Mort en Marche
Mort en Marche
Mort en Marche
Il est clair que vivre ainsi ne laisse que très peu d'espace pour que l'ego s'exprime
au travers de notre pensée, de notre sentiment ou de nos gestes et paroles.
Ainsi privé de la possibilité de se manifester dans un des centres de la machine
humaine, l'ego ne reçoit plus de nourriture et commence à s'affaiblir et à mourir de
faim.
Mais la plupart des ego sont toujours présent dans notre psychisme, ils rôdent
comme des voleurs et attendent la moindre occasion pour se manifester.
L'EGO cherche toujours à se manifester, d'une façon ou d'une autre.
Et si ce n'est pas cet ego, ce sera un autre et encore un autre...
Car nous savons que nous avons des milliers d'ego.
Il est ainsi tout à fait logique que parmi tous ces ego certains arrivent à déjouer
notre vigilance pour se manifester.
Un seul instant d’inattention ou de distraction, et déjà une pensée surgit, une
émotion ou peut-être une simple réaction du corps, une impulsion, un geste, une
mimique, etc.
Mais si nous sommes vigilant, dans cet effort de rester dans l'instant présent, en
rappel de soi, nous allons nous en apercevoir tout de suite ; et ce sera comme prendre
un voleur la main dans le sac.
On ne l'avait peut-être pas vu venir, mais là, l’ego est pris en flagrant délit.
C'est ainsi que l'on va surprendre l'ego qui a cherché à nous tromper, à voler
notre énergie.
C'est ainsi que l'on va pouvoir demander à notre Mère Divine d'éliminer cet
intrus qui s'est découvert en s’exprimant par une simple pensée, ou une émotion
quelconque, ou un simple geste ou une posture du corps.
1
L'importance de rester vigilant pour la mort psychologique
Pour cela il est très important de ne pas s'identifier aux événements, aux
circonstances, à ce que les personnes disent ou font.
Il faut apprendre à rester neutre, à ne pas réagir, pour se concentrer sur la
réaction intérieure.
L'ego est sorti de l'ombre de notre psychisme, il s'est mis à découvert en rentrant
dans un des centres de la machine humaine et nous l'avons surpris.
Cela nous a alerté et nous en profitons pour devenir encore plus alerte et vigilant,
cherchant avec le sens de l'auto-observation à découvrir plus précisément qui est cet
intrus, pour en capter la réalité.
2
L'importance de ne pas raisonner pour la mort psychologique
On ne va pas chercher à donner un nom à l'ego, ni à qualifier cet EGO pour savoir
si c'est de la colère, de l'envie, de la luxure, de l'orgueil ou autre.
Il ne sert à rien de se laisser aller à un jugement de type : « ha c'est la colère », « je
sens que c'est l'envie », « je pense que c'est l’orgueil », etc. etc.
Il ne faut ni raisonner, ni émettre de jugement :
il faut rester silencieux, profondément silencieux, émotionnellement
neutre, impassible, tranquille, profondément tranquille et observer, juste
observer.
Et dans le même temps où l’on perçoit l'ego et que l'on comprend intuitivement
qui il est, on sent quelque chose, comme une sorte de remord ou peut-être de honte,
en tout cas un sentiment que l'on va traduire par un appel à notre Béni Mère Divine
pour qu'avec son feu, Elle brûle cette chose indéfinissable et indésirable qui est
apparu en nous.
Pourquoi on demande à notre Mère Divine ?
Parce que c'est uniquement son pouvoir électrique ou igné (de feu) qui peut
détruire l’Ego.
On demande la mort, l’élimination radicale de cet élément car c'est ce que notre
conscience alerte et vigilante ressent.
Comment faire pour que la conscience ressente cette nécessité d’éliminer l’ego ?
Grâce à ce travail pour rester à distance de l'ego, ne pas s'identifier à lui, et rester
un observateur serein, sans réaction.
3
Qu'est-ce qui permet la COMPRÉHENSION de l'EGO ?
La mort psychologique d'instant en instant nous place face à ce que nous sommes
intérieurement, sans y succomber.
On ne peut pas éliminer l'ego si on le laisse agir en nous. Car c'est là qu'il se
nourrit et prend de la force.
Et il ne faut pas non plus le justifier, le raisonner, lui trouver des excuses ou
chercher à le comprendre.
L'observation directe (ou auto-observation) est suffisante pour que la conscience
capte la signification de l'ego.
C'est le travail de la conscience en état d'alerte nouveauté qui nous donne la
connaissance intuitive et instantanée de l'ego.
Ce n'est donc pas l'intellect ou les informations de notre mémoire qui vont nous
aider dans ce cas présent. Il ne faut pas chercher à penser, il faut juste être attentif.
La mort en marche permet d'éliminer les ego les plus faibles ou d'affaiblir les EGO
plus forts que l'on va pouvoir ensuite retrouver dans notre méditation sur la
rétrospection des événements marquant ou problématiques de la journée.
Dans tous les cas, il est primordial de prier notre Mère divine.
4
L'importance de la prière dans le travail de mort psychologique
5
Il n’est pas nécessaire d’utiliser une formule spécifique pour
prier notre Mère divine intérieure. Nous devons être très naturels
et très simples en nous adressant à Elle. L’enfant qui s’adresse à
sa mère n’use jamais de formules spéciales, il dit ce qui sort de
son cœur et c’est tout.
Aucun moi ne peut être dissout instantanément ; notre Divine
Mère doit travailler et même souffrir énormément avant de parvenir
à l’annihilation de n’importe quel moi.
Devenez introvertis, dirigez votre prière vers le dedans,
cherchant dans votre intérieur votre Dame divine ; parlez-lui en
lui adressant de sincères supplications. Implorez-la de désintégrer
ce moi que vous avez au préalable observé et jugé.
Le sens de l’auto-observation intime, au fur et à mesure qu’il
va se développer, vous permettra de constater l’avance progressive
de votre travail.
Compréhension et discernement sont fondamentaux, cependant il
faut quelque chose de plus si, réellement, nous voulons désintégrer
le moi-même.
Le mental peut s’offrir le luxe d’étiqueter n’importe quel
défaut, de le faire passer d’un département à un autre, de
l’exhiber, de le cacher, etc., mais jamais il ne pourrait l’altérer
fondamentalement.
Il est nécessaire de recourir à un « pouvoir spécial »
supérieur au mental, à un pouvoir flammigère capable de réduire en
cendres n’importe quel défaut.
Stella Maris, notre Divine Mère, a ce pouvoir, elle peut
pulvériser n’importe quel défaut psychologique.
Notre Mère divine vit dans notre intimité, au-delà du corps,
des affects et du mental. Elle est, par elle-même, un pouvoir igné
supérieur au mental.
Notre Mère cosmique particulière, individuelle, possède
Sagesse, Amour et Pouvoir. En elle existe une absolue perfection.
Les bonnes intentions et la répétition constante des mêmes
formules ne servent à rien, ne conduisent à rien.
Il ne servirait à rien de répéter : « je ne serai pas luxurieux
» ; les moi de la lascivité de toute manière continueraient
d’exister dans la profondeur même de notre psychisme.
Il ne servirait à rien de répéter quotidiennement : « je
n’aurai plus de colère ». Les moi de la colère continueraient
d’exister dans nos profondeurs psychologiques.
Il ne servirait à rien de dire quotidiennement : « je ne serai
6
plus cupide ». Les moi de la convoitise continueront d’exister dans
les divers tréfonds de notre psychisme.
Il ne servirait à rien de nous retirer du monde et nous
enfermer dans un couvent ou vivre dans quelque caverne ; les moi à
l’intérieur de nous continueront d’exister.
Certains anachorètes vivant dans des cavernes sont parvenus, au
moyen de rigoureuses disciplines, à l’extase des saints, et furent
transportés aux cieux, où ils virent et entendirent des choses
qu’il n’est pas donné aux êtres humains de comprendre ; néanmoins,
les moi ont continué d’exister dans leur monde intérieur.
Incontestablement, l’Essence peut s’échapper du moi, à l’aide
de rigoureuses disciplines, et jouir de l’extase, mais après le
moment de bonheur, elle retourne à l’intérieur même du moi.
Ceux qui se sont accoutumés à l’extase, sans avoir dissout
l’égo, croient qu’ils ont déjà atteint la libération, mais ils
s’automystifient, se croyant des Maîtres jusqu’à ce qu’ils entrent
dans l’involution submergée.
Jamais nous ne nous prononcerions contre le ravissement
mystique, contre l’extase et la félicité de l’âme en l’absence de
l’égo.
Nous voulons seulement souligner la nécessité de dissoudre les
moi pour atteindre la libération finale.
L’Essence de tout anachorète discipliné, habituée à s’échapper
du moi, répète le même exploit après la mort du corps physique,
jouit pour un temps de l’extase et ensuite revient, comme le génie
de la lampe d’Aladin, à l’intérieur de la bouteille, à l’égo, au
moi-même.
Il ne lui reste plus alors d’autre recours que de retourner à
un nouveau corps physique, dans le but de répéter sa vie sur le
tapis de l’existence.
Plusieurs mystiques qui se sont désincarnés dans les cavernes
de l’Himalaya, en Asie Centrale, sont maintenant des personnes
vulgaires, communes et courantes, dans ce monde-ci, en dépit du
fait que leurs suiveurs les adorent et les vénèrent encore.
Toute tentative de libération, aussi grandiose qu’elle soit, si
elle ne tient pas compte de la nécessité de dissoudre l’égo, est
condamnée à l’échec.
Paz Inverencial. »
V.M. SAMAEL AUN WEOR , Traité de Psychologie Révolutionnaire
(1975), extrait du chapitre 32