Préparer Un Cours Tome 1
Préparer Un Cours Tome 1
Préparer Un Cours Tome 1
5e édition 2014
www.esf-editeur.fr
ISBN 978-2-7101-2966-0
ISSN 1158-4580
Alain Rieunier
Préparer un cours
Tome 1
Applications pratiques
Issy-les-Moulineaux
Pédagogies
Collection dirigée par Philippe Meirieu
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
Première partie
La pédagogie « traditionnelle »
Les techniques de base
Deuxième partie
La pédagogie par objectifs
Première manière
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .90
Chapitre 7 : Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs . . . . .92
Leçon 3. L’analyse logique d’une phrase en propositions
(Élèves de cycle III et de collège) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .94
Leçon 4. L’adjectif qualificatif (Élèves de CM2/6e) . . . . . . .105
7
Table des matières
Troisième partie
La pédagogie par objectifs
Seconde manière
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .118
Chapitre 8 : Enseigner un principe, une loi, une règle.
La méthode IPNETP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120
Leçons 5. Le courant induit (Élèves de seconde) . . . . . . . . .123
Quatrième partie
Méthodologie
Cinquième partie
Un espace transitionnel
Sixième partie
Le module de formation individualisée
8
Table des matières
Septième partie
La pédagogie différenciée
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .254
Chapitre 17 : Préparer une leçon en pédagogie différenciée successive
basée sur le travail en petits groupes.
La démarche dialectique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .256
Leçon 10. La dévaluation (Élèves de terminale) . . . . . . . . . .259
Chapitre 18 : Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée.
Schème, assimilation, accomodation, équilibration . . . . . . .267
Leçon 11. L’apprentissage selon Piaget
(Enseignement supérieur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .268
Huitième partie
Les objectifs essentiels
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .312
Index des noms propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .324
Index des notions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .325
9
Si un individu doit apprendre à sauter,
c’est lui qui doit sauter, pas son entraîneur.
Remerciements
13
Avant-propos
15
Avant-propos
Ces deux ouvrages correspondent, à quelque chose près, à ceux que j’aurais
aimé trouver lorsque j’ai commencé à enseigner ; ils ont été conçus pour pou-
voir être lus séparément, en même temps ou dans n’importe quel ordre, afin de
s’adapter, autant que faire se peut, à la multiplicité des manières d’apprendre qui
rend si difficile le métier d’enseignant.
16
1
Préparer un cours, c’est concevoir une pièce de théâtre dans laquelle l’auteur (en
même temps scénariste, metteur en scène et acteur principal) tente de faire jouer
à des partenaires imprévisibles une pièce qu’ils ne connaissent pas et pour
laquelle ils ne témoignent a priori d’aucun intérêt particulier.
C’est cette dimension « non maîtrisable » qui fait le charme de ce projet extra-
vagant : réussir une leçon grâce ou malgré des acteurs témoignant au mieux
d’une neutralité bienveillante vis-à-vis des préoccupations du metteur en scène.
Ces acteurs, il faut les gagner à votre cause, les faire entrer dans des rôles pour
lesquels ils n’ont pas nécessairement une attirance spontanée, vous en faire des
alliés, en un mot les motiver, les captiver, les faire participer, car sans leur aide
votre projet est condamné.
Chose étonnante, des centaines de milliers d’enseignants résolvent quotidienne-
ment ce délicat problème de manière à peu près satisfaisante mais demeurent
tout de même insatisfaits. Fruit d’une construction essentiellement empirique,
leur démarche personnelle de « préparation de leçon » leur paraît toujours un
peu fruste, rustique, naïve, primitive, aussi souhaiteraient-ils pouvoir la compa-
rer à un modèle « canonique » proposé par les spécialistes, ne serait-ce que pour
pouvoir s’en démarquer.
Malheureusement, les supposés spécialistes de la chose : inspecteurs, psychopé-
dagogues et autres chercheurs en sciences de l’éducation, demeurent terrible-
ment prudents et particulièrement discrets sur ce sujet.
Comment préparer un « cours » de manière efficace ?
est donc la question à laquelle je vais tenter de répondre dans cet ouvrage.
17
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
Dans ce cadre de référence, la pédagogie est définie comme « une action visant
à faciliter les apprentissages », et cinq éléments me paraissent essentiels pour
concevoir une situation pédagogique efficace :
• Les deux éléments clefs de l’efficacité de l’action :
– des objectifs clairs ;
– des boucles de rétroaction (boucles de retour d’information) fréquentes et
variées.
• Les trois éléments clefs de toute activité d’apprentissage réussie :
– l’activité de l’apprenant ;
– la motivation pour l’action qui dépend essentiellement du SENS que celui
qui apprend peut donner ou non à la situation ;
– l’aptitude de l’apprenant à « piloter » ses propres opérations mentales.
Les pédagogies qui prennent sérieusement en compte ces cinq éléments sont les
pédagogies dites par objectifs : pédagogie de la maîtrise, pédagogie différenciée,
formation individualisée 3.
1. Les termes techniques que j’utiliserai dans cet ouvrage seront généralement explicités dans une note de bas
de page ou dans le corps du texte. Pour le lecteur qui souhaiterait des explications plus complètes voir
Raynal F., Rieunier A., Pédagogie, dictionnaire des concepts clés, ESF éditeur, 2011.
Instructional design : courant de la recherche aux États-Unis qui tente de découvrir, s’ils existent, les prin-
cipes de l’enseignement efficace et cherche à répondre à trois questions :
– que sait-on de l’apprentissage humain qui soit pertinent pour l’enseignement ?
– comment ce corps de connaissances doit-il être organisé pour être utilisé par des concepteurs pédagogiques ?
– quelles procédures doit-on suivre pour appliquer les connaissances relatives à l’apprentissage humain au
« design » de l’instruction ?
2. Pour plus de détails, voir Préparer un cours, tome 2, chap. 2.
3. Voir cet ouvrage chap. 2.
18
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
En conséquence, les leçons que je vous présenterai seront basées, sauf excep-
tion, sur quatre grands principes :
– Provoquer l’activité de l’apprenant ;
– Motiver (donner du sens) ;
– Définir des objectifs pédagogiques généralement comportementaux ;
– Fournir des feed-back fréquents et argumentés, en utilisant aussi souvent que
possible l’évaluation formative, et l’évaluation formatrice 4.
La taxonomie (classification)
des apprentissages de Gagné 5
Pour Gagné, tous les enseignants, quelle que soit leur matière d’enseignement,
enseignent la même chose ; ils enseignent :
1. Des faits
4. Évaluation formative : évaluation visant à informer l’apprenant et l’enseignant du degré d’atteinte des
objectifs. On ne met jamais de note à une évaluation formative.
Évaluation formatrice : évaluation visant à faire construire par l’apprenant, en amont de l’action, les critères de
performance du comportement attendu. Voir un exemple d’évaluation formatrice, p. 53-57.
5. Pour une présentation plus détaillée voir Préparer un cours, tome 2, chap. 3.
19
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
2. Des concepts
Si je classe ces trois termes dans la même catégorie, ce n’est pas parce qu’ils
sont synonymes, c’est parce que les stratégies pédagogiques à mettre en œuvre
pour les enseigner sont identiques ou au moins très proches.
Un principe est la mise en relation de concepts. Il en va de même pour les lois et
les règles.
Pour calculer l’aire d’un rectangle il faut multiplier sa longueur par sa lar-
geur.
En général, lorsqu’un pays dévalue sa monnaie, le niveau de vie de ses habi-
tants diminue et ses exportations augmentent.
Lorsque les concepts, principes, lois, règles, sont intégrés à la mémoire d’un
individu ils deviennent des opérateurs cognitifs.
Une procédure est une suite d’actions à effectuer dans un ordre déterminé, dans
le but de résoudre une catégorie de problèmes. Une méthode est une procédure.
Une procédure se présente généralement sous la forme suivante :
Si dans la situation (x) on veut obtenir le résultat (y), faire :
1°
2°
etc.
Exemples de procédures :
– Concevoir un exposé.
– Préparer une leçon visant un enseignement de concept.
20
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
Exemples :
Démonter et remonter un carburateur.
Couder un tube en cuivre à l’aide d’un ressort, d’un chalumeau et d’une cin-
treuse à main.
7. Des attitudes
Une attitude est une prise de position par rapport à une valeur.
Exemples :
Être persuadé que le système démocratique à l’occidentale est le moins mau-
vais système politique qui existe.
Être persuadé qu’il est important de tenir sa parole et d’assumer la respon-
sabilité de ses actes.
21
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
1. Connaissance
Chaque fois que vous demandez à vos élèves d’apprendre quelque chose par
cœur : situer géographiquement, sur une carte muette, les dix principales appel-
lations du bordelais et dix premiers grands crus classés, votre objectif est du
niveau connaissance.
2. Compréhension
Chaque fois que vous demandez à vos élèves d’expliquer dans leurs propres
termes quelque chose que vous leur avez enseigné préalablement : expliquer la
différence que vous faites entre « pédagogie traditionnelle », « pédagogie de la
maîtrise » et « pédagogie différenciée », cet objectif est du niveau compréhension.
22
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
3. Application
Chaque fois que vous demandez à vos élèves d’appliquer un principe que vous
venez de leur enseigner : résoudre trois problèmes en utilisant le théorème de
Pythagore, cet objectif est du niveau application.
4. Analyse
Chaque fois que vous demandez à vos élèves de bien vouloir distinguer les causes
des conséquences, de chercher à identifier des hypothèses ou les éléments perti-
nents d’une situation : à partir de la lecture des documents, identifier les causes
principales des événements décrits, cet objectif est du niveau analyse.
5. Synthèse
Chaque fois que vous demandez à vos élèves de réaliser une œuvre personnelle :
rédiger un commentaire à la suite d’une visite d’entreprise, cet objectif est du
niveau synthèse.
6. Évaluation
Chaque fois que vous demandez à vos élèves de porter un jugement de valeur
argumenté sur un sujet quelconque, votre objectif est du niveau évaluation.
Il est évident que la taxonomie de Bloom est un outil absolument essentiel si
vous souhaitez savoir ce que vous faites lorsque vous définissez un objectif et
surtout lorsque vous concevez un outil d’évaluation dans le cadre d’une prépara-
tion de leçon.
23
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
Pour préparer une leçon, il faut des compétences d’animateur et des compé-
tences méthodologiques.
Tous les enseignants confirmés sont capables de poser des questions pour obte-
nir des réponses, de reformuler, d’encourager, de donner des consignes et de
s’assurer qu’elles ont été comprises, de renvoyer une question ou une réponse
au groupe, d’animer un travail de petit groupe, etc.
Préparer une leçon c’est évidemment, entre autres choses, décider des tech-
niques d’animation que l’on va privilégier à un moment ou à un autre de la
leçon et les varier suffisamment durant une heure de cours pour que les élèves
ne s’ennuient pas trop.
7. Voir Préparer un cours, tome 2, chap. 8 et 9 (les théories du traitement de l’information), et chap. 10 (les
réseaux neuronaux)
24
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
Plan de l’ouvrage
Cet ouvrage se propose de vous donner à voir onze préparations de leçons qui
couvrent :
– les différents types d’apprentissage identifiés par Gagné ;
– les stratégies canoniques à mettre en œuvre en fonction du type d’apprentis-
sage visé ;
– les démarches pédagogiques les plus connues :
– la pédagogie traditionnelle 1, basée sur la technique de l’exposé,
– la pédagogie traditionnelle 2, basée sur la technique du questionnement
(maïeutique),
– la pédagogie par objectifs première manière, qui ajoute à la pédagogie tra-
ditionnelle 2 le cadrage : objectif comportemental/évaluation formative,
– la pédagogie par objectifs seconde manière également appelée pédagogie
de la maîtrise, qui prend en compte les objectifs à long terme et privilégie la
remédiation,
– la formation individualisée, qui utilise les modules, et pousse à l’extrême la
logique des objectifs,
– la pédagogie différenciée, version européenne de la pédagogie de la maîtrise,
– la pédagogie que j’appellerai « pédagogie de l’évaluation formatrice » ini-
tiée par Nunziatti à Marseille en 1977 et développée aujourd’hui par Bonniol et
son équipe à Aix,
25
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
– la pédagogie de l’avenir, celle qui n’a pas encore de nom, mais qui fait du
développement de l’aptitude à piloter sa manière de penser, et du développe-
ment des stratégies cognitives ses objectifs essentiels. Cette pédagogie utilise
l’évaluation formatrice, la métacognition 8, l’abstraction réfléchissante, et
emprunte à toutes les autres pédagogies les techniques qu’elle estime efficaces 9.
Les exemples proposés seront traités à tous les niveaux de l’enseignement, de
l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur, sans oublier l’enseigne-
ment professionnel.
Le chapitre 1, celui que vous êtes en train de lire, tente d’activer ou de présenter
les prérequis que j’estime nécessaires. Il vous propose en outre une vue géné-
rale de l’ouvrage.
Le chapitre 2 vise à vous enseigner un ensemble de faits : l’histoire de la péda-
gogie au XXe siècle ; il vise aussi à vous enseigner un certain nombre de
concepts : pédagogie traditionnelle, pédagogie par objectifs, pédagogie diffé-
renciée, etc. La technique choisie est la technique de l’exposé.
Le chapitre 3 vise à vous enseigner « comment faire un exposé », il s’agit donc
d’un enseignement de procédure.
Le chapitre 4 vise à vous permettre de vous situer sur une échelle de compé-
tence qui décrit tant les techniques d’animation pédagogiques que les niveaux
méthodologiques que doit maîtriser le professionnel de l’enseignement. Dans ce
chapitre vous ferez également connaissance avec le concept d’advance organi-
zer d’Ausubel, auteur américain qui défend la technique de l’exposé comme
méthode d’enseignement.
Le chapitre 5 vise à montrer au débutant en pédagogie comment poser des ques-
tions ou plutôt comment obtenir des réponses. La maîtrise de la technique du
questionnement est indispensable à tout enseignant quel que soit le modèle
d’enseignement qu’il privilégie.
Le chapitre 6 vise à décrire les principaux outils que peut mettre en œuvre un
enseignant pour évaluer.
Le chapitre 7 vous propose deux exemples de préparation de leçon visant
l’enseignement d’un concept. Vous y trouverez deux stratégies inductives diffé-
rentes dont celle proposée par Bruner et développée magistralement par Britt
8. Le lecteur qui souhaite comprendre les orientations de la recherche dans le domaine de la métacognition,
donc l’avenir probable de ce dernier type de pédagogie lira :
– l’excellent ouvrage collectif : Grangeat M., Meirieu P. (dir.), La métacognition, une aide au travail des
élèves, ESF éditeur, 1997 ;
– l’ouvrage collectif : McGilly K., Classroom lessons. Integrative Cognitive Theory and Classroom Practice,
MIT, 1995.
9. Voir le superbe ouvrage de Charpak G. (dir.), Enfants chercheurs et citoyens, O. Jacob, 1998.
Voir également Pourtois J.-P., Desmet H., L’éducation postmoderne, PUF, 1997, p. 208-310.
26
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
Mari Barth dans deux de ses ouvrages 10. Le sujet choisi concerne la grammaire
française, la première leçon traite du découpage d’une phrase en propositions,
la deuxième de l’identification de l’adjectif qualificatif, et la technique mise en
œuvre est la technique du questionnement (maïeutique).
Le chapitre 8 vise à vous montrer comment préparer une leçon selon la
méthode IPNETP, et également à vous présenter les étapes d’apprentissage et
les étapes d’enseignement 11 proposées par Gagné. J’ai choisi cette fois de traiter
le concept de « courant induit » en électricité, car ce concept s’enseigne mieux
en enseignant le principe qui le sous-tend.
Ce chapitre illustre donc :
– le modèle de préparation de leçon type IPNETP ;
– les étapes d’apprentissage et les étapes d’enseignement de Gagné ;
– la manière d’enseigner un concept et un principe.
Les chapitres 9 et 10 sont des chapitres de synthèse qui décrivent la structure
d’une préparation de leçon ainsi que les étapes à suivre et les questions à se
poser pour préparer une leçon. (Il s’agit donc de la phase finale de l’enseigne-
ment d’une procédure.)
Je vous montrerai ensuite (chapitre 11) comment passer d’une leçon centrée sur
le maître à une leçon centrée sur l’élève. Je prendrai cette fois un exemple en
enseignement technique et professionnel et je développerai la leçon relative au
principe de lecture du pied à coulisse au dixième de millimètre (niveau
CAP/BEP).
Le chapitre 12 me permettra de répondre à une question que se posent tous les
enseignants : qu’est-ce qui doit figurer au tableau et pourquoi ?
Puis je vous proposerai (chapitre 13) une nouvelle méthode de préparation de
leçon visant l’enseignement de différents principes étroitement imbriqués : la
méthode algorithmico-heuristique de Landa et Scandura.
Le chapitre 14 vous présente quelques expériences de formation individualisée.
Le chapitre 15 vise à vous montrer comment on enseigne des faits, donc com-
ment provoquer la mémorisation chez les élèves. Vous apprendrez à cette occa-
sion, à partir d’un exemple relatif aux vins de Bordeaux, ce qu’est la formation
individualisée. Ce chapitre constitue également une illustration du concept de
module.
27
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
12. Cet ouvrage traite de la manière de préparer une leçon isolée, mais il est bien évident que chaque leçon
doit être construite pour atteindre des objectifs à long terme parfaitement identifiés comme l’objectif que je
poursuis dans cet ouvrage : vous persuader qu’il vous est possible d’améliorer la qualité de vos stratégies
pédagogiques.
Sans objectifs à long terme, objectifs auxquels vos leçons doivent être étroitement subordonnées, votre action
n’aurait aucun sens.
Le lecteur trouvera une illustration remarquable de séquences de leçons organisées en fonction d’objectifs
généraux parfaitement définis dans l’excellent ouvrage : Groupe de recherche d’Écouen, Former des enfants
producteurs de textes, Hachette, 2007 ; il trouvera également un exemple superbe de la gestion d’un objectif à
long terme visant à « apprendre à rédiger » dans l’ouvrage : Tochon F.-V., Didactique du français. De la pla-
nification à ses organisateurs cognitifs, ESF éditeur, 1990.
28
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
Organisation de l’ouvrage
La première étape d’une action de formation conduite selon les canons de l’ins-
tructional design 13 correspond à l’analyse des besoins et à l’identification des
objectifs ; comme je vais tenter de mettre en œuvre les théories que je développe
(c’est bien le moins que je puisse faire), il me faut donc décrire la « situation
professionnelle de référence » qui consiste à préparer une leçon. Celle-ci est
analysée succinctement dans les pages qui suivent, et me fournit le plan et
l’architecture de l’ouvrage que vous tenez entre les mains.
29
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
Visant un objectif
Du domaine cognitif
Relève
des stratégies Démarche générale
TWI
générales
de formation (Voir
1. Définir l’objectif pédagogique
Préparer un cours,
(voir tout l’ouvrage et
2. Concevoir l’outil d’évaluation tome 2, chap. 23)
particulièrement le
chapitre 19)
3. Concevoir la motivation
Connaissances associées
Méthodes et techniques pédagogiques
Procédures à mettre en œuvre par type d’apprentissage
30
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
PRÉPARER UN COURS
Visant un objectif du domaine cognitif selon les
différentes méthodes
(Techniques associées)
PÉDAGOGIE
TRADITIONNELLE
Technique Maïeutique
de l’exposé (questionnement)
PÉDAGOGIE PÉDAGOGIE
PAR OBJECTIFS PAR OBJECTIFS
Première manière Seconde manière,
ou pédagogie de la maîtrise
Idem pédagogie traditionnelle Idem pédagogie par objectifs
+ première manière
objectifs +
+ remédiations systémiques
évaluation formative +
développement stratégies
cognitives
FORMATION INDIVIDUALISÉE
PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE
PÉDAGOGIE POSTMODERNE
31
Les cadres de référence – Rappel des prérequis
PRÉPARER UN COURS
en fonction des types d’apprentissage visés
(Gagné)
ENSEIGNER ENSEIGNER
DES FAITS DES CONCEPTS
ENSEIGNER ENSEIGNER
DES PRINCIPES DES PROCÉDURES
ENSEIGNER ENSEIGNER
DES STRATÉGIES COGNITIVES DES ATTITUDES
32
Première partie
La pédagogie « traditionnelle »
Les techniques de base
AU LECTEUR
34
2
De la pédagogie traditionnelle
à la formation individualisée
Leçon 1
UNE VUE CAVALIÈRE DE LA PÉDAGOGIE
AU XXe SIÈCLE 2
Public : Cet exposé s’adresse à des étudiants d’IUFM ou à des enseignants en forma-
tion continue, donc indifféremment à des enseignants débutants ou à des enseignants
confirmés.
Bonjour, je suis très heureux de pouvoir passer quelques moments avec vous, car parler
de pédagogie avec des enseignants débutants ou confirmés est toujours pour moi un
grand plaisir. Ayant consacré mon existence à faire de la pédagogie, à former des
élèves et des enseignants de tous les niveaux et de toutes les catégories 3, à écrire sur
la pédagogie, vous comprendrez sans peine que ce sujet me passionne.
Je peux, bien entendu, faire des hypothèses relatives à vos interrogations par rapport
au métier d’enseignant en général et à la pédagogie en particulier, car pour les plus
jeunes, je me souviens encore des questions qui étaient les miennes à mes débuts.
Quant aux moins jeunes, j’anime régulièrement des séminaires pour des enseignants en
formation continue et je connais donc parfaitement les questions qu’ils se posent :
– Pourriez-vous nous proposer une progression annuelle dans notre matière ?
– Pourriez-vous réellement nous aider à mieux préparer nos leçons ?
1. Pour un historique plus conséquent et plus nuancé de la pédagogie au XXe siècle, lire les premières pages de
l’excellent ouvrage de Legrand L., Les différenciations de la pédagogie, PUF, 1995.
2. La technique de l’exposé est également illustrée dans Préparer un cours, tome 2, chap. 14, par un exposé
sur la motivation.
3. Élèves du primaire, élèves du secondaire, étudiants, enseignants, formateurs d’entreprise, formateurs de for-
mateurs, psychopédagogues, inspecteurs, professeurs de grandes écoles, cadres d’entreprises, cadres de minis-
tères, conseillers en formation continue, etc.
35
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
36
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
Avant d’entamer mon premier point, je commencerai par vous proposer une définition
du concept de pédagogie, car si les mécaniciens, les médecins, les avocats, enfin tous
les professionnels, utilisent des termes précis pour parler de leur métier, il n’en va mal-
heureusement pas de même pour les enseignants.
Je commence généralement mes séminaires sur la pédagogie en demandant à mes
interlocuteurs de bien vouloir me donner leur définition du concept de pédagogie, et
lorsque je fais faire cet exercice, j’obtiens d’ordinaire les définitions suivantes :
– C’est l’ensemble des techniques permettant de transmettre le message ;
– C’est la science de l’enseignement ;
– C’est l’art d’enseigner ;
– etc.
Près de 70 % des définitions sont centrées sur l’enseignant, or, pour moi et pour tous
les spécialistes de la chose, la pédagogie n’est ni une science, ni une technique, ni un
art, c’est une action, une action visant à faciliter les apprentissages chez autrui. Dans
cette définition, empruntée à Smith, les mots importants sont les mots action et appren-
tissage. Ce que je vous propose, c’est une révolution copernicienne de vos représenta-
tions. Il s’agit de mettre l’élève, l’apprenant, au centre du dispositif 4, il ne faut tout de
même pas oublier que sans lui nous n’existerions pas, nous sommes tous, vous et moi,
au service de… Après ce préliminaire, j’attaque mon point 1.
4. Mot d’ordre des prosélytes de la pédagogie active (années vingt), repris dans la loi d’orientation de l’édu-
cation de juillet 1989.
5. Les idées développées dans cette première partie sont empruntées à Étienne Verne (exposé non publié,
1976). On retrouve également ces idées dans Ardoino J., Éducation et politique, propos actuels sur l’éduca-
tion, Gauthier Villars, 1977.
37
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
choses dans le moins de temps possible), et les inconvénients (certains vont s’endormir
et ne me retrouveront peut-être qu’à la fin). J’assume donc les inconvénients de mon
choix. J’ai décidé de dire le maximum de choses dans le minimum de temps, et dans
ma « boîte à outils de l’enseignant » (voir p. 156), c’est la technique de l’exposé qui
répond le mieux à cette contrainte. Je sais, par ailleurs, que la technique de l’exposé est
la plus mauvaise technique de transmission de l’information, que les pertes sont
énormes et que son efficacité est terriblement limitée, ce qui m’impose de prendre un
certain nombre de précautions.
La première centration historique de la pédagogie, c’est donc la centration sur les conte-
nus.
Ma conclusion par rapport à l’entrée par les contenus est simple : si vous ne maîtrisez
pas les contenus que vous devez enseigner, vous ne pouvez pas enseigner !…
Cette maîtrise est une condition absolument indispensable, mais insuffisante pour ensei-
gner efficacement car d’autres dimensions que le contenu trament la situation pédago-
gique, et il faut nécessairement les prendre en compte si l’on souhaite que les individus
apprennent.
38
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
6. Pour les précurseurs, lisez également Vasquez, Oury et Lobrot (voir bibliographie).
39
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
aujourd’hui les moins mal adaptées aux problèmes de violence qui troublent la sérénité
de nos établissements scolaires. Voilà donc une cinquième dimension : la dimension
institutionnelle.
Si vous enseignez et si vous mettez des notes sur 20 comme la grande majorité des
membres du corps enseignant, vous devez vous retrouver souvent avec une classe qui
a des résultats distribués suivant une courbe de Gauss.
Nombre
d’élèves
0 5 10 15 20 Note sur 20
Lorsque vous obtenez ces résultats, vous estimez sûrement qu’il est normal que très
peu d’élèves aient entre 0 et 3, que beaucoup aient aux environs de 10, et que très peu
se situent entre 17 et 20. Vous trouvez cela normal et vous pensez qu’il est temps de
passer à autre chose !
Pourtant cela n’a rien de normal. Si les résultats obtenus par vos élèves se répartissent
selon cette distribution, c’est que vous cherchez cette distribution !
Les enseignants sont généralement très surpris par cette affirmation. Pourtant, il existe
des apprentissages pour lesquels la société n’accepte pas la courbe de Gauss.
L’apprentissage de la lecture en constitue un exemple évident. Il ne serait pas admis-
sible dans un pays développé du XXe siècle d’imaginer que des individus s’engagent
40
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
dans la vie active sans maîtriser la lecture. Dans un pays développé, il est indispensable
de savoir lire pour occuper un emploi. En conséquence, on a une courbe en i au début
du CP, une courbe de Gauss après le CE2, et comme on continue à enseigner la lecture
jusqu’en classe de 3e, on obtient à l’issue de ce parcours du combattant une courbe en j,
(90 % de réussite à l’apprentissage de la lecture).
Bien sûr, obtenir 90 % de réussite à un apprentissage coûte cher, car l’aptitude, nous dit
Carrol, « c’est le temps mis par un individu pour atteindre un objectif d’apprentissage
déterminé », et un apprenant peut mettre sept fois plus de temps qu’un autre pour
apprendre la même chose.
Cependant, cela signifie que « n’importe qui peut apprendre n’importe quoi », à condition
qu’on le place dans des conditions optimales d’apprentissage (situations ayant du sens
pour l’apprenant, feed-back adapté, etc.), et qu’on lui donne le temps voulu pour que
l’apprentissage se produise.
Bloom et Carrol, en 1966, vont mettre cette idée à l’épreuve des faits et proposer un sys-
tème d’enseignement qui s’appuie sur des objectifs clairement définis, des évaluations
effectuées immédiatement après apprentissage, et des temps de remédiation pour ceux
qui n’auraient pas atteint les objectifs, c’est-à-dire qu’ils vont donner le temps et les
moyens d’apprendre à ceux qui en ont besoin. Cette nouvelle manière d’envisager les
choses donne les résultats suivants lors d’un cours de statistiques conduit par
Airasian 7 :
Ce système donne de tels résultats qu’en 1971, Bloom et Carrol donnent à ce type de
pédagogie le nom de pédagogie de la maîtrise, pédagogie qui sera expérimentée avec
un très grand succès dans de très nombreux pays durant la décennie 1970-1980.
7. Airasian, Master’s dissertation, university of Chicago, cité par Bloom B.S., Hastings T., Madaus G., Handbook
on formative and summative evaluation of student learning, New York, Mc Graw Hill, 1971, p. 55-56.
8. Les mêmes tests furent utilisés en 1965 et 1967.
41
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
34 % 34 %
* Ratio
maître/élèves
9. Bloom B., in Crahay M., Lafontaine D., L’art et la science de l’enseignement, Labor, Nathan, 1986, p. 97-128.
Lire également Crahay M., L’école peut-elle être juste et efficace ? De Boeck, 2000, chap. 1.
42
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
puisque les plus mauvais élèves obtiennent alors des résultats équivalents à ceux
qu’obtiennent les meilleurs élèves en pédagogie traditionnelle (la courbe est décalée vers
la droite de 2 sigmas).
Le défi que Bloom nous engage à relever, le défi des deux sigmas, peut donc se résu-
mer par l’intermédiaire de la question : « Comment enseigner en conservant des ratios
professeur/élèves satisfaisants sur le plan économique tout en obtenant des résultats
qui se rapprochent des résultats obtenus avec le préceptorat ? »
J’en ai fini avec mon point 2, le défi des deux sigmas, point sur lequel je conclus : la
pédagogie de la maîtrise de Bloom permet de décaler la courbe des résultats de la
pédagogie traditionnelle de un sigma sur la droite. Il faudrait maintenant trouver un sys-
tème de formation qui permette de décaler encore cette courbe de un sigma pour
atteindre à l’efficacité du préceptorat. C’est le défi de Bloom, le défi des deux sigmas, le
défi auquel vous êtes confrontés en tant qu’enseignants du XXIe siècle.
1. Pédagogie traditionnelle
Lorsque je visite des classes, je constate que très généralement les enseignants que je
rencontre utilisent encore majoritairement la pédagogie traditionnelle, c’est-à-dire que je
vois :
– un maître qui parle devant des élèves qui écoutent ou qui font semblant ;
– un maître qui pose des questions à l’ensemble de la classe à partir d’un matériel
quelconque, texte écrit, schéma, objet réel, image, etc., et des élèves qui tentent de
répondre à ces questions. C’est l’enseignement frontal participatif, la fameuse maïeu-
tique socratique.
Dans les deux cas, il s’agit de pédagogie traditionnelle, c’est-à-dire d’une pédagogie
centrée sur le maître. Le maître est centré sur son propre discours et se préoccupe rela-
tivement peu de ce que pensent les apprenants. Bien sûr, s’il utilise la technique du
questionnement, il s’intéresse aux réponses des élèves, mais combien d’élèves répon-
dent dans une classe de trente ? Cinq ou six élèves actifs suffisent pour donner l’impres-
sion d’une classe particulièrement vivante, les autres peuvent dormir sur leurs deux
oreilles sans crainte d’être dérangés. D’autre part, ce qui intéresse l’enseignant dans
cette perspective, ce sont les réponses qu’il attend à ses questions et non pas les sug-
gestions ou les idées originales des élèves.
La caricature de la pédagogie traditionnelle, c’est ce que je fais pour le moment avec
vous, c’est un maître qui parle devant des individus qui écoutent ou font semblant
d’écouter. Ne voyez cependant dans le vocable « pédagogie traditionnelle » rien de
10. Le lecteur qui souhaite trouver une description plus complète des différentes pédagogies lira la troisième
partie de l’ouvrage de Pourtois J.-P., Desmet H., L’éducation postmoderne, PUF, 2002, p. 208-310.
43
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
péjoratif, il s’agit de la pédagogie mise en œuvre depuis un siècle 11 dans la majorité des
écoles. Cette pédagogie, centrée sur le maître, repose sur deux techniques : l’exposé
et/ou la maïeutique (le questionnement), qui date au moins de Socrate et même, d’après
un auteur dont j’ai oublié le nom, de l’aube de l’humanité avec Ève et le serpent.
Si vous souhaitez savoir si vous pratiquez ou non la pédagogie traditionnelle c’est extrê-
mement simple. Si pour préparer une leçon vous vous posez la question : « Que vais-je
leur raconter demain sur l’adjectif qualificatif ? » alors vous pratiquez la pédagogie tra-
ditionnelle. Aujourd’hui, la technique pédagogique dominante dans les classes fran-
çaises, c’est la technique du questionnement (maïeutique). L’exposé est moins utilisé
qu’auparavant, mais les enseignants sont encore majoritairement centrés sur leur propre
discours.
Nous venons donc d’identifier la question qui caractérise quelqu’un qui enseigne en
pédagogie traditionnelle : que vais-je leur raconter demain sur… ? C’est ce que j’appel-
lerai une question à la première personne.
2. Pédagogie active
Dès le début du siècle cependant, des individus comme Dewey, Parkhust, Dalton aux
États-Unis, Freinet en France, Claparède en Suisse, Montessori en Italie, Decroly en
Belgique, estiment qu’il faut mettre l’élève au centre du dispositif, partir de ses intérêts,
de ses préoccupations, et cela nous donnera le mouvement dit des pédagogies
actives 12. Il s’agit là d’une révolution copernicienne. L’élève devient, pour les quelques
enseignants qui pratiquent ces pédagogies, le centre du monde, et pendant des années,
de 1920 à 1980, ces pédagogies vivoteront à côté d’un enseignement traditionnel qui
demeurera massivement dominant.
11. « Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que les cours frontaux se mettent à proliférer. Avec l’institutionnalisa-
tion de l’école et la professionnalisation du métier d’enseignant, ils deviennent la norme incontournable. »
Giordan A., Apprendre !, Belin, 1998, p. 211.
12. Voir : Raynal F., Rieunier A., Pédagogie, dictionnaire des concepts clés, ESF éditeur, 2011.
13. Les « pédagogies par objectifs » sont centrées sur l’élève d’une autre manière que la pédagogie active. En
pédagogie par objectifs, l’enseignant définit ce que fera l’élève pour prouver qui a appris, et il définit égale-
ment les activités qui conduiront l’élève du point A au point B. En pédagogie active, c’est l’élève qui propose
le sujet sur lequel il va travailler, la différence est fondamentale.
44
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
La variable qui détermine si vous êtes centré sur le contenu ou si vous êtes centré sur
l’apprenant, c’est la place que vous attribuez à l’élève dans vos préoccupations pour
préparer une leçon. Si je me résume, vous pouvez vous poser deux questions :
– que vais-je leur raconter demain sur l’adjectif qualificatif ? (Question à la première per-
sonne),
ou bien,
– que vont-ils être capables de faire au sujet de l’adjectif qualificatif après la leçon ?… (Il
s’agit alors d’une question à la troisième personne.)
Si votre but consiste à enseigner pour que le maximum d’élèves apprenne le maximum
de choses, alors c’est la question à la troisième personne que vous devez vous poser.
Pour continuer l’histoire succincte de la pédagogie au XXe siècle :
– début des années soixante pédagogie par objectifs ;
– début des années soixante-dix pédagogie de la maîtrise ;
– début des années quatre-vingt pédagogie différenciée ;
– début des années quatre-vingt-dix formation individualisée.
Les dates que je donne ici sont très approximatives, voire fausses, mais elles sont
faciles à retenir. Je préciserai les dates exactes dans un deuxième temps.
Maintenant, revenons un peu sur toutes ces pédagogies, car si les enseignants connais-
sent souvent ces termes, très peu sont capables de préciser les caractéristiques de ces
pédagogies et ceux qui sont capables de préparer la même leçon en mettant en œuvre
ces différents types de pédagogie sont malheureusement fort rares.
4. Pédagogie de la maîtrise
Nous avons vu plus haut les éléments qui vous permettent de savoir si vous pratiquez la
pédagogie traditionnelle ou la pédagogie par objectifs. Quels sont donc les éléments qui
vous permettent de savoir si vous pratiquez la pédagogie de la maîtrise ? Vous pratiquez
la pédagogie de la maîtrise si vous définissez des objectifs clairs (généraux, intermé-
diaires, spécifiques) organisés autour d’un plan de formation (curriculum), si vous éva-
luez systématiquement et si vous proposez systématiquement des séances de
remédiation (remise à niveau) à ceux qui n’ont pas atteint les objectifs.
5. Pédagogie différenciée
Au début des années quatre-vingt (même si Legrand crée le concept au début des
années soixante-dix 14), j’ai dit que nous basculions dans la pédagogie différenciée. Vous
pratiquez la pédagogie différenciée si vous définissez des objectifs, si vous évaluez
systématiquement, si vous proposez systématiquement des séances de remédiation
(remise à niveau) à ceux qui n’ont pas atteint les objectifs, et surtout si vous vous
demandez quel est le mode privilégié d’apprentissage de cet (te) élève-ci ou de
cet (te) élève-là afin de proposer des supports différents que les élèves pourront
choisir en fonction de leur désir et de leur mode personnel d’apprentissage.
Si vous souhaitez pratiquer la pédagogie différenciée, il est clair que le travail de petit
groupe et l’individualisation constitueront vos techniques privilégiées.
45
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
6. Formation individualisée 15
La formation individualisée, c’est la logique des objectifs poussée à l’extrême.
Vous pratiquez la formation individualisée si vous définissez des objectifs, si vous
construisez des documents qui permettent à chacun de travailler individuellement
ou en groupe de deux, si chacun, grâce à ces documents peut travailler à son rythme
et être immédiatement informé du résultat de ses apprentissages, si le système d’éva-
luation autorise le droit à l’erreur (évaluation formative), si les parcours de formation
peuvent être différents selon les individus, et si les entrées dans le dispositif peu-
vent être multiples.
