Sah Tchindjang 2021 PDF
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Résumé : Le mont Koupé forme un complexe montagneux avec les monts Bakossi à l’ouest. C’est
un volcan conique, dont le sommet culmine à 2 064 m d'altitude et qui est entouré par des pics
secondaires avec des pentes raides. Mis en place par des cassures, le Mont Koupé fait partie de la
Ligne Volcanique du Cameroun. La « Ligne du Cameroun » est une mégastructure tectonique et
plutono-volcanique, qui s’étire sur plus de 1 600 km, pour une largeur de 100 km par endroits, de
l’océan Atlantique (golfe de Guinée) jusqu’à l’intérieur du continent africain (lac Tchad), suivant
une direction N30. Ce horst syénitique (Mt Koupé) domine le graben de Tombel par des
escarpements de plus de 1500m de commandement.
Le graben de Tombel (Ligne volcanique du Cameroun) a été le siège d’un volcanisme explosif récent
(d’âge d’environ 0,2 ma) qui a édifié de nombreux cônes de pyroclastites et dont les produits les
plus fins (lapilli, cendres volcaniques) jonchent l’ensemble de la plaine. Ces cônes pyroclastiques
sont caractérisés par leurs alignements sur plus de près de350m.
Ces inégalités morpho structurales entre mont Koupé et plaine de Tombel ont des influences directes
et indirectes sur la dynamique du milieu. Les disparités nées de ces contrastes ont pour conséquence
la variabilité des valeurs de pentes, l’inégale répartition des précipitations et de la couverture
végétale ainsi que la densité et la diversité de l’hydrographie. L’objectif de ce travail étant d’élucider
l’influence de ces facteurs naturels sur la dynamique du relief. Pour y parvenir, nous avons adopté
une méthodologie comportant trois étapes : la première consiste à l’exploitation des documents
cartographiques, géologiques, géomorphologiques et botaniques. La deuxième étape concerne les
observations de terrain et la troisième étape est consacrée à la synthèse et à l’interprétation de
l’ensemble des données collectées.
Mots clés : Mont Koupé, graben de Tombel, morphodynamique, pyroclastites
Abstract: Mount Koupe forms a mountain complex with the Bakossi Mountains to the west. It is a
conical volcano, whose summit rises to 2,064 m above sea level and is surrounded by secondary
peaks with steep slopes. Set up by breaks, Mount Koupe is part of the Cameroon Volcanic Line. The
“Cameroon Volcanic Line” is a tectonic and plutono-volcanic megastructure, which stretches over
1,600 km, for a 100 km wide in places, of the ocean Atlantic (Gulf of Guinea) to the interior of the
African continent (Lake Chad), following a N30 direction. The Mount Koupe syenitic horst
dominates the Tombel graben by escarpments of more than 1500m in height.
The graben of Tombel (Volcanic Line of Cameroon) was the site of recent explosive volcanism
(about 0.2 ma age) which built up many pyroclastic cones and whose finest products (lapilli,
volcanic ash) litter the whole plain. These pyroclastic cones are characterized by their alignments
over nearly 350m.
These morpho-structural inequalities between Mount Koupe and the Tombel plain have direct and
indirect influences on the dynamics of the environment. The disparities resulting from these
contrasts result in the variability of slope values, the uneven distribution of rainfall and plant cover
as well as the density and diversity of hydrography. The objective of this work is to elucidate the
influence of these natural factors on the dynamics of the relief. To achieve this, we have adopted a
methodology comprising three steps: the first consists of the exploitation of cartographic, geological,
geomorphological and botanical documents. The second step concerns field observations and the
third step is devoted to the synthesis and interpretation of all the data collected.
Key words: Mount Koupe, morphodynamics, pyroclastics Tombel graben.
