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Morphodynamique du Mont Koupé et du graben de Tombel

Chapter · May 2021

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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL. 3

Morphodynamique du Mont Koupé et du graben de Tombel

Sah Dzeutouo Boniface,


Tchindjang Mesmin

Résumé : Le mont Koupé forme un complexe montagneux avec les monts Bakossi à l’ouest. C’est
un volcan conique, dont le sommet culmine à 2 064 m d'altitude et qui est entouré par des pics
secondaires avec des pentes raides. Mis en place par des cassures, le Mont Koupé fait partie de la
Ligne Volcanique du Cameroun. La « Ligne du Cameroun » est une mégastructure tectonique et
plutono-volcanique, qui s’étire sur plus de 1 600 km, pour une largeur de 100 km par endroits, de
l’océan Atlantique (golfe de Guinée) jusqu’à l’intérieur du continent africain (lac Tchad), suivant
une direction N30. Ce horst syénitique (Mt Koupé) domine le graben de Tombel par des
escarpements de plus de 1500m de commandement.
Le graben de Tombel (Ligne volcanique du Cameroun) a été le siège d’un volcanisme explosif récent
(d’âge d’environ 0,2 ma) qui a édifié de nombreux cônes de pyroclastites et dont les produits les
plus fins (lapilli, cendres volcaniques) jonchent l’ensemble de la plaine. Ces cônes pyroclastiques
sont caractérisés par leurs alignements sur plus de près de350m.
Ces inégalités morpho structurales entre mont Koupé et plaine de Tombel ont des influences directes
et indirectes sur la dynamique du milieu. Les disparités nées de ces contrastes ont pour conséquence
la variabilité des valeurs de pentes, l’inégale répartition des précipitations et de la couverture
végétale ainsi que la densité et la diversité de l’hydrographie. L’objectif de ce travail étant d’élucider
l’influence de ces facteurs naturels sur la dynamique du relief. Pour y parvenir, nous avons adopté
une méthodologie comportant trois étapes : la première consiste à l’exploitation des documents
cartographiques, géologiques, géomorphologiques et botaniques. La deuxième étape concerne les
observations de terrain et la troisième étape est consacrée à la synthèse et à l’interprétation de
l’ensemble des données collectées.
Mots clés : Mont Koupé, graben de Tombel, morphodynamique, pyroclastites

Abstract: Mount Koupe forms a mountain complex with the Bakossi Mountains to the west. It is a
conical volcano, whose summit rises to 2,064 m above sea level and is surrounded by secondary
peaks with steep slopes. Set up by breaks, Mount Koupe is part of the Cameroon Volcanic Line. The
“Cameroon Volcanic Line” is a tectonic and plutono-volcanic megastructure, which stretches over
1,600 km, for a 100 km wide in places, of the ocean Atlantic (Gulf of Guinea) to the interior of the
African continent (Lake Chad), following a N30 direction. The Mount Koupe syenitic horst
dominates the Tombel graben by escarpments of more than 1500m in height.
The graben of Tombel (Volcanic Line of Cameroon) was the site of recent explosive volcanism
(about 0.2 ma age) which built up many pyroclastic cones and whose finest products (lapilli,
volcanic ash) litter the whole plain. These pyroclastic cones are characterized by their alignments
over nearly 350m.
These morpho-structural inequalities between Mount Koupe and the Tombel plain have direct and
indirect influences on the dynamics of the environment. The disparities resulting from these
contrasts result in the variability of slope values, the uneven distribution of rainfall and plant cover
as well as the density and diversity of hydrography. The objective of this work is to elucidate the
influence of these natural factors on the dynamics of the relief. To achieve this, we have adopted a
methodology comprising three steps: the first consists of the exploitation of cartographic, geological,
geomorphological and botanical documents. The second step concerns field observations and the
third step is devoted to the synthesis and interpretation of all the data collected.
Key words: Mount Koupe, morphodynamics, pyroclastics Tombel graben.
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

Introduction
La ligne volcanique du Cameroun (Tombel-Mbo-Noun-Ndop) constitue le couloir
volcanique constituée d’un ensemble de montagnes, souvent séparées par des zones
d’effondrement d’origine tectonique. Parmi ces fossés tectoniques, figurent le graben de
Tombel, la plaine des Mbos, la plaine du Noun et le graben de Ndop. Ce dernier sur lequel
porte cette étude, est caractérisée par deux traits structuraux majeurs (Sah, 2008): d’une part la
présence en son sein du horst syénitique du Mont Koupé, dominant le graben par des
escarpements de plus de 1500 m de commandement; et d’autre part la prédominance de cônes
pyroclastiques, caractérisés par leurs alignements et leurs faibles altitudes (350-600 m). Ces
inégalités morpho structurales mais surtout leurs effets sur le relief ont des influences directes
et indirectes sur la dynamique du milieu. Les disparités nées de ces contrastes ont pour
conséquence la variabilité des valeurs de pentes, l’inégale répartition des précipitations et de la
couverture végétale ainsi que la densité et la diversité de l’hydrographie. L’objectif de ce travail
étant la morphodynamique de ces deux entités, la méthodologie comporte trois étapes:
l’exploitation des documents cartographiques, géologiques, géomorphologiques et botaniques ;
les observations de terrain et les prises de vue enfin, la synthèse et à l’interprétation de
l’ensemble des données collectées. La consultation de ces documents cartographiques nous a
permis de réaliser un modèle numérique de terrain caractéristique des niveaux de relief du mont
Koupé et du Graben. Il en est de même des images SRTM que nous avons exploitées pour mieux
interpréter les aspects morphologiques et géodynamiques.
La zone étudiée englobe la quasi-totalité du graben de Tombel. Le Mont Koupé qui se dresse
au-dessus de cette plaine basse (300-400 m) du pays Bakossi, est situé à 100 km environ à vol
d’oiseau au Nord-Est du Mont Cameroun (Fako), suivant la diagonale tectonique de la « ligne
du Cameroun » (Gèze, 1943). Le secteur étudé est limité au nord-est par les pentes inférieures
du Mont Manengouba. Le milieu étudié se localise entre les parallèles 4°33’ et 4°55’ N et les
méridiens 9°35’ et 9°50’ E. C’est une zone à cheval sur les régions administratives du Littoral
et du Sud-Ouest, respectivement entre les départements du Moungo et du Koupé-Manengouba
(figure 1).