Très grossièrement, nous pouvons dire que la formation individualisée peut être consi-
dérée comme la fille de la pédagogie différenciée, la pédagogie différenciée comme la
fille de la pédagogie de la maîtrise, et la pédagogie de la maîtrise comme la fille de la
pédagogie par objectifs.
Dire comme je l’entends parfois : « La pédagogie par objectifs c’est fini, nous en
sommes aujourd’hui à la pédagogie différenciée » témoigne d’une méconnaissance
totale de l’histoire de l’éducation. La pédagogie différenciée est la petite-fille de la péda-
gogie par objectifs, pédagogie avec laquelle elle partage nombre de caractéristiques.
Les bases de la pédagogie de la maîtrise, de la pédagogie différenciée, de la formation
individualisée, sont en partie américaines et sont identiques : il s’agit de la définition pré-
cise des objectifs, de l’évaluation formative, et de la remédiation.
15. La formation individualisée date du début du siècle, voire de bien avant, mais elle vient d’être redécou-
verte par certains enseignants qui travaillent avec des classes difficiles (voir cet ouvrage chap. 14).
16. Bonniol et son équipe, à Aix-en-Provence, poursuivent les recherches de Nunziatti sur ce sujet, mais il est
difficile de trouver des écrits sur les résultats qu’ils obtiennent et c’est bien dommage.
46
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
tenter de faire comprendre à ses élèves quels sont ses critères d’évaluation, et ce,
avant l’action. Pour que ses élèves s’approprient ses critères d’évaluation dans le
domaine de la dissertation par exemple, elle leur distribue, avant qu’ils ne fassent une
dissertation de type (x), les copies corrigées d’une classe parallèle qui a traité le même
type de sujet. Pendant une heure, en amont de l’action de rédaction, les élèves et
l’enseignant vont s’expliquer et construire ensemble la grille d’observation-évaluation de
la prochaine dissertation 17. Il s’agit pour les élèves de se construire une « base
d’orientation de l’action » (le monde conçu comme satisfaisant de Miller, Galanter et
Pribram) 18, qui leur permettra de garantir une meilleure production.
Cette manière de faire qui impose à l’enseignant d’opérationnaliser réellement ses inten-
tions par l’intermédiaire d’une grille d’observation-évaluation, et qui impose à l’apprenant
de « descendre de vélo pour se regarder pédaler » selon la savoureuse expression d’un
de mes amis, Patrick Courbier, introduit une décentration particulièrement intéressante
(la métacognition) et provoque une réflexion sur soi-même qui facilite grandement les
apprentissages.
Si je résume l’histoire de la pédagogie au XXe siècle par un schéma :
Pédagogie traditionnelle
47
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Il ne faut surtout pas se tromper, les jeunes enseignants croient trop souvent que la
pédagogie Freinet, la pédagogie Decroly, la pédagogie par objectifs, la pédagogie diffé-
renciée, etc., sont des objets aussi différents qu’un cheval l’est d’une locomotive. Ils se
trompent et ne comprennent pas que toutes les pédagogies ou presque ont un tronc
commun de techniques identiques : rendre l’apprenant actif, donner des consignes,
s’assurer qu’elles ont été comprises, reformuler, faire reformuler, fournir des
informations, poser des questions, encourager, renvoyer une question ou une
réponse aux autres élèves, organiser et animer un travail de petits groupes, etc.,
et des techniques nécessairement différentes selon les pédagogies (texte libre, défini-
tion d’objectifs comportementaux, tables de spécification, utilisation de l’imprimerie,
contrat, correspondance scolaire, etc.). Ce sont seulement les grandes orientations (les
grands principes et la manière de les mettre en œuvre) ainsi que certaines techniques
spécifiques qui différencient les pédagogies.
Il n’est pas très difficile de passer d’un type de pédagogie à un autre 20 si l’on maîtrise
les techniques de base et si l’on apprend les techniques spécifiques, mais la plupart des
enseignants ignorent tout cela car ils ont appris leur métier sur le tas et manquent des
connaissances théoriques qui leur permettraient d’augmenter considérablement leur effi-
cacité s’ils acceptaient de se pencher quelque peu sur les ouvrages des théoriciens. Ils
ignorent également tout de l’histoire de la pédagogie et passent une grande partie de
leur temps à réinventer l’eau tiède. C’est dommage, c’est triste, et c’est également stu-
pide. Lorsque l’on a compris que quelques grandes règles commandent l’apprentissage,
donc la pédagogie, et que l’on a pris la décision de tenter de les appliquer, on peut pro-
gresser très vite. Quelles sont ces règles ?
LOIS DE L’APPRENTISSAGE 21
1. Un apprenant actif apprend mieux qu’un apprenant passif !
2. Pour qu’un apprenant soit actif il faut qu’il puisse donner du sens à la situation,
c’est-à-dire qu’il puisse relier l’information nouvelle à une information existant déjà
dans son cerveau !
3. Plus l’apprenant sera informé de la manière dont il sera évalué, mieux il appren-
dra !
4. Chaque individu apprend à son rythme et à sa manière !
5. La connaissance immédiate des résultats facilite l’apprentissage.
6. La réussite est le moteur essentiel des apprentissages, les situations proposées
doivent donc permettre à l’élève de réussir, de s’en rendre compte, et de s’attribuer
la cause du succès.
7. La capacité à analyser et à piloter ses opérations mentales et ses processus d’ap-
prentissage (donc l’activité de métacognition) développe la capacité d’apprentissage.
20. À condition de ne pas être en désaccord avec les valeurs fondamentales sur lesquelles sont basées ces
pédagogies.
21. Le terme « lois de l’apprentissage » est sûrement mal choisi, pour plus de détails sur ce sujet voir :
Préparer un cours, tome 2.
48
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
La formation individualisée (voir chap. 14 à 16) mettant en œuvre toutes ces règles, il
n’est donc pas étonnant qu’elle donne de si bons résultats.
Ma conclusion par rapport à l’exposé que je viens de faire est simple. Si votre ambition
consiste à devenir enseignant, alors il faut envisager de devenir un professionnel de
l’enseignement, c’est-à-dire quelqu’un qui maîtrise toutes les techniques pédagogiques
(voir tableau des variables p. 156). Ces techniques s’inscrivent sur un continuum dont
les deux pôles sont constitués par la technique de l’exposé et le dossier de formation
individualisée (FI).
Activité de l’apprenant
et prise en compte de la personnalité de l’apprenant
– +
Pédagogie traditionnelle PM PD EF FI
Pédagogie Pédagogie Évaluation
Module
exposé maïeutique de la maîtrise différenciée formatrice de FI
Que devons-nous retenir des apports des principaux courants pédagogiques cités ci-
dessus ?
Sur le plan macroscopique, il faut inclure les leçons dans un plan de formation (curricu-
lum), donc définir des objectifs généraux intermédiaires et spécifiques couvrant au
moins l’année scolaire et ne pas oublier les objectifs du domaine affectif dont l’atteinte
dépend de la cohérence existant entre les objectifs, le système d’évaluation, les straté-
gies générales de formation (donc de la cohérence du curriculum).
Sur le plan microscopique de préparation d’une leçon, c’est-à-dire pour préparer une
leçon en tenant compte des différents apports des pédagogies citées ci-dessus, il faut
se poser les questions :
1. Que feront-ils à la fin de l’heure qu’ils ne faisaient pas au début par rapport au sujet de
la leçon ? Cela revient à définir l’objectif spécifique de la leçon.
2. Comment vérifierai-je que cet objectif est atteint ? Cela revient à construire l’outil
d’évaluation formative de la leçon.
3. Comment cet objectif s’inscrit-il par rapport aux objectifs intermédiaires et à l’objectif
général auxquels il est subordonné ?
4. À quel niveau chez Bloom se situe l’outil d’évaluation ?
5. Quels sont les prérequis à cet apprentissage ?
6. À quel type d’apprentissage (référence Gagné) appartient cet objectif ?
7. Comment rendre les apprenants actifs ? Comment donner du sens à cette leçon ?
Cela revient à poser un problème au début de la leçon, donc à motiver.
8. Quel est l’opérateur cognitif que je veux faire construire durant cette leçon ?
9. Quelles seront les étapes de la leçon ?
10. Comment vais-je enseigner chacune des parties ? Ce qui revient à concevoir les
situations d’apprentissage.
Il faut également utiliser l’évaluation formatrice, si la leçon s’y prête.
49
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Il faut en outre entraîner les élèves à développer des stratégies cognitives (stratégies
personnelles de traitement de l’information), de façon à les rendre autonomes.
Décrite ainsi, la procédure de préparation de leçon semble très lourde. En réalité, elle
ne l’est pas, les enseignants entraînés l’utilisent sans difficulté et considèrent ces neuf
questions comme un canevas dans lequel ils intègrent quantité de sous-routines
acquises avec l’expérience.
Je tiens tout de même à attirer votre attention sur le fait que les étapes citées ci-dessus
constituent un cadre général qui s’applique à n’importe quelle leçon, mais que les stra-
tégies pédagogiques seront différentes selon que vous devrez enseigner des faits, des
concepts, des principes, des procédures, des attitudes, des stratégies cognitives ou des
gestes.
Ce sont ces stratégies pédagogiques canoniques liées au type d’apprentissage (faits,
concepts, etc.) que vous souhaitez provoquer que je vais tenter de décrire et d’illustrer
dans cet ouvrage.
ÉTAPE MÉTACOGNITIVE 22
1. Objectifs de contenu
Je me proposais :
– de vous enseigner quelques faits relatifs à l’histoire de la pédagogie : la péda-
gogie active date du début du siècle, ses principaux représentants sont
Claparède, Decroly, Freinet, etc. ;
– de commencer à enseigner différents concepts :
– pédagogie traditionnelle,
– pédagogie par objectifs,
– pédagogie de la maîtrise,
– pédagogie différenciée,
– pédagogie individualisée ;
– de les situer chronologiquement ;
22. Étape qui consiste à réfléchir à ses propres processus de pensée afin d’identifier les opérations intellec-
tuelles mise en œuvre pendant la leçon pour résoudre une situation problème particulière. Si cet entraînement
est fait régulièrement, les élèves parviennent progressivement à analyser leurs processus de pensée et devien-
nent plus efficaces dans la résolution de problèmes.
50
De la pédagogie traditionnelle à la formation individualisée
Types d’apprentissage
(Gagné)
Faits et concepts
Éléments
de stratégie
Démarche Déductive 25
Méthode Expositive
Supports Livre
2. Objectif méthodologique
Par l’intermédiaire du premier chapitre, je souhaitais également vous donner à
voir l’utilisation de la technique de l’exposé (je vise ici l’apprentissage d’une
procédure) et la stratégie classique de tout enseignement de procédure, c’est
évidemment la modélisation (proposer un modèle), ce qui me conduit à utiliser
la technique de la démonstration.
51
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Types d’apprentissage
(Gagné)
Procédure
Éléments
de stratégie
Démarche Inductive 26
Méthode Démonstrative 27
Technique Exposé/Modélisation/Démonstration
Cet exemple me permet de souligner une fois encore qu’une leçon n’est jamais
isolée, qu’elle dépend toujours d’une séquence 28 de leçons qui visent un objectif
dit intermédiaire (ici : faire un exposé), objectif intermédiaire lui-même dépen-
dant d’un objectif intermédiaire superordonné (ici : apprendre à enseigner des
faits et des concepts), dépendant lui-même d’un objectif général (ici : apprendre
à préparer une leçon).
26. Inductive : la démarche est inductive dans la mesure où vous avez lu le chapitre 2 (exemple d’exposé)
avant le chapitre 3 ; si vous avez fait l’inverse, vous avez choisi une démarche déductive.
27. La méthode utilisée est une méthode démonstrative dans la mesure où je démontre la technique que je sou-
haite faire apprendre, ici la technique de l’exposé.
28. Séquence : ensemble de leçons visant un objectif intermédiaire.
52
3
La technique de l’exposé 1
Leçon 2
COMMENT FAIRE UN EXPOSÉ
L’entrée en matière
Si c’est votre premier contact avec votre public, ne pas entrer directement dans le vif du
sujet, mais « rapatrier la parole » : énoncer des vérités d’évidence, dire des choses
banales : « Nous sommes ici pour deux heures… trois jours… une semaine… »
1. Texte repris de : Raynal F., Rieunier A., Comment faire un exposé, IPNETP, 1981.
53
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
4. Annoncez le plan
J’ai prévu de traiter cet exposé en 3 points (nommez-les, écrivez-les au tableau sous le
titre).
TITRE
1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ces repères permettent à chacun de suivre la progression de votre exposé et consti-
tuent en quelque sorte le plan du voyage prévu.
On peut d’autre part imaginer que vous allez répondre à un certain nombre de questions
dans cet exposé. Énoncez ces questions, cela vous permettra de construire la conclu-
sion, qui ne sera rien d’autre que la réponse aux questions posées lors de la phase
d’introduction.
54
La technique de l’exposé
Vos préliminaires sont terminés, vos jalons sont placés, vous allez pouvoir entamer le pre-
mier point de votre exposé. À partir de là, appliquez la règle de trois… De quoi s’agit-il?
Il s’agit de répéter trois fois les choses importantes :
1. Dites : « Je vais maintenant aborder le premier point qui est… » (en vous réfé-
rant au plan écrit au tableau).
2. Traitez ce point, utilisez souvent des exemples, faites appel au vécu (n’oubliez pas
que l’image facilite la mémorisation) ; votre exposé gagnera à être illustré par des dia-
grammes, des tableaux, éventuellement par des photos, n’hésitez pas à utiliser des sup-
ports audiovisuels.
3. Lorsque vous avez terminé l’un des points, dites : « Je viens de terminer le point 1
qui était… (référence plan au tableau) et nous avons conclu à ce sujet… » (faire une
phrase de synthèse, la projeter par l’intermédiaire du téléprojecteur ou du rétroprojecteur).
Abordez ensuite le point 2, procédez de la même manière que pour le point 1, etc.
Je vous conseille de faire votre exposé assis sur une chaise, le rétroprojecteur (ou le télé-
projecteur) posé sur une autre chaise. Cela vous permettra d’utiliser correctement cet
l’appareil dont la tête (cas du rétroprojecteur) ne se trouvera pas dans le champ de vision du
public mais dessous.
D’autre part, le degré d’attention d’un adulte moyennement intéressé par un conféren-
cier ne dépassant guère 5 à 7 minutes, vous savez que vos auditeurs, après un temps
relativement court, risquent de s’évader mentalement quelques secondes, voire
quelques minutes pour se reposer. Ils vont donc perdre des informations et il est impor-
tant de « récupérer » ces « voyageurs » et de leur fournir la possibilité de comprendre
en dépit de cette « évasion » inéluctable. Comment faire ?
Lorsque vous parvenez à la fin d’une des parties, levez-vous, dirigez-vous vers le
tableau en disant : « j’en ai terminé avec mon point 2 qui était… », élevez la voix et
montrez ce point 2 avec la main sur le tableau. Revenez ensuite vous asseoir et
annoncez fortement : « À ce sujet j’ai conclu… » puis projetez la synthèse partielle par
l’intermédiaire du rétroprojecteur ou du téléprojecteur.
Déplacez-vous de nouveau pour annoncer : « je vais maintenant vous parler du
point 3 qui est…, etc. »
Le simple fait de vous lever, de vous déplacer, d’augmenter le volume de votre voix
devrait vous permettre de récupérer momentanément l’attention des auditeurs perdus.
Comme vous ferez la même chose à la fin de chacune des parties, ils auront au moins
entendu l’essentiel et parfois « s’accrocheront » à ce que vous leur dites car ils perce-
vront le sens général.
Conclusion
55
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
OUI NON
Introduction
Saluer l’assistance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Détendre l’atmosphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Se présenter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Signaler son niveau d’expertise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Donner le titre de l’exposé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L’écrire au tableau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Donner le plan (trois à cinq parties) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
L’écrire au tableau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Situer la problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Poser les questions auxquelles on se propose de répondre grâce à l’exposé . .
Modalités de fonctionnement
Préciser la durée de l’exposé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dire si l’on accepte ou non les interventions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Annoncer le temps prévu à la fin pour les interventions du public . . . . . . . . .
Conclusion
Répondre aux questions posées dans l’introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Développer perspectives à moyen et long terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
56
La technique de l’exposé
L’ÉVALUATION FORMATRICE
ÉTAPE MÉTACOGNITIVE
57
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Types d’apprentissage
Procédure
Éléments
de stratégie
Démarche Proactive/Inductive
Évaluation formatrice
Méthode Démonstrative
Matériel Exposés/Rétroprojecteur/Tableau
Évaluation Application
Commentaire du tableau
Le type d’apprentissage visé est un apprentissage de procédure, les opérateurs
cognitifs qui vont être utilisés sont décrits dans la grille d’observation-évalua-
tion (check-list) p. 56.
Pour faire un exposé, on doit :
– saluer l’assistance,
– détendre l’atmosphère,
– etc.
La démarche utilisée est d’abord une démarche proactive. Pour cette leçon, je
fais de l’évaluation formatrice l’un des éléments clefs de ma stratégie, c’est éga-
lement une démarche inductive (je m’appuie sur des cas concrets).
La méthode utilisée pour enseigner cette procédure est une méthode démons-
trative puisque les informations (relatives à l’exposé) sont obtenues à partir de
la démonstration que je fais et de l’analyse du vécu de chacun dans un
deuxième temps.
La technique utilisée est une technique de modélisation : j’exécute la procé-
dure, je demande d’observer, d’analyser, de décrire et de reproduire.
Cette technique de modélisation est doublée par la technique du compagnon-
nage cognitif, visionnement de la bande vidéo et commentaires de ma part pour
verbaliser mes pensées, à certains moments particuliers de l’exposé (voir cette
technique chap. 19).
58
La technique de l’exposé
CONSÉQUENCES PRATIQUES
Enseigner une procédure
59
4
1. Ausubel, un pédagogue américain célèbre, estime que les advance organizers que je traduirai par « organi-
sateurs de la pensée » sont essentiels pour comprendre une théorie. Ces advance organizers doivent être pré-
sentés avant la théorie afin de fournir des points d’ancrage aux informations qui seront proposées par la suite.
Ce chapitre vise explicitement à vous fournir ces advance organizers dans le domaine de la pédagogie, vous
pourrez ainsi juger de l’efficacité de la chose, et les utiliser à votre tour si vous l’estimez utile.
2. Les advance organizers (voir note 1) d’Ausubel me paraissent jouer le même rôle que la base d’orientation
de l’action du psychologue Galpérine (Galpérine P.I., Essai sur la formation par étapes des actions et des
concepts, in Talyzina N.F. (dir.) De l’enseignement programmé à la programmation de la connaissance, Lille,
PUL, 1980, p. 167-183). Ce chapitre vise à vous mettre en contact avec ces deux concepts (advance organi-
zers et « base d’orientation de l’action »), donc à « ouvrir » dans votre esprit ces « accrocheurs cognitifs » qui
devraient vous permettre de mieux mémoriser les informations que vous trouverez dans cet ouvrage.
3. Fabre M., Situations problèmes et savoirs scolaires, PUF, 1999, p 110-117, propose 4 types de pédagogies
basées sur les situations problèmes qui constitutent un cadre de référence particulièrment intéressant pour la
formation des enseignants.
60
Une échelle de compétence de l’enseignant
– Activité de l’apprenant +
Exposé Module de FI
61
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
62
Une échelle de compétence de l’enseignant
Dans les modèles proposés par ces différents auteurs, les techniques d’animation
sont transcendées par une éthique qui devient totalement première, les objectifs
du domaine affectif et les objectifs méthodologiques passent avant les objectifs
de contenu, mais on ne peut atteindre ces niveaux supérieurs de l’animation que
si l’on maîtrise d’abord les niveaux de base, ce qui demande tout de même
quelques années de pratique.
63
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
indispensable pour identifier les techniques qu’il utilise, les résultats qu’il
obtient, et pour infléchir son action dans le sens désiré si les résultats obtenus ne
correspondent pas à ce qu’il attend.
• Les niveaux méthodologiques supérieurs (voir note 6) demandent, de mon
point de vue :
– d’être capable de citer différents modèles d’enseignement, de les décrire et de
les critiquer ;
– d’avoir dépassé le stade durant lequel on s’interroge sur les techniques péda-
gogiques que l’on met en œuvre et de considérer celles-ci comme des outils au
service d’une intention visant le développement de l’individu ;
– d’être en mesure de mettre en œuvre un modèle centré sur les objectifs du
domaine affectif et sur les objectifs méthodologiques en intégrant les diffé-
rentes leçons dans un plan de formation structuré et conçu pour atteindre des
objectifs à long terme parfaitement définis.
Ici l’enseignant est totalement engagé dans un projet de formation et il devient
difficile de dissocier animation et méthodologie.
Quel que soit le choix méthodologique que vous ferez – pédagogie tradition-
nelle, pédagogie de la maîtrise, pédagogie différenciée, pédagogie institution-
nelle, pédagogie Freinet, ou tout autre pédagogie que vous aurez éventuellement
inventée – vous devez maîtriser les techniques d’animation de base, ce qui signi-
fie que vous devez être capable :
– de poser des questions pour obtenir des réponses,
– de reformuler,
– d’encourager vos élèves, donc de les renforcer positivement (parce que vous
l’avez décidé, pour obtenir un certain résultat, et pas parce que vous le faites
plus ou moins spontanément),
– de faire reformuler,
– de donner des consignes et de vérifier qu’elles ont été comprises,
– de donner des exemples et des contre-exemples,
– de renvoyer une question ou une intervention spontanée au groupe.
Et parmi ces techniques d’animation vous devez impérativement maîtriser la
« technique du questionnement » car c’est une technique utilisée par tous les
enseignants, quelle que soit la méthode d’enseignement qu’ils privilégient.
64
5
La technique du questionnement
C’est Socrate 1 qui, avec son fameux calcul de la « diagonale du carré » par
l’esclave de Ménon, a donné ses lettres de noblesse à la technique du question-
nement il y a près de 2 400 ans, et c’est aujourd’hui le moyen d’animation le
plus utilisé par les enseignants, quelle que soit l’école pédagogique à laquelle ils
appartiennent. Pourtant, poser des questions, ou plutôt « obtenir des réponses »
ne va pas de soi, et si cette technique est parfaitement maîtrisée par tous les
enseignants chevronnés, elle n’est jamais maîtrisée par un enseignant débutant.
1. Voir Maïeutique, in Raynal F., Rieunier A., Pédagogie : dictionnaire des concepts clés, ESF éditeur, 2011,
p. 214-215.
2. Technique de micro-enseignement.
65
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
La progression d’un futur enseignant dans l’aptitude à poser des questions est
particulièrement intéressante, car révélatrice des difficultés rencontrées par un
débutant pour comprendre les enjeux que représente l’activité de questionne-
ment dans une salle de classe.
L’apprentissage du questionnement se fait généralement en quatre temps.
Premier temps : l’étudiant est incapable de poser des questions, il parle !…
Deuxième temps : l’étudiant passe plus de temps à poser les questions qu’il
n’en accorde aux élèves pour répondre.
Troisième temps : la relation entre le temps utilisé pour poser des questions et le
temps accordé aux élèves pour répondre devient plus raisonnable, mais sans maî-
trise totale du questionnement, c’est-à-dire que l’étudiant prépare les questions
qu’il entend poser, mais lorsque les élèves ne répondent pas ce qu’il attend il ne
retrouve pas le fil de ses idées et se perd dans le dédale des réponses imprévues.
Quatrième temps : le questionnement est à peu près maîtrisé.
Poser des questions ne garantit pas que l’on obtiendra les réponses espérées ;
tous les enseignants en font régulièrement la cruelle expérience. Comment obte-
nir la réponse attendue ?…
En partant du produit !
66
La technique du questionnement
opération
Situation PRODUIT
intellectuelle
Supposons que vous souhaitiez que les élèves vous répondent : PARIS. Après
avoir identifié la réponse souhaitée (le produit), il devient alors relativement
facile de trouver les questions (les situations) qui doivent provoquer cette
réponse. On peut sans peine en identifier plusieurs : Quelle est la capitale de la
France ? Quelle est la plus grande ville de France ? Dans quelle ville se trouve
ce monument ? (en montrant une image de la tour Eiffel).
Pour obtenir une réponse précise, il est souhaitable de poser la question à partir
d’un objet réel ou de sa représentation (photo, dessin, schéma). À la question :
Que faites-vous le matin ?, il est possible de répondre : je me lève, je m’amuse,
je déjeune, je me lave, je dors, je travaille, je regarde la télévision, etc. ; si vous
présentez une photo d’un enfant en train de faire sa toilette devant son lavabo et
que vous ajoutiez, C’est le matin, que fait cet enfant ? les réponses possibles
sont beaucoup plus limitées. La première question est une question ouverte, la
deuxième une question fermée.
Si l’on veut obtenir des réponses précises il faut d’abord identifier le produit (la
réponse attendue) et concevoir la situation (matériel à utiliser + questions à poser)
en fonction du résultat attendu.
67
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
4. L’étape : « identification de la logique du raisonnement », qui constitue une étape clef dans la conception
d’un questionnement menant à une découverte, a été formalisée à l’IPNETP, par Françoise Raynal, en 1981.
5. Le concept de synthèse des productions des élèves (SPE) constitue un concept clef pour préparer efficace-
ment une leçon. Il est explicité dans la suite de ce chapitre.
68
La technique du questionnement
3. Les molécules d’air ont la particularité de laisser passer toutes les lon-
gueurs d’onde qui constituent la lumière blanche, mais de diffuser la lon-
gueur d’onde du bleu.
4. De diffusion en diffusion la couleur bleue s’étend sur toutes les molécules
d’air, et le ciel prend une teinte uniformément bleue 6 ».
Voilà donc la réponse à faire construire, il s’agit maintenant de trouver les ques-
tions qu’il faudra poser, et leur ordre, pour que les élèves, en répondant aux
questions, reconstruisent la théorie et comprennent sa logique. Il s’agit donc,
comme pour Socrate dans le calcul de la diagonale du carré, de trouver les
« bonnes questions », celles qui permettent « d’obtenir les réponses attendues ».
Après la description précise du produit fini (première étape pour préparer un
questionnement), la deuxième étape de préparation d’un « questionnement
menant à une découverte » consiste à identifier la logique du raisonnement qui
permet de reconstruire la théorie ou le principe que vous souhaitez enseigner.
6. En réalité, le phénomène est nettement plus complexe, voir l’Encyclopædia Universalis à l’article « ciel »,
mais pour les besoins de la cause, je l’ai un peu simplifié.
69
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
ductions élèves (SPE), c’est-à-dire les étapes qui, en synthétisant les réponses
des élèves, permettront à ceux-ci de reconstruire le raisonnement. Ces SPE ne
sont qu’une reformulation du raisonnement précédent.
70
La technique du questionnement
T
T atmosphère
Poursuivre par :
Q. : Est-ce que la nuit le ciel est bleu sur la terre ?
R. : Non il est noir.
Q. : Donc, qu’est-ce qui doit jouer un rôle dans la couleur bleue du ciel le
jour ?
R. : Le soleil.
T
T atmosphère
7. Si vous faites cette expérience avec des élèves, ceux-ci répondent souvent à cette question : Pour être plus
lourds. Il faut alors passer par la question relais : Pour être plus lourd, il suffit de plomber les chaussures,
pourquoi portent-ils un scaphandre et un réservoir sur le dos ?
71
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Le dessin ci-dessus (p. 71) reformule la SPE 1 attendue [le premier acte de la
pièce est terminé ; rideau]. On peut donc passer maintenant à la recherche des
questions qui nous permettront de faire produire la SPE 2.
Poursuivre par :
Q. : Quelle est la couleur de la lumière émise par le soleil ?
R. : Blanche.
Donc le soleil nous envoie une lumière blanche et la couleur du ciel est
bleue, étrange !
lumière
blanche T
T atmosphère
72
La technique du questionnement
rouge
orangé
jaune atmosphère
S vert T
T ciel : couleur bleue
bleu
indigo
violet
Le dessin ci-dessus résume la SPE 2 [l’acte 2 est terminé], il est temps de cher-
cher les questions qui permettront de faire produire la SPE 3.
SPE 3 attendue : L’atmosphère arrête la couleur bleue alors que les autres cou-
leurs passent.
Q. : Donc le soleil nous envoie 7 couleurs différentes, dont le bleu, et le ciel est
uniformément bleu, pourquoi ? Qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène ?
R. : ???
Apporter l’information :
En réalité, chaque couleur est supportée par une longueur d’onde particu-
lière, la longueur d’onde du bleu est différente de la longueur d’onde du
rouge, etc.
Ajouter encore :
Bon, abandonnons momentanément notre problème pour quelques apports
d’information dont nous avons besoin pour le résoudre. Fréquemment, les
journaux parlent de la couche d’ozone, ils nous disent qu’elle est trouée et
que cela est très inquiétant, savez-vous pourquoi ?
R. : Parce qu’elle nous protège de radiations mortelles pour l’homme émises
par le soleil.
Donc, certaines radiations traversent l’atmosphère et d’autres pas.
Q. : En chimie, quel est l’élément de base d’un corps composé comme l’air ?
Les étudiants ont parfois des difficultés à comprendre le sens de la question ; si
c’est le cas passer par :
Q. : De quoi est constitué un corps simple ?
R. : D’atomes.
Revenir à la question de départ :
Q. : En chimie, quel est l’élément de base d’un corps composé comme l’air ?
R. : La molécule.
73
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Q. : Est-ce que vous savez ce que peut faire un rayon lumineux selon le
milieu qu’il traverse ?
R. : Il est réfléchi (miroir) ou il le traverse (verre transparent)
Dessinez le phénomène au fur et à mesure que les élèves le décrivent.
Ajoutez les schémas 3 et 4 pour leur faire trouver la réfraction et la diffusion
s’ils ne trouvent pas ces solutions spontanément.
R O J V BI V
Bien, vous possédez maintenant tous les éléments qui permettent de com-
prendre ou de faire une hypothèse sérieuse sur la raison pour laquelle sur la
terre, le ciel est bleu.
Résumons ce que nous savons : Le soleil nous envoie de la lumière blanche,
elle-même composée des 7 couleurs du spectre : rouge, orangé, jaune, vert,
bleu, indigo, violet.
Chaque couleur est soutenue par une longueur d’onde différente, cette
lumière blanche arrive sur les couches de l’atmosphère constituées de molé-
cules d’air, et de la terre, le ciel paraît bleu.
Q. : Pourquoi d’après vous, pourquoi est-il bleu et non pas rouge, vert ou
blanc ? Souvenez-vous que chaque couleur a une longueur d’onde différente.
74
La technique du questionnement
R. : L’une des longueurs d’onde est arrêtée par les molécules d’air !
Q. : Laquelle ? R. : Le bleu !
Nous voilà donc parvenus à la SPE 3. Il faut maintenant chercher les questions
qui permettront de faire produire la SPE 4.
Attention tout de même, ce qui est important, c’est qu’ils comprennent le sens de
l’information, pas qu’ils trouvent le mot que vous voulez leur faire dire ; dès qu’ils
ont compris le sens général, reformulez à votre manière, mais ne passez pas trente
secondes ou une minute à tenter désespérément de leur faire dire le mot que vous
recherchez.
75
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
CONSÉQUENCES PRATIQUES
Poser des questions pour obtenir des réponses
Si l’on souhaite obtenir des réponses précises aux questions que l’on pose, il faut
commencer par la fin, définir d’abord le produit attendu (les réponses), et chercher
ensuite les moyens (les questions).
76
6
L’évaluation 1
Généralités
1. Un excellent ouvrage généraliste sur le sujet : Bonniol J.-J., Vial M., Les modèles de l’évaluation. Textes
fondateurs avec commentaires, De Boeck Université, 2009.
2. Voir : Tousignant R., Laurier M. D., Les principes de la mesure et de l’évaluation des apprentissages,
Gaëtan Morin, 2005.
77
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Évaluer quoi ?
Évaluer pourquoi ?
78
L’évaluation
tielle de cette évaluation est informative (on fait simplement le point pour éven-
tuellement corriger les trajectoires) ;
– l’évaluation formatrice qui vise à faire construire par l’apprenant les critères
d’évaluation AVANT de s’engager dans l’action d’apprentissage, de façon à
optimiser les activités d’apprentissage (voir chap. 3, p. 57) ;
– l’évaluation sommative qui doit être préparée par des évaluations formatives
réussies, et qui a pour fonction de certifier une compétence, de mettre une note
dans le but de sélectionner et de justifier la sélection.
Je voudrais souligner ici à quel point la notation sur 20, celle que nous avons
tous connue dans notre scolarité, est marquée idéologiquement. Lorsque vous
enseignez comment reconnaître un adjectif qualificatif dans une phrase, ou com-
ment prendre des mesures au pied à coulisse, vous faites la leçon au mois
d’octobre, puis vous proposez des exercices d’entraînement, et enfin vous don-
nez une interrogation écrite notée. Certains élèves ont 18/20, d’autres 10/20 et
un certain nombre d’élèves ont moins de 4/20. Vous recopiez alors ces notes sur
un carnet pour faire la moyenne trimestrielle et vous continuez ainsi.
À la fin de l’année scolaire, tous vos élèves ou presque sont capables d’identifier
un adjectif qualificatif ou de prendre une mesure au pied à coulisse (si vous avez
fait correctement votre travail dans l’année), mais vous ne supprimez pas la mau-
vaise note d’octobre pour autant!… Cela signifie que vous notez, donc que vous
sélectionnez, sur la base de la vitesse d’apprentissage et pas sur les compétences
acquises. Analysez donc vos pratiques à la lumière de cet exemple et demandez-
vous ce que vous faites lorsque vous notez, à quelle idéologie (consciente ou
inconsciente) vous obéissez? Quel est le rôle exact que vous jouez?
Évaluer comment ?
Évaluer le degré d’atteinte des objectifs, faire le point pour corriger les dérives
inéluctables est indispensable pour enseigner avec une quelconque efficacité.
Cette activité est délicate, mais nous possédons tout de même aujourd’hui
quelques outils susceptibles de nous aider :
– la description des différents types d’items ;
– la taxonomie de Bloom ;
– les tables de spécification3.
3. Je ne développerai pas les tables de spécification dans ce chapitre, je renvoie le lecteur intéressé par une
information rapide à Raynal F., Rieunier A., Pédagogie : dictionnaire des concepts clés, ESF, 2011, ou pour
plus de détails sur le sujet à Tousignant R., Laurier M. D., Les principes de la mesure et de l’évaluation des
apprentissages, Gaëtan Morin.
79
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Je reviendrai longuement dans ce chapitre sur ce type d’item qui permet d’éva-
luer des activités intellectuelles de niveau élevé si l’on prend certaines précau-
tions de rédaction.
Item vrai-faux
L’évaluation formative est l’évaluation qui permet d’informer l’apprenant et
l’enseignant du degré d’atteinte des objectifs.
■ Vrai ■ Faux
4. Cette partie est empruntée à : Raynal F., Rieunier A., Pédagogie : dictionnaire des concepts clés, ESF édi-
teur, 2011, p. 189-193.
80
L’évaluation
Item à apparier
Relier par une flèche les psychologues et les écoles psychologiques :
Bandura Apprentissage social
Freud Behaviorisme
Piaget Cognitivisme
Skinner Néo-behaviorisme
Psychanalyse
Conseils :
– Pas plus de 11 items.
– Placez les réponses dans un ordre alphabétique.
– Construisez des listes d’inégale longueur.
2. La taxonomie de Bloom
Nous avons rencontré cet outil dans le chapitre 1, et je tiens à souligner que c’est
un outil extrêmement intéressant pour un pédagogue qui sait l’utiliser 5. En effet,
il permet entre autre choses d’identifier l’activité intellectuelle que vous sollici-
tez chez un élève lorsque vous lui demandez de répondre à un outil d’évalua-
tion, il vous permet donc de déterminer le niveau réel de l’objectif que vous
poursuivez en analysant vos outils d’évaluation.
Rappelons pour mémoire les six niveaux du domaine cognitif définis par
Bloom :
1. Connaissance (mémoriser, réciter par cœur).
2. Compréhension (dire dans ses propres termes).
3. Application (appliquer ses connaissances).
4. Analyse (différencier hypothèses et conclusions, faits et interprétations, etc.).
5. Synthèse (réaliser une œuvre personnelle).
6. Évaluation (porter un jugement de valeur argumenté).
5. Malheureusement, nombre d’enseignants et de formateurs qui le connaissent estiment, à tort, qu’il ne sert à
rien.
81
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Le premier item qui m’était venu à l’esprit ne m’avait demandé aucun effort
intellectuel particulier, en conséquence il ne demandait à celui qui était censé y
répondre qu’un effort intellectuel relativement limité. Le second item m’a
demandé un peu plus de réflexion, il provoque chez l’élève qui doit répondre un
niveau de réflexion équivalent.
Il semble qu’il y ait, là, une sorte d’effet d’équilibration. Pour provoquer une
activité intellectuelle de niveau élevé par l’intermédiaire d’un outil d’évaluation,
vous devez vous-même produire une activité du même niveau au moment de la
82
L’évaluation
6. Krumm et Seidel cités par De Landsheere, Évaluation continue et examens. Précis de docimologie, Labor,
1976, ont analysé 2 825 exercices faits en classe et 3 827 questions ouvertes d’examens. Toutes se rapportaient
à l’enseignement commercial dans les Länder d’Allemagne fédérale. L’appel à la mémoire (connaissance
selon Bloom) était respectivement de 93,6 et de 96 %.
83
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
T T
soleil
T
plan de l’écliptique
Le plan de l’écliptique est le plan dans lequel tourne la terre autour du soleil en
un an.
La terre tourne sur elle-même autour de l’axe des pôles en 24 heures, ce qui pro-
voque le phénomène du jour et de la nuit, et autour du soleil en un an, ce qui
provoque le phénomène des saisons.