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
Introduction
La ligne volcanique du Cameroun (Tombel-Mbo-Noun-Ndop) constitue le couloir
volcanique constituée d’un ensemble de montagnes, souvent séparées par des zones
d’effondrement d’origine tectonique. Parmi ces fossés tectoniques, figurent le graben de
Tombel, la plaine des Mbos, la plaine du Noun et le graben de Ndop. Ce dernier sur lequel
porte cette étude, est caractérisée par deux traits structuraux majeurs (Sah, 2008): d’une part la
présence en son sein du horst syénitique du Mont Koupé, dominant le graben par des
escarpements de plus de 1500 m de commandement; et d’autre part la prédominance de cônes
pyroclastiques, caractérisés par leurs alignements et leurs faibles altitudes (350-600 m). Ces
inégalités morpho structurales mais surtout leurs effets sur le relief ont des influences directes
et indirectes sur la dynamique du milieu. Les disparités nées de ces contrastes ont pour
conséquence la variabilité des valeurs de pentes, l’inégale répartition des précipitations et de la
couverture végétale ainsi que la densité et la diversité de l’hydrographie. L’objectif de ce travail
étant la morphodynamique de ces deux entités, la méthodologie comporte trois étapes:
l’exploitation des documents cartographiques, géologiques, géomorphologiques et botaniques ;
les observations de terrain et les prises de vue enfin, la synthèse et à l’interprétation de
l’ensemble des données collectées. La consultation de ces documents cartographiques nous a
permis de réaliser un modèle numérique de terrain caractéristique des niveaux de relief du mont
Koupé et du Graben. Il en est de même des images SRTM que nous avons exploitées pour mieux
interpréter les aspects morphologiques et géodynamiques.
La zone étudiée englobe la quasi-totalité du graben de Tombel. Le Mont Koupé qui se dresse
au-dessus de cette plaine basse (300-400 m) du pays Bakossi, est situé à 100 km environ à vol
d’oiseau au Nord-Est du Mont Cameroun (Fako), suivant la diagonale tectonique de la « ligne
du Cameroun » (Gèze, 1943). Le secteur étudé est limité au nord-est par les pentes inférieures
du Mont Manengouba. Le milieu étudié se localise entre les parallèles 4°33’ et 4°55’ N et les
méridiens 9°35’ et 9°50’ E. C’est une zone à cheval sur les régions administratives du Littoral
et du Sud-Ouest, respectivement entre les départements du Moungo et du Koupé-Manengouba
(figure 1).
320
RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
321
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
profondes très escarpées à l’origine des chutes et des rapides qui caractérisent l’écoulement des
rivières.
Le flanc septentrional enfin montre une tendance convexe et une pente faible (13.22°). Il
est le plus long, soit près de 4,5km en raison de l’existence du col qui lie le Mont Koupé au
massif du Manengouba. Il se caractérise aussi par plusieurs blocs étagés et emboîtés. Leurs
sommets sont alignés avec un rebord s’élevant généralement en aiguille.
Observez en avant plan la densité de la forêt qui s’établit même sur des pentes raides et en
arrière plan la couverture nuageuse qui entretient l’humidité propice au développement de cette
végétation. (Sah, 2008). En effet, la végétation joue un rôle majeur dans la stabilisation des
versants (Tchindjang, 1996). Elle peut diminuer les quantités d’eau atteignant le sol ou en
réguler la circulation. Un hectare de forêt consomme 25 à 30 000 l d’eau par an et la forêt est
capable d’intercepter jusqu’à 25-30 % de totaux annuels de pluies.
Dans ces conditions, l’érosion pluviale dont dépend en majeure partie le ruissellement, se
trouve modifiée, amortie. Outre ces cas d’interception, les précipitations qui atteignent le sol
sont retardées c’est-à-dire pratiquement dépouillées de l’énergie cinétique qui aurait agressé le
sol si le feuillage n’existait pas. La végétation régit donc la circulation de l’eau dans le sol,
influence le niveau de nappes aquifères, diminue le ruissellement ainsi que l’évaporation à la
surface du sol. Toutefois, elle peut aussi contribuer à la dynamique du milieu. Dans ce cas, les
racines des arbres se fixent sur les fissures existant sur les formations rocheuses en profondeur
ou en surface. Ces racines les élargissent et facilitent en même temps la pénétration des eaux de
ruissellement qui participent à leur tour à l’altération rapide de ces roches. Cette forêt qui cape
les sommets stabilise les versants.