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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

Figure 1 : Carte de localisation du secteur d’étude


Cette étude sur la morphodynamique de ce milieu s’appuiera sur les conditions du milieu
physique (densité et intensité des fracturations) et l’évolution du modelé. La présente
contribution s’organise en trois parties: la morphologie du mont Koupé et du graben de Tombel,
la géodynamique du mont Koupé et du Graben de Tombel, la dynamique récente et actuelle du
mont Koupé et du Graben de Tombel.

Morphologie du Mont Koupé et du Graben de Tombel

Le Mont Koupé, un massif aux versants dissymétriques


Le Modèle Numérique de Terrain (MNT) du Mont Koupé, montre que ce massif se dresse
au-dessus d’une zone basse. Ce massif qui s’étend sur 10,5 km de long et sur 9 km de large, de
direction SW-NE, est traversé par une dépression quasi axiale qui le divise en deux grands blocs
(figure 2). Il comporte plusieurs replats et deux sommets en aiguille : le principal culmine à
2064m tandis que le second s’élève à 1720m.

321
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

Source Saha, 2008


Figure 2 : Modèle numérique de terrain du Mont Koupé.
Le sommet est colonisé par la forêt montagnarde qui apparait dès 1600m d’altitude
(Tchiengue, 2004).
Les pentes sont moyennes de 2000 à 1600m. De 1600 à 1000m ; elles deviennent
vigoureuses. A partir de 1000m, la montagne présente des versants dissymétriques d’ouest en
est d’une part, et nord- sud d’autre part. Sur les bas versants de la montagne, les cultures
s’étendent sur environ 1100 m d’altitude. Le Mont Koupé est presque totalement entouré de
cultures;
De 700 à 1000 m d’altitude, les paliers sont de plus en plus réduits et se resserrent autour du
massif. La vigueur des escarpements se fait déjà sentir. Il n’existe pas de village au-dessus de
850 mètres d’altitude (Gartlan, 1989). La population totale est estimée plus de 100 000 âmes.
Jusqu’à 700 m d’altitude, le relief se caractérise par un étagement régulier, constitué de
paliers successifs d’étendus variables, semblables aux terrasses et formant les auréoles. Le
relief présente ainsi un véritable profil en escaliers sur le manteau pyroclastique, au-dessus
duquel émergent quelques puys volcaniques.
Le flanc occidental long de près de 2 km a une allure générale convexe mais présente par
endroits une tendance concave. Ce versant dont la pente est évaluée à 14,24°, est faiblement
disséqué avec des gorges peu prononcées, où coulent de petits torrents montagnards. Ces gorges
individualisent des sortes de sillons longilignes qui vont de la base au sommet. Il est colonisé
par les cultures.
Le versant oriental quant à lui est convexe et mesure environ 2,15km. La valeur de la pente
y est de 21,18°. L’aspect morphologique majeur sur ce flanc reste la grande dépression à fond
plat et en forme de cuvette qui traverse le Mont Koupé suivant la direction E-NO. D’une
profondeur supérieure à 250m, ses parois internes sont lisses et rectilignes ; tandis que ses
rebords extérieurs tombent en falaises.
Le versant méridional est l’un des plus courts et les plus abrupts. Il mesure environ 2,50 km
et sa pente mesure 20,37°. De forme convexe, il est caractérisé par de larges sillons longilignes
étagés, individualisées par les gorges plus prononcées qu’au versant occidental. Ces vallons
rétrécis au sommet, s’évasent vers la base du massif et présentent par endroits des sections

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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

profondes très escarpées à l’origine des chutes et des rapides qui caractérisent l’écoulement des
rivières.
Le flanc septentrional enfin montre une tendance convexe et une pente faible (13.22°). Il
est le plus long, soit près de 4,5km en raison de l’existence du col qui lie le Mont Koupé au
massif du Manengouba. Il se caractérise aussi par plusieurs blocs étagés et emboîtés. Leurs
sommets sont alignés avec un rebord s’élevant généralement en aiguille.