Après ce rappel succinct de quelques connaissances de base, tentez de répondre
au questionnaire ci-dessus avant de lire la suite.
Solution :
Le tropique est la ligne imaginaire au-dessus de laquelle le soleil est au
zénith (à la verticale) une fois par an.
21 décembre 21 juin
84
L’évaluation
Le soleil n’est jamais au zénith au-delà de ces lignes (les tropiques) vers le
nord ou vers le sud. Il passe par contre deux fois au zénith en un an pour les
points de la planète qui se trouvent entre les deux tropiques et en particulier
à l’équateur.
Le balancement apparent du soleil entre les deux tropiques est une consé-
quence directe de l’inclinaison de l’axe des pôles. Cet axe est incliné de
23° 27’par rapport au plan de l’écliptique, donc les tropiques sont situés à
23° 27’de l’équateur. Si l’axe n’était plus incliné (mais perpendiculaire au
plan de l’écliptique) les tropiques et l’équateur seraient confondus.
Lorsque je travaille sur cet item avec des stagiaires en formation continue, ceux-
ci apprennent généralement, grâce à cet exercice, la signification exacte du
concept de tropiques, ce concept acquiert brutalement une tout autre significa-
tion pour eux. Le lecteur notera que je donne ici un exemple de stratégie
d’enseignement de concept, stratégie basée sur un problème posé par un item
d’évaluation bien conçu (pédagogie spiralaire).
Toutes les réponses proposées dans cet item sont justes sauf la 3 qui est fausse.
Si l’axe des pôles était définitivement perpendiculaire au plan de l’écliptique,
alors les pôles seraient dans un crépuscule permanent.
Comme vous le voyez, la rédaction d’un item à choix multiple sur la base d’une
structure « si… alors » permet de concevoir un outil d’évaluation d’un niveau
bien supérieur au niveau connaissance et le choix de l’item « choix multiple »
n’a pas nécessairement pour conséquence de vous condamner à n’évaluer que
des objectifs du niveau inférieur de la taxonomie de Bloom.
Lorsqu’un enfant se trompe à une soustraction par exemple, on peut lui faire
refaire de nombreuses soustractions, les corriger, réexpliquer comment il faut s’y
prendre, etc., jusqu’à ce que l’élève ne fasse plus d’erreur, et si l’on soumet l’élève
à un entraînement suffisant, on parvient généralement à un résultat satisfaisant.
On peut aussi analyser les erreurs commises pour tenter d’inférer le processus
intellectuel suivi par l’élève et identifier ainsi le type de raisonnement suivi.
Cela passe par la création d’outils d’évaluation ciblés sur les difficultés connues,
de façon à pouvoir proposer ultérieurement, en remédiation, des exercices spéci-
fiquement liés à l’erreur de raisonnement identifiée.
La plupart des élèves lors de leur apprentissage de la soustraction parviennent à
résoudre le problème :
7 – 3 =?
mais ont des difficultés avec le problème :
?=7–3;
85
La pédagogie traditionnelle – Les techniques de base
Conclusion
7. Tous les enseignants devraient lire la magnifique étude sur la soustraction que propose Cardinet, dans
l’excellent ouvrage : Cardinet J., Évaluation scolaire et pratique, De Boeck Université, 1989, p. 9 à 95.
8. Plusieurs ouvrages (en dehors de Tousignant et Bonniol/Vial déjà cités p. 77) méritent d’être lus :
Barbier J.-M., L’évaluation en formation, Paris, PUF, 2001. (Pour ceux qui s’intéressent à l’évaluation dans
son sens le plus large.)
De Landsheere G., Évaluation continue et examens, Précis de docimologie, Labor, 1992. (Indispensable.)
De Peretti A., Boniface J., Legrand J.-A., Encyclopédie de l’évaluation en formation et en éducation. Guide
pratique, ESF, 2009. (Remarquable.)
Hadji C., L’évaluation des actions éducatives, PUF, 1992.
Scallon G., L’évaluation formative des apprentissages, De Boeck, 2000.
Schoer L., L’évaluation des élèves dans la pratique de la classe, PUF, 1975.
86
L’évaluation
CONSÉQUENCES PRATIQUES
Évaluer
87
Deuxième partie
1. Comme nous l’avons vu chapitre 2, les pédagogues révolutionnaires, dont je ne parle pas dans cette page
car ils étaient peu nombreux, pratiquaient alors la pédagogie non directive, la pédagogie Freinet et/ou la péda-
gogie institutionnelle.
2. La pédagogie basée sur la maïeutique socratique est une pédagogie centrée sur le maître, dans laquelle
l’enseignant par l’intermédiaire du questionnement tente de faire redécouvrir par les élèves un concept, un
principe, une méthode (voir chapitre 4 : le ciel est bleu).
3. Mager R. F., Comment définir les objectifs pédagogiques, Dunod, 2005.
90
La pédagogie par objectifs – Première manière
ticuler les objectifs spécifiques et les objectifs intermédiaires dans une structure
complexe plus proche de celle d’un quatre-quarts que de celle d’un millefeuille 4.
Quelles que soient les erreurs commises, ces précurseurs ont nettement contri-
bué à faire avancer les choses et si la pédagogie par objectifs première manière
manquait manifestement de recul, elle a permis de mettre en évidence :
– l’importance primordiale de l’évaluation formative dans la dynamique de
l’apprentissage,
– la nécessité de prendre en compte les caractéristiques particulières de
l’apprenant.
Les deux leçons suivantes sont présentées selon le premier modèle de prépara-
tion IPNETP 5 :
– technique d’animation privilégiée : maïeutique (questionnement) + travail
individuel.
– méthodologie : objectif spécifique micro-objectifs – SPE (synthèse des pro-
ductions élèves)/évaluation formative.
Le lecteur sera sûrement surpris par le niveau de détail des préparations présen-
tées, mais cet ouvrage est écrit pour donner à voir à un enseignant débutant
toutes les questions que se pose mentalement un professionnel de la pédago-
gie qui prépare une leçon et les réponses apportées.
4. Pour ceux qui préfèrent une autre image, un plan de formation c’est une tresse d’objectifs généraux compo-
sés d’objectifs intermédiaires et d’objectifs spécifiques qui s’articulent, se répondent, se complètent pour
construire des synergies et surtout pas un collier de perles à une seule rangée, dans lequel une perle (un objec-
tif) n’est en contact qu’avec celui qui le précède et avec celui qui le suit.
5. F. Raynal, A. Rieunier, 1981.
91
7
Enseigner un concept
en utilisant la pédagogie par objectifs
Dès que vous enseignez le sens d’un mot, vous enseignez un concept (voir
Préparer un cours, tome 2, chap. 15 et 16) et les résultats impressionnants des
recherches de Lieury 1 semblent prouver que l’enseignant consacre plus de 50 %
de son temps à enseigner des concepts. Lieury a présenté à des élèves de fin de
6e un échantillon de 800 mots nouveaux (sur les 6 000 mots qu’il est possible
d’acquérir en 6e) afin de vérifier leur niveau d’acquisition et d’identifier par
extrapolation le nombre de concepts appris en une année scolaire. Ces mots
dépendaient de disciplines variées : biologie, français, histoire, mathématiques,
etc. Lieury souligne : « Les résultats sont très variables avec un taux de réussite
d’environ 60 % pour les langues et 50 % pour la géographie, l’instruction
civique, la physique et les maths jusqu’à seulement 30 % pour l’histoire, la bio-
logie, et le français. »
Quelle est donc la capacité d’acquisition en une année scolaire ? « L’extrapola-
tion à partir des bonnes réponses permet d’estimer à environ 2 500 le nombre de
mots acquis en 6e, environ 5 500 en 5e, 11 000 en 4e et 17 000 en 3e, soit une pro-
gression gigantesque. Les différences entre les élèves sont parfois énormes et
apparaissent très corrélées aux performances scolaires (.60 à .70) » 2.
92
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
Enseigner un concept
Pour enseigner un concept, il existe deux grandes stratégies3 basées sur les
démarches inductives et déductives4, et des variantes multiples de ces stratégies5.
4. Évaluer 4. Évaluer
Le lecteur trouvera dans les pages suivantes deux leçons basées sur des straté-
gies inductives différentes et consacrées à l’enseignement du concept de « pro-
position » et à l’enseignement du concept d’« adjectif qualificatif ».
3. Pour de plus amples détails, voir Préparer un cours, tome 2, chapitres 15, 16, 18 et 22, et cet ouvrage, cha-
pitres 13, 16, 17, 18.
4. Démarche inductive : aller du concret à l’abstrait. Démarche déductive : aller de l’abstrait au concret.
5. Voir Préparer un cours, tome 2, chap. 16, et cet ouvrage : chap. 9, 10, 14.
93
La pédagogie par objectifs – Première manière
Leçon 3
L’ANALYSE LOGIQUE
D’UNE PHRASE EN PROPOSITIONS
4. Ébaucher la stratégie
Q. De quel type d’apprentissage s’agit-il ? (Voir taxonomie de Gagné p. 19 à 21).
R. Si l’objectif consiste à « identifier les différents types de propositions (indépendante,
principale, subordonnée) dans une phrase donnée », alors il s’agit en même temps d’un
apprentissage de concept (les trois types de propositions) et d’un apprentissage de
procédure (la méthode pour les identifier).
S’il s’agit d’enseigner des concepts et une méthode, je peux donc mobiliser la stratégie
classique d’enseignement de concept 6 et la stratégie classique d’enseignement
de procédure 7.
6. Voir page précédente, voir aussi les chap. 13, 16, 17, 18.
7. Voir p. 59 et chap. 12, enseigner une procédure.
94
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
5. Concevoir la motivation
Q. Sur quel levier puis-je appuyer pour intéresser les élèves au problème du clas-
sement des différentes propositions ? Ou encore : Comment donner du SENS à
cette leçon ?
À quelle(s) connaissance(s) déjà existante(s) dans leur esprit puis-je « accrocher »
ces concepts ?
R. Au sens des mots.
Q. Que pourrais-je poser comme problème pour les intéresser ?
R. Commencer de manière incongrue, en disant :
Aujourd’hui, je n’ai guère envie de travailler, nous allons sortir nous promener ou res-
ter ici mais ne pas travailler. C’est à vous de décider de ce que nous allons faire,
faites-moi des propositions, je vais les écrire au tableau puis nous déciderons
ensemble de ce que nous ferons.
Écrire au tableau : « Propositions », puis lister les propositions des élèves.
Les propositions devraient ressembler à ceci :
– Allons à la piscine ;
– Allons au cinéma ;
– Jouons à la belote ;
– Dormons ;
– etc.
Après avoir recueilli cinq ou six propositions, poursuivre par :
Avant d’aller plus loin, je souhaiterais que vous répondiez à trois questions qui n’ont
rien à voir avec ces propositions, nous reviendrons à vos propositions tout à l’heure.
Répondez d’abord aux questions :
– Comment appelle-t-on le directeur d’un collège ?
Réponse : Le principal. (L’écrire au tableau.)
– Et les artisans, ceux qui travaillent seuls…, on dit que ce sont des « travail-
leurs ?… » Vous connaissez le terme ?
R. : Indépendants.
– Indépendants, bravo ! Écrire le mot « indépendant » sous « principal », si les élèves ne
le trouvent pas, le donner ; – Et pourquoi le directeur du collège s’appelle-t-il « princi-
pal » ?
R. : Parce qu’il est important, parce qu’il a des subordonnés sous ses ordres ;
– Parfait (Écrire le mot « subordonné » sous « principal »).
95
La pédagogie par objectifs – Première manière
Après cela, la leçon devrait être lancée, l’intérêt momentanément accroché (où veut-il en
venir ?). Poursuivre par :
En réalité, j’ai un peu travesti la vérité tout à l’heure, nous sommes en train de tra-
vailler, nous venons de commencer la leçon de grammaire relative au découpage
d’une phrase complexe en propositions, leçon qui vous permettra de résoudre un
problème qui a été posé l’année dernière à vos camarades de 3e lorsqu’ils ont passé
le brevet des collèges. Certains ont eu des difficultés et pourtant c’était particuliè-
rement facile, comme vous allez vous en rendre compte par vous-mêmes car à la
fin de l’heure je vous assure que chacun d’entre vous sera capable de répondre
juste à l’exercice auquel certains de vos camarades de 3e ont échoué l’an dernier.
Distribuer l’outil d’évaluation (voir ci-dessous).
Vous ne distribuez que l’exercice, pas le corrigé, bien entendu.
Les élèves prennent connaissance de l’outil d’évaluation, ils lisent seulement la consigne
et les deux premières phrases.
On peut alors leur faire énoncer l’objectif de la leçon :
Identifier les différentes propositions d’une phrase donnée : indépendante, princi-
pale, ou subordonnée.
OUTIL D’ÉVALUATION
Parmi les phrases ci-dessous, soulignez les propositions indépendantes d’un trait poin-
tillé, les propositions principales d’un trait plein et les propositions subordonnées d’un
double trait.
1. Viens !
2. Le petit chat est mort.
3. Jean a gagné un titre de champion de France de judo qui le remplit de joie.
4. Jean a gagné un titre de champion de France de judo, il est très heureux.
5. Le maire de la ville a une nouvelle voiture.
6. La ville, dont le prince est un enfant, a ouvert ses portes à tous les poètes.
7. Je mange le gâteau que j’ai cuisiné hier.
8. Je suis allé jouer au football, alors que je devais faire mes devoirs.
9. Mon père a acheté un vélo que j’ai cassé le lendemain.
10. Vivement la récréation.
1. Viens !
2. Le petit chat est mort.
96
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
Planifier l’action
L’outil d’évaluation étant ainsi clairement défini, je peux tenter de définir l’opérateur
cognitif qui permettra de répondre juste à l’outil d’évaluation et qui me permettra ensuite
de planifier le déroulement de l’action.
Les SPE (synthèse des productions des élèves) constituent l’élément principal, la
clef d’une préparation de leçon efficace. Certains enseignants avec lesquels j’ai
travaillé durant plusieurs années sur des projets divers et qui se sont approprié cette
démarche de préparation considèrent que lorsqu’ils ont identifié l’opérateur cognitif
et les SPE leur préparation de leçon est terminée. Comment définir les SPE ?
97
La pédagogie par objectifs – Première manière
11. Momentanément, je ne traiterai pas des propositions qui incluent un verbe à l’infinitif ou au participe.
98
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
? ? SPE 2
? ? SPE 3
? ? SPE 4
99
La pédagogie par objectifs – Première manière
LES PROPOSITIONS,
(INDÉPENDANTES, PRINCIPALES, SUBORDONNÉES)
PRÉPARATION DÉTAILLÉE
1. Micro-objectif 1. Motivation.
Dire : Aujourd’hui, je n’ai guère envie de travailler (voir détails p. 95-96).
Distribuer l’outil d’évaluation (voir p. 96). Les élèves prennent connaissance de l’outil
d’évaluation, lisent la consigne et les deux premières phrases.
Questionnement pour leur faire énoncer la SPE 1 : la synthèse des productions des
élèves 1 qui correspond à l’objectif : identifier les différentes propositions d’une
phrase donnée indépendante, principale, ou subordonnée(s).
100
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
Micro-stratégie 3.
Pour obtenir cette production, dire :
« Revenons aux propositions que vous m’avez faites tout à l’heure (voir p. 95). Toutes
sont des phrases que les grammairiens appellent des phrases simples. Je vais vous pro-
poser un autre type de phrase. Si je dis (écrire au tableau) : « Hamed mange le gâteau
qu’il a acheté ce matin. » (Ici, il est éminemment souhaitable d’inventer une phrase qui
fasse explicitement référence à un élève et à un événement qui s’est passé récemment
dans la classe afin que les élèves se sentent concernés). Dire : « Combien y a-t-il de pro-
positions dans cette phrase ? »
Demander de répondre par écrit sur un petit papier, en ramasser quelques-uns, faire le
bilan, faire donner le corrigé par un élève. Poursuivre par :
Écrivez sur un papier les deux propositions que vous percevez dans cette phrase.
101
La pédagogie par objectifs – Première manière
Contrôler. Refaire l’exercice jusqu’à ce que chacun ait compris. Si certains élèves
éprouvent des difficultés, demander à ceux qui savent d’enseigner à ceux qui ne
savent pas.
Demander ensuite de formuler une phrase complexe, donc une phrase contenant plu-
sieurs propositions. Proposer éventuellement un exemple : La souris a mordu le chat qui
avait mangé le gâteau. Le fait d’introduire une formulation de type surréaliste devrait pro-
voquer un intérêt nouveau et une débauche de productions si vous n’y mettez pas un
frein (accepter ou refuser les propositions « à la marge » qui peuvent surgir à la suite de
cette amorce dépend de votre degré de tolérance à la déviance).
Toujours est-il qu’à la suite de ces exercices, les concepts de propositions indépen-
dantes, principales et subordonnées sont relativement bien compris et que l’on peut
demander aux élèves de travailler par deux puis par quatre, les « couples » produisant
des phrases et les soumettant aux autres groupes qui les analysent.
SPE 3 bis. Phrases produites par un groupe et analysées par un autre pour déci-
der de quel type de proposition il s’agit.
5. Évaluation
Revenir au problème initial, et dire :
Vous avez maintenant, en principe, toutes les connaissances nécessaires pour
répondre aux questions posées dans l’outil d’évaluation que je vous ai distribué au
début du cours, reprenez-le et essayez de répondre aux questions.
Corriger immédiatement.
12. Pour le moment, nous ne considérerons pas les verbes à l’infinitif ou au participe, nous modifierons cette
règle plus tard lorsque nous en saurons assez pour identifier les propositions infinitives ou participes.
102
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
TABLEAU FINAL
ANALYSE LOGIQUE D’UNE PHRASE EN PROPOSITIONS
Objectif
Identifier les différentes propositions dans une phrase.
Définition
Dans une phrase, il y autant de verbes que de propositions.
Viens ! (Une proposition.)
Viens,/nous partons. (Deux propositions.)
Le soleil se lève.
Proposition indépendante
Je mange la banane
Proposition principale
que j’ai achetée.
proposition subordonnée
103
La pédagogie par objectifs – Première manière
13. Voir Joyce B., Weil M., Models of teaching, Allyn & Bacon, 2008, chap. 2 et 3.
14. Barth B. M., L’apprentissage de l’abstraction, Retz, 2001.
Barth B. M., Le savoir en construction, Retz, 2002.
104
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
Leçon 4
L’ADJECTIF QUALIFICATIF 15
1. Définir l’objectif
Q. Que seront-ils capables de faire à la fin de la leçon qu’ils n’étaient pas
capables de faire au début ?
R. J’espère qu’ils seront capables de reconnaître tous les adjectifs qualificatifs d’une
phrase donnée.
4. Ébaucher la stratégie
Q. De quel type d’apprentissage s’agit-il ? (Voir taxonomie de Gagné p. 19-21).
R. Il s’agit d’enseigner le sens d’un mot, donc il s’agit d’un enseignement de concept.
S’il s’agit d’enseigner un concept, je peux donc mobiliser la stratégie classique
d’enseignement de concept 16 mais dans ce cas particulier, il paraît intéressant d’ajou-
ter une forme jouée, le jeu : à quoi je pense ? Ou le jeu des exemples OUI et des
exemples NON.
15. Cette leçon est un élément d’une séquence de leçons qui visent à reconnaître un adjectif qualificatif et à
identifier ses fonctions. Le lecteur intéressé par la leçon relative aux fonctions de l’adjectif qualificatif (épi-
thète, attribut, apposition) trouvera cette leçon traitée selon la méthode algorithmico-heuristique (construction
d’algorithmes) de Landa et Scandura, chap. 13.
16. Voir cet ouvrage p. 93 et Préparer un cours, tome 2, chap. 15 et 16.
105
La pédagogie par objectifs – Première manière
5. Concevoir la motivation
Q. Sur quel levier puis-je appuyer pour intéresser les élèves au problème du clas-
sement des différentes natures de mots composant une phrase ? Ou encore :
Comment donner du SENS à cette leçon ?
À quelle(s) connaissance(s) déjà existante(s) dans leur esprit puis-je « accrocher »
ces concepts ?
R. Difficile de répondre à cette question. Identifier la nature des mots dans une phrase
est une préoccupation d’adulte, il n’est pas facile de faire comprendre l’intérêt de cette
activité à un élève de l’enseignement primaire.
Q. Que pourrais-je poser comme problème pour les intéresser ?
R. Proposer de jouer à « Qu’est-ce que j’ai dans la tête ? ».
Dire : Aujourd’hui, j’ai envie de travailler différemment de ce que nous faisons d’habi-
tude et je vais vous proposer de jouer avec moi.
Voilà la règle de ce jeu.
Je pense à quelque chose dans ma tête et je vous donne des exemples OUI et des
exemples NON.
Le jeu consiste pour vous à deviner ce que j’ai dans la tête.
Faire reformuler la règle du jeu, vérifier qu’elle est parfaitement comprise.
Enchaîner avec :
Voici tout d’abord un premier exemple,
(projeter au rétroprojecteur)
OUI NON
Rouge Poisson
Si j’utilise ces mots dans une phrase cela donne :
Projeter au rétroprojecteur ou écrire au tableau :
Exemple OUI Exemple NON
Les cardinaux portent Le poisson de Maguy n’a pas été
une robe rouge nourri ce matin.
Voilà donc un premier couple d’exemples, rouge est un exemple OUI et poisson
est un exemple NON, je vais maintenant vous projeter cinq exemples OUI et cinq
exemples NON et vous laisser un temps de réflexion afin de vous permettre de
commencer à construire des hypothèses par rapport à ce que j’ai dans la tête, ou
formulé autrement, il s’agit pour vous d’identifier les critères que j’utilise lorsque je
classe mes exemples en positifs et négatifs.
17. Aller du concret à l’abstrait. Voir : Préparer un cours, tome 2, chap. 16.
106
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
6. Concevoir l’outil d’évaluation s’il n’a pas été conçu dans la phase 2
Q. Qu’est-ce que je vais leur proposer comme outil d’évaluation ?
R. Je vais leur proposer deux outils d’évaluation :
OUTIL D’ÉVALUATION 1
Parmi les mots en gras ci-dessous, soulignez tous les adjectifs qualificatifs.
Cette émeraude est superbe.
Le ciel bleu remplit d’aise les touristes.
Cet ordinateur est équipé d’un micro processeur Pentium 4.
Si tu es désagréable tu n’auras pas de dessert.
C’est le retour du Jedaï.
Ce tableau représente une vue superbe de Venise.
On devient généralement plus sage et parfois plus tolérant en vieillissant.
Cette sculpture est monumentale.
Il chante le matin et le soir.
J’aime beaucoup le théâtre.
CORRIGÉ
107
La pédagogie par objectifs – Première manière
OUTIL D’ÉVALUATION 2
CORRIGÉ
Planifier l’action
108
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
L’ADJECTIF QUALIFICATIF
PRÉPARATION DÉTAILLÉE
1. Motivation
Dire : Nous allons faire un jeu. Je pense à quelque chose dans ma tête et je vous
donne des exemples OUI et des exemples NON.
Le jeu consiste pour vous à deviner ce que j’ai dans la tête.
Voici tout d’abord un premier exemple (projeter au rétro-projecteur) :
Exemple OUI Exemple NON
Rouge Poisson
Si j’utilise ces mots dans une phrase,
109
La pédagogie par objectifs – Première manière
110
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
Ramasser quelques papiers au hasard (première rangée ou premier groupe selon votre
organisation spatiale), comptabiliser les résultats, les écrire au tableau.
Fournir la bonne réponse, sans proposer de justifications.
Faire de nouveau l’exercice sur un nouvel exemple.
3. Le cheval saute la barrière.
4. Le livre de mon ami est passionnant.
Passer dans les rangs pour tenter de percevoir où en est le groupe classe.
Même exploitation. Progressivement, de plus en plus d’élèves réussissent. Ne pas
oublier de féliciter chaudement ceux qui ont répondu juste : Bravo, il y en a 3 sur 5 qui
semblent avoir parfaitement compris.
Proposer un exemple supplémentaire.
7. Le sourire triomphant de René m’énerve.
8. Georges a été reçu à trois concours, c’est le triomphe.
111
La pédagogie par objectifs – Première manière
Faire trouver les munitions qui peuvent être utilisées par cette « mitraillette » particulière.
Faire de même avec une mitraillette qui modifierait le nom qui joue le rôle de sujet.
Lorsque tout le monde a joué avec la mitraillette, donc à peu près compris, faire passer
le test d’évaluation 1.
Corriger.
Faire passer le test d’évaluation 2.
Corriger.
Demander à chaque élève d’écrire trois phrases simples qui contiennent un nom et un
adjectif qualificatif en soulignant le nom d’un trait plein et l’adjectif qualificatif d’un trait
discontinu.
112
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
TABLEAU FINAL
L’ADJECTIF QUALIFICATIF
OUI NON
Rouge Poisson
Exemple OUI Exemple NON
Les cardinaux portent une robe rouge. Le poisson de Maguy n’a pas été nourri ce matin.
Exemples OUI Exemples NON
Ce jeune horloger fait un bon travail. Le train de 11h45 aura
un quart d’heure de retard.
J’apprécie ce savon onctueux. Ce cheval a gagné la course.
Henri est un garçon élégant. La table du salon a perdu un pied.
J’ai pêché un poisson énorme. Le mécanisme de fermeture est en panne.
C’est un village absolument charmant. La ville de Paris dépense beaucoup
d’argent pour com-
battre la pollution.
113
La pédagogie par objectifs – Première manière
ÉTAPE MÉTACOGNITIVE
114
Enseigner un concept en utilisant la pédagogie par objectifs
Types d’apprentissage
(Gagné)
Concepts
Éléments
de stratégie
Démarche Inductive
Méthode Interrogative
Technique Questionnement
Évaluation Appliquer
115
Troisième partie
118
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
1. La description des différents types de pédagogie proposée dans cet ouvrage est bien sûr caricaturale, la réa-
lité est beaucoup plus nuancée, les techniques pédagogiques relevant du travail de groupe ont été expérimen-
tées, décrites et théorisées par Cousinet de 1910 à 1945, date à laquelle il publie aux Éditions du Cerf : Une
méthode de travail libre par groupes. Elles sont parfaitement connues et utilisées par les adeptes de l’éduca-
tion nouvelle dans la première moitié du siècle, comme l’activité individuelle d’ailleurs. L’enseignement pro-
grammé est inventé en 1954 par Skinner.
Cependant, la théorisation de l’intérêt pour le travail de petits groupes par l’intermédiaire de la psychologie
sociale du développement date de la fin de la décennie soixante-dix (Perret Clermont : 1979), et les thèses de
Vygotski relatives à l’importance du conflit socio-cognitif publiées en 1934 en Russie ne seront connues des
enseignants français qu’en 1984 avec la traduction de l’ouvrage : Vygotski L., Pensée et langage, 1934, trad.
franç. La Dispute, 1997.
Ce sont ces travaux de psychologie sociale et l’arrivée massive des ordinateurs dans les écoles qui ont relancé
l’intérêt des pédagogues pour des techniques qui étaient parfaitement connues depuis très longtemps mais
relativement peu utilisées.
119
8
Les principes
Les hommes créent les concepts pour catégoriser et organiser leur environne-
ment mais découvrent les principes 1 pour expliquer les phénomènes et maîtri-
ser ledit environnement.
Ainsi :
– la loi d’Ohm, U = RI
– le principe d’Archimède : Tout corps plongé dans un liquide au repos subit
une poussée verticale de bas en haut, égale au poids du liquide déplacé et
exercé au centre de gravité de ce liquide ;
– les principes économiques : Si un pays crée de la monnaie sans augmenter sa
capacité de production, alors on a toutes les chances de voir apparaître l’infla-
tion ;
– le théorème de Pythagore : Le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des
carrés des deux autres côtés ;
– la règle d’accord du participe passé : Le participe passé employé avec avoir
s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct si celui-ci
est placé avant ;
constituent des principes.
Si l’on doit enseigner un principe, il faut d’abord choisir entre une démarche
inductive (aller du concret à l’abstrait) et une démarche déductive (aller de l’abs-
trait au concret).
Comme il s’agit d’expliciter la relation entre des concepts, il est évidemment
indispensable de s’assurer que les concepts inclus dans le principe sont maîtrisés
par les apprenants. Cela constitue un prérequis à tout apprentissage de principe.
Il faut ensuite mettre les relations en évidence en appliquant le principe à diffé-
rents cas particuliers.
120
Enseigner un principe, une loi, une règle
1. Poser un problème que l’on peut résoudre par l’intermédiaire du principe à ensei-
gner. Ce problème doit être posé de la façon la plus concrète et la plus motivante
possible.
2. Bien préciser l’objectif.
3. Faire reformuler le problème dans les termes de l’apprenant.
4. Réactiver les concepts de base nécessaires à la découverte du principe.
5. Laisser l’apprenant travailler seul sur le problème avant de lui fournir quelque
niveau de guidance que ce soit 2.
6. Fournir le niveau de guidance juste suffisant pour « faire démarrer » la réflexion
(attirer l’attention sur les points critiques, ou/et suggérer des axes de recherche).
7. Faire formuler le principe.
8. Faire expliquer le principe sur un cas réel.
9. Faire expliquer le principe sur un schéma.
10. Faire transférer le principe à un autre cas.
11. Faire résoudre d’autres problèmes du même type.
Soit à préparer la leçon sur le courant induit en électricité. Cette leçon vise
l’enseignement d’un concept (il s’agit d’enseigner le sens d’un mot) mais il est
beaucoup plus simple dans ce cas particulier d’enseigner ce concept par l’inter-
médiaire du principe qui le sous-tend.
Pour préparer cette leçon, j’utiliserai une fois encore la méthode IPNETP que
j’ai utilisée pour traiter la leçon sur les propositions et la leçon sur l’adjectif qua-
lificatif, mais j’utiliserai également les étapes de préparation de leçon proposées
par l’Américain Robert Gagné 3.
121
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
AU LECTEUR
122
Enseigner un principe, une loi, une règle
Leçon 5
LE COURANT INDUIT
PRÉPARATION TRÈS DÉTAILLÉE
Amener un vélo dans la classe. L’aspect inattendu de l’objet dans le cadre de la salle de
classe devrait intriguer les élèves et permettre de focaliser momentanément l’attention.
Demander à un élève de brancher la dynamo, de faire tourner la roue arrière, et après le
constat : Ça éclaire donc la dynamo produit de l’électricité demander : Comment ça
marche ? Comment la dynamo produit-elle du courant électrique ?
D’ordinaire, les élèves ne sont pas capables de répondre. Certains savent qu’il y a un
aimant dans une dynamo (car de nombreux enfants ont démonté une dynamo), ils le
signalent, mais ils sont incapables d’expliquer à quoi sert cet aimant et comment fonc-
tionne la dynamo.
Le monde perçu (la dynamo produit du courant mais je ne sais expliquer ni comment ni
pourquoi) est donc différent du monde conçu (je voudrais bien savoir comment ça
marche). Un problème est posé, et un début d’intérêt devrait se manifester.
5. C’est la première des phases d’apprentissage de Gagné. Voir également les théories de la motivation, dans
Préparer un cours, tome 2, chap. 5.
Les puristes vous diront (et ils auront raison) que la motivation doit durer toute la leçon et qu’il ne faut donc
pas appeler le début de la leçon : « Motivation » mais « Entrée en matière » ou « Préambule », ou je ne sais
quoi d’autre. Appelez cela comme vous le voudrez, mais pour débuter une leçon posez un problème qui inté-
resse les élèves et organisez cette leçon pour que les élèves soient capables de résoudre le problème à l’issue
de celle-ci. Si vous y parvenez, ils seront motivés et tout ira bien.
123
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
sez tous les jours, y compris les moteurs des petites voitures électriques, fonctionnent
également à partir de ce principe.
Je souhaiterais donc qu’à la fin de la leçon vous ayez compris le principe de pro-
duction du courant induit, ce que c’est que le courant induit (écrire le titre « Le cou-
rant induit » au tableau), à quoi on peut le reconnaître, à quoi ça peut servir et nous
estimerons que vous avez compris si vous êtes capables de répondre à la question
(montrer le vélo et sa dynamo et attendre la réponse) : comment fonctionne la
dynamo du vélo ?
Écrire au tableau. Objectif. Expliquer le fonctionnement de la dynamo.
Distribuer l’outil d’évaluation (voir pages suivantes), demander de le lire et dire : Voilà
comment je compte vérifier que vous êtes capable d’expliquer le fonctionnement de la
dynamo de vélo. À la fin de la leçon vous devrez remplir ce schéma et répondre aux dif-
férentes questions.
OUTIL D’ÉVALUATION
roulette
B
LA DYNAMO
124
Enseigner un principe, une loi, une règle
circuit A bobine A
bobine
B
...................................................................
...................................................................
...................................................................
125
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
Dessiner le schéma des lignes de flux au tableau (tableau brouillon), demander de quoi
il s’agit. Si les élèves ne le savent pas, donner le terme : champ magnétique.
Q. Comment faire prendre conscience de la variation du champ magnétique si l’on
s’éloigne de l’aimant ?
R. Tracer les lignes de flux sur le tableau. Montrer qu’il y a beaucoup plus de lignes au
centimètre carré près des pôles de l’aimant que lorsque l’on s’en éloigne.
Attirer, avec l’aimant, une petite clef qui décollera de la table pour se précipiter vers
l’aimant. Tenter de faire la même chose avec un cube d’acier de 5 à 10 centimètres
d’arête, le cube ne décollera pas, il faudra appliquer l’aimant sur le cube pour le soulever.
Faire conclure : la force exercée par l’aimant augmente lorsque l’on s’approche des
pôles. Écrire au tableau car on aura besoin de cette conclusion ultérieurement :
Le champ magnétique d’un aimant augmente (varie) si l’on s’approche des pôles.
126
Enseigner un principe, une loi, une règle
Faire conclure :
Si l’aiguille du micro-ampèremètre bouge c’est que celui-ci est parcouru par un courant
électrique. (L’écrire au tableau brouillon.)
Tous les éléments de connaissance nécessaires pour expliquer le phénomène sont
maintenant en place.
1.
bobine
aimant
micro-ampèremètre
2.
bobine
aimant
Faire entrer l’aimant dans la bobine sans toucher les fils, l’aiguille du micro-ampère-
mètre dévie.
127
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
3. micro-ampèremètre
bobine
aimant
4. micro-ampèremètre
bobine
aimant
Proposer alors de mettre de l’ordre et faire prendre conscience que dans un premier
temps on cherche seulement à décrire ce que l’on a vu, ce que l’on a constaté. Dire :
D’abord, combien de moments dans cette expérience ? Si je veux la reproduire par des
schémas au tableau combien vais-je faire de dessins ?
Généralement les élèves en proposent trois : 1. Position de départ ; 2. Entrée et sortie de
l’aimant à l’intérieur de la bobine ; 3. Position finale.
Demander si tout le monde est d’accord, gérer le désaccord éventuel en demandant à
un volontaire de refaire l’expérience devant les autres de manière à vous permettre de
schématiser l’expérience au tableau.
Le fait qu’un élève fasse l’expérience permettra d’insister sur :
ce qui est très important car, à distance, les élèves pensent parfois que c’est l’aimant
qui, en touchant les spires de la bobine, provoque le courant.
Montrer ensuite qu’il y a quatre moments et non trois, dessiner ces quatre moments au
tableau.
128
Enseigner un principe, une loi, une règle
129
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
130
Enseigner un principe, une loi, une règle
PAUSE MÉTHODOLOGIQUE
(MÉTACOGNITION) ACTE 7
Prendre dix minutes pour formaliser la démarche utilisée. (C’est la prise en compte des
objectifs méthodologiques qui caractérise la pédagogie par objectifs seconde manière).
Par l’intermédiaire du questionnement, faire retrouver la démarche utilisée.
Écrire sur un tableau de papier que l’on réutilisera à l’occasion d’une autre leçon :
Terminer en soulignant :
La démarche intellectuelle que nous venons de décrire est une démarche que nous utili-
serons régulièrement, nous la mettrons en œuvre à l’occasion d’autres expériences dès
les prochaines leçons et je souhaite que rapidement vous puissiez la mettre en œuvre
sans mon aide pour expliquer des phénomènes que nous rencontrerons et pour
résoudre certains problèmes de la vie de tous les jours.
Terminer la préparation de leçon en rédigeant le tableau final, c’est-à-dire en visualisant
ce qui restera au tableau à la fin de la leçon.
Voilà donc comment je préparerais la leçon sur le courant induit si je la faisais en ayant
décidé de la conduire selon la pédagogie par objectifs seconde manière, c’est-à-dire en
visant la poursuite d’objectifs méthodologiques à long terme.
Nous verrons ultérieurement comment préparer une leçon en pédagogie différenciée.
131
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
lignes de flux
A
micro-ampèremètre
bobine
aimant
B
micro-ampèremètre
bobine
aimant
C
micro-ampèremètre
bobine
aimant
D
micro-ampèremètre
bobine
aimant
132
Enseigner un principe, une loi, une règle
AU LECTEUR
Vous venez de lire une préparation très détaillée, celle que personne ne préparera
jamais ainsi, ou quasiment jamais. Je l’ai rédigée avec ce luxe de détails car je me
suis rendu compte que les jeunes enseignants apprécient que je donne à voir mon
discours intérieur lorsque je prépare une leçon avec eux. Cette technique de forma-
tion que Goéry Delacôte 7 appelle le compagnonnage cognitif (voir chap. 18) est très
efficace pour enseigner les stratégies cognitives.
Je reprends maintenant les questions générales que je me pose lors de la phase
d’analyse de l’action, questions qui trouvent leur place en amont de la préparation
que vous venez de lire mais que j’ai préféré placer ensuite pour les lecteurs peu
familiers de l’électricité.