323
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
Ce cône est situé à près de 3 km au nord-ouest de Loum chantier garage, entre 9°41’ de
longitude et 4° 42’ de Latitude. Son rayon basal mesure 850 m et son rayon sommital est de
75m. Il est égueulé en direction NO. La conséquence en est la dissymétrie des versants. Le
versant NO est convexo-concave. La section convexe est raide et sa pente mesure 21,6° alors
que celle de la section concave ne mesure que 12,18°. Le flanc opposé est convexe et la valeur
de sa pente est proche de 22°. Sur ces versants, on observe quelques ruisseaux intermittents. Le
cône en question couvre une superficie de 226,82 ha pour 49910,3 hm3 de volume. La
corrélation entre le grand rayon et la hauteur du cône permet de se rendre compte qu’un cône
élevé a un grand rayon basal et couvre par conséquent une surface importante avec un volume
de matériaux considérable. Mais ce n’est pas toujours la même réalité. Dans l’ensemble, le
graben est plan mais hérissé de cônes volcaniques alignés suivant plusieurs directions ; dont la
direction SO-NE est la plus représentée.
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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
Les massifs granitoïdes enfin sont des corps intrusifs, ayant l’allure de dômes allongés et
gauchis suivant la direction SO-NE, conforme à l’orientation des unités topographiques du
Koupé. Leurs versants sont dissymétriques et caractérisés par des pentes supérieures à 10°. Ces
collines dominent leurs bordures à faibles pentes par de petits sommets arrondis et parfois
étagés. D’origine tectonique, cet étagement prend de l’ampleur à la faveur de la dynamique de
la Dibombé et de ses différents affluents (Sah, 2008). Les vallées y sont par endroits encaissées
et l’écoulement est par endroits marqué par des chutes.
Trois lacs (maars) occupent le Graben de Tombel entre le Mont Cameroun (au Sud à
gauche) et les coulées de lave du volcan Manengouba (en haut). Le plus grand lac circulaire,
juste au-dessus du centre, est celui de Barombi Mbo. Les deux plus petits lacs circulaires
sont le lac Dissoni au Nord et le lac Barombi Koto au Sud. La rivière Mungo coule du coin
nord-est et au sud-est (figure 4)
325
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
la richesse du magma originel en gaz. Les coulées qui en résultent sont rares et courtes ; tandis
que les pyroclastites dominent et comportent les cendres, les lapilli, les blocs et les bombes. En
fonction de la texture, cet auteur distingue trois (03) types de basalte : le basalte compact, le
basalte spongieux et le basalte bulleux. Des âges jeunes de 1,5 m similaires à ceux du volcan
Manengouba (Kagou Dongmo et al. 2001, Kagou Dongmo 2006), impliquent une activité
simultanée et une origine commune possible pour les laves de Tombel et du Manengouba.
Ce fossé tectonique est limité à ses bordures nord-ouest, nord-est et sud-est par des failles
obliques conjuguées de direction SO-NE ; qui limitent les formations volcaniques des roches
granitoïdes d’âge Panafricain. Hormis les basaltes, trois types de formations géologiques le
caractérisent
Les formations métamorphiques dont les amphibolites et gneiss à biotite d’âge précambrien
(Dumort, 1968). Le socle métamorphique comprend des gneiss, des schistes à biotite, des
migmatites et des méta-granitoïdes, tous localement mylonitisés (Njome et al., 2003, Njome et
Suh, 2002). Les mylonites dérivées de ces roches montrent une augmentation progressive de
l'intensité de la déformation depuis les limites externes des plans de cisaillement jusqu'au centre.