Le rôle ambivalent de la forêt du Mont Koupé sur le modelé


Le Mont Koupé est couvert au sommet par un nuage de forêt dense sempervirente (photo 1)
qui se transforme graduellement vers le haut en arbustes montagneux et des prairies. Elle se
caractérise par son étagement et ses peuplements végétatifs qui varient en fonction des versants.
La recherche des terres agricoles, du bois d’œuvre et du bois de chauffe a souvent conduit les
populations riveraines à l’exploitation de ses versants. Toutefois, l’action de l’homme est restée
mineure dans la mesure où le relief initial du massif est resté relativement stable.

Source : Image d’enquête, 2017.


Photo 1 : Un sommet du Mont Koupé.

Observez en avant plan la densité de la forêt qui s’établit même sur des pentes raides et en
arrière plan la couverture nuageuse qui entretient l’humidité propice au développement de cette
végétation. (Sah, 2008). En effet, la végétation joue un rôle majeur dans la stabilisation des
versants (Tchindjang, 1996). Elle peut diminuer les quantités d’eau atteignant le sol ou en
réguler la circulation. Un hectare de forêt consomme 25 à 30 000 l d’eau par an et la forêt est
capable d’intercepter jusqu’à 25-30 % de totaux annuels de pluies.
Dans ces conditions, l’érosion pluviale dont dépend en majeure partie le ruissellement, se
trouve modifiée, amortie. Outre ces cas d’interception, les précipitations qui atteignent le sol
sont retardées c’est-à-dire pratiquement dépouillées de l’énergie cinétique qui aurait agressé le
sol si le feuillage n’existait pas. La végétation régit donc la circulation de l’eau dans le sol,
influence le niveau de nappes aquifères, diminue le ruissellement ainsi que l’évaporation à la
surface du sol. Toutefois, elle peut aussi contribuer à la dynamique du milieu. Dans ce cas, les
racines des arbres se fixent sur les fissures existant sur les formations rocheuses en profondeur
ou en surface. Ces racines les élargissent et facilitent en même temps la pénétration des eaux de
ruissellement qui participent à leur tour à l’altération rapide de ces roches. Cette forêt qui cape
les sommets stabilise les versants.

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MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

Morphologie du graben de Tombel


Dans le cadre de cette étude, les bordures du Mont Koupé s’étendent au-delà du graben de
Tombel; ce qui nous amène à étudier en plus de la morphologie du graben celle des massifs
granitoïdes environnants. Le graben de Tombel constitue une forme en creux déformé du
Miocène supérieur (Kuété et Dikoumé 2000) récemment remplie de coulées de lave, qui se
juxtaposent au stratovolcan de Manengouba. Le fossé tectonique de Tombel est constitué du
manteau pyroclastique au-dessus duquel émergent des cônes volcaniques. La platitude de la
topographie constitue un trait morphologique dominant dans la mesure où les pentes oscillent
généralement autour de 5°, et tendent même parfois à s’annuler (figure 4). Ce gradin tectonique
saupoudré de cendres fraîches et récentes montre un relief atone de 250-650m constellé de plus
de 90 cônes volcaniques stromboliens hawaïens à ultravulcaniens qui l’accidentent L’altitude
moyenne se situe autour de 400 m. Cette partie du graben mesure 29,12 km de long sur 12,37
km de large, avec une extension maximale autour du Mont Koupé. Tchoua (1974), pense à juste
titre qu’il s’évase dans la partie nord-est, où sa largeur atteint 34km et que sa longueur totale
est d’environ 105 km. Dans tous les cas, le graben s’incline fortement du NO vers le SE avec
des altitudes qui passent respectivement de 300 à 150 m en moyenne. En même temps, la partie
ouest culmine en moyenne à 400 m et est de ce fait plus élevé que son homologue est situé à
près de 250 m. Le réseau hydrographique tout aussi contrasté est dominé par l’enfouissement
lié au manteau pyroclastique très poreux.
Dans la zone étudiée, 93 puys volcaniques ont été recensés. Ils sont isolés ou emboîtés,
étagés ou non, égueulés ou non, mais presque toujours alignés. Ils s’élèvent sur le manteau
pyroclastique et lui confèrent un caractère accidenté (figure 3). Nous avons choisi de décrire
celui culminant à 691 m d’altitude par ce qu’il est l’un des plus importants en altitude.

Figure 3 : Coupe dans le graben de Tombel

Ce cône est situé à près de 3 km au nord-ouest de Loum chantier garage, entre 9°41’ de
longitude et 4° 42’ de Latitude. Son rayon basal mesure 850 m et son rayon sommital est de
75m. Il est égueulé en direction NO. La conséquence en est la dissymétrie des versants. Le
versant NO est convexo-concave. La section convexe est raide et sa pente mesure 21,6° alors
que celle de la section concave ne mesure que 12,18°. Le flanc opposé est convexe et la valeur
de sa pente est proche de 22°. Sur ces versants, on observe quelques ruisseaux intermittents. Le
cône en question couvre une superficie de 226,82 ha pour 49910,3 hm3 de volume. La
corrélation entre le grand rayon et la hauteur du cône permet de se rendre compte qu’un cône
élevé a un grand rayon basal et couvre par conséquent une surface importante avec un volume
de matériaux considérable. Mais ce n’est pas toujours la même réalité. Dans l’ensemble, le
graben est plan mais hérissé de cônes volcaniques alignés suivant plusieurs directions ; dont la
direction SO-NE est la plus représentée.