Leçon 5
LE COURANT INDUIT
ANALYSE DE L’ACTION
1. Définir l’objectif
Q. Que seront-ils capables de faire à la fin du cours qu’ils n’étaient pas capables
de faire au début ?
R. J’espère qu’ils auront compris 8 le concept de courant induit.
7. Delacôte G., Savoir apprendre, les nouvelles méthodes, Paris, O. Jacob, 1996.
Sur le sujet voir également Tardif, J., Pour un enseignement stratégique, Éd. Logiques, 1997.
8. Pour les puristes des objectifs comportementaux, on retrouvera le comportement observable avec l’outil
d’évaluation, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que si l’outil d’évaluation permet de contrôler les acquisi-
tions, ce qui intéresse l’enseignant, c’est l’opérateur cognitif qui permet de répondre juste aux questions
posées dans cet outil d’évaluation, voilà le véritable objectif visé par l’enseignant, l’acquisition d’un opéra-
teur cognitif déterminé qu’il faudra évidemment définir clairement (voir p. 124 pour celui de cette leçon).
133
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
4. Ébaucher la stratégie
Q. De quel type d’apprentissage s’agit-il ?
R. De l’enseignement d’un principe.
Je peux donc utiliser la stratégie classique d’enseignement de principe 10.
Q. À quel développement de stratégie cognitive se prête cette leçon ?
R. À l’apprentissage de la démarche de Taba pour traiter l’information 11.
Décidons qu’en fonction des contraintes connues, j’utiliserai une démarche inductive,
la technique du questionnement et les suggestions de Hilda Taba.
Il faut bien entendu donner du sens à cette leçon, donc penser à la motivation.
5. Concevoir la motivation
Q. Sur quel levier puis-je appuyer pour intéresser les élèves au phénomène du
courant induit ? Ou encore : Comment donner du SENS à cette leçon ?
9. Dans cet exemple, je conçois l’outil d’évaluation après avoir conçu la « motivation ». Vous verrez dans
d’autres exemples que je conçois généralement l’outil d’évaluation avant de concevoir la « motivation ».
10. Voir p. 121.
11. Voir Préparer un cours, tome 2, chap. 21, et ce chap. p. 131.
134
Enseigner un principe, une loi, une règle
6. Concevoir l’outil d’évaluation s’il n’a pas été conçu dans la phase 4
Q. Qu’est-ce que je vais leur proposer comme outil d’évaluation ?
R. Je souhaite qu’ils fassent la preuve qu’ils ont compris ce qu’est un courant induit. Je
souhaite également vérifier cela au niveau application chez Bloom 13. Je vais donc leur
proposer un schéma simplifié de la dynamo et leur demander de compléter la légende
(voir p. 124-125).
Je leur proposerai également un questionnaire qui complétera le schéma. S’ils sont
capables, à l’issue de la leçon, de compléter le schéma (alors que je ne l’ai jamais
donné dans la leçon), de répondre au questionnaire et d’expliquer succinctement com-
ment fonctionne la dynamo, alors que je ne l’aurai pas expliqué clairement durant la
leçon, cela me suffira pour prouver la compréhension à un premier niveau.
Q. Expliquer succinctement comment ça marche signifie quoi pour moi ?
R. Qu’ils répondent quelque chose comme : Un conducteur électrique est parcouru par
un courant induit s’il est soumis à un champ magnétique variable. Dans la dynamo de
vélo, l’aimant relié à la roulette tourne sur lui-même lorsque la roulette est en contact
avec la roue et que celle-ci tourne ; il crée donc autour de lui un champ magnétique
variable et comme la bobine qui l’entoure baigne dans ce champ, un courant induit est
créé, c’est ce courant qui permet de faire briller l’ampoule.
La production finale attendue étant ainsi très clairement définie, je peux tenter mainte-
nant de concevoir la stratégie.
Planifier l’action
7. Définir l’opérateur cognitif
Rappel des décisions prises plus haut
Q. Type d’apprentissage ?
R : Apprentissage de principe. Outil : stratégie d’enseignement de principe.
135
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
136
Enseigner un principe, une loi, une règle
LE COURANT INDUIT
16. De notre point de vue, Raynal F., Rieunier A., Définir des objectifs pédagogiques, pourquoi ? comment ?
IPNETP, 1999. Il est parfaitement licite de définir un objectif spécifique en terme mentaliste (comprendre) à
condition que soit rédigé l’outil d’évaluation correspondant qui définit nécessairement un comportement
observable prouvant l’apprentissage.
137
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
Situation 4. Expérience 3 réalisée par le professeur, puis par les élèves, questions,
SPE 4.
Si l’on formule cela autrement (c’est la formulation la plus concrète qui se retient le
mieux) :
138
Enseigner un principe, une loi, une règle
PAUSE MÉTHODOLOGIQUE
(MÉTACOGNITION)
139
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
REMARQUE IMPORTANTE
À PROPOS DE L’OUTIL D’ÉVALUATION
La quatrième question de l’outil d’évaluation n’a pas été traitée durant la leçon.
4. Dans le schéma ci-dessous :
– Le circuit A est parcouru par un courant électrique variable (courant alternatif).
– Le courant crée autour de la bobine A un champ magnétique variable auquel est
soumis le circuit B.
circuit B
circuit A bobine A
bobine
B
140
Enseigner un principe, une loi, une règle
QUELQUES COMMENTAIRES
QUANT À LA DÉMARCHE DE PRÉPARATION DE LEçON
PROPOSÉE DANS CET OUVRAGE
La démarche de préparation de leçon proposée dans les pages précédentes n’a rien
de révolutionnaire. Proposer de communiquer l’outil d’évaluation au début de la
leçon ne surprendra que l’enseignant qui n’est pas familiarisé avec les pratiques
des adeptes de la « pédagogie par objectifs ». Cette manière de faire que nous
avons adoptée dès 1975 à l’IPNETP nous a toujours donné satisfaction. Elle est
aujourd’hui de plus en plus répandue et reconnue comme parfaitement efficace.
Georgette Nunziatti, dans les années 1973-1975, a même fait de l’évaluation
formatrice l’élément essentiel d’une méthode pédagogique avec laquelle elle a
obtenu de remarquables résultats 17. L’évaluation formatrice est bien entendu
autrement plus complexe et autrement plus efficace que le simple fait de présen-
ter l’outil d’évaluation au début de la leçon, mais communiquer l’outil d’évalua-
tion au début de la leçon est déjà un premier pas.
L’originalité de la proposition par rapport à tout ce que l’on peut trouver dans les
ouvrages de pédagogie réside :
– dans l’étape essentielle que constitue la définition la plus opératoire possible de
l’opérateur cognitif,
– dans la définition des synthèses des productions des élèves (SPE), c’est-à-dire
des balises qui permettront une régulation opératoire de l’action.
141
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
ÉTAPE MÉTACOGNITIVE
Méthode Interrogative
Supports Expériences/Tableau
Évaluation Expliquer/Inventer *
* Inventer : il s’agit de la réponse à la question 4 de l’outil d’évaluation qui demande une activité mentale du
niveau analyse/synthèse chez Bloom.
142
Enseigner un principe, une loi, une règle
Types d’apprentissage
Démarche Inductive
Méthode Interrogative
Lors de la prochaine leçon basée sur une expérience, l’enseignant réactivera les
connaissances apprises en reprenant les étapes de la stratégie cognitive (voir
p. 131).
Il montrera aux élèves qu’il utilise cette démarche pour analyser l’expérience
nouvelle.
Il reprendra systématiquement cette méthode lors de toutes les leçons qui
se prêtent à ce traitement et, petit à petit, laissera les élèves prendre le relais et
analyser eux-mêmes les expériences futures par l’intermédiaire des questions de
* L’outil d’évaluation proposé dans cette leçon concerne uniquement l’objectif de contenu, il permet d’évaluer
la compréhension du principe, donc du concept de courant induit. Par contre, dans ce premier temps, il n’est
pas question d’évaluer l’objectif méthodologique « utiliser les questions de Taba pour observer et analyser
une situation », car cet objectif est un objectif à moyen terme.
Lorsque l’enseignant commence à aborder les objectifs méthodologiques, les élèves ne comprennent pas très
bien où l’enseignant veut en venir, il faut donc se contenter dans un premier temps de noter les étapes sur un
tableau de papier pour y revenir ultérieurement lorsque de nouvelles situations se prêteront au même traite-
ment. C’est par l’intermédiaire du raisonnement : « Ça se traite de la même manière donc c’est la même
chose ! » que l’élève parviendra à progresser dans l’abstraction et à s’approprier la démarche.
143
La pédagogie par objectifs – Seconde manière
CONSÉQUENCES PRATIQUES
Préparer un cours
Préparer un cours, une leçon, c’est concevoir le scénario d’une pièce de théâtre très
particulière, que des acteurs, qui ne connaissent pas le premier mot du rôle qu’ils
sont censés jouer, devront tout de même interpréter en donnant à l’acteur principal
une réplique de qualité.
Préparer une leçon, c’est même parfois, si le concepteur est un concepteur de génie,
concevoir un canevas grâce auquel les élèves joueront merveilleusement les pre-
miers rôles, car ce cadre permettra alors aux acteurs d’improviser avec brio.
Ce canevas peut se résumer par quelques étapes :
1. Définir l’objectif.
2. Se demander comment on l’évaluera.
3. Poser un problème qui sera résolu à la fin de la leçon.
4. Définir l’opérateur cognitif qui permet de répondre juste à l’outil d’évaluation.
5. Identifier le type d’apprentissage (Gagné).
6. Planifier l’action (les micro-objectifs).
7. Définir les SPE (balises de l’action).
8. Concevoir un ensemble de situations qui conduiront à diverses productions (SPE)
dont la somme permettra d’atteindre l’objectif visé par la leçon.
La procédure détaillée de préparation de leçon sera précisée p. 157.
144
Quatrième partie
Méthodologie
9
Chaque leçon est donc divisée en phases (3 à 5 pour une leçon d’une heure).
1. L’introduction ou phase de motivation. Chaque leçon commence évidem-
ment par une situation qui vise à donner du sens, ou pour parler différemment,
à poser un problème que l’apprenant peut comprendre et qu’il peut relier d’une
manière ou d’une autre à une motivation personnelle. Il s’agit de tenter de
répondre à la question implicite et permanente de l’apprenant : à quoi va me
servir la leçon que je suis en train de suivre maintenant ?
Cette première phase vise donc à motiver 2 l’élève.
La première SPE (synthèse des productions élèves), attendue à l’issue de cette
première phase, est l’énoncé de l’objectif par les élèves. Si les élèves sont
capables d’énoncer l’objectif de la leçon à l’issue de la première situation, c’est
qu’ils ont au moins compris les intentions de l’enseignant, c’est qu’ils peuvent
donner un minimum de sens à cette leçon, on peut donc espérer qu’ils auront un
peu envie de la suivre.
1. Modèle que nous avons conçu avec Françoise Raynal en 1980 à l’Institut pédagogique national de l’ensei-
gnement technique et de la formation professionnelle (Abidjan, Côte-d’Ivoire).
2. Sur le sujet : Préparer un cours, tome 2, chap. 5.
147
Méthodologie
148
Structure de préparation de leçon
J’ai testé cette démarche de préparation de leçon pendant près de vingt ans dans
différents pays et dans la plupart des matières d’enseignement, sauf l’enseigne-
ment des langues.
Les enseignants avec lesquels j’ai eu la chance de travailler (ils sont aujourd’hui
très nombreux) ont en général été très intéressés par la méthode (sa rigueur
séduit). Cependant, il est parfois difficile, pour quelqu’un qui n’est pas entraîné,
de définir l’opérateur cognitif et les SPE qui constituent pourtant la pierre angu-
laire de ce type de préparation de leçon.
Lorsque les enseignants sont suffisamment entraînés, ils préparent une leçon en
20 à 30 minutes maximum et reconnaissent que la méthode les sécurise car elle
leur permet d’aller très rapidement à l’essentiel.
149
10
Enseigner une procédure
Étapes de préparation de leçon
Questions à se poser pour préparer une leçon 1
1. Les étapes et les questions sont directement inspirées de Raynal F., Rieunier A., Étapes à suivre et ques-
tions à se poser pour préparer une leçon, IPNETP, 1981. Document non publié.
Le lecteur trouvera dans Raynal F., Rieunier A., Pédagogie dictionnaire des concepts clés, ESF, 2011, une
liste un peu différente d’étapes et de questions à se poser pour préparer une leçon à l’article : « leçon ».
150
Enseigner une procédure
Enseigner la procédure
permettant de faire un exposé
Revenons sur la stratégie que j’utilise pour enseigner à mes étudiants comment
faire un exposé.
1. Je leur demande d’abord de faire un exposé, ce qui correspond à la phase :
faire jaillir les représentations (phase de test initial).
2. Ils rédigent ensuite une première ébauche de description de la technique à uti-
liser, ce qui correspond à la phase : construire une première représentation
symbolique (grille d’observation/évaluation) sans mon aide.
3. Puis je fais moi-même un exposé, ce qui correspond à la phase de démons-
tration.
4. Après quoi les étudiants complètent la grille d’observation/évaluation avec
mon aide.
5. Je demande enfin à chacun de faire un exposé (test final).
Les quatre premières étapes qui visent la construction, par les étudiants (avec
l’aide de l’enseignant), de la grille d’observation/évaluation constitue ce que
Nunziatti appelle la construction d’une carte d’étude, donc la phase d’évaluation
formatrice. Celle-ci a pour fonction de construire la base d’orientation de
l’action adéquate 3, c’est le moment clef de l’apprentissage. Il n’est pas facile de
construire des grilles d’observation/évaluation telles que celle présentée p. 56,
c’est pourtant ce type d’outil qui permet aux élèves de progresser. L’enseignant
intéressé par ce type d’outils lira : Groupe de recherche d’Ecouen, Former des
enfants producteurs de textes, Hachette, 1994, ouvrage qui propose de nom-
breuses grilles d’observation/évaluation particulièrement intéressantes pour
celui qui doit enseigner la langue française.
151
Méthodologie
Enseigner la procédure
permettant de préparer une leçon
Cet ouvrage vise à vous enseigner comment préparer une leçon, il s’agit donc
d’un apprentissage de méthode (méthode de préparation de leçon), que je classe
(référence : Gagné) dans la catégorie enseignement de procédure. Réfléchissons
donc (métacognition) à la manière dont je m’y prends dans cet ouvrage pour
vous enseigner cette méthode.
J’utilise bien sûr la stratégie classique : démontrer, en vous proposant divers
exemples de préparations de leçons.
Dans l’ouvrage que vous tenez entre les mains, vous trouvez 11 leçons basées
sur des techniques d’animation diverses mais construites sur la même struc-
ture.Vous trouverez dans Préparer un cours, tome 2, 8 leçons supplémentaires
basées sur des techniques différentes (synectique, TWI, programmé ramifié,
etc.) ce qui devrait vous permettre de généraliser, sans caricaturer. La stratégie
que j’utilise est donc une stratégie de modélisation.
Le support est constitué par les différentes préparations écrites proposées : l’adjec-
tif qualificatif, le courant induit, etc., et si nous analysons la manière dont je m’y
prends pour préparer ces leçons, il est évident que le point de départ est le couple :
objectif-évaluation
ou, mieux, le triptyque :
problème (motivation)-objectif-évaluation
152
Enseigner une procédure
Comment se situe cette leçon par rapport aux leçons précédentes et aux leçons
suivantes ?
Existe-t-il des prérequis indispensables ?
Comment vérifierai-je qu’ils sont effectivement capables de… ? (Concevoir
l’outil d’évaluation) (phase 1, voir détails sous 1.4.).
À quel niveau d’activité intellectuelle par rapport à la classification de Bloom se
situerait cette évaluation ? (Connaissance, compréhension, application, analyse,
synthèse, évaluation.)
Ce niveau est-il suffisant ? Sinon, comment l’augmenter ?
Quel est l’opérateur cognitif qui permet de répondre juste à cet outil d’évaluation ?
153
Méthodologie
1.4. Concevoir l’outil d’évaluation s’il n’a pas été réalisé en 1.1.
Qu’est-ce que je vais leur proposer comme outil d’évaluation ?
Quelle serait la réponse à laquelle je donnerais 20/20 ? (Rédiger le produit final
attendu.)
Sous quelle forme vais-je présenter les questions posées dans l’outil d’évalua-
tion ? (S’il s’agit d’une évaluation papier crayon bien sûr).
Quel sera le niveau (Bloom) des différents items ?
À la suite de ces premières questions, on a déterminé le cadre général de
l’action. On peut maintenant concevoir la stratégie détaillée.
154
Enseigner une procédure
155
TABLEAU DES VARIABLES PERMETTANT DE CONCEVOIR UNE STRATÉGIE PÉDAGOGIQUE
156
Types
d’apprentissage Faits
Stratégies Psycho-
Méthodologie
Supports Papier Tableau à craie Tableau papier Transparent pour rétroprojection Diapositive Film Vidéo
Niveau
de performance Citer Expliquer Classer Appliquer Inventer Choisir
attendu
Enseigner une procédure
CONSÉQUENCES PRATIQUES
Pour préparer une leçon visant un objectif du domaine cognitif, on peut procéder en
suivant les étapes suivantes. [Je suppose que la pertinence de l’objectif ne fait aucun
doute et que celui-ci contribue à l’atteinte d’un objectif plus vaste (objectif intermé-
diaire), lui-même au service d’un objectif encore plus vaste (objectif général)].
1. Définir l’objectif à court terme (objectif de contenu).
2. Concevoir l’outil d’évaluation. Vérifier son niveau par l’intermédiaire de la taxo-
nomie de Bloom. (Connaissance, compréhension, application, intégration.)
3. Identifier les prérequis.
4. Identifier le type d’apprentissage (fait, concept, principe, etc., taxonomie de
Gagné) sous-tendu par l’objectif.
5. Définir la motivation (le problème concret à résoudre).
6. Définir l’opérateur cognitif.
7. Définir l’objectif méthodologique ou/et la stratégie cognitive à développer.
8. Décider de la démarche générale qui sera utilisée pour atteindre les objectifs
(pédagogie expositive-pédagogie participative-pédagogie différenciée).
9. Définir les SPE (productions intermédiaires).
10. Définir les micro-objectifs.
11. Définir les micro-stratégies.
12. Formaliser (donner une forme concrète à) la stratégie cognitive que vous sou-
haitez faire acquérir.
13. Décider de la manière dont vous allez l’enseigner.
14. Concevoir le tableau final.
15. Après l’animation de la leçon, faire un bilan des résultats obtenus, proposer des
modifications, les tester, etc.
157
Cinquième partie
Un espace transitionnel
11
160
Vers la formation individualisée
Si vous êtes totalement étranger à ce domaine, ne sautez surtout pas cette leçon,
vous trouverez de la page 162 à la page 167 un mini-dossier de formation indivi-
dualisée. Si ce document a été bien conçu, vous devriez pouvoir apprendre à lire
une mesure sur un pied à coulisse en le lisant et en faisant les exercices proposés.
Si vous n’êtes pas technicien et si vous apprenez à lire une mesure uniquement en
lisant les six pages suivantes, interrogez-vous donc, ce faisant, sur la manière dont
vous avez appris et sur ce que cela signifie quant à l’apprentissage de vos élèves.
Que vous soyez technicien ou non, notez à quel point les informations figurant
sur le tableau final page 163 sont importantes pour celui qui apprend.
➜ Notez bien : la préparation de leçon doit inclure la description détaillée de ce qui
figurera sur le tableau lorsque la leçon sera terminée. C’est très contraignant, mais
particulièrement efficace pour clarifier vos idées et pour fournir un bon support
d’apprentissage à vos élèves.
161
Un espace transitionnel
Un pied à coulisse au 1/10 mm est un instrument de mesure qui permet de lire des
mesures au dixième (1/10) de millimètre près 1 (voir dessin page suivante).
Pour le lecteur qui ne sait pas lire cet instrument, voici un document d’auto-formation
ultra rapide.
Quel est le nombre de millimètres indiqués par l’index sur la règle ci-dessous ?
0 1 2 3 4 5 6
Index
0 1 2 3 4 5 6
Index
Si je vous dis maintenant que sur la représentation ci-dessus d’un vernier de pied à cou-
lisse il faut lire également 22 mm, vous pourrez peut-être lire la mesure ci-dessous :
0 1 2 3 4 5 6
0
Si vous n’y parvenez pas, lisez la page suivante, puis les exercices et leur corrigé
p. 164-167 enfin revenez à cette page.
Solution : il faut lire 12 millimètres
162
Vers la formation individualisée
TABLEAU FINAL
Objectif
Prendre des mesures au 1/10 mm près à l’aide d’un pied à coulisse.
Éléments fonctionnels
curseur règle
vernier
becs
On lit les mm sur la règle ; on lit les 1/10 de mm sur le vernier.
o o
12 mm 12 mm et quelque chose
Pour lire les mm je compte les graduations de la règle jusqu’au zéro du vernier.
o o
41 mm et… et 2/10
Pour lire les 1/10 de mm, j’identifie la graduation du vernier qui est alignée avec une gra-
duation de la règle.
11 mm 3/10
0
163
Un espace transitionnel
DOCUMENT 1
0 1 2 3 4 5 6 7
mm
0 1 2 3 4 5 6 7
mm
0 1 2 3 4 5 6 7
mm
0 1 2 3 4 5 6 7
mm
164
Vers la formation individualisée
CORRIGÉ 1
0 1 2 3 4 5 6 7
11 mm
0 1 2 3 4 5 6 7
13 mm
0 1 2 3 4 5 6 7
29 mm
0 1 2 3 4 5 6 7
14 mm
165
Un espace transitionnel
DOCUMENT 2
0 1 2 3 4 5 6 7
0 1 2 3 4 5 6 7
0 1 2 3 4 5 6 7
0 1 2 3 4 5 6 7
166
Vers la formation individualisée
CORRIGÉ 2
0 1 2 3 4 5 6 7
11 mm 5/10
0 1 2 3 4 5 6 7
20 mm 7/10
0 1 2 3 4 5 6 7
26 mm 4/10
0 1 2 3 4 5 6 7
14 mm 9/10
167
Un espace transitionnel
Leçon 6
LA LECTURE DU PIED À COULISSE 2 AU 1/10 MM
1. Définir l’objectif
Q. Que seront-ils capables de faire à la fin de la leçon qu’ils n’étaient pas
capables de faire au début ?
R. J’espère qu’ils seront capables de prendre des mesures au 1/10 de mm près à l’aide
d’un pied à coulisse.
4. Ébaucher la stratégie
Q. De quel type d’apprentissage s’agit-il ?
R. Si l’objectif est bien l’objectif énoncé ci-dessus, le type d’apprentissage est en même
temps un apprentissage gestuel, donc un apprentissage du domaine psychomoteur,
2. Leçon conçue et testée en 1981 à l’IPNETP avec Françoise Raynal et Jacques Aguilera.
Nous avons en outre conçu à l’époque avec Françoise Raynal un document d’enseignement programmé en
démarche inductive, pour savoir si l’on pouvait enseigner un geste par l’intermédiaire d’un document pro-
grammé. La réponse est oui.
L’élève le plus rapide, un élève de seconde E, a appris à prendre des mesures seul au pied à coulisse au 1/10
de mm à l’aide du module d’enseignement programmé et du matériel en 32 minutes. L’élève le plus lent
(CAP, 1re année) a appris la même chose en 1 h 22 mn.
168
Vers la formation individualisée
5. Concevoir la motivation
Q. Sur quel levier puis-je appuyer pour intéresser les élèves au problème de la
lecture du pied à coulisse ? Ou encore : Comment donner du SENS à cette leçon ?
À quelle(s) connaissance(s) déjà existante(s) dans leur esprit puis-je « accrocher »
le principe de lecture ? Que pourrais-je poser comme problème pour les intéres-
ser ?
R. Motivation 1
On pourrait commencer en leur demandant s’il leur arrive de prendre des mesures et
avec quoi ils les prennent d’habitude ?
La réponse devrait être : le double décimètre ou le réglet.
Donner alors une pièce cylindrique, diamètre 12,6 mm par exemple, et leur demander
de mesurer le diamètre au 1/10 mm près à l’aide du double décimètre ou du réglet. Ils
se rendent compte que c’est impossible puisqu’on ne sait pas si on mesure ou non le
diamètre et que le double décimètre et le réglet ont un degré de précision au millimètre
seulement.
Sortir alors le pied à coulisse au 1/10 de millimètre, mesurer sous leurs yeux et dire : le
diamètre est de 12 mm 6 dixièmes de mm. Ils peuvent alors formuler l’objectif de la
leçon qui correspond à la SPE 1 : prendre des mesures au 1/10 de mm près à l’aide du
pied à coulisse.
169
Un espace transitionnel
Motivation 2
On peut également (nous l’avons fait et ça marche très bien) enregistrer en vidéo un ate-
lier de mécanique générale et un dialogue : chef d’atelier/opérateur sur un tour.
Chef d’atelier s’approchant de l’opérateur : Quelle est la cote prévue sur le plan ?
Opérateur : 52,04, tolérance deux centièmes.
C. A. : Où en es-tu ? Passe-moi le pied à coulisse !
Le chef d’atelier mesure la cote à l’aide d’un pied à coulisse.
C. A. : Tu es à 52,08 ;
O. : Il me faut encore enlever quatre centièmes et c’est bon.
C. A. : Et pour la deuxième cote ?
O. : 252 plus ou moins 0,04.
C. A. : Passe-moi l’autre pied à coulisse.
L’opérateur donne un très grand pied à coulisse.
etc.
À partir de ce type de document, il devient très facile de faire trouver la fonction du pied
à coulisse, de donner du sens à la leçon (les élèves sont de futurs mécaniciens) et de
faire énoncer l’objectif de la leçon :
« Être capable de prendre des mesures au 1/50 mm près à l’aide d’un pied à cou-
lisse. »
Préciser dans ce cas : Nous allons apprendre aujourd’hui à lire le pied à coulisse au
1/10 de mm quoiqu’il soit très peu utilisé par les mécaniciens car j’ai besoin de passer
par cette étape pour vous faire comprendre un certain nombre de choses.
6. Concevoir l’outil d’évaluation (s’il n’a pas été conçu dans la phase 2)
Q. Qu’est-ce que je vais leur proposer comme outil d’évaluation ?
R. Une pièce simple permettant de prendre six à dix mesures, et son plan.
B. Planifier l’action
170
Vers la formation individualisée
Pour lire les mm sur un pied à coulisse je compte les graduations de la règle
jusqu’au zéro du vernier 4.
Pour lire les 1/10 de mm sur un pied à coulisse, j’identifie la graduation de la règle
qui est alignée avec une graduation du vernier.
171
Un espace transitionnel
Dire : Aujourd’hui nous allons travailler uniquement sur le pied à coulisse au 1/10 de
mm, donc dans une heure vous serez capable de… ?
R. De lire des mesures au 1/10 mm avec un pied à coulisse.
Écrire cet objectif au tableau :
règle
vernier
becs
5. Le schéma au tableau ne comporte que trois noms, les élèves apprendront les autres noms dans l’année sans
difficulté.
172
Vers la formation individualisée
Montrez-moi : les becs, la règle, le vernier (le mot « vernier » est écrit en rouge au
tableau et les graduations du vernier sont dessinées en rouge).
Montrer comment tenir le pied à coulisse.
Faire identifier le 0 du vernier (la première graduation).
Le professeur prend la mesure d’un objet à l’aide d’un pied à coulisse soit 8 mm 4
dixièmes, l’écrit au tableau et demande :
Q. À quoi servent les becs ?
R. À serrer la pièce (vous venez de le faire devant eux).
Q. Où ai-je lu les mm ?
R. Sur la règle (elle est graduée comme un double décimètre).
Q. Et les 1/10 ? (Il ne reste plus qu’une réponse possible puisque sur le schéma dessiné
au tableau il n’y a que trois noms vous obtiendrez nécessairement la réponse : sur le
vernier).
Synthétiser au tableau :
0 1 2 3 4 5 6
Index
Se caler sur des mesures justes (trait sur trait), faire lire de nombreuses mesures
en mm.
Il s’agit d’induire (par l’intermédiaire de l’index), une lecture « par en dessous », ce qui
facilitera ultérieurement l’apprentissage de la lecture du pied à coulisse.
173
Un espace transitionnel
Se caler entre deux graduations de la règle et faire lire 28 mm et quelque chose. Faire
lire ainsi plusieurs mesures. Faire lire à l’envers 29 (30-1), 18 (20-2), etc.
0 1 2 3 4 5 6 7
0 1 2 3 4 5 6 7
0 1 2 3 4 5 6 7
Ici je lis… (laisser un temps de silence) et dès la troisième mesure, certains élèves don-
nent la mesure (3 mm). Encourager, dire C’est exact, bravo, 3 mm, et laisser la mesure
au tableau pour que les autres essaient de comprendre.
Poursuivre ainsi passer ensuite à 5, etc. De plus en plus d’élèves comprennent progres-
sivement comment on s’y prend pour lire.
Faire venir un élève qui semble savoir lire, c’est désormais lui qui affiche des mesures
sur le pied à coulisse transparent, les autres lisent.
174
Vers la formation individualisée
Proposer des fenêtres de pied à coulisse reproduites sur transparent, faire lire.
1 2 3 1 2 3
Demander à un élève d’expliquer comment il s’y prend pour lire, s’assurer que tout le
monde comprend. (Pour le lecteur profane, il faut lire 11 mm à gauche et 15 mm à droite.)
Afficher une mesure sur pied à coulisse transparent, demander quelle est la mesure,
l’écrire au tableau, demander comment on s’y prend pour lire, reformuler :
SPE 4. Pour lire les mm sur un pied à coulisse, je compte les graduations de
la règle jusqu’au zéro du vernier.
175
Un espace transitionnel
Les raisons pour lesquelles je vous propose de traiter le pied à coulisse au 1/10 de mm
avant de traiter le pied à coulisse au 1/50 mm sont les suivantes :
– Une leçon n’a de sens que par rapport à la séquence (ensemble de leçons visant un
objectif intermédiaire dans laquelle elle s’inscrit) ;
– L’objectif le plus important dans la série de leçons qui couvrent :
1. Le pied à coulisse au 1/10,
2. Le pied à coulisse au 1/50,
3. La construction d’un vernier au 1/20,
4. Les verniers circulaires de tours,
5. Le micromètre,
c’est la compréhension du principe du vernier.
Le vernier, c’est l’ensemble constitué par les graduations de la règle et les graduations
du curseur. Le lecteur peut constater (voir schéma ci-dessous) que dans un vernier au
1/10 de mm, 9 mm sont divisés en 10 parties, donc entre 2 graduations du bas il y a
9/10 de mm et non 10/10 de mm.
Les deux 0 étant alignés, la première graduation du bas et la première graduation du
haut immédiatement à droite du zéro sont séparées par 1/10 de mm.
0 1 2
0 1 2
Dans le vernier au 1/50 de mm, 49 mm sont divisés en 50 parties, on peut donc lire des
cinquantièmes de mm.
176
Vers la formation individualisée
0 1 2 3 4 5 6 7
0 1 2 3 4 5
Dans le but de développer des stratégies cognitives chez nos élèves, donc des straté-
gies efficaces de traitement de l’information, il faut utiliser cette leçon comme une pre-
mière étape vers la construction d’un vernier au 1/20 de mm qui interviendra après la
leçon sur la lecture du pied à coulisse au 1/50, leçon qui nous permettra de comparer
les deux verniers et de tirer la conclusion que le principe du vernier est basé sur la for-
mule mathématique :
N–1
N
6. Objectifs d’une à deux heures de cours dans l’enseignement secondaire, de 30 minutes dans l’enseignement
primaire.
177
Un espace transitionnel
178
Vers la formation individualisée
SPE 4. Pour lire les mm sur un pied à coulisse, je compte les graduations de
la règle jusqu’au zéro du vernier.
Évaluation : Prendre des mesures sur une pièce réelle, reporter ces mesures sur un
schéma.
179
12
La tenue du tableau 1
Votre tableau peut être considéré comme un tableau « bien tenu » si un profes-
seur de la même spécialité que celle que vous enseignez, entrant dans votre
classe à l’improviste, 30 à 40 minutes après le début de votre cours, peut, en se
référant à ce qui est écrit sur ce tableau, savoir ce que vous faites, où vous en
êtes, ce en moins d’une minute, sans vous poser la moindre question.
Pour répondre à cette question, cherchons d’abord à identifier quelles sont les
fonctions du tableau.
1. La méthodologie de « tenue du tableau » que je présente ici a été conçue avec Françoise Raynal à l’IPNETP
dans les années 1981-1983.
180
La tenue du tableau
Tableau trace
Nous avons vu, lorsque nous avons traité de la technique de l’exposé (chap. 3),
qu’il fallait répéter trois fois les choses importantes, car l’homme est ainsi fait
qu’il ne peut concentrer son attention sur un sujet sans « s’évader » de temps à
autre. Il est donc indispensable de fournir à nos élèves le moyen de revenir avec
nous, lorsque lassés d’un fastidieux voyage, ils nous abandonnent quelques
minutes pour se détendre.
Le tableau permet donc à celui qui s’est momentanément égaré de se retrouver.
C’est la mémoire à long terme de la classe.
Tableau brouillon
Ce tableau permet comme son nom l’indique d’écrire un mot pour chercher une
étymologie, de faire des calculs intermédiaires, d’aider les élèves à visualiser la
pensée du professeur lorsque celui-ci effectue une démonstration.
C’est la mémoire de travail, la mémoire à court terme de la classe.
Tableau vocabulaire
C’est le tableau « mots nouveaux », il permet d’écrire les mots nouveaux de la
leçon et leur signification, et chacun pourra venir s’y référer s’il a un problème
d’oubli.
Diviser le tableau en trois parties est une pratique très répandue qui me paraît
tout à fait judicieuse. Tous les enseignants chevronnés connaissent ce type de
pratique, et vous devez penser que ce chapitre commence plutôt mal car si je
n’ai pas des idées un peu plus originales, il n’est peut-être pas nécessaire
d’écrire un chapitre sur ce sujet.
Essayons donc d’aller un peu plus loin en tentant de répondre à la question :
Qu’est-ce qui doit figurer sur le tableau trace et pourquoi ?
Le tableau trace
Le tableau trace a bien sûr pour fonction de signaler à l’élève ce qui est impor-
tant, donc de l’aider dans sa prise de notes. Il joue également un rôle important
dans la structuration de l’information et dans l’aide à la mémorisation.
Tableau « mémoire »
Sa fonction est une fonction « mémoire ». Nous avons dit qu’il devait permettre
à une personne étrangère à la classe qui entrerait dans celle-ci à l’improviste de
savoir où en est le professeur, et ce en moins d’une minute (si un étranger peut
faire cela en moins d’une minute, n’importe quel élève de la classe revenant
d’une « escapade » le fera beaucoup plus rapidement).
181
Un espace transitionnel
Supposons donc que vous entriez dans une classe que vous ne connaissez pas.
Vous regardez au tableau et vous cherchez à répondre à la question : que fait-on
dans cette classe aujourd’hui ?
La réponse, c’est le titre de la leçon.
Vous cherchez ensuite à savoir plus précisément ce que souhaite obtenir le pro-
fesseur par rapport au sujet traité. Quel est l’objectif de la leçon ? est donc votre
deuxième question.
Vous poursuivez par : où en sont-ils maintenant ? et vous cherchez le plan. Si
j’utilise mon vocabulaire, vous cherchez à identifier les micro-objectifs.
Par rapport à chaque micro-objectif, vous souhaitez sûrement savoir ce qui a été
conclu, vous cherchez donc les SPE (synthèses des productions des élèves).
Vous souhaiteriez, bien sûr, avoir quelques informations sur la manière dont le
professeur s’y est pris pour traiter chacune des parties, chaque micro-objectif.
Un dessin, un schéma, un tableau, un graphique, pourraient donc vous aider à
comprendre la manière dont a été traitée chacune des parties de la leçon. Il serait
donc souhaitable de trouver également un élément graphique de rappel de la
manière dont chaque micro-objectif a été traité.
Justifications psychologiques
Nous savons 2 que le psychisme humain repose sur une mémoire à long terme
dans laquelle sont emmagasinées les informations et que celles-ci sont stockées
sous forme de réseaux sémantiques (comprenant concepts et relations entre ces
concepts) et sous forme de schémas procéduraux qui permettent d’agir et de
mémoriser au moindre coût.
Nous savons en outre que quelques variables simples jouent un rôle considé-
rable dans l’activité de mémorisation :
– le SENS ;
– l’image ;
– l’organisation, la hiérarchisation de l’information ;
– la possibilité de relier toute information nouvelle à une information déjà
existante dans le cerveau, ce qui revient à donner du SENS à l’information.
Nous savons aussi que la mémoire de travail joue un rôle essentiel dans l’acti-
vité consciente. Cette mémoire correspond à la partie activée des réseaux
sémantiques et aux schémas procéduraux éveillés par le contexte 3.
182
La tenue du tableau
Enfin, nous savons encore que le nombre d’informations qui peut être manipulé
en même temps par la mémoire de travail est de l’ordre de sept informations
plus ou moins deux (donc cinq), et que la durée de conservation dans la
mémoire à court terme sans réactivation est de l’ordre de 7 à 10 secondes 4.
Lorsque vous présentez une leçon comme « le courant induit » ou « le pied à cou-
lisse », vous êtes le seul à avoir en tête la « logique du déroulement du cours »,
c’est-à-dire le plan de la leçon, l’articulation des différentes parties. Il est impos-
sible pour l’élève de conserver en mémoire de travail tous les éléments pertinents
de la démonstration (les SPE à quelque chose près), puisqu’il ne peut savoir, et
pour cause, quels sont les éléments importants si vous ne le signalez pas.