Les roches mylonitisées ont des rubans de quartz fracturés et étirés avec un motif anatomique
de lentilles intermédiaires de gneiss et de schistes moins déformés. Cependant, à l'instar des
résultats obtenus dans cette étude, Lamilen et al. (1998) ont rapporté une direction de foliation
mylonitique N18E et N25E le long de la CVL à l'intérieur des gneiss et des granites et
orthogneiss. Dans leur étude, Lamilen et al. (1998) ont déclaré que cette foliation N18E-N25E
est associée à des plis isoclinaux que nous n'avons pas observés dans cette région.
─ Les granitoïdes panafricains d’âge protérozoïques affleurant sous formes d’intrusions
allongées (Lamilen et al. 1994)
─ Les roches sédimentaires d’âge crétacé notamment les grès discordant sur le socle granito
gneissiques (Dumort, 1968).
─ La monotonie de la plaine est interrompue par le complexe anorogénique massif du mont
Koupé qui survient brutalement et la domine du haut de ses 2064 m formé de roches
plutoniques syénitiques d’âge 53 mA.
Les failles d’orientation similaire sont également observées sur le Mont Koupé ; ce qui laisse
penser qu’elles auraient favorisé la surrection de ce massif annulaire ainsi que la mise en place
du graben. A ce titre, Bonin, (1980) pense que les massifs annulaires sont modestes par leurs
dimensions (5 à 10 km), et n’apparaissent que dans les zones de faiblesses du socle. Lamilen et
al. (1994) étudiant ce complexe anorogénique en établissent un modèle d’interprétation. Selon
eux, sa mise en place est précédée d’une tectonique distensive, suivie d’une rupture du socle.
Deux étapes principales sont retenues :
─ La subsidence souterraine semble guider dans la première étape la remontée du magma
gabbroïque.
─ Le diapirisme par pulsions successives dans les niveaux superficiels, concerne les liquides
syénitiques et micro granitiques. Il en résulte des roches acides (syénites à fayalite, syénites
monzonitique, micro syénites, microgranites) et basiques (gabbro, anorthosites, diorites).
La figure 5 montre les fréquences et les directions des fracturations recensées. Les directions
SO-NE sont matérialisées par des cassures N31-40° et N51-60° (figure 5). Ils sont soulignés
par des escarpements à pentes fortes qui ceinturent le Mont Koupé et par son allongement et
celui de la majorité des unités pétrographiques qui le constituent. Les directions SE-NO quant
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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
à elles sont marquées par des familles de fractures N121-130° et N131-140°, et matérialisent
certaines failles du massif. Les directions SO-NE et SE-NO sont sécantes et sont les plus
représentées. Elles se traduisent par le découpage du massif en plusieurs blocs étagés lui
donnant la configuration de horst (Sah, 2008).
Le graben de Tombel (Ligne volcanique du Cameroun) a été le siège d’un volcanisme
explosif récent (d’âge environ 0.2 ma soit de 50000 à 160 000 (Lee, 1994 ; Lee et al. 1994) qui
a édifié de nombreux cônes de pyroclastites et dont les produits les plus fins (lapilli, cendres
volcaniques) jonchent l’ensemble de la plaine.
a)
b)
Un climat agressif
Le climat de cette région est de type équatorial camerounien maritime. Il est
considérablement influencé par l’altitude du Mont Koupé. Les données climatiques à notre
possession sont celles des localités de Penja (350 m d’altitude) et Mantem (700 m d’altitude)
pour la période allant de 1992 à 2006. A partir de ces relevés bruts, nous avons calculé les
moyennes annuelles de toute la période et par mois, qui ont servi à l’élaboration des abaques
hydro thermiques (Figures 6a-b).