324
RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

Les massifs granitoïdes enfin sont des corps intrusifs, ayant l’allure de dômes allongés et
gauchis suivant la direction SO-NE, conforme à l’orientation des unités topographiques du
Koupé. Leurs versants sont dissymétriques et caractérisés par des pentes supérieures à 10°. Ces
collines dominent leurs bordures à faibles pentes par de petits sommets arrondis et parfois
étagés. D’origine tectonique, cet étagement prend de l’ampleur à la faveur de la dynamique de
la Dibombé et de ses différents affluents (Sah, 2008). Les vallées y sont par endroits encaissées
et l’écoulement est par endroits marqué par des chutes.
Trois lacs (maars) occupent le Graben de Tombel entre le Mont Cameroun (au Sud à
gauche) et les coulées de lave du volcan Manengouba (en haut). Le plus grand lac circulaire,
juste au-dessus du centre, est celui de Barombi Mbo. Les deux plus petits lacs circulaires
sont le lac Dissoni au Nord et le lac Barombi Koto au Sud. La rivière Mungo coule du coin
nord-est et au sud-est (figure 4)

Figure 4 : Le graben de Tombel dans le dispositif régional

Géodynamique du graben et aspects morphologiques du milieu étudié

Géologie et cadre structural


Le graben de Tombel représente une plaine intérieure et un champ volcanique récent comme
celui de Foumbot. Les laves qui en sont issues sont alcalines peu différenciées issues du
volcanisme fissural récent résultant de la fusion partielle du manteau asthénosphérique. Le
magma s’est épanché sous forme de coulées de lave puis sous forme de tephra formant de
nombreux cônes de scories. Ce vaste fossé tectonique qui prend place au Sud du Mont
Manengouba s’étend sur 45 km de long contre 25 km de large entre 4°32’-4°58’N et 9°35’-
9°51’E
Il couvre une superficie de près de 850 km² avec une altitude compris entre 100 et 200 m.
Sa mise ne place est contrôlée par une tectonique distensive orientée N30-50°E. Le graben de
Tombel a été le siège d’une intense activité volcanique du Tertiaire au Quaternaire, à dominante
strombolienne. Selon Tchoua (1974), la prédominance des projections est une conséquence de

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MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

la richesse du magma originel en gaz. Les coulées qui en résultent sont rares et courtes ; tandis
que les pyroclastites dominent et comportent les cendres, les lapilli, les blocs et les bombes. En
fonction de la texture, cet auteur distingue trois (03) types de basalte : le basalte compact, le
basalte spongieux et le basalte bulleux. Des âges jeunes de 1,5 m similaires à ceux du volcan
Manengouba (Kagou Dongmo et al. 2001, Kagou Dongmo 2006), impliquent une activité
simultanée et une origine commune possible pour les laves de Tombel et du Manengouba.
Ce fossé tectonique est limité à ses bordures nord-ouest, nord-est et sud-est par des failles
obliques conjuguées de direction SO-NE ; qui limitent les formations volcaniques des roches
granitoïdes d’âge Panafricain. Hormis les basaltes, trois types de formations géologiques le
caractérisent
Les formations métamorphiques dont les amphibolites et gneiss à biotite d’âge précambrien
(Dumort, 1968). Le socle métamorphique comprend des gneiss, des schistes à biotite, des
migmatites et des méta-granitoïdes, tous localement mylonitisés (Njome et al., 2003, Njome et
Suh, 2002). Les mylonites dérivées de ces roches montrent une augmentation progressive de
l'intensité de la déformation depuis les limites externes des plans de cisaillement jusqu'au centre.
Les roches mylonitisées ont des rubans de quartz fracturés et étirés avec un motif anatomique
de lentilles intermédiaires de gneiss et de schistes moins déformés. Cependant, à l'instar des
résultats obtenus dans cette étude, Lamilen et al. (1998) ont rapporté une direction de foliation
mylonitique N18E et N25E le long de la CVL à l'intérieur des gneiss et des granites et
orthogneiss. Dans leur étude, Lamilen et al. (1998) ont déclaré que cette foliation N18E-N25E
est associée à des plis isoclinaux que nous n'avons pas observés dans cette région.
─ Les granitoïdes panafricains d’âge protérozoïques affleurant sous formes d’intrusions
allongées (Lamilen et al. 1994)
─ Les roches sédimentaires d’âge crétacé notamment les grès discordant sur le socle granito
gneissiques (Dumort, 1968).
─ La monotonie de la plaine est interrompue par le complexe anorogénique massif du mont
Koupé qui survient brutalement et la domine du haut de ses 2064 m formé de roches
plutoniques syénitiques d’âge 53 mA.

Les failles d’orientation similaire sont également observées sur le Mont Koupé ; ce qui laisse
penser qu’elles auraient favorisé la surrection de ce massif annulaire ainsi que la mise en place
du graben. A ce titre, Bonin, (1980) pense que les massifs annulaires sont modestes par leurs
dimensions (5 à 10 km), et n’apparaissent que dans les zones de faiblesses du socle. Lamilen et
al. (1994) étudiant ce complexe anorogénique en établissent un modèle d’interprétation. Selon
eux, sa mise en place est précédée d’une tectonique distensive, suivie d’une rupture du socle.
Deux étapes principales sont retenues :
─ La subsidence souterraine semble guider dans la première étape la remontée du magma
gabbroïque.
─ Le diapirisme par pulsions successives dans les niveaux superficiels, concerne les liquides
syénitiques et micro granitiques. Il en résulte des roches acides (syénites à fayalite, syénites
monzonitique, micro syénites, microgranites) et basiques (gabbro, anorthosites, diorites).

