noter que la somme des revenus actualisé représente l’accroissement su produit dû
à la réalisation des équipements projetés diminués de la production que les mêmes agents
économiques auraient réalisés sans les nouveaux équipements.
2. Annualisation des investissements
Pour certains projets, il convient souvent de connaitre le cout annuel d’un équipement
caractérisé par une durée de vie de plus d’une année. C’est notamment le montant fixe
(l’annuité) qu’il faut reverser à la fin de chaque année à partir de sa mise en place pour être
capable de remplacer l’équipement en question après sa durée de vie. On appelle la
procédure de calcul d’un tel montant l’annualisation d’un investissement.
Supposons que l’équipement ait une valeur de marché I et une durée de vie de n années. La
formule pour obtenir l’annuité A est donné par :
IXi
A= −n
1−(1+i)
i
Dans cette formule, le facteur −n est appelé facteur de recouvrement. En effet, il
1−(1+i)
représente la dépense annuelle fixe sur une période de n années, ayant une valeur actuelle
d’une unité monétaire pour un taux d’intérêt de i%. Il faut préciser que I désigne
l’investissement net ou la valeur d’origine de l’équipement. Toutefois, il existe des tables
financières sur lesquels on peut facilement lire la valeur applicable d’un facteur.
Exemple : un véhicule de projet a une valeur initiale de 9000000 FCFA. Pour un taux
d’actualisation de 10%, calculer le montant à mettre de côté chaque année pour un
remplacement ou nouvel achat après 12 années d’utilisation. Suivant la table statistique, on
rappelle que le facteur de recouvrement correspondant est égal à 0,14673311. Par
conséquent,
Q=9000000*0,14673311=1320869,802 FCFA
Dans ce contexte, en fonction de facteurs économiques s’y rapportant, la vie économique
d’un équipement peut être plus courte que sa vie technique. A cet effet, si les coûts
d’utilisation par unité de service d’un équipement deviennent plus chers que l’annuité,
l’équipement présent doit être déclassé.
3. Effet sur la balance de payement
EXERCICES1.
Un investissement suppose une dépense de 225000FCFA régler comptant et permettrait pendant
06ans des recettes supplémentaires net de 60000 a l’année 1 et 2, 55000 a l’année 03 et 04, et
45000 années 05 et 06. Valeur net de récupération 30000
Calculer le taux de rentabilité interne correspondant à ces données
Solution :