N’ayant pas la vision générale du sujet que vous vous proposez de traiter,
l’élève est dans l’impossibilité de discerner l’essentiel de l’accessoire parmi
toutes les informations que vous apportez. Il est donc indispensable d’utiliser le
tableau :
– pour faire apparaître le plan de la leçon ;
– pour souligner les éléments indispensables à la construction du raisonnement
qui permettra de parvenir à la production finale ;
– pour signaler l’importance d’une information ;
– pour faciliter la mémorisation ;
– pour permettre à l’élève qui s’est momentanément perdu de « se retrouver ».
Le tableau trace est une sorte de mémoire qui ne retiendrait que les éléments
d’information pertinents par rapport à l’objectif. Comme vous êtes le seul dans
la classe à avoir une vision d’ensemble de la situation, c’est à vous de souligner
ces éléments en les notant au tableau de manière à faciliter le traitement de
l’information par celui qui apprend.
CONSÉQUENCES PRATIQUES
La tenue du tableau
Le tableau est la mémoire du groupe.
Sur un tableau bien tenu, on doit trouver toutes les informations permettant de
retrouver le déroulement de la leçon :
– le titre ;
– l’objectif ;
– les micro-objectifs ;
– les productions des élèves correspondantes ;
– un élément graphique de rappel de la stratégie utilisée pour chaque micro-objectif.
4. Ibid.
183
13
Connaissances
– images
– concepts
– propositions
Répertoire
affectif
184
Enseigner des principes
Landa identifie :
– des connaissances, représentées dans l’esprit par les images, les concepts, les
propositions ;
– des opérations, qui portent sur les objets, les images, les concepts, les proposi-
tions.
Scandura, un chercheur américain rejoignant les propositions de Landa, estime
lui aussi que la plupart des compétences que doivent maîtriser les individus peu-
vent presque toujours être présentées par l’intermédiaire de règles organisées
sous forme d’algorithmes. Ces règles s’appliquent à des éléments particuliers,
lesquels appartiennent au domaine d’application de la règle. Lorsque la règle est
appliquée aux éléments d’entrée, on obtient un certain produit en sortie.
Leçon 7
1. Définir l’objectif
À l’issue de l’apprentissage, l’élève sera capable de trouver la fonction d’un mot ou
groupe de mots attribuant une qualité à un objet dans une phrase (épithète, attribut, mis
en apposition).
185
Un espace transitionnel
186
Enseigner des principes
3.1 bis. On reconnaît un verbe d’état au fait qu’il peut être remplacé par le verbe être.
3.2. Il faut faire attention à ne pas confondre l’attribut du sujet et le complément d’objet.
Le verbe introduisant un complément d’objet ne peut être remplacé par le verbe être.
Colette mange une pomme (complément d’objet). Ce poste de radio est mauvais (attribut).
3.3. Certains verbes comme : considérer, croire, élire, estimer, juger, trouver..., permettent
d’attribuer une qualité au groupe nominal qui occupe la fonction de complément d’objet.
Je trouve ce gâteau délicieux (attribut).
Dans ce cas, l’attribut forme avec le verbe d’état un groupe verbal absolument indisso-
ciable. Si l’on supprime l’attribut, on détruit le sens de la phrase.
Je le trouve délicieux (attribut).
J’ai mangé un gâteau délicieux (épithète).
Attribut
Sujet verbe attribut
La pomme est rouge
Paul est célèbre
Julien est un avocat
Serge est une lumière
Henri IV était roi
L’eau semblait calme
Le golf devient un sport populaire
Elle est superbe
Michel paraît inquiet
187
Un espace transitionnel
188
Enseigner des principes
oui
non oui
189
Un espace transitionnel
PROPOSITION DE CORRIGÉ
Règles
– L’adjectif qui occupe la fonction d’attribut du COD ne peut être supprimé si l’on veut
conserver une phrase correcte.
– L’adjectif qui occupe la fonction d’épithète peut être supprimé : la phrase reste cor-
recte.
190
Enseigner des principes
C’est trop facile pour les élèves ! Voilà la critique principale faite à ce type de pratique
par nombre d’enseignants à qui j’ai présenté cette technique.
Avec des outils pareils les élèves ne réfléchissent plus, ils n’ont qu’à appliquer bêtement
un algorithme qu’ils n’ont même pas construit, vous allez en faire de parfaits petits
robots. On est dans le droit fil de la pédagogie behavioriste, etc.
Je tiens à souligner que nul n’a jamais prouvé qu’on retenait mieux quelque chose que
l’on a eu des difficultés à apprendre. Par ailleurs, rien n’empêche, une fois que l’algo-
rithme a été construit par le professeur, en suivant les étapes proposées (préparation de
leçon), de choisir une démarche d’enseignement de type inductif et d’organiser cet
enseignement en différentes leçons (trois, quatre, voire davantage) afin de faire
construire progressivement l’algorithme par les élèves. C’est sûrement la meilleure
manière de s’y prendre pour exploiter cette « leçon ». Il suffit de faire un choix judicieux
d’exemples et d’instiller les règles au fur et à mesure des besoins. On propose, de plus,
à l’apprenant, une stratégie cognitive (apprendre à construire des algorithmes pour se
donner des moyens efficaces d’appliquer des règles complexes), stratégie cognitive qu’il
pourra éventuellement utiliser dans d’autres situations.
Enseigner des stratégies cognitives est le seul vrai problème, le seul qui mérite d’être
posé car si l’on sait à peu près aujourd’hui comment enseigner des faits, des concepts,
des principes, des méthodes, des gestes professionnels ou non, on ne sait pas encore
très bien comment obtenir que les individus apprennent à résoudre des problèmes, donc
apprennent à inventer des stratégies cognitives, ce qui demeure tout de même l’une des
principales finalités de l’enseignement.
191
Un espace transitionnel
CONSÉQUENCES PRATIQUES
192
Sixième partie
Dans le deuxième chapitre, j’ai donné 1990 comme date de naissance de la for-
mation individualisée. Cette date est en réalité totalement fausse, la formation
individualisée existe depuis toujours. La formation individualisée, c’est le pré-
ceptorat, et sous sa forme moderne, elle existe au moins depuis le début du XXe
siècle : ce sont les expériences de Winnetka dans la banlieue de Chicago, celle
de Miss Parkhurst à Dalton, ainsi que celle de Morrison aux États-Unis dans les
années vingt 1. Ces expériences sont parfaitement connues des promoteurs de
l’école active 2, Freinet, Claparède, etc., dès 1920. Cependant, si j’ai donné 1990
comme date de naissance, c’est que l’intérêt pour la formation individualisée
que certains enseignants manifestent aujourd’hui n’a rien à voir avec les ori-
gines historiques de ce courant. La formation individualisée d’aujourd’hui, c’est
tout simplement l’aboutissement du mouvement initié au début des années
soixante par la pédagogie par objectifs, l’aboutissement de la centration sur
l’apprenant, une renaissance logique en fonction des difficultés rencontrées par
les enseignants français qui réinventent ce type de pédagogie parce qu’ils ne
voient pas comment faire autrement avec le type d’élèves auxquels ils sont
confrontés.
Sous sa forme moderne : objectifs clairs, évaluation formative, remédiation sys-
tématique, dossiers de guidance, d’autoformation, entrée dans le cursus à diffé-
rents niveaux après des tests de compétence, système de crédits pour l’évalua-
tion, droit absolu à l’erreur, l’expérience princeps est sûrement celle de
Winnetka au début du siècle aux États-Unis et la première expérience de
l’époque moderne est sûrement le PSI 3 de Keller à Brasilia en 1962.
1. Pour un développement plus conséquent lire le dialogue socratique in Raynal F., Rieunier A., Pédagogie,
dictionnaire des concepts clés, ESF éditeur, 2011, pp. VIII-XXXII.
2. Ibid.
3. Ibid.
195
Le module de formation individualisée
3. L’INSEP
4. Sur le concept d’autoformation lire : Carré P., Moissan A., Poisson D., L’autoformation, Paris, PUF, 1997.
196
De quelques expériences récentes de formation individualisée
4. Renault (1987)
Georges Charpak, prix Nobel de physique, a découvert, à Chicago, chez son ami
Léon Lederman, autre prix Nobel, une école originale basée sur du travail en petites
équipes et sur le travail individuel à partir de modules5. Cette école expérimentale
créée pour transformer l’enseignement en déliquescence de l’école publique élé-
mentaire de Chicago (400 000 élèves) visait à faire acquérir aux enfants et aux ado-
lescents une culture scientifique de très haut niveau en s’appuyant sur des méthodes
très proches des méthodes actives des pionniers de l’éducation nouvelle. Émer-
veillé par ce qu’il a vu dans les classes (adhésion enthousiaste des enfants et des
maîtres, acquisitions impressionnantes), Charpak a lancé en France, en 1996,
l’opération « La main à la pâte » qu’il nous décrit dans un ouvrage remarquable 6.
6. Ailleurs
5. Beaucoup plus ouverts que ceux que je vous propose dans cet ouvrage.
6. Charpak G. (dir.), Enfants, chercheurs et citoyens. La main à la pâte, O. Jacob, 1998.
7. Claparède, Decroly, Ferrières, Freinet, Montessori, etc.
197
Le module de formation individualisée
8. Voir Terrail J.-P., La scolarisation en France. Critique et état des lieux, La Dispute, 1997, p. 159-175.
198
De quelques expériences récentes de formation individualisée
avec vigueur ; les économistes estiment que les pays qui, au début du XXIe siècle,
seront incapables d’amener 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat,
décrocheront du peloton de tête des pays développés. Nous sommes donc
condamnés à réussir ! Impossible de ne pas engager les élèves dans la voie des
apprentissages, tant du point de vue de la quiétude de l’enseignant qui sera bien
meilleure si les élèves s’intéressent à ce qui se passe en classe, que du point de
vue de l’institution qui demande de plus en plus de comptes à l’enseignant (voir
les évaluations à l’entrée en 6e, à l’entrée en seconde, et les différentes évalua-
tions de l’efficacité du système éducatif que met en place le ministère de l’Édu-
cation nationale depuis une dizaine d’années).
Voici quelques chiffres pour situer le débat.
Au début du siècle, moins de 1 % d’une classe obtient le baccalauréat, c’est-à-
dire que pour 100 élèves entrés au cours préparatoire, on retrouve douze à treize
ans plus tard 1 élève reçu au bac.
En 1950, 5 % d’une classe d’âge obtient le baccalauréat.
En 1984, 30 % d’une classe d’âge obtient le baccalauréat.
En 1999, 63 % d’une classe d’âge obtient le baccalauréat.
La gageure qui consiste à conduire 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac
est donc quasiment gagnée, mais les collèges et les lycées de la banlieue pari-
sienne et des grandes villes s’embrasent, il devient de plus en plus difficile d’y
enseigner, les élèves refusent de poursuivre leur scolarité en subissant les tech-
niques d’enseignement classiques, celles qui les ont conduits à une situation
d’échec. Plus âgés que leurs prédécesseurs, moins dociles, plus difficiles à
convaincre, plus critiques vis-à-vis de l’institution, plus pugnaces également, ils
ne sont pas faciles à « manier » et ils refusent consciemment ou inconsciem-
ment de supporter plus longtemps la pédagogie qui les a conduits là où ils en
sont. La formation individualisée constitue sûrement un des éléments de réponse
à ce problème.
Les raisons de l’émergence de la formation individualisée aujourd’hui sont
donc, à mon sens, beaucoup plus socio-économiques que pédagogiques, raison
pour laquelle je pense que cette émergence n’est pas un phénomène de mode
mais une lame de fond qui devrait modifier considérablement les pratiques
pédagogiques dans les années à venir.
199
15
1. Ce module est un « module d’autoformation à… », il s’agit donc d’un type de module particulier ; tous les
modules ne sont pas des modules d’autoformation.
Les modules peuvent parfaitement être construits à partir de situations d’animation de grands groupes, ou/et
d’animations de petits groupes. Avec Françoise Raynal, nous avons conçu, expérimenté, publié, de nombreux
modules de formation de formateurs à l’IPNETP d’Abidjan. Ce type d’outil est particulièrement intéressant
dans la mesure où il donne à la formation une souplesse inégalée.
200
Enseigner des faits
STRATÉGIE CANONIQUE
D’ENSEIGNEMENT DE FAITS
201
Le module de formation individualisée
phrases, répondez par écrit à toutes les questions posées (elles ne sont pas très
nombreuses), effectuez les exercices de mémorisation, même si vous les trouvez
parfois un peu puérils, et analysez ce document pour identifier les techniques
pédagogiques que je mets en œuvre.
Je vous expliquerai p. 224, comment j’utilise ce document de manière opéra-
toire dans une classe de 20 à 30 élèves.
202
Enseigner des faits
Leçon 8
LE VIGNOBLE BORDELAIS
MEDOC
ST ESTEPHE
CÔTES
PAUILLAC
DE BLAYE
ST JULIEN
HAUT
CÔTES DE
BOURG
LISTRAC MEDOC
POMEROL
MOULIS FRONSAC
MARGAUX ST-EMILION
ENTRE-DEUX-MERS
GRAVES
SAUTERNES
MODULE 1
203
Le module de formation individualisée
VOILÀ LA CARTE
QUE VOUS DEVEZ APPRENDRE
204
Enseigner des faits
LE VIGNOBLE BORDELAIS
TEST INITIAL
17
18
19 1
11
1 20
12
13
9
25
14 8
15 2 10 7 24
16 6
3 5
4
23
21
22
205
Le module de formation individualisée
17
À vous ! 18 2
19
11
1 20
12
13
9
25
14 8
15 2 10 7 24
16 6
3 5
4
23
21
22
Nous avons divisé la leçon en trois, complétez simplement les 3 sous-titres ci-dessous
(réponse sur la page précédente) et coloriez (surligneur) les chiffres sur la carte en trois
couleurs différentes.
(On ne vous demande pas d’écrire les réponses devant chaque numéro, il faut seule-
ment compléter les 3 sous-titres).
Les 10 principales . . . . . . . . . : Les 9 principaux . . . . . . . . . . :
1 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17
2 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18
3 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
4 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
5 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21
6 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
7 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23
8 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24
9 ....................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25
10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les 6 communes du . . . . . . . :
11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
16 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
206
Enseigner des faits
Lafite-Rothschild
Mouton-Rothschild 3
Château-Latour
Château Margaux
ST-ESTEPHE
MEDOC
PAUILLAC
CÔTES FRONSAC
ST-JULIEN DE BLAYE
Petrus
HAUT POMEROL Cheval
CÔTES DE Blanc
BOURG
LISTRAC
ST-ÉMILION
MEDOC
MOULIS Ausone
MARGAUX
GRAVES ENTRE-DEUX-MERS
SAUTERNES
Haut-Brion
Château d’Yquem
207
Le module de formation individualisée
208
Enseigner des faits
RESTAURANT « LE MEILLEUR »
ROUGES
PAUILLAC
MARGAUX
POMEROL
BLANCS
SAUTERNES
209
Le module de formation individualisée
À vous ! 4
Lafite-Rothschild
Mouton-Rothschild
MEDOC
Château-Latour
PAUILLAC
Château Margaux
Château
POMEROL Petrus
MARGAUX
GRAVES ENTRE-DEUX-MERS
SAUTERNES
Haut-Brion
Château d’Yquem
210
Enseigner des faits
211
Le module de formation individualisée
212
Enseigner des faits
À vous !
5
Château L Rothschild
Château M R
M
Château L
P
Château M
Château
P P
G E
S
H
Château d’Y
213
Le module de formation individualisée
La région des GRAVES au sol constitué de graviers donne des vins rouges et
des vins blancs.
214
Enseigner des faits
Travaillez lentement, fermez les yeux pour revoir les images, reposez-vous
lorsqu’on vous le recommande, enfin lorsque vous arrivez à une évaluation, reve-
nez en arrière si vous n’avez pas retenu tous les mots que l’on vous demande.
215
Le module de formation individualisée
216
Enseigner des faits
PREMIÈRE PARTIE
1
9
8
2
10 7
6
3
5
217
Le module de formation individualisée
À vous !
LES 10 PRINCIPALES 7
218
Enseigner des faits
MEDOC
HAUT
MEDOC
GRAVES
ENTRE-DEUX-MERS
SAUTERNES
219
Le module de formation individualisée
220
Enseigner des faits
10
CÔTES
DE BLAYE
CÔTES DE
BOURG
POMEROL
FRONSAC
ST-ÉMILION
ST-ÉMILION
221
Le module de formation individualisée
11
CÔTES
DE BLAYE
CÔTES DE
BOURG
POMEROL
FRONSAC
ST-ÉMILION
ST-ÉMILION
12
CÔTES
DE BLAYE
CÔTES DE
BOURG
POMEROL
FRONSAC
ST-ÉMILION
222
Enseigner des faits
Lorsque vous avez terminé, consultez le corrigé (cartes 8 et 10) et revoyez les
phrases qui vous ont été proposées si vous ne les avez pas totalement mémori-
sées.
223
Le module de formation individualisée
224
Enseigner des faits
Ce dossier est conçu pour enseigner à des élèves de BEP de lycée hôtelier les
connaissances de base nécessaires pour conseiller un client dans le choix d’un
vin de Bordeaux. Il s’agit donc ici d’enseigner des faits, c’est-à-dire d’appliquer
les règles de base de la mémorisation :
– Donner du sens ;
– Organiser l’information ;
– Utiliser des images ;
– Coder deux fois l’information, par l’intermédiaire de l’image et par l’intermé-
diaire du texte.
Donner du sens
Pour donner du sens, il faut d’abord répondre à la question que se pose tout élève : à
quoi va me servir la leçon d’aujourd’hui ? Dans le cas des vins de Bordeaux et des
élèves d’école hôtelière, la réponse est simple : c’est sur la vente du vin que le res-
taurateur réalise ses plus grosses marges bénéficiaires (le coefficient multiplicateur
est de 3, voire de 4 et parfois de 5 sur les « petits vins 2 »). Il est donc évident que si
2. En 1999, un grand restaurant français (2 étoiles au guide Michelin) a été condamné par la justice pour avoir
multiplié par 10 (19 F à l’achat, 190 F à la vente) un de ces « petits vins », l’année suivante (2000), il a perdu
toutes ses étoiles au Michelin.
225
Le module de formation individualisée
les élèves sont capables de « vendre » du vin aux clients ils ont de bonnes chances
de conserver leur place s’ils sont éventuellement embauchés à l’essai.
Lorsque l’on a répondu à la question précédente, il faut ensuite tenter de
répondre à la question plus immédiate que se posent les élèves : En définitive,
que suis-je censé faire à la fin de la leçon que je n’étais pas capable de faire au
début ? Il est donc souhaitable, lorsque la leçon s’y prête (et la leçon sur les vins
de Bordeaux s’y prête parfaitement), de présenter l’outil d’évaluation final dès
le début de la leçon, afin que l’élève sache exactement dans quel sens il doit tra-
vailler.
Organiser l’information
226
Enseigner des faits
Les images se mémorisent beaucoup mieux que les mots et une seule image
permet de retrouver de nombreuses informations. Il est nécessaire de préciser
cependant que les images de ce dossier ont été construites avec l’aide d’élèves
de BEP, c’est-à-dire avec des représentants du public qui doit apprendre par
l’intermédiaire de ce dossier.
ÉTAPE MÉTACOGNITIVE
1. Objectif de contenu
Résumons par un tableau la stratégie pédagogique mise en œuvre dans ce cin-
quième chapitre pour atteindre l’objectif : situer géographiquement les princi-
pales appellations, communes et grands crus de la région de Bordeaux.
Types d’apprentissage
Démarche Déductive
Technique Module
Enseignement semi-programmé
Supports Module
Matériel Module
227
Le module de formation individualisée
2. Objectif méthodologique
Ce type de support se prête remarquablement bien au traitement de l’objectif
méthodologique : « apprendre à apprendre une leçon » par l’intermédiaire
d’un travail d’analyse du vécu et d’analyse du support.
1. Objectifs de contenu
Je me proposais dans ce chapitre de préciser le concept de « formation indivi-
dualisée », et de donner du sens au concept de « module de FI ».
Je me proposais en outre de vous donner des exemples de stratégie pour :
– enseigner des faits : la localisation des vins de Bordeaux.
– enseigner des concepts : le concept de module et le concept de formation
individualisée.
2. Stratégie
La stratégie utilisée pour vous faire acquérir le concept de module et le concept
de formation individualisée est la suivante :
– Démarche : inductive (je vous donne un exemple concret) ;
– Méthode : expérience personnelle de formation individualisée ;
– Techniques d’animation : module de formation individualisé ;
– Supports : module + vécu personnel ;
– Taille du groupe : travail individuel.
228
16
Enseigner un concept
et plusieurs principes par l’intermédiaire
d’un dossier de formation individualisée
Introduction
« Pour qu’un individu apprenne à sauter, c’est lui qui doit sauter, pas son
entraîneur !… »
Si vous voulez enseigner de manière efficace, il faut effectuer une révolution
copernicienne de vos représentations, placer réellement l’élève au centre du dis-
positif, comme le préconisaient au début du siècle les représentants de l’école
active, quitter le devant de la scène, vous positionner à la périphérie et n’utiliser
vos compétences d’animateur (qui demeurent des compétences indispensables)
que pour aider l’élève à apprendre, l’aider à réguler son action, répondre à ses
besoins.
229
Le module de formation individualisée
Dans cette perspective, les propositions que je vous ai faites avec l’adjectif qua-
lificatif ou le courant induit ne constituent pas des propositions optimales
(l’enseignant en fait trop, il occupe trop le devant de la scène). Dans une bonne
leçon basée sur l’enseignement frontal participatif, les élèves ont la parole pen-
dant 35 % du temps, ce qui correspond à 30 secondes par élève environ, pour
50 minutes de leçon réelle avec une classe de 35 élèves. De pareils ratios
condamnent nécessairement cette manière de faire. En conséquence, si vous
souhaitez améliorer la qualité de vos leçons, il faut progressivement passer de
la pédagogie du face à face à la pédagogie du côte à côte, ne pas vous situer
géographiquement en face du groupe d’élèves mais à côté d’un élève particu-
lier, devenir moins voyant, moins envahissant, et le meilleur moyen de prati-
quer ce type de pédagogie consiste à concevoir des documents de formation
individualisée.
Vous avez déjà expérimenté la formation individualisée avec les vins de
Bordeaux, voilà un autre document destiné à des élèves de terminale : « La
dévaluation ».
1. J’ai également conçu un module de formation individualisée sur ce sujet, et j’utilise ce module lors de mes
formations d’enseignants.
230
Enseigner un concept et plusieurs principes
2. La transposition didactique
231
Le module de formation individualisée
2. J’ai soumis ce dossier à trois enseignants d’économie dont un enseignant de lycée et deux enseignants
d’université ; après de nombreuses discussions, chaque enseignant a estimé que ce dossier était acceptable tel
quel pour une première approche du concept.
3. Brousseau G., Fondements et méthodes de la didactique, La Pensée sauvage, 1998, p. 74.
4. Bachelard G., La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 2000.
5. Popper K., La logique de la découverte scientifique, Paris, Payot, 2007.
232
Enseigner un concept et plusieurs principes
Leçon 9
LA DÉVALUATION
233
Le module de formation individualisée
1. Prérequis
Néant.
Objectif. À l’issue de ce dossier, nous espérons que vous aurez compris les relations
entre six variables :
– le niveau économique d’un pays ;
– l’état de sa monnaie ;
– les relations de cette monnaie avec les monnaies étrangères ;
– le niveau de vie des habitants ;
– l’inflation ;
– le niveau des salaires.
Si vous avez compris les relations entre ces six variables vous devriez être en mesure de :
234
Enseigner un concept et plusieurs principes
ÉVALUATION FORMATIVE
1. Si un pays A est plus performant économiquement qu’un pays B, alors (cochez les
réponses justes) :
■ Les produits manufacturés sont moins chers dans le pays A que dans le pays B
■ La monnaie du pays A a tendance à se dévaluer par rapport à celle du pays B
■ Les ouvriers du pays B ont un pouvoir d’achat supérieur aux ouvriers du pays A
■ Le pays A peut produire plus avec le même investissement.
2. Un pays en voie de développement d’Afrique équatoriale peut produire du riz sans dif-
ficulté car son sol et son climat le lui permettent, mais comme le riz est un aliment de
base pour la population, le gouvernement ne prélève aucune taxe sur le riz importé qui
est vendu à 60 centimes le kilo. Ce prix correspond au prix de revient au kilo pour l’agri-
culteur local qui cultive du riz.
Les difficultés économiques étant de plus en plus grandes, le pays en question dévalue
brutalement sa monnaie de 50 %.
3. Si un pays dévalue sa monnaie, les produits importés subissent une hausse des prix,
mais ces produits ne sont pas les seuls à augmenter, nombre de produits locaux ne
peuvent être produits qu’en important certaines matières premières.
5. Vous êtes informé d’une dévaluation imminente de 25 % de l’euro par rapport au dol-
lar. Vous souhaitez profiter de cette information pour gagner de l’argent.
■ Vous transformez immédiatement tous vos euros en dollars
■ Vous vendez immédiatement tous les dollars que vous possédez
235
Le module de formation individualisée
236
Enseigner un concept et plusieurs principes
DOCUMENT 1
Quelles sont les relations entre le niveau économique d’un pays, l’état de sa monnaie,
les relations de cette monnaie avec les monnaies étrangères ?
La France (pays A) :
une usine de fabrication de vélos,
1 ouvrier,
production : 1 vélo par jour,
salaire de l’ouvrier : 1 F par jour,
matière première : 2 F par vélo,
charges sociales + impôts : 1 F par ouvrier,
bénéfice : 1 F par vélo,
prix de vente : ________________
Calculez le prix de vente du vélo.
La Syldavie (pays B) :
une usine de fabrication de vélos,
1 ouvrier,
production : 1 vélo par jour,
salaire de l’ouvrier : 1 D (dira) par jour,
matière première : 2 D par vélo,
charges sociales + impôts : 1 D par ouvrier,
bénéfice : 1 D par vélo,
prix de vente : ________________
Calculez le prix de vente du vélo.
Quand vous avez terminé vos calculs, comparez vos résultats avec ceux d’un cama-
rade, mettez-vous d’accord si vous obtenez des résultats différents, passez à la page
suivante et vérifiez l’exactitude de vos résultats ainsi que votre conclusion.
237
Le module de formation individualisée
DOCUMENT 1
(CORRIGÉ)
Quelles sont les relations entre le niveau économique d’un pays, l’état de sa monnaie,
les relations de cette monnaie avec les monnaies étrangères ?
France (pays A) :
une usine de fabrication de vélos,
1 ouvrier,
production : 1 vélo par jour,
salaire de l’ouvrier : 1 F par jour,
matière première : 2 F par vélo,
charges sociales + impôts : 1 F par ouvrier,
bénéfice : 1 F par vélo,
prix de vente : 5 francs par vélo
Syldavie (pays B) :
une usine de fabrication de vélos,
1 ouvrier,
production : 1 vélo par jour,
salaire de l’ouvrier : 1 D (dira) par jour,
matière première : 2 D par vélo,
charges sociales + impôts : 1 D par ouvrier,
bénéfice : 1 D par vélo,
prix de vente : 5 diras par vélo
CONCLUSION DE L’EXERCICE N° 1
Dans les pays où l’efficacité économique est la même (un ouvrier met le même
temps, avec le même type de matériel, pour produire le même bien de consomma-
tion), les monnaies ont la même valeur.
238
Enseigner un concept et plusieurs principes
DOCUMENT 2
Après quelques années le pays A (la France) a modernisé son appareil de production
alors que dans le pays B (la Syldavie) l’outil de production a conservé la même efficacité.
L’usine de vélos du pays A (la France) a mis en place une chaîne de production particu-
lièrement efficace, ce qui lui permet de produire des vélos avec quatre fois moins de
matière première, et deux fois plus rapidement que le pays B (la Syldavie).
En supposant que la parité monétaire 1 franc = 1 dira soit maintenue, les vélos du pays
A sont maintenant :
■ 20 %
■ 50 %
■ 100 %
■ moins cher
■ plus cher
que les vélos du pays B.
Si les vélos du pays A entrent dans le pays B sans payer de droits de douane les habi-
tants du pays B vont :
■ acheter
■ refuser d’acheter
les vélos du pays A de préférence à ceux fabriqués par les industriels de leur propre pays.
Cela aura des conséquences sur l’emploi, sur les rentrées de taxes pour le gouverne-
ment, etc.
239
Le module de formation individualisée
Que peut faire le gouvernement du pays B pour rétablir l’équilibre ? (Choisir deux solu-
tions.)
■ Faire payer 100 % de droits de douane aux vélos du pays A
■ Réévaluer sa monnaie de 50 %
■ Dévaluer sa monnaie de 50 %, 1 F = 1/2 D
■ Diminuer les coûts en diminuant le salaire des ouvriers
➜ Lorsque vous avez répondu : HELP !
DOCUMENT 2
(CORRIGÉ)
Le pays A, après quelques années, a modernisé son appareil de production alors que
dans le pays B l’outil de production a conservé la même efficacité.
L’usine de vélos du pays A a mis en place une chaîne de production particulièrement
efficace, ce qui lui permet de produire des vélos avec quatre fois moins de matière pre-
mière, et deux fois plus rapidement.
Pays A : une usine de fabrication de vélos,
1 ouvrier,
salaire de l’ouvrier 1,50 F par jour,
production : 2 vélos par jour,
matière première : 0,50 F par vélo,
charges sociales + impôts : 1 F par ouvrier
Bénéfice 0,75 F par vélo
prix de vente : 2,50 F le vélo
En supposant que la parité monétaire 1 franc = 1 dira soit maintenue, les vélos du pays
A sont maintenant
■ 20 %
■ 50 %
■ 100 %
■ moins cher,
■ plus cher
que les vélos du pays B.
Si les vélos du pays A entrent dans le pays B sans payer de droits de douane, les habi-
tants du pays B vont
■ acheter
■ refuser d’acheter
les vélos du pays A de préférence à ceux fabriqués par les industriels de leur propre pays.
Cela aura des conséquences sur l’emploi, sur les rentrées de taxes pour le gouverne-
ment, etc.
240
Enseigner un concept et plusieurs principes
Que peut faire le gouvernement du pays B pour tenter de rétablir l’équilibre ? (Choisir
deux solutions.)
■ Faire payer 100 % de droits de douane aux vélos du pays A
■ Réévaluer sa monnaie de 50 %
■ Dévaluer sa monnaie de 50 %, 1 F = 1/2 D
■ Diminuer les coûts en diminuant le salaire des ouvriers
Remarque : La solution qui consiste à diminuer les salaires n’en est pas une, car même
si l’on ne payait plus les ouvriers, l’équilibre ne pourrait être rétabli à cause du manque
d’efficacité de l’outil de production (au moins dans l’exemple proposé ici bien sûr). Dans
la réalité, c’est éventuellement possible mais c’est généralement l’inflation qui provoque
la baisse des revenus.
Le cours d’une monnaie est donc lié aux capacités de production du pays. Si la produc-
tivité augmente dans un pays X par rapport à un pays Y la monnaie du pays Y se déva-
lue par rapport à la monnaie du pays X.
SYNTHÈSE
1. Le cours d’une monnaie est lié aux capacités de production du pays. Si la productivité
augmente dans un pays X par rapport à un pays Y la monnaie du pays _____ se déva-
lue par rapport à la monnaie du pays _____.
2. Si l’efficacité économique du pays X est beaucoup plus importante que celle du pays
Y, les objets manufacturés sont beaucoup moins chers dans le pays _____, et le niveau
de vie de la population du pays _____ est plus élevé que celui des habitants du pays
_____.
3. Si deux pays qui ont des relations commerciales ont des économies dont l’efficacité
se modifie de manière importante, le pays qui a l’économie la plus faible doit _____ sa
monnaie s’il souhaite rééquilibrer les échanges.
241
Le module de formation individualisée
SYNTHÈSE
(CORRIGÉ)
1. Le cours d’une monnaie est lié aux capacités de production du pays, si la productivité
augmente dans un pays X par rapport à un pays Y la monnaie du pays Y se dévalue
par rapport à la monnaie du pays X.
2. Si l’efficacité économique du pays X est beaucoup plus importante que celle du pays
Y, les objets manufacturés sont beaucoup moins chers dans le pays X, et le niveau de
vie de la population du pays X est plus élevé que celui des habitants du pays Y.
3. Si deux pays qui ont des relations commerciales ont des économies dont l’efficacité
se modifie de manière importante, le pays qui a l’économie la plus faible doit dévaluer sa
monnaie s’il souhaite rééquilibrer les échanges.
Si vous avez compris les conclusions des exercices précédents, vous devez être en
mesure de répondre correctement aux questions suivantes.
242
Enseigner un concept et plusieurs principes
DOCUMENT 3
CONCLUSION
La dévaluation donne simplement un ballon d’oxygène. Elle ne peut réussir que si
le niveau des salaires ne monte pas de façon inconsidérée. Si les salaires aug-
mentent rapidement pour récupérer la perte de pouvoir d’achat liée à la dévalua-
tion, l’inflation augmentera aussi rapidement et très vite les avantages liés à la
dévaluation disparaîtront.
6. Il peut arriver que pour des raisons politiques un pays réévalue sa monnaie alors qu’un autre la dévalue,
mais sur le plan technique, la dévaluation est une sanction qui frappe les politiques économiques qui se sont
révélées moins efficaces que la politique économique du voisin. Un pays n’a donc pas intérêt à réévaluer sa
monnaie. Cependant, sur le plan technique c’est possible, répondez donc à la question, même si cela ne se pro-
duit que rarement.
243
Le module de formation individualisée
DOCUMENT 3
(CORRIGÉ)
Salaires :
■ Par des augmentations de salaire pour les ouvriers du pays qui possède l’outil de
production le plus performant
■ Par des diminutions de salaire pour les ouvriers du pays qui possède l’outil de pro-
duction le plus performant
Réévaluation :
■ Par une réévaluation de la monnaie du pays qui possède l’outil de production le plus
performant
■ Par une réévaluation de la monnaie du pays qui possède l’outil de production le
moins performant
Dévaluation :
■ Par une dévaluation de la monnaie du pays qui possède l’outil de production le plus
performant
■ Par une dévaluation de la monnaie du pays qui possède l’outil de production le
moins performant
Pouvoir d’achat :
■ Par une diminution du pouvoir d’achat des ouvriers du pays qui possède l’outil de
production le moins performant.
■ Par une diminution du pouvoir d’achat des ouvriers du pays qui possède l’outil de
production le plus performant
244
Enseigner un concept et plusieurs principes
DOCUMENT 4
A
Efficacité
économique
faible
Réussite
de la
B dévaluation
Échec
de la
dévaluation
245
Préparer un cours
DOCUMENT 4
(CORRIGÉ)
Augmentation
des
exportations
Balance Dévaluation Hausse
Efficacité
du commerce de la monnaie des prix
économique
extérieur des produits
faible
déficitaire importés
Diminution
des
importations
Non satisfaites
Appareil Réussite
Amélioration
économique de
du commerce
plus efficace la dévaluation
extérieur
Affaiblissement
du pouvoir Revendications
d’achat des sociales
ménages Satisfaites
Affaiblissement Échec
Hausse
de l’efficacité de
des prix
économique la dévaluation
(inflation)
246
Préparer un cours
ÉVALUATION FINALE
1. Si un pays A est plus performant économiquement qu’un pays B, alors (cochez les
réponses justes) :
■ Les produits manufacturés sont moins chers dans le pays A que dans le pays B
■ La monnaie du pays A a tendance à se dévaluer par rapport à celle du pays B
■ Les ouvriers du pays B ont un pouvoir d’achat supérieur aux ouvriers du pays A
■ Le pays A peut produire plus avec le même investissement.
2. Un pays en voie de développement d’Afrique équatoriale peut produire du riz sans dif-
ficulté car son sol et son climat le lui permettent, mais comme le riz est un aliment de
base pour la population, le gouvernement ne prélève aucune taxe sur le riz importé qui
est vendu à 60 centimes le kilo. Ce prix correspond au prix de revient au kilo pour l’agri-
culteur local qui cultive du riz.
Les difficultés économiques étant de plus en plus grandes, le pays en question dévalue
brutalement sa monnaie de 50 %
Quel sera le pourcentage d’augmentation du prix de vente des produits importés ?
Quelle sera la conséquence de la dévaluation pour la production du riz local ?
3. Si un pays dévalue sa monnaie, les produits importés subissent une hausse des prix,
mais ces produits ne sont pas les seuls à augmenter, nombre de produits locaux ne
peuvent être produits qu’en important certaines matières premières.
Si 20 % du prix d’un produit fabriqué localement avant dévaluation correspond à de la
matière première achetée à l’étranger, de combien devrait augmenter ce produit pour
tenir compte de la nouvelle parité de la monnaie (dévaluation 50 %) ?
5. Vous êtes informé d’une dévaluation imminente de 25 % de l’euro par rapport au dol-
lar. Vous souhaitez profiter de cette information pour gagner de l’argent.
■ Vous transformez immédiatement tous vos euros en dollars
■ Vous vendez immédiatement tous les dollars que vous possédez
247
Le module de formation individualisée
ÉVALUATION FINALE
(CORRIGÉ)
1. Si un pays A est plus performant économiquement qu’un pays B, alors (cochez les
réponses justes) :
■ Les produits manufacturés sont moins chers dans le pays A que dans le pays B
■ La monnaie du pays A a tendance à se dévaluer par rapport à celle du pays B
■ Les ouvriers du pays B ont un pouvoir d’achat supérieur aux ouvriers du pays A
■ Le pays A peut produire plus avec le même investissement
2. Un pays en voie de développement d’Afrique équatoriale peut produire du riz sans dif-
ficulté car son sol et son climat le lui permettent, mais comme le riz est un aliment de
base pour la population, le gouvernement ne prélève aucune taxe sur le riz importé qui
est vendu à 60 centimes le kilo. Ce prix correspond au prix de revient au kilo pour l’agri-
culteur local qui cultive du riz.