La figure 5 montre les fréquences et les directions des fracturations recensées. Les directions
SO-NE sont matérialisées par des cassures N31-40° et N51-60° (figure 5). Ils sont soulignés
par des escarpements à pentes fortes qui ceinturent le Mont Koupé et par son allongement et
celui de la majorité des unités pétrographiques qui le constituent. Les directions SE-NO quant

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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

à elles sont marquées par des familles de fractures N121-130° et N131-140°, et matérialisent
certaines failles du massif. Les directions SO-NE et SE-NO sont sécantes et sont les plus
représentées. Elles se traduisent par le découpage du massif en plusieurs blocs étagés lui
donnant la configuration de horst (Sah, 2008).
Le graben de Tombel (Ligne volcanique du Cameroun) a été le siège d’un volcanisme
explosif récent (d’âge environ 0.2 ma soit de 50000 à 160 000 (Lee, 1994 ; Lee et al. 1994) qui
a édifié de nombreux cônes de pyroclastites et dont les produits les plus fins (lapilli, cendres
volcaniques) jonchent l’ensemble de la plaine.

a)

b)

Figure 5 : Histogramme de fréquences directionnelles de fracturations (a) et diagramme de


fréquences des fracturations du Mont Koupé et ses bordures (b).

Climat et hydrographie : deux facteurs majeurs dans la dynamique du milieu

Un climat agressif
Le climat de cette région est de type équatorial camerounien maritime. Il est
considérablement influencé par l’altitude du Mont Koupé. Les données climatiques à notre
possession sont celles des localités de Penja (350 m d’altitude) et Mantem (700 m d’altitude)
pour la période allant de 1992 à 2006. A partir de ces relevés bruts, nous avons calculé les
moyennes annuelles de toute la période et par mois, qui ont servi à l’élaboration des abaques
hydro thermiques (Figures 6a-b).

327
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

40 450

400
35 T°m

350
30

T-6
300
25

250
T(°c)

P(mm)
20 T-6

P(mm)
200

15
150

10
100

C1
5
A1 a) 50

A2 B1 B2 C2

0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois

35 500

T°m 450
30

400

T-6
25
350

300
20
T(°c)

P(mm)
250 T-6

P(mm)
15
200

150
10

100

5 A1

A2 B1
B2
C1
b) 50
C2

0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois

Figures 6a et 6b : Abaques hydro thermiques des localités de Penja et Mantem (1992-2006).


A l’analyse des données climatiques, il ressort quatre (04) phénomènes majeurs :
─ La température moyenne mensuelle qui est de 31˚C à Penja s’élève à 29°C à Mantem
à cause de l’altitude.
─ La pluviométrie moyenne mensuelle est de 265mm à Mantem et 213mm à Penja.
─ Le mois le plus chaud est février qui est le principal pic thermique, avec 33˚C aussi
bien à Penja qu’à Mantem ; alors que le second maximum thermique se situe en
décembre avec 32°C (figure 5). Pendant ces mois, le sol se fendille et facilite les
infiltrations dès le retour des pluies.
─ Août et septembre sont les mois les plus pluvieux et les plus froids dans les deux
localités ; avec respectivement 465 et 467mm à Mantem contre 413 et 407mm à
Penja.
Au cours de ces mois, il pleut plus de 23 jours sur 30 ; Les pluies sont accompagnées des
orages susceptibles de renverser les végétaux, exposant ainsi le sol aux quantités considérables
de précipitations tombées.

328
RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

Dans les deux localités, la saison de pluies s’étale de mars à novembre et correspond sur les
graphiques à la période A2-C2. La localité de Mantem est plus pluvieuse et plus humide que
Penja. En effet, les pics de pluies se situent au mois de septembre à Mantem avec 467mm alors
qu’il culmine 413mm au mois d’août à Penja. Ici et là, ces maxima correspondent à la période
B1-B2 où P>ETP.
La période pré humide est A2-B1 et équivaut au début de la saison de pluies où
ETP /2<P<ETP. La période post humide est B2-C2 où ETP/2<P<ETP. C’est une phase de
ralentissement de la vie animale et végétale. La période active de la végétation est A2-C2. Les
mois de décembre, janvier et février constituent la période sèche.