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MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
40 450
400
35 T°m
350
30
T-6
300
25
250
T(°c)
P(mm)
20 T-6
T°
P(mm)
200
15
150
10
100
C1
5
A1 a) 50
A2 B1 B2 C2
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
35 500
T°m 450
30
400
T-6
25
350
300
20
T(°c)
P(mm)
250 T-6
T°
P(mm)
15
200
150
10
100
5 A1
A2 B1
B2
C1
b) 50
C2
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
Dans les deux localités, la saison de pluies s’étale de mars à novembre et correspond sur les
graphiques à la période A2-C2. La localité de Mantem est plus pluvieuse et plus humide que
Penja. En effet, les pics de pluies se situent au mois de septembre à Mantem avec 467mm alors
qu’il culmine 413mm au mois d’août à Penja. Ici et là, ces maxima correspondent à la période
B1-B2 où P>ETP.
La période pré humide est A2-B1 et équivaut au début de la saison de pluies où
ETP /2<P<ETP. La période post humide est B2-C2 où ETP/2<P<ETP. C’est une phase de
ralentissement de la vie animale et végétale. La période active de la végétation est A2-C2. Les
mois de décembre, janvier et février constituent la période sèche.
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MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
raide de plus de 30° (Figure 8). On peut donc déduire que cette rivière du flanc Sud
du Koupé séjourne d’abord sur un plancher basaltique avant d’atteindre le relief
calme du graben.
a)
b)
c)
331
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
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RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
Les taffonis
C’est une cavité arrondie ou ovoïde d’ordre décimétrique, évidée par désagrégation
granulaire, due à la concentration d’humidité sur un secteur de la paroi rocheuse. Le point de
départ est souvent fourni par une faiblesse de la roche (plan de diaclase). A partir de cette cavité
naissante, le taffonis se développe en s’agrandissant par l’intérieur et en largeur. Mais, il s’agit
d’un phénomène cumulatif car en s’agrandissant, le taffonis crée lui-même les conditions de
microclimat humide favorable à son propre développement. Leur présence témoigne de la
structure homogène de la roche. Ce ne sont souvent pas des reliefs imposants, mais des reliefs
à ordre décimétrique. Sur le batholite de Solè, certains taffonis contiennent de l’eau de
précipitations dont le trop plein s’écoule souvent sur l’affleurement (photo 4)
Les cannelures
Ce sont des formes de détails typiques, des roches granitoïdes. Elles forment de longs sillons
parallèles, de profondeur et de taille décimétrique, creusés dans le sens de la pente par les
phénomènes de dissolution. Leurs longueurs sont inférieures à 1 m alors que la profondeur est
d’environ 3 cm (photo 4). Ces processus sont favorisés par les zones ou plans de faiblesse de la
roche (fissures ou mauvaise consolidation de certains minéraux). Le ruissellement concentré
qui en résulte contribue à l’aggravation de l’action de dissolution.
333
MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
est discontinu et offre une alternance de lits quartzo feldspathiques d’épaisseurs variables
(Lamilen et al. 1994). Les plagioclases (amphibole, biotite) sont dominants or ce sont des
minéraux les plus altérables. Les textures hétérogranulaires, la présence de fentes de tensions
dans le quartz ainsi que la faible proportion de la muscovite (Lamilen al., 1994) constituent des
facteurs qui prédisposent les roches à l’altération
Ces faiblesses internes des roches des flancs du Koupé favorisent l’altération différentielle
des minéraux, aidée par les conditions pluviométriques. Selon Suchel (1988), le Mont Koupé
est entouré d’un isohyète de 4000 mm. Cette valeur importante de la pluviométrie tient aux
précipitations orographiques en raison de l’altitude du Mont Koupé (2064 m) et à la longueur
de la saison des pluies (9 mois). La couverture forestière dense qui se développe par conséquent
sur cette montagne favorise à travers le système racinaire des arbres l’élargissement des fissures
déjà créées. La pente du relief qui avoisine 20°, se combine aux facteurs précédents pour
faciliter le débitage des roches en boules. Celles-ci se retrouvent aux pieds des versants sous
l’effet de la gravité.