Les difficultés économiques étant de plus en plus grandes, le pays en question dévalue
brutalement sa monnaie de 50 %.
Supposons que 1 euro = 1 dollar. Si à la suite d’un krach boursier à New York on déva-
lue le dollar de 50 % par rapport à l’euro la nouvelle parité est de 1 euro = 1/2 dollar, la
valeur du dollar a diminué de 50 %.
Avant la dévaluation du dollar, si vous êtes américain, 1 dollar = 1 euro, mais après la
dévaluation du dollar, si vous êtes américain : 1 dollar = 2 euros.
La dévaluation de 50 % du dollar par rapport à l’euro fait doubler le prix de l’euro pour
les Américains, donc fait doubler les prix des produits importés.
3. Si un pays dévalue sa monnaie, les produits importés subissent une hausse des prix,
mais ces produits ne sont pas les seuls à augmenter, nombre de produits locaux ne
peuvent être produits qu’en important certaines matières premières.
20 %.
248
Enseigner un concept et plusieurs principes
5. Vous êtes informé d’une dévaluation imminente de 25 % de l’euro par rapport au dol-
lar. Vous souhaitez profiter de cette information pour gagner de l’argent.
■ Vous transformez immédiatement tous vos euros en dollars
■ Vous vendez immédiatement tous les dollars que vous possédez
QUESTIONNAIRE
249
Le module de formation individualisée
QUESTIONNAIRE
(CORRIGÉ)
250
Enseigner un concept et plusieurs principes
DOCUMENT 5
LES SPÉCULATEURS INTERNATIONAUX ATTAQUENT LE FRANC
Un individu comme George Soros (très grand financier international) possède des liqui-
dités financières très importantes car il est immensément riche et parce que de très
nombreux particuliers lui confient leur argent pour le faire fructifier.
En supposant que l’économie française soit dans une mauvaise passe et que les spécu-
lateurs internationaux pensent qu’une dévaluation de la monnaie française par rapport
au dollar est possible, voire probable, il est tentant d’accélérer le processus pour profiter
de la dévaluation. Comment faire ?
Imaginez maintenant que vous ne vendiez pas 1 franc mais des milliards de francs et que
tous les spéculateurs internationaux fassent de même. Il arrive un moment où la Banque
de France se trouve dans l’impossibilité de répondre à la demande. À ce moment elle
décide de bloquer le processus et de modifier la parité de sa monnaie, elle dévalue.
Supposons pour simplifier les calculs qu’elle dévalue de 50 %, la parité de la monnaie
est donc maintenant de : 1 franc = 1/2 dollar ou 1 dollar = 2 francs
Le franc a été dévalué de 50 % (il a perdu la moitié de sa valeur). Si vous changez des
francs contre des dollars après la dévaluation, vous avez 50 % de dollars en moins par
rapport à la situation antérieure : avec 1 franc vous n’avez plus qu’un demi-dollar alors
que vous en aviez un avant la dévaluation.
Spéculateur averti, vous vous attendiez à la dévaluation et vous avez vendu 1 franc
avant que la dévaluation ne survienne. La Banque de France vous a alors donné 1 dol-
lar, vous revendez maintenant ce dollar après la dévaluation donc avec la nouvelle
parité, la Banque des États-Unis (qui est tenue d’acheter les dollars qui se présentent
sur le marché) vous donne maintenant 2 francs (en fonction de la nouvelle parité).
251
Le module de formation individualisée
REMARQUE IMPORTANTE
Lorsque l’on doit enseigner un concept complexe, il est souhaitable de mettre en
place des situations qui provoquent une activité intellectuelle intense de la part de
l’apprenant.
Une situation efficace pour répondre à cette contrainte est sûrement le dossier de
formation individualisée car il provoque un travail individuel.
Cependant il faut permettre aux apprenants qui le souhaitent de travailler en duo,
car le conflit sociocognitif provoqué par la présence de l’autre et sa manière éven-
tuellement différente de traiter l’information constitue un moyen supplémentaire de
faciliter l’apprentissage.
En faisant travailler les élèves en duo sur le dossier de formation individualisée, on
ne perd pas grand-chose quant à l’activité individuelle de l’apprenant, et on bénéfi-
cie de l’énorme facilitation liée aux relations sociales et aux conflits sociocognitifs
susceptibles de se produire 7.
Pour savoir comment a été conçu ce dossier, lire le chapitre suivant.
7. Sur le sujet lire l’excellent ouvrage : Baudrit A., Apprendre à deux, Paris, PUF, 1997.
252
Septième partie
La pédagogie différenciée
Introduction
1. La pédagogie différenciée
Legrand, Meirieu, Przesmycki, Allal, Perrenoud, Cardinet, etc., ont proposé
depuis très longtemps de différencier la pédagogie de telle sorte que chacun
puisse travailler sur les supports qui lui conviennent, à son rythme, et au niveau
qui est le sien.
Pour pratiquer ce type de pédagogie, il est évident qu’il faut privilégier le travail
en petits groupes ou/et le travail individuel.
D’après Meirieu, on peut pratiquer deux types de pédagogie différenciée, la
pédagogie différenciée successive et la pédagogie différenciée simultanée.
La pédagogie différenciée successive consiste tout simplement à alterner les
situations d’enseignement/apprentissage basées sur l’enseignement frontal parti-
cipatif, l’animation de petit groupe, le travail individuel.
Le lecteur trouvera dans les pages suivantes la leçon sur « La dévaluation » pré-
parée en pédagogie différenciée successive.
La pédagogie différenciée simultanée 1 consiste à proposer aux élèves plusieurs
solutions pour apprendre, certaines basées sur le travail individuel (dossier de for-
mation individualisé par exemple), d’autres basées sur le travail de petits groupes
avec des supports différents selon les modes d’apprentissage privilégiés des élèves.
Le lecteur trouvera une leçon préparée selon les canons de ce type de pédagogie
chapitre 18 et il en trouvera une autre dans l’ouvrage Préparer un cours, tome 2,
leçon relative au jeu de Nim.
1. Pour bien situer le débat, je tiens à préciser que la pédagogie conduite dans les classes uniques de campagne
sous la troisième république était bien évidemment de la pédagogie différenciée simultanée.
Un très grand nombre de techniques pédagogiques considérées comme particulièrement modernes étaient par-
faitement connues et utilisées pas les pédagogues de l’école active (début du XXe siècle). Ce qui est nouveau
aujourd’hui, c’est que l’on commence à avoir quelques connaissances théoriques sur les raisons pour les-
quelles certaines techniques (le travail de groupe par exemple) sont efficaces, et à quelles conditions. Ce qui
est également nouveau aujourd’hui c’est que les expériences des uns et des autres sont de plus en plus acces-
sibles à celui qui veut bien faire l’effort de s’informer.
254
La pédagogie différenciée
2. La formation individualisée
255
17
256
Préparer une leçon en pédagogie différenciée successive
produisent les SPE attendues ? La situation sera construite pour que les élèves
soient obligés de traiter les informations en profondeur afin de produire la SPE
attendue.
Le dossier que vous venez de lire dans le chapitre précédent a été conçu en utili-
sant la méthode de préparation de leçon que je vous propose dans cet ouvrage :
– Définir l’objectif ;
– Concevoir l’outil d’évaluation ;
– Imaginer le problème qui servira de motivation ;
– Définir l’opérateur cognitif ;
– Identifier les SPE ;
– Concevoir les micro-stratégies.
Dans un premier temps, j’ai conçu des micro-stratégies basées sur le travail de
petit groupe, ce qui m’a permis de tester différentes situations, d’apprécier leur
efficacité et d’améliorer les dites situations jusqu’à ce qu’elles puissent fonc-
tionner sans moi, ce qui permet de les utiliser ensuite dans un dossier de for-
mation individualisée.
Si vous souhaitez concevoir un dossier de formation individualisée, vous avez
donc tout intérêt à concevoir d’abord une leçon basée sur le travail de petits
groupes. Cela vous permet de tester vos idées, de vérifier que votre logique
d’enseignement correspond bien à la logique d’apprentissage de vos élèves, de
trouver même de nouvelles idées de stratégie que vous donneront sûrement cer-
tains élèves si vous les écoutez, ou si vous les sollicitez. C’est une étape parti-
culièrement intéressante dans la mesure où elle vous donne un premier
feed-back quant à la qualité des situations que vous avez conçues et quant à la
qualité de votre progression.
Quand vous avez testé une leçon basée sur du travail de petit groupe, il n’est
plus très difficile de passer au dossier de formation individualisée. Les tech-
niques à mettre en œuvre relèvent ensuite des techniques d’enseignement pro-
1. Lire Charpak G., Enfants chercheurs et citoyens. La main à la pâte, O. Jacob, 1998, car cet ouvrage pré-
sente une manière originale de concevoir le travail de groupe.
Lire également Meirieu Ph., Outils pour apprendre en groupe, t.1 et 2. Itinéraire des pédagogies de groupe,
Lyon, Chronique Sociale, 1989.
257
La pédagogie différenciée
grammé, mais sans passer par des outils aussi sophistiqués que les arbres de
Morganov ou les matrices de Davies 2 car il ne s’agit pas réellement d’enseigne-
ment programmé : vous êtes présent pour assurer les feed-back lors des pas-
sages difficiles et les techniques à mettre en œuvre sont à la portée de tout ensei-
gnant confirmé qui accepte de passer le temps nécessaire à la conception, aux
expérimentations et aux corrections multiples du dossier.
Une grande règle : rédigez rapidement un premier « brouillon » et expérimen-
tez-le avec les élèves, ils vous diront immédiatement ce qui ne va pas et vous
proposeront même des solutions originales qui auront l’avantage d’être parfai-
tement adaptées à votre public.
Pour concevoir un dossier de formation individualisée, vous avez donc tout intérêt à
concevoir d’abord une leçon basée sur le travail en petits groupes, mais l’identifi-
cation claire des SPE est absolument indispensable. C’est de leur clarté que
dépend d’abord la qualité des situations (petits problèmes) que vous imaginerez
pour faire construire la connaissance. Ces situations deviendront ultérieurement la
base de votre dossier de formation individualisée.
2. Voir sur le sujet : Leclercq D., Donnay J., De Bal R., Construire un cours programmé, Labor, Nathan,
1977.
258
Préparer une leçon en pédagogie différenciée successive
Leçon 10
LA DÉVALUATION
1. Définir l’objectif
Q. Que seront-ils capables de faire à la fin de la leçon qu’ils n’étaient pas
capables de faire au début ?
R. J’espère qu’ils auront compris le concept de dévaluation, mais ce concept ne peut
être vraiment compris que dans la mesure où l’on comprend l’incidence de différents fac-
teurs les uns sur les autres (inflation, cours de la monnaie, efficacité économique de
l’outil de production, niveau de vie des habitants, etc.) on est donc beaucoup plus
proche de l’enseignement d’une série de principes que de l’enseignement d’un concept
d’où l’objectif suivant.
Objectif pédagogique. Comprendre 3 les relations entre le niveau économique d’un
pays, l’état de sa monnaie, les relations de cette monnaie avec les monnaies étran-
gères, le niveau de vie des habitants, l’inflation, le niveau des salaires.
Quant à la tâche concrète que je leur demanderai de résoudre à la fin de la leçon, pour
prouver qu’ils ont compris (que seront-ils capables de faire à la fin de la leçon qu’ils
n’étaient pas capables de faire au début ?) ils répondront à un questionnaire qui prou-
vera qu’ils sont capables de « prévoir les incidences immédiates probables d’une
dévaluation de la monnaie dans un pays déterminé ». C’est l’objectif spécifique de
la leçon, la tâche de Philippe Meirieu qui prouve que l’objectif pédagogique : comprendre
les relations (voir ci-dessus) est probablement atteint.
3. Soulignons une fois encore que l’on peut accepter la formulation mentaliste des objectifs dans la mesure
où l’outil d’évaluation correspondant à cet objectif existe et décrit le comportement observable attendu de
l’apprenant à l’issue de l’apprentissage.
259
La pédagogie différenciée
4. Ébaucher la stratégie
Q. De quel type d’apprentissage s’agit-il ?
R. Il s’agit beaucoup plus de l’enseignement d’une série de principes que de celui d’un
concept. Puisqu’il s’agit d’enseigner une série de principes, il faut penser à l’articulation
de ces principes, donc à la technique des cartons 4 ou/et à l’utilisation de l’algorithme.
Q. À quel développement de stratégie cognitive se prête cette leçon ?
R. La maîtrise des relations entre : « l’efficacité économique d’un pays, l’état de sa mon-
naie, le pouvoir d’achat des salariés, le niveau de vie, l’intérêt d’une dévaluation pour les
résultats du commerce extérieur, les chances de succès de la dévaluation » est essen-
tielle à la compréhension des phénomènes économiques qui déterminent nombre de
prises de décisions politiques et à la compréhension du monde dans lequel nous vivons.
Cette compréhension sera utile à l’individu toute sa vie pour comprendre les phéno-
mènes monétaires, les incidences des crises économiques sur la politique. Il s’agit donc
de mettre en place un outil cognitif susceptible d’aider à traiter nombre d’informations
économiques et politiques.
Q. Quelle stratégie générale vais-je privilégier ?
R. Décidons qu’en fonction des contraintes connues, j’utiliserai une démarche inductive
doublée d’une démarche dialectique, donc essentiellement un cours basé sur le travail de
petits groupes, complété pour les périodes de synthèse par le cours dialogué participatif.
5. Concevoir l’outil d’évaluation (s’il n’a pas été conçu dans la phase 2)
Q. Est-ce que le niveau de l’outil d’évaluation me paraît suffisant ? C’est-à-dire « à
quel niveau d’activité intellectuelle par rapport à la classification de Bloom se situerait
cette évaluation ? »
R. Si les élèves répondent juste à la majorité des questions, cela prouve incontestable-
ment la compréhension et demande même un travail intellectuel d’analyse et de syn-
thèse, donc l’objectif et l’outil d’évaluation sont congruents et me paraissent satisfaisants.
Il faut bien entendu donner du sens à cette leçon, donc penser à la motivation.
Motiver, c’est poser un problème que l’on se propose de résoudre durant la leçon et qui
a un rapport direct (dans la mesure du possible) avec les préoccupations des élèves.
6. Concevoir la motivation
Q. Sur quel levier puis-je appuyer pour intéresser les élèves au phénomène de la
dévaluation ? ou encore : comment donner du SENS à cette leçon ?
À quelle(s) connaissance(s) déjà existante(s) dans leur esprit puis-je « accrocher »
ce concept ?
R. Il faut sûrement jouer sur la motivation épistémique (le désir de savoir) car « accro-
cher » la dévaluation à un projet personnel des apprenants paraît extrêmement difficile.
260
Préparer une leçon en pédagogie différenciée successive
Q. Qu’est-ce qui pourrait leur faire prendre conscience que la dévaluation est un
problème important, un problème qu’un citoyen doit connaître ?
R. Des titres de journaux relativement récents :
Dévaluation du real brésilien (1999)
Dévaluation du rouble et du bath thaïlandais (1998)
Dévaluation de la livre anglaise (1993)
Dévaluation de la peseta espagnole (1993)
Dévaluation de 50 % du franc CFA (1993)
Ou un article titrant :
Faut-il dévaluer l’euro ?…
1.
2.
etc.
– Le monde perçu par chacun : Mes réponses ne sont pas en accord avec celles des
autres, devrait provoquer l’interrogation : Qui a raison ?
261
La pédagogie différenciée
– Le monde perçu : Je sais bien que je devrais connaître et comprendre les causes
et les conséquences d’une « dévaluation » car il s’agit d’un sujet dont on parle
régulièrement dans les journaux et qui a des incidences sur ma vie quotidienne, mais
au vu de mes résultats à ce questionnaire ça n’a pas l’air brillant !…, est nécessaire-
ment différent du monde conçu : Je voudrais bien comprendre pour ne pas avoir l’air
idiot(e) devant les copains et les adultes 5 ;
– La dissonance entre le monde perçu et le monde conçu 6 devrait être évidente, et un
début d’intérêt devrait se manifester 7.
Affirmer alors : Bon vous êtes comme la majorité des Français, vous ne comprenez pas
grand-chose aux raisons qui conduisent un pays à dévaluer et aux conséquences pro-
bables de cette activité, pourtant ce n’est pas très compliqué, je vous propose donc de
faire la leçon sur la dévaluation et de revenir à ce questionnaire à la fin de la leçon car
à ce moment-là toutes les ambiguïtés devraient être levées, et vous devriez pouvoir
répondre à ces questions sans trop de difficulté. Je voudrais donc qu’à la fin de la leçon
sur la dévaluation (écrire le titre au tableau), vous soyez capable de (écrire l’objectif au
tableau).
Ce qui prouverait que vous avez compris les causes et les conséquences d’une déva-
luation.
Planifier l’action
5. L’expérience confirme totalement les prévisions. La multiplicité des représentations des enseignants ou des
élèves avec lesquels j’ai fait l’expérience est impressionnante et chacun ressent intensément le besoin d’en
savoir davantage, et de stabiliser des connaissances qu’il sent éminemment fragiles.
6. Voir « Préparer un cours, tome 2 », chap. 5, « La motivation ».
7. C’est effectivement ce que je constate lorsque je fais l’expérience.
8. À partir des situations et du matériel créés pour l’animation de petits groupes, n’importe quel enseignant
compétent est en mesure d’animer un enseignement frontal participatif en utilisant le questionnement.
262
Préparer une leçon en pédagogie différenciée successive
Avec la détermination des SPE qui permettent d’aboutir à la conclusion finale, j’ai déter-
miné le plan de la leçon qui se présentera donc de la manière suivante.
263
La pédagogie différenciée
SPE 1 attendue. Le cours d’une monnaie est lié aux capacités de production
du pays, si la productivité augmente dans un pays X (la France) par rapport à
un pays Y (la Syldavie) la monnaie du pays Y (la Syldavie) se dévalue par rap-
port à la monnaie du pays X (la France).
Pour obtenir cette production : travail individuel suivi d’un travail par petites équipes à
partir des documents 1 (p. 237) et 2 (p. 239), suivi d’une synthèse générale pour obtenir
la SPE1 ci-dessus.
On pourrait sans aucune difficulté utiliser le questionnement menant à une découverte et
l’enseignement frontal participatif, à partir des mêmes documents.
Pour obtenir cette production, travail individuel suivi d’un travail par petites équipes à partir
des documents 1 (p. 237) et 2 (p. 239). Ensuite synthèse générale pour obtenir la SPE 2.
Même remarque que pour le micro-objectif précédent quant à la possibilité d’utiliser le
questionnement menant à une découverte.
SPE 3.1. Si deux pays qui ont des relations commerciales ont des économies
d’efficacité très différente, le pays qui a l’économie la plus faible doit déva-
luer sa monnaie s’il souhaite rééquilibrer les échanges.
Pour obtenir cette production, faire remplir individuellement le document 3 (p. 243) puis faire
une exploitation grand groupe (questionnement frontal) pour faire produire la SPE 3.1.
Pour obtenir cette production, faire remplir individuellement le document 3 (p. 243) puis
faire une exploitation grand groupe (questionnement frontal) pour faire produire la SPE
3.2.
264
Préparer une leçon en pédagogie différenciée successive
Technique des cartons : Dessiner au tableau le schéma ci-dessus vide, distribuer aux
équipes (en désordre) des cartons (21 x 29,7 horizontaux) sur lesquels sont écrits les
divers énoncés, leur demander de bien vouloir reconstruire le schéma, sur leur table, à
l’aide des cartons.
Augmentation
des
exportations
Balance Dévaluation Hausse
Efficacité
du commerce de la monnaie des prix
économique
extérieur des produits
faible
déficitaire importés
Diminution
des
importations
Non satisfaites
Appareil Réussite
Amélioration
économique de
du commerce
plus efficace la dévaluation
extérieur
Affaiblissement
du pouvoir Revendications
d’achat des sociales
ménages Satisfaites
Affaiblissement Échec
Hausse
de l’efficacité de
des prix
économique la dévaluation
(inflation)
265
La pédagogie différenciée
Pour faciliter le travail, car cette activité est difficile, donner des cartons de couleurs diffé-
rentes, jaunes pour la ligne du haut par exemple et bleus pour la ligne du bas (il suffit de
compter le nombre de cartons pour savoir dans quelle ligne ils doivent se placer).
Positionner également le premier carton et les deux derniers (si vous souhaitez fournir
un niveau de guidance élevé).
Faire comparer les différentes productions, faire éventuellement réaliser un algorithme.
Faire passer l’évaluation formative, corriger.
Donner de nouveau le questionnaire (8 questions, p. 261) qui a servi à la motivation le
faire remplir. Corriger.
CONSÉQUENCES PRATIQUES
9. Vous pouvez travailler avec des fiches cartonnées classiques, mais vous pouvez également travailler avec
de la « carte de Lyon ». Ce sont des plaques cartonnées très épaisses de différentes couleurs, vendues au for-
mat A1, qu’il vous faudra découper.
Vous pouvez encore acheter de la colle de graphiste : elle permet de coller et décoller maintes fois sans diffi-
culté du papier sur du papier (exemple le spray 3M. 7043), ou des gommes spéciales (patafix par exemple)
que l’on trouve dans les papeteries. Il suffit alors d’écrire ou de faire écrire les énoncés à classer sur des
feuilles de papier normales que l’on colle et décolle sur des feuilles de papier tableau.
266
18
267
La pédagogie différenciée
Leçon 11
L’APPRENTISSAGE SELON PIAGET
1. Définir l’objectif
Soit l’objectif : comprendre 1 la théorie de l’apprentissage développée par Piaget.
Q. Que seront-ils capables de faire à la fin du cours qu’ils n’étaient pas capables
de faire au début ?
R. J’espère qu’ils commenceront à connaître le vocabulaire piagétien : épistémologie
génétique, constructivisme, et qu’ils seront capables d’analyser une situation d’appren-
tissage en utilisant les concepts de schème, assimilation, accommodation, équilibration,
ce qui peut se traduire par l’objectif :
➜ Expliquer une situation d’apprentissage en utilisant le vocabulaire piagétien.
1. On commence souvent par une formulation mentaliste avant d’en arriver à l’indicateur comportemental
lorsqu’on se demande quel est l’objectif de la leçon, donc comment on évaluera.
268
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
4. Ébaucher la stratégie
Q. De quel type d’apprentissage s’agit-il ?
R. Puisqu’il s’agit d’enseigner une théorie il s’agit d’enseigner l’articulation de divers
concepts et de divers principes.
Q. À quel développement de stratégie cognitive se prête cette leçon ?
R. À la compréhension du phénomène d’apprentissage tel que l’explique Piaget, com-
préhension particulièrement utile à un futur enseignant qui pourra en permanence utiliser
cet outil pour faire des hypothèses basées sur cette théorie afin de comprendre ce qui
se joue au niveau des apprentissages et préparer ses leçons.
Q. Quelle stratégie générale vais-je choisir ?
R. Disons qu’en fonction des contraintes connues, j’utiliserai une démarche dialectique 2
par l’intermédiaire de la pédagogie différenciée simultanée (petits groupes travaillant sur
des supports différents).
5. Concevoir la motivation
Q. Sur quel levier puis-je appuyer pour intéresser les étudiants au problème de
l’explication de l’apprentissage par l’intermédiaire des concepts piagétiens ? Ou
encore : Comment donner du SENS à cette leçon ?
À quelle(s) connaissance(s) déjà existante(s) dans leur esprit puis-je « accrocher »
ces concepts ?
R. À la manière dont les behavioristes expliquent l’apprentissage (thème traité antérieu-
rement).
À leur désir de mieux comprendre la problématique : behavioristes/cognitivistes.
Au fait que Piaget est un passage obligé dans leur programme et qu’ils savent égale-
ment que c’est un « morceau difficile à avaler ».
Q. Que pourrais-je poser comme problème pour les intéresser ?
R. Rappeler que Piaget est un « monument », que ses théories sont très importantes
pour celui qui veut enseigner, et qu’un sujet sur Piaget risque d’être posé à l’examen.
(Voir détails de la présentation, stratégie détaillée, p. 272.)
Relever et faire le recensement au tableau quant aux attentes vis-à-vis des théories pia-
gétiennes de l’apprentissage, (voir stratégie détaillée p. 272).
Distribuer l’outil d’évaluation (voir page suivante).
Les étudiants prennent connaissance de l’outil d’évaluation, ils lisent d’abord la consigne
que l’on explicite, puis ils lisent rapidement l’outil d’évaluation.
2. Travail en petits groupes sur des petits problèmes qui devraient provoquer des conflits d’interprétation donc
des débats contradictoires et la recherche de solutions qui permettent de dépasser les contradictions.
269
La pédagogie différenciée
ÉVALUATION FORMATIVE
(VOCABULAIRE PIAGETIEN)
Pour le test qui va suivre : attribuez un degré de fiabilité à votre réponse selon la cotation
suivante :
A : Je suis absolument sûr de moi.
B : Je pense que c’est cela, mais je n’en suis pas absolument certain.
La notation de chacune des questions se fera selon le barème suivant :
Réponse juste Réponse fausse
A : 2 points A:–2
B : 1 point B : –1
1. Comment un individu apprend-il ?
Voilà deux réponses possibles parmi d’autres :
– en liant des stimuli à des réponses par l’intermédiaire du renforcement positif ;
– en modifiant ses schèmes d’action.
La première réponse est une réponse qui relève des théories behavioristes.
La seconde réponse est une réponse qui relève des théories cognitivistes.
Vrai ■ Faux ■
A ■ B ■
2. Épistémologie
Ce mot signifie :
■ Étude de la connaissance
■ Étude des stades de développement de l’enfant
■ Étude de l’apprentissage
A ■ B ■
270
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
3. Épistémologie génétique
Ce mot signifie :
■ Étude de la genèse des connaissances
■ Étude de la manière dont les gènes d’un individu interviennent dans le développe-
ment de celui-ci.
■ Étude des gènes de l’individu et de leur influence sur l’apprentissage
A ■ B ■
4. Piaget et Skinner sont les représentants de deux grands courants de la psycho-
logie du XXe siècle, veuillez relier par une flèche le nom du « héros » et l’école de pen-
sée psychologique à laquelle il appartient :
Piaget Behaviorisme
Skinner Cognitivisme
A ■ B ■
5. Schème, ce mot signifie (cochez les deux réponses exactes) :
■ Schéma d’une action réflexe, inscrite dans le cerveau et qui se modifie parfois.
■ Schéma type d’une action qui peut assimiler des objets nouveaux.
■ Schéma d’une action qui se modifie parfois lorsque l’individu est confronté à de nou-
velles situations.
A ■ B ■
6. Comprendre :
Essayez de définir ce terme, en précisant ci-dessous le sens que vous attribuez à ce
concept.
7. Un élève sait faire des soustractions à deux chiffres (dizaines, unités) mais il ne
sait pas soustraire si on lui propose des soustractions avec retenues.
L’instituteur fait la leçon et l’élève, à l’issue de celle-ci, fait effectivement sans erreur 5
soustractions avec retenue. Il a donc appris.
Veuillez utiliser le vocabulaire suivant pour décrire cet apprentissage :
Schème, déséquilibre, assimilation, accommodation, équilibration, objet, équilibre.
Planifier l’action
7. Concevoir la stratégie générale
➜ Ébauche (rappel des décisions prises plus haut).
Type d’apprentissage ? Concepts et principe.
Démarche privilégiée ? Pédagogie différenciée (travail de groupes à partir de supports
divers).
Comment saurai-je si j’ai atteint mon objectif ? S’ils répondent juste aux questions du test
formatif.
271
La pédagogie différenciée
➜ Planification de la leçon
1. Répondre par équipes de deux aux questions du test formatif en s’aidant, au choix :
– du document dialogué : « Les apprentissages » (voir pages suivantes) ;
– de l’ouvrage F. Raynal, A. Rieunier, Pédagogie, dictionnaire des concepts clés,
apprentissage, formation, psychologie cognitive, ESF, 1998 (voir extraits pages sui-
vantes) ;
– du chapitre 6 de l’ouvrage Préparer un cours, tome 2.
2. Mise en commun, confrontation des duos (groupes de quatre).
3. Compte rendu des travaux au grand groupe, débats.
4. Synthèse.
➜ Stratégie détaillée
Dire :
Vous avez tous entendu parler de Piaget, au moins par les étudiants des années supé-
rieures. Vous savez qu’il s’agit d’un épistémologue célèbre, « incontournable » comme
on dit aujourd’hui, et que vous devez connaître ses théories pour passer l’examen.
Vous avez un nombre de chances ou de risques non négligeables d’avoir un sujet sur
« l’apprentissage » à l’examen et cela devrait suffire à justifier le fait que je traite Piaget
aujourd’hui. Cependant, j’ajouterai qu’il s’agit d’un des psychologues les plus impor-
tants du siècle et que j’utilise presque tous les jours ses théories lorsque je prépare
mes interventions. Il s’agit donc, pour moi, de connaissances tout à fait opératoires
pour un enseignant, et pas du tout de connaissances hors contexte uniquement des-
tinées à vous aider à réussir un examen.
Si vous avez des questions par rapport à Piaget, parce que j’en ai souvent parlé, que je
sais que certains d’entre vous ont tenté de le lire, que d’autres ont emprunté les cours
des étudiants des années supérieures, ou pour d’autres raisons, je souhaiterais que vous
les écriviez sur une feuille de papier de façon à recenser les attentes si vous en avez.
Relever et faire le recensement au tableau.
En général on trouve :
– Quels sont les stades de développement ?
– À quels âges correspondent-ils ?
– Qu’est-ce qui les caractérise ?
– Quelle est la différence entre la psychologie de l’enfant et la psychologie génétique ?
– Qu’est-ce que l’épistémologie ?
– Qu’est-ce qu’un schème ?
– Qu’est-ce que l’équilibration ?
– Qu’est-ce que le constructivisme ?
Ajouter :
Parfait, j’espère que vous serez capables de répondre à toutes ces questions à la fin
de notre travail car je me propose effectivement de traiter de la manière dont Piaget
envisage l’apprentissage et je souhaite qu’à la fin de la matinée vous soyez en
mesure de répondre au test suivant (distribuer le test d’évaluation formative). Prenez-
en connaissance, puis vous poserez les questions d’éclaircissement qui vous vien-
dront à l’esprit, enfin je vous proposerai différentes solutions pour que vous puissiez
répondre à ces questions.
272
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
Dire ensuite :
Nous allons travailler par petites équipes, des équipes de quatre personnes, et
chaque équipe travaillera sur des textes différents.
Je vous propose :
1. Un texte qui explicite les concepts piagétiens (Préparer un cours, tome 2, chap. 6).
2. Un texte à contenu identique ou presque traité sous forme de dialogue socratique.
Ceux qui préfèrent quelque chose de très concret préféreront ce texte (voir document 1,
p. 275-283).
3. Un extrait d’un dictionnaire de pédagogie, qui prétend expliquer les concepts que
vous devez apprendre. Dans ce cas vous n’aurez guère besoin de trier, vous irez
directement à l’essentiel (voir document 2, p. 284).
Qui désire travailler sur le texte qui explicite les concepts piagétiens ? (Constituer des
équipes de quatre [2 + 2]).
Qui désire travailler sur les textes tirés du dictionnaire ? (Constituer des équipes de
quatre [2 + 2]).
Qui désire travailler sur le dialogue socratique ? (Constituer des équipes de quatre
[2 + 2]) ».
Organiser géographiquement les groupes dans la salle de façon qu’ils puissent travailler
sans se gêner.
Distribuer le matériel : une grande enveloppe par équipe de quatre. Cette enveloppe
contient la consigne (voir page suivante) et le matériel à utiliser.
Faire rappeler la tâche : il s’agit de répondre aux questions posées dans le test formatif.
Répondre sur du papier brouillon, on répondra définitivement lors de la synthèse.
Lancer le travail, passer dans les groupes, vérifier dans un premier temps que les
consignes ont bien été comprises et sont effectivement appliquées.
Passer ensuite dans les groupes pour écouter les échanges, rediriger éventuellement,
noter les problèmes rencontrés pour identifier les caractéristiques des individus, leurs
points forts, leurs points faibles, afin de constituer ultérieurement, à l’occasion d’un autre
exercice, des groupes différents organisés en fonction de besoins particuliers (c’est une
manière de construire les groupes de besoin en pédagogie différenciée). Identifier par
exemple quels sont les leaders naturels (les locomotives), quels sont les suiveurs (les
wagons) et constituez ultérieurement des groupes dans lesquels vous rassemblerez les
« locomotives » et des groupes dans lesquels vous rassemblerez les « wagons » : ainsi,
il faudra bien que certains « wagons » deviennent « locomotives ».
273
La pédagogie différenciée
CONSIGNES DE TRAVAIL 3
Vous allez travailler par équipes de quatre personnes divisées elles-mêmes en équipe
de deux.
1. Lisez d’abord les textes qui vous sont proposés et tentez de répondre aux questions
qui vous ont été posées dans le test initial.
2. Faites ensuite un résumé des textes pour communiquer ce que vous en avez com-
pris aux membres de l’autre groupe.
Vous avez 45 minutes pour effectuer ces deux premières étapes du travail en duo.
3. Présentez ensuite votre résumé aux deux autres membres du groupe (l’autre duo) et
réalisez une synthèse des propositions. Cette synthèse constituera le travail de votre
groupe de quatre.
Vous avez 45 minutes pour cela.
4. Reportez vos conclusions sur un transparent pour présenter la synthèse au grand
groupe (15 minutes).
5. Avant de commencer, nommez :
– Le gardien du temps (celui qui sera chargé de contrôler la montre et de rappeler aux
autres les contraintes temps) ;
– Le secrétaire (celui qui sera chargé de réaliser le transparent et de faire le compte
rendu au grand groupe).
3. J’ai repris ici un modèle de consignes utilisées par Isabelle Shel alors qu’elle animait une leçon en pédago-
gie différenciée sur le concept de « pédagogie différenciée » aux journées de mars de l’ANCE à Paris en 1993.
274
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
DOCUMENT 1
LES APPRENTISSAGES
Le disciple : Très heureux de vous rencontrer car j’ai toujours des problèmes avec les
concepts de cognitivisme, de behaviorisme et d’apprentissage.
Le maître : Quel genre de problème ?
Le disciple : Je ne comprends pas très bien !… Pour vous donner un exemple de mes
difficultés : le behaviorisme est considéré par tous les ouvrages de psychologie comme
LA psychologie de l’apprentissage, pourtant Piaget parle sans cesse d’apprentissage
et ce n’est pas un behavioriste. De plus, j’ai vraiment beaucoup de difficultés à com-
prendre les concepts piagétiens tels que : « schème, équilibration, assimilation, accom-
modation », or Piaget les utilise en permanence lorsqu’il explique un apprentissage.
Le maître : Commençons, si vous le voulez bien, par les concepts piagétiens et reve-
nons aux origines. Quel est le métier de Piaget ?
Le disciple : Psychologue !
Le maître : Pas exactement, il se définit lui-même comme un épistémologue généticien.
Le disciple : Oui, je sais, mais comme l’épistémologie génétique reste pour moi un
concept extrêmement flou, je préfère utiliser le terme psychologue qui me paraît moins
précieux.
Le maître : Et également beaucoup moins précis. Est-ce que vous savez ce que signifie
le mot épistémologie ?
Le disciple : Je l’ai su, à une certaine époque, mais je vous avouerai que je n’ai jamais
très bien compris ce concept et j’aurais beaucoup de mal à vous l’expliquer aujourd’hui.
Le maître : C’est l’étude de la connaissance !
Le disciple : L’étude de la connaissance ?… que voulez-vous que je fasse d’un énoncé
pareil ? Cette définition n’a pratiquement pas de sens pour moi, comment est-il possible
d’étudier la connaissance ?
Le maître : Je me doutais que vous ne seriez pas satisfait, cependant la colère que
vous manifestez est particulièrement intéressante, vous souhaitez comprendre les
concepts piagétiens ?
Le disciple : Oui !
Le maître : Vous êtes en train d’en vivre un, vous vivez le concept de déséquilibre, vous
voudriez comprendre, vous avez le sentiment que vous ne comprenez pas, vous
espérez que d’un coup de baguette magique je vais pouvoir vous faire comprendre, or
mes premiers mots ne provoquent qu’un sentiment d’incompréhension plus grand et
cela vous irrite. Piaget dirait que vous êtes en situation de déséquilibre, en état de
besoin, première étape du processus d’apprentissage.
Pour revenir au concept d’épistémologie, savez-vous quelle est la question à laquelle
Piaget a cherché à répondre durant toute sa vie ?
Le disciple : Non !
275
La pédagogie différenciée
276
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
277
La pédagogie différenciée
l’étudiez, mais vous n’apercevez pas de solution immédiate, or vous avez besoin de
trouver une solution… Que faites-vous ?
***
Cher lecteur, faites l’effort de tenter de répondre à cette question avant de lire la suite
de ce document, on n’apprend qu’en faisant, en mobilisant ses schèmes, et si vous ne
« faites » pas, vous avez peu de chances d’apprendre.
***
Le disciple : J’essaye de trouver une situation similaire que je sais résoudre et je tente
d’appliquer la solution que je connais à ce nouveau problème, si ça ne marche pas mais
s’il me semble que je ne suis pas trop loin du but, je modifie légèrement la solution anté-
rieure jusqu’à ce que je trouve une solution qui me permette de résoudre le nouveau
problème.
Le maître : Vous essayez de trouver une situation similaire ! et d’appliquer une solution
connue… Similaire ! C’est vous qui venez de le dire, ce mot ne vous rappelle rien ?