Hydrodynamisme : un réseau hydrographique dense, diversifié et adapté à la structure

Typologie de réseaux et caractères de l’adaptation du réseau hydrographique


Dans le graben de Tombel, il existe plusieurs types de réseaux hydrographiques, en fonction
de la variété des ensembles lithologiques. Sur les roches granitoïdes, on distingue deux types
de dessins hydrographiques. D’abord le réseau de couloir de fracturation au sud-est et au sud-
ouest de la zone. Sa disposition parallèle et subparallèle épouse le tracé des fractures existantes.
L’autre réseau hydrographique est caractérisé par un alignement de tronçons de rivières,
suggérant l’existence d’une zone fracturée (figure 6). Il s’observe à l’ouest du massif. La
régularité des alignements témoigne de la régularité des accidents, sur un substrat rocheux
homogène notamment les granitoïdes.
Sur les formations plutoniques du Mont Koupé, le réseau hydrographique est de type radial
divergent (figure 7). Il est lié à la structure dominante de ce massif, qui induit l’orientation des
écoulements. L’homogénéité des roches constitue également un facteur d’adaptation des
rivières.
Sur les formations volcaniques, domine le réseau radial de cône volcanique et le réseau
enfoui (figure 7). Tout comme sur le Mont Koupé, le premier se traduit par la position
dominante des cônes pyroclastiques. L’homogénéité des pyroclastites explique le tracé souvent
net des sections de cours d’eau. Les courbes arrondies ou sub-arrondies que décrivent les
rivières, suggèrent l’existence de terrains basaltiques altérés (Tchindjang, 1996). Pour ce qui est
du réseau hydrographique enfoui, il domine dans la partie sud du Mont Koupé, notamment sur
la section qui va de Tombel à Njombé-Penja. Dans ce champ de scories, les dépressions
lacustres et les zones marécageuses abondent ; les tracés des rivières discontinus. Ces
caractéristiques traduisent la nature et l’épaisseur des matériaux pyroclastiques.

329
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

Figure 7: Structures et réseaux hydrographiques dans le graben de Tombel : quelques exemples


d’adaptation

Typologie et caractérisation de profils en long des rivières


Dans la zone étudiée, on distingue 03 types de profils notamment le profil en escalier, profil
d’un seul tenant et le profil simple concave.
─ Profil en escalier est caractéristique du Jide, un affluent du Mungo qui draine la
bordure Ouest de la zone. Dans le secteur amont, les gradins qui dominent ce profil
sont moins larges, se terminent par des pentes raides (25-30°) et correspondent
généralement aux chutes. Par contre le secteur aval se caractérise par des gradins
plus étendus, peu nets, aux ruptures de pentes douces comprises entre 5 et 15° (figure
8).
─ Profil d’un seul tenant est le reflet de la rivière Dibombé, et est caractérisé par des
pentes douces (inférieure à 15°) de l’amont vers l’aval (figure 8.). Ce calme
topographique peut s’expliquer par la présence d’un substrat rocheux homogène, en
l’occurrence les granitoïdes recouvertes de vulcanites. En gros, ce profil en long est
moins accidenté que les autres et traduit l’extension de la platitude caractéristique
du graben de Tombel.
─ Profil simple concave caractérise la rivière Mbété. Il présente deux grandes sections.
Une grande section aval où de petits accidents d’écoulement alternent avec des
biefs ; contrastant avec le secteur amont, dont le contact est marqué par une pente

330
RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

raide de plus de 30° (Figure 8). On peut donc déduire que cette rivière du flanc Sud
du Koupé séjourne d’abord sur un plancher basaltique avant d’atteindre le relief
calme du graben.

a)

b)

c)

Figure 8 : Quelques profils de rivières du milieu d’étude

Des conditions propices à la dynamique du milieu


A partir des données qui précèdent, il s’avère que le réseau hydrographique est adapté à la
structure du fossé de Tombel. C’est un facteur d’érosion. Les rivières sont densément réparties
et pour la plupart permanentes. Elles s’écoulent suivant les tracés des accidents tectoniques
(cassures, failles). Or ces accidents sont des zones de concentration de l’humidité, facteur de
l’altération chimique. Les réseaux de fracturation, de loin les plus répandus dans la zone sont
situés dans des zones basses où les altitudes varient peu. L’altitude moyenne est d’environ
150m. Cette disposition topographique favorise davantage les infiltrations et la permanence des
grandes quantités d’eau dans les lignes de faiblesse.
Sur les versants du Mont Koupé, la vigueur des pentes limite certes les infiltrations mais, la
présence des rapides et des chutes caractéristiques des torrents montagnards contribue au
creusement des vallons ainsi qu’à l’acheminement rapide des matériaux transportés. La
situation reste la même sur les cônes pyroclastiques où la vigueur des pentes se combine au
caractère affouillable des pyroclastites pour accentuer les départs de matériaux.
Dans le manteau pyroclastique, l’écoulement de sub-surface entraîne le soutirage de
matériaux fins, aggravant ainsi la décohésion déjà existante au sein des pyroclastites et le rend
facilement transportables. Par ailleurs, la permanence de l’écoulement sub-superficiel et des
nappes d’eau qui parsèment la zone entretient un climat humide propice à l’altération chimique.
Les chutes constituent un autre facteur important de l’évolution. Le profil longitudinal des
rivières est souvent caractérisé par des chutes (photo 2). Ainsi, les débits d’eau considérables
dévalent une section verticale ou sub-verticale du lit d’écoulement en incisant ce dernier en
contre-bas. Qu’elles soient d’ampleur considérables ou non, les chutes sont donc à l’origine de
la réactivation et la dynamisation de l’érosion fluviale.

331
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

Source : Image d’enquête, 2017.


Photo 2 : Les chutes de Manjo sur la rivière Dibombé.