Dans le graben, les blocs et boules résultent de la désagrégation des roches granitoïdes et
basaltiques. Les boules de granite se trouvent autour du batholite de Solè, sur la route qui va de
Loum à Yabassi. C’est un affleurement de granites prohyroïdes, offrant à l’œil nu les
phénocristaux abondants non jointifs (Dumort, 1968). Les lignes de foliation à épaisseur
supérieure à 2 cm et exceptionnellement de 50 cm caractérisent ce batholite. En comparant
l’allure courbe des foliations avec celle de la diaclase béante qui y est observée, on peut dire
que l’altération en boules de ce batholite est liée à la dissolution des minéraux de la foliation.
On peut comprendre dès lors le rôle prédominant des processus chimiques favorisés dans cette
région par une pluviométrie importante (2560 mm à Penja). Mais ils n’agissent pas seuls car les
contrastes thermiques diurne et nocturne peuvent également contribuer à l’individualisation de
la foliation du reste de la roche ; ce qui favorise la pénétration de l’eau, vecteur de la dissolution.
La succession et l’alternance des contrastes climatiques saisonnières et journalières ainsi que
des processus biologiques et physico-chimiques conduit à l’individualisation des boules
(planche 1).
334
RESSOURCES, RISQUES ET VULNERABILITES AU CAMEROUN – VOL 3
du graben (environ 5°), la densité et à l’intensité des accidents tectoniques liés à la montée du
magma et la prédominance de l’écoulement de sub-surface lié à la porosité des pyroclastites
sont des facteurs contribuant à la concentration permanente de l’eau sur place. Il en résulte des
amas de blocs basaltiques disséminés dans le graben.
Les planèzes
Dans le graben, les coulées sont à l’origine de l’égueuelement des cratères des cones
volcaniques. Il en découle des planèzes formées des coulées de type pahoehoe, caractérisées
par des rides de quelques centimètres de hauteur (photo 5). Ces planèzes sont courtes, peu
épaisses et résultent du dynamisme éruptif de type éffusif qui précède le dynamisme eruptif
strombolien (Nkouathio, 1997). Sur les collines où ces coulées existent, elles se déposent en
discordance sur les pyroclastites qui constituent la plupart de matériaux puys volcaniques. La
convexité des versants des cones et la valeur de leurs pentes (plus de 10°) s’associent à la netteté
et à l’obliquité du plan de discordance pour expliquer l’instabilité des coulées. Le processus de
désintégration se réalise suivant les fronts de coulées. Toutefois, il serait lent en ce sens que les
coulées sont fraiches et peu altérées comme en témoigne l’absence de végétation importante.
Observez les surfaces rouge brique mises à nu suite à la désagrégation des fronts de coulée.
Cette descente est aussi influencée par la convexité du versant et l’ampleur de la pente.
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MORPHODYNAMIQUE DU MONT KOUPE ET DU GRABEN DE TOMBEL.
Conclusion
Au terme de cette analyse, il convient de signaler que l’étude avait pour but de montrer
comment les conditions du milieu physique déterminent la morpho dynamique du Mont Koupé
et ses bordures. Pour atteindre cet objectif, nous avons utilisé une méthodologie qui s’articule
autour de la recherche documentaire, des observations de terrain et de la synthèse des données
recueillies. Les plaquettes de desquamation, les diaclases, les cannelures et les taffoni sont entre
autres les formes liées à l’interaction des facteurs naturels. Bien que ces facteurs soient
interdépendants, il faut noter que le climat et l’hydrographie jouent un rôle majeur dans
l’évolution du relief : le climat est agressif aussi bien en saison sèche qu’en saison de pluies ; le
réseau hydrographique est dense, divers et adapté à la structure. Toutefois la végétation, la
pente, la nature du sol, les discordances entre les roches d’âges différents et les lignes de
faiblesse sur les roches restent déterminantes dans le déclenchement des processus d’évolution;
sauf que des zones d’ombre subsistent quant à la détermination du degré d’influence de chaque
facteur pris en compte.
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