Le disciple : Similaire ?… non, je ne vois pas.
Le maître : Voyons : « similaire », « assimilation… »
Le disciple : Similaire !… assimilation… que souhaitez-vous me faire comprendre ?
Similaire !… assimilation… Eurêka ! J’assimile la situation nouvelle B à une situation
antérieure A que je sais résoudre, je la rends semblable ; « similaire », j’applique alors la
solution A’ qui peut-être ne marche pas, je la transforme en A’‘, et si ça marche j’ai
désormais à ma disposition la clef qui me permet dorénavant d’ouvrir toutes les serrures
du type A ou B, cette clef vous l’appelez un schème, c’est-à-dire que j’ai à ma disposi-
tion un schéma d’action (schème) qui me permet de résoudre tous les problèmes appar-
tenant à la catégorie A ou B.
Le maître : Exactement, à la différence près que j’aurais tendance à dire : le problème B
qui pour moi, au départ, appartenait à une tout autre catégorie que le problème A est
devenu, par le fait que je me suis rendu compte que je pouvais utiliser la solution A’‘
pour le résoudre, un problème de type A.
Les caractéristiques des problèmes de type A se sont donc enrichies, la représentation
que j’ai du problème de type A s’est complexifiée, et je possède désormais un schème
(une clef comme vous dites) nettement plus efficace pour résoudre les problèmes de ce
type.
Le disciple : Oui, pour conserver l’analogie, ma clef de serrure s’est transformée en un
mini passe-partout.
Le maître : C’est tout à fait ça, vous possédez à un degré rare l’art du maniement de la
métaphore.
Le disciple : Merci.
Le maître : Bon, revenons sur une de vos remarques, vous avez spontanément utilisé
le terme similaire pour qualifier la situation qui ressemble à la situation problème et qui
vous permet de trouver la solution, vous possédez donc la clef qui vous permet de com-
prendre le concept d’assimilation.
278
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
Le disciple : Il me semble effectivement que j’entrevois une lueur. Piaget parle de l’assi-
milation de l’objet par le schème si je ne m’abuse et de l’accommodation du schème à
l’objet.
Le maître : Exactement ! Poursuivez votre analyse, quel est l’objet dans le cas qui nous
préoccupe ?
Le disciple : Cette fois je connais la réponse, j’ai cru longtemps que « objet » avait chez
Piaget le même sens que « objet » dans la langue de tous les jours, or je me suis
aperçu que « objet » dans le langage psychologique avait tendance à qualifier tout ce
sur quoi l’on agit, individus compris « l’objet » c’est l’entité (individu, chose, situation) sur
laquelle porte l’action.
Le maître : Exactement !
Le disciple : Donc dans le cas qui nous occupe, l’objet c’est la situation B.
Le maître : Parfaitement d’accord.
Le disciple : Résumons-nous, l’individu a estimé que la situation B était semblable, simi-
laire à la situation A, il a donc mis en œuvre le schème A’ qui permet de résoudre la situa-
tion A ; comme ce schème n’est pas totalement efficace, l’individu rencontre des pro-
blèmes, cela provoque des modifications plus ou moins importantes du schéma initial de
l’action : Tiens je pourrais essayer ceci, tiens je pourrais essayer cela, c’est l’accommoda-
tion du schème, le schème se modifie en fonction des difficultés rencontrées et il se modi-
fie surtout par l’intermédiaire des actions mises en œuvre pour les résoudre… Comme les
premières tentatives ne fournissent pas toujours la solution, ces ajustements continuent
jusqu’à ce que le schème soit réellement efficace dans cette nouvelle situation.
Mais !… N’est-ce pas là ce que les psychologues appellent l’apprentissage par essais et
erreurs !
Le maître : Exactement.
Le disciple : Le schème est devenu plus performant car il a « assimilé » une nouvelle
situation (un nouvel objet), il l’a rendue semblable à une situation antérieure, pour
laquelle je possédais une solution, il est maintenant efficace pour résoudre tous les pro-
blèmes de la classe A et de la classe B. Pour atteindre ce niveau d’efficacité, il s’est
modifié, « accommodation », en « assimilant » un nouvel objet (objet B). À l’issue de
cette transformation, l’individu a dans son cerveau tous les outils qui lui permettent de
résoudre tous les problèmes habituellement rencontrés, il a donc retrouvé un nouvel
équilibre situé à un niveau supérieur à celui qui était le sien avant la rencontre du pro-
blème de type B, il a donc retrouvé une situation d’équilibre située à un niveau supérieur
au précédent, il a appris.
Le maître : Parfait, je n’ai plus rien à ajouter.
Le disciple : C’est drôle, j’ai maintenant l’impression que je pouvais parfaitement com-
prendre cela tout seul si je m’étais un peu plus attaché au SENS des mots que Piaget
utilise !
Le maître : Excellente remarque, quittons Piaget quelques minutes et analysons un peu
ce que nous venons de vivre. Il s’agissait d’expliquer le sens des mots : schème, équili-
bration, accommodation, assimilation. Je souhaiterais attirer votre attention sur un phé-
nomène que j’ai souvent constaté chez les étudiants.
279
La pédagogie différenciée
280
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
281
La pédagogie différenciée
282
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
283
La pédagogie différenciée
DOCUMENT 2
APPRENDRE :
284
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
Pour Piaget, c’est l’interaction permanente entre l’individu et les objets (le monde), qui
permet de construire les connaissances, d’où le nom de constructivisme attribué à cette
théorie de l’acquisition de la connaissance.
285
La pédagogie différenciée
286
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
COMPRENDRE : Donner à une situation un sens qui permette d’agir, pour résoudre de
façon pertinente le problème posé par ladite situation.
Le problème peut être uniquement épistémique (besoin d’approfondir ses connais-
sances, de savoir pourquoi). Dans ce cas, l’activité intellectuelle cesse dès qu’une repré-
sentation cohérente de la situation semble avoir été construite.
Le problème peut être également pratique. Il s’agit alors d’établir des relations entre
variables, de percevoir les causes et les conséquences dans le but de construire une
représentation à partir de laquelle l’individu émettra le comportement qui lui permettra de
résoudre le problème.
Dans les deux cas, l’activité de compréhension se traduit par la construction d’une repré-
sentation.
D’après Richard (1990, p. 97), « quatre manières de construire des représentations sont
autant de sens du mot comprendre ».
1. Construction d’une représentation par particularisation d’un schéma. Si un ami
nous parle de sa découverte d’un nouveau restaurant, on active le schéma (ou le cadre)
« restaurant » et on actualise les variables (qualité, prix, service, décoration, etc.) en
fonction des informations qu’il nous fournit.
2. Construction d’une structure conceptuelle. À la lecture d’un texte, le lecteur active
quantité de concepts et les met en relation en fonction des relations que propose
l’auteur. Cette activité aboutit à la construction d’un réseau de relations fortement struc-
turé : la structure conceptuelle.
3. Construction d’un modèle particularisé de situation. Il s’agit ici de construire une
situation totalement particularisée et essentiellement constituée d’images et de relations
topographiques, alors que dans le cas 1 il s’agit essentiellement de la mise en relation
de propositions.
4. Construction d’une représentation par analogie. Pour comprendre un processus,
on fait appel à la connaissance que l’on a d’un autre processus afin d’établir des corres-
pondances (analogie hydraulique pour comprendre les concepts de tension, de résis-
tance et d’intensité en électricité).
287
La pédagogie différenciée
288
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
plus performants en les utilisant fréquemment et en les adaptant à des situations nou-
velles.
Pour tenter de rendre cela plus clair, prenons l’exemple classique du schème de la pré-
hension. Le schème de la préhension est inné. Dès la naissance, le bébé saisit tout ce
qui entre en contact avec la paume de sa main mais il fait cela de façon maladroite. Au
fur et à mesure qu’il saisit davantage d’objets différents, le schème de la préhension
s’adapte, se consolide, se différencie, c’est-à-dire devient plus efficace, plus performant.
Le bébé saisit les objets de mieux en mieux. Ce schème, à l’origine indifférencié (ce qui
signifie que le bébé saisit tous les objets de la même manière tout aussi maladroite) se
différencie progressivement (le bébé devient capable de saisir différemment, donc plus
efficacement un objet sphérique, un objet parallélépipédique, un objet cubique, un objet
dur, un objet mou, etc.), et c’est cette adaptation de l’action à l’objet qui selon Piaget
prouve la connaissance. Connaître c’est agir efficacement sur…
On pourrait imaginer (ce n’est bien sûr qu’une image) que chaque action laisse une
trace particulière dans le cerveau, que chaque type d’activité correspond à une sorte de
parcours particulier de l’influx nerveux, et que cela constitue le schéma de l’action
(schème) adapté à une situation. Plus cette action est reproduite souvent, plus le tracé
se creuse comme le tracé d’un cours d’eau et devient donc facile à suivre, ce qui pro-
voque une plus grande efficacité de l’action pour une situation particulière.
L’enfant viendrait au monde avec quelques tracés élémentaires, préhension, succion,
etc., qui progressivement se différencieraient au cours du temps grâce :
– à l’activité motrice dans un premier temps (0 à 18 mois),
– à l’activité symbolique et motrice ensuite (après 18 mois),
jusqu’à constituer le réseau inextricable de schèmes liés entre eux que constitue le cer-
veau adulte.
Ces schèmes (schémas d’action) qui sont également des schémas de connaissance
(voir dans ce lexique : schéma), constituent des systèmes d’attente qui permettent
l’émergence des représentations. Les représentations influencent la perception et don-
nent à l’individu « un moyen d’agir en fonction d’une connaissance préalable de l’objet,
et un moyen de lecture des propriétés de l’objet 5. »
289
La pédagogie différenciée
Pour le test qui va suivre : attribuez un degré de fiabilité à votre réponse selon la cotation
suivante :
A : Je suis absolument sûr de moi.
B : Je pense que c’est cela, mais je n’en suis pas absolument certain.
La notation de chacune des questions se fera selon le barème suivant :
Réponse juste Réponse fausse
A : 2 points A:–2
B : 1 point B : –1
1. Comment un individu apprend-il ?
Voilà deux réponses possibles parmi d’autres.
– En liant des stimuli à des réponses par l’intermédiaire du renforcement positif ;
– En modifiant ses schèmes d’action.
La première réponse est une réponse qui relève des théories behavioristes.
La seconde réponse est une réponse qui relève des théories cognitivistes.
Vrai ■ Faux ■
A ■ B ■
2. Épistémologie
Ce mot signifie :
■ Étude de la connaissance
■ Étude des stades de développement de l’enfant
■ Étude de l’apprentissage
A ■ B ■
3. Épistémologie génétique
Ce mot signifie :
■ Étude de la genèse des connaissances
■ Étude de la manière dont les gènes d’un individu interviennent dans le développe-
ment de celui-ci.
■ Étude des gènes de l’individu et de leur influence sur l’apprentissage
A ■ B ■
4. Piaget et Skinner sont les représentants de deux grands courants de la psycho-
logie du XXe siècle, veuillez relier par une flèche le nom du « héros » et l’école de pen-
sée psychologique à laquelle il appartient :
Piaget Behaviorisme
Skinner Cognitivisme
A ■ B ■
290
Préparer une leçon en pédagogie différenciée simultanée
6. Comprendre :
Essayez de définir ce terme, en précisant ci-dessous le sens que vous attribuez à ce
concept.
Comprendre, c’est modifier ses représentations pour poser des comportements adap-
tés à l’environnement dans lequel on évolue.
7. Un élève sait faire des soustractions à deux chiffres (dizaines, unités) mais il ne
sait pas soustraire si on lui propose des soustractions avec retenues.
L’instituteur fait la leçon et l’élève, à l’issue de celle-ci, fait effectivement sans erreur 5
soustractions avec retenue. Il a donc appris.
Veuillez utiliser le vocabulaire suivant pour décrire cet apprentissage :
Schème, déséquilibre, assimilation, accommodation, équilibration, objet, équilibre.
L’élève Marc fait des soustractions à deux chiffres, dizaines et unités sans erreur. On
peut donc en conclure qu’il maîtrise le schème de la soustraction sans retenue pour
les nombres de deux chiffres.
À un moment de son existence, son maître lui demande de résoudre des soustrac-
tions avec retenue. Ce nouvel objet (la soustraction avec retenue) n’ayant jamais été
rencontré par Marc dans sa jeune existence, son schème de la soustraction est
inadapté à cet objet. Marc échoue donc dans sa tentative de résolution.
Ayant échoué, Marc est maintenant en déséquilibre cognitif (le monde conçu
comme satisfaisant « je sais résoudre les soustractions avec retenue ») est différent
du monde perçu (« je ne les résous pas »).
Le maître fait la leçon sur la soustraction avec retenue et à l’issue de celle-ci Marc
fait les soustractions avec retenue sans erreur. Son schème de la soustraction s’est
modifié (il s’est accommodé à l’objet « soustraction avec retenue ») en assimilant
ledit objet.
Marc est maintenant de nouveau en équilibre cognitif car son monde perçu (« je sais
résoudre les soustractions avec retenue ») est équivalent au monde conçu comme
satisfaisant.
291
SAVOIR RAISON GARDER
La pédagogie différenciée simultanée est efficace, quand elle est bien conduite, car
elle permet d’appliquer la plupart des « lois » de l’apprentissage :
– Donner du sens.
– Provoquer l’activité de l’apprenant.
– Utiliser le renforcement positif.
– Provoquer le conflit socio-cognitif.
– etc.
Cependant, il n’est pas question de l’appliquer tout le temps, d’en faire une nouvelle
religion.
Variez vos situations d’apprentissage, utilisez toute la palette des possibles, amu-
sez-vous, surprenez-les, c’est la meilleure manière de les intéresser.
Huitième partie
295
Les objectifs essentiels
296
Enseigner des stratégies cognitives
• À identifier les opérateurs pertinents pour concevoir tous les types de leçon :
– taxonomie de Gagné : quel type d’apprentissage dois-je provoquer ?
– définition des objectifs : que seront-ils capables de FAIRE à la fin de la leçon
qu’ils étaient incapables de FAIRE au début ?
– rédaction d’items de test : comment vais-je évaluer ?
– taxonomie de Bloom : quel est le niveau d’activité intellectuelle que je pro-
voque si je propose cet outil d’évaluation ?
– motivation : quel problème vais-je poser au début de la leçon qui sera résolu
à la fin ? En quoi ce problème peut-il les intéresser ?
1. Certains enseignants savent très bien le faire, en particulier tous les enseignants qui travaillent en privilé-
giant l’évaluation formatrice, mais ils sont malheureusement très peu nombreux.
297
Les objectifs essentiels
Comment enseigner
des stratégies cognitives ?
Pour enseigner des stratégies cognitives, il faut d’abord les avoir identifiées.
Les enseignants qui n’utilisent pas spontanément les opérateurs cognitifs :
1. De quoi s’agit-il ?
2. Comment cette information est-elle organisée ?
lorsqu’ils commencent à travailler sur le dossier des vins de Bordeaux ne peu-
vent pas (et pour cause) les enseigner à leurs élèves.
Pour enseigner des stratégies cognitives il faut donc d’abord les identifier,
c’est-à-dire qu’il faut rendre le savoir méthodologique explicite en le forma-
lisant par l’intermédiaire d’une liste d’opérateurs, ce qui revient à décrire des
procédures.
Il faut ensuite utiliser soi-même ces procédures en situation, dans un contexte
réel et verbaliser à haute voix (devant les apprenants) le discours intérieur
qui traduit la stratégie cognitive.
Il faut enfin donner à l’apprenant l’opportunité de mettre en œuvre la procé-
dure, lui demander de verbaliser à haute voix les étapes de l’action et le pour-
quoi de celles-ci au moment où il agit, l’écouter, le corriger, obtenir que
progressivement la procédure se transforme en discours intérieur et pilote effec-
tivement ses actions jusqu’à devenir une procédure totalement automatisée,
mobilisable de manière pertinente selon les besoins, c’est-à-dire une stratégie
cognitive.
298
Enseigner des stratégies cognitives
299
Les objectifs essentiels
pratiques et des intentions affichées) ; on comprend mieux les concepts car ils sont
incarnés, explicités par vos actions et par vos commentaires.
Comment pratiquer ce compagnonnage cognitif ?
Il ne faut pas se contenter d’identifier les opérateurs, de les lister, et de préciser
dans quel cas ils s’appliquent, il faut faire soi-même, démontrer en parlant, il
faut d’après Irène Gaskins 5 :
– Dire : Quoi ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? c’est-à-dire utiliser la stratégie
cognitive en situation et la verbaliser à haute voix (voir tableau ci-dessous).
– Faire utiliser cette stratégie cognitive par les élèves et faire verbaliser les acti-
vités cognitives et le pourquoi de celles-ci au moment où elles se produisent.
QUOI ?
Quand vous en parlez pour la première fois : Aujourd’hui nous allons ap-
prendre…
Cela signifie que…
Après en avoir parlé : Quelle stratégie avons-nous utili-
sée ?
POURQUOI ?
Quand vous en parlez pour la première fois : C’est une stratégie importante
parce que…
Après en avoir parlé : Pourquoi cette manière de faire
est-elle une stratégie importante ?
Pourquoi va-t-elle vous aider à
comprendre et à vous rappeler ?
QUAND ?
Quand vous en parlez pour la première fois : Vous pouvez utiliser cette stratégie
lorsque…
Demain vous m’expliquerez à quel
moment durant votre travail vous
avez appliqué la stratégie que
nous apprenons maintenant.
Quand allez-vous utiliser cette
stratégie ?
5. Gaskins I., Classroom applications of cognitive science : Teaching poor readers how to learn, think and
problem solve,
in McGilly K. ed., Classroom lessons. Integrative cognitive theory and classroom practice, MIT, 1994,
p. 129-154.
Lire également : Glaser W., L’école qualité, Les Éditions logiques, 1999.
300
Enseigner des stratégies cognitives
COMMENT ?
Quand vous en parlez pour la première fois : Dites à vos étudiants comment vous
mettez en œuvre cette stratégie.
Soyez particulièrement explicite
quant à la verbalisation interne ce
que les étudiants doivent se dire à
eux-mêmes lorsqu’ils utilisent la
stratégie.
Illustrer la stratégie à titre person-
nel.
Après en avoir parlé : Est-ce que quelqu’un peut me dire
comment utiliser la stratégie que
nous avons apprise ?
Qu’allez-vous vous dire pour vous
guider lorsque vous utiliserez la
stratégie ?
MODÉLISATION
Quand vous en parlez pour la première fois : Utilisez réellement la stratégie en
traitant un cas concret.
Après en avoir parlé : Il faut continuer à jouer le rôle du
modèle et demander de temps à
autre à l’apprenant de jouer le
modèle à son tour.
6. Delacôte G., Savoir apprendre, les nouvelles méthodes, Odile Jacob, 1996, p. 160-162.
301
Les objectifs essentiels
ainsi appelée parce que le professeur et chaque élève peuvent jouer le rôle de
maître.
Le but de l’enseignement réciproque appliqué à l’apprentissage de la lecture
intelligente est de modéliser pour les élèves quatre savoir-faire stratégiques du
lecteur intelligent : la formulation de questions sur le texte, la capacité de résu-
mer le texte, de prédire ce qui va être dit dans la suite du texte, puis de les intro-
duire progressivement à ces savoir-faire.
La procédure de l’enseignement réciproque est dans ce cas la suivante : le
maître et les élèves lisent en silence un paragraphe. Celui qui tient le rôle de
maître formule une question sur le contenu du paragraphe, construit un bref
résumé, propose une prédiction de ce qui va suivre, et clarifie un point qui peut
lui sembler obscur. Au début, c’est le professeur qui modèle ce processus.
Ensuite le professeur aide considérablement chaque élève, à la fois par des sug-
gestions et des critiques. Le professeur soutient ainsi l’activité initiale et s’efface
progressivement en n’intervenant plus que d’une manière occasionnelle.
En vingt séances d’entraînement à la lecture intelligente, le résultat du niveau
du test de compréhension avec des élèves du niveau élémentaire passait de 1/7
de réussite à 6/7 avec maintien de la réussite au bout de plusieurs mois (4/7
remontant au bout d’une séance à 6/7).
Les raisons de ces succès sont multiples. L’activité engage l’élève et le conduit à
se forger un nouveau modèle de cette tâche de lecture en vue de comprendre.
L’élève pratique les quatre stratégies employées par les experts. […]
L’élève joue alternativement le rôle de producteur et de critique et cela l’oblige
à formuler ses idées et connaissances sur ce qui constitue une bonne question,
prédiction, ou un bon résumé. Il peut alors appliquer ces connaissances à ses
propres productions. Ce faisant il met en œuvre une importante capacité méta-
cognitive. De plus, rendu explicite, ce savoir peut être appliqué dans d’autres
contextes ».
Pour conclure
Enseigner des stratégies cognitives est le défi que vous devez relever en tant
qu’enseignant du XXIe siècle. Le compagnonnage cognitif, basé sur la modélisa-
tion 7, constitue sûrement une excellente solution pour atteindre ce type d’objec-
tif. Si vous êtes professeur de français, vous savez à l’évidence faire une rédac-
302
Enseigner des stratégies cognitives
tion ou une dissertation, mais vous n’avez peut-être jamais réfléchi sérieusement
à la manière dont vous vous y prenez pour faire cela. Il faut donc tenter d’identi-
fier les opérateurs cognitifs que vous utilisez pour traiter les informations
lorsque vous lisez un sujet et que vous entreprenez de le traiter ; ce n’est pas
chose facile, mais si l’on y réféchit sérieusement on y parvient. La grille d’éva-
luation proposée par M. Tozzi (p. 304), professeur de philosophie, peut consti-
tuer une aide très précieuse. Il faut ensuite organiser ces opérateurs en procédure
(liste d’opérateurs) et les tester en simulation, tester ensuite cette procédure
auprès de vos élèves, en discuter avec eux et avec des collègues (la discussion
permet souvent de clarifier les idées, et on a plus d’idées à plusieurs que tout
seul), peu à peu vous verrez que certains opérateurs vous apparaîtront comme
évidents, la liste se construira pas à pas avec la réflexion que vous ferez sur la
chose, et progressivement, la stratégie cognitive que vous utilisez spontanément
apparaîtra, se révélera comme se révèle une photo sur le papier dans le bain du
révélateur.
Utiliser des stratégies cognitives efficaces dépend des connaissances acquises
antérieurement sur le sujet à traiter, les psychologues sont persuadés aujourd’hui
que les connaissances sont étroitement contextualisées et il semble vain de vou-
loir enseigner des stratégies cognitives en dehors de tout contexte. Les stratégies
cognitives s’enseignent en situation, dans le contexte, encore faut-il, pour pou-
voir les enseigner, les avoir identifiées et être capable de les mettre en œuvre.
CONSÉQUENCES PRATIQUES
Développer des stratégies cognitives chez les élèves devrait être l’un des objectifs
essentiels de tout enseignant.
Pour ce faire, il faut développer l’aptitude à la métacognition et à l’abstraction réflé-
chissante chez nos élèves et la meilleure manière d’obtenir ce résultat consiste à :
– identifier les opérateurs cognitifs utilisés pour résoudre un type de problème parti-
culier ;
– organiser ces opérateurs en procédures ou en algorithmes, donc à utiliser l’éva-
luation formatrice ;
– enseigner ces procédures en situation en explicitant à haute voix le discours inté-
rieur qui guide nos propres actions ;
– demander à l’apprenant de tenter de résoudre un problème du même type et de
verbaliser à haute voix son discours intérieur au moment où il agit, de manière à
pouvoir l’aider à adapter la procédure de résolution aux difficultés rencontrées.
303
Les objectifs essentiels
Fiche d’évaluation formatrice proposée à ses élèves par M. Tozzi, professeur de philosophie.
Cité dans Amigues R. Zerbato-Poudou M.T., Les pratiques scolaires d’apprentissage et d’évaluation, Dunod,
1996, p. 173. Tiré des Cahiers pédagogiques, 75, 1991, p. 63.
304
20
Dans la littérature consacrée aux objectifs, il est généralement admis que si l’on
peut atteindre certains objectifs du domaine cognitif en quelques heures, il n’en
va pas de même pour les objectifs du domaine affectif.
Il est certain que si l’on poursuit des objectifs affectifs du type :
– « Être persuadé que le système démocratique à l’occidentale est le moins
mauvais système politique qui soit,
– Être persuadé qu’il est préférable de faire confiance à l’autre, plutôt que
de se méfier de lui a priori,
l’affirmation selon laquelle ces objectifs ne peuvent être atteints qu’à long
terme, voire à très long terme, est sûrement valide.
Par contre, affirmer comme le font certains qu’il ne faut pas définir les objectifs
du domaine affectif car on ne sait ni comment les formuler correctement ni
comment les évaluer, est de mon point de vue une profonde erreur.
305
Les objectifs essentiels
1. Il serait bien évidemment souhaitable de définir un comportement observable évaluable, mais trouver les
indicateurs pertinents dans le domaine affectif n’est pas facile, il reste donc à énoncer clairement les objectifs
du domaine affectif en termes « d’être persuadé de… » et à imaginer des stratégies cohérentes pour les
atteindre. L’expérience prouve que lorsque ces deux conditions sont remplies, la formation en bénéficie.
2. Sur la relation émotions/raisonnement lire : Damasio A.R., L’erreur de Descartes. La raison des émotions,
O. Jacob, 1995.
306
Enseigner des attitudes
vous, alors vous aurez peut-être tendance à penser que mes propositions ne sont
pas totalement dénuées d’intérêt et qu’elles peuvent éventuellement vous aider
dans votre métier. Vous les adopterez peut-être, vous les modifierez sûrement en
fonction de vos expériences et de votre vécu, vous acquerrez ainsi de nouvelles
manières de faire, ce qui modifiera vos schèmes d’action, donc vos pratiques.
Cette modification passe par le domaine affectif, il vous faut le vouloir, et je ne
peux rien faire d’autre que tenter de vous persuader (domaine affectif) en vous
donnant à voir, en vous faisant vivre des situations (vins de Bordeaux, adjectif
qualificatif, dévaluation, etc.), en vous rapportant mes expériences et en espérant
que la logique de ma démarche (domaine cognitif) et le fait que vous constatiez
que cette démarche est efficace pour vous (naissance possible d’une émotion
positive, donc domaine affectif), emportera éventuellement votre adhésion.
3. Il s’agit d’un séminaire de deux jours, que nous avons conçu avec Françoise Raynal il y a près de vingt ans,
et que j’anime régulièrement plusieurs fois par an depuis.
307
Les objectifs essentiels
Ami lecteur, quelles stratégies mettriez-vous en œuvre pour atteindre cet objectif
si vous animiez ce séminaire ?
Réfléchissez quelques instants avant de lire la suite. Tentez de répondre à la ques-
tion : qu’est-ce qui pourrait vous persuader si vous étiez un de mes stagiaires ?
a) Je fais passer un test initial (15 couples de mots) grâce auquel je teste la capa-
cité de mémorisation de mes stagiaires (ils mémorisent d’ordinaire 40 % du
matériel que je leur propose) ; je leur demande ensuite de créer une situation
similaire à celle que je leur ai proposée, je sors de la salle pendant qu’ils
créent le matériel, je rentre quelques minutes après, je me soumets au test créé
par les stagiaires et je mémorise d’ordinaire 100 % du matériel qu’ils me pré-
sentent.
b) Je travaille ensuite une journée et demie avec eux sur les théories relatives à
la mémoire, je leur fais vivre des situations qui nous permettent de construire
ces théories, j’explique les techniques que j’utilise 4 et ils s’entraînent ; puis je
leur fais passer un test final (similaire au test initial) et ils augmentent leurs
résultats de 50 à 70 % par rapport au test initial passé deux jours plus tôt.
Ces deux stratégies :
a) la preuve que je suis capable de mémoriser 100 % d’un matériel créé par les
stagiaires, alors qu’eux-mêmes ne retiennent que 40 % du matériel similaire que
je leur propose,
b) la preuve que chacun peut améliorer ses résultats dans des proportions considé-
rables (moyenne d’amélioration du groupe plus de 50 %) en appliquant les
méthodes enseignées,
ont pour conséquence que la plupart de mes stagiaires, à l’issue du séminaire, se
déclarent persuadés qu’avoir une bonne mémoire c’est avoir de bonnes procédures
de mémorisation, alors que leur point de vue lors du test initial est généralement :
Avoir une bonne mémoire est une affaire de don!…
Deuxième exemple. Lorsque je travaille avec de jeunes maîtres auxiliaires, je
leur enseigne la technique de l’exposé 5 en mettant en œuvre les situations
d’apprentissage présentées dans les premiers chapitres de cet ouvrage. En fai-
sant cela, j’espère qu’ils seront persuadés de l’efficacité de la technique présen-
tée et qu’ils l’utiliseront ensuite et je constate généralement que mes stagiaires
utilisent effectivement la technique que je leur propose. Pourquoi ?…
Parce que je démontre la technique, que l’exposé que je fais les intéresse (ils
suivent et ne s’endorment pas), que la technique ne paraît pas hors de portée
de quelqu’un qui a décidé de travailler, que celle-ci les sécurise, et qu’elle leur
paraît également intelligente, logique, et somme toute utilisable sans investisse-
ment abusif.
308
Enseigner des attitudes
Les objectifs affectifs que je poursuivais dans cet ouvrage consistaient à tenter
de vous persuader :
– qu’il est souhaitable de préparer vos leçons en suivant une démarche rigou-
reuse ;
– que ces leçons doivent être au service d’une vision de ce que devrait être le
citoyen de demain, et qu’aucun citoyen ne devrait être écarté de la connaissance
à cause de son origine sociale, ce qui implique d’enseigner à tous des stratégies
cognitives ;
– qu’il est nécessaire d’utiliser l’évaluation formative, et l’évaluation forma-
trice ;
– que si vous voulez améliorer la qualité de votre enseignement il faut passer pro-
gressivement du centre de la classe à la périphérie de celle-ci, et que pour
apprendre à faire cela, la solution la plus simple consiste à concevoir des docu-
ments de formation individualisée afin d’individualiser les parcours de formation;
– qu’il n’y a pas une méthode pédagogique idéale mais des techniques plus ou
moins adaptées à votre public, à votre personnalité, à vos contraintes, à vos
compétences, et qu’il faut surtout varier les situations.
309
Les objectifs essentiels
Vous aurai-je persuadé ? Vous seul le savez !… et les seuls indicateurs qui me
paraissent pertinents quant à savoir si les objectifs ci-dessus sont atteints ou non,
c’est le nombre de techniques décrites dans cet ouvrage que vous aurez essayé
d’utiliser dans un an, le nombre de dossiers de formation individualisée que
vous aurez conçus et testés à cette même date, le nombre de mails « alain.rieu-
nier@wanadoo.fr » que vous m’enverrez pour me donner votre point de vue sur
cet ouvrage et me dire ce que vous avez fait de mes propositions.
Pour terminer, n’oubliez surtout pas que toutes les techniques que je vous ai pro-
posées ne sont que des techniques, et que Neill et Rogers 7, pour ne citer que
deux pédagogues célèbres, ignoraient sûrement nombre de techniques décrites
dans cet ouvrage, et pourtant…
Les séminaires que j’anime régulièrement sur le thème de la « préparation de
leçon » avec les enseignants me laissent toujours un goût d’inachevé et la sensa-
tion que l’essentiel est sûrement ailleurs, probablement du côté de la relation
« apprentissage/émotion/affectivité », sujet sur lequel j’ai toujours l’impression
de n’avoir que très peu de connaissances déclaratives (les savoirs), alors que je
pense maîtriser assez bien les connaissances procédurales (les savoir-faire). Mes
stagiaires se déclarent généralement satisfaits du bout de chemin que nous avons
fait ensemble, et je suis persuadé que cette satisfaction est plus liée au climat
que je parviens ou non à créer qu’aux techniques que j’utilise, bien qu’il soit
extrêmement difficile de dissocier ces deux facteurs. Ce que je tente de vous
dire pour conclure c’est que la « relation éducative » me paraît absolument
essentielle !… Un autre que moi, Marcel Postic 8, a superbement décrit cette
dimension de notre métier et je vous renvoie donc à son ouvrage que vous ne
pouvez ignorer.
Pour conforter ce point de vue, Perrenoud souligne dans Pédagogie différenciée :
des intentions à l’action (ESF, 1997), qu’un « enseignant bardé de connaissances
et d’outils didactiques, mais qui n’arrive pas à communiquer, à créer un lien
humain et fort sera définitivement moins efficace qu’un pédagogue moins bien
armé mais avec qui on se sent bien » et je suis entièrement d’accord avec lui.
C’est peut-être parce que les praticiens sont intimement persuadés de la profonde
vérité de cette affirmation qu’ils n’éprouvent pas le besoin de se doter d’outils
didactiques dont la sophistication leur semble inutile, voire nuisible à une sponta-
néité dans la relation, qui constitue, selon eux, la clef de leur efficacité.
Le modèle que je vous propose n’est pas la panacée, on peut enseigner effica-
cement de manière très différente 9 ; mais je pense, quelles que soient vos com-
pétences relationnelles, que des techniques pédagogiques raisonnablement maî-
7. Il faut lire : Neill A. S., Libres enfants de Summerhill, La Découverte, 2004 et Rogers C., Liberté pour
apprendre, Dunod, 1999.
8. Postic M., La relation éducative, PUF, 2001.
9. Lire : Joyce B., Weil M., Models of teaching, Englewood Cliffs, Prentice Hall, New Jersey, 1986.
310
Enseigner des attitudes
311
Bibliographie
312
Bibliographie
313
Bibliographie
BROUSSEAU G., Théorie des situations didactiques, Grenoble, La Pensée sauvage, 1998.
BRUNER J. S., Le développement de l’enfant. Savoir dire, savoir faire, Paris, PUF, 1983.
CAMPANA M., CASTINCAUD F., Comment faire de la grammaire, Paris, ESF Éditeur, 1999.
CARDINET J., Évaluation scolaire et mesure, Bruxelles, De Boeck, 1988.
– Évaluation scolaire et pratique, Bruxelles, De Boeck, 1988.
– Pour apprécier le travail des élèves, Bruxelles, De Boeck, 1988.
CARRÉ P., MOISSAN A., POISSON D., L’autoformation, Paris, PUF, 1997.
CARRÉ P., CASPAR P., Traité des sciences et des techniques de la formation, Paris, Dunod,
1999.
CASPAR P., Problèmes. Méthodes et stratégies de résolution, Paris, Cotard et associés édi-
teurs, 1987.
CAUZINILLE-MARMÈCHE E., MATHIEU J., WEIL-BARAIS A., Les savants en herbe, Berne,
Peter Lang, 1985.
CEPEC, GILLET P. (dir.) et al., Construire la formation, Paris, ESF Éditeur, 1991.
CHARLIER B., Apprendre et changer sa pratique d’enseignement. Expériences d’enseignants,
Bruxelles, De Boeck, 1998.
CHARLOT B., La mystification pédagogique, Paris, Payot, 1977.
– Du rapport au savoir, éléments pour une théorie, Paris, Anthropos, 1997.
– Le rapport au savoir en milieu populaire, Paris, Anthropos, 1999.
CHARLOT B., BAUTIER É., ROCHEX J.-Y., École et savoir dans les banlieues et ailleurs, Paris,
A. Colin, 1992.
CHARLOT B., EMIN J.-C. (coord.), Violences à l’école. État des savoirs, Paris, A. Colin, 1997.
CHARPAK G., Enfants, chercheurs et citoyens, Paris, O. Jacob, 1998.
CHATEAU J. (dir.), Les grands pédagogues, Paris, PUF, 1980.
CHEVALLIER B., Méthodes pour apprendre, à l’école, au collège, Paris, Nathan, 1993.
CLAPARÈDE E., L’éducation fonctionnelle, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1973.
CLARIZIO H., MEHRENS W., HAPKIEWICZ W., Contemporary Issues in Educational
Psychology, Michigan State University, 6e éd. 1994.
CLERC F., Débuter dans l’enseignement, Paris, Hachette, 1995.
COEFFÉ M., PRIGENT O., Les méthodes de travail pour réussir, Paris, Bordas, 1992.
COMITÉ DE COORDINATION DES ÉCOLES NORMALES, Formation des maîtres, n° 1, 2, 3, 4, 5,
OFRATEME, CNDP, 1975 à 1979.
CORDIER F., Les représentations cognitives privilégiées, typicalité et niveau de base, Lille,
PUL, 1993.
COSTERMANS J., Les activités cognitives, raisonnement, décision et résolution de problèmes,
Bruxelles, De Boeck, 1998.
CRAHAY M., LAFONTAINE D., L’art et la science de l’enseignement, Bruxelles, Labor, 1986.
CRAHAY M., Peut-on lutter contre l’échec scolaire ?, Bruxelles, De Boeck, 1996.
CROZIER M., FRIEDBERG E., L’acteur et le système, Paris, Seuil, 1981.
DAMASIO A. R., L’erreur de Descartes. La raison des émotions, Paris, O. Jacob, 1989.
DAUBER H., VERNE E., L’école à perpétuité, Paris, Seuil, 1977.
DEBRAY R., Apprendre à penser, Paris, Eshel, 1989.
DE CORTE E., GEERLIGS T., LAGERWEIGS N., PETERS J., VANDENBHERGUE, Les fondements
de l’action didactique, Bruxelles, De Boeck, 1979.
314
Bibliographie
315
Bibliographie
DICK W., CAREY L., The Systmatic Design of Instruction, New York, Harper Collins,
College Publishers, 1996.
DI LORENZO G., Questions de savoir, Paris, ESF Éditeur, 1991.
DOISE W., MUGNY G., Le développement social de l’intelligence, Paris, InterÉditions, 1981.
DUBOIS N., La psychologie du contrôle, Grenoble, PUG, 1987.
DUPUY J.-P., Aux origines des sciences cognitives, Paris, La Découverte, 1994.
DURUT-BELLAT M., Henriot-van Zanten A., Sociologie de l’école, Paris, A. Colin, 1992.
ÉTIENNE R., LEROUGE A., Enseigner en collège ou en lycée, repères pour un nouveau métier,
Paris, A. Colin, 1997.
FAYOL M., Le récit et sa construction, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1985.
FELOUZIS G., L’efficacité des enseignants, Paris, PUF, 1997.
FERRY G., Le trajet de la formation, Paris, Dunod, 1983.
FEUERSTEIN R., Pédagogies de la médiation, Lyon, Chronique sociale, 1990.
FILLOUX J., Du contrat pédagogique, Paris, Dunod, 1972.
FOUDRIAT M., Les formations de formateurs dans les universités, Centre d’éducation perma-
nente, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986.
FOURNIER J.-Y., À l’école de l’intelligence, Paris, ESF Éditeur, 1999.
FRAISSE P. (dir.), Manuel pratique de psychologie expérimentale, Paris, PUF, 1974.
FRAISSE P., PIAGET J., Traité de psychologie expérimentale, 9 tomes, Paris, PUF, 1975.
FREINET C., Pour l’école du peuple, Paris, Maspéro, 1969.
FRIANT J., L’HOSPITALIER Y., Jeux, problèmes, de la logique à l’intelligence artificielle,
Paris, Éd. d’Organisation, 1986.
GAGNÉ R., Conditions of learning, Ed. Holt, New York, Rinehart et Winston, 1985.
– (dir.), Instructional Technology Foundation, LEA, Hillsdale, New Jersey, 1987.
GAGNÉ R., BRIGGS L., WAGER W., Principles of Instructional Design, Harcourt Brace
College Publishers, 1992.
GARDNER H., Histoire de la révoution cognitive, Paris, Payot, 1985.
GARTNER A., CONWAY-KHOLER M., RIESMAN F., Des enfants enseignent aux enfants, Paris,
EPI, 1973.
GASQUET S., Les mathématiques au lycée, Paris, ESF Éditeur, 1991.
GARNIER C., BEDNARZ N., ULANOSKAYA I., Après Vygotski et Piaget, Bruxelles, De Boeck,
1991.
GEORGE C., Apprendre par l’action, Paris, PUF, 1989.
– Polymorphisme du raisonnement humain. Une approche de la flexibilité inférentielle,
Paris, PUF, 1997.
GHIGLIONE R., RICHARD J.-F., Cours de psychologie, t. 1 à 6, Paris, Dunod, 1995.
GINESTE M.-D., Analogie et cognition. Étude expérimentale et simulation électronique, Paris,
PUF, 1997.
GIOLITTO P., Enseigner la géographie à l’école, Paris, Hachette, 1992.
GIORDAN A., Apprendre !, Paris, Belin, 1998.
GIORDAN A., DE VECCHI G., Les origines du savoir, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1990.
GLASER W., L’école qualité, Paris, Editions Logiques, 1997.
GLOTON R., CLERO C., L’activité créatrice chez l’enfant, Paris, Casterman, 1978.
316
Bibliographie
GRANGEAT M., MEIRIEU P. (dir.), La métacognition, une aide au travail des élèves, Paris,
ESF Éditeur, 1977.
GROUPE DE RECHERCHE D’ÉCOUEN, coord. JOLIBERT J., Former des enfants producteurs de
textes, Paris, Hachette, 1994.
GUÉNOT J., Clefs pour les langues vivantes, Paris, Seghers, 1971.
GUILBERT J., Guide pédagogique pour les personnels de santé, OMS, 1981.
GURTNER J.-L., RETCHITZKI S., Logo et apprentissages, Lausanne, Delachaux et Niestlé,
1991.
HADJI C., L’évaluation des actions éducatives, Paris, PUF, 1992.
– Guide méthodologique pour l’évaluation des actions de formation, Grenoble, CRDP,
1987.
HAMELINE D., Le domestique et l’affranchi, Paris, Éditions ouvrières, 1977.
– Les objectifs pédagogiques en formation initiale et en formation continue, Paris,
ESF Éditeur, 1979.
HAMELINE D., DARDELIN M.-J., La liberté d’apprendre, Situation II, Paris, Éditions
ouvrières, 1977.
HENRY G., Comment mesurer la lisibilité ?, Paris, Nathan, 1975.
HERZBERG F., Le travail et la nature de l’homme, Paris, Entreprise moderne d’édition, 1971.
HILGARD E.R., ATKINSON R.L., ATKINSON R.C., Introduction à la psychologie, Paris, Études
vivantes, 1980.
HOC J.-M., Psychologie cognitive de la planification, Grenoble, PUG, 1987.
– Supervision et contrôle de processus. La cognition en situation dynamique, Grenoble,
PUG, 1996.
HODGES A., Alan Turing ou l’énigme de l’intelligence, Paris, Payot, 1998.
HOGGART R., La culture du pauvre, Paris, Éd. de Minuit, 1970.
HOTTOIS G., Une introduction technique, théorique et philosophique à la logique formelle,
Bruxelles, De Boeck, 1994.
HOUDÉ O., Catégorisation et développement cognitif, Paris, PUF, 1992.
HOUDÉ O., MIÉVILLE D. (dir.), Pensée logico-mathématique. Nouveaux objets interdiscipi-
naires, Paris, PUF, 1993.
HOUSSAYE J., (dir.), La pédagogie, une encyclopédie pour aujourd’hui, Paris, ESF Éditeur,
1993.
HUBERMAN M. (dir.), Assurer la réussite des apprentissages scolaires ? Les propositions de
la pédagogie de la maîtrise, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1988.
HUTEAU M., Les conceptions cognitives de la personnalité, Paris, PUF, 1985.
IMBERT F., Vivre ensemble, un enjeu pour l’école, Paris, ESF Éditeur, 1997.
INHELDER B., CÉLERIER G. et al., Les cheminements des découvertes de l’enfant, Lausanne,
Delachaux et Niestlé, 1992.
JACQUINOT G., Image et pédagogie, Paris, PUF, 1977.
– L’école devant les écrans, Paris, ESF Éditeur, 1985.
JENKS C., L’inégalité, influence de la famille et de l’école en Amérique, Paris, PUF, 1979.
JOSHUA S., DUPIN J.-J., Introduction à la didactique des sciences et des mathématiques, PUF,
1993.
JOYCE B.,WEIL M., Models of Teaching, Englewood Cliffs, Prenctice Hall, New Jersey,
1986.
317
Bibliographie
318
Bibliographie
LONGEOT F., Les stades opératoires de Piaget et les facteurs de l’intelligence, Grenoble,
PUG, 1978.
LOURAU R., L’illusion pédagogique, Paris, EPI, 1975.
MAC GREGOR D., La dimension humaine de l’entreprise, Paris, Gauthier-Villars, 1976.
MAGER R.-F., Comment définir les objectifs pédagogiques, Paris, Gauthier-Villars, 1972.
MAISONNEUVE J., Introduction à la psychosociologie, Paris, PUF, 1973.
MALSON L., Les enfants sauvages, Paris, UGE, 1974.
MARTIN B.L., BRIGGS L.J., The Affective and Cognitive Domains. Integration for Instruction
and Research, Englewood Cliffs, New Jersey, 1986.
MARTIN J., Paravy G. (dir.), Pédagogies de la médiation. Autour du PEI, Lyon, Chronique
sociale, 1990.
MARTINAND J.-L., Connaître et transformer la matière, Berne, Peter Lang 1986.
MASLOW A. H., Vers une psychologie de l’être, Paris, Fayard, 1972.
MATHIEU J., THOMAS R., Manuel de psychologie, Paris, Vigot, 1985.
MCGILLY K. (ed.), Classroom Lessons. Integrative Cognitive Theory and Classroom
Practice, MIT, 1994.
MEIRIEU P., Outils pour pprendre en groupe, t. 1. Itinéraire des pédagogies de groupe,
Lyon, Chronique sociale, 1984.
– Outils pour apprendre en groupe, t. 2. Outils pour apprendre en groupe, Lyon,
Chronique sociale, 1984.
– L’école, mode d’emploi, Paris, ESF Éditeur, 1985.
– Apprendre… oui mais comment ?, Paris, ESF Éditeur, 1988.
– Enseigner, scénario pour un métier nouveau, Paris, ESF Éditeur, 1989.
– Le choix d’éduquer, Paris, ESF Éditeur, 1991.
– L’envers du tableau, Paris, ESF Éditeur, 1993.
– La pédagogie entre le dire et le faire, Paris, ESF Éditeur, 1995.
– L’école ou la guerre civile, Paris, Plon, 1997.
MEIRIEU P., DEVELAY M., Émile, reviens vite… Ils sont devenus fous, Paris, ESF Éditeur,
1992.
MERLE P., L’évaluation des élèves, enquête sur le jugement professoral, Paris, PUF, 1996.
MINDER M., Didactique focntionnelle, Bruxelles, De Boeck, 1996.
MOLLO-BOUVIER S., La sélection implicite à l’école, Paris, PUF, 1986.
MONTESSORI, M. L’enfant, Paris, Desclées de Brouwer, 1968.
– Pédagogie scientifique, la découverte de l’enfant, Paris, Desclées de Brouwer, 1968.
MORISSETTE D., GINGRAS M., Enseigner des attitudes, Bruxelles, De Boeck, 1989.
MOSCOVICI S. (dir.), Psychologie sociale, Paris, PUF, 1988.
MOUNIN G., Clefs pour la sémantique, Paris, Seghers, 1975.
MUCCHIELLI R., Les méthodes actives dans la pédagogie des adultes, Paris, ESF Éditeur,
1972.
– Organigrammes et sociogrammes, Paris, ESF Éditeur, 1973.
– L’interview de groupe, Paris, ESF Éditeur, 1975.
– La conduite des réunions, Paris, ESF Éditeur, 1975.
– La dynamique des groupes, Paris, ESF Éditeur, 1975.
– Communication et réseaux de communications, Paris, ESF Éditeur, 1976.
– L’étude des postes de travail, Paris, ESF Éditeur, 1979.
319
Bibliographie
– L’entretien de face à face dans la relation d’aide, Paris, ESF Éditeur, 1983.
– La méthode des cas, Paris, ESF Éditeur, 1984.
MUGNY G. (dir.), Psychologie sociale du développement cognitif, Berne, Peter Lang, 1991.
NEILL A. S., Libres enfants de Summerhill, Paris, Maspéro, 1970.
NETCHINE-GRYNBERG G., Développement et fonctionnement cognitifs, Paris, PUF, 1999.
NIQUET G., Enseigner le français, pour qui ? comment ?, Paris, Hachette, 1991.
NOËL B., La métacognition, Bruxelles, De Boeck, 1991.
NOT L., Les pédagogies de la connaissance, Toulouse, Privat, 1979.
NOYÉ D., PIVETEAU J., Guide pratique du formateur, Paris, INSEP-ERES, 1981.
– Comment communiquer de façon efficace, Paris, INSEP-ERES, 1989.
NUTTIN J., Tâche, réussite et échec. Théorie de la conduite humaine, Presses universitaires
de Louvain, 1973.
– Théorie de la motivation humaine, Paris, PUF, 1984.
OLÉRON P., Les activités intellectuelles, Paris, PUF, 1972.
– L’intelligence de l’homme, Paris, A. Colin, 1989.
OSTERREITH P. A., Faire des adultes, Bruxelles, Mardaga, 1980.
PAIN J., GANDIN-DEGOIS M.-P., LE GOFF C., Banlieues : les défis d’un collège citoyen, Paris,
PUF, 1998.
PALMADE G., Les méthodes pédagogiques, Que sais-je, n° 572, Paris, PUF.
PAPALIA D., WENDKOS OLDS W., Introduction à la psychologie, New York, Mc Graw Hill,
1988.
PAPERT S., Le jaillissement de l’esprit, Paris, Flammarion, 1981.
PAQUAY L., ALTET M., CHARLIER E., PERRENOUD P., Former des enseignants professionnels,
Bruxelles, De Boeck, 1996.
PELPEL P., Se former pour enseigner, Paris, Bordas, 1986.
PÉLISSIER A., TÊTE A., Sciences cognitives, textes fondateurs, Paris, PUF, 1995.
PERRENOUD P., Métier d’élève et sens du travail scolaire, Paris, ESF Éditeur, 1994.
– La formation des enseignants entre théorie et pratique, Paris, L’Harmattan, 1994.
– La pédagogie à l’école des différences, Paris, ESF Éditeur, 1995.
– Enseigner, agir dans l’urgence, décider dans l’incertitude, Paris, ESF Éditeur, 1996.
– Construire des compétences dès l’école, Paris, ESF Éditeur, 1997.
– L’évaluation des élèves, Bruxelles, De Boeck, 1998.
PERRET CLERMONT A.-N., NICOLET M. (dir.), Interagir et connaître, Fribourg, DelVal, 1988.
PERRET CLERMONT A.-N. et al., La construction de l’intelligence dans l’interaction sociale,
Berne, Peter Lang, 1988.
PETIT F., DUBOIS M., Introduction à la psychosociologie des organisations, Paris, Dunod,
1998.
PIAGET J., Six études de psychologie, Denoël/Gonthier, 1964.
– Psychologie de l’intelligence, Paris, A. Colin, 1967.
– Psychologie et épistémologie, Paris, Denoël/Gonthier, 1967.
– Psychologie et pédagogie, Paris, Denoël/Gonthier, 1972.
– Introduction à l’épistémologie génétique, t. 1 et 2. Paris, PUF, 1973.
– La prise de conscience, Paris, PUF, 1974.
– Réussir et comprendre, Paris, PUF, 1974.
– Mes idées, Paris, Denoël/Gonthier, 1977.
320
Bibliographie
321
Bibliographie
322
Bibliographie
TIBERGHIEN G., ROULIN J.-C., BEAUVOIS J.-L., Manuel pratique de psychologie, Paris, PUF,
1992.
TISSEAU G., Intelligence artificielle, problèmes et méthodes, Paris, PUF, 1996.
TOCHON F. V., Didactique du français, Paris, ESF Éditeur, 1990.
– L’enseignant expert, Paris, ESF Éditeur, 1993.
TOUPIN L., De la formation au métier, savoir transférer ses connaissances dans l’action,
Paris, ESF Éditeur, 1995.
TOUSIGNANT R., MORISSETTE D., Les principes de la mesure et de l’évaluation des apprentis-
sages, Québec, Gaëtan Morin, 1990.
VARELA F. J., Autonomie et connaissance, Paris, Seuil, 1989.
– Connaître les sciences cognitives, tendances et perspectives, Paris, Seuil, 1988.
VASQUEZ A., OURY G., Vers une pédagogie institutionnelle, Paris, Maspéro, 1977.
VASQUEZ-BRONFMAN A., ISABEL M., La socialisation à l’école, Paris, PUF, 1996.
VERGNAUD G. (dir.), Les sciences cognitives en débat, Paris, CNRS, 1991.
– (coord.), Apprentissages et didactiques, où en est-on ?, Paris, Hachette, 1994.
VERNE É., Comment conduire un entretien de recrutement, Paris, INSEP, 1988.
VIAU R., La motivation en contexte scolaire, Bruxelles, De Boeck, 1994.
VIGNAUX G., Les sciences cognitives, une introduction, Paris, La Découverte, 1992.
VYGOTSKI L., Pensée et langage, Éditions sociales, 1985.
WAGNER M.-C., Pratique du micro-enseignement, Bruxelles, De Boeck, 1988.
WEILL BARAIS A. (dir.), L’homme cognitif, Paris, PUF, 1993.
WINNYKAMEN F., Apprendre en imitant, Paris, PUF, 1990.
WLODKOWSKI R., Enhancing Adult Motivation to Learn, San Francisco, Josey-Bass
Publishers, 1986.
Dictionnaires
323
Index des noms propres
Aguilera : 168, 171. Freinet : 44, 64, 195. Parkhurst : 44, 195.
Altet : 47. Gagné : 18, 27, 49, 63, 105, Perret Clermont : 119.
ANCE : 274 121, 122, 154, 297. Piaget : 267, 268, 269, 271,
Anania : 42. Galanter : 47. 272, 275, 280, 282, 298.
Airasian : 41. Galperine : 60, 151. Popper : 232.
Amigues :304. Gandin : 39. Postic : 310.
Ardoino : 37. Gaskins : 300. Pourtois : 26, 43.
Ausubel : 26. 60. Gauss (courbe de) : 40, 41, 42. Prigent : 299.
Azzi : 196. Giordan : 44. Pribram : 47.
Bachelard :232. Grangeat : 26, 62, 299. P.S.I. : 195, 196.
Barbier : 86. Hadji : 96. Raynal :13, 36, 44, 53, 62, 68,
Barth : 27, 104. Hastings : 41. 79, 80, 91, 137, 147, 155,
INSEP : 196. 168, 171, 195, 200.
Baudrit : 252.
Instructional design : 18, 29. Renault : 197.
Béghin : 299.
IPNETP : 27,53, 68, 91, 120, Rieunier : 44, 53, 62, 65, 80,
Behaviorisme : 275. 91, 150, 171, 195, 272
Bloom : 21 ,36, 41,43,44, 49, 121, 123, 137, 141, 147,
150, 155, 196. Rogers 310.
81, 82, 83, 85, 105, 154,
155, 260, 268, 297. Jolivet : 62. Royé : 197.
Bonniol : 25, 46, 77, 86. Joyce : 62, 104, 310. Scallon : 86.
Bordeaux : 200, 203. Keller : 195. 196. Scandura : 27, 105, 184.
Brasilia : 195, 196. Krumm : 83. Schoer : 86.
Brousseau : 232. Lafontaine : 42. Seidel : 83.
Bruner : 26. Landa : 21, 25, 105, 184. Shel : 274.
Burke : 42. Leclercq : 257. Sherman : 196.
Cardinet : 86. Lederman : 197. Skinner : 119, 271, 282.
Carrol : 41. Legrand : 35, 45, 86. Socrate : 44, 65, 69.
Charpak : 26, 62, 197, 257. Le Goff : 39. Soros : 251.
Chevalier : 299. Lindsay : 122. Syldavie : 237, 238.
Claparède : 44, 195. Lieury : 92. Taba : 66, 67, 131, 136, 139,
Lobrot : 39. 142.
Coeffé : 299.
Courbier : 47. Madaus : 41. Talfumière : 197.
Cousinet : 119. Mager : 44, 90. Talyzina : 60.
Crahay : 42. Martuchelli : 195. Tardif : 133.
Dalton : 44. 195. Mc Gilly : 26, 300. Terrail : 198.
Damasio : 306. Meirieu : 26, 62, 118, 119, Tiberghien : 92.
Davies : 258. 198, 257, 299. Tochon : 28, 62.
De Bal : 257. Ménon : 65. Tousignant : 77, 79, 86.
Decroly : 44. Miller : 47. Tozzi : 304, 305.
Degois :39. Montaigne : 295. Vasquez 39,
Delacote : 133, 299. Montessori : 44. Verne : 37.
De la Garanderie : 299. Morganov : 258. Vial : 77, 86.
De Perretti : 86. Morissette : 77, 79. Vigotski : 119.
Desmet : 26, 43. Morrisson : 195. Whashburne : 196.
Dewey : 44. Neill : 62, 310. Weil : 62, 104, 310.
Donnay : 257. Noël : 299. Wez : 104.
Ecouen (groupe de recherche Norman : 122. Winnetka : 195, 196.
d’) : 28, 62, 151. Nunziatti : 25, 46, 141, 151. Winnikamen : 302.
EDF : 197. Oury : 39. Zerbato Poudou : 304
Fabre : 60. Pain : 39.
324
Index des notions
325
Index des notions
326
Index des notions
Modélisation : 58, 301, 302. Pédagogie : 36, 37, 40, 47. Psycholologie de l’apprentis-
Module de formation Pédagogie active : 37, 44, 47. sage : 275.
individualisée : 49, 62, Pédagogie Decroly : 48. Psychomoteur : 30, 168, 305.
200, 224, 228. Questionnement : 26, 61, 62,
Pédagogie de côte à côte :
Monde conçu : 123, 261, 262. 230. 64, 65, 75, 76, 105. 118,
Monde perçu : 123. 264.
Pédagogie de face à face :
Monitoring : 299. 230. Questions à se poser pour
préparer une leçon : 150.
Motiver : 123, 147. Pédagogie de petits groupes : Raisonnement (logique du) :
Motivation : 94, 106, 109 118, 28, 45, 119, 231, 256, 64, 68.
134, 147, 157, 169, 236. 257.
Remédiation : 41, 45, 78, 195.
Motivation épistémique : 67, Pédagogie Freinet : 48, 64.
68, 237, 260. Renforcement positif : 64.
Pédagogie Institutionnelle :
Niveaux de compétence de 39, 64. Réponses (obtenir des) : 65,
l’enseignant : 24. 66.
Pédagogie par objectifs : 25 ,
Niveaux taxonomiques 36, 44, 45 , 46, 47, 90, 92, Représentations : 151.
d’objectifs : 81, 260. 118, 131, 141, 195, 229 . Réseau neuronal : 24.
Notation sur 20 : 79. Pédagogie spiralaire : 228. Réseau sémantique : 182.
Objectif : 81, 90, 94, 124, 182, Pédagogie traditionnelle : 25, Résolution de problèmes :
259, 262, 271. 35, 36, 42, 43,44, 49, 90, 191, 262.
160, 229. Schème : 267, 268, 271, 276,
Objectif affectif : 28, 63, 64,
118, 303, 309. Performance : 129, 130. 277, 281, 289, 307.
Objectif à long terme : 28. Persuader : 28. Sciences cognitives : 23.
Objectif de contenu : 63, 139, Pétrolier (choc) : 198. Self concept : 77, 229.
142, 143, 157, 228. Pied à coulisse : 162, 168, Sens : 48, 49, 75, 94, 111,
Objectif général : 29, 49, 52, 172, 178. 134, 147, 169, 170, 182,
57. Plan de formation : 49, 64. 201, 225, 260, 279, 283.
Objectif intermédiaire :29, 49, Poser des questions : 66, 76. Séquence de leçons : 52.
52, 57, 90. Situation : 100, 139, 147, 256,
Pouvoir : 39. 258.
Objectif méthodologique : 21,
50, 63, 64, 118, 139, 142, Préceptorat : 42. Situation d’apprentissage : 49.
143, 157, 228. Préparation de leçon : 27, 118. Situation professionnelle de
Objectif obstacle : 28. Préparer un cours : 30, 31, 32. référence : 29, 30.
Objectif pédagogique : 22, 81, Préparer une leçon (questions S.P.E. : voir synthèse des
118, 141, 259. pour ) : 27, 49, 150. productions élèves.
Objectif spécifique : 28, 29, Préparer une leçon (étapes) Soleil : 84, 85.
90, 114, 177, 259, 144, 157. Soustraction : 85, 86, 291.
Objet : 271, 279. Prérequis : 17, 26, 94, 105, Spéculateurs : 251.
One man show : 229. 120, 125, 134.
Stades du développement :
Opérateur cognitif : 20, 21, Principe : 20, 27, 67, 184, 270, 271, 276.
57, 97, 108, 109, 135, 256, 260, 269.
Stratégie : 57, 94, 134, 154,
136, 141, 147, 148, 157, Proactif : 46. 155, 230, 260.
170, 186, 262, 263, 295,
296, 297, 298. Proactive (démarche) : 58. Stratégie cognitive : 21, 26,
Problème (situation) : 121, 50, 57, 97, 112, 118, 139,
Opérations mentales : 48, 118, 142, 154, 157, 169, 176,
184, 229, 298. 135, 154, 278.
191, 260, 269, 295, 296,
Opérations mentales (piloter Procédure : 20, 26, 27, 298. 297, 300.
ses ) : 48. Processus : 78, 85. Stratégie pédagogique : 19,
Oragnisation : 40. Produit : 66, 67, 68, 70, 75, 50, 78, 155.
Pause méthodologique : 131, 78, 147, 148. Structure de préparation de
154. Propositions : 94, 99. leçon : 118, 148.
327
Index des notions
328
Dans la collection Pédagogies
L’ANNÉE DE L’ÉCOLE
François Jarraud
ANTHOLOGIE DES TEXTES CLÉS EN PÉDAGOGIE
Danielle Alexandre
APPRENDRE À PENSER, PARLER, LIRE, ÉCRIRE
Acquisition du langage oral et écrit
Laurence Lentin
APPRENDRE AVEC LES PÉDAGOGIES COOPÉRATIVES
Démarches et outils pour l’école
Sylvain Connac
APPRENDRE… OUI, MAIS COMMENT ?
Philippe Meirieu
L’AUTORITÉ À L’ÉCOLE, MODE D’EMPLOI
Martine Boncourt
L’AUTORITÉ AU COLLÈGE, MODE D’EMPLOI
Guillaume Caillaud
L’AUTORITÉ ÉDUCATIVE DANS LA CLASSE
Douze situations pour apprendre à l’exercer
Bruno Robbes
L’AUTORITÉ EN ÉDUCATION
Sortir de la crise
Gérard Guillot
AUTORITÉ OU ÉDUCATION ?
Entre savoir et socialisation : le sens de l’éducation
Jean Houssaye
BANLIEUES : LES DÉFIS D’UN COLLÈGE CITOYEN
Jacques Pain, Marie-Pierre Grandin-Degois,
Claude Le Goff
LE CHOIX D’ÉDUQUER
Éthique et pédagogie
Philippe Meirieu
LES CLASSES RELAIS
Un dispositif pour les élèves en rupture avec l’école
Élisabeth Martin, Stéphane Bonnéry
LES COMPÉTENCES TRANSVERSALES EN QUESTION
Bernard Rey
COMMENT IMPLIQUER L’ÉLÈVE DANS SES APPRENTISSAGES
Charles Hadji
CONCEVOIR UN PROJET DE FORMATION
Compétences, objectifs, affectivités, Instructional design
Alain Rieunier
COURANTS ET CONTRE-COURANTS
DANS LA PÉDAGOGIE CONTEMPORAINE
Daniel Hameline
DE L’APPRENTISSAGE À L’ENSEIGNEMENT
Pour une épistémologie scolaire
Michel Develay
DÉBUTER DANS L’ENSEIGNEMENT
Témoignages d’enseignants, conseils d’experts
Coordonné par Jean-Luc Ubaldi
LA DÉMOCRATIE AU LYCÉE
Robert Ballion
DES ENFANTS ET DES HOMMES
Littérature et pédagogie 1 : la promesse de grandir
Philippe Meirieu
DÉVELOPPER LA PRATIQUE RÉFLEXIVE DANS LE MÉTIER D’ENSEIGNANT
Professionnalisation et raison pédagogique
Philippe Perrenoud
DEVENIR COLLÉGIEN
L’entrée en classe de sixième
Olivier Cousin, Georges Felouzis
DICTIONNAIRE DES INÉGALITÉS SCOLAIRES
Coordonné par Jean-Michel Barreau
DIX NOUVELLES COMPÉTENCES POUR ENSEIGNER
Invitation au voyage
Philippe Perrenoud
L’ÉCOLE À L’ÉPREUVE DE L’ACTUALITÉ
Enseigner des questions vives
Coordonné par Alain Legardez et Laurence Simonneaux
L’ÉCOLE FACE AUX PARENTS
Analyse d’une pratique de médiation
Patrick Bouveau, Olivier Cousin, Joëlle Favre-Perroton
ÉCOLE, LA GRANDE TRANSFORMATION
François Muller, Romuald Normand
L’ÉCOLE, MODE D’EMPLOI
Des « méthodes actives » à la pédagogie différenciée
Philippe Meirieu
L’ÉCOLE POUR APPRENDRE
Jean-Pierre Astolfi
L’ÉDUCATION CIVIQUE AUJOURD’HUI :
DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE
Georges Roche avec Y. Basset, J.-M. Fayol-Noireterre, M. Langanay,
C. Paillole, G. Bach
ÉDUCATION et FORMATION :
NOUVELLES QUESTIONS, NOUVEAUX MÉTIERS
Sous la direction de Jean-Pierre Astolfi
ÉDUCATION ET PHILOSOPHIE
Approches contemporaines
Sous la direction de Jean Houssaye
ÉDUQUER CONTRE AUSCHWITZ
Histoire et mémoireJean-François Forges
ÉLÈVES À PROBLÈMES, ÉCOLES À SOLUTIONS ?
Cécile Delannoy
ÉLÈVES ET PROFESSEURS : RÉUSSIR ENSEMBLE
Outils pour les professeurs principaux et les équipes pédagogiques
Jean-Luc Guillaumé
ÉMILE, REVIENS VITE… ILS SONT DEVENUS FOUS
Philippe Meirieu, Michel Develay
ENCYCLOPÉDIE DE L’ÉVALUATION
EN FORMATION ET EN ÉDUCATION
André de Peretti, Jean Boniface, Jean-André Legrand
ENFANTS EN SOUFFRANCE, ÉLÈVES EN ÉCHEC
Ouvrir des cheminsFrancis Imbert
L’ENFANT PHILOSOPHE, AVENIR DE L’HUMANITÉ
Ateliers AGSAS de réflexion sur la condition humaine (ARCH)
Jacques Lévine avec la collaboration de Geneviève Chambard, Michèle Sillam,
Daniel Gostain
L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL AUJOURD’HUI
Dominique Raulin
ENSEIGNER À L’ÉCOLE MATERNELLE
Quelles pratiques pour quels enjeux ?
Jacqueline Pillot
ENSEIGNER : AGIR DANS L’URGENCE, DÉCIDER DANS L’INCERTITUDE
Philippe Perrenoud
ENSEIGNER POUR ÉMANCIPER, ÉMANCIPER POUR APPRENDRE
Jacques Cornet, Noëlle De Smet
ENSEIGNER, SCÉNARIO POUR UN MÉTIER NOUVEAU
Philippe Meirieu
ENSEIGNER, UN MÉTIER SOUS CONTRÔLE ?
Coordonné par Olivier Maulini et Monica Gather Thurler
ENSEIGNER SELON LES TYPES DE PERSONNALITÉ
Marion Tamano, Dorothée Fox, Franck Jullien
ENTRER DANS L’ÉCRIT AVEC LA LITTÉRATURE DE JEUNESSE
Laurence Pasa, Serge Ragano, Jacques Fijalkow
L’ENTRETIEN D’EXPLICITATION
en formation initiale et en formation continue
Pierre Vermersch
L’ENVERS DU TABLEAU
Quelle pédagogie pour quelle école ?
Philippe Meirieu
FAIRE L’ÉCOLE, FAIRE LA CLASSE
Philippe Meirieu
FAIRE TRAVAILLER LES ÉLÈVES À L’ÉCOLE
Sylvain Grandserre, Laurent Lescouarch
LA FINLANDE : UN MODÈLE ÉDUCATIF POUR LA FRANCE ?
Paul Robert
LE GUIDE JURIDIQUE DES ENSEIGNANTS
Écoles, collèges et lycées de l’enseignement public
Laurent Piau
HARCÈLEMENT ET CYBERHARCÈLEMENT À L’ÉCOLE
Une souffrance scolaire 2.0
Jean-Pierre Bellon, Bertrand Gardette
L’INCONSCIENT DANS LA CLASSE
Transferts et contre-transferts
Francis Imbert et le Groupe de Recherche en Pédagogie Institutionnelle
INNOVER AU CŒUR DE L’ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE
Monica Gather Thurler
L’INSTANT D’APPRENDRE
Une approche dynamique de l’échec scolaire
Emmanuelle Plantevin-Yanni
LETTRE À UN JEUNE PROFESSEUR
Philippe Meirieu
JE EST UN AUTRE
Pour un dialogue pédagogie-psychanalyse
Jacques Lévine, Jeanne Moll
LIRE OU DÉCHIFFRER
L’apprentissage de la lecture en question
Éveline Charmeux
MÉDIATIONS, INSTITUTIONS ET LOI DANS LA CLASSE
Francis Imbert et le Groupe de Recherche en Pédagogie Institutionnelle
LA MÉTACOGNITION, UNE AIDE AU TRAVAIL DES ÉLÈVES
Coordonné par Michel Grangeat, sous la direction de Philippe Meirieu
LES MÉTHODES QUI FONT RÉUSSIR LES ÉLÈVES
Danielle Alexandre
MÉTIER D’ÉLÈVE ET SENS DU TRAVAIL SCOLAIRE
Philippe Perrenoud
LES MICROLYCÉES
Nathalie Broux, Eric de Saint-Denis
MILLE ET UNE PROPOSITIONS PÉDAGOGIQUES
Pour animer son cours et innover en classe
André de Peretti, François Muller
LA NEUVILLE : L’ÉCOLE AVEC FRANÇOISE DOLTO
SUIVI DE DIX ANS APRÈS
Fabienne d’Ortoli et Michel Amram
LES OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES EN FORMATION INITIALE
ET EN FORMATION CONTINUE
Daniel Hameline
L’ORGANISATION DU TRAVAIL, CLÉ DE TOUTE PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE
Philippe Perrenoud
ORTHOGRAPHE : À QUI LA FAUTE ?
Danièle Manesse, Danièle Cogis, Michèle Dorgans, Christine Tallet
LA PÉDAGOGIE À L’ÉCOLE DES DIFFÉRENCES
Fragments d’une sociologie de l’échec
Philippe Perrenoud
PÉDAGOGIE ALTERNATIVE EN FORMATION D’ADULTES
Éducation pour tous et justice sociale
Rémi Casanova, Sébastien Pesce
PÉDAGOGUES DE L’EXTRÊME
Rémi Casanova, Sébastien Pesce
PÉDAGOGIE : DICTIONNAIRE DES CONCEPTS CLÉS
Apprentissage, formation et psychologie cognitive.
Françoise Raynal, Alain Rieunier
PÉDAGOGIE, DES LIEUX COMMUNS AUX CONCEPTS CLÉS
Philippe Meirieu
PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE : DES INTENTIONS À L’ACTION
Philippe Perrenoud
LA PÉDAGOGIE ENTRE LE DIRE ET LE FAIRE
Le courage des commencements
Philippe Meirieu
LA PÉDAGOGIE : UNE ENCYCLOPÉDIE POUR AUJOURD’HUI
Sous la direction de Jean Houssaye
PÉDAGOGUE ET RÉPUBLICAIN : L’IMPOSSIBLE SYNTHÈSE ?
Philippe Lecarme
PENSER L’ÉDUCATION
Notions clés en philosophie de l’éducation
Coordonné par Alain Vergnioux
LA PERSONNALISATION DES APPRENTISSAGES
Agir face à l’hétérogénéité, à l’école et au collège
Sylvain Connac
PETITE ENFANCE : ENJEUX ÉDUCATIFS DE 0 À 6 ANS
Coordonné par Nicole Geneix et Laurence Chartier
LES POLITIQUES SCOLAIRES MISES EN EXAMEN
Onze questions en débat
Claude Lelièvre
PREMIERS PÉDAGOGUES : DE L’ANTIQUITÉ À LA RENAISSANCE
Sous la direction de Jean Houssaye
PRÉPARER UN COURS
Tome 1 : Applications pratiques
Alain Rieunier
PRÉPARER UN COURS
Tome 2 : Les stratégies pédagogiques efficaces
Alain Rieunier
PRÉVENIR LES SOUFFRANCES D’ÉCOLE
Pratique du Soutien au Soutien
Jacques Lévine, Jeanne Moll
PROFESSEURS ET ÉLÈVES : LES BONS ET LES MAUVAIS
Jean Houssaye
QUAND L’ÉCOLE PRÉTEND PRÉPARER À LA VIE…
Développer des compétences ou enseigner d’autres savoirs ?
Philippe Perrenoud
QU’EST-CE QUE LA PÉDAGOGIE ?
Le pédagogue au risque de la philosophie
Michel Soëtard
QUESTIONNER POUR ENSEIGNER ET POUR APPRENDRE
Le rapport au savoir dans la classe
Olivier Maulini
RADIOGRAPHIE DU PEUPLE LYCÉEN
Pour changer le lycée
Coordonné par Roger Establet
RÉUSSIR L’ÉCOLE DU SOCLE
Francis Blanquart, Céline Walkowiak
RÉUSSIR SA PREMIÈRE CLASSE
Ostiane Mathon
RÉUSSIR SES PREMIERS COURS
Jean-Michel Zakhartchouk
LES RUSES ÉDUCATIVES
Cent stratégies pour mobiliser les élèves
Yves Guégan
LA SAVEUR DES SAVOIRS
Disciplines et plaisir d’apprendre
Jean-Pierre Astolfi
SAVOIRS SCOLAIRES ET DIDACTIQUES DES DISCIPLINES
Une encyclopédie pour aujourd’hui
Sous la direction de Michel Develay
LES SCIENCES DE L’ÉDUCATION, UN ENJEU, UN DÉFI
Bernard Charlot avec la collaboration de la CORESE,
J. Gautherin, J. Hédoux et A. Tuijnman
SOCLE COMMUN ET COMPÉTENCES
Pratiques pour le collège
Annie Di Martino et Anne-Marie Sanchez
STIMULER LA MÉMOIRE ET LA MOTIVATION DES ÉLÈVES
Une méthode pour mieux apprendre
Jean-Philippe Abgrall
LE TRIANGLE PÉDAGOGIQUE
Jean Houssaye
VIOLENCES ENTRE ÉLÈVES, HARCÈLEMENTS ET BRUTALITÉS
Les faits, les solutions
Dan Olweus
VIVRE ENSEMBLE, UN ENJEU POUR L’ÉCOLE
Francis Imbert et le Groupe de Recherche en Pédagogie Institutionnelle
Y A-T-IL UNE VIE APRÈS L’ÉCOLE ?
Georges Snyder