On note le débit considérable de la rivière divisée en trois bras, probablement à l’origine de


l’individualisation des blocs granitoïdes qu’on y observe.

Les formes de relief sous l’influence des conditions naturelles

Les plaquettes de desquamation


Elles se réalisent pendant la période de maxima thermiques (décembre février). Pendant la
journée, les roches absorbent l’énergie solaire en quantités importantes. A la tombée de la nuit,
ces roches ne sont pas encore refroidies et le changement brusque de la température de surface
des roches entraîne la fissuration et la désagrégation de certains matériaux, ce qui accroît la
porosité de la roche. A partir de mars, les pluies recommencent, les températures s’adoucissent
progressivement. Les fentes mises en place favorisent la pénétration des précipitations et la
fissuration initiale évolue vers l’altération chimique. Au fur et à mesure que les saisons se
succèdent, les fissures s’agrandissent (photo 3).

Source : Image d’enquête, 2017.


Photo 3 : Les plaquettes de desquamation sur le batholite de Solè.

La teinte sombre de cet affleurement favorise l’absorption de la chaleur en quantités


importantes à l’origine de la desquamation.

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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

Les taffonis
C’est une cavité arrondie ou ovoïde d’ordre décimétrique, évidée par désagrégation
granulaire, due à la concentration d’humidité sur un secteur de la paroi rocheuse. Le point de
départ est souvent fourni par une faiblesse de la roche (plan de diaclase). A partir de cette cavité
naissante, le taffonis se développe en s’agrandissant par l’intérieur et en largeur. Mais, il s’agit
d’un phénomène cumulatif car en s’agrandissant, le taffonis crée lui-même les conditions de
microclimat humide favorable à son propre développement. Leur présence témoigne de la
structure homogène de la roche. Ce ne sont souvent pas des reliefs imposants, mais des reliefs
à ordre décimétrique. Sur le batholite de Solè, certains taffonis contiennent de l’eau de
précipitations dont le trop plein s’écoule souvent sur l’affleurement (photo 4)

Les cannelures
Ce sont des formes de détails typiques, des roches granitoïdes. Elles forment de longs sillons
parallèles, de profondeur et de taille décimétrique, creusés dans le sens de la pente par les
phénomènes de dissolution. Leurs longueurs sont inférieures à 1 m alors que la profondeur est
d’environ 3 cm (photo 4). Ces processus sont favorisés par les zones ou plans de faiblesse de la
roche (fissures ou mauvaise consolidation de certains minéraux). Le ruissellement concentré
qui en résulte contribue à l’aggravation de l’action de dissolution.

Source : Image d’enquête, 2017.


Photo 4 : Des cannelures et un taffoni sur le batholite de Solè.

La photo 4 montre au premier plan l’étagement de ce batholite, le caractère accidenté et


ponctuel des cannelures ainsi que leur ampleur ; En arrière plan un taffoni de forme ovoïde
portant une touffe d’herbacés.

Les versants à blocs et à boules


Dans le secteur étudié, les boules et les blocs sont observés autour des affleurements
rocheux. Leur genèse semble inhérente aux contraintes tectoniques, à la composition
minéralogique des roches, à la pente à l’affleurement et aux conditions bioclimatiques.
Sur le flanc septentrional et occidental, on rencontre respectivement les formations de gneiss
et de granites d’anatexie d’une part et les formations d’ortho gneiss granitiques d’autre part.
Ces roches quant à elles affleurent présentent des fissures liées probablement à la mise en place
du massif et à ses multiples rejeux. Ces formations sont pour la plupart foliée et litée. Le litage

333
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

est discontinu et offre une alternance de lits quartzo feldspathiques d’épaisseurs variables
(Lamilen et al. 1994). Les plagioclases (amphibole, biotite) sont dominants or ce sont des
minéraux les plus altérables. Les textures hétérogranulaires, la présence de fentes de tensions
dans le quartz ainsi que la faible proportion de la muscovite (Lamilen al., 1994) constituent des
facteurs qui prédisposent les roches à l’altération
Ces faiblesses internes des roches des flancs du Koupé favorisent l’altération différentielle
des minéraux, aidée par les conditions pluviométriques. Selon Suchel (1988), le Mont Koupé
est entouré d’un isohyète de 4000 mm. Cette valeur importante de la pluviométrie tient aux
précipitations orographiques en raison de l’altitude du Mont Koupé (2064 m) et à la longueur
de la saison des pluies (9 mois). La couverture forestière dense qui se développe par conséquent
sur cette montagne favorise à travers le système racinaire des arbres l’élargissement des fissures
déjà créées. La pente du relief qui avoisine 20°, se combine aux facteurs précédents pour
faciliter le débitage des roches en boules. Celles-ci se retrouvent aux pieds des versants sous
l’effet de la gravité.
Dans le graben, les blocs et boules résultent de la désagrégation des roches granitoïdes et
basaltiques. Les boules de granite se trouvent autour du batholite de Solè, sur la route qui va de
Loum à Yabassi. C’est un affleurement de granites prohyroïdes, offrant à l’œil nu les
phénocristaux abondants non jointifs (Dumort, 1968). Les lignes de foliation à épaisseur
supérieure à 2 cm et exceptionnellement de 50 cm caractérisent ce batholite. En comparant
l’allure courbe des foliations avec celle de la diaclase béante qui y est observée, on peut dire
que l’altération en boules de ce batholite est liée à la dissolution des minéraux de la foliation.
On peut comprendre dès lors le rôle prédominant des processus chimiques favorisés dans cette
région par une pluviométrie importante (2560 mm à Penja). Mais ils n’agissent pas seuls car les
contrastes thermiques diurne et nocturne peuvent également contribuer à l’individualisation de
la foliation du reste de la roche ; ce qui favorise la pénétration de l’eau, vecteur de la dissolution.
La succession et l’alternance des contrastes climatiques saisonnières et journalières ainsi que
des processus biologiques et physico-chimiques conduit à l’individualisation des boules
(planche 1).

Source : Images d’enquête, 2017.


Planche 1 : Esquisse de représentation du processus d’individualisation des blocs et boules sur
granitoïdes de Tombel

On observe la teinte sombre de l’affleurement rocheux qui favorise l’absorption de la chaleur


en quantité importante, puis l’installation des végétaux au sein de la diaclase courbe qui
accentue le processus, enfin l’isolement du bloc. Sur les basaltes du graben, on observe un
renfermement des phénocristaux de minéraux ferromagnésiens (amphiboles, pyroxènes,
plagioclases ; Nkouathio, 1997 et 2006) qui rendent la roche vulnérable à l’altération actuelle
(Tchindjang, 1996). L’olivine qui est un minéral très présent et qui se dissout très vite présente
en plus des craquelures, synonyme de l’extrême fragilité de ces basaltes. La topographie plane

334
RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3

du graben (environ 5°), la densité et à l’intensité des accidents tectoniques liés à la montée du
magma et la prédominance de l’écoulement de sub-surface lié à la porosité des pyroclastites
sont des facteurs contribuant à la concentration permanente de l’eau sur place. Il en résulte des
amas de blocs basaltiques disséminés dans le graben.

Les glissements de terrain


Les glissements de terrain sont récurrents aussi bien sur le Mont Koupé que sur les collines
volcaniques du graben. Leur occurrence sur le massif est liée à une foule de facteurs. Il faut
d’abord noter la discordance qui existe entre l’ossature plutonique cohérente et la couverture
pyroclastique. Birot (1958) souligne que les volcans constituent un relief «postiche», «sans
rapport de structure avec la surface qu’ils recouvrent». Ces matériaux de couverture sont
hétérométriques, friables et poreux, résultant du dynamisme éruptif strombolien. Le sol qui s’y
développe est par conséquent instable et prédisposé au déplacement. Ces facteurs se combinent
à l’exposition du sol suite aux chutes d’arbres provoquée par les grands vents, à la vigueur des
pentes (+ de 20°) et à la forte pluviosité pour expliquer l’origine de ces mouvements de masse.
Sur le terrain, les couloirs de glissement sont nombreux et sont reconnaissables par une
végétation arbustive jeune qui tend à les cicatriser.

Les planèzes
Dans le graben, les coulées sont à l’origine de l’égueuelement des cratères des cones
volcaniques. Il en découle des planèzes formées des coulées de type pahoehoe, caractérisées
par des rides de quelques centimètres de hauteur (photo 5). Ces planèzes sont courtes, peu
épaisses et résultent du dynamisme éruptif de type éffusif qui précède le dynamisme eruptif
strombolien (Nkouathio, 1997). Sur les collines où ces coulées existent, elles se déposent en
discordance sur les pyroclastites qui constituent la plupart de matériaux puys volcaniques. La
convexité des versants des cones et la valeur de leurs pentes (plus de 10°) s’associent à la netteté
et à l’obliquité du plan de discordance pour expliquer l’instabilité des coulées. Le processus de
désintégration se réalise suivant les fronts de coulées. Toutefois, il serait lent en ce sens que les
coulées sont fraiches et peu altérées comme en témoigne l’absence de végétation importante.

Source : Image d’enquête, 2017.


Photo 5: Une planèze sur le Djoungo

Observez les surfaces rouge brique mises à nu suite à la désagrégation des fronts de coulée.
Cette descente est aussi influencée par la convexité du versant et l’ampleur de la pente.

335
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.

Conclusion
Au terme de cette analyse, il convient de signaler que l’étude avait pour but de montrer
comment les conditions du milieu physique déterminent la morpho dynamique du Mont Koupé
et ses bordures. Pour atteindre cet objectif, nous avons utilisé une méthodologie qui s’articule
autour de la recherche documentaire, des observations de terrain et de la synthèse des données
recueillies. Les plaquettes de desquamation, les diaclases, les cannelures et les taffoni sont entre
autres les formes liées à l’interaction des facteurs naturels. Bien que ces facteurs soient
interdépendants, il faut noter que le climat et l’hydrographie jouent un rôle majeur dans
l’évolution du relief : le climat est agressif aussi bien en saison sèche qu’en saison de pluies ; le
réseau hydrographique est dense, divers et adapté à la structure. Toutefois la végétation, la
pente, la nature du sol, les discordances entre les roches d’âges différents et les lignes de
faiblesse sur les roches restent déterminantes dans le déclenchement des processus d’évolution;
sauf que des zones d’ombre subsistent quant à la détermination du degré d’influence de chaque
facteur pris en compte